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LA MUSIQUE DANS LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES FRANÇAISES Author(s): Dominique Hausfater Source: Fontes Artis Musicae, Vol. 47, No. 2/3 (April-September 2000), pp. 131-135 Published by: International Association of Music Libraries, Archives, and Documentation Centres (IAML) Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23509306 . Accessed: 15/06/2014 09:45 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . International Association of Music Libraries, Archives, and Documentation Centres (IAML) is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Fontes Artis Musicae. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.109 on Sun, 15 Jun 2014 09:45:34 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA MUSIQUE DANS LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES FRANÇAISES

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LA MUSIQUE DANS LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES FRANÇAISESAuthor(s): Dominique HausfaterSource: Fontes Artis Musicae, Vol. 47, No. 2/3 (April-September 2000), pp. 131-135Published by: International Association of Music Libraries, Archives, and Documentation Centres(IAML)Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23509306 .

Accessed: 15/06/2014 09:45

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LA MUSIQUE DANS LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES FRANÇAISES

Dominique Hausfater (Directrice de la Médiathèque Hector-Berlioz du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris)

Thème souvent abordé—et toujours l'objet de critiques virulentes—, ce qui frappe de prime abord, en parcourant la littérature professionnelle qui lui est

consacrée, c'est la pérennité du discours depuis près d'un demi-siècle : tous les observateurs soulignent la négligence dont la musique est l'objet dans les

bibliothèques publiques françaises, tout en faisant état d'un public potentiel en accroissement constant. Entre le constat établi en 1954 par la Direction des

bibliothèques de France1 et celui déploré par le Conseil supérieur des biblio

thèques en 1995,2 on observe peu d'évolution au cours d'une époque qui voit,

pourtant, s'ouvrir nombre de discothèques publiques. On peut à juste titre s'in

terroger sur les raisons de cette spécificité nationale—le retard qu'accuse la France dans ce domaine étant fréquemment stigmatisé. De nombreux facteurs

permettent d'expliquer ce phénomène qui reflète, avant tout, l'histoire globale des bibliothèques françaises.

Les bibliothèques municipales classées

Le développement des bibliothèques publiques françaises date réellement de la Révolution, lorsque les collections confisquées au clergé (dès 1789), aux

émigrés (1792) et aux suspects (1793) sont regroupées dans des dépôts lit téraires à Paris et en province, puis réparties dans les bibliothèques existantes et nationalisées, ou confiées en 1803, en province, aux communes qui créent alors des bibliothèques municipales, devenues par la suite les « municipales classées » compte tenu de la valeur patrimoniale de leurs collections. Ce sont ainsi sept millions de volumes qui sont mis à la disposition du public.

Si la musique est largement représentée dans ces collections (ce qu'attes tent les différents catalogues collectifs nationaux, ainsi que le RISMet les cata

logues du Patrimoine musical régional), elle ne bénéficie cependant pas d'une

politique d'accroissement délibérée—si ce n'est dans les grandes bibliothèques de recherche parisiennes. Au cours du XIXe et du début du XXe siècles, les

1. France, Direction des bibliothèques, « Problèmes posés par le développement et l'utilisation

des fonds musicaux dans les bibliothèques publiques », Bulletin d'information de la Direction des

bibliothèques de France 3 (1954) : 184-8.

2. Michel Melot, « La pauvreté des bibliothèques musicales françaises », France, Conseil

supérieur des bibliothèques : Rapport du président pour l'année 1995 (Paris : Association du Conseil

Supérieur des Bibliothèques, 1996) : chap. 7.

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fonds musicaux des bibliothèques publiques s'enrichissent souvent de façon anarchique, au hasard de dons d'académies, sociétés, compositeurs, collec tionneurs ou ensembles musicaux locaux, aboutissant la plupart du temps au fond d'un placard. En effet, la musique pose dès le départ un réel problème aux bibliothécaires. D'une part, ils n'ont souvent pas les compétences nécessaires

pour la gestion de ce type de documents ; d'autre part, la musique constitue à leurs yeux—et pour une partie du public—un domaine culturel réservé à une élite cultivée et ne s'intégrant pas—sauf dans de très rares bibliothèques—à l'idéologie prônée à la fin du XIXe siècle par les pionniers des bibliothèques populaires. Il est vrai que ces fonds, lorsqu'ils n'ont pas été alimentés, reflètent

par leur nature même l'esthétique et la pratique musicales d'une certaine classe

sociale, fort éloignées des pratiques contemporaines—en nette progression avec le développement parallèle de l'éducation musicale et des conservatoires.

