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REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS FIPF N° 381 MAI-JUIN 2012 // MÉMO // Découvrir Madrid en français avec les classes du patrimoine Le plurilinguisme en action au Liban // MÉTIER // À Bombay, l’art et le français pour bousculer les idées Cocteau côté Côte à Menton // ÉPOQUE // Scène politique : discours, images et récits Le Havre vu de Finlande par Kaurismäki Mabanckou : un romancier congolais qui connaît la musique // DOSSIER //

Le français dans le monde N°381

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Numéro de mai-juin 2012 de la revue Le français dans le monde

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CLE International

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81ISSN 0015-9395ISBN 978-2-090-37068-3

9 782090 370720www.fdlm.org

REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAISFIP

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ISSN 0015-9395ISBN 978 209 037 074 4

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REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAISFIP

F

N° 381 MAI-JUIN 2012

// MÉMO //

Découvrir Madriden français avec lesclasses du patrimoine

Le plurilinguisme en action au Liban

// MÉTIER //

À Bombay, l’art et le françaispour bousculer les idées

Cocteau côté Côte à Menton

// ÉPOQUE //

Scène politique :

discours, images et récits

Le Havre vu de Finlande par Kaurismäki

Mabanckou : un romancier congolaisqui connaît la musique

// DOSSIER //

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*Le "Label des Labels" récompense les méthodes pédagogiques les plus innovantes en matière d’apprentissage et d’enseignement des langues étrangères, parmi toutes celles qui ont reçu le

"Label Européen des Langues" (initié par la Commission européenne) depuis 10 ans.

"7 Jours sur la planète" a reçu le "Label Européen des Langues" en 2006.

L’émission de TV5MONDE

"7 JOURS SUR LA PLANÈTE" pour apprendre le français avec l’actualité internationale

LAURÉATE 2012 du

"LABEL DES LABELS"*

www.tv5monde.com/7jours

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ÉPOQUE4. PortraitJean Dujardin, « Jean de la lune » devenu étoile à Hollywood

6. TendanceDu haut de ces stilettos

7. ExpositionCocteau côté Côte à Menton

8. ÉconomieVers une France sans industrie ?

10. Regard« Avoir deux langues n’est pas un problème »

12. SportAu nom du père et du fils

13. ÉvènementGrands chefs et designers : des outils tip top

14. Portrait de francophoneSumesh, l’art et le français pour bousculer les idées

MÉTIER18. L’actu

20. FocusLes TIC au service de l’enseignementdes langues

22. Mot à motDites-moi Professeur

24. ClésLa notion d’oral

26. ExpérienceClasses du patrimoine : pratiquer le françaisautrement

28. ZoomIl était un petit navire…

Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org

Le français dans le monde // n° 381 //mai-juin 2012 1

SommaireMétier / Reportage

30. Savoir-faireEt si on passait au plurilinguisme en action ?

32. EnquêteLangues du monde : inventaire avant disparition

34. ReportageIci Londres : les francophones fêtent le français

36. InitiativeRenouveler la pédagogie du français avec les médias

38. InnovationLa révolution EuRom5

40. RessourcesInternet au secours des cours sans manuels

Les fiches pédagogiques à télécharger

Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel–Hovelacque – 75013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Rédacteur en chef Sébastien Langevin Conseiller de la rédaction Jacques Pécheur (Institut français) Lecture/correction Anna Sarocchi – Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0412T81661. 51e année. Imprimé par IME, Baume-les-Dames (25 110). Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Valérie Drake, Pascale de Schuyter Hualpa, Sébastien Langevin, Chantal Parpette, Manuela Pinto, Nathalie Spanghero-Gaillard. Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Jean-Marc Berthon (MAEE), Jean-Pierre Cuq (FIPF),Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5), Xavier North (DGLFLF), Soungalo Ouedraogo (OIF), Jacques Pécheur (Institut français),Nadine Prost (MEN), Madeleine Rolle-Boumlic (FIPF), Vicky Sommet (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).

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MÉMO58. À écouter 60. À lire64. À voir

INTERLUDES2. GrapheÉtrange

16. PoésieArthur Rimbaud : « Roman »

42. NouvelleGuy de Maupassant : « Le Papa de Simon »

56. BDKak : « Espace à faire »

66. JeuxJean-Jacques Rousseau

Dossier

● Économie : Vers une France

sans industrie ?

● Exposition : Cocteau côté

Côte à Menton

● Clés : La notion d’oral

● Poésie : « Roman »

●Reportage : Ici Londres :

les francophones fêtent

le français

● Enquête : langues du monde,

inventaire avant disparition

● Tests et jeux

fiches pédagogiques à télécharger sur :www.fdlm.org

numéro 381

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34

Scène politique : discours, images et récits« Campagne électorale 2012 : le triomphe des sujets-minute »..48La fabrique des images..............................................................50Aymeric, jeune militant socialiste, entre idéalisme et réalisme.52Le cinéma français reprend le pouvoir ......................................54

Ici Londres : les francophonesfêtent le français

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interlude //

2 Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

Le « plus » audio surwww.fdlm.orgespace abonnés

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« L’humour : l’ivresse de la relativitédes choses humaines ; le plaisirétrange issu de la certitude qu’il n’y apas de certitude. »Milan Kundera, Les Testaments trahis

« Le monosyllabe a une étrange capacité d'immensité :mer, nuit, jour, bien, mal, mort, oui, non, dieu. »Victor Hugo

« Comme ce serait étrangesi les enfants connaissaientleurs parents tels qu'ilsétaient avant leurnaissance, quand ilsn’étaient pas encore des parents mais toutsimplement eux-mêmes. »Patrick Modiano, Une Jeunesse

« C’est étrange que certains commettent des délitsquand il y a tellement defaçons parfaitement légales d’être malhonnête. »Georges Courteline

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3Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

ÉTRANGE

« Le vent laisse d'étrangestraînées sur le quai de noscertitudes. »Hubert-Félix Thiéfaine, « Les Filles du Sud », Suppléments de mensonge

« Étrange chose quel’homme qui souffre veuillefaire souffrir ce qu’il aime ! »Alfred de Musset, La Confessiond’un enfant du siècle

« Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,Des divans profonds comme des tombeaux,Et d’étranges fleurs sur des étagères,Écloses pour nous sous des cieux plus beaux. »Charles Baudelaire, « La Mort des amants », Les Fleurs du Mal

« Ici la lumière est belle, très dure. Le ciel bleu est immense, marqué de traits blancs étrangeslaissés par les avions de la stratosphère. »Jean-Marie Gustave Le Clézio, « Le jeu d'Anne », La Ronde et autres faits divers

