Upload
nacer2
View
309
Download
0
Embed Size (px)
DESCRIPTION
m
Citation preview
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 1/48
Mercredi 12 juin 2013 - 69e année - N˚21273 - 1,80 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice : Natalie Nougayrède
Et l’Europe? Les Etats-Unisont cette qualité d’être sou-vent précurseurs. C’est unélémentde l’ADNaméricain.
Ce qui vient d’Amérique finit tou-jours, peu ou prou, par atterrir surleVieuxContinent.Acetitre,l’affai-re de cybersurveillancequi a éclatéoutre-Atlantique nous intéresse –
auplus hautpoint.Elle pose cette question: s’ils seservent d’un téléphone portable etde toutes les plates-formes numéri-ques à leur disposition, les Euro-péens sont-ils, comme les Améri-cains,susceptiblesd’être sousla sur-veillancede leursgouvernants?
Car il s’agit bien de cela. Dès lorsqu’il utilise son iPhone, sa tablette,sonordinateur,dès lorsqu’il tweete,poste sur Facebook, bref dès qu’ilentre dans l’univers numérique oule cyberespace, un Américain saitmaintenantce quil’attend.Il renon-ceà toute prétentionà laprotection
de sa vie privée. Et les sondagesdisentqu’il y consentvolontiers.
Les Européens seraient, paraît-il,
plus soucieux de la préservation deleurintimitéélectronique.Il estvraiqu’ilsontétéplusépargnésparleter-rorisme islamiste – auquel on doit,icicommeauxEtats-Unis,uneconsi-dérablediminutionde nos libertés.
Les institutions de l’Union euro-péenne– Commissionet Parlement,notamment– ontfait dela résistan-ce face aux demandes de Washing-ton.Elles sesontbattuespour éviterles requêtes abusives formulées aunomde laluttecontrele terrorisme.En 2010, elles ont obtenu d’évaluerla pertinence des demandes améri-caines en matière de contrôle desflux financiers en Europe. En 2012,grâce à une longue bataille menéepar les parlementaires européens,elles ont limité le nombre de don-nées personnelles qu’un passagereuropéen doit livrer aux autoritésfédéraless’ilse rendaux Etats-Unis.
Quel a été le comportement desgouvernements de l’UE face aumonstrueuxappareil de surveillan-ce électronique mis en place parl’Agence américaine de sécuriténationale?Laquestion,majeure,res-teouverte. Ilest évidentque desres-sortissants des Vingt-Sept ont faitl’objetde cettesurveillance.
Une chose est certaine: les paysdel’UEontbiendumalàs’entendredès lors qu’il s’agit d’assurer la pro-tectionnumériquedeleurspropresressortissants. Les Européens pei-nentàsedoterd’unedirectivesurlaprotection des données personnel-les.Ilsn’arriventpasàsemettred’ac-cordsurlebonéquilibreentresécu-rité et liberté. Ce qui se passe auxEtats-Unis devrait les y inciter. Etleurservirde repoussoir.p
LIREPAGES2-3
CERVEAU : PORTRAIT DE LA GLIE,CE COMPLÉMENT DU NEURONESCIENCE& MÉDECINE–SUPPLÉMENT
Lesélites intellectuellesrussesharceléesparlepouvoirLEPOINTDE VUEDE LAPOLITOLOGUEMARIE MENDRAS–LIREP. 20
CINÉMA: UN TRÈS BELINCONNU DU LACCULTURE–LIREPAGE11
LebisphénolA altèrelesdentsdesenfantsSelonuneétudedel’Inserm,l’expositioninuteroauperturbateurendocrinien
seraitàl’origined’unenouvellemaladieinfantile,l’hypominéralisationdesmolairesetdesincisives.LIREPAGE6
Le magazine présenté par
RaphaëlEnthovEnréaLisé par phiLippe truffauLt
30 émissions19h de programme
6h de compLéments
inédits + un Livret
de 40 pages
aprè s Le succ ès d u cof fret « phiLosophie, voL. 1 »
r phiLosophie à l www..
LapetitecagnottedeClaudeGuéantUnsystèmedeprimesenliquideabienperduréaprès2002aucabinetdu
ministrede l’intérieur,Nico-lasSarkozy:10000eurosparmoisen liquide,remisàson directeur,M. Guéant.POLITIQUE– PAGE7
Droguesdesynthèse: ontrouvedetoutsurInternetPrèsde700siteseuropéensproposentàlaventedes
copieslégales deproduitsstupéfiants.Unmarchéenlignedontl’accèsestd’unefacilitédéroutante.SOCIÉTÉ– PAGE9
AUJOURD’HUI
ÉDITORIAL
Surveillanceélectronique:commentWashingtonespionnelesEuropéens
LE REGARD DE PLANTU
PLANÈTE
Journéenoirepourl’emploienFrancetMichelin,Lafuma,Virgin,Gad:prèsde3000postesmenacés
tLa Commissioneuropéenne se dit«préoccupée»parle programme américainde surveillanceélectronique Prism
tSes opérationssecrètespermettentàlaNSAd’accéderauxdonnéesinformatiquesà l’étranger, notammentenEurope
tEnFrance,laDGSEdisposeégalementd’unprogrammedesurveillance, en dehorsdetout cadrelégal, pourla lutte antiterroriste
tL’ex-espionEdwardSnowdena disparudesonhôtel de Hongkong.Ilauraitencoredesrévélationsà faireLIREPAGES2-3
LeVieuxContinentfaceàBigBrother
PlaceTaksim, le 11juin, aumomentdel’intervention de lapolice.KOSTASTSIRONIS/AP
À ISTANBUL, LA POLICE REPRENDLA PLACE TAKSIM PAR LA FORCEt L’évacuationa eulieuà laveilled’unerencontreentrelepremierministreErdoganetles manifestantsLIREPAGE4
N
ous faisons face à unevague qui monte, recon-naîtleministredu redres-
sement productif, Arnaud Mon-tebourg. Partout en Europe, l’éco-nomie dégringole, on est dans latempête.»
Lajournéedelundi10juinaétédouloureuse: annonces de res-tructurations chez Michelin etLafuma; constats d’absence derepreneurspourlesmagasinsVir-ginet lesabattoirsGad.
Au total, prèsde 3000emploissontainsimenacés.p
LIRECAHIERÉCO
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 2/48
international
Lecentred’écoutede la Royal AirForcede MenwithHill, dansle Yorkshire(Royaume-Uni), utilisépar lesBritanniqueset lesAméricains dansle cadred’Echelon. PAULBATES/REUTERS
BruxellesBureaueuropéen
La Commissioneuropéennea
répété, lundi 10juin, qu’elleétait «préoccupée» par
Prism, le programme américainde surveillance électronique diri-géparl’Agencenationaledesécuri-té (NSA) qui lui permet d’accéderaux données d’étrangers, notam-menteuropéens.
Inhabituellement discrète,Viviane Reding, la commissaire àla justice, n’a pas pointé du doigtles Etats-Unis, avec lesquels, aexpliquésa porte-parole, elleévo-que «systématiquement» lesdroits des citoyens européens. Lacommissairea plutôtviséles paysde l’Union européenne (UE) quiont gelé, jeudi 6juin, à Luxem-bourg, son projet de protectiondesdonnées personnelles.
En discussion depuis dix-huitmoiset25réunions,ledossierDPR
( DataProtection Regulation
, régle-mentation de la protection desd on né es ) f ai t l ’o bj et d e3000 amendements et divisel’Union.Lesministresde lajusticedes Vingt-Sept s’étaient réunisquelques heures avant les révéla-tionsdel’ancienemployédelaCIAEdward Snowden dans le quoti-dien britannique The Guardian,qui auraient peut-être permis derapprocher leurs points de vuetrèsdivergents.LondresetLaHayejugentleprojetRedingtroppénali-sant pour les entreprises, Parisveut plus d’attention pour lesréseaux sociaux, Berlin juge lestextes trop flous… ConfrontéesauxrévélationssurPrism,lescapi-tales européennes se retrouventau moins, aujourd’hui, pour sedire,elles aussi,«préoccupées» .
C’étaitdéjàle qualificatifutilisé
par la Commission en 2000,quand furent dévoilées les activi-tés européennes d’Echelon, unréseau anglo-saxon de surveillan-ce globale des télécommunica-tions.La NSAdirigeait cettestraté-gied’interceptionenvued’obtenirdes informations économiques,commerciales, technologiques etpolitiques. La législation des Etatsmembres de l’Union était violée,les droits fondamentaux descitoyensaussi.
Londresavait,à l’époque, profi-té de sa relation privilégiée avecWashington pour espionner sesrivauxeuropéens.Lesdeuxcapita-les ont nié; les dirigeants euro-péensontpréféréoublierqueleres-ponsabledu cryptagedes commu-nications de la Commission avaitdéclaré qu’il avait «de très bonscontactsaveclaNSA»,quiauraiteu
libre accès aux informations pré-tendument confidentielles de
l’exécutif européen. L’intéressé a
ensuite «rectifié» ses proposdansunelettreàsonsupérieur.Les attentats du 11septembre
2001– qu’Echelonn’a puprévenir– sont survenus et, parfois volon-taires,souventcontraints,lesEuro-péens ont, depuis, concédé d’im-portants transferts de donnéesaux autorités américaines, aunom de la lutte contre le terroris-me.En 2006, ilsdécouvraientqueWashington avait secrètementaccès, depuis cinq ans, aux infor-mations de Swift, une sociétébasée en Belgique et qui sécuriseles flux financiers entre les ban-quesdumondeentier.
Une fois la stupeur passée etune difficilenégociation engagée,un accorda été signé en 2010. LesEuropéens ontobtenude pouvoirdésormais évaluer la pertinencedesdemandesaméricaines,unres-
ponsable des Vingt-Sept est pré-sentdanslacapitalefédéraleamé-
ricaine pour exercer un contrôle,
la procédure et d’éventuels inci-dentsfontl’objetd’uneévaluationsemestrielle,etc.
L’affairedesdonnéespersonnel-lesdespassagersaériens(PNR)n’apasétémoinscomplexe.Ilaurafal-lu neuf années de discussion etquatre versions d’un texte pourqu’un consensus soit finalementtrouvé, en avril2012. Surtout sou-cieux d’éviter la signature d’ac-cords bilatéraux qui auraientoffert peu de garanties, les Euro-péensontfiniparaccepterlatrans-missionde 19donnéesconcernanttous les voyageurs de l’UE qui serendentaux Etats-Unisou lessur-volent.Washingtonavaitmisdanslabalancelalibéralisationdesauto-risationsd’accèsauterritoireamé-ricain.Lesdonnéesrecueilliessontrenduesanonymesau boutde sixmois, stockées pendant cinqans
surunebase«active»,puisdixanssurunebase«dormante».
Les Européens ne sont pas par-
venus à résoudre une question-clé: trois des quatre compagniesmondiales qui stockent les don-nées de réservation de la plupartdescompagniesde laplanète sontétablies aux Etats-Unis et soumi-
ses à la législation de ce pays. Encas de problèmes, les lois euro-péennes n’auraient donc aucuneprise surelles.Commedansle cas
de Prism, l’Union est forcée dereconnaître non seulement qu’el-
le a systématiquement du retard
sur les faits mais que sa capacitéd’actionest limitée.Actuellement, elle tente de
négocieraveclesEtats-Unislapos-sibilité, pour des citoyens euro-péens,de faire corriger, parlavoiejudiciaire, desdonnées personnel-les détenues par des sociétés pri-vées américaines et qui seraienterronées. Les citoyens américainsvivanten Europejouissentdéjà dece droit.
SiSophiein’tVeld,eurodéputéelibérale, espèreque les révélationssur les pratiques de la NSA vont«conscientiser» les Européens etles forcer à se montrer plus exi-geants, un haut fonctionnairebruxelloistient un autrediscours:«CetteaffaireconfirmeunpeuplusquelesEtats-Unissontlesleadersenmatière d’antiterrorisme et beau-coupd’Etatsmembres n’oserontles
contrer.» Selon cette source, il estd’ailleurs «peu douteux» que le
Royaume-Uniet d’autres paysont
bénéficiéd’informationsobtenuesparPrism. La chancelièrealleman-de,Angela Merkel,serasansdoutelapremièreàévoquerdirectementle dossier avec Barack Obama. Leprésident américain se rendra eneffetàBerlinles18et19juin.
L’affaire estd’autantplus sensi-ble, dans un pays très attaché à lavie privée, que les révélations duGuardianontmontréquel’Allema-gne était l’un des pays les plusciblés par la collecte de données.Cela pourrait indiquer, selon unexpertbruxellois,que lesautoritésaméricaines se livreraient aussi àde l’espionnage industriel– ce queWashington niait déjà du tempsd’Echelon. Lundi, un porte-paroledu ministère de la justice à Berlinfaisait savoir que l’administrationvérifiaitde«possiblesentravesauxdroitsde citoyensallemands».p
Jean-PierreStroobants, avecFrédéricLemaître(à Berlin)
EnFrance,laDGSEestaucœurd’unvasteprogrammedesurveillanced’Internet
L’Elyséea annoncé,lundi10 juin,
à l’issue d’uneréuniondu
Conseilnationaldu renseigne-
ment,la créationd’une inspec-
tiondes servicessecretset le
renforcementde leurcontrôle
parlementaire.Le chefde l’Etat
assure que«la modernisation
desressourceshumainesdes ser-
vicesde renseignement, l’adapta-
tiondeleurseffectifsà leursmis-
sionset leurscapacités techni-
quesrevêtirontun caractèreprio-
ritaire». S’ilne s’agit qued’orien-
tations,elles vontdans lesens
ducontrôleaccruprôné parle
rapport parlementaireUrvoas,
rendupublic le14 mai.
Toutefois,François Hollandene
s’estpas prononcésur lacréa-
tiond’uneautoritéadministrati-
ve de contrôle des moyens d’in-
vestigations, défenduepar les
députés.
L’affaireducyberespionnage
L’Europeàlamercidel’espionnageaméricainL’Unioneuropéenneseditpréoccupéeparl’affaireSnowdenmaisneparvientpasà seprotégerefficacement
LAFRANCEdispose-t-elled’unpro-grammedesurveillancemassif prochedeceluimisenplaceparl’Agenceaméricainedesécuriténationale(NSA)? Laréponseestoui.Ladirectiongénéraledelasécuritéextérieure(DGSE),lesser-vicessecretsfrançaisagissantau-delàdenosfrontières,exami-ne,chaquejour, lefluxdutraficInternetentre laFranceet l’étran-gerendehorsdetoutcadrelégal.
Ceservice,placéinstitutionnel-lementsousla coupedu ministèredeladéfense,estdotédemoyenstechniquestrèspuissantsquisont,notamment,hébergésdanslessous-solsdu siègede laDGSE,bou-levardMortierà Paris. «C’estune
pêcheau chalut»,expliqueunanciendelaDGSEpourdécrirelanatureducontrôle.L’immensequantitéd’informationdoitêtrecompresséepuis décompresséeavantd’êtreenfindécryptéeparlesagentsdelaDGSE.
Lajustificationdecesintercep-tionsestavanttoutliéeàlalutteantiterroristesurlesolfrançais.De
facto,auregarddel’absenced’enca-drementlégalstrictde cesprati-ques,l’espionnagedeséchangesInternetpeutportersurtouslessujets.Interrogéepar Le Monde, laDGSEs’estrefuséeà toutcommen-tairesurcesélémentscouvertsparlesecret-défense.Deplus,lesauto-ritésfrançaisesarguentquelescen-tresd’hébergementdessitessont,pourlaplupart,basésàl’étranger,cequiexonèrela DGSEde répon-dreàlaloifrançaise.
Premierdétenteurde cesinfor-
mationsrelevantdelavieprivéedechaqueindividu,laDGSEpeuttransmettre,siellelesouhaite,lefruitde cesrecherchesà d’autresservicesde l’Etat.Etonnament, leprésidentdelacommissiondesloisde l’Assemblée, Jean-JacquesUrvoas(PS,Finistère),n’évoque,àaucunmomentl’existenceducontrôlede ce fluxInternetentrelaFranceetl’étrangerdanssonrap-port,rendule14mai,surlecadrejuridiqueapplicableauxservicesde renseignement. «Alorsqu’il
compteparmiles plusanciennesnationsdémocratiques,notre pays,regrettait-ilpourtant , estle dernier ànepasavoirétabliuncadrenor-matifadapté.»
Depuis2006, laFrancea tentéderesserrerlecontrôlesursesser-vicesdanscertainsdomaines.Ladirectioncentraledurenseigne-mentintérieur(DCRI) peutse pro-curer,danslecadredelalutteanti-terroriste,et seulementdanscecas,lesfacturesdétaillées(«fadet-tes»)detéléphone,maisaussideconnexionInternet.
Ledispositif,provisoire,aétérenouveléjusqu’au31décembre2015.Ilest restrictif:le demandeurdoitêtreun membre d’unserviceantiterroriste,sarequête,dûmentjustifiée,concernerunseulobjec-tif.Elleestadresséeà unepersonna-litéqualifiéenomméeparlaCom-missionnationaledecontrôledesinterceptionsde sécurité(CNCIS,une autoritéadministrative indé-pendante).Selonla CNCIS,moinsde30000demandesdevraientavoirététraitéesen2012.
Caruneautrepossibilitéestofferteà touslesservicesde rensei-gnementlorsqu’ilssouhaitenteffectueruntravailpréparatoireàuneécoutetéléphonique.Lesmotifssont ceuxprévuspar laloide1991pourlesécoutesadminis-tratives(les«interceptionsdesécu-rité»):«sécurité nationale,sauve-
gardedes élémentsessentielsdu potentiel scientifiqueet économi-quedela France,préventiondu ter-rorisme,de lacriminalitéet deladélinquanceorganiséeset de lareconstitutionou dumaintiende
groupementsdissous».
