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N° 01 / 3 mars 2014 / Société Belgique Le drone peine à décoller en Belgique ZOÉ KAVVADIAS

Le Drone Peine à Décoller en Belgique

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Claquement de sabots sur les pavés, rafales de tam-bours, oranges dans les airs, on ne s’y trompe pas, le carnaval de Binche bat son plein. Ce folklore est immuable, mais cette année une nouveauté est visible dans les airs. Si les spectateurs guettent le ciel, ils peuvent apercev-oir un engin volant à plusieurs hélic-es. Cet objet d’un nouveau genre permet à la police fédérale de veiller au bon déroulement du Carnaval. Son nom ? Le drone civil. Il est de plus en plus utilisé en Belgique non seulement par des instances telles que la police, mais surtout par des entreprises. La plupart de celles-ci se spécialisent dans les prises de vue aériennes, les tournages de films ou des publicités, les photos de mariage, le suivi d’évènements, etc. Le drone

permet de filmer ou de photographi-er dans des endroits difficiles d’accès.

Quelles sont ces entreprises belg-es qui se spécialisent dans l’utilisa-tion des drones ? Quelle est la lég-islation en place sur le territoire ? Quelles sont les appréhensions des autorités? En plus des entreprises, des particuliers s’intéressent aussi à cette technologie. Qu’ils soient du nord ou du sud du pays, ces amateurs considèrent désormais le drone com-me une passion. Qui sont-ils et com-ment expliquent-ils le succès crois-sant de celui que l’on surnomme le “faux bourdon” ?

D’où vient le drone ? Lors de la Seconde guerre Mon-

diale, les avions d’observation sub-issent de lourdes pertes. Celles-ci émettent alors l’idée de créer un en-gin d’observation militaire sans éq-uipage à bord. Lors de la guerre du Vietnam, les américains font appel à cette nouvelle technologie pour localiser les rampes de lancement de missiles soviétiques. A l’image du Vietnam, les drones apparaissent dans de nombreux conflits armés

: Corée, Irak ou encore Guerre de Kippour…

Longtemps assigné à des missions de surveillance, de renseignement ou de combat, son application civile est bien plus récente.

Le drone civil, bientôt domes-tique ?

Une révolution est en marche et pour cause ! Les drones civils in-vestissent de nombreux secteurs : l’agriculture, le cinéma, la publicité, l’étude des catastrophes naturelles, la sécurité (Coupe du Monde 2014) et même la restauration (livraison de pizzas). Le marché des drones civils pourrait s’avérer porteur dans les prochaines années à condition que la sphère législative de chaque pays autorise ces diversifications.

Mais de plus en plus d’amateurs acquièrent également un drone chez eux. L’arrivée des chinois sur le marché de la fabrication a permis d’en démocratiser le coût. Cepen-dant, il est difficile, à l’heure actuelle, d‘estimer le nombre de propriétaires de drones domestiques en Bel-gique.• C.J

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Il tente d’investir le ciel belgeLe drone fait peau neuve. Après un passé militaire, le drone civil se diversifie dans différents secteurs. Cet appareil sans pilote booste la créativité des industriels dans le monde. La Belgique suit la tendance et donne une impulsion “noir jaune rouge” à l’appareil.

Dossier réalisé par Hélène Herman, Charlotte Jauniaux, Zoé Kavvadias et Manon Lesoile

ENVOLÉE Muni d’un appareil photo, le drone capte la Belgique vue du ciel

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Qu’est-ce qu’un drone ?

Défini comme un aéronef (appareil à ailes fixes évoluant dans le ciel) télécommandé, le drone n’a ni de pilote, ni d’équipage à son bord. Il est aussi souvent appelé UAV (Unmanned Aerial Vehicle). Le mot drone est d’origine anglaise, il signifie «bourdon», ou «bourdonnement». Ce terme fait référence au bruit que font certains d’entre eux en volant.