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. »Paul Verlaine, « Mon Rêve familier », Poèmes saturniens

« L’intelligenceconsiste à ne jamaisse laisser toucherpar les étrangesconsidérationsintimes qui ruinentparfois la vie des moindres. »Monique Larue, Les Faux-fuyants

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époque // Portrait

4 Le français dans le monde // n° 381 //mai-juin 2012

L ’école mène à tout, àcondition d’en sortir.Telle pourrait être ladevise de Jean Dujar-din, le premier comé-

dien français à avoir reçu l’Oscar dumeilleur acteur. De ce dicton bienconnu, Dujardin n’a longtemps re-tenu que la deuxième partie. Il n’a jamais cherché à poursuivre au-delàdu baccalauréat des études qu’iln’avait sans doute guère envie de rat-traper. Il aurait peut-être continuédans cette voie si l’Éducation natio-nale avait reconnu à sa juste valeurl’un de ses meilleurs atouts : la capa-cité à rêver. Du rêve au talent d’ob-servation, et de l’observation à la fa-culté d’imitation, il n’y a qu’un pas.D’ailleurs, il remporta un jour le prixde… l’observation, justement. Cen’était certes pas sur une scène

d’Hollywood mais à l’école mater-nelle. Néanmoins, cela augurait déjàd’une carrière d’acteur, même si sesparents lui imaginaient sans douteun autre destin professionnel.Au départ, Jean Dujardin n’est que lepetit dernier de quatre frères. Sesaînés sont passionnés de rugby. Ilcomprend vite qu’il ne les suivra pasdans cette voie. On dit d’un footbal-leur maladroit qu’il a les pieds carrés.Lui aurait plutôt les mains carrées, cequi est gênant pour jouer au ballonovale. Ses trois frères gardent lespieds sur terre, mais le petit Jean,surnommé « Jean de la lune », est dugenre à avoir la tête dans les étoiles.S’il aime le dessin, il est pourtantbien en peine de se dessiner un ave-nir. « J’étais très bien dans mon petitmonde », a-t-il déclaré dans le quoti-dien Le Monde du 28 février 2012, aulendemain de son sacre hollywoo-dien. « J’observais, je dessinais. À la

devenu étoile à HPar Christophe Quillien

Jean Dujardin, « Jean de la lune »

Jean Dujardin en 6 dates1972 : Naissance à Rueil-Malmaison(Hauts-de-Seine)1999-2003 : Un gars, une fille2005 : Brice de Nice, le film2006 : OSS 117 : Le Caire, nid d’espions2011 : The Artist ; Prix d’interprétationmasculine au Festival de Cannes2012 : Oscar du meilleur acteur

Après avoir remporté six Césars, The Artista conquis Hollywood. Le film gagne cinq Oscars,dont celui du meilleur acteur pour Jean Dujardin.

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Premier Français sacrémeilleur acteur par

l’Académie des Oscars, JeanDujardin a toujours été un

doux rêveur. Mais c’est sacapacité à faire rire qui asurtout séduit le cinéma.

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fin de l’année, j’imitais les profs. Laclasse riait et j’étais content. Tout ceque je savais faire, c’était jouer. »

Le théâtre pour commencerÀ l’école, il peut mieux faire. Dans lemonde du travail, les perspectives nes’annoncent guère glorieuses. Sesdébuts professionnels comme ap-prenti serrurier dans l’entreprise pa-ternelle ne lui ouvrent pas les portesd’une carrière brillante. Tout n’estpas perdu : il lui reste la comédie. Ça,Jean Dujardin sait faire. Il a hérité desa famille le goût de la « tchatche »,la capacité à chambrer et unegouaille naturelle, de celles qui for-gent la légende des troisièmes mi-temps chères aux amateurs derugby. Au passage, il est d’ailleursamusant de relever que Jean Dujar-din a été distingué par l’Académiedes Oscars pour un rôle muet…C’est l’armée qui déclenche tout.

Enfin, pour être précis, le service mili-taire. Ce rituel bien connu des jeunesFrançais, jusqu’à sa suppression en1996, permet à Jean Dujardin deprendre pleinement conscience de sestalents d’amuseur. À la caserne, entredeux corvées, le soldat Dujardin ren-contre d’autres apprentis comiques.Ensemble, ils décident de se lancer,sinon dans la carrière des armes, dumoins dans celle de l’humour. Une ac-tivité bien moins dangereuse pour au-trui, même s’il paraît que l’on peutmourir de rire. Il monte une petitetroupe baptisée La bande du Carréblanc, clin d’œil au café-théâtre pari-sien du même nom où elle prend l’ha-bitude de se produire. C’est l’époquedes premiers passages à la télévision.

La notoriété grâce à InternetStar, Jean Dujardin ne l’est pas en-core. Mais cela ne va pas tarder. Et cene sera pas grâce au cinéma, mais

plutôt grâce à Internet. Il faut vivreavec son époque. Il imagine le per-sonnage de Brice de Nice. Un surfeurun tantinet débile, reconnaissable à son tee-shirt jaune et à ses longs cheveux blond filasse, dont le butdans l’existence est de « casser » sescontradicteurs. Autrement dit, de leslaisser sans voix grâce à une phraseassassine à laquelle ils ne sauront pas quoi répondre, ponctuée d’un« cassé ! » en forme de cri de victoire.Les enfants et les ados en raffolent.La réplique « cassé ! » (prendre soinde traîner sur le « a », comme dans«  caaassé  »), accompagnée d’ungeste de la main éloquent, devientculte dans les cours de récré. Le« buzz » se développe grâce aux vi-déos diffusées sur Internet, avantque Dujardin n’interprète son per-sonnage dans un film sorti en 2005. Entre-temps, en 1999, il est devenuChouchou dans la série télévisée Un

gars, une fille. Alexandra Lamy jouele rôle de Loulou. Chaque soir surFrance 2, juste avant les infos, ils for-ment un couple aux prises avec lequotidien, avant de former bientôtun couple dans la vraie vie. Des en-gueulades aux câlineries, de la viesociale aux galères quotidiennes,Chouchou et Loulou font rire en ten-dant au téléspectateur le miroir de sapropre existence. Dujardin incarne àmerveille le trentenaire mi-macho,mi-ado. Un personnage coincé entrela sécurité rassurante du couple et latentation de l’éternel célibataire quirêve toujours de sortir en boîte avecles copains ou de draguer la nouvelleassistante au bureau.