CoopérationentreservicesLaprocédureaussi:leservice
passe parle ministrede tutelle,quitransmetaupremierministre.Cederniersollicitel’avisde laCNCIS–lademandedoitêtre «suffisante,
pertinenteet sincère» –,puisfaitexécuterparlegroupementinter-ministérieldecontrôle(GIC).Entrele1eraoût2011etle31juillet2012,leGICa traitéprèsde 197000deman-des.Lasécuriténationaleestinvo-
quéedans70%descas.Dernièrequestion,laFrance
a-t-ellepu bénéficierd’informa-tionsissuesdesprogrammesamé-ricains? LesBritanniquessontsoupçonnésauregarddeleurproximitéaveclesservicesaméri-cains. LaDGSEet laDCRIsontnéan-moinsen contactpermanentavecleurscollèguesanglo-saxons.Lacoopérationentreservicesderen-seignementet l’échanged’informa-tionsest,aujourd’hui,l’unedesclésdelalutteantiterroriste,quit-teà ce qu’elle porteatteinteauxlibertéspubliquesetindividuelles.
Lespréconisationsdu rapportdeM.Urvoasneplaidentpaspourunevigilanceaccruesurlesagisse-mentsdesservicessecrets. Ilassu-re,en effet,que lecontrôleadmi-nistratifouparlementairenedevraits’effectuerqu’àla seuleconditionqueparmilespiècesexa-minéesnefigureaucunélémentprovenantd’uneagencederensei-gnementétrangère. p
LaurentBorredonetJacquesFollorou
«Cetteaffaireconfirmeunpeuplus
quelesEtats-Unissontlesleaders
enmatièred’antiterrorisme»Unhaut fonctionnaire
bruxellois
Créationd’uneinspection desservicessecrets
2 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 3/48
international & europe
Leprésident, Barack Obama, à la Maison Blanche,lundi10 juin.EVANVUCCI/AP
Shanghaï(Chine)Correspondance
P eut-être est-ce lié au week-endprolongédu festivaldesbateauxdragons.Plusproba-
blement,celarelèvedel’embarras.LaChineaeneffetchoisid’enfairele moins possible sur l’affaireEdward Snowden, du nom duconsultant un temps localisé àHongkonget qui a révélé le systè-me de surveillance massive del’Agence nationale de sécuritéaméricaine(NSA).LeministèredesaffairesétrangèresàPékins’estjus-qu’à présent gardé de tout com-mentaire. Et le très officiel China
Daily,enanglais,ignorepurementl’affaire dans les douze pages desonéditiondemardi11juin.
Pékin aurait pu se réjouir de
voir Edward Snowden dénoncer«l’architecture d’oppression» desagencesde renseignementaméri-caines et préciser que «même sivous nefaites rien demal,on vousregarde ou vous enregistre». Maisle jeune homme de 29 ans a aussirappelédanssoninterviewauquo-tidien britannique The Guardianque «la Chine a des restrictionssignificatives à la liberté d’expres-sion», en opposition à la «longuetradition de manifestations dansla rue des gens de Hongkong» . LaRépublique populaire est embar-quée à son corps défendant dansuneaffairequi ne la concernepasdirectement et sur un thème, laliberté, qui n’est pas son sujet deprédilection.
«Ce n’est pas un cadeau, c’estune plaie», commente Shen Din-gli,doyen de l’Institut de relations
internationalesetdirecteurducen-tre d’études américaines de l’uni-versité de Fudan, à Shanghaï. «I l
faut se débarr asser du cas de M.Snowden avant qu’il ne se placeen travers des relations entre la
Chine et les Etats-Unis. En cela, savenue à Hongkong porte atteinteaux intérêts de la Chine» , jugeM.Shen, surtout au lendemaind’un sommet au beau fixe entreles présidents américain etchinois, Barack Obama et XiJinping. Toutefois, comme l’an-cien analyste de la CIA se targued’agir dans l’intérêt public, « laChineestcontraintedevoirl’aspect
politiquede l’affaire,ce quil’empê-chedeclassersoncasautomatique-ment dans le traité d’extradition.C’estdans ce sens que sa venueestun fardeau», pense le professeurShen.
Légitimerla surveillanceRétrocédéeàlaChineen1997,la
Régionadministrativespéciale deHongkong conserve une certaine
indépendance politique et écono-mique sous la doctrine «un pays,deux systèmes», ce qui en fait unabri pour nombre de critiques del’autoritarisme chinois. Pékin a lamain sursesaffaires étrangèresetnomme directement son chef del’exécutif. Si les Etats-Unis envenaient à émettre un mandatd’arrêtet à engagerune demanded’extradition,un traitéen vigueurdepuis 1998 donne au gouverne-ment de la République populairelederniermot, dèslors qu’ilen vadela défense,desaffairesétrangè-resou de l’intérêtpublicessentiel.
Cependant, il est peu probablequele gouvernement chinoissou-haite s’afficher en première ligneen jouant cette carte. D’une part,pour ne pas laisser penser à uneingérence supplémentaire dansles affaires de Hongkong, où la
contestation de son influencecroissante est déjà vive. D’autrepart, parce que l’Etat chinois saitqu’il n’apas l’ascendanten matiè-re de droitsfondamentaux.
A longtermetoutefois, l’affairepourrait «aider le gouvernementchinoisàlégitimerdespratiquesdesurveillance électronique de sescitoyens,ycomprispourdesmotifs
politiquesdéclarés» , jugeNicholasBequelin, chercheur de HumanRights Watch à Hongkong. Sur-tout, elle affecte l’autorité moraledesEtats-Unis,alorsqueledéparte-ment d’Etat prétend faire la pro-motion des libertés sur le Web àl’étranger, et notamment enChine. «Ilseraextrêmementdiffici-le pour les Etats-Unis de pousser despaysautoritaireset nondémo-cratiquesàprotégerla libreexpres-sionsurInternetetdefairebarrage
dansces paysau fichagedesinter-nautes », redouteM. Bequelin.p
HaroldThibault
WashingtonCorrespondante
E dwardSnowden a-t-ilencoredes révélations à faire? Lesautorités américaines ont
commencé ce que la presse décritcomme une «chasse à l’homme»pouressayer de retrouverl’auteurdesfuiteslesplusgravesdel’histoi-re de la National Security Agency(NSA).
Vingt-quatre heures aprèsavoir revendiqué son geste dansunentretienauGuardian,lejeunehommeaquittésonhôteldeHon-gkong et n’a pas réapparu publi-quement. Le journaliste GlennGreenwald, qui l’a accompagné àHongkong, a indiqué à CNN qu’ilsavaitoù setrouvait.Et,a-t-ilajou-té, «nous avonsencorede grandesrévélationsà faire».
Leministèredelajusticeaméri-
cainaouvertuneenquêteprélimi-naire.Des policiersse sont rendusaudomicile dela mèredu whistle-blower (lanceur d’alerte), uneemployéedu tribunalde Baltimo-re dansle Maryland, prèsdu siègedelaNSA,etdesonpère,unanciengarde-côte, en Pennsylvanie.
A Hawaï, où Ed Snowden étaitemployé par le sous-traitant BoozAllen Hamilton et affecté à la NSAcomme administrateur de systè-me chargéde détecter lesmenacescontrelesordinateursdugouverne-ment, la police n’a trouvé qu’unemaisonà louer.Sa compagneétaitpartie elle aussi. Les enquêteursl’ont localisée sur la côte Ouest etl’ontinterrogéeàdeuxreprises.
LaMaisonBlancheaàpeineréa-gi, renvoyant au ministère de lajusticepuisqu’une« enquêteestencours». Le président Obama, qui
avaitfaitunedéclaration,le5juin,poursoulignerla légalitédes acti-vités des services de renseigne-ment,acettefoisesquivélesques-tions. Le profil bas est de rigueur,comme sila présidencene voulaitpass’engagerdansunepolémiquequine feraitque donner unstatutà l’auteurdes fuites.
Le gouvernement américains’efforce de comprendre com-mentunemployé comme EdwardSnowden,baséàHawaï,apusepro-curer des documents émanantd’uneinstanceaussiferméequela
courFISA–quistatuesurlerensei-gnementétranger. Selon le Wash-ington Post, seules30à40person-nesontaccèsauxprocéduresdelacourFISA.
Edward Snowden était habilitéautop secret,aprèsavoir travaillédix ans dans le renseignement etla sécurité informatique. Lesenquêteurs cherchent à établir si,avant de quitter les Etats-Unis le20mai, il n’a pas copié d’autresdocumentsquipourraientintéres-ser un gouvernement étranger, laChinepar exemple.
En mêmetemps, ilsdoutent delavéracité decertainesde sespro-clamations.Lejeuneanalysteapré-
tendu avoir accès au registre detouslespersonnelsdelaNSAetàlalistedes équipementsclandestinset de toutes les stations de la CIAdans le monde. Autre déclarationquinelesconvaincpas:lefaitqu’ilpuisseplacersoussurveillancequibon lui semble, « un juge fédéraloumêmele président».
Unegrandepartiedesresponsa-blespolitiquesa réclamé despour-suitesexemplaires et une extradi-tion la plus rapide possible. « Lesvraiswhistleblowersne quittent paslepays» a assuré AriFleischer, l’an-
cien porte-parole du présidentGeorgeBush.Lasénatricedémocra-teDianneFeinsteinacondamnéun«acte de trahison ». Dans ce camp,on rappelleque laqualification de«lanceur d’alerte» comporte unedéfinition très précise. L’employédoitavoirrévéléuneinfraction.Or,dans lecas dela NSA, lesdeuxpro-grammes que le jeune homme adévoilés ont été approuvés – etréapprouvés–parleCongrès.
A l’opposé dela discrétionde laMaison Blanche, des anciens res-ponsables de lasécurité nationale–démocrates et républicainsconfondus–ontdéfilésurleschaî-nes pour défendre la légalité duprogrammeetexpliquerqueseuls
lesétrangerspeuvent êtresoumisà des écoutes électroniques sansmandat judiciaire. Jeremy Bash,l’ancien chef de cabinet de LeonPanetta, alorsdirecteurde laCIA,aexpliqué qu’il était l’auteur del’amendement702 quiautorise leFBI à espionner les communica-tions sur Facebook, Google…« AucunAméricain n’estvisé parce
programme , a-t-il insisté. Lesefforts pour faire de Snowden unhérosvonttomberà l’eau.»
Le directeur national du rensei-gnement,JamesClapper,quisuper-vise les 17 agences américaines derenseignement,estlui-mêmeinter-venupour rassurer sescompatrio-
tes sur la constitutionnalité de lasurveillancede masse. Maissa cré-dibilité – et celle de l’administra-tion Obama, a jugé le New YorkTimes –aétéécornéedepuisqueleschaînes passent et repassent sonéchange du 14septembre avec lesénateur démocrate Ron Wyden.«Est-cequelaNSAcollectedesinfor-mationssurdesmillionsoudescen-taines de millions d’Américains?»,ademandéleparlementaire.JamesClapper n’a pas levé les yeux:« Non,monsieur», a-t-ilassuré.p
CorineLesnes
La présidentedu Frontnational,
Marine Le Pen,a demandé,lundi
10juindans uncommuniqué,
quela Franceaccordel’asile au
«lanceurd’alerte» américain
quia révéléêtre lasourcede fui-
tessur leprogrammeaméricain
de surveillanceélectronique.
Selonla députéeeuropéenne,
«EdwardSnowdendoit êtremis
ensécurité auplusvite» caril
«a eule courageet l’immense
méritede révélerà l’humanité
unemenace trèsgravecontreladémocratie etnos libertéspubli-
ques».
«AucunAméricainn’estvisépar
ceprogramme.
LeseffortspourfairedeSnowdenunhérosvonttomberàl’eau»
JeremyBashancienchef decabinetà laCIA
deLeon PanettaMmeLePendemande l’asileenFrance pourM. Snowden
LaprésenceéventuelleàHongkongdel’ex-agentdelaCIAembarrasselaChinePékinauraà seprononcersiWashingtondemandel’extraditionduconsultantaméricain
L’Autriche,«chevaldeTroie»desEtats-Unisauseindel’UE
Montréedudoigt,laMaisonBlanchetentedeminimiserl’affaireSnowdenDémocrateset républicainsréclamentdespoursuites contre le«lanceurd’alerte»
VienneCorrespondante
Sousla pression de Washington,l’Autricheest leseulmembredel’Unioneuropéenneà avoiraccor-déaux Etats-Unisundroitderegardtrèsétendusursesfichiersde police.Les autoritésaméricai-nespeuventainsiobtenirde Vien-ne lesempreintesdigitales,lesanalysesADN ou d’autresdon-néesconfidentiellessur n’impor-tequelcitoyenautrichien– etpasseulementsur ceux qu’ellessoup-çonnentd’activitésterroristes.
Iln’yaguèrequelesdossiersscolaireset médicauxqui échap-pentàlasurveillanceduBigBro-theraméricain,affirmeledéputéVertPeterPilz, membredela com-missionparlementairede sécuritéetdedéfense,quicritiqueuneatti-tudeà lafois complaisanteetinconséquente. «L’Autrichea tou-
joursété le chevalde Troiedes Etats-Unisauseinde l’Unioneuropéen-ne,dumoinsdansce domaine.Enmêmetemps,nous sommestotale-mentrestrictifsquand il s’agitdecoopérationinternationalecontrelafraude fiscale: nousprotégeonslesriches, maisnoussommes dispo-sésàlivrerpresquetoutcequenoussavonssur lescitoyens ordinaires» ,adéclaréau MondeM.Pilz,dontlerôleconsiste à exerceruncontrôlepublicsurlesactivitésdesservicesde renseignement.
Unporte-paroleduministèreautrichiendel’intérieur,Karl-HeinzGrundböck,aassuréauquo-
tidien Standard quedes procédéstelsqueceuxquisontreprochésaujourd’huiàl’AgencedesécuriténationaledesEtats-Unis(NSA),danslecadredusystèmePrism,sont «exclus» delapartdesautori-tésautrichiennes,carla Constitu-tionexigeque touttransfertd’in-formationait unejustificationlégale.
Colère de la CommissionPourtant,uneséried’accords
bilatéraux–quin’ontpastousétérenduspublics– ontété conclusaveclesEtats-Unisparl’anciengou-vernementnoir-bleu(droiteetextrêmedroite),de2000à2008,puispar l’actuellecoalitiongauche-droite,forméeparlePartisocial-démocrateSPÖet sesalliéschré-tiens-démocratesduPartidupeu-ple(ÖVP).LedernierendateaétéapprouvéparleParlement,début2012,en dépitdesprotestationsdesVerts.
SoucieusedeprésenterunfrontunidanslanégociationavecWash-ington surla questionsensibledel’échangede données,la Commis-sioneuropéennea vu d’unmau-vaisœill’Autrichefairecavalierseul,le responsable dela coopéra-tionpolicièreauseindelaCom-mission,JoaquimNunesdeAlmei-da,qualifiantdans un courrierce
comportementde «pastrèsloyal».LesEtats-Unisontmenacéà plu-
sieursreprisesde rétablirl’obliga-
tiondevisapourlesressortissantsautrichienssiViennenesemon-traitpasplussoupleencore.Lequo-tidienconservateur DiePresse apublié desdocumentsattestantlespressionsaméricaines, notam-ment l’ultimatumd’un responsa-blede laNSA, StewartBaker,quidonnaitjusqu’àfin 2009à l’Autri-chepoursignerunaccordPreven-tingandCombatingSeriousCrime(«préveniretcombattrelescrimesgraves»),surlemodèlequeWash-ingtonavouluinstitueravectoussesalliésdanslecadredelalutteantiterroriste.Undeuxièmeulti-matum,assortidelamêmemena-ceconcernantlesvisas,aétéfixéen2010,jusqu’àcequelapartieaméricaineobtiennegaindecause.
EnAutriche,oùl’onseprépareàdesélectionslégislatives–ellesaurontlieule29septembre–com-meenAllemagne,lescandalePrismfaitdu bruit.Lundi10juin,PeterPilza proposéque Vienne,pour «envoyerunsignal»àWash-ington,offrel’asilepolitiqueauxdeuxcitoyensaméricainsqui ontprisle risquede divulguerdessecretsd’Etatmontrantjusqu’oùlesEtats-Unisétendentleursystè-mede surveillance: lesoldatBra-dleyManning, actuellementtra-duitdevantlajusticedesonpayspouravoirdiffusédescâblesdiplo-
matiquesconfidentielsconnussouslenomdeWikiLeaks,etEdwardSnowden,ex-employéde
laNSAréfugiéàHongkong,àl’ori-ginedes récentesrévélations.p
JoëlleStolz
30123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 4/48
Unmanifestant tente d’empêcher uncamionà eaude la police des’approcher dela placeTaksim, mardi11juin. THANASSIS STAVRAKIS/AP
international & europe
NewYork (Nationsunies)Correspondante
La doctrinedu maintiende lapaixrisqued’être rudementmise à l’épreuve au Mali.
Dans son dernier rapport sur lasituation sécuritaire et politiquedu pays, le secrétaire général del’Organisation des Nations unies(ONU), Ban Ki-moon, met en gar-de contreles nombreux défis quiattendentlaMissionmultidimen-sionnelle intégrée des NationsuniespourlastabilisationauMali(Minusma), censée prendre le1er juillet lerelais dela forcepana-fricaine (Misma). A terme,12600 casquesbleus doiventêtredéployés pour stabiliser le norddu pays et encourager la transi-tionpolitiqueà Bamako.
Danscedocument,dont Le Mon-de a eu copie, le patron de l’ONUdonne un feu vert, prudent, audéploiement de cette missionhors normes. «En clair, Ban
Ki-moonnousdit :je vousauraipré-venus», souligne une source duConseil de sécurité. «L’ONU s’ap-
prête à déployer une opération demaintien de la paix dans un nou-veau contexte géopolitique, avecdes menaces jamais rencontrées
jusqu’ici», par les Nations unies,prévient le diplomate coréen. Ilrappelle l’importance de la bonne«répartition des tâches»: les cas-ques bleus pourront «recourir àtous les moyens nécessaires pour assurer la protection des civils, etempêcher le retour de groupesarmés dans les principaux centresurbains», mais «l’impositionde la
paix et les opérations antiterroris-tes» seront l’affaire des troupesfrançaises.
