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la petite fille est arrière grand mèr

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biographie sommaire

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Rétrospective sommaire à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de leur mère, grand mère et arrière-grand mère par l’ensemble de ses enfants, petits

enfants, et arrière petite fille.

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Jean Péneau, des Noyers en Pont James, commune de Saint Colombin épousa Félicienne Mainguy .

Parmi leurs enfants ils eurent en 1738 Julien Péneau, et un peu plus tard sans doute Jean Péneau qui épousa Catherine Paufru, lesquels eurent pour fils Alexis Péneau, né en 1768 qui épousa Marie Chagneau avec qui il eut cinq enfants dont Jean Péneau qui épousa Gabrielle Neau avec laquelle il eut douze enfants dont le plus célèbre fut sans doute l’abbé Emile Pascal Péneau qui fut curé de Saint Louis à Nantes, mais aussi François Péneau qui épousa Marie Dugast dont il eut trois enfants dont Alexandre Péneau qui épousa Marie Favreau. Leur union donna naissance à François, Emilien et Marie.

Ces familles vivaient au hameau des Noyers, au bord d’une rivière sur laquelle ils exploitaient des moulins hydrauliques et éoliens. La Boulogne, cette rivière au sud de Nantes, se jette dans le lac de Grand lieu, à une lieue au Nord-Ouest du Pont James.

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François Péneau épousa une fille de Passay, petit village de pécheurs établi sur la rive du lac depuis le néolithique, Marthe Josnin, qui était fille d’un mareyeur, François Josnin, lequel avait épousé la fille d’un marchand de volailles nommée : Marie Douaud.

Le frère de Marthe reprendrait l’affaire de mareyage, que développeraient ses fils et que ses petits fils animent aujourd’hui.

Il s’appelait François Josnin, comme son père et son grand père lequel avait épousé une Jeanne Tessier, son propre père également prénommé François avait épousé une Françoise Guillou. Le beau-père de Françoise Guillou se prénommait également François et avait également épousé une Guillou, mais qui se prénommait Perrine. Le père de ce François Josnin là avait épousé une Catherine Lhommelet, et son père, Julien Josnin né en 1713 avait eu avec Perrine Corbeau quatorze enfants. Jean Douaud était né à La Chevrolière, la commune dont dépendait le village de Passay le 3 octobre 1836 et il avait épousé Marie Anne Brochet en 1869. Lui même était fils d’un Jean Douaud et d’une Mathurine Thibaud. Son père Pierre Douaud était né le 5 janvier 1764, il était maçon, et avait épousé Jeanne Brisson. Son propre père, Jean Douaud, qui était tonnelier à Pont Saint Martin, s’était marié en 1761 à la Chevrolière avec Renée Pauvert. Il était lui même le fils d’un Jean Douaud et d’une Jeanne Albert.

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François Péneau et son frère travaillaient en famille à la minoterie. François était connu pour ses talents de dresseur de chevaux, il débourrait les animaux que les frères Neau, sans doute de lointains cousins, ferraient sur les pavés devant leur forge de Maréchal Ferrand. Le mariage de Marthe Josnin et de François Péneau eut lieu à La Chevrolière le 31 mai 1921.

C’est à Pont James que naquirent François en 1922 (il y décéda en 1925), Gérard en 1926, et Paulette le 19 novembre 1927. Mais c’est à Passay que Paulette Péneau passa ses premières années. Les laits maternisés n’ayant pas encore été mis sur le marché on lui donna une mère nourricière, madame Boucard, laquelle vivait avec son mari dans une petite maison sur la route qui mène de La Chevrolière à Passay. Son grand père faisait le commerce du poisson. Il achetait aux pêcheurs du lac mais aussi à ceux du marais breton ou à ceux de Brière.

Il faisait des affaires jusqu’à Sète où il lui arrivait de se rendre pour vendre les gros poissons chats, des silures sans doute.

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Il achetait, stockait dans les « juges » flottants -des viviers- et vendait les sandres et les brochets, les tanches et les gardons, perches brèmes et carpes, les anguilles pêchées avec les masses, les autres avec les nasses, les bosselles - pas encore avec les verveux qui furent importés d’Espagne par son petit fils Jean - les ancros , les araignées, les louves, les tramails ou les lignes. Mais il s’occupait aussi des grenouilles qui étaient dépecées par une armada de femmes habiles à embrocher les cuisses sur des baguettes dans un hangar attenant à la maison où les amphibiens attendaient le supplice dans des cuves. Au grenier s’entassait le jonc dont François Josnin faisait aussi négoce. Paulette allait de la Mière au Gren d’Avan ou s’amusait dans les jardins des Harrouys. Elle faisait partie de cette petite communauté où la plupart des familles étaient liées sinon par les liens du sang par ceux du travail. Les Josnin en employaient beaucoup pour leur activité de mareyeur mais aussi dans les vignes. Le pain grillait dans les cheminées devant des braises de sarments ou de ceps, on l’enduisait de raisiné.

Emilien avait épousé Adèle Ferdet, ils quittèrent Saint Colombin et achetèrent une boulangerie à Pornic. Marie avait épousé Jules Brossier qui était ingénieur à Paris. François, poussé par Marthe à quitter la minoterie fit l’acquisition de boulangeries à Nantes avant de monter un commerce de fromagerie.

