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Mercredi 3 novembre 2010 - Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, D ifficile de parler de « terro- risme aveugle » quand des prêtres et des fidèles assis- tant à la messe dominicale sont tués dans leur église, à la veille de la Toussaint. C’est ce qui vient de se passer à Bagdad, où une prise d’otages s’est achevée dans un bain de sang, dimanche 31 octo- bre, après l’intervention de l’ar- mée irakienne. Bilan : plus de cin- quante morts, en majorité des femmes et des enfants. La prise d’otages visait la com- munauté chrétienne du pays, régulièrement prise pour cible par les « milices islamistes » qui déstabilisent l’Irak depuis la chu- te de Saddam Hussein. Ce nou- veau jalon tragique d’une histoire récente, qui en compte beaucoup d’autres, ne manquera pas d’ali- menter une tragédie en cours depuis plusieurs années : l’exil des chrétiens d’Orient. Islamisme, guerres, conflits divers, notamment israélo-pales- tinien, pauvreté, les causes sont nombreuses qui expliquent ce drame : les chrétiens fuient les lieux qui sont le berceau de leur foi. L’archevêque de Kirkouk, autre ville irakienne, disait redou- ter un « exode mortel » lors du synode consacré aux chrétiens d’Orient, du 10 au 24 octobre, au Vatican. Le gouvernement français, qui a accueilli 1 300 chrétiens d’Irak depuis 2008, a proposé, lundi 1 er novembre, d’en recevoir 150 autres. Ils rejoindront dans l’exil près de la moitié de la population chrétienne d’Irak qui a fui le pays depuis une vingtaine d’années. Avec quelque 500 000 chré- tiens encore sur place, l’Irak est le pays du Moyen-Orient qui a connu la plus forte hémorragie ces dernières décennies. Une accé- lération est à l’œuvre depuis l’in- vasion américaine de 2003 et les violences qui en ont découlé. Le problème concerne toute la région. Pour le jésuite égyptien Samir Khalil Samir, l’un des arti- sans du synode, la disparition des chrétiens d’Orient n’est pas « une simple hypothèse » : en un siècle, la population chrétienne de Tur- quie est passée de 20 % à 0,2 %. Sur la même période, la part des chrétiens dans les pays qui ont vu naître et prospérer le christianis- me est passée de 15 % à 6 % aujour- d’hui. En l’absence de statistiques fiables, les chiffres communé- ment admis font état de quelque 20 millions de personnes sur une population de 350 millions, au Proche et Moyen-Orient. Le Liban abrite toujours la plus forte pro- portion de chrétiens. Un ensemble de raisons écono- miques, politiques, démographi- ques et religieuses explique cette lente évaporation. Mais, depuis quelques années, le clergé et les fidèles mettent surtout en avant l’islamisation croissante des socié- tés dans lesquelles ils vivent. « Les musulmans ne distinguent pas religion et politique », rappelaient les évêques lors du synode. Pour les communautés concer- nées, au-delà de l’islam radical, c’est désormais la confrontation au quotidien avec un islam politi- que qui rend difficile la survie de la culture et des traditions chré- tiennes. Le Vatican a dit son désarroi. Il ne devrait pas être seul : l’exode des chrétiens d’Orient est un dra- me qui nous concerne tous. p Lire page 7 Lors du meeting démocrate à Boston, le 16 octobre. AFP/Saul LOEB Budget 2011 Le gouvernement prévoit de réaliser au moins 5 milliards d’euros d’économies sur les dépenses pour réduire le déficit public. Mais cela ne suffira pas à faire baisser les dépenses totales. Page 9 Etats-Unis Chômage, pauvreté : des niveaux record ; croissance : des signes de ralentissement Supplément Cinéma Accompagnant le corps de sa femme, un homme voyage avec son ami sur les bords de la Volga afin d’accomplir le rituel funéraire des Meria, un peuple disparu. Avec « Le Dernier Voyage de Tanya », Aleksei Fedorchenko signe un somptueux récit. Parmi les autres sorties de la semaine, « L’Homme qui voulait vivre sa vie », film inclassable, où Eric Lartigau suit la trajectoire de Paul, un avocat, interprété par Romain Duris, entre confort social et aspiration artistique. Pages 20 à 22 L e ministre de la culture répond aux historiens qui, dans une tribune au Monde, critiquaient la finalité de la Maison de l’histoire de France. Ces détrac- teurs dénonçaient notamment une tentative de figer l’histoire. Fré- déric Mitterrand voit dans ces criti- ques a priori du projet un mal fran- çais. Il plaide la nécessité de ponc- tuer notre récit national de repè- res, de dates et de personnages, nécessaires à sa compréhension. La Maison « sera un lieu où le passé vit au contact de la modernité, ouvert aux débats, aux invitations et aux rencontres », assure-t-il. p Lire page 15 Editorial Paris et Londres signent un accord sans précédent sur leurs forces nucléaires Obama : le désamour t Pourquoi le bilan du président américain, à mi-mandat, ne convainc pas les électeurs. P. 6 et 16-17 Dépenses de l’Etat : grosses coupes, petites économies « Le Monde Economie » Deux hommes, deux pinsons et un grand film russe M. Mitterrand défend la Maison de l’histoire de France Jour après jour, l’exode des chrétiens d’Orient UK price £ 1,50 t Les deux puissances vont lancer une coopération technologique sur les ogives nucléaires t Ce point figure dans le traité de défense franco-britannique conclu mardi 2 novembre L es deux puissances nucléaires européen- nes ouvrent une page inédite dans l’histoi- re de leurs forces de frappe respectives. Pour la première fois, la France et le Royaume- Uni vont lancer une coopération touchant à la vérification des matières qui entrent dans la fabrication de leurs têtes nucléaires. Hautement sensible, ce rapprochement ne remet pas en cause, souligne-t-on de part et d’autre, l’indépendance des deux dissuasions nucléaires. Mais, portant sur un aspect techni- que qui concerne la fiabilité des matières utili- sées pour les armes atomiques, le tournant est majeur, car il touche au cœur de la fabrication des arsenaux et de leur entretien. Négocié depuis des mois, ce virage devait être consacré, mardi 2 novembre, par la signatu- re à Londres d’un traité de défense entre les deux pays, à l’occasion d’un sommet réunis- sant le président français, Nicolas Sarkozy, et le premier ministre britannique, David Cameron. Adossé au premier, un second traité, concer- nant la coopération scientifique dans le nucléai- re, sera signé dans la foulée. Concrètement, la France va permettre aux Britanniques de vérifier l’état des matières des- tinées à leurs ogives, en leur offrant un accès aux technologies du site de Valduc, en Bourgo- gne (Côte-d’Or), rattaché à la direction des appli- cations militaires du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). De la matière fissile sera ainsi transportée du Royaume-Uni vers Valduc pour y être testée et soumise à des simulations, avant d’être rapatriée. Natalie Nougayrède aLire la suite page 5 Le regard de Plantu

Le Monde du 03 11

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3 novembre

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Page 1: Le Monde du 03 11

Mercredi 3 novembre 2010 -

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

D ifficile de parler de « terro-risme aveugle» quand desprêtres et des fidèles assis-

tant à la messe dominicale sonttués dans leur église, à la veille dela Toussaint. C’est ce qui vient dese passer à Bagdad, où une prised’otages s’est achevée dans unbain de sang, dimanche 31 octo-bre, après l’intervention de l’ar-mée irakienne. Bilan : plus de cin-quante morts, en majorité desfemmes et des enfants.

La prise d’otages visait la com-munauté chrétienne du pays,régulièrement prise pour ciblepar les « milices islamistes » quidéstabilisent l’Irak depuis la chu-te de Saddam Hussein. Ce nou-veau jalon tragique d’une histoirerécente, qui en compte beaucoupd’autres, ne manquera pas d’ali-menter une tragédie en coursdepuis plusieurs années : l’exildes chrétiens d’Orient.

Islamisme, guerres, conflitsdivers, notamment israélo-pales-tinien, pauvreté, les causes sontnombreuses qui expliquent cedrame : les chrétiens fuient leslieux qui sont le berceau de leurfoi. L’archevêque de Kirkouk,autre ville irakienne, disait redou-ter un « exode mortel » lors dusynode consacré aux chrétiensd’Orient, du 10 au 24 octobre, auVatican.

Le gouvernement français, quia accueilli 1 300 chrétiens d’Irakdepuis 2008, a proposé, lundi1er novembre, d’en recevoir 150autres. Ils rejoindront dans l’exilprès de la moitié de la populationchrétienne d’Irak qui a fui le paysdepuis une vingtaine d’années.

Avec quelque 500 000 chré-

tiens encore sur place, l’Irak est lepays du Moyen-Orient qui aconnu la plus forte hémorragieces dernières décennies. Une accé-lération est à l’œuvre depuis l’in-vasion américaine de 2003 et lesviolences qui en ont découlé.

Le problème concerne toute larégion. Pour le jésuite égyptienSamir Khalil Samir, l’un des arti-sans du synode, la disparition deschrétiens d’Orient n’est pas « unesimple hypothèse » : en un siècle,la population chrétienne de Tur-quie est passée de 20 % à 0,2 %.Sur la même période, la part deschrétiens dans les pays qui ont vunaître et prospérer le christianis-me est passée de 15% à 6% aujour-d’hui. En l’absence de statistiquesfiables, les chiffres communé-ment admis font état de quelque20 millions de personnes sur unepopulation de 350 millions, auProche et Moyen-Orient. Le Liban

abrite toujours la plus forte pro-portion de chrétiens.

Un ensemble de raisons écono-miques, politiques, démographi-ques et religieuses explique cettelente évaporation. Mais, depuisquelques années, le clergé et lesfidèles mettent surtout en avantl’islamisation croissante des socié-tés dans lesquelles ils vivent. « Lesmusulmans ne distinguent pasreligion et politique », rappelaientles évêques lors du synode.

Pour les communautés concer-nées, au-delà de l’islam radical,c’est désormais la confrontationau quotidien avec un islam politi-que qui rend difficile la survie dela culture et des traditions chré-tiennes.

Le Vatican a dit son désarroi. Ilne devrait pas être seul : l’exodedes chrétiens d’Orient est un dra-me qui nous concerne tous. p

Lire page 7

Lorsdumeetingdémocrateà Boston,le 16 octobre.AFP/Saul LOEB

Budget 2011 Le gouvernement prévoit de réaliserau moins 5 milliards d’euros d’économies surles dépenses pour réduire le déficit public. Mais celane suffira pas à faire baisser les dépenses totales. Page 9

Etats-Unis Chômage,pauvreté : des niveaux record ;croissance : des signes deralentissement Supplément

Cinéma Accompagnant le corps de sa femme, unhomme voyage avec son ami sur les bords de la Volgaafin d’accomplir le rituel funéraire des Meria, un peupledisparu. Avec « Le Dernier Voyage de Tanya »,Aleksei Fedorchenko signe un somptueux récit.Parmi les autres sorties de la semaine, « L’Homme quivoulait vivre sa vie », film inclassable, où Eric Lartigausuit la trajectoire de Paul, un avocat, interprété parRomain Duris, entre confort social et aspirationartistique. Pages20 à22

L e ministre de la culturerépond aux historiens qui,dans une tribune au Monde,

critiquaient la finalité de la Maisonde l’histoire de France. Ces détrac-teurs dénonçaient notammentunetentativedefiger l’histoire.Fré-déricMitterrand voit dans ces criti-ques a priori du projet un mal fran-çais. Il plaide la nécessité de ponc-tuer notre récit national de repè-res, de dates et de personnages,nécessaires à sa compréhension.La Maison « sera un lieu où le passévit au contact de la modernité,ouvert aux débats, aux invitationset aux rencontres », assure-t-il.p

Lire page15

Editorial

Paris etLondres signentun accord sansprécédentsurleurs forces nucléaires

Obama:le désamourt Pourquoilebilanduprésidentaméricain,àmi-mandat, neconvaincpasles électeurs.P. 6 et 16-17

Dépensesdel’Etat:grossescoupes,petiteséconomies

«LeMondeEconomie»

Deuxhommes,deuxpinsonsetungrandfilmrusse

M.Mitterranddéfendla Maisondel’histoiredeFrance

Jour après jour, l’exode des chrétiens d’Orient

UK

pric

1,50

t Les deux puissances vont lancer une coopération technologique sur les ogives nucléairest Ce point figure dans le traité de défense franco-britannique conclu mardi 2 novembre

L es deux puissances nucléaires européen-nesouvrent une page inédite dansl’histoi-re de leurs forces de frappe respectives.

Pour la première fois, la France et le Royaume-Uni vont lancer une coopération touchant à lavérification des matières qui entrent dans lafabrication de leurs têtes nucléaires.

Hautement sensible, ce rapprochement neremet pas en cause, souligne-t-on de part etd’autre, l’indépendance des deux dissuasionsnucléaires. Mais, portant sur un aspect techni-que qui concerne la fiabilité des matières utili-

sées pour les armes atomiques, le tournant estmajeur, car il touche au cœur de la fabricationdes arsenaux et de leur entretien.

Négocié depuis des mois, ce virage devaitêtreconsacré, mardi2 novembre,par la signatu-re à Londres d’un traité de défense entre lesdeux pays, à l’occasion d’un sommet réunis-sant le président français, Nicolas Sarkozy, et lepremier ministre britannique, David Cameron.Adossé au premier, un second traité, concer-nantla coopérationscientifiquedans lenucléai-re, sera signé dans la foulée.

Concrètement, la France va permettre auxBritanniques de vérifier l’état des matières des-tinées à leurs ogives, en leur offrant un accèsaux technologies du site de Valduc, en Bourgo-gne(Côte-d’Or),rattaché àladirection des appli-cations militaires du Commissariat à l’énergieatomique (CEA). De la matière fissile sera ainsitransportée du Royaume-Uni vers Valduc poury être testée et soumise à des simulations,avant d’être rapatriée.

Natalie Nougayrède

aLire la suite page5

Leregard dePlantu

Page 2: Le Monde du 03 11

La minijupe est bannie de Castellammare

Les faits

L’histoire Salvatore Aloïse(Rome, correspondance)

aInternationalAuxEtats-Unis,scrutinsdifficilespourBarackObamaetlesdémocratesLe président Barack Obama et ses alliés démocrates semblaient en trèsmauvaise posture avant les élections de mi-mandat du mardi 2 novem-bre aux Etats-Unis, sur fond de mécontentement économique aigu.Lundi 1er novembre, une dernière série de sondages a confirmé la ten-dance de ces dernières semaines : les républicains et leur aile ultra-conservatrice, le Tea Party, devraient rafler la majorité à la Chambre desreprésentants et entamer considérablement la majorité au Sénat. Lesdémocrates devraient également perdre une poignée de sièges de gou-verneurs.Au total, les Américains doivent renouveler les 435 sièges de la Cham-bre des représentants. Ils doivent aussi désigner 37 nouveaux sénateurssur 100 et 37 postes de gouverneurs sur 50. Lire pages6, 16 et17n Sur Lemonde.fr : Le suivi en direct des résultats à partir de4heures du matin, mercredi 3novembre. Infographie animée: Toutcomprendre des élections de mi-mandat. Blogs : «Obama sur tou-tes les radios» et «Des élections à 4milliards de dollars».

ParisetLondres inaugurentunpartenariat militaire inéditA l’occasion d’un sommet bilatéral à Londres, Nicolas Sarkozy et DavidCameron devaient signer, mardi 2 novembre, un traité ouvrant la voie àun partage de technologies à partir de 2014 destiné à vérifier les matièresentrant dans les têtes nucléaires. Cela se fera dans un laboratoire com-mun implanté à Valduc, près de Dijon. Un centre de recherche britanni-que sera, en parallèle, ouvert à Aldermaston aux spécialistes des deuxpays. Par ailleurs, la Grande-Bretagne et la France vont créer une « forceexpéditionnaire conjointe » de plusieurs milliers d’hommes qui seramobilisable pour des opérations extérieures bilatérales ou sous dra-peaux de l’OTAN, de l’ONU ou de l’Union européenne.En plus de ces deux projets phares, Paris et Londres ont décidé de parta-ger, à partir de 2020, leurs deux porte-avions. Plus largement, les deuxpays devaient annoncer, mardi, une série de projets militaires communset d’accords destinés à rapprocher leurs industries de défense en matièrede sous-marins, de drones ou de missiles. Lire page5

aFranceLapolicegrecque intercepteun colispiégédestinéà NicolasSarkozy

La police grecque a déjoué, lundi 1er novembre, plusieurs tentatives d’at-tentat aux colis piégés, adressés à Nicolas Sarkozy ainsi qu’aux ambassa-des du Mexique, des Pays-Bas et de Belgique, à Athènes. Deux hommes,âgés de 22 et 24 ans, soupçonnés d’appartenir à des groupuscules d’extrê-megauche ontété interpellés. L’affaire aété confiée àla brigadeantiterro-riste. (PHOTO : REUTERS)

Lesdéputésdébattent descoupesfranchesprévuesdans le budget 2011Les députés devaient commencer, mardi 2 novembre, l’examen du voletdépenses du budget 2011. L’Etat a l’ambition de réaliser 5 milliards d’eu-

ros d’économie sur ces dépenses. Au menu sont inscrites la suppressionde 31 638 postes de fonctionnaires (par le non-remplacement de la moitiédes départs en retraite), des mesures de restriction du train de vie del’Etat (200 millions d’économie nettes), ainsi qu’une baisse de 600 mil-lions nette des subventions, allocations et aides sociales notamment.Le gouvernement souhaite stabiliser à 37,6 milliards d’euros les dépen-ses dites « de guichet » dont le nombre de bénéficiaires augmente avec lacrise. Enfin, le nombre d’emplois aidés passera de 400 000 en 2010 à340 000 en 2011. Lire page9

aEnvironnementDésaccordentre associations etexperts surles effets duGrenelle

Le rapport de suivi des 268 décisions négociées en octobre 2007 à lafaveur du Grenelle de l’environnement devrait être remis, mardi2 novembre, au ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo. Les auteursrecensent 52 mesures qui nécessitent « une réorientation stratégiqueou une remobilisation significative ».Onze mesures « dépassées » doivent être « redéfinies ». Restent une cin-quantaine de mesures (18 %) dont les engagements sont « réalisés »,selon les auteurs du rapport, et 60 % qui sont « en cours de réalisationsans difficulté particulière à ce jour ». Cette évaluation plutôt encoura-geante des effets du Grenelle est en décalage avec l’appréciation desassociations de défense de l’environnement, beaucoup plus sévères.(PHOTO : AFP) Lire page4

Aprèsl’Eyjafjöll,un autre volcanislandais pourraitentreren éruptionSix mois après le nuage de cendres de l’Eyjafjöll, qui avait paralysé l’espa-ce aérien européen, les géologues islandais ont annoncé, lundi 1er novem-bre, qu’un autre volcan, le Grimsvötn, émet des signes avant-coureursd’une éruption. Le cours d’eau du glacier, sous lequel gronde le volcan, atriplé de volume dans la nuit de dimanche à lundi. En 2004, le déborde-ment de ce lac avait été suivi d’une éruption.

aEconomieLaFranceet la Russiecréentunconsortium de chantiers navalsLa compagnie russe unifiée de construction navale OSK et le groupefrançais de construction navale militaire DCNS ont signé, lundi1er novembre, un accord de coopération prévoyant la création d’unconsortium commun. Cet accord intervient juste avant l’expiration,le 5 novembre, de l’appel d’offres lancé par la Russie pour un navirede type Mistral. La DCNS a annoncé le 26 octobre qu’elle était prête àlivrer un Mistral à Moscou, « sans restrictions ».Les discussions ont longtemps buté sur la question du transfert detechnologie. Le nouveau consortium pourrait participer à desappels d’offres pour la construction de « navires civils et militaires »,a déclaré le PDG de la DCNS, Patrick Boissier. La France est en négocia-tion avec la Russie depuis 2009 pour la vente du navire de guerreMistral.

A vant de se rendre à Castellammare di

Stabia, ville du bord de mer non loin

de Naples, mieux vaut consulter le

règlement sur la sécurité urbaine que le

maire, Luigi Bobbio, un ancien magistrat,

épaulé par son adjoint à la sécurité, un

ancien général, vient de promulguer.

Car il s’agit d’une série de normes très

pointilleuses avec, entre autres, l’interdic-

tion de porter des minijupes trop courtes,

des décolletés trop généreux, des jeans

taille basse ou encore de prendre des bains

de soleil dans les parcs de la ville et de se

balader torse nu loin des plages. Jurer ou

« troubler les autres » avec un « langage cru »est aussi sanctionné. Les amendes encou-

rues vont de 25 euros à 500 euros.

La raison de ce tour de vis ? « Restaurer ledécor urbain » qui, selon M. le maire, est

mis à mal par le laisser-aller, en ville, des

touristes et des habitants. Cet ayatollah

local, comme il a été surnommé par beau-

coup de ses concitoyens, a pris les devants,

avant l’été 2011 et la « décadence vestimen-taire » déchaînée, selon lui, par les premiè-

res chaleurs.

« Castellammare, province de Naples oude Téhéran ? », s’est interrogée une associa-

tion de défense des consommateurs, tandis

que des groupes féministes montaient au

créneau en organisant des sit-in en miniju-

pe devant la mairie pour protester contre ce

bond en arrière.

Des crucifix dans les barsMais le maire n’en démord pas. Tout en

se défendant d’être un bigot, cet élu de droi-

te confirme vouloir remettre sa ville dans le

droit chemin. Il assure que les agents de la

police municipale n’iront pas, le mètre à la

main, vérifier la longueur des minijupes,

mais qu’ils se limiteront à juger d’un coup

d’œil. S’il se prend pour un shérif, c’est qu’il

a de bonnes raisons.

A l’été 2008, le gouvernement Berlusco-

ni avait transformé les maires en gardiens

de l’ordre. Pensée, au départ, pour lutter

contre la microcriminalité, cette redéfini-

tion du rôle des maires, au fil d’arrêtés

plus ou moins farfelus, n’en finit pas de

donner des idées « géniales » aux plus zélés

d’entre eux.

Les exemples sont variés. Ils vont des res-

trictions des commerces de kebabs qui « nui-sent aux traditions culinaires locales » de plu-

sieurs communes, à l’obligation d’accrocher

un crucifix aux murs dans des lieux publics

comme les bars, introduite par la municipa-

lité de Trivolzio, en Lombardie, en réponse à

la décision de la Cour européenne de suppri-

mer les crucifix dans les salles de classe.

Avant la minijupe, la palme du règlement

le plus saugrenu revenait au maire de Furo-

re, en Campanie, qui a interdit les nains de

jardins, coupables « d’altération de la natu-re ». Sans parler du premier citoyen de Salug-

gia, au Piémont, qui, pour sa part, suggère

de remplacer le jet de riz sur les mariés par

« de plus délicats pétales de rose ». p

Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeurde la publication : Eric FottorinoVice-président, directeur général : David GuiraudSecrétaire général du directoire :Pierre-Yves RomainDirecteur du « Monde » : Eric FottorinoDirecteur adjoint : Laurent GreilsamerEditeur : Michel SfeirDirectrice de la rédaction : Sylvie KauffmannDirecteurs éditoriaux : Gérard Courtoiset Alain Frachon.Rédacteurs en chef : Jean-Jacques Bozonnet,Michel Kajman, Franck Nouchi, Isabelle Talès,Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »).Chef d’édition : Françoise Tovo.Directrice artistique : Sara Deux.Veille de l’information : Eric Azan.Secrétaire général : Jean-Pierre GiovencoMédiatrice : Véronique MaurusConseil de surveillance : Louis Schweitzer,président. Gilles van Kote, vice-présidentLe Monde est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000.Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.Rédaction :80,boulevard Auguste-Blanqui,75707ParisCedex13 Tél. :01-57-28-20-00 ;télécopieur :01-57-28-21-21Abonnements :partéléphone:deFrance0-825-000-778.(0,15TTC/min) ;del’étranger:(33)3-44-31-80-48 ouwww.lemonde.fr/abojournal/Changementd’adresseetsuspension :0-825-022-021(0,15TTC/min)

Les scores

Les gens Les chiffrest GillesDufeigneuxnommédéléguéauxgrandsévénementssportifs

L’ex-collaborateur de FrançoisFillon, qui avait démissionné le9septembre après avoir été sus-pendu de ses fonctions, a été nom-mé, samedi 30 octobre, déléguéinterministériel aux grands événe-ments sportifs. L’ex-chef de cabi-net adjoint du premier ministreavait été contrôlé en état d’ébriétépar des policiers qu’il avait insul-tés, à Paris, dans le 5e arrondisse-ment. M.Dufeigneux, 46 ans, est,par ailleurs, conseiller municipal(centriste) de Vannes (Morbihan)et conseilleur régional. (PHOTO :

MAXPPP)

t ChristineBoutin«vraisemblablement»candidateen2012La présidente du Parti chrétien-démocrate (PCD), Christine Boutin,66ans, a annoncé sa probable can-didature à l’élection présidentiellede 2012, dans un entretien publiépar Le Figaro, mardi 2novembre.«Nous aurons un candidat à la pré-sidentielle, vraisemblablementmoi, car la France a besoin d’uncap, d’une espérance, d’un enthou-siasme en ces temps difficiles demondialisation», a estimé l’ancien-ne ministre de la ville, chargée parNicolas Sarkozy de rédiger un rap-port sur la « justice sociale et lamondialisation», qu’elle doitremettre avant le 15décembre.

t MatthiasLanghoffcondamnel’expulsiondesRomsparlaFranceLe dramaturge franco-allemandMatthias Langhoff, 69 ans, anciendirecteur du Berliner Ensemble,invité du Festival national de théâ-tre de Roumanie, a vivement criti-qué, lundi 1er novembre, à Buca-rest, le gouvernement françaispour sa politique d’expulsion desRoms. « Je suis gêné d’apparaîtremaintenant en Roumanie en tantque Français. »

tTennisSimon passe, Clémentet Llodra cassentLe Français Gilles Simon a battu(6-3, 6-3) le Russe Sergiy Stakhovs-ky, lundi 1er novembre à Valence(Espagne); Arnaud Clément a étédéfait (6-4, 6-2) par un autre RusseTeimuraz Gabashvili. A Bâle (Suis-se), Michael Llodra a été sorti (4-6,7-5, 6-3) par l’Américain John Isner.

tVoileFranck Cammas en têtede la Route du rhumFranck Cammas, sur Groupama3,était en tête de la Route du rhum,mardi 2 novembre à 7 h 40.

tHippismeUn binôme françaisemporte la Melbourne CupLe cheval français, Americain,monté par le Français Gérald Mos-sé, a emporté la Melbourne Cup(Australie), l’une des courses lesplus réputées au monde.

24heuresdans lemonde

tEconomie

120000foyersdevraientsortirdu fichierdes personnessurendettéesSelon la ministre de l’économie,Christine Lagarde, les mesuresentrées en vigueur lundi 1er novem-bre devraient permettre à unménage surendetté sur six de sor-tir du fichier. Selon Mme Lagarde,2,6 millions de français sur les9millions qui ont recours au cré-dit à la consommation sont en dif-ficulté pour rembourser. Le nom-bre de surendettés a augmenté de15 % entre septembre 2008 et sep-tembre 2009.

tPopulation

6millionsd’agentschargésdurecensementenChineLa Chine a commencé, lundi1er novembre, le recensementdécennal de sa population esti-mée à plus de 1,33milliard d’indivi-dus fin 2009. Six millions d’em-ployés gouvernementaux vontsillonner le pays pendant unmois. De nombreux Chinois pour-raient être tentés d’échapper aurecensement, notamment les quel-que 200 millions de « migrants»,partis des campagnes pour tra-vailler dans les villes, qui n’ontaucun statut légal.

tEmploi

8,9%des jeunesdiplômésau chômageenGrande-BretagneSelon une étude de l’organisationindépendante britannique HigherEducation Careers Services Unit,publiée lundi 1er novembre, 8,9 %de nouveaux diplômés étaient àla recherche d’un emploi six moisaprès avoir quitté l’université. Ils’agit du plus fort taux de chôma-ge de ces jeunes depuis 1993 où ilavait culminé à 11,6 %. Ce sont lesdiplômés dans le domaine desnouvelles technologies qui ont leplus de mal à trouver du travail(16,3%), suivis des ingénieurs enélectronique (13,3 %).

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA).La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’adminis-tration. Commission paritaire des publications et agences de pressen° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037

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Président :David GuiraudDirectrice générale :

Bénédicte Half-Ottenwaelter

0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 3: Le Monde du 03 11

C’est l’enquête de la dernièrechance. Celle qui peut établirla vérité sur un dramejamais éclairci depuis sei-ze ans, ou bien se heurter,une fois de plus, aux raisons

d’Etat. Aussi étonnant que cela paraisse,aucune investigation matérielle n’ajamais été menée par la justice sur lecrash de l’avion du président rwandaisqui, le 6 avril 1994, a donné le signal dugénocide dont ont été victimes800 000 personnes, des Tutsi et desHutu modérés.

Pour la première fois, un juge d’ins-truction français vient de passer unesemaine à Kigali accompagné d’une équi-pe d’experts et d’avocats, pour tenter defaire la lumière sur les tirs de missile qui,en abattant le Falcon 50 du présidentJuvénal Habyarimana, ont fait basculerle Rwanda dans l’horreur.

Qui a tiré ? Les extrémistes hutu hosti-les au partage du pouvoir avec les Tutsiqu’avait accepté le président Habyarima-na? C’est la thèse du régime actuel du pré-sident Paul Kagamé, dominé par les Tut-si. Ou des soldats agissant sur ordre de cedernier qui, à la tête d’une armée rebelle,cherchaient à s’emparer du pouvoir,comme l’a conclu le juge français Jean-Louis Bruguière en 2006, provoquant larupture par Kigali des relations diploma-tiques avec Paris ?

Chacune de ces hypothèses renvoie àun lieu de tir : le camp militaire deKanombe tenu par les Forces arméesrwandaises (FAR, loyalistes), qui atteste-rait de la culpabilité du régime Habyari-mana, ou la colline de Masaka où des élé-ments du Front patriotique rwandais(FPR) de Paul Kagamé se seraient infil-trés, selon l’enquête du juge Bruguière.

« La vérité viendra de la balistique »,insiste l’un des protagonistes de ce dos-sier qui, depuis seize ans, empoisonne leclimat entre Paris et Kigali. Cette véritén’intéresse pas seulement les famillesdes victimes françaises du crash, qui ontporté plainte. La culpabilité du campKagamé, sans faire de l’actuel présidentle responsable du génocide – qui a desracines anciennes et fut organisé par sesadversaires –, signifierait que le chef del’Etat a pris le risque d’un massacre deson peuple, pour prendre le pouvoir.

C’est peu dire que le séjour rwandaisdu juge parisien Marc Trévidic, du 11 au18 septembre, marque un tournant dans

cette enquête. Son prédécesseur, le jugeBruguière, chargé en 1998 de l’enquêteouverte sur plainte des victimes françai-ses du crash, ne s’était jamais rendu surles lieux. Crainte pour sa sécurité etconviction d’une obstruction des autori-tés rwandaises actuelles, allèguent sespartisans. Parti pris de charger Kagamépour atténuer la responsabilité de laFrance, qui soutenait Habyarimana,rétorquent ses contempteurs.

Fondant ses accusations sur des témoi-gnages convergents, le juge Bruguièreavait cru pouvoir se passer d’investiga-tions en terrain rwandais. Mais plusieursde ses témoins se sont rétractés, rendantplus nécessaire que jamais le recueil depreuves matérielles. Parallèlement, lerétablissement des relations franco-rwandaises à la fin de 2009 a rendu possi-ble un transport sur les lieux, inenvisa-geable en période de glaciation diploma-tique.

Héritier d’un aussi lourd passé, le juge

Trévidic n’a pas le droit à l’erreur. Il a faiten sorte que ses investigations à Kigali,effectuées sous le regard de la justicerwandaise comme le veut la loi, soientincontestables. Il a effectué sa visite enprésence d’un avocat des parties civilesfrançaises et de deux défenseurs desRwandais mis en cause. Afin d’atténuerle risque d’une future « bataille d’ex-perts », il a aussi accepté la présence à sescôtés d’experts militaires britanniques.

En 2009, ces derniers, dans un rapportcommandité par les autorités rwan-daises, ont accrédité la thèse de Kigaliincriminant les extrémistes hutu. Seloneux, les preuves matérielles ne sont« plus disponibles ». Mais leur travail estcontesté car les témoignages contredi-sant la version gouvernementale ne leuravaient tout simplement pas été commu-niqués.

Pour approcher la vérité, le magistratfrançais s’est fait accompagner decinq experts, tous civils : un géomètre,

un cartographe, un spécialiste des missi-les et un autre des explosifs ainsi qu’unformateur spécialisé dans le pilotage desFalcon 50, l’avion en cause.

A la nuit tombée – le moment du dra-me –, cet aréopage, escorté par des mili-taires et accompagné de hauts magis-trats rwandais, s’est transporté sur lesdeux zones possibles de tir. « Nous avonsattendu la nuit pour voir passer les avionset vérifier les hypothèses, notamment enétudiant la propagation des sons. Nousavons emmené les témoins de l’époquesur les lieux et les avons interrogés pourconfronter leurs dires à la réalité du ter-rain », raconte l’un des acteurs de cettereconstitution. De multiples relevés GPSet photographiques doivent permettreaux experts de reconstituer en 3D parinformatique la trajectoire du Falcon 50présidentiel.

Cruciale mais encore inconnue, laposition de l’appareil au moment où il aété touché par deux missiles, doit êtreenfin déterminée. Elle sera croisée avecla localisation des débris toujours pré-sents sur place, afin de déduire le lieu destirs.

En parallèle, la position de l’avion aumoment de l’impact devrait permettre

d’identifier le type de missile utilisé. Ason tour, ce renseignement peut aider àidentifier le camp du tireur et à détermi-ner si ce dernier était ou non un profes-sionnel. « Il n’est pas facile d’abattre unavion en vol », insiste un proche de l’en-quête.

Déjà, le transport sur les lieux a per-mis de disqualifier certains témoins : lelieu où ils disent s’être trouvés ne per-met pas physiquement de distinguer lesdeux zones possibles de tir.

L’observation d’un champ de papyrusboueux et infesté de serpents a fragiliséle témoignage de celui qui disait s’y êtrecaché. Mais c’est le croisement desconclusions scientifiques avec les témoi-gnages, qui devrait permettre d’éliminerdéfinitivement certaines hypothèses.

« Les experts ne diront pas qui a fait lecoup, nuance une source éclairée. Maisils détermineront les scénarios les plusprobables. » Leur copie est attendue d’icià mars 2011.

L’équation du crash déclencheur dugénocide rwandais n’aura probablementpas été totalement résolue, mais plu-sieurs de ses innombrables inconnuesauront enfin été levées. p

Philippe Bernard

Laculpabilité ducampKagamé, sansfairedel’actuelprésidentleresponsabledugénocide,signifieraitquelechef de l’Etataprislerisqued’un massacredesonpeuplepourprendre lepouvoir

Pour la première fois, un juge d’instruction français, Marc Trévidic(au centre), a passé une semaine à Kigali, accompagné d’une équiped’experts et d’avocats, pour tenter de faire la lumière sur les tirs de missilequi ont abattu le Falcon 50 du président Juvénal Habyarimana. STEVE TERRILL/AFP

Lechemin vers les assises estsemé d’obstacles

Pagetrois

CyaruzingeDomaine

militaire

Rubungo

Gihanga

1 km

Point de chute de l’aviondu président Habyarimanasur sa propre résidencele 6 avril 1994 à 20 h 25

Aéroportinternationalde Kigali

Domaine militairede Kanombe,des Forces arméesrwandaises (FAR,loyalistes)

La ferme Masakaaurait été investie parles rebelles du Frontpatriotique rwandais (FPR)

Vers Kibongo

Kigali

RDC TANZ.

BURUNDI

R W A N D A

50 km

Lac Kivu

OUGANDA

Deux hypothèses pour le point de départ des missilesqui ont touché l’avion du président Habyarimana

Seizeans après l’attentatcontre l’aviondu président Habyarimana, le jugeTrévidics’estrendu à Kigali pourdéterminer d’où sont partis les tirs.Une première

Rwanda: la vérité en ligne de mire

MÊME si l’expertise de l’attentat qui, le6 avril 1994, a coûté la vie aux douzeoccupants de l’avion du président rwan-dais Juvénal Habyarimana aboutit à desconclusions scientifiques précises, il res-tera à les convertir en vérité judiciaire.Le chemin risque d’être long.

Tandis que Me Emmanuel Bidanda,avocat de la famille d’une victime fran-çaise du crash, espère que le rapport desexperts permettra d’« envisager la clôtu-re de l’instruction », Me Bernard Main-gain, qui défend des personnalités rwan-daises mises en cause dans l’attentat parle juge Bruguière, en doute. Il estimeque le dossier demeure « bouffi de mani-pulations » qu’il faut impérativementdémonter.

Les avocats fourbissent déjà les argu-ments destinés à dissocier le lieu des tirs– qui pourrait être identifié par les

experts – et leur auteur. Ainsi, les défen-seurs des personnalités rwandaisesvisées insistent sur l’imprécision destémoignages affirmant que les missilessont partis de la colline de Masakacontrôlée par les rebelles du Frontpatriotique rwandais (FPR) de PaulKagamé.

Les huit jokers de KigaliIls gardent aussi en réserve la thèse

d’une machination des Forces arméesrwandaises (FAR, loyalistes) destinée àaccuser le FPR. En revanche, si l’experti-se privilégie l’hypothèse de tirs venantdu camp de Kanombe, tenu par les FAR,il sera difficile de soutenir que les rebel-les se sont infiltrés dans cette forteressegouvernementale.

La proximité d’un renvoi de l’affairedevant une cour d’assises apparaît

d’autant plus incertaine que Kigali dis-pose encore de huit jokers pour retarderl’enquête, en la personne des huit digni-taires du régime qui restent visés par lesmandats d’arrêt internationaux délivréspar le juge Bruguière en 2006.

Les autorités rwandaises, en autori-sant l’un d’entre eux à être interrogé parle juge Trévidic et à lui faire de nouvel-les déclarations – au risque d’une miseen examen –, peuvent obtenir une pro-longation de l’instruction. C’est précisé-ment ce que Kigali a réussi avec RoseKabuye, une des personnalités viséespar un mandat d’arrêt. En 2008, cetteproche du président Kagamé a fait irrup-tion dans le dossier, obligeant le juge àle rouvrir au moment même où il s’ap-prêtait à le renvoyer pour jugementdevant une cour d’assises. p

Ph. B.

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C ritiqué pour la gestion chao-tique de la pénurie de carbu-rants, attaqué dans son pro-

pre camp sur l’hypothèse d’unenomination à Matignon, le minis-tre de l’écologie, de l’énergie, dudéveloppement durable et de lamer, Jean-Louis Borloo, devraittrouver quelque réconfort, mardi2 novembre, à la lecture du rap-port d’évaluation du Grenelle del’environnement.

Réalisé sous la direction du cli-matologue Jean Jouzel, du pédia-tre Alain Grimfeld, du sénateurUMP Jean-François Le Grand et del’ancienne syndicaliste et actuelleprésidente de Vigeo Nicole Notat,tous anciens présidents de grou-pes de travail du Grenelle, il a étécoordonné par le cabinet deconseil Ernst & Young, sélectionnéparappel d’offres. Ce travail de sui-vi des 268 décisions négociées enoctobre2007, financé par le minis-tère de l’écologie à hauteur de60 000 euros, faisait partie despromesses de l’époque.

Certes, le rapport ne dresse pasun bilan aussi positif que le minis-tre lui-même, qui affirme réguliè-rement que tous les engagementsinitiaux ou presque sont tenus.Les auteursde l’étude recensent deleur côté 52 mesures, soit environune sur cinq, qui nécessitent « uneréorientation stratégique ou uneremobilisation significative » poursurmonter « les difficultés ou lesretards constatés ».

Onze mesures, jugées dépas-sées, doivent être « redéfinies ».Mais les auteurs considèrent toutde même que 18 % des engage-ments sont « réalisés », et surtoutque près de 60 % sont « en cours deréalisation, sans difficulté particu-lière à ce jour ».

Une lecture en décalage aveccelle de certaines associations dedéfense de l’environnement, qui

dénoncent de plus en plus d’entor-ses au contrat d’octobre 2007.Une dizaine d’entre elles ont pré-senté un contre bilan, mardi2 novembre, devant le ministèrede l’écologie. Le Réseau Action Cli-mat, acteur du Grenelle, qui fédè-re entre autres Greenpeace et leComité de liaison des énergiesrenouvelables, a récemmentpublié un communiqué virulentqui dénonce notamment « l’ab-sence criante de mesures de ruptu-re, structurantes et efficaces » surle dossier climatique.

Au contraire, Eric Duvaud, res-ponsabledudépartementdévelop-pementdurable d’Ernst &Young, aune vision « plutôt positive du

changement opéré en trois ans ».« Quand on plonge dans le détaildesdossiers,on s’aperçoitquebeau-coup de choses sont faites, le dis-cours sur la mort du Grenelle est unnon-sens », estime l’expert, quiexplique que son équipe a travailléà partir d’entretiens avec les res-ponsables du ministère de l’écolo-gieetd’analysede documentsjusti-fiant de l’avancement des dossiers.

Parmi les engagements réalisésfigurent l’adoption d’une loi surles organismes génétiquementmodifiés (OGM), le développe-ment rapide des filières solaire etéolienne, l’augmentation des sur-faces en agriculture biologique, leclassement de 20 % de la zone éco-nomique exclusive en aires mari-nes protégées, l’action diplomati-

quedelaFrance enfaveurdela pro-tection de l’environnement, oul’interdiction des lampes à incan-descence…

La catégorie intermédiaire, cel-le des engagements « en cours deréalisation sans difficulté particu-lière à ce jour », est celle qui peut leplus donner matière à interpréta-tion : les échéances considéréessont lointaines, et l’appréciationde la progression des dossiersvarie selon les acteurs. La réalisa-tion de la trame verte et bleue deprotection de la biodiversité, parexemple, est classée dans cettecatégorie, malgré un affaiblisse-ment récent de son statut juridi-que et les difficultés à avancer surun dossier aussi lourd.

Y figure également l’objectif dedivision par deux des pesticidesd’icià 2018, bienqu’il soit jugéinat-teignable dans une grande partiedu monde agricole. « Pour les enga-gements rangés dans cette catégo-rie, une mobilisation dans la duréedes acteurs est nécessaire, mais iln’existe pas d’obstacles incontour-nables à la réalisation des objec-tifs », justifie M. Duvaud.

Enfin, certains dossiers sontjugés en retard ou en panne :report de l’étiquetage environne-mental des produits de grandeconsommation à 2011, difficultésdu fret ferroviaire, faible adhé-sion au niveau le plus exigeantde la certification à la « hautevaleur environnementale » parles agriculteurs…

De nombreux engagementstouchant à la fiscalité figurent aus-si parmi les mesures en souffran-ce : taxe carbone, bien sûr, maisaussi écotaxe sur les poids lourds,audit des mesures fiscales défavo-rables à la biodiversité, évalua-tion de l’impact environnemen-tal des outils économiques, dessubventions, et des dépenses fis-cales existantes…

Leministère de l’écologie,qui sefélicite de la tonalité « positive »d’un rapport « indépendant »,entend y donner suite. Les grou-pes de travail du Grenelle sereconstitueront en novembre,afin d’élaborer des propositionspour débloquer les dossiers à l’ar-rêt. Des décisions devraient êtreannoncées en décembre. p

Gaëlle Dupont

n Sur le Web Site du ministère :developpement-durable.gouv.fr

Desgroupes detravailsereconstituerontafind’élaborerdespropositionspourdébloquerlesdossiersà l’arrêt

Unbonus-malus automobile plus sévère

Sauver lelac TchadDes dirigeants politiques africains se sontengagés, dimanche 31octobre, à lutter contrel’assèchement du lac Tchad. Le lac pourrait êtreclassé « patrimoine de l’humanité » et uneautorité serait chargée d’arbitrer les conflitsd’usage de l’eau entre les quatre pays riverains.

www.rencontresaverroes.netLesrencontres d’Averroès,conçues pour«penser laMéditerranée desdeux rives», se

tiennentdans la région marseillaise du 4novembre au19décembre. Lestrois tables rondes serontconsacréesà la protectiondel’écosystème enMéditerranée.

Climat Un mur contre lePacifique aux îles MarshallLes îles Marshall veulent construi-re une digue pour se protéger de lamontée des eaux liées au réchauf-fement. Nombre d’îles et d’atollsde cet archipel situé dans le Pacifi-que sont à moins d’un mètreau-dessus du niveau de la mer.«Nous voulons prévenir l’érosion etempêcher les inondations», a décla-ré Philip Muller, ambassadeur desîles Marshall à l’ONU, en lançantun appel aux dons à hauteur de14millions d’euros pour financerun mur de 5kilomètres du côté leplus exposé au vent de l’atoll deMajuro, où vit plus de la moitiédes 55000 habitants. – (AFP.)

Météo Haïti menacé par latempête tropicale TomasDepuis lundi 1er novembre, lesauto-rités haïtiennes préparent le dépla-cement de dizaines de milliers depersonnes, en prévision de l’arri-vée de la tempête tropicale Tomas,qui pourrait toucher le pays dansles prochains jours. Elles redou-tent son impact sur les villes detentes abritant les survivants duséisme du 12janvier. – (AFP.)

L a fuite des cerveaux se conju-guait jusqu’à présent large-ment au masculin. Bien que

les femmes représentent prèsd’un migrant sur deux (49 %),leurs migrations sont communé-ment attribuées au regroupementfamilial et concerneraient des per-sonnes non qualifiées.

Dansuneétudeintitulée«L’émi-gration des femmes qualifiées,une composante occultée de la fui-te des cerveaux africains», Abdels-lamMarfouk, chercheuràl’Univer-sité catholique de Louvain, en Bel-gique, démonte ces « clichés».

Les femmes constituent nonseulement une large part de lamigration africaine vers les paysde l’OCDE (44 %), mais elles sont desurcroît diplômées de l’enseigne-ment supérieur pour plus de lamoitié d’entre elles. Le phénomè-ne n’est guère visible en Europeoù, à l’exception du Royaume-Uniet dans une moindre mesure de

l’Allemagne et de l’Autriche, lapart des diplômées dans la popula-tion émigrée ne dépasse pas 20 %.

Il est au contraire saisissant enAmérique du Nord et en Australie,où plus de 60% des migrantes afri-cainesont faitdes études supérieu-res. Cette proportion est encoreplus importante parmi les migran-tes d’Asie (44 %). La comparaisonporte sur l’année 2000, la seulequi permette pour l’instant decomparer valablement tous lespays de l’OCDE.

Entre 1990 et 2000, le nombrede migrantes qualifiées a augmen-té de 73%, passant de 5,8 millions à10,1millions quand, dans le mêmetemps, le pourcentage des fem-mes migrantes non qualifiées n’aprogressé « que » de 22 %. Partoutdans le monde, à l’exception del’Afrique centrale, cette propor-tion a été supérieure à celle deshommes. La raison de cette explo-sion tient en partie au fait que l’ac-

cès des femmes à l’enseignementsupérieur a progressé plus viteque celui des hommes, par effet derattrapage. Au niveau mondial, lapopulation des femmes éduquéesa augmenté de 68 % – jusqu’à105% dans les pays les moins déve-loppés – tandis que celle des hom-mes a augmenté de 42 % (71 % dansles pays les moins développés).

Conséquences en chaîne« Pour la grande majorité des

paysafricains, lephénomènede fui-te des cerveaux affecte davantageles femmes que les hommes », affir-me M. Marfouk qui estime que«les femmesafricaines lesplus édu-quées constituent le groupe le plusmobile internationalement ».

Dans certains pays, comme laRépublique démocratique duCongo, le Nigeria ou la Tunisie, letaux d’émigration des femmesqualifiées est dix fois supérieur àcelui des hommes qualifiés.

Sachant que la part des femmesdiplômées en Afrique dans lapopulation active est très basse(2,4%), on imagine l’ampleur de laperte pour les pays d’origine.

Cette émigration-là pèse sur lespays d’origine de façon peut-êtreplus grave que celle des hommes.Car il est établi que l’éducation desfemmes est un élément essentieldudéveloppement,avecdesconsé-quences en chaîne sur la mortalitéinfantile, l’éducation des enfantset leur santé. En outre, « même sielles sont, globalement, moins bienrémunérées que les hommesmigrants, les femmes transfèrentune proportion plus importante deleurs revenus vers les pays d’origi-ne », assure M. Marfouk.

L’exemple du Maroc le prouve :lacontributiondes Marocaines quiont émigré dans un pays de l’OCDEreprésente 5,4 % du produit inté-rieur brut (PIB) de ce pays où 11 %de la population vit dans une

famille bénéficiaire d’un transfert.Et parmi ces migrantes, 20 % sontdiplômées, contre 18 % des hom-mes, selon M.Marfouk.

Le Maroc, qui s’est doté il y atrois ans d’un Conseil consultatifdes Marocains de l’étranger, a crééun « groupe de travail sur la ques-tion du genre ». Animé par AminaEnnceiri, qui travaille à l’Officefrançaisdes migrationsinternatio-nales, il s’est employéces deux der-nièresannéesà réunir cesMarocai-nes de tous âges et tous milieux.

« De plus en plus de femmes par-tent seules, indique Mme Ennceiri.Elles deviennent de fait chefs defamille. Leur influenceest donc pré-pondérante pour le Maroc. » Parmielles, de plus en plus de diplômées,confirme-t-elle. Mais pour leMaroc comme pour le reste del’Afrique, le phénomène touchedavantage les pays arabes ou leLiban par exemple que l’Europe. p

Brigitte Perucca

Octobre2007 Les négociationsentre les cinq collèges au sein desgroupes de travail du Grenelle del’environnement (patronat, syndi-cats, associations, Etat, collectivi-tés locales) aboutissent à268engagements. Nicolas Sarko-zy parle de «new deal écologique».

Juillet2009 Vote à la quasi-una-nimité des groupes politiques dela loi Grenelle 1.

Juin2010 Vote de la loi Grenel-le2. La gauche dénonce les«renoncements » du gouverne-ment et vote contre.

Novembre2010 Le rapport établipar Ernst &Young, sous l’autoritéd’anciens président de groupesde travail, estime que près de80% des engagements sont réali-sés ou en cours de réalisation.Relance attendue en décembre.

Grenellede l’environnement:peut mieuxfaireUn rapport estime qu’un cinquième des mesures décidées à l’automne 2007 devront être réorientées

Disparitionde CamilleLe dernier ours autochtone des Pyrénées, Camille,n’a pas donné signe de vie depuis des moiset est considéré comme mort. La dernière photode l’animal, présent côté espagnol, remonteau 5février. La vingtaine d’ours réintroduitsdans les Pyrénées viennent de Slovénie.

Planète

Lesfemmesafricaines contribuent à leurtour à la «fuite des cerveaux»Une étude montre que la moitié des migrantes vers les pays de l’OCDE sont diplômées de l’enseignement supérieur

Le «new deal écologique» trois ans après

Le «bonus-malus» a d’abord profité aux marques nationales. Ici, parking Renault sur le portde Gennevilliers. P. ALLARD/REA

LE DISPOSITIF du bonus-malus,destiné à réduire le nombre devéhicules les plus polluants et àsoutenir une filière automobilemenacée par la crise, devrait êtrerenforcé chaque année, selon LesEchos (vendredi 29 et samedi30octobre), et non plus tous lesdeux ans ainsi que l’avait pro-grammé le Grenelle de l’environ-nement. « On peut aller plus viteque prévu et réduire chaque annéel’accès au bonus et au malus », aexpliqué au Monde le ministre del’écologie, Jean-Louis Borloo.

La France se placerait déjà entête des pays européens les moinspolluants dans ce domaine : « lesémissions de CO2 des véhiculesachetés en France sont inférieuresde 12,7g à la moyenne européen-ne », précise M.Borloo. Selon uneétude des constructeurs automo-biles, le taux d’émission a dimi-

nué de 148 g par km en 2007 à132,8g en 2010.

Le bonus-malus a « connu unsuccès dépassant les attentes », ditle « rapport d’évaluation du Gre-nelle de l’environnement », rendupublic mardi 2 novembre. La moi-tié des voitures neuves achetéesentre janvier et septembre don-naient droit à un bonus.

Mais ce dispositif, qui a profitéd’abord aux constructeurs natio-naux, précise le ministère, revientcher alors que le gouvernementsouhaite faire des économies. Il acoûté 500 millions d’euros –750 millions de dépenses pour lebonus contre 250 millions derecettes du malus.

Aujourd’hui, l’acheteur d’unvéhicule émettant moins de 61 gde CO2 au kilomètre reçoit une pri-me de 5 000 euros, 1 000 de 61 à95g, 500 euros de 96 à 115 g et

100 euros de 116 à 125 g. L’achatd’une voiture émettant de 156 à160g était sanctionné d’un malusde 200 euros, 750 entre 161 et195g, 1 600 entre 196 e t 245 g,pour finir par une pénalité de2 600 euros au-dessus de 245 g.

L’abaissement de 5 g du seuilde déclenchement du bonus en2011, soit à 120 g d’émission deCO2, avait été prévu lors du Grenel-le de l’environnement. Cettemesure sera donc reconduite dès2012. Le seuil de déclenchementdu malus diminuera, lui, de 5 g en2011 puis probablement autant en2012. Selon Les Echos, le ministèrede l’économie serait même tentéde l’abaisser de 10 g en 2012 pourréduire encore le coût du disposi-tif. La décision finale interviendralors de la discussion du projet deloi de finances rectificative.p

Rémi Barroux

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aaaSuite de la première page

Devant la Chambre des commu-nes, lundi 1er novembre, M. Came-ron a voulu lancer un message ras-surant à ceux qu’un tel lien avec laFrance pourrait incommoder. « Lepartenariat, oui. L’abandon de lasouveraineté, non », a-t-il souligné.

Chacun trouve son compte dansce rapprochement sans précédent.Le partage des coûts liés à la mise enplace, à partir de 2014, d’un labora-toire franco-britannique communà Valduc entraînera des économiesappréciables. La France et le Royau-me-Uni,signatairesdutraitéd’inter-diction des essais nucléaires de1996, rationalisent l’effort nécessai-re à la préservation d’arsenaux quireposent sur des stocks fixes dematière fissile. Ces stocks, quivieillissent,doiventêtreentretenus.

Sur le plan politique, la Francetrouveparcetaccordlemoyend’ar-rimer le Royaume-Uni au « clubnucléaire ». Un résultat précieuxpour les Français, qui ont observéavec appréhension cette année ledébat politique en Grande-Breta-gne sur la pertinence d’engager degrosses dépenses pour moderniserlaforce de frappe, dansun contextedelourdescontraintes budgétaires.

En formant ce duo technologi-que, la France attachée à la dissua-sion ménage l’avenir et réduit sonrisque d’isolement dans une Euro-pe où le nucléaire militaire n’a pasque des partisans. Les conseillersde M. Sarkozy mettent en exerguela « longue durée » dans laquelles’inscrit cette nouvelle coopéra-tion, le traité sur le nucléaire étant« conclu pour cinquante ans ».

«Confiance inégalée»Le Royaume-Uni, de son côté,

accède à des technologies qu’il nemaîtrise pas, du fait de la dépen-dance de son arsenal envers lesEtats-Unis, héritée des années1950. Londres démontre une capa-citéà nouer avec laFrance une rela-tion spéciale dans le nucléaire, sus-ceptible d’exister en parallèle aveccelle qui le lie à Washington. LesBritanniques ont d’ailleurs prissoinde tenirleurspartenairesamé-ricains informés des négociations.

L’expert François Heisbourg, delaFondationpourlarecherchestra-tégique, estime que ce nouveaulien franco-britannique « impres-sionnant » pose la question de saconformité avec une législationaméricaine (loi McMahon) datantdesdébutsdelaguerrefroide.Celle-

ci interdit tout transfert à des paystiers d’informations ayant trait aunucléaire. « L’interface entre leschargesnucléairesetlesmissilesbri-tanniques est le fruit de la coopéra-tion entre Londres et Washington»,rappelle-t-il.

Par une relance spectaculairede leur coopération dans la défen-se, Paris et Londres cherchent àenrayer le risque de marginalisa-tion stratégique de l’Europe. Untriangle nucléaire entre la France,le Royaume-Uni et les Etats-Unissemble se dessiner, si l’on se sou-vient que la France avait noué, en1996, alors qu’elle achevait sa der-nière campagne d’essais nucléai-res, une coopération avec les Amé-ricains concernant la sûreté et lafiabilité des armes.

L’Elysée décrit ce nouveau liennucléaire avec Londres comme laclé de voûte des autres coopéra-tions–danslemilitaireconvention-nel–devantêtreannoncéesausom-met de Londres. « Cela signifie, ditun conseiller de M. Sarkozy, quenous avons atteint un niveau deconfiance inégalé dans l’Histoire.C’estcepasfranchidanslenucléairequi permet d’aller plus loin danstous les autres domaines.» p

Natalie Nougayrède

Dix-septaccords,et des sommets annuels

International

Pariset Londresscellentle rapprochementde leursforces nucléairesDes traités de défense et de coopération scientifiquedans le nucléaire militaire doivent être signés à Londres

LE TRAITÉ DE DÉFENSE qui devaitêtre signé entre la France et leRoyaume-Uni, mardi 2novembreà Lancaster House, à Londres, suc-cède à celui conclu en 1947 entreles deux pays. Il vise à « développerla coopération entre nos forcesarmées et leur déploiementconjoint», indique-t-on à l’Elysée.Le traité de 1963 entre la France etl’Allemagne comportait aussi unvolet consacré à la défense.

Par son ampleur, et par le faitque le domaine nucléaire estouvertement inclus au traversd’un traité distinct, la coopérationqui s’ouvre arrime les deux défen-ses nationales « pour des décen-nies», commente-t-on à l’Elysée.Des bilans d’étape auront lieu lors

de sommets annuels. Outre lesdeux traités – dont le contenun’est pas encore rendu public –,quinze accords seront annoncésqui préfigurent une mutualisationde certaines capacités militaires etindustrielles. L’un des plus signifi-catifs porte sur la création d’une«force expéditionnaire communeinterarmées» pouvant être utili-sées «y compris dans des opéra-tions de haute intensité».

A l’inverse de la brigade franco-allemande, cette force franco-bri-tannique ne sera pas permanentemais «disponible avec un préavis,pour des opérations bilatérales, ausein de l’OTAN, ou en coalition »,précise-t-on à l’Elysée.

D’ici à 2020, une «force aérona-

vale d’attaque intégrée» franco-bri-tannique doit être déployée, impli-quant deux porte-avions équipésde catapultes. Des équipementsseront développés en communpour les « futures générations desous-marins nucléaires» (sansconcerner les missiles ni la propul-sion nucléaire).

D’autres coopérations portentsur les satellites, le ravitaillementen vol, les drones, la cybersécuritéet les équipements antiminesmaritimes. La mise en place d’un«maître d’œuvre européen uni-que» pour les missiles convention-nels permettra, en outre, selonl’Elysée, des économies financières«allant jusqu’à 30%».p

N. No.

50123Mercredi 3 novembre 2010

Page 6: Le Monde du 03 11

Sarah Palin, le 28octobre, en meeting à Anchorage (Alaska). JOHN MOORE/GETTY/AFP

FoxNews,une chaîne,troiscandidats

IstanbulCorrespondance

A près quasiment troisannées de censure, le siteInternet de partage de

vidéos YouTube est de nouveauaccessible en Turquie, depuis le31 octobre. L’interdiction sur le ter-ritoire turc avait été prononcée enmai2008 par un juge de Sivas (est).La justice, saisie d’une quarantainede plaintes contre YouTube, avaitestimé insultantes des vidéos sati-riques postées depuis la Grèce etdécrivant Mustafa Kemal « Ata-türk» comme « homosexuel».

Tout blasphème contre le hérosnational, fondateur de la Républi-que turque en 1923, est passibled’une peine de prison. Cette censu-re judiciaire contre YouTube, l’undes sites Internet les plus populai-res, avait été vivement critiquée enTurquie,y compris par leprésidentAbdullah Gül, qui avait réclaméune solution pour lever le blocage.Le site, propriété de Google, a sup-primé les vidéos incriminées.

Soulagé, le ministre turc destransports, Binali Yildirim, égale-mentchargé des nouvelles techno-logies, a déclaré que « le sens com-mun a finalement prévalu».

La représentante de l’Organisa-tion pour la sécurité et la coopéra-tion en Europe (OSCE) chargée delalibertédes médias,DunjaMijato-vic, a salué, lundi, la décision tur-

que, et souhaité la levée des restric-tions restantes.

Un rapport de l’OSCE publié enjanvier, rédigé par un expert turc,avait recensé plus de 3 700 sitesInternet bloqués par la justicepour des motifs divers. Des édi-

teurs de blogs ou des réseauxsociauxcomme MySpace.com, fer-mé pendant un mois, ont égale-ment été verrouillés.

« Bloquer l’accès en Turquie estune atteinte au droit des utilisa-

teurs d’Internet, avait déclaré l’OS-CE. De plus, certaines des justifica-tions officielles sont totalementarbitraires et politiques, et sontdonc incompatibles avec les enga-gements de l’OSCE en matière deliberté d’expression.»

L’organisation Reporters sansfrontières (RSF) a ajouté en 2010 laTurquie à sa liste des « ennemisd’Internet». « Les sujets tabous ontnotamment à voir avec Atatürk,l’armée, les questions de minorités,principalement les Kurdes et lesArméniens, et la dignité nationa-le », indique RSF. La plupart dessites kurdes d’information restentcensurés.

Mais les restrictions d’accès à laToile ont été facilement contour-nées, dans un pays où au moins

40millions de personnes utilisentInternet. L’utilisation de serveursmandataires, les « proxy », s’estgénéralisée pour accéder aux sitesinterdits. En 2009, YouTube faisaitainsi partie des cinq sites les plusvisités, en dépit des sanctions judi-ciaires, et même le premier minis-tre, Recep Tayyip Erdogan, avaitreconnu l’avoir utilisé.

Lamobilisation citoyenneaéga-lement forcé le gouvernement àtrouver une solution : l’Associa-tion turque des technologies del’Internet (INETD) a multiplié lesrecours, y compris par une plaintedevant la Cour européenne desdroits de l’homme de Strasbourg.

Mais déjà un nouveau scandalemenace de perturber la commu-nauté des internautes turcs. Le siteFacebook, dont la Turquie est l’undes plus gros utilisateurs, avec25 millions de membres, est à sontoursous lamenaced’une interdic-tion. Une trentaine de décisions dejustice ont déjà réclamé le blocagedu site par l’autorité des télécoms,a confirmé Binali Yildirim, et l’undes responsables du site, TrevorJohnson, a confirmé que Facebookse préparait à une telleéventualité.

A l’origine de la procédure, lechef du parti kémaliste (CHP, partirépublicain du peuple), KemalKiliçdaroglu, a réclamé le retraitd’unepagedusiteledécrivantcom-me un membre du PKK.p

Guillaume Perrier

SOURCE : CONGRÈS DES ÉTATS-UNIS

La composition du Congrès sortant

2 indépendants

57 41

LE SÉNAT

257 178

LA CHAMBREDES REPRÉSENTANTS

Le mardi 2 novembre, l’intégralité de la Chambre des représentants seraréélue et 37 sièges du Sénat seront renouvelés. Les électeurs renouvelleronten outre 37 postes de gouverneur, et se prononceront sur certainesquestions soumises à référendum.

Démocrates Républicains

435membres

100membres

New YorkCorrespondant

Parmi les possibles candidatsrépublicains à l’élection présiden-tielle de 2012, trois sont, à desdegrés divers, rémunérés par lachaîne Fox News, du magnat ultra-conservateur Rupert Murdoch.

Déjà candidat à la nominationen 2008, Mike Huckabee figure surla liste des animateurs attitrés dela chaîne. Il y est particulièrementchoyé. Sa causerie, diffusée chaquesamedi et rediffusée le lendemainà une heure de grande écoute(20-21heures), bénéficie du cré-neau horaire occupé en semainepar Bill O’Reilly, un animateurvedette historique de Fox. A lon-gueur d’émission, M. Huckabee atout loisir d’évoquer ses thèmes deprédilection, dont l’intangibilitédu verbe biblique ou le caractèrecriminel de l’homosexualité. Dèsson échec à l’élection primaire duParti républicain en 2008, Fox lui aoffert de l’accueillir.

La chaîne a fait de même avecSarah Palin après la défaite du «tic-ket» républicain à l’élection prési-dentielle. L’égérie du Tea Party est

désormais une invitée régulière,tout comme l’est Newt Gingrich,autre candidat officieux à la candi-dature républicaine. Mais le qualifi-catif «invité » n’exclut pas l’idée derétribution.

Dans cette seconde liste appa-raissent de nombreuses personna-lités conservatrices, dont l’inévita-ble Karl Rove. Principal conseillerde George Bush jusqu’à la finaoût2007, il était embauché aprèsson départ de la Maison Blanchepar News Corp., la structure faîtiè-re de l’empire Murdoch. Depuis, ila page ouverte dans la rubriqueéditoriale du Wall Street Journal etapparaît souvent sur Fox News.

Celui que beaucoup considè-rent comme un expert en marke-ting politique s’est aujourd’huipositionné comme pivot entre l’ap-pareil du Parti républicain, la mou-vance des Tea Parties et leurs finan-ciers mutuels. Son employeur,Rupert Murdoch, n’hésite pas luinon plus à mettre la main à lapoche. En août, il a par exempleoffert 1million de dollars(720000euros) à l’Association desgouverneurs républicains. p

S. C.

RFI OBTIENT LES 3PRIX VARENNE POUR LA RADIO

« On les appelle les Kokobés: le tabou du handicap en Haïti »Premier Prix : Stefanie SCHÜLER

Deuxième Prix : Natacha VESNITCH

Prix du Jeune Journaliste : Marie NORMAND

« Silence de plomb sur les camps roms du Kosovo »

« Birmanie: aux côtés de la rébellion Shan »

paris89fm

... Et l’info devient mondiale

ET FELICITE SES 3 LAUREATES

L’info naît ici...

International

En2009, YouTubefaisaitpartiedes cinqsites Internet lesplusvisitésenTurquie

Les chefs de la guérilla kurde duParti des travailleurs du Kurdis-tan (PKK), retranchés dans lesmontagnes du Kurdistan ira-kien, ont nié toute implicationdans l’attentat-suicide qui a fait32blessés, dimanche 31 octo-bre, sur la place Taksim, enplein cœur d’Istanbul, la capita-le turque.L’ex-député kurde Ahmet Türk adénoncé «une provocation »contre les tentatives de négocia-tions. La rébellion autonomistekurde, qui lutte contre l’Etat

turc depuis 1984, a d’ailleursannoncé avoir prolongé jus-qu’aux élections de juin2011 uncessez-le-feu unilatéral envigueur depuis août.Lundi soir, le maire de Diyarba-kir, Osman Baydemir, membreinfluent du parti kurde légal(BDP, Parti pour la paix et ladémocratie), a appelé le gouver-nement et l’armée turcs à res-pecter la trêve prononcée par lePKK et à cesser les opérationsmilitaires dans le sud-est dupays. – (Corresp.)

New YorkCorrespondant

G alvaudée parfois, l’expres-sion reste pourtant exacte :les élections législatives

américaines de mi-mandat consti-tuent pour beaucoup une rampede lancement vers le scrutin prési-dentiel. Le système politique desEtats-Unis est ainsi fait que partiset gouvernants sont quasiconstamment en campagne, avecdes échéances électorales tous lesdeux ans.

Mardi soir 2 novembre, la cam-pagne pour l’élection présidentiel-leaméricaineen2012 auraofficieu-sement commencé. Sauf extraor-dinaire, Barack Obama devraitêtre candidat à sa propre succes-sion. Qui affrontera-t-il ? Les pre-miers résultats, côté républicain,feront immédiatement l’objet despéculations.

Sarah Palin, l’ex-numéro deuxdu « ticket » emmené par JohnMcCain en 2008, se découvri-ra-t-elle un peu plus, même si ellene confirme rien formellement ?A l’inverse, on sait que Mitt Rom-ney, poussé en dehors de la cour-se il y a deux ans, ne devrait pasprofiter de l’occasion pour officia-liser son ambition connue de ras-sembler la droite américaine der-rière son nom.

Beaucoup d’autres candidatsputatifs pour 2012 sont cités. Com-me Mike Huckabee, ex-pasteurbaptiste et ex-gouverneur de l’Ar-kansas, qui fut l’ultime adversairede John McCain dans son camp il ya deux ans ; Tim Pawlenty, gouver-neur du Minnesota ; Newt Gin-grich, ex-speaker (président) de laChambre des représentants sousl’administration Clinton ; JohnThune, sénateur du Dakota duSud ; Mitch Daniels, gouverneurde l’Indiana ; Haley Harbour, gou-verneur du Mississippi ; ou l’ex-

sénateur de Pennsylvanie RickSantorum… Une liste loin d’êtreexhaustive.

De fait, le Parti républicain, plusdivisé qu’il n’y paraît sur les pers-pectives politiques et les rapportsà entretenir avec la mouvanceultraconservatrice des Tea Parties,n’a pas vu émerger en son sein undirigeant inspirant le consensus.

A ce jour, seule Mme Palin estaccueillie dans certains meetingspar des cris : « Run, Sarah ! » (« Soiscandidate, Sarah »). Elle a décrit safeuille de route : aucune conces-sion à l’actuelle Maison Blanche,et faire des Tea Parties le vecteuridéologique et organisationneldéterminantdu(de la)futur(e)can-didat(e) républicain(e). Et elle amenacé le parti, s’il rechigne, de le

diviser. Mais qui peut prédire quelsera le poids politique des Tea Par-ties dans un an ? Lorsqu’on regar-de de près, peu de républicains ontrépercuté leurs mots d’ordred’abrogation totale de la loi Oba-ma sur l’assurance-maladie, ouencore de privatisation de l’assu-rance-chômage et des caisses deretraite.

L’avenir des ambitieux seragrandement tributaire de la confi-guration politique dessinée parcesélections. Et tous ceux quienvi-sagent de concourir pour la prési-dence scruteront de près le bilandes candidats Tea Parties aux élec-tions du 2 novembre.

Après s’être tenu à l’écart,M. Romney s’est beaucoup dépen-sé danscette campagnepour s’atti-rer leurs faveurs. Il dispose de lafortune personnelle la plus impo-sante, et a conservé l’essentiel dela structure logistique héritée desa candidature aux primairesrépublicaines de 2008. Il disposed’un fonds important pour finan-cer les campagnes électorales d’al-liés qu’il se choisit, sans trop avoirbesoin de la manne du « systèmeFox ».

Idéologue conservateur derenom, M. Gingrich dispose luiaussi d’un appareil logistique – leRéseau pour des solutions politi-ques américaines – qui a financédivers candidats aux scrutins demardi. Tous ont profité de ces élec-tions pour avancer leurs proprespions. Tous attendent que la cartepolitique américaine se clarifie.Tous savent aussi que partir troptôt peut coûter très cher.

Autant éviter de se retrouverdans la situation connue il y adeux ans par l’ex-maire de NewYork, Rudy Giuliani : il s’était trou-vé à court d’argent avant que lacourse des primaires ne soit termi-née. L’analyste politique de l’agen-ce de presse AP assure que, dansl’entouragede la plupart des candi-dats, un consensus s’est fait jourpour estimer qu’en démarranttrès tôt, l’épuisante et coûteusecampagne de 2008 a été préjudi-ciable à leur camp.

Un risque que le gouverneurHaley Harbour résume ainsi :mieux vaut « garder sa poudresèche ». Car, plus que jamais, l’ar-gent sera le nerf de la prochainecampagne présidentielle. Les élec-tionsdu 2novembre, avecleur pro-fusion de publicités politiquespayées par des organismes désor-mais autorisés à masquer l’originede leurs fonds, en auront fait unedémonstration plus spectaculaireque jamais. p

Sylvain Cypel

Le PKK dément être à l’origine de l’attentat d’Istanbul

La Turquie lève lacensure contre lesite InternetYouTubeDans un pays où de nombreux sujets, comme la question kurde, restent tabous, le réseau socialFacebook est aujourd’hui menacé par de multiples plaintes déposées devant la justice

Tousattendentquela cartepolitiqueaméricaine seclarifie.Toussavent aussiquepartir trop tôtpeutcoûter trèscher

Lesrépublicains américainssepréparent déjà pourlacourse de la présidentielleLes résultats des élections de mi-mandat, à commencer par ceuxdes Tea Parties, vont peser sur les futures primaires républicaines

6 0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 7: Le Monde du 03 11

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Ladisparition mystérieuse dedeux Egyptiennes coptesquiseseraient converties à l’islam

L es Etats-Unis et l’Union euro-péenne (UE) ont condamnél’attaque contre la cathédrale

syrienne catholique de Bagdad,dimanche 31 octobre, et renouveléleur « soutien » à l’ensemble de lapopulation irakienne. Lors de laprière de l’Angélus, à Rome, lundi1er novembre, le pape Benoît XVI aaussicondamné« la violenceabsur-de et féroce de ce très grave atten-tat» et renouvelé son « appel affli-gé pour la paix» au Moyen-Orient.

La prise d’otages d’une centainede fidèles venus assister à la messedominicale par des membres d’Al-Qaida s’est soldée par la mort dedeux prêtres, de quarante-six fidè-les, en majorité des femmes et desenfants, ainsi que de sept mem-bres des services de sécurité ira-kiens. Une soixantaine de person-nesontété blessées, dontune ving-taine grièvement.

Les cinq assaillants ont aussi été

tués lors de l’assaut donné dans lasoiréededimancheparl’armée ira-kienne pour mettre fin à la prised’otages. Alors que des survivantsaffirmaient avoir également iden-tifié des soldats américains lors del’assaut contre la cathédrale, l’ar-mée américaine a démenti, lundi,y avoir participé, reconnaissanttoutefois que « des équipes deconseillers se trouvaient près dulieu du drame ».

Cette attaque perpétrée contrela petite communauté syriennecatholique (40000 personnes) estla plus meurtrière survenuecontre la minorité chrétienned’Irak (500 000 à 600000 fidèles)depuis l’invasion du pays par lesAméricains en 2003.

Régulièrement, des enlève-ments de chrétiens par des milicesislamistes, des attentats contredes commerces chrétiens, deslieux de culte, des religieux ou des

fidèles endeuillent la minoritéchrétienne d’Irak, alimentant« l’exode mortel » redouté par l’ar-chevêquede Kirkouk, lors du syno-de consacré aux chrétiensd’Orient qui s’est tenu du 10 au24 octobre au Vatican. Près de lamoitié des chrétiens irakiens ontchoisi l’exil au cours des vingt der-nières années.

«Déstabilisation»Le patriarche chaldéen de Bag-

dad, Emmanuel III Delly, a réclamédavantage de « protection pourtous les croyants et pour tous lesgens sans exception », relayantunedemande de la minorité chrétien-ne,critique surla politiquedesdiri-geants irakienset l’absence de gou-vernement, plus de huit moisaprès la tenue des législatives.

Le premier ministre NouriAl-Maliki, qui devrait être recon-duit dans ses fonctions, a dénoncé

un « crime lâche ». Il a affirméqu’« Al-Qaida et les résidus de l’an-cien régime cherchent la déstabili-sation, à raviver les conflits confes-sionnels et à inciter les Irakiens àquitter leur pays ». Plusieurs mil-liers d’entre eux ont trouvé refugedans les provinces kurdes du norddu pays ; d’autres ont immigré enSyrie et en Jordanie, qui se mon-trent désormais moins accueillan-tes. Certains tentent aussi derejoindre la diaspora installée auxEtats-Unis ou en Europe.

Le gouvernement français, parla voix du ministre de l’immigra-tion, Eric Besson, s’est dit prêt àaccueillir en urgence 150 person-nes, en priorité des « personnesblessées dans l’attentat et leurfamille ». Depuis 2008, la France aaccueilli quelque 1 300 chrétiensd’Irak dans le cadre d’un program-me lié à la situation irakienne.p

Stéphanie Le Bars

Lemassacre de Bagdadaccentueledésarroi des chrétiens d’IrakLa France a proposé d’accueillir en urgence 150 membres d’une communauté chrétiennediminuée par un exode que l’instabilité du pays, depuis 2003, n’a cessé d’amplifier

JérusalemCorrespondant

L a présence de 7 000 à10 000 étudiants, selon lessources, rassemblés devant la

résidencedupremierministre,Ben-yamin Nétanyahou, dans la soiréede lundi 1er novembre, aura consti-tué un événement, surtout dans unpays où il n’existe pas de traditionde contestation estudiantine. «Bibi[le surnom de M. Nétanyahou],réveille-toi, les étudiants valentmieux que ça ! », « Les haredim autravail : ça suffit la fainéantise ! »,pouvait-on lire sur les banderoles.

Haro sur les haredim, les ultra-orthodoxes, ou plutôt sur les avan-tages financiers qu’ils perçoiventde l’Etat, tel était le cri de rallie-ment de cette manifestation forte-mentencadréeparlapolice.Lacolè-re des étudiants israéliens, qui adonné lieu à des monômes dansplusieurs villes du pays, est tour-née vers la loi sur les yeshivas, cesécoles talmudiques fréquentéespar les étudiants ultra-orthodoxes.

Pendant des années, l’Etat afinancé ces établissements consa-crés à l’étude de la Torah sans quepersonne y trouve à redire. Jusqu’àce que la Cour suprême interdiseen juin cette pratique, au motifqu’elle est discriminatoire enversles autres étudiants qui, eux, nesont pas aidés par l’Etat.

Les partis religieux ont menacéderetirerleursoutienaugouverne-ment si le budget en faveur desyeshivas n’était pas reconduit.M.Nétanyahou, qui a besoin d’eux,a prévu dans le projet de budget111millions de shekels (22 millionsd’euros) au profit des yeshivas.

Ces subventions bénéficientaux étudiants ultraorthodoxes

mariés ayant au moins troisenfants, n’ayant pas d’autre reve-nu et ne possédant pas de voiture.Ilssont11000dans cecas.Pour ten-ter de revenir à un semblant deprincipe d’égalité, les partis reli-gieuxont proposé quetous lesétu-diants réunissant ces critèressoient aidés, ce qui n’a convaincupersonne : il n’y a que dans lesyeshivas que l’on rencontre desétudiants de 20 ans ayant troisenfants!

Rédemption… un peu chèreAu-delà des étudiants, c’est la

place singulière de la communau-té ultra-orthodoxe au sein de lasociété israélienne qui est posée.Les haredim représentent 10 % dela population israélienne (7,6 mil-lions d’habitants).

La majorité des hommes de lacommunauténe travaille pas, n’ef-fectue pas de service militaire, etleur mode de vie – ils habitent desquartiers homogènes constituésen ghettos –, les met presque enmarge de la société.

Or l’évolution de leur commu-nauté n’est pas encourageante :alors que, en 1979, seuls 20,9 % deshommes ne travaillaient pas, ilssont 65 % aujourd’hui. Avec untaux de natalité trois fois supérieurà celui de la moyenne nationale, lacommunauté haredi croît à unevitesse sans égale, tout en s’appau-vrissant toujours plus.

La colère des étudiants révèle unmalaise plus profond : les haredimassurent que leurs prières sauventl’âmedupeuplejuif.Maisbonnom-bre d’Israéliens voient en eux desparasites de la société laïque touten estimant que cette rédemptioncommence à coûter cher. p

Laurent Zecchini

International

Q ue sont devenues les deuxépouses de prêtres copteségyptiens qui avaient fui le

domicile conjugal? En Egypte, cesdeux affaires opposant, en2004et 2010, communautés coptes etmusulmanes autour de suspi-cions de conversions forcées et dedisparitions, continuent de susci-ter tensions et rancœurs.

Personne cependant ne s’atten-dait à ce qu’Al-Qaida s’empare dela polémique. Lundi 1er novembre,l’Etat islamique d’Irak, groupe affi-lié à la nébuleuse de Ben Laden,revendique la prise d’otages, laveille, de l’église syriaque-catholi-que de Bagdad, et adresse un ulti-matum… à l’Eglise copte d’Egypte.Cette dernière dispose de quaran-te-huitheures pour «libérer » lesdeux femmes « retenues prison-nières dans des monastères ».

La première, Wafa Constantine,avait quitté son mari et s’étaitconvertie à l’islam. La seconde,Camilla Chehata, en aurait faitautant. Pour calmer la communau-té copte qui, à chaque fois, est des-cendue dans la rue dénonçant des«enlèvements», et pour éviter desaffrontements communautaires,l’Etat égyptien a procédé de façonsimilaire. Les deux femmes ontété «récupérées» par les servicesde sécurité et remises à l’Eglise.

La colère a alors changé decamp, une partie des musulmanss’émouvant du « retour forcé » àla chrétienté de ces « sœurs »converties à l’islam ainsi que dusilence qui semble leur avoir été,depuis, imposé par l’Eglise.

«Séquestration dans le monas-tère de Wadi Natroun », « meurtrede Wafa Constantine » et autresrumeurs ont envahi les blogs et

les forums de discussions dessites islamiques. Le site YouTubeabonde de vidéos à la gloire deces «martyres, victimes du terro-risme de l’Eglise copte».

«L’histoire de ces femmes adéclenché la colère de la rue égyp-tienne qu’Al-Qaida veut exploiteren apparaissant comme le défen-seur des droits des femmes musul-manes, analyse Hossam Tamam,un journaliste égyptien spécialis-te de l’islam politique. Al-Qaidaespère renforcer son capital de sym-pathie en Egypte, plus grand Etatarabe sunnite où se côtoient toutesles forces islamiques, officielles,comme les autorités d’Al-Azhar, ouofficieuses, comme les Frèresmusulmans et autres.»

«Al-Qaida sur le Nil»«Sa stratégie consiste à tirer

profit d’une inquiétude mondialeautour du sort des chrétiensd’Orient sachant que cela capteral’attention médiatique, ajouteM. Tamam. Il s’agit de revenir surscène après avoir perdu du créditen Egypte et dans le monde musul-man. »

L’Egypte doit-elle s’inquiéterde ces menaces ? «Al-Qaida sur lesrives du Nil, c’est tout au plus desgroupuscules d’une dizaine d’indi-vidus qui peuvent, peut-être, réus-sir un coup d’éclat à l’occasion,relativise M. Tamam. Mais cet ulti-matum est plus une tentative demasquer l’échec de son projet poli-tique en Irak et de provoquer unultime sursaut chez ceux qui sontsensibles au thème de la séquestra-tion par l’Eglise de femmes[converties à l’islam].» p

Cécile Hennion

(Beyrouth, correspondante)

EnIsraël, ventde frondecontreles ultra-orthodoxesLes étudiants manifestent contre les avantagesfinanciers octroyés aux seuls élèves des yeshivas

70123Mercredi 3 novembre 2010

Page 8: Le Monde du 03 11

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Emprise chinoisesur les métaux stratégiques

Par Olivier Zajec

MoscouCorrespondance

C e sont quatre minusculesîles, habitées par moins de15 000 personnes, mais elles

empoisonnent les relations russo-japonaisesdepuisla findelasecon-de guerre mondiale. Occupées parles Soviétiques au lendemain de ladéfaite japonaise, les îles Kourilesdu Sud sont, depuis, revendiquéespar Tokyo. Soixante-cinq ans aprèsla guerre, Russes et Japonais n’ontpas encore signé de traité de paixen raison de ce conflit concernantles « Territoires du Nord », selon ladénominationjaponaisedel’archi-pel, une région isolée mais riche enressources halieutiques.

Dmitri Medvedev est le pre-mier chef d’Etat russe (ou soviéti-que) à fouler le sol des îles Kouri-les. « Je n’ai pas à le cacher, je veuxque les nôtres restent ici », a affir-mé, lundi 1er novembre, le prési-dent lors d’une rencontre avec lapopulation locale. Les 15000 Japo-nais qui habitaient l’archipelavant-guerre ayant été expulsésvers le Japon par les Soviétiques, lapopulation actuelle est essentielle-ment russe.

Le déplacement de Dmitri Med-vedev – une brève escale de troisheures – a été immédiatementcondamné par Tokyo. Après avoirparlé d’une visite « très regretta-ble », selon l’expression du pre-mier ministre Naoto Kan, le Japon

a franchi un pas supplémentaireet a annoncé, mardi 2 novembre, lerappel à Tokyo de l’ambassadeurde son pays en Russie.

Pourle chefdeladiplomatie rus-se, Sergueï Lavrov, l’attitude japo-naise est « inacceptable ». « C’estnotre territoire, le président a faitun déplacement dans une régionrusse », a souligné le ministre desaffaires étrangères.

Régulièrement évoquée lorsdes rencontres bilatérales, la ques-tion des Kouriles n’a jamais étéréglée. Boris Eltsine avait évoquéun temps le retour de l’archipelaux Japonais, sans lendemain, etVladimir Poutine, alors président,avait proposé à Tokyo de repren-dre le contrôle de deux des quatreîlots, une suggestion rejetée par leJapon.

Depuis, l’arrivée de DmitriMed-vedev semblait annoncer un cer-tain réchauffement avec Tokyo. Lepremier ministre japonais avaitaffirmé en juin que « de bonnes

conditions étaient en place [pour]avancer avec la Russie » sur toutesles questions en suspens, notam-ment sur le dossier des Kouriles.

Comment expliquer le change-ment de ton alors que M. Medve-dev a annoncé, dès septembre, sa

volonté d’effectuer un déplace-ment officiel « très bientôt » dansles îles Kouriles ?

La presse russe jugeait, lundi,que la réaction – outrée – des Japo-nais à cette annonce auraitconvaincu le président de pro-grammer la visite pour ne pas lais-ser l’impression que Tokyo pou-vait interférer sur une question de

politique intérieure. La visitedécriée de Dmitri Medvedev seproduit également dans uncontexte géopolitique tenduautour de l’espace maritime japo-nais. En septembre, un bateau depêcheurs chinois était interpellépar les garde-côtes japonais prèsd’un ensemble d’îlots revendiquéspar les deux pays.

Ledéplacementofficielduprési-dent Medvedev à Pékin, aumoment même de cette crise,avait été l’occasion pour les deuxcapitales de signer une déclarationévoquant la « résistance conjointe[durant la guerre] contre les fascis-tes et les militaristes (…), fonde-ment de notre relation stratégiqueactuelle».

Un ton pour le moins indélicat àl’égard de Tokyo, alors que DmitriMedvedev est attendu au Japon, le12 novembre, pour le sommetannueldela Coopérationéconomi-que Asie-Pacifique (APEC). p

Alexandre Billette

Uruguay

Laloi d’amnistiedu régimemilitairedéclarée inconstitutionnelleMONTEVIDEO.La Cour suprême uruguayenne a déclaré inconstitution-nelle l’application d’une loi d’amnistie à une vingtaine de cas d’assassi-nats politiques présumés, dont est accusé l’ancien dictateur Juan MariaBordaberry, a-t-on appris lundi 1er novembre, à Montevideo. La Coursuprême ne peut se prononcer qu’au cas par cas, et ne peut pas invali-der une loi dans son ensemble. Elle considère néanmoins inconstitu-tionnels plusieurs articles de la loi dite de « caducité », qui a longtempsempêché toute poursuite contre les militaires coupables de violationsdes droits de l’homme pendant la dictature (1973-1985). Cette loi, rati-fiée par référendum, divise le gouvernement de gauche, qui souhaite-rait la voir annulée pour être en conformité avec les normes internatio-nales en matière de droits de l’homme. – (AFP, EFE.) p

Cuba Libération prochaine de trois détenus politiquesLA HAVANE. Trois détenus cubains, dont Adrian Alvarez, le plus ancienprisonnier politique, seront prochainement libérés et expulsés en Espa-gne, ce qui portera à cinquante le nombre total de détenus relâchésdepuis juillet, a annoncé, lundi 1er novembre, l’Eglise catholique. M.Alva-rez purge depuis 1985 une peine de trente ans de prison pour « espion-nage» et « atteinte à la sécurité d’Etat » après avoir volé des armes à des« fins de rébellion» lorsqu’il effectuait son service militaire. – (AFP, EFE.)

Etats-Unis Soudan: M.Obama prolonge les sanctionsWASHINGTON. Le président Barack Obama a décidé de maintenir pourau moins un an supplémentaire les sanctions économiques américai-nes contre le Soudan, a annoncé, lundi 1er novembre, la Maison Blanche,à deux mois de la date d’un référendum d’autodétermination du suddu pays. – (AFP.)

Guantanamo Le Canada consent à rapatrier Omar KhadrMONTRÉAL. Le gouvernement canadien a confirmé, lundi 1er novembre,qu’il accepterait de rapatrier son jeune ressortissant arrêté à 15 ans enAfghanistan, Omar Khadr, condamné à huit ans de prison pour crimede guerre en vertu d’un accord de plaider-coupable. – (AFP.)

Kosovo Une motion de censure contre le gouvernementPRISTINA. Le Parlement kosovar devait se prononcer, mardi 2 novem-bre, sur une motion de censure à l’encontre du premier ministre,Hashim Thaci, qui, si elle est votée, devrait entraîner la chute du gouver-nement et des élections législatives dès la fin de l’année. Un tel dévelop-pement risquerait de retarder le dialogue à venir avec la Serbie, que lesEuropéens souhaitent voir débuter le plus tôt possible. – (AFP.)

L’initiative décriéeseproduitàun momentdetensiondans lesrelationssino-japonaises

RomeCorrespondant

S on téléphone portable sonneBlowin’in the Wind de BobDylan, elle allume cigarette

sur cigarette, elle a obtenu son per-mis bateau avant son permis deconduire, elle à 55 ans, des yeuxcouleur de glacier, elle est milanai-se. Voilà pour les détails quipimentent les biographies.

Pour le reste Susanna Camusso,qui deviendra, mercredi 3 novem-bre, la première femme à prendreles rênes de la Confédération géné-rale italienne du travail (CGIL), leplus ancien (fondé en 1906), leplus grand (près de 6millions d’ad-hérents) et le plus à gauche dessyndicats italiens, est un pur pro-duit de la formation interne.

« Je n’ai pas choisi de faire dusyndicalisme, dit-elle, mais celapeut devenir une aventure extraor-dinaire. » Et une profession. A 55ans, Susanna Camusso n’a jamaistravaillé dans une usine ou uneentreprise. De ses débuts dans lafédération de la métallurgie àMilan à son ascension au poste denuméro deux, dans les bureauxsitués Corso d’Italia, à Rome, elle adédié trente-cinq ans de sa vie à laCGIL.

L’autre «dame de fer»Son accession au secrétariat

général, où elle succède à Gugliel-mo Epifani, n’est ni un hasard nimême une opportunité, mais laconséquenced’unparcoursdemili-tante dans une organisation tou-jours marquée par ses originescommunistes.

« Je n’aurais jamais pensé pou-voir devenir secrétaire générale,a-t-elle confié. Mais la CGIL est uneorganisation, un réseau. Nousn’avons pas le culte du leader, lesecrétaire général n’est même pasdésigné dans un congrès, ni lors de

primaires. » Une autre façon dedirequesanominationestunemis-sion qu’elle ne pouvait pas refuser.

Réputée dure en négociation,méthodique et « bosseuse », elle amultiplié les déclarations ces der-niers jours pour affirmer qu’elle«ne serait pas celle qui dit toujoursnon ». Les prémices d’un change-ment de cap dans l’histoire de cesyndicat réputé intransigeant ?Son opposition aux propositionsdu patronat et du gouvernementont rompu l’unité syndicale avecles autres confédérations plusréformistes (UIL et CISL d’obédien-ce catholiques) et isolé la CGIL.

Le syndicat s’est notammentopposé à la réforme du statut desouvriers de l’automobile réclaméparFiatpour accentuerlaproducti-vitédanslessitesitaliens. «Ilnesuf-fit pas de dire qu’il faut rendre lemarché du travail plus flexible, ilfaut aussi parler emploi, innova-tion, formation », prévient-elle.Elle pose ainsi les termes du débatqu’elle entend conduire avec lerugueux directeur général de Fiat,Sergio Marchionne.

Dans ses nouvelles fonctions,elle sera amenée à se confronteravec l’autre « dame de fer » du syn-dicalisme transalpin : Emma Mar-cegaglia, présidente de la Confin-dustria (le Medef italien). Celle-cine cesse de critiquer l’immobilis-me du gouvernement dont elleattend des mesures en faveur desentreprises.

De son côté, la CGIL revendiqueune plus grande solidarité (notam-ment à traversune réforme fiscale)envers les travailleurs et les retrai-tés,à l’heure oùletauxdechômagefrise les 8,5% (11 % en tenant comp-te des personnes au chômage tech-nique).

Deux femmes contre Silvio Ber-lusconi ? Par les temps qui cou-rent c’est presque un symbole. p

Philippe Ridet

Le président Medvedev en visite aux îles Kouriles, lundi 1er novembre. MIKHAÏl KLIMENTYEV/NOVOSTI/REUTERS

International&Europe

EnAfrique du Sud, Jacob Zuma limoge sept ministresLe chef de l’Etat remanie son équipe face aux «graves difficultés» économiques et aux critiques

JohannesburgCorrespondance

L es Sud-Africains viennent dedécouvrir que les ministresn’étaient pas inamovibles.

Depuisl’avènementde ladémocra-tie, en 1994, les gouvernements deNelson Mandela et Thabo Mbekis’étaient très rarement séparés de

ministres en cours de mandat.Moins d’un an et demi après sonaccession au pouvoir, Jacob Zumaa annoncé, dimanche 31 octobre, lelimogeage de sept ministres et lechangement de portefeuille pourdeux autres.

Quatorze nouveauxvice-minis-tres ont été nommés. « Etant don-né que nous continuons à faire face

à de graves difficultés en matièrede chômage, de pauvreté et d’iné-galités dans le pays, le gouverne-ment se doit de travailler plusvite », a justifié le dirigeant sud-africain.

Créer 5 millions d’emplois« Ces ministres n’ont pas été

bons et le président Zuma a pris labonne décision en les démettant deleurs fonctions (…). Ce changementest un signe positif d’une nouvellevolonté de rendre des comptes », acommenté un responsable de l’Al-liance démocratique (DA), le prin-cipal parti d’opposition. Critiquéepour sa gestion de la crise d’appro-visionnement électrique, la minis-tre des entreprises publiques, Bar-bara Hogan, a été remplacée.

Le ministre du travail, Memba-thisi Mdladlana, fait aussi partiedes partants. La semaine dernière,le gouvernement a annoncé qu’ilcomptait créer 5 millions d’em-plois au cours de la prochainedécennie.

Le taux de chômage devraitainsi passer de 25 % à 15 % de lapopulation active. Pour y parve-nir « nous avons besoin d’attein-dre une croissance de plus de 6 %par an », a déclaré le ministre desfinances, Pravin Gordhan,devant le Parlement le 27 octo-bre. Selon lui la croissance serade 3 % en 2010 alors que, l’an der-nier, la locomotive économiquedu continent noir a vécu sa pre-mière récession en dix-sept ans.

« Il faut que nos compatriotes per-çoivent une amélioration visibledans la fourniture d’eau, d’électri-cité, des services de santé, d’éduca-tion, de sécurité sociale, de sécuri-té et une série d’autres besoinsessentiels », a rappelé le prési-dent sud-africain.

« La plupart des ministres enchargede ces questionsn’ont toute-fois pas été affectés par ce remanie-ment», relève Susan Booysen, pro-fesseure de sciences politiques àl’université de Witswaterand, àJohannesburg.« JacobZuma, pour-suit-elle, est un stratège astucieux :il veut montrer aux gens qu’il les aécoutés tout en profitant pour ren-forcer son pouvoir politique. »

Dépeintcomme un dirigeant fai-ble il y a encore quelques semaines,Jacob Zuma poursuit son opérationderepriseenmaindupouvoiraprèsson succès lors de la dernière réu-nion du Congrès national africain(ANC), le parti au pouvoir, tenue enseptembre à Durban. Il n’a pas hési-téàrévoquerl’influentministredescommunications, Siphiwe Nyanda,accusé de corruption.

Le président de l’ANC a aussinommé ministres deux anciensprésidents de la Ligue des jeunesdu parti (Ancyl).

Une façon de s’assurer leur sou-tien alors que se profile en 2012 laconférence de l’ANC qui déciderasi Jacob Zuma pourra ou non sereprésenter à la tête du pays en2014. p

Sébastien Hervieu

Unefemme àla têteduplus grandsyndicat italienSusanna Camusso, 55 ans, a grandi au sein dela Confédération générale italienne du travail

1 000 km

RUSSIE

CHINE

JAPON

Ilesadministrées

par la Russie etrevendiquées par le Japon

PÉNINSULEDE KAMTCHATKA

SAKHALINE

Merd’Okhotsk

Vladivostok

Iles Kouriles

Lavisitede M.Medvedev auxîles Kourilesouvre unecriseentre la Russieet le JaponTokyo rappelle son ambassadeur à Moscou en réaction au bref séjour du président russedans des îles annexées par les Soviétiques au lendemain de la seconde guerre mondiale

8 0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 9: Le Monde du 03 11

Les aides et les subventions, principal poste d’économie

Charge des intérêtsde la dette

Pensions

Participationau budget de l’UE

Concours aux collectivités

Masse salariale

Dépenses de fonctionnement,d’investissementset d’interventions

Plafondfixe de 2010à 2013

RÉPARTITION DES DÉPENSES DU BUDGETDE L’ÉTATen milliards d’euros

SOURCES : RAPPORT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE, MINISTÈRE DU BUDGET

352,35 356,88

2010 2011

45,38

36,66274,84

18,24

52,89

0,7

82,74

120,90

Autre affectationde recettes

42,45

35,06

18,15

53,08

0,0

82,07

121,54

Autredépenses6%

Investissements10,3%

Fonctionnement(immobilier,achats...)8,4%

Interventions(Rsa, aide au logement...)

Fonctionnement défense6,8%

Subventionsaux opérateurs

de l’Etat(Météo France,

Ademe...)20,6%

DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT, D’INVESTISSEMENTSET D’INTERVENTIONS

47,9%

Le gouvernement veut plafonner, sur les trois ans quiviennent, les dépenses de l’Etat au niveau de 2010, soitprès de 275 milliards d’euros, hors charges des intérêtsde la dette et retraites des fonctionnaires. Outre lenon-remplacement de la moitié des fonctionnairespartant en retraite, le gel des dotations aux collectivitéset la réduction des frais de fonctionnement, l’essentielde l’effort d’économies portera sur les dépensesd’intervention, c’est-à-dire les aides sociales etéconomiques.

B

Laconversion àla «règled’or» se fait attendre

P ostes supprimés, mètres car-rés réduits, achats rationali-sés et, surtout, aides et sub-

ventions sociales ou économiquesamputées… Ce sont, au bas mot,5 milliards d’euros d’économiesbrutes que l’Etat prévoit de réali-ser sur ses dépenses en 2011 afin decontribuer à réduire le déficitpublic. Les députés vont devoir ydonnerleur aval àcompter demar-di 2 novembre, à travers l’examendes crédits inscrits au budget, mis-sion par mission (santé, justice,sécurité, travail, logement…).

« C’est une étape importante.Une inflexion profonde, durable »,relève le ministre du budget, Fran-çois Baroin. Pourtant, ces coupesne feront pas baisser les dépensestotales de l’Etat. Tout juste contri-bueront-elles – sous réserve d’êtremenées à bien – à maintenir auniveau de 2010 (près de 275 mil-liards d’euros) les dépenses horscharge des intérêts de la dette etdes retraites des fonctionnaires.

C’est que la dépense publique,et celle de l’Etat en particulier, s’ap-parente à un supertanker dont ilest difficilede modifier latrajectoi-re, un navire d’autant moinsmanœuvrable qu’il s’alourditnaturellement avec le temps. Cet-te dépense « est rigide » et sa réduc-tion « ne pourra se faire que lente-ment», relèveGilles Carrez,rappor-teur général (UMP) du budget àl’Assemblée nationale.

La masse salariale Pour mainte-nir les dépenses de l’Etat au niveau2010, legouvernement vapoursui-vre sa politique de non-remplace-ment de la moitié des fonctionnai-res partant en retraite. Cela se tra-duira par la suppression de 31 638

postes équivalents temps plein en2 011. Une économie brute de810 millions d’euros, dont la moi-tié sera rétrocédée aux agents et210millions réaffectés au finance-ment de revalorisations décidéesantérieurement.

L’économie devrait donc êtrede moins de 200 millions. Et com-me certains mécanismes jouent

de façon automatique, la massesalarialeprogresseramême d’envi-ron 700 millions en 2011.

C’est pourquoi, outre le gel, auniveau de 2010, des dotations qu’ilverse aux collectivités (53 mil-liards d’euros), l’Etat va faire por-ter l’effort d’économie sur sesdépenses de fonctionnement etd’intervention.

Les dépenses de fonctionne-ment Des mesures de réductiondu « train de vie » de l’Etat ont étédétaillées fin juin : réduction dessurfaces immobilières, suppres-sion d’avantages (voitures et loge-ments de fonction), rationalisa-tiondes achats…Toutefois, l’écono-mie brute restera faible : 500 mil-lions d’euros. L’économie nette

encore plus : 200 millions. « Sansenvergure », conclut M. Carrezdans son rapport sur le budget.

Cela tient d’abord au fait quel’« assiette» à laquelle s’applique-ront ces mesures sera limitée à10,4 milliards d’euros. En sontexclus les crédits de fonctionne-ment de la défense. Tout commeceux relatifs à la vie politique,culturelle et associative en raisonde l’organisation des élections de2012. N’y figurent pas non plus lessubventions aux opérateurs del’Etat (643 organismes comme leCentre national d’études spatiales,l’Institut national du cancer…),dont une partie en finance le fonc-tionnement.

Par ailleurs, l’économie brutesera rognée par « la mobilisationde 400 millions d’euros pour cou-vrir l’organisation des G8 et G20 etrespecter des engagements pris surla mission justice », relève M. Car-rez. Le gouvernement récupéreranéanmoins 100 millions sur… lescrédits d’entretien routier.

LesaidesetlessubventionsL’es-sentiel de l’effort portera sur lesdépenses d’intervention de l’Etat.L’enveloppeconsacrée à ces alloca-tions, aides sociales et économi-ques et subventions devra baisserde 600 millions en net. Pour y par-venir, « cela suppose des écono-mies brutes de 3,7 milliards », préci-se M. Carrez.

Dans ce cadre, le gouvernementse donne pour objectif de quasi-ment stabiliser, à 37,6milliards, lesdépenses dites « de guichet » – lesallocations et aides versées auto-matiquement,dèslors que le béné-ficiaire répond à des conditionsprédéfinies.

Cette stabilisation passera par1,5 milliard brut d’économies. Carces dépenses évoluent naturelle-ment: elles sont indexées sur l’in-flation et le nombre de bénéficiai-res augmente. Le coût de la seuleindexation sur les prix représente-rait 1,1 milliard en 2011.

« On fait le pari qu’il n’y aurapas, pour la première fois, d’aug-mentation envaleur. Ce sera diffici-le à tenir», relève M. Carrez. S’il netouche pas au RSA ou à d’autresallocations sociales, l’Etat va sup-primer l’exonérationsur les cotisa-tions patronales des particuliersemployeurs (400 millions d’éco-nomie), ou encore aligner la dated’ouverture des droits de l’alloca-tion d’aide au logement sur celledes minima sociaux (gain de120millions).

L’enveloppe des dépenses « dis-crétionnaires» devrait quant à elleêtre ramenée de 21,9 milliards à21,3 milliards. Dans ce domaine,l’Etat va par exemple « partager »le financement de la formationprofessionnelle pour économiser330 millions d’euros. Il va ainsitransférer des compétences à l’As-sociation de gestion du fonds pourl’insertionprofessionnelle des per-sonnes handicapées (30 millions)et prélever 300 millions sur leFonds paritaire de sécurisationdes parcours professionnels. Lespartenaires sociaux dénoncent lamanœuvre.

Les emplois aidés, dont le nom-bre doit être ramené de 400 000en 2010 à 340 000 en 2011 (avecsubventions étatiques réduites),constituerontunautreposte d’éco-nomie. « On sacrifie l’emploi alorsqu’il faudrait le soutenir », dénon-ce le député (PS) Pierre-AlainMuet. Fin septembre, le nombrede chômeurs était au plus hautdepuis juin 1999. « Là encore, celane sera pas facile » de tenir l’objec-tif, avance M. Carrez, « car chacunsait que, lorsque la situation del’emploi est complexe, il est très dif-ficile de faire des sacrifices sur lescontrats aidés ». p

Philippe Le Cœur

M ardi 2 novembre, pour lapremière fois depuis unmois et demi, la conféren-

ce des présidents, qui, chaquesemaine, arrête l’organisation destravaux de l’Assemblée nationale,devrait enfin pouvoir se réunir aucomplet. L’opposition avait eneffet résolu, à la suite de la décisionde Bernard Accoyer, président del’Assemblée nationale, de clore lesexplications de vote personnellessur le projet de réforme des retrai-tes afin d’en accélérer le vote, le15septembre,desuspendresaparti-cipation aux organes délibératifsdel’Assemblée(bureauetconféren-ce des présidents).

Faitsansprécédent,dans untex-tecosignéparl’ensembledesdépu-tés de l’opposition, les présidentsde groupes et porte-parole de tou-tes les composantes de la gauchereprésentées à l’Assemblée (PS,

PCF, Verts, PRG, PG) demandaientla démission de M. Accoyer, esti-mant qu’il n’était « plus digne » deprésider l’institution (Le Monde du29septembre).

Au-delà de l’épisode des retrai-tes, ce «coup de sang» de l’opposi-tion était le révélateur d’une situa-tion de plus en plus tendue auPalais-Bourbon. Et même malsainepour le fonctionnement de l’insti-tution. D’un côté, l’exécutif pressepour voir ses textes adoptés dansles délais les plus brefs, quitte àbousculer quelque peu les usages.Le groupe majoritaire, l’UMP, sousla houlette de son président, Jean-François Copé, se fait fort de sou-mettre le fonctionnement de l’As-semblée à ses propres contraintes.M. Accoyer, contesté de toutesparts, peine à asseoir son autoritémais,élu pour la durée de la législa-ture, il ne peut être relevé de ses

fonctions. L’opposition, quant àelle,voit son rôle réduit à la portioncongrue, en dépit des droits théori-ques qu’étaient censés lui accorderla révision constitutionnelle dejuillet 2008 et le nouveau règle-ment de l’Assemblée.

Depuisunmois, M.Accoyer s’estefforcé de « rétablir les conditionsd’un dialogue serein ». La situationsociale ne s’y prêtait guère, favori-sant plutôt les postures martialesque les accommodements consen-

suels. Compte tenu de la rémissionsur le front du mouvement contrela réforme des retraites, chacunconsidère qu’il convient de revenirà un fonctionnement plus apaiséetdetrouveruneissue àcettesitua-tion de blocage institutionnel.

Après des échanges épistolaires,le président de l’Assemblée natio-nale et les présidents des groupesde l’opposition ont fini par se ren-contrer, mardi 19 octobre, pourmettre à plat les points de conten-tieux. A l’issue de cette rencontre,M. Accoyer a répondu, par écrit,aux demandes qui lui avaient étéformulées, en joignant copie à salettredescourriersqu’ilavaitadres-sés au ministre chargé des rela-tions avec le Parlement, Henri deRaincourt, et aux présidents decommission afin d’améliorer lefonctionnementdestravauxparle-mentaires.

« Vous pourrez constater que,sur nombre de sujets qui vous tien-nent à cœur, je prends dans ces let-tres des engagements précis »,écrit M. Accoyer, reconnaissant àdemi-mot que les récriminationsde l’opposition n’étaient pas tota-lement infondées. Concernant ledroit de tirage pour la création decommissions d’enquête, il confir-me qu’« il s’agit bien d’un droit » etque « les commissions permanen-tes ne doivent pas abuser du droitd’amendement dont elles dispo-sent pour dénaturer les proposi-tions de résolution ou les vider deleur sens ». Ce dont l’UMP nes’était pas privée pour empêcher,notamment, la constitutiond’une commission d’enquête surles sondages commandée par l’Ely-sée.

Dans lalettre adressée au minis-tre chargé des relations avec le Par-

lement, M. Accoyer souligne qu’illui paraît « essentiel, pour le Parle-ment comme pour la qualité dutravail législatif, que le recours à laprocédure accélérée soit le pluslimité possible ».

Leprésident de l’Assemblée rap-pelle également aux présidentsde commission qu’il est « très atta-ché » à la publicité des débats encommission, ce que ceux-ci rechi-gnent à mettre en œuvre. Pour ladiscussion du projet de loi sur lesretraites, l’examen en commis-sion a ainsi eu lieu à huis clos.

Reste à voir si le gouverne-ment, comme la majorité, repren-dront à leur compte ces bonnesintentions. L’opposition les acependant jugées suffisantespour réintégrer les structures déli-bératives de l’Assemblée. Il fallaitbien trouver une sortie de crise. p

Patrick Roger

Al’Assemblée nationale,Bernard Accoyeret l’opposition trouvent unmodus vivendiAprès avoir demandé la démission du président de l’Assemblée, la gauche accepte de reprendre sa place dans les organes délibératifs

Ladépense publiques’apparenteàun supertankerdontil estdifficiledemodifierlatrajectoire

Dépensesde l’Etat: grosses coupes, petites économiesLes députés doivent avaliser les quelque 5 milliards d’euros de réductions de dépenses inscrites au budget 2011

LA « RÈGLE D’ÉQUILIBRE » desfinances publiques, voulue parNicolas Sarkozy et inspirée de la«règle d’or » allemande, a faitbeaucoup parler d’elle avant l’été.Fin août, le premier ministre,François Fillon, s’est engagé àouvrir « dès septembre une phasede consultation » politique sur cedispositif qui fixerait l’obligationà tout nouveau gouvernement des’engager sur une trajectoire abou-tissant à l’équilibre budgétaire.

Et depuis, plus rien. Le sujet res-te malgré tout d’actualité, si l’onen croit le ministre du budget,François Baroin. Compte tenu desperspectives de remaniement,c’est toutefois au prochain gouver-nement qu’il reviendra de menerà bien ce dossier.

«Les discussions doivent com-mencer d’ici à la fin de l’année», aassuré M. Baroin, le 20 octobre,

aux députés. «Le premier ministredémarrera les consultations au Par-lement auprès des commissionscompétentes pour faire un premiertour de piste. » L’objectif est de«voir, au premier semestre 2011, oùnous pourrons avancer», puis de«définir les modalités d’une réfor-me de notre loi fondamentale».

«Plafond et plancher»Ces consultations s’appuieront

sur les travaux menés, au premiersemestre, par la commission pilo-tée par Michel Camdessus (ex-gou-verneur de la Banque de France etex-directeur général du Fondsmonétaire international). Elle apréconisé que les futures lois-cadres de programmation desfinances publiques fixent pourchaque année « un plafond deniveau de dépenses et un plancherdes mesures nouvelles en recettes,

c’est-à-dire une trajectoire d’effortstructurel de consolidation budgé-taire ». Il a aussi invité à conférerune compétence exclusive auxlois financières en matière de pré-lèvements obligatoires.

« C’est autour de cela que nousavons commencé à réfléchir et queles premières consultations semèneront », a précisé M. Baroin,voulant croire que, « au-delà denos divergences politiques, unerévision constitutionnelle, même àquelques encablures d’une échéan-ce présidentielle, est atteignable ».C’est loin d’être acquis. Une révi-sion de la Constitution supposede réunir deux tiers de suffragesexprimés par les parlementaires.Donc d’avoir l’appui d’une partiede l’opposition. Or, celle-ci yparaît peu disposée.

« Ce gouvernement prétend ins-crire dans une loi organique, voire

dans la Constitution, des principesqu’il a violés tous les jours. Nousdisons non », explique le député(PS) Pierre-Alain Muet. « Il n’amême pas respecté la règle qu’il afait voter pour la Caisse d’amortis-sement de la dette sociale et quiinterdisait d’allonger sa durée devie», ajoute-t-il.

Chez les centristes, la positionest un peu plus ouverte. Une dis-position constitutionnelle peut« aider le gouvernement », faitvaloir le député (Nouveau Centre)Charles de Courson. « La réductiondes déficits, la nouvelle trajectoiredes finances publiques, l’inspira-tion d’un nouveau regard sur lalogique de dépense, peuvent fairel’objet d’un consensus et se retrou-ver noir sur blanc dans notreConstitution », veut croireM.Baroin. p

Ph. L. C.

France

M. Accoyerpeineàasseoir sonautorité,mais,élu pourladuréede la législature,ilnepeut être relevédesesfonctions

90123Mercredi 3 novembre 2010

Page 10: Le Monde du 03 11

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C ’est un lent processus desédimentation, assez fragileencore pour être balayé par

une vague un peu forte. Jamais,cependant, l’« offre de service » fai-te par Jean-François Copé à NicolasSarkozy pour diriger l’UMP n’asemblé aussi près d’aboutir.

« Il tient la corde », constate unresponsable du parti, pourtantpeu désireux de voir le patron desdéputés de l’UMP réussir son«OPA » sur la maison-mère, lancéedébut septembre. « C’est ce qui sedessine», concède un autre. L’inté-ressé, qui ne veut pas trébucherdans la dernière ligne droite, restepeu loquace: « Rien n’est fait, assu-re-t-il. Le mouvement à l’UMP, s’il alieu, procédera du remaniementau gouvernement. Tout dépend duchoix du premier ministre. »

Pour autant, le président dugroupe UMP de l’Assemblée natio-nale se tient dans les starting-blocks. « Pour moi, Fillon ou Borloo,

cela ne change rien. J’ai quelquesidées assez précises de la manièredont doit fonctionner le parti. J’enai fait part au président »,confie-t-il, sans se livrer plusavant.

Dans l’attente du remanie-

ment, la question du secrétariatgénéral de l’UMP semble s’êtredécantée… faute de combattants.Xavier Bertrand, l’actuel déten-teur du poste, qui avait un tempsparu s’accrocher à son fauteuil, nefait pas mystère, désormais, deson envie de redevenir ministre.

M. Sarkozy, assure-t-il, lui a fait

part de sa volonté de faire entrerdes « poids lourds » au gouverne-ment. M. Copé a refusé. Alain Jup-pé se laisse désirer, et répète qu’ilveut avoir les coudées franches.M. Bertrand fait moins de maniè-res. Il espère obtenir,en récompen-se de sa bonne conduite, un posteimportant : l’écologie, la défense,ou un ministère de la santé auxcontours élargis.

François Fillon, dont l’hypothè-sedel’arrivéeàla tête duparti avaitété évoquée, en est aujourd’huibien loin. M. Sarkozy lui en avaitsoumis l’idée cet été, lorsqu’ils sesont rencontrés au cap Nègre (Var).Mais, selon ses proches, M. Fillon aposé une condition: être élu par lesmilitants. M.Sarkozy a refusé toutnet. Le président de la Républiqueentend en effet rester le seul«vrai» patron de l’UMP.

Une adversaire de dernièreminute s’est déclarée : la secrétaired’Etat à la famille, Nadine Morano,

qui a assuré au Parisien qu’elle sesentait « capable » d’occuper lafonction. Elle ne dispose cepen-dant pas des mêmes atouts.

L’arrivée de M. Copé à la tête del’UMP, encore impensable il y aquelques mois tant les rapportsentre le patron des députés et

M. Sarkozy étaient tendus, appa-raît donc de plus en plus probable.« En lui donnant l’UMP, Sarkozy sedit qu’il pourra le contrôler. Copésera obligé d’être loyal pendant lacampagne présidentielle. Il aime-rait bien avoir des assurances sursa marge de manœuvre, mais iln’en a aucune. C’est Sarkozy quifera l’organigramme, comme tou-jours », estime un opposant de l’ac-tuel patron des députés. Il lui fau-dra aussi gérer les mouvances cen-tristes, qui ne cessent de vouloiraffirmer leur existence.

Dans l’hypothèse où le secréta-riat général de l’UMP lui revien-drait, M. Copé veut pouvoir s’ap-puyer sur la présidence du groupeUMP de l’Assemblée nationale eny « plaçant » un fidèle, même si,rappelle-t-il, « il est impossible demaîtriser une élection au groupe ».Son bras droit, Christian Jacob,organisateur des clubs Généra-tion France et président de la com-

mission du développement dura-ble, a le profil idoine. Toutefois,Jean Leonetti, actuel vice-prési-dent du groupe, serait lui aussilégitime. « Il n’y a pas de matchentre Christian et Jean, assureM. Copé, mais je sais que Jean rêved’entrer au gouvernement. De tou-te façon, Jeanest un ami.» Ilestaus-si membre du Parti radical, quepréside M. Borloo.

M. Copé n’a pas ralenti pourautant la promotion de son club,Génération France, qu’il cherche àplacer en « pole position » dans lacourse aux idées pour 2012. Le par-ti a-t-il programmé une conven-tion sur l’éducation, mercredi3 novembre ? Lui a réuni un collo-que sur le même thème dès lasemainedernière.Ce quiafait grin-cer des dents à la direction del’UMP, où M. Copé n’a pas que desamis. p

Pierre Jaxel-Truer

et Patrick Roger

Nadine Morano fait campagne àsa manière : avec aplomb. «Jeme sens tout aussi capable queJean-François Copé de dirigerl’UMP», assure-t-elle. Aumoment où M.Copé semble plusproche que jamais d’obtenir lefauteuil de secrétaire général duparti, voilà que la pétulantesecrétaire d’Etat à la famille déci-de à son tour de se positionner.Fidèle parmi les fidèles de Nico-las Sarkozy, elle décline un pro-gramme en trois points. «Plusde pédagogie», «renforcer ledébat d’idées» et «développer

les coopérations internationa-les». Mme Morano se voit en can-didate «des militants, qui sont laforce vitale de l’UMP». Et desfemmes. «Je pense qu’il fautarrêter de penser qu’il n’y a queles hommes qui peuvent être lesnuméros1», martèle-t-elle.La députée de Toul (Meurthe-et-Moselle) refuse d’être considé-rée comme une simple candida-te de témoignage. «C’est quoi,un poids lourd? Un poids lourd,c’est un poids plume qui a unjour tanné un poids lourd», assu-re-t-elle.

Lavoie vers ladirection del’UMP se dégagepour M.CopéL’actuel secrétaire général, Xavier Bertrand, devrait redevenir ministre

Politique

DSK,«le prochain» présidentpour«Newsweek»L’hebdomadaire américain consacre cette semaine sa couverture audirecteur général du Fonds monétaire international (FMI), avec ce titre :« Le prochain ». Et ce sous-titre : « Dominique Strauss-Kahn prêt à dirigerla France… ou le monde ? » Dans les pages intérieures, l’article, titré « Thetop guy » (le gars au sommet), démarre en indiquant que le Français est« maintenant au sommet du monde », mais que « ce n’est peut-être paslà qu’il veut réellement être ». Faisant remarquer qu’« à 61 ans, DSK n’ajamais été aussi adulé », le magazine décortique le « problème » qui sepose à lui : « Doit-il rester à son poste au FMI, son mandat expirant fin2012 ? Ou doit-il démissionner et revenir en France l’an prochain pourêtre candidat à l’élection présidentielle début 2012? » «Le temps est comp-té », ajoute le magazine, notant que, s’il choisit l’option France 2012, ildevra faire face à des « problèmes politiques et personnels» : son rapportaux femmes et, « plus problématique et possiblement fatal pour seschances à la présidentielle », son rapport au Parti socialiste. p

M.Borloo favorable à un «Grenelle de la fiscalité»Le ministre de l’écologie, Jean-Louis Borloo, considère que « si on doitréformer la fiscalité en profondeur, ça ne peut pas être uniquement l’af-faire de spécialistes ». « Ce sont des choix (…) tellement cruciaux qu’il fauty associer, dans le cadre d’un Grenelle, le monde économique, les syndi-cats, les collectivités, pour définir ensemble les grands choix de la Fran-ce», explique-t-il dans un entretien au Parisien mardi 2novembre.M.Borloo se dit « persuadé qu’en six à neuf mois, on pourrait bâtirensemble un nouveau système de fiscalité pour les vingt ans à venir».

Ile-de-France Avis négatif du Conseil d’Etatsur le schéma d’aménagement de la régionDans un avis qui devait être transmis, mardi 2 novembre, au gouverne-ment, le Conseil d'Etat estime que le schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif), voté en septembre 2008 par le conseil régional, estincompatible avec la loi sur le Grand Paris de juin 2010 et le Grenelle del’environnement. La loi fixe un objectif de construction de 70 000 loge-ments par an quand le Sdrif prévoit la localisation de 60000 loge-ments par an. Le gouvernement peut passer outre cet avis ou décider defaire valider le Sdrif par un vote au Parlement. – (AFP.)

France

«Enlui donnantl’UMP, Sarkozy seditqu’ilpourralecontrôler»

un opposant de l’actuelpatron des députés

Nadine Morano se positionne en candidate des militants

M. Copé, lors des Journées parlementaires de l’UMP à Biarritz, en septembre. P. TOHIER/PHOTOMOBILE

10 0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 11: Le Monde du 03 11

Aix-en-Provence(Bouches-du-Rhône)Envoyé spécial

C e soir du 4 avril 2006, lesclients du bar des Marron-niers, à Marseille, qui

s’étaient attablés pour suivre lematch de football entre le MilanAC et l’Olympique lyonnais, ne sesont probablement pas souvenusdes quatre buts inscrits lors de cepourtant mémorable quart definale de la Ligue des champions.Trois d’entre eux sont morts, tom-bés sous les rafales des tirs de kala-chnikov, de fusils à pompe et depistolet semi-automatique.

Parmi eux, Farid Berrahma,39ans, dit « le rôtisseur », ainsi sur-nommé parce qu’il s’était spéciali-sé dans la « voiture barbecue » : unvéhicule auquel il mettait le feuaprès y avoir placé le cadavre desesvictimes. Ce caïdd’origine algé-rienne, né à Salon-de-Provence(Bouches-du-Rhône) et issu descités sensibles, était une figure dumilieu marseillais.

L’un de ses tueurs présumés,Ange-Toussaint Federici, 50 ans,dit « Santu », comparaît devant lacour d’assises d’Aix-en-Provence(Bouches-du-Rhône), du mardi 2au vendredi 5 novembre. Ce bergercorse de Venzolasca (Haute-Corse)qui répond d’« homicides volontai-res commis en bande organisée »,encourt la réclusion criminelle àperpétuité. Le malfaiteur, connupour son appartenance au grandbanditisme, a été arrêté à Paris, le12 janvier 2008, place de La Made-leine, en possession d’un reçu déli-vré par les services de la mairied’Amiens relatif à l’établissementd’un passeport au nom de Giorda-no, et d’une somme de 3 275 euros.

Combien étaient-ils, visageencagoulé,àfaire irruptionce mar-di 4 avril 2006 vers 21 heures, danscedébitdeboissons du13e arrondis-sement de la cité phocéenne ?Huit, dix ? Les témoins présentssurleslieux,àl’instar deKaderGas-mi, 52 ans, blessé au pied lors de lafusillade, n’en savent rien. Ils n’ontvu que du feu.

D’autres témoins, des voisinsalertés par le vacarme des tirs, ontaperçu des hommes s’enfuyant àbord de plusieurs véhicules – uneAudi A4, une BMW et une AlfaRomeo 156 break. L’un d’eux assu-re qu’un des membres du groupe,visiblement blessé, avait été éva-cué par ses complices à bord d’uneClio de couleur grise. Sur les lieuxde la tuerie, outre des douilles, desogives et des cartouches de cali-bres divers, les policiers avaientdécouvertune tracedesangchemi-nant sur une vingtaine de mètres.

C’est l’ADN qui en a été extraitqui trahira Ange-Toussaint Federi-ci. Au cours de la fusillade, celui-ci aété atteint d’une balle au genou.Admis sous une fausse identité –

Patrick Simeoni – dans une clini-que marseillaise et sous un fauxprétexte – un accident de motoaggravéparunemorsuredechien–il avait été opéré le lendemainmatin. Il s’était enfui dans l’après-midi, en abandonnant des vête-ments sur lesquels les enquêteursavaient retrouvé des résidus de tir.

EmpreintesADN aidant,ces der-niers n’avaient pas tardé à décou-vrir que ce Patrick Simeoni n’étaitautre qu’Ange-Toussaint Federici,déjà condamné pour attaque àmain armée et sorti de prison ennovembre 2003. Devant le juge,celui-ci a reconnu avoir reçu uneballe au bar des Marronniers, lesoir du massacre, tout en niant sonappartenance à la bande de tueurs.Selon ses dires, il attendait un amien buvant un verre d’eau lorsqueles bandits ont attaqué. Son amil’aurait aidé à partir, avant l’arri-vée des policiers.

Cet agriculteur corse, qui fut untemps aux côtés des nationalistesde l’ex-Mouvement pour l’autodé-termination (MPA) et d’un de sesanciens responsables – AntoineNivaggioni, assassiné le 18octobreà Ajaccio –, est suspecté d’être lechef d’une équipe de malfaiteursoriginaires de la plaine orientale.Selon toute probabilité, la tueriedu bar des Marronniers n’estqu’un épisode d’une guerre entretruands : Corso-Marseillais d’uncôté contre Marseillais d’originemaghrébine de l’autre.

Au milieu des années 1990,Farid Berrahma avait été procheduparrain marseillais FrancisVan-verberghe, dit « le Belge », abattuen 2000 à Paris. Il avait été impli-qué dans des affaires de trafic destupéfiants qui lui avaient valud’être interpellé dans le sud de l’Es-pagne en novembre 2001, etcondamné à dix ans de prisonavant son extradition vers la Fran-ce en 2004.

Sorti de prison, Farid Berrahma,qu’on appelait aussi « l’Indien » àcause de sa chevelure, n’avait eude cesse de reprendre ses positionssur le marché des stupéfiants etdes machines à sous implantéesdans la région marseillaise. Quel-ques jours avant son assassinat, le23 mars 2006, Roch Colombani, unvoyou corse, était tué par balles.Pour les policiers, cette exécutionserait à l’origine de l’expéditionvengeresse au bar des Marron-niers. p

Yves Bordenave

GrenobleCorrespondant

L ’image est celle d’une plaie envoie de cicatrisation. Quatremois après les émeutes qui

ont émaillé, en juillet, le quartierde la Villeneuve, zone sensible dusud de Grenoble, la vie des 12 000habitants de cette ancienne citémodèle construite dans les années1960 a repris son cours. Les scènesde violence, qui avaient opposéune poignée de jeunes aux forcesde l’ordre après la mort de KarimBoudouda, tué par la police aprèslebraquagedu casinod’Uriage (Isè-re), ont agi comme un accélérateurdes projets de rénovation urbaineprévus par les pouvoirs publics.

Resté pendant de nombreusessemaines sous le feu des projec-teurs, le quartier fait l’objet depuislesévénementsd’une intensecom-munication de la part de la préfec-ture de l’Isère et de la municipalitéPS de Grenoble, qui ont accéléré lerenforcement et l’implantation deleur politique. La Villeneuve, frap-pée par un taux de chômageimportant et une forte délinquan-ce, espère ainsi pouvoir bénéficierde l’attention qu’elle suscite doré-navant chez les pouvoirs publics.

La mise en application d’un planglobal d’actions et de mesures,dont certaines étaient déjà « en ges-tation ou définies de longue date »,a été récemment « rappelée » à lapresse locale par les élus de la ville.« En recadrant nos réflexions et enréorientant les politiques amorcées,pour certaines, il y a près de dix ans,nousvoulons assumer notre part deresponsabilité dans ce qui s’est pas-sé. L’objectif principal, c’est désor-mais d’ouvrir le quartier sur le restede la ville et de le sécuriser», détailleJean-Philippe Motte, adjoint à lapolitique de la ville.

Dans les cartons depuis 2008, ladémolition partielle du n˚50 de lagalerie de l’Arlequin (soit 5 % des1 700 logements qu’elle compte),immeuble devant lequel a été tuéKarim Boudouda, débutera en2013. Les entrées des immeubles etles coursives qui mènent à

300autresappartementsvont éga-lement subir dès 2013 un liftingdestiné à constituer des « unitéspluspetites,mieuxsécuriséeset ain-si plus facilement gérables », préci-seHélèneVincent, adjointeau mai-re, en charge du secteur 6, dont faitpartie la Villeneuve.

A cette « résidentialisation » del’habitat, qui devrait coûter71 000 euros par logement, vas’ajouter un rééquilibrage des sta-tutsdes appartements pourfavori-ser l’accession à la propriété et ain-si, espèrent les élus, revenir versplus de mixité sociale.

Pour mener à bien cette opéra-tion de réhabilitation urbaine, lamunicipalité va engager dès l’an-née prochaine le relogement despersonnes concernées « dans lesquartiers voisins ». « Il n’est pasimpossible que certains habitants« historiques », très attachés à ceslieux, rechignent à être relogés,explique M. Motte. Nous savonsquel’action defond que nousentre-prenons sur le quartier va nécessi-ter de l’opiniâtreté pour s’inscriredans la réalité. »

Côté forces de l’ordre, la Ville-neuve fait également l’objet d’uneattention toute particulière. Descendres du bitume et des carcassesde voitures calcinées a germé undispositif de présence policièrerenforcé. Le secteur et le centrecommercialGrand’Place, qui joux-te le quartier, sont sécurisés cha-que jour par une cinquantaine degendarmes et de CRS, qui qua-drillent la zone de treize heures àdeuxheures du matin.Une présen-

ce quotidienne qui s’était faiteplus discrète au lendemain desincidents, « pour ne pas attiser lesviolences».

« Il n’était pas question de fanfa-ronner, et ces consignes de précau-tion sont toujours de rigueur, insis-te Brigitte Jullien, directrice dépar-tementale de la sécurité publiquede l’Isère. Aujourd’hui, une brigadede terrain contrôle chaque jour lesétages et les parties communespour déloger les trafiquants. Cardes armes continuent de circuler. »

Au cœur du quartier, les ten-sions sont toujours vives entre lesforces de police et certains jeunes,qui évoquent même une « guerreentre deux gangs ». Une haine affi-chée au quotidien. « Ces gaminspréfèrent gagner 150 euros parjour en surveillant les entrées d’im-meubles. Pour eux, nous sommesdes ennemis », constate BrigitteJulien.

Les policiers se sont égalementheurtés à un mur dans leur enquê-te sur les émeutes de l’été : malgréplusieurs descentes, toujours trèsmédiatisées, les forces de l’ordrene sont pas parvenues à interpel-ler les auteurs des violences. Laquasi-totalité des jeunes hommesarrêtés ont ainsi été relâchés, fautede preuves.

Du point de vue de certainshabitants, les événements dumois de juillet ont au moins « eu lemérite d’amorcer une prise deconscience ». Mais ils rappellentégalement que la Villeneuve estaujourd’hui davantage pointée dudoigt par la population des quar-tiers voisins. « Depuis cet été, lequartier est devenu le mouton noirde Grenoble, conclut une habitan-te. Les gens de l’extérieur ont peurd’y pénétrer. Pourtant, il a retrouvéson calme. Le plus rageant, c’estqu’on paie tous pour les velléités depouvoir d’une poignée de caïds. » p

Benoît Pavan

LatueriedubardesMarronniersdeMarseilleauxassisesLe truand corse Ange-Toussaint Federici estjugé pour la mort de trois malfaiteurs en 2006

Pourcertainshabitants, lesévénementsdejuilletontau moins «eulemérited’amorcer uneprisede conscience»

Quatre mois aprèsles émeutes, Grenobleveut panserles plaies de laVilleneuveLa rénovation urbaine du quartier sera accélérée. Les policiers y sont toujours présents en masse

«L’identitédes habitants aété miseà mal»

SUPPLÉMENT MENSUELDE 8 PAGES

du vendredi 5 daté samedi 6 novembreAvec Le Monde

Grands Prix de la finance solidaire :proclamation des lauréats

France

C’estun épisode d’uneguerreentre truands:Corso-Marseillaisd’un côtécontreMarseillaisd’originemaghrébine del’autre

Quartier de la Villeneuve, à Grenoble, le 31 juillet. ROLLAND QUADRINI/KR IMAGES PRESSE

QUATRE MOIS ont passé, et certai-nes images des incidents apparais-sent encore de manière très nettedans les souvenirs des habitants.Notamment celle des hélicoptèreset « leur bourdonnement inces-sant », qui ont balayé les façadesdes immeubles de leurs puissantsprojecteurs. « Et qui nous ontempêchés de dormir plusieursnuits d’affilée », se rappelle unhabitant.

Avec le recul, une majorité d’en-tre eux confient avoir été moinsmarqués par les voitures brûléesque par « les descentes policières etla caricature à l’extrême dans lesreportages télévisés de l’ensemblede la Villeneuve ». « Les gens ne sor-taient plus de chez eux, ne dor-

maient pas de la nuit, et lesenfants faisaient des cauchemars.Les rapports entre les jeunes et lesadultes sont également restés ten-dus un bon moment, raconteMyriam Kendsy, directrice du cen-tre social de l’Arlequin, l’un des«sous-quartiers» de la Villeneuve.Mais la vie et cette précarité qu’ilsassument ont repris leur cours. »

Au centre de santé de l’Arle-quin, médecins et psychiatres, àqui les habitants se confient cha-que jour, confirment la tendance.Partagée entre un sentiment derejet à l’encontre du « comporte-ment intrusif de la police» et « d’in-compréhension face aux violencesde certaines minorités », la popula-tion a été rapidement rattrapée

par la souffrance qui résulte desdifficultés de son quotidien. Maiségalement par un désir de réhabi-liter une image bafouée.

«Ce qui a surtout choqué leshabitants, c’est que l’identité duquartier, et donc la leur, ait été miseà mal. Les habitants n’ont pas com-pris pourquoi on les associait tousà des gangsters», souligne BrunoCaron, l’un des psychiatres du cen-tre de santé. «C’est un épisode diffi-cile qui a été digéré très vite carc’est une population habituée àêtre confrontée à une société dure,et qui entretient un rapport délicatà l’autorité », ajoute PhilippePichot, médecin généralistedepuis onze ans à l’Arlequin.p

B. P.

110123Mercredi 3 novembre 2010

Page 12: Le Monde du 03 11

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Bombay: cette femme a emprunté 13000 roupies (210euros) à une société de microfinancepour démarrer son entreprise de fabrication de colliers. DANISH SIDDIQUI/REUTERS

New DelhiCorrespondance

A près des années de croissan-ce exponentielle, le secteurde la microfinance en Inde

risquelacrisede liquidités.Enquel-ques semaines, une cinquantainede villageois surendettés se sontsuicidés dans l’Andhra Pradesh, unEtatdusuddel’Inde,incitantlegou-vernement régional à publier unarrêtépunissantd’unepeinedepri-son les percepteurs de dette qui«harcèlent» leurs clients.

Des villageois, soutenus par despoliticiens locaux, refuseraientdéjà de rembourser leursemprunts. « Ils sont exploités par lesinstitutions privées de microfinan-ce, à travers des taux d’intérêt d’usu-riersetdesmoyensderecouvrementde dettes coercitifs qui conduisent àleur appauvrissement et, dans cer-

tainscas, à des suicides», lit-on dansl’arrêté du gouvernement. Sa déci-sion donne un répit aux surendet-tés tout en menaçant de faillite lesorganismes de microfinance. Avec37 % de leur activité concentréedans le seul Andhra Pradesh, c’esttout le secteur qui est menacé.«Nous risquons un effondrement»,adéclaréàl’AFPVijayMahajan,pré-sidentdu Réseau indiendesinstitu-tions de microfinance (MFIN).

L’entrée en Bourse de la premiè-re société indienne de microfinan-ce, SKS Microfinance, n’est pour-tantpaslointaine.Le16août2010,àBombay, des micro-emprunteusesrevêtues de leurs plus beaux sarisavaient ouvert la séance en son-nant le gong sous les applaudisse-ments des investisseurs. « Nousemmenons les pauvres vers les mar-chés de capitaux», se félicitait alorsSKS Microfinance, qui venait delever plus de 350 millions de dol-lars (251 millions d’euros).

Ce symbole d’une Inde sortantde la pauvreté grâce aux marchésfinanciersest bien éloigné de la réa-lité. Quelques semaines plus tard,dix-sept clients de SKS, surendet-tés, se suicidaient dans l’AndhraPradesh. La société a reconnu lesfaits,maisellearejetétouterespon-sabilité en expliquant que sa« manière éthique de faire de lamicrofinance n’a pas pu provoquerces tragédies ». « Les institutions demicrofinance ont prêté sans se sou-cier de savoir si les emprunteursétaient solvables, rétorque SanjaySinha, directeur du cabinet deconseil Micro-Crédit Ratings Inter-national. Leur système de contrôleest inexistant. Et les employés quitravaillent sur le terrain manquentde formation. »

C’est l’afflux de capitaux plus

que la solvabilité des emprunteursqui a tiré la croissance du secteur.

Attirés par des retours sur inves-tissements élevés et des risquesapparemment limités, puisque lesorganismesdemicrocréditenregis-trentmoinsdedéfautsderembour-sement que les banques classiques,les investisseurs se sont multipliés.Le secteur a connu une croissanceannuelle moyenne de 107 %entre2004 et 2009 et pèse 6,7 mil-liards de dollars. Mais chaque nou-veau microcrédit ne sort pas néces-sairementunefamilledelapauvre-té. De nombreux emprunts ser-vent, en fait, à en rembourserd’autres. Dans l’Andhra Pradesh,ceuxqui sesont suicidés en avaientcontracté jusqu’à sept ou huitauprès d’organismes différents.

Code de conduiteCes organismes ont-ils été victi-

mes de la folie des grandeurs ? « Lecritère de retour sur investissementest privilégié au détriment des indi-cateurs de performance sociale »,regrette Royston Braganza, direc-teur du fonds Grameen CapitalIndia Limited, spécialisé dans lamicrofinance. La priorité donnée àla recherche de capitaux, au nomde l’éradication de la pauvreté, atransformé des ONG en de vérita-bles établissements commerciaux.C’est ce qu’analyse MS Sriram, pro-fesseur à l’Institut indien de mana-gement d’Ahmedabad, dans uneétude publiée en mars.

En épluchant les comptes desplus grandes institutions de micro-finance, qu’a-t-il découvert ? Quedes philanthropes à la tête d’orga-nismes de microcrédit se sont ver-sé des rémunérations qu’un direc-teur d’une banque d’investisse-ment n’oserait même pas récla-

mer. Que les fonds d’investisse-ment ont peu à peu remplacé lessociétés de micro-emprunteurs aucapital des organismes. Et que lesmembres du conseil d’administra-tion de SKS sont en partie rémuné-rés en fonction de la performancede l’entreprise en Bourse.

L’effondrement du secteuraffecterait les banques qui versent80 % des fonds utilisés dans lemicrocrédit. Mais aussi les pau-vres, qui, sans microcrédit, dépen-draient des usuriers et de leurstaux d’intérêt pouvant atteindre100 % par mois. Faut-il abaisser les

taux d’intérêt pour éviter lessurendettements et sauver le sec-teur ? Entre des coûts de distribu-tionélevés– lesrecouvreurs dedet-tes ont besoin d’aller chez leursclients toutes les semaines – et lecoût de l’argent emprunté par lesorganismes de microcrédit, lestaux peuvent difficilement des-cendre au-dessous de 24 %.

En octobre, la Banque centrale acréé une commission qui propose-radanslesprochainsmoisunsystè-me de régulation. Pour assainir lesecteur, une des solutions consiste-rait à retirer la microfinance de la

liste des « secteurs prioritaires »qui, en Inde, doivent bénéficierd’au moins 40 % du total des cré-dits accordés par une banque. LeRéseauindiendemicrofinancepré-fère l’autorégulation et va, dès jan-vier, établir un code de conduite,puis mettre à la disposition de sesmembres une base de donnéescontenant les informations finan-cières de tous les emprunteurs.«Maisuneautorégulation,avecseu-lement 80% des acteurs du secteur,sansrègles nisanctions,est impossi-ble», estime M.Sinha.p

Julien Bouissou

LondresCorrespondant

L ’emblématiquegroupe dedis-tribution britannique Marks& Spencer (M & S) aimerait

racheter les magasins françaiscédés en 2001 dans le cadre de sonretrait d’Europe occidentale, selonla presse londonienne du1er novembre.

Le groupe doit annoncer le9novembre une nouvelle stratégied’expansion à l’étranger. Dans cecadre,la plusquecentenaire «insti-tution» anglaise aurait pris langueavec Les Galeries Lafayette pourexplorer le rachat de certains de sesanciens magasins, ce que démentl’enseigne phare du boulevardHaussmann. M & S a égalementcontacté le groupe El Corte Ingléspour tenter de reprendre pied enEspagne,oùilpossédaitneufmaga-sins. La société britannique s’estrefusée à tout commentaire.

En mars 2001, M & S, dirigé àl’époque par le Belge Luc Vandevel-de, ancien patron de Promodès,avait annoncé une réorganisationchocavec la fermeture immédiate

de tous les magasins sur le conti-nent, entraînant la suppression de3 500 emplois. La méthode avaitsuscitéunevivepolémiqueenFran-ce, obligeant le groupe à suspendreson projet et à revendre finale-ment,en octobre2001, ses18maga-sins dans l’Hexagone aux GaleriesLafayette, dont celui du boulevardHaussmann où se situe aujour-d’hui le «Lafayette Maison».

Retrouver un rang mondialArrivé à la tête de la compagnie

en 2004, Stuart Rose avait estiméque cette réorientation sur le mar-ché britanniqueavait été une graveerreur commerciale. Depuis, il s’estemployé à redonner à M & S unrang mondial. En suivant l’exem-ple du leader du secteur, Tesco,M.Rose a tissé un réseau de sites enEuropedel’Est,danslespaysduGol-fe et en Asie, surtout en Chine et enInde. Il s’agit cependant, dans lamajorité des cas, de franchises.

Désigné en mai 2010 à la direc-tion générale d’un fleuron du com-merce d’outre-Manche retombé enlangueur,sonsuccesseur,MarcBol-land, entend poursuivre les efforts

àl’international.Eneffet,auRoyau-me-Uni, la marque souffre de laconcurrence des grandes chaînesde prêt-à-porter, branchées et bonmarché, comme H & M, Zara, ouTop Shops. Dans l’alimentation,son deuxième métier après l’ha-billement, M & S est coincé entreles grands épiciers généralistes etdiversifiés comme Tesco et Sains-buryetledistributeurhautdegam-me Waitrose. De plus, les incertitu-des de la reprise économique inci-tent les ménages à privilégier lemeilleurrapportqualité-prix,com-me en témoigne le succès d’Asda(Wal-Mart).

M. Bolland, qui a redressé auxforceps le distributeur WmMorris-son,veutqu’àtermel’étrangerfour-nisse un cinquième des ventes.Mais remettre un pied en France vase révéler compliqué : il y aneuf ans, le groupe avait cédé desemplacements de choix, dont lesprix ont, entre-temps, explosé.Enfin last but not least, encore faut-il que les acheteurs de l’époque setransforment en vendeurs. Ce quiest loin d’être acquis.p

Marc Roche

EnhausseTotalLe groupe pétrolier a annoncé, le 1er novembre,qu’il investira 5milliards d’euros en 2010-2015dans la R &D pour améliorer son efficacité énergé-tique et réduire ses émissions à effet de serre.

EnbaisseAppleNombre d’utilisateurs britanniques de l’iPhone4sont arrivés en retard au travail le 1er novembre, àcause d’une défaillance du réveil intégré, qui nes’est pas mis automatiquement à l’heure d’hiver.

27millions de clients actifs

Financement L’argent du sec-teur vient en majorité des ban-ques publiques (43%), des ban-ques privées (36%) et des inves-tisseurs institutionnels (17%).

Les institutions Dix d’entre ellestotalisent 80% des encours d’em-prunt. SKS Microfinance, le lea-der, compte 7millions de clientscontre 200000 en 2005. Soncours boursier a chuté de 19%depuis début octobre.

Nombre de clients actifs 27mil-lions.

Les emprunts à risque Ils repré-sentent 0,4% des actifs des orga-nismes de microcrédit contre envi-ron 2% dans le secteur bancaire.

Les cours du jour ( 02/11/10, 10h01 )

Economie

En Inde, le secteurde lamicrofinancerisquede s’effondrerLes pouvoirs publics ont décidé d’intervenir faceà la hausse du nombre d’emprunteurs surendettés

Neufansaprèssondépart,Marks&SpencerenvisagedereprendrepiedenFranceUne nouvelle stratégie d’expansion à l’étranger va être annoncée

Euro 1euro : 1,3926 dollar(achat)Or Onced’or : 1354,50 dollarsPétrole Light sweetcrude : 83,35 dollarsTauxd’intérêt France : 2,804 (à dix ans)Tauxd’intérêt Etats-Unis : 2,636 (à dix ans)

12 0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 13: Le Monde du 03 11

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BagdadEnvoyé spécial

L ’arrivéeduvol ZI117 de lacom-pagnie française AigleAzuren provenance de Paris a

provoqué, dimanche 31octobre, unmoment d’effervescence commel’aéroport international de Bagdad,dont le tarmac est quasi-désert, enconnaît rarement. Présenté com-me « historique » par Anne-MarieIdrac, secrétaire d’Etat au commer-ceextérieur, quiaccompagnait unedélégation d’une soixantaine d’en-treprises venues participer à laFoire de Bagdad, ce vol inauguralmarque la reprise des liaisonsaériennes entre l’Irak et lespays occidentaux, interrompuesdepuis la première guerre du Golfeen 1990. Il préfigure une desserterégulière (deux allers-retours heb-domadaires)àpartirdejanvier 2011par Aigle Azur.

Fondée en 1946 par Sylvain Floi-rat (qui dirigea ensuite Europe 1puis Matra) pour desservir l’Afri-que du Nord, le Liban et l’Indochi-ne,cette compagnie aété repriseen2001 par le groupe GoFast, proprié-té de la famille franco-algérienneIdjerouidene. Exerçant l’essentielde son activité entre la France, leMaghreb, le Mali et le Portugal,Aigle Azur (1,7 million de passagersen 2009) se définit comme spécia-listedes«niches»–ceslignesrenta-bles que délaissent les grands grou-pes.Elle fut la première, en 2002, àrétablir des liaisons régulières avecl’Algériequisortaitàpeinedestrou-bles engendrés par le GIA.

En quête « de nouvelles destina-tions à fort potentiel dans un rayondemoins de sixheures devol autourdeParis»,AigleAzurajetésondévo-lu sur Bagdad avec le soutien dugouvernement français. Un an depourparlers ont débouché sur lasignature d’un accord bilatéralentre la France et l’Irak après unemission menée par la Directiongénérale de l’aviation civile(DGAC), en particulier sur les ques-tions de sécurité.

Des projets avortésL’exploitation d’une ligne régu-

lière vers Bagdad n’est pas un parigagné d’avance. En 2009, le sué-dois Nordic Airways a tenté, envain,d’établir une liaison. Lufthan-saapréférérenoncer,fautedeclien-tèle à un Munich-Bagdad, laissantsa filiale Austrian Airlines desser-vir Erbil, dans le Kurdistan. « Noussommes très confiants, mais noussavonsquece projets’inscritdansladurée. Inévitablement, la premièreannée ne sera pas facile », prévientMeziane Idjerouidene, vice-prési-dent du conseil de surveillanced’Aigle Azur.

La compagnie a pris soin de nepas surdimensionner son investis-sementetchoisi un Airbus A-319, leplus petit appareil de sa flotte (132sièges). Malgré la décrue relativedes attentats et le redémarrageespéré des flux commerciaux versl’Irak, on ne se bouscule pas encorepour prospecter les marchés – éva-lués entre 400 et 600 milliards dedollars – de la reconstruc-tion.A Bagdad, lemoindredéplace-

ment exige un environnement«sécurisé », facturé par les sociétésspécialisées à partir de 1 000 dol-lars par personne et par jour. Lescontraintes de sécurité imposentaussi des coûts aux compagniesaériennes. L’escale de quelquesheures opérée sur l’aéroport inter-national par l’Airbus d’Aigle Azuret le personnel naviguant exige lamiseenplaced’undispositifdesur-veillance et de protection très serréévalué par la compagnie à près de150 euros par voyageur pour unbillet facturé entre 1 265 et 2 400euros aller-retour.

Une liaison directe vers Parispourrait cependant attirer des Ira-kiens disposant des moyens devoyager vers la France : pour l’an-née 2010, l’ambassade de Francedevrait accorder quelque4 000 visas, moitié plus que l’an-née précédente. Pour autant, AigleAzuradmetqu’il luifaudraimpéra-tivement drainer des voyageurs enprovenance de toute l’Europe, desEtats-Unis et même d’Asie.

Aussi des contacts ont-ils éténoués avec plusieurs compagniesen vue de négocier des accords depré-acheminement. Y comprisavecAir France.La compagniefran-çaise, qui a obtenu de figurer dansl’accord bilatéral franco-irakien,pourrait, en principe, elle aussiouvrirune lignerégulière versBag-dad.Pour l’heure, elle reste sur uneprudente réserve, préférant visi-blement observer à quel rythmes’engagera la reconstruction del’Irak. p

Jean-Michel Normand

A près des semaines de sus-pense, la Réserve fédéraleaméricaine (Fed) devrait

lever le voile, mercredi 3 novem-bre, sur les modalités d’un nou-veau « round» d’assouplissementmonétaire destiné à soutenir l’éco-nomie. Un programme qui consis-te,pourla banquecentrale, àrache-ter des obligations d’Etat et qu’ellen’a jusqu’ici expérimenté qu’enpériode de crise.

Rarement décision de politiquemonétaireaurasuscitétantd’inter-rogations et de polémiques auxEtats-Unis. Son efficacité, son bien-fondé, les risques qu’elle compor-te, divisent profondément lesexperts. Certains s’alarment devoir la Fed banaliser un instru-ment souvent comparé à une« arme nucléaire ». Au momentd’enannoncerledétail, la Fedpour-rait bien faire valoir qu’elle n’avaittout simplement pas le choix.

Pourquoi la Fed doit-elle agir?La reprise, aux Etats-Unis, est plusqu’hésitante. L’immobilier ne sereprend pas. Les Américains rechi-gnent à consommer. Les statisti-ques officielles publiées vendredi29 octobre ont révélé que la crois-sance au troisième trimestre n’aété que de 2 % en rythme annuel.Un niveau insuffisant pour relan-cer la « job machine ».

A 9,6 %, le taux de chômage res-te à des sommets historiques etpourrait même dépasser à nou-veau les 10% si l’activité ne retrou-ve pas vite du tonus. Or la bonne

santé du marché de l’emploi estl’un des mandats de la Fed, aumême titre que la stabilité des prix.

Sur ce deuxième front, la ban-que centrale ne peut non plus semontrer satisfaite: l’inflation croîtactuellement au rythme très faiblede 0,8 %, bien en deçà de sa cibleimplicite, fixée entre 1,7% et 2 %. Leprésident de la Fed, Ben Bernanke,craint plus que tout de voir s’en-clencher une spirale déflationnisteoù la baisse des prix et des salairesdécouragerait l’investissement etla consommation.

La Réserve fédérale est égale-ment poussée à agir pour des rai-sonspolitiques.Unefranchevictoi-re des républicains aux électionsdemi-mandat, mardi,restreindraitla marge de manœuvre de BarackObama. Difficile, dans ces condi-tions, de compter sur un nouveauplan de relance budgétaire. L’insti-tution monétaire serait donc seuleà avoir les coudées franches pourtenter de soutenir la reprise.

Comment va-t-elle s’y prendre?L’armedutauxdirecteurestaujour-d’hui obsolète : la Fed ne peut tout

simplement pasle baisser davanta-ge car celui-ci est déjà quasi nuldepuis la mi-décembre 2008. C’estpourquoi elle s’apprête à lancerunenouvelle vague de « quantitati-ve easing».

Cette politique que les expertsont rebaptisée « QE2 » revient enréalitéàcréerdelamonnaieexnihi-lo.Autrement dit, la banquecentra-le va injecter des centaines de mil-liards de dollars dans le circuitfinancier américain en rachetantdes bons du Trésor à long terme.L’objectif? Maintenir les taux d’in-térêt à de très bas niveaux et tenterainsi de relancer le crédit.

La Fed n’en est pas à son coupd’essai. En 2008 et 2009, elle a déjàprocédé à de tels achats pour plusde 1700 milliards de dollars, afin decontrerleseffetsdelacrisefinanciè-re. Jusqu’où est-elle aujourd’huiprête à aller?

C’est la question qui obsède lesmarchés. Plutôt qu’’annoncer unmontant spectaculaire, il sembleacquis que l’institut d’émissionopterapourunedémarcheprogres-sive : un programme susceptibled’être ajusté selon le rythme de la

reprise. Sans en être l’esclave, laRéserve fédérale sait qu’elle doittenircomptedesattentesdesinves-tisseurs.

Une annonce très inférieure auxchiffres qui circulent risquerait deprovoquerunchocsur lesmarchés.Les estimations évoquent un mon-tant initial de 500milliards de dol-lars sur un semestre.

Quels sont les risques? La pers-pective de ce « QE2 » est pourtantloin de faire l’unanimité, au sein dela Fed et ailleurs. Les plus orthodo-xes soulignent qu’en faisant mar-cher la planche à billets, la Fedprend le risque d’un emballementincontrôlé des prix. Elle pourraitaussi encourager la formationd’une nouvelle « bulle » du crédit,reproduisant les erreursqui ont étéà l’origine de la crise de 2007. Enoutre, une telle politique n’est pasindolore sur la valeur du dollar, aurisque d’alimenter les tensions surle marché des changes.

Depuis que la Fed a fait connaî-tre ses intentions, fin septembre, lebillet vert a dégringolé face à pres-que toutes les grandes devises. LaChine dénonce une création moné-taire « hors de contrôle ». L’Europes’inquiète de la remontée brusquede l’euro qui fragilise sa reprise.

Enfin et surtout, le succès del’opération est loin d’être garanti !Dans quelle mesure des taux basinciteront-ils les banques à desser-rerles vannes ducrédit et les ména-ges à emprunter ? Il reste une der-nière option à la Fed, évoquée dansle compte rendu de ses dernièresréunions : se fixer un objectif d’in-flation plus explicite et plus élevé.

Une façon de jouer sur les antici-pations des ménages et des entre-prises pour les inciter à consom-mer et à investir sans attendre leshausses de prix à venir.p

Marie de Vergès

LechangementdecapannoncéparlaFedsuscitequestionsetpolémiquesLaRéservefédéraleaméricainedévoilerale3novembrelesmodalitésdesonassouplissementmonétaire

Social

Hausse de80% dusalaire minimumdansle textile auBangladeshLes employés du textile au Bangladesh ont vu leur salaire minimumaugmenter de près de 80 %, lundi 1er novembre, après des semaines deprotestation cet été. Le gouvernement a annoncé qu’il poursuivrait lesentreprises qui n’appliqueraient pas cet accord. Les quelque 4 500 entre-prises du secteur, qui fabriquent des vêtements pour des marques occi-dentales telles que Wal-Mart, H&M, Zara ou Marks &Spencer, vontdevoir verser aux ouvriers un salaire mensuel d’au moins 3000 taka(30euros). Le minimum salarial précédemment fixé en 2006 était de1662 taka. L’annonce de cette hausse fin juillet avait provoqué de violen-tes manifestations d’ouvriers, entraînant la fermeture d’usines dans lapériphérie de la capitale Dacca. Les syndicats avaient demandé une plusforte augmentation, en vain. Les violences avaient cessé avec l’arresta-tion de cinq dirigeants syndicaux, dont l’un d’entre eux est encore enprison, et les poursuites engagées contre des centaines d’employésayant pris part aux manifestations. – (AFP.) p

Entréeen vigueurde mesurespourcombattre le surendettementLe dispositif de lutte contre le surendettement des particuliers, prévudans la loi Lagarde sur le crédit à la consommation, est entré en vigueurlundi 1er novembre, après son adoption en juin par le Parlement. Désor-mais, dans le cas où un plan de remboursement est respecté sans inci-dent, l’inscription au Fichier national des incidents de remboursementdes crédits aux particuliers (FICP) est ramenée de dix à cinq ans. Lesménages surendettés ne pourront plus faire l’objet de mesures unilaté-rales de la part de leur banque, notamment la fermeture du compte oude saisies d’huissier, le temps que leur procédure aboutisse. Environ9millions de personnes utilisent le crédit à la consommation et 2,6 mil-lions se trouvent en difficulté de remboursement. Parmi elles, le nom-bre de surendettés (750 000 fin juin) a augmenté d’environ 15 % entreseptembre2008 et septembre2009. – (AFP.) p

Finance Hausse inattendue des taux en AustralieLa Banque de réserve d’Australie (RBA) a surpris les marchés, mardi2novembre, en annonçant une hausse d’un quart de point de son princi-pal taux directeur à un plus haut de deux ans de 4,75%. Cette décisionest une manœuvre préventive face au risque d’inflation. – (Reuters.)

Jean-Claude Juncker demande à la BCE de s’exprimerd’une seule voixLa Banque centrale européenne (BCE) devrait s’exprimer d’une seulevoix, a déclaré le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, dansun entretien au quotidien Die Welt lundi 1er novembre. Selon M.Juncker,il existe une discipline verbale au sein de l’Eurogroupe et il faudrait que« cela soit aussi le cas à la BCE », a-t-il réclamé après les prises de positiondiscordantes du patron de la Bundesbank Axel Weber. – (AFP.)

Economie

Lepremiervol Paris-Bagdad accompagnela prudentereprisedes relations d’affairesLacompagnie AigleAzur reconnaîtquele début del’exploitationdecette ligneseradifficile. Leproblème delasécurité enIrakn’est pas réglé

Une politique monétaire au service de l’emploi

SOURCE : BLOOMBERG

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Page 14: Le Monde du 03 11

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 2/11 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

Fonds communs de placementsECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 39,07 28/10ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 16,11 28/10ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2900,36 28/10ECUREUIL OBLI CAPI C 61,77 28/10ECUREUIL PROFIL 90 D 33,74 28/10ECUREUIL PROFIL 75 D 38,26 28/10ECUREUIL EURIBOR 1261,07 1/11ECUREUIL EXPANSION C 18482,00 1/11ECUREUIL INVESTISSEMENT D 44,46 28/10ECUREUIL MONEPREMIERE C 2385,70 1/11ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2610,66 28/10ECUREUIL TRESORERIE C 66,95 1/11ECUREUIL OBLI EURO D 268,44 28/10ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117481,64 1/11

Multi-promoteursCM-CIC EUROPE 23,63 28/10Fonds communs de placementsCM-CIC EURO ACTS C 19,90 28/10CM-CIC SELECT.PEA 7,66 28/10CM-CIC MID EUROPE 20,46 28/10CM-CIC TEMPERE C 170,36 28/10CM-CIC DYN.EUROPE 33,65 28/10CM-CIC FRANCE C 32,54 28/10CM-CIC EQUILIBRE C 71,23 28/10CM-CIC DYN.INTERN. 26,73 28/10CM-CIC OBLI C.T.D 135,34 29/10CM-CIC MID FRANCE 32,40 28/10

Fonds communs de placementsCM-CIC DYN.INTERN. 26,73 28/10CM-CIC OBLI C.T.D 135,34 29/10CM-CIC OBLIGATIOND 26,40 29/10CM-CIC MID FRANCE 32,40 28/10CM-CIC PLANBOURSEC 18,58 28/10CM-CIC TEMPERE C 170,36 28/10CM-CIC EURO ACTS C 19,90 28/10CM-CIC FRANCE C 32,54 28/10

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SICAV ET FCP

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3836,58 2/11 -0,12 4088,18 11/1 3287,57 25/5 11,80

ALLEMAGNE DAX Index 6605,85 2/11 0,01 6670,90 1/11 5433,02 5/2 11,80

ROYAUME UNI FTSE 100 index Erreu - -

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 11124,62 2/11 0,06 11258,01 26/4 9614,32 2/7 12,50

Nasdaq composite 2504,84 2/11 -0,10 2535,28 26/4 2061,14 1/7 18,20

JAPON Nikkei 225 9159,98 2/11 0,06 11408,17 5/4 8796,45 1/9 15,40

LES BOURSES DANS LE MONDE 2/11, 10h01

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2010 2010

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VALEURS DU CAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 29,49 29,39 0,36 12,72 30,74 22,25 1,05 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 93,27 93,74 -0,50 20,01 96,93 70,59 2,25 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 2,49 2,49 0,24 4,70 2,70 1,83 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 36,39 36,36 0,08 -25,83 55,14 35,42 1,24 T FR0010220475ARCELORMITTAL ................ 23,47 23,52 -0,21 -27,07 35,45 21,33 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 13,15 13,11 0,34 -20,47 17,60 11,51 0,55 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 51,92 52,17 -0,48 -7,12 60,38 40,81 1,50 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 31,39 31,64 -0,82 -13,84 40,56 30,40 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 36,84 36,70 0,35 15,22 40,30 30,20 0,80 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 38,80 38,80 -0,01 15,61 41,28 31,81 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 11,70 11,74 -0,38 -5,34 13,78 7,87 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 45,69 45,71 -0,04 6,68 46,88 39,34 1,20 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 19,16 19,12 0,18 36,03 19,70 13,29 0,17 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 32,62 32,83 -0,65 -21,52 42,84 30,14 0,60 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 47,76 47,66 0,22 14,40 51,17 40,84 0,70 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 17,23 17,23 0,06 -1,12 17,92 14,01 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 28,40 28,46 -0,23 -6,22 30,77 22,64 0,67 S FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 41,15 41,53 -0,92 -28,82 63,00 35,57 2,00 T FR0000120537L’OREAL ............................ ◗ 85,83 85,61 0,26 10,04 88,00 70,90 1,50 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............ ◗ 113,10 113,35 -0,22 44,30 119,40 74,19 1,30 S FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 56,92 57,39 -0,82 9,97 64,49 48,12 1,00 T FR0000121261NATIXIS .............................. ◗ 4,35 4,37 -0,41 22,70 4,90 3,06 0,45 T FR0000120685PERNOD RICARD ............... ◗ 63,89 63,81 0,13 6,64 68,64 54,89 0,61 A FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 28,44 28,75 -1,06 20,18 29,95 17,92 1,50 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 117,05 117,30 -0,21 38,95 120,50 81,00 3,30 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 36,20 36,20 n/d 27,00 37,61 27,66 0,60 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 39,36 39,66 -0,77 8,73 43,80 26,56 3,80 T FR0000131906SAINT-GOBAIN .................. ◗ 33,70 33,80 -0,30 -11,48 40,28 27,81 1,00 T FR0000125007SANOFI-AVENTIS ............. ◗ 50,43 50,44 -0,02 -8,41 58,90 44,01 2,40 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 104,40 103,75 0,63 27,66 104,50 72,00 2,05 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 42,22 42,59 -0,89 -13,76 53,12 29,70 0,25 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 6,26 6,31 -0,73 -2,55 8,08 5,16 0,06 A NL0000226223SUEZ ENV. .......................... ◗ 14,09 14,15 -0,49 -12,65 17,86 12,46 0,65 S FR0010613471TECHNIP ............................. ◗ 62,60 62,78 -0,29 26,72 64,85 45,14 1,35 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 39,16 39,25 -0,22 -12,98 46,73 35,66 1,14 S FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 148,25 147,75 0,34 -3,55 167,00 119,85 20,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 75,19 75,45 -0,34 18,36 81,61 60,35 3,50 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 21,02 21,05 -0,12 -9,08 26,49 17,96 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 38,33 38,44 -0,29 -2,90 44,98 33,01 1,10 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 20,11 20,20 -0,45 -3,29 21,47 16,18 1,40 T FR0000127771

Mardi 2 novembre 9h45Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

Bourse L’AMF critiquela façon dont LVMH estmonté au capital d’HermèsDans un entretien accordé, mardi2novembre, aux Echos, Jean-PierreJouyet, président de l’Autorité desmarchés financiers (AMF), regretteque la réglementation boursièreait permis à Bernard Arnault d’ac-cumuler secrètement des parts ausein du groupe de luxe Hermès.Les «equity swaps», c’est-à-diredes options d’achat ne sont pascomptabilisés au même titre queles actions dans les calculs pour lesfranchissements de seuil, ce qui apermis à M.Arnault d’attendre lemoment d’exercice de ces options,représentant 14% du capital d’Her-mès, pour faire la déclaration offi-cielle de sa participation, deuxansaprès le début de son offensive.

Automobile GM veut lever10milliards de dollarsavec son retour en BourseLe constructeur automobile améri-cain General Motors (GM) se prépa-re à mettre sur le marché à la mi-novembre 365millions d’actions

mises à prix entre 26 et 29dollars,ont indiqué lundi 1er novembre dessources bien informées. Au prixévoqué, cette opération valorise-rait GM à environ 50milliards dedollars (35,8 milliards d’euros), soitsensiblement le même niveau queFord, le deuxième constructeuraméricain qui a réussi à échapperau dépôt de bilan durant la crise.La mise à prix pourrait intervenirvers le 17novembre, avec une pre-mière cotation le 18, selon ces sour-

ces. L’introduction en Boursedevrait permettre au Trésor deréduire sa part dans le capital deGM, de 61% à 50%. – (AFP.)

Pétrole BP provisionne40milliards de dollarspour la marée noireLe groupe pétrolier britanniqueBP a annoncé, le 2 novembre,avoir réalisé un bénéfice net de1,785 milliard de dollars (1,28 mil-liard d’euros) au troisième trimes-

tre, six mois après l’explosion desa plate-forme dans le golfe duMexique. BP indique avoir dû pro-visionner dans ses comptes7,7milliards de dollars de plus autroisième trimestre du fait de cet-te catastrophe, portant à 39,9 mil-liards le montant global des som-mes mises de côté. – (AFP.)

Assurances L’américainAmbac prochedu dépôt de bilanLe rehausseur de crédit en difficul-té Ambac a annoncé, le lundi1er novembre, qu’il ne rembourse-rait pas des traites dues le jourmême, soulignant qu’il envisa-geait un dépôt de bilan, avec ousans le soutien de ses créanciers.Dans la foulée, l’action s’est effon-drée à Wall Street de 50,15% à41,45cents. Le groupe, dont lemétier d’origine est de mutualiserle risque de défaut de paiementdes collectivités locales et des Etatsaméricains, s’était diversifié dansdes activités d’assurance de créditplus risquées. Il lutte depuis plu-sieurs mois pour sa survie. – (AFP.)

Marchés

Assurances

Groupamamonte aucapitaldel’assureur italienFondiaria-SAIL’assureur français Groupama va prendre 17 % de Premafin, le holdingde la famille Ligresti qui contrôle l’assureur italien Fondiaria-SAI (Fon-SAI), en finançant près des deux tiers d’une augmentation de capital de225,7millions d’euros, vient d’annoncer Premafin. A l’issue de cette reca-pitalisation, la famille Ligresti ne disposera plus du contrôle absolu duholding. Selon le quotidien économique Il Sole 24 Ore, l’homme d’affai-res Vincent Bolloré aurait joué un rôle central dans ces négociations.M.Bolloré et Groupama sont alliés au sein du pacte d’actionnaires de labanque d’affaires italienne Mediobanca, pivot du capitalisme transal-pin. Grâce à cette opération, Groupama avancera ses pions en Italie, lemarché étranger le plus important pour le groupe. – (AFP.) p

Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr

L a France n’a pas à s’enorgueillir de sa politi-qued’aide aux paysen développement quisemble dépourvue de pilote et de stratégie.

La partieconcernant l’aide publique au déve-loppement (APD) du projet de loi de finances2011, qui devait être discutée mardi 2 novembreà l’Assemblée nationale, n’a pas été accompa-gnée des documents qui auraient permis d’ap-précier la pertinence des 8,6 milliards d’eurosde dépenses annoncées.

Aussi, les organisations non gouvernemen-tales (ONG) regroupées dans l’association Coor-dination Sud dénoncent-elles par la voix deleur président, Jean-Louis Vielajus, « l’opacitéinédite» du budget en préparation.

D’autant, dit celui-ci, que « 30 % de l’APDn’est pas de l’aide, mais de l’allégement de dette,des frais d’écolage pour les étudiants étrangers,notamment chinois, et des crédits pour lesdépartements d’outre-mer, par exemple400 millions d’euros pour Mayotte ». Pire, laFrance ne tient pas ses promesses. Elle auraitdû consacrer 0,51 % de son revenu national brutà l’APD ; son effort sera limité à 0,47 % en 2011.Elle pointera en la matière à la dernière placedes pays riches de l’Union européenne.

Bonne nouvelle, les dons augmenterontsignificativement, soit 220 millions d’euros àrépartir entre 14 pays très pauvres, contre175 millions en 2010. « Mais ils étaient de350millions d’euros en 2006 et la Grande-Breta-gne y consacre un milliard, déplore M. Vielajus.L’idée force qui prévaut est que la croissanceréduit automatiquement la pauvreté. Or, nous

constatons qu’elle accroît les inégalités ».En fait, la France est tiraillée entre plusieurs

objectifs. Le Quai d’Orsay et le ministère de l’in-térieur aimeraient que l’APD serve à la sécurité,donc à créer des emplois pour contenir l’immi-gration et à éviter que le désespoir ne se mue enterrorisme.

Le ministère de l’économie et des financescherche comme à son habitude à minorer lesdépenses, ce qui le conduit, par exemple, à inté-grerdans le budget les 159 millions d’euros de lataxe « Chirac » sur les billets d’avion qui devai-ent être additionnels, donc hors budget.

Plus de secrétaire d’Etat à la coopérationdepuis la démission d’Alain Joyandet en juillet,un ministre des affaires étrangères, BernardKouchner, donné partant lors du prochainremaniement ministériel : les méchantes lan-gues disent qu’à partir du moment où la politi-que d’aide au développement risque de se limi-ter à préserver les marchés de la France et sonaccès à l’uranium et au pétrole, il n’est pasbesoin de grands stratèges. L’Elysée suffira.

D’autant qu’on retrouve le même flotte-mentà l’étagede l’exécution, àl’Agence françai-se de développement (AFD) qui a assuré en

2009 pour le compte de l’Etat l’engagement de6,2 milliards de dollars de dons et prêts enfaveur du développement.

Echaudé par la bronca médiatique qui aaccompagné sa nomination en mai en raison desa proximité supposée avec Nicolas Sarkozy,Dov Zerah, son directeur, refuse de répondreaux questions sur l’inquiétude de son person-nel, palpable dans les tracts syndicaux.D’ailleurs, le monde syndical et celui des ONGne sont pas plus bavards, ce qui trahit le désar-roidecesacteursdudéveloppementfaceàl’ave-nir de l’institution qui gère l’aide publique.

Ce n’est pas le rajout du bleu-blanc-rougedans le logo de l’Agence – pour complaire auxparlementaires désireux de visibilité pour lesbonnes œuvres de la France – qui les rassurera,car le gouvernement n’a toujours pas publié lalettre de mission de Dov Zerah et les objectifsqui lui ont été fixés. En revanche, tout le mondesaitqueBercy veut10%d’économies sur la mas-se salariale de l’AFD. Qui fera les frais de cetterigueur ? Quelles missions, quels pays serontabandonnés ?

Pendant ce temps, l’administration Obamaa choisi de privilégier le soutien à l’agriculturedes pays pauvres plutôt que l’aide alimentaire.Pour ce faire, il a associé l’USDA, le ministère del’agriculture, et l’USAID, l’équivalent de l’AFD.Les Britanniques, eux, ont opté sans ambiguïtépour la voie de l’aide multilatérale plutôt quepour l’aide bilatérale. Volonté au-delà de nosfrontières, pagaille en deçà.p

Alain Faujas

Lavie desentreprises

L ’actionnaire est toujours lacinquième roue du carrossedans les banques d’affaires.

Aujourd’hui plus que jamais, oùcelui-ci investit plus de capitauxpour un taux de rendementmoins élevé.

Prenons l’exemple de Gold-man Sachs. Ses revenus ont reculéde 14 % au cours des neuf pre-miers mois de l’année, et le pour-centage affecté à la paie des sala-riés a de surcroît été abaissé de4points, ce qui fait que la massesalariale y a été réduite de 22 %.Impressionnant. Mais les action-naires ont perdu bien davantage :la rentabilité financière des partsordinaires s’est effondrée d’untiers pour tomber à 13,2% et ce enpartie parce que le capital de labanque a augmenté de 28 %.

La balance a l’air plus équili-brée pour JPMorgan. Si la quote-part de la paie y a légèrement aug-menté, la masse salariale globalea baissé de 15,5 %, c’est-à-dire dequelques points de moins que sesrevenus mais tout autant que sarentabilité financière. Le hic : labanque a tourné avec 20% de capi-taux en plus, ce qui signifie que lapart du fardeau a été plus lourdepour les actionnaires.

Le capital de Crédit suisse a àpeine varié depuis l’an dernier. Lesinvestisseurs ont donc apparem-ment toutes les raisons d’applau-dir à sa décision de réduire la mas-

se salariale d’un cinquième. Pour-tant, le montant de la rémunéra-tion a augmenté de plus de 10 %pour représenter 49% du revenude l’établissement, tandis que larentabilité financière, d’un ordrede grandeur tout à fait décent à19,7%, a été divisée par deux parrapport à 2009.

Certaines banques donnentl’impression d’avoir trouvé la bon-ne formule. Chez Morgan Stanley,si le poids de la masse salariale abondi à un peu plus de 12 % pourle moment sur 2010, les recettesont progressé quatre fois plusvite. Le capital ayant été relevéd’un peu moins du tiers, l’ensem-ble est a priori acceptable. Maispour les actionnaires, le taux derentabilité financière est à peinesupérieur à 11 %.

A une époque où Wall Street vitde grands bouleversements –celui de la réglementation n’étantpas des moindres –, il est un prin-cipe sacré que les financiers conti-nuent de respecter scrupuleuse-ment: celui qui veut que l’intérêtdu personnel de la banque, et noncelui de ses propriétaires, primeavant tout. p

Antony Currie

et Nicholas Paisner

(Traduction de Christine Lahuec)

n Sur breakingviews.comPlus de commentaires sur l’actualitééconomique et financière.

Ecofrictions

AWall Street, certaines traditionsontla vie dure

L a solidité du développementéconomique del’Afrique sub-saharienne n’en finit pas de

surprendre, et la Chine et l’Asie nesont pasétrangères à cette résilien-ce face à la récession mondiale.

Le Fonds monétaire internatio-nal (FMI) a confirmé, mardi2 novembre, qu’elle serait l’unedes raresrégions du monde àpour-suivre son accélération en 2011avec un taux de croissance du pro-duit intérieur brut (PIB) de 5,5 %,succédant à un très honorable 5 %en 2010.

Le champion sera la Républiquedémocratique du Congo, qui relèved’un long effondrement (+ 10,6 %en 2010 et +8,7 % en 2011), suivi del’Ethiopie (+ 8% et + 8,5 %). Le petitLiberia, longtemps martyrisé,connaîtra une accélération impres-sionnante(+6,3% et +9,5%).Mêmeles cinq pays les moins perfor-mants durant la crise devraientrenouer avec la croissance, à savoirle Botswana, l’Erythrée, les Seychel-les, le Tchad et le Zimbabwe.

DépendancesCertes, les douloureuses politi-

ques d’ajustements structurels desannées 1990 avaient produit leursfruits. « A la veille des chocs mon-diaux de la période 2007-2009, lasituation économique de la plupartdes pays de la région était bonne :croissance régulière, inflation fai-ble, solde budgétaire viable, réser-ves de change en hausse et dettepublique en baisse», se félicitent lesexperts du Fonds.

« Lorsque les chocs sont surve-nus, poursuivent-ils, ces pays ontpu manier avec adresse leurs politi-ques budgétaires et monétairespour atténuer les effets négatifs dubouleversement soudain du com-merce, des prix et des flux de finan-cements internationaux. »

La modification de la structuredes échanges commerciaux a jouéégalement un rôle important. En

2009, la part de la Chine dans letotal des exportations et desimportationsdel’Afriquesubsaha-rienne était supérieure à celle de laplupart des autres pays. Comme lemontrele graphique ci-dessus, cet-te part est passée de 3,4% en 2000à 13,6% en 2009.

La part desexportations de l’An-gola vers les pays en développe-ment d’Asie a augmenté de22 points entre 2005 et 2010 etatteint 50 %. Autre pays pétrolier,le Nigeria a profité de cette aspira-tion dans une moindre mesure,soit 6,75 points de mieux et 10,5 %des exportations vers l’Asie.

LeFMI enconclutque «ladépen-dance accrue de la région à l’égarddela demande des paysen dévelop-pement d’Asie a certainement aidéàatténuerles effets de lacrise finan-cière mondiale et aidera à mainte-nir la croissance sur la trajectoireactuelle dans certains pays».

Tout n’est pas rose pour autantet les statistiques font apparaîtrede grandes fragilités, comme entémoigne le recul du PIB réel parhabitant à Madagascar (– 4,5 %) eten Erythrée (–1,3 %) en 2010. Aucu-ne sagesse budgétaire et aucunerecette en provenance de matièrespremières ne résistent à l’instabili-té politique.p

Al. Fs.

LesONGregroupées dansl’associationCoordination Suddénoncent«l’opacité inédite»dubudgetpréparé

Economie

Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique

ReutersBreakingviews

Une présencecroissante

SOURCE : FMI

16

12

8

4

02000 20092005

PARTDE LA CHINEDANS LES ÉCHANGESDE L’AFRIQUE SUBSAHARIENNEen% du total

13,6

7,8

3,4

LaChine contribueàlabonnesantédel’Afriquesubsaharienne,selonleFMILa croissance y atteindra 5% en 2010 et 5,5% en2011, grâce à un commerce réorienté vers l’Asie

L’aidefrançaise au développement sans pilote

14 0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 15: Le Monde du 03 11

L’adoption par leParlement delaréformedesretraites, le mercre-di 27 octobre, va laisser dans lepays comme un goût d’amertu-me ! Est-ce parce que chacunsait que cette réforme, qui aura

mis des millions de personnes dans la rue,n’est qu’un faux-semblant qui laisseentier le problème du financement denotre système social ? Sans doute ! Est-ceparce qu’une fois de plus notre pays s’estrévélé incapable de régler un des plus gra-ves problèmes auxquels il est confronté ?Probablement! Mais peut-être, et surtout,est-ce parce que chacun a bien conscienceque l’on est passé à côté de la véritablequestion: celle du travail.

La crise des retraites est en effet d’abordune crise du travail. Au-delà du rejet susci-té par l’attitude du président de la Républi-que, c’est bien le malaise ressenti à l’égarddu travail tel qu’il est organisé qui a unifiédans un même mouvement toutes lesgénérations, les unes repoussant l’idée derester plus longtemps au travail dans demauvaises conditions, les autres de devoirbientôt y entrer par la porte de la précarité.C’est ce profond malaise au travail, relevépar toutes les enquêtes, dramatiquementillustré par France Télécom, qui rend laréforme des retraites impossible.

Et s’il est une négociation d’urgence àouvrir, n’en déplaise à la CFDT pour laquel-lej’aiungrandrespect,cen’estpassurl’em-ploi des jeunes mais bien sur l’organisa-tion et les conditions du travail qu’elle doitporter. La réalité à laquelle nous sommesconfrontés est simple, presque trop : le tra-vailestaujourd’huiexclusivementconcen-tré sur les 30-50 ans. On exige d’eux uneffort de productivité tel qu’il puisse à lafois permettre de relever le défi de la com-pétitivité et contribuer pour la plus grandepart aux charges de la nation, à commen-cer par l’éducation et les retraites.

C’est à cette absurdité qu’il faut s’atta-quer en priorité et en privilégiant le dialo-gue social. L’axe d’une telle discussiondevra être la volonté du politique de dépla-cer le financement d’une partie des char-ges sociales – en particulier la santé – de lacotisation sur l’impôt. Cela devra permet-

trede faire l’économie des exonérations decharges qui, outre leur coût exorbitant,favorisent les emplois les moins qualifiéset bloquent les évolutions de salaire. Unepartie de ces crédits pourrait être recycléedans le soutien à la négociation d’entrepri-se sur l’organisation du travail. Il faut eneffet absolument privilégier une approcheglobale qui inclue la pénibilité ; les condi-tions de maintien dans l’emploi desseniors, en mettant en place une vraie ges-tion prévisionnelle des carrières; l’adapta-tiontempsdetravail/tempsfamilialetl’ac-cès des jeunes à l’entreprise.

Cette évolution devra aussi être accom-pagnée par l’Etat à travers une série deréformes:confiéeàl’Associationnationalepourlaformationprofessionnelledesadul-tes (AFPA), l’orientation systématique etobligatoire des jeunes sortant sans qualifi-cation du système scolaire vers les mis-sions locales afin de les faire bénéficierd’un bilan et d’une formation; la mobilisa-tiondescréditsde laformation profession-nelleen faveur des actions de mobilité pro-fessionnelle,etc.Onlevoit, ilyaunimmen-se besoin dans ce pays d’une grande politi-que du travail.

Certes,onauraitpus’y attelervialamiseen place des 35 heures et c’était là l’ambi-tion affichée par ses promoteurs. Faute detemps, le chantier fut à peine entamé. Lespolitiquessuiviesdepuislorssontenrevan-chetoutesalléesdanslemauvaissenspuis-qu’il n’a été question que d’augmenter leshoraires, en particulier les heures supplé-mentaires. Il ne fait aucun doute que notrepays doit développer sa capacité de tra-vailler et de produire, mais cela doit résul-terd’unevolonté collectivedes partenairessociaux et aboutir à une hausse du tauxd’emploi des jeunes comme des seniors.Seule une mutation du travail, c’est-à-direun saut qualitatif, pourra garantir ce sautquantitatif. La crise du travail que nousconnaissonsaujourd’huin’estpassansrap-port avec le malaise ressenti en 1968 dansle monde ouvrier à l’égard des méthodesfordistes. Il devait déboucher sur un ralen-tissement de la productivité annonciateurde la crise des années 1970. p

Tout grand projet culturel,novateur et ambitieux, susci-te dans notre pays son lot decritiques et de controverses.Ce fut le cas pour le CentrePompidou, le Grand Louvre et

sa pyramide, le Musée du quai Branly,pour ne citer que quelques exemples par-mi de nombreuses institutions vilipen-dées avant même d’exister et très majori-tairement appréciées dès leur ouvertureparnos concitoyens mais aussi parles visi-teursétrangers. Lesyndrome de latour Eif-fel, en somme, dont le charitable oubli aenglouti la liste des adversaires parfoiséminents et célèbres, mais en l’occurrenceplutôt mal inspirés.

Il en va de même aujourd’hui pour leprojet de Maison de l’histoire de France etson installation prévue au sein du vastedomaine parisien des Archives nationa-les.Qu’il suscite des questions, des interro-gations, voire des résistances, cela est plusque naturel. Confronter les sources et lespoints de vue, c’est précisément ce qui estau cœur de l’écriture de l’histoire, scienceet pratique en perpétuelle évolution danssa manière de considérer le passé et dansles enseignements qu’elle tire pour le pré-sent et l’avenir, comme dans les méthodesqu’elle applique. Mais on est en droit d’at-tendre des arguments dégagés de tout apriori et de toute idéologie, plutôt que lacontestation expéditive d’un regroupe-ment de quelques historiens et de syndi-cats peu enclins au dialogue.

En effet, l’intérêt du plus large public

pour l’histoire ne se dément pas. Cet inté-rêt se renouvelle et s’enrichit constam-ment grâce au travail des historiens. Maisil dépasse largement le cadre de la recher-che universitaire et de ses contributionsfondamentales. Il s’exprime ainsi sous denombreuses formes où se confrontent desappréciations naturellement divergen-tes : dans le domaine de l’édition, de lapresse, des manifestations culturelles etpatrimoniales, des médias audiovisuels –dont lesémissions historiques sontmassi-vement suivies. Tant elles sont innombra-bles et en plein essor, il est impossible deciter ici toutes les manifestations de cetteadhésion collective à la volonté d’appren-dre, de débattre et de comprendre, dontlesRendez-vous de l’Histoirede Blois vien-nent encore de donner l’exemple. Refusercette évidence et renoncer à cet élan seraitl’expression d’une bien grande frilosité etd’un repli sur l’entre-soi des spécialistescontre lesquels s’élève précisément le pro-jet de la Maison de l’histoire de France.

Il existe en même temps un fort cou-rant de nostalgie qui porte sur ce qu’étaitl’enseignement de l’histoire et ce qu’ilserait devenu. Non du fait des professeursd’histoire, dont nul ne songe à remettre en

cause la qualité du travail ni leur engage-ment. Mais plutôt en raison des sollicita-tions en tout genre qui privilégient l’im-médiat aux dépens de la perspective, l’ac-tualitépar rapport àla chronologie du pas-sé, l’émotion, au demeurant légitime, audétriment du raisonnement cependantindispensable. Les contempteurs duroman national et de l’histoire des grandshommes, des dates et des batailles ont faitjustice à juste titre d’une certaine manièrede percevoir et de transmettre l’histoire.Mais encore faudrait-il que les bases etl’enchaînement des événements, éclairéspar tout ce qu’ont apporté les différentes

écoles historiques, et en particulier celledes Annales, soient encore connus. L’an-goisse et le désarroi des enseignants, dontla contribution est essentielle pour l’équi-libre de notre société et de notre viecitoyenne, méritent bien que l’on répondeà leurs attentes. Clovis n’est pas le grand-père de Marie-Antoinette, 1515 est bienautre chose qu’un numéro de portable!

Mais il s’agit d’une maison, et non d’unmusée, qui aura pour ambition de rendre

toutes les facettes de notre histoire acces-sibles : ses ombres et ses lumières, sesgrands noms et ses inconnus, ses passagesobligés comme ses chemins de traverse.Elle sera un lieu où le passé vit au contactde la modernité, ouvert aux débats, auxinvitations et aux rencontres, relié natu-rellement aux autres établissements quitraitent de l’histoire : musées, sites histori-ques, universités, centres de recherche…Une maison qui s’inscrit ainsi dans toutela géographie du savoir et de l’étude quis’étend sur l’ensemble de notre territoireet bien évidemment au-delà de nos fron-tières. Car aborder notre histoire en fai-sant abstraction de celle du reste du mon-de serait tout simplement absurde.

On peut d’ailleurs s’étonner que lescontradicteurs les plus résolus du projetne remettent pas en cause la pertinenced’institutions semblables aux Etats-Unisou à Londres, et ne tarissent pas d’élogessur l’exposition actuelle duDeutsches his-torisches Museum de Berlin abordant unchapitre particulièrement sombre et dou-loureux de cette histoire de l’Allemagnedont on sait à quel point elle peut êtreconsensuelle.

Dans ces conditions, l’implantation,dûment validée par le président de laRépublique, de la Maison de l’histoire deFrance sur le site parisien des Archives estnaturelle. Loin d’être affaiblie, la placedes archives au sein même de la mémoirede notre pays s’en trouvera renforcée. Onrappellera que l’Etat fait un effort budgé-taire considérable pour les Archives natio-

nales en construisant un nouveau centreà Pierrefitte-sur-Seine, confié à un archi-tecte de renom, le site initial conservanten ses murs certains fonds patrimo-niaux, comme ses initiatives d’exposi-tion et de consultation propres, l’ensem-ble gardant évidemment sa totale autono-mie juridique et administrative. Et quipeut soutenir sérieusement qu’il ne reste-ra pas de place pour la Maison de l’histoi-re de France sur le site parisien, lorsquetoutes les archives disposeront désor-mais d’espaces nettement plus vastes etmieux agencés ?

Comme l’écrivait Georges Clemenceauen d’autres circonstances bien plus cruel-les, « s’entre-tuer ne peut pas être la princi-pale occupation de la vie ». En s’appuyantsur un conseil scientifique rassemblantde nombreux historiens, la Maison del’histoire de France est en train de naître ;tous les concours sont les bienvenus, et jeleur fais pleinement confiance pour l’ac-compagner et l’animer. p

f Sur Lemonde.fr«La Maison de l’histoire de France est un projetdangereux», par Roger Chartier (Collège de Fran-ce), Arlette Farge (EHESS), Jacques Le Goff(EHESS), etc. ; « Toute une histoire », par Fran-çois Loncle, député de l’Eure ; « La Maison del’histoire de France, l’avant-poste de la prési-dentielle ? », par Vincent Duclert, historien ; « LaMaison de l’histoire de France doit être mise àl’abri de l’esprit de chapelle », par LaurentGervereau, président du Réseau des musées del’Europe.

Agauche, toutes tendancesconfondues,unnouveautré-sor caché a été trouvé. Qu’ils’agisse de restaurer l’équili-bre des finances publiques,d’engager de nouvelles

actions desolidarité nationale ou d’assurerl’avenir de notre régime de retraites, l’im-position des revenus du capital fournirales ressources nécessaires. Sans doute faut-il demander à nos hommes politiques d’al-ler voir de plus près quel est le contenu réelde cette caverne d’Ali Baba.

Le capital présente un double avantage:il est à la fois impopulaire et anonyme. Onpeut donc, sans inconvénient, proposer dele taxer fortement : personne ne s’élèverapour le défendre. Dans le même temps, leprélèvement sur les revenus du travail estassimilé, à tort, à un prélèvement sur lesseuls salariés. Le combat est inégal, quientraîneune conclusion uniforme: taxonsplus lourdement les revenus du capital etla France sera sauvée.

Quifaire payer, puisqu’il faut bien sortirde l’anonymat au moment de faire le chè-que, les entreprises ou les ménages? Alour-dirles charges des entreprises,quelle qu’ensoit la nature, alors que notre système pro-ductif connaît une vraie crise de compétiti-vité aurait des effets désastreux. L’impôtsur les bénéfices est-il un impôt sur le tra-vail ou sur le capital?

Onvoitbienque laquestionn’a guèredesens. En outre, si l’obtention d’un taux decroissanceplusélevépassepar uneamélio-ration de notre productivité, donc par uneaccumulation de capital dans les entrepri-ses, il serait stupide de l’y taxer davantage.

Au demeurant, Thomas Piketty, écono-miste proche du PS, nous l’explique trèsbien:«Inévitablement,lesentreprisesréper-cutent tout ce qu’elles paient soit sur leurssalariés (en réduisant les salaires), soit surleurs actionnaires (en réduisant les dividen-des ou en accumulant moins de capital enleur nom), soit sur les consommateurs (enaugmentant leurs prix). » Tous les impôtsfinissent toujours par être payés par lesménages, avec une perte de compétitivitéau passage si la perception initiale porteexagérément sur l’appareil productif.

On sait ainsi de quoi l’on parle : desimpôts sur les revenus du patrimoine desménages (revenus fonciers et immobiliers,dividendes et intérêts perçus). Le progrèsest notable mais insuffisant. Reste à savoir

de combien l’on parle. Lisons sur ce sujet lerapport 2009 du Conseil des prélèvementsobligatoires. Il est éloquent : « Les revenusdu patrimoine des ménages au sens de cerapport ne figurent ni dans les données fis-calesnidanslescomptesnationaux.Enl’ab-sence de données consolidées, il a fallu pro-céder par estimation et recoupement pourdéterminer l’ordre de grandeur de l’assietteet des prélèvements obligatoires correspon-dants (impôt sur le revenu et contributionssociales).»

Admirons le caractère ubuesque de lasituation, propice au déploiement de tou-tes les démagogies : on ne sait pas exacte-ment de quoi est faite la ressource qu’on al’intention de mobiliser pour redresser lepays.

Que disent les estimations, puisqu’ilfaut s’en contenter ? Que les revenus ducapital des ménages représentaient150milliards d’euros en 2007, dont on neconnaît pas la composition exacte, soit 8%du produit intérieur brut (PIB). Que ces

mêmes revenus sont taxés en moyenne àhauteur de 17 %, soit 1,4 % du PIB avec iciencore une répartition inconnue entrerevenus immobiliers, intérêts, plus-valueset dividendes.

17%deprélèvement,est-cetropbas?Cer-tainement. Faut-il augmenter ce taux ?Sans aucun doute, tant est déplorable l’étatde nos finances publiques. Cela change-ra-t-il la dimension du problème que nousavons à résoudre pour redresser le pays ?En aucun cas.

Naviguons toujours par estimation etrecoupemententredonnéesfiscalesetdon-nées de comptabilité nationale. L’impôtsur le revenu et la CSG représentent un peuplus de 10 % des revenus d’activité desménages. Si on y ajoute les cotisationssociales (part salariale), le prélèvementatteint 20% des mêmes revenus d’activité.Ajoutons les prestations sociales (retraites,chômage et assurance-maladie) aux reve-nus et déduisons la totalité des cotisations,part patronale incluse: on est à 30%.

On peut décider d’aligner l’impositiondes revenus du capital sur celle des reve-nus du travail, cotisations sociales compri-ses (ne devrait-on pas ouvrir en contrepar-tie un droit spécifique à prestations socia-les aux bénéficiaires de ces revenus?).

Pourcefaire,ilfaudraitporterleprélève-ment moyen de 17 % à 30%, soit une majo-ration des trois quarts (resterait à traiter deson éventuelle progressivité, ce qui n’estpas une mince question). Le chiffre estconsidérable. Il ne représente cependanten recettes publiques supplémentairesque 1 % du PIB. Rappelons que le déficitannuel est de 8% du même PIB.

La somme est bonne à prendre, mais cen’est qu’un apport partiel à la solution denos multiples difficultés. Il faut décidé-ment en convaincre les Français : le redres-sement du pays demandera un effortd’une tout autre ampleur. p

Ilya un immensebesoindans ce pays

d’unegrande politiquedutravail»

Touslesimpôtsfinissenttoujours

par être payéspar lesménages, avecuneperte de compétitivitéaupassage si la perceptioninitialeporteexagérémentsurl’appareil productif»

JeanPeyrelevadeEconomiste

GaëtanGorceDéputé (PS) de la NièvreVice-président du groupe socialiste,radical et citoyen

Clovisn’est paslegrand-père

deMarie-Antoinette,1515estbienautre chosequ’unnumérodeportable!»

Imposerle capital, une idée simplisteC’est l’accroissementde la productivitéquirétablira les finances publiques

Jean-Jacques Benaim, professeur demanagement, et Elodie Benaim, juriste :«Kerviel : une explication managériale» ;Kristalina Georgieva, membre de la Com-mission européenne chargée de la coopé-ration internationale, l’aide humanitaire

et la réponse aux crises, et Michel

Barnier, membre de la Commission euro-péenne chargé du marché intérieur et desservices: «Doter l’Europe d’une capacitéde réponse aux désastres : un devoir deresponsabilité et de solidarité».

Sur Lemonde.fr

DébatsDécryptages

Ouvrirdesnégociationssur les conditions de travail

FrédéricMitterrandMinistre de la cultureet de la communication

La Maisonde l’histoirede France est une chance pourla rechercheSamission: donner desrepères au public, loin desdébats idéologiques

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Page 16: Le Monde du 03 11

Corine Lesnes

Il fallait un certain courage pouraller affronter Jon Stewart, maisBarack Obama n’en manque pas.Et, de toute façon, il n’a pas le choix.Le comédien, qui présente une sor-te de vrai faux journal tous les soirs

sur la chaîne Comedy Central, est sanspitié mais il est suivi par quelque 2 mil-lions de personnes, principalement desjeunes, la catégorie d’électeurs qui ne s’in-téresse que de très loin, généralement,auxélections demi-mandat, et dontle pré-sident américain a absolument besoin s’ilveut conserver une majorité.

Une semaine avant le scrutin du2novembre, Barack Obama a donc partici-pé à l’émission satirique, une premièrepour un président en exercice. Il revenaitd’un rassemblement à Philadelphie – satroisième visite en moins d’un mois enPennsylvanie, un Etat qu’il avait gagnéavec 10 points d’avance en 2008 mais où ils’efforce maintenant de sauver le candi-dat démocrate au Sénat. L’un de ces Etatsde vieille tradition industrielle, où lesdémocrates penchaient pour Hillary Clin-ton pendant les primaires de 2008 – com-me le confirment les sondages, la classeouvrière blanche ne s’est jamais vraimentralliée à Barack Obama.

Jon Stewart l’a abordé d’entrée sur ladéception de la gauche, deux ans après lesgrandes envolées de 2008. Il a voulusavoir ce qu’étaient devenues les promes-ses de la campagne. Où étaient « l’espoir »etle «changement»? Leprésident arépon-du que les circonstancesn’avaient pas tou-jours été optimales (une récession,deux guerres, un pays en proie au « décli-nisme », une marée noire, des tentativesd’attentat). Mais Jon Stewart a insisté. « Jeme souviens que vous disiez : on ne peutpas s’attendre à des résultats différents en

reprenant les mêmes gens, a-t-il repris. Etje me souviens quand vous avez recrutéLarry Summers. Je me suis dit : “On diraitvraiment exactement la même person-ne…” » Larry Summers, tête de Turc de lagauche démocrate, était le secrétaire auTrésor de Bill Clinton lorsqu’a été signée laloi autorisant la dérégulation financièreen décembre 2000. La Maison Blanche aannoncé qu’il partirait après les élections.

Barack Obama a encaissé. Sous les rires,Jon Stewart a enfoncé le clou, de l’« auda-ce» – autre slogan de campagne – devenueintrouvable à la « timidité » de la réformede l’assurance-santé. « Jon, j’aime bienvotre show, a poliment interrompu le pré-

sident. Mais sur ce point, je suis en profonddésaccordavec vous.Trente millionsde per-sonnes vont avoir une assurance grâce àcette réforme. Il y a en ce moment une fem-me dans le New Hampshire qui n’a pasbesoin de vendre sa maison pour obtenirson traitement contre le cancer. Et elle nepense pas que c’est timide.»

L’animateur n’apas eu l’air impression-né. Il a laissé échapper une expressionfamilière : « Dude ! » Dès le lendemain, lescommentateurs ont relevé que pour lapremière fois, on s’était adressé au « chefdu monde libre » en lui disant « hé, mec ! »,ou « dis-donc, mon gars ! » Sur l’instant,Barack Obama n’a rien montré, sinon une

raideur dans le regard comme s’il avait étéblessé. Il areconnu qu’il n’avait « pas trans-formé » le système politique à Washing-ton, mais que dans l’urgence il avait choiside « travailler avec ». Il a même admis qu’ildevrait modifier le slogan « Yes we can »pour y ajouter un « mais ». Oui, « nous lepouvons mais cela ne va pas arriver en unenuit »….

Deux ans après son triomphe électoral,Barack Obama a les cheveux qui grison-nent sérieusement, a fait récemmentremarquer le ministre de la défense,Robert Gates. Son taux d’approbation eststationnaire (46 % depuis plusieurs mois,contre 68 % en janvier 2009). Rien d’irré-

médiable : à la même période de 1982, lacote de Ronald Reagan était de 42 %.

Côté bilan, Barack Obama a été « aussiproductif que Franklin Roosevelt ou LyndonJohnson»,indiqueleprofesseurJamesThur-ber, directeur du centre d’études présiden-tielles de l’American University à Washing-ton. Il a empêché l’économie de « tomberdans le gouffre» et sauvé l’industrie auto-mobile. Il a passé une réforme de la santédonttouslesprésidentsdémocratesmoder-nes avaient rêvé, une réforme financièretroplimitéeaux yeux dela gauche mais quilui a aliéné Wall Street. Il a donné aux étu-diants des prêts abordables, interdit auxcompagnies de cartes de crédit d’augmen-ter les taux d’intérêt sans préavis, étendu leservice national de volontariat. Il a nommédeuxfemmesàlaCoursuprême(cedontlesélectricesblanchesneluisaventpasparticu-lièrement gré, si on en croit les sondages). Ila obligé les compagnies pétrolières à finan-cer la restauration de l’écosystème de laLouisiane…

Ses compatriotes le jugent pourtantsévèrement. «Beaucoup voient cela commele paradoxe de la présidence Obama, dit lepolitologue Thomas Mann, de la BrookingsInstitution. Des accomplissements législa-tifs historiques mais pas de remerciementdu public, au contraire.» Pour le professeurStephen Wayne, expert de la présidenceaméricaine à l’université Georgetown, àWashington, l’explication est simple: «Les

choses n’ont pas changé assez rapidementpour satisfaire les Américains. Barack Oba-ma a dépensé 1,5 trillion de dollars, et il n’apas grand résultat à présenter.»

Les républicains lui reprochent d’avoircru avoir un mandat pour transformerl’Amérique, alors qu’il avait été élu grâce àun message, optimiste mais flou. Dans uneinterview-bilan au New York Times Magazi-ne du 17 octobre, le président admet deserreurs.Nonpassurlefondmaissurlatacti-que.Ils’enveut des’êtrelaissé enfermerparladroitedansleportraitclassique dudémo-cratenepensant qu’à «taxeretdépenser». Ilestime avoir accompli 70% de ses promes-ses de campagne.

Traité «comme un chien», a-t-il dit, parlesrépublicains,critiquéjusqu’àtoutrécem-ment par son camp, Barack Obama semblerésignéàl’incompréhensionactuelle.Ilvou-lait être un démocrate d’un genre différent.Le destin aura voulu qu’il doive présider àune expansion massive de la dette et à desnationalisations. Ses discours, qui étaientlus et relus, sont couverts par les clameursdu Tea Party. Le pays ne l’écoute plus.

Obama a commencé sa présidence enplaidant pour une « nouvelle fondation »économique pour le XXIe siècle, qui repose-rait sur une réforme de la santé, l’indépen-dance énergétique et une réforme de l’édu-cation. Rapidement, la Maison Blanche aétébousculéepar l’imprévuetparl’actuali-té: la colère populaire contre les bonus desbanquiers, la révolte Tea Party contre l’em-prise grandissante du gouvernement. Ellea perdu ce que les conseils en communica-tion appellent la «narration ».

Un an et demi après, les Américains necomprennent pas pourquoi le taux de chô-magereste supérieur à9%alors quele gou-vernement a passé un plan de relance de787 milliards de dollars (564,6 milliardsd’euros) en février 2009. Ils sont persuadésque l’effort n’a pas servi à grand-chose,conviction largement alimentée par lesrépublicains. Quand Barack Obama a prisses fonctions, le chômage était de 7,7%.

LeparadoxeObama

DécryptagesEnquête

Ilamême admisqu’ildevrait modifierleslogan «Yes we can»pouryajouter un «mais»

BILL CLINTON, le 42e président des Etats-Unis, est réputé pour sa faculté d’empa-thie. Sa réponse adressée en 1992 à un chô-meur - « Je ressens votre douleur » - estdevenue une expression populaire. Clin-ton ne fait qu’un avec l’auditeur, mêmequand il parle de l’état de l’économie :« J’aimerais vous y voir, au volant d’unelocomotive lancée dans la pente à 300 kmheure et l’arrêter en 10 secondes !», lançait-il fin octobre lors d’un meeting.Barack Obama, lui, répugne à mettre enscène sa sensibilité. Selon les confidencesde son entourage au National Journal, ilne dévoile rien, et s’il aime à prendrel’avis de tous ses collaborateurs, y com-pris ceux qui ne sont pas préparés à ledonner, il ne communique pas facile-ment le sien. Il est d’humeur égale,« jamais trop animé, jamais trop abattu ».Certains stratèges estiment que ce man-

que d’empathie peut poser problème. Lescols bleus ne se reconnaissent pas en lui.«Pour les Américains, il y a une composan-te émotionnelle à la présidence », expli-que Stephen Wayne, qui termine un livresur le thème «Obama contre lui-même ».« Ils aiment avoir une connexion avec leurprésident mais qu’il ait aussi des qualitéshors du commun. Il faut qu’il soit commeeux, mais un peu meilleur. »Quand la marée noire a souillé le golfe duMexique, en avril, Barack Obama n’a mon-tré aucun signe de colère. Spike Lee, lecinéaste, l’a mis au défi : « Pour une fois,explosez ! » Mais le chroniqueur JonathanCapehart a expliqué au Washington Postpourquoi le président doit se garder demanifestations excessives. « Nous, lesAfro-Américains, apprenons très jeunes àcontenir nos émotions afin de ne pas appa-raître menaçants et de ne pas donner des

raisons de douter de notre capacité à fairenotre travail. » Le professeur Wayne aconsacré son livre aux contradictions quianiment le président américain. Certainstraits lui ont permis d’être élu, d’autresvont en sens contraire. « Pendant la cam-pagne, il parlait de transformation. Main-tenant, il joue le rôle de leader transaction-nel, dit-il. Il a une très grande confiancedans son jugement. En même temps, ilrecherche assidûment le consensus. »Quand Bill Clinton dit à son auditoire defocaliser sa colère sur un point particulier,de sorte qu’elle lui permette de «clarifierson jugement» plutôt que de « l’obscur-cir», nul ne trouve à y redire. QuandBarack Obama dit un peu la même chose,il subit les attaques des conservateurs. Onle traite de «snob», d’élitiste. Pourtant ilne rate jamais une occasion de parler del’équipe locale de football ou de basket. Et

il joue aux cartes dans Air Force One avecses aides. « La raison pour laquelle la politi-que semble si dure, en ce moment, disait-ilil y a quelques semaines à un groupe dedonateurs du Massachusetts, c’est que lesfaits et la science ne prennent pas toujoursle dessus. Nous sommes programmés à nepas penser clairement quand nous avonspeur. Et le pays a peur. »Les conservateurs ont trouvé cette analyseprésomptueuse (Obama « ramène » sascience) et méprisante pour le commundes électeurs qui, apeurés, se trompentquand ils s’inquiètent du déficit. Des poli-tologues ont l’impression de revivre l’épo-que du « vaste complot de droite» dénoncéen 1998 par Hillary Clinton. Bill Clinton ditavoir «déjà vu le film, en 1994. J’ai appelé leprésident Obama l’autre jour et je lui ai dit :“décontractez-vous. Ils ne disent rien survous qu’ils n’aient dit contre moi”». p

De haut en bas et de gauche à droite : Sarah Palin avec son fils lors d’un meeting du Tea Party à Phoenix(Arizona); Barack Obama à l’usine Chrysler de Detroit (Michigan), le 30juillet ; lors du «Daily Show», émissionsatirique de Jon Stewart sur la chaîne Comedy Central. JOSHUA LOTT/GETTY IMAGES, PETE SOUZA/WHITE HOUSE PHOTO, CHARLES DHARAPAK/AP

Deux ans après sonélection triomphale,le président desEtats-Unis présenteun bilan honorable,mais ne parvientplus à convaincre.Les Américainsne l’écoutent plus,et lui semblese résigner à cetteincompréhension.Que s’est-il passé?

Pourses détracteurs, un président distant,snob etélitiste

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Page 17: Le Monde du 03 11

Un mois plus tard, 600 000 emploissupplémentaires avaient disparu. Et600000 de plus en mars. « L’administra-tion a eu l’impression qu’il fallait agir trèsvite, dit le professeur Wayne, et que letempsmanquaitpourunprogrammed’em-plois fédéraux.»

Les démocrates expliquent que sans le«stimulus package », le taux de chômageserait de 12 %, selon l’Office budgétaire duCongrès. Des milliers de professeursseraient sans emploi. Dans ses meetings decampagne, Bill Clinton essaye de convain-cre ses compatriotes : « Le trou était pro-fond, de 3000 milliards. Le plan de relanceétait d’à peine 800 milliards. Il n’était pasdestiné à nous sortir du trou mais à nouspermettre de nager au lieu de couler.» Maisil est difficile de créditer le président pourun emploi qui « n’a pas disparu, souligne le

professeur Wayne, alors que les gens ontl’impression que leur situation ne s’amélio-re pas».

L’histoire des réductions d’impôts estexemplaire. Un tiers du montant du plande relance (soit 288 milliards de dollars) aété consacré à des crédits d’impôts. Dansunpays aussi obsédé par les taxes, la mesu-re aurait dû être célébrée. En fait, elle estpassée inaperçue. Selon un sondage duNew York Times, 90% des Américains igno-rent que leurs impôts ont diminué depuisque Barack Obama est président (de400 dollars par contribuable, 800dollarspour les couples). 30% sont même persua-dés qu’ils ont augmenté.

Il est vrai que l’administration a vouluraffiner. Plutôt que d’envoyer un chèque,comme l’avait fait George Bush, et risquerde voir les Américains épargner ou épon-

ger leur dette plutôt que de consommer,elle a choisi de réduire les prélèvementsobligatoires. Beaucoup n’ont même pasremarqué le changement sur leur fiche depaie.

Selon le New York Times, Barack Obamaregrette de ne pas avoir été plus tacticien. Ilaurait pu omettre les baisses d’impôtsdans le plan de relance, pense-t-il, et « lais-ser les républicains insister » pour les obte-nir. Ce qui aurait pu lui permettre de forcerl’opposition à accepter un compromis.

D’aprèsJonathanAlter,auteurd’unehis-toire de la première année du mandat,Barack Obama a pris, seul contre tous, ladécisiondemettrela loiimposantune cou-verture médicale universelle au premierrang de ses priorités législatives. Il lui étaitvenu pendant la soirée historique de l’élec-tionprésidentielle 2008, que cette réforme

serait ce qui pourrait « le plus aider » lesAméricains ordinaires.

« A-t-il eu tort de l’imposer au lieu de seconcentrer sur l’économie?, demande Tho-mas Mann. D’après moi, les choix qu’il afaits étaient raisonnables. Il n’y a pas beau-coup de preuves que s’il avait agi autre-ment l’économie serait dans une situationdifférente. » Mais le chercheur estime queM. Obama a été trop patient. Pendant queles sénateurs prolongeaient les débats,trop contents d’avoir les caméras braquéessur la porte de leur salle de réunion, lesrépublicains agitaient la base et le Tea Par-ty s’organisait.

Deux dispositions de la loi seulementsont entrées en application. L’une autoriseles enfants à bénéficier de la couverture deleurs parents jusqu’à 26ans. L’autre inter-dit aux compagnies de refuser de couvrir

les malades. L’essentiel de la réforme, lesBourses d’échanges et l’obligationde sous-crire à une assurance, n’entreront envigueur qu’en 2013-2014. La majorité desAméricains ne voient pas les avantagesimmédiats et s’inquiètent de voir leurs pri-mes augmenter. Ils sont maintenant unemajorité à souhaiter l’abrogation de la loi.Lacampagnedesrépublicainscontrelepro-jet n’a pas été dénuée de succès.

Nombre d’analystes pensent que le tex-te était trop volumineux. Les républicainsont eu beau jeu d’effrayer les militants surl’inévitable bureaucratie qu’engendreraitune loi de près de 2 000 pages. De la loiGlass-Steagall de 1933 à la création de laSecurities and Exchange Commission(SEC), le gendarme de la Bourse, en 1934,« les éléments de la régulation financièreont été assemblés un par un », souligne lechercheurMichaelLind, delaNew AmericaFoundation, un think tank de gauche.

Barack Obama compte s’opposer farou-chement à toute tentative de remettre encausela réforme.« Ilestpersuadé qu’ila rai-son, dit le professeur Wayne, du fait que laréforme s’adresse aux plus démunis. Maisles gens ne veulent pas de politique de redis-tribution. Nous ne voulons pas payer denotre poche les soins de santé des pauvres.»

Barack Obama l’a lui-même reconnu: iln’a pas réussi à convaincre les Américainsdubien-fondé desa politiqueéconomique.«Etant donné le nombre de choses qui nousarrivaient, nous avons probablement passéplusdetempsàessayerdeprendrelesmesu-res adéquates qu’à penser à la politique,a-t-il dit au New York Times. Mais on nepeut pas négliger le marketing, les relationspubliques et l’opinion publique.»

Même aveu au National Journal : la cri-se économique a monopolisé son atten-tion, et il n’a pas eu le temps de communi-quer son programme « d’une manièrecohérente ».

Les exemples abondent de perceptionserronées. Les républicains ont fait passerl’idéequel’administrationétait«anti-busi-ness ». Or, les profits des entreprises ontaugmenté de 62 % entre mi-2009 etmi-2010, selon les statistiques du départe-ment du commerce (pour les petites entre-prises,c’estsanschangement).Labaseigno-re que les banques qui ont bénéficié duplan de sauvetage ont commencé à rem-bourser, etc. Curieusement, le secteur descommunications de la Maison Blanchen’est pas affecté par le remaniementde faitqui est intervenu depuis l’été dans l’entou-rage présidentiel, même si David Axelrod,le conseiller stratégique, est donné partantaprès les midterms pour préparer la cam-pagne 2012. p

EnquêteDécryptages

EN JANVIER, avant le passage de la réfor-me de la santé, Barack Obama a laissééchapper qu’il préférerait être un « trèsbon président qui ne ferait qu’un mandat»qu’un « médiocre président qui en feraitdeux». Les conservateurs ayant sauté surl’occasion de propager l’idée du mandatunique, il a préféré arrêter les spécula-tions. Dans une interview au National Jour-nal, fin octobre, il a laissé entendre qu’il sereprésenterait en 2012. Et Joe Biden, le vice-président, inquiet probablement desrumeurs selon lesquelles Hillary Clintonserait sur le «ticket», s’est empressé d’an-noncer qu’il avait été sollicité par sonpatron pour être de nouveau son colistier.Selon un sondage du Pew Research Center,47% des Américains souhaitent queBarack Obama se représente, contre 43%qui ne le souhaitent pas. (En 1982, 36% seu-lement des citoyens souhaitaient queRonald Reagan soit de nouveau candidat.Il a remporté l’élection avec 18pointsd’avance.)Barack Obama n’ignore pas qu’il a la démo-graphie pour lui. L’électorat blanc, qui luifait défaut aujourd’hui, à part chez les jeu-nes, est condamné à rétrécir. « En 2012,Obama pourrait ne remporter que 40% duvote blanc et gagner quand même, grâceaux minorités», expliquait récemmentRon Brownstein, du National Journal. Lesélecteurs non «anglos» étaient 14 % en1994, 25 % en 2008. Ils sont moins pessi-mistes sur l’avenir du pays. Ils continuentde penser que leurs enfants connaîtrontun sort meilleur que le leur. Et ils croientdans les bienfaits du gouvernement. Ceux-là vivent encore le rêve américain. p

Sera-t-ilcandidaten2012?

Le président Barack Obama, à la Maison Blanche. PETE SOUZA/WHITE HOUSE PHOTO

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U n spectre hante l’Afghanistan : la parti-tion. A mesure que la guerre s’enlise,l’idée de diviser le pays selon des lignes

de clivage ethnique progresse. Aux yeux de sespromoteurs, elle seule permettrait d’éviter lareconquête intégrale de l’Afghanistan par lestalibans.Leprojetestàcestadepurementthéori-que, mais il faut prendre au sérieux sa lentematuration, sur le terrain afghan comme chezcertains analystes occidentaux. Car il peut s’im-poser comme l’ultime recours, si la situationpolitico-militaire devait évoluer dans un senscontraireauxintérêtsoccidentauxouauxmino-rités ethniques afghanes. Or une telle formuleest le type même de la fausse bonne idée. Elleserait même la recette d’un nouveau chaos.

L’Afghanistanest une nationmultiethniquecomposée de quatre grands groupes: les Pach-touns(environ45%delapopulation), lesTadjiks(23 %), les Hazaras chiites (10 %) et les Ouzbeks(8,5%). En gros, les Pachtouns sont concentrésdans le sud du pays et les non-Pachtouns dans lenord. L’insurrection recrutant principalementchez les Pachtouns, on devine aisément laconclusion qu’en tirent les tenants de la parti-tion. Devant l’impasse actuelle, ces derniersrecommandent d’abandonner le Sud pachtounaux talibans pour mieux sanctuariser l’OTANdans le Nord à majorité non-pachtoune, où l’in-surrection est plus limitée.

Ce scénario de la fracture géographique est leplus radical des « plans B » qui fleurissent à laveille de la grande révision stratégique annon-cée par l’administration Obama à la fin de l’an-née. Divergents dans leurs conclusions, tous ces« plans B » partagent le même présupposé : ilfaut renoncer à la chimérique vision du Statebuilding (constructiondel’Etat)etàlatropambi-tieuse doctrine de la contre-insurrection(gagner le « cœur » des communautés locales)pourserecentrersurl’intérêt sécuritaire«vital»

de l’Occident en Afghanistan, à savoir prévenirle retour des camps d’Al-Qaida. Or cet objectifpremier – et accessoirement le but originel del’intervention militaire en Afghanistan déclen-chée par les attentats du 11-Septembre – passe,pensent ces auteurs, par un affaiblissement ouun contournement de l’Etat central afghan etnon par son renforcement. C’est un brutal ren-versement de perspective au regard de toutel’entreprise politique conduite en Afghanistanpar la communauté internationale depuis 2001.

Quatre textes importants, publiés récem-ment, illustrent cette nouvelle pensée sur ledevenirafghan.Danslahiérarchiede l’audace,lepremier – A New Way Forward, rapport signé del’Afghanistan Study Group, un panel d’expertsaméricains – récuse l’option de la constructionde l’Etat et la «création d’un Etat afghan unifié»pour préconiser un « pouvoir décentralisé ». Ledeuxième, un article (« Defining Success inAfghanistan»)delarevueForeignAffairs (juillet-août) signé de Stephen Biddle, Fotini Christia etJ.Alexander Thier, propose de renforcer l’«auto-nomie locale », évoquant même l’idée d’une«souveraineté mixte » entre l’Etat central et lespouvoirs régionaux.

Le troisième texte, une tribune (10 septem-bre) dans l’International Herald Tribune de JohnChipman, directeur de l’International Institutefor Strategic Studies (IISS) de Londres, appelle deses vœux un « Etat plus fédéral » avec un « redé-ploiement» dans le Nord des troupes étrangèresdont la mission (de type « force de réaction rapi-

de») se limiterait à « dissuader» les talibans duSud d’élargir leur zone d’influence. Enfin, le der-nier texte, paru sur le site américain Politicosous la signature de Robert Blackwill,ex-conseiller adjoint pour la sécurité nationaledeGeorgeW.Bush,radicalise laréflexionenpro-posant sans fard une « partition de facto » entreun Sud taliban et un Nord antitaliban. CommeJohn Chipman, Robert Blackwill suggère que laprévention du risque Al-Qaida dans le Sud s’or-ganiseàpartirdecetteplacefortepro-occidenta-le du Nord. « Le ciel de l’Afghanistan pachtoundoit être noir de drones et d’avions de la coali-tion», écrit-il.

Cette littérature relèverait de la fantaisie aca-démiquesi ellene rencontrait un échoen Afgha-nistan, au sein des communautés non-pachtou-nes.Cesdernièress’inquiètentdeplusenplusdela perspective d’un retour au pouvoir des tali-bans qui réinstallerait l’hégémonie historiquedes Pachtouns sur l’Afghanistan. La montée destensions ethniques dans le Nord entre, d’uncôté, les Tadjiks, Hazaras et Ouzbeks et, del’autre, les poches minoritaires pachtounes –porte d’entrée des incursions talibanes – confor-te les chantres séparatistes d’une sorte de Liguedu Nord à l’afghane.

Il fautêtre conscient du risque. Une partitionouvrirait une boîte de Pandore, rallumant uneguerre interethnique dont l’Afghanistan a déjàsouffert, dans les années 1990, après le départdes Soviétiques.L’imbrication et l’emboîtementdes communautés sont tels qu’une reconfigura-tion des territoires se traduirait inévitablementpar un «nettoyage ethnique». Plutôt que d’être« dissuadés », les talibans auraient toutes leschances de profiter de ce nouveau chaos en seposant en hérauts authentiques du nationalis-me afghan. Périlleux retour de flamme.p

Courriel : [email protected]

C ’est une sorte d’incantationpermanente. Mais plus on yrecourt, moins elle opère :

responsablespolitiques,économis-tes, dirigeants d’entreprise enappellent à la confiance descitoyens, qui, en retour, sont deplus en plus méfiants à leur égard,de même qu’envers les médias, lesprêtres, les juges, etc. Se profileain-si une « société de la défiance » oùlapeurgagneet lesoupçonsediffu-se. A la confiance se substitue lecontrat signé, le « tout-sécuritai-re », le contrôle ou le doute systé-matique qui mène aux théories ducomplot.

En prenant plusieursexemples-clés, la philosophe Michela Marza-no,professeure àl’université Paris-Descartes, examine les causes decette méfiance généralisée. Deuxjours après la faillite de la banqued’affaires Lehman Brothers, Lau-rence Parisot, présidente duMedef, exprime son entièreconfiance dans la solidité des éta-blissements bancaires français,capables « d’absorber ce choc ».

La crise des prêts hypothécairesaméricains (subprimes) acontraint l’Etat à adopter un plande sauvetage de plusieurs mil-liards d’euros. A peine rétablis, lesfinanciers sont retournés « à la

table du casino », à coup de bonuset de stock-options, sans y voirmatière à scandale. « Le nombre dechômeurs explose du fait de leurspratiques antérieures qui ont casséla dynamique de la croissance.Mais cela ne les émeut pas, écritMme Marzano. Dans de telles condi-tions, comment la confiance peut-elle renaître ? »

Pari humainEntre-temps, les gestionnaires

des comptes de particuliers sontplutôt devenus des vendeurs de« produits » qui leur rapportentune commission que de réelsconseillers. « Que deux Françaissur trois n’aient plus confiancedans les conseils donnés par leurbanque devrait faire réfléchir »,constate, en janvier, Jean-PierreJouyet, président de l’Autorité desmarchés financiers.

A Rome, rappelle l’auteure, ledébiteur défaillant risquait lamort, tandis qu’au XVIIe siècle,notamment, la parole donnéeengageait honneur et réputation ;la confiance était « un socle com-munautaire, un postulat nécessai-re à la mise en place du lien social».

« Le gouvernement ment », pro-clamaient ces dernières semainescertaines des pancartes des mani-festants contre la réforme desretraites. Pour rompre avec deshommes politiques jugés trop dis-tants et trop secrets, leurs succes-seurs cherchent à regagner la

confiance des électeurs à traversune apparente proximité ou fran-chise.Cequi lesamène àse pronon-cer sur ce qu’ils ne savent pas, à fai-re des promesses qu’ils ne peuventtenir, à s’engager sur des évolu-tions qu’ils ne contrôlent pas.

Exemple parmi d’autres, le pré-sidentSarkozyproclame àlatélévi-sion, en janvier, que le chômage vabaisser, quelques semaines avantla publication de chiffres officielsmontrant qu’il augmente. Ainsi, lepouvoir accroît-il la méfiance descitoyens. Et comment un gouver-nement peut-il exercer légitime-ment son pouvoir si le peuple n’aplusconfianceenlui, interroge gra-vement l’auteure.

La confiance s’est peu à peuréduite à un simple produit desupermarché qu’il faudrait acqué-rir pour mieux se vendre soi-même, poursuit Mme Marzano. Elles’inscrit en faux contre l’idéologiemanagériale qui pense que la seuleconfiance digne de ce nom est laconfiance en soi, comme si on pou-vait ne dépendre de personne.

En convoquant sans en abuserni alourdir son propos les grandsphilosophes, Mme Marzano analysela nature des liens de confiance àtravers les âges. Pour conclure quesans elle, le monde social devien-draitinvivable,etqu’elle estun for-midable pari humain, avec ses ris-quesqu’ilvautdeprendrepoursor-tir d’angoisses paralysantes.p

Martine Jacot

Analyse

Frédéric BobinCorrespondant régional en Inde

J e lis le dossier n˚69 de la revuePour la science consacré à l’éner-gie. On y trouvera une utile pré-

sentation des problèmes concer-nant le charbon, le pétrole, lenucléaire, le solaire, le vent, lafusion thermonucléaire, etc. L’en-semble est orienté par l’idée quenous allons vers «la transitionénergétique». Une perplexité sai-sit cependant le lecteur: des éner-gies, mais… à consommationconstante? La question de la réduc-tion de la consommation nesera-t-elle pas abordée? En fait, si,à la fin, par deux pauvres pagesd’entretien avec un chercheur bel-ge spécialiste de psychologie socia-le. Manifestement, les concepteursde ce numéro ont été les premiè-res victimes de l’aveuglement col-lectif qui nous pousse à ignorerl’hypothèse de la décroissance dela consommation d’énergie. Or, sil’on considère aussi bien la ten-sion sur les ressources que lamenace du changement climati-que, l’objectif de réduction de laconsommation d’énergie dans lespays riches mérite autant d’atten-tion que celui du développementdes énergies renouvelables.

Mais s’agit-il d’un aveuglementcollectif ou d’un aveuglement desclasses dirigeantes? Voici un autreexemple de déni d’une réalitédérangeante par ce qui nous tientlieu d’élite. A la fin de cette semai-ne, un train chargé de containersenfermant une quantité énormede radioactivité va traverser laFrance à destination de l’Allema-gne. Nous n’en saurions à vrai direrien si Greenpeace et le Réseau Sor-tir du nucléaire ne nous en avaientinformés; du côté du gouverne-

ment, c’est le silence. Ces déchetsvont d’un endroit où on ne saitquoi faire de ceux qui s’y trouvent,la Hague, vers un endroit où on lesstocke en surface, Gorleben, sanssavoir qu’en faire. Il était prévu deles enfouir, mais cela se révèleimpossible, pour des raisons aussibien géologiques que politiques –le refus déterminé d’une majoritédes citoyens allemands. Cetteimpasse n’est propre ni à la Franceni à l’Allemagne : aux Etats-Unis,en Grande-Bretagne, en Espagne,on ne sait quoi faire des déchetsnucléaires, dont la radioactivitédurera des milliers d’années. Pour-

tant, presque tous les gouverne-ments encouragent la «renaissan-ce du nucléaire », en repoussantaux petits-enfants le soin de sedébrouiller avec ce tas de déchets.

Refus d’envisager les économiesd’énergie, refus de reconnaîtrequ’il n’y a pas aujourd’hui deréponse à la question des déchetsnucléaires: nous filons tel un trainivre dans la nuit épaisse, en fei-gnant de croire qu’il n’y a pas determinus et que le voyage ne s’arrê-tera jamais. Mais les passagerssont-ils bien d’accord avec leschauffeurs de la locomotive ? p

Le Contrat de défianceMichela MarzanoGrasset, 320 pages, 19 euros

Refusd’envisagerleséconomiesd’énergie,refusde reconnaîtrequ’iln’ya pasaujourd’huideréponseà laquestiondesdéchets nucléaires

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0123EN PARTENARIAT AVEC

Après la publication de notreenquête sur la Haute Autorité delutte contre les discriminations etpourl’égalité(Halde), titrée«Malai-se à la Halde » (Le Monde daté3-4 octobre), sa nouvelle présiden-te, Jeannette Bougrab, nous écrit :

« J’ai été étonnée du passageconcernant une prétendue “tenta-tiveavortée”decumul d’unerému-nération avec l’indemnité de monprédécesseur, qui serait restée “let-tre morte” à la suite d’un article duCanard enchaîné.

En effet, les choses ne se sontpas passées ainsi et j’ai refuséd’aborder cette question comptetenu de la procédure judiciaire quim’oppose au Canard enchaîné à cesujet et qui est actuellement encours. »

DécryptagesAnalyses

CorrespondanceUnelettre deJeannette Bougrab

18 0123Mercredi 3 novembre 2010

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190123Mercredi 3 novembre 2010

Ils ne nous ont pas fait reculer, ils nenous ont pas fait plier, ils ne nousdomestiqueront jamais » : c’est laphrase la plus connue du dirigeantsyndical espagnol MarcelinoCamacho, mortle vendredi 29 octo-

bre, à Madrid, à l’âge de 92 ans.Rares ont été en Espagne les voix discor-

dantes à ne pas saluer le rôle joué par cegrandsyndicalistedanslatransitiondémo-cratique qui a suivi la dictature franquiste(1939-1975). Une multitude d’anonymes,de dirigeants politiques et syndicaux et de

personnalités, parmi lesquels le premierministre, José-Luis Zapatero, le vieux diri-geant communiste Santiago Carrillo etmême le fils du roi Juan Carlos, le princedes Asturies, sont venus se recueillirdevant la dépouille de Marcelino Camachodans l’auditorium du siège des Commis-sions ouvrières (CCOO), le syndicat qu’ilavait fondé en 1976.

Né le 21 janvier 1918 à Osma la Rasa dansla province de Soria au nord de Madrid,Marcelino Camacho était le fils d’un garde-barrière militant de l’Union générale destravailleurs (UGT).

Dèsl’âgede17ans, iladhèreauParticom-muniste espagnol. Nous sommes en 1935,un an avant la guerre civile (1936-1939),durant laquelle le jeune militant s’engagedans l’aviation. Après la défaite de la Répu-blique, Marcelino Camacho échappe àl’exécution, ilestcondamné àdouze ansdeprison pour « participation à la rébellion».

Enfermé dans les terribles camps d’in-ternement où les franquistes feront payertrès cher à leurs adversaires les trois ans derésistance, il finit par être transféré à Tan-ger. Il s’en évade en 1943 pour se réfugierdans la zone marocaine sous dominationfrançaise,puisenAlgérieoùviventdenom-breux républicains espagnols. C’est là qu’ilva rencontrer et épouser Josefa Samperavec laquelle il aura deux enfants. En 1957,

il obtient l’autorisation de revenir en Espa-gne, et commence à travailler commeouvriermétallurgistedansl’entreprisePer-kins Hispania.

Le régime franquiste qui se réclamaitdu national-syndicalisme avait interdit lessyndicats depuis 1939 pour les remplacerpar une organisation syndicale uniquedépendant étroitement de l’Etat, que l’onqualifie de syndicalisme «vertical ».

Fidélité indéfectible au PCELes opposants au régime, réduits à la

clandestinité, s’immisçaient dans ces syn-dicats verticaux pour organiser les luttesouvrières. Marcelino Camacho devientrapidement le délégué de son usine.

Au début des années 1960, il se rendclandestinement à Paris où il rencontrepour la première fois Santiago Carrillo. Ledirigeant historique du Parti communisteespagnol (PCE), joint au téléphone par LeMonde, se souvient parfaitement de cetterencontre et évoque avec émotion son ami

Camacho : « Il a été un grand combattantouvrier qui a joué un rôle de premier plandans la naissance des Commissions ouvriè-res dont le rôle a été essentiel dans la luttecontre le franquisme. »

Pour les communistes, qui sont isolés etsubissentuneterriblerépression,l’intégra-tiondansles syndicatsverticauxvaserévé-ler une tactique efficace. C’est MarcelinoCamacho qui va mener cette politiqueavecsuccès.En1964,il organiselaCommis-siondestravailleursdelamétallurgie, l’em-bryon des futurs Commissions ouvrières.Deux ans plus tard, en 1966, il est empri-sonné dans la prison de Carabanchel. Il yfera de nombreux séjours, neuf ans autotal, au point que sa femme choisira cequartier de Madrid pour y habiter et pou-voir plus facilement lui rendre visite.

En 1967, lors du « Procès 1001 », il estcondamné à vingt ans de prison avecd’autres dirigeants syndicaux. Il ne seralibéré qu’après la mort de Franco en 1975.Sa silhouette fragile, ses dons d’orateur et

son éternel gilet de laine tricoté par sa fem-me deviendront les symboles, aux yeuxdu monde, de ce syndicalisme courageuxqui affrontait une dictature brutale.

En 1976, les Commissions ouvrièresdeviennent un syndicat légal qui sera undes acteurs du retour à la démocratie. Pen-dant dix ans avant d’en devenir le prési-dent, Marcelino Camacho occupera le pos-te de secrétaire général des Commissions.Dans le même temps, il est élu député deMadrid à deux reprises pour le PCE. Il estmembredu comitécentral deceparti, qu’ilne quittera jamais.

En 1985, il organise la première grèvegénérale en Espagne depuis le retour de ladémocratie pour protester contre la réfor-me du régime des retraites imposée par legouvernement socialiste de Felipe Gonza-lez. Les Commissions ouvrières sontaujourd’hui le premier syndicat espagnolet revendiquent plus d’un million d’adhé-rents. p

Michel Lefebvre

L e cheikh Saqr bin MohammadAl-Qassimi, souverain de RasAl-Khaïmah, l'un des sept membres

de la Fédération des émirats arabes unis,est mort le 27 octobre. Âgé, probablement,de 90 ans, il était le plus vieux souverainde la péninsule arabique.

Sa dynastie avait régné sur les eaux duGolfe, jusqu'à ce que la marine britanniquetransforme la Côte des Pirates en Côte de laTrêve, au milieu du XIXe siècle. Descendantdes Qawassim, comme la famille régnantede l'émirat de Charjah, Saqr bin Moham-mad, né en 1920 (ou en 1918 selon les sour-

ces) était parvenu au pouvoir en 1948 à RasAl-Khaïmah, possession la plus proche dudétroit d'Ormuz, jouxtant le sultanatd'Oman, après en avoir évincé son oncle.

Laférulebritanniqueparvenueàsonter-me, en 1970, il avait été le dernier à rejoin-dre la fédération rassemblant les sept émi-rats égrenés le long de la côte du Golfe,entreleQataretOman,en1972.Uneréticen-ce liée en partie à la crainte de devoir subirla tutelle des dynasties Nahyane et Mak-toum, les souverains d'Abou Dhabi et deDubaï. Saqr bin Mohammad Al-Qassimisouhaitait aussi des garanties sur le sou-tien de la nouvelle entité à propos de deuxîles dont il revendiquait la souveraineté,occupées militairement par l'Iran quel-ques mois auparavant. Ce soutien politi-queneluifutjamaismarchandé.Lagénéro-sitéd'AbouDhabipermitàRasAl-Khaïmahde sortir du sous-développement.

Le cheikh Saqr avait désigné en 1974comme prince héritier son fils aîné, Khalid.Ce dernier avait pris progressivement desresponsabilités dans l'émirat jusqu'à cequ'il soit dépossédé en 2003 de son titre auprofitde son cadet, Saoud, formé aux Etats-Unis mais présenté parfois comme plusconservateur même si son arrivée au pou-voir à Ras Al-Khaïmah a coïncidé avec undécollage économique marqué par la mul-tiplication de zones franches. Ecarté dupouvoir par la maladie depuis des années,le cheikh Saqr avait été hospitalisé à AbouDhabi au mois de février. Cet effacementavait relancé la rivalité entre l'actuel princehéritier et son aîné. La querelle a été arbi-tréeparlaFédérationquiaapportésonsou-tien à Saoud dès la mort de son père.p

Gilles Paris

1918 ou 1920 Naissance1948 Arrive au pouvoir1972 Rejoint la Fédérationdes émirats arabes unis27 octobre 2010 Mort

L e sens de l’histoire, l’ambivalencedu bien et du mal, la faute, la respon-sabilité… : tels sont les thèmes du

grand écrivain Harry Mulisch, mort d’uncancer, samedi 30 octobre, à Amsterdam.Agé de 83 ans, lauréat des plus hautes dis-tinctions littéraires de son pays, Mulischétait souvent cité comme nobélisable.

Un événement historique peut-il défi-nir un être ? Harry Mulisch en étaitconvaincu. Il répétait : « Je suis la deuxiè-me guerre mondiale. » Ses racines, son his-toire, son œuvre, étaient pour lui l’illus-

tration même de cet immense drame,dans sa monstruosité incompréhensibleet son absurde complexité.

Né à Haarlem, aux Pays-Bas, le29 juillet 1927, Harry Mulisch se voyaitcomme le fruit d’une « idylle noire ». Sonpère, originaire de l’Empire austro-hon-grois, avait été officier dans l’armée autri-chienne pendant la première guerre mon-diale. En 1921, il avait émigré aux Pays-Bas

et rencontré sa femme, née à Anvers dansune famille juive de Francfort.

Pendant l’Occupation, Mulisch père necachera pas ses sympathies nazies. Il iramême jusqu’à diriger la banque où lesjuifs néerlandais étaient contraints dedéposer leurs avoirs, avant d’êtreenvoyés dans les camps. « On l’appelaitl’Institut des voleurs », disait HarryMulisch.

Grâce aux appuis de son père, le jeuneHarry et sa mère éviteront la déportation.En 1945, le père d’Harry Mulisch estcondamné à trois ans de prison. Son filsassiste à son arrestation. Il a 18 ans.

HantiseDès lors, la seconde guerre mondiale

ne cessera de le hanter. Dans son essai surle procès d’Adolf Eichmann paru auxPays-Bas en 1961 (L’Affaire 40/61, Galli-mard, 2003) comme dans la plupart deses grands romans – Noces de pierre (Cal-mann Lévy, 1985), L’Attentat (Calmann-Lévy, 1984) ou le très troublant Siegfried(Gallimard 1983) – on en revient toujoursà ce qu’Harry Mulisch nomme « laTache », ou « l’Enigme », ou encore « leTrou noir ».

Un trou d’où l’on ressort avec l’idéeque « tout le monde est coupable et inno-cent en même temps », comme le suggère,de façon volontairement dérangeante,

un personnage de L’Attentat (adapté aucinéma par le Néerlandais Fons Radema-kers en 1986, Golden Globe Award etOscar du meilleur film étranger).

En 2003, l’écrivain avait reçu Le Mondedans sa maison d’Amsterdam, au pied duSingelgracht. Longue silhouette auregard bleu ciel derrière ses fines lunet-tes, il expliquait comment, dans Sieg-fried, il avait tenté d’approcher au plusprès le personnage d’Hitler. Et commentce livre constituait le point d’orgue de saquête. « J’ai beaucoup écrit sur le IIIe Reich,disait-il. J’ai toujours été fasciné par Hit-

ler, sa physionomie, ses gestes, son com-portement. Il y a 100 000 livres sur lui,bien plus que sur Staline. Il y a 100 000théories expliquant son destin. Mais aucu-ne ne vous fait dire : “Voilà je le tiens”. »

C’est pourquoi l’écrivain s’était lancéun défi : donner un fils au Führer. Un filsimaginaire, Siegfried, qu’Hitler aurait euavec Eva Braun. En le plaçant ainsi dans« une situation extrême, celle de la paterni-té », et en observant son comportement,Harry Mulisch se livrait, disait-il, à « uneforme d’expérimentation de la pensée ». Ilvoulait piéger son personnage dans le« filet de la fiction ». Mais il confiait que,en écrivant, il avait senti qu’il s’appro-chait de « zones trop dangereuses ». Pourse protéger, il s’était inventé un double,Rudolph Herter, qui faisait écran entre ledictateur nazi et lui.

Passionné de musique, d’histoire dessciences, de philosophie et de théologie –comme l’illustre aussi La Découverte duciel, ce très beau best-seller internationaladapté au cinéma en 2001 par le réalisa-teur néerlandais Jeroen Krabbé avec l’ac-teur Stephen Fry, Harry Mulisch ne man-quait pas d’irriter quelques-uns de sescompatriotes. Il laisse une œuvre ambi-tieuse et raffinée qui continuera long-temps de nous habiter par sa puissance etsa lucidité. p

Florence Noiville

Ecrivain néerlandais

Harry Mulisch

21 janvier 1918 Naissanceà Osma la Rasa dans la provincede Soria (Espagne)1935 Adhésion au Parti communisteespagnol1957 Retour en Espagne1967 Condamnation à vingt ansde prison au « Procès 1001 »1976 Création des Commissionsouvrières ; il en est le secrétaire général29 octobre 2010 Mort à Madrid

EmirdeRasAl-KhaïmahSaqrAl-Qassimi

29 juillet 1927 Naissance à Haarlem(Pays-Bas)1983 « Siegfried » (Gallimard)1984 « L’Attentat » (Calmann-Lévy),adapté au cinéma en 198630 octobre 2010 Mort à Amsterdam

TheodoreC.SorensenIl fut l’un des plus proches collaborateursdu président américain John FitzgeraldKennedy (1917-1963), rédigeant, notam-ment, bon nombre de ses discours impor-tants. Theodore C. Sorensen est mortdimanche 31 octobre dans un hôpital new-yorkais, à l’âge de 82 ans.Un « speechwriter » ? Impossible de rédui-re à cette seule fonction ce juriste, quiavait commencé à travailler – jeune : ilétait né le 8 mai 1928 à Lincoln (Nebraska)– pour le sénateur John Kennedy audébut des années 1950 : il avait rapide-ment joué un rôle très important auprèsdu futur 35e président des Etats-Unis.Grande était, par exemple, la dette deJohn Kennedy à son égard pour la part pri-se dans la préparation de Profiles in Coura-ge (1956), livre à succès qui valut à JohnKennedy un prix Pulitzer. Plus tard, il futaussi l’inspirateur de la lettre de John Ken-nedy au dirigeant soviétique Nikita Krout-chev qui contribua, en 1962, au dénoue-ment de la crise des missiles de Cuba,moment dramatique de la guerre froide.Après l’assassinat à Dallas de son«patron », dont il souvent été décrit com-me l’alter ego aussi efficace que discret, ilquitta dès le début de 1964 la MaisonBlanche. Il mena dès lors une carrière dejuriste et de mémorialiste de l’administra-tion. Ses tentatives, dans les années 1970,de retour dans la vie publique furent deséchecs. Il avait, à partir du milieu desannées 2000 pris fait et cause pour unjeune sénateur démocrate nomméBarack Obama, qui allait devenir le 44e

président des Etats-Unis.p

Disparitions

Leader syndical espagnol

Marcelino Camacho

ANTONIO SUAREZ

AP/BAS CZERWINSKI

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À LA RECHERCHED’UN TRÉSOR PERDU

PHILIPPE JAROUSSKY

“Philippe Jaroussky sublime ce maîtreimmense et délaissé. Ici ne règnentqu’extase et finesse. Emmanuelle Haïm etPhilippe Jaroussky éclairent cette œuvred’une rare sincérité émotionnelle.Merci : ce sont des projets de cettequalité qui transforment la musique ditesavante en événement populaire.” Classica

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3 NOVEMBRE

« UNE VRAIE RÉUSSITE ! »LAURENT RUQUIER - ON N’EST PAS COUCHÉ

Le Dernier Voyagede Tanya

ppp

Ç a commence comme LesOiseaux d’Alfred Hitchcock,film dans lequel TippiHedren achète une paire

d’aimables perruches, prélude audéferlementdelamortcalifornien-ne. A mille lieues de là, aux abordsdu fleuve Volga, Aist, photographeofficiel dans une usine de papier etmémorialiste d’une peupladeoubliée, lesMeria,achète deuxpin-sons sur un marché. A son arrivée àl’usine, Miron, son patron et ami,lui annonce la mort de sa femme. Ildésire qu’il l’accompagne inciné-rer le corps sur les lieux de leurlune de miel.

Le film sera l’histoire de ce voya-ge, en compagnie des pinsons.Deux hommes mûrs transfiguréspar la tristesse, réunis par la poésied’un rituel de deuil immémorial, ytraversent des paysages d’élégie.Autantdirequ’Hitchcockcèderapi-dement le pas à Tarkovski. On esten Russie, où la mélancolie est par-fois si voluptueuse qu’elle endevient désirable.

Lerécit est mené,envoix off,parAist, quelque part depuis un futurindéterminé, surplombant les évé-nements sans jamais les déflorer.Cechoixdenarrationouvreàl’inté-riorité en même temps qu’il intro-duit une distance qui trouvera sonexplicationàl’extrêmefinduvoya-ge. Signé par un réalisateur de44ans inconnu en France, Le Voya-ge de Tanya est un film saturé debeauté et de mystère.

La beauté, c’est le mouvementlent qui emporte ces deux hom-mes entre les vestiges de la culturemeriaetledernier hommagequ’ilsvont rendre à une femme adorée.Le fleuve, avec ses majestueuxlacis, son envoûtante profondeur,fait tenir ensemble le passé et leprésent, la vieetla mort.Révéré tel-le une source d’immortalité par lacivilisation païenne de ce peupleancien, il accueillera les cendres ducorps de Tanya que les deux hom-mes, sur sa rive déserte, auront faitamoureusement brûler.

Précarité charnelleCettelongue séquence,magnifi-

que et silencieuse, est le pivot d’unfilm qui nous mène à la transcen-dance en nous épargnant sa pom-pe. Le Dernier Voyage, hymne à laprécaritécharnelle etàla perpétua-tion de la vie, se livre pour cela àune érotisation de l’absence.

Tel flash-back réinvente, avecune vitalité sensuelle, un rite aucours duquel de jeunes naïadestressent des papillotes multicolo-res à la toison de la jeune mariée.Telle rencontre sur le chemin duretour met en scène deux joliesfilles pâmées, sans le corps deshommes qui leur font l’amour.

Le mystère, lui, affleure parrévélations successives : Aistaurait-il aussi aimé Tanya ? Seserait-elle donnée à lui, pour rédi-mer son couple stérile ? Hitchcockrefait ici surface : Miron aurait-ilentraîné Aist dans ce périple parvengeance ? On suit cette pisteincertaine, jusqu’au moment où lefilm dévoile son terrible secret.

Pour le connaître, de deux chosesl’une : demander aux pinsons quien sont témoins ou aller au ciné-ma. L’occasion n’est après tout passi fréquente de découvrir un filmrusse de ce calibre.

Cette perle tombe en pleineannée France-Russie, qui célèbre laproduction artistique russe. Côtécinéma, nombre de manifesta-tions (à Paris, Honfleur, Toulou-se…) annoncent l’émergence d’une«nouvelle vague» d’auteurs. Celle-ci peine à émerger. Après avoir misvingt ans à juguler l’effondrementde sa production, le cinéma russe areconquis une part de son marché(25%) par le seul fait des superpro-ductions commerciales, du typeNight Watch (2004), de Timur Bek-mambetov. Cela explique la raretédesadistributionenFrance,où l’ondécouvre pourtant de loin en loind’excellentes surprises.

Le Retour (2003), d’Andreï Zvia-guintsev, Koktebel (2005), de BorisKhlebnikov et Alexeï Popogrebs-ky, ou Mon bonheur, de l’Ukrai-nien Sergueï Loznitsa (sortie le17 novembre) : autant de films quiprennent, à l’instar du DernierVoyage de Tanya, la forme d’unroad-movie dans les provinces del’ex-empire. Perte des traditions,élégie de la filiation et quête desorigines semblent devoir justifiercette errance dans le pays inté-rieur, d’où la voix russe du cinémacélèbre l’exil universel. p

Jacques Mandelbaum

Film russe d’Aleksei Fedorchenko.Avec Igor Sergeyev, Yuriy Tsurilo, YuliyaAug. (1 h 15.)

Voyageenvoûtant aux confins de l’histoirerusseAleksei Fedorchenkos’appuie surun rituel funéraire d’un peupleoublié, les Meria, pour réaliser un film somptueux

AlekseiFedorchenko: «Demandez-vouscombiendepeuplesasuppriméslaFrance!»

Cinémappp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Deux hommes mûrs réunis par la poésie d’un rituel de deuil immémorial. MEMENTO FILMS

Entretien

Agé de 44 ans, Aleksei Fedorchen-ko signe, avec Le Voyage de Tanya,son cinquième long-métrage, lepremier à sortir en France.

Comment l’ancien documentaris-te que vous êtes a-t-il été attirépar ce scénario très onirique?

C’est le troisième film quenous faisons ensemble avec DenisOsokin, l’auteur du roman et duscénario. Il a déjà écrit cinq scéna-rios pour moi et travaille actuelle-ment sur le sixième. Chacun estmeilleur que le précédent, diffé-rent de ce que font les autres, dece qui se fait dans le monde. Leshistoires intéressantes, nouvelles,ne sont pas si nombreuses. Lors-que l’on tombe sur une telle perle,on ne se pose pas de question.Vous intéressiez-vous aux Meriaavant de lire ce roman?

Comme tout le monde, jesavais qu’avant l’arrivée des Sla-ves il y avait des peuples finnoisau nord de la Russie. Une partied’entre eux a survécu, comme lesMari. D’autres, comme les Meria,ont disparu, assimilés par les Rus-ses. C’est plus ou moins tout ceque je connaissais du sujet. L’his-toire de la Russie préchrétienne atoujours été négligée, dans lestemps soviétiques comme danscelui des tsars. Le passé païen n’in-téressait personne.Cette recherche d’une ethnie dis-parue fait-elle écho au sort faitaux Tchétchènes aujourd’hui?

Non. Demandez-vous combiende peuples a supprimés la France !Je ne parle pas d’un problème rus-se mais d’un problème commun.Des ethnies disparaissent tous lesjours. Il n’existe que 6 000 lan-gues sur la Terre. Chaque annéeon en perd une trentaine. On peutcalculer dans combien de temps iln’en restera qu’une.Avant de faire des films, vousproduisiez?

A l’origine, je n’avais pas enviede faire du cinéma. J’ai d’abord tra-vaillé comme économiste dansune grande usine de pièces déta-chées pour l’aérospatiale puis jesuis entré, comme économistetoujours, dans un studio de ciné-ma. Pendant plus de dix ans, j’y aitravaillé sur des postes adminis-tratifs. Je me suis inscrit à la facul-té des scénaristes au VGIK, l’écolede cinéma de Moscou, pour pou-voir mieux communiquer avecles réalisateurs et les scénaristes.Et c’est par hasard que j’ai faitmon premier documentaire.

J’avais 35 ans. Ensuite, j’ai pris ladécision de changer radicalementde vie et j’ai fait mon premier filmde fiction, Premier sur la lune.Pouvez-vous parler de ce pre-mier documentaire?

Un autre réalisateur devait fai-re ce film mais il a finalementrefusé. Le film s’appelait David.C’était l’histoire d’un garçon juif.Il a bien marché en festival, a eudes prix, je ne m’y attendais pas.Cette histoire n’a rien à voir avecvous?

Non. Je ne suis pas juif, je nesuis pas meria.Selon le dossier de presse, vousavez produit plus de 80 films...

On recevait de l’argent de l’Etatet on faisait du cinéma avec.J’étais plus l’organisateur que leproducteur.C’est plus difficile aujourd’hui?

Oui. Il n’y a pas assez de sallesde cinéma. Je ne suis même passûr qu’il y en ait 2 000 sur tout leterritoire. C’est donc très difficilede faire un film rentable. En dix

ans, peut être quatre films ont étérentables, sur près de mille pro-duits. Ce n’est pas vraiment dubusiness.A Cannes, Nikita Mikhalkov a étéaccusé par des cinéastes russesde siphonner les aides d’Etat.Qu’en pensez-vous?

Je n’ai pas signé la pétitionmais je vais intégrer la nouvelleunion qu’ont créée les signatai-res. C’est une organisation indé-pendante qui essaye de défen-dre les droits des cinéastes. Lapremière est ancienne, elle s’oc-cupe des vieux réalisateurs, deleur trouver une pension, unendroit pour se loger, mais pasde la vie cinématographique.

Donc tous les jeunes, maisaussi des cinéastes plus âgéscomme Sokourov, Guerman lepère, et Iosseliani en sont partis,pour fonder la nouvelle. Siégerparmi ces gens-là est un hon-neur pour moi. p

Propos recueillis par

Isabelle Regnier

20 0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 21: Le Monde du 03 11

nRetrouvez l’intégralitéde la critique sur Lemonde.fr

pppexcellentLe Dernier Voyagede TanyaFilm russede Aleksei Fedorchenko (1 h 15).

ppvà voirBuriedFilm hispano-américainde Rodrigo Cortés (1 h 34).Des filles en noirFilm françaisde Jean-Paul Civeyrac (1 h 25).L’homme qui voulait vivresa vieFilm françaisd’Eric Lartigau (1 h 55).La Princessede MontpensierFilm françaisde Bertrand Tavernier (2 h 19).nEn présence d'un clownFilm suédoisd’Ingmar Bergman (1 h 58).(«Le Monde » daté 1er novembre)

pvvpourquoi pasnDraquila, l’Italiequi trembleDocumentaire italiende Sabina Guzzanti (1 h 30).L’ex-journaliste de la RAI pour-suit son combat contre SilvioBerlusconi en mettant en causela gestion du tremblement deterre de L’Aquila, survenu le6 avril 2009. Le travail journalis-tique, qui met en évidence laprivatisation de la protectioncivile, est impressionnant. Letraitement des victimes dutremblement de terre, réduitesau rôle de comparses de la réali-satrice et héroïne, suscite unautre type d’impression, plutôtdéplaisante. p T. S.nFair GameFilm américainde Doug Liman (1 h 46).Inspiré d’un épisode peu glo-rieux de l’invasion de l’Irak,l’unique long-métrage améri-cain présenté en compétitionlors du dernier Festival de Can-nes arrive bien tard. NaomiWatts et Sean Penn interprètentl’espionne Valerie Plame et lediplomate Joseph Wilson, victi-mes de la vengeance de la Mai-son Blanche après que le secondeut remis en cause la versionofficielle des buts de guerreaméricains. La dénonciationtombe à plat et le portrait de cecouple hors du commun sem-ble prisonnier des contraintesqu’impose le respect de modè-les encore vivants. Valerie Pla-me et Joseph Wilson ont eu plusde chance que Mark Zuckerberg.Les spectateurs de Fair Game en

ont moins que ceux de TheSocial Network. p T. S.

nKill Me PleaseFilm franco-belged’Olias Barco (1 h 35).Dans l’étrange clinique du doc-teur Kruger, de riches patientsdépressifs ou en phase termina-le viennent se payer une eutha-nasie de luxe. Jusqu’au jour oùles paysans du coin, saisis defolie, se révoltent et attaquentle lieu. Ce joyeux carnage brico-lé en noir et blanc revendiquel’héritage d’un glorieux prédé-cesseur, intitulé C’est arrivéprès de chez vous. Mais l’histoi-re, comme chacun sait, ne serépète pas. p J. M.

nLe Plein PaysDocumentaire françaisd’Antoine Boutet (58 minutes).Sisyphe, réincarnation d’un per-sonnage de Beckett, nouveauFacteur Cheval ? Depuis quaran-te ans, dans le Lot, un hommecharrie des pierres, creuse desgaleries souterraines qu’il ornede dessins primitifs, tout enfustigeant les femmes repro-ductrices qui mènent le mondede la surpopulation à sa perte.Le plasticien Antoine Boutetobserve, fasciné, ce marginal quiexécute une œuvre artistiquequasi folle, loin du mondesocial. p J.-L. D.

nLes Yeux ouvertsDocumentaire françaisde Frédéric Chaudier (1 h 33).Tourné dans la Maison Jeanne-Garnier à Paris, où sont adminis-trés des soins palliatifs à desmalades pour la plupart en finde vie, ce documentaire faitirruption, avec violence, dansl’intimité des mourants et deleurs proches. Un habillagesédatif – séquences animées,plans de Paris où la vie conti-nue, musique – voudrait atté-nuer la douleur, mais accentuele malaise. p T. S.

vvvon peut éviternJackass 3DFilm américainde Jeff Tremaine (1 h 16).Phénomène de société au débutdes années 2000, « Jackass » estune émission de télévisiondans laquelle une bande detypes se fait souffrir en faisantdes cascades absurdes. Le phé-nomène s’est émoussé, mais lesproducteurs ont continué del’exploiter, pour le cinémanotamment. Premier Jackassfilm à sortir en France,Jackass 3D commence de maniè-re potache, pour virer au boutd’un moment au scatologique.Les participants vomissent endirect, et face à l’écran, on n’estpas loin de les accompagner dansleur geste. p Isabelle Regnier

Lesfilms dela semaine

L’œild’Antoine d’Agatadans l’objectif deRomain Duris

La Princesse deMontpensier

ppv

A u cinéma, l’adaptation litté-raire procède souvent del’élagage. Sachant qu’une

page de scénario correspond engros à une minute de film, il fautcouper, couper et encore couper.Or, qu’elle fût lasse ou paresseu-se, Mme de La Fayette a fait tenir lesnombreuses tribulations de laprincesse de Montpensier enquelques feuilles, dont BertrandTavernier a fait un film de 140minutes.

A ce récit de l’âge classique, quidépeint les tourments d’unejeune femme bien née, objet de lapassion des plus grands princesfrançais à la veille du massacre dela Saint-Barthélemy, l’auteur deQue la fête commence (peintureréaliste et républicaine de laRégence) a ajouté ses fantasmesde réalisateur, ses élans de ciné-phile. L’assemblage est baroque,souvent instable, mais porté par

ce qui fit justement le malheur dela princesse : le désir.

Puisque le texte de Mme de LaFayette est à la portée de tout unchacun (entre autres sur Wikisour-ce.org), on se contentera d’alignerles prétendants aux faveurs deMarie de Montpensier (MélanieThierry) : son époux, le prince,catholique, brave jeune homme(Grégoire Leprince-Ringuet), Hen-ri de Guise, prédateur au cœurencore tendre (Gaspard Ulliel),Henri, duc d’Anjou et futur roi deFrance (Raphaël Personnaz) et lecomte de Chabannes, de plus bas-seextraction mais d’âme plus hau-te que ses cadets (Lambert Wilson).

Ces gentilshommes partagentleur temps entre la guerre et lagalanterie. Bertrand Tavernier aentrecoupé les émois de Marie (etMélanie Thierry sait très biens’émouvoir – sur son visage pas-sent presque tous les péchés capi-taux, de la colère à la luxure) d’épi-sodes guerriers qui viennent rap-peler que cette noblesse raffinéemenait une guerre civile atroce.

C’estainsi qu’il imaginequelecom-te de Chabannes se retire de la viemilitaire après avoir commis uncrime impardonnable et que l’im-maturité du prince de Montpen-sier est compensée par ses talentsmilitaires.

Dialogues encombrantsLa distribution fait appel à de

jeunes acteurs qui se prêtent plusou moins bien aux exigences de lareconstitution historique(heureu-sement pour eux et pour la costu-mière Caroline de Vivaise, en cesannées, la fraise n’a pas encoreatteint son plein développement).Non que l’un ou l’autre soitmeilleur, mais ils ont tous à négo-cier des passages difficiles, des dia-logues encombrants qui les fontparfoistrébucher. Mélanie Thierryenparticulieroscille entrela super-be aristocrate et le désarroi d’uneteen-ager du XXIe siècle, au pointde mettre par moments en dangertout l’édifice. C’est finalement deLambert Wilson qu’on gardera laplus forte impression. Il faut dire

que le personnage de Chabannes,amoureux trop vieux de condi-tion trop modeste, humilié par lescirconstances, est le plus singulierde la nouvelle et du film.

A celui-ci, Bertrand Tavernier adonné un aspect bondissant venutout droit d’Hollywood. A l’occa-sion du dernier Festival Lumière àLyon, on a entendu le réalisateurdire toute l’irritation que lui inspi-raient jadis les films de cape etd’épéedont le héros était générale-ment interprété par Jean Marais.Mal photographiés, mal chorégra-phiés, ces Bossu, Capitaine Fracas-se ou Trois Mousquetaires ne com-blaient jamais les attentes que sus-citaient leurs affiches. Mme de LaFayette est devenue, à son corpsdéfendant, l’instrument de larevanche de Tavernier sur cettefrustration de jeunesse. p

T. S.

Film français de Bertrand Tavernier,avec Mélanie Thierry, Lambert Wilson,Grégoire Leprince-Ringuet, GaspardUlliel, Raphaël Personnaz. (2 h 19.)

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L’homme qui voulaitvivre sa vie

ppv

P arce qu’il est tout à fait inat-tendu, ce film suscite par saseule apparition un supplé-

ment de sympathie. Tout le méritede L’homme qui voulait vivre sa vieest de faire fructifier ce capital dedépart et de transformer la curiosi-té bienveillante des premièresséquences en un intérêt très vif.C’est que de bout en bout, le film setient à cet adjectif déjà employé :inattendu.

De la maison Europacorp, quidomine en ce moment le box-offi-ce avec Les Petits Mouchoirs etArthur 3, du réalisateur d’Un ticketpour l’espace, on n’attendait pascettebaladeromanesque quichan-ge sans cesse de registre et d’espa-ce,sanspourautantperdre sacohé-rence. Eric Lartigau s’est inspiréd’un roman que Douglas Kennedyavait situé aux Etats-Unis. Le rapa-triement en Europe de la trajectoi-re imprévisible de Paul Exben(Romain Duris) est un trait inspiré.Avocat d’affaires, Paul conseille àun jeune héritier de renoncer à sesaspirations créatrices s’il veutjouir de son patrimoine. Epoux etpère de famille, il doit faire face à larage froide de Sarah (Marina Foïs,toxique) et à l’incompréhensionde ses jeunes enfants. La peinturedu malheur des nantis est compo-sée à la bonne distance, avec unecompassion atténuée par le soucidu détail.

Bientôt laprospérité tristounet-te de la vie de Paul s’effiloche : sapatronne (Catherine Deneuve qui

passe, juste le temps d’être impé-riale) lui annonce qu’elle ne serabientôt plus là, il découvre queSarah le trompe, qui plus est avecun photographe (Eric Ruf), la voca-tion à laquelle Paul a renoncé.

Un air post-traumatiqueTout est réuni pour une de ces

catastrophes conjugales et crimi-nelles qui sont le pain quotidienducinéma français. Mais on a àpei-ne passé le quart du film, et ce quiva venir défie tranquillement lesconventions. Il vaut mieux lire cequi suit après avoir vu L’hommequi voulait vivre sa vie.

La métamorphose de Paul pas-se bien par le crime. Le temps quecelui-ci soit commis et ses consé-quences assumées, le film prendde la noirceur, se tend sur le ryth-me du thriller. Et puis l’allure serelâche, le visage de Romain Duris– qui sait si bien se crisper – prendun air post-traumatique et Paul selaisse aller au volant d’une vieillevoiture, voire à une dérive routiè-re qui l’amène jusqu’aux monta-gnes du Monténégro.

Reprenant son appareil photo,ildevient enfin l’hommequ’il vou-lait être jadis. Mais cette rédemp-tion a un prix, que le scénario (de

Lartigau et Laurent de Bartillat,avec Emmanuelle Bercot) détailleavec un peu de malice. Dans notremonde on ne peut révéler sontalent seulement à soi-même, ilfautaussiaccepterd’être immédia-tement connu. La conclusion, dra-matiqueet juste, laisse Paulen sus-pens, pendant qu’en bas de l’écranon reste pareillement sidéré des’être fait embarquer dans cetteaventure. p

Thomas Sotinel

Film français d’Eric Lartigau, avecRomain Duris, Marina Foïs, BrankaKatic. (1 h 55)

ROMAIN DURIS est un excellentphotographe. Dans le film d’EricLartigau, on le voit opérer sur leterrain, puis tirer ses images dansla chambre noire, les sécher surun fil, et surtout les exposer, engrand format, dans une galeried’art contemporain du Monténé-gro. Ses œuvres ? La baie de Kotormouillée par la brume, avec despinces à linge qui flottent au pre-mier plan ; une série de profils deGitans; des dockers sur le port ;un chien qui sent la mort… Cesimages troublantes de beauté,c’est Antoine d’Agata, 49 ans, quiles a prises. Membre de l’agenceMagnum, il photographie sa vieet son errance comme une perfor-mance, transformant tout enchair vivante : les lieux, les amis,les objets, les femmes.

D’Agata s’est rendu au Monté-

négro une semaine pendant letournage, en octobre 2009. Il amis ses pas dans ceux de RomainDuris. Il a photographié là où onvoit Duris déclencher. Il raconte :« Marina Foïs, la compagne d’Eric,avait une carte postale d’une demes photos, chez elle, un corps dis-tordu de femme nue au Mexique.Elle a dû parler de moi à Eric. Ellelui a offert aussi des tirages demoi. Pendant toute la conceptiondu film, Eric s’est nourri de mesimages. Il est venu me voir à Mag-num, et il m’a demandé d’allerloin, d’inventer les photos du film.Je suis aussi méfiant avec tout cequi peut me divertir. Mais j’ai sentique c’était vital pour Eric, et je mesuis prêté au jeu. »

Antoine d’Agata s’y était déjàlivré en 2006, sur le tournaged’Un homme perdu, de Danielle

Arbid. « Pour ce film inspiré de mavie, j’ai fait un vrai boulot avec l’ac-teur Melvil Poupaud, pour chaquegeste, y compris les scènes sensuel-les.» Au Monténégro, lieux et sen-sations restent indissociables :son errance sur le port, sa rencon-tre avec les dockers au travail, savisite dans un camp de Roms, unbar animé où il est resté cinq heu-res à boire et à prendre des photos– « j’ai fini ivre mort ».

Il se souvient aussi de cettedemande de Lartigau : réaliser unautoportrait de Duris. « C’est sur-réaliste. Faire l’autoportrait d’unautre, et en plus d’un personnagede fiction… Nous sommes partisune heure avec Romain nous iso-ler dans une maison abandonnée.Je lui ai confié un appareil numéri-que, j’ai fait les réglages, il l’a bran-di à bout de bras, braqué sur son

visage, il a choisi les expressions deson personnage, tandis que moi,j’éclairais son visage avec des lam-pes, à main levée. »

La dernière nuit, d’Agata a choi-si 70 images. Il a ensuite conçul’exposition que l’on voit dans lefilm. Sans être présent dans lagalerie au moment de l’accrocha-ge. « J’ai indiqué les formats, lesblocs d’images au scénographe. »Il ajoute : « Beaucoup d’imagesvont rester dans mon œuvre, et jeles exposerai à nouveau. Notam-ment les portraits de Gitans quiont un bon degré d’abstraction. »

Antoine d’Agata n’a pas encorevu le film. Trop pris, trop sur laroute. C’est bien dans l’esprit d’unartiste qui, depuis quelquesannées, passe tout son temps àcréer plutôt qu’à montrer. p

Michel Guerrin

L’amour autemps des guerres de religionDe la nouvelle de Mmede La Fayette, Bertrand Tavernier fait un film plein de bruit et de fureur

Un film sur les dissidents musicaux égyptienscouronné en TunisiePrésidé par Raoul Peck, le jury des Journées cinématographiques de Car-thage a attribué, lundi 1er novembre, son premier prix, le Tanit d’or, àMicrophone, deuxième long-métrage du jeune réalisateur égyptienAhmad Abdalla. Tourné à Alexandrie, produit en dehors des grandesstructures du cinéma égyptien, le film dépeint la scène musicale semi-clandestine de la grande ville, entre hip-hop et rock. – (AFP.)

Abbas Kiarostami et Miguel Cohan primés à ValladolidLes cinéastes Abbas Kiarostami et Miguel Cohan se sont partagé, same-di 30 octobre, l’Epi d’or, plus haute distinction de la 55e Semaine interna-tionale de cinéma (Seminci) de Valladolid, en Espagne. L’Iranien a étéprimé pour Copie conforme, l’Argentin pour son premier long-métrage,Sin retorno (« Sans retour »). – (AFP)

Les mutilations en relief affirment leur emprisesur le box-office américain.Il suffit qu’un long-métrage soit distribué en relief pour lui assurer lapremière place au box-office nord-américain. Après le règne des blessu-res volontaires de Jackass 3D en tête la semaine passée, voici venu letemps des tortures de fiction de Saw 3D. Le septième Saw a engrangé24,2 millions de dollars de recettes pour son premier week-end d’exploi-tation, devançant Paranormal Activy 2, RED et Jackass 3D.

Mort du metteur en scène George HickenlooperQuelques semaines après la première de son dernier film, Casino Jack,au Festival de Toronto, le réalisateur américain George Hickenlooperest mort, le 30 octobre, à Denver (Colorado), où il devait présenter sonlong-métrage, une biographie du lobbyiste républicain Jack Abramoff,interprété par Kevin Spacey. Selon la police, citée par les sites Variety etDeadline Hollywood, les causes de sa mort seraient naturelles. GeorgeHickenlooper avait 47 ans. Il avait réalisé entre autres Factory Girl, unebiographie de l’actrice Edie Sedgwick, et avait dirigé Mick Jagger dansThe Man from Elysian Fields.

PaulExben(RomainDuris)doitfairefaceàlaragefroidedeSarah(MarinaFoïs). NICOLAS GIRAUD

Unticket pour la rédemptionEric Lartigau tourne le dos à la comédie et aux conventions dramatiques du cinéma français

210123Mercredi 3 novembre 2010

Page 22: Le Monde du 03 11

Buried

ppv

A vanttout,Buriedpeutsepré-valoir d’un record mondial,celui du huis clos le plus exi-

gu. En entrant dans la salle, vousvousengagezàpasserquatre-vingt-dix minutes dans un cercueil. Vousy partagerez le triste sort de PaulConroy (Ryan Reynolds), uncamionneur américain qui a eu lamauvaise idée de partir en Irakchercher sinon fortune du moinsune paie moins modeste. Réalisépar un Espagnol sur un scénarioaméricain, Buried (en français« enterré ») fait donc partie de cesexercices de style que l’on voitpériodiquementapparaîtredepuisqu’Hitchcock a tourné un film surla guerre sans jamais sortir d’uncanot de sauvetage (Lifeboat, 1944).

Sans atteindre l’élégance de cemodèle, ce second long-métragedu jeune cinéaste espagnol réussità communiquer l’invraisemblableangoisse de son principal person-nage tout en acquérant, au fil desminutes, une dimension satiriquedévastatrice. On pourrait fairevaloir que Buried en dit autant surla présence américaine que GreenZone et Fair Game réunis, avec uneéconomie de moyens admirable.

Conroy se réveille donc enfer-mé dans un cercueil après l’atta-que de son convoi, quelque part aunord de Bagdad. Il dispose d’un bri-quet et d’un smartphone qui capteun signal assez fort pour que l’en-terré vivant puisse entamer une

campagne téléphonique visant àobtenir sa libération. L’appareil aétélaisséparsesravisseurs quiveu-lent faire savoir qu’ils le tiennenten otage et obtenir une rançon.

Entre ses planches de bois,Conroyseheurteauxjoiesdesstan-dards automatisés (il a appelé le911, le numéro d’urgence améri-cain), de la bureaucratie entrepre-neuriale(leséchangesavecsasocié-té sont d’une grande cruauté) et,comme on est dans un film écritparunAméricain,àl’absence d’unefemme qui s’est éloignée de lui.

Suant et soufflantSi l’on admet l’artificialité de la

situation (il y a sûrement desmoyens plus simples de mon-nayer un otage pour des ravisseursirakiens poursuivis par les forcesaméricaines),on est forcé dese ren-dre à la tension que font naître lamise en scène de Rodrigo Cortés etle jeu suant et soufflant de RyanReynolds. Bien sûr, la caméra tri-che, on voit le pauvre homme fil-mé de très haut, de profil… Biensûr, les incidents se font de plus enplus improbables (la plupart desspectateurs de Buried partiront à larecherched’untéléphoneaussiper-formant), mais l’image de cet hom-me abandonné 6 pieds sous terrefait quand même une belle méta-phore des dégâts entraînés par l’ir-ruption des Etats-Unis en Irak. p

T. S.

Film hispano-américain de RodrigoCortés, avec Ryan Reynolds. (1 h 34.)

Unhommeetun cercueilSous la terre d’Irak, un brillant exercice de style

Des filles en noir

ppv

D eux héroïnes aux onglesnoirs, vêtements sombres,yeux ténébreux. L’une

prompte à s’ouvrir les veines aurasoir, l’autre prévenant son petitcopain qu’elle pense à la mort cha-que fois qu’il n’est pas près d’elle.Elles se prénomment Noémie etPriscilla. Ces inséparables adoles-centespourraientsacrifier au cultedu gothique, hanter les cimetièressous la lune, idolâtrer les filmsfunèbres de Tim Burton. Elles sontplutôt adeptes du vague à l’âme,des tourments du crépuscule, de lasoif d’absolu. Romantiquesd’aujourd’hui.

L’un des grands mérites de Jean-Paul Civeyrac est de redonner à cecourant ses lettres de noblesse.Trop souvent caricaturé en symp-tôme de fièvres et de pâmoisonssentimentales, le romantisme estculte ardent d’une passion sanspartage, ivresse d’infini et révolte.

Ilest fermentde révolutions quienflammèrent le XIXesiècle, et l’unde ses disciples, Théophile Gau-tier, prôna la nécessité de « mettrela planète à l’envers ». C’est ce dontrêvent secrètement ces deux jeu-nes filles, qui nous rappellent l’in-défectible amitié unissant jadis lablonde Caroline von Günderode etla brune Bettina Brentano, deuxromantiques allemandes contem-poraines d’Heinrich von Kleist.

Jeunes filles d’aujourd’hui, Noé-mie et Priscilla ne sont pas seule-ment unies par leur désespoird’avoir été toutes deux trahies parun garçon, elles ressentent undégoût du monde contemporain,

desesinjusticespolitiquesetsocia-les : « Pourquoi faire des études ?Pourdevenir chômeuse? Poursefai-re exploiter ? Pour exploiter lesautres ? » Liées par un pacte suici-daire, elles annoncent un jour enclasse qu’elles mettront ensemblefin à leurs jours, comme Kleist quise tua avec sa bien-aimée.

La musique comme soupapeCette inadaptation à la société

se manifeste aussi dans la famille.Noémie est en friction avec samère, Priscilla squatte chez sasœur où elle se sent « boulet». C’estaprès un repas d’anniversaire aucours duquel elle est agressée par

un cousin à la libido incontrôléeque Priscilla, en liaison téléphoni-que avec Noémie, va jusqu’au boutde son affinité élective.

Ceux qui connaissent l’universde Jean-Paul Civeyrac retrouve-ront une obsession de la perte d’in-nocence, de l’amour au-delà de lamort,dudeuilimpossibleetdel’ab-sence du disparu comblée par laprésence de son fantôme. L’impor-tance, aussi, de la musique commesoupape de survie et métronomed’une élégante mise en scène. L’Or-phée, de Gluck, berce ici la solituded’une survivante en proie à sa soli-tude coupable, inconsolableEurydice.

Plus qu’au Virgin Suicides, deSofia Coppola (1999), c’est à larévolte contre l’absurdité du mon-de des héros du Diable probable-ment, de Robert Bresson (1977),que renvoient Des filles en noir.

C’est à la fameuse répliquefinale du Pickpocket (1959), deBresson, que l’on pense envoyant Noémie lutter contre sondésespoir : « Quel drôle de cheminil m’a fallu prendre pour aller jus-qu’à toi ! » p

Jean-Luc Douin

Film français de Jean-Paul Civeyrac.Avec Elise Lhomeau, Léa Tissier, EliseCaron, Roger Jendly. (1 h 25.)

Mercredi 3 novembre à 20h35france3.fr

à voir ou à revoir sur

©FredToulet/OpéranationaldeParis

Les Noces de Figaromise en scène de Giorgio Strehler

en directde L’Opéra Bastille

Cinémappp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Noémie et Priscilla (Elise Lhomeau et Léa Tissier), adeptes du vague à l’âme. CAROLE BETHUEL

Lamort, quêteadolescente del’absoluJean-Paul Civeyrac suit la révolte de deux jeunes filles et livre un beau film romantique

22 0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 23: Le Monde du 03 11

&Vous

Cerdan sortsagriffeJuste avant de mourir brutalement dans un accident d’avion en1949, Marcel Cerdan avait décidé de lancer une collection de vête-ments de sport et d’accessoires de boxe à son nom. Le champion,en route pour New York où l’attendait Edith Piaf, espérait profiterde sa renommée après le titre mondial obtenu un an plus tôt. Quel-ques modèles furent produits, mais jamais vendus. Les traces de lacollection imaginée par le boxeur ont été découvertes, en 2003,

par son petit-fils Nicolas Cerdan. Il n’a jamais remis la main surles créations de son grand-père mais uniquement sur des

photos de quelques pièces. Un point de départ qui lui a per-mis de lancer en 2008, une ligne de polos, shorts etboxers à l’esprit vintage, désormais commercialisée dansune quarantaine de points de vente en France et en Espa-gne. Pour Noël, la marque propose trois sacs en cuir cho-

colat et quelques accessoires. La griffe vient par ailleurs deconfier à Maxel Invest le soin de concevoir, fabriquer et dis-

tribuer une ligne de sous-vêtements pour homme, femme etenfant. En vente à partir du printemps 2011. p J. Mo. (PHOTOS MARCEL

CERDAN HERITAGE)

Lafibre optiquearrivelentementdans les foyersLes offres Internet à très haut débit se multiplient,mais moins de 2% des Français y ont pour l’instant accès

Technologie

D epuis mardi 2 novembre,Bouygues Telecom com-mercialise sa Bbox Fibre,

une offre triple play (Internet,télévision et téléphone) à trèshaut débit. L’opérateur rejointainsi le cercle des fournis-seurs d’accès à Internet (FAI) quiutilisent la fibre optique pourtransmettre les données.

Ce mode de transmission est enthéorieleplusrapide.Ledébitpeut,en principe, atteindre 100 méga-bits par seconde, alors que l’ADSL– technique actuellement la plusrépandue – n’offre qu’un débit de30Mbits par seconde.

Le confort est perceptible :l’échange de mails devient instan-tané,un film en haute définition setélécharge en un peu plus d’uneminute contre plus de treize minu-tes avec une connexion ADSL déli-vrantundébitde 8Mbitsparsecon-de, la vitesse moyenne d’un accèsde ce type.

La rapidité de la fibre optiques’apprécie également en matièrede télévision. Elle permet de regar-der simultanément, sur deux pos-tes, des chaînes émises en hautedéfinition, ce qui est quasimentimpossible avec l’ADSL.

Les vitesses de transfert affi-chées par les opérateurs dansleur communication restentnéanmoins toutes théoriques.Quasiment aucun abonné ne dis-pose actuellement d’un débit de100 Mbits par seconde. SelonDegroupTest, une société quiéprouvent les connexions Inter-net, la vitesse de transfert varieen réalité entre 51,58 Mbits parseconde pour le plus rapide(Free) et 36,06 pour le plus lent(Numericable).

S’ils témoignent du débit réelle-ment constaté, ces résultats doi-vent être analysés avec précaution.La vitesse constatée chez Free etSFR, le deuxième du classement deDegroupTest, doit être relativisée.«Ceschiffressontdonnésàtitreindi-catif, car le faible nombre d’accèstestés (moins de 5 000) ne permetpas d’établir une véritable tendan-ce », précisent les auteurs de l’étu-de. « La vitesse constatée chez leclient dépend aussi de son équipe-ment, les ordinateurs doivent êtrepar exemple paramétrés correcte-

ment pour pouvoir profiter dudébit maximum », note Yves Par-fait, directeur du projet fibre pourla France chez Orange.

Plus important, avec des débitsconstatés par DegroupTest large-ment supérieurs à 35 Mbits parseconde, la fibre garde tout sonattrait par rapport à la connexionADSL. Elle autorise des télécharge-mentssimultanés dedonnéesoulevisionnagedeplusdeux chaînesdetélévision haute définition etdemain des programmes en 3D.

Cependant, bien peu de Françaispeuvent accéder à la fibre optiqueaujourd’hui. Selon une étude quevient de publier l’Idate, avec 1,46 %des foyers équipés, la France se pla-ce quinzième des pays européenen matière d’accès à l’Internet àtrès haut débit, juste derrière l’Ita-lie. Très loin derrière la Lituanie, lenuméro un, où 20,96 % des foyerssont abonnés à la fibre optique.

Avec plus de 4,2 millions foyersraccordables et plus de400 000abonnés, c’est Numerica-ble qui arrive en tête. Darty et Bou-ygues Telecom utilisent ce réseaupour proposer leurs offres. Orangea équipé 644 000 foyers dont48000 se sont abonnés à ses servi-ces. SFR a raccordé 300 000foyersdont 50 000 abonnés. Free estquant à lui plus discret sur ses chif-fres. « Nous devrions compter10 000 abonnés à la fin de l’année.Ilsdevraients’élever à plusieurscen-taines de milliers fin 2011 tandisque 4 millions de prises devraientêtre installées d’ici à 2013», indiqueMaxime Lombardini, directeurgénéral d’Iliad, la maison mère deFree.

A l’exception de Numericable,tous les opérateurs ont pris duretard dans le câblage en fibre opti-que des zones urbaines. Pour leurdéfense, le cadre réglementaire dela pose de la fibre optique n’a étéfinalisé qu’au printemps.

Le câblage se fait en deuxtemps. Il faut d’abord tirer descâbles dans les rues. Dans lesimmeubles, la copropriété choisitun opérateur qui câblera l’immeu-ble. La désignation doit se faire lorsd’une assemblée générale. Toute-fois, chaque copropriétaire restelibre de choisir son FAI, le réseauétant « mutualisé », c’est-à-direqu’il est accessible à tous.

Dans la pratique, les chosessont un peu différentes. Pour pou-voir choisir un opérateur (autreque celui qui a équipé l’immeu-ble), il faut encore que celui-ci dis-pose d’un réseau au pied du bâti-ment. Il faut ensuite que sa fibreoptique soit connectée au réseaude l’immeuble… Et si toutes cesconditions sont remplies, il fau-dra encore qu’un technicien vien-

ne équiper l’appartement d’uneprise optique.

Ces obstacles donnent une lon-gueur d’avance à l’opérateurayant équipé l’immeuble sur sesconcurrents. Mais la compétitionest désormais ouverte : plusieursfibres sonten effet posées vers cha-que appartement (chaque fibre

est dédiéeà un opérateur)et les dif-férents acteurs s’échangent lesinformations pour faciliter le pas-sage de l’un à l’autre. « Avec l’accé-lération du déploiement du réseaufibré, le nombre d’abonnés vadécoller », prédit Pierre-Alain Alle-mand, directeur général desréseaux chez SFR.

Reste un dernier frein à la mon-tée en puissance de la fibre : sonprix. Si le montant de l’abonne-ment est le même que pourl’ADSL chez Free, il faut débourser5 euros supplémentaires men-suels au minimum chez lesautres opérateurs. p

Joël Morio

LePera Palas d’Istanbulretrouve sonlustre et sonambiance BelleEpoqueRénové de fond en comble, le célèbre palace, ancien point de chute des passagers de l’Orient-Express, veut renouer avec une clientèle fortunée

Quasiment aucunabonnénedisposeactuellementd’undébitde 100Mbitspar seconde

Orange a équipé 644000 foyers en fibre optique. RODOLPHE ESCHER.ABACAPRESS.COM POUR ORANGE

Voyage

IstanbulCorrespondance

V endredi 29 octobre,450 convives – smoking etchapeau de tulle – se sont

pressés au Pera Palas pour partici-perau« bal dela République» mar-quant l’anniversaire de la Républi-que turque. Le célèbre hôtel deluxed’Istanbul,récemmentrestau-ré,veutainsifairerevivrel’ambian-ce Belle Epoque.A lachute de l’Em-pire ottoman, il était réputé pourses bals républicains, où la hautebourgeoisie laïque venait danserla valse et le tango.

Le palace a rouvert ses portes le1erseptembre, après plus de quatreannées de fermeture et une réno-vation complète. « Des parquets àla façade, nous avons tout restau-ré, sans modifier la structure histo-rique du rez-de-chaussée », expli-que Pinar Kartal Timer, la directri-ce de l’établissement. Les colon-nes de marbre et les lustres en cris-tal, les plafonds Art déco et lesmeubles anciens, le savant mélan-ge de style néoclassique européenet de décoration orientale, ont étésoigneusement préservés. Mais lepalace qui se morfondait dans lapoussière et la pénombre depuisplus d’un siècle a pris un sérieuxcoup de jeune pour attirer les tou-

ristes du monde entier. La lumiè-re du jour entre désormais dansles pièces du bâtiment et illuminel’entrée, en s’engouffrant dansdes coupoles de verre, à la maniè-re des hammams ottomans d’Is-tanbul. Le bar anglais du rez-de-chaussée, jauni par le tabac, oùErnest Hemingway passait desheures à siroter du whisky, a étérafraîchi.

Quelques touches plus contem-poraines ont été ajoutées, tels quel’inévitable spa et une petite pisci-ne. Vingt-trois millions d’eurosont été investis dans la rénova-tion par le propriétaire, un arma-teur turc.

Dans un coin de l’hôtel, le vieil

ascenseur en bois verni est l’unedes pièces phare du Pera Palas.Installé en 1892, pour l’ouverturede l’hôtel, il fut le deuxièmeascenseur électrique d’Europeaprès celui de la tour Eiffel, àParis, précise Selbin Okyay, ladirectrice adjointe. Il reste en par-fait état de marche.

Modernité occidentaleConstruit par la Compagnie

internationale des wagons-litspour offrir un point de chute auxpassagers exigeants de l’Orient-Express, le train qui reliait Parisà Istanbul via Venise, le PeraPalas était le symbole de lamodernité occidentale dans l’an-

cienne Constantinople. L’hôtelfut le premier bâtiment raccordéà l’électricité.

Pour retrouver l’atmosphèrede cette époque, il suffit de frap-per à la porte de la chambre 101,où le fondateur de la République,Mustafa Kemal « Atatürk », a pas-sé quelques nuits à partir de 1917.Impossible d’y séjourner. La piè-ce a été transformée en musée àla gloire du leader national.

Les clients peuvent en revan-che réserver la chambre 411, quiétait celle d’Agatha Christie. Laromancière aurait commencé à yécrire Le Crime de l’Orient-Express après un voyage en trainjusqu’à Istanbul. La 105 a été occu-

pée par Mata Hari, la 304 parSarah Bernhardt, et la 107, dansun coin avec vue sur la Corned’or, était la favorite de Greta Gar-bo. Le roi George V, l’empereurGuillaume II, le chah d’Iran, Sza-Sza Gabor, Alfred Hitchcock, RitaHayworth et Hemingway yséjournèrent…

Le palace, édifié par l’architectelevantinAlexandre Vallaury,archi-tecte majeur qui fit égalementconstruire le siège de la Banqueottomane et le bâtiment principaldu Musée archéologique d’Is-tanbul, est l’un des monumentshistoriques de la ville. Le témoind’une époque. p

Guillaume Perrier

230123Mercredi 3 novembre 2010

Page 24: Le Monde du 03 11

Mardi2 novembreTF1

20.35 Football.Ligue des champions (1re phase, 4e journée,groupe B) : Benfica Lisbonne - Lyon. En direct.22.54 Appels d’urgence. Agressions,violence gratuite, guerre des bandes V (85 min).

FRANCE2

20.35 Je vous ai compris :de Gaulle 1958-1962.Téléfilm. Serge Moati. Avec Patrick Chesnais,Hubert Saint-Macary, Catherine Arditi (Fr., 2010).22.10 De Gaulle et l’Algérie :le prix du pouvoir. Documentaire (2010).23.10 Face aux Français...conversations inédites (120 min).

FRANCE3

20.35 King Kongppp

Film Peter Jackson. Avec Naomi Watts, JackBlack, Adrien Brody (EU - NZ, 2005) U.23.40 Soir 3.0.10 Chabada. Invités : Véronique Sanson,Nolwenn Leroy, Zaz, Grand Corps Malade (50 min).

CANAL+

20.50 Les Vies privéesde Pippa Leep

Film Rebecca Miller. Avec Robin Wright Penn,Winona Ryder, Mike Binder (EU, 2009) U.22.35 Football. Ligue des champions.23.45 Le Ruban blancp p

Film Michael Haneke. Avec Christian Friedel,Leonie Benesch (coprod., 2009, 140 min).

ARTE

20.40 Amenp

Film Costa-Gavras. Avec Ulrich Tukur (2002).22.49 Thema - La Poudrière duProche-Orient : Entre peur et espoir.22.50 De Brooklyn au désert. Des colonsaméricains en Israël. Documentaire (2010).23.20 Obama à l’épreuve. L’Alliance américano-israélienne. Documentaire (2010).0.20 Débat. Présenté par Thomas Kausch (80 min).

M6

20.40 Desperate Housewives.Série. Comment devient-on un monstre ?Les Hommes mystérieux (S6, 20 et 21/23) U.22.25 Medium. Série.Les Liens du sang U. Apocalypse... Now ? V.Le Mal à la racine V (S5, 5 à 7/19, 155 min).

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Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Jours suivants

www.meteonews.fr

Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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Amiens

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Jeudi

Mercredi 3 novembre03.11.2010

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Scandinavie Averses et fraîcheur s’imposeront

En Europe12h TU

La grisaille s'imposera sur lesdeux-tiers nord du pays,occasionnant quelques bruines parendroits. Le soleil parviendra à percerici ou là en cours d'après-midi. Lesrégions du sud-est seront plusprivilégiées puisque le soleil s'yimposera. Une grande douceurrégnera.

Saint HubertCoeff. demarée 79

LeverCoucher

LeverCoucher

Beaucoup de grisaille

Aujourd’hui

Météo&Jeux Ecrans

C ’était le mercredi 30 juin.Recevant les députés UMPà l’Elysée, Nicolas Sarkozy

leur avait confié qu’il procéde-rait à « une réorganisation del’UMP et du gouvernement aprèsla réforme des retraites, en octo-bre ». Je souhaite « être le maîtredu temps », avait-il alors ajouté.Depuis cette annonce, un specta-cle inédit sous la Ve Républiqueest proposé aux Français : unecampagne de premiers ministra-bles. Interviews, petites phrases,livres, tout y passe et dans tousles registres. Jusqu’à cette décla-ration de Jean-Louis Borloo,dimanche, sur Canal+ : « Cetteespèce de débat, que je trouvehonnêtement assez inélégant àl’égard du premier ministre etdes équipes en place, ne reflètepas la réalité. Au fond, il va yavoir un choix politique. »« Inélégant », le mot est joli pourcaractériser ce qui ressemble deplus en plus à une machine infer-nale que le chef de l'Etat a lui-même actionnée et qu’il ne saitplus arrêter. Qui nommer à Mati-gnon ? Borloo ? « Je suis profondé-ment radical, centriste, social-démocrate », confiait-il diman-che à Anne-Sophie Lapix au ter-me d’un vibrant plaidoyer enfaveur de la « justice sociale ».Convainquant à la télévision,a-t-il pour autant l’étoffe d’unpremier ministre ? « La fonctionde premier ministre exige unesolidité, une stabilité qui sont lesdeux éléments principaux de ceque doit être l’homme ou la fem-me qui exerce cette fonction »,expliquait, un rien venimeux,François Bayrou, dimanche surEurope 1.Et sinon ? Garder Fillon ? Et pour-quoi pas, en ce cas, lui laisser lapossibilité de se présenter en

2012 ? Nommer Baroin ? Ce seraitfaire un bien beau cadeau à Jac-ques Chirac. Copé ? Il n’en a pasla moindre envie, sachant le pos-te piégé. Balladur ? Le mentor deNicolas Sarkozy n’apparaîtrait-ilpas comme le « vrai » président ?Guéant ? Pas très alléchant com-me affiche en vue de 2012. Chris-tine Lagarde ? Pas vraiment legenre à recoller les morceauxavec l’électorat populaire.Reste deux hypothèses encoreassez peu explorées par les exé-

gètes de l’action du chef de l'Etat.Une dissolution surprise du Par-lement, tout d’abord. L’idée esttentante mais dangereuse. Etpuis une cohabitation Sarkozy-Aubry pourrait vite tourner aucauchemar. Resterait alors lecoup de maître : convaincreDominique Strauss-Kahn d’allerà Matignon. Newsweek s’interro-ge cette semaine dans un longarticle très élogieux : « Doit-il res-ter à la tête du FMI au premierplan de la scène mondiale ? Oudoit-il démissionner pour se pré-senter à l’élection présidentielle2012 ? » Selon une « relation fémi-nine », DSK serait actuellement« au régime », ce qui est, noteNewsweek, « une préparationhabituelle pour des apparitionstélévisées ».Alors ? Matignon ou 2012 ? Mal-heureusement pour NicolasSarkozy, la seconde hypothèseest, de loin, la plus probable.Le maître du temps reste pris àson propre piège. p

Mercredi3 novembreTF1

20.45 Mentalist.Série. L’Alliance de Cléopâtre. Culture etdépendance (S2, 17 et 18/23) U ; D’un art àl’autre (saison 1, 13/23). Avec Simon Baker.23.15 Fringe.Série. Les Anciens Cobayes. Allers-retourstemporels (saison 2, 17 et 18/23, 95 min) V.

FRANCE2

20.35 Contes et nouvellesdu XIXe siècle.Série. L’Affaire blaireau. Crainquebille (saison 5).22.35 Chez Maupassant.Série. La Parure (saison 1, 2/8).23.05 Dans l’univers de... (120 min).

FRANCE3

20.35 Les Noces de Figaro.Opéra de Mozart. Par l’Orchestre de l’Opéranational de Paris, dir. Philippe Jordan. AvecLudovic Tézier, Barbara Frittoli.23.45 Soir 3.0.20 Vie privée, vie publique,l’hebdo. Spécial Michel Drucker (70 min).

CANAL+

20.45 Football.Ligue des champions (1re phase, 4e journée,groupe F) : Zilina (Slova.) - Marseille. En direct.22.35 Football. Ligue des champions.23.45 Poker. World Poker Tour.0.35 Mad Men.Série. 23 juillet (saison 3, 7/13, 50 min) U.

ARTE

20.40 Les Mercredis de l’Histoire.Le Vrai Pouvoir du Vatican. [1 et 2/2].22.30 Le Dessous des cartes.Matteo Ricci, entre Occident et Orient.22.45 Et si c’est un garçon ?Documentaire. Danae Elon (2009).23.40 Les Enfants de la colèreFilm Winfried Bonengel (All., 2002, 105 min).

M6

20.40 La Francea un incroyable talent.Les Auditions : épisode 1 (saison 5).22.35 La France a un incroyabletalent, ça continue.23.35 Que sont devenues nos stars ?Présenté par Laurent Boyer (110 min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées diman-che-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés et sudoku.

Motscroisés n˚10-262

Copé? Iln’ena paslamoindre envie,sachantleposte piégé.Balladur? Guéant?

Sudoku n˚10-262 Solution du n˚10-261

Lesjeux

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiatrice : [email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778(0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Changement d’adresse et suspension :

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Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

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Résultats du tirage du lundi 1er novembre .1, 15, 17, 24, 28 ; numéro chance : 10.Rapports :5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ;5 bons numéros : pas de gagnant ;4 bons numéros : 1 111,60 ¤ ;3 bons numéros : 8,10 ¤ ;2 bons numéros : 4,50 ¤.Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 1 101 723.

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2 3 8http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html

4 9 6 8 5 3 7 1 2

1 3 5 9 2 7 8 4 6

7 2 8 1 6 4 5 3 9

8 5 9 7 3 2 1 6 4

6 4 3 5 1 9 2 8 7

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3 1 4 2 9 5 6 7 8

9 8 7 6 4 1 3 2 5

5 6 2 3 7 8 4 9 1

FacileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Loto

Horizontalement Verticalement

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr

Solution du n° 10 - 261HorizontalementI. Claustration. II. Aisseau. Ocra.III. Bec. Créatifs. IV. Adepte. Va. Ri.V.Net. Filial.VI. Evection. Vil.VII.Miséréré. Réa.VIII. En. Siné.Ha. IX. Laçât. Lied.X. Taure.Semées.

Verticalement1. Cabanement. 2. Lie-de-vin.3. Ascètes. Lu. 4.Us. César.5. Sectatrice. 6. Tare. Iéna. 7. Rue.Forets. 8. Aviné. 9. Total. HLM.10. Ici. Ivraie. 11.Orfraie. Ee.12.Nasillards.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

1. Sans titre ni diplôme,mais passans talent. 2. Trouvera toujoursun bonmoyen. 3. Cours primaire.En fuite. Le bruit de la rupture.4. Amusantemais pas trop.5.Nettoyé avant de pouvoirplanter. En apparence. 6. Possessif.Pape grec. 7. L’Irlande des poètes.Ses lames sont dangereuses.8. Prendra grand soin. 9. Bienmoins important que la bulle.Filet renversé. 10. Fond de cours.Bonne adresse. 11.Neménage pasbeaucoup lamonture. 12.Deuxpoints sur quatre. Mettre enbonne place.

I. En attendant de pouvoir toutremettre en place. II. S’emparerpar la fraude et la violence.Montre les dents chez le tailleur.III. Fait la liaison. A des enfantsvicieux. IV. Fait le joint. Conduittout droit au chœur. Bout derideau.V. Vous transformera encitron. Cadeau du ciel.VI. Bonpour accord. Risquent de récolterla tempête.VII. Récupèrent lesbrebis égarées. Vierge quand elleest prise sur la bête.VIII.Grossitla Seine. Faire surface. IX. Chez lesObama. Ouverture vers le large.X. Avec lui, plus rien ne devrait seperdre.

Lepiège

24 0123Mercredi 3 novembre 2010

Page 25: Le Monde du 03 11

250123Mercredi 3 novembre 2010 Carnet

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AU CARNET DU «MONDE»

Naissance

Kiya. Kongolo. Lubumbashi. Paris.

Après neuf mois en terre africaine,un petit prince est né à Paris,le 8 octobre 2010.

Naïs, ThadéeKITENGEMALAMBO,

a ouvert les yeux sur le monde.

Karibu sana.

Neema, Elodie et Polydorsont très heureux.Nous aussi !

De la partdes familles Figeat, Blais, Egret, Kitenge.

Décès

Après quatre décennies d’une existencecommune exaltante et six années dedescente dans les ténèbres dévastatricesde la maladie d’Alzheimer,

Avner

est mort le 31 octobre 2010,dans sa quatre-vingt-huitième année.

Que ses cendres rejoignent celles desa mère,

Chaja GRUSZOW

et de tous ceux, disparus avec elle, dansl’abomination de l’Holocauste, qui a hantéla vie d’Avner.

Il me laisse dans une tristesseirrémédiable.

Claire Jacquelin,24, rue des Bernardins,75005 Paris.

Les membresdu conseil d’administrationde la Fédération générale des PEP(Pupilles de l’enseignement public),Jean Deygout,

président d’honneur,Les présidentes et présidents

des quatre-vingt-quinzeassociations départementaleset des vingt-deux unions régionalesaffiliées,L’ensemble des personnels

de la fédération,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Joël BALAVOINE,président

de la Fédération générale des PEP,inspecteur général

de la Jeunesse et des Sports.

Dans la continuité des grandes figuresde la République qui ont présidé laFédération générale des pupilles del’enseignement public depuis sa créationen 1917 (fédération reconnue d’utilitépublique et agréée au titre des associationscomplémentaires de l’Enseignementpublic), Joël Balavoine a exercé depuis2003 une présidence très active.Sa présidence s’est notamment traduite

par la construction d’un mouvementmilitant pour les valeurs de laïcité et desolidarité, valeurs fondatrices des PEP etpar le développement de multiples actionspour une société assurant à chacun et àtous l’accès aux droits communs, droit àl’éducation, à la culture, aux loisirs, auxsoins, au travail et à l’insertion sociale.

Nou s exp r imon s t ou t e no t r ereconnaissance et notre gratitude pourl’importante contribution qu’il a apportéeà la cause associative des PEP au profit desenfants, adolescents et adultes en situationde handicap ou fragilisés par les inégalitésde notre société.

Nous nous associons à la douleur de sonépouse, de ses enfants et petits-enfants.

Nous nous souviendrons de ses grandesqualités humaines.

Tous ses amis et col lègues ser e t r o u v e r o n t p o u r u n momen tde recueillement, le jeudi 4 novembre2010, à 14 heures, au siège de l’associationdépartementale des PEP du Pas-de-Calais, 7, place de Tchécoslovaquie,à Arras.

La crémation aura lieu dans l’intimitéfamiliale.

Fédération générale des PEP,Immeuble Echats 20,5 / 7, rue Georges-Enesco,94026 Créteil Cedex.

Nous avons la douleur de faire partdu décès de

Joël BALAVOINE,inspecteur général

de la Jeunesse et des Sports,président de la Fédération généraledes pupilles de l’enseignement public,

survenu à Vitry-sur-Seine, le 30 octobre2010, à l’âge de cinquante-neuf ans.

Les personnes qui souhaitent rendre undernier hommage à Joël pourront le saluer,jeudi 4 novembre, au siège des PEP 62,7, place de Tchécoslovaquie, à Arras,de 13 heures à 17 heures.

Les funérailles civiles se ferontle lendemain, dans l’intimité familiale.

De la part deMme Jocelyne Balavoine-Bouillez,

son épouse,Juliette Balavoine et Laurent Capet,Maxime et Alexandre,Antoine Balavoine et Muriel Fisch,Ilana et Sacha,

ses enfants et petits-enfants,Mme Antoinette Balavoine-Coët,

sa mère,M. et Mme Lionel Balavoine,

son frère et sa belle-sœur,M. et Mme Raymond Bouillez,

ses beaux-parents,Ses beaux-frères et belles-sœursEt toute la famille.

Selon ses volontés, il n’est pas souhaitéde visites aux salons funéraires des pompesfunèbres Crespel, 156, rue Saint-Pry,à Béthune.

2 bis, impasse d’Oncy,94400 Vitry-sur-Seine.

Geneviève Balland,André Balland,Cécile Groulez

et Michel, son conjoint,Jacqueline Balland,

ses enfants,Nicolas, Antoinette et Brian,Pascaline et Fabrice,Christophe et Valérie,Sébastien et Sylvie,Guillaume et Marjorie,Julien et Gwenaële,Marianne et Vincent,

ses petits-enfantset leurs conjoints, compagneset compagnons,Caoillin (†), Aoibhgreine, Clémence,

Héloïse, Marguerite, Zélie, Joseph, Mona,Célestine,ses arrière-petits-enfants,Geneviève Jeannet,

sa sœur,Jeanine Loridan,

sa belle-sœur,Ses neveux et nièces,

ont la tristesse d’annoncer le décès de

Valentine BALLAND,néeMORTAGNE,

survenu le 28 octobre 2010,dans sa centième année.

Elle rejoint son époux

René,(† 1971)

et ses enfants

Pierre-Antoine(† 1986)

et Françoise(† 2004).

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 4 novembre 2010, à 10 h 30,en l’église Saint-Etienne d’Issy-les-Moulineaux.

L’inhumation aura lieu le lendemainau cimetière des Bardines à Angoulême.

Geneviève Balland,24, rue du Maréchal-Foch,78000 Versailles.

Annie Stora-Lamarre,André BurguièreEt ses amis français,

ont la tristesse d’annoncer le décès de

Susanna BARROWS,professeure d’histoire de la France

à l’université de Berkeley,

survenu le 27 octobre 2010.

[email protected]@ehess.fr

Le Perreux. Genève (Suisse).Hennebont. Paris. Le Mans.

Mme Yvette Camus,son épouse,Philippe et Laurel Camus,Eric et Nathalie Camus,Catherine Camus,

ses enfants,Hadrien, Kim, Marie-Sophie,Lola, Agathe, Clément, AlexandreEt Pol-Aurélien,

ses petits-enfantsAinsi que les familles Camus, Bayonne,

parentes, alliées et amies,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Jean-Louis CAMUS,

survenu le vendredi 29 octobre 2010,à Cologny (Genève - Suisse),à l’âge de soixante-treize ans.

La cérémonie religieuse aura lieule vendredi 5 novembre, à 10 h 30,en l’église Saint-Jean-Baptiste du Perreux-sur-Marne.

Anne-Marie,son épouse,Sa famille,Ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

André DEBON,Franc Tireur Partisan Français,

médaillé militaire,

survenu le 24 octobre 2010.

L’inhumation a eu lieu à Cuves(Manche), le 30 octobre 2010.

27 ter, boulevard Diderot,75012 Paris.

Monique Gaulhiac,sa femme,Manuel et Sylvain,

ses fils,Philippe et Jacqueline,

ses parents,Gabriel,

son frère,

ont la douleur de vous apprendre le décès,dans sa cinquante-troisième année, lundi25 octobre 2010, de

Jean GAULHIAC.

Merci de votre pensée.

18, rue de l’Hôtel-de-Ville,84130 Le Pontet.12, rue Tournefort,75005 Paris.

Ses amis

ont le regret de faire part du décès de

MmeLéona GOUPIL,

veuve dePierre DELPIROUX,

dite Santa RELLI,comédienne,

survenu le 29 octobre 2010,dans sa quatre-vingt-dix-septième année.

L’incinération aura lieu au funérariumde Montfermeil (Seine-Saint-Denis),le vendredi 5 novembre, à 14 h 45.

Ni fleurs ni couronnes.

Etables-sur-Mer.

Bruno,son mari,Valérie,Philippe, Stéphanie,Marion, Gabriel, Elisabeth, Louise,

ses enfants et petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Marie-Henriette LEGRIS,née DUMONT,dite « Mayette »,

le 29 octobre 2010,à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

Ses obsèques auront lieu ce mercredi3 novembre, à 14 heures, au Centrefunéraire municipal, 6, rue des Champs-de-Pies, à Saint-Brieuc.

L’Association Simonne Ramaininternationale (ASRI)

a la profonde tristesse d’annoncer le décèsde

M. Claude MANGIN,

survenu le 27 octobre 2010,à Bouzonville (Moselle).

Membre titulaire d’ASRI depuis denombreuses années, Claude Mangin étaitun membre actif et écouté du conseild’administration et de son bureau qu’ila marqué par sa qualité d’écoute et sonesprit d’organisation.

Les membres d’ASRI s’associentà la peine de sa famille et de ses proches.

ASRI,92 bis, boulevard du Montparnasse,75014 Paris.

Le maître est là, il t’appelle(Jn 11.28).

De cet appel premier à l’appel dernier,ce 30 octobre 2010,

sœur Myriam,diaconesse de Reuilly,

a accompli sa vie dans un bonheur profondet une belle fécondité.

Elle avait quatre-vingt-cinq ans.

Consacrée le 6 novembre 1949, elle futle 7e prieure de la Communauté de 1974à 1995.

Les obsèques seront célébrées dansl’intimité de la Communauté.

Un service d’action de grâces aura lieule 7 décembre, à 16 heures, à Versailles,10, rue Porte-de-Buc.

Sœur Evangéline et ses sœurs

vous invitent à les rejoindre.

Ceux qui l’ont aimé tendrement,

Mme Irène Zeitoun,Mme Michèle Zeitoun,M. et MmeEric Decker et Loan,M. Dov Zeitoun,M. et Mme Moshé Simon,M. et Mme Claude Zeitoun,M. et Mme Gilbert Smadja,M. Maurice Zeitoun,Toute sa famille

en France, en Israël et aux USA,

ont la douleur de faire part du décès de

Roland ZEITOUN,

survenu le 11 octobre 2010,à l’âge de soixante-huit ans,après une brève mais cruelle maladie.

Remerciements

Marignane (Bouches-du-Rhône).Courcelles-lez-Lens (Pas-de-Calais).

Ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,Parents et amis,

profondément touchés des marquesd’amitié qui leur ont été témoignées lorsdu décès, survenu le 21 octobre 2010,à l’âge de quatre-vingt-sept ans, de

Cyrille DARRAS,ancien secrétaire général de mairie,

prient toutes les personnes qui se sontassociées à leur peine de trouver icil ’ e xp r e s s i on de l e u r s s i n c è r e sremerciements.

Souvenir

Il y a vingt ans disparaissait mon frère,

Marc PAOLOZZI.

Que ceux qui l’ont aimé aient unepensée pour lui.

Communications diverses

Université populaire du quai Branly,à Paris,

Saison 2010 - 2011.

Prochains rendez-vous du théâtreClaude Lévi - Strauss

Cycle Décalages : les Autres et nous

Le respect dans les familles européenneset en Chine par Florence Weber,sociologue et anthropologueet Zhang Ning, sinologue,

le jeudi 4 novembre, à 18 h 30.

Cycle Grands Témoins

Françoise Héritier, anthropologueet professeur honoraireau Collège de France,

le samedi 6 novembre, à 14 h 30.

Entrée libre(dans la limite des places disponibles)

www.quaibranly.fr

Le Carnet

Faites part de vosévénements

par téléphone : 01 57 28 28 28par e-mail : [email protected]

par fax : 01 57 28 21 36Tarifs 2010 (prix à la ligne)

Naissances, Anniversairesde naissance, Mariages,Fiançailles… : 18 � TTC

Décès, remerciements,Avis de messe, Anniversairesde décès, Souvenirs : 24 � TTC

Thèses : 15 � TTC

Réduction abonnésUn justificatif d’identité

sera demandé.

Page 26: Le Monde du 03 11

PolitiqueOpportunisme?Relatant le livre de Benjamin Sto-ra et François Malye, François Mit-terrand et la guerre d’Algérie, dansLe Monde du 15 octobre, Jean-Pier-re Tuquoi semble suggérer que laposition de l’ancien président dela République avait varié quant àla peine de mort entre 1954 et 1981par opportunisme. Or retenonsqu’en 1981 combattre la peine demort, c’était aller à l’encontre dela majorité de l’opinion publiqueet risquer une défaite électorale.Il y a sans doute beaucoup à repro-cher à François Mitterrand parailleurs, mais en l’occurrence,faut-il reprocher à un responsablepolitique d’avoir tiré des conclu-sions judicieuses d’une réflexionprofonde et d’avoir variéen conséquence?Reprocherait-on, par exemple, augénéral de Gaulle son pragmatis-me dans le problème algérien, etd’être donc passé de « Vive l’Algé-rie française ! » et de « Je vous aicompris » à « la paix des braves »d’abord, puis à l’autodétermina-tion? Il semble qu’il convienneparfois de se réjouir de l’évolu-tion bénéfique d’un homme poli-tique.

Roger Rossi

Longjumeau (Essonne)

Maurice AllaisLe professeur Allais, Prix Nobeld’économie, participait au débatpolitique quand sa consciencel’exigeait. Il s’était élevé ainsi, en1962, contre les accords d’Evian,au moyen de nombreux articleset d’un ouvrage très documenté,L’Algérie d’Evian.Il n’était pas hostile à l’indépen-dance de l’Algérie, mais il considé-rait que la négociation avec le seulFLN n’était pas conforme auxrègles de la démocratie : il ne com-prenait pas que la communautéfrançaise d’Algérie ait été tenue àl’écart, de même que les musul-mans qui se voulaient français, etdont il aurait fallu assurer la pro-tection. Il avait soigneusementanalysé les accords, et constatéque leurs dispositions n’étaientpas contraignantes et que lesgaranties données étaient illusoi-res ; il jugeait que les Français

avaient été trompés sur leur véri-table signification; mais suivantTocqueville, qu’il citait, « unenation fatiguée de longs débatsconsent volontiers qu’on la dupepourvu qu’on la repose ».Lui ne se découragea jamais. Enjuin1962, il lançait encore unappel à l’opinion publique avecles professeurs René Courtin (quifut parmi les fondateurs du Mon-de) et Louis Rougier. En vain.

Jean-Pierre Bouère

Le Chesnay (Yvelines)

«Civilisation» américaineLe général de Gaulle avait luttécontre l’américanisation de laFrance et, malheureusement, aété vaincu. Le gouvernementactuel nous y amène à marche for-cée, et Robert Redeker me paraîtde la même veine dans son article«La retraite, agonie d’un mythefrançais» (Le Monde du 21 octo-bre). Pour moi, la « civilisation »américaine n’est pas une civilisa-tion, et elle est contraire auxvaleurs de notre République.La Liberté n’est pas la licence, l’Ega-lité n’est pas le communautaris-me mais la contribution de tous,la Fraternité n’est pas l’individua-lisme mais la juste répartition.M.Redeker a raison quand il ditque la retraite « est le temps dudéclin, des maladies, des hospitali-sations». C’est vrai.D’autre part, on ne touche saretraite que partiellement : aprèsun certain âge une partie de celle-ci va remplir les poches des action-naires des maisons de retraite ; àquand les dites maisons SBL (sansbut lucratif) ?M.Redeker a donc tort quand ilpense qu’il conviendrait de recu-ler l’âge de la retraite ; il faut auminimum le maintenir à la valeuractuelle. La mécanisation du tra-vail (parfois exagérée) crée suffi-samment de richesses ; une politi-que adéquate et surtout une refon-te complète du système devraientle permettre, l’état actuel en étantessentiellement communautaire.

Henri Louit

Toulon

Lettredela CityMarc Roche

(1) Compartiment de la Sicav de droit luxembourgeois HSBC portfolios. Avant de souscrire dans un OPCVM de droit étranger, vous devez impérativement prendreconnaissance de la version française de son prospectus approuvé par l’autorité du pays d’origine de cet OPCVM, disponible auprès des agences HSBC France. Avant toutedécision d’investissement, il vous appartient de vous assurer que le ou les supports considérés correspondent à votre situation financière, à vos objectifs d’investissement,ainsi qu’à la législation locale à laquelle vous seriez éventuellement assujetti. Les performances passées ne préjugent en rien des résultats futurs, les investissementssoumis aux fluctuations de marché, peuvent varier tant à la baisse qu’à la hausse. Ces informations ne constituent pas un engagement de la part de HSBC France et sontsusceptibles de modification sans avis préalable. (2) Coût d’un appel local depuis une ligne fixe France Telecom partout en France Métropolitaine. HSBC Global AssetManagement (France) - Capital social 6 459 840 euros RCS Nanterre 421 345 489 - Société de Gestion de Portefeuille agréée par l’Autorité des Marchés Financiers(n° GP99026). Adresse postale : 75419 Paris cedex 08. Adresse d’accueil : Immeuble Ile de France - 4 place de la Pyramide - La Défense 9 - 92800 Puteaux. HSBC France -Société Anonyme au capital de 337 189 100 euros - SIREN 775 670 284 RCS Paris. Siège social : 103, avenue des Champs-Elysées - 75008 Paris. Banque et Société decourtage en assurance immatriculée auprès de l’ORIAS (Organisme pour le Registre des Intermédiaires en Assurance - www.orias.fr) sous le n° 07 005 894.

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Le courrier du jour

LaCity, c’étaitsadeuxième vie

D ans les cocktails qui rythment l’or-dinaire de la City, la première pla-ce boursière européenne, les plus

grands PDG se pressaient autour de NeilCollins, le chroniqueur financier de l’agen-ce Breakingviews, filiale du groupe Thom-son-Reuters. Celui qui avait été responsa-ble pendant deux décennies des pageséconomiques du Daily Telegraph glanaitles scoops comme le balayeur de HydePark ramasse les feuilles à l’automne.

Neil Collins avait du charme et enjouait. Oscillant entre faux détachementet vraie perplexité, ce missionnaire dupoil à gratter laissait aller sa plume sobre,synthétique, pugnace en toute liberté. Cefaux père tranquille faisait partie dudécor depuis des lustres.

Mais Neil Collins vivait de la Bourse un

peu trop bien au niveau personnel. A lafin octobre, l’observateur des us et coutu-mes de la tribu bancaire a démissionné. Lemotif? La vigie des marchés a triché enachetant des actions de compagnies aux-quelles elle avait consacré plusieurs arti-cles.

Selon Reuters Breakingviews (dont LeMonde publie quotidiennement des analy-ses dans sa page «Bourse»), l’intéressé acommis «de multiples violations du codede conduite interne en termes de transac-tions boursières personnelles».

Ainsi, le journaliste a acheté des actionsBP avant et après avoir publié un articlefavorable à la compagnie d’hydrocarburesbritannique responsable de la marée noi-re dans le golfe du Mexique. De surcroît, ila vendu des titres Marks &Spencer héri-

tés de son père cinq jours après avoir évo-qué les problèmes stratégiques du groupede distribution dans sa chronique.

Maladresses et imprudence, sans dou-te? Véritable ingénuité, peut-être ? Cupidi-té, qui sait? Le simple sens des convenan-ces aurait tout simplement dû lui interdi-re cette transgression de l’éthique journa-listique. Le vétéran a tiré sa révérenceavant que son employeur ne le démettede ses fonctions.

Thomson-Reuters ne badine pas avecson image morale. Il y va de sa crédibilitéinternationale. L’enseigne illustre ne peutpas se permettre d’être considérée par sesclients comme une république bananière.Il n’est pas commode de dénoncer la pré-tendue âpreté au gain des professionnelsde la finance quand on franchit soi-mêmela ligne jaune de la morale en s’enrichis-sant par le truchement de tuyaux en or.

C’est pourquoi le règlement interneinterdit aux journalistes de couvrir descompagnies dont ils sont actionnaires. LeFinancial Times va même plus loin, pous-sant la déontologie jusqu’à exiger de sesrédacteurs, parmi les mieux payés de laprofession, de déclarer leurs actifs à unregistre confidentiel auquel seule leur hié-rarchie a accès

«Qui aime bien châtie bien», dit le pro-verbe. C’est vrai de l’argent comme du res-te. Les pays occidentaux qui aiment leplus le veau d’or – comme les Etats-Unis etle Royaume-Uni – sont ceux où les délitsfinanciers sont le plus impitoyablementpoursuivis et punis. Au lieu de s’en pren-

dre à l’argent, comme la France, ils s’enprennent aux voleurs.

Tout cela, diront les cyniques, a tou-jours existé. L’affaire Collins apparaît com-me une péripétie par rapport aux délitsd’initiés dont la planète finance est coutu-mière. Ce type d’infraction est rare de lapart de journalistes, grâce notammentaux barrières de sécurité mises en placedans les rédactions.

Le scandale présente toutefois un dou-ble enjeu qui lui donne un retentissementparticulier.

Tout d’abord, à l’instar de Neil Collins,les «business editors » sont aujourd’hui lesstars du quatrième pouvoir. La criseaidant, tout le monde s’arrache les spécia-listes des subprimes ou les experts desproduits dérivés qui ne jargonnent pas.Les angoisses du grand public cherchentcomme recours les explications de journa-listes couvrant la vie des affaires, telsRobert Peston de la BBC ou Jeff Randall de

Sky News, qui savent traduire en termesclairs un concept complexe. Dans lespages éditoriales, les observateurs desmarchés ont supplanté les spécialistes dela macroéconomie. La direction des pagesfinancières est désormais l’une des voiesrapides vers le sommet.

«Longtemps reléguées au deuxièmeplan face à la diplomatie ou à la politiqueintérieure, les informations de la City sontdésormais au cœur de la conquête des lec-teurs clés en termes de recettes publicitai-res, les classes moyennes supérieures», sou-ligne George Brock, professeur de journa-lisme à la City University de Londres.

Ensuite, ce dérapage tombe mal pour lapresse d’outre-Manche. Pour lutter contreles fuites jugées préjudiciables au bonfonctionnement des marchés, la FinancialServices Authority (FSA), la tutelle de laCity, entend contrôler les conversationsentre les responsables de compagniescotées en Bourse et les médias.

En vertu d’un projet dévoilé le mois der-nier, la FSA veut contraindre cette «chien-ne de presse» à passer par la direction dela communication pour parler aux diri-geants de la haute finance. Pour les jour-naux et les télévisions, en réduisant l’ac-cès à l’état-major, pareille restriction nepeut qu’entraver leurs enquêtes sur lesscandales financiers.

Il en est des journalistes comme de lafemme de César : ils doivent être au-des-sus de tout soupçon…p

Courriel : [email protected]

Les«business editors»sontlesstars duquatrièmepouvoir.La criseaidant,toutle mondes’arrachelesspécialistesdessubprimesou lesexpertsdesproduits dérivésquinejargonnent pas

«M» Rencontre avec l’architecte RenzoPiano; Vietnam, les parfums d’Huê;Matisse au Cateau-Cambrésis.

0123

Courrier et contributions des lecteurs :[email protected] : 01-57-28-21-74

Demain dans0123

pTirage du Monde daté mardi 2 novembre 2010 : 387 033 exemplaires. 1 2 3

26 Mercredi 3 novembre 2010

Page 27: Le Monde du 03 11

[PAGE: MONDE_ECO - MONDE_ECO - 1 - 03/11/10] [IMPRIMEE LE: 29/10/10 18:24 PAR: MOREL] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL

DMaintenantque le président de la Répu-blique s’est «aperçu» que l’Allemagnen’avait pas de bouclier fiscal, à rebours de

toutes ses affirmationspubliques de ces dernièresannées, sa saisine de la Cour des comptes pourexplorer les différences de fiscalité entre la France etl’Allemagneprend tout son relief. Les groupes detravail de la Cour viennentd’ailleurs de tenir leurspremières réunions.

L’objectif affichépar le gouvernementest d’aboutiràune convergence fiscale entre les deuxpays. Cet objec-tif est pour l’instant largement consensuel.

Aun extrême, lesmilieuxpatronauxclamentqueles entreprises allemandes sont bienmoins taxées.

A l’autre extrême, les altermondialistes réclamentuneharmonisationpermettant de stopper la concur-rence fiscale en Europe. La comparaisonFrance-Allema-gne risquedonc dedevenirun aiguillonpour la loi definancepour 2012 et, de fait, unepremière grande éta-pede l’électionprésidentielle.

Enattendant, le premierministre François Fillon ad’ores et déjà dessiné les grandes lignes de la comparai-son: il y aurait ainsi plus deprélèvementsobligatoiresdans l’Hexagone (42,8%duPIB, contre 39,3%outre-Rhin en 2008, selonEurostat), nettementplus sur lesentreprises, unpetit peumoins sur les particuliers.Mais que recouvrent ces chiffres? Sont-ils vraimentcomparables?

LaCourdes comptesavait déjà renduen2008unrap-port dubitatif, sous le titre «Sens et limites de la compa-raisondes tauxdeprélèvementsobligatoiresentrepaysdéveloppés». La conclusionétait que «laprincipa-le raisondes écarts [de prélèvement] réside dans leschoixque retient chaque sociétépour financer les dépen-ses deprotection sociale». Si cela relativise les fortsécarts entre l’Europecontinentaleet les Etats-Unis, parexemple, la pertinenced’une comparaisonentre laFranceet l’Allemagne, où les choixde financementdelaprotection sociale sont assez proches, semble renfor-cée.Malheureusement, lorsqu’on commenceàprendreune loupe, on tombe surdes obstaclesmajeurs.

Lepremier est celui des conventions comptables.Prenons, par exemple, les impôts locaux. En leur sein,les taxespour l’enlèvementdesorduresne sont pasunprélèvementobligatoire. Pourquoi? Parce qu’elles sontdirectementassociées àun service renduaux contri-buables. Il suffirait doncde ventiler les impôts locauxendemultiples taxes – unepour l’entretiendes voiries,une autre pour les crèches – pour faire baisser compta-blement les prélèvementsobligatoires.

aaaLire la suitepage2

Stratégie p.6Chroniquep.2 Entreprise p.3

Contesfranco-allemands

«BarackObama,lemédecinincompris»,parMartinWolf

«Résisteràlaconcurrenceémergente»,parJulieBattilana

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L a croissance du produit inté-rieur brut (PIB) américain au3e trimestre, annoncée le

29octobre, a atteint comme prévule chiffre peu vigoureux de 2% enrythme annuel. Au moment desélections de mi-mandat au

Congrès, le président Barack Oba-ma est confronté à la fragilité de lareprise et à la crise sociale qui frap-peunesociététrèsinégalitaire.Prèsd’une dizaine de millions d’em-

ploisaurontétédétruitspar lacrisedepuis 2008. Les créations nettesde postes, qui sont reparties audébutdel’année,ontmarquélepasau second semestre. La durée duchômage et le nombre des bénéfi-ciaires de l’aide alimentaire attei-gnent des sommets. Des doutesapparaissentaussi sur la reprisedel’activité, des indicateurs avancéssignalant un ralentissement àvenir.Lesprixdel’immobilierontànouveaureculé cetété.

LeprésidentdelaBanquecentra-le américaine (Fed), Ben Bernanke,a indiqué, lundi 25octobre, que

plus d’un emprunteur immobiliersur cinq devaient à leur créancierplusquelavaleurde leur logementet que «33% supplémentaires ontunemargede 10% seulemententrelemontantdeleurdettehypothécai-re et la valeur de leur habitation, etrisquentdeseretrouverendangersilesprixbaissentencore».

La Fed s’alarme du risque dedéflation, une spirale dangereusede baisse des prix et de l’activité.L’indicedesprixhorsénergieetali-mentation est passé sous la barredes 1% en rythme annuel. La Feddoit annoncer, mercredi 3novem-

bre, la reprise de « l’assouplisse-ment quantitatif» (quantitativeeasing) de sa politique monétaire,qui revient à créer de la monnaiepouracheterdestitresdedette.Cet-te politique non conventionnellemet le financement de l’économieet de l’Etat sous perfusion, quitte àencourirultérieurementunerepri-se de l’inflation, et elle provoque lachute du dollar, soutenant lesexportations américaines. Mais àplus long terme, la persistance dudynamisme économique estaujourd’huimiseendoute.

aaaLire la suitepage4

LacrisesocialeplongelesEtats-UnisdansledoutetLacroissancedonnedessignesderalentissementtLechômageet lapauvretéatteignentdesniveauxrecordtLesexpertss’opposentsur l’opportunitédemesuresdesoutien

Dossier

Cahier du «Monde »N˚ 20459datéMercredi 3novembre2010 - Ne peut être vendu séparément

Page 28: Le Monde du 03 11

2 0123Mercredi 3 novembre 2010

Une ambulance s’ar-rête au bord de laroute afin de veniren aide à un hom-me victime d’unecrise cardiaque. A

force d’efforts désespérés, lepatient survit. Transporté à l’hôpi-tal, il connaît un rétablissementprolongé quoique partiel. Deuxans après, au lieu de leur en êtrereconnaissant, il traîne en justiceles infirmiers et les médecins quil’ontsauvé. S’ilsn’étaientpas inter-venus, prétend-il, il serait aujour-d’hui en pleine forme. Quant à sacrise cardiaque, ce n’était qu’unpetit accroc sans gravité. Il seraiten bien meilleure santé si on luiavait fichu la paix.

Telleestla situationdans laquel-le se trouve aujourd’hui le Dr Oba-ma. Une grande partie du peupleaméricain a oublié la gravité de lacrise cardiaque financière que lepays a subie à l’automne 2008. Lesrépublicains ont réussi à convain-cre de nombreux électeurs quec’est l’intervention des démocra-tes, et non la catastrophe léguéepar George W. Bush, qui expliquele malaise actuel. C’est là un formi-dable coup de propagande.

Le président Obama est-il res-ponsable de la tournure des événe-ments ? Oui et non. Non, parce quele traitement qu’il a appliqué étaitjuste dans son principe ; oui, parcequ’il fut, en pratique, trop timoré.

Il est essentiel de se remémorerle contexte. Les grandes crisesfinancières causent des dégâtsdurables. « La plupart du temps,remarquent Carmen Reinhart, del’université du Maryland, et Ken-neth Rogoff, de l’université Har-vard, dans une mise à jour de tra-vaux antérieurs, les lendemains

des grandes crises financières pré-sentent trois caractéristiques. Lapremière est que l’effondrementdes marchés des actifs est profondet durable. (…) La deuxième, quecet effondrement s’accompagned’une nette chute de la productionet de l’emploi. (…) Et la troisième,que la valeurréelle dela dette publi-que tend à exploser.»

Comments’est comportéel’éco-nomie américaine lors de cette cri-se-là ? Très bien sous certainsaspects, notamment en ce quiconcerne la production économi-que totale ; moins bien surd’autres plans, en particulier celuidu chômage. En moyenne, le PIBréel par tête (à parité de pouvoird’achat) avait chuté de 9,3 % lorsdes crises antérieures étudiées parles professeurs Reinhart et Rogoff.Pendantla dernièrecrise, iln’a chu-

té que de 5,4 % aux Etats-Unis. Letaux de chômage avait augmentéen moyenne de 7 points de pour-centage lors des crises précéden-tes. Pendant la dernière crise, lechômage aux Etats-Unis n’a aug-menté que de 5,7 points de pour-centage.

Ce contraste entre les médio-cres performances dans le domai-ne de l’emploi et les performancescorrectes en matière de produc-tion se retrouve également dans lacomparaison avec les autres paysà hauts revenus. Alors qu’ils setrouvaient à l’épicentre de la crise,les Etats-Unis ont enregistré pro-

portionnellement une moindrebaisse de production par tête queles autres pays à hauts revenus,sauf la France. Mais le chômage aaugmenté beaucoup plus vite auxEtats-Unis qu’ailleurs. Cela est dûaufait que lahausse de la producti-vité américaineaété exceptionnel-lement rapide, surtout en 2009.

Au final, l’économie américai-ne a enregistré de bons résultats làoù elle s’est attaquée aux problè-mes, et des résultats beaucoupplus mauvais dans les secteurs oùrien n’a été entrepris.

Comme l’a noté le principalconseiller économique d’Obama,Lawrence Summers, lors d’uneconférence organisée par le Finan-cial Times à New York le jeudi7 octobre, la principale préoccupa-tion de l’administration était « leretour à la stabilité, à la confiance

et aux flux de crédit afin de soute-nir un redressement solide ». Leséléments de cette politique ont étépremièrement le soutien au systè-me financier – au travers du Trou-bled Asset Relief Program (TARP),hérité de l’administration précé-dente, d’un certain nombre degaranties financières et de « testsde résistance » auxquels ont dû sesoumettre les établissementsfinanciers ; deuxièmement lesmesures de relance budgétaire ;troisièmement les initiatives de laRéserve fédérale américaine (Fed)visant à soutenir le flux du crédit.

Dans leur essence, ces politi-

ques soutiennent la demande, etdonc la production. Leur impactsur l’emploi (et le chômage) estindirect. Ainsi qu’on l’a constaté, lahausse de la productivité a été siimportante qu’une performancepourtant honorable en termes deproduction n’a pas réussi à empê-cher la montée du chômage. Onaurait attendu des partisans dumarché libre qu’ils en concluentque, sous ce président « socialis-te », l’économie américaine, etnotamment son marché du tra-vail, demeurait flexible. On auraitattendu qu’ils en concluent égale-ment qu’il fallait adopter de nou-velles mesures de relance. Ces der-nières, après tout, ont été fortmodestes : équivalant à moins de6 % du PIB, la relance budgétairen’entre que pour moins d’un cin-quième dans les déficits cumulésen 2009, 2010 et 2011.

La vérité n’est donc pas que cet-tepolitiqueétaittéméraireet qu’el-le a échoué, mais que, trop timide,elle ne pouvait réussir. Ne pas sepréoccuper de façon directe dumarché de l’emploi, peut-être endiminuant temporairement lestaxes sur les traitements et salai-res, fut une grande erreur. Maisd’autres ont été commises : lesefforts pour réduire le poids de ladette des ménages auraient dûêtre plus vigoureux.

Même le TARP tant vilipendés’avère remarquablement efficacea posteriori. Comme l’a relevéM. Summers, son coût auprès ducontribuable ne devrait pas dépas-ser 0,3 % du PIB. Cela représentebienmoins que lecoûtdessauveta-ges des établissements de prêt etd’épargne intervenus dans lesannées 1980. C’est également bienmoins que les coûts budgétaires

directs de crises comparablesailleurs.

Malheureusement, les républi-cains ont réussi à persuader unelarge portion de l’opinion améri-caine que si on avait laissé le mala-de se débrouiller seul, il jouiraitaujourd’hui d’une excellente san-té. C’est bien entendu un conte defées. Mais les électeurs ne prêtentgénéralement que peu d’attentionaux calamités auxquelles ils ontéchappé. Ils ne se préoccupent quede la distance entre leur vie au jourle jour et leurs espérances. M. Oba-ma ne recueille aucun crédit pourl’une, et beaucoup de reprochespour les autres. Sa rhétoriqueambitieuse a sans aucun douteaggravé la déception.

La volonté de Barack Obama dene pas demander suffisammentd’efforts et de réformes a été,s’avère-t-il aujourd’hui, une énor-me erreur stratégique. Cela per-met à ses adversaires de soutenirque les démocrates ont obtenu cequ’ils souhaitaient, et que cela aéchoué. Si le président n’avait pasréussi à obtenir ce qu’il deman-dait, il pourrait aujourd’hui affir-mer que la situation actuelle n’estpas de son fait.

Avec l’impasse politique qui seprofile à l’issue des élections demi-mandat,toute nouvelleinitiati-ve sera désormais bloquée. Il y afort à parier que les Etats-Unisvontentrer dans une décennie per-due. Cela serait une calamité poureux… mais aussi pour le reste dumonde.p

Cette chronique de Martin Wolf,éditorialiste économique,est publiée en partenariat exclusifavec le « Financial Times ». © FT.(Traduit de l’anglais par Gilles Berton)

KarlOttoPöhl,symboledumonétarismeallemandLelivre

aaaSuite de la chronique

de Philippe Askenazy

De même, si le gouvernementremplaçait la taxe sur les entrepri-ses de télécommunications (desti-nées à financer le service audiovi-suel public) par une hausse de laredevance payée par les foyers –non comptabilisée car associée àun service identifié –, les prélève-ments obligatoires diminueraienten France !

Encore moins intuitif, suppo-sons que l’Etat recrute un agentnon titulaire au lieu d’un fonction-naire pour exactement le mêmesalaire. Le résultat de ce change-ment de statut est que les prélève-ments obligatoires… augmentent.Pourquoi ? Dans le cas du fonc-tionnaire, les cotisations socialesdes salariés et des employeurs res-tent dans les caisses de l’Etat.Dans le cas de l’agent non titulai-re, l’Etat employeur et le salariédoivent verser les cotisationssociales aux caisses de Sécuritésociale et régimes complémentai-res obligatoires ; il y a transfertsfinanciers… donc prélèvementsobligatoires. Il suffirait de fonc-tionnariser les nombreux contrac-tuels de l’Etat pour faire baisserles prélèvements obligatoires !

Le second obstacle à la compa-raison réside dans les différencesde tissus productifs. En Allema-gne, la plupart des très nombreu-ses PME sont des sociétés de per-sonnes, et sont donc imposées surle revenu de leurs associés, et nonsoumises à l’impôt sur les socié-tés. A contrario, le statut de socié-té de personnes est marginal enFrance. Mécaniquement, le poidsde l’impôt sur les sociétés est plusfaible en Allemagne alors que l’im-pôt sur le revenu des particuliersest plus fort. Pour avoir unevision claire, il faudrait doncentrer dans le détail des déclara-tions fiscales de toutes les entre-prises et de tous les particuliersdes deux côtés du Rhin !

Si la Cour des comptes ne veutpas être instrumentalisée par lesuns ou par les autres, ou pire sim-plement servir d’alibi, son travailse doit de lever ces obstacles. Untravail titanesque. p

PhilippeAskenazy,directeur de rechercheau CNRS, Ecole d’économie de Paris.

Les acteursde l’économie Jean-MarcDaniel

Il faut sauver Wall Street

Avec l’impasse politiquequi se profile, les Etats-Unis vontentrer dans une décennie perdue

L’éclairage La vérité n’est pas que la politiquede relance était téméraire et qu’elle a échoué,mais que, trop timide, elle ne pouvait réussir

Obama l’incompris

T ous les plus grands noms deWall Street ont été convo-qués en urgence. Ce vendre-

di 12 septembre 2008 à 18 heures,dans les locaux de la Réserve fédé-rale américaine (Fed), Henry Paul-son, le secrétaire américain au Tré-sor, prévient l’aréopage de ban-quiers : « Le gouvernement ne don-nera pas d’argent à Lehman. » Etd’ajouter : « Vous n’avez que48 heures pour résoudre la crise. »En clair, il faut sauver la banqued’affaires Lehman Brothers, lami-née par les subprimes, avant laréouverture des marchés finan-ciers le lundi matin. Sauf que rienne va se dérouler comme prévu.

Dans Huit jours pour sauver lafinance, un court récit paru dans leNewYorkeretpubliéenFrancesousforme de livre, le journaliste améri-cainJamesB. Stewartretracedel’in-térieur et au jour le jour la follesemaine du 12 au 19 septembre2008, qui a vu tomber certains desplus grands noms de Wall Street.Les réunions de crise au petitmatin, les entrevues discrètes, lesappels téléphoniques affolés… A laFed, au Congrès, dans des apparte-ments privés ou au trente et uniè-me étage de la tour de Lehman Bro-

thers, celui de la direction… « Cesera Armageddon », lâche un avo-cat de Lehman, le dimanche 14sep-tembre, quand il apprend que lesnégociations de reprise avec l’éta-blissement britannique Barclaysontéchoué et quelabanque d’affai-res doit se déclarer en faillite. A rai-son, car tout s’enchaîne : le rachatexpress de Merrill Lynch par BankofAmerica,lesauvetageparlespou-voirs publics de l’assureur AIG, leplongeon vertigineux des mar-chés, l’élaboration dans l’urgencedu gigantesque «plan Paulson» de700 milliards de dollars pour sau-ver le système bancaire…

Un récit nerveux, quoique des-servi par une traduction maladroi-te par moments, quia pour uniqueambitionderaconter dansle moin-dre détail cette semaine où le capi-talisme mondial a failli exploser,sans s’aventurer dans les racinesde la crise. Et tenter notamment derépondre à cette question poséepar George Bush, quand le plan desauvetage d’AIG lui est présenté :« Comment est-on arrivé au pointoù l’on ne peut pas laisser un éta-blissement faire faillite sans quecela affecte toute l’économie ? » p

Clément Lacombe

Par Martin Wolf

DIl y a vingtans, l’Alle-magne se réunifiaitsur un plan politi-

que dans le sillage de la réunifica-tion monétaire du printemps pré-cédent. Mais celle-ci, à en croire lesderniers débats des spécialistes,aurait été payée d’une acceptationpar le chancelier Helmut Kohl dela dissolution du deutsche markdans un euro à créer. Au centre decette période riche en événe-ments, il y avait le président de laBundesbank, Karl Otto Pöhl, pré-senté de plus en plus aujourd’hui,tant par les Allemands que par leshistoriens de l’économie, commele dernier président à part entièrede la Bundesbank.

Karl Otto Pöhl est né à Hanovrele 1er décembre 1929. Il entame desétudes d’économie qu’il financeen faisant du journalisme sportifdans une Allemagne en recons-truction. Son doctorat en poche, ilintègre, en 1957, le célèbre institutde conjoncture IFO et gagne ensui-te Bonn pour mener une carrièrede journaliste économique.

Alors qu’il est membre du Partisocial-démocrate (SPD), la victoirede Willy Brandt en 1969 le propul-se à des postes à responsabilités au

ministère allemand des finances.En 1980, il devient président de laBundesbank, poste qu’il occupejusqu’en 1991 où il démissionne.Karl Otto Pöhl prend cette déci-sion pour marquer son désaccordavec une politique étrangère quitend, à ses yeux, à sacrifier la Bun-desbank et ses principes sur l’autelde la construction européenne.

A ses yeux, l’équilibre des pou-voirs réalisés dans l’Allemagnefédérale d’avant la réunificationavait atteint une optimalité grâceà l’indépendance de la Bundes-bank. L’indépendance d’une ban-que centrale est en effet, pour lui,la garantie d’une politique moné-taire assurant la stabilité des prix,mais aussi d’une pratique respon-sabilisée des décisions politiqueset des relations sociales.

Face à une banque centraleindépendante, l’Etat est obligé delimiter son déficit dans la crainteque celle-ci se refuse à assurer unrôle de prêteur en dernier ressort,et qu’elle absorbe sans conditionsles emprunts publics. Quant auxpartenaires sociaux, ils doivent semettre d’accord sur une politiquesalariale en conformité avec l’évo-lution des gains de productivité.

Car tout débordement en la matiè-re conduirait à une hausse desprix que la banque centrale indé-pendante sanctionnerait par unehausse des taux signifiant ralen-tissement de la croissance et chô-mage.

ExigeanceEn 1988, alors que les négocia-

tions sur l’union monétaire s’accé-lèrent, il multiplie les rapports etles propositions pour consoliderun système européen de changesfixes centré sur le combat contrel’inflation. La tournure des événe-ments le conduit à quitter son pos-te. Il oriente alors sa carrière versdes activités dans le secteur privé.

Malgré son changement de cap,il s’intéresse toujours à la politiqueet reste membre du SPD jusqu’en2005. En 2010, il donne une inter-view au Spiegel sur la crise grec-que, dans laquelle il condamne leplan de sauvetage des finances despays de la zone euro, adopté le9mai. Il est alors partisan de lais-ser la Grèce faire défaut et quitterl’euro, plutôt que d’accepter lamonétisation potentiellementinflationniste des dettes, commece fut le cas. Selon lui, cette déci-

sion aurait servi d’exemple et inci-té les banquiers à se montrer plusprudents dans leurs prêts auxEtats et plus soucieux de l’évolu-tion de leur dette. Ainsi, les peu-ples auraient été plus exigeants àl’égard des gouvernements.p

Jean-Marc Daniel est professeurà l’ESCP-Europe

Contesfranco-allemands

Huit jours poursauver la finance,James B. Stewart,Grasset, 2010,128 pages, 9 euros

Siège social : 80, bd Auguste-Blanqui75707 PARIS CEDEX 13Tél. : +33 (0)1-57-28-20-00Fax. : +33 (0)1-57-28-21-21

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Edité par la Société éditricedu «Monde » SA,

Président du directoire,directeur de la publication,directeur du «Monde » :

Eric Fottorino

La reproduction de tout article est interditesans l’accord de l’administration. Commissionparitaire des journaux et publications no0712C 81975.

ISSN : 0395-2037

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Pré-presse Le MondeImpression Le Monde12, rue M.-Gunsbourg94852 Ivry CedexPrinted in France

EconomieExpertises

Page 29: Le Monde du 03 11

30123Mercredi 3 novembre 2010

DAprès le rachatemblématique dugroupe sidérurgique

européen Arcelor par l’indienMittal en 2006, puis celui du sué-dois Volvo par le constructeurautomobile chinois Geely en2009, l’année 2010 a vu, entreautres, le rachat du distributeur denourriture américain KeystoneFoods par le groupe d’agroalimen-taire brésilien Marfrig, et celui dela société pétrolière américaineConocoPhillips par l’un des géantschinois du secteur, Sinopec. Cesexemples ne sont pas isolés: lesmultinationales issues des paysémergents auraient d’ores et déjàinvesti plus de 30 milliards de dol-lars dans des acquisitions de socié-tés nord-américaines et européen-nes depuis le début de l’année.

Dans un ouvrage paru en octo-bre, intitulé The New Multinatio-nals (Cambridge UniversityPress), Mauro Guillen, professeurà l’université de Pennsylvanie, etEsteban Garcia-Canal, professeurà l’université d’Oviedo (Espagne)comparent la trajectoire des mul-tinationales dites traditionnellesà celle des multinationales émer-gentes. Alors que les premières sesont graduellement développéesà l’international en favorisant lacroissance interne et la créationde filiales, les secondes ont plusrapidement internationalisé leursactivités en s’appuyant avant toutsur la multiplication des acquisi-tions et des alliances stratégiques,aussi bien dans les pays dévelop-pés qu’émergents.

Si les multinationales occiden-tales bénéficient toujours d’avan-tages compétitifs importants liésnotamment à la qualité de leurrecherche, à la renommée interna-tionale de certaines de leurs mar-ques et au développement de tech-nologies dont elles sont propriétai-res, les nouvelles multinationalesfont, quant à elles, preuve d’uneplus grande flexibilité organisa-tionnelle qui leur permet de s’ajus-ter plus rapidement aux deman-

des de leurs clients. Elles bénéfi-cient aussi d’un accès privilégiéaux marchés des pays émergentsdont elles sont originaires. Enfin,elles ont appris à mieux gérer lesinstabilités politiques qui caracté-risent certaines de ces régions.

Nouvelles compétencesDe leur côté, les multinationa-

les traditionnelles, qui font face àun coût du travail plus élevé, sontsouvent handicapées par leurtrop grande rigidité organisation-nelle et par leur manque d’expé-rience quant à la gestion des inte-ractions avec les institutions loca-

les des pays émergents.Dans ces conditions, comment

pourront-elles résister à la concur-rence croissante des nouvellesmultinationales? L’enjeu est,pour elles, de renforcer leurs avan-tages compétitifs tout en dévelop-pant de nouvelles compétencesorganisationnelles. Les investisse-ments dans la recherche et le mar-keting sont nécessaires, mais passuffisants. Pour s’adapter à lademande, elles doivent faciliter lacommunication et la coopérationentre les départements et les filia-les qui les constituent.

Il leur faut aussi forger de nou-

velles alliances extérieures. A l’ins-tar des multinationales émergen-tes, elles devraient envisager lesinvestissements à l’étranger com-me un moyen d’explorer de nou-velles façons d’innover et d’accé-der aux marchés. Cette explora-tion peut aller des partenariatsponctuels à des acquisitions, enpassant par des alliances stratégi-ques non seulement avec leursfournisseurs, mais aussi avec,pourquoi pas, leurs concur-rents.p

Julie Battilana est professeur assistantà la Harvard Business School.

DL’absence de travailpour cause de mala-die du salarié sus-

pend, de droit, le paiement dusalaire par l’employeur. Mais il estversé, à partir du quatrième jourd’arrêt de travail, un revenu deremplacement à l’assuré socialqui a dû interrompre son travail.Cependant, ce revenu ne représen-te qu’une fraction du salaire.

A cette garantie minimale derevenu, dénommée « indemnitéjournalière de la Sécurité sociale »(IJSS), s’ajoute un second mécanis-me, dit de «maintien de salaire»,figurant depuis 2008 au Code dutravail. L’employeur doit, pour lessalariés ayant un an d’ancienneté,compléter à partir du huitièmejour consécutif de maladie les IJSSjusqu’à hauteur de 90% du salai-re brut puis, après un certaintemps, à hauteur des deux tiers.

Ce dispositif est, dans de nom-breuses branches ou entreprises,amélioré par voie d’accord collec-tif : la condition d’ancienneté oula période de carence peut êtregommée ou assouplie, le « main-tien de salaire » porté jusqu’à100% du salaire net, la période deversement allongée. Le Code de la

Sécurité sociale permet dans cecas à l’employeur de verser le salai-re global, et de se substituer ausalarié pour percevoir les IJSS de lacaisse de Sécurité sociale: c’est cequ’on appelle la « subrogation».

Situation paradoxaleAfin d’améliorer son état de san-

té, un salarié malade peut bénéfi-cier d’un «mi-temps thérapeuti-que». Celui-ci doit être prescrit parle médecin traitant, sous le contrô-le du médecin conseil de la caisse,et doit être organisé par le méde-cin du travail et avec l’accord del’employeur. Au salaire correspon-dant au temps travaillé peuvents’ajouter les IJSS pour une duréed’un an au maximum.

Mais cette «reprise douce dutravail » ne peut pas entrer dans lechamp du «maintien de salaire ».La Cour de cassation a, dans unarrêt de 2007, rejeté l’argumentd’un salarié faisant valoir qu’il

devait être considéré, pour la par-tie non travaillée de sonmi-temps thérapeutique, commeétant en arrêt de travail pourmaladie. Elle considère que lecontrat de travail n’était plus sus-pendu, de sorte que le salarié nepouvait se prévaloir des disposi-tions de la convention collectiveaccordant un maintien de salaireà taux plein en cas d’arrêt de tra-vail pour maladie.

Enfin, la Cour de cassationconsidère que le maintien desindemnités journalières n’estqu’une simple faculté pour la Cais-se primaire d’assurance-maladie(CPAM), et non un droit pour lebénéficiaire, dont la situationjuridique est donc fragilisée.

Résultat, un salarié qui partici-pe à la démarche thérapeutiqued’un travail à mi-temps peut êtremoins bien traité qu’un salarié quise trouve en arrêt total de travail !

Cette situation paradoxale a

pour origine la méthode de calculdes IJSS. Bien que le taux appliquésoit de 0,5, la rémunération de réfé-rence est égale à 1/90e des trois der-nières payes mensuelles, elles-mêmes plafonnées à 2885euros.De plus, jusqu’à six mois,le maximum journalier est de48,08euros, puis de 49,46 au-delà;enfin, ces plafonds sont majorés sil’assuré a trois enfants à charge!

Comment gommer cet étrangetraitement différencié? Deux solu-tions non exclusives sont imagina-bles. Les partenaires sociaux pour-raient étendre les accords de main-tien des salaires aux situations despersonnes en mi-temps thérapeu-tique et, dès lors, financer le diffé-rentiel.

Le législateur et le pouvoir régle-mentaire pourraient majorer lesIJSS de ceux qui retournent tra-vailler. Pourtant, c’est une baissedes IJSS qui est annoncée pour le1er décembre 2010, baisse qui vaégalement diminuer les revenusdes salariés en «mi-temps théra-peutique» et ainsi creuser les iné-galités de revenus!p

Francis Kessler est maître de conféren-ces à l’université Paris-I Sorbonne.

n Sur lemonde.fr« L'Allemagne sauvera-t-elle le monde ? », Michel Santi, économiste.« Investissement socialement responsable : bientôt l'âge de raison ? »,par Patrick Jolivet, responsable de la recherche de l'agence de notation BMJ Ratings.«Excès de monnaie et dette souveraine», Bruno Mortier, service des risques, Rhodia.

La guerredes étoiles parBrito

Xx Xxxx Xxxx

DAlors que les chefs d’Etat et de gouverne-ments du G20 affirment vouloir définirun nouvel ordre monétaire international

en empruntant la voie proposée sans succès parKeynes lors des accords de Bretton Woods en 1944,il est bon de rappeler le cadre au sein duquel les nationsopèrent depuis 1971, en l’occurrence sur les décombresdes accords historiques de 1944.

Pourquoi parler de « décombres »? Parce que lesaccords de Bretton Woods sont morts en 1971, quand leprésident américain Richard Nixon les dénonça et mitfin à la parité dollar-or, convenue en 1944. La situationétait alors devenue intenable pour les Etats-Unisdepuis une dizaine d’années déjà. En 1961, il avait fallu,pour maintenir la parité prévue initialement de 35 dol-lars pour une once d’or, créer un London Gold Pool ras-semblant huit nations. Ce regroupement avait permisau système de survivre encore dix ans. Quand la Suissepuis la France réclamèrent aux Etats-Unis l’or corres-pondant aux dollars accumulés, Nixon s’exécuta…avant de fermer le robinet une fois pour toutes.

Pourquoi le système mis en place en 1944 s’est-ileffondré? En raison du « dilemme de Triffin », du nomde l’économiste Robert Triffin qui analysa le premier lacontradiction qui le minait. Une nation gère sa mon-naie en en maintenant le stock à la mesure de la riches-se créée sur son territoire. Mais quelle quantitédoit-elle en créer lorsque cette monnaie sert de référen-ce au monde entier ? Elle doit en créer plus !

Le seul moyen pour elle d’y parvenir est d’acheter àl’étranger davantage que l’étranger ne lui achète, autre-ment dit, d’avoir une balance commerciale des paie-ments déficitaire. Alors que la bonne gestion de sadevise comme monnaie domestique exige un équilibrede sa balance des paiements, une bonne gestion de saqualité d’émettrice d’une monnaie de référence exigeau contraire que celle-ci soit déficitaire. Aucun pays nepeut, bien entendu, jamais faire les deux. C’est là le«dilemme de Triffin», qui dénonçait en 1961 «les absur-dités associées à l’usage de devises nationales commeréserves internationales ».

La parité or ayant été abandonnée en 1971, les Etats-Unis se sont retrouvés en possession d’une machine àcréer de l’argent: la modération à laquelle ils étaientautrefois astreints n’était plus de mise. Les autres paysétant preneurs de dollars, pourquoi ne pas en créer àvolonté? C’est ce que M. Bernanke, président de la Réser-ve fédérale américaine (Fed), fit en 2009 à hauteur de1750milliards de dollars, et c’est ce qu’il s’apprête à faireencore pour un nouveau millier de milliards de dollars.Mais dans l’après-Bretton Woods, la devise américainevaut-elle ce que M.Bernanke suppose au nom des Etats-Unis ou bien ce que le reste du monde en pense?

Face à la machine à créer de l’argent des Etats-Unis, lesautres nations se sont retranchées. La seule parade pourune autre devise consiste à lier son sort à celui du dollar,et c’est ce qu’a fait la Chine avec le yuan. En réponse, lesAméricains se sont braqués sur la valeur de celui-ci.

Mais, en affirmant le vendredi 22 octobre à Gyeongju(Corée du Sud), au cours du G20 Finances, qu’une pacifi-cation des relations économiques entre nations doit sedéplacer du domaine des devises à celui d’un équilibrede leurs comptes courants, et en proposant que ceux-cine puissent dévier de plus de 4% du produit intérieurbrut (PIB) – qu’il s’agisse d’un excès d’importations oud’exportations –, le secrétaire du Trésor américain, TimGeithner, a défini la problématique d’un nouvel ordremonétaire… à la façon de John Maynard Keynes en 1944!

Nous voilà donc enfin revenus à la bifurcation deBretton Woods, enfin prêts à emprunter la bonne voie.Il s’agit maintenant d’aller résolument de l’avant.p

SOCIÉTÉ DES LECTEURSDU 123

Lecteurs sans frontières (LSF)La SDL se mobilise pour favoriser la liberté de la presse et l’accèsà l’information en alimentant le fonds « Lecteurs sans frontières »,qui finance des abonnements pour des lecteurs dans des pays endifficulté.Ces abonnements sont destinés à des personnes, ainsi qu’à desassociations ou institutions, engagées un peu partout dans lemonde dans des actions citoyennes pour le développement éco-nomique et social, pour la défense des droits de l’homme, de laliberté de l’information ou encore la diffusion de la lecture et l’en-seignement du français. Faute de moyens financiers ou en raisond’obstacles politiques, ces personnes ne pourraient, sans vous,avoir accès à une information libre qui nourrisse leur réflexion etleur donne une ouverture irremplaçable sur le monde.

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rubrique Lecteurs sans frontières

La valsedes «mi-tempsthérapeutiques»

Commentrésisterà la concurrence émergente ?

RetouràBrettonWoods

Chronique de la semaine

Paul Jorion, économiste et anthropologue

Droitsocial Francis Kessler

Entreprise Julie Battilana

ExpertisesEconomie

Page 30: Le Monde du 03 11

4 0123Mercredi 3 novembre 2010

DécenniesLa durée médiane du chômage aux Etats-Unis a atteint jusqu’à six moisen 2010, un niveau jamais vu depuis des décennies. Ainsi, la moitié deschômeurs étaient sans emploi depuis plus de six mois (et l’autre moitiédepuis moins de six mois). De plus, quelque 42 millions d’Américainsont reçu des coupons alimentaires au mois de juillet, soit près de 14 %de la population.« Ne vous méprenez pas, le gouvernement américain ne distribue pas del’argent à l’aveuglette : les bénéficiaires de ces coupons alimentairesvivent au niveau du seuil de pauvreté, actuellement défini comme unrevenu net de 22 056 dollars par an pour un ménage composé de 2 adul-tes et 2 enfants », explique Albert Edwards, stratégiste de la Société géné-rale. Si l’indice de confiance des ménages s’était redressé à la sortie derécession mi-2009, le jugement des ménages sur leur situation présen-te ne décolle toujours pas. Les prix de l’immobilier ont rechuté cet été.Le déficit commercial avec la Chine n’a jamais été aussi profond. Et lesindicateurs avancés prédisent un ralentissement de l’activité. p

aaaSuite de la première page

Les difficultés économiques etsociales rejaillissent sur la popula-ritédu présidentObama, mais aus-si ouvrent un débat sur la politi-que qu’il convient de mener.

« Le bilan économique des deuxpremières années de Barack Oba-ma est mi-figue mi-raisin », estimeainsi l’économiste Marc Touati,directeur général de la société deBourse Global Equities. « Aujour-d’hui, les Américains sont déçus, luireprochant trop d’interventionnis-me. Ils sont foncièrement contre unEtat trop fort dans l’économie. Ilspensent que quand les dépensespubliques augmentent, les impôts

vont automatiquement être rele-vés ensuite, pour compenser. Celacorrespond à la théorie de l’équiva-lence ricardienne [du nom de l’éco-nomiste David Ricardo]. Du couples entreprises n’ont plus confianceen l’administration Obama, inves-tissent peu, et créent peu d’emplois.Il y a une réelle peur de voir aug-menter les dépenses publiquesaujourd’hui », ajoute-t-il.

Le même scepticisme se mani-feste aux Etats-Unis à l’égard de lapolitique monétaire très expan-sionniste de la Fed. « Le Quantitati-ve Easing 2 (deuxième phase del’assouplissement quantitatif)aboutira à donner davantage deliquidités au système financier,

alors que les banques américainesont déjà 1 100 milliards de dollarsde réserves de cash ! Le problème,c’est qu’il n’y a pas d’emprunteurs.Cela ne sert à rien de remettre desliquiditésdansune économie“surli-quide”: aucune politique monétai-re ne peut forcer les agents écono-miques à s’endetter», met en gardePatrick Artus, directeur de larecherche et des études de Natixis.

Mesures «énormes»Il souligne aussi que cet afflux

de liquidités pourrait être utilisé,in fine, pour spéculer, recréant desbulles financières déstabilisatri-ces, par exemple sur le blé ou surles matières premières.

Pourtant, ce sont bel et bien cespolitiques non-conventionnellesqui ont permis aux Etats-Unis des’en sortir. Dans une étude publiéele 27 juillet, « Comment il a été misfin à la Grande Dépression », AlanS.Blinder, professeur à la PrincetonUniversity, et Mark Zandi, chef éco-nomiste de l’agence de notationMoody’s, estiment que les effetsmacroéconomiques des mesuresde relance sont « énormes»: sans laréponse des pouvoirs publics, leproduit intérieur brut (PIB) améri-cain aurait été inférieur de 11,5% en2010, 8 millions et demi d’emploissupplémentaires auraient étédétruits et les Etats-Unis seraiententrés en déflation, estiment-ils.

Corroborant les estimations duCongrèsetdel’administrationamé-ricaine, ils jugent que la politiquebudgétaire seule a sauvé environ2,7millions d’emplois. Ils évaluentdonc que le soutien monétaire etfinancier a eu un impact plus fort.

« Le débat sur ces politiques estcrucial car l’économie restant fai-ble, davantage de soutien publicpourrait s’avérer nécessaire, com-mecela a été vu dans l’extensiondesprestations de chômage et l’exa-men par la Fed d’un nouvel assou-plissement monétaire », prévien-nent MM. Blinder et Zandi. De nou-velles mesures seraient donc sou-haitables pour assurer le cercle dela reprise par la création d’emplois.

Les experts s’inquiètent néan-moins de la capacité de l’économieaméricaine à retrouver une crois-sance élevée. « La croissance sera de3% en 2010. Ce n’est pas le dynamis-me habituel de l’économie outre-Atlantique en phase de reprise, plusproche des 4 % à 4,5 %. De même, lesinvestissements sont repartis et860000 emplois ont été créés dansle secteur privé depuis le début del’année, ce qui est bien, mais lesAméricains sont habitués àmieux », explique M. Touati.Au-delà de cette reprise molle, ilvoit « le risque que la croissancetombe autour des 2,5 % à moyen etlong termes», les Etats-Unis appro-chant le rythme européen.

New YorkCorrespondant

C’est la catégorie qui croît le plusvite dans les statistiques américai-nes : celle du « sous-emploi », quel’on juge désormais plus indicati-ve des évolutions profondes àl’œuvre dans l’appareil de produc-tion des Etats-Unis que celle,usuelle, du chômage. Ce dernierrecense les demandeurs d’emploi,bénéficiaires d’indemnités chô-mage ou chômeurs de « longuedurée» qui en sont généralementprivés. Le sous-emploi leur ajoutedeux groupes : les travailleurs àtemps partiel contre leur gré etceux qui, capables de travailler,ont renoncé à chercher unemploi. Or cette seconde catégo-rie croît deux fois plus vite que leschômeurs.

Si 9,6% des actifs américainssont au chômage, le sous-emploitotal affecte 17,6% d’entre eux. Enmars, ce taux n’atteignait encoreque 16,2%. Dans des Etats commela Californie, l’Oregon et le Michi-gan, plus d’un salarié sur cinq estaujourd’hui soit chômeur, soit chô-meur à temps partiel ! Nationale-ment, aux 14,9millions de deman-deurs d’emploi s’ajoutent désor-mais 12,5millions de salariés quine travaillent pas comme ils le sou-haiteraient. Soit un total de27,4millions de personnes. La qua-si-totalité d’entre eux étant desadultes et plus de la moitié appar-

tenant à un foyer fiscal de plusd’un membre, on estime que42millions d’Américains (sur unepopulation de 308 millions) sont,directement ou indirectement, tou-chés par le sous-emploi.

Qui sont-ils ? Sur les 8 millionsd’emplois que les Etats-Unis ontdétruits en trois ans, plus de lamoitié relevait soit de la produc-tion de biens, soit du bâtiment,qui s’est effondré. Sur la seuleannée 2009, le secteur manufactu-rier a perdu 11,4 % de ses postes–du jamais-vu. Quant aux « bonsemplois», payés plus de 3000 dol-lars mensuels, ils constituent 55 %des postes supprimés depuis ledébut de la crise. Tous les écono-mistes jugent que les 50 milliardsde dollars (39,4 milliards d’euros)supplémentaires, obtenus cetteannée du Congrès par Barack Oba-ma pour soutenir l’emploi, seronttrès insuffisants. Président de la

commission des transports et desinfrastructures à la Chambre,James Oberstar proposait 500 mil-liards sur six ans. A l’inverse, leséconomistes libéraux estimentqu’il faudrait instaurer des réduc-tions d’impôts du même ordrepour espérer relancer l’emploi.

Baisse des salairesMais surtout, à la suite de Jan

Hatzius, chef économiste de Gold-man Sachs, l’un des premiers àavoir pronostiqué que les gains deproductivité ayant compensé lespertes d’emplois manufacturiersrendent leur retour très improba-ble, de plus en plus d’économistesestiment que ces emplois indus-triels sont définitivement perdus.Non seulement le chômage «debase» devrait se stabiliser à 7,5-8%(contre 4,5-5% avant la crise), maisla catégorie des sous-employés ver-ra ses rangs se pérenniser. D’où le

débat montant sur le «traitementsocial» du sous-emploi – même sicette terminologie reste inconnueaux Etats-Unis. Les initiatives semultiplient pour gérer la « recon-version» de ces nouveaux «sous-employés qualifiés» à qui sont pro-posées des formations axées surdes secteurs plus prometteurs.Parallèlement, dans une situationde concurrence exacerbée pourtrouver du travail, les pressionspatronales se multiplient aussipour faire baisser les salaires.

Pour Richard Sennett (profes-seur à la London School of Econo-mics et à l’université de New York,lire ci-contre), la « grande erreur »de Barack Obama aura été de privi-légier la réforme de la santé plu-tôt que la lutte contre le chômageet la diffusion du sous-emploi.« Les Américains, dit-il, sontaujourd’hui obnubilés par un seulenjeu : garder leur emploi ou enretrouver un. »

En repoussant à plus tard le lan-cement de la plupart des grandschantiers, en n’améliorant pas defaçon spectaculaire sur le courtterme la protection sociale deschômeurs et des nouveaux sous-employés, le président américains’est massivement privé du sou-tien de ces nouvelles couches pré-carisées qui s’en étaient large-ment remises à lui il y a deux ans,lorsque la crise de l’emploi ne fai-sait que commencer. p

S. C.

LesAméricainssont de plus en plusnombreuxàsombrer dans le«sous-emploi»

Questions-réponsesProjections

Dossier

En librairieLa Crise du capitalisme américain,par Paul Jorion. Editions du Cro-quant, 2009, 270 pages, 20 euros.

Sur le Web«Quantitative easing 2: les ris-ques», par Jean-Paul Betbèze.«Eco News» des études écono-miques du Crédit agricole n˚157,26octobre 2010, 5 pages, à liresur http://etudes-economi-

ques.credit-agricole.com«How the Great RecessionWas Brought to an End»,par Alan S. Blinder et Mark Zandi,27juillet 2010, 22 pages.www.economy.com/mark-zandi/documents/End-of-Great-Recession.pdf«The Links Between the Finan-cial Crisis and Jobs», par AlanB.Krueger, 20juillet 2010, à liresur www.ustreas.gov

aaa

Nombre de bénéficiairesen millions(échelle de gauche)

0

1980 1985 2010

28

4

8

12

16

20

24

1990 1995 2000 2005

SOURCES : THOMSON FINANCIAL, ODDO SECURITIES

a DURÉE DU CHÔMAGE AUX ÉTATS-UNISmédiane, en nombre de semaines

0

1969 1975 1980 2010

50

5

10

15

20

25

30

35

40

45

0

14

2

4

6

8

10

12

1985 1990 1995 2000 2005

Part de la populationen %(échelle de droite)

a BÉNÉFICIAIRES DE L’AIDE ALIMENTAIRE

SOURCES : USDA, SOCIÉTÉ GÉNÉRALE

1Quel bilan tire l’Orga-nisation de coopéra-tion et de développe-

ment économiques (OCDE) surl’économie américaine?

«Les Etats-Unis se remettent len-tement d’une grave récession et,avec une croissance qui devrait res-ter faible pendant un certaintemps, le chômage risque de resterélevé pendant une période relative-ment longue. La politique monétai-re devra continuer de soutenir l’ac-tivité économique, notammentlorsque les mesures de relance bud-gétaire seront retirées. La poursui-te de mesures de soutien cibléessur le marché du travail peut égale-ment être nécessaire jusqu’à ceque la création d’emplois par le sec-teur privé ait regagné son dyna-misme», estime l’«Etude économi-que des Etats-Unis 2010 », publiéele 20 septembre par l’OCDE.

En présentant cette étude àNew York, le secrétaire général del’OCDE, José Angel Gurría, a souli-gné que le soutien apporté par lespolitiques monétaire et budgétai-re demeure nécessaire. L’OCDEprévoit une croissance de 2,6 % duproduit intérieur brut (PIB) en2010 comme en 2011 aux Etats-Unis, après une récession de 2,6 %en 2009. Le taux de chômage ytomberait de 9,7 % au quatrièmetrimestre 2010 à 8,5 % au quatriè-me trimestre 2011. Le déficitpublic reculerait de 10,5 % du PIBen 2010 à 8,7 % en 2011.

2Quelles sont lesprojections du FMI?

Selon ses «Perspec-tives de l’économie mondiale »publiées le mercredi 6 octobre, leFonds monétaire international(FMI) attend une croissance de2,6% aux Etats-Unis en 2010 et de2,3% en 2011.