«Tactiquesasymétriques»Les15paysmembresduConseil
de sécurité attendaient l’aval dupatron de l’ONU pour valider ledéploiementde laMinusma.Ils enprendront acte le 25juin. «Sauf mauvaise surprise, autrement dit
grosse campagne terroriste d’icilà», laMinusma,qui doitêtrediri-gée par un Rwandais, sera donc àl’œuvre à la date prévue, résumeun diplomate occidental.Le géné-ralJean-BoscoKazura,anciencom-mandant adjoint de la force del’Union africaine au Darfour(Minuad), sera secondé par ungénéralnigérien et un chefd’état-majorfrançais.
Au total, 6 085 soldats ouest-africains, déjà présents au Mali,
passeront sous casque bleu à ladate du 1er juillet et les quelque6000 autresseront déployés gra-duellementjusqu’àfin2013.SiBanKi-moon se félicite du succès desopérationsmenéesparlestroupesfrançaises et maliennes, qui ont«affaibli» les groupes islamistesarmés,il s’inquiètede voircesder-niers recourir «de plus en plus àdestactiquesasymétriques,y com-
prisdes attentats-suicides».Ceux-ci «conservent la capaci-
té de faire peser une menaceimportante»et «ont toujours desréseaux de soutien et des structu-resderecrutement»,insistelerap-port, qui pointe du doigt les ris-ques auxquels s’exposeront lescasques bleus, d’autant que lestroupes ouest-africaines sont«peuentraînéesetmaléquipées» .Une «période de faveur» de qua-tre mois a été offerte aux «mau-vaisélèves» poursemettreaudia-pason avec les normes de l’ONU.«Beaucoupdébarquentavec pour seul équipement leur uniforme etleurcasque», témoigneune sour-cemilitaire,confirmantlescaren-cesenunitésderenseignementeten hélicoptèresd’attaque, problè-me récurrent des missions onu-siennes.
Plusgrave, la menaceterroristes’exporte,preuve en est l’attentatperpétréauNiger,en mai,déplorele secrétaire général, convaincuque les islamistes liés à Al-QaidaprésentsauMalirestentunemena-ce pour l’ensemblede l’Afrique del’Ouest.
A l’insécurité s’ajoutent lesgra-vesviolations desdroits del’hom-me, perpétrées par les forcesmaliennes et les groupes armés.Recrutement d’enfants-soldats,violsetmeurtresdemineurs,atta-ques d’écoles… Les allégations nemanquentpas.
Enfin,la tenue del’électionpré-sidentiellele28juillet,commesou-haité par Bamako, n’est pas lemoindredesdéfispourl’ONU,cen-sée aider à son organisation. Uncalendrier jugé irréaliste et irres-ponsable par Ban Ki-moon. Selonlui, «des électionsdansces circons-tancesseront inévitablementfaus-sées». Le matériel et les responsa-bles électoraux n’ont pas encorepuêtredépêchésàKidal.Aceryth-me,demande-t-il,comment «s’as-surer que les élections contribue-rontvraimentàrenforcerlastabili-té et à promouvoir la réconcilia-tionnationale»?p
AlexandraGeneste
RomeCorrespondant
Uneheureaprèsledébutdudépouillement,GianniAle-manno (droite), le maire
sortant de Rome, reconnaissait sadéfaite. Il est vrai que l’avance desonadversairedegaucheétaitdéjàirrécupérable. Ignazio Marino, unchirurgien de 58 ans spécialistedestransplantationsd’organes,l’aeneffetemportéavecprèsde64%desvoix.Marquéparuneforteabs-tention (52%), le second tour desélections municipales italiennes,lundi 10juin, a consacré le triom-pheduPartidémocrate(PD,centregauche) alors qu’il aurait dû célé-brerses funérailles.
Tardive et amère victoire? LeParti démocrate remporte les
16 chefs-lieuxdeprovince(l’équi-valent desdépartements)soumisauvote.Aufonddutrouilyatroismoisaprèssa «non-victoire» auxélectionslégislativeset sénatoria-les des 24 et 25février, incapabledefaireéliresoncandidatàlapré-sidence de la République, sanschef après la démission de sonsecrétaire général, Pier Luigi Ber-sani, ilrenaîtde sescendresenco-retouteschaudes.
«Le Parti démocrate n’est paslié à une personne charismatique,commeSilvioBerlusconiou BeppeGrillo, par exemple, expliqueRoberto D’Alimonte, professeurdesciencespolitiquesàl’universi-té Luiss de Rome. Les candidatsqu’il a présentés étaient peut-êtresansdirigeant,maisils ont profité d’une organisation territorialeefficace héritée du vieux Parti
communiste.»Plus mobilisés,plus disciplinés,les électeurs de gauche ont fait ladifférence, même en plébiscitantparfoisdescandidatsàlamargeduPD. C’est le cas, à Rome, deM.Marino.Celuia profité dubilanen demi-teinte de son adversaire,entaché de nombreux scandalestouchantauxsociétésmunicipales(eau,transports).Maisil a su égale-mentséduireles«déçus»duPDenrefusant son soutien au gouverne-mentdegrandecoalitiondirigépar
EnricoLetta,seuleissue au blocagedesélectionsdefévrier.
Menant campagne à vélo, sacau dos, IgnazioMarino, connupoursesprisesdepositionprogres-sistes(enfaveurdudroitàl’avorte-ment etd’une loi sur la finde vie)s’est sagement tenuen dehorsdesdébats qui agitent le PD. Il a com-blé son handicap à l’égard de lapuissante hiérarchie ecclésiasti-que en séduisant également lesbobos,àquiilapromisdeskilomè-tresdepistescyclablesetdestrans-ports en commun qui arrivent àl’heure.
«No Silvio,noparty»LaprisedeRome,quiretourneà
gauche après un intermède decinq ans, ne saurait donc faireoublierlesécueils, niles choix qui
devront être faits lors d’uncongrès du Parti démocrate àl’automne: choix d’unchef,choixde la ligne politique, choix desalliances.Elle n’est pasun gage detranquillitépourl’exécutif.M.Let-ta peut se croire conforté par cerésultat qui éloigne la menace duMouvement5étoiles(M5S)deBep-pe Grillo et celle du Peuple de laliberté (PDL) de Silvio Berlusconi.Mais ce succès réveille aussi lesambitions de son concurrent degauche, le jeune maire de Floren-ce, MatteoRenzi.
Enrevanche,le PDLet l’inclassa-bleM5Sontpayél’absencedeleurschefs respectifs, Silvio Berlusconiet Beppe Grillo, plus discrets danscette campagne que lors des élec-tionsgénérales. Sans le soutiendeleursdirigeantsetdeleurcapacitéàtransformer n’importe quel scru-
tinlocalen bataillenationale,leurscandidatspeinentàs’imposer.Néily a seulement trois ans, le M5Sn'apas eu le temps de s’implanter. LePDL, privé dela force d’appointdelaLiguedu Nord, quiperd sonfief de Trévise (Vénétie), doit désor-mais penser à l’après-Berlusconi.«No Silvio, no party» («Pas de Sil-vio, pas de parti»), titre, mardi11juin,lequotidiendedroite IlGior-nale. L’ironie masque à peine unvrai problèmestratégique.p
PhilippeRidet
IstanbulCorrespondance
L es barricades qui proté-geaientlaplaceTaksimd’uneintervention policière n’ont
pas résisté bien longtemps. Enquelques minutes, dans la mati-néedemardi11juin,plusieurscen-taines de policiers antiémeutessont entrés sur la place, occupéepar les manifestants depuis unedizaine de jours. Des engins blin-déséquipésdelancesàeauontétépositionnésdevantlecentrecultu-
rel Atatürk, repoussant les mani-festants dans un épais nuage degaz lacrymogène, tandis qu’unmessage du gouverneur d’Is-tanbul était diffusé par haut-parleur. «Notrebut estde nettoyer les bâtiments et le monument detousles drapeauxet sloganspoliti-ques. Pasd’évacuerle parcGezi», aassuré Hüseyin Avni Mutlu. Seshommes ont repris le contrôle dela placecentraled’Istanbul.
Lesautoritésonttout fait, cettefois,pouréviterlesaffrontements.
Le déploiement s’est fait sans labrutalité extrême des premiersjours de l’occupation. «Ne jetez
pas de pierres et nous ne lancerons pasde grenadesde gaz.Tenez-vousà l’écart des provocateurs », aprévenu le gouverneur, enremerciant «les jeunes» pour leur«modération» .
«On nevoustouchera pas»Du côté des occupants, le mot
d’ordre a circulé de ne pas provo-querlapolice. «SiuncocktailMolo-tovestlancé,celaneviendrapasde
gens qui sont avec nous» , ontpro-mis des manifestants sur lesréseauxsociauxalorsquedespro-vocateurs masqués semblaients’être glissés sur la place. Quel-ques affrontements ont tout demême éclaté autour des barrica-desentre policierset activistesdela gauche radicale ou avec desgroupesde jeunes.
Face aux blindés de la police,desdizainesdemanifestants,dontle nombres’est accru progressive-ment,ontfaitbarrageensetenant
la main, sous l’œil de dizaines decaméraset de journalistes.
Cette opération de police mati-nale visait principalement lesgroupuscules d’extrême gauchequiavaientéludomicileplaceTak-sim depuis une dizaine de jours,plantantleurstentessurlespelou-ses et autour du Monument de laRépublique. Cespartis révolution-naires, «les groupes marginaux»dénoncés par le gouvernementturc, dont certains sont interditsvoireconsidéréscomme «terroris-tes» par l’Etat, avaient tapissé les
façadesdes immeublesde sloganset de portraits des icônes de leursmouvements. «Quatorze organi-sations illégalesse trouventà Tak-sim», avait dénombré le porte-parole du Parti de la justice et dudéveloppement(AKP,aupouvoir),Hüseyin Celik. Pour le gouverne-ment, l’objectif est de couper cesgroupusculesdurestedesmanifes-tantspacifiques.
En revanche, le parc Gezi, tou-joursoccupépardescentainesd’ac-tivistes, n’a pas été investi par les
forcesdepolice.Maisilaétéenvahipar les gaz lacrymogènes. «On netoucheraenaucuncasau parc Geziet à Taksim, on ne vous toucheraabsolument pas. A partir de cematin,vousêtesconfiés àvos frères
policiers» , avait lancé le gouver-neursursoncompteTwitter.
LareprisedelaplaceTaksimparles autorités intervient à la veilled’une rencontre cruciale entre lepremier ministre, Recep TayyipErdogan, et les représentants dumouvementd’occupationde Tak-sim. «Notre premier ministre a
donné rendez-vous à certains des groupes qui organisent ces mani- festations» , a déclaré lundi soir levice-premier ministre BülentArinçàl’issueduconseildesminis-tres. «Il écoutera ce qu’ils ont àdire.» Enmême temps quece pre-mier geste concret d’apaisementdu chef du gouvernement,M.Arinç avait ajouté que «lesmanifestations illégales ne(seraient) plus tolérées», ouvrantlavoieà uneintervention.p
GuillaumePerrier
AIstanbul,lapoliceantiémeutereprendlecontrôledelaplaceTaksimLesforcesdel’ordresontintervenuesà laveilled’unerencontreentrelepouvoiretlesmanifestants
BanKi-moondonneunfeuvertprudentaudéploiementdesoldatsdel’ONUauMaliLesecrétairegénéraldesNationsuniess’inquiètede l’environnementsécuritaire
LagaucheitaliennereconquiertRomemaisdemeureconvalescenteAprès la«non-victoire» deslégislatives, lePartidémocrateremporteles électionsmunicipales
4 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 5/48
international & europe
V O T R E V I E PR I V É E E S T N O T R E PR I O R I T É .
Sur Internet, on aime partager...// ON LA COUVRE DE CADEAUX_
... mais pas tout dévoiler.// COMPTE EN BANQUE DANS LE ROUGE_
Il y a des informations personnelles que vous acceptez volontiers de partager sur Internet. Mais pas toutes. C’est pourquoi, chez Microsoft, nous cherchons des
solutions. En incluant par exemple des outils de protection dans Internet Explorer, et en encourageant l’adoption de « Do not track*», avec la conviction que dans
le futur, cela vous donnera encore plus de contrôle sur vos données. Chez Microsoft, votre vie privée est notre priorité. Microsoft.fr/vieprivee
*Do not track = Ne me suivez pas
Le scénarioest aussiexpéditif querépétitif: dansunvillage
du delta du Nil, un hommeestdésignéparunefouleencolèrecomme l’auteur d’un crime restéimpuni.Il estappréhendéet battuà mort en public avant que soncorps mutilé ne soit abandonnéou pendu pourl’exemple aubeaumilieu d’une rue. Quand la policefinit par intervenir, il est souventtrop tard. L’accèsde fureur collec-tif est retombé et le village estretournéàsaroutine.
Le dernier exemple en date decette justicede rue,nouvelleplaiede l’Egypte rurale, s’est déroulédimanche9juin.Unhommeaccu-sé d’avoir violé et assassiné uneadolescente a été lynché dans lalocalité de Qesna, dans le gouver-noratdeMénoufia,aunordduCai-re. Mais c’est surtout dans le gou-vernoratvoisinde Sharkia, leplus
peuplé après ceux duCaire et deGiza et l’un des plus pauvres dupays, que ce genre d’acte se pro-duit. Au moins 17 y ont été recen-sésdepuis l’effondrementdu régi-me Moubarak, en janvier2011,selon une source policière, citéeparl’AFP.
«Cettesituationestleproduitdel’affaiblissement de l’Etat et de ladémoralisation de la police, dia-gnostique Ammar Ali Hassan, unsociologue cairote. Depuis la révo-lution,qui aété déclenchéenotam-ment en réaction à la violence des
forcesde l’ordre,une partiede leursmembresrépugneà se montrer en
public, surtout dans ce genre de
contexte,de peurd’êtreà nouveau pris à partie par la population.
Comme le peuple se sent plus fortquelapolice,iln’hésiteplusàsefai-rejusticelui-même.»
Débutmai,ledomiciledeRabieAbdessalem,représentantdesFrè-res musulmans, le parti au pou-voir, à Kattaouiya, dans laprovin-ce de Sharkia, a été pris d’assautpardesvillageoisenragés.La cibledeleur vindicte: le filsdu notableislamiste,Youssef,âgéde 16 ans. Alasuited’unedisputeavecunhabi-tantqui avait injurié sonpère surFacebook, celui-ci avait ouvert lefeuenpleinerue,tuantunpassantetblessantun autre.Assaillipar lafoule, l’adolescent fut étripé sansautre forme de procès et sadépouille traînée sur des centai-nesdemètresdanslevillage.Selonle correspondant local du quoti-dien Al-Ahram, seuls deux poli-
ciers furent dépêchéssurles lieuxde l’attaque, plusieurs heuresaprèsson sordidedénouement.
«Le pouvoir est confronté à undilemmecaractéristique des pério-desdetransitionpolitique,analyseAlvaro Vasconcelos, chercheur àl’ArabReform Initiativeet spécia-listedesquestionssécuritaires.S’ilagit,il estcritiqué ets’iln’agit pas,il estcritiquéaussi.La prudencedela police est d’autant plus grandeque ses agents ne maîtrisent pasbien les techniques de coercitionnonlétales.»
En mars, à Ezbat Al-Gindy, unvillage de la province de Sharkia,unhomme accuséd’avoirvoléun
camion a été pendu à un arbre.Quelques jours plus tôt, à Mahal-
lat Al-Ziad, dans le gouvernoratvoisinde Gharbia,deuxindividus,membres supposés d’un gang dekidnappeurs, ont été mis à mortavantd’êtrependusparlespiedsàun lampadaire.
De l’avis des spécialistes, cetype de châtiment, connu sous leterme d’al-haraba, ne date pas dela révolution. Dans les hameauxdudeltaainsiquedanslavalléeduNil, des régions qui fonctionnentselon un mode encore largementtribal,oùtoutlemondeseconnaît
et où il est aisé d’identifier lesauteursde volsou demeurtre,lesactes de vengeance populaire onttoujourseu cours.
Mais le vide sécuritaire et lemarasme économique qui sévis-sentdansle pays depuisdeux ansont mis à mal les mécanismes decontrôle social, qui servaient jus-que-là de filet de sécurité, et pro-pulséla criminalité à des niveauxjamais vus. Selon le ministère del’intérieur,letauxd’homicideatri-plé depuis 2011 et le nombre devols à mainarmée a été multiplié
par dix, entraînant un accroisse-mentdu recoursà l’autojustice.
Selon ses opposants, le prési-dentMohamedMorsiaencouragélui-mêmecettedérive. Unesemai-ne avant le lynchage de MahallatAl-Ziad, alors que le pays était laproie de violents affrontements,doublés d’un mouvement de grè-ve de la police, le procureurgéné-ral avait appelé ses concitoyens àse transformer en auxiliaires desforcesdel’ordre.Envertud’unobs-cur article du code de procédurepénale,lemagistratavaitincitélesEgyptiens à appréhender toutepersonnesurpriseen train deper-pétrerdes actesde vandalisme.
Au même moment, le mouve-ment salafiste Gamaa Islamiyaavaitannoncélaformationdemili-cesprivéesàAssiout,danslavalléedu Nil, censées pallier aux man-ques de l’Etat «Le président Morsidoitrevenirsur lesdéclarationsdu
procureur, insiste M.Hassan. Les Frères doivent aussi arrêter d’utili-serdeshommesdemaindansleursconfrontations avec l’opposition.
