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EEn revanche,.Dour les modules informa- tiques discrets, nous sommes singuliEre- ment demunis, il convient donc inventer c~ ath~es ~6~es."Des'tn'eof~es m~itn'erna- tiques locales peuvent etre developpees. C e~t3e cas, ndtammerit, bes adtom~tes ce~tola'i~t's. ~r-~s 1~T~s ax~ec ~ Tn~L:~s mathematiques classiques peuvent etre moins des coherences locales. Plus gene- ralement, beaucoup de modeles de la ¢~ynan-i~gue 6es ~O;D~Sa'flons~DOUmflen'~ @te~ ,,'.flare.e,:% r'v~dm qPJOJfP,_% ,q@/f(¢~a£OdlFo.,L nous semble souhaitable de systematiser ce type de travail. En effet, l'apparente s~rpl?cttf= r.i'e'ia ~Tru6~Fr~dti~uT,'trfit~vrratPqae . discrete * peut conduire a l'elaboration de modules eta une pratique un peu sauvage ~e s)mu)aZ~o~s, pg~s ~ )a p/~se on compte de resultats, non garantis ,. Sices rnodeles restent des ob)ets de la~oratdve, les consequences ne sont pas graves. En revanche, si ces modules sont utilises, sans discemement, dans la, vie courante *, par exemp~e comme duties [5"aide b ~a ~@c)- s)on, on peut ~tre )nqu)et. Eouvrage de Patrick Coquillard et David Hill constitue une bonne introduction de langue fran~aise, bien presentEe et bien illustree, aux methodes actuelles de mode- lisation des ecosystEmes. On ne peut que recommander sa lecture. Alain Pave (Universit~ de Lyon I/CNRS) Le dEchet, le rebut et le rien Jean-Claude Beaune (Ed.) Champ Vallon, coll. ~ Milieux., Seyssel, 1998, 232 p. C et ouvrage est un ensemble d'articles de quinze auteurs tres differents unis par une thematique, celle du dechet. On doit cet ouvrage ~ deux philosophes : Cyrille Harpet et Jean-Claude Beaune. Les travaux du premier, sous la direction du second, ont donne naissance aun colloque o~ differents auteurs ont ete convies. I1 a ere I'occasion de mener, travers differents champs disciplinaires, une reflexion sur la materialite du dechet et d'analyser I'objet-dechet sous les angles philosophique et epistemologique, socio-culturel et anthropologique, et enfin technologique. Cet ouvrage constitue les acres de ce colloque. L'origine pluridiscipli- naire des auteurs fait du questionnement, un obiet de reflexion sortant de I'ordi- naire. On leur est redevable de ne pas etre rentres dans un debat trop technique, /om~e t e~h so~YeriY)e car s~ ~et~erne, Le point commun des auteurs est de souli- gner,'a'lu~;te r~i~son,que'~e prdO(eme au ti*Wnet esl ~'at~sencetie'~a/et~ q~xe/a societe lui associe. Le dechet est souvent ~.£~m ff el 4. eea ,~.e&O e&# c~{, ~ a ~,,'e~, , & ~,;'m z& ~#... ~ saC/8 de ~'~r4~essez cemme ga s~ dechet, et des concepts qui lui sont proches, pour s'en rendre compte. T~anFd~seTLona~enO~ anYnm~o'~o~u e~ representations des effluents radioactifs de I'usine de la Hague (Normandie) et des le legislateur !) que la societe marginalise les individus qui ont ete en contact avec 7u~ ~e ces ~e~x ~bc~e~s. Za~sen~e ~e valeur du dechet apparait meme dans I"apparefl leg~s/at#. P~'flippe Billet, maitre de conference en droit, s'interroge sur la validit~ de/a notion de dechet et la perti- nence de la qualification retenue par le )@gis)a~eu~, sur )a mmp)ex)~ ~)e )a no~ion d'abandon, de d@r@}lct}on et en soul}gne I'instabilite et I'etat indefini. II ne s'agit pas de nier ici I'importance du phenomene du dechet, la plupart des textes le rappelle, comme par exemple Daniel Perrochia, philosophe, en traitant les dechets cosmiques