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EHESS Milieux et Mémoire by Frank Alvarez-Pereyre Review by: Danièle Hervieu-Léger Archives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct. - Dec., 1993), pp. 248-249 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30127255 . Accessed: 18/06/2014 21:03 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.162 on Wed, 18 Jun 2014 21:03:09 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La religion aux États-Unis || Milieux et Mémoireby Frank Alvarez-Pereyre

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Milieux et Mémoire by Frank Alvarez-PereyreReview by: Danièle Hervieu-LégerArchives de sciences sociales des religions, 38e Année, No. 84, La religion aux États-Unis (Oct.- Dec., 1993), pp. 248-249Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127255 .

Accessed: 18/06/2014 21:03

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

des hierarchies traditionnelles: c'est le meil- leur (done le plus pur, le plus maitre de lui) qui gagne. Dans la mesure oii elle transcende (sur le seul plan de la lutte, 6videmment, done sans vraiment la contester) l'iddologie des castes, si vivace encore, la lutte est un phrno- mbne social, limit6 certes, mais intrressant.

L'A. dfcrit aussi les aspects proprement re- ligieux de la lutte. Ceux-ci ne sont d'ailleurs jamais absents, ne serait-ce que parce que I'6nergie qui donne leur force aux lutteurs est la shakti, puissance divine, cosmique, plut6t qu'humaine. Le dieu singe Hanuman, fameux pour sa devotion comme pour sa force mise au service du droit, preside aux akhara, oii un culte lui est rendu. La principale c6lbration religieuse y est toutefois celle de Nag Pancha- mi, la f~te des serpents (des cobras, plus exac- tement), oji on leur offre du lait, qu'ils boivent, dit-on, tout comme les lutteurs. Cette c6lbra- tion peut para"itre surprenante. J.S.A., plagant Nag Panchami dans la vision du monde des lut- teurs, y voit en action un symbolisme sexuel oii lait et sperme se rejoignent et oji le lait est pergu comme apaisant la passion 6rotique, in either case, ajoute-t-il, non-sexual virility is a dominant motif in the wrestler's life A (p. 166).

Certains lutteurs sont c6lbres dans toute l'Inde du Nord: l'A. en rapporte des biogra- phies, toujours 6difiantes. II drcrit des tour- nois, les dangal, oh il voit une affirmation des valeurs individuelles par opposition i celles de la caste, puisqu'un intouchable, s'il en est ca- pable (donc digne), peut y battre un brahmane. Il rapproche, d'autre part, le cas des lutteurs de celui des samnyasins, des ascbtes renon- pants, qui, eux aussi, disciplinent leur corps et conservent leur sperme et qui sont d'ailleurs parfois groupfs en confrdries expertes en arts martiaux (les Nagas, notamment). Il termine (chapitre 10, <<Utopian SomaticsA>>) par un coup d'oeil sur les rapports entre la lutte tra- ditionnelle, qui se veut gardienne de valeurs indiennes-hindoues drsintrressres, austeres, opposres i celles, hrdonistes de la soci6t6 mo- derne et de l'id6ologie nationale dans l'Inde actuelle. II y a 1l, pense-t-il, des convergences. Mais l'iddologie de l'akhara, qui est celle de la recherche d'une perfection personnelle ou- verte en principe i tous, lui parait opposde tant a l'activit6 collective qu'i l'intoldrance des mouvements nationalistes, notamment ceux i

tendance fasciste comme le RSS. (I1 y a mal- heureusement moins de pahalwan en Inde que de membres du Shiv Sena !).

Un utile glossaire, une bibliographie impor- tante citant nombre de publications en langues indiennes, un index bien fait, quelques photo- graphies, complktent ce travail sans doute par-

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fois un peu discutable sur le plan throrique et mrthodologique, mais qui, par l'analyse des comportements, les descriptions, les faits et opinions rapport6s, par les interpretations don- nres aussi, est tout a fait instructif et 6clairant. Son int6rrt d6passe trbs largement le domaine restreint d'une forme de lutte indienne. Le corps du lutteur, c'est le corps dans lequel l'homme hindou a toujours 6t6 present au monde.

Andr6 Padoux.

84.5 ALVAREZ-PEREYRE (Frank) 6d.

Milieux et Memoire. Jkrusalem, Cahiers du Centre Frangais de J6rusalem, 1993, 496 p. (Sdrie A Hommes et socirtrs >).

On sait de quelle mrfiance les 6diteurs en- tourent les livres collectifs, supposes toujours manquer de souffle et de coh6rence. Cette m&- fiance se justifie souvent lorsqu'il s'agit des Actes d'un colloque, oii la juxtaposition des textes gomme la dynamique de l'ensemble. On saluera done d'autant plus le travail 6ditorial rralis6 par l'6quipe du Centre de Recherche Frangais de J6rusalem, et par Frank Alvarez- Pereyre en particulier, qui sont parvenus B res- tituer, dans ce volume, la richesse des contributions mais aussi des 6changes auxquels a donna lieu, en Octobre 1992, la premiere << Semaine de la Recherche franGaise >> tenue i Jerusalem. Dans ce lieu, le thbme retenu - ce- lui de la mrmoire - s'imposait de fagon toute particulibre. Conformfment aux orientations rrsolument pluridisciplinaires du CFRJ, le choix fut fait d'en traiter en faisant varier aussi largement que possible les points de vue dis- ciplinaires, m6thodologiques et throriques, et en impliquant A la fois, dans cette approche, la mrmoire des sols et des sites archdologi- ques, celle de la tradition orale, celle des textes 6crits, celle des institutions, celle des hommes, qui font ensemble - comme le souligne Fran- gois Blanchetibre dans son introduction i la rencontre - le rrcit de l'aventure humaine. S'il est impossible de rendre compte, de manibre precise, de chacune des contributions, on re- marquera que toutes concourent B mettre en 6vidence le caractbre 6minemment actif de la mrmoire, collective aussi bien qu'indivi- duelle: non pas entassement passif de sou- venirs, mais op6ration de creation et de recreation constante d'un pass6 qui prend sens (et fait sens) par rapport aux enjeux du pr6- sent; pratique continuelle du tri, de l'oubli s&- lectif, de l'occultation, de la redrcouverte et de l'invention dans laquelle s'inscrit un travail