Dans l’attente d’une réforme de fond de la police, c’est comme celaquel’onpourralimiterlesdégâts.»
En mars, à la suite d’un autrerèglement de comptes expéditif,dansle villagede Gandia,au nordduCaire,lepèredelavictime,accu-sée de vol, avait révélé, certificatsmédicaux à l’appui, que son filssouffrait de troubles mentaux.Outragé, ilavaitpromisde seven-geràsontour.p
BenjaminBarthe
SYRIE
Doubleattentat-suicideaucentredeDamasDAMAS.Deuxpersonnesontété tuéeset 26autresontété bles-sées, mardi11 juin, dansun doubleattentat-suicidesur laplaceMarjeh,dansle centrede Damas,a rapportéla télévisionofficiel-le syrienneAl-Ikhbariya.Cette chaînea montréles propriétairesdemagasinsen train denettoyerla chausséedevantleursdevan-turesdémolies.Dans un communiqué, l’Observatoiresyrien desdroitsde l’homme(OSDH)a indiquéquedeux personnes
avaientététuéeset plusde vingtblessées«par l’explosiondedeuxchargessur laplaceMarjeh». Selonla Commissiongénéraledela révolutionsyrienne(CGRS),un groupede militants,«deuxexplosions onteu lieusuccessivementprèsdu bâtimentdesservi-cesde l’immigrationet depasseportsfaisantdesmortset debles-sés». – (AFP.)p
IrakPlus de70 morts dans desattentatsBAGDAD.Uneséried’attentatset defusilladesafaitplusde70morts, lundi 10juin,danslenordde l’Irak,ontannoncélesautoritésirakiennes.Cesattaques n’ontpas étérevendiquées.AMossoul,notamment, cinqvoitures piégéesont exploséprèsd’unpostede commandementdes forcesde sécuritéetplusieursroquettesse sont abattuessur lebâtiment,faisantau moins24morts,ontannoncéla policeet leshôpitaux.La plupartdes vic-timessontdes policierset desmilitaires.Prèsde 2000person-nesontété tuéesdansles violencesdepuislemoisd’avrilenIrak.– (Reuters.)
IranDésistementde MohammadRezaArefpour l’électionprésidentielleTÉHÉRAN. Mohammad RezaAref, réformateur, a retirésa candi-
datureà l’électionprésidentielleiranienne du 14juin, laissantHassanRohaniseulen licepourlecampmodéréet réformateur,a annoncésonsiteofficiel,mardimatin11juin.Cesderniersjours,les appelss’étaientmultipliésparmiles réformateurspourqueM.AreflaisselechampàM.Rohani,soutenuparl’an-cien président AkbarHachemiRafsandjani,dont la candidaturea étéinvalidée. – (AFP.)
Etats-UnisPasde tracesOGMdansle blécommercialisé de l’OregonSelonle ministèrede l’agricultureaméricain,les testsréalisésdanslazoneautourdela fermede l’Oregonoùa étédécouvert,le30mai,dubléOGMMonsantononhomologuémontrentquelebléquia étécommercialiséne présentaitpasde tracede contami-nation.Aprèscette découverte, plusieurs paysasiatiquesavaientsuspenduleursimportationsde blé tendreblanc américain culti-védansl’Oregonet l’Ouestaméricain.Laraisondela présencedecetOGMresteà cejourinexpliquée. – (AFP.)
Enmars,leprocureurgénéralavaitappelé
sesconcitoyensàsetransformer
enauxiliaires
desforcesdel’ordre
EnEgypte,deslynchagesenpleineruetémoignentdudélitementdel’EtatLapoliceest impuissante face à lamultiplicationdesactesde vengeancedans leszones rurales
50123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 6/48
Emploiprésente
Boostezvotre carrière avec
DecouvreznotrenouvellechaîneLeMonde.fr/emploiL’actualité du marché de l’emploi,la gestion de carrière,le management et toutes nos ofres d’emploi.
planète
Ici, pas d’images de rats défor-méspard’énormestumeurs:àla différence des recherches
controversées qui ont récemmentdéfrayé la chronique, les photosdes rongeurs enrôlés dans l’expé-rience ne sont guère spectaculai-res. Les travaux menés par KatiaJédéon,duCentrederecherchedesCordeliers (Inserm, universitésParis-V, Paris-VI et Paris-VII), n’ensont pas moins inquiétants. Pré-sentés en décembre2012 au collo-que du Programme national derecherche sur les perturbateursendocriniens, ils ont suscité chez
les scientifiques présents un inté-rêtet une surprise considérables.
Publiés lundi 10juin dans larevue AmericanJournalof Patholo-
gy, ils sont les premiers à établirque la formation des dents peutêtre affectée par une exposition àde faibles doses de bisphénol A(BPA)–unemoléculeomniprésen-teutiliséedanslesplastiquesetlesrésinesdesboîtesdeconserve,quiimprègne 95% de la population.Surtout,ilssuggèrentqu’unemala-dieémergente– l’hypominéralisa-tion des molaires et des incisives(MIH) – pourrait être due à une
expositionau BPAdansla périodepérinatale. Ce trouble nouveaun’avait jusqu’à présent jamais étéfermementattribué.
«Le MIH est une pathologierécemment décrite, caractérisée
par des taches blanchâtres ou jau-nes sur les premières molaires oules incisives permanentes, expli-queSylvieBabajko (Inserm), qui adirigécestravaux. Lesétudesépidé-miologiques menées jusqu’à pré-sentdonnentune grande amplitu-de de prévalence, entre 2,5% et
40%, selon les régions du mondeet/ou les critères de diagnostic,mais on peut considérer qu’enmoyenne, cette pathologieconcer-neenviron16%à18%desenfants.»Ce défaut de minéralisation estbénin,maisilpeutrendrelesdentsplus fragiles, en particulier plussusceptibles à la carie. Lorsqu’iltouche les incisives, il peut êtreassezdisgracieux.
Pour les auteurs, le MIH pour-raitainsiêtrele signevisibled’uneexpositionauBPA–ouàdesmolé-culesprésentantunmoded’actionsimilaire – pendant les périodes-clés du développement. Or ungrand nombre de travaux menéssurl’animalou d’étudesde cohor-teshumainesmontrequel’exposi-
tion au BPA in utero ou aux plusjeunesâgesde lavie estassociéeàdes probabilités accrues de déve-lopper certainespathologies, plustard danslavie : obésitéet diabètedetype2,cancershormono-dépen-dants (sein, prostate), troubles dela reproduction, troubles neuro-comportementaux,etc.Cesrecher-ches pourraient donc permettreun suivi plus attentif de certainsenfantsatteintsde MIH.
Les résultats présentés par lesauteurssontsansambiguïté.Deuxgroupesdeseizeratsmâlesontétéétudiés.Le groupe témoin n’a pasété misencontactavec duBPA. Lesecondgroupeest issude femellesayant été exposées par voie orale,dèslaconception,àunedosequoti-dienne de 5microgrammes parjouretpar kilo depoids(5μg/j/kg)
de BPA, soit un niveau d’exposi-tiondixfoisplusfaiblequelalimi-te théoriquement acceptable, cal-culéeparl’Autoritéeuropéennedesécuritédesaliments(EFSA).Ensui-te, après leur naissance, dès leursevrage, les rats ont été eux-mêmessoumisàce régime.
«Un telprotocolemimeauplus prèsla situationrencontréedans la populationhumaine, puisquel’ex- position au BPA est quasi perma-nente», dit Mme Babajko. Résultat:les trois quarts des rats exposésprésententdes tachesopaquessurlesincisives,analoguesau fameuxMIH, remarqué ces dernières
années chez les enfants . A
l’inverse, aucun rat témoin n’adéveloppé l’anomalie.Lesauteursn’en sontpasrestés
aux ressemblances visuelles. Ilsont analysé l’émail des dents desrongeurs et celles d’humainsatteints et constatent des analo-giesdanslacompositiondel’émail
défectueux– avec uneteneur plusfaible en minéraux. Au microsco-pe,lesmêmesdéfautsdestructureapparaissent dans un cas commedansl’autre.Leschercheursont,deplus, identifié le mécanisme d’ac-tionduBPA:celui-ciinfluencel’ex-pression de deux gènesimpliquésdansla formationde l’émail.
Cestravauxdevrontêtreconfir-més par d’autres études testantplusieurs niveaux d’exposition,surdesmâlesetdesfemelles–uneseuledoseayantététestée,unique-ment sur des mâles. En l’état, cestravauxne permettent pasd’attri-buer au BPA (ou aux moléculesayantun mode d’actioncompara-ble) l’ensemble des MIH constatéschez les jeunes enfants, mais ilssuggèrentque delarges frangesdelapopulationsontexposées–prin-
cipalement à travers l’alimenta-tion–àdesdosesbeletbienactivesdeBPA.
Banni en 2011 des biberons, leBPA sera interdit en France danstousles contenantsalimentairesàpartirde 2015.p
StéphaneFoucart
L
orsdeleursommet«enman-chesde chemise» en Califor-nie, vendredi7 et samedi
8juin, le président américain,BarackObama, et son homologuechinois,XiJinping,n’ontpasseule-mentparlé destensionsmilitairesdanslePacifiqueou decybersécu-rité. Ilsontaussitrouvéunterraind’entente dans un domaine plussurprenant:laluttecontrelechan-gementclimatique.
Les deux pays ont annoncé unaccordvisantàéliminerprogressi-vement la production et l’usagedes hydrofluorocarbures (HFC),desgazindustrielsconsidéréscom-me des «supergaz» à effetde ser-re. Sans donner pour autant uncalendrier précis.
Les HFC, principaux représen-tants de lafamille desgaz fluorés,sont utilisés dans la réfrigération,laclimatisation,ainsique dansleséquipementsélectriques,lesmous-ses isolantes ou les bombes aéro-sols. Ils ont été introduits depuisles années1990 pour remplacerd’autres gaz aux mêmes proprié-tés,comme leschlorofluorocarbu-reset leshydrochlorofluorocarbu-res,bannisparleprotocoledeMon-tréal de 1987 visant à protéger lacouched’ozone.
Mais si l’impact des HFC sur lacouche d’ozone est mineur, celuisur le climat, lui, se révèle consé-quent: ces gaz ont un pouvoir deréchauffement de plusieurs mil-
liers de fois supérieur à celui dudioxydede carbone(CO2).
Or, sous l’effet du boom de la
constructiondanslespaysendéve-loppement,et d’uneutilisationdela climatisation en pleine expan-sion, lesémissionsde cesgaz pro-gressentde8 % par an. «A ceryth-me,les HFCpourraientreprésenter
20% desémissions degaz à effetdeserremondialesen2050,contre2%aujourd’hui», prévient Célia Gau-tier, chargée des politiques inter-nationales et européennes auRéseau action climat, une fédéra-tiond’associations.
Effetboule de neige«L’accord sino-américain est
très encourageant dans la mesureoùilpeutdébouchersurunebaisserapidedesémissions,s’enthousias-me-t-elle. Les HFC sont plus facilesetmoinscoûteuxàcontrôlerqueleCO 2 car ils sont créés par l’homme,contrairementau CO 2 quiest aussiémisnaturellement.»
UnelimitationglobaledesHFCpourrait potentiellementréduirede 90gigatonnes les émissionsen équivalent CO2 d’ici à 2050,soitenvirondeuxans derejetsdetouslesgazàeffetdeserre,confir-me la Maison Blanche dans uncommuniqué.
Ladécision desEtats-Unis et dela Chine va probablement fairebouledeneige. «Pékindevraitpar-venirà convaincre l’Indeoule Bré-
sil, qui sont les autres principaux producteurs – et de plus en plusconsommateurs– de ces gaz. On
pourrait alors aboutir rapidementà unaccord pourleur suppression,soit en octobre à la conférence des
parties au protocole de Montréal,soità laconférencedeVarsoviesur le climat en novembre», espèreCéliaGautier.
Jusqu’à présent, la propositiond’intégrerles HFCau protocole deMontréal, défendue par la Micro-nésie,lesEtats-Unis,leCanadaetleMexique, a été repoussée par lespays en développement. Pour cesderniers,lesHFC,enraisondeleurinfluence sur le climat, devaientplutôtêtresoumisauprotocoledeKyoto, quivise à réduireles émis-sions de gaz à effet de serre. « Lanouvellepositionchinoiselui don-ne une reconnaissance en matièreclimatique, analyse Mme Gautier.
MaisPékina aussiun intérêtécono-mique à développer un nouveau
gaz réfrigérant, sachant que les HFC finiront par être interdits.»
L’Union européenne a aussiavancé de son côté: en novem-bre2012, laCommissiona présen-téun projetde règlement visantàréduirededeuxtierslesémissionsdegazfluorésainsiquede 80% laquantité totale de HFC pouvantêtrevendue dansl’UEd’icià 2030.LetextedoitêtreadoptéparlePar-lementle19juin.p
AudreyGarric
«Onpeutconsidérerqu’enmoyennecettepathologieconcerneenviron16%à18%
desenfants»SylvieBabajko
Inserm
1996Premièremise enévidence
surl’animalde latoxicitéà faible
dosedu bisphénolA (BPA).
2005Unerecension dela littéra-
turescientifiqueprésente une
centained’étudessuggérantune
variété d’effetsdélétèresdu BPA
sur l’animal.
2007Dansle Consensusde Cha-
pelHill sur le BPA, unequarantai-
nede chercheursinternationaux
s’inquiètede seseffets: puberté
avancée chezlesfilles,troubles
neuro-comportementaux,can-
cers hormono-dépendants,ris-
ques cardio-vasculaires,etc.
2009 LeCanada interditle BPA
dansles biberons.
2011 L’UEfaitde même.
2012 EnFrance,la loidéposée
parle député(PS)GérardBapt
estvotée.Elle prévoitl’interdic-
tiondu BPAdans lescontenants
alimentairesen 2015et en2013
dansceuxdestinésaux enfants.
LebisphénolAaltéreraitl’émaildesdentsdesenfantsL’expositioninuteroauperturbateurendocrinienseraità l’originedetaches surlesmolaireset lesincisives
Dessignauxd’alerte anciens,des réactionstardives
LaChineetlesEtats-Unisd’accordpourréduireles«supergaz»àeffetdeserreHFCLeshydrofluorocarbures,des fluidesréfrigérants,ontunpouvoirderéchauffementplusieursmilliersdefois supérieurà celuiduCO2
6 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 7/48
france
Claude Guéant disait doncvrai, au moins en partie:selon un rapportremislun-
di10juinàManuelValls,unsystè-
medeprimesenliquideabienper-duré après 2002 et ce «pendantdeux à trois ans» au cabinet duministre de l’intérieur d’alors,N ico la s S arko zy . C ommeM.Guéant l’avait expliqué, finavril, la Place Beauvau piochaitdans les frais d’enquête et de sur-veillance dela policenationale.Lerapportprécisele montant,«envi-ron 10000 euros par mois remisau directeur de cabinet du minis-tre»,M.Guéantlui-même.Enclair,l’argentliquidedestiné«àpermet-trelarecherchederenseignements,la rémunérationdes informateurs,la mise en œuvre de moyens d’in-vestigation»aétéutilisépourcom-penserladisparitiondesfondsspé-ciaux, qui, jusqu’au 1er janvier2002,permettaientde gratifierdela main à la main les personnels
des cabinets ministériels, sansaucuncontrôle.Lapolémique étaitpartie d’une
perquisition au domicile deM.Guéantetdeladécouverte,révé-léefin avril,de facturespayées ennuméraire, pour un montant de20000à 25000 euros. La trou-vaille était fortuite – les policiersenquêtaientsurunéventuelfinan-cement libyen de la campagne de2007 de M.Sarkozy –, elle n’en apasmoinsprovoquédevifsdébatslorsquel’intéressé a expliqué quecetargentprovenaitde primesdecabinet versées en liquide, ban-niespar le gouvernement Jospin.
D’autant plus que M.Guéant
assurait que ces primes consti-tuaient un «système indemnitai-re» propre au ministère de l’inté-rieur, touchant «des milliers de
fonctionnaires ». Une affirmationquivenaitd’unspécialiste,patronde la police de 1994 à 1998, puisdirecteur de cabinet de M.Sarko-zy Place Beauvau (2002-2004,
2005-2007) et enfin ministre del’intérieur (2011-2012). M. Vallsavait commandé,le 2mai, unrap-port à l’Inspection générale del’administration (IGA) et à l’Ins-pectiongénéraledelapolicenatio-
nale (IGPN).Le gouvernement Jospin avaitremplacé les fonds spéciaux parlesindemnitéspoursujétionparti-culière, inscrites en bonne et dueforme sur la fiche de paie desconseillers. Mais, selon le rapport,Place Beauvau, la «pratique» desprimesenliquideaété «rétabliedemai2002à l’été 2004»,lorsdel’ar-rivée de M.Sarkozy, car «la dota-tionattribuéeauministèredel’inté-rieur (…) est rapidement apparueinsuffisante» . Les rédacteurs enveulentpourpreuveque,dèsladis-cussionduprojetdeloidefinances2003, le rapporteur du budget àl’Assemblée nationale a entériné
–en toute clarté, pour le coup – leprélèvementde 320000euros surlaligne« enquêteet surveillance»pour abonder les primes de cabi-net, qui avaient été «sous-éva-luées» par Daniel Vaillant, minis-tre jusqu’en mai2002. Au final, lebudget officiel des indemnitésaccordées à Beauvau a augmentéde 300% entre2002 et 2005, de434000eurosà1,3milliond’euros,pourse stabiliserautourde 1,5mil-liond’eurosannuelspar lasuite.
Cette confirmation ne lève pastouslesdoutes.D’abord,l’IGAetl’I-
GPN n’ont pas autorité pourcontrôler les cabinets ministé-riels: elles n’ont pas pu vérifiercommentM. Guéant redistribuaitles10000eurosqu’ilrecevaitcha-quemois.Auplusfortdelapolémi-que, début mai, aucun ancienconseiller de M.Sarkozy n’étaitvenu l’appuyer. Au contraire,Chantal Jouanno et Rachida Datiavaient juré n’avoir jamais rientouché.Selonl’AFP,desprochesdeM.Guéant assurentque cetargentétaitdestinénotammentauxpoli-ciers chargés de la protection du
ministre. Contacté par LeMonde,M.Guéantn’apasrépondu.Lerap-port a été transmis au procureurdela Républiqueà Paris.
M.Guéantavaitégalementaffir-mé que le système avait perduréjusqu’en2006,aprèsson retour àlaPlaceBeauvau,etqu’ilyavaitlui-même mis fin. Selon les inspec-tions, il semble que, pour le cabi-net, tout se soit terminé «au plustard jusqu’à l’été 2004». Cela dit,les auteurs reconnaissent qu’enl’absenced’archivessurlesujet,ilsont travaillé sur la base d’entre-
tiens, ce qui entraîne «des risquesd’imprécisions».
A l’inverse, concernant la poli-ce dans son ensemble, l’utilisa-
tiond’unepartiedesfraisd’enquê-tecommeprimesetgratificationsa perduré jusqu’à aujourd’hui,malgré «les instructions successi-ves» de la hiérarchie, à commen-cerpar un certainClaudeGuéant,dès 1998, comme l’avait révélé
Le Canard enc haîné . Et pour cau-se: jusqu’à la fin 2012, aucun dis-positif de compte rendu ou decontrôlen’étaitprévu.Patronsdela police judiciaire, directeursdépartementaux de la sécuritépublique,responsablesde la poli-ce aux frontières touchent leurenveloppesansjamaisavoiràjus-tifier de son utilisation. En 2013,9,7millionsd’eurosont étédistri-buésau total.
A l’issue de la remise du rap-port, M.Valls a confirmé qu’il nesouhaitait pas «remettreen causel’utilitéde cesfonds quisont indis-
pensablesauxactivitésd’investiga-tion»,maisqu’il «retientlanécessi-téde mettre définitivementun ter-me à certainespratiques indemni-taires». Il suivra donc les recom-mandationsdelamission:unpéri-mètre «restreint aux besoins opé-rationnelsliésaux enquêtes» ;une«base juridique (…) actualisée et,surtout,précisée»; «un doubledis-
positif de traçabilité d’une part, etde contrôle interne par l’lGPN,d’autre part». Enfin, dès 2015, I’I-GAetI’IGPNprocéderontàunexa-men annuel conjoint de l’usagedesfonds.p
LaurentBorredon
Lesinspecteursn’ontpaspuvérifiercommentM.Guéant
redistribuaitles10000eurosqu’il
recevaitchaquemois
Primes:M.Guéantpercevaitdesfraisd’enquêteSelonunrapport,unsystèmedeprimesenliquideaperduréaprès2002aucabinetdeM.Sarkozy,placeBeauvau
V O T R E V I E PR I V É E E S T N O T R E PR I O R I T É .
Sur Internet, on aime partager...// COLLECTIONNE LES COPINES_
... mais pas tout dévoiler.// ET LES AVERTISSEMENTS_
Il y a des informations personnelles que vous acceptez volontiers de partager sur Internet. Mais pas toutes. C’est pourquoi, chez Microsoft, nous cherchons des
solutions. En incluant par exemple des outils de protection dans Internet Explorer, et en encourageant l’adoption de « Do not track*», avec la conviction que dansle futur, cela vous donnera encore plus de contrôle sur vos données. Chez Microsoft, votre vie privée est notre priorité. Microsoft.fr/vieprivee
*Do not track = Ne me suivez pas
ClaudeGuéant(au centre) en2012 avecMichelGaudin,directeurgénéral dela policenationalede2002à2007. JEAN-PIERREREY/DIVERGENCE
70123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 8/48
SOURCE : CONSEIL D’ORIENTATION DES RETRAITES* 60 ans pour la génération 1950 ; 62 ans pour les générations 1960 et suivantes
SECTEUR PUBLIC
Année de naissance 1950 1960 1970 1980 1990
Enseignant
Policier(avec départ anticipé)
Cadre
Non-cadre
Cadre A(avec forttaux de prime)
SECTEUR PRIVÉ
76 77 77 77 77
54 54 55 55 55
75
75
68 54 54 54
56 57 53 51 51
77 72 70 69
Des retraites comprises entre 50 % et 80 % du dernier salaireNIVEAU DE PENSION À L’ÂGED’OUVERTUREDES DROITS* POUR5 PROFILSSELON L’ANNÉEDE NAISSANCEen% duderniersalaire
«Passerà64ou65ansd’âgelégalestlaréformequirapporteleplus»
Commune de Montgenèvre (Hautes Alpes)Par arrêté en date du 4 juin 2013, le Maire de Montgenèvre porte à la
connaissance du public qu’il sera procédé à une enquête publique relative à
l’impact sur l’environnement du Permis d’Aménager de la zone du Clôt Enjaime
à Montgenèvre.
Le dossier d’enquête sera à la disposition du public du lundi 24 juin 2013 au
mercredi 24 juillet 2013 inclus, en Mairie, de 13 h 30 à 16h30 tous les jours
ouvrables sauf samedis, dimanches et jours fériés.
Lecommissaireenquêteurse tiendraà disposition dupublicle lundi24 juin2013,
et les mercredis 3, 10, 17 et 24 juillet 2013 de 13h30 à 16h30. Les observations
éventuelles pourront lui être adressées par écrit à la Mairie de Montgenèvre.
APPEL D’OFFRES - AVIS D’ENQUETE
01.49.04.01.85 - [email protected]
Le sujet est explosif. Depuisquel’onsaitquelerapportdelaconseillèred’Etatetancien-
neprésidenteduConseild’orienta-tion des retraites (COR), YannickMoreau,sur la réforme des retrai-tes,quidevraitêtrerenduvendre-di 14juin, au premier ministre,Jean-Marc Ayrault, proposera derapprocherles règles de calcul dupublicsurcellesduprivé,lesinéga-litésréellesousupposéesentresta-tutssontrevenuessurledevantdela scène. Ages de départ, niveauxde pension, droits annexes, voicil’état des lieux des différencesentreles régimes.
Desâgesdedépartquiserapprochent
Depuis les réformes de 2003concernant les fonctionnaires etde 2008 portant sur les régimesspéciaux(RATP, SNCF…), les règlesd’âge sont progressivement ali-gnées entre lesdifférentsrégimesde retraites. L’âgeminimum légal,dans le cas général, devrait ainsiêtre porté progressivement à62anset ladurée de cotisationdupublic et du privé sont désormaissimilaires (41,5 ans). La durée decotisation des régimes spéciauxseraaussialignée,maisseulementd’icià2017.
Reste toutefois une inégalitéd’importance. Les départs antici-péspourlescatégoriesdites«acti-ves», dansla fonctionpubliqueetpourlesrégimesspéciaux.Lespoli-ciers, les gardiens de prison et lescontrôleurs aérienspourront tou-jours partir dès 52 ans. Les doua-niers,lespoliciersmunicipaux,lespersonnelshospitaliersencontactavec les malades ou les employésde la SNCF à 57 ans et les conduc-teurs de train à 52 ans. Autantd’aménagements impossiblesdansle privé,même pourdesper-sonnes exerçant une professionsimilaire. Il existe bien pour euxun dispositif permettant desdépartsanticipésen casde travaildans des conditions pénibles,maisilrestetrèspeuutilisé.
L’impact des catégories «acti-
ves» est considérable pour le sec-teur public.«En 2011,les agentsencatégorie active représentaient
26% des fonctionnaires partis à laretraite dans la fonction publiqued’Etat (horsmilitaires),8 % dans la
fonction publique territoriale et67% danslafonctionpubliquehos-
pitalière», rappelle le COR.Mêmesicestauxontvocationà
se réduire dans le futur, les diffé-rencesd’âgededépartvonttoutdemême subsister. L’âge moyen dedépart effectif des fonctionnairesd’Etat devrait être de 58,7 ans en
2025, de 61,2 ans pour la SNCF, demoins de 59 ans pour la RATP,alors qu’au même moment ildevrait osciller entre 63 et 64 anspourleprivé.
Desniveauxdepensionsinégaux
Les précédentes réformes desretraites ont laissé en place desrègles de calcul des pensions quidivergent entre public et privé.Alors que pour les fonctionnairesla retraite est calculée sur les sixderniers mois de salaire, en inté-grant très peu les primes, pour leprivé, le calcul se fait sur les 25meilleures années, sur la quasi-totalité de larémunération.
Au regard des différents
niveaux de pension, les retraitesdesfonctionnairesd’Etatapparais-sentbienmeilleuresque cellesduprivé.La pensionmoyenne verséepar l’Etat atteindra par exemple22767 euros en 2020, contremoins de 20000 euros pour lescadresdu privé.
Maisdifficiledesavoirsicesiné-galités sont dues aux différencesderègles.Lesfonctionnairesd’Etatsonteneffetplusdiplômésquelessalariés du privé et connaissentmoins le chômage. Une étude duCOR,publiéeenfévrier,acomparé
le niveau de pension par rapportau dernier salaire en fonction dehuit différents types de carrière.L’étude montre que ce niveaudépasse les 70% pour un non-cadre du privé ou un enseignantdu public. En revanche, il s’établitautour de 55% pour un cadre duprivé ou pour un cadre du public
decatégorieAavecunforttauxdeprimes.
Cette étude a des limites, carellenesefocalisequesurquelquesparcours, sansprendre en comptele profil de diplôme par exemple.Mais elle montre que calquer lemode decalculdu publicsur celuiduprivése traduiraitparune per-
ted’importancepour lesfonction-naires qui touchent peu de pri-mes, comme les enseignants. Enrevanche,ceuxquitouchentbeau-coup de primes pourraient ygagner. De quoi complexifier unpeu plus un éventuel alignementet relativiser les inégalités entrepublicet privé.
Desavantagestrèsvariables
A côté de l’âge de départ et duniveau de pension, il existe plu-sieurs dispositifsannexesqui dif-fèrentselonlesrégimes.Parexem-
ple,les pensionsde réversion,des-tinéesauxconjointsaprèsledécèsd’un assuré, sont calculées diffé-remment. Dans le public, c’est engénéral 50% de la pension duconjoint décédé, sans conditionsd’âgeouderevenus.Dansleprivé,c’est entre 54% et 60%, mais àconditionque le revenu du survi-vant ne dépasse pas 19600 eurosetqu’ilaitatteint55ans.
Lesbonusderetraitenonimpo-sables pour les parents de troisenfants et plus diffèrent égale-mentd’unrégimeàl’autre.Dansleprivé, c’est 10%. Dans la fonctionpublique, la RATP ou la SNCF un«surbonus» de 5% par enfant àpartirdu quatrièmes’applique.
Par ailleurs, dans le public, unenfant ne permet de validerqu’une année de cotisation enplus, contre deux dans le pri-
vé.Cette dernière mesure nevisant que l’un des deux parents.Autant de règles qui illustrent lacomplexité à rapprocher les régi-mesde retraite.p
J.-B.C.
politique
AuxInvalides,FrançoisHollandevante«laleçonpolitique»dePierreMauroy
Retraites:quellesdifférencesentrelepublicetleprivé?Lerapportde laconseillèred’EtatYannickMoreau,remis aupremierministrevendredi 14juin, devraitproposerde rapprocher lessystèmes
Entretien
Ancienconseillersocial de Nicolas
Sarkozy, RaymondSoubiea pilotélaréformedesretraitesde2010depuisl’Elysée.Désormaisdiri-geantdu cabinetde conseilAlixio,ilminorel’effortà fournirpourlaprochaineréforme.Quepensez-vous despremières
pistesde réformeévoquées?
Legouvernementn’exclutpasunehaussedes cotisations.Ellevacertainemententraîner desréac-tionsdu patronat, maiscettemesureresteplusfacileà faireaccepteraux Français, commelemontrentles sondages. Legouver-nementva sûrementaussidéci-derde prolongerla réformeFillonde2003au-delàde2020,enpré-voyantque laduréede cotisationcontinued’augmenter.Commecesmesuresnesuffirontpas,legouvernement pourrait, entreautres,demanderun effortaux
retraités.La réformede2010 avaitjuste-
mentépargnéles retraités…
Legouvernementavaitestiméquelesretraitésnegagnentpastantque l’ondoive faireporterl’ef-
fortsureux.Toutela questionestdesavoir dansquelle proportionlesretraitésseraient touchéset si
legouvernementpréférera désin-dexerleurs pensionsou augmen-terleursimpôts,commeill’afaitpourla branchefamille.Unchangement d’ampleurest-il
possible?
Une réformesystémiquemesembledifficilementréalisable.Elle esttrèscomplexeet trèslon-gueàmettreenœuvre,alorsquelesbesoinsde financementsontàcourtterme.Celaposeraitlaques-tiondela fusionde touslesrégi-mesquiseheurteraitàuneoppo-sitiontrèsviolentede tousles syn-dicats,saufpeut-êtredela CFDT.Quelchoixfaudrait-ilfaire selon
vous?
Passerà64ou65ansd’âgeminimumlégalentre2025et2030,commeles autrespayseuro-péens,est laréformequi rapporteleplus.L’équilibredesrégimesde
retraite tient aussià unretourdelacroissance.Faut-il, selonvous,alignerles
règles decalculdes retraites
desfonctionnairessurcelles du
privé?
Unepartieducheminaétéfaiten2010.Le gouvernementavaitalignéle montantdes cotisations
etmisfinauxretraitesanticipéesauboutde 15ansd’activitépourlesparents de troisenfants.
Ilrestedeuxsujets.Surunpeuplusde5 millionsdefonctionnai-res,un millionestclassé enservi-ceactif.Ilspeuvent partirplustôt.Ils’agit souventdevraismétierspéniblescommeles policiersoul’administrationpénitentiaire.Maisonpeutsedemandersilatotalité dece millionde fonction-nairesest réellementen serviceactif.
Parailleurs,les fonctionnairesconsidèrent–àraison–quelecalculdeleurpensionsurleurssixderniersmoisdesalaireestunecontrepartieà la non-intégrationdesprimesdansle calcul.Maislesfonctionnairesne sontpas égauxàl’égarddesprimes,certainsentouchentbien plusque d’autres.
Cesdeux sujetssonthypersensi-bles,maissi legouvernementnefaitrien,on l’accuseradefairepor-tertoutl’effortsurleprivé.La refonte desrégimesspéciaux
de2007 estcritiquée pourson
coûtet sesfaibleseffets.Est-ilpossibled’allerplus loin?
Cetterefonteaaumoinsle
mérited’exister.Avant,le seulquiavaitosé s’attaquer ausujet étaitAlainJuppéen 1995etil avaitéchouéfaceau mouvementsocial.Les régimesspéciauxsontbeaucoupplussensiblesque lafonctionpublique.Ils’agitdeser-vicesvitauxcommelestrains, lesmétrosou l’électricité,où lescor-porations ontdes positions trèsfortes.La conjoncture politiqueet syn-
dicale est-elle favorablepour
menercetteréforme?
Lesgouvernementssocialistesontjusqu’ici toujoursrefuséderéformerles retraites, maislaréformequi s’annoncesera moinsdifficilequ’onne lecroit.Il fauttrouver7 ou8 milliards,contre30milliardsen 2010.Par ailleurs,lesFrançaissont trèsconscientsdesproblèmesdesrégimesde
retraite.S’ildevaity avoirun mouve-
mentsociald’ampleur,ce quin’est pascertain,jepensequ’ilneseraitpas focaliséuniquementsurcessujets. Etne faisonspasla
politiquedu pire. Ilfautespérerquele gouvernement réussisse.En2010, vousaviezditquevotre
réformedevait permettreunretour à l’équilibre dusystème
deretraiteen 2018…
Laréforme 2010 aété préparéesurlabased’unrapportduConseild’orientationdes retraites
[COR] quiindiquaitqu’ilman-quait30milliardsd’eurosàl’hori-zon2020.Laréformede2010aexactementtrouvé ces 30mil-liards,dontunpeu plusde20mil-liardsgrâceaureportdel’âgedelaretraitede60à62ans.
LeCORa,depuis,révisésespro-jections, enraisondela dégrada-tionde lacroissance.Les hypothè-sesretenues alorsétaientcertestropoptimistes,maisje rappellequela croissance étaitredevenuepositive en2010et 2011. Lebesoindefinancement supplémentaireactuelest d’ailleurs liéprincipale-mentàuneinsuffisancederecet-
tesplutôtqu’àdesfacteursstruc-turelsdémographiques.Sans laréformede 2010,il manqueraitaujourd’hui37milliardsd’euros.p
Proposrecueillis parJean-BaptisteChastand
C’estsous laformed’une«exceptionnelleleçonpoliti-que»queFrançoisHollan-
dedevaitretracerla viedePierreMauroy,mardi11 juinau matin,àl’occasionde l’hommagenatio-
nalrendu à l’ancienpremierministredans la courd’honneurdesInvalides.Une «leçon»quitientautantà ces«grandes réfor-mesqui demeurentaujourd’huicommeautant d’acquis» (décen-
tralisation,abolitionde lapeinedemort, cinquièmesemainedecongéspayés,impôt surles gran-desfortunes),selonlechefdel’Etat,que «par lescirconstancesdanslesquellesil eûtà agiretpar leschoixqu’ileûtà faire»,etqu’ildevaitexposerdevantJean-MarcAyraultet denombreuxminis-treset personnalitéset lamajori-técommedel 'opposition.
Les«circonstances»etles«choix» : trenteansplustard,l’élogeprésidentielfait aupre-mierdes chefsde gouvernementdeFrançoisMitterrand,égale-mentpremiersocialisteà cepos-tesouslaVeRépublique,offre évi-demmentune singulièrerésonan-ce avecla situationpolitiqueactuelle. La«leçon»de1981etde1983vaut-ellepour2013?