Nantes ce fut le Pont du Cens où dans la classe maternelle de l’école religieuse Paulette fit la connaissance du descendant de Julien EON prénommé Gabriel, et se jura de l’épouser. Julien s’était marié avec Jeanne Tronson, leur fils Toussaint, baptisé le 2 novembre 1614 à Orvault épousa Guillemette Marbeuf. Ils eurent un fils, Gilles, qui épousa Louise Vallée qui lui donna un fils prénommé Julien qui épousa Florence Marie Corbard, union dont naquit Julien, qui épousa Jeanne Bernard, qui fut la mère de René qui épousa Reine Hauray dont le fils François épousa

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Rose Deniaud lesquels eurent pour fils François qui épousa Gabrielle Lerat, mère du petit Gabriel de la maternelle du Pont du Cens.

François Josnin, le frère de Marthe s’était marié avec Marie Baudry. Mareyeur comme son père il était un chasseur « à la sauvagine » parmi les plus fameux. C’est ce qui l’avait conduit à acquérir des étangs à Murin près de Redon aux confins du Morbihan de l’Ille et Vilaine et de la Loire alors Inférieure, où les cousins de Paulette : Guy, François, Jean et sa cousine Christiane aimaient à se retrouver. La pêche s’y pratiquait, et s’y pratique encore par assèchement des étangs. Les cousines Brossier, filles de Marie Péneau, Marcelle, et Suzanne qui épousera bientôt Ogier de Kerbriand, la cousine Colette Péneau fille d’Emilien Péneau qui épousera Maurice Colomb venaient souvent dans la maison de Marthe.

Gabriel avait passé la guerre chez les jésuites. C’est à la Joliverie qu’il avait appris les techniques dont le service voies et bâtiments de la SNCF après le ministère de la reconstruction allaient pouvoir bénéficier. Mais le chant choral à la maîtrise de la paroisse Notre Dame de Lourdes, le travail méthodique d’une voix de baryton martin, la comédie et les opérettes du théâtre paroissial, en bref l’entourage de l’abbé Letêrtre l’intéressaient beaucoup plus.

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Il s’y trouvait sa conquête de maternelle Paulette Péneau qui devant le dit abbé devint Eon le 25 février 1949.

Vivant depuis une vingtaine d’années à deux cent mètres l’un de l’autre, l’une dans la maison-boulangerie-épicerie-pompe-à-essence en face de l’église, l’autre au-dessus de l’église, ils s’installèrent au dessus de l’église, mais en-dessous de l’école.

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A deux pas de chez Françis et Gabrielle où vivaient des lapins dans des clapiers au fond du jardin, où poussaient des fraises à l’ombre des cerisiers aux fruits rouges ou plus jaunes dits « cœur de pigeon ». Moins d’un an après avoir signé devant l’abbé Letêrtre ils eurent un enfant mâle le 17 février 1950, qu’ils prénommèrent Michel.

Il aimait prendre l’eau dans des tubs en acier galvanisé qu’on disposait sur la table de salle à manger d’une maison située à Notre Dame de Monts. La maison de Marthe, fille de Marie ne pouvait évidemment pas s’appeler autrement que Béthanie. (Jean 12 :1)( Matth 26 :8 ) (Marc 14:4 )( Luc 10) ( Rom 3 :7).

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On l’arborait en haut des escaliers.

Il posait bébé devant la grotte de Notre Dame de Lourdes.

Ou pillait les galets sur les plages

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Ou marchait dans la mer, s’y croyant seul et pour toujours

Il ignorait que Gabrielle Neau avait eu douze enfants, Perrine Corbeau quatorze, et que sa mère en aurait six.

Il en vint une le 18 octobre1951, qu’on prénomma Annick.

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Elle aimait la mer et cet abri en bois rouge et blanc qu’il fallait monter et démonter chaque année dans la dune: la « cabine ». Un croissant et une étoile évidés dans la porte rappelaient peut-être que son propriétaire François Péneau avait servi dans l’armée de la grande guerre jusqu’au détroit des Dardanelles. Ces étés là l’orient était à l’ouest et le sable servait de divan, les oyats de cactées, les sapins de palmiers. En1954 un étrange objet, une quatre chevaux Renault qui avait appartenu à François Josnin, père de Marthe, grand père de Paulette devint la première automobile Gabriel Eon, Elle était d’un vert « olive » et permit des voyages sur les routes bordées d’arbres qui menaient aux Sables d’Olonne ou à Vigneux de Bretagne, Pornic ou Guérande, ou sur cette route que la mer dévorait à chaque marée, qui conduisait à Noirmoutier où Gabriel passait enfant des vacances mémorables à L’Epine, cette route qu’on appelait « le Gois » (car goiser c’est marcher en mouillant ses sabots).

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Il s’imposa qu’ une maison fut construite dans le jardin du Pont du Cens, ce serait bientôt réalisé, car de quatre, la famille passa à cinq dés le17 mars 1955 lorsqu’une seconde fille, prénommée Françoise, prit

son rang dans le livret de famille.

On le constate ci-dessus, il lui fallut aussi creuser des trous inutiles dans les bois, tenter de vider la mer avec un tout petit seau en plastique, bâtir des défenses en sable contre d’improbables ennemis, se livrer à ce travail de Sisyphe qu’on impose aux jeunes enfants des bords de mer. Comme Camus, nous avons tous connu sans avoir même à les imaginer, quelques Sisyphe heureux.

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A la ville parfois ils jouaient à la poupée, de chair ou de celluloïd et de chiffon. Mais il n’était pas rare qu’à cette époque on les emprisonna dans des cages, tout en les forçant à sourire.

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Mais pendant les trois mois d’été il leur fallait parfois pêcher, comme leurs ancêtres, pour se nourrir.