Une carrière sur grand écranMais le petit écran se révèle bientôttrop étroit pour lui. Le cinéma lui faitles yeux doux. Jean Dujardin s’im-pose naturellement comme l’un desacteurs emblématiques de sa géné-ration, sans rien perdre de sa décon-traction naturelle. À l’aise dans lerôle de Lucky Luke comme danscelui du publicitaire de 99 francs, ilest séduisant et chaleureux, phy-sique et spontané. Et drôle, bien sûr,comme dans les deux interpréta-tions parodiques d’Hubert Bonisseurde La Bath, alias OSS 117, que Mi-chel Hazanavicius, futur réalisateurde The Artist, campe en espion fran-chouillard bêta. Ce qui n’empêche pas Jean Dujardin,authentique acteur complet qu’il se-rait dommage de cantonner à desrôles de comique, de tâter de la co-médie dramatique sous la directionde Nicole Garcia, qui réussira à lefaire pleurer à l’écran dans Un balconsur la mer. En juin 2013, l’acteur entrera dansles pages du dictionnaire Le Robert.À la lettre « D », comme Dujardin.Mais il aurait aussi bien pu êtreclassé à la lettre « U », comme « Ungars qui a su rester simple ». ■

Hollywood

« Jean Dujardin est devenurapidemant l’un desacteurs emblématiques de sa génération.»

Il a interprété deux fois le rôle de OSS 117,Hubert Bonnisseur de La Bath.

Jean Dujardin et Alexandra Lamy, un couplede télévision devenu réalité.

© The Kobal Collection

© Stephane Cardinale/People Avenue/Corbis

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époque // tendance

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Du haut

Les pieds et les jambes ont euune place centrale dans

la perception des femmesmodernes et sûres d’elles. D ix centimètres et un

peu plus. Dix centi-mètres et un peuplus qui changenttout. Le regard sur

le monde, le regard des autres, le re-gard sur soi. Dix centimètres et unpeu plus, c’est la norme qui trans-forme une banale chaussure à talonsen stiletto. Un stiletto qui peut arra-cher cette déclaration d’amour : nonplus, « J’ai deux amours, mon pays etParis » mais « J’ai deux amours, meschaussures et Paris ». Avec cet avan-tage de choix que ne manque pas de souligner Miss Nahn sur son blog « I love stilettos » : « Je combine mesdeux passions en promenant mes es-carpins partout dans la plus belle villedu monde : les rues, les allées, les mu-sées, les restaurants, les magasins, lescinémas, les théâtres, les bars de pa-lace… partout !!! ».C’est bien connu, quand on aime, onne compte pas et, côté stiletto, il fautbeaucoup aimer pour ne pas comp-ter : « Une paire par mois ou toutes les3 semaines… à la louche, avoue MissNahn qui ajoute « Je peux rester des

mois sans rien acheter et puis acheterquatre paires dans la même semaine.Une bonne shoe-addict quoi. »C’est ça le stiletto, ça vous rend shoeaddict ! Shoe addict d’un petit mot quivient de l’italien stilo, signifiant « petitcouteau » et qui met l’accent sur letalon aiguille vertigineux caractéris-tique de cette chaussure pour femme.Réservés aux fétichistes au début duXXe siècle, les stilettos ont gagné leurslettres de noblesse et ont trouvé leurplace dans les défilés de haute cou-ture, notamment grâce au créateuritalien Salvatore Ferragamo.

Une manière d’avancer dans la vieAujourd’hui, si l’on en croit les maga-zines de mode, le stiletto est devenul’une des chaussures les plus sexy,tout en donnant à celle qui le porteune allure chic et sensuelle et un pou-voir de séduction qui se révélera irré-sistible le soir venu... Bref porter desstilettos, c’est une question d’attitudeautant que d’habitude, une manièred’avancer dans la vie. Mais atten-tion ! Pas n’importe comment… per-chée onze centimètres au-dessus dusol, une démarche sûre, détendue,féminine et gracieuse, en un mot gla-

mour. Une recette en somme simple :une pointe de temps, un peu de souf-france, beaucoup de pratique… letemps d’un battement de cil pour dis-tinguer un port de reine. Un port dereine qui a ses princes : Manolo Blah-nik, Jimmy Choo, Louboutin et Pradaqui ont réussi à créer des œuvres d’artpour les pieds.Mais plus que des chaussures, les sti-lettos sont devenus un mode de vie :films, lignes de soins, ongles, mobi-lier… On les retrouve partout.Film : réalisé par Nick Vallelonga, le stiletto qui donne son nom au film sera bien sûr l’arme fatale qui n’est passans rappeler le pied-poignard de la caméra du Voyeur de Michaël Powell. Ongles aussi : avec le  nail art, les on-gles stilettos sont devenus LA nou-velle tendance ; une tendance « sor-cière » adoptée aussi bien par LadyGaga, Beyoncé que Blake Lively…Et jusqu’aux meubles mêmes dont ledesign emprunte au célèbre talon ver-tigineux. À voir la table stiletto du stu-dio Splinter Works : console, bureau,table à manger « reconnaissable à sasemelle polie et vernie en rouge, hom-mage à Laboutin bien sûr ». Le sum-mum de la féminité en somme ! ■

Par Jean-Jacques Paubel

de ces stilettos…

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Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

P uisque tous ces mystères me dépassent, feignonsd’en être l’organisateur. »Cette phrase des Mariés dela tour Eiffel, pièce écrite

en 1921, résume bien la fantaisie débri-dée, parfois teintée d’un certain mysti-cisme mythologique, de Jean Cocteau,touche-à-tout disparu en 1963. Poète,dessinateur et cinéaste, il refusa d’ap-partenir à une école, fût-elle surréaliste.Aujourd’hui, son souvenir est plus vi-vant que jamais grâce au musée ouverten novembre 2011 à Menton.

Vieille ville à l’italienneLes liens de Cocteau avec cette vieilleville à l’italienne étaient forts : un mini-musée, le Bastion, expose sa touchantesérie de peintures Innamorati. Par ail-leurs, il a peint et décoré la salle des ma-riages de la Mairie, prisée par de nom-breux jeunes mariés, notammentjaponais. Mais le réalisateur du Sangd’un poètea également été actif ailleurssur la Côte d’Azur. Notamment en pei-gnant entièrement une chapelle de pê-

cheurs à Villefranche-sur-Mer. Et Coc-teau a aussi orné de fresques les murset plafonds d’une jolie maison qui l’ac-cueillait à Saint-Jean-Cap-Ferrat : lavilla Santo Sospir de sa mécène d’alors,Francine Weissweiller. Alors pourquoiMenton pour le musée ? Parce qu’unjeune horloger belge, Séverin Wunder-man, adorait Jean Cocteau et accu-mula en soixante ans une collectionsans pareille. Au début des années2000, il cherche à l’exposer en Franceet s’entend avec le maire de Menton.