Le drone peut être piloté à distance à l’aide d’un iPhone, d’un iPad et d’un transmetteur. Il peut porter une charge tels que des appareils photos ou des caméras. En fonction du type de caméra ou d’appareil photo qu’il porte, le nombre d’hélices, la taille, et la puissance du drone change. Une caméra amateur est beaucoup plus légère qu’une caméra thermique par exemple, qui pèse deux kilos.

Il existe deux catégories de drones : les autonomes qui ne demandent pas l’assistance d’un pilote au sol et, ceux qui requièrent l’assistance d’un pilote au sol pour les phases d’atterrissage ou de décollage. • C.J

Le drone, une vocation à plein temps

Des images d’avions, des maquettes d’ailes posées sur les meubles, des photos d’enfants dans l’antre d’un cockpit, sans aucun doute, le pied-à-terre d’un pilote. Si Jean-François Blockmans est effectivement pilote de jets privés la journée, quand il rentre chez lui, c’est le drone qui prend le dessus.

Pour un amateur d’aéromodélisme comme lui, le drone est une suite logique à sa passion pour l’aviation. Son nez collé à la fenêtre, il épie le ciel pour espérer voir son drone voler. Malheureusement pour cet optimiste, la météo belge est lunatique.

Agacé par la pluie, il attend le bon moment. Alors quand une éclaircie perce, Jean-François Blockmans se met en route en deux temps trois mouvements, gilet fluorescent au dos, manettes en mains. Et là pour ce passionné, c’est un moment de pure de détente, mais surtout d’extase. Il allume son jouet et le drone s’illumine de couleurs les plus scintillantes les unes que les autres.

Malgré sa petite taille, il est immanquable. L’objet semblable à un « Playmobil » géant semble si léger. On aurait presque peur qu’une simple bourrasque de vent l’emporte. Hélices en rotation à tout à l’allure, le bourdonnement de l’appareil, pourtant assourdissant, n’effraye plus les voisins du passionné des drones. Ceux-ci ont bien été obligés de s’accommoder de cet appareil. Le drone prend de la hauteur en quelques minutes pendant lesquelles les cheveux des spectateurs s’ébouriffent. Très vite, le drone flirte avec les pylônes à haute tension qui jalonnent la route. Le regard toujours en direction de son drone, Jean-François manie avec délicatesse les commandes. Les gestes sont précis, mais attention il ne faut pas être brusque.

Le vol terminé, le pilote rentre rapidement son jouet si précieux. Mais une fois à l’intérieur, la passion continue. Jean-François surfe sur les sites de ses concurrents, nombreux à se lancer en même temps que lui sur le marché. Il envisage même de lancer une école de dronistes.

Pour les futurs apprentis, il faudra apprendre le jargon mais aussi la gestuelle technique nous confie le pilote. Le soir, lorsque Jean-François allume sa télé, c’est encore et toujours les drones qui attisent sa curiosité. Comme une groupie, il enregistre chacun de leur passage. Au-delà d’une technologie et d’un marché, le drone c’est aussi une vocation à plein temps ! • C.J

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Un vide juridique dérangeantIl n’y aujourd’hui aucune législation belge régissant l’usage des drones.Un arrêté royal est en cours de préparation par la Direction Général du Transport Aérien (DGTA). Il devrait être publié dans les mois à venir…

Acheter un drone à des fins pure-ment récréatives, c’est légal. Mais seulement si vous le faites voler chez vous ou sur un terrain d’aéromodélisme. Les photos d’évènements sportifs sont aussi admises.

