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Institute for Classical Studies, part of the Institute for Philosophy, Czech Academy of Sciences in Prague LA MORALE HOMÉRIQUE Author(s): Karel Svoboda Source: Listy filologické / Folia philologica, Roč. 80, Čís. 2 (1957), pp. 84-91 Published by: Institute for Classical Studies, part of the Institute for Philosophy, Czech Academy of Sciences in Prague Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23460332 . Accessed: 15/06/2014 03:40 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Institute for Classical Studies, part of the Institute for Philosophy, Czech Academy of Sciences in Prague is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Listy filologické / Folia philologica. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.77.62 on Sun, 15 Jun 2014 03:40:09 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA MORALE HOMÉRIQUE

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    LA MORALE HOMRIQUEAuthor(s): Karel SvobodaSource: Listy filologick / Folia philologica, Ro. 80, s. 2 (1957), pp. 84-91Published by: Institute for Classical Studies, part of the Institute for Philosophy, Czech Academy ofSciences in PragueStable URL: http://www.jstor.org/stable/23460332 .Accessed: 15/06/2014 03:40

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  • 84 Karel Svoboda

    Karel Svoboda:

    LA MORALE HOMRIQUE

    Quoique Homre (servons-nous de ce nom traditionnel) n'ait pas t un crivain moralist, ses popes,1) comrae les ceuvres piques de tous les potes, s'appuient sur certaines ides moralee. Quelques-unes, les plus rares, sont nonces par Homre lui-mme, quelques-unes. par ses personnages, quelques unes rsultent des vnements raconts par lui.

    Homre avait conscience de la diffrence entre une bonne et une mauvaise t i o n, diffrence qui est le point de dpart de chaque morale et qui est dj connue des primitifs (cf. E. Westermarck, The Origin and Development of the Moral Ideas, I, 1906, p. 145 s.). Ainsi Glaucos raconte qu'Ante'ia n'a

    pas russi sduire Bellrophon qui tait anim de bons sentimente (II., 6, 160 s.), Hector dit que Paris devrait tre lapid pour le mal qu'il a commis

    (II., 3, 56 s.), Tlmaque soutient qu'il sait ce qui est bon et ce qui est mauvais (Od., 18, 228 s.), et Ulysse affirm que bien agir vaut mieux que mal agir (Od., 22, 374). Bien entendu, les termes , , qu'on emploie ici, s'em ploient aussi, la.manire de notre bon et mauvais , au sens plus large. Au sens moral on applique aussi les termes &, -, . En disant qu'on ne doit ni chasser son hte ni le retenir et que la juste mesure est la meilleure (Od., 15, 69 s.), Mnlas est en accord avec les Sept Sages et les

    philosophes postrieurs. Les actions humaines sont, pour la plupart, dtermines par le caractre

    humain. Celui-ci est chez Homre, comme chez autres potes archaiques, immanent: Achille est courageux et fougueux, Agammnon opinitre, Nestor

    judicieux, Ulysse persistant, Pnlope prudente et fidle, etc. La stabilit du caractre est souligne par les pithtes fixes (p. ex. , , ). Le caractre est prdestin par 1'origine (Od., 4, 62, etc.)

    c'est la conviction de la socit aristocratique mais ce sont aussi l'ge et le sexe qui agissent. Ainsi les vieux sont prudents, les jeunes hardis (II., 19, 216 s.), les femmes hargneuses (II., 20, 252 s.) et perfides (Od., 11, 441

    s.); on trouve de pareilles condamnations de femmes dans toutes les littra tures archaiques (cf. Westermarck, I, p. 661 s.).

    Quelques-unes des actions des hommes homriques sont provoques par les passions. La plus fatale en est, sans doute, l'amour sexuel (', ): Tamour de Paris pour Hlne alluma la guerre de Troie, les prtendants lthaque aspiraient l'amour de Pnlope, etc. L'acte sexuel est dcrit bri vement (, &, , etc.), comme c'est l'usage dans les

    ) Nous n'abordons pas ici la question de leur origine.

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  • La morale homrique 85

    littratures archaiques. ne sont que l'treinte de Zeus et Hra sur FIda (II., 14, 153 s.), 1'amour naissant de Nausicaa (Od., 8, 457 s.) et 1'adultere Aphrodite et Ares (Od., 8, 266 s.) qui, 1'gard des auditeurs Homere, sont dpeints avec plus de dtails. L'amour doit tre matris par la hote; c'est pourquoi les desses ne veulent regarder l'treinte Aphrodite et Ares (Od., 8, 824).