ou Alain Navarro, professeur de I'INSA-Lyon, qui le souligne au travers d'expressions claires telles que celle de * phenom~ne d'overdose, (dans le cas l'aspect quantitatif des dechets) et d'~ irruption de I'artificiel ,, du synthetique (dans le cas de l'aspect qualitati0. Cet ouvrage souligne la necessite de regarder autrement les dechets car le den n'est pas le neant. Eutilisation des dechets en tant que matiere ~ part entiere de la creation artistique est une des preuves de I'utilite des dechets comme nous le demontre Jean-Pierre Mourey, professeur d'esthetique et sciences de I'art, & travers sa description des pratiques d'utilisation des dechets par des artistes comme Picasso, Miro, Tapies, Dubuffet, et bien d'autres. Gerard Bertolini, economiste, y fait reference dans son article. II nous montre par ailleurs que les civilisations anciennes accordaient une certaine valeur aux dechets et que meme ~ des epoques recentes, la valeur etait un qualificatif associe au dechet car c'etait un signe de richesse et une source de profit. Jean Gouhier,5~eoj~ra.vhe,,Doursuit avec la notion de marge qui qualifie les espaces o8 sont relegues les dechets et les exclus sot~au;~.~e~Dnbtb,cette maLl~m~B~'e e~ mobile, fluctuante et ces espaces devenus margmaux "aun moment peuvedt'~tre ~t-,q'oa'~. £a rnalge es't do, hi * ~Ye ~t~ne variable, et • une aire de novation soa~ ~,as ~e n@ar~. Ces es~,a~es de reie~ ~,e~ven~ a~ns~deven@ des es~,a~es~e projet car, la vacance laisse la liberte d'initiative pour le changement *. "l.e DTD'D3"eIDe ~e ~)bc'rle'[ses'[ {~OTJ£ aYa'B'[ ," OJ/..f,) LIT, ~#[q~ E @. rp.r "f..rP.:£o.q r~J" [{h, JT,, rp.~p.~ sentation du dechet, de I'abandon, du systeme socio-technique charge de son ~iimiTmti~T~ ~t It~p~eT~-dti~T~ de "i~#~t~. Ces representations sont complexes et souvent diverses comme le souligne I'ap- Bernardet Van Sta~vel, ethnologue, qui montre Tex'~stenced~une fracture des representations. Pour le specialiste, le d~chet u~time est un aboutissement tech- nologique, pour le profane, un echec tech- no)ogir?ue. De la representation des dechets ou de I'espace naissent des attitudes d'opposi- tion (Albert Tauveron - maitre de confe- rence en sciences sociales) et I'accroisse- ment des ordures dans les rues. Pour le dernier cas, Djafar Lesbet, sociologue urbaniste, E travers la description de la Casbah d'Alger montre que les rapports de I'homme E I'espace reflete le rapport de I'homme aux dechets. Ainsi,, raccroisse- ment des ordures dans les rues est propor- tionnel E la meconnaissance du lieu ,, (p. 123). Ce poids des representations diverses des dechets rnontre ~ I'evidence I'interet du developpement d'une recherche sur les phenomenes d'opposi- tions nommes Nimby (Not in my back yard), comme le souligne ~ juste titre Albert Tauveron. TOt ou tard, les politiques devront prendre en cornpte les aspects techniques, certes necessaires, mais aussi le contexte local, les attitudes des diffe- rents acteurs. C'est une question de demo- cratie. Autre forme d'interrogation sur les representations et pratiques des dechets, cellea contre courant, de Jean-Paul Filiod, ethnologue, qui s'interroge sur le pendant de I'abandon, c'est-~-dire la conservation des objets, de l'evolution de leur nature travers celle-ci. S'interroger sur la notion de conservation, n'est-ce pas s'interroger sur celle de l'abandon ? r m C) --4 CZ ;x2 rrl Oo NSS, 1999, vol, 7, n° 4, 56-63

Le déchet le rebut et le rien

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EEn revanche,.Dour les modules informa- tiques discrets, nous sommes singuliEre- ment demunis, il convient donc inventer c~ ath~es ~6~es."Des'tn'eof~es m~itn'erna- tiques locales peuvent etre developpees. C e~t3e cas, ndtammerit, bes adtom~tes ce~tola'i~t's. ~r-~s 1~T~s ax~ec ~ Tn~L:~s mathematiques classiques peuvent etre

moins des coherences locales. Plus gene- ralement, beaucoup de modeles de la ¢~ynan-i~gue 6es ~O;D~Sa'flons ~DOUmflen'~ @te~ ,,'.flare.e,:% r'v~dm qPJOJfP,_% ,q@/f(¢~a£OdlFo.,L nous semble souhaitable de systematiser ce type de travail. En effet, l 'apparente s~rpl?cttf= r.i'e'ia ~Tru6~Fr~dti~uT,'trfit~vrratPqae . discrete * peut conduire a l 'elaboration de modules e t a une pratique un peu sauvage ~e s)mu)aZ~o~s, pg~s ~ )a p/~se on compte de resul ta ts , non garantis ,. Sices rnodeles restent des ob)ets de la~oratdve, les consequences ne sont pas graves. En revanche, si ces modules sont utilises, sans discemement, dans la , vie courante *, par exemp~e comme duties [5"aide b ~a ~@c)- s)on, on peut ~tre )nqu)et. Eouvrage de Patrick Coquillard et David Hill constitue une bonne introduction de langue fran~aise, bien presentEe et bien illustree, aux methodes actuelles de mode- lisation des ecosystEmes. On ne peut que recommander sa lecture.

Alain Pave (Universit~ de Lyon I/CNRS)

Le dEchet, le rebut et le rien Jean-Claude Beaune (Ed.) Champ Vallon, coll. ~ Mil ieux., Seyssel, 1998, 232 p.

C et ouvrage est un ensemble d'articles de quinze auteurs tres differents unis

par une thematique, celle du dechet. On doit cet ouvrage ~ deux philosophes : Cyrille Harpet et Jean-Claude Beaune. Les travaux du premier, sous la direction du second, ont donne naissance aun colloque o~ differents auteurs ont ete convies. I1 a ere I'occasion de mener, travers differents champs disciplinaires, une reflexion sur la materialite du dechet et d'analyser I'objet-dechet sous les angles philosophique et epistemologique, socio-culturel et anthropologique, et enfin technologique. Cet ouvrage constitue les acres de ce colloque. L'origine pluridiscipli- naire des auteurs fait du questionnement,

un obiet de reflexion sortant de I'ordi- naire. On leur est redevable de ne pas etre rentres dans un debat trop technique, / o m ~ e t e~h so~YeriY)e car s~ ~et~erne,

Le point commun des auteurs est de souli- gner,'a'lu~;te r~i~son, que'~e prdO(eme au ti*Wnet esl ~'at~sence tie'~a/et~ q~xe/a societe lui associe. Le dechet est souvent ~.£~m ff el 4. eea ,~.e&O e&# c~{ , ~ a ~,,'e~, , & ~,;'m z& ~#... ~ saC/8 de ~'~r4~essez cemme ga s~

dechet, et des concepts qui lui sont proches, pour s'en rendre compte. T~anFd~seTLona~enO~ anYnm~o'~o~u e~

representations des effluents radioactifs de I'usine de la Hague (Normandie) et des

le legislateur !) que la societe marginalise les individus qui ont ete en contact avec 7u~ ~e ces ~e~x ~bc~e~s. Za~sen~e ~e valeur du dechet apparait meme dans I"apparefl leg~s/at#. P~'flippe Billet, maitre de conference en droit, s'interroge sur la validit~ de/a notion de dechet et la perti- nence de la qualification retenue par le )@gis)a~eu~, sur )a mmp)ex)~ ~)e )a no~ion d'abandon, de d@r@}lct}on et en soul}gne I'instabilite et I'etat indefini. II ne s'agit pas de nier ici I'importance du phenomene du dechet, la plupart des textes le rappelle, comme par exemple Daniel Perrochia, philosophe, en traitant les dechets cosmiques ou Alain Navarro, professeur de I'INSA-Lyon, qui le souligne au travers d'expressions claires telles que celle de * phenom~ne d'overdose, (dans le cas l'aspect quantitatif des dechets) et d'~ irruption de I'artificiel ,, du synthetique (dans le cas de l'aspect qualitati0. Cet ouvrage souligne la necessite de regarder autrement les dechets car le den n'est pas le neant. Eutilisation des dechets en tant que matiere ~ part entiere de la creation artistique est une des preuves de I'utilite des dechets comme nous le demontre Jean-Pierre Mourey, professeur d'esthetique et sciences de I'art, & travers sa description des pratiques d'utilisation des dechets par des artistes comme Picasso, Miro, Tapies, Dubuffet, et bien d'autres. Gerard Bertolini, economiste, y fait reference dans son article. II nous montre par ailleurs que les civilisations anciennes accordaient une certaine valeur aux dechets et que meme ~ des epoques recentes, la valeur etait un qualificatif associe au dechet car c'etait un signe de richesse et une source de profit. Jean

Gouhier,5~eoj~ra.vhe,,Doursuit avec la notion de marge qui qualifie les espaces o8 sont relegues les dechets et les exclus sot~au;~.~e~Dnbtb, cette maLl~m~B~'e e~ mobile, fluctuante et ces espaces devenus margmaux "aun moment peuvedt'~tre ~t-,q'oa'~. £a rnalge es't do, h i * ~Ye ~t~ne variable, et • une aire de novation

soa~ ~,as ~e n@ar~. Ces es~,a~es de reie~ ~,e~ven~ a~ns~ deven@ des es~,a~es ~e projet car, la vacance laisse la liberte d'initiative pour le changement *. "l.e DTD'D3"eIDe ~e ~)bc'rle'[s es'[ {~OTJ£ aYa'B'[

," OJ/..f,) LIT, ~ # [ q ~ E @. rp.r "f..rP.:£o.q r ~J" [{h, JT,, rp.~p.~ sentation du dechet, de I'abandon, du systeme socio-technique charge de son ~iimiTmti~T~ ~t It~p~eT~-dti~T~ de "i~#~t~. Ces representations sont complexes et souvent diverses comme le souligne I'ap-

Bernardet Van Sta~vel, ethnologue, qui montre T ex'~stence d~une fracture des representations. Pour le specialiste, le d~chet u~time est un aboutissement tech- nologique, pour le profane, un echec tech- no)ogir?ue. De la representation des dechets ou de I'espace naissent des attitudes d'opposi- tion (Albert Tauveron - maitre de confe- rence en sciences sociales) et I'accroisse- ment des ordures dans les rues. Pour le dernier cas, Djafar Lesbet, sociologue urbaniste, E travers la description de la Casbah d'Alger montre que les rapports de I'homme E I'espace reflete le rapport de I'homme aux dechets. Ainsi,, raccroisse- ment des ordures dans les rues est propor- tionnel E la meconnaissance du lieu ,, (p. 123). Ce poids des representations diverses des dechets rnontre ~ I 'evidence I'interet du developpement d'une recherche sur les phenomenes d'opposi- tions nommes Nimby (Not in my back yard), comme le souligne ~ juste titre Albert Tauveron. TOt ou tard, les politiques devront prendre en cornpte les aspects techniques, certes necessaires, mais aussi le contexte local, les attitudes des diffe- rents acteurs. C'est une question de demo- cratie. Autre forme d'interrogation sur les representations et pratiques des dechets, cellea contre courant, de Jean-Paul Filiod, ethnologue, qui s'interroge sur le pendant de I'abandon, c'est-~-dire la conservation des objets, de l'evolution de leur nature travers celle-ci. S'interroger sur la notion de conservation, n'est-ce pas s'interroger sur celle de l'abandon ?

r m C) --4 CZ ;x2 r r l Oo

NSS, 1999, vol, 7, n ° 4, 56-63

iiiiii!ii Ce livre est donc un eloge du dechet/rebut/r ien comme I'a titre le philo- sophe Franc;ois Dagognet. Ce dernier souligne avec force et conviction que la technologie peut venir E bout des dechets, peut leur donner cette . reviviscence ,~, cette - redemption ~. 11 montre a que] point le rebut sale, impur a une utilite dans des domaines varies : la vaccination, la crimi- nologie, l 'archeologie... Comme le souligne Alain Navarro, le d~chet est fatal. Cependant cette fatalite ne doit pas nous empecher , d 'ambit ionner pour un systeme qui minimiserait grandement les contraintes de ces dechets E condition toutefois de les considerer pour ce qu'ils sont : une matiere fatale, en rien diffe- rente dans sa composit ion de ce que pour I'essentiel nous produisons pour nos besoins. II faut la prendre en charge parce que helas, elle se retrouve souvent IE off il ne faut pas, quand il ne le faut pas et avec qu i i l ne le faut pas... ~ (p. 69). Cet ouvrage conclut sur une selection de citations de Gerard Bertolini, originales et variees ayant toutes trait au dechet, au rebut, E I'ordure... Apres lecture de ces textes, on ne peut que regarder dif feremment les d~chets, les rebuts de la societe de consommation, et prendre conscience de leur vraie valeur. N'arretons plus notre regard E la superfi- cialite des objets et des etres. Comme le dit si bien Jean-Claude Beaune -... la matiere (et nous ajouterons l 'homme) peut se lire par en dessous - mieux, nous devons le faire o (p. 13).

Emmanuelle Le Dorlol (Ladyss/CNRS)

Dieu face ,~ la science Claude AIIEgre Fayard, 1997, 304 p., 120 F.

D eux evenements r~cents redonnent de l'actualite E ce livre. Le premier est

la mort du philosophe et ~crivain catho- lique Jean Guitton dont est paru en 1991 aux editions Grasset un ouvrage intitule Dieu et la science : entretiens avec lgor et Grichka Bogdanov. L'auteur y mettait en exergue la phrase suivante : ~ Les decou- vertes de la physique quantique rejoi- gnent la sphere de I' intuition mystique ~. Le second est le proces dit du sang conta- mine fait aux responsables polit iques de I'Epoque. Le systeme de defense etait essentiellement fonde sur la certitude que