Et dès 1959 il faudrait augmenter les cadences et améliorer la productivité afin de fournir en boucauds et pignons un sixième membre de la famille qui arriva le 15 janvier et avait bon appétit, il se prénomma Patrice.

C’est la même année, le 24 décembre, que sans doute brouillés par la fatigue des trois messes basses et de la grand-messe de Noël, les aînés se demandèrent s’ils ne devraient pas désormais pêcher même la nuit, car deux nuits plus tard devait naître un garçon qui porterait deux noms de pêcheurs, Jean-Pierre. La crainte était infondée, le poissonnier Dugast, la charcutière Guyomard, le boucher Berre, et d’autres qui tenaient étal au marché du jeudi le long de la rue du Chanoine Poupard fournirent le nécessaire. Il arrivait à la tribu de se fournir en superflu dans les bocaux de l’épicerie.

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Les derniers grandissaient.

Jean-Pierre, le plus jeune, arborait une chevelure d’époque qui allongerait encore quelques temps. Patrice après une chute dans la cave à fromages à l’âge de trois ans ressentit une fêlure existentielle profonde d’où surgit un sentiment mystique prononcé. A huit ans il annonça à Paulette qu’il serait prêtre. Comme elle lui demandait de réfléchir il revint un quart d’heure plus tard en disant « J’ai réfléchi, je veux être prêtre ». Jean-Pierre aura presque sept ans, Patrice sept ans et demi, Françoise onze ans, Annick quinze et Michel (qui se faisait désormais appeler Mikael selon l’orthographe du dictionnaire Stéphane Seité français-breton) seize et demi lorsque naquit Dominique le 30 juin 1966.

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Dominique passa le plus clair de son temps avant la révolution (on le voit ci dessus en 1968), à l’hôpital. Il eut préféré l’hôtel, qui porte également un accent circonflexe dû à un « s » fugueur, mais on ne lui laissa pas le choix.

Son frère aîné, Mikael donc, apprenait la voile au château du taureau en 1967 où il se rendit une première fois avec Catherine Péneau.

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Puis seul à Pâques et l’été 1968 où il se laissa pousser les poils comme il se doit . En 1969 une pseudo assistante de la faculté des lettres de Nantes, nommée Agnès Landais-Meyneng organisa un séminaire et y invita l’étudiant Mikael EON . Ce faux en écriture leur permit d’entreprendre un périple qui les conduisit à l’auberge de Claude Pouzoulic de Port Tudy en l’île de Groix, à l’abbaye de Landevennec où, déguisée en moine, la fausse assistante passa une nuit de….. moniale, et au château du Taureau.

Une nouvelle généalogie pourrait être ici introduite mais un cahier ne suffirait pas s’il fallait raconter les ancêtres des pièces rapportées, nous nous satisferons des descendances.

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La famille allait à l’école, Annick à celle des instituteurs, Patrice au séminaire, où il était pensionnaire, ce qui lui tordait les entrailles lorsqu’il fallait quitter la maison le dimanche soir ; après avoir vu « Belle et Sébastien » qui passait à la télé. Françoise et Jean-Pierre goûtaient aux joies du lycée,

tandis que Dominique prenait son essor en primaire.

Mikael pensait toujours qu’il ne travaillerait jamais. Il rêvait de lancer les éditions du Sertao,(le sertao sera la mer la mer sera le sertao disait Glauber Rocha) allait voir l’orient au Maroc puis y retournait avec Agnès pour deux petits mémoires d’ethnographie.

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Catherine, fille de Gérard Péneau, fut mariée à Orvault par Gabriel à Jean Yves David. Puis le 24 août 1974 le maire de Penvenan, en présence de Jean Naja - gadzart mélomane oranais chassé d’Algérie par la guerre, prof de maths- et de Gassan Zayat - compère de troisième cycle à Dauphine et par hasard libano-sénégalais de Dakar - maria Agnès et Mikael, qu’on appela Michel ce jour là.

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Un déjeuner avait eu lieu à l’hôtel des îles avant que s’y déroulent de nombreuses autres fêtes de famille. Avec certitude on peut affirmer qu’aucun des intéressés n’en était conscient ce jour là car l’avenir n’est connu que lorsqu’il est passé, même seulement depuis peu.

. Quelques semaines plus tard Mikael et Agnès prenaient l’avion pour Dakar. Françoise irait plus tard au Gabon, et Annick à Daloa en Côte d’Ivoire, mais aucune des intéressées n’en était alors bien consciente, car l’avenir n’est vraiment connu que lorsqu’il est passé.

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Maxence premier né d’Agnès et Mikael ne passa que quelques jours d’avril 1976 sur terre et Raphaelle naquit dans la même clinique tenue par Frédéric Farah, au Plateau, derrière la cathédrale, la clinique Pasteur. C’était le deux mai 1977, à Dakar, Sénégal.

Elle faisait ses nuits, buvait ses biberons. Sa nounou, Helena Fonseca (Hélène) l’ayant vite jugée, décida de l’arrimer dans son dos. Elle craignait les fugues exploratoires ou gastronomiques ou les visites de courtoisies aux poupons du voisinage ou….on ne sait pas très bien car les gens du Cap Vert n’ont sans doute pas les mêmes peurs que nous………….mais elle la noua dans un pagne et la trimbala là des jours durant.

Elle fut exposée au sel et à l’eau à Port Blanc, dans la chapelle, ce qui lui donna le goût des longues baignades.

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Son arrière grand-père la regardait de loin, curieux et sachant mal se départir d’un vieux fond de misogynie.

Ses parents la regardaient de très près, assez émerveillés.