    Une autre passion fatale, c'est la colere (, ): la colere Achille est le sujet de Ylliade; Proitos, saisi par la colere, veut tuer Bellrophon (II., 6, 166 s.); Ulysse, indign par la contradiction Euryloque, a failli 1'enferrer (Od., 10, 438 s.), etc. D'ne manire analogue, dans la Gudrun, le roi Louis, courrouceux, jette Gudrun dans la mer (Av. 20). A la colere s'approche la rage des combattants, p. ex. Hector est en fureur, sa bouche est couverte cume, ses yeux tincellent sous les sourcils farouches (II., 15, 605 s.).

    II a pourtant des actions qui sont prmdites: Agamemnon rflchit sur la manire de sauver les Achens (II., 10, 3 s.), Ulysse songe abattre les prtendants (Od., 14, 109 s.), etc. On choisit souvent entre deux possibilits: Achille dlibere s'il doit tuer Agamemnon ou apaiser sa colere (II., 1, 189 s.), Pnlope dlibere si elle doit rester chez elle ou se marier (Od., 19, 524 s.), Ulysse demande son cceur ce qu'il doit faire. S'il fuit, il se dshonorera, et s'il tombe dans les mains de 1'ennemi, ce sera encore pire. Mais pourquoi dli brer? On sait que les lches s'enfuient et les braves gardent leurs postes (IL, 11, 403 s.). N'y a-t-il pas ici un reflet des dlibrations ayant lieu une assemble du peuple?

    En deliberant sur une action, on evalue le bien qu on a a attendre. Pour un homme homrique le plus grand bien, c'est 1'honneur, la gloire (, , ), surtout la gloire de guerre, c.--d. tuer un ennemi et le dsarmer. Cest le voeu des sauvages (cf. Westermarck, I, p. 331 s.), des hros et des

    guerriers aristocratiques. Ainsi Hippoloque et Ple conseillent leurs fils etre toujours les premiers et de dpasser tous les autres(/i., 6, 208; 11, 784); Hector dit qu'il a appris etre brave, se battre la tte des Troyens en

    acqurant de la gloire pour son pere et pour lui {II., 6, 444 s.); Ulysse dit

    que sa gloire touche au ciel {Od., 9, 20), Athna encourage Tlmaque la vaillance pour que les descendants le vantent {Od., 1, 301 s.), etc. En dehors de la guerre, on peut acqurir de la gloire dans les concours {Od., 8, 147 s.) et par les actions gnreuses {Od., 19, 332 s.).

    Le contraire de la gloire, c'est l'ignominie (); elle est la consquence de la lchet et de 1'omission un devoir ou bien elle nat une offense non

    venge. Ainsi Mnlas dit qu'il sera une hote formidable, si aucun de Da naens ne fait face Hector {II, 7, 97 s.), et Eupeithes dit qu'il sera une hote si les parents ne vengent pas leurs fils et leurs frres( Od., 24, 433 s.). Le hros dfend son honneur: Mnlas veut punir Paris (II., 3, 21 s.), et Achille, outrag par Agamemnon, souhaite que Zeus aide les Troyens et maltrate les Grecs pour qu'Agamemnon reconnaisse son erreur {II., 1, 408 s.).

    Le second grand bien, c'est la famille. On combat pour elle. Nestor conjure les soldats de se souvenir, dans la bataille, des enfants, des pouses, des pa rents (II., 15, 660 s.); Hector dit avoir fait venir les allis pour protger les femmes et les enfants de Troie (II., 17, 223 s.), etc.

    Le troisieme bien, c'est la fortun. Parmi les prsents que les dieux don nrent Ple, la richesse est en premier lieu, ensuite arrive le rgne des

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    Myrmidons et enfin 1'pouse (II, 24, 534 s.); hormis Hlene, Paris emmena aussi la fortun (II, 22, 114 s.); Sarpdon dit qu'il a laiss dans sa patrie son pouse, ses enfants et ses biens que dsirerait avoir un indigent (II., 5, 480 s.); dans sa jeunesse, Nestor volait les bestiaux et les chevaux (II., 11, 670 s.); Ulysse est en peine pour les dons des Phaciens (Od., 13, 203, 215 s., 283 s.), etc. La grande valeur de la fortun se manifeste par le fait qelle peut servir, dans la guerre, racheter un cadavre ou un captif (II., 10, 378 s. ; 24, 228 s.) et, dans la paix, racheter un crime (II., 18, 498). Certes, Achille

    rprimande une fois 1'avarice Agamemnon (II., 1, 122), et Mnlas dit qu'il serait content du tiers de sa fortun si ses amis vivaient (Od., 4, 97 s.). Mais, en somme, la haute apprciation de la proprit correspond plutt 'poque Homre qu' l'poque hroique.

    Deux valuations semblent appartenir au poete lui-meme: celle dans la scene ou les vieillards troyens admirant la beaut Hlene reconnaissent qu'on ne peut se scandaliser des Troyens et des Grecs souffrant pour elle (II, B, 151 s.), et celle dans la scene des Enfers ou l'me Achille dit Ulysse qu'il aimerait mieux tre journalier un locataire pauvre que le souverain des Enfers (Od., 11, 478 s.). Le dsir ardent de la vie se manifeste enoore dans la description des mes quittant avec des pleurs leurs corps (II., 16, 856 s., etc.), et celle des guerriers implorant la grce des vainqueurs (p. ex. II, 10, 374 s.). Comparons 1'apprciation homrique l'apprciation de 1'Ancien Testament: comme les plus grands biens on considere la longvit, une nombreuse post rit et la proprit.

    Plusieurs actions des hros homriques sont causes par les dieux. Au dbut de Ylliade, on lit que les malheurs que les Grecs souffraient cause de la colere Achille, avaient lieu selon la volont de Zeus et que la querelle entre Achille et Agamemnon fut veille par Apollon. Lorsque Apollon avait

    envoy la peste aux Achens, Hra encourage Achille les convoquer une assemble (1, 54); Athna arrete Achille qui veut tuer Agamemnon (1, 193

    s.); de nuit, Zeus envoie le Songe Agamemnon pour l'exhorter la bataille

    (2, 5 s.); le lendemain, Athna, obissant Hra et Zeus, engage Pandaros tirer sur Mnlas et, par la, rompre l'armistice (4, 64 s.), etc. Dans YOdys se, Athna mene Ulysse et Tlmaque; pour rendre Ulysse furieux, elle incite les prtendants aux offenses (20, 284 s., 345 s.), etc. A 1'exception de 1'Ancien Testament, il n'y a pas, dans les littratures archaiques, de telles interventions des dieux.

    Dans VOdysse, on impute quelquefois un acte en meme temps un homme et un dieu. Ainsi Ulysse projette avec Athna le meurtre des prtendants (19, 1 s.); il dit: Si dieu perd les prtendants par ma main... (19, 488) et apres le massacre lis sont perdus par la destine divine et leurs infmies (22, 413).

    II est done naturel que les hommes homriques blment les dieux de les avoir sduit au erime. Dans Ylliade, Agamemnon et Achille accusent Zeus de les avoir brouills (2, 375 s.; 19, 270); Priam dit que ce n'est pas Hlene mais les dieux qui sont cause de la guerre de Troie (3, 164 s.); Hlne indique qAphrodite l'a sduite 1'amour de Paris qu'elle avait aim elle-mme (3, 399 s.), etc. Quelquefois les hommes Homere parlent de 1'garement () que les dieux inculquent dans l'me humaine, et ils le personnifient. De cette

    fagon, Agamemnon, se rconciliant avec Achille, soutient que lui, il n'est pas

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    coupable et que ce sont Zeus, Moire, Erinnye qui mirent 1'garement dans son me (II., 19, 86 s., 136 s.); Phoenix dt que 1'Egarement, tant fort et prompt, devance les Prieres et nuit aux hommes (II., 9, 502 s.); dans une comparaison, on parle un homme qui, atteint par l'garement, tue quelqu'un (II., 24, 480 s.), etc. Dans YOdysse, Hlene regrette l'garement caus par Aphrodite (4, 261 s.), etc.

    Au debut de YOayssee (1, 82 s.), Zeus porte des plamtes contre les hom mes accusant les dieux etre auteurs de tous les maux; selon lui, les hommes souffrent cause de leur insolence. Ainsi Egisthe, quoique prvenu par Zeus, commit un crime et fut puni. Cette thodice diffre de ce que dt Homere ailleurs propos des dieux; nanmoins nous n'oserions pas la considrer, avec W. Jaeger (S.-B. Preuss. Ak., 1926, phil., p. 74), comme une interpolation, car la parlent les hommes, ici Zeus.

    Le crime est pum par les hommes ou par les dieux ou par tous les deux. Ainsi les prtendants lthaque sont massacrs. Selon le principe de la respon sabilit collective, les innocents sont punis parfois avec les coupables, p. ex. pour le rapt Hlene souffrent tous les Troyens, et Apollon envoie la peste aux Grecs puisque Agamemnon avait offens son prtre (II., 1, 43 s.). La vengeance console celui qui fut outrag, ainsi Euphorbe dit qu'il consolerait les parents Hypernor s'il leur apportait la tete et les armes de Menlas qui le tua (II, 17, 38 s.), et Automdon dit que sa douleur pour Patrocle s'est diminue ds qu'il eut tu un autre sa plce (II., 17, 538 s.); la soif pri mitive de la vengeance se manifeste ici. Mais, 1'intrieur une tribu, on

    peut, comme chez les Germains, les Slaves, etc. chapper la vengeance par une compensation. Agamemnon la donne Achille (II., 9.119 s.; 19,190 s.), et

    Ajax raconte de ceux qui ont accept un ddommagement pour un frere ou un fils tus (II., 9, 632 s.). Celui qui tue un de ses parents ne peut se sauver une telle maniere et est poursuivi par les Erinnyes (II., 9, 453 s., 571 s.).