Wunderman cède par donation 990œuvres de Cocteau à la ville de Mentonqui en échange construit le muséeconçu par l’architecte Rudy Ricciotti.Depuis les premiers autoportraits desannées 1910 jusqu’à la période « médi-terranéenne » de la fin de sa vie, toutesles périodes y sont représentées.

Accrochages renouvelésCelia Bernasconi, jeune conserva-trice, s’enthousiasme pour le musée :« Il présente tableaux, dessins, céra-

miques, tapisseries, bijoux, photogra-phies, documents sonores, extraits defilms. Mais également 450 œuvres degrands maîtres de l’art moderne de sonentourage : Picasso, Modigliani, De Chi-rico, Miro, Foujita… Outre les chefs-d’œuvre représentatifs de ses facettesmultiples, la collection révèle aussil’homme grâce à de très nombreux por-traits et témoignages de ses amis ar-tistes. » Parmi lesquels le photographeLucien Clergue, qui envoya à Cocteauune photo par jour en 1956. Chaque automne, le musée présen-tera un accrochage renouvelé de 150à 200 œuvres valorisant la densitédune singulière œuvre plurielle. En2013, honneur à la villa Santo Sospir.Puis, anniversaire oblige, un spécialcinquantenaire de la mort du père desEnfants terribles prendra le relais. ■

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époque // exposition

Par Christophe Riedel

Musée Jean Cocteau, collection Séverin Wunderman, http://www.menton.fr, http://www.villasantosospir.fr. Et aussi « La Route Jean Cocteau » :http://www.le-sud-jean-cocteau.org.

© Musée Jean Cocteau Séverin Wunderman, avec l’aimable autorisation de M. Pierre Bergé, président du comité Jean Cocteau.

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La chambre de Diane de la villa Santo Sospir,à Saint-Jean-Cap-Ferrat.

Le musée Jean Cocteau, à Menton, est l’œuvrede l’architecte Rudy Ricciotti.

La Côte d’Azur a été le lieu de prédilection de nombreux

artistes du XXe siècle. Vallauris est la ville de Picasso,

Nice celle de Matisse, Biot celle de Fernand Léger.

Menton est devenue fin 2011celle de Jean Cocteau, artiste

polymorphe qui y créa à foison.

infos en +

La fiche pédagogiqueà télécharger sur :www.fdlm.org

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Vers une France sans iPar Marie-Christine Simonet

époque // économie

8 Le français dans le monde // n° 381 //mai-juin 2012

Même si quelques bastionsrésistent, dans le luxenotamment, les sites

industriels français fermentles uns après les autres. Le Québec, la Belgique

connaissent le mêmeproblème. Et, comme

la France, ils peinent à lerésoudre.

T rois ans. Trois petitesannées (2009, 2010,2011) au terme des-quelles 900 usines ontmis en France la clef

sous la porte et sur le carreau101 000 travailleurs. Faillites, délo-calisations... Le tissu industriel fran-çais s’est délité jusqu’à se réduire àpeau de chagrin. La crise de 2008 adonné un violent coup d’accélérateurau processus de désindustrialisation,dont les prémisses remontent au pre-mier choc pétrolier de 1973. Une vé-ritable saignée a été opérée dans l’in-dustrie automobile (30 000 postes enmoins durant cette période), ainsi

que dans des secteurs de pointe  :pharmacie, chimie, high tech... etmême cinéma. Le « fabriqué en France » a beau re-trouver les faveurs du public, les dé-localisations se poursuivent. L’indus-trie automobile (construction etassemblage) en est le symbole le pluscriant. En dix ans, la France a reculédu 4e au 10e rang mondial pour laproduction de voitures. La produc-tion nationale a chuté de près de

40 % entre 2005 et 2011, passant de2,8 millions de véhicules à 1,7 mil-lion (sur les 3,6 millions fabriquéspar PSA Peugeot-Citroën et Renault).L’industrie du cinéma tremble elleaussi sur ses bases. Thierry de Segon-zac, président de la Fédération des industries techniques du cinéma(Ficam), pointe la fuite des produc-tions vers des plateaux meilleur mar-ché : Belgique, Luxembourg, Europecentrale, Afrique du Nord. En 2011,un quart (en moyenne) de la produc-tion de films a été délocalisée. « Lesdélocalisations représentent 200 mil-lions d’euros de pertes en coûts de fabri-cation qui partent à 90 % en Europe etconcernent tous les postes : tournage,post-production, effets spéciaux… »

« La crise de 2008 adonné un violent coup d’accélérateur au processus dedésindustrialisation. »

En dix ans, la France a reculé du 4e au 10e rang mondial pour la production de voitures. Ici le site de Poissy, près de Paris.

© Julien Muguet/IP3

La fiche pédagogiqueà télécharger sur :www.fdlm.org

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industrie ?

9Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

Des moyens de lutte inefficacesLe coût du travail, la productivité(celle de la France est pourtant l’unedes meilleures au monde...) sontmontrés du doigt. Comment lutter ?Faut-il lancer, comme en 2009, une(inefficace) prime à la relocalisa-tion ? Baisser le coût du travail ? Tout aussi inutile, si l’on en croit leprofesseur d’économie Marie Coris,dans une tribune parue dans LeMonde. « À moins, écrit-elle, d’un trèssérieux alignement par le bas, d’uneprécarisation de l’emploi poussée àl’extrême, voire d’un recours auxformes illégales du travail, il n’y aaucun moyen de lutter contre les délo-calisations motivées par les différen-tiels de coût du travail. »

En outre, il ne faut pas confondre dé-localisation et désindustrialisation.L’Allemagne, tellement montrée enexemple, délocalise fortement chezses voisins de l’Est, ce qui ne l’em-pêche pas d’être elle-même un paysindustrialisé ! Les entreprises déloca-lisent là où le travail est moins cher,là où la consommation « est en pleinecroissance et le pouvoir d’achat en pro-gression », écrit Marie Coris. Mais àne voir que le coût du travail, « on ou-blie l’essentiel : notre manque d’inno-vation et la perte du support indispen-sable de la production à l’innovation ».Là serait donc le vrai motif de la dés-industrialisation. La part de la valeurajoutée de l’industrie manufacturièredans le PIB a reculé de 5,2 points, lors

de la dernière décennie, soit « plusde 100 milliards d’euros », a calculél’institut COE-Rexecode, alorsqu’environ 85 % de l’effort de re-cherche privée est réalisé dans l’in-dustrie. « Plus la base industrielle seréduit, moins le pays dispose d’atoutspour soutenir la recherche appliquée,générer des progrès techniques etcontribuer à l’expansion des autressecteurs de l’économie. » Dès lors,perte de compétitivité et désindus-trialisation « s’entraînent mutuelle-ment ».

Mêmes difficultés au Québec et en BelgiqueL’industrie du Québec vit égale-ment des heures difficiles. La dé-prime le guette : le Québec vientd’apprendre qu’il va bientôt perdreson dernier fabricant d’appareilsélectroménagers. Pourtant, le sec-teur manufacturier compte encorepour 16,5% de son PIB, mais pour-rait tomber à 13,5% en 2015.En fait, et pour l’ensemble du pays,l’exploitation des sables bitumineuxa sonné le glas de l’industrie manu-facturière : le pétrole est devenu lepremier produit d’exportation, sup-plantant l’industrie automobile. Quant à la Belgique, si elle attire lesproducteurs de films, elle subit aussi(et depuis longtemps) la vague defermetures industrielles. Une ten-dance que Pierre Alain De Smedt,président de la Fédération des en-treprises de Belgique (FEB) compteenrayer « en encourageant la forma-tion en alternance et en promouvantles métiers techniques et manuels ».La Wallonie a été touchée dès la findes années 1970. C’est au tour de laFlandre de tenter de préserver sesactivités, condamnées par l’atti-rance des industriels vers l’Europede l’Est. ■

Les cinq pays émergents des Brics (Bré-sil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)ont lancé une union boursière leur per-mettant d’échanger des contrats à termesur leurs indices domestiques depuistous les autres marchés partenaires.

L’aide aux pays pauvres a reculé en2011, pour la première fois depuis 1997.Selon le bilan provisoire de l’OCDE pour2011, l’aide publique au développement(APD) a diminué de près de 2,7 % par rap-port à 2010. L’APD globale s’est élevéeà 133,5 milliards de dollars, soit 0,31 %de la richesse nationale cumulée des dif-férents bailleurs de fonds, en retrait parrapport aux 0,32 % atteints en 2010.

Le secteur tunisien du tourisme, sinistréen 2011, montre une hausse de 52,8 %des touristes au premier trimestre 2012par rapport à la même période l’anpassé. Plus de 938 000 touristes sontentrés en Tunisie les trois premiers moisde l’année.

1,2 milliard. C’est le nombre d’habitantsqu’atteindra la population des villes afri-cainesd’ici à 2050. Elle est actuellementde 414 millions. Avec l’Asie, l’Afriqueconnaîtra la plus forte croissance de sapopulation urbaine dans les quarante pro-chaines années, selon un rapport des Na-tions unies.

en bref

« Plus la base industriellese réduit, moins le paysdispose d’atouts pour générer des progrèstechniques.»

© Isabelle Weingarten / adoc-photos

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En 2011, un quart de la production de films a été délocalisée.

Au Québec, le 3 avril 2012, le comitéchargé d’étudier les conséquencesd’une éventuelle exploitation desgaz de schiste a fermé la porte à denouvelles fracturations hydrauliquespendant au moins un an, même pourdes motifs scientifiques. L’exploi-tation de ces gisements, formationsrocheuses riches en hydrocarbures,se heurte à une forte opposition auQuébec, malgré les promesses d’im-portantes retombées économiquespar l’industrie.

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Page 12: Le français dans le monde N°381

Pédopsychiatre, chef du servicede la Maison des adolescents deCochin à Paris (Maison de So-lenn), Marie Rose Moro est spé-cialiste d’« ethnopsychanalyse »,qu’elle enseigne à l’universitéParis-Descartes. Elle a notam-ment publié Nos enfants demain.Pour une société multiculturelle(Odile Jacob, 2010).

Propos recueillis par Alice Tillier

époque // regard

10 Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

« Avoir deux langues

Avec Enfants del’immigration, une chance

pour l’école,l’ethnopsychanalyste Marie

Rose Moro revient sur lanécessité, au sein de l’école

française, de mieux prendreen compte la diversité

linguistique.

Vous êtes pédopsychiatre,spécialiste d’« ethnopsychanalyse ».Que recouvre exactement ce terme ?Marie Rose Moro : L’ethnopsycha-nalyse est une appellation française ;dans le reste du monde, on parle plu-tôt de psychiatrie transculturelle.L’idée est d’introduire dans la ma-nière de soigner les questions lin-guistiques et anthropologiques, denous adapter à toutes les cultures et situations. Nous nous occupons

d’enfants de migrants, de couplesmixtes, d’expatriés, d’enfants issusde l’adoption internationale…

Des enfants pour qui le françaisest une langue seconde. Or, lacoexistence de deux languesest souvent pointée du doigtcomme une difficulté…M. R. M. : Selon une idée largementrépandue, il serait plus simpled’avoir une seule langue  ! Maistoutes les études le montrent : avoirdeux langues n’est pas un pro-blème. Et dire aux parents de ne pas

parler leur langue maternelle à lamaison, pour aider leurs enfants àmieux parler français, comme lefont certains enseignants, est unegrave erreur. L’essentiel est d’arriverdans la deuxième langue avec l’en-vie de l’apprendre, avec le fameux« désir de langue ». Ce qui impliqued’être tout d’abord à l’aise dans salangue première – et qu’elle ne soitdonc pas dénigrée. Ensuite le déca-lage est mineur  : un enfant nonfrancophone rattrapera en à peinequelques mois un enfant franco-phone.

n’est pas un problème »

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Page 13: Le français dans le monde N°381

« L’échec scolaire produit un sentiment d’in-compétence et d’humiliation, qui influe né-gativement sur les apprentissages maisaussi sur la personnalité. Ceux qui sont prisdans cet engrenage sont d’autant plus sen-sibles aux questions de respect, de dignité,de reconnaissance. D’autant plus s’il s’agitd’enfants de migrants : un jour ou l’autre,ils vont forcément se demander si leurs dif-ficultés ne sont pas liées à de la discrimi-nation. Et cette interrogation, la plupart dutemps, va les conduire à dévaloriser leursdifférences culturelles et linguistiques. Dèslors, reconnaître la diversité de leurs his-

toires, de leurs parcours, reconnaître descompétences qu’ils pourraient avoir dansune langue autre que le français, par exem-ple, peut les aider à briser ce cercle vicieux.[…] Soit on fait comme si tous les enfantsapprenaient de la même manière, et s’ilsn’y arrivent pas, tant pis. Soit on essaie decomprendre les causes de leur échec et onreconnaît qu’en leur enseignant le français,on n’a peut-être pas suffisamment pris encompte le fait que c’était leur deuxièmelangue. »