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Puis Helena (Hélène) dut lui rendre sa liberté, contrainte de dénouer son pagne pour laisser trotter la marcheuse.

Raphaelle Vincent, fille d’Agnès Landais, fille de Claude Meyneng, fille de Marcelle Jayer, fille d’Olympe Chaix, fille d’Olympe Bernard (née en 1840) était là maman d’une poupée qui n’avait ni nom ni prénom et qu’elle appelait « Jaune », comme son chien.

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Dominique l’aurait bien appelée Marguerite car il lui arrivait de se prendre pour une fleur, mais il l’a toujours appelée Raphaelle par souci de vérité.

Lorsque Charles est né, dans la clinique où tant d’autres étaient nés dont sa mère, son père, Dominique aussi, rue des Folies Chailloux à Nantes, Raphaelle, peu désireuse de partager s’enquit d’où pouvait bien se trouver « l’autre maman », celle du bébé. On le lui dit, elle partagea.

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C’est dans l’église de médina, sur la route de Dakar à Ouakam que Charles fut baptisé. Ce fut un baptême de groupe comme il s’en pratiquait aux premiers temps. Son arrière grand mère avait fait le déplacement.

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Charles aux épaules de Rugbyman avait perdu l’œuf de pigeon qui lui ornait le front à la naissance. Il fut badigeonné de bleu de méthylène, moins par goût des fards que par mesure d’hygiène contre l’infection des piqûres de moustiques.

Comme sa sœur on l’attacha dans le dos de Pauline qui pratiquait les mêmes coercitions qu’Helena

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Dès ses premières semaines Charles eut quatre mamans, celle en titre, sa sœur, Pauline et Helena. Et toutes voulaient qu’il boive du lait, les femmes veulent que les enfants boivent du lait car elles en produisent elles mêmes. Ne souhaitant pas céder un pouce, avant la main l’avant bras et tout le reste, à la tyrannie Charles décida qu’il boirait du jus de carotte et de l’eau de riz. Il s’y tint. Quelque temps.

Jean François Pèneau qui fit un séjour à Dakar cette année là s’évertuait à enseigner à Rapha les techniques de la motogodille, n’ayant pas compris qu’elle aspirait à plus de poésie se prenant alors pour Léda, et pleurant sur son cygne..

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L’art de la conversation lui convenait beaucoup mieux, qu’elle perfectionna en contant tous les menus potins du quartier à son frère. Car elle allait au marché avec Helena, se rendait même à la petite école, devisait avec la marchande d’acras, tentait de débaucher Gabriel le boy cuisinier pour apprendre de lui la recette du poisson à la Saint-Louisienne, faisait du blabla aux gardiens, et des ouah wah aux chiens. Celui qui l’avait mordu devint son « ami le chien qui mord » et quand jaune se fit défoncer la tête par un camion, elle sut lui dire en consolante amie alors que l’œil pendant sur la joue il gémissait un peu : « c’est rien, ça va passer ».

Charles apprit ce qu’il voulait apprendre et apprit à ne pas entendre s’il lui plaisait de ne pas entendre. Pour cela il s’introduisait les deux pouces dans les oreilles et pensait à quoi bon lui semblait. Avec de l’entraînement il sut le faire même sans les pouces ce qui lui donna des facultés de concentration peu communes. De toutes ses mères c’est sans doute sa sœur qui l’a le plus soûlé, ce dont j’imagine et pour ce qui est dit ci dessus il doit lui demeurer très redevable.

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Elle entreprit de l’initier à la conduite des trains s’initiant elle-même à des modes de déplacements souples et non polluants tels que le patin à roulette sur gravier. Ayant quitté la douceur des tropiques ils habitaient désormais rue du Lac à Lyon La Part Dieu. Le lac était ailleurs car là c’est le béton qui formait toutes les surfaces et tous les volumes du paysage. Mais outre Saône et Rhône , Lyon recelait une merveille pour enfants : le Parc de la Tête d’Or, où habitait Guignol.

Annick en cette année de la migration lyonnaise de ses neveux, fit ses vœux temporaires et une migration peut-être définitive dans une austère demeure bretonne, peut-être.

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Elle avait décidé non seulement d’y passer toute sa vie jour après jour en reléguant au grenier des souvenirs sept années d’enseignement, les balades au gré des envies du moment, les cinémas, les camps d’été, la vie du monde et toute distraction pascalienne, mais elle avait aussi décidé, imitant en cela son aîné, de se faire appeler autrement qu’on la nommait avant. Prise d’habit, vie nouvelle et nom nouveau, elle serait désormais : sœur François Dominique.

Des habitudes d’enfance on se détache mal. Elle aimait ces prisons de bois où gamine on la contraignait à sourire et avait recherché la clôture qui lui convenait, celle de l’abbaye de Beaufort.

Comme il a déjà été dit plus haut, l’avenir se connaît mieux lorsqu’il est passé. L’avenir que François-Do avait imaginé, en Bretagne à jamais dans cette maison de Beaufort se dessina bien vite imprévu et outre mer. Elle prononça ses vœux temporaires en août 198, et prenait le soleil à Daloa en Côte d’Ivoire dès le mois de décembre. Pour complaire au Seigneur et au Monsignore du diocèse de Daloa, elle gagna cette ville, qui se trouve bien après avoir passé les lumières de Yamoussoukro, laissé à droite la route de Bondoukou et celle de Dabakala, dans ce Haut Sassandra où l’on parle autant bété et dioula que français. Il est possible que l’idée de s’implanter au cœur de la boucle du cacao ait suffi à

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déclencher ce déménagement, de futurs historiens des religions pourront peut-être le prouver, à l’heure actuelle il s’agit d’une conjecture, Patrice entrait à la Sorbonne pour quatre années d’études de philo que suivraient quatre années de Grand séminaire à Nantes et deux années de théologie et « gelateria » à Rome. Les voies de Dieu sont impénétrables mais passent en autoroute au Pont du Cens. Raphaelle et Charles quittèrent Lyon pour aller cueillir des fleurs rouges en Beauce, et tel Pantagruel y parvenant s’écrièrent : « je trouve beau ce ».