    A en croire Homere, la justice est protge par les dieux, surtout par Zeus. Dans Ylliade (16, 384 s.), on lit que Zeus envoie les inondations lorsque les

    gens, ngligeant la surveillance des dieux, violent la justice. Dans YOdysse, Tlmaque espere que Zeus punira les prtendants (1, 379; 2, 144), et il les

    prvient de la colere divine (2, 66 s.); Eume dit que les dieux n'aiment pas la violence et rverent le droit ainsi que les bonnes actions (14, 83 s.), Larte s'crie que les dieux vivent encore si les prtendants ont expi leur insolence

    (24, 351 s.), etc. La justice divine n'est pas conteste par Nausicaa disant

    que Zeus donne son gr la prosprit aux bons et aux mchants (6, 188 s.). Cette prosprit n'est que temporaire et si ce n'est pas dans cette vie, le m chant sera puni aux Enfers (11, 568 s.).

    Outre la peur une peine, on est dtourn un crime aussi par e som de la renomme, soin tes fort dans les socits anciennes bien cohrentes. Or Phoenix raconte que, redoutant une mauvaise rputation, il n'a pas tu son

    pre, comme il avait voulu (II., 9, 459 s.); Ulysse rprime les prtendants pour n'avoir pas respect les dieux et un mauvais renom (Od., 22, 39 s.), etc.

    Parfois les personnages Homere se repentent de leurs dlits. Quoique Hlene impute aux dieux son garement, elle le dplore (II., 3, 412), elle

    regrette de ne pas s'tre suicide au lieu de quitter son mari (II, 3, 173 s.; 24, 764 s.); Ulysse se rpentavoirtriomphAjaxdansladisputedesarmes

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    et avoir caus sa mort (Od., 11, 548 s.), etc. De tels remords tmoignent une morale assez dveloppe.

    A tout prendre, Homere adhere la croyance ancienne que les dieux inter viennent dans les actions humaines. Dans Ylliade, l'homme est presque un

    jouet dans les mains divines tandis que, dans YOdysse, il est responsable de ses actes et est soumis 1'ordre universel et juste de Zeus. La question jus qu'ou s'tend la responsabilit huraaine n'est rsolue ni chez Homre ni chez les poetes et les philosophes postrieurs.

    Les personnages Homere avaient conscience des d e v o i r s, quoiqils n'eussent pas un terme pour les dsigner. Quant aux dieux, on leur doit le

    respect, l'obissance, la priere, le sacrifice, l'observation du serment. Venant Achille, Priam dit: Respecte les dieux (II., 24, 503). Les hros obissent aux avertissements des dieux, p. ex. Ulysse ceux Athna. Seul Diomde lutte avec Aphrodite et la blesse (II., 5, 330 s.), mais plus tard il ne veut com battre les dieux puisque leur adversaire Lycurgue avait t aveugl (IL, 6, 129 s.), et, selon Dion, celui qui lutte avec les dieux ne vit pas longtemps (IL, 5, 406 s.). Les prires et les sacrifices sont rcompenss apres le prin cipe do ut des . Ainsi Athna reraplit Mnlas de la vigueur par ce qu'il Pa

    implore avant les autres dieux (IL, 17, 567 s.), Zeus prend soin des Troyens cause de leurs sacrifices (IL, 4, 48 s.), etc. Comme chez les autres peuples, les serments taient protgs par les dieux, notamment par Zeus, et leur

    rupture tait punie (IL, 3, 298 s.; 4, 158 s., etc.). II en est de meme pour l'irrverence l'gard des dieux et de leurs petes, p. ex. celle de Thamyris (IL, 2, 494 s.), de Niob (IL, 24, 602 s.) et Achens (IL, 1, 43 s.). Ce ne sont que les sauvages, p. ex. les Cyclopes, qui ngligent les dieux (Od., 9, 176, 275 s.).

