23
Analyse personnelle Le culte de la personnalité sur Facebook Cours REP2400 Internet et relations publiques Responsable de l’analyse : Andrée-Lyne Jacques

Le culte de la personnalité sur Facebook

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Analyse personnelle pour REP

Citation preview

Page 1: Le culte de la personnalité sur Facebook

Analyse personnelle

Le culte de la personnalité sur Facebook

Cours REP2400 Internet et relations publiques

Responsable de l’analyse :

Andrée-Lyne Jacques

Code permanent : JACA11558301

Mardi, 19 octobre 2010

Page 2: Le culte de la personnalité sur Facebook

LA DÉCOUVERTE D’UN NOUVEAU MONDE

En septembre 2007, je revenais à Montréal après trois années passées à Washington DC. J’avais

quitté mon emploi à TF1, qui consistait à couvrir l’actualité au Canada, aux États-Unis et en

Amérique du Sud pour étudier l’allemand à Vienne où j’allais vivre avec mon amoureux

Européen, lorsque le mal du pays m’a ramené auprès de ma famille au Québec.

Je me souviens très bien les soirées de retrouvailles en ville avec mes amis, les spectacles pour

redécouvrir les nouveaux groupes musicaux en vogue, les expositions photos du moment ainsi

que les nombreux soupers pour célébrer mon retour au pays. Tous ces événements m’ont tenue

bien occupée pendant au moins deux mois. Ma vie sociale bouillait, mes boîtes de déménagement

étaient encore intactes dans mon petit appartement que j’avais déniché sur Craig’s list. Ensuite,

les gens sont lentement retournés à leur routine, à leurs préoccupations quotidiennes et les

rencontres se sont faites de plus en plus rares.

Après quelques mois, j’avais terminé de lire tous les livres de ma bibliothèque, j’avais visité tous

les musées d’art que j’avais envie de voir et je commençais à trouver le temps long. Ma vie

trépidante entourée de journalistes internationaux me manquait.

Je passais donc la majorité de mon temps dans des petits cafés de quartier à la recherche d’un

emploi en ville. Je cherchais tous les sites de communications existants dans le but de distribuer

mon curriculum au plus grand nombre de personnes et c’est devant mon café au lait que j’ai

découvert Facebook.

2

Page 3: Le culte de la personnalité sur Facebook

Je n’étais plus seule. Un monde de possibilité s’ouvrait à moi. Sans quitter ma rue Saint-Denis, je

connectais avec 500 millions (1) d’autres utilisateurs éparpillés dans le monde entier. Je passais

des heures par jour à élaborer mon profil, à chercher mes amis retrouvés, des anciennes

connaissances disparues. Je m’amusais à télécharger les photos de mes nombreux voyages, à

épier les moindres faits et gestes de personnes dont j’avais même oublié l’existence. Je vivais

dans ce monde virtuel où je pouvais tout contrôler des informations que je transmettais pour ne

pas avoir à faire face à ma situation réelle : j’étais sans emploi, sans meuble et en pleine peine

d’amour.

LA MISE EN SCÈNE

En reprenant l’idée du sociologue et linguiste Erwin Goffman (2) qui avance que dans la vie de

tous les jours, nous nous mettons constamment en scène et “théâtralisons” inconsciemment notre

communication verbale et non verbale, Facebook était mon théâtre.

En choisissant ma photo de profil, en exprimant mes pensés en temps réel et en laissant des

commentaires sur les murs de l’ensemble de mon nouveau réseau d’amis, je projetais, comme

tous les utilisateurs de Facebook, la vision que je voulais que les gens aient de moi. Je portais le

masque de l’existence que j’avais envie de vivre, j’exposais mes exploits et me valorisais du

regard cybernétique des autres. Dans cet univers, les gens mettent de l’avant l’image qu’ils

souhaitent avoir pour eux-mêmes ou celle qu’ils croient donner aux autres et non celle des

*********************************************************************************************************************

1 CapMarketer, 17 septembre 2010 : http://bit.ly/bXC7Bm

2 Goffman, Erving. The Presentation of Self in Everyday Life. Doubleday: Garden City, New York, 1959.

http://bit.ly/bz8zvt

3

Page 4: Le culte de la personnalité sur Facebook

personnes qui les côtoient à tous les jours. Les échanges sociaux entretenus sur Facebook sont

donc une négociation constante et permanente de leur image. Il est tellement important de se faire

aimer et apprécier, que notre profil devient le prolongement de notre égo et de ce qu’on veut bien

montrer de notre réalité.

Mais où se trouve réellement la réalité ? Jusqu’à quel point vivons nous pour entretenir l’image

que les autres auront de nous dans ce monde virtuel ?

VOICI L’EXEMPLE DE LA CITROUILLE

4

Page 5: Le culte de la personnalité sur Facebook

J’ai publié ces photos en 2008, mes amis et moi étions allés cueillir des citrouilles près du Mont

Saint-Hilaire. Si l’on regarde ces images, tout nous porte à croire que nous avions eu une

merveilleuse journée tous ensemble. Il est vrai que la température était idéale, mais à ce jour,

nous nous souvenons tous de cette journée comme ayant été une sortie plutôt banale. Nous étions

tous fatigués et n’avions pas vraiment de sujets de discussion. En essayant de trouver le champ de

citrouilles, nous nous étions perdus en route et il y avait eu de la discorde entre les deux

conducteurs. Pourtant, ces images ont été publiées sur Facebook et les gens qui n’avaient pas pu

se joindre à nous étaient tous jaloux de bon temps que nous avions eu l’air de passer. Personne

n’a osé les contredire, notre acte était trop réussi. Comme quoi, la réalité des fois…

PHOTOS, PHOTOS, DIS-MOI QUI EST LA PLUS BELLE

Je n’ai jamais mis de photo de moi en bikini sur Facebook mais plusieurs personnes le font. J’en

suis venue à la conclusion que ces filles valorisaient le regard des hommes sur elles et voulaient

être perçues comme des êtres sexuels. Leur profil est une extension de leur personnalité

extravagante qui met de l’avant le culte qu’elles ont envers leur corps. À l’autre extrême, il y a

les femmes sans visage, celles que l’on découvre à travers celui de leurs enfants et de leur

conjoint. Ces dernières priorisent clairement la famille ou leur relation de couple au point de

définir leur identité par celle de leurs proches. Leurs photos, leurs propos ainsi que les pages

qu’elles consulteront reflèteront le regard qu’elles veulent que les autres aient d’elles dans leur

rôle. Les hommes exposent aussi leurs muscles, leur voiture, leur famille, leurs voyages pour ne

nommer que ceux-là, sur leur profil. Leur image est tout aussi pensée que celle des femmes et en

dit long sur leur personnalité. Les deux sexes contrôlent les pauses qu’ils prennent, le décor qu’ils

5

Page 6: Le culte de la personnalité sur Facebook

utilisent, l’éclairage ainsi que les textes qu’ils récitent. Les rôles sont différents, mais la mise en

scène se ressemble beaucoup.

Les utilisateurs de Facebook n’auront pas une autre personnalité sur Internet que celle qu’ils ont

dans la rue. Elle sera polie et embellie pour être attrayante au public visé mais puisque l’objectif

de ce réseau social est de créer des liens avec nos proches, nos amis, ils ne mentiront pas sur leur

identité. L’authenticité et la transparence sont importantes dans l’image que l’on offre aux autres

et sont largement valorisées sur Facebook. Il est impossible par exemple de s’inscrire sous un

pseudonyme, il faut utiliser son vrai nom, s’inscrire à visage découvert. L’objectif est de se

mettre en lumière pour qui nous sommes, de crier haut et fort ce que nous voulons être comme

étant un fait accompli dans le but de se faire accepter du groupe.

500 MILLIONS DE POSSIBILITÉS D’EXISTER

Mais quel groupe ? Il y a 500 000 nouveaux utilisateurs Facebook par jour, (3) tous aussi

différents les uns des autres. Ils n’ont pas le même âge, la même nationalité, le même parcours ni

même nécessairement des intérêts convergents. La preuve : il y a plus de 900 millions de pages,

de groupes et d’évènements actifs en ce moment. La seule chose que toutes ces personnes ont en

commun depuis seulement cinq ans, c’est Facebook.

*********************************************************************************************************************

3 Facebook, Salle de presse 2010 : http://on.fb.me/9smgoQ

6

Page 7: Le culte de la personnalité sur Facebook

Voici un tableau qui donne un bon aperçu de qui sont les 500 millions d’utilisateurs (4) :

*********************************************************************************************************************

4 CapMarketer, 17 septembre 2010 : http://bit.ly/bXC7Bm

7

Page 8: Le culte de la personnalité sur Facebook

Sur Facebook, il y a une pression à exister, menée par la peur de manquer quelque chose. Puisque

nos contacts mettent le meilleur de leur journée sur leur profil, nous remettons en doute notre

propre existence. Sur le mur, il y a une présence constante. Mes connaissances ainsi que mes

proches pensent et partagent leur quotidien en temps réel donc je me dois de participer à leurs

conversations pour ne pas me faire oublier dans ce flot d’échanges.

L’estime de soi est mise à rude épreuve lorsqu’on se compare aux autres. Contrairement à dans

ma vie réelle, où je côtoie que quelques personnes régulièrement, Facebook me montre la vie de

centaine de personnes avec qui j’ai déjà partagé mon passé mais qui ont des vies bien loin de la

mienne. Avant mon inscription au site, je fréquentais des gens qui me ressemblaient, qui étaient

au même endroit que moi dans la vie. À 27 ans, j’avais choisi d’habiter en ville, de prioriser ma

carrière et mes voyages sur une vie stable avec des enfants. Mes amis ne me faisaient pas sentir

coupable de ne pas avoir les deux puisqu’ils partageaient aussi ces choix. Facebook me montre

quotidiennement ce que je n’ai pas et me pousse à vendre aux autres ce que j’ai. C’est une

manière de légitimer mon parcours. Facebook est un support d’expression et de construction

identitaire où je peux obtenir la validation des autres sur mon existence. Il est une base

d’expérimentation du grand JE.

COMBIEN D’AMIS AS-TU ?

Dans un article écrit par Cameron Marlow, sociologue chez Facebook, pour The Economist, (5)

les usagers du plus grand réseau social au monde entretiendraient de réels échanges avec

*********************************************************************************************************************

5 Cameron Marlow, « Even online, the neocortex is the limit », The Economist, 26 février 2009 : http://bit.ly/99tBYU

8

Page 9: Le culte de la personnalité sur Facebook

seulement quatre personnes pour les hommes et six pour les femmes. En sachant qu’en 2010, les

utilisateurs Facebook ont en moyenne 130 amis, ça ne fait pas beaucoup de relations stables à

maintenir.

En se basant sur l’étude de l’anthropologue Britannique Robin Dunbar, (6) 150 personnes

seraient la limite cognitive théorique du nombre d'amis avec lesquels une personne pourrait

entretenir une relation stable. Passé ce nombre, l’usager ne ferait qu’augmenter son nombre de

contacts personnels mais ne serait capable que de les suivre passivement.

Donc selon M. Marlow, même si je peux me vanter d’avoir 350 amis sur Facebook, je ne pourrais

pas communiquer fréquemment (échanges d’idées, de liens, de photos…etc.) avec plus de six

personnes et en suivre 150 de loin sur la page d’accueil. Le nombre de Dunbar expliquerait donc

pourquoi, malgré le fait que j’ai un carnet virtuel d’amis bien rempli, je n’ai envie d’en appeler

que quatre pour mon souper d’anniversaire. Est-ce que l’on perd la notion des vrais amis au profit

de leur nombre sur Internet ? Je ne crois pas. Dans la société, il a toujours été bien vu, pour une

personne sociable, d’avoir un grand nombre de connaissances. Les vrais amis seront toujours les

vrais amis, ceux qui nous connaissent vraiment pour qui nous sommes et qui passent par-dessus

nos petits défauts pour mieux apprécier nos qualités. Ces amis ne valent rien sur Facebook, ils

valent tout dans la vraie vie.

Je dis que nos vrais amis n’ont aucune valeur sur les réseaux sociaux parce que nous n’avons rien

à leur prouver et partageons les mêmes passions donc le transfert d’information peut être

*********************************************************************************************************************

6 Wikipédia, Nombre de Dunbar : http://bit.ly/9OMLYe

9

Page 10: Le culte de la personnalité sur Facebook

redondant. Je ne crois pas que Facebook soit l’endroit où les gens cherchent véritablement à

approfondir leurs relations interpersonnelles. Il est toutefois important de ne pas diminuer

l’apport des connaissances plus éloignées de notre réseau d’amis.

Les personnes que nous fréquentons le moins et qui sont le plus loin de notre cercle d’amis

proches nous apprennent beaucoup plus que les autres. Puisqu’ils ont des intérêts éloignés des

nôtres, ils nous amènent à approfondir notre culture personnelle sur de nombreux sujets que nous

n’aurions pas cherchés par nous-mêmes. Ces amis éloignés nous permettent d’être originaux

auprès de nos vrais amis et encore une fois, de nous valoriser avec le nouveau savoir qu’ils nous

ont transmis. À notre tour, nous serons les pourvoyeurs d’informations de quelqu’un d’autre.