Leurs cousins venaient au moulin des trois Moulines chaque semaine.

Ils s’inventaient des histoires d’enfants, de princesses et de conquérants.

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Ils exploraient les rives et les sous bois.

Qu’ils firent découvrir à leurs grands parents. Alors que pendant ce temps là……………….

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Sœur François-Dominique était devenue entrepreneur en Afrique. Ayant quitté les côtes française à bord d’un cargo qui l’avait débarquée à l’entrée de la Lagune Ebrié, elle avait donc pris « son pied la route » bravant les « s’en fout la mort », absorbant par les oreilles, les narines et les yeux tous ces bruits, parfums, couleurs qui rabaissent nos paysages urbains d’occident à la variété d’un camaïeu de gris sans odeur et chantant le ronron des moteurs à explosion. Elle était devenue « maître d’œuvre » chargée de la construction d’un monastère au milieu des mosquées, celui de la communauté de l’Anawana.

Le 8 août 1984 elle fit sa Profession Solennelle en l’église du « Christ-Roi » à Daloa.

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Ses parents étaient là et Patrice, qui n’était pas évêque et pas encore prêtre ni même diacre, participait à l’office, assistant le prélat. Il était en stage à la paroisse de Sautron et « connaissait-manière ».

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Sœur François Dominique ne savait pas qu’elle allait demeurer à l’Anawana pendant les huit années suivantes. Les galettes du pays de Dol avaient plutôt ici des allures de foutou banane ou de garba, d’attiéké ou d’alloco. La Cora prit sa place dans la liturgie. L’institutrice surveillait l’exécution des longrines, la pose des ferraillages, la bonne tenue des chaînages et voyait monter les murs du monastère. Les novices en franchiraient bientôt les portes. Elle ignorait qu’à Saint-Nazaire le 12 juin 1992 elle débarquerait sur les quais de la ville où Hoel voyait le jour en 1985.

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Car Françoise avait abandonné l’Afrique - où elle se trouvait, à Bitam, au Gabon, en 1975 - depuis longtemps pour Vancouver, au Canada, où elle vit passer des saisons que la proximité de l’équateur n’offre pas, tout au long de 1976 et de l’année suivante. C’est pour la baie de la Slack, près du fort Mahon, qu’elle quitta le Fraser et le détroit de Georgia, un Nord pour un autre. Ce serait pour Ambleteuse en 1978 et le Pas de Calais, cette année là, ou peut-être essentiellement pour Eric avec lequel elle vécut dés l’année suivante.

Alors que sa sœur devenait « sœur » solennellement à Daloa, Françoise faisait avec Eric l’acquisition d’une ferme au pays de Gilles de Retz, La Ternais, en Saint Viaud à deux pas de la Loire, du canal de la Martinière lequel croise l’Achenau qui relie le lac de Grand Lieu au fleuve maritime. A l’embouchure, en bord de mer, à l’hôpital, à l’heure dite au jour voulu Hoël émit ses premiers sons, sans « potar » sans bidouille, un potin baragouin de roi breton, ce qui allait de soi, il en portait le nom.

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Patrice quant à lui prit place parmi les collaborateurs de l’évêque en devenant Diakonos. Peu pédant il préféra dire en français qu’il serait ordonné diacre, le dernier jour du sixième mois de l’an de grâce 1986 en la cathédrale de Nantes. Ce qui fut.

Désormais il serait au service de son évêque et de ses successeurs.

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Il l’aiderait dans les charges du ministère de la parole, de la charité, du culte, et de la pastorale.

Une barre rouge de l’épaule gauche au flanc droit témoignerait de son rang dans l’ordre, il était après l’évêque, suivant le prêtre, il était diacre.

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Jean-Pierre l’électrique et charismatique allait bientôt quérir en Amérique une fille des bords de Sèvre ( rivière qui conflue comme l’Erdre avec la Loire en un lieu que les latins nommaient pour cela « condivicnum », ce dont les namnètes n’avaient que faire et que les bretons appelèrent Naoned, Nantes quoi ! ) qui serait femme d’affaires. Quoi ? Ignorait-elle que vingt ans plus tard elle aurait entrepris des études de théologie avant d’œuvrer sans souci du profit ? Oui car on sait l’avenir après qu’il ait passé.

En trois ans, trois mouvements. Le premier, la première année, fut de franchir les mers (ce qui est assez fréquent dans la famille comme on l’a déjà vu) afin de fixer avec Cécile les étapes suivantes. L’année suivante auraient lieu les fiançailles, un mot qui vient de foi et fleure le vieux françois. deuxième mouvement.

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Le 28 juin 1987 Patrice fut ordonné prêtre.

L’évêque lui chuchota des secrets qui semblèrent le réjouir. Il attendait cette ordination presbytérale depuis vingt ans. Deux ans plus tard il franchirait les remparts de Guérande et y resterait six années avant de revenir à Nantes dans cette église de brique aux allures de basilique byzantine : Sainte Thérèse. Il y pratiquera la louange, qu’il dit être « l’exultation d’exister ».