A cettequestion,M.Hollandesemblerépondrepositivement,
lorsqu’ilrappellequePierreMau-roy«assumaalorslesérieuxbud- gétaire,le blocagedes prixet dessalaires,les restructurations indus-trielles.Desdécisionsqui luicoûtè-rent (…). Maisqu’il sut prendrepar-cequ’illessavaitnonpasinévita-bles,mais nécessairespour recon-vertir,redresseret repartir.»
Inhumationà Lille
Unesorted’élogedela rigueur,donc,qui constitue la«conditiondela poursuitedela réforme»,selonle président,aux yeuxduquelPierreMauroy«non seule-mentaccepta,maisconçut, enga- geaet appliquacette politique.Iln’yvoyait pasde contradiction.»
Unhommageau réformisme,aussi,quiconsisteà ne«pas céder àlaréalité»mais à «la saisirpour la transformer». Enfin,presqueuneodeà lasynthèsechèreà
M.Hollande,pourqui lapériodeMauroydémontre entreautres«quel’on peutconcilierla justicesocialeetles impératifsd’uneéco-nomieouverte», «défendrelesclassespopulaireset travailler pourtous lesFrançais», «se révé-lerhommed’Etatet demeurer hommedu peuple»ouencore«êtreun vibrantpatrioteet un Européenconvaincu».
L’impliciteréférenceauxsujetsqui agitent ettraversentaujourd’huil’exécutifet lamajo-riténe semblepastoutà faitfor-tuite.A l’heureoùle débatsurlacontrainteeuropéennemenacetoujoursderessurgirdans lesrangssocialistes,M.Hollandedevaità cetendroit rappelerquePierreMauroy«avaitsurtout comprisquele destinde laFrance passaitpar l’Europe».« Quefaire“cavalier seul”finirait enune
cavalcadesans lendemain.Qu’il fallaitfaire laFranceen construi-santl’Europe.»
Alorsque lessocialistesdevai-entrendreleur hommageunpeuplustard,Ruede Solférino,à celuiquifut leurpremiersecrétaire, leprésidentdevait égalementlesouligner:«Ce destinexception-nel,rien nele disposait à l’accom- plirmais tout leconduisait à enrêver.»
Lescérémoniesd’hommageàceluiqui futl’unedesfiguresemblématiquesde l’unionde lagauchese poursuivrontjeudi13juinà Lille.Avantd’êtreinhu-méecejour-là aucimetièredel’Est,dans la plusstricteintimité,ladépouilledePierreMauroydevaitêtrerapatriéedèsmardi11danslavilledontil futmairede1973à 2001.p
DavidRevault d’Allonnes
8 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 9/48
société
Pas assez d’argent pour vous
payer une ligne? », interrogelesite Zamnesia.fr. A côté du
texte, la solution: un flacon de
«cokeliquide»à11,25euros.«Vousvoulezpartiren trip? » : le« LiquidLSD» est préconisé. Il aura suffid’unesimplerecherchesurGoogle
– «legal high [euphorisant] quires-semble à MDMA [ecstasy]» –, etd’un clic sur la troisième proposi-tiondelaliste,pourtombersurunsiteproposantàlaventedenouvel-les drogues de synthèse. Aussiappelées« researchchemicals»ou«designers drugs», ce sont descopies légales (ou parfois interdi-tes) des stupéfiants classiques.Cocaïne, héroïne, cannabis… tousontleurs équivalents,de structuremoléculaireproche.
Au premier trimestre, ces pro-duitsde synthèseétaient présentsdansenviron40%descollectesréa-liséespar l’Officefrançais des dro-gues et des toxicomanies auprès
des usagers – ceux-ci lui confientdes échantillons quand des subs-tances leur semblent douteuses –,contre13% en2011.Interneta révo-lutionné le moyen de se procurerdes substancespsycho-actives.
Entrer dans cette jungle estd’unefacilité déroutante. S’yrepé-rer, entre noms commerciaux etappellations chimiques, et ne pasprendre trop de risques, c’est uneautre affaire. Chaque semaine,une nouvelle substance apparaîtenEurope,uneparmoisenFrance.
La recherche peut se faire plusdirecte. «Legalhighs+ achat»? Depremiers sites de vente en ligne àla présentation criarde apparais-sent d’emblée: Partypillsfrance,Herbalhighs, Shivaheadshop… Etavec un mot-clé comme «BenzoFury», une marque qui faitfureur? D’autres s’affichent. Fin2011,unetrentainedesitesfranco-
phones étaient recensés. Mais lesFrançais vont aussi voir ailleurs.Au total, en Europe, il y avait170sites en 2010, 693 début 2012.Ils sont animés depuis les Etats-Unis, leRoyaume-Uniou lesPays-Bas. Les produits viennent deChine. On paiepar carte de crédit,et les produits sont envoyés parcolispostaux.
Desproduits,il y en a à foison:BigDaddy,TNTouMDAA( «l’ecsta-synaturelleultime» selonZamne-sia.fr),Gogaine…Commesurn’im-porte quel site de vente en ligne,on trouve aussi des promos: septfiolesvariéesà prixréduit, le troi-sième sachetgratuit ou leproduitdu jour…Le marketing ne s’arrêtepas là: on trouve désormais des
sites spécialisés dans lescannabinoïdes de synthèse, quiontpris lesadolescentspour cible.
La composition peut se limiter
auxsubstancesnaturelles (taurine,caféine…),sans granddanger.Maisencliquantsur lenom duproduit,difficilede savoirde quoi ilestfait.Des analyses ont démontré qu’ilssontsouventissus de mélangesdemolécules,auxeffetsinconnus.Cer-tains sont vendus en vrac, ce quifaitcourirunrisquedesurdosage.
Entrer sur le moteur de recher-che le nom d’une molécule«+achat», c’est ouvrir un autreunivers:celuidessitesutilisésparun publicdéjàexpérimenté,com-me Sensearomaticsou Buyresear-chchemical. Des sites sobres, pro-posant seulement une vingtainedemoléculessousleurnomchimi-que: 4-MEC, SFPB-22, 6-APB,JWH-122…
Cesenseignesincitentà vérifierque l’importation de la molécule
désirée est bien légale dans sonpays.Maisquis’ytient?LaFranceaclassé comme stupéfiant, doncinterdit le Spice (cannabis de syn-thèse)en2009,etlescathinonesen2012.Maisvente etconsommationdesnouveaux produits de synthè-sene s’arrêtentpasaux frontières.
On trouve également ce genredeproduitssurdes sitesde petitesannonces, mais aussi sur des sitesnon référencés par les moteurs derecherche (le «deep web»). Pour yaccéder, il faut un logiciel spécialqui rend la connexion anonyme.L’URL n’est communiquée qu’en-treindividus.
Silkroad fonctionne commeeBay: c’estle plus offrantquil’em-porte.On y paie en «bitcoin», unemonnaievirtuelle.Cequ’onytrou-ve? Desproduitslicites,maisaussiillicites. Plus besoin de croiser un
dealer. On peut ainsi y acheter1gramme de cocaïne pure à0,86BC,soit80euros.Deuxsitesdece type ont été interdits par lesEtats-Unisen2011.
La révolution Internet ne selimitepasà l’achat. Lesrecherchessurleseffetsnocifsnepouvantpassuivre le rythme d’apparition desnouveauxproduits, chaque inter-
diction d’une substance provo-quant l’arrivée d’autres, parfoisplus nocives, les usagers se sontorganisés,en créant euxaussides
sites, comme Erowid et Bluelight,en anglais, Psychonaut, Psychoac-tif, Lucid-state en français. Objec-tif: réduireles risquesde surdose,de mauvaises combinaisons etd’arnaques. On y lit des informa-tions,des conseils, etdes comptesrendus d’expérience («tripreport»).
La méthode est toujours lamême: présenterle contextede lapriseetladose,puisdétaillerheurepar heure les sensations. Commecetroisième«voyage»aveclaMXE(dérivédelakétamine,hallucinogè-ne), décrit sur un forum: «15h30,test all ok. 16heures: premiers
effets. 17heures: légère oppressiondes poumons, (…) impression d’êtresurunesortede “montagnesrusseschamaniques”. 17h40: retour aucalme.»L’auteurrappellequelquesrèglesdebase,commedenejamaisconsommerseul.
Cesontaussilesusagersquiontcréé SafeOrScam (« sûr ou arna-que»), un sitesobre où il suffitdecopier l’adresse d’unsite de ventepourconnaîtrelanotequiluiaétéattribuée par ceux qui l’ont testé.On y recrute les participants parcooptation, pour éviter que desvendeurss’incrustent.
Maispourquelquesexpérimen-
tateursavertisqui souhaitentmaî-triser leur consommation, com-bienprennentdesrisquestrèséle-vés?SurPsychoactif,c’estleforumconsacré aux nouveaux produitsde synthèse qui est le plus visité.Impossibledeconnaîtreleprofildeceux qui le consultent, mais aumoinsviennent-ilss’informer. p
LaetitiaClavreul
Lesconsommateursaussiontcréédessites,pourinformersurles
risquesdesurdose,demauvaismélanges
etd’arnaques
Interditedepuis2012,lamolécule4-MECsediffuseàParis
«Les personnesque nous accompagnonstravaillentpour mangeret pour payer leur loyer.
Nous nousbattons à leurs côtés pour queleursdroits soientrespectés.»Maïwenn, intervenante santédu Funambus
Deux nuits par semaine, les bénévoles du Funambus sillonnent la ville, distribuent des préservatifs
et proposent des orientationsmédicales aux personnes qui se prostituent.
NANTES, 2 MAI 2013
tousmedecinsdumonde.org
© J é r ô m e S e s s i n i / M a g n u m
/ M d M
Médecins du Monde,médecins de tout le monde
Quatretypesd’utilisateurs Il
n’existe pasencore de données
surla consommationdes nou-
veauxproduitsde synthèsedans
la populationfrançaise. Mais
déjà,des profils de consomma-
teursse dégagent, décritsdans
«Drogueset addictions,données
essentielles»,publié le 28mai
par l’Officefrançaisdes drogues
et toxicomanies (OFDT).
Il s’agit d’abordde consomma-
teursgravitant dansl’espacefes-
tifgay, traditionnellement adep-
tesde substancespsychoactives,
souventdans uncontextesexuel
«hard».On trouveensuitedes
connaisseursdes travauxscienti-
fiquessur lesmolécules,se perce-
vantcommedes pionniersde l’ex-
périmentation, et consommant
plutôt dansun contexteprivé. De
jeunes adultes, déjà usagers de
drogues, fréquentantle milieu
techno, constituent un troisième
typede consommateurs.Enfin,
unpublic plusjeune,consomma-
teuroccasionnelde drogues,
socialement inséré, apparaît
depuis2012dans dessignale-
mentsd’intoxications.C’estle
groupeleplusà risqued’unpoint
devuesanitaire,et leplusvisé
parlessitesde venteen ligne.
Desconséquencessanitaires
peuévaluées Peud’étudesont
étépubliéessurleseffetsdesnou-
veauxproduitsde synthèse.Quel-
ques cas cliniques commencent
cependant à être étudiés. Les
symptômes les plus cités sont:
hyperthermie,tachycardie,hyper-
sudation, mydriase (dilatation
des pupilles), sentiment de mal-
être.Ilpeutaussis’agirdemanifes-
tations psychiques: hallucina-
tions, effets dissociatifs (sensa-
tionde perte de l’unité psychique
et corporelle), symptômes de
type paranoïaque. Plusieurs
décèsreliésà laconsommationde
ces produits ont été recensés en
Europe en2011et 2012.
Internet,supermarchédesdroguesdesynthèseDescentainesde sitesvendent lesnouveauxproduitsquiapparaissentchaquesemaine,souvententoutelégalité
ELLEÉTAITARRIVÉEsur lemar-ché aprèsl’interdictionde laméphédrone en 2010.Commetoutesles cathinones (stimu-
lants),la moléculede synthèse4-MECaétéinterditeenFranceàl’été2012. Durantl’hiver,selon lesanalysesdes seringuescollectéesdansdes récupérateursen Ile-de-Francepar l’associationSafe, onl’avue cependant apparaîtredansdeszonesdontelleétait jusque-làabsente.Elle ne disparaîtpas, ellese diffuse.Plutôtclassique.
Cequisurprendl’association,c’estplutôtlaplacequ’aprisela4-MECenpeudetemps.Selonuneétudeencoursdepublicationscientifique, réaliséeavec lafacul-téde pharmaciede Châtenay-Malabry(Hauts-de-Seine),elle estprésentedans25%des3244serin-guesanalyséesen 2012. 15sitessontconcernéssurles17oùdesprélèvementsont étéeffectués.
L’héroïneétaitprésente dans45,1%des seringues,la cocaïne
dans43,8%,la MDMA (ecstasy)dans2,5%.Cequimontrequedesmélangessontfaitsdanslesserin-gues,et contrairementaux bon-nespratiques,que lesseringuessontréutilisées,voire partagées.
Scruterla présence de 4-MECquartierparquartierest trèsins-tructif.D’abord, on trouvede la4-MECdanstous lesrécupérateurs
àParis,maisaussi, dansune moin-dremesure depuisdécembreetjanvier, à Colombes,Cergy ouencoreMantes-la-Jolie.
OnentrouvepeuautourdelaGaredu Nord(14,10%),quartiersurtoutfréquentépardes toxico-manesprécaires, maisdavantageauxHalles(41,29%) età Bastille(57,38%).Ce quin’estpaséton-nant,carla molécule estpriséedeshomosexuels,qui laconsommentdansun contextesexuel.Maisl’étudemontrequ’ellen’est pluscirconscriteà cettecommunauté.
PublicdiscretC’estdansle16e arrondisse-
mentdeParisquesaprésenceestlaplusspectaculaire: 81% danslesseringuesprélevéesdans lerécu-pérateur prochede lastationdeRERKennedy.Dans le quartier,
elley auraitremplacé,auprèsd’unpublicà larecherchedestimu-lants, pourdes raisonsfestivesouprofessionnelles,la cocaïne,dontlaprésencedans lesseringuesestpasséede100%à37%entre2010
et2012. «On peutpenserquele pro- fil desusagers restele même,maisqu’ilsont changéleurfaçondeconsommeren préférant despro-
duitsaccessibles surInternet »,affirmeCatherineDuplessy,ladirectricedeSafe.
Unpublicbieninsérédanslasociétéet souhaitantrester dis-cret,qui préfèredéposerses serin-guesdans lesrécupérateursdanslarueplutôtquedelesapporterenpharmacieoudanslescentresd’accueil pourtoxicomanes. «Ils
nese voientpas comme desjun-kies», expliqueMme Duplessy,quijugeque cettepopulationa peuconsciencedesrisques.
La4-MEC serait-elleune excep-tion?Dans7%desseringuespréle-vées,aucunproduitn’aétédétec-té.Leurcontenuapusedégraderoul’instrumentapuêtrerincé.Ilyauneautrehypothèse:qu’ellesaientcontenude nouveauxpro-duitsde synthèse,non recherchésparl’étude.p
L.Cl.
Profilsd’usagersvariéset risquesmal connus
En France, sept fois plus de nouvelles molécules en quatre ans
NOMBRE DE NOUVEAUXPRODUITSDE SYNTHÈSESIGNALÉS CHAQUEANNÉE
SOURCES : SERVICE COMMUN DES LABORATOIRES (DOUANES),TOXLAB, LABORATOIRE DE POLICE SCIENTI FIQUE (PLS), SINTES/OFDT/LE MONDE2008 20122009 2010 2011
Cannabinoïdes
Cathinones
Phényléthylamines
PipérazinesTryptamines Autres
Très proches desamphétamines. Effets
stimulants.
Puissants hallucinogènesreproduisant les propriétés
de l’ayahuasca,liane utilisée
dans la médecine
chamanique au Pérou.
Très proches de
l’ecstasy et desamphétamines.
Propriétés
stimulantes,
empathogènes
et hallucinogènes.
Imitent les effetsdu cannabis.
Effets euphorisants
et anxiolytiques
copiant ceux
du khat.
21
17
11
8
3
2
2
4
1 13 3
3
1
5
5
10
4
2
2
3
3
5
1
90123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 10/48
- CESSATIONSDEGARANTIE
COMMUNIQUE -102239
En application de l’article R.211-33du livre II du code du tourisme,
L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLE DE
SOLIDARITE DU TOURISME(A.P.S.T.)
dont le siège est situé : 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantieà :
JEANNOUImmatriculation :
IM 064 10 0013SARL au capital de 8 003 €
Siège social :Saint-Pée sur Nivelle
64310ASCAIN
L’association précise que la cessationde sa garantie prend effet 3 jours sui-vant la publication de cet avis et qu’undélai de 3 mois est ouvert aux clients pour produire les créances.
COMMUNIQUE -102238
En application de l’article R.211-33du livre II du code du tourisme,
L’ASS OCIATIONPROFESSIONNELLE DE
SOLIDARITE DU TOURISME(A.P.S.T.)
dont le siège est situé : 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantieà :
SOCIETE D’EXPLOITATIONDES CARS COUDERT
Habilitation :HA 037 03 0001
SA au capital de 481 910 €
Siège social :ZAC deTivoli - BP 159
37601 LOCHES Cedex 1
L’association précise que la cessationde sa garantie prend effet 3 jours sui-vant la publication de cet avis et qu’undélai de 3 mois est ouvert aux clients pour produire les créances.