C’est pourquoi je dis que ces liens faibles sont aussi les plus productifs. Ils nous permettent d’être

actif sur le mur et d’apporter de nouvelles sources d’informations à notre groupe d’amis

rapprochés. En plus, les relations interpersonnelles nécessaires à la cueillette d’information

rendent publiques nos fréquentations et permettent ainsi d’entretenir notre image au sein de notre

réseau. Il est important et bien vu sur Facebook de montrer son savoir à entretenir des relations

sociales en les rendant visibles et explicites.

TOUS ENSEMBLE

Mais qu’est-ce qu’on partage de si exceptionnel sur Facebook ? Selon le site Mashable, (7) les

« facebookeurs » américains passent plus de temps sur ce réseau social que sur Google, Yahoo,

YouTube, Microsoft, Wikipedia et Amazon tous réunis. La peur de manquer quelque chose et de

*********************************************************************************************************************

10

Page 11: Le culte de la personnalité sur Facebook

7 Ben Parr, « Facebook Is the Web’s Ultimate Timesink [STATS]», Mashable, Mai 2010 : http://on.mash.to/d6svEp

peaufiner son image est si intense qu’ils passent en moyenne 7 heures par mois, donc un

minimum de 14 minutes par jour, sur le site. Voici les résultats surprenants d’une recherche

effectuée par Nielsen qui confirme ces données :

(8)

Et si je me fie aux principaux sujets de discussions en 2009, nous sommes loin des discussions profondes et émotionnelles qu’on aurait pu croire…

(9)

*********************************************************************************************************************

8 NielsenWire, « Facebook Users Average 7 hrs a Month in January as Digital Universe Expands » 16 février 2010 : http://bit.ly/ahthFR

11

Page 12: Le culte de la personnalité sur Facebook

9 Lars Backstrom, « Facebook Memology : Top Status Trends of 2009 », Facebook,  21 décembre 2009: http://on.fb.me/bgmpvBLorsque je regarde ces données, je me demande simplement si les utilisateurs sont plus

intelligents qu’ils ne laissent croire ?

Ces sujets de conversations sont superficiels, communs et sans aucun doute rassembleurs dans

leur banalité. Tout porte à croire que les gens ne voulaient simplement pas se lancer dans des

débats d’opinion donc ils ont autocensuré leur propos de peur de froisser leur public. Il est vrai

que l’auditoire est varié sur Facebook : amis d’enfance, famille, collègues, patron, famille, belle-

famille…etc. Les propos sur les belles valeurs universelles ont donc plus leur place que les

propos virulents sur les politiciens au pouvoir. Les gens qui lisent nos pensées et commentaires

peuvent être laïcs ou religieux, de droite ou de gauche alors il vaut mieux, sur Facebook comme

dans nos soirées du jour de l’an, éviter certains sujets qui pourraient nous faire perdre des amis ou

un futur emploi. La valeur de la socialisation l’emporte donc sur l’individualisme ce qui fait que

les gens renoncent à leur autonomie de penser au bénéfice du groupe. Les personnes ayant envie

d’avoir des chicanes d’opinions et des discussions enflammées devront aller sur Twiter où ils

auront 140 caractères pour se faire entendre.

Les utilisateurs de Facebook sont trop conscients de leur image pour se laisser aller à des

polémiques qui les feraient sortir du lot. Le conformisme est la voie la plus sûre pour se faire

apprécier de la majorité. Une fois que nous avons éliminé toutes les façons de déplaire, que reste-

t-il ? L’humour, les vidéos drôles, les conversations simples, des pages pour les gens qui aiment

dormir…

12

Page 13: Le culte de la personnalité sur Facebook

PUBLIC OU PRIVÉ ?

Il ne faut pas oublier que tout ce que nous mettons sur Facebook est du domaine privé ouvert au

public donc qu’il faut être vigilant sur le contenu qu’on y divulgue. Nous nous sommes tellement

approprié la plateforme qu’elle est devenue une confidente que nous ne remettons pas en doute.

Elle fait partie intégrante de notre quotidien et nous nous sentons trahis juste à l’idée que cette

amie intime puisse vendre nos informations personnelles à de grandes compagnies.

Facebook pose un problème d’éthique important pour plusieurs puisque les informations privées

que les gens y déposent se retrouvent maintenant disponibles au grand public, menaçant par le

fait même leur droit fondamental à la vie privée. « La loi canadienne pour la protection des

renseignements personnels dans le secteur privé interdit ce type de collecte de renseignements

personnels. », explique Mme Hayden, porte-parole de la commissaire à la vie privée du Canada, à

La Presse, « Elle s’appliquerait à toute application qui recueille ces renseignements auprès des

Canadiens dans le contexte d’une activité commerciale. » (10) Mais qui nous dit que Facebook

est commercial ? Nous ne savons pas où s’en vont nos données. Les utilisateurs sont tellement

occupés à se faire valoir auprès de leurs amis qu’ils laissent tomber leurs gardes et s’oublient

dans cet univers du JE parfait, qu’ils pensent privé. Mais avec 500 millions d’utilisateurs, nous

sommes loin du souper à la chandelle avec l’être cher.