L’utilisation de drones à des fins commercia-les, c’est par contre une autre histoire. « Au-jourd’hui, pour faire simple, tout est interdit » déclare James Abrahams, co-fondateur de la société S.V.A Belgium. L’arrêté royal de 1954 stipule que pour faire voler un appareil aéro-nautique il faut un certificat de navigabilité. Ce certificat n’est délivré que s’il y a un pilote à bord de l’appareil. Ce qui est évidemment au contraire du principe même

du drone.Ces certificats de navigabilité sont remis par la Direc-

tion Générale du Transport Aérien qui dépend du Ser-vice Public Fédéral Mobilité et Transports. La DGTA rédige en ce moment un arrêté royal pour réglementer l’utilisation des drones civils. Vasantha Fagard, porte-pa-role du SPF Mobilité et Transports, explique que cet ar-rêté reprendra « les conditions sous lesquelles les drones peuvent voler : conditions de certification des entrepris-es, formation des pilotes, accès à des zones spécifiques, conditions techniques,… ». Cependant, la DGTA refuse de donner plus de détails sur son contenu ou sa date de

parution.En attendant l’arrêté royal, le seul

moyen de faire voler un drone sans être dans l’illégalité est de demander une dérogation auprès de la DGTA, d’avoir l’accord de la commune et du propriétaire du terrain survolé. Ob-tenir cette dérogation peut prendre 3

à 4 semaines. Pas étonnant donc que dans la pratique, beaucoup des personnes fassent voler des drones dans l’illégalité. • H.H

«Aujourd’hui, pour faire

simple, tout est interdit»

Entretien réalisé par H. Herman

Quels sont les critères pour obtenir une dérogation pour effectuer un vol de drone?Plusieurs critères sont pris en compte : la taille et le poids du drone, le genre d’engin, les zones de vol, etc. Le principal souci est la sécurité. On vérifie que le drone soit un modèle connu, pas un jouet chinois qui risque de casser et tomber sur un passant. Ces dérogations sont souvent limitées à des vols test.Quelles sont les sanctions possibles pour un vol sans autorisation ?Au niveau pénal, la personne

peut écoper d’une peine de prison allant de 8 jours à un an. En ce qui concerne le civil, l’amende varie de 100

à 5000 euros. Mais c’est théorique, à ma connaissance il n’y a jamais eu de cas en Belgique.Qu’en est-il de la protection de la vie privée ?Il n’y a aucune règle spécifique sur

les drones. Il faut dès lors s’intéresser aux lois belges sur la vie privée. Lorsqu’on lit la loi « caméra » du 21 mars 2007, on en conclut qu’un drone peut être assimilé à une caméra. Les lois utilisant le terme « caméra » peuvent être alors transposées aux drones.

3 questions à Alexandre CassartAvocat au Barreau de Liège et inscrit au Barreau de Charleroi, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle, des technologies avancées et de la construction.

LOI Un arrêté royal va légiférer l’utilisation du drone civil. La DGTA est aux commandes

PHOTO DE ALEXANDRECASSART.BE ZO

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Et chez nos voisins?C’est sûr, le secteur du drone a investi le marché européen. Ses applications commerciales sont multiples et variées. Pourtant, la législation européenne n’est pas encore au point : l’Europe tarde à légiférer l’utilisation des drones civils. Seule la France fait figure de pionnière en la matière. D’ailleurs, la plupart des pays européens suivent l’exemple français.

L’Europe est sérieusement en retard sur cette question. Selon Eurocontrol – organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne - seuls quatorze des vingt-huit Etats membres ont adoptés une législation spécifique aux drones civils.

En Belgique, aucune loi n’a encore été créée pour lé-giférer l’utilisation des drones civils en particulier. Mais comment cela se passe-t-il chez nos voisins ?

Avant-gardiste, la France est le premier pays au monde à avoir autorisé les drones civils. L’utilisation de ceux-ci est encadrée par un arrêté ministériel du 11 avril 2012 de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). La loi est assez restrictive et ne permet pas à tout le monde de s’improviser pilote. Cet arrêté a servi d’exemple pour de nombreux pays européens.

Cette réglementation distingue d’une part les dif-férentes sortes de drones télépilotés selon leur modèle et leur poids. D’autre part, ce sont les différents scenarios de vols qui sont catégorisés. En effet, les utilisations des

drones civils peuvent aller du simple vol où le pilote ne perd pas le drone de vue jusqu’au vol en immersion où le drone peut-être piloté sur de très longues distances.