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Jean Pierre et Cécile se marièrent. Troisième année, troisième temps de la valse, en juillet 1988 à Vertou, au pays du « ruisseau de la paix » car c’est bien ce que Vertou veut dire .

Les racines horticoles de Cécile sont patentes sur les documents photographiques de l’époque où les fleurs blanches posent leur symbolique partout, dans l’herbe ? dans sa main, et même dans ses cheveux. Pouvait-elle savoir qu’elle assisterait un jour Patrice devenu responsable des aumôneries de l’enseignement public du diocèse de Nantes ? Non.

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Autres symbole, un arc en ciel et des mains en ailes de colombe signent la cérémonie.

Raphaelle et Charles seront les seuls neveux en âge d’assister. Hoël a trois ans et Marthe deux de moins.

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Jean Pierre et Cécile viendront vivre à Coulaines , qui jouxte Le Mans, où vivent déjà Michel, dit Mikael, Agnès, et leurs enfants. Tous y seront de passage, comme en garnison, pour deux ans.

Sœur François Dominique, ex Annick, y passa un jour du printemps 1987 alors que les enfants s’inventaient des aventures.

La tente tentait tante Annick assez rêveuse de voir en si peu de temps construite une maison.

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Ici l’école est derrière le jardin qui suit le jardin derrière le mur et ils y vont à pied. Leur seul fauve est un chien.

Marthe grandit, elle aime l’idée de grandir et ne rechigne pas à vider les réserves de biscuits apéritifs. Elle accepterait les chocolats, les pâtes de fruits, les sucettes et les chouchous, mais on ne lui offre que des biscuits salés, alors elle en dévore des quantités…..

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Afin que leurs enfants trouvent un bon collège, et pour mieux développer leurs magasins, Mikael et Agnès décidèrent d’habiter Nantes où ils louèrent une première maison. Raphaelle y réunit ses grands parents à l’occasion de sa communion, se chargeant des invitations.

Charles y fêta la sienne un peu plus tard et ne trouva pas vraiment que l’aube lui convenait au teint.

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La première maison de la rue du Plessis de la Musse était la sixième maison de Raphaelle et Charles depuis leur naissance, depuis Dakar jusqu’à Nantes, passant par le Boulevard Guist’hau à Nantes, la rue du lac à Lyon avant les Moulines et Le Mans. Ils en connaîtraient encore deux, hors Port Blanc avant d’habiter à Paris.

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Hoel et Marthe étaient plus sédentaires, mais mieux équipés pour les voyages d’exploration. Si Raphaelle avait conservé sa vocation initiale « d’exploratrice accoucheuse » la monture de Marthe lui aurait convenu. Françoise parcourait les eaux douces et saumâtres du pays de Retz en canoë, les chemins du boccage à dos de canasson. La Ternais prenait forme. Une grande pièce aux proportions pythagoriciennes basée sur le nombre d’or et les suites de Fibonacci , d’une cuisine ouverte à un âtre au salon, l’hiver donnait envie d’hiver et de pain grillé. L’été ouvrait la ferme sur la cour et les prés, suivaient les ateliers, nombreux, de peintre et de sculpteur, de menuisier, d’électricien, de mécano, de bâtisseur.

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Eric étudiait les sciences de l’éducation. Un programme précis fut établi, destiné à parfaire la dextérité des enfants à maîtriser les destriers. Le garçon aurait un cheval dur, Hoël s’en balançait s’y balançant comme un garçon, il avait un cheval de garçon. Marthe aurait un cheval doux. Ce ne fut pas le cas de tous ses chevaux, on le verra ci-dessous. La Ternais avait accueilli des enfants confiés à Françoise et Eric, agréés par le conseil général pour ce faire. Puis Françoise rejoignit des associations en qualité d’éducatrice spécialisée alors qu’Eric donnait des cours d’arts plastiques et étudiait. Il deviendra doctorant en sciences de l’éducation et sera reçu à l’agrégation d’arts plastiques après plus de quinze ans passés à la Ternais.

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De la rue du Plessis, Mikael et Agnès passèrent avec leurs enfants de l’autre côté du bloc, dans deux maisons qu’ils avaient transformée en une, rue Bouchaud et où ils vécurent un peu plus d’une année avant d’acquérir une ancienne annexe du château de la Musse dans un vieux jardin avec une vieille serre, à

nouveau rue du Plessis de la Musse. Ils retournèrent voir Dakar…. passaient les dimanches à la Baule, au Ponton…..

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Pendant qu’à Saint Nazaire, sur les pêcheries et dans le port, Charles et Raphaelle posaient pour l’art, Hoël à quelques kilomètres en amont sur la Loire pratiquait le sien : la bidouille. La mécanique n’avait plus de secret pour lui.

Il savait démonter un moteur et tous ces ingénieux casse-têtes d’acier qui font se mouvoir les choses, remplacer ce qui était cassé, remonter le tout et le faire fonctionner. Les sœurs de l’Anawana venaient de débarquer à Saint Nazaire d’un cargo bananier qui ramenait définitivement la communauté en Bretagne. La famille les attendait sur le quai.

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Il leur arriva souvent de confier la réparation de leurs ustensiles à Hoël, qui de la mécanique avait étendu son champ d’action à l’électronique. Cette évolution le conduirait aux sons, à l’informatique et à la musique, plus tard liant le tout dans l’art de l’ingénieur du son.

Marthe, qui croyait les chevaux doux depuis sa prime enfance, partit un jour au grand galop sans se douter que sa monture était givrée, qu’elle allait la désarçonner, puis la trainer sur les sentiers, dans les bois et dans les fourrés. Elle ne fut pas dégoûtée par ce traitement déjanté, mais à l’inverse, décidée à remonter sans démonter.