Marie Rose Moro, Enfants de l’immigration, unechance pour l’école, Bayard, 2012, pp. 66-67.

extrait

11Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

Quel rapport entretiennentensuite les deux langues chezles enfants de migrants ? M. R. M. :En France, seuls 10 % desenfants de migrants deviennent devrais bilingues – et je prends le chif-fre le plus optimiste ! L’apprentissageau contact des parents ne suffit ja-mais à créer un vrai bilinguisme,même s’il produit une imprégnation,qui facilite un apprentissage pluscomplet ensuite. On a tendance, enFrance, à surévaluer le rôle du « bain

linguistique ». Les processus d’ap-propriation active sont beaucoupplus décisifs qu’une simple immer-sion à la maison.

Mais le fait que les parents, nonfrancophones, ne puissent passuivre le travail de leurs enfants,n’est-il pas un handicap ?M.  R.  M.  : L’échec scolaire estd’abord social, indépendamment dela langue maternelle, qu’elle soitfrançaise ou non. Ce qui met enéchec, c’est le décalage entre le ni-veau de langue utilisé à la maison etcelui utilisé à l’école. Les études fontmême un lien entre le nombre de livres présents à la maison et leschances de réussite : car l’école fran-çaise reste très attachée à l’écrit, bienplus que des pédagogies interactivesd’Europe du Nord par exemple. L’au-tre facteur essentiel est de se sentircapable d’apprendre, autorisé àréussir et de pouvoir s’identifier àquelqu’un qui a lui-même réussi.

Comment favoriser cetteréussite pour les enfants demigrants ?

M. R. M. : Il s’agit de mieux prendreen compte les besoins d’apprentis-sage d’enfants non francophones,qui ont souvent du mal par exempleà comprendre l’implicite, d’appli-quer des méthodes de françaislangue étrangère, de repartir de leurlangue maternelle pour comprendreleurs erreurs… Et d’en faire profitertout le monde, francophones et nonfrancophones, sans faire de groupes,qui aboutissent très vite à une ségré-gation !

La France pourrait-elle s’inspirerde modèles étrangers ?M. R. M. :En Finlande ont été mis enplace, au tout début de la scolarisa-tion des enfants migrants, des coursdans leur langue maternelle. Cegenre de mesure serait inconcevableen France, où la langue française estvalorisée par-dessus tout. Mais l’ex-périence est intéressante : cet ensei-gnement en langue maternelle per-met de repartir de ce que ces enfantssavent déjà. Nous sommes en Francedans l’impossibilité d’évaluer ce queles enfants de migrants ont acquisavant leur arrivée. ■

compte rendu

Pour une éducation à la diversitéEn mai 2011, le ministre de l’Intérieur fran-çais Claude Guéant lançait : « Les deuxtiers des échecs scolaires, c’est l’échecd’enfants immigrés. » La pédopsychiatreMarie Rose Moro a voulu répondre, par unlivre d’entretien avec deux journalistes, quirepart de sa propre expérience : celle d’uneenfant espagnole, arrivée en France à deuxans, qui apprend finalement le français àsix ans en entrant à l’école. Certes, les en-fants de migrants peuvent connaître desdifficultés, mais la généralisation est abu-sive – la réussite des enfants de migrantsasiatiques est plus forte que celles des au-tochtones – et il n’y a pas là de fatalité.

Contre l’idée très répandue qu’il faudrait,pour réussir son intégration en France,commencer par abandonner sa langue ma-ternelle, Marie Rose Moro insiste sur l’im-portance, pour les enfants, d’avoir uneimage positive de leur langue. Favorable àla discrimination positive, la pédopsychia-tre plaide en faveur d’une « éducation à ladiversité » en classe pour tous et d’une for-mation de tous les enseignants à l’inter-culturalité. Des propositions reçues parbeaucoup, à la sortie du livre, comme desévidences, explique Marie Rose Moro.Reste à ce que les pratiques soient réelle-ment remises en cause.

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« Dire aux parents de nepas parler leur languematernelle à la maison,pour aider leurs enfants à mieux parler français,comme le font certains enseignants, est une grave erreur. »

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Par Pierre Godfrin

époque // sport

12 Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

Légende du tennis français,Yannick Noah a engendré un

petit Joakim en passe dedevenir l’un des plus grands

basketteurs français. Unevéritable affaire de famille.

5 juin 1983. L’image d’unYannick Noah au borddes larmes qui enjambele filet de Roland-Gar-ros après sa victoire,

pour étreindre son père, est restéedans les esprits. Et si, trente ans plustard, l’histoire se répétait comme parenchantement ? Son fils aîné, Joa-kim, pourrait bien être sacré cham-pion NBA avec Chicago à l’issue de la présente saison ou être médailléolympique à Londres cet été. Dans cecas, nul doute que son père serait lepremier à le féliciter. Pourtant, Yan-nick n’a jamais cherché à faire de sonenfant l’un des pivots (poste, au bas-ket, réservé aux joueurs imposantsphysiquement) les plus en vue aumonde. Un constat partagé parGeorge Eddy, le monsieur basket deCanal + depuis 27 ans : « Je connaistrès bien la famille Noah. Je ne pensepas que Yannick l’ait poussé particuliè-rement à être un sportif professionnel,confie-t-il. Quand le gamin a montréson envie de faire du basket, il l’a aidéavec tout son savoir-faire sportif. »

Le parcours de Joakim est pour lemoins original. Fruit de l’union entreYannick et sa première femme, Ceci-lia Rodhe, Miss Suède 1978, il agrandi en France avant de partirvivre chez sa mère à New York à l’âgede 12 ans. Il a alors intégré le sys-tème scolaire américain, bien loindes soucis connus dans leur enfancepar bon nombre de stars de la NBA :« On peut dire que sa vie a été privilé-giée car il a eu des parents très célèbres.Matériellement, il était gâté mais,quelque part, ça peut être un désavan-tage car on peut avoir moins faim,nuance George Eddy. Souvent, lespauvres, dans les “ghettos”, n’ont quele sport pour s’en sortir. Ça leur donneune motivation décuplée. Joakim a dûpuiser sa motivation de ses tripes. »

Un esprit sain dans un corps sainAprès deux titres de champion uni-versitaire avec Florida, « Jooks » estrecruté en 2007 par les ChicagoBulls, l’équipe mythique des années1990 où brillait Michael Jordan.Avec ses 2m11 pour 105 kg, ce di-plômé d’anthropologie est parvenuà devenir un joueur redouté. Au

point d’être, depuis 2009, l’un des pi-liers de l’équipe de France, médailléed’argent lors de l’Euro 2011. Pour-tant, son histoire avec les Bleus abien failli ne jamais s’écrire, la fauteà un passeport français reçu seule-ment en 2007 et à un attachementtardif au maillot tricolore, heureuse-ment favorisé par l’amour que portesa grand-mère paternelle, anciennebasketteuse, à la France.« Il est déjà allé beaucoup plus loin queprévu car, quand il était gamin à Le-vallois, on ne pouvait pas imaginerqu’il puisse jouer un jour en NBA,poursuit George Eddy. Il sera tou-jours un peu limité en attaque à causede son tir un peu “pourri” mais il com-pense en étant fort en défense. » Au-delà de ses qualités physiques, Joa-kim est avant tout un coéquipiermodèle : « Il apporte beaucoup d’éner-gie à chaque instant sur le terrain.Comme son père, il a de très bonnes va-leurs dans la vie et dans le sport, parexemple penser à l’équipe avant soi-même. » À lui de le prouver à nou-veau dans les prochains mois.L’équipe de France et sa grand-mèren’attendent que ça. ■

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Joakim Noah en 5 dates25 février 1985Naissance à New York.1997 Après une enfance passée enFrance, il rejoint sa mère aux Etats-Unis.2004 Il intègre l’université de Florida etdevient champion universitaire à deuxreprises.2007 Débuts en NBA avec les ChicagoBulls.2011 Médaillé d’argent au Champion-nat d’Europe en Lituanie avec la France.

Au nom du père et du fils

Joakim Noah avec l’équipe de France endemi-finale du championnat d’Europe debasket 2011.

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13Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

Par Christophe Riedel

D epuis une quinzained’années, chefs cui-siniers et designersmettent les petitsplats dans les grands

au service d’ustensiles inventifs. Pion-nier, Alain Ducasse, chef d’une cui-sine valorisant légumes rares et fins,trois étoiles au guide Michelin pourson restaurant parisien « L’Arpège »,s’est associé au célèbre designer Patrick Jouin. Pour produire unedrôle de cuillère se transformant enmanche de casserole. Un bel objet ?D’abord un outil allant à l’essentiel del’usage : la forme a du fond.Illustration avec Pierre Hermé, l’hé-ritier de 4 générations de pâtissiersalsaciens, reconnu pour ses maca-rons combinant des saveurs inatten-dues. Il a commencé sa carrière à 14ans, auprès de Gaston Lenôtre, puischez Fauchon, avant de créer sa mai-

son : « J’ai d’abord eu l’idée, avec le fa-bricant d’arts de la table Christofle, defaire une fourchette à gâteau. La plu-part sont assez fines, ce qui ne permetpas de bien découper. J’en ai donc faitune large, capable en plus de couper desdeux côtés. Car pourquoi punir les gau-chers ? » Pour un autre projet d’objet(encore secret) mettant en valeur lesgâteaux, il s’associe à… Patrick Jouin,qui a également conçu fin 2011 le su-perbe espace de l’Atelier Hermé, prèsdu parc Monceau à Paris.

De l’ustensile à l’essentielSelon Pierre Hermé, le travail en bi-nôme est l’histoire d’une rencontre,comme avec Matali Crasset : « Elle estaussi artiste, je suivais depuis long-temps ses expositions. Avec ce doubleregard, elle s’attache à hybrider desobjets, ce qui me parle. » Un objet seconçoit comme un scénario d’usageet de vie, pour le pâtissier commepour la designer. Matali Crasset re-çoit dans son atelier de Belleville.Elle montre d’abord « Dé(s)licieux »,un couteau-pelle à tarte réalisé avecla manufacture de couteaux Forgede Laguiole (en Auvergne) pour

Hermé. Il lui avait expliqué qu’iln’avait pas encore trouvé l’instru-ment idéal pour couper et servir sesgâteaux. La designer a observé cedomaine où tout est précis (gestes,proportions, temps à respecter) etréfléchi à la gestuelle. « Mon projet aconsisté à fluidifier le geste. Après lacoupe, tournez d’un quart de tour lapaume de votre main – la forme dumanche vous y invite – et le couteau sefait pelle. » Simple, limpide.Leur collaboration se poursuit avecun « Essentiel de pâtisserie » en troispièces, réalisé en 2009 avec le fabri-cant italien Alessi. Le double conte-nant permet de travailler des mé-langes en petites quantités (pourdémarrer une recette), avant d’aug-menter les proportions à mêler dansle contenant principal. De mêmepour le fouet, doté de deux corolles,et la spatule (à deux côtés, rigide etsouple, pour racler et remuer). Sansoublier un plateau tricolore consti-tué d’un plat principal dans lequels’insèrent deux anneaux amovibles.Objectif : créer 3 tailles. « Ce plateauest un piédestal mettant en scène le gâ-teau », conclut Matali Crasset.■

des outils tip topDesign, arts de la table et

gastronomie ont le vent enpoupe auprès du public.

Donc, les partenariatsinnovants entre étoiles des

fourneaux et designers se multiplient. C’est chic,

mais jamais toc !

époque// évènement

Grands chefs et designers :

« Chefs cuisiniers et designers s’associent pour créer desustensiles inventifs.»

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«Essentiel de pâtisserie» de Matali Crasset,pour le chef pâtissier Pierre Hermé.

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Page 16: Le français dans le monde N°381

Par Cléa Chakraverty

époque // Portrait de francophone (2/6)

14 Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

Sumesh, À Bombay, Sumesh Sharma

a décidé de conjuguer sa passion pour l’art en

français. Ce jeunecommissaire d’exposition

entretient une relationparticulière avec les artistes

francophones en Inde.

C ’est avec la bouilla-baisse et les escargotsfaits maison que Su-mesh Sharma a dé-couvert le français.