    Quant la famille, on lui doit 1'amour et la fidlit. Hector et Andromaque, Ulysse et Pnlope peuvent servir exemple de 1'amour conjugal. Sarpdon se plaint de ne pouvoir retourner dans sa patrie et faire la joie de son pouse

    et de son enfant {II., 5, 686 s.). Une femme infidle, comme Clytemestre, est

    mprise {Od., 1, 85 s.; 11, 439 s.). Cependant un mari peut avoir des con

    cubines, surtout les guerriers vivent avec les femmes captives {II., 2, 355), et, sans se faire des scrupules, Ulysse couche avec Calypso {Od., 5, 225 s.) et Circ {Od., 10, 347). Bien entendu, chez elle, l'pouse n'aime pas voir des rivales {II., 9, 450 s.; Od., 1, 433). Cette double morale est, on le sait, rpan due partout. D'une maniere touchante, Homere dcrit 1'amour des parents et des enfants, p. ex. celui Hector et Andromaque pour Astyanax {II., 6, 466 s.) et celui de Thtis pour Achille {II., 1, 357 s., etc.). Aussi Priam et Hector sont-ils condescendants pour Hlene, auteur de leur malheur {II, 3,161 s.; 24, 761 s.). Un guerrier dfend les membres de sa famille, vivants ou morts: Nestor conjure les soldats de songer leurs enfants, pouses, parents {II., 15, 660 s.), Con veut sauver le cadavre de son frere {II, 11, 248 s.), Ene porte secours son beau frere {II, 13, 463 s.), etc. En temps de paix, on est oblig, comme chez tous les peuples anciens, enterrer son parent {II, 16, 456 s.; Od., 1, 291 s.) et, ventuellement, de le venger ( Od., 24, 433 s.).

    Les esclaves, eux aussi, appartiennent la famille. D'apres une image idale

    Homre, le maitre aime son esclave fidele, lui donne une maison, un fond, une pouse {Od., 14, 63 s.), et la mere Ulysse a lev Eume avec sa fille

    {Od., 15, 363 s.). Certes Eume, ainsi que la fidele Eurycle, taient une

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  • La morale homrique 89

    bonne origine (Od., 1, 429 s.; 15, 403 s.). L'infidlit des esclaves est cruelle ment punie. Le chevrier Mlanthios est estropi (Od., 22, 474 s.) et les ser vantes de Pnlope sont pendues (Od., 22, 465 s.); elles avaient couch avec les prtendants (Od., 22, 444 s.) et par la, semble-t-il, viol le droit du matre.

    Aussi les compagnons armes doivent-ils tre fidles l'un vers l'autre: ils s'aident dans une bataille et ensevelissent ceux qui sont tombs. Yoil un rsidu des socits hommes anciennes. Ainsi Agamemnon et Ajax prient les soldats tre vaillants et de se respecter (II, 5, 529 s.; 15, 561 s.), Patrocle ne dlaisse pas Eurypyle bless (II., 11, 841 s.), Sarpdon mourant appelle Glaucos protger son cadavre (II, 16, 490 s.), les Grecs et les Troyens en terrent leurs morts (II., 7, 323 s.). Les camarades s'assistent aussi en temps de paix: Ulysse enterre Elpnor (Od., 12, 10 s.) et, avant de sauver ses com pagnons, il refuse de manger et de boire (Od., 10, 383 s.). Cest parmi les frres armes que naissent les amitis intimes analogues aux fraternits de sang des Yougoslaves et autres peuples. Tels amis sont Achille et Patrocle: Achille dsespere de la mort de son ami (II, 18, 22 s.) et le venge cruellement.

    Quelquefois, on parle de la chere patrie (II., 2, 140, 162, etc.); Ulysse soutient qu'il n'y a rien de plus doux que la patrie (Od., 9, 28 s., 34 s.) et dsire au moins voir la fume lthaque (Od., 1, 57 s.). Ici, semble-t-il, Ho mre va son chemin propre lui. Par contre, en accord avec les coutumes hroiques, il considere comme naturel si les soldats prennent et pillent les villes hostiles et non hostiles (II., 1, 367 s., etc.) et si les pirates courent les mers (Od., 3, 71 s., etc.).

    L hospitalite, elle aussi, tire son origme de lepoque la plus ancienne. On respecte un tranger et un suppliant (II., 21, 74 s.; 24, 208, etc.), on le rgale et comble de prsents (Od., 24, 271 s.), parce qu'il est protg par les dieux, surtout par Zeus (II., 24, 570, etc.). Ainsi Achille recjoit Priam (II, 24, 507 s.) et Eume Ulysse (Od., 14, 32 s.). L'hospitalit fut enfreinte par Paris et par Polypheme. Outre les trangere et les frres armes, on doit respecter les

    petes (II., 1, 23, 377), les rois (II., 1, 331; 4, 402) et les vieillards (II, 22, 419 s.); toutefois Achille demande Ulysse si son vieux pere est encore ho nor (Od., 11, 494 s.). A en croire Tlmaque, seul un mendiant ne doit prouver de la gene et peut demander partout une aumne (Od., 17, 352).

