3
Honoré Vinck L'Apologie de la «Négritude » Author(s): A. BOLELA Source: Aequatoria, 24e Année, No. 3 (1961), pp. 113-114 Published by: Honoré Vinck Stable URL: http://www.jstor.org/stable/25839034 . Accessed: 14/06/2014 11:16 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Honoré Vinck is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Aequatoria. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.253 on Sat, 14 Jun 2014 11:16:27 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

L'Apologie de la « Négritude »

Embed Size (px)

Citation preview

Honoré Vinck

L'Apologie de la «Négritude »Author(s): A. BOLELASource: Aequatoria, 24e Année, No. 3 (1961), pp. 113-114Published by: Honoré VinckStable URL: http://www.jstor.org/stable/25839034 .

Accessed: 14/06/2014 11:16

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Honoré Vinck is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Aequatoria.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 195.34.79.253 on Sat, 14 Jun 2014 11:16:27 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

- 113 -

un fait. Ii e3t aussi regrettable que la misere et l'analphabetisme existent. Mais c'est encore une realite indeniable qui ne peut etre alteree que par le travail pro -

ductif. Cependant les pays sous-developpes veulent ce qu'il y a de mieux dans les

deux hemispheres. lis reclament des salaires eleves et de couteuses organisations d'assistance sociale, en meme temps qu'un rapide developpement industriel. lis de

mandent Timpossible. Certains pays ne pourront jamais etre des puissances industrielles parce qu'ils

manquent de la main-d'ceuvre qualifiee, ou des matieres premieres, ou du cadre so

cial approprie. Cela n'a pas empeche tels pays europeens agricoles de parvenir a

un niveau de vie tres eleve en utilisant la division internationale du travail. De

meme les pays sous-developpes, meme voues encore longtemps a une pauvrete rela

tive a cause de la surpopulation jointe au manque de matieres premieres, peuvent ce

pendant relever leur niveau de vie. lis peuvent le faire par la methode communis

te plus appropriee pour les betes que pour les hommes, en foulant aux pieds la

dignite humaine et Finitiative individuelle. lis peuvent le faire aussi sous un regi me de liberte, par le travail, l'honnetete, le rendement, Finitiative personnelle, le

reinvestissement des benefices, Tetat se bornant a ameliorer la situation generale et les sous-structures. Ce n'est pas une recette de justice sociale, mais de develop

pement economique. Cependant il est instructif de constater que les pays qui con

naissent le plus haut degre de justice sociale sont precisement ceux qui dans le

passe ont applique cette recette. (condense selon le Prof. N. Bailey dans Columbia

University Forum).

Une 6tude de valeurs en (Jrundi.

L'ethnophilosophie se propose de reconstruire le systeme de valeurs des so

cietes etudiees a partir des jugements de valeur portes par leurs membres et a par tir de leurs motivations. Les valeurs de la soeiete rundi se referent a une hierar

chie: Dieu, le Roi, les Superieurs (Tutsi), les Inferieurs (Hutu), les parias (Twa). La superiority est donnee par la liberte de volonte jointe au pouvoir de donner.

Inversement l'inferieur est tenu de demander. II prepare sa demande en rendant

des services et en offrant des cadeaux. Le superieur n'est pas tenu d'y repon

dre, mais s'il se montrait avare il perdrait son decorum. Les cadeaux sont defini

tifs, sauf pour le roi qui a toujours droit de reprise. Les autres valeurs, surtout

chez les superieurs, sont Telegance, Teloquence et Tastuce. Un Rundi est oblige mo

ralement et naturellement enclin a aider ses parents et voisins quand ils sont

dans la peine. (E. M. ALBERT: Cah. Et. afr. 2, mai 1960).

L'Apologie de la Nigritude II nous semble que le journalisme congolais va entrer ou est entre dans le

stade constructif. Le complexe d'inferiorite de l'homme noir diminue de plus en

plus. Ce stade s'inaugure par ce que les Noirs designent avec humour et fierte:

La Negritude*. Certes, le Congo n'a pas encore une elite intellectuelle suffisante et capable

This content downloaded from 195.34.79.253 on Sat, 14 Jun 2014 11:16:27 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

- 114 -

d'expliquer et de realiser ce credo de la Negritude , mais rien n'est plus faux que denier que ce terme recouvre une certaine realite. II est etonnant de constater que meme ceux qui pretendent etre les connaisseurs de l'ame africaine ne voient dans cet elan qu'un tiraillemet interne qu'eprouve l'elite noire. Au lieu de preter main forte a cette elite pour la construction d'un humanisme negro-africain, d'aucuns ne

voient dans ce journalisme de Negritude que des declarations vagues, un journa lisme empreint des mots grandiloquents et ronflants cherchant a eblouir la mas

se populaire...

Lorsque, dans ce journalisme, les Noirs parlent de retour aux sources afri

caines, cela ne veut pas dire qu'il faille rejeter toutes les valeurs occidentales. Com

ment les Africains pourraient-ils operer la synthese entre l'Occident et l'Afrique noire sans faire le recensement de leurs anciennes cultures ? se couper du patrimoi ne ancestral, conduit a priver la civilisation africaine de demain de certains de ses

elements fondamentaux...

Si, dans leurs ecrits, ces journalistes congolais ou les autres Africains, font

l'apologie systematique de la Negritude, c'est pour convertir leurs freres qui per sistent a croire que la civilisation occide tale est la seule qui puisse avoir des va

leurs culturelles et qui pensent que les Negres n'ont pas eu de culture.

D'autre part, les journalistes africains ne peuvent pas renier le phenomene d'acculturation et preconiser une coupure radicale avec la civilisation occidentale.

Parce que l'acculturation se produit parfois d'une fagon inconsciente et inapergue. En effet, par le fait que le Congo accepte une assistance technique etrangere, l'ac

culturation par le truchement de l'enseignement et d'autres moyens s'accomplira mal

gre la volonte de ceux qui precheraient l'orthodoxie de la civilisation africaine.

Nous ne concevons pas une civilisation qui puisse demeurer toujours insensible

a ,1'apport de certains elements exterieurs.

Un observateur honnete et sincere doit reconnaitre que la civilisation congo laise de demain sera metissee, mi-europeenne et mi-africaine. II est encore trop tot

pour dire laquelle des deux civilisations aura la preponderance sur l'autre. Cette

civilisation s'exprimera dans certains concepts, que les personnes eduquees dans

d'autres cultures trouveront peut-etre imprecis et vagues, mais qui, en realite, tra

duiront tout un univers de pensee...

Au lieu d'etre des alienes du monde des Blancs, les apotres de la Negri tude sont plutot les devanciers de leurs camarades; devanciers qui n'ont pas peur d'affronter l'effort que reclame la realisation d'une synthese. Certes, le Congo n'a

pas encore donne des Jacques Maritain ni des Gandhi, mais il n'est pas impossi ble que la jeunesse actuelle qui etudie la philologie africaine et la philosophie ban

toue puisse dans dix, vingt ans, donner un penseur congolais qui saura operer cet

te synthese.

Au lieu de se nourrir d'idees depassees et de considerer le journalisme de

negritude comme une haine et un dedain de l'occident, on doit plutot se rejouir de cet

essai des negro-africains de vouloir donner au monde noir l'esprit polyvalent dont

on ne pourra se passer dans la civilisation planetaire que nous allons inaugurer demain.

(A. BOLELA, CONGOPRESSE).

This content downloaded from 195.34.79.253 on Sat, 14 Jun 2014 11:16:27 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions