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LE MILIEU INNOVATEUR : UNE APPROCHE PAR LE SYSTÈME Olivier Coppin De Boeck Supérieur | Innovations 2002/2 - no 16 pages 29 à 50 ISSN 1267-4982 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-innovations-2002-2-page-29.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Coppin Olivier, « Le milieu innovateur : une approche par le système », Innovations, 2002/2 no 16, p. 29-50. DOI : 10.3917/inno.016.0029 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur. © De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 132.174.255.116 - 15/05/2013 08h01. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 132.174.255.116 - 15/05/2013 08h01. © De Boeck Supérieur

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LE MILIEU INNOVATEUR : UNE APPROCHE PAR LE SYSTÈME Olivier Coppin De Boeck Supérieur | Innovations 2002/2 - no 16pages 29 à 50

ISSN 1267-4982

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-innovations-2002-2-page-29.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Coppin Olivier, « Le milieu innovateur : une approche par le système  »,

Innovations, 2002/2 no 16, p. 29-50. DOI : 10.3917/inno.016.0029

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Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur.

© De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites desconditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votreétablissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière quece soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur enFrance. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

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Innovations, Cahiers d'économie de l'innovation n°16, 2002-2, pp.29-50.

Le milieu innovateur : une approche par le système

Olivier COPPIN Laboratoire Redéploiement Industriel et Innovation

Université du Littoral Alors que l'innovation avait longtemps été perçue comme

le résultat d'un processus exogène, les travaux académiques de ces dernières décennies ont au contraire démontré l'intérêt qu'il y avait à reconsidérer ce postulat dans un contexte de mutations économiques. La crise qui a durement affecté cer-taines régions de vieille tradition industrielle dans les années 1980 s'est en effet accompagnée d'un dynamisme de certai-nes régions dites périphériques. Pour expliquer ce phénomè-ne, la thèse du développement endogène s'imposa et notam-ment celle du milieu innovateur. L'idée sous-jacente était alors que l'innovation avait un caractère contextuel suscep-tible d'expliquer le développement de certaines régions. Par-tant de l'idée que la nouveauté ne pouvait trouver son origine dans la seule relation d'une entreprise avec son marché, l'hy-pothèse avancée était que le milieu dans lequel évoluait la firme conditionnait nécessairement les comportements éco-nomiques des agents et, de fait, leurs pratiques productives. En d'autres termes, s'il y avait innovation, celle-ci dépendait d'abord du milieu dans lequel la firme évoluait (Aydalot, 1986).

Cette évolution théorique avait un but : montrer que le lieu d'implantation d'une entreprise ne se résumait pas à un contenant dans lequel venait se juxtaposer une nouvelle activité indépendante des autres. Sa localisation était en effet davantage liée à des considérations systémiques ; c'est-à-dire à la nature des relations économiques et aux effets de syner-gie qui structuraient le milieu. Construite autour du pro-cessus de création technologique, cette approche s'est ainsi intéressée aux caractéristiques et modes de fonctionnement

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du milieu. La dimension dynamique de l'analyse mit notam-ment en relief l'importance des processus d'apprentissage et d'interaction dans la création de ressources spécifiques à l'origine de l'innovation.

Pourtant, sur de nombreux points subsistent des zones d'ombres ne permettant pas d'expliquer dans leur globalité les phénomènes observés. Ainsi qu'en est-il par exemple du processus constitutif du milieu qui n'est jamais réellement explicité en dehors des facteurs d'ordre historique, culturel ou organisationnel, ou encore des modalités propres à justi-fier l'évolution des trajectoires de systèmes productifs lo-caux? En privilégiant l'axiomatique évolutionniste, la problé-matique du changement structurel des systèmes productifs locaux se heurte rapidement à des insuffisances dans la mesure où les transformations économiques sont essentiel-lement envisagées sous l'angle de l'individualisme méthodo-logique. Or, le comportement économique des agents ne peut se déduire de la seule logique cognitive1 des rapports qu'ils entretiennent. Les évolutions qui s'opèrent au sein d'un systè-me productif s'expriment aussi à travers la permanence ou le renouvellement des structures qui les portent. Il nous faut par conséquent revisiter les soubassements théoriques du milieu en le nourrissant d'éléments susceptibles d'expliquer le pro-cessus de définition et de régulation.

C'est dans ce champ d'interrogations que se situe cet article qui s'attachera, dans un premier temps, à remettre en perspective la réflexion menée sur ce concept depuis une quinzaine d'années. Après avoir précisé les caractéristiques et les modalités organisant le processus d'innovation, notre examen portera dans un second temps sur la manière dont le milieu évolue et organise les éléments qui le composent. Dans cette optique, nous nous intéresserons plus particu-lièrement aux formes institutionnelles structurant le milieu et à leur rôle dans le processus de création et de renou-vellement des ressources productives. De cette analyse, nous caractériserons notamment l'influence des "macro-institu-tions" sur la dynamique d'innovation et le degré de

1 On peut ici reprendre l'interprétation de J-L. Le Moigne (préface de l'ouvrage de Chanteau J-P., L'entreprise nomade, L'Harmattan, Paris, 2001), pour qui la logique cognitive s'apparente à un "critère d'intelligibilité active" ; c'est-à-dire que l'individu exerce son esprit critique en mettant en valeur les contraintes et les opportunités de son contexte avant d'agir. Dit autrement, la logique cognitive désigne une "intelligence de la décision" construite sur la base d'éléments contextuels.

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responsabilité imputable aux politiques économiques menées par les pouvoirs publics.

LE MILIEU : UN CONTEXTE SYSTEMIQUE D'INNOVATION

L'analyse du milieu comme cadre local d'organisation du

processus d'innovation a fait l'objet de recherches approfon-dies ces quinze dernières années. Dans un contexte où les mutations structurelles ont entraîné une profonde réorgani-sation des activités économiques, l'intérêt de l'examen était d'autant plus grand qu'on assistait à une différenciation de plus en plus nette des trajectoires de développement entre régions. D'un côté, pouvait-on distinguer les "régions qui gagnaient" (Benko et Lipietz, 1992) et de l'autre celles qui "perdaient". Or, ce constat s'accompagnait d'une autre remar-que ; celle d'une concentration croissante des activités de recherche et de développement dans les régions qui se distinguaient par leur dynamique d'innovation. L'idée que l'innovation technologique procédait d'un schéma fonctionnel prédéterminé par l'entreprise selon le marché visé devenait dans cette perspective de moins en moins soutenable et nécessitait à l'évidence une nouvelle problématique centrée sur les facteurs extérieurs à l'entreprise.

En élaborant une nouvelle grille d'analyse autour de la notion de milieu, le Groupe de Recherches Européen sur les Milieux Innovateurs (GREMI)1 apporta une contribution significative au débat en soulignant l'importance du contexte territorial dans la formation du processus d'innovation. Cette réflexion géographique amena cependant les économistes (OCDE, 1999) à poser plus globalement le problème de la genèse de l'innovation sous l'angle d'une analyse systémique aux fondements théoriques éclectiques2. Les travaux

1 Fondé en 1986 par P. Aydalot, ce groupe de recherches s'est fixé pour objectif d'étudier les phénomènes d'innovation et leur contexte de formation à travers le territoire d'implantation ; c'est-à-dire leur milieu. Pour ce faire, plusieurs études empiriques ont été menées (programmes d'enquêtes appelés GREMI I à V) entre 1986 et 2000 pour apporter une validation aux questions théoriques posées. Un nouveau programme (GREMI VI) est actuellement en cours et s'intitule "Ressources naturelles, ressources culturelles et milieux innovateurs". 2 Ce type d'approche puise en effet ses racines dans différents courants de pensée représentés notamment par l'économie évolutionniste, l'économie institutionnelle ou encore les nouvelles théories de la croissance.

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consacrés aux systèmes nationaux d'innovation (Freeman, 1987 ; Nelson, 1988 ; Lundvall, 1992) ont à cet égard fourni de nombreuses indications sur les dispositifs qui étaient à l'origine du processus d'innovation dans une économie mon-dialisée. Transposé au niveau local, l'outillage conceptuel des SNI est d'autant plus adapté qu'il permet d'analyser à chaque niveau territorial le cadre d'évolution de l'entreprise et les ressources dont il dispose pour engendrer l'innovation. Définition et contenu conceptuel

Dans sa définition usuelle, un milieu désigne un espace

matériel dans lequel un corps quelconque est placé. Ratta-chée aux sciences du vivant, cette notion prend en revanche une tout autre dimension pour se définir comme étant "un ensemble de facteurs extérieurs qui agissent de manière permanente ou durable sur les êtres vivants"1. Pris dans ce sens, le milieu possède un caractère systémique qui est aujourd'hui à l'origine de nombreuses analyses sur l'inno-vation. On estime en effet que l'innovation n'est plus tant le fait d'une entreprise que des facteurs sociaux, économiques et politiques qui l'entourent. Le milieu désigne ainsi cet environnement dans lequel un ensemble d'agents écono-miques vont interagir et s'organiser pour construire de nou-velles ressources nécessaires au processus d'innovation.

a) Le milieu et ses composantes

L'intérêt d'une analyse contextuelle des processus d'in-novation s'est trouvé depuis les années 1980 conforté par le fait que certaines régions parvenaient mieux que d'autres à répondre aux effets de la globalisation. Dans un contexte marqué par une accélération des mutations technologiques, l'ajustement des structures productives aux exigences des marchés devenait en effet une variable-clé de la compéti-tivité des économies locales. Or, il fallait bien se rendre à l'évidence : tous les territoires ne disposaient pas des mêmes conditions de base pour s'adapter aux nouvelles règles du jeu concurrentiel. De ce constat naquit alors l'idée que le milieu local tenait un rôle essentiel dans la dynamique économique, qu'il était le support adéquat aux processus endogène de croissance.

1 Telle est la définition donnée par le petit Larousse.

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Cette hypothèse était d'autant plus pertinente que des études empiriques soulignaient l'importance des facteurs propres à l'environnement des entreprises. L'OCDE (1993) considérait notamment qu'environ 40% des écarts de taux de croissance entre grandes régions du monde étaient le fait de facteurs qualifiés d'invisibles. Dans une étude menée par T. Bartik et J. Thimothy (1991), le constat était encore plus frappant : selon eux, seul 25% des différences observées entre économies locales ne pouvaient être attribuées qu'à des facteurs tangibles tels que, par exemple, la composition sectorielle, la différence de coûts de production ou encore le degré de compétitivité des produits. En d'autres termes, c'est dans la composition du milieu que se trouve l'énigme du développement local. Un phénomène de croissance localisé et fondé sur la production d'innovations ne peut être compris et interprété qu'à travers l'analyse de son environnement. Faut-il encore déterminer ce que recouvre le milieu.

A la lumière des travaux qui se sont concentrés sur cette question (Maillat, 1996 ; OCDE, 1993) il ressort qu'un mi-lieu est propice à l'innovation lorsqu'il intègre : – un collectif d'acteurs (entreprises, centre de recherches et de formation, université, instituts de financement, associa-tions professionnelles, administration publique,…) se ca-ractérisant par sa cohérence et sa cohésion économique ; – des ressources matérielles, humaines, financières, techno-logiques ou encore informationnelles aussi nombreuses que diverses ; – des savoir-faire garantissant une maîtrise du processus productif au sens large, qu'ils soient techniques, commer-ciaux ou organisationnels ; – du capital relationnel favorisant la constitution de réseaux en tant que vecteurs de connaissances et de reconnaissance à la fois économique mais aussi politique dans la mesure où les relations politiques déterminent la capacité de négo-ciation des acteurs du milieu avec les autorités locales, natio-nales ou supranationales ; – des normes, règles et valeurs régissant le comportement des acteurs économiques et les relations que ceux-ci entre-tiennent.

Le potentiel innovateur d'un milieu ne dépendra par con-séquent pas tant du capital physique et humain disponible que du capital social (Healy et Côté, 2001) accumulé au fil du temps ; c'est-à-dire des relations qui se seront sédimentées localement pour donner lieu à des ressources distinctes des

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autres régions économiques. La socialisation du processus d'innovation est dès lors indissociable de la systémique qui le nourrit.

b) Les dimensions du milieu

En considérant que la dynamique d'un territoire ne relève pas de l'action individuelle des entreprises mais d'un com-portement d'ensemble fonction d'interdépendances multiples, l'approche par le milieu apporte un cadre de réflexion fécond pour appréhender les phénomènes de développement locaux. Parce qu'elle se fonde largement sur la nature systémique du processus d'innovation, la notion de milieu offre en effet une grande souplesse théorique pour traduire les relations obser-vées. Mais que recouvre cette systémique du milieu ?

L'approche systémique traduit en fait une capacité des acteurs du milieu à modifier et adapter leur comportement en fonction des transformations de leur environnement. La capacité d'apprentissage des acteurs est de ce point de vue importante car elle présente le milieu non plus seulement comme un contexte favorable à l'innovation mais comme un catalyseur d'initiatives participant à la création de nouvelles combinaisons productives. Cette logique d'apprentissage ap-porte, du coup, une dimension plus dynamique au milieu et souligne l'importance d'éléments tels que le savoir-faire, le niveau de qualification et de compétence ou la culture tech-nique. Maillat, Crevoisier et Vasserot (1992) estiment à cet égard que le marché du travail joue un rôle essentiel dans cette dynamique dans la mesure où ce dernier assure la cir-culation et l'échange des savoir-faire, la transmission et la reproduction d'une expérience technique locale et contribue par conséquent à la transformation du milieu. Les éléments théoriques du capital humain développés par G. Becker (1975) ont dans cette optique souligné l'importance de l'édu-cation dans l'accumulation des savoirs des individus et leur aptitude à proposer de nouvelles solutions productives.

Outre cet aspect, le milieu se distingue aussi par la nature des transactions qui s'opèrent entre agents. Le degré d'in-certitude et la qualité de circulation des informations sont en effet des éléments qui déterminent l'étendue des coûts de transaction supportés à l'intérieur du système. Or, par sa fonction d'intégration, le milieu réduit le niveau d'incertitude auquel les entreprises sont confrontées. Il organise les échanges fonctionnels et informels et facilite de fait la trans-mission et le contrôle de l'information. Le milieu constitue

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ainsi un espace de sécurité améliorant l'efficacité des rapports interpersonnels, diminuant par voie de conséquence les coûts de transaction. On retrouve ici en fait tout un pan de l'analyse économique consacré aux "market failures" que Coase (1937), Williamson (1975) ou encore Simon (1982) ont abordé auparavant dans leur travaux.

Les formes relationnelles prises par les éléments du milieu pour rendre ce dernier dynamique et efficace doivent enfin être étudiées à travers un éclairage institutionnel. Étant donné sa logique d'ouverture et d'intégration, le milieu tend essentiellement à privilégier une démarche de coopération permettant de satisfaire cette double logique. Il se présente ainsi comme une instance dont la particularité est, selon Quevit (1991), "de générer des processus organisationnels qui s'articulent sur ces deux logiques pour permettre la rencontre de formes d'organisations territorialisées et de réseaux extra-territoriaux". Autrement dit, la spécificité organisationnelle du milieu réside dans la dialectique des liaisons qui s'opèrent entre le système d'acteurs et les structu-res socio-économiques appréhendées ; lesquelles détermi-nent le fonctionnement du milieu. Comme nous le verrons plus loin, cette donnée est caractéristique des modes d'inte-raction et d'apprentissage qui se mettent en place pour déclencher le processus d'innovation.

Processus d'innovation et organisation du milieu

Que le milieu soit représenté comme un système

territorialisé, réducteur d'incertitude dans le cadre d'échanges multiples reposant sur une organisation spécifique et efficace est un fait. Expliquer de quelle façon le milieu donne nais-sance à l'innovation en est une autre. Le milieu devient en réalité innovateur lorsqu'il recueille et développe de nouvel-les ressources spécifiques (capital et travail ayant des ca-ractéristiques particulières sur le plan des compétences, des qualifications, technologique, financier) qui nourrissent le processus d'innovation des entreprises. Or, celles-ci dépen-dent étroitement des processus d'interaction et d'apprentis-sage qui se mettent en place dans le cadre de stratégies de coopération formalisées par une organisation en réseaux. a) Ressources spécifiques, interaction et apprentissage

Un milieu qui innove est d'abord un milieu qui se distin-gue par sa capacité à produire durablement des ressources

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spécifiques. Dans un contexte où l'avantage compétitif se détermine le plus souvent aujourd'hui à la faveur d'une maîtrise du processus d'innovation, seule la différenciation des ressources économiques permet en effet à un territoire de se placer favorablement dans le jeu de la concurrence inter-nationale. Pourquoi ? Parce que ce processus est fondé : d'une part, sur la création de savoirs non reproductibles qui échappent partiellement à la logique de marché (Colletis et Pecqueur, 1993) ; d'autre part, sur la construction d'irréversi-bilités qui engendrent des coûts prohibitifs pour les acteurs souhaitant sortir du système productif (sunk costs). La pré-sence de ressources spécifiques contribue ainsi à enrichir durablement le potentiel de croissance d'un territoire.

Ce processus de spécification des ressources ne peut cependant avoir lieu sans l'activation d'une logique d'appren-tissage et d'interaction. Étant donné que l'innovation repose en grande partie sur la production – et par conséquent le financement – et la combinaison de nouveaux savoir-faire adaptés aux besoins d'une économie localisée, le milieu ne peut avoir de vertus innovatrices que s'il met en œuvre des mécanismes de nature systémique. Il s'agit ici d'une con-dition nécessaire à la démarche évolutionniste empruntée qui analyse les transformations du système productif local en fonction des influences externes.

L'existence d'une dynamique d'apprentissage exprime ainsi la capacité des acteurs du milieu à modifier leurs com-portements selon l'évolution contextuelle. Elle traduit la manière dont les agents économiques vont parvenir à mobi-liser les ressources du milieu pour trouver des solutions ré-pondant aux nouvelles exigences productives. Cette position rejoint en fait la lignée des travaux académiques menés par Lundvall et Johnson (1994) et poursuivis par Maillat et Kebir (1998) qui consacrent une place prépondérante au processus d'apprentissage dans la création de connaissances nouvelles en tant que ressources spécifiques. Leur dévelop-pement, du point de vue conceptuel, ont d'ailleurs débouché sur l'exploitation d'un nouveau paradigme ; celui de "lear-ning region" qui permet de rapprocher la problématique des milieux innovateurs à celle des systèmes territoriaux de production.

Pour qu'un milieu innove, il lui faut également une dy-namique d'interaction. Si l'apprentissage désigne une certaine propension à saisir et à comprendre les mutations qui s'opè-rent dans un environnement donné, la mise en place de

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solutions permettant l'évolution d'un état vers un autre nécessite obligatoirement une étroite interaction entre les acteurs du milieu. Dans la mesure où l'innovation résulte de plus en plus d'une combinatoire de connaissances et de savoir-faire multiples, sa conception repose aujourd'hui essentiellement sur l'existence de coopérations diverses. C'est en effet de la capacité des acteurs du milieu à nouer, entretenir et développer des relations d'interdépendance économique que dépendra la création de spécificités territo-riales. En d'autres termes, la dynamique d'innovation ne pourra prendre corps que s'il y a mise en commun des ressources mobilisées. C'est pourquoi son processus s'inscrit largement dans le cadre d'une organisation en réseaux, génératrice d'externalités spécifiques (Perrin, 1991). Le mi-lieu innovateur se présente en fin de compte comme un système territorial dans lequel les interactions entre agents économiques se développent par l'apprentissage qu'ils font de transactions multilatérales vers des formes de plus en plus performantes de gestion en commun des ressources. b) L'organisation résiliaire du milieu

Comprendre la dynamique de l'innovation, c'est d'abord pénétrer la complexité de son processus et cerner le mode d'organisation sur lequel il repose. Dans le cas du milieu innovateur, la création de l'innovation est d'abord étroitement corrélée aux relations économiques, sociales, institution-nelles, financières ou encore politiques qui s'établissent en un lieu donné. Seulement, ces rapports sont loin d'être désor-donnés. Dans la mesure où l'innovation procède d'une multitude d'informations, savoir, savoir-faire et finance-ments, les échanges qui s'opèrent dans un milieu se fondent nécessairement sur une certaine maîtrise des ressources qui alimentent le processus.

Or, une entreprise ne domine jamais tous les ingrédients propres à l'innovation. Devant la complexité de son chemi-nement (caractère diffus des informations et savoir, multipli-cité des effets de feed-back entre les différentes étapes du processus, cohésion d'ensemble nécessaire, masse critique de capitaux financiers), celle-ci doit constamment arbitrer entre les coûts inhérents au marché (coûts de transaction) et ceux liés à la gestion de la hiérarchie (coûts d'organisation) ; ce qui explique qu'une firme soit à la recherche de formes orga-nisationnelles efficaces se situant au-delà de la simple alter-native marché-hiérarchie (Richardson, 1972 ; Williamson,

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1985), surtout dans le contexte actuel de mutation rapide des paradigmes techno-productifs. La problématique de l'innova-tion ne se porte alors plus seulement sur la firme comme élément moteur du processus mais sur le mode d'orga-nisation à laquelle celle-ci adhère au même titre que ses partenaires. C'est pourquoi le milieu innovateur tient égale-ment sa spécificité organisationnelle dans la construction de réseaux d'innovation (Lecoq, 1991).

Les réseaux constitutifs des milieux innovateurs reposent d'abord sur des coopérations conventionnelles (Planque, 1991) qui, elles-mêmes, génèrent de nouvelles coopérations issues de l'attractivité des investissements extérieurs au milieu et de l'émergence d'entreprises nouvelles au sein du milieu. La présence de réseaux multifonctionnels dans un milieu qui innove permet en effet d'expliquer l'accumulation et la sédimentation de ressources historiquement constituées. Dans la mesure où les échanges se font sur la base de la réciprocité (Courlet, 1994), la connaissance mutuelle des acteurs favorise la constitution d'un capital relationnel qui facilite la mise en place de réseaux dédiés à l'innovation. Le climat de confiance au sein du milieu constitue par con-séquent, selon les études du GREMI, un ingrédient essentiel du processus d'innovation en ce sens qu'il participe à l'éclo-sion de ces réseaux multifonctionnels qui, en retour, agissent sur le processus de structuration et de constitution du milieu. Réseaux d'innovation et milieu s'inscrivent ainsi dans une dialectique interactive dont les retombées viennent enrichir les potentialités créatrices (Peyrache, 1995). MILIEU INNOVATEUR ET INSTITUTIONS : LA REGULATION

Si le concept de milieu innovateur a permis de mettre en

évidence la nature territoriale et contextuelle du processus d'innovation, il n'est pas encore cependant parvenu à expli-quer certains aspects de l'évolution des milieux. Sans doute faut-il y voir l'empreinte du discours évolutionniste sur la méthodologie employée ; laquelle se fonde en priorité sur une démarche micro-économique. En évacuant le contenu social et historique des règles structurant le milieu, l'analyse évolutionniste conçoit d'abord la firme comme une orga-nisation et non comme une institution (Coriat et Weinstein, 1995). Or, l'innovation n'est pas seulement le fruit d'une

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organisation spécifique du point de vue technique. Elle est aussi le produit d'un certain contexte social et économique hérité de l'histoire et des institutions qui l'ont accompagné. Ces dernières exercent une influence certaine sur le com-portement des acteurs et, de fait, sur les organisations. Les politiques menées par les pouvoirs publics et les institutions permettant de les encadrer conditionnent pour une large part les décisions des agents économiques. Elles participent par conséquent à la régulation des systèmes productifs locaux.

Organisation et structures du milieu

En partant de l'hypothèse que l'innovation est le résultat

d'un processus cognitif interactif issu d'un environnement spécifique, l'approche par les milieux accorde une prévalen-ce aux comportements des agents, censés expliquer l'origine de la dynamique d'innovation. Cette acception se heurte cependant aux limites de l'analyse behavioriste dès lors qu'il s'agit d'interpréter les transformations structurelles liées à l'évolution des systèmes productifs locaux. Si les comporte-ments micro-économiques influencent l'état des structures socio-économiques et conditionnent leurs performances, on ne peut ignorer dans la réalité les phénomènes de bouclage et de rétroaction qui jalonnent cette séquence (Morvan, 1991). Dans bien des cas, les structures sont à l'origine de com-portements spécifiques et identifiés ; parce que les individus ne sont pas seulement agents mais aussi "agis" (Nicolaï, 1999). Or, les institutions jouent un rôle significatif dans l'organisation des structures (Perroux, 1993) ; qu'elles soient économiques, sociales ou encore politiques. a) Les limites du béhaviorisme

Toute théorie économique se présente comme une construction analytique cherchant à rendre intelligible les phénomènes observés. Elle est toujours un édifice à partir duquel des hypothèses se créent, se nourrissent et se déve-loppent pour se confronter à la réalité. Mais elle est aussi fondamentalement liée à des considérations méthodologi-ques, à des choix opérationnels qui rendent nécessairement partielle son interprétation. Car à l'origine des formulations, il y a toujours un dilemme à résoudre : celui du type d'ap-proche que l'on va privilégier pour défendre les arguments. Doit-on opter pour une démarche inductive ou déductive ? Choisir une direction plus structurelle que behavioriste ?

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Dans le cas du milieu innovateur, la problématique s'est d'emblée positionnée sur la relation de causalité qui pouvait exister entre l'innovation de nature technologique et l'envi-ronnement dans lequel celle-ci prenait corps. Étant donné que dans les faits l'innovation était mise sur le marché par l'entreprise, l'attention accordée aux éléments l'entourant devait forcément, selon cette approche, fournir des points d'élucidation. Seulement, il ne s'agissait pas d'une conception de l'innovation telle que J. Schumpeter la concevait. Pour P. Aydalot (1985), à l'origine de cette problématique, l'innova-tion était d'abord le produit d'une adaptation à des problèmes rencontrés in situ qui tenaient nécessairement compte des connaissances antérieures. Le phénomène était incrémental et reposait foncièrement sur l'expérience et la tradition ; ce qui constituait un socle propice au développement d'explica-tions de nature évolutionniste. L'activité innovante tenait par conséquent son origine d'une succession de comportements collectifs sédimentés dans le creuset d'une histoire locale.

Le postulat était à l'époque novateur, compte tenu que la conception dominante résidait dans le caractère universel de la technologie. En faisant du milieu le substrat des relations de la firme avec son environnement, l'innovation sortait du cadre statique de l'analyse standard pour entrer sur le terrain du processus dynamique. L'analyse avait indéniablement de quoi séduire ; seulement elle demeurait toujours intrinsèque-ment liée à une démarche micro-économique, de sorte qu'on ne pouvait comprendre le processus d'innovation qu'à travers le comportement de la firme.

Si cette méthodologie a permis de dépasser les hypo-thèses associées à la maximisation des comportements indi-viduels et de dégager un nouveau paradigme du développe-ment, elle présente cependant plusieurs limites explicatives dès qu'il s'agit d'aborder la question d'une formalisation théo-rique du concept de milieu innovateur. En suggérant que l'in-novation dépend des propriétés behavioristes de la firme, cette approche suppose que chacune d'entre elle est a priori capable d'apprendre et de modifier leur comportement en fonction des transformations de leur environnement. Autre-ment dit, tout agent est présenté comme évolutif dès l'instant où le principe cognitiviste est admis (Coriat et Weinstein, 1995).

Cette hypothèse pose de fait un véritable problème d'iden-tification du milieu dans la mesure où celui-ci ne peut être reconnu qu'en fonction des comportements observés (Lecoq,

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1993). La démarche est constamment légitimée a posteriori et ne permet pas de distinguer l'origine du milieu. Seuls interviennent des éléments de nature historique, culturelle ou encore organisationnelle pour éclairer les fondements de cet espace de "sécrétions relationnelles". On se trouve ainsi régulièrement devant un processus de construction territo-riale qui n'est jamais réellement explicité du point de vue économique. La dynamique des structures économiques est chaque fois appréhendée ex post, comme si le simple fait de regrouper un ensemble d'agents économiques dans une rela-tion de proximité (Bellet et alii, 1993) suffisait à déclencher des processus d'interaction et d'apprentissage et à générer une organisation collective spécifique. Or, s'il est vrai que l'attitude d'une firme ou d'un groupe de firmes peut conduire à modifier les structures d'un marché par exemple, on ne peut ignorer l'existence d'une relation inverse dont les effets sont tout autant vérifiés, surtout depuis les travaux de E. S. Mason (1939) et J. S. Bain (1951) en économie industrielle. L'enjeu théorique majeur du concept de milieu innovateur réside par conséquent dans sa capacité à proposer un modèle causal articulant les schémas de comportement et les schémas de structure qui s'enchevêtrent dans la sphère éco-nomique, sociale et politique pour susciter l'innovation. b) La référence aux institutions

Parvenir à une lecture du milieu innovateur associant dans un rapport dialectique le jeu des comportements et des structures suppose l'abandon d'une approche purement fonctionnelle de la dynamique d'innovation pour entrer dans une analyse combinant davantage les modes d'organisation et de structuration du processus innovateur. On ne peut en effet dissocier les différentes étapes conduisant à la naissance d'un nouveau produit, procédé ou service des institutions qui encadrent et structurent les rapports organisant ce processus. Dans la mesure où ces dernières sont, selon F. Perroux (1993), antérieures aux fonctions économiques, on ne peut comprendre l'acte d'innover qu'à travers la mise en rapport des formes d'organisation de la production et des formes d'organisations sociales et institutionnelles. Le milieu inno-vateur n'est alors plus seulement une "organisation producti-ve territorialisée" telle que le conçoit D. Maillat (1996) mais aussi une organisation institutionnalisée. Or, comme le re-marque T. Kirat (1995), "une consultation même rapide de la littérature conduit à admettre la prédominance des appro-

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ches fonctionnelles des SPL : peu de travaux affrontent le problèmes des institutions des SPL".

Faut-il encore que le concept d'institution soit clairement identifié et explicité dans le contexte organisationnel de l'in-novation. Généralement, on distingue en effet deux types d'institutions (Abdelmalki et alii, 1996) : d'une part les insti-tutions informelles, constituées par les coutumes, normes, règles et toutes les formes de représentations collectives qui façonnent les modes de pensée et d'action collective. Elles exercent essentiellement un rôle cognitif et informationnel dans le but d'homogénéiser les comportements et de garantir le fonctionnement d'un système économique ; d'autre part les institutions formelles, composées d'acteurs de l'administra-tion publique, qui non seulement ont une fonction cognitive mais agissent aussi structurellement sur les agents écono-miques, en ce sens qu'elles construisent une trame de mouve-ments prévisibles stabilisant les relations économiques et sociales du système.

Le problème est que l'institution se trouve souvent assi-milée à la première catégorie c'est-à-dire à un dispositif fonctionnel de coordination des activités. Or, l'institution ne peut être réduite aux normes, règles et valeurs qui régissent le comportement des agents au sein d'une communauté. Le fait qu'une innovation se développe en un lieu précis n'est, en effet, pas tant lié aux fonctions cognitives des acteurs écono-miques ayant pu développer un espace commun de valori-sation des ressources qu'aux modalités à partir desquelles cette connaissance s'est établie. L'institution désigne alors le produit bureaucratique des activités privées cherchant à légi-timer leurs fonctions au regard des choix prétendus ration-nels des acteurs pris individuellement. Peut-on cependant se satisfaire d'une telle position ?

Sans entrer dans un débat qui exigerait une attention plus grande sur le sujet, notre idée est que les institutions orga-niques ou macro-institutions (c'est-à-dire formelles) exercent sur les structures économiques et sociales une influence ma-jeure qui s'exprime par des comportements spécifiques au niveau micro-économique et à partir desquels un processus dialectique et interactif s'établit, favorisant ou non l'enrichis-sement du milieu local. Si la dynamique d'innovation émerge plus spécifiquement en certains lieux, ce n'est pas seulement parce que certaines entreprises sont plus sensibles que d'autres aux effets d'interaction et d'apprentissage. C'est aussi en raison de choix arrêtés par les instances publiques qui,

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certes élargissent la sphère de lisibilité cognitive en homo-généisant les anticipations et en réduisant les incertitudes du marché, mais surtout exercent une médiation entre l'action individuelle et les structures collectives. En s'imposant aux agents particuliers, les combinaisons juridiques et politiques déterminent un modèle de comportements collectifs c'est-à-dire une structure sociale à travers laquelle se fixent, se développent et s'adaptent les rapports économiques. On ne peut dans ces conditions éluder le rôle des institutions poli-tiques locales qui déterminent le niveau de "densité institu-tionnelle" (Amin et Thrift, 1993), organisent le système pro-ductif local (Ganne, 1992 ; Soulage, 1994) et donne un sens au milieu innovateur. Processus économiques et régulation du milieu : l'influence des pouvoirs publics

Régulant en dernière instance le fonctionnement du mi-

lieu, les institutions politiques jouent un rôle substantiel dans la dynamique des structures. La définition de "règles du jeu" présente en effet pour les agents économiques un caractère à la fois normatif mais aussi inductif. En produisant de la perspective, les institutions contribuent à créer une certaine lisibilité des opportunités ; ce que recherchent les entrepre-neurs. Ce déterminisme institutionnel ne peut seulement se soustraire à une interrogation contingente. Comment les structures parviennent-elles à se reproduire en dépit d'inté-rêts, d'attentes et d'actions a priori divergents ? Cette ques-tion de la régulation du milieu rejoint en fait un vieux débat théorique sur la place que tiennent l'État et le marché dans le processus du développement économique (Boyer, 1998). a) Trajectoire d'évolution et performances économiques

Le fait qu'un milieu soit producteur d'innovations techno-logiques n'est jamais lié au hasard ou à la fatalité. "L'homme, s'il vit ici ou là, ne fera pas la même invention car celle-ci est une façon d'appliquer une intelligence à une dose de con-naissances, une façon de poser les problèmes qui sont fournis par les milieux", avait soutenu P. Aydalot (1985). L'innovation repose en effet toujours sur une combinaison associant l'empirisme, la science et le marchand. Produit d'une expérience collective, elle n'est par conséquent jamais isolée des contraintes qui se posent en certains lieux et à certains moments de l'histoire (Boutillier, Uzunidis, 1999).

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Leur résolution nécessite pour cela un haut niveau d'insti-tutionnalisation. Si l'innovation technologique résulte de changements techniques, elle est aussi un produit social hérité de l'histoire et des structures qui se sont sédimentées en ce milieu (Gilly et Grossetti, 1993 ; Alter, 1996). Elle mobilise un ensemble d'acteurs économiques (entreprises, banques, laboratoires,…) dont les liens dépendent certes d'un contexte social et productif donné mais également d'un cadre juridique et institutionnel dans lequel ces agents ont évolué dans le temps. Cette dimension de l'analyse est particu-lièrement sensible dès que l'on s'intéresse aux origines du milieu et aux conditions qui ont présidé à sa construction et à sa dynamique.

L'histoire est en effet riche d'exemples de milieux dé-signés comme innovateurs ayant bénéficié d'une impulsion institutionnelle. A travers les exemples les plus significatifs que l'on peut recenser dans le monde aujourd'hui (Silicon Valley, Sophia-Antipolis, Tsukuba,…), on s'aperçoit que les politiques publiques ont joué, directement ou indirectement, un rôle décisif sur la localisation de ces espaces innovants. En France, on peut par exemple évoquer le cas de l'agglomé-ration toulousaine souvent citée pour l'avance technologique de son pôle aéronautique et dont l'implantation est directe-ment liée à des considérations d'ordre public. Avec la natio-nalisation des industries d'armement en 1936, l'État français a en effet exercé une influence significative sur le dévelop-pement de cette activité. En choisissant Toulouse, le gouver-nement de l'époque souhaitait d'abord, d'une part éloigner la construction aéronautique des frontières menacées et d'autre part développer, dans le cadre des opérations de décentra-lisation industrielle d'après guerre, une agglomération desti-née à entraîner une région jusqu'alors peu dynamique (Grossetti, 2001).

La dynamique d'innovation technologique qui a fait la renommée de la Silicon Valley n'aurait quant à elle sans doute jamais vu le jour sans l'appui des crédits de l'État amé-ricain. Il est nécessaire de rappeler en effet que les industries informatique et électronique qui se sont développées sur ce site sont d'abord le résultat d'une stratégie militaire que le gouvernement avait décidé de soutenir en finançant les travaux de recherches et de fabrication des prototypes indus-triels (Breton, 1987 ; Longhi et Spindler, 2000). En obtenant des commandes de l'État, industriels et scientifiques dispo-saient de conditions optimales pour faire naître des inven-

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tions et créer les conditions de l'innovation. Car d'une part, les scientifiques disposaient des moyens financiers néces-saires pour développer leurs recherches ; et d'autre part les firmes disposaient de débouchés commerciaux permettant d'assurer le passage de l'invention vers l'innovation. Le succès de la Silicon Valley doit ainsi être compris au-delà des comportements individuels et productifs qui ont souvent été mis en relief pour en justifier l'origine. Ces derniers ne peuvent effectivement être interprétés qu'au regard du pro-cessus d'institutionnalisation que les pouvoirs publics avaient décidé d'engager vis-à-vis des agents économiques. Sans cet apport, l'analyse est incomplète et n'offre qu'une vision intuitive des fondements de la dynamique économique de cette région.

Ces exemples que l'on pourrait compléter par d'autres cas1 illustrent en fait combien les instances publiques – et au premier chef l'Etat – ont un rôle essentiel dans le devenir économique des régions. L'évolution de leurs performances n'est jamais déconnectée des politiques publiques qui les ont accompagné dans l'histoire et il serait inopportun d'attribuer uniquement à l'initiative privée la paternité d'une quelconque dynamique économique sans la replacer dans le contexte des structures du moment.

b) Intérêts publics, intérêts privés : les complémentarités

La régulation des milieux innovateurs est de ce point de vue une question sur laquelle les recherches n'ont pas encore abouti à une formalisation satisfaisante. Si ces derniers font l'objet de processus d'ajustement, de transformation et d'évo-lution permanents, on se heurte cependant fréquemment à la question des modalités de ces processus dans la mesure où seules les dynamiques d'apprentissage et d'interaction sont invoquées. C'est en effet à travers cette double faculté que l'évolution des milieux est régulièrement interprétée. Cette hypothèse soulève cependant un problème majeur : elle ne permet pas de résoudre la question du changement structurel et les différentes formes d'évolutions rencontrées. En d'autres termes, si les milieux sont dynamiques et innovent, c'est parce qu'ils disposent de cette capacité d'adaptation. A contrario, s'ils ne parviennent pas à faire face aux difficultés, ils disparaissent.

1 Les districts industriels italiens n'échappent pas à ce champs de l'analyse que certains auteurs ont évoqué pour enrichir le débat (voir notamment J. Zeitlin, 1990).

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Cette explication est pour le moins caricaturale. L'obser-vation des modifications comportementales des agents va, en effet, bien au-delà d'une simple liaison avec le marché. Accepter ce postulat reviendrait à confirmer le primat des fonctions économiques sur les structures. Or, comme nous l'avons évoqué, les structures économiques sont aussi à l'ori-gine de nombreuses manifestations individuelles et collecti-ves. Un marché ne représente pas seulement un état de la rencontre d'agents économiques à la recherche d'une allo-cation optimale des ressources. Il est aussi une construction dont le processus est traversé par des structures sociales, institutionnelles et politiques. Or, là aussi, ces structures dépendent de l'histoire qui les a "imprégné". C'est pourquoi l'analyse d'un marché doit toujours être interprétée dans une dynamique longue et restituée dans son contexte d'origine.

L'action de l'État doit, dans cette perspective, être mis en évidence pour évaluer ce qui fait ou défait le caractère inno-vateur d'un milieu, mû par de multiples relations techno-logiques, économiques et financières de nature systémique. Si l'on estime que les comportements et les structures intera-gissent de manière permanente dans le cadre d'une dyna-mique de relations systémiques, il nous faut nécessairement introduire l'action publique dans le raisonnement pour saisir de quelle façon la coordination s'opère. Les débats actuels sur la gouvernance tentent, d'ailleurs, d'apporter un éclairage nouveau sur les formes de régulation locale qui ne sont ni marchandes, ni étatiques, associant les intérêts privés et publics, mélangeant les aspects sociaux et économiques et dont les institutions publiques locales en seraient à l'origine (Benko et Lipietz, 1992). Cette acception élargie recouvre cependant différentes ambitions explicatives qui rendent généralement la notion difficile à mobiliser, surtout quand il s'agit d'intégrer dans l'analyse les oppositions et les conflits d'intérêts entre agents (Gilly et Pecqueur, 1995).

Le concept de gouvernance est en fait un reflet des difficultés qui se posent aujourd'hui pour définir et caracté-riser les modes de régulation. Face aux limites rencontrées par le "tout marché" et aux échecs du "tout État", R. Boyer (1998) estime que les sources du développement sont plutôt à rechercher dans la complémentarité des actions menées par l'État et le marché à travers les différents types d'arrange-ments institutionnels existants. Il est clair, en effet, que l'efficacité économique et la justice sociale ne peuvent au-jourd'hui se maintenir en se positionnant exclusivement sur

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l'une des options. Pour livrer des résultats acceptables à la population, le marché a besoin d'être encadré par des inter-ventions publiques. A contrario, l'État doit veiller à ne pas produire d'inégalités susceptibles de fausser la concurrence.

Cette relation dialectique ne saurait néanmoins évacuer de l'analyse l'importance des fonctions régulatrices exercées par l'État en dernier ressort. Qu'ils se placent en amont (cons-truction du marché par des commandes publiques ou des aides financières, création de biens publics générateurs d'externalités positives) ou en aval (soutien aux entreprises défaillantes, aides publiques suite à des licenciements) d'un secteur d'activité, l'État et ses relais territoriaux (collectivités locales notamment) demeurent toujours les éléments coor-dinateur d'un système productif, quel qu'il soit. Leur inter-vention est chaque fois légitimée par les fluctuations d'un marché qui obscurcit ou propulse les initiatives privées. Un milieu ne parvient en fait à reproduire sa fonction d'in-novation que si le système productif local réagit positi-vement aux influences de l'action publique et parvient à sécréter de nouvelles ressources nécessaires au processus innovateur. Or, cette réaction dépend également de la structure globale du système productif et de sa capacité à intégrer les nouvelles orientations souhaitées par la puissan-ce publique. L'innovation constitue par conséquent un pro-duit indéfectiblement lié à la dynamique de relations systé-miques portées par des structures économiques, sociales et institutionnelles dont le renouvellement est conditionné par les rapports dialectiques entre l'État (et ses administrations) et le(s) marché(s).

L'introduction du concept de milieu innovateur dans la

littérature académique a permis ces dernières années de po-ser en des termes nouveaux la question du développement local et des mécanismes qui le sous-tendent. En liant l'innovation directement à son contexte, l'objectif est de montrer que son processus est indissociable de l'environ-nement qui le nourrit. Le milieu géographiquement situé ne peut-il être défini comme étant un nœud de relations éco-nomiques et sociales contextualisées, générateur d'externa-lités historiquement spécifiées et projetées dans l'avenir de façon cumulative ? La capacité innovatrice d'un système productif local qui conditionne sa fonction de milieu innovateur dépend en effet de :

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– la qualité et de la densité des relations entre les acteurs du système ; – du potentiel d'attractivité de ce système vis-à-vis des investisseurs ; – sa capacité d'absorption de ressources scientifiques, techni-ques, financières nouvelles.

Ces critères dynamiseront d'autant plus la fonction d'inno-vation du milieu que le système sera soutenu par un en-semble d'interventions publiques (aides publiques, subven-tions,…) destinées à réduire les risques et les coûts inhérents aux activités économiques. La gestion d'externalités pro-duites par les institutions publiques constitue en effet pour les entreprises une base d'accumulation nécessaire à la maturation de l'innovation. Dans la mesure où la mise sur le marché d'un nouveau bien ou service a un coût supérieur à celui des produits déjà échangés, l'entreprise a nécessai-rement besoin de chemins balisés pour trouver dans l'inno-vation une incitation à investir. Ceci explique pourquoi les milieux innovateurs sont aussi ceux où la dynamique insti-tutionnelle s'est particulièrement illustrée. Les institutions (État et collectivités territoriales) possèdent par conséquent un certain pouvoir d'induction sur les agents du système productif local.

Mais s'ils disposent d'une capacité à impulser l'action économique, les institutions jouent également un rôle nor-matif sur le comportement des individus. Par la réglemen-tation qu'elles appliquent, les institutions fixent en effet le cadre des actions à mener par tout agent économique. On ne saurait ainsi contextualiser l'acte d'innover en dehors de son contenant institutionnel. Ce dernier pose les contraintes qui provoquent et canalisent la "destruction créatrice". Mais ne dit-on pas aussi que c'est de la contrainte que nait l'opportunité ?

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