    Homere et ses personnages reconnaissent certaines qualits et certains dfauts du caractere, que 1'thique grecque postrieure appelait v e r t u s et v i e s. Chez Homere, les termes et ont encore un sens plus large. La vertu principle des hros grecs ainsi que des hros de toutes les

    popes, c'est la vaillance, qui apporte la gloire. Etant la premire vertu, elle

    s'appelle par excellence, et le vaillant , . Cette qualit con vient un homme et surtout un jeune homme: Priam dit qu'il sied bien un jeune homme de tomber dans un combat, mais qu'il est dplorable si un vieillard tombe (II., 22, 71 s.). Parfois le vaillance est donne ou ote par un

    dieu, p. ex. Athna en remplit Diomede (II., 5, 1 s., 121 s.), et, selon Hector, Zeus une fois terrifie un brave et lui te la victoire, une autre fois 1'excite

    (II., 17, 176 s.). A la vaillance se rattache la persistance. Le modele en est

    Ulysse. II est appel , , et il aborde son cceur: Persiste, tu as endur de pires choses (Od., 20, 18). La persistance et la vaillance sont des vertus hroiques. Le contraire de la vaillance, c'est la l chet. Le lche () est appel mauvais (), et tre lche, c'est la plus

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  • 90 Karel Svoboda

    grande hote dans la socit hroique. Diomede craint qu'Hector n'en dise un jour que, ayant peur devant lui, il s'est enfui aux navires (II., 8, 147 s.)

    A lopposition de la vaillance on met parfois la prudence (, , , ). Elle est plutt un idal de 1'poque Homere que de 1'poque hroque. Prudents sont Nestor, Ulysse, Pnlope. Tandis que la vail lance sied la jeunesse, la prudence est un privilege de la vieillesse. Or, dans Iliade (19, 216 s.), Ulysse reconnat qAchille le dpasse comme un lancier, mais Ulysse, lui, 1'emporte en prudence tant plus g et plus savant. Dans YOdysse (7, 294), Ulysse soutient que les jeunes sont toujours sans raison. Nestor dmontre qu'un bucheron, un pilote, un conducteur russissent par la sagacit et non par la force (II, 23, 313 s.), et Poulydamas dit que le dieu donne 1'un des exploits et 1'autre la raison (II., 13, 730 s.). Comme le p ch, la vertu vient done une fois de l'homme, une autre fois un dieu.

    A la prudence tient troitement la ruse (). D'ordinaire, elle n'est pas rprouve. La maitre en est Ulysse: il la professe avec orgueil (Od., 9, 19 s., 282, etc.), il en profite dans un concours (II., 23, 725 s.), chez Polpheme (Od., 9), Ithaque (Od., 17, 201 s.), et il ment avec plaisir tout le monde. Mais certaines fois, la ruse est blme, ou gnralement ou si elle sert un erime. Egisthe est dclar rus (Od., 1, 300, etc.), Hector veut frapper Achille

    ouvertement, non pas furtivement (11., 7, 242 s.) et Achille hait celui qui parle autre chose et pense autre chose (IL, 9, 312 s.). Dans les popes ancien nes, la ruse joue un grand role, p. ex. Siegfried dupe Brunehilde (Nib., 10) et Hild est enleve par ruse (Gudr., 7), mais, pour amuser son public, Ho mre dpasse ici tous les autres. On sait que les Grecs se plaisaient toujours la ruse.

    A la prudence est jointe quelquefois la justice, qui jouissait un estime particulier dj chez les sauvages et tait attribue aux dieux (cf. Wester marck, I, p. 124 s.; II, 1908, p. 675 s.) Nestor est regard comme prudent et juste (Od., 3, 52), les prtendants comme imprudents et injustes (Od., 2, 281 s.), Pnlope loue Ulysse de n'avoir fait ni dit rien de faux parmi le peuple (Od., 4, 690 s.), et le poete dit que Zeus se scandalise des juges injustes (II., 16, 386 s.). Egalement, les Cyclopes sont qualifis injustes (Od., 9,175, 215).

    Ce sont des qualits non hroiques et accentues probablement par le poete lui-mme, l'affabilit et la compassion. Ainsi Patrocle est appel affable par Brisis (II, 19, 300), Hector et Priam par Hlene (II., 24, 767 s.), Ulysse par Tlmaque et Eume (Od., 2, 47; 14,139), etc. Hector a de la compassion pour Andromaque (II., 6, 484), Ulysse pour Pnlope (Od., 19, 209 s.), et les pr tendants mme pour Ulysse mendiant (Od., 17, 367), etc.