COMMUNIQUE -102237
En application de l’article R.211-33du livre II du code du tourisme,
L’ASSOCIATIONPROFESSIONNELLE DE
SOLIDARITE DU TOURISME(A.P.S.T.)
dont le siège est situé : 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequ’elle cesse d’accorder sa garantieà :
THONISImmatriculation :
IM 069 10 0066SARL au capital de 30 000 €
Siège social :100 quai Charles de Gaulle
69006 LYON
L’association précise que la cessationde sa garantie prend effet 3 jours sui-vant la publication de cet avis et qu’undélai de 3 mois est ouvert aux clients pour produire les créances.
société
Lapositiondu parquetdeLillene préjugepas dela décision
finale, qui sera prise d’ici unmois par les juges d’instructionchargés de l’enquête sur un vasteréseau de proxénétisme lillois,dite«affaireduCarlton»,maisnuldoute qu’elle soulagera Domini-queStrauss-Kahn.
Le procureur de la République,Frédéric Fèvre, a rendu, mardi11juin, son réquisitoire définitif danslequelildemandeunnon-lieupour l’ancien patron du Fondsmonétaireinternational(FMI),misen examendepuis mars2012pour«proxénétisme aggravé en bandeorganisée» après avoir participé àde nombreuses parties fines àParis,dansleNordetàWashington.Le parquet a aussi requis un non-lieu pour Jean-Luc Vergin, anciendirecteurrégionald’Eiffage,derniè-repersonneàavoirétémiseenexa-
men dans cette affaire et aujour-d’huilicenciédu groupe deBTP.Danssontexte,quifaitlasynthè-
sed’undossiergrosdeplusdetren-tetomeset 6500cotes, M.Fèvre etson adjoint, Georges Gutierrez,demandent en revanche le renvoidevant le tribunal correctionneldes douze autrespersonnesmisesen examen dans cette affaire ins-truite depuis mars2011 par lesjuges Stéphanie Ausbart etMathieu Vignau. On retrouveDavid Roquet, ancien directeurd’une filiale d’Eiffage, FabricePaszkowski, gérant d’une sociétémédicale,ouDominiqueAlderwei-reld dit «Dodo la Saumure», toussoupçonnés d’avoir joué un rôledansl’organisationdessoirées.
Selon l’analyse du parquet, laplupartd’entreeux devraientêtrerenvoyés notamment pour des
faits deproxénétismeen réunion,un délit puni de dix ans d’empri-sonnement et 150000eurosd’amende.Leprocureuraainsiesti-mé qu’il convenait de requalifierlesfaits:il n’esten effetplusques-tionde «bandeorganisée» ,unecir-constance aggravante qui auraitjustifié le renvoi devant une courd’assises, mais d’une simple réu-nion de plusieurs personnes.
Concernant M.Strauss-Kahn,qui a toujours fait valoir pour sa
défense qu’il pensait avoir affaireàdes«libertines»consentantes,etjamais à des professionnellesrémunérées, le parquet estimeque les faits reprochés ne corres-pondentpasàdesfaitsdeproxéné-tisme tels qu’ils sont définis dansle code pénal. Selon l’article225-5,ce délit est «le fait, de quelquemanièrequecesoit,d’aider,d’assis-
ter ou de protéger la prostitutiond’autrui,d’entirer profit (…),d’em-baucher,d’entraînerou de détour-nerunepersonneenvuedelapros-titution». Maisilyalaloietl’espritde la loi. «Pour le parquet, confieunprochedudossier , celarevenaità mettre en examen tous les hom-mes qui téléphonent à un soute-neur ou un hôtelier pour réserver
une chambre dans laquelle ils serendentavec uneprostituée.»
L’analysedu procureur estdonccontraireàcelledesjugesd’instruc-tion,qui avaient retenuune accep-tionpluslarge dela définitionjuri-dique du proxénétisme. Lors deson face-à-face avec DominiqueStrauss-Kahn, la juge StéphanieAusbartavaitd’ailleurstenuàexpli-querendroitsadécisiondelemet-treen examen.
«Le mot de proxénétisme dési- gne,dans le senscommun qu’onlui prête,le faitde tirerun profitfinan-cierde la prostitutiond’autrui. Or,endroitpénal,l’infractiondeproxé-nétisme excède largement cette
acceptioncommune (…).Il estloisi-bleà toutun chacun d’estimerquelaloiestmalfaite,encequ’ellen’est
plus adaptée aux mœurs contem- poraines, concédait-elle, néan-moins, elle constitue l’état actueldu droit et la justice est tenue del’appliquer.» ( Le Mond e du20décembre2012).
Les juges d’instruction ne sontpasliésparlesréquisitionsdupar-quet. Ils peuvent désormais déci-der de renvoyer M.Strauss-Kahn
devant la cour d’assises pour lesfaits de proxénétisme aggravé enbande organisée, devant un tribu-nal correctionnelpour les faits deproxénétisme simple ou suivrel’analyse du procureur et rendreune ordonnance de non-lieu.
L’ancienpatronduFMIavaitfaitappel il y a quelques mois de samise en examen devant la cham-brede l’instructionde lacourd’ap-pelde Douai.Le 19décembre 2012,celle-ci avait validéla décision desjuges,estimant dans sonarrêtquedes indices graves ou concordantsrendaient«vraisemblablelapartici-
pation effective et déterminante»de M. Strauss-Kahn à des actes de
proxénétismeen bandeorganisée.Pourles magistratsde Douai, ilexistaitassezd’élémentspourpen-ser que M.Strauss-Kahn a «initié et largement favorisé en touteconnaissance de cause la mise en
place d’un système fondé sur lacomplaisance de son entourageimmédiat dans le but de satisfairesesbesoinssexuels,favorisantainsil’activitéprostitutionnelledont ilatiréun profit immédiat». p
ArianeCheminet SimonPiel
L’analyseduprocureurestcontraireàcelledes
jugesd’instruction,quiavaientretenuune
définitionpluslargeduproxénétisme
AffaireduCarlton:leparquetdeLillerequiertunnon-lieupourDSKLeprocureurdemandelerenvoiautribunaldedouzepersonnesmisesenexamendanscedossier
L’affaire Furosémide a, en unjour, pris une tout autreampleur.Alasuitedel’erreur
de conditionnement de deux lotsdeboîtesdediurétiquesdeslabora-toires Teva, où se sont retrouvésdes somnifères, les signalementssesont multipliés,lundi10juin.
En fin d’après-midi, l’Agencenationale de sécurité du médica-ment (ANSM) a fait part d’un casgrave et d’un deuxième décès.Sans vouloir les localiser. Il s’agi-raitdu casd’unecentenaire,décé-dée à Compiègne en mai et quiselonson filsavaitprisdu Furosé-mide.Ainsiquedeceluid’unefem-mede73ans,hospitaliséeenréani-mation à Tours. D’autres signale-ments sont à l’étude, précisaitl’ANSMdansson communiqué.
Jusqu’àlundi,unseuldécèssus-
pect avait été évoqué, celui d’unhommede91ans,àMarseille.Uneboîte de Furosémided’un deslotsincriminés a été retrouvée chezlui. Une enquête judiciaire a étéouverte. L’autopsie a révélé qu’ilétaitmortd’unœdèmepulmonai-re aigu, qui pourrait être dû à lanon-prise du bon comprimé. Destests toxicologiques devront per-mettrede trancher.
Lundi,lefilsd’unedameâgéede89ans, décédéele 24mai, a adresséuncourrierauprocureurd’Ajaccio.Elle avait pris les jours précédentsdes comprimés du lot Y176, l’undes deux où des erreurs ont étédétectées. La famille devait êtreentendue mardi 11juin par desenquêteurs.
Enfin, le parquet de Privas aouvertlundiune enquête, aprèsledécès le 4juin d’une femme de
86ans,qui, selonsesproches,avaitingéré du Furosémide de Teva. Leprocureur a cependant indiquéqu’il était encore «trop tôt» pour«faire le rapprochement».
Les signalements devraient sepoursuivre, estime l’ANSM. Desappels, des courriels lui parvien-nent. D’autres cas sont transmisaux pharmaciens et aux méde-cins,quidoiventauplusvitelesfai-re remonter à l’agence. D’autrespersonnessetournentverslelabo-ratoire, ou la justice, sans passerpar l’ANSM. «Il est important de
pouvoir centraliser», indique unede sesporte-parole.
«Principede précaution»Les signalements concernent
despersonnesâgées. Par «mesuredeprécaution», devantles risquesdeconfusionentreleslots,l’ANSMet Teva ont décidé de retirer l’en-semble des lots du marché. Lespatients doivent aller échangerleursmédicamentsen pharmacie.
LeFurosémideestprescritdansdes cas d’hypertension artérielleet d’œdèmes d’origine cardiaque,rénale ou hépatique. Les pharma-ciensrappellent despatients dontils ont les coordonnées. «Il seraittrès dangereux que certains arrê-tent leur traitement en entendantle mot Furosémide. Ils se met-traient endanger,commel’ont été ceuxqui ontprislemauvaismédi-cament», précise Gilles Bonne-fond, président du syndicat depharmaciensUSPO.
Mardi,l’inspectiondel’ANSMsepoursuivait à l’usine de Teva àSens, pour expliquer cette inver-siondemédicaments.Selonlegrou-pe, somnifères et diurétiques ontétéproduitssurdeuxchaînesdiffé-rentes,àplusieurssemainesd’inter-valle. Seules certaines boîtes desdeux lots, et quelques médica-
ments seulement sur chaque pla-quette, sont concernés. Il pourraits’agir d’un problème mécaniqueoud’unactedemalveillance.p
LaetitiaClavreul
PlusieursmortssuspectesdepatientstraitésparduFurosémidedeTevaTouteslesboîtesdecediurétiqueontétéretiréesdumarché.Certainescontiennentdessomnifères
La droite s’était réjouie de ladécisiondu Conseilconstitu-
tionnel, le 16 mai, qui avaitcensurél’article30 dela loisur lesscrutins locaux prévoyant unenouvel le rép arti ti on d esconseillersdeParis.Unpeuprécipi-tamment.CarleConseil,s’ilcensu-
raitle rééquilibrageproposépar legouvernement–quiretiraitunsiè-
ge aux 7e, 16e et 17e arrondisse-mentsetenajoutaitunaux10e, 19e
et 20e –, précisait que «le principed’égalité devant le suffrage auraitdû conduire à une révision plusimportante de la répartition desconseillers deParis».
Prenant au mot le Conseilconstitutionnel, le ministère del’intérieur s’est donc remis àl’ouvrage pour proposer un nou-veau tableau de répartition desconseillersde Paris,sansen modi-fierle nombre(163)ni remettre encauselemodedescrutinpararron-dissement. Compte tenu desdélais serrés, ce texte fait l’objetd’une proposition de loi, déposéeparle président dela commissiondes lois de l’Assemblée nationale,Jean-JacquesUrvoas(PS).
Cette fois, ce sont dixarrondis-sements qui voient leur nombrede conseillers évoluer. Le 1er – lemoinspeuplé–enperddeux,pas-sant de trois à un conseiller. Per-dent également un conseiller les2e, 4e, 7e et 17e arrondissements. Al’inverse, les 10e, 15e, 18e et 20e engagnentunet le19e enadeuxsup-plémentaires. Ainsi, alors que,dans le précédent tableau, repo-sant sur le recensement de 1975,les écarts de représentationallaientde1à2,7,ilssontramenésàunécartmaximalde1à1,5.
La modification est tout sauf anecdotique. Ce sont en effet les
conseillersdeParis,éluspararron-dissement,qui élisent le maire deParis.La «loi PLM» de 1982 répar-tit les sièges de conseillers danschaque arrondissement à la pro-portionnelleàlaplusfortemoyen-ne,avecuneprimeàlalistemajori-taire, qui se voit d’office attribuerlamoitié dessièges.
Avantagepour lagaucheAinsilagauchedétientactuelle-
ment 99 des 163 sièges deconseillers de Paris. De surcroît,elle est majoritaire dans sept desdix arrondissementsles pluspeu-plés de la capitale, ceux qui four-nissent le plus fort contingent deconseillers.La droite,pour espérerredevenir majoritaireà Paris, doitpouvoir en faire basculer aumoinsdeux.Latâchedevientenco-replusdifficileaveccettenouvellerépartition: à rapports de forceinchangés,cerééquilibrageappor-teraiteneffetquatresiègessupplé-mentairesàlagauche.
La chef de file de l’UMP à Paris,Nathalie Kosciusko-Morizet, asans tarder fait connaître sonopposition à ce qu’elle qualifie de«tripatouillage» . «Lagauchea tri-
patouillé et est e n train de conti-nuerà tripatouiller le scrutin pari-sien», s’indigne la candidate del’UMP. Elle estime que ce texte –
quidevraitêtreadoptéavantlafinde la session parlementaire –
«témoigne d’une grande fébrilité delapartdelagaucheetdelacan-didate socialiste», omettant quecettepropositionnefaitquerépon-dre aux recommandations duConseilconstitutionnel.
Desoncôté,l’UMPadéposéuneproposition de loi, cosignéenotamment par les députés deParis Bernard Debré, FrançoisFillon,ClaudeGoasguenainsiqueparMme Kosciusko-Morizet(Esson-ne),pourfairedeParisunecircons-criptionunique pourl’élection duConseildePariset,donc,dumaire.«Puisqu’ilfautpasserpar unenou-velle loi électorale, profitons-en,dans ce cas, pour avoir un scrutinclairet transparent», asoutenu lacandidate, lundi,sur BFM-TV.
Pour sa rivale, Anne Hidalgo,actuelle adjointe (PS) au maire deParis, cette proposition de l’UMPesttoutàlafois«tacticienne,rétro-
grade et centralisatrice ». «Tout àleurespritde tactiquepoliticienne,
Nathalie Kosciusko-Morizetet cer-tains élus UMP ne semblent avoir d’autrespréoccupationspourParisque de changer à leur avantage,croient-ils,lesrèglesélectoraleséta-blies et jusque-là incontestées»,écrit la candidate du PS dans uncommuniqué. La polémique nefaitquecommencer. p
PatrickRoger
NKMdénoncele«tripatouillage»électoralàParisLeConseil constitutionnela exigéunerépartitionplusjustedessiègesentrearrondissements
Justice Quatre ansde prison dontdeuxavec sursisrequis contre Gérard DalongevilleQuatreansde prison,dontdeuxavecsursis,50 000eurosd’amende ainsique laprivationdes droitsciviquespendant cinqanspourdétournementsde fondspublicsont étérequis, àl’en-contrede GérardDalongeville, ex-maire(PS) de Hénin-Beau-mont(2001-2009),lundi 10juin, parle tribunalcorrectionnel deBéthune(Pas-de-Calais).
Routes Baissedeprèsde 30% desmortsen mai226personnesont perdu lavie surlesroutesenmai, soitunebaissedelamortalitéde29,5%parrapportàmai2012.En2012,lenombrede tuéssurlesroutesavait atteint3645 morts.
DécentralisationBertrandDelanoëplaidepourla métropole deParis
Lemairede Paris asouhaité,le 10juin,quele projetde métropo-ledeParis,rejetéauSénatlorsdelapremièrelectureduprojetdeloide décentralisation, reviennedevant l’Assembléedans saver-sion initiale.Dansle texte adoptéle6 juin, lessénateursont sup-priméles articlestraitantde l’organisationde Pariset de l’Ile-de-France.Le projetde loi arriveradevantl’Assembléedébut juillet.
Dominique Strauss-Kahn auFestivalde Cannes, le 25mai. ANNE-CHRISTINEPOUJOULAT/AFP
10 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 11/48
cultureppp EXCELLENT ppv ÀVOIR pvv POURQUOIPAS vvv ONPEUT ÉVITER
L’Inconnudu lac
ppp
PrésentéauFestivaldeCannesdans la sélection Un certainregard– oùilreçutleprixde
lamiseen scène–, lenouveau filmd’Alain Guiraudie, sans doute son
plus abouti et son plus complexe,dévoile auxyeux du spectateurunmonde unique, un théâtre dontl’irréalitéestlapreuveindiscutabledesonexistence,unlieudontlatri-vialité est l’essence même de sonintérêt, disons,théorique.
Ce lieu, c’est un lac autourduquel, dès les beaux jours, deshommesserendentpourynager,ybronzer,maisaussietsurtoutsefrô-ler, se caresser, se consommer –action que Guiraudie filme sansdétours superflus – dans les bos-quetsavoisinants.Ce qui constitueledécoruniquede L’Inconnudulacest un terrain de drague homo-sexuel,un de ces endroitsà la foisutopiquesetàportéedemain,oùledésirtrouve consécutivement à semanifester puis à se satisfaireimmédiatement.
L’universdu filmapparaît,sous
une lumière solaire aveuglante,
comme une oasis bucolique, horsdumonde,peupléedecorpsmascu-lins nus, bronzés, musclés ou ron-douillards, une planète étrange etterriblement humaine, nondénuée de cocasserie parfois. Cetendroit devient ainsi plus qu’unsimple décor. C’est un des acteurs
du film,un pur dispositifpensant,alliage d’une topographie et d’unensemblede codeset derituels.
Franck, le personnage principaldu film (Pierre Deladonchamps),estvisiblement un habitué de l’en-droit, et ses visites quotidiennesdonnent le rythme, un rythmesecrètement musical, d’un filmdont l’action est ramassée en plu-sieurs jours, jours dont la succes-sion forme la structure d’un récitcommedécoupéen autantde cha-pitres, entre la répétition desmêmesgesteset desmêmes situa-tions, déterminées par l’indolencedes vacances et d’un vague ennui,et la progression fatale des événe-ments.
Touslesjours,avecunerégulari-té métronomique, Franck s’envient tromper sa solitude au borddulac, oùil prendlesoleil, nageet
dragueenquêted’uneétreintefur-
tivedans lesfourrés.Il y rechercheaussi la compagnie d’un individusolitaire (Patrick d’Assumçao),autrehabitué deslieux, un bûche-ronenvacances,hétérosexuelmûretunpeurevenudetout,avecquiilcommence à se lier d’une amitiédésintéressée.
Cetteroutinecommencedouce-ment à se lézarder lorsque Franckrepèreunbeaumoustachu,Michel(Christophe Paou), vers qui il estirrésistiblement attiré. L’hommesemble hors d’atteinte, accompa-gnéd’un amantpossessif.
