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Rev u e d e p re s s e s c i e n t i f i q u e La vitesse de s#dimentation pour quoi faire ? /est toujours important pour/e bio/ogiste d'etre en phase avec ses correspondants au sujet des analyses m~dicales qu'ils demandent au laboratoire, d'ob I'int&r~t pour lui de/ire les revues m&dicales gen#ralistes. Le Concours Medical, revue tres lue par ceux-ci, vient de pubfier un article de formation sur la vitesse de s&dimentation (VS) dont la lecture est donc indiqu~e. Aussi ancien soit-il, cet examen reste tres utilis# et seule la mesure apr~s 1 heure est int#res- sante et ne peut #tre consid~r#e comme anormale si elle est sup~rieure a 30 mm et on a propose en 1983 une volume valid~e qui permet de tenir compte de I'#ge pour fixer le seuil au dela duquel la VS est r~ellement anormale : - chez I'homme : #ge en ann#es/2 - chez la femme : [~ge (en annees)+lO]/2 L'interpr~tation d'une VS anormale n~cessite obligatoirement une numeration formule sanguine ainsi qu'une electrophorese et un dosage du fibrinogene ou de la C-r~active prot&ine (CRP) pour mettre en 6vidence /e m&canisme de/'augmentation de la vitesse de s~dimentation. La CRP est plus sensible, reproduisant plus fidelement /es variations des cytokines pro- inf/ammatoires, et permet un diagnostic de syn. drome inflammatoire en temps r~e/ puiaqu'elle s'6/~ve en que/ques heures et se normalise aussi vite des que le processus s'arr~te, d'o~3 un risque de confusions devant des normalisa- tions transitoires de la CRP. 48 heures apr~s le d~but du processus inflammatoire, la CRP ne pr~sente toutefois aucun avantage par rapport ~J /a VS ou au fibrinogene. En r&sum6, /a VS ne dolt pas ~tre uti/is6e comme examen de d~pistage; e/le peut ~tre utilis#e comme examen de d~brouillage chez des patients dont /'organicit~ des sympt(~mes est douteuse, une VS >100 mm apr~s I h est toujours associ&e ~ une patho/ogie a~rieuse et impose une exploration poussde ;/a VS ehfin est utile pour le diagnostic de certaines mala- dies inflammatoires ou auto-immune& Malgr~J son manque de sensibilit~ et de sp~cificit~J et en pattie du fait de son faib/e coot, la VS reste utile mais i/ ne faut pas trop en attendre. Concours M~d. 123 (24102101) 444-447 Facteurs influenr~ant la VS Parametres augmentant Param#.tres diminuant Paramt)tres sans effets la VS la VS sur la VS Anemie Polyglobulie, drepanocytose Fi~vre Macrocytose Spherocytose, anisocytose, acanthocytose, grande hyperleucocytose (>100.000 mm 3) Repas Anti-inflammatoires Sexe feminin Sexe masculin Grossesse Age Sels biliaires Hypercholesterolemie Insuffisance cardiaque Obesite ? Cachexie Proteines de I'inflammation augmentees - Fibrinogene - ~-globulines - c~-2 globulines Hypofibrinogen~mie Cryoglobulinemie Certaines macroglobulinemies Corticotherapie & fortes doses Caillots dans le prelevement Delai de plus de 2 h awes prelevement Augmentation des immunoglobulines Temperature ambiante Temperature ambiante du labo elevee du labo basse [d'apr~s Concours M~cl. 123 (2001) 446 Chauve-souris dans le clocher, punaises dans le lit... Ill C'est I'histoire peu banale d'un jeune 6tudiant qui, invit6 chez des amis pour les vacances de Noel, a eu ses vacances g&chees par de fortes deman- geaisons dues manifestement & des piqeres d'insectes que I'on a facilement retrouves dans son lit. II s'agissait de punaises de la taille d'une lentille et de couleur brun rouge que les speciatistes du Museum national d'histoire naturelle d'Ecosse identifierent non sans difficultes comme Cimex pipistrelli, ectoparasite des chauves-souris. Renseignements pris aupres de ses hStes, il apparut que le maitre de maison avait eu beau- coup de succes, en racontant quelques mois plus tet & ses col- legues, qu'il avait eu la surprise d'heberger, transitoirement du printemps & I'automne, une colo- nie d'une soixantaine de chauves-souris qui lui avaient laisse a leur depart quelques specimens de leurs parasites. Ces charmantes bestioies avaient reussi & s'introduire dans un espace entre le plafond et le plancher de sa maison. Ces parasites s'etaient repandus dans la maison par des trous du plancher de la chambre d'amis sous lequel elles s'~taient pas- sagerement abritees. On n'eut pas de difficultes & en trouver dans d'autres pieces du meme 6tage. Un usage extensif d'insecticide eut tSt fait de debarrasser deft- nitivement leur maison de ces hetes indesirables et de la rendre plus accueillante. En depit d'une recherche appro- fondle sur internet, aucune observation precedente de piqeres d'~.tres humains par Cimex pipistrellL Les punaises de lit sont devenues extreme- ment rares en Ecosse et au Royaume-Uni en general mais on a depuis quelques temps signale une infestation croissante par ces parasites. Cette histoire ecossaise permet de penser que les chauves- 20 RevueFran?aise des Laboratoires, mars2001, N ° 331

La vitesse de sédimentation pour quoi faire?

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Rev u e d e p re s s e s c i e n t i f i q u e

La vitesse de s#dimentation

pour quoi faire ? /est toujours important pour/e bio/ogiste d'etre en phase avec ses correspondants au sujet des analyses m~dicales qu'ils

demandent au laboratoire, d'ob I'int&r~t pour lui de/ire les revues m&dicales gen#ralistes. Le Concours Medical, revue tres lue par ceux-ci, vient de pubfier un article de formation sur la vitesse de s&dimentation (VS) dont la lecture est donc indiqu~e. Aussi ancien soit-il, cet examen reste tres utilis# et seule la mesure apr~s 1 heure est int#res- sante et ne peut #tre consid~r#e comme anormale si elle est sup~rieure a 30 mm et on a propose en 1983 une volume valid~e qui permet de tenir compte de I'#ge pour fixer le seuil au dela duquel la VS est r~ellement anormale : - chez I'homme : #ge en ann#es/2 - chez la femme : [~ge (en annees)+lO]/2 L'interpr~tation d'une VS anormale n~cessite obligatoirement une numeration formule sanguine ainsi qu'une electrophorese et un dosage du fibrinogene ou de la C-r~active

prot&ine (CRP) pour mettre en 6vidence /e m&canisme de/'augmentation de la vitesse de s~dimentation. La CRP est plus sensible, reproduisant plus fidelement /es variations des cytokines pro- inf/ammatoires, et permet un diagnostic de syn. drome inflammatoire en temps r~e/ puiaqu'elle s'6/~ve en que/ques heures et se normalise aussi vite des que le processus s'arr~te, d'o~3 un risque de confusions devant des normalisa- tions transitoires de la CRP. 48 heures apr~s le d~but du processus inflammatoire, la CRP ne pr~sente toutefois aucun avantage par rapport ~J /a VS ou au fibrinogene. En r&sum6, /a VS ne dolt pas ~tre uti/is6e comme examen de d~pistage; e/le peut ~tre utilis#e comme examen de d~brouillage chez des patients dont /'organicit~ des sympt(~mes est douteuse, une VS >100 mm apr~s I h est toujours associ&e ~ une patho/ogie a~rieuse et impose une exploration poussde ; /a VS ehfin est utile pour le diagnostic de certaines mala- dies inflammatoires ou auto-immune& Malgr~J son manque de sensibilit~ et de sp~cificit~J et en pattie du fait de son faib/e coot, la VS reste utile mais i/ ne faut pas trop en attendre.

Concours M~d. 123 (24102101) 444-447

Facteurs influenr~ant la VS

Parametres augmentant Param#.tres diminuant Paramt)tres sans effets la VS la VS sur la VS

Anemie Polyglobulie, drepanocytose Fi~vre

Macrocytose Spherocytose, anisocytose,

acanthocytose, grande

hyperleucocytose

(>100.000 mm 3)

Repas Anti-inflammatoires

Sexe feminin Sexe masculin

Grossesse

Age Sels biliaires

Hypercholesterolemie Insuffisance cardiaque

Obesite ? Cachexie

Proteines de I'inflammation

augmentees

- Fibrinogene

- ~-globulines

- c~-2 globulines

Hypofibrinogen~mie

Cryoglobulinemie

Certaines macroglobulinemies

Corticotherapie & fortes doses

Caillots dans le prelevement

Delai de plus de 2 h awes

prelevement

Augmentation des

immunoglobulines

Temperature ambiante Temperature ambiante

du labo elevee du labo basse

[d'apr~s Concours M~cl. 123 (2001) 446

Chauve-souris dans le clocher, punaises dans le lit...

Ill C'est I'histoire peu banale d'un jeune 6tudiant qui, invit6 chez des amis pour les vacances de Noel, a eu ses vacances g&chees par de fortes deman- geaisons dues manifestement & des piqeres d'insectes que I'on a facilement retrouves dans son lit. II s'agissait de punaises de la taille d'une lentille et de couleur brun rouge que les speciatistes du Museum national d'histoire naturelle d'Ecosse identifierent non sans diff icultes comme Cimex pipistrelli, ectoparasite des chauves-souris. Renseignements pris aupres de ses hStes, il apparut que le maitre de maison avait eu beau- coup de succes, en racontant quelques mois plus tet & ses col- legues, qu'il avait eu la surprise d'heberger, transitoirement du printemps & I'automne, une colo- nie d'une soixantaine de chauves-souris qui lui avaient laisse a leur depart quelques specimens de leurs parasites. Ces charmantes bestioies avaient reussi & s'introduire dans un espace entre le plafond et le plancher de sa maison. Ces parasites s'etaient repandus dans la maison par des trous du plancher de la chambre d'amis sous lequel elles s'~taient pas- sagerement abritees. On n'eut pas de difficultes & en trouver dans d'autres pieces du meme 6tage. Un usage extensif d'insecticide eut tSt fait de debarrasser deft- nitivement leur maison de ces hetes indesirables et de la rendre plus accueillante. En depit d'une recherche appro- fondle sur internet, aucune observation precedente de piqeres d'~.tres humains par Cimex pipistrellL Les punaises de lit sont devenues extreme- ment rares en Ecosse et au Royaume-Uni en general mais on a depuis quelques temps signale une infestation croissante par ces parasites. Cette histoire ecossaise permet de penser que les chauves-

20 Revue Fran?aise des Laboratoires, mars 2001, N ° 331