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Après Coulaines, après la naissance de Johanna en 1989 et Basse-Goulaine où ils vivaient lorsque naquit Marie, en 1991 Jean Pierre et Cécile firent l’acquisition l’année suivante, aux enchères, d’une maison occupée. L’idée pouvait sembler d’autant plus saugrenue qu’il s’agissait d’un pavillon très ordinaire. L’avenir allait prouver le contraire. La maison se trouvait à Vertou ce qui n’en constituait pas la moindre vertu, sur une grande prairie, et se prêta au fil des ans à de multiples toilettages, refontes et extensions dont la fin ne doit pas être préjugée.

Le dimensionnement des baignoires à la taille des enfants fit partie des aménagements. Les agrandissements furent plus fréquents, au fil des naissances.

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Alexandra le 2 avril 1994, puis Nathanaël le 15 septembre 1996.

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C’est en 1996 également que Mikael et Agnès achetèrent l’hôtel des Iles, où avait eu lieu un déjeuner familial vingt deux ans plus tôt. Ils ignoraient encore qu’ils y vivraient plus que les mois de vacances, mais continûment pendant les cinq premières années du 21° siècle.

La famille s’y retrouva en 1999, en 2000 ,

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et en 2001

Certains y venaient passer quelques jours sur le chemin des vacances

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En août 2001 la fête eut lieu à la Ternais.

Ce serait un adieu au lieu car la famille de Françoise allait migrer vers le sud, dans un petit village au bord du canal du midi entre Carcassonne et Castelnaudary, Bram, dans le couloir du vent qui brasse les éoliennes, entre montagne noire et Pyrénées.

Cet exode conduisit à peu près tout le monde à s’arrêter un jour pour visiter Minerve et sentir les garrigues ou s’étonner qu’à Lauriole les voitures montent les côtes sans moteur. Après Bram, ce serait Carcassonne.

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Les communions ponctuaient les années, Marie en 1998, Alex en 2003, Nathanael en 2005.

Lors du soixante-quinzième anniversaire de la petite Paulette Péneau, fêté le 22 décembre 2002, le curé de Saint-Louis-Bon-Port est présent. Ce n’est pas le fils de Gabrielle Neau, mais celui de Gabriel Eon et Paulette Péneau, le futur vicaire épiscopal Patrice EON.

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Le 18 octobre 2003 fut l’occasion d’une pêche à Port Blanc qui donna des soles et des carrelets

ainsi qu’un turbotin et une petite barbue pris au tramail entre Voleur et Sentinelle.

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Raphaelle vint en juin 2004 à Port Blanc en même temps que ses grands parents et accompagnée de Matthieu qu’elle connaissait depuis longtemps et connaîtrait de mieux en mieux

A Noël 2004 il fallut bien convenir que le réchauffement climatique était déjà patent. Certains, par habitude portaient écharpes et fourrures, mais les esprits lucides tiraient les conclusions qu’il fallait des nouvelles données planétaires.

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Le 24 Septembre 2005 Matthieu était à nouveau à Port Blanc, ainsi que Raphaelle et ses grands parents, et aussi toute la famille et des tas d’amis, car ensemble ce jour là Raphaelle et Matthieu se marièrent devant Monsieur le maire.

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Habillée par Boticcelli, Raphaelle portait « le Printemps » en été . La fête fut champêtre et marine au manoir de la mer « Maner ar mor », où huîtres et cocos fleuraient bon l’aodou an arvor.

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Le 28 mai 2007 naissait Gabrielle, dont moult aïeux et aïeules, de sa mère comme de son père portaient le prénom.

Le 7 juin, la petite fille désormais arrière grand-mère donnait le biberon à Gabrielle, quatre générations réunies dans l’appartement de la rue de Charonne à Paris.

Jean Pierre pouponnait la fille de sa filleule.

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On sut très vite que Gabrielle serait sérieuse et rieuse.

Elle fut présentée à Sœur François-Dominique, à Beaufort, pendant l’été, et s’offrit, plus jeune que sa grand-mère, mais en toute légalité, un petit tour dans la clôture pour saluer la communauté.

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Sur le cliché ci-dessus les sœurs contemplent Gabrielle en souriant comme si elles voyaient le Dalaï Lama. Elles ont certainement éprouvé quelque pressentiment, nous les interrogerons.

Sœur François-Do voit ici que toute règle a ses exceptions et que Gabrielle ne rit pas toujours.

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Charles quittant Clémenceau (pas le tigre qui n’était plus là mais le bahut qui porte son nom) après sup et spé. rêvait de décrocher au premier essai Centrale Paris. L’école Centrale de province qu’il obtint, lui semblant à juste titre moins centrale, il opta pour travailler l’été afin de virer vite fait d’ingénieur à bana-bana. Car la centralité comptant plus que l’école, l’ESCP lui suffirait pour le P. En fait de centralité son centre était peut-être Paris, peut-être, mais plus certainement celle qui s’y trouvait : Oriane.

Car Paris gagné, c’est outre Meuse qu’Oriane l’excentra. En cette terre de B.D. verront le jour les éditions O.D.L. et le madréporique empire d’aide à la personne issu d’ADMITIS. A l’automne -avant tous ces développement qui restent à venir - la famille se réunit à l’abbaye de la Cambre pour célébrer leur mariage. La veille, dans la salle majestueuse de l’hôtel de ville, le bourgmestre de Bruxelles, certainement très informé, leur avait prédit un avenir « Glorieux ».

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Les pétales de la gloire ne tardèrent pas à tomber du ciel, pour le plus grand plaisir des enfants qui les cueillaient sur les pavés, comme celui des parents babas d’Oriane et Charles en majesté.

Ils vivent désormais rue de la Source. Est-il un plus joli nom de rue où habiter pour qui sur le monde comme une pluie, une manne, répand beaux livres et savoirs ? Où donc ailleurs aller pour mieux être abreuvé ?

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Marthe l’ethnologue pianiste, Johanna l’animatrice violoniste , Marie la liseuse écrivaine, Alexandra la canoéiste flutiste, Nathanaël l’accordéoniste, toute l’équipe de pianistes, violoniste, flutiste et choriste, l’oncle Dominique premier professeur de piano de Charles et Nathanaël, l’oncle Patrice grand liturgiste, leurs parents mélomanes et leur grand maman chanteuse alto, déchiffrèrent la partition baroque des façades bruxelloises et dévorèrent des yeux les pâtisseries architecturales de la capitale. Car ce jour là, toute la ville était musique, et tout chantait même les pierres. Ils ignoraient encore - en effet il est rare qu’on connaisse ce qui n’est pas encore écrit - les couplets d’une chanson qu’ils entonneraient un peu après le 19 novembre 2007, approximativement quatre vingt années après le 19 novembre 1927, un jour de décembre, chez Jean-Pierre et Cécile, avec toute la famille.

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CHANSON DES QUATRE VINGTS ANS DE MAMAN 1 « A Pont James, y’a un moulin, Qui aujourd’hui se souvient, De cette petite fille, Qui naquit, douce et gentille, Dans la maison de François Et de Marthe. Alleluia ! … 2 A Passay, y’a un(e) nourrice Madame Boucard, quel délice ! C’est chez ell(e), pendant trois ans, Qu’a vécu not’chèr(e) maman. Quand il fallut la quitter, Paulett’ fut traumatisée. 3 A Orvault, y’a un fournil, Qui sent bon le pain bien chaud. Puis, y’a l’ magasin en ville Où tonn(e) le bon père Péneau. Quell(e) merveille que la famille Où ton bonheur a éclos. 4 Tout’ petite quand tu allais A pied à la Gobinière Tenant la main de papa Portant la grande panière T’appuyais sur la sonnette Tu voyais une cornette

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5 C’était un’dominicaine Sœur tourière t’accueillait Grain de chapelet t’intriguait Le rosaire tintinait A force de l’égrener Fille à Dieu tu as donnée 6 Un(e) chorale et un patro, C’est le top pour une ado ! De la fin du temps de guerre, Maman, tu n’te soucies guère ; Car tu n’as d’yeux que pour lui : Ton amoureux, c’est Gaby. 7 Avec lui, tu chanteras « Petit âne, cahin-caha ». Un duo tant apprécié, Que bientôt, vous vous mariez. Et c’est tout au bord du Cens, Qu’on fêtera nos naissances. 8 Quatre ans et d’mi de grossesses, Six enfants plein de promesses. Vraiment, il fallait le faire ! Mais c’est ton amour de mère, Qui nous a donné le jour. Maman, Merci pour toujours ! 9 Couch(es)-culottes et nez morveux, Gros câlins et jours heureux De la cuisine au jardin, Tu veillais sur tous nos jeux. Et nous p’tits mioches dev’nus grands On te dit : Merci Maman ! 10 Ah te dira-t-on Maman Com’ nous avons savouré Ta voix chaude, grave et belle En voiture à la vaisselle Nous chanter vents et marées Démons et mervei-ei-lles 11 Ah te dira-t-on Maman, Combien nous te remercions, Tu sais toujours écouter Les paumés jusqu'au dernier, Tu sais toujours accueillir Ton sourire est un plaisir

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12 Ah, te dirons-nous Maman, Le bonheur de tes enfants, Chacun avec son histoire, A suivi sa trajectoire. Mais c’est toi, avec papa Qui nous a permis tout ça. 13 Ah vous dira-t-on ma Mère Combien nous sont salutaires Votre gaieté, votre entrain Vos sourires toujours sincères Prête à tendre votre main Ah Ah Ah Ah Ah ma Mère 14 Ah vous dirons-nous Paulette Combien vous êtes coquette Foulard, tailleur, sac à main Assortis à votre teint Et ce regard malicieux Qui nous est vraiment précieux 15 Ah te dira-t-on grand-mère Comme tu allèges nos misères Tu chantes du soir au matin Même quand tu achètes le pain Ton rire est une cascade Qui rappelle une cavalcade 16 Ah te dira-t-on Grand-Mère Qu’elles sont bonnes tes pommes de terre L’apéro pour commencer Les patates pour continuer Ah te dira-t-on Grand-Mère Qu’est-ce qu’on aime tes pommes de terre. 17 Ah te dira-t-on grand-mère Qu’il n’y a pas que les pommes de terre Que ferions-nous sur terre Sans connaître tes soles Meunière Ah notre petite grand-mère Que tu es bonne cuisinière 18 Ah vous dira-t-on Maman Ce qui cause nos tourments Le moulin de vos parents Tournait bien plus lentement Que la vie qui nous entraîne D’heure en jour et en semaine

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Vous êtes petite enfant Puis arrière grand-maman 19 Ah te dira-t-on maman Combien t'aiment tes enfants Dans ta maison ça chantonne Et tous en coeur on fredonne Vive tes 80 ans Nous t'embrassons tendrement"

Gageons que la petite fille à Pont-James ignorait tout de tout cela.