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Hans Rhodin, Stockholm. La reaction de sedimentation du sang dam la fievre scarlatine Sur le conseil du Dr A. LICHTENSTEIN, mCdecia-chef de l’H8pital des Epideinies de Stockholm, j’ai entrepris dms cot. hbpital, en octobre 1924, une s&ie de recherches sur la stahiilite de la suspen- sion sanguine dans la. fievre scarlatine. Je tiens, pour commencer, a offrir tous nies rerrier~iern~ents au Dr LICHTENSTEIN pour 1’interGt qu’il a pris B irion travaii, pour les excellents conseils et les lepons utiles qu’il in’a prodiguees, eniin pour les documents cliniques qu’il a bien voulu niett,re B ma dispositiion. Ces documents coniprennent 50 cas de fikvre scarlatine, 16 du sexe ferninin et 35 du sexe masculin; 1’8ge des patients varie de 6 2 32 ans (27 au-dessous et 23 au-dessus de 15 ans). L’examen quotidien ou prcsque quotildien de la reaction clc stabi;litd se pratiquait suivant la riidthode de WESTERGREN; la lecture des valeurs sc faisait en rriilliinbtres aprbs respectivemerit 1,2 et 24 heures. Dans 20 cas j’ai enhrepris, k t,ikre cornplkmentaire, des exiiincns tlu sang, notamnient au sujet de la rbfraction et de la viscositk du serum; en les comparant suivant la Indthode de ROHRER, j’ai BLudi6 le rapport exist ant entre 1i~ globuline et I’albumine. De, plus, par des recherches en skri’e, j’ai d6terininb le nombre des globules rouges et blanus, ainsi que I’hdnioglobine. Enfin, dam 5 cas, j’ai fait des recherches dgaleiiient skrikes sur le tenips pris par la coagula- tion du sang, d’apr8s la m6thode de HOLWEG-GRAM. Sur les 50 cas rxaniinks, 27 presenterent les complications classiques de la scarlatine; les lymphadenites, au nombre de 20, furent les plus con~n~u~ies. Les nutres complications furent les suivantes : l’angine, la synovite, la fievre sans cause comue, I’angine phlegmoneuse, I’otite, la rkcidive et la nkphrite. LBpidBmie de scarlatinc de l’hiver 1924-1925, Bpoque durant

La réaction de sédimentation du sang dans la fièvre scarlatine

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Page 1: La réaction de sédimentation du sang dans la fièvre scarlatine

Hans Rhodin, Stockholm.

La reaction de sedimentation du sang

dam la fievre scarlatine

Sur le conseil du Dr A. LICHTENSTEIN, mCdecia-chef de l’H8pital des Epideinies de Stockholm, j’ai entrepris d m s cot. hbpital, en octobre 1924, une s&ie de recherches sur la stahiilite de la suspen- sion sanguine dans la. fievre scarlatine. Je tiens, pour commencer, a offrir tous nies rerrier~iern~ents au Dr LICHTENSTEIN pour 1’interGt qu’il a pris B irion travaii, pour les excellents conseils et les lepons utiles qu’il in’a prodiguees, eniin pour les documents cliniques qu’il a bien voulu niett,re B ma dispositiion.

Ces documents coniprennent 50 cas de fikvre scarlatine, 16 du sexe ferninin et 35 du sexe masculin; 1’8ge des patients varie de 6 2 32 ans (27 au-dessous et 23 au-dessus de 15 ans).

L’examen quotidien ou prcsque quotildien de la reaction clc stabi;litd se pratiquait suivant la riidthode de WESTERGREN; la lecture des valeurs sc faisait en rriilliinbtres aprbs respectivemerit 1,2 et 24 heures.

Dans 20 cas j’ai enhrepris, k t,ikre cornplkmentaire, des exiiincns tlu sang, notamnient au sujet de la rbfraction et de la viscositk du serum; en les comparant suivant la Indthode de ROHRER, j’ai BLudi6 le rapport exist ant entre 1 i ~ globuline et I’albumine. De, plus, par des recherches en skri’e, j’ai d6terininb le nombre des globules rouges et blanus, ainsi que I’hdnioglobine. Enfin, dam 5 cas, j’ai fait des recherches dgaleiiient skrikes sur le tenips pris par la coagula- tion du sang, d’apr8s la m6thode de HOLWEG-GRAM.

Sur les 50 cas rxaniinks, 27 presenterent les complications classiques de la scarlatine; les lymphadenites, au nombre de 20, furent les plus con~n~u~ies . Les nutres complications furent les suivantes : l’angine, la synovite, la fievre sans cause comue, I’angine phlegmoneuse, I’otite, la rkcidive et la nkphrite.

LBpidBmie de scarlatinc de l’hiver 1924-1925, Bpoque durant

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laquelle furent recueiillies ces observations, fut caract6risbe par m e morbidit6 Blevee, une faible niortalitk, des complications relati- vement lBg&res et un petit nornbre de nephrites.

Je vais maintenant dBcrire la courbe de vi:tesse de sedimentation des globules rouges pendant le cours de la fikvre scarlatine, telle qu’on la voit en pratiquant des exainens suivis.

Le fait le plus int6ressant reside dans les vari:ations quotidiennes souvent rkp6t6es, extremement prononcBes, de la courbe; celle-ci passe en effet trbs rapidement d’une hauteur franchement patho- logiyue A des valeurs basses, bien que, le lendenlain, 011 le retrouve de nouveau klev6e. En pureille occasioyt, la cuurbe de sddimentution descend p m f o i s dcs valeurs sulmor.nrales; iE peut m&me awiver qu’en prutique parlunt, la sddimentution soit nulle.

Ce ph6nombne - forte diminution de la vitesse de s6dimentati:on s’ktablissant brusquenient et disparaissant rapidement - apparait. souvent 5 des intervalles r6guli;ers de deux 8. six jours; on I’observe iiussi; bien pendant la prernihre que la seconde periode de la maladie, qu’il y ait ou non des complications.

La particularit6 dont il vient tl’Birc question, et qui est cilrac- tkristique pour tous les cas examin&, bien qu’8 un degre plus ou moins accuse.

Je passe maintenant k une description plus detaillee de l’evo- lution genkrale de la courbe de sedimentation et je commence par les cas exempts de complications. Pour ces derni;ers on peut, d’une manihre sch6matique, distinguer trois types differents de courbes.

Type I. - Ici on trouve seulernent, une lkgirre ascension de la vitesse de sedimentatilon : 20 mm. au maximum aprhs une heure. De temps L aut,re on rencontre lies valeurs basses. Des 23 cas exerripts de complications 6 appartiennent 8. ce groupe. Deux d’entre cux ont des valeurs normales a p r h la troisikme semaihe; chez les autres, par contre, on trouve dcs valeurs legkrement Blevees pendant tout le s6jour hospitalier (environ sept semaines),

Type 11. - Dans ce t,ypc la courbe est beaucoup plus elevBe, cnvi’ron 50 mm., pendant la preniihre semaine de la maladie et, dans la suite, elle descend d’une manitre irreguliere vers les valeurs normales; aprbs la troisikme ou quatrihme semaine, elle varie dans les limites normales; pendant, ce temps iil survient Bventuellement unc: ou plusieurs valeurs subnormales. I1 est A noter que, dirs les premiers jours de la m,aladie, on peut rencontrer des valeurs tr&s blevees. Des 23 cas exempts de complications 3 appartiennent A ce type.

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Type 111. - Ce type so caractdrise par une courbe qui, dans sa premibre moiitib, concorde avec les types I ou 11, c’est-&dire, qu’elle presente ou bien des valeurs d‘une elevation insigniiiante pendant les trois premibres semaines, ou bien des valeurs 6lcvees pendant la premiere, puils des valeurs qui vont en s’abaissant jusqu’a la troisibme semaine. Apr& la troisiL;me ou !a quatrihrne semaine survient de nouveau une ascension; celle-ci atteint souvent un niveau .plus Blev6 que celui qui s’etait produit durant la premiere scrnaine et qui BtaiY cont,emporain du stade febrile marquant le debut dc la maladie. Cette ascension dc la courbe apparait B la phase dc la fikvre scarlatine oh des complications surviennent le plus habi- t,unllemcnt. Apres cette ascension la courbe s’abaisse dans plusi’curs o x , en sorte qu’k la sixibme semaine elle atteint des valeurs iioririales ou presque normales. Dane une serie d’autres cas, par oontre, la courbe continue L pres’enter son ascension pathologique, sans tendance a s’abaisser, pendant toute la d u d e du s6jour hospi- t,alier. Sur les 23 cas exempts de complications ce type de courbe se prbsenta 14 fois.

Par const!quent, dans plus de la moitie‘ des cas n’offrant pas de complications cliniquement de‘montrahles, la courbe de la vitesse de se‘dimentation offrait une ascension pathologiyuc a 1’Cpoyue qui est, par excellence, l’kpoque des complications.

Dans lcs fibvres scarlatines compliquBes la courbe a souvent la forme decrite sous le type 111.

Les complications s’btablissent d’une m,ani&re trks caractkris- tique au point de vue de la rapiide modification de la courbe; la vitesse de sedimentation diminue brusquement et cette diminution disparaft non moihs vite; les complications apparaissent toul d e suite aprBs cette phase de la courbe; et celle-ci pre‘sente l e m&ma aspect, que les complications suruiennent u leu? 6poque usuelle ou plus tardivement.

J e vais maintenant resumer le resultat de mes recherches sur le sang et indiquer leurs rapports avec la courbe de sedimcntation.

Pendant l’evolution de la fibvre scarlatine l’alburnine totale du s6rurn sanguin presente une ascension irreguliere et, pendant la troisikme ou quatrilbme semaine de la maladie, elle atteint souvent de.s valeurs qui sont 1% l’extrkme limite ou bien au-dessus des variations physiologiques, notamment quand la courbe de sedimen- tatiion est L cette epoque BlevBe. En une occasion la courbe del l’albumine s’eleva B 11 010 dans la quatrieme semaine de la maladie; en m6me temps apparut un goriflement insigniflant des lympho-

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glandes cervicales et la courbe de sddimentation s’gleva notablement (valeur : 120 mm. au bout d‘une heure).

Le rapport entre la globuline et l’albumine du serum se mdifie h l’avantage de la globuline en cas d’augmentation de la vitesse de s6dimentatilon. La courbe concernant la quantite de globulihe montre muvent une bonne concordance avec la courbe de sedimentation. Dans plusieurs cas, par contre, la concordance est moihs bonne, mais pourtant reconnaissable.

Etant donne qu’on estirne qu’une augmentation de la fibrinogknc et de la glbbuline dans le plasma sanguin entratne und augmentation de l’agglutination sanguihe et par suite une augmbntation de la vitesse de sedimentation, cette concordance entre la quantitd de globuline et la vitesse de sedimentation est d‘un grand intdrbt.

Dans 5 cas 6tudiBs en sbrie, le temps pris par la coagulatibn a varie dans les limites physiologikpes, sauf dans 2 cas. Pour ceux-ci la dude de la coagulation s’est trouue‘e allongbe au moment m&rne ozb la vitesse de sCdimentation ktait subnormale. Dans les trois autres cas la courbe de sedimentation n’offre pas de valeurs subnormales.

La leucocytose initilale s’abaisse irregulibrement au cours de la maladie. Au moment oh la courbe de sedimentatiion s’dlhve, lors de la troisihme ou quatrihme semaine, la leucocytose augmente de nuuveau. Avec une courbe Blevee de sedimentation pendant la la convalescence la leucocytose garde souvent des valeurs Blevdes.

I1 n’existe aucun parallelisme entre le nombre des globules rouges et l’h6moglobine par rapport B la courbe de s6dihnentation.

Avec des valeurs subnormales de la courbe de sedimentatibn on n’a pu constater d’augmentation pathologique du nombre des globules rouges ou de l’hbmoglobine.

une comparaison entre la courbe dBorite a propos de la fibvre scarlatine et la cambe correspondante d’une sdrie d’autres Btats pathologiques.

Dans les maladies infectieuses on observe une augmentation de la vitesse de sedimentation un ou deux jours aprhs l’apparition de la maladie. La courbe atteint assez rapidemcnt son maximum et s’abaisse ensuite. d‘abord assez vite, puils plus lentement pour n’atteindre des valeurs normales que plusieurs semaines aprbs le debut de la mAladi8.

Dans la fibvre scarlatine la courbe de sedimentatilon diffbre notablenient de la courbe de sedimentation des autres maladies iinfectiebses, notamment pdr ces forts abaissements revenant B intervalles reguliers, apparaissant brusquement et disparaissant

Je passe maintenant

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vite, abaissements allant quelquefois jusqu’b deb valeurs subnor- males.

Dans les occasions oh j’ai obtenu leu valeurs les plus basses, celles-ci furent les suivaritcs aprds 1, 2 el 24 heuves : 0, 0, 0,5 dans 2 cas; par consirquent il n’y n !i peiiie e u s6diincntation perceptible m h e a p r h 24 heures. Ces VidCU1.S furent respcctivement obtenues la premiere et la seconde seinaine de la maladie.

0 , 0,5 5 dans la t r o i s i h e scmaine de la maladie.

dilns la t r o i s i h e ct sixiiwic. s r i n a i i ~ s de la maladie. 0 0 o,2 OY5 2o 2 1 0,3 1, 11 dans la sixilkme semaine dc la moladir. 0,3 1. 11 d m s la sixikme semaine de la maladie. 0 0,3 5 dam la seconde semaine de la maladie.

Ces valcurs b i ~ ~ s e s sont de courte duv6e. I1 m’est arrive quel- quefois de prendre un echantilllon de sang six heures plus tard et de trouver alors des valeurs do nouveau Blevkes ct de hauteur equiva- Iente B celles de la courbe ant6rieure. MBnie avec des prises quoti- diennes d’echantillons on ne peut donc &re sfir d’avoir toutes les variations maxima de la courbe, en raison de I’extrBme variabililte de celle-ci.

D’aprBs les constatations failes jusqu’ioi, l,es valeurs subnor- inales apparaissent avec une forte augmentation du nombre des globules rouges, dam Ies rrialadies du foile et dans I’anaphylaxie. Dans le shock anaphylactique, aussi bien en expbrienccs mimales qu’en clinique humaiae, on constate, pratiquenient parlant, la disparition de la s6dimentatiion. L’Btat anaphylactique le plus connu chez I’homme est I’hypersensihilit6 qui survient a p r h I’injcction d‘un serum d’esphce Btrangere et qui s’accompagne d w symptdmes cliniques de la maladile du serum.

Les rapports de la courbe de sedimentation soit avec I’hyper- sensibilite intracutanhe a 1’8gard du serum, soit avec la maladie du serum ont BtB Btudi6es par GASPARI-ELLASBERG-FIPGEL. La courbe de sedimentation offre ici les nihies caractkres speciaux que dans la scarlatine, a savoir une courbe pathologiquement 8levBe qui prksente, par intervalles, des abaissements rapides et passagers de la vitesse de skdimentation avec, de temps it autre, des valeurs subnormales. La maladie d u serum apparait immtidiatement ti la suite de ces grandes chutes de la courbe. L‘hypersensibilite cutanee dimilnue ou disparaft lors de ces grandes chutes et reparaft aussitbt aprhs.

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I-

Dans 5 cas de scarlatine, en m h e temps que la vitesse de sedi- mentation j'ai Btudie la reaction de DICK; d'une manibre gen6rale les resultats en furent analogues d, ceux qu'on observe dans l'ana- phylaxie du serum.

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h 1- OBS. I. - Onze :ins. Scarlatine cJompliqu6e de lymphadenite du

c,ou et dangine phlegm.oneuse.

08s 3L

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ORS. IT. - nix ans. Scarlatine sans complications.

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1" U n grand npmbre de scarlatines exemptes de complications cliniquement d4montrables offrent une ascension de la vitesse d? siWmcntation et une augmentation de la leucocytose B I'Cpoque oil les complications appnraisscnt le plus habituellement.

2" La courbe de sedimentation parait occuper une place speciale par rapport d la courbe des autres maladies infectieuses aigues.

3" E l k montre une ressemblance frappante avec la courbe de se'dimentption de 1'Ctat anaphylactique chez L'homme.