    Dans YOdysse, on loue aussi la pit ou, plus proprement dit, la crainte des dieux (). Eume est vant parce qu'il n'oubliait pas les dieux, leur offrait des sacrifices et priait (Od., 14, 420 s.). La pit va de pair avec l'hos pitalit () (Od., 6, 121; 9, 176, etc.). L'une et 1'autre qualit pro viennent de la plus ancienne socit.

    Parmi les vices, l'insolence (,,) est la plus frquente. Par insolence, Agamemnon refuse la priere de Chryses et ote Brisis Achille; par insolence, les compagnons Ulysse mangent les boeufs Hlios {Od., 1, 7 n.) et les prtendants ravagent les biens Ulysse. Mnlas et Antiloque soutiennent que c'est la jeunesse qui incline 1'insolence (II., 3, 106; 23, 589

    s.), et Nausicaa fait remarquer que, parmi les gens, il a des insolents qui la

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  • La inorale homrique 91

    calomnieraient si elle venait avec Ulysse dans la ville (Od., 6, 274 s.). Comme insolent on considere faire parade de 1'ennemi tu (II., 17, 19; Od., 22, 412); ce blme est en dsaccord avec la morale hroique mais en accord avec le got grec pour la juste mesure. Comme insolents sont regards les Cyclopes (Od., 9,106,175) et les Gants (Od., 7, 59). A 1'insolence s'apparante Fobstination: Achille, obstin dans sa colre, Ajax rappelle ceux qui, ayant accept une compensation, se sont calms (II., 9, 632 s.); Iris dit que les gnreux se lais sent flchir (II., 15, 203), et Patrocle vate la persuasion un camarade (II., 15, 404).

    Le louange de 1'affabilit et de la compassion ainsi que la condamnation de Pinsolence et de 1'obstination tiennent 1'esprit humanitaire qui se fait valoir dans plusieurs scnes Homre, dans celles des adieux Hector et Andromaque (II., 6, 365 s.), de Phoenix se souvenant du petit Achille (II., 9, -485 s.), de la rencontre de Priam et Achille (II, 24, 477 s.), du discours d Polyphme son blier (Od., 9, 444 s.), de la rencontre Ulysse avec sa mre dans les Enfers (Od., 11, 152 s.), de la mort du chien Argos (Od., 17, 291), une femme moulante (Od., 20, 105 s.), etc. Mais ^.hez Homre il a aussi des scnes brutales, celles des massacres des guerriers, de la rixe lros et Ulysse (Od., 18, 89 s.), de la torture de Mlanthios (Od., 22, 173 s.), etc. De telles scnes atroces reprsentent un hritage de 1'poque hroique (on les trouve p. ex. aussi dans les chants yougoslaves), tandis que les scnes hu maines semblent appartenir au pote lui-mme et non aux Ioniens en gnral, comme le veut W. Schmid (Gesch. d. gr. Lit., I, 1, 1929, p. 79, 95, 100). La combinaison de Thumain et du cruel viendrait, elle-aussi, Homre.

    Analogue la morale des hommes homriques est, comme l'avait critiqu Xnophane (fr. 11, 15 D.), la morale des dieux, notamment dans Ylliade. Ainsi que le font les hros, Zeus choisit entre deux ventualits (II, 16, 435 s., etc.), se dispute avec Hra (II., 1, 539 s., etc.), provoque la rupture un armistice (IL, 4, 68 s.), regrette son fils Sarpdon (II, 16, 459 s.), Athna conseille astucieusement Hector de lutter avec Achille (II, 22, 226 s.), Aphrodite couche avec Ars (Od., 8, 266 s.), etc. Que les dieux mangent et boivent beaucoup, qu'ils trompent et se combattent, c'est ce qu'on croyait 1'poque primitive et hroique, mais, pour divertir son public atteint par le scepticisme, Homre augmente les vices divins.

    Voil le systme de la morale homrique, un systme assez riche et vari. Les ides de la socit hroique dpeinte par Homre sont meles aux ides de la socit aristocratique pour laquelle Homre crivait, et aux ides du pote lui-meme. Bien entendu, on ne peut distinguer nettement ces trois sph res. II est aussi des diffrences entre la morale de Ylliade et celle de YOdysse, celle-ci tant plus religieuse que celle-l. D'autre part, un sentiment humain, tout personnel, est commun l'un et l'autre pome. Du point de vue de la morale nous n'oserions done pas rsoudre la question si ces deux ceuvres

    appartiennent un ou deux potes.2)

    2) On trouve des renseignements sur la morale homrique chez L. Schmidt (Die Ethik der alten Griechen, 1882), M. Wundt (Geschichte der griechiachen Ethik, I, 1908, p. 530), Th. v. Scheffer (Die homerische Philosophie, 1921, p. 93132), W. Jaeger (Paideia, I, 2e d., 1936, p. 3888), G. Thomson (Studies in Ancient Greek Society, The prehistorie Aegean, 1949).