Les discothèques

L'invention du microsillon et sa rapide popularité vont être décisives pour le

développement de la musique dans les bibliothèques françaises, même si, dès le départ, il s'appuie sur un « malentendu ». En effet, l'ouverture des premières discothèques publiques à la fin des années cinquante—légitimée par la créa tion de la Discothèque de France en I9603—a pour origine la marginalisation d'un média différent au sein d'institutions reposant exclusivement sur l'écrit. Bien que 90% des documents sonores soient musicaux, cette particularité ne

permet pas aux discothèques de revendiquer leur spécificité thématique, voire freine leur développement auprès de nombreux professionnels dont la percep

tion encore « éducative » des missions de la bibliothèque s'accorde mal avec la fonction de « loisirs » associée à la musique. Cette conception purement tech

nique de la discothèque, fondée sur le support des documents et non leur con

tenu, a considérablement nui au développement des bibliothèques musicales

publiques françaises. Elle explique également l'étrange situation qui prévaut au sein de nombre de bibliothèques publiques où la musique se trouve disper sée entre les sections de recherche (collections de partitions et d'écrits sur la

musique, souvent anciens, des bibliothèques municipales classées) et les ser vices de lecture publique (sections discothèques). Elle a également eu pour ef fet de marginaliser leur personnel dont les compétences spécifiques dans le domaine musical ne sont souvent pas reconnues.

Les nouvelles médiathèques

La multiplication récente des supports de l'information a signifié, pour de nombreuses bibliothèques, la fin du monopole de l'écrit. Si les bibliothèques discothèques publiques constituaient déjà, de fait, des médiathèques puisqu'elles proposaient plusieurs supports, il est intéressant de noter que la

terminologie n'évolue, souvent, qu'avec l'introduction d'autres médias—et la

3. Voir Jean-Marie Daudrix, La Discothèque de France, une aventure culturelle : entretien avec

un bibliothécaire (Paris : Discothèque de France, 1985).

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BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES FRANÇAISES 133

création corollaire de cassettothèques, vidéothèques, artothèques et logi thèques. L'ouverture de la Discothèque des Halles à Paris en 1986—devenue fort symboliquement depuis la Médiathèque musicale de Paris—et son énorme succès auprès des usagers semblent avoir été un élément moteur dans la réflexion sur la place de la musique en bibliothèque publique—réflexion étayée par un regain d'activité des associations professionnelles spécialisées (dont l'AIBM) et de la littérature professionnelle (création de la revue Ecouter voir en septembre 1989, par exemple). Si, comme on le verra un peu plus loin, la situation à Paris demeure exceptionnelle—et ce malgré la décentralisation administrative mise en place par l'État, on peut cependant observer depuis une dizaine d'années en province une nette évolution en faveur d'une meilleure

intégration de la musique en bibliothèque, du moins dans le réseau des biblio

thèques publiques—la situation dans les conservatoires demeurant très

préoccupante. Malheureusement, cette amélioration ne concerne la plupart du temps que les documents sonores, le domaine de la musique imprimée suscitant toujours de nombreuses réticences malgré la demande accrue du

public. On peut observer que la diversification des collections va souvent de pair

avec l'emménagement de la bibliothèque centrale (elle est souvent dotée d'an

nexes, dans les grandes villes) dans un nouveau site, plus vaste et plus fonc tionnel. En d'autres termes, la bibliothèque, lorsqu'elle devient une « mé

diathèque », change souvent également d'adresse. Il est vrai que l'entreprise de modernisation des bibliothèques françaises s'accompagne, depuis quelques années, d'un programme de projets architecturaux sans précédent favorisant la création de pôles spécialisés dépassant largement le domaine musical (pôles « arts du spectacle », par exemple). On peut citer le cas de la nouvelle biblio

thèque municipale de Bordeaux, Mériadec, qui ouvre en 1991 avec un projet de médiathèque musicale ; ou celui de Mulhouse qui crée en 1993 un espace culturel autour du spectacle vivant, La Filature, doté d'une médiathèque spé

cialisée dans les arts du spectacle intégrant la musique. Certains projets mu

nicipaux prennent une envergure régionale, ce qui leur permet d'obtenir une aide substantielle de l'État pour la construction, l'équipement informatique et le mobilier. Ces nouvelles bibliothèques municipales à vocation régionale—ou BMVR—doivent remplir un certain nombre de critères : taille de la ville et po sitionnement régional, surface des locaux, importance et variété des fonds et

de leurs supports ...—éléments qui jouent en faveur d'une meilleure intégra tion de la musique, comme il ressort de l'enquête qui suit.

Il n'en demeure pas moins que la France accuse toujours un retard spec taculaire en matière de diffusion des supports musicaux en bibliothèque

publique. S'il a été établi, depuis plusieurs années, qu'il existe un réel public

pour ce type de documents, si le pseudo-argument de la vocation « didactique »

de la bibliothèque ne tient plus, certains freins puissants demeurent très effi

caces et, en premier lieu, la position de nombreux bibliothécaires français. Victimes, pour la plupart, d'une formation professionnelle où la musique est

complètement négligée et réticents vis-à-vis d'un domaine qui leur est souvent

totalement étranger, ils ont beau jeu de réfuter la forte demande du public in

hérente, à leurs yeux, à la pauvreté des institutions spécialisées (bibliothèques