Unsoir qu’ilest restépluslong-temps que de coutume, Franckcroitassisteràunescèneétrangeetbrutale. Michel n’a-t-il pas noyésonpetitamidansle lac?Il estvraiqu’il réapparaît, dès le lendemain,désormaisseuletouvertauxtenta-tives de séduction express deFranck.
L’airderienmaisavecforce,por-téparlarigueur desa miseen scè-ne, le film interroge sur ce qui lie,entre sexe et affect, pulsion etamour,les individus entre eux. Laquestion de l’homosexualité, ensoi, de sa nature particulière, y
devient, dèslors,secondaire.
Onpense,durantlaprojection,àlablaguedel’hommequidemandeà lafemmeavec quiil fait l’amourdurant une orgie: «Qu’est-ce quevousfaitesaprèslapartouze?» Uneboutadeparadoxalequiconstatelapersistanced’une immanente exi-gence de séduction et d’affection
(en tout cas de preuve de celle-ci),malgré l’immédiate disponibilité
descorpset l’apparentemiseentreparenthèses de la vie sociale, cequ’incarne idéalement le «décor»dufilm.
C’est que les relations entre lesindividusquifréquententl’endroitnese résument pastoujours à uneconsommationinstantanéeetsanssuite.Entre la jalousie de ceux quicraignent qu’on leur pique leurpetitami(ilyaunescèneparticuliè-
rement amusante à cet égard) et
l’exigenceque larencontresexuel-lesoitsuivie «d’autrechose» (par-tir ensemble, dînerensemble,dor-mirensemble),la puremachinerieérogène commence à dérailler.Continuerdesevoiraprèslesébatsautour du lac est ce que demandeFrancketcequeluirefusesystéma-
tiquementMichel. L’Inconnudulac metaujourcet-te malédiction qui empêche sou-ventla séparationidéaledu plaisircharnel avec cette « autre chose»,construiteparlasociétéetlasolitu-de qu’elle engendre: un pesantbesoin d’affection,une rétributionqui ne se suffirait plus de la seulejouissanceréciproquedespartenai-ressexuels.
Carc’estunedesdimensionsquiapparaîtle plusspectaculairementdansla caractérisationdes person-nages: le sentiment d’un isole-mentterribledesindividusquipeu-plentlefilm,renvoyéstouslessoirsaunéant d’unevie sociale (familia-le?) dont on ne saura rien. «Vousvous rendez compte de la solitudedece jeunehomme?», demanderaainsil’inspecteurde police (JérômeChappatte) en parlant du jeune
noyé retrouvé. Mais L’Inconnu du
lac va également déployer un desplusétrangessuspensesjamaisvusà l’écran. Dès que la relation entreFrancketMichelcommenceàpren-dreforme,s’imposelaquestionlan-cinante de la dangerosité deMichel. Est-il un assassin? Est-ilvraiment le tueur du jeune noyé
découvertparla policeen coursderécit?Au fur et à mesure que s’addi-
tionnent les soupçons, la passionqu’éprouve Franck pour luidevientunesortededéfideplusenplusintense.Toutela dernière par-tiedufilms’accélèredansunmaels-tröm d’événements qui mettent àl’épreuveles protagonistes.
Lapassiondépasse-t-elle lapeurou s’ennourrit-elle? La dimensionpolicière du film s’ouvre ainsi surunabîmeinsondableoùl’amouretla terreur, le sexe et la mort appa-raissent inextricablement, poéti-quement et dangereusementmêlés.p
Jean-FrançoisRauger
Filmfrançais d’AlainGuiraudie. Avec
PierreDeladonchamps, Christophe
Paou, PatrickDassumpçao(1 h37).
Interditaux moinsde 16ans.
Guiraudie:«Lalibérationsexuelleaproduitplusd’aliénationqu’onnelepense»L’afficheretirée à Saint-Cloud et à Versailles
Al’ombredesjeuneshommesensueurFrissonsparmi leshabituésd’uneplagenaturiste: untueurensérierôde.Leplusbeau filmd’AlainGuiraudie
Entretien
A49ansenjuillet,AlainGuirau-dieestl’undes francs-tireurslesplusvifsducinémafrançais.Cetroubadour occitannavigueà vueentredésir scandaleux et utopiepolitique,brigandage métaphysi-queetbraquagedelachair.Cour-se primesautièredans lessous-boisdusenscommun( Du soleil
pour les gueux, 2000),tableaumaniériste de la débandadeouvrière(Cevieuxrêve quibouge,2001) ouassassinaten série surlesablebrûlantdusexeàcielouvert( L’Inconnudu lac):voiciuneœuvrequi traceson chemin,gagnantàchaquefoisenbeautéetenplénitude.Sonnouveaufilmfutl’undesplusbeauxdudernierFestivaldeCannes.Entrevuedans vos films, l’homo-
sexualitéest représentéefronta-
lement,et delamanièrela plus
crue,dans« L’Inconnudu lac».
Vousapparaissezdans lepre-
mierplandans unetenuenon
équivoque.On a l’impression
quelamiseà nudevous-même
n’ajamaisété aussiforte…
Disonsquej’aitournéautourdu potjusqu’à présents’agissantdecettequestion.Je lamaintenaisàune certainedistance, sansdou-teparpudeur.Cettefois,j’aieuenvied’abandonnerla fantaisie,demeconfronteraumonderéel,dem’enteniràl’essentiel,demanièretrès dépouillée.Cesurcroît deréalisme,on leres-
sentcommeune exigencequi
modifievotre rapportesthéti-
queet politiqueaumonde…
J’ailongtempscru quele ciné-ma,parcequ’il mettaiten scènedel’utopie, pouvaitrefairelemonde. L’Inconnu du lac metçadecôté. Etpuis,aprèscinqannéesde NicolasSarkozy,disonsque j’avaisbeaucoupmoinsenviedememarrer.Ilyaaussiquetousmesfilmsontuncôtésombreet inquiétant, etquej’aidécidésur celui-cide l’assu-mer,d’êtrebeaucoupplussurlefildu rasoir.Vousmontrezque l’utopieliber-
taire dela jouissance sansentra-
vesest plusque jamaisinstru-
mentaliséepar leconsumérisme.
Jenesuispassûrqueleplaisirà outrancemène effectivementquelquepart.Peut-êtrequeledésirvaut plusque l’assouvisse-mentdudésir.Lalibérationsexuelle, paradoxalement,a pro-duitplusd’aliénationqu’onne lepense.Elle mène notammentàcetindividualismeforcené quipermetau système danslequelnousvivons de prospérer.
Enmêmetemps,lefilmestplusambivalentqueça. Ilpour-suitcevieuxetbeaurêveromanti-quedevivresondésirjusqu’aubout, ycomprisjusqu’àlamort.Commentavez-vousnégociédesscènesde sexeaussicrues
avecvos acteurs?
Ona beaucoupparlé enamont.Ilétaitclairque lefilm nécessitaitcela.Ilyaeuensuitetouteunemiseen placechorégraphique,surlesgestes, lesattitudes. Celapermettaitauxacteursdenepastroplivrerdeleurintimité.Mêmesià unmoment,danslefeudel’action,il fautaussi lâcherlesche-vaux.L’autre grandequestion
étaitla gestiondu fonctionne-mentde l’organe. Erection, pasérection?Ons’estbeaucoupinter-rogélà-dessus.On a finalementdécidéque toutcequi étaitfilméau-dessousde laceinture leseraitavecdes doublures.Connaissiez-vousle lieudu tour-
nage?
Non,maisjemesuisinspiréd’unendroitquejeconnaisbiendansleTarn.NousavonstournéaulacdeSainte-Croix,prèsdesgorgesduVerdon.Cen’estpaspré-cisémentunlieudedrague,maisilen existede similairesdanslarégion. Pourles besoinsdu tourna-ge,touten extérieur etpeu vêtu,nousavions demandél’aidedesdeuxrégions lesplus ensoleilléesdeFrance.C’estPACAquil’aemporté.Pourla production, avez-vous
rencontrédes résistances?
Nousn’avons obtenuaucuneaidedeschaînesdetélévision,àpartArte,maisquiestplutôtvenue après-coup.Jene vouscacheraipasquedes phrasesdugenre«filmdepédépourpédés»
ontétéprononcées. Maisjen’aipasenviedemeplaindre.Nousavonsl’avancesurrecettes,et uneSoficaet unerégion ontinvestidanslefilm,quis’esttournépour850000euros.Je n’enattendaispastantpouruntelprojet.Ceprojetne peut-il pasheurter,
parlasincéritéet lecouragede
sonpropos,la communauté
homosexuelle?
Jepensequ’ilremetenques-tionl’idéemêmede communau-té.Sil’onsortdu Maraisetdu péri-phériqueparisien, jene suispassûrquela communautéhomo-sexuelleexistevraiment.Lefilm coïncideavec lemouve-mentde laManif pour tous…
Lemariage,qu’ilsoitpourtousoupas,estunevieillechosejudéo-chrétiennequi nem’attirepasplusqueça.Maisjemesuispriscesmanifestationsanti-mariagegayenpleinegueule,avecunegrandeviolence.Jecroisquenousvivonsle grandretourdu purita-nisme. p
ProposrecueillisparJacquesMandelbaum
La routinecommence doucement à selézarderlorsqueFranck(PierreDeladonchamps) repèreun beaumoustachu, Michel (Christophe Paou), versqui ilest attiré. DR
Lefilminterrogesurcequilie,
entresexeetaffect,pulsionetamour,
lesindividusentreeux
Lesmunicipalitésde Saint-Cloud
(Hauts-de-Seine)et deVersailles
(Yvelines)ont refuséque l’affi-
chedu filmL’Inconnudulac soit
montréedansleursvilles. Ils’agit
d’undessintrès coloré etstylisé
quireprésenteau premierplan
deuxhommesen trainde s’em-
brasser.Contactéeparle site
Rue89,la mairie(UMP)de Saint-
Clouda expliquésadécisionpar
lefaitqu’unevingtainedeplain-
tesd’habitants choquésontété
déposées.
Contactéparl’AFP,le cabinetdu
maire(div. droite)de Versailles,
Françoisde Mazières,particuliè-
rementengagécontre lemariage
pourtous,a assurépoursa part
quel’entreprised’affichage etde
mobilierurbainJCDecaux étaità
l’originedesmesuresde retrait.
Legrouperépond aucontraire
qu’ila retiréles affiches«àla
demandedesmairies». L’associa-
tionSOS-Homophobieet lefesti-
val de filmsgays ChériesChéris
appellentàmanifestermercredi
12juin,à 19h15, devant lamairie
deSaint-Cloudpourprotester
contrecette décision.
110123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 12/48
Si son enfance passée parmiles stars dans le milieu gla-
mour et sulfureux du gothanéo-hollywoodienafaçonnél’uni-vers des films de Sofia Coppola,elleluiaaussiinculquéuneremar-quable défiancevis-à-visde touteforme de publicité. Ne comptezpas sur elle pour vous livrer lespetits secrets, y compris profes-sionnels, autour de la fabricationdufilm The BlingRing. Courtoise,toujours, elle répond aux ques-tions des journalistes, mais entirantl’interviewverslaconversa-tionmondaine.Ses réponsessonttellement évanescentes qu’ellesdécouragent toute velléité derelancechez ses interlocuteurs.
L’écumedesesproposlaisseper-cevoirtoutefoisunemanièredefai-re,un rapportà lacréationporeuxaux influences, à l’esprit de sontemps. Cela passe par la mode
–«j’ai travaillé avec la costumière,
çam’amusaitbeaucoupdemefon-dre dans cet univers de mauvais
goût» – et par la photographie; legang quitte une des maisons enemportantune photod’Ed Ruschasouslebras,undesnombreuxpho-tographes que collectionne lacinéaste. Ou l’architecture– «aveclesmaisonsquej’ai filmées,je vou-lais montrer les différentes formesd’architecturede LosAngeles».
Mais surtout par la musique,qui fait organiquement partie deson processus de création: «L’at-mosphèreesttrèsimportantepour moi. La musique que j’écoute pen-dantquej’écris, queje diffuseaussisurle plateau,y compris,pour cer-tainesscènes,pendantle tournage,
y contribue pour une large part. »Comme Quentin Tarantino, SofiaCoppola crée pour ses films des
bandesoriginalesquisontde véri-tables albums pop, avec une trèsfortepersonnalité.
Dominée par le hip-hop et leR’n’B, qui donnent au film sonénergie criarde débridée, celle deThe Bling Ring fut concoctée avecBrianReitzell,vieuxcomplicedelapremière heure, mais aussi avecles suggestions glanées ici et là.ThomasMars,son mari, leaderdugroupe Phoenix, lui a fait connaî-tre le très bruitiste Crown on theGround, de Sleigh Bells, qui lancele film et le premier cambriolage.A l’actriceEmma Watson, elledoitaussi la découverte de 212 d’Azea-liaBanks…
Une atmosphère, c’est aussi cequ’elle a voulu créer avec ses
acteurs,en lesamenantà devenirun vrai groupe d’amis avant letournage. Ainsi formulée, l’idéepeut paraître un peu vaine, maislorsquel’onsetourneverslesinté-ressés,oncomprendquelaréussi-te du film lui doit beaucoup.«C’était la meilleure préparation
possible, explique Katie Chang,qui joueRebecca,la chef du gang.
Nous viv ion s dans le mêmeimmeuble. Nous avons passé unesemaineentièreensemble,çanousavraimentaidésàformeruneban-de, à l’image de celle que nousallionsjouerdansle film.»
Taissa Farmiga, qui joue Sam,
confirme: «Uneénergiefollecircu-lait entre nous, qui grandissait àmesure qu’on apprenait à seconnaître.» Cette semaine étaitrythmée par un calendrier bienprécis, fait de sessions de shop-ping, dediversessorties,et mêmed’unvraicambriolagedanslamai-son d’une amie de la réalisatrice.«Sofianousavaitprésentéçacom-me un truc unpeu bizarre,déran-
geant, raconte Israel Broussard,qui joue Marc, mais en réalité ons’est éclatés. Le vrai but était decréer desliens entrenous.»
Pointd’orguedecettefollepré-paration, une soirée chez ClaireJulien,quijoueChloedanslefilm,etagrandiàLosAngeles: «Lesvoi-sins qui nous détestent, dit-elle,
ont appelé la police en racontantque des armes circulaient dans lasoirée! Deshélicoptèresont encer-clélamaison,onzevoituresdeflicssont arrivées, ils ont débarqué avec des lampes-torches! C’étaitcomplètement dingue, on n’étaitque des adolescents innocents!
Enfin, peut-êt re pas complèt e-ment innocents, mais enfin
jamais personne ne serait venuavec unearme…»
La descente de police n’étaitpasprévue,maiscettepetiteaven-ture les a soudés pour de bon, enécho à une préparation où sebrouillaient les frontières duconscientet de l’inconscient.
Imprégnés de la culture desmembresduBlingRingenseplon-geant dans des heures d’émis-sionsdetélé-réalité,danslesjour-naux people, les magazines demode, les jeunes acteurs ontfaçonné leurs personnages eux-mêmes, enleur inventantun uni-
vers, en le mettant en scène dansdesblogs,despagesFacebook,descollages,maisaussien travaillantà partir de leurs propres rêves.«Sofia medemandaitd’écriremesrêvesetdechercheràlesassocieràmon personnage, se souvientIsrael Broussard. Ça ouvre d’uncoup une autre perspective.»Katie, elle, travaillait avec unecoach qui lui demandait d’imagi-ner, avant de s’endormir, desrêves que pourrait faire Rebecca:«C’étaitàlafoisbizarreetcoolpar-ce que, quand je me réveillais,
j’avais vraiment fait ce rêve! »Cettemanièred’associerleter-
me de «recherche» à des activi-tésaussiludiqueset intimess’estimmanquablement traduite parune formede symbioseentre cesacteursàpeinesortisdel’enfanceet leurs personnages. Comme lerésume Claire Julien: «Sofia acréé un environnement unique.
Nous n’avion s pas l’impre ssiond’êtreentraindetravailler.Lepla-teauétait si relax, l’équipesi ado-rable,que tournerces scènesétaitvraiment un jeu… C’est pour celaqu’on a l’air si naturels. On s’esttellement bien entendu, on avaitune super-alchimie,on s’amusaitvraiment énormément. Et toutcela se traduit directement danslefilm.» p
Isabelle Regnier
culture
Mercredi 12juin à 19h30
Anne HIDALGO
Invitée de
Emission politique présentéepar Frédéric HAZIZA
Avec :Françoise FRESSOZ, Sylvie MALIGORNE et Marie-Eve MALOUINES
sur le canal 13 de laTNT, le câble, le satellite, l’ADSL, la téléphonie mobile, sur iPhoneet iPad. En vidéo à la demande sur www.lcpan.fr et sur FreeT V Replay.
www.lcpan.fr
Et
Pointd’orguedelapréparation,unesoiréechezl’une
desactricesquis’estconclueparl’arrivée
d’hélicoptères
Star Trek IntoDarkness
pvv
L’espace,ultimefrontière.Voi-ci les voyages du vaisseaugalactique Enterprise. Samis-
sion pour cinq ans: «Explorer desmondes étrangers et nouveaux,chercherdenouvellesviesetdenou-velles civilisations, s’aventurer làoùnul n’est encore allé.»
C’estsurcettecitationqueseter-mine Star Trek Into Darkness,annonçant le début de la mission
d’explorationoriginellede l’ Enter- prise, que mettait en scène la pre-mière série.Le film,secondeadap-tationpar J.-J.Abramsde l’universimaginé par Gene Roddenberry,sembleainsi refermer une boucletemporelle de quarante-septans,de1966à2013,aucœurdelaquelleStar Trek a connu un développe-mentsanséquivalentdansl’histoi-reducinémaetdelatélévision.
Lