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La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie L’épilepsie est la maladie neurologique la plus fréquente après la migraine. Très handicapantes dans la vie quotidienne, les crises peuvent être évitées grâce à un traitement adapté, condition sine qua non à une vie normale. Mais il n’existe pas de prise en charge universelle. A chaque patient, une solution. Même si aucun médicament ne guérit de l’épilepsie, le suivi assidu du traitement permet de stabiliser la maladie chez la majorité des patients. La mise en place du traitement Après un dépistage et une confirmation de la maladie, le médecin instaurera un traitement à l’aide d’un seul médicament (mono thérapie). Quelques mois seront alors nécessaires pour ajuster les doses et réguler parfaitement les crises. On augmentera progressivement la quantité prise jusqu’à l’obtention de l’effet maximum avec le moins possible d’effets indésirables. Si un premier médicament ne fonctionne pas, il est également possible que le médecin en propose un autre. Enfin si un seul médicament ne suffit pas, il arrive parfois qu’on en associe plusieurs. Les médicaments doivent être pris très régulièrement sans oublier aucun comprimé. Attention, chaque cas est différent, on ne peut donc pas échanger son traitement avec quelqu’un d’autre : les doses et les produits sont personnels. Et attention : il ne faut surtout pas arrêter son traitement brutalement sous peine de voir resurgir les crises voir même de les voir empirer. Les antiépileptiques Ces médicaments forment le traitement de base de la maladie épileptique. Ils ne traitent pas la maladie mais bloquent les crises, diminuent leur intensité et leur gravité. Tous n’ont pas le même mode d’action :

La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie

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Page 1: La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie

La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie

L’épilepsie est la maladie neurologique la plus fréquente après la migraine. Très handicapantes dans la vie quotidienne, les crises peuvent être évitées grâce à un traitement adapté, condition sine qua non à une vie normale. Mais il n’existe pas de prise en charge universelle. A chaque patient, une solution.

Même si aucun médicament ne guérit de l’épilepsie, le suivi assidu du traitement permet de stabiliser la maladie chez la majorité des patients.

La mise en place du traitement

Après un dépistage et une confirmation de la maladie, le médecin instaurera un traitement à l’aide d’un seul médicament (mono thérapie). Quelques mois seront alors nécessaires pour ajuster les doses et réguler parfaitement les crises. On augmentera progressivement la quantité prise jusqu’à l’obtention de l’effet maximum avec le moins possible d’effets indésirables. Si un premier médicament ne fonctionne pas, il est également possible que le médecin en propose un autre. Enfin si un seul médicament ne suffit pas, il arrive parfois qu’on en associe plusieurs.

Les médicaments doivent être pris très régulièrement sans oublier aucun comprimé. Attention, chaque cas est différent, on ne peut donc pas échanger son traitement avec quelqu’un d’autre : les doses et les produits sont personnels. Et attention : il ne faut surtout pas arrêter son traitement brutalement sous peine de voir resurgir les crises voir même de les voir empirer.

Les antiépileptiques

Ces médicaments forment le traitement de base de la maladie épileptique. Ils ne traitent pas la maladie mais bloquent les crises, diminuent leur intensité et leur gravité. Tous n’ont pas le même mode d’action :

Les inhibiteurs des canaux sodium voltage-dépendants dont le chef de file est la phénytoïne (DI-HYDAN ®, DILANTIN ®). Ces médicaments bloquent l’influx électrique dans le cerveau en diminuant les réactions des neurones qui provoquent les crises. On trouve aussi dans cette catégorie : la phosphénytoïne (PRODILANTIN ®), la carbamazépine (TEGRETOL ®), l’oxcarbazépine (TRILEPTAL ®) et la lamotrigine (LAMICTAL ®). Ces médicaments restent très différents et chacun a ses propres indications et effets indésirables. Le felbamate (TALOXA ®) est proche de ces composés, mais ne peut être utilisé que par des spécialistes expérimentés dans le traitement de l’épilepsie en raison de sa toxicité.

L’acide valproïque (DEPAKINE ® et DEPAKINE CHRONO ®) agit de la même façon que le groupe précédent mais elle a également une autre propriété sur des récepteurs du cerveau qui amplifie l’action contre les crises d’épilepsie. Ce médicament est actif dans tous les types d’épilepsie, il convient aux enfants.

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D’autres traitements plus connus comprennent notamment le phénobarbital (GARDENAL ®, APAROXAL ®, ALEPSAL ®), mais on y trouve aussi : le vigabatrin (SABRIL ®), et les benzodiazépines comme le diazépam (VALIUM ®) et le clonazépam (RIVOTRIL ®), qui ont un effet sur ces récepteurs en mimant l’action d’un composé naturel présent dans notre organisme. Les benzodiazépines ne sont pas utilisées dans les traitements au long court mais uniquement pour traiter la crise convulsive.