En France, les drones doivent aussi être enregistrés, identifiés et équipés d’un parachute pour limiter l’im-pact, en cas de perte de contrôle.

Le pilote doit avoir suivi un ensemble de cours de pilot-age, et doit montrer ses compétences de vol à un membre de la DGAC. Les vols doivent être déclarés à l’avance et décrits dans un carnet de vol.

La loi allemande est beaucoup moins rigide. Elle précise uniquement que les modèles pilotés à distance doivent avoir un poids maximum de 25 kilos, voler à moins de 100 mètres et être utilisés pour un usage strictement sportif ou récréatif.

Au Luxembourg, il n’existe pas non plus de législation particulière. Les vols de drones nécessitent une autori-sation de la Direction de l’Aviation Civile. L’autorisation doit être demandée pour chaque vol effectué et est bien souvent monnayée.

Il y a donc une absence de législation harmonisée en Europe, ce qui complique un peu les choses.

Le 20 juin 2013, la Commission européenne a publié une feuille de route pour l’établissement d’une régle-mentation commune des drones civils en Europe. La Commission espère qu’elle rentrera en vigueur à partir de 2016. D’ici là, il y a fort à parier qu’on verra de plus en plus de drones dans le ciel européen. • Z.K

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CARTE À côté du vide légilsatif belge, les lois concernant les drones civils dans nos pays voisins divergent.

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6 // SociétéBelgiqueMICHAEL MAES

« Les entreprises qui exercent une activité commerciale sont souvent dans l’illégalité »Michael Maes, président de BeUas (l’association belge de l’aviation télépilote), plaide pour une législation spécifique pour les drones civils utilisés à des fins commerciales.

Entretien : Manon Lesoile

Depuis quelques années, le secteur du drone est en pleine expansion. Mais le vide juridique autour de son utilisation commerciale est un frein au développement de son indus-trie. En 2011, les entreprises belges qui utilisent des drones civils ont donc déci-dé de se rassembler en une ASBL pour se faire entendre.

Les entreprises faisant partie de BeUas veulent légiférer sur l’utilisation des drones civils. Dans cette perspective, quelle est l’utilité d’une telle ASBL?a Au départ, c’est Melchior Wa-thelet, secrétaire d’Etat à la Mobilité, qui voulait un point de contact avec l’industrie du drone. Avec BeUas, les entreprises belges s’expriment d’une seule voix et ont des représentants officiels pour discuter des questions qui les préoccupent. Les membres de BeUas sont régulièrement informés des avancées législatives pour l’util-isation commerciale des drones. En plus, l’ASBL participe à un groupe de travail au niveau européen.

Pour le moment, il n’y a pas de législation concernant les drones en Belgique. Cela nuit-t-il à vos activités ?a Oui. Parce que pour l’instant, on ne peut rien faire de commercial. On ne peut utiliser les drones que pour des tests, la recherche et le dével-oppement, les démonstrations et

l’entraînement. Les entreprises qui exercent une activité commerciale sont donc souvent dans l’illégalité. Par exemple pour faire des photos d’un mariage, il faut que les photos faites par les drones ne soient pas ré-munérées et qu’elles soient réalisées sur un terrain d’aéromodélisme. On ne peut pas filmer ou faire des photos de la sortie de l’église.

Est-ce que certaines compagnies ont déjà eu des ennuis judici-aires ?a Il y a eu un cas dans les Ardennes. Un journaliste de Sudpresse a volé au-dessus du domaine royal. La reine Paola a alerté la police fédérale. En décembre, il y aussi eu un incident lors d’un gros accident sur l’au-toroute. La presse voulait faire des photos et des films. Mais une zone était interdite de vol à cause des héli-coptères médicaux et de police. Un drone n’a pas respecté la consigne et a interrompu les opérations. Comme la compagnie faisait partie de nos membres, l’assemblée générale de BeUas a décidé de l’exclure. Notre association travaille pour trouver une législation : nous n’acceptons donc pas ce genre de comportement.

