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Journal de Traumatologie du Sport (2009) 26, 121—122 Le coude : ce qu’il faut connaître The elbow: What it is necessary to know T. Judet Chirurgie orthopédique et traumatologie, hôpital Raymond-Poincaré, 180, avenue Raymond-Poincaré, 92360 Garches, France Disponible sur Internet le 30 mai 2009 Rappels anatomiques, biomécaniques et physiopathologiques Articulation intermédiaire du membre supérieur, le coude permet : par la flexion/extension, le positionnement de la main dans le cône de circumduction déterminé par l’épaule ; par la pronosupination, son orientation. Tout traumatisme peut perturber ces fonctions par perte de la mobilité, de la stabilité ou en raison de douleurs. L’anatomie Jointure à congruence serrée, le coude réunit en une seule articulation, deux fonctions (flexion/extension et pronosu- pination) et trois extrémités osseuses : humérale, ulnaire et radiale. Les massifs osseux Extrémité inférieure de l’humérus ou palette humé- rale L’extrémité inférieure de l’humérus ou palette humérale est formée de deux colonnes latérales portant un massif Adresse e-mail : [email protected]. articulaire transversal, trochlée et capitulum, déjeté en avant et surmonté par deux fossettes profondes, coronoï- dienne et olécrânienne. Ulna L’ulna s’encastre de fac ¸on serrée dans la trochlée par l’intermédiaire de la grande incisure ulnaire ou crochet olé- crânocoronoïdien. Extrémité supérieure du radius L’extrémité supérieure du radius (tête radiale portée par le col) s’articule par sa face supérieure concave avec le capitulum huméral, par sa périphérie avec la petite incisure ulnaire grâce au ligament annulaire qui les lie intimement. La capsule articulaire, l’appareil ligamentaire et leurs fonctions La capsule Elle est unique et lâche dans ses parties antérieure et postérieure, permettant la liberté en flexion/extension. Latéralement, elle est renforcée par des ligaments : sur son versant interne, le ligament collatéral médial : il présente deux faisceaux principaux, tendus à partir du bord inférieur de l’épicondyle médial, l’antérieur vers la lèvre interne du processus coronoïdien, le postérieur vers celle de l’olécrâne. Tous deux contribuent à main- tenir l’encastrement huméro-ulnaire lors des contraintes en valgus, l’antérieur dans tous les secteurs de mobilité, le postérieur essentiellement en flexion ; 0762-915X/$ — see front matter © 2009 Publi´ e par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.jts.2009.03.004

Le coude : ce qu’il faut connaître

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Journal de Traumatologie du Sport (2009) 26, 121—122

Le coude : ce qu’il faut connaître

The elbow: What it is necessary to know

T. Judet

Chirurgie orthopédique et traumatologie, hôpital Raymond-Poincaré, 180, avenueRaymond-Poincaré, 92360 Garches, France

Disponible sur Internet le 30 mai 2009

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Rappels anatomiques, biomécaniques etphysiopathologiques

Articulation intermédiaire du membre supérieur, le coudepermet :• par la flexion/extension, le positionnement de la

main dans le cône de circumduction déterminé parl’épaule ;

• par la pronosupination, son orientation.

Tout traumatisme peut perturber ces fonctions par pertede la mobilité, de la stabilité ou en raison de douleurs.

L’anatomie

Jointure à congruence serrée, le coude réunit en une seulearticulation, deux fonctions (flexion/extension et pronosu-pination) et trois extrémités osseuses : humérale, ulnaire etradiale.

Les massifs osseuxExtrémité inférieure de l’humérus ou palette humé-raleL’extrémité inférieure de l’humérus ou palette huméraleest formée de deux colonnes latérales portant un massif

Adresse e-mail : [email protected].

0762-915X/$ — see front matter © 2009 Publie par Elsevier Masson SAS.doi:10.1016/j.jts.2009.03.004

rticulaire transversal, trochlée et capitulum, déjeté envant et surmonté par deux fossettes profondes, coronoï-ienne et olécrânienne.

lna’ulna s’encastre de facon serrée dans la trochlée par’intermédiaire de la grande incisure ulnaire ou crochet olé-rânocoronoïdien.

xtrémité supérieure du radius’extrémité supérieure du radius (tête radiale portée pare col) s’articule par sa face supérieure concave avec leapitulum huméral, par sa périphérie avec la petite incisurelnaire grâce au ligament annulaire qui les lie intimement.

a capsule articulaire, l’appareil ligamentaire eteurs fonctionsa capsulelle est unique et lâche dans ses parties antérieure etostérieure, permettant la liberté en flexion/extension.atéralement, elle est renforcée par des ligaments :

sur son versant interne, le ligament collatéral médial : ilprésente deux faisceaux principaux, tendus à partir dubord inférieur de l’épicondyle médial, l’antérieur vers

la lèvre interne du processus coronoïdien, le postérieurvers celle de l’olécrâne. Tous deux contribuent à main-tenir l’encastrement huméro-ulnaire lors des contraintesen valgus, l’antérieur dans tous les secteurs de mobilité,le postérieur essentiellement en flexion ;
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sur son versant externe : trois faisceaux ligamentairesnaissent du sommet de l’épicondyle latéral : le postérieurhuméro-olécrânien, mince, ne se met en tension qu’enflexion complète. Le moyen, puissant, s’insère en bas surle tubercule postérieur de la petite incisure ulnaire oùson implantation se confond avec celle du ligament annu-laire. Le faisceau antérieur, humérocoronoïdien, dontl’insertion basse se confond aussi avec l’insertion anté-rieure du ligament annulaire.

