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Honoré Vinck
L'Afrique sera-t-elle chrétienne?Source: Aequatoria, 24e Année, No. 1 (1961), pp. 26-27Published by: Honoré VinckStable URL: http://www.jstor.org/stable/25838976 .
Accessed: 15/06/2014 12:34
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les facteurs personnels et les causes economiques.
Si le village procure la securite economique et psychologique il n'y a pas de
migration. S'il y a insecurity economique, la migration a lieu et des conflits se
developpent entre les obligations sociales au village et les obligations au lieu de l'em
ploi. Si ces conflits sont maitrises le migrateur pourra devenir un citadin permanent. Les causes de la migration de la main-d'oeuvre ne peuvent etre appreciees que par l'etude de la ville et de la campagne comme un domaine social global et par l'ana
lyse des forces qui y agissent. Mais il semble que la sociologie n'est pas encore
capable de faire cela. ( J. CI. MITCHELL : Bull. Inter. Afr. Lab. Inst. VI, 1 ).
L Afrique sera-t-elle chretienne /
Sous ce titre, la revue Ecclesia de sept. 1960 publie un article de S. Exc. Mgr. B. Gantin, archeveque de Cotonou au Dahomey Nous en extr<iyons quelques pensees.
Les beaux resultats de l'oeuvre missionnaire en Afrique "ne doivent pas cacher les difficulties presentes, qui tiennent a la fois de la mentalite africaine, de la si tuation historique actuelle, et du contexte international.
II a fallu passer rapidement de la mentalite paienne a la mentalite chretien ne. II en resulte que beaucoup de nos jeune3 Chretiens vivent d'une double foi et d'une double morale. lis acceptent la morale chretienne mais par exemple pour Ce qui touche a la conception de la personne humaine, ils en reviennent au cou tumes ancestrales. Ce christianisme batard risque de creer un style de vie qui fera obstacle a une vie conforme a l'evangile .
Une veritable fievre contagieuse travaille l'Afrique ; mais ce tres legitime desir d'emancipation n'est pas sans dangers du point de vue religieux. On trou ve ainsi chez bear coup de Chretiens certaines attitudes qui manifestent une pri
maute absolue accordee au politique et une recherche souvent desordonnee du bien etre et du profit individuel. On sent un peu partout une certaine politisation de la conscience chretienne. Le parti est erige en oracle et ses mots d'ordre sont suivis, meme s'ils sont en contradiction avec la morale chretienne. Les leaders poli tiques sont tres chatouilleux sur leur autonomie par rapport a TEglise. Certains meme prennent carrement leurs distances envers TEglise, grises qu'ils sont par Tautorite subite dont ils sont investis. A cette soif du pouvoir s'ajoute Tap petit du confort individuel, souvent edifie sur Finjustice : une nouvelle classe so ciale est en train de naitre, affichant une cupidite, un luxe, une insolence qui suscitent 1'envie, la revolte meme des petits qui se sentent frustres. D'autre part, les necessites reelles font apparaitre le penchant aux gouvernements forts avec des tendances totalitaires ; parti unique, syndicat unique, jeunesse unique, etc. ; ce qui n'est pas sans peril pour Tavenir.
L'Afrique est soumise a la lutte entre les grands blocs internationaux. Sans doute les partis ouvertement communistes y sont rares, mais beaucoup de jeunes
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se targuent d'idees marxistes et pretendent s'y appuyer pour liquider le colonialis
me. Des cellules communistes sont a 1'oeuvre qui suivent des cours par corres
pondance . Les gouvernements sont peu enclins au communisme, dans la crainte justi fiee d'un joug encore plus lourd que celui du colonialisme. Mais ils veulent jouer de
l'opposition entre l'est et l'ouest ; ils preconisent un habile neutralisme qui donne
occasion a la Russie d'etendre avec le reseau de ses ambassades, les mailles de
son action eonquerante. Au materialisme communiste s'ajoute son frere et pre
decesseur, le la'icisme, qui est a Foeuvre plus qu'on ne le croit dans beaucoup de
regions d'Afrique noire.
L'Afrique sera chretienne ou ne sera pas ! Question de vie ou de mort ! Car
il est impossible qu'elle ne sente pas llnsuffisance de ses croyances paiennes. Mais
si elle devenait communiste, ce serait pour tomber dans Fesclavage total, la des
truction de ce qui fait l'essentiel de l'homme, l'alienation de ce qui le distingue de Fanimal.
Kisi et bantou.
Un nombre important de langues du Soudan occidental et central presentent des caracteres bantouides. Sur la base des resultats des recherches entreprises
par Westermann sur ce probleme, Greenberg a essaye d'unir les langues ban
toues et bantouides de l'ouest africain en un groupe Niger-Congo. Dans son opi nion le bantou est simplement un cas particulier des langues a classification qui sont parlees dans le Nigeria. Greenberg tente meme d'etablir une derivation ge
netique du bantou a partir de ce groupe nigerien. Mais ses isoglosses separant ce groupe des autres langues a classes de l'Afrique occidentale ne resistent pas a des investigations plus avancees.
Le kisi appartient a un ensemble de langues atlantiques parlees depuis le Sene
gal jusqu'en Liberia. II se compose de deux sections principales, divisees et en
tourees completement par les Mande. Les 1.200 mots connus du groupe meridio
nal, vivant en Liberia et Sierra Leone, sont compares avec les formes du bantou
primitif etablies par Meinhof et Bourquin ; 107 vocables sont apparentes, parmi
lesquels plusieurs polysyllabiques qui ne peuvent etre considerees comme sou
danais . Ce nombre est eleve, meme si Ton ecarte les cas douteux. Dans ce chif
fre ne sont pas inclus les elements formatifs, les pronoms, etc.
Cette grande quantite de mots bantous en dehors de la zone reconnue ac
tuellement comme bantoue souleve la question : est-ce que ces mots sont verita
blement bantous ou appartiennent-ils a un autre substrat ? Ou encore : Quelle etait Tuniformite du bantou primitif ? A-t~il existe peut-etre un bantou occiden
tal qui est encore preserve dans certaines langues d'Afrique occidentale ? ( H. G.
Mukarovsky : Arch. Volkerk. 13, 132, 1958 ).
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