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    Article Contentsp. 84p. 85p. 86p. 87p. 88p. 89p. 90p. 91

    Issue Table of ContentsListy filologick / Folia philologica, Ro. 80, s. 2 (1957), pp. 153-308, 45-100, I-VIIFront MatterJAN GEBAUER A LISTY FILOLOGICK [pp. 153-163]PSPVKY K VKLADU A UREN NKTERCH NOVCH ZLOMK AISCHYLOVCH [pp. 164-173]ECK VZY S DTSKMI MOTIVY V ESKCH SBRKCH [pp. 174-178]NOV NPIS ZE ZANY (DIANA VETERANORUM) A MSK NPIS NA SKLE TRENNSK (CIL III 13439=DESSAU, ILS 9122) [pp. 179-196] A POVSTN SPARTAKOVO [pp. 197-203]STAROESK BSE O PRVOTNM HCHU: Vzcnmu znalci staroeskho psemnictv Frantiku Rynkovi k osmdestinm [pp. 204-210]DOSUD NEZNM HUMANISTICK TISKY V BRNNSK UNIVERSITN KNIHOVN [pp. 211-219]BSNICTV KARLOVY DOBY A MISTR EHO [pp. 220-231]K ROZEN ZMN ie a uo v XV. STOL [pp. 232-236]COLLECTURA M. PROKOPA Z PLZN [pp. 237-245]K SLOVN ZSOB T. ZV. SOBSLAVSKCH A STAROPRASKCH PRV [pp. 246-252]DNEN STAV JOSQUINSK OTZKY [pp. 253-257]ESK SLOVESA ZMNY VLASTNOSTI TYPU blednouti/zblednouti [pp. 258-263]STAROESK DIFTHONGISACE ej A JEJ POMR KE ZMN aj ej [pp. 264-268]ARCHIV PRO DJINY FILOLOGIELIST PROF. JANA GEBAUERA PROF. IGNCI BOHUSLAVOVI MAKOVI [pp. 269-273]Pracovn porada se zahranin ast podan Kabinetem pro studia eck, msk a latinsk ve dnech 24.26. dubna v Liblicch u Prahy [pp. 274-277]Katedra vd o antickm starovku na filosoficko-historick fakult Karlovy university [pp. 277-282]Pednky podan Jednotou klasickch filolog v r. 1956/57 [pp. 282-283]

    REFERTYReview: untitled [pp. 284-285]Review: untitled [pp. 286-286]Review: untitled [pp. 286-290]Review: untitled [pp. 291-292]Review: untitled [pp. 292-293]Review: untitled [pp. 293-294]Review: untitled [pp. 295-296]Review: untitled [pp. 296-297]Review: untitled [pp. 298-298]Review: untitled [pp. 298-299]Review: untitled [pp. 299-300]DROBN ZPRVYReview: untitled [pp. 301-301]Epigrafie a paleografie [pp. 301-302]Review: untitled [pp. 302-302]Review: untitled [pp. 302-303]Nejstar eck cestovatel do ny? [pp. 303-303]Review: untitled [pp. 303-304]Review: untitled [pp. 304-304]Review: untitled [pp. 305-305]Review: untitled [pp. 305-305]Review: untitled [pp. 305-305]Review: untitled [pp. 306-306]Bibliografii eskch medievalistickch prac [pp. 306-306]Kobyl pole v echch [pp. 306-307]Review: untitled [pp. 307-307]Oprava: PSPVEK K DJINM TRANOSCIA (Prask exemple vydn z r. 1674) [pp. 307-307]

    EUNOMIA, Annus I, pars 2PAKIJANIJA, INANIJA UND QOUKORO [pp. 45-49]BER DEN NAMEN DER TRKEN IM GRIECHISCHEN UND LATEINISCHEN [pp. 50-55]AUS DEN ARCHIVEN VON THEADELPHIA (Papyri Wessely Pragenses) (Fortsetzung) [pp. 56-80]PROF. DR. ARTHUR STEIN [pp. 81-83]LA MORALE HOMRIQUE [pp. 84-91]KRITISCHES UND EXEGETISCHES ZUM DICHTERWORT UMBRA (Beendigung) [pp. 92-94]SUR LES QUESTIONS DE LA TERMINOLOGIE PALOGRAPHIQUE (Suite) [pp. 95-97]LE DICTIONNAIRE DU LATIN MEDIEVAL DE BOHEME ET DE MORAVIE (Compte-rendu) [pp. 98-99]

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