Cette prévision est inférieurede 0,7 point pour 2010 et de0,6 point pour 2011 à celle publiéepar l’institution internationale aumois de juillet. Cette révision tra-duit des doutes sur la vigueur dela reprise américaine.

3Les Etats-Unis sont-ils le pays développéqui fait le plus impor-

tant effort en matière de recher-che et de développement?

Les dépenses de recherche et dedéveloppement totales des Etats-Unis représentaient 2,77 % de leurPIB en 2009, selon les « Princi-paux indicateurs de la science etde la technologie 2009», del’OCDE et de Natixis.

Les pays développés qui inves-tissent davantage sont la Finlande(3,49%), la Suède (3,75 %) et leJapon (3,50 %). Derrière les Etats-Unis se trouvent notamment leDanemark (2,72 %), l’Autriche(2,67%), l’Allemagne (2,60%),l’Australie (2,10 %), la France(2,02%), la Belgique (1,92 %), leRoyaume-Uni (1,88 %), les Pays-Bas (1,71%), le Portugal (1,51 %) l’Es-pagne (1,35 %) ou l’Italie (1,18 %).p

Pour en savoir plus

La capacité des Etats-Unis à innover demeure intacte, mais les effetsde ce dynamisme ne pourront se faire sentir qu’à long terme

L’Amériquefaceauchocdeladésindustrialisation

Page 31: Le Monde du 03 11

50123Mercredi 3 novembre 2010

Les maisons saisies à vendre sont légion, comme ici à Los Angeles (Californie), le 25 octobre. LUCY NICHOLSON/REUTERS

Quel est l’impact du chômagesur le processus électoral actuelaux Etats-Unis?

YPlus il gonfle, plus ilpousse les gens àdroite. Il accroît la

nostalgie d’un passé où le travailétait acquis, le chômage inexistantet la peur de perdre son emploiabsente. Par ailleurs, la qualité dutravail s’est beaucoup dégradée.Un travail manuel exigeant descompétences, en termes d’auto-valorisation, n’a rien à voir avec unemploi chez Walmart ou McDo.Enfin, les connaissances exigéespar les nouvelles technologiessont perçues comme une menace.Aujourd’hui, on sait que les «bonsemplois» et le mode de vie qu’on aconnus sont bien finis, et en mêmetemps on ne peut pas l’admettre.Cela pousse les salariés soit vers lanostalgie, soit vers la rage.

Ce qui apparaît comme desréactions irrationnelles des Améri-cains est lié à leur sentiment d’in-sécurité. La plupart des salariéssont tellement dans la survie quechacun devient obnubilé par sonavenir personnel. Dans le nou-veau capitalisme, la couche supé-rieure se sent très puissante, maisla masse se sent très menacée. Lapeur est source de fermeture.Dans un moment exceptionnel,Obama s’est fait élire en appelantles gens à cesser d’avoir peur.Mais les difficultés de l’emploi sesont imposées comme l’axe de lavie politique du pays.

L’Amérique découvre-t-ellele «chômage structurel»?

Depuis 2008, j’ai interviewébeaucoup de chômeurs. Ils mani-festent d’abord une tristesse exis-tentielle quand ils constatent quela jeunesse de leurs enfants seramoins bonne que ne fut la leur.Plus que le chômage, l’angoissedes Américains est le sous-emploiqui se généralise. Les salariés ontsi peu de garanties sociales qu’ontrouve toujours des gens pour tra-vailler pour des salaires moindreset des durées plus courtes et flexi-bles. Cela crée un marché du tra-vail où la précarité devient la nor-me. La capacité de passer d’un tra-vail à un autre pour améliorerson statut social est très ample-ment un mythe, mais elle s’inscritdans les croyances américaines.

Bref, ce qui est en train d’êtreexterminé par le capitalisme

financier, c’est l’idée même de car-rière. Or il est un fait statistique-ment vérifié : plus on préservedes emplois de qualité, plus lastructure sociale est résistante ;plus on en perd, plus l’insécuritése développe.

Quel est l’impact de la désindus-trialisation sur les mentalités?

Les gens perçoivent une formede déclin qui leur est très doulou-reuse. Aux Etats-Unis il n’y a plusassez de tissu social pour mainte-nir le lien entre les gens.

D’abord, ici, il n’y a pas deculture du café ou du pub, ceslieux où on entre en relation endehors du monde du travail. Et lesrelations interpersonnelles sontde plus en plus faibles, jusqu’ausein des familles. Un collègue acomparé combien un salarié amé-ricain consacre à sa relation fami-liale : manger ensemble, s’amuserou faire des devoirs avec lesenfants. Eh bien, c’est un tiers dutemps moyen passé par un Euro-péen de l’Ouest. La raison : ici ilfaut deux jobs pour survivre,trois si, comme cela existe de plusen plus, vous n’êtes employé qu’àtemps très partiel.

Je suis issu de la classe ouvrièreblanche. Ces gens, c’est «mon peu-ple ». Ce qui leur advient me rendtriste, mais pas méprisant. Leurssentiments racistes masquentsouvent le fait qu’ils ne parvien-nent plus à contrôler le mondeenvironnant. Or cela n’a rien d’iné-luctable. Dans les années1960-1970, lors des luttes pourabolir la ségrégation raciale, lesouvriers blancs ont fini par bienréagir : ils se sont identifiés aux« victimes».

Aujourd’hui, rien n’est joué.Mais Barack Obama a échoué àoffrir à ces gens un leadership, caril manque du capital culturel quicorresponde à leurs attentes. Il estempli de confiance en lui, il a sur-monté ses expériences de jeu-nesse et a tout réussi. Au début,il a insufflé de l’espoir. Mais il esttrès difficile pour un travailleuraméricain de s’identifier à lui. Leparticularisme américain est ain-si fait que c’est quand vous n’êtespas un parangon de compétenceque vous plaisez à la masse.p

Propos recueillis

par Sylvain Cypel,

(New York, correspondant)

f Sur lemonde. frRetrouvez la version intégralede l’interview de Richard Sennett

Lesbanquiers américainspris au piègedelacomplexitéducircuitdesprêtsimmobiliers

«Lecapitalisme financieraexterminé l’idéemêmedecarrière»Richard Sennett,sociologue à laLondon Schoolof Economics et à la New York University

Parcours

1968 Diplômé de Harvard,Richard Sennett est cofondateurdu Cambridge Instituteà Cambridge (Massachusetts).

1975 Il fonde le New York Institu-te for the Humanities à la NewYork University. Il est égalementprofesseur honoraire à la LondonSchool of Economics.

2010 Ses principaux ouvrages tra-duits sont La Culture du nouveaucapitalisme (Albin Michel, 2006)et Ce que sait la main: la culturede l’artisanat (Albin Michel, 2010).

DR

aaa « Le besoin de désendette-ment est tellement violent auxEtats-Unis qu’il y aura probable-ment moins de 2 % de croissancel’an prochain, juge de son côtéM.Artus. Nous assistons à la fin dumodèle d’économie d’endettementqui était une béquille pour pallierla faiblesse des salaires due à lamondialisationet àla désindustria-lisation.»

La crise accentue aussi des ten-dances de fond: selon les dernièresdonnées de l’institut de sondageaméricain US Census Bureau, l’em-ploi industriel hors construction

nepesaitplusque 11,4%del’emploitotal en 2006 aux Etats-Unis,contre 14 % en France (Insee), alorsquel’Hexagoneest l’undes payslesplus touchés par le reflux de la pro-duction manufacturière.

« Les Etats-Unis sont encore plusdésindustrialisés que l’Europe.L’économie perd des postes quali-fiés dans l’industrie, par exemplechez General Motors, et elle crée despostes peu qualifiés dans les servi-ces, comme chez McDonald’s. Letaux de chômage incluant lesdemandeurs d’emplois qui tra-vaillent à temps partiel et qui cher-

chent un emploi à temps pleinatteint 16 %. Il faut donc recréer desemplois qualifiés : c’est le mêmeproblème qu’en France, à une plusgrande échelle, estime M. Artus.Cependant, les Etats-Unis gardentun atout que nul ne peut leurcontester aujourd’hui : leur capaci-té à innover, à repérer et à financerdes idées géniales dans le domainede l’information, de l’énergie, de labiotech ou des nanotechnologiesqui créeront de l’emploi à l’avenir.Mais cela prendra beaucoup detemps. » Et cela nécessiterait uneffort de formation colossal.

D’autres voies, plus radicalesmais plus rapides, pourraient êtreempruntées. Les déséquilibrescommerciaux avec la Chine sont àleur sommet, souligne AlbertEdwards, stratégiste de la Sociétégénérale : « Le refus de la Chine deréévaluer sa monnaie rend de plusen plus probable un renforcementgénéralisé des barrières douaniè-res américaines. » La confronta-tion est de plus en plus envisagea-ble, si les pays du G20 échouaient às’entendre réellement. p

Adrien de Tricornot

et Mathias Thépot

LA TIMIDE reprise entamée par lemarché immobilier américain setrouve à nouveau contrariée parle scandale des saisies immobiliè-res irrégulières qui a éclaté en sep-tembre, mois qui voyait347 420 procédures en cours.Selon la banque de données Real-ty Trac, un propriétaire américainsur 371 se trouve ainsi aujourd’huien procédure de saisie.

A la suite de plaintes de plu-sieurs propriétaires, de grands prê-teurs et ordonnateurs de saisiesenvers leurs clients défaillantsont reconnu que leurs procédurespouvaient être entachées d’irrégu-larités. Bank of America qui, en2008, a racheté Countrywide, pre-mier prêteur immobilier, a prisles devants et suspendu ses procé-dures dans l’ensemble des Etats. Asa suite, JP Morgan Chase, numé-ro trois américain du prêt hypo-thécaire, a gelé 56 000 demandesde saisie et Ally Financial a fait demême. En revanche, Wells Fargoet Citygroup, eux aussi dans le col-limateur, n’ont rien stoppé dutout. Les 11 millions de saisies pas-sées – y compris pour les 2,5 mil-lions de foyers américains qui ontdéjà perdu leur maison –, en cours

et à venir sont désormais suspec-tes de tels vices de forme, voire defraudes. Lundi 25 octobre, Ben Ber-nanke, président de la Réservefédérale (Fed), a indiqué qu’il dili-gentait une enquête, dont les pre-miers résultats devraient êtreconnus mi-novembre.

La chaîne télévisée communau-taire philippine Balitang Americarapporte ainsi le cas de ManuelReyes. Ce propriétaire à San Jose,en Californie, a payé rubis sur l’on-gle toutes ses mensualités, mais aété traumatisé par un courriercomminatoire de la Wells Fargo luiréclamant 4000dollars de préten-dus impayés, sous peine de saisie.

IrresponsabilitésLes banquiers sont piégés par le

système qu’ils ont eux-mêmesmis au point, qui multiplie lesintermédiaires, de la vente initialedu prêt jusqu’à son terme. Un cour-tier place le prêt et touche sa com-mission, sans se préoccuper del’adéquation du type d’emprunt àl’opération, ni de la solvabilité del’emprunteur. Cela explique pour-quoi des prêts particulièrementcomplexes ont été vendus en mas-se à des personnes à risques par

des courtiers totalement dérespon-sabilisés, dont beaucoup ont men-ti sur les ressources réelles desclients, pour mieux faire passer lesdossiers. Le banquier prêteurconfie dès lors la gestion du prêt àune autre société appelée «loanservicer». La dette ainsi constituéeest ensuite vendue titrisée,c’est-à-dire regroupée avecd’autres dettes, et transformée enobligations qui peuvent êtrecotées, par exemple, à la Bourse deDublin, en Irlande, puis rachetées,comme un investissement, pardes particuliers, des fonds de pen-sion… Au terme de ce long proces-sus, on ne sait plus qui est le vérita-ble détenteur de la créance.

Face au flot d’incidents de paie-ment (environ 14 % des emprun-teurs sont en retard de rembourse-ment, selon l’Association des prê-teurs immobiliers, et jusqu’à 24 %dans certains Etats comme leNevada), les banques ont confiéles procédures de recouvrement àdes sociétés spécialisées, payées«au dossier » et peu regardantessur l’authenticité des documents.Le système électronique de trans-mission des titres hypothécairesserait notamment en cause dans

de nombreuses erreurs d’imputa-tion de dettes. « Il n’existe pas, auxEtats-Unis, de fichier immobilierofficiel des propriétaires et de leurscréanciers. Des compagnies d’assu-rances privées dites "title compa-nies", telle First American, sontchargées de signaler, par un "lien",les incidents de paiement auprèsdes comtés qui informent les éven-tuels acheteurs et créanciers. Or,nombre de ces assureurs ne sontpas toujours en mesure de vérifierla réalité de la dette, du fait de lamultitude des transferts de titres »,estime Alain Silverston, directeurde LBCondo, gérant de coproprié-tés à Los Angeles et auteur d’unblog sur l’immobilier sur le siteInternet Lemonde.fr.

« La perte du lien contractuelentre banquier et emprunteur arendu impossibles des négocia-tions qui auraient permis aux pro-priétaires de conserver leur toit »,analyse Bernard Vorms, directeurde l’Agence nationale d’informa-tion sur le logement (ANIL). Le pré-sident Barack Obama a bien incitéà la renégociation des prêts, maiselle n’a pu être mise en œuvre quedans quelques milliers de cas.p

Isabelle Rey-Lefebvre

2000 2002 2004 2006 2008 2010

Indice total Attentes Jugementsur le présent

Indice ISM avancé de quatre mois,en points (échelle de gauche)Production industrielle, variation sur un an en %(échelle de droite)

2001 02 03 04 05 06 07 08 09 2010 2001 02 03 04 05 06 07 08 09 2010 2000 0201 03 04 05 06 07 08 09 10 2011

a CONFIANCE DES MÉNAGES AMÉRICAINSjanvier 1966 = 100 points

SOURCES : THE CONFERENCE BOARD, CRÉDIT AGRICOLE

0

200

20

40

60

80

100

120

140

160

180

a PRIX DE L’IMMOBILIERindice S&P/Case-Shiller des vingt premières villesaméricaines, variation sur un an en %

– 20

– 16

– 12

– 8

– 4

0

20

4

8

12

16

a DÉFICIT COMMERCIALMENSUELAVEC LACHINEen milliards de dollars(corrigé des variations saisonnières)

– 30

– 25

– 20

– 15

– 10

– 5

0

a CROISSANCE ET INDICATEURS AVANCÉS(indice ISM des directeurs d’achats)

30

35

40

45

50

55

60

65

70

– 15

15

10

5

0

– 5

– 10

SOURCES : STANDARD & POOR’S & FISERV SOURCES : DATASTREAM, SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SOURCES : ISM, RÉSERVE FÉDÉRALE, CRÉDIT AGRICOLE

Périodesde récession Périodes

de récession

Contraction

Expansion

DossierEconomie

Page 32: Le Monde du 03 11

6 0123Mercredi 3 novembre 2010

Venant de Londres oùil dirigeait la filialeanglaise, NicolasMoreau a été nom-mé début octobre àla tête d’Axa France.

Arrivant d’un pays où la souscrip-tion de contrats se fait majoritaire-ment via Internet, il entend déve-lopper ce mode de distributionpour l’assurance auto, tout endéveloppant son réseau d’agentsgénéraux qui réalise 65 % du chif-fre d’affaires d’Axa France en dom-mages. Deux objectifs apparem-ment contradictoires.Comment s’expliquel’engouement des Britanniquespour la vente directe?

Cela tient à la structure du mar-ché, très concurrentielle. Contrai-rement aux assurés français, dontle contrat est reconduit tacite-ment s’il n’est pas dénoncé deuxmois avant son expiration, les Bri-tanniques sont couverts unique-ment pendant un an. L’assuré doitdonc souscrire chaque année unnouveau contrat, ce qui intensifiela compétition entre la centaine decompagnies d’assurances.

La vente directe par téléphoneet Internet a commencé à la fin desannées 1980. Les assureurs propo-sent des contrats autos, habita-tions ou voyages moins chers queles offres traditionnelles. Aujour-d’hui, 60 % des ventes nouvellesd’assurances automobiles se fontvia Internet, alors qu’en France cen’est pas significatif. A peine quel-ques pour cent.Comment Internetchange-t-il la donne?

Le changement de mentalitésest venu avec le développementdes comparateurs. Les Britanni-ques ont pris l’habitude d’aller surces sites pour tester toutes lesoffres, que ce soit pour les servicesbancaires, le gaz, l’électricité, l’eau,le téléphone ou les assurances. Deplus, de nombreuses données per-sonnelles étant préenregistrées, ilfaut peu de temps pour être fixé.Nous avonsainsi conçu en Grande-Bretagne un questionnaire en cinqpoints auquel il faut à peine uneminute pour répondre.Ce type d’offre est-iltransposable en France?

Lemarché françaisest trèsdiffé-rent. Les comparateurs sont toutjuste naissants et les consomma-teurs n’ont pas encore le réflexe deles utiliser. De plus, cela nous obli-gerait à créer un produit spécifi-que à bas prix, ce que nous ne sou-haitons pas faire pour l’instant.Nous avons décidé d’utiliser notremarque sur Internet, forts denotre position de deuxième assu-reur automobile avec 15 % du mar-ché, derrière la Macif.N’est ce pas étrange,

au moment où vos concurrentsjouent le jeu des comparateurs?

Pas du tout. Nous devons tenircompte de notre réseau de3 630 agents généraux, le plusimportant de tous les assureurs. Ornous sommes face à deux logiquesdifférentes.Pourêtresuruncompa-rateur, il faut proposer un produitd’appel, qui peut être complété pardesoptionsselonlesbesoinsdecha-cun. L’agent d’assurance ou le cour-tier, lui, procède de manièreinverse. Il propose un contrat d’as-surance souvent très complet quipeut s’adapter aux besoins duclient, en enlevant des options.

Nos concurrents qui utilisentles comparateurs n’ont sans doutepasmesurélesconséquencesnéga-tives de ces produits à bas coûts,proposés sous une même marque,pour leurs réseaux. Ceux qui l’ontperçu, comme Groupama, ont lan-

cé une autre marque sur Internet.Mais nous n’avons pas non pluschoisi cette voie.Quel est votre modèle?

Nous avons décidé de nous ins-pirer des opérateurs de téléphoniemobile. Début 2009, nous avonslancé une offre auto sur notre siteInternet axa.fr permettant auxinternautes de souscrire directe-ment en ligne leur assurance auto-

mobile. Leur offre est transmise àl’agent le plus proche de chez eux,qui devient alors leur interlocu-teur. Ils ont donc une boutique pasloin de chez eux, comme SFR, Bou-ygues ou Orange. Ils choisissentsoitdetraiterleur dossier parInter-net ou par téléphone, soit d’avoirun interlocuteur physique. Cetteoffre sur le Net a généré, depuis ledébut2010,14000 affairesnouvel-

les.3000 ontétésouscritesdirecte-ment et 11 000 contrats l’ont étédans les agences. Cela représente12% de nos nouveaux clients auto.Quelles étaient les raisonsde la grève des agents générauxà laquelle vous avez été confron-té dès votre arrivée?

Le malaise des agents générauxest venu notamment du fait quenous avons augmenté nos tarifs

de 4 % en moyenne cette année.Dans le même temps, nous avonsréinstauré une franchise sur lesbris de glace, après avoir constatéquedes sociétésprestataires deser-vices avaientpoussé lesautomobi-listes à changer ou à réparer leurspare-brise aux frais de leur assu-reur.

Nous avions aussi réduit lesenveloppes commerciales desagents, ce qui les a pénalisés car ilsne pouvaient pas faire de gestescommerciaux. Nous venons designer avec eux un accord leur per-mettant notamment de disposerde nouvelles marges de négocia-tions pour gérer les augmenta-tions tarifaires de 2011.L’accord évoque-t-il votredéveloppement sur Internet?

Oui. En juin 2011, nous ferons lepoint sur l’expérience en coursafin de concevoir des points d’ac-cueil pour le grand public en trans-formant des agences. Je pense que1 000 agents seront intégrés danscette démarche.Quelles sont vos autres pistesde réflexion?

Nous travaillons sur les maniè-res de dédommager au mieux lesassurés car nous avons constatéune évolution de leurs demandes.Ils préfèrent en cas de sinistre uneréparation plutôt qu’un dédom-magement financier. Nous allonsdévelopper ce type de service ennous inspirant des sociétés d’assis-tance.C’est un des chantiers priori-taires que je compte aussi menerrapidement.p

Parcours

1991 Diplômé de l’Ecolepolytechnique et du Centred’études actuarielles de Paris,Nicolas Moreau rejoint ladirection financière d’Axa.

1999 Participe à la fusion avecl’UAP et devient directeur desopérations puis directeur générald’Axa Investment Manager.

2006 Prend la direction généraled’Axa UK.

2010 Il est depuis octobredirecteur général d’Axa France.

STÉPHANE LAVOUÉ/MYOP POUR LE MONDE

ALORS QUE l’utilisation d’Inter-net gagne tous les aspects de la viequotidienne, la souscription d’uncontrat d’assurance échappe enco-re à cette évolution. Sa part est sifaible, comparée aux autresmodes de distribution, qu’elle estdifficilement quantifiable, repré-sentant environ 4 % de l’ensemblede contrats vendus en auto, habi-tation ou santé.

Pour bousculer ce marché ouau moins le faire frémir, les initia-tives se multiplient depuis ledébut de l’année avec l’arrivée denouveaux comparateurs en ligne,comme LeLynx.fr, filiale du leaderbritannique confused.com en jan-vier et Automotocompare.fr, créépar TF1 en septembre. Le groupeFigaro a, de son côté, lancé en octo-bre un courtier en ligne cplus-sur.com qui arbitre entre lesmeilleures offres.

« L’assurance reste l’un des der-niers bastions dans lequel les gensne pensent pas spontanément àcomparer les offres, pour eux, cen’est pas naturel », constate DianeLarramendy, directrice marketingde LeLynx.fr. Elle s’appuie sur uneétude réalisée pour sa société parTNS constatant que 69 % des Fran-çais n’ont pas comparé leurcontrat d’assurance automobiledans les douze derniers mois. « Lemoment est particulièrement pro-pice pour le développement descomparateurs car nous sommesrevenus dans des périodes de haus-se des tarifs auto », ajoute-t-elle.

Ce sentiment est relativisé parStanislas Di Vittorio, fondateurd’Assurland, l’un des plus ancienssites français, créé voici dix ans :« Nous avons connu des marchésen hausse ou en baisse, mais celan’a jamais eu d’impact sur notre

activité. » Fort de son expérience,Assurland, qui revendique 80 %du marché en ligne – le reste étantréparti entre des sites commeKelassur et Hyperassur – se veutprudent quant au rythme de déve-loppement. « L’évolution ne sefera pas du jour au lendemain carl’assurance n’est qu’une petite par-tie de la vie des gens », ajoute-t-il.

Des experts plus crédiblesCela ne l’empêche pas de partici-

per à d’autres initiatives, commela création d’Automotocompa-re.fr, la chaîne qui compte sur sonémission «Automoto» pour ledévelopper. Ce site est une copied’Assurland. « TF1 gère le trafic et ledéveloppement de la publicité ;nous garantissons la mise en placetechnique et la gestion de la plate-forme», explique M.Di Vittorio.

Pour Cyrille Chartier-Kastler,

président du cabinet de conseilFacts & Figures, « l’émergence descomparateurs bouleversera lemode de distribution de l’assuran-ce dans les années à venir ».

Il insiste sur leur légitimité ana-logue « à celle de la FNAC quandelle propose des études comparati-ves sur des appareils photo. Sesarguments sont plus crédibles queceux avancés par les fabricants. »

Cet expert relève une autre évo-lution sur Internet, celle du «pushe-mailing» « consistant à acheterdes adresses Net et à envoyer desmessages publicitairespour sous-crire des assurances ». Pour CyrilleChartier-Kastler, si ce marché n’enest qu’à ses débuts, c’est une « véri-table révolution silencieuse » desmodes de distribution qui se profi-le. Mais cela nécessitera énormé-ment de moyens financiers.p

D.G.

Lescomparateurs pourraient changer ladonne

Activité Axa France, qui emploie15000 personnes, a réalisé en2009 un résultat net de 1,26 mil-liard d’euros pour un chiffre d’af-faires de 23,9milliards répartisentre «vie individuelle» (10,2 mil-liards), «vie collective» (7mil-liards), dommages particulierset professionnels (4,1milliards),et dommages entreprises(2,6milliards).

Parts de marché Second assu-reur automobile français, Axaassure 4,4 millions de véhicules

particuliers (3,9millions d’auto-mobiles, 510000 motos et cyclo-moteurs), plus 650000 véhiculesde flottes d’entreprise.

Les agents généraux Au nombrede 3630, ces indépendants ayantun contrat exclusif avec Axa réali-sent 31% du chiffre d’affaires del’assureur : 18% en assurancesde personnes et 65% en domma-ges et responsabilité civile. C’estle premier réseau devant celuid’Allianz (2100 personnes)et d’Aviva (1000 personnes).

Propos recueillis par Dominique Gallois

NicolasMoreau, directeur général d’Axa France, veut développer enFrance la vente d’assurances en ligne, qui a déjà conquis le Royaume-Uni

«Notre offre sur le Neta généré14000 nouveaux contrats»

4,4 millions de véhicules particuliers assurés

EconomieStratégie

Page 33: Le Monde du 03 11

[PAGE: MONDE_ECO - MONDE_ECO - 7 - 03/11/10] [IMPRIMEE LE: 29/10/10 17:45 PAR: MOREL] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL

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Page 34: Le Monde du 03 11

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Page 35: Le Monde du 03 11

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Année après année, conjoncturerevêche ou flatteuse, le constat estidentique : les métiers à forte tonalité

commerciale sont toujours au sommet de lahiérarchie des besoins des entreprises. Enpériode délicate, il faut maintenir un courantd’affaires indispensable à la pérennité de lasociété. En période de reprise, il faut sepositionner au mieux dans la course auredémarrage des commandes. En périodefaste, il faut batailler avec une concurrencealléchée par de nouvelles opportunités.Concrètement, le cadre de terrain, par sonvolume de ventes ou les relations et lesoutien commercial qu’il apporte au client,reste au coeur des préoccupations desmanagers.

Tous les indicateurs, et plus particulièrementceux de l’APEC, l’indiquent clairement : cesont les fonctions commerciales qui ont lemieux résisté aux restrictions d’embauchesde ces derniers temps. Et tout indique aussique ce sont ces spécialités qui repartent leplus rapidement au premier frémissementde la conjoncture. Les forces de vente,quelles que soient leurs spécialités, sont lenerf de la guerre. C’est particulièrement le casdans l’univers de la grande consommation.«Paradoxalement nos commerciaux nevendent rien : la distribution du tabac estun monopole en France. La fabrication alieu dans notre usine en Allemagne etpourtant, les cadres commerciaux ont unrôle essentiel dans la marche del’entreprise : ils assurent la promotiondes nos marques, ils sont les conseils despoints de vente en matière de gestion destock, de PLV, d’action promotionnelle. Ilsassument aussi les responsabilités desuiv i des marchés et de vei l leconcurrent ie l le» exp l i que Den i sRouquayrol de Boisse, directeur desressources humaines de Japan TobaccoInternational, le géant du tabac , 3°entreprise mondiale de son secteur, qui gèrel e s marques Came l , Win s ton e tBenson&Hedges. L’entreprise dont le siègeest en Suisse prévoit de recruter 50personnes pour densifier son réseau maisaussi pour faire face au traditionnel turn-over du secteur des biens de grandeconsommation.

De fait, il semble que depuis la rentée, lecourant de recrutements retrouve du tonus.Mais si les embauches reprennent, si lesgrands groupes réinvestissent dans destalents, les critères d’exigences, la formationde base retrouvent une place importante.Les entreprises attendent de leurscommerc iaux qu ’ i l s réa l i sent desperformances économiques dans lesmeilleurs délais. La religion du chiffred’affaires, de la marge et du profit restel’objectif final. On demande aujourd’hui aucommercial d’être plus complet. Il doitmaîtriser l’ensemble des produits proposés,cerner la concurrence, sentir les évolutionsdes marchés... en un mot être l’interface del’entreprise avec le marché. Pas si évidentdans un contexte où les coûts d’acquisitiond’un client sont de plus en plus lourds.

La vente conseil est toujours indispensable.Mais faire du business l’est encore plus. Uncadre contraignant mais qui offre aux plusdéterminés la possibilité de faire de belles etsouvent très fructueuses carrières. «Lecaractère très attractif de nos métierstient largement à la part variable quipermet aux meilleurs des gains financierstrès élevés. C’est d’autant plusintéressant s’ils sont adossés à un groupepérenne et puissant qui leur offre desurcroît, après un passage dans lacommercialisation comme conseillerimmobilier et financier,des passerelles versles métiers de l’administration de biens»noteCaroll Le Fur,directrice dudéveloppementdes ressources humaines de Foncia, la filialeimmobilière de Banque Populaire-Caissed’Epargne dont les 600 points de venteemploient 7 000 personnes en France.

La variété des fonctions permet, on l’ignoretrop souvent, une réelle diversité desparcours. Quand dans l’industrie on travaillesur des contrats à long terme, on jongle avecdes rythmes plus courts dans les services.Nos experts considèrent qu’il n’y a pas defonction type. La responsabilité de produitséqu i va l en t s i ndu i t de s pa rcou r sprofessionnels très différenciés selon lasociété. En revanche, le point commun c’estque le simple talent commercial, s’il estindispensable, n’est plus suffisant. Il faut

dans ces fonctions savoir créer de la valeur.Concrètement prendre en compte lesbesoins des clients. C’est particulièrement lecas dans des activités comme l’assurance,qui à l’instar de la grande distribution, del’énergie, les banques ou des télécoms,regarnissent leurs effectifs. «Dans uneactualité qui nous a souvent placé aucoeur des débats - les catastrophesnaturelles, la retraite, la dépendance -nous avons l’ambition d’augmenter notreforce de vente et notre présencecommerciale sur tout le territoire enélargissant nos équipes dans nos différentsréseaux.Cela se traduit par une capacité derecrutements de 1 800 commerciaux. Sousdifférents statuts : les conseillers clientèlesqui sont des salariés, les agentsmandataires, les agents généraux et enfinles spécialistes patrimoine et prévoyance.Chacun étant adapté à des besoinsspécifiques de nos clients» souligne Marie-Carole Lecercle, directrice du recrutement chezl’assureurAXA France.

Cela dit, pas facile pour les jeunes diplômés des’inscrire dans ces parcours alors que les vraiscycles de formation de vente, de commerce nesont pas légion. C’est d’ailleurs la seule grandefonction de l’entreprise qui est encore ignoréedans le cycle de l’enseignement universitaire.Sauf quand les entreprises nouent despartenariats spécifiques avec certainsétablissements du supérieur. C’est le cas pourFoncia avec l’ESC Pau ou pour Japan Tobaccoqui a construit des relations avec des écolescibles comme ESC Montpellier, EDHEC Lille,ESCAE ou l’ESCG.

Si pour pousser la porte des fonctionsmarketing ou management le meilleursésame est souvent un parcours réussi dansle commercial, nos experts ne cachent pasque le passage est rugueux. Les commerciauxsont toujours jugés sur des objectifs et desrésultats. Dans ces fonctions, il n’y a pas deparavents. Il faut nourrir l’entreprise decontrats, d’opérations ou de ventes. Maisquand on y réussit c’est incontestablementun marchepied vers des fonctionsmanagériales ou l’assurance de bellesrémunérations.

L. PM

Commerciaux

Le marché

: C’est actuellement le segment le plus dynamique du marché de l’emploi.: En phase de reprise, la fonction commerciale est la première à bénéficier

des soins des directions générales.: C’est une expérience très appréciée par les managers au moment de la

sélection des jeunes talents à promouvoir.: Les PME comme les filiales de groupes étrangers qui cherchent à développer

leurs opérations en France n’hésitent pas à recruter des seniors qui ont unesolide expérience sectorielle ou un bon carnet d’adresses.

: Les entreprises ont tendance en phase de reprises des activités à donnerla priorité aux postulants ayant une solide première expérience. Cela réduit lesopportunités offertes aux jeunes diplômés.

: Les grands groupes sont tentés en phase de reprise de donner la prioritéaux diplômes sur la vocation et le sens du terrain.

Les secteurs

: Les locomotives : banque, assurance, télécommunications mais aussi lesPME/PMI qui ont besoin de revenir sur lemarché après le long tunnel de la crise.

: L’arrivée en force des PME/PMI sur le marché du recrutement pour lesfilières commerciales ne concerne pas directement les jeunes diplômés.Ces entreprises donnent la priorité aux profils confirmés et aux postulantsdirectement opérationnels.

Rémunérations

*Foncia : Proche de 40K€ pour un bon commercial. La rémunération n’est pasplafonnée et donc très motivante.*AXA : Pour les salariés commerciaux : Fixe moyen au bout de 1/2 ansd’expérience = 30K€ + commissions non plafonnées + intéressement etparticipation + voiture de fonction.

*Japan Tobacco International : Politique de rémunération fondée sur étudede cabinet externe. Toujours dans le 3° quartile des 25 meilleures de lagrande distribution. Pour un bac +2/3 26K€ à l’embauche. 30K€ après un and’expérience + variable non plafonné + voiture et outils télécom nomades +actionnariat + participation + abondement (3 500 €/an).

Bonus Malus

: Sauf marché franco-français, la maîtrise de l’anglais est un impératif pourune carrière commerciale digne de ce nom.

: Le commercial fait partie des «exceptions françaises». C’est l’une des raresfonctions où le diplôme ne marque pas pour la vie. Après un bon début decarrière et des résultats tangibles le rang de l’école est oublié.

: La mobilité est un impératif difficilement contournable.

Les commerciaux, des fonctions tropmal connuesLa perspective d’une sortie de crise devrait redonner du tonus aux fonctions commerciales. Cette filière qui soutient traditionnellement le marché del’emploi des cadres est néanmoins devenue plus exigeante. Le caractère opérationnel des profils est de plus en plus marqué. Ce qui restreint le cercle desentreprises auxquelles les jeunes diplômés peuvent s’adresser à celles qui ont les moyens de former et faire évoluer leurs recrues.

«Les consultants immobiliers et financiers qui sont

en charge chez Foncia des transactions immobilières

-15% de nos activités globales- doivent avoir, quelle

que soit leur formation initiale, un profil indépendant.

Je dirai que ce sont des fortes personnalités dotées

d’un caractère d’entrepreneur et surtout de beaucoup

d’énergie. Ils doivent réaliser du chiffre d’affaires

mais la dimension de conseil est forte car nous avons

d’autres activités, notamment les solutions de prêts

de notre maison mère, la BPCE, qui exigent une vision

globale de l’attente du client. Nos services vont de la

définition du projet immobilier jusqu’à l’acte notarié.

Une de nos particularités est d’offrir aux bac +2 un

cycle de formation en alternance d’une durée de 7 mois

qui débouche sur un diplôme reconnu par la profession.

Nous avons par ailleurs créé “l’Institut International de

l’Immobilier “ en partenariat avec l’ESC Pau pour des

bachelors et masters spécialisés qui peuvent conduire

aux fonctions de management - Directeur d’agence- et

aux métiers de la gérance locative et de la copropriété.

Au total, nous prévoyons 600 recrutements dont 150 sur

ces profils commerciaux.»

Caroll Le Fur

Directrice du développementdes ressources humaines

Foncia

«Les métiers de l’assurance sont insuffisamment connusdu grand public, ce qui n’incite pas aux vocations.Même si je note que l’actualité récente a ouvert notreprofession au grand public et que le regard change.AXA France compte près de 36 000 acteurs, si l’on yinclut les indépendants, devra recruter 1 500 personnesdans ses métiers commerciaux pour accompagnerson déploiement territorial. Nous recrutons pourl’ensemble de nos réseaux. Celui des conseillersclientèle qui analysent avec les clients leurs besoins encouverture retraites, prévoyance, en produits financiersou complémentaires santé. Ce sont des postes en CDIque nous proposons à de jeunes diplômés bac +2 àqui nous délivrons 7 semaines de formation ou à desbac/bac +1, via l’alternance qui obtiennent le diplômede conseiller en assurance reconnu par la FédérationFrançaise des Sociétés d’Assurance. Ensuite, celui desagents généraux exclusifs qui sont des entrepreneursdisposant d’agences avec pignon sur rue dans toute laFrance et qui commercialisent toute la palette de nosoffres tant sur une clientèle de particuliers, que surdes professionnels ou des entreprises. Il y a égalementles agents Prévoyance & Patrimoine. Ce sont desindépendants, spécialisés dans l’approche patrimonialedes clients ; ils travaillent beaucoup en collaborationavec des juristes et des fiscalistes.»

Marie-Carole Lecercle

Directrice du recrutementAXA

L’assurance offre des jobsmal connus du grand publicMarie-Carole Lecercle

On propose des métiers,mais aussi des formations,qui mènent vers le siègeDenis Rouquayrol de Boisse

L’implication personnelle nes’apprend pas à l’école

Caroll Le Fur

Lundi 8 novembre : Ingénieurs

«Nos activités évoluent dans un environnement

globalement stable mais où nous avons les plus

belles progressions en parts de marché. Le rôle de nos

commerciaux dont la moyenne d’âge est de 30 ans,

est de faire la promotion de nos 3 marques (Camel,

Winston, Benson&Hedges) auprès des débitants et des

revendeurs. Ils jouent un rôle de conseil très important.

Ils doivent aussi assurer le suivi des marchés et une

veille concurrentielle. L’encadrement est assuré par des

chefs de vente qui managent un district et répondent

à une direction régionale qui dépend de la direction

des opérations. Tous ces cadres font du terrain avant

d’intégrer les départements marketing, financier,

etc. A tous, nous proposons un métier mais aussi une

formation. Soit via notre académie des ventes où

pendant 18 mois les cursus commerce, merchandising,

marketing et finance sont délivrés par séquence. Soit via

le cycle promotion espoir où ils disposent de 20%de leur

temps pour se préparer à des fonctions de management

en France ou à l’international. Certains bénéficient, au

frais de l’entreprise, des cycles de l’INSEAD ou de l’IMD

Lausanne. La moitié de nos managers sont issus des

fonctions commerciales.»

Denis Rouquayrol de Boisse

DRHJapan Tobacco International

Page 36: Le Monde du 03 11

[PAGE: MONDE_ECO - MONDE_ECO - 10 - 03/11/10] [IMPRIMEE LE: 29/10/10 17:45 PAR: MOREL] [COULEUR: Composite] PLAQUE : B-BERLIN-SL

10/LEMONDE/MERCREDI 3 NOVEMBRE2010 REPRODUCTION INTERDITE

Autorité publique indépendantecréée par la loi du 8 décembre2009, l’Autorité de Régulationdes Activités Ferroviaires (ARAF)

est chargée de concourir au bon fonctionnement du servicepublic et des activités concurrentielles de transport ferroviaire.Elle veille en particulier à ce que l’accès aux capacitésd’infrastrutures sur le réseau et aux différentes prestationsassociées soit accordé de manière équitable et nondiscriminatoire.

Chargé de mission h/f

Spécialisé en droit des marchés et de la régulation

L’ARAF est constituée de trois directions : la direction del'accès au réseau, la direction de l'audit comptable et ladirection des affaires juridiques (DAJ), chargée de tous lesaspects juridiques de l'activité de l'Autorité tout en étant legarant de la sécurité juridique de ses décisions.Ainsi, la DAJ conseille et assiste les autres directions surl'ensemble de leurs missions. En outre, elle assure la conduitedes procédures de demandes d'avis, de règlement desdifférends et de sanctions, la régularité des procéduresd’enquête, la conduite des dossiers contentieux, les relationsjuridiques avec l’Autorité de la concurrence, les relations avecles conseils juridiques extérieurs, etc.Dans un esprit de maîtrise des risques juridiques et de forteréactivité, vous participez en tant que chef de projet ou en tantque support à l'ensemble des missions de la direction desaffaires juridiques.Vous élaborez des analyses juridiques sur l'application desdispositions législatives et réglementaires applicables ausecteur ferroviaire.Disposant d’une expérience de juriste d’au moins 7 à 8 ans,vous êtes un spécialiste en droit de la régulation, notamment surl’ouverture à la concurrence des industries en réseau (commu-nications, énergie, …) avec soit une dominante en droit public,soit en droit privé. Dans le premier cas, vous avez idéalementune expérience au sein d’un opérateur historique ou dans uneentreprise publique. Dans le deuxième cas, vous avez idéa-lement une expérience chez un opérateur « nouvel entrant ».Vous souhaitez vous impliquer sur un secteur en pleineévolution ? Rejoignez-nous ! Poste basé au Mans/Paris.

Merci de postuler via notre site www.mercuriurval.com ou parcourrier à Mercuri Urval, Charles Pouvreau, Directeur des

Affaires Publiques, 27-29 rue des Poissonniers,92522 Neuilly-sur-Seine Cedex.

Référence FR131.00653

Retrouvez notre prochainrendez-vous rédactionnel« Collectivités Territoriales »dans

le LUNDI 22 NOVEMBRE*

0123des CARRIÈRES PUBLIQUESLe rendez-vous hebdomadaire des offresd’emploi des Cadres de l’Administration.

Pour insérer vos annonces derecrutement dans la rubrique,

contactez le : 01.57.28.39.42Fax : 01.57.28.39.20

ou adressez vos annonces par mail :[email protected]

*daté mardi 23 novembre.

La ville de Paris a créé, par délibération du conseil deParis des 16 et 17 juillet 2007, modifiée par délibéra-tion du 1e et 2 octobre 2007, une régie disposant del’autonomie financière et de la personnalité morale,intitulée “Maison des pratiques amateurs” (MPAA),établissement culturel situé au 4 rue Félibien, dans le6e arrondissement

Missions de l’établissement :L’établissement public «Maison des Pratiques Artis-tiquesAmateurs» (MPAA) a pourmissions :• de soutenir, valoriser et encourager la pratique ar-tistique en amateur, dans tous les domaines des artsvivants que sont la musique, le théâtre, la danse, lesarts du cirque et dans tous leurs modes d’expression.L’ouverture sur d’autres formes d’expressions artis-tiques, notamment les arts visuels, est à rechercher,notamment en lien avec les arts vivants.• d’être un pôle ressources de référence pour les pra-ticiens amateurs ;• d’organiser des formations et de susciter des ren-contres entre praticiens amateurs, formateurs et pro-fessionnels;• de promouvoir ces pratiques, les faire connaître etprésenter au public parisien des spectacles réaliséspar des amateurs et des professionnels sollicités pouraccompagner ceux-ci dans ces projets artistiques;• de mettre à disposition des compagnies, groupeset troupes de pratiques amateurs dans tous les do-maines des arts vivants, des lieux de travail et de ré-pétition.• Plus généralement, la MPAA a pour objet d’être unlieu ouvert aux compagnies, groupes et troupes depratiques amateurs dans tous les domaines des artsvivants, sur le territoire parisien, reconnu comme tel.

La MPAA est destinée également à prendre sous satutelle et à coordonner de nouveaux lieux de pra-tiques amateurs dédiés également aux arts vivants,à Paris, en cours de réalisation ou prochainementréalisés. Ces nouveaux lieux seront implantés dansdifférents quartiers de Paris au cours des prochainesannées, notamment : les Halles (1er arrondissement)et Broussais (14er arrondissement), Le premier de cessites ouvrira ses portes en mai 2011 dans le quartierSaint-Blaise (20e arrondissement).

L’établissement public est sous la tutelle de la villede Paris et son budget 2010 représente 1,4 millionsd’euros.

Description de l’établissement :La MPAA comprend un équipement situé dans lemarché Saint-Germain, 6, rue Félibien (6e). Les lieuxconsistent en un auditorium de 355 places agencéesen gradins et comportant une régie équipée, un pla-teau de 140 m², un espace vestiaire et un foyer de100 m² destiné à accueillir et orienter le public. Desbureaux accueillent l’équipe d’administrative et tech-nique de l’établissement.Les nouveaux lieux de pratiques créés au cours de lamandature et répartis sur le territoire parisien vontpermettre d’élargir l’action de la MPAA puisqu’elle estdestinée à gérer cet ensemble de locaux.

Missions du directeur (trice) :• Sous l’autorité du conseil d’administration, présidépar l’adjoint aumaire de Paris pour la culture,de repré-sentants de la ville de Paris et de personnalités quali-fiées, le (la) directeur (trice) aura pour missions de :• fixer les orientations artistiques et culturelles del’établissement ;• poursuivre et enrichir l’inventaire des compagnieset collectifs d’amateurs à Paris, afin de permettre lepartage et la mise en relation des initiatives, dans tousles domaines des arts vivants. La mise en place d’ou-tils de valorisation de la richesse du secteur amateurconstituera une de ses priorités ;• élaborer une programmation d’ateliers de création,en favorisant la coopération entre artistes profession-nels et collectifs d’amateurs. Cette action pourra êtrenotamment accompagnée d’une politique de com-mande d’œuvres;• piloter la préfiguration puis la gestion et l’animationde nouveaux lieux de pratiques amateurs en lien avecle tissu associatif et les acteurs locaux, en veillant toutparticulièrement à assurer l’ancrage de ces nouveauxespaces dans le tissu culturel local;• mener des actions de collaboration avec les institu-tions culturelles parisiennes ;• établir une stratégie de développement des publics;• gérer l’établissement dans l’ensemble de ses com-posantes, artistique, administrative et comptable et

assurer l’encadrement des personnels;• Il animera une équipe d’une douzaine de personnes,avec lesquelles il tracera les perspectives de dévelop-pement des pratiques artistiques en amateur.• Il (elle) est désigné(e) par le conseil de Paris, sur pro-position du maire, puis nommé (é) par le président duconseil d’administration pour une durée de trois ans.

Profil recherché :Les candidat(e)s devront pouvoir justifier :• d’une expérience significative de conduite de projetartistique et/ou de direction d’un établissement im-portant dans le secteur culturel ;• d’une compréhension fine des enjeux de la créationet de la pratique artistique des amateurs.Compte tenu de la forme juridique de la Maison desPratiques Artistiques Amateurs, établissement publiclocal, une expérience du fonctionnement des collecti-vités territoriales serait appréciée.

Contrat et rémunération :• Contrat à durée déterminée de 3 ans.• rémunération mensuelle calculée sur la base de l’in-dice brut 1100 à 1650, soit une fourchette de 4 026 à5 804 € bruts en fonction des titres et de l’expériencedu candidat.

Modalités de candidature :Les candidats au poste de directeur (trice) de l’éta-blissement public Maison des Pratiques ArtistiquesAmateurs devront constituer un dossier comprenant :- Un curriculum vitae.- Une présentation de leurs principales références.- Un dossier présentant synthétiquement une pro-position de développement de la MPAA (5 à 6 pagesmaximum). Ce dossier tâchera notamment d’articulerle parcours et les acquis professionnels du candidatavec des axes de travail clairement identifiés.

Les dossiers complets doivent être transmis avant le26 novembre 2010 àMme la directrice des affaires culturelles de la villede Paris, 31 rue des Francs-Bourgeois, 75188 Pariscedex 04.

L’enveloppe devra porter la mention « Recrutementde la MPAA, - Ne pas ouvrir ».

Poste à pourvoir à compter de janvier 2011

Appel à candidatures pour le poste de

DIRECTEUR (TRICE) DE LA MAISON DES PRATIQUES ARTISTIQUES AMATEURS, Paris 6e

Le CNFPT recrute par voie statutairepour la Direction des Finances et des Moyens

Directeur des systèmesd’information et

des télécommunications h/fPoste situé à Paris

Titulaire d’un grade de catégorie APlacé auprès du directeur général adjoint en chargedes finances et des moyens, vous assurez le pilotagede la fonction des systèmes d’information et destélécommunications du CNFPT (2 300 agents) dans lecadre des orientations du plan de développementdes systèmes d’information (PDSI) sur l’ensemble duterritoire métropolitain et dans les départementsd’outre-mer. Vous êtes chargé de mettre en œuvreet d’adapter le PDSI ainsi que d’élaborer le schémadirecteur informatique (SDI) du CNFPT.

Vous structurez la fonction des systèmes d’infor-mation à travers la conduite des équipes de ladirection des systèmes d’information et destélécommunications qui comprend 35 agentsainsi que l’animation du réseau des responsablesdes systèmes d’information des délégationsrégionales (29) et des écoles (5). Vous pilotez lesprojets de changement à l’échelon national etapportez un accompagnement aux initiativesrégionales, dans une perspective d’optimisa-tion de la fonction des systèmes d’informationdu CNFPT dans son ensemble.

Doté de capacités à intégrer toutes les dimen-sions d’un système d’information ouvert etinnovant au service du public, vous disposezd’aptitudes à l’organisation, au pilotage de lafonction des systèmes d’information etdes télécommunications et à la conduitedu changement dans un environnementcomplexe. Vous justifiez d’expériencessignificatives dans ce domaine et avezconduit des projets comparables en vousappuyant sur des démarches participa-tives et fédératrices.

Merci d’adresser votre

candidature (lettre de

motivation et CV),

avant le 25/11/2010,

sous la réf. n°LM2111 à

M. le Président du CNFPT,

DRH, Service Recrutement,

Mobilité, Développement

de Carrière,

10-12 rue d’Anjou, 75381

PARIS cedex 08 ou

directement :

[email protected]

Consultez notre site :

www.cnfpt.fr

INSTITUT D’URBANISMEDE PARIS

MASTER 2« Urbanisme et Aménagement »

Parcours en formation continue sur

« La Maîtrise d’ouvragedes projets urbains »

conception, ingénierie, financement p/Architectes, Urbanistes, cadres du Développement Local,

des SEM, Organismes HLM, Consultants en stratégie urbaine.

500 heures sur 12 mois comprenant :• 2 jours d’enseignement en fin de semaine (Ve, Sa).• Un voyage d’étude.• Une journée conférence (décembre 2010).

Frais d’inscription 234 € et de formation 4800 € TTC.

Recrutement sur dossier et entretien.

Clôture des Inscriptions : 10 décembre 2010.Rentrée : 7 janvier 2011.

Demande de dossiers :

UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL VAL DE MARNEINSTITUT D’URBANISME DE PARIS – FORMATION CONTINUEMail des Mèches 61 Av. du Général de Gaulle94010 CRETEIL CEDEX

Tél. : 01-41-78-47-92 - FAX: 01-41-78-48-46e-mail : [email protected]

urbanisme.u-pec.fr

Autorité publique indépendantecréée par la loi du 12 juin 2009,l’HADOPI est chargée de promouvoirle développement de l’offre légalesur Internet, de protéger les œuvres

des atteintes aux droits qui leur sont attachés et de régulerl’usage des mesures techniques de protection. Dans le cadrede son développement, la Haute Autorité recherche son :

Chargé d’études «Economienumérique de la création» h/f

Sous l’autorité de la directrice en charge du dévelop-pement, vous êtes responsable de l’animation du Lab«Economie numérique de la création» (chargé d’élaborer uneanalyse objective de l’économie de la création dans l’universnumérique dans toutes ses composantes). Vous appuyez enparticulier l’expert nommé à la tête de cet atelier de rechercheet assurez la bonne coordination des travaux de sesmembres, dans un esprit collaboratif et ouvert. Vous effectuez,dans cette perspective, un travail de veille stratégique sur lesthématiques propres au Lab ; vous proposez des pistes deréflexion et impulsez des méthodes de travail. Vous rédigez lessynthèses et comptes rendus du Lab et de ses groupes detravail. Vous coordonnez par ailleurs le travail des différentsmembres de l’atelier et assurez enfin le lien, sur vos sujets, avecles autres Labs de la Haute Autorité comme auprès desdirections impliquées.

Diplômé de l’enseignement supérieur (grande école decommerce, Sciences-Po, master en économie…), vousdisposez d’une première expérience professionnelle en lienavec l’économie numérique de la création. Vous éprouvez ungoût prononcé pour les nouvelles technologies et l’inno-vation en général. Vous disposez d’excellentes capacités derédaction, d’analyse et de synthèse, ainsi que d’un sensmarqué du travail en équipe et en transversal. Votre expertise etvos qualités relationnelles vous positionnent comme uninterlocuteur crédible, capable de vous mouvoir auprès decontacts de haut niveau, dans le cadre de missions inédites etinnovantes ? Rejoignez-nous !

Merci de postuler via notre site www.mercuriurval.comou par courrier auprès du Pôle Public de Mercuri Urval,

27-29 rue des Poissonniers, 92522 Neuilly-sur-Seine Cedex.Référence FR166-00624

>Carrières

publiques