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de l'imaginaire qui est, ins6parablement, pro- cessus de constitution des identit6s sociales et culturelles et procks d'int6gration du change- ment. Cette dimension active de la m6moire est inscrite dans les transformations de la lan- gue et les variations de la litt6rature orale, dans les cartographies mouvantes des aires cultu- relies et linguistiques. Elle passe par des jeux symboliques et rituels complexes, jamais fix6s une fois pour toutes. Autant que patrimoine commun, la m6moire est une ressource dans lequel un groupe (et chaque individu dans ce groupe) puise pour r6gler les problbmes du pr6- sent, affronter l'incertitude, dessiner - en fonc- tion des rapports de force qui pr6valent en son sein - un futur possible. Un des int6rets de cet ensemble remarquablement riche est de sugg6- rer, par divers biais, que l'opposition typique entre des societ6s traditionnelles - qui seraient par excellence des soci6t6s de m6moire - et les soci6t6s modernes -lib6r6es de l'inertie du pass6 (dans la mesure, entre autres, oii elles maitrisent rationnellement l'6criture de l'his- toire)- ne vaut qu'8 la condition de tenir en mime temps que cette <lib6ration >> moderne de la m6moire compacte constitu6e par la tra- dition est aussi pluralisation et prolif6ration des << chemins de la fid61it6 par lesquels s'as- sure la continuit6 innovante (autrement dit la survie) de toute soci6t6.

Danible Hervieu-L6ger.

84.6

American Jewish Yearbook, Volume 92. New York, The American Jewish Committee, 1992, 670 p.

Comme chaque ann6e, ce volume de l'Ame- rican Jewish Yearbook apporte des informa- tions sur les juda'cit6s de la diaspora et d'Israel. Trois contributions m6ritent d' tre plus particulibrement retenues.

Dans un long article (p. 77 i 173), intitul6 <<Profile of American Jewry. Insights from the 1990 National Jewish Population SurveyA>>, Sidney Goldstein pr6sente les premiers r6sul- tats de l'enquite men6e en 1990 auprbs d'un 6chantillon reprisentatif de la population juive des Etats-Unis. Le texte interprdte une s~rie de tableaux relatifs aux caract6ristiques socio-d6- mographiques et A l'affirmation des identitfs juives. Le projet de la recherche mettait l'ac- cent sur la nfcessit6 d'y inclure les populations juives dites A<marginales >. Dans les mimes an- n6es 1990, les mariages mixtes deviennent un ph6nombne majeur: les populations juives qui

BULLETIN DES OUVRAGES

se reconnaissent comme telles et qui consti- tuent le Anoyau c> de l'enquate, s'lbvent A 5515000 personnes. Mais si l'on considbre les m6nages juifs dont certains membres (conjoints, enfants ou convertis A une autre re- ligion, appartiennent aux milieux juifs sans &tre de religion juive, l'enquite d6couvre 8 190000 personnes. Cet 6cart est trbs impor- tant et pose la question de la d6finition m~me de l'identit6 juive.

Dans l'exploitation des r6sultats, le noyau est 6videmment distingu6 de l'ensemble de la population juive dite <~l61argie . Le noyau se d6finit comme juif par la religion (76,3 %), comme juifs s6cularis6s (20,3%) et comme juifs par choix (3,4 %) (il s'agit surtout de con- vertis au judai'sme). Mais le groupe se d6finis- sant comme juif par son appartenance religieuse est lui-meme diversifi6 entre ortho- doxes (7 %), conservateurs (39,6 %), r6form6s (42,7%), ainsi que d'autres auto-d6finitions (10,6%). Les pratiques religieuses sont peu suivies: seulement 48,5 % des Juifs jefinent pour Kippour, la fete la plus solennelle du ju- dai'sme, 32,9% sont membres d'une synago- gue, 28,2% d'une organisation juive.

En conclusion, S. Goldstein estime que la population juive des Etats-Unis pourrait diminuer dans l'avenir; son am6ricanisa- tion se poursuivra. Il insiste sur la < flui- dit6> de la judal'cit6 am6ricaine qui, en cette fin du xxe sibcle est la plus nom- breuse du monde.

Peter Medding et ses collbgues pr6sentent une analyse plus qualitative des mariages mixtes aux Etats-Unis. Entre Juifs et non-Juifs, ces unions sont devenues un ph6nombne fr6- quent qui a pour cons6quence, m0me s'il y a des conversions au judaisme, une r6gression de l'identit6 juive.

Dans leur article sur la population juive dans le monde en 1990, U.U. Schmelz et S. Della Pergola mettent l'accent sur l'6migration des Juifs de l'ex-U.R.S.S. Certes, ils arrivent en Israel, mais aussi dans d'autres pays comme l'Allemagne. Si la C.E.I. poursuit sa politique lib6rale permettant A ses peuples et parmi eux les Juifs d'6migrer, en cette fin du xxe sibcle la r6partition des Juifs dans le monde pourrait en &tre boulevers6e.

Ce volume 92 de l'American Jewish Year- book est l'un des plus int6ressants de la s6rie. Il mdrite d'8tre consult6 par tous ceux qui s'in- t6ressent A l'6volution des populations juives dans le monde, et au-dell, aux flux migra- toires.

Doris Bensimon.

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