I'on ne peut juger de faits et de deci-

sions passees avec les connaissances d'aujourd'hui ~. Cette certitude reconnue a provoque acquittements ou condamnation sans peine. Juger avec les Elements et la connaissance du moment, voile I'essentiel. DejE saint Paul affirmait dans la 1 e I~pitre aux Corinthiens : - En effet notre connaissance est partielle, nos proph~ties sont partielles. Quand viendra I'achevement, ce qui est partiel disparaitra. Quand j'etais un enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j'ai fait disparaffre ce qui faisait de moi un enfant. Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir ; ce jour-IE, nous verrons face E face. Actuellement ma connaissance est partielle ; ce jour-la, je connaitrai vraiment... ,,. Claude Allegre s'affirme, non dans son ouvrage, mais au cours des nombreuses presentations qu'il en a faites, comme , incroyant pratiquant .. Avant de lire son dernier livre et de le presenter, je m'affirme comme - croyant pratiquant o, mais je dois dire d'emblee ~tre persuade que cela n'a rien E voir avec les rapports de Dieu et de la science. Je suis simplement croyant et scientiflque, croyant comme bien d'autres croyants qui ne font pas metier de science, et scientifique comme bien d'autres scienti- fiques qui ne partagent pas mes convic- tions de croyant. Je le dis d'abord et de tout coeur : le livre de Claude Allegre est agreable E lire et fair la preuve de la culture de son auteur. En huit chapitres qui sont autant phases histo- riques de developpement des sciences qu'affrontements entre religieux (ou pouvoirs) et savants (ou decouvreurs de la science), l'auteur decrit et analyse quelques etapes mouvementees des rapports entre doctrines religieuses de l'epoque et decou- vertes ou theories scientifiques. Pour moi, le livre ne va pas au-dela, et en tout cas ne correspond pas E son titre. II n'est jamais question de Dieu et de [a science, m~me pas des dieux et de la science. Claude Allegre dolt d'ailleurs en etre conscient car, des les premieres pages, il assimile le - Dieu ,, dont il va parler aux principales eglises (implicitement mono- theistes, bien que ce qualificatif ne soit pas clairement exprime). J'aurais donc mieux aime comme titre ,, Les l~glises d'Occident et la science au cours de l'histoire ~. Cela n'enl~ve den E l'interet des querelles qui ont parfois oppose les hommes de

science et les hommes d'l~glise. Encore faudrait-il bien analyser I'origine de ces d~m~les et le faire avec les connaissances et les croyances de I'epoque. II est bien facile en 1997, ou en 1999, de se moquer des d~tracteurs de Galilee, comme il serait facile de se moquer des mythes d'origine de tousles amis proches que je compte dans les montagnes du monde. Au lieu d'essayer de comprendre, au lieu d'expli- quer, Claude AIl~gre distribue les bons et les mauvais points. Ceci est bien un defaut, malheureusement, de scientifique. Ni la Bible, ni la Torah, n i le Ramayana, ni la Bagavad-gita, ni aucun des grands livres des religions ne doivent se lire en scientifique, ou d'ailleurs en politique, ou en economiste... Ils doivent se lire tout simplement en homme de son temps et de sa culture. Les messages qu'ils contien- nent ne changent pas, mais il faut les exprimer avec les roots d'aujourd'hui pour les hommes d'aujourd'hui. Claude Allegre a trop souvent conserve, clans ses analyses des faits historiques, les mots d'autrefois pour les hommes d'autrefois. Comment peut-il traiter Carl Linne de biologiste ~ archaTque - alors qu'il a preci- sement ere le biologiste le plus

modeme - de son epoque et que les principes et les concepts de sa nomencla- ture perdurent P I~auteur n'echappe pas non plus E quelques travers ou legendes. S'il regle son compte, E juste titre, aux creation- nistes, il semble croire, sans doute E cause du premier chapitre de la Genese, que toutes les eglises et tousles croyants sont creationnistes. Je frequente beaucoup de croyants, d'ecclesiastiques et d'~glises de toutes religions... Je n'y ai jamais person- nellement rencontre de creationnistes. Autre travers amusant • il a un faible pour les Jesuites, comme tousles scientiflques et les intellectuels. Les Jesuites meritent bien cet hommage, d'ailleurs. Sur la contraception, I'avortement, les manipulations genetiques, la conception assistee, Claude Allegre est curieusement tres prudent et met fortement en avant la

conscience personnelle -, mais il ne peut s'empecher de reprocher E I'l~glise catho- lique et au Pape des declarations que je n'ai jamais entendues, saul peut-etre clans la bouche de quelques int~gristes. Claude Allegre cependant ne s'affiche, ni anti-Dieu, ni anti-religions et il n'hesite pas E ecrire ou E reprendre quelques belles declarations de foi : , ...ainsi ce mystere

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