Cet appareil ligamentaire externe a peu de rôle dans lautte contre les contraintes en varus, peu importantes auiveau du coude. Il a, en revanche, une fonction primordialeans le maintien de la tête radiale sous le capitulum. Le fais-eau moyen en particulier évite l’échappement postérieure la tête radiale qui définit les instabilités rotationnellesostéroexternes, qu’elles soient isolées, ou le premieremps d’une luxation totale du coude.

Les muscles périarticulaires du coude, épicondyliensédiaux et latéraux, contractent des rapports intimes avec

es ligaments sous-jacents, en particulier sur le versantédial.

onséquences de l’anatomie sur laiomécanique et conséquences desraumatismes

ien que le coude ne soit pas une articulation portante, ilst soumis à de fortes contraintes du fait de sa localisationntre deux segments osseux longs.

e coude normall présente deux secteurs de liberté :

la flexion/extension autour d’un axe frontal qui va dusommet de l’épicondyle à l’angle antéro-inférieur del’épitrochlée (points d’isocinésie des plasties ligamen-taires) ;la rotation axiale de l’avant-bras autour d’un axe qui vadu centre de la tête radiale au centre de la tête ulnaire ;la pronosupination met en jeu, outre les articulationshuméroradiale, huméro-ulnaire, radio-ulnaire inférieure,le squelette antibrachial et la membrane interosseuse.

es contraintes excessiveslles mettent en jeu la stabilité du coude de facon aiguë lorse traumatismes ou de facon chronique par hypersollicita-ion.

es contraintes dans le plan frontales contraintes dans le plan frontal se font dans le sensu valgus. Le coude y résiste par l’encastrement osseuxuméro-ulnaire maintenu par la tension du plan ligamen-aire interne (« hauban » médial) et par l’appui de la tête

adiale sur le capitulum (console latérale).

es contraintes dans le plan sagittales contraintes dans le plan sagittal tendent à déplacerout le bloc antibrachial en arrière. Elles sont combat-

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ues par l’appui de la coronoïde sur la trochlée, de la têteadiale sur le capitulum, la tension des plans ligamentairesatéraux.

es contraintes axiales sur le radiuses contraintes axiales sur le radius, qui supporte jusqu’à0 % des pressions appliquées sur la main, sont neutrali-ées par la pression de la tête radiale sur le capitulum eta tension de la membrane interosseuse.

es contraintes en rotationes contraintes en rotation tendent à entraîner le sque-ette antibrachial dans sa totalité en rotation externe et seraduisent par une luxation postérieure de la tête radiale,ssociée à une décoaptation de l’articulation huméro-lnaire. Elles sont combattues par la morphologie osseuse, latabilité du capitulum convexe sur la cupule radiale concavet surtout par la tension du faisceau moyen du ligamentollatéral latéral.

es mécanismes traumatiques du coude

n dehors des rares traumatismes directs, volontiers res-onsables de lésions complexes ouvertes, il s’agit le plusouvent de traumatismes indirects qui vont entraîner laaillite des mécanismes de stabilisation susmentionnés. Deême que la stabilité du coude est le fait d’une synergie

ntre les structures capsuloligamentaires et les structuressseuses, les lésions traumatiques peuvent toucher de faconsolée ou associée les unes et les autres.

Une réparation idéale lors du traumatisme est le fruit’un diagnostic initial complet et d’une prise en chargedaptée, évitant ou limitant les séquelles.

Une fois ces séquelles présentes, seul un bilan pré-is clinique et d’imagerie permettra d’en comprendre leype et les causes, souvent accessibles à un traitementctif.

Il peut s’agir :de défauts de consolidation osseuse, cal vicieux oupseudarthroses. Intra-articulaires, ils sont générateursd’arthrose enraidissante sur cette articulation serrée etsoumise à de fortes contraintes. Ils peuvent, par ailleurs,participer à une instabilité. Extra-articulaires, ils peuventégalement désorganiser la mécanique du coude et êtreresponsables de pseudo-instabilité douloureuse (pseudar-throse supracondylienne de la palette) ;d’atteintes ligamentaires, isolées ou associées à deslésions osseuses facteurs d’instabilité ;de rétractions capsulaires antérieures ou postérieuresresponsables d’enraidissement, séquelle la plus fréquem-ment présente des traumatismes du coude.

onclusion

’est sur les bases d’une bonne compréhension de ces méca-ismes que peuvent être analysées et traitées les séquellese traumatismes du coude.