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universitaires et bibliothèques de conservatoires) auxquelles ils estiment, par fois à juste titre, ne pas avoir à suppléer. On peut cependant déplorer la rareté

des tentatives de coopération entre ces différents établissements. Ce manque d'enthousiasme se trouve conforté par la rigidité des tutelles

administratives ou, comme d'aucuns l'ont décrite, par la « malédiction des or

ganigrammes ». La structure même du Ministère de la Culture, où les biblio

thèques se trouvent dépendre d'une Direction du livre et de la lecture et la

musique d'une Direction de la musique (ou son équivalent, la terminologie variant considérablement au cours des années)—structure qu'on retrouve en

région au sein des DRAC (directions régionales des affaires culturelles) et dans certaines grandes municipalités—n'ont certes pas favorisé la diffusion de la musique en bibliothèque, chaque entité s'estimant incompétente sur cette

question.4 On ne peut donc que se réjouir du développement des « médiathèques »

qui, en diversifiant leurs collections, permettent à la musique de briser l'os tracisme dont elle a longtemps été l'objet, tout en souhaitant voir la mise en

place d'une véritable politique documentaire en faveur de la musique touchant tout autant la constitution et le développement des collections que la formation des professionnels qui en auront la responsabilité.

4. Voir à ce propos Marcel Marty, Les bibliothèques musicales publiques: le modèle allemand (1902-1997) (Villeurbanne : Éditions de l'ENSSIB, 1999) : 16-18.

Bibliographie sommaire (par ordre chronologique)

France, Direction des bibliothèques, « Problèmes posés par le développement et l'utilisation des fonds musicaux dans les bibliothèques publiques », Bulle tin d'information de la Direction des bibliothèques de France 3 (1954) : 184-8.

France, Direction des bibliothèques, « Enquête sur l'activité musicale des bi

bliothèques municipales », Bulletin d'information de la Direction des biblio

thèques de France 4 (1955) : 263-74. Noé Richter, « Les fonds musicaux des bibliothèques publiques », ABF : bul

letin d'informations 1 (1955) : 200-3. Gérard Douan, « Les discothèques comme prolongement et enrichissement de

l'action des bibliothèques »,ABF : bulletin d'informations 59 (1968) : 87-107. Jean-Marie Daudrix, La Discothèque de France, une aventure culturelle : entre

tien avec un bibliothécaire (Paris : Discothèque de France, 1985). Gérard Herzhaft, La place de la musique dans les bibliothèques publiques : rap

port . . . 1987, 127 f. dactyl. Michel Sineux, « La Discothèque des Halles », Bulletin d'informations de l'ABF

139 (1988) : 29-34. Id., « La musique dans les bibliothèques de lecture publique de la Ville de

Paris », Fontes artis musicae 37 (1990) : 212-18.

Dominique Hausfater, La médiathèque musicale publique : évolution d'un con

cept et perspectives d'avenir (Paris : AIBM Groupe français, 1991). Id., « La médiathèque musicale publique, une solution d'avenir », Ecouter voir

7 (1991) : 40-2.

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BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES FRANÇAISES 135

Clément Riot, « Requiem pour la musique dans les bibliothèques », Ecouter voir 60 (1996) : 22-3.

Michel Melot, « La pauvreté des bibliothèques musicales françaises », France, Conseil supérieur des bibliothèques : Rapport du président pour Vannée 1995

(Paris : Association du Conseil Supérieur des Bibliothèques, 1996) : chap. 7. Marcel Marty, Les bibliothèques musicales publiques : le modèle allemand

(1902-1997) (Villeurbanne : Éditions de l'ENNSIB, 1999).

LA MUSIQUE DANS LE RÉSEAU DES BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES DE LA VILLE DE PARIS

Nathalie Sicard (Bibliothécaire, adjointe du Directeur de la Bibliothèque Mouffetard, Paris)

Le réseau des bibliothèques de la Ville de Paris compte aujourd'hui cinquante six bibliothèques publiques à vocation encyclopédique et six bibliothèques spécialisées (la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, la Bibliothèque administrative, la Bibliothèque Fornay spécialisée dans les arts et techniques, la Bibliothèque des arts graphiques, la Bilipo, tournée vers la littérature poli cière, la Bibliothèque Marguerite Durand pour la documentation sur les femmes et le féminisme et la Médiathèque musicale de Paris). Ces établisse ments se distinguent des bibliothèques de prêt par l'importance de leurs col lections et leur mission de conservation. Au sein de ce vaste réseau, la musique occupe une place non négligeable. Dans les cinquante-six bibliothèques de

prêt se trouvent, en effet, trente et une discothèques, dispersées sur l'ensem ble des vingt arrondissements parisiens, qui mettent à la disposition du public des disques compacts, mais également des cassettes audio, des disques vinyls et des vidéos musicales. Seuls huit d'entre elles proposent en plus des phono

grammes, des partitions et des méthodes instrumentales, parfois des revues

musicales et des monographies. Quels que soient les supports offerts, tous les genres musicaux sont

représentés : musique classique et contemporaine, jazz, rock, chanson,

musiques du monde et musiques fonctionnelles. Les collections sont de taille variée. Sans compter la Médiathèque musicale dont le fonds en prêt est « hors

concours », trois gros établissements proposent plus de 20.000 disques

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