Le topiramate (EPITOMAX ®) augmente l’activité d’une substance qui bloque naturellement les crises d’épilepsie, la tiagabine (GABITRIL ®) quant à elle augmente la concentration de cette même substance dans le cerveau. Dans cette même famille, les médicaments gabapentinoïdes, gabapentine (NEURONTIN®) et prégabaline LYRICA®), sont indiqués dans le traitement des épilepsies partielles, avec ou sans généralisation secondaire.

Le lévétiracétam (KEPPRA ®) est rarement utilisé en traitement additionnel dans les épilepsies partielles.

Enfin l’ethosuximide (ZARONTIN ®) peut être utilisé lorsqu’un premier traitement n’a pas fonctionné.

Il existe malheureusement une résistance aux médicaments chez 30 % des patients, il faut alors envisager d’autres types de traitements (chirurgie, électrostimulation…).

Et les femmes enceintes ?

La plupart des traitements peuvent être maintenus durant la grossesse en cas d’absolue nécessité, il faudra cependant surveiller attentivement le développement de l’embryon car le risque de malformations chez les enfants de mères épileptiques sous traitement est deux fois plus élevé. La solution : préparer sa grossesse avec son médecin.

Tableau récapitulatif des traitements

Médicament Indication Pour GrossesseEffets indésirables

principaux

Acide valproïque DEPAKINEDEPAKINE CHRONO

Tous les types d’épilepsie

Nourrissons (forme buvable), enfants et adultes

Ne pas interrompre et assurer le dépistage des anomalies possibles

Toxicité au niveau du foiePrise de poids et oedèmes Tremblements, troubles des règles, perte des cheveux et troubles digestifsEtats de confusion.

DiazépamVALIUMDIAZEPAM (générique)

Crise d’épilepsie ou état de mal épileptique pour une durée courte de traitement

Nourrissons (formes injectables), enfants et adultes

A éviter sauf nécessité absolue au 1er trimestre, éviter durant le 3ème trimestre (risque de détresse respiratoire du nouveau-né et hypothermie)

Somnolence, difficultés à se concentrer, irritabilité. A fortes doses risque de dépendance.Clonazépam

RIVOTRIL

PhénobarbitalGARDENALAPAROXALALEPSAL (+ caféine)

Crises tonico-cloniques et crises partielles d’épilepsie

Nourrissons (uniquement en forme injectable), enfants et

Risque de malformation très faible : ne pas interrompre un traitement efficace.

Sédation chez l’adulte et hyperactivité chez l’enfant.

Page 3: La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie

Médicament Indication Pour GrossesseEffets indésirables

principaux

adultes

Risque de syndrome hémorragique => Apport de vitamine K a la mère

PhénytoïneDI-HYDANDILANTIN

Crises tonico-cloniques généralisées et crises partielles d’épilepsie

Enfants et adultes

Risque de syndrome hémorragique => Apport de vitamine K a la mère

Gonflement des gencives, manque d’appétit, nausées, vomissements, douleurs gastriquesSomnolence, vertiges, confusion mentaleRisques allergiques

Fosphénytoïne sodiquePRODILANTIN

CarbamazépineTEGRETOLCARBAMAZEPINE (générique)

Crises tonico-cloniques généralisées et crises partielles d’épilepsie

Enfants et adultes

Risque de syndrome hémorragique => Apport de vitamine K a la mère

Somnolence, vertiges, troubles visuels, confusion mentale, bouche sèche, nausées, vomissements, diarrhée ou constipation, prise de poids

OxcarbazépineTRILEPTAL

Crises épileptiques partielles

Enfants de plus de 6 ans et adultes

Le risque de malformation est très important surtout pendant le 1er trimestre. Eviter autant que possible ou utiliser les doses minimales efficaces.

Maux de têtes, somnolence, vertiges, fatigue, nausées, vomissements, troubles visuels.

EthosuximideZARONTIN

Petit mal épileptique

Enfants et adultes

Données insuffisantes, à éviter

Perte d’appétit, nausées, vomissements, hoquet, douleurs abdominales, diarrhéesSomnolence, maux de têtes, vertiges, fatigue irritabilitéRéactions cutanées, allergies

TopiramateEPITOMAX

Tous les types d’épilepsie

Enfants de plus de 2 ans et adultes

Le traitement ne doit pas être interrompu mais le risque de malformation est important.

Troubles de la conscience, fourmillements, maux de têtes, fatigue, somnolence, vertiges, perte d’appétit, troubles affectifs, troubles du langages, agressivité, dépression

TiagabineGABITRIL

Epilepsies généralisées

Enfants de plus de 12 ans et adultes

Données insuffisantes, à éviter

Vertiges, fatigue et somnolence, maux de têtes et tremblements, nervosité, difficulté à se concentrer, diarrhée, humeur dépressive, bleus, troubles visuels.

Gabapentine Epilepsie partielle Enfants de plus A n’utiliser qu’en cas Somnolence, vertiges,

Page 4: La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie

Médicament Indication Pour GrossesseEffets indésirables

principaux

NEURONTINde 3 ans et adultes

d’absolue nécessité.

troubles de l’équilibre, fatigue, maux de têtes, tremblements, nausées, vomissements, sensation de nez bouché, oedèmes.

LamotrigineLAMICTAL

Tous les types d’épilepsie

Enfants de plus de 2 ans et adultes

L’utilisation est possible durant la grossesse.

Eruptions cutanées, prise de poids, troubles visuels, vertiges.

VigabatrineSABRIL

Epilepsies partielles résistantes

Nourrissons, enfants et adultes

Pas de données

Réduction du champ visuel souvent irréversible, somnolence, fatigue, vertiges, maux de têtes, irritabilité, prise de poids.

LévétiracétamKEPPRA

Epilepsies partielles en traitement additionnel

Enfants de plus de 16 ans et adultes

Données insuffisantes, à éviter

Somnolence, fatigue, vertiges

Les traitements d’aujourd’hui et de demain

Les médecins disposent aujourd’hui de très nombreux médicaments qu’il faudra choisir et adapter à chaque malade. Certains agissent sur toutes les épilepsies, d’autres sur certaines formes seulement mais l’arsenal thérapeutique est aujourd’hui tel que la plupart des patients peuvent être bien pris en charge.

Anne-Aurélie Epis de Fleurian

Mis à jour le 05 mars 2013

Antiépileptiques et grossesse

Mise à jour : 8 février 2013

Page 5: La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie

Pour en savoir plus : Epilepsie traitée en cours de grossesse

Acide folique

L’acide valproïque est le plus tératogène des anticonvulsivants et des thymorégulateurs. Toutes les mesures doivent être mises en oeuvre pour éviter une grossesse sous acide valproïque. Pour plus d’information, cliquez ici

Il est important que l’épilepsie soit bien équilibrée tout au long de la grossesse. Ne pas arrêter ou modifier un traitement par antiépileptique sans l’avis du spécialiste. En prévision d’une grossesse, une consultation pré-conceptionnelle est souhaitable

cliquez ici.

L’anticonvulsivant qui soulève le moins d’inquiétude chez la femme enceinte à ce jour est la lamotrigine (Lamictal®) (cliquez ici) :

o données très nombreuses pour l’aspect malformatifo données rassurantes pour le développement psychomoteur (jusqu’à 7.5 ans)

Viennent ensuite :o Le lévétiracétam (Keppra®) : les données sont aussi rassurantes pour les aspects

malformatifs et psychomoteurs (jusqu’à 16 mois) que pour la lamotrigine, mais un peu moins nombreuses (cliquez ici)

o La phénytoïne (Di-Hydan®) : les données récentes très nombreuses écartent le risque malformatif évoqué par les études anciennes et les données sur le développement psychomoteur sont rassurantes (cliquez ici).

o L’oxcarbazépine (Trileptal®) : les données sont très nombreuses et rassurantes pour l’aspect malformatif, mais il n’y a pas encore de données sur le développement psychomoteur (cliquez ici).

Les anticonvulsivants suivants peuvent être prescrits en cours de grossesse, mais leur évaluation conduit à les proposer après la lamotrigine, le lévétiracétam, la phénytoïne et l’oxcarbazépine :

o La gabapentine (Neurontin®), cliquez ici : données nombreuses et rassurantes pour l’aspect malformatif pas de données sur le développement psychomoteur.

o La carbamazépine (Tégrétol®) (cliquez ici) : données très nombreuses ; augmentation de la fréquence globale des

malformations modérée si elle existe, mais présence de spina bifida avec un risque individuel qui reste faible

données plutôt rassurantes mais controversées pour le développement psychomoteur

Les benzodiazépines à visée antiépileptique sont utilisables en cours de grossesse : clonazépam (Rivotril®) (cliquez ici) et clobazam (Urbanyl®) (cliquez ici).

Page 6: La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie

Si les options précédentes ne conviennent pas et que l’interruption des antiépileptiques suivants est impossible car elle risque de compromettre gravement l’équilibre maternel, leur utilisation est envisageable en cours de grossesse :

o Ethosuximide (Zarontin®), cliquez icio Felbamate (Taloxa®), cliquez icio Phénobarbital (Alepsal®, Gardénal®), cliquez icio Prégabaline (Lyrica®), cliquez icio Tiagabine (Gabitril®), cliquez icio Topiramate (Epitomax®), cliquez icio Vigabatrin (Sabril®), cliquez icio Zonisamide (Zonégran®), cliquez ici

CRAT - Centre de Référence sur les Agents Tératogènes Hôpital Armand Trousseau, 26 avenue du Docteur Arnold Netter, 75012 PARIS Tel/fax : ++33 (0)143412622 - www.lecrat.org