« Mon grand-père cuisinait tous lessoirs quelque chose de différent. Ma re-lation avec la France a commencé mal-gré moi, très jeune, avec la gastrono-mie française », se souvient Sumeshdans un accent chantant et un lan-gage soutenu, tantôt en anglais, tan-tôt en français.La famille Sharma, originaire dunord de l’Inde mais installée à Bom-bay depuis plusieurs générations, adéveloppé un commerce d’import-

export avec plusieurs pays euro-péens, dont la France : « Mon grand-père a vécu en Europe pour affaires etil a gardé un amour de la France qu’ilm’a transmis. » Comme de nom-breux enfants de familles commer-çantes indiennes, Sumesh aurait puchoisir une carrière dans la financeou reprendre l’affaire familiale. Maislà encore, son histoire avec la Francele poursuit. « J’ai toujours été inté-ressé par les arts, mais je m’étaisorienté vers le management. Je n’aipas pris de cours de français, en re-vanche j’ai suivi les ateliers cinéma etculturels de l’Alliance française deBombay. C’est là qu’en 2005 j’ai ren-contré un critique de cinéma et philo-sophe indien en pleine discussion sur

le travail de commissaire d’expositionet de management dans l’art contem-porain. Cela m’a ouvert les yeux. »

Amener des débats sociauxNouvel hasard, un an plus tard, lorsd’un vernissage à Bombay, il ap-prend l’existence d’une bourse pourun MBA dans une école d’Aix-en-Provence. Et l’obtient. « Je ne parlaispas français et je me suis retrouvé encité universitaire. Un autre mondes’est ouvert. Il devait y avoir deux au-tres étudiants qui parlaient anglaisdans toute la cité. » Sumesh découvred’autres francophones. « Des Gabo-nais, des Ivoiriens, des Maghrébins…Des jeunes qui venaient tenter leurchance en France ou reprendre des

L’art et le français

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pour bousculer les idées

Sur les murs de son bureau, des tableauxde Rajan M. Krishnan, un grand artiste indien.

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15Le français dans le monde // n° 381 // mai-juin 2012

études après un début de carrière pro-fessionnelle. J’ai réalisé que la Franceet l’Inde étaient au fond des pays peudifférents, où les problèmes sociaux etpolitiques étaient inhérents aux diffé-rences culturelles. »Ce constat l’amène quelques annéesplus tard et après une expérience dedeux ans au Crédit Suisse (« où j’aicompris que je n’étais pas fait pour êtrebanquier ! ») à fonder à The ClarkHouse Initiative, un collectif de ré-flexion sur les pratiques artistiquescontemporaines. « Avec Clark House,nous voulons proposer une alternativeaux pratiques artistiques existantes.Nous ne sommes pas une galerie bienque nous ayons une portée commer-ciale, par exemple à travers la vente di-recte d’un artiste collaborant avec nous.Mais l’idée est de présenter au public unart amenant à certains débats sociauxou prises de conscience sans tomberdans l’activisme. Nous essayons aussi

de réunir l’entreprenariat et l’art. »Un concept que Sumesh découvreen France, notamment avec l’un deses contacts d’Aix, Christian Mayeur,fondateur d’Entrepart, un cabinetde conseil prônant une approchemêlant art et management. Un pro-jet commun en découle : en 2011,Sumesh a organisé avec Entrepartune visite artistique et sociale del’Inde de dix jours, qu’il mène enfrançais, pour les directeurs régio-naux du Crédit Agricole. « Le mondedu secteur privé a du mal à appréhen-der des pays comme l’Inde. Nous vou-lons développer les connaissances surl’Inde à travers des choses trèsconcrètes, et contemporaines, ce quel’art permet. » Un autre voyage estprévu en 2012.

Le français au quotidienEn attendant, Sumesh travaille surde nombreux autres projets artis-tiques avec la France. « Le fait de par-ler français, de comprendre commentles gens fonctionnent, m’aide au quo-tidien. Nous accueillons des artistes enrésidence et bien souvent je fais l’inter-médiaire pour leur expliquer com-ment nous procédons à Bombay. Pourcertains, les chocs culturels sonténormes. » Il ne s’agit pas seulement

de langue. Dans la pratique artis-tique, Sumesh agit comme un com-missaire d’exposition mais aussicomme un facilitateur. « En Inde, leschoses se font lentement, il faut de lapatience, mais tout finit par arriver.Un artiste dans l’urgence peut vite s’ar-racher les cheveux ici », sourit-il. Dans son bureau, des tableaux deRajan M. Krishnan, scènes de ville oururales, apportent un peu de quié-tude au Bombayite. « À Aix, j’ai pro-posé ma thèse sur la gestion de l’art en m’inspirant de lui. C’est un grandartiste. C’est aussi durant mes annéesà Aix que j’ai pris conscience de l’in-fluence de la France sur nos plus grandspeintres indiens. » Akbar Padamsee,Sayed Haider Raza, et bien d’autresartistes aujourd’hui septuagénairesou octogénaires mènent le marchéde l’art contemporain indien dans lemonde. Beaucoup ont résidé enFrance. « J’ai envie de développer celien spécial avec la France auprès desjeunes artistes. Confronter nos pays,travailler sur nos similarités. La ques-tion de l’identité et de l’immigration enFrance m’a beaucoup touché car jepense qu’elle est, au fond, assez prochedes problématiques que l’on se pose enInde. Notre pays se referme, devientbeaucoup plus réactionnaire et conser-

vateur qu’à l’époque de mes grands-parents. Est-ce un phénomène global ?J’ai envie qu’on pose cette question etqu’on bouscule les gens grâce à l’art. »

Développer un mode de penséeEn mai 2012, The Clark House Initia-tive collabore avec la commissaired’exposition Claire Tancons, et l’ar-tiste francophone Caecilia Tripp au-tour d’une procession-performancemusicale dans les rues de Bombay. Sesfréquentes discussions avec les artistesfrancophones et institutions fran-çaises (comme la Kadist fondation)amènent Sumesh à constamment en-tretenir son français. Une singularitédans un pays anglophone où le fran-çais compte tout de même quelque550 000 apprenants. « En Inde, j’ai souvent été considérécomme un snob car je parle françaisdans mon travail mais aussi avec des ar-tistes comme Padamsee ou des ama-teurs d’art qui adorent discuter en fran-çais quand ils le peuvent. Pour moi, cen’est pas une langue d’élite mais la pos-sibilité d’aborder certains concepts. En2013 j’aimerais partir sur un projet derésidence en France avec Clark House.La France a une particularité dans sonmode de pensée que je veux développeren Inde ».■

« Nous voulons développerles connaissances sur l’Inde à travers deschoses très concrètes et contemporaines, ce que l’art permet. »

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Sumesh travaille sur de nombreuxprojets artistiques avec la France.

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