Un arrêté royal va bientôt paraître pour règlementer l’us-age des drones civils. Cette nou-velle législation, c’est une bonne ou mauvaise chose selon vous ?a Pendant un an et demi, nous avons essayé de faire un texte lég-islatif. Nos membres avaient fait beaucoup de concessions et nous nous étions calqués sur les textes eu-ropéens en matière d’aviation. Euro-control avait accepté ce texte et nous avions trouvé un compromis avec la DGTA (Direction Générale du

Transport Aérien). Mais en été 2013, la Défense et Belgocontrol ont refusé ce texte. Ils ont fait des changements sans nous consulter. Avec ces me-sures, nous n’avons aucune chance de rentrer dans l’espace aérien. L’indus-trie du drone n’est donc pas satisfaite de la nouvelle législation.

Pourquoi la Défense et Bel-gocontrol ont-ils refusé la première version du texte ?a Par exemple, selon la loi eu-ropéenne, la hauteur minimale pour un avion est de 500 pieds (150 mètres). BeUas voulait utiliser ces 500 pieds pour nos activités puis-qu’en principe il n’y a pas d’avion dans cette zone-là. Or, en Belgique, il y a des exceptions à cette règle. La Défense veut nous empêcher de vol-er à plus de 200 pieds au-dessus du sol. Mais, pour certaines entreprises, la hauteur minimale est de •••

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250 pieds. La Défense et Bel-gocontrol disent aussi qu’on ne peut pas voler dans les espaces aériens contrôlés, c’est-à-dire les alentours des aéroports et des aérodromes militaires. Ces zones représentent un cinquième de la Belgique et ce sont des zones à grand potentiel économique. Toutes ces dispositions avantagent fortement la concurrence

étrangère.

Vous ne participez pas à l’élabo-ration de l’arrêté royal…a C’est le gros problème. La défense et Belgocontrol pensent que l’espace aérien leur appartient. Ils n’ont pas compris que des groupes comme nous existent. Il n’y a pas de dialogue possible avec eux pour le moment.

Mais BeUas agit. Il y a une grosse pression politique pour changer cet état d’esprit. On communique aussi beaucoup sur le sujet. D’ailleurs, la Défense ne se montre pas particu-lièrement enchantée des articles que nous avons postés sur notre site web. Au final, le but est d’avoir un bon ar-rêté royal pour les entreprises com-merciales de drones.

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FOCUS Le drone dans l’industrie du cinéma

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Avide d’innovations, Philip Mahieu a toujours cherché à travailler avec les dernières technologies. Il y a trois ans Philip se rend au salon 3D Stereo Media à Liège. C’est alors qu’il tombe en admiration pour une technologie peu commune : le drone. Ce nouveau marché se prête à merveille à ses activités de l’époque. Sa société, Athalys (maintenant devenue TSFBE), propose des prestations de services pour les sociétés de production. Le drone civil est un outil révolutionnaire pour les captations cinématographiques. La prise de vue aérienne devient abordable et ajoute une plus-value au produit audiovisuel.

Philip Mahieu propose ses services à plusieurs évènements. D’abord, l’émission de la RTBF « Ma Terre ». L’émission fait voyager le spectateur à travers la Wallonie. Selon ce professionnel de l’industrie du cinéma, « des chefs-d’œuvre du patrimoine belge ont été survolés et immortalisés par le drone ».

Philip a également réalisé en partie le film publicitaire du Festival International du Film Francophone de Namur de 2012. Les drones d’Athalys ont photographié la gare Liège-Guillemin de nuit avec une vue imprenable prise du ciel. • Z.K

Les membres de BeUas se réunissent régulièrement pour discuter de leur profession. L’association des dronistes belges a commencé avec 15 compagnies. Aujourd’hui, ils sont une cinquantaine de membres.