Le site ReadWriteWeb France, (11) mentionnait la recherche d’un étudiant du Massachusetts-

Amherst Legal Studies, Chris Peterson, qui défend le point de vue que la compréhension de la vie

*********************************************************************************************************************10 Alain McKnna, « Concilier milliards et confidentialité », La Presse, 19 octobre 2010

13

Page 14: Le culte de la personnalité sur Facebook

11 Marshall Kirkpatrick, « Facebook a tort, la vie privée n’a pas dit son dernier mot », ReadWriteWeb France, 13 janvier 2010 : http://bit.ly/9ezgZe privée, dans le monde contemporain, se base plus sur  l’intégrité du contexte que sur le secret

absolu. Ce dernier avance que pour comprendre le concept de la vie privée en 2010, il faut surtout

se référer au contexte dans lequel l’information a été publiée et comment elle sera diffusée par la

suite. Si des usagers prennent un verre de trop en public, leurs actions ne sont pas un secret

absolu parce qu’elles ont lieu dans un endroit public. Par contre, ils ont le droit que ces images,

de leur vie privée, ne soient pas partagées à leurs collègues de travail puisque le contexte n’est

clairement pas approprié à la diffusion de cette information. Facebook contreviendrait donc à

cette règle puisque tous les gens peuvent voir la même photo, sans dissociation du contexte.

Je comprends très bien ce point de vue, mais je ne le partage pas. Nous choisissons qui sont nos

amis et à qui nous allons imposer des limitations d’informations. Nous sommes roi et maître du

contenu de notre page de profil ainsi que des commentaires que nous mettons sur la page

d’accueil. Nous savons très bien que les données ainsi que les images que nous déposons sur

Facebook seront vues par des centaines de personnes puisque c’est exactement l’objectif de les

publier alors comment s’offusquer lorsque la mission est accomplie ? Je ne comprends pas très

bien où se cache la notion du « privé » dans tout ça. Nous parlons d’un site web qui se trouve

gratuitement hébergé sur Internet non pas de votre journal intime caché sous votre oreiller !

Bien entendu, il y a les photos désobligeantes que les autres publient sans notre consentement. Je

pourrais faire la morale aux utilisateurs lésés ici en leur conseillant soit de changer d’amis, parce

que clairement, il y a un problème, soit de ne pas se retrouver dans des situations où des photos

que leurs parents n’approuveraient pas sont prises d’eux, mais ça, ça serait de l’insertion dans la

vie privée… alors je dis seulement qu’ils ont encore la possibilité d’enlever le tag d’eux qu’il y a

14

Page 15: Le culte de la personnalité sur Facebook

sur cette image et si c’est vraiment une photo calomnieuse de la reporter à l’administrateur de

Facebook. Les quelques heures qu’elle circulera leur feront peut-être penser à suivre mes conseils

ci haut la prochaine fois.

LES RÈGLES DE L’ART

Les règles de Facebook sont claires lorsque l’on ouvre un compte. Si nous les acceptons pour

pouvoir bénéficier de tous les avantages du réseau, nous ne devrions pas être surpris que pour se

payer, le site doit partager, au plus offrant, des statistiques sur ses utilisateurs. (et non leurs

données personnelles !) C’est difficile de comprendre comment, lorsque quelqu’un cri très fort et

très longtemps, il est surpris d’être entendu. Les compagnies utiliseront les statistiques compilées

sur Facebook pour mieux répondre à nos besoins de consommateurs. Nos communications

personnelles valent la peine d’être écouté par les plus grandes compagnies internationales, n’est-

ce pas encore une bonne raison de se gonfler d’orgueil ?

Notre pièce de théâtre commune vient de se trouver de bons commanditaires. Le spectacle est

donc encore loin d’être terminé, il est seulement dommage que nous passions autant de temps à

se vouer au culte de notre personnalité sur Facebook. Au fond, nous sommes tous tellement

occupés à perfectionner notre jeu d’acteur que nous n’écoutons que brièvement les autres nous

donner la réplique et ne pensons que très peu aux personnes assises dans la salle.

15