TSF fait un vol de démonstration avec son drone Zoom sur le drone aux couleurs de la société

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Les obstacles à la commerciali-sation du drone en BelgiqueLa Belgique est à la traîne par rapport à ses pays voisins dans le développement de l’industrie des drones. Trois causes : l’absence de législation, la mauvaise météo et le manque d’entreprenariat des belges. Le coût des drones n’est par contre pas un problème, puisque cela revient moins cher que les services d’un hélicoptère.

La Belgique a du retard sur les Etats-Unis et ses pays voisins au niveau du développement des drones, et ce pour trois raisons principales. La première, est l’absence de législation. Il est dès lors compliqué pour une entreprise de se lancer sur un marché, en sachant qu’elle sera soit dans l’illégalité, soit qu’elle devra entreprendre des démarches compliquées pour obtenir des autorisations.

La deuxième est le manque d’entreprenariat des belges. James Abrahams, qui a ouvert en 2011 une société de drones, S.V.A Belgium, déplore cette attitude : « Il y a un potentiel énorme mais la Belgique est terriblement en retard. Il faut que les mentalités changent. Les gens doivent être entrepreneurs, oser aborder quelque chose de nouveau. Il m’est arrivé plusieurs fois de répondre à des demandes d’entreprises intéressées par mes services, qui ne m’ont ensuite plus jamais donné de nouvelles ». Jean-François Blockmans, qui a lancé l’entreprise Belgian Drone Service il y a quatre mois, explique que « les gens ne connaissent pas les drones. Il faut donc du concret, qu’ils visualisent ce qu’on peut faire ».

Enfin, la météo belge pose également problème. Les drones professionnels ne peuvent voler s’il pleut ou s’il y a trop de vent. Ces conditions climatiques sont malheureusement très fréquentes dans notre belle contrée. Les entreprises de drones ne peuvent s’engager pour certains évènements à cause d’une pluie éventuelle. « Spa Francorchamps m’a demandé de filmer mais s’il pleut et s’il y a trop de vent, on ne vole pas. J’ai donc dû refuser » raconte James Abrahams.

C’est pourquoi certaines entreprises basées en Belgique comme par exemple Flying-Cam qui a notamment reçu l’Oscar scientifique de l’Académie des Arts et des Sciences

du Cinéma ou Gatewing, ne tournent qu’à l’étranger.

Un problème de coût ?On pourrait penser que les belges sont réticents à cause

du coût des drones. Le tarif dépend évidemment de la prestation. L’entreprise Belgian Drone Service demande par exemple 160 euros pour un film de 5-7 minutes lors d’un évènement, ainsi que pour 5 photos aériennes. « Pour une demi-journée cinématographique on tourne autour des 2000-2500 euros », nous fait part le co-fondateur de S.V.A Belgium. Tout se fait par devis personnalisé. Cependant, l’usage d’un drone est moins cher que celui d’un hélicoptère. Jean-François Blockmans explique que « si vous louez un hélicoptère pour faire un film de 5-10 minutes cela vous coûtera entre 500 et 1000 euros. Alors qu’avec un drone cela coûte entre 400 et 500 euros pour la journée. »

N’importe qui peut acheter un drone sur internet, pour 200-300 euros. Un drone à usage professionnel peut coûter jusqu’à 20.000 euros. Mais pourquoi une telle différence de prix ? James Abrahams, explique que les drones professionnels « sont plus stables, plus sophistiqués, plus grands, plus performants. Quand vous devez faire un film pour une société de production, seuls les drones professionnels les intéressent parce qu’ils ont des cahiers des charges pour passer à l’antenne ou au cinéma. »

Quel futur pour le drone belge ?Pour espérer un avenir serein, le drone devrait survoler

ces obstacles. Les industriels belges pourront rêver que cette technologie immortalise notre quotidien... • H.H

S.V

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VUE DU CIEL Le drone est aussi souvent utilisé pour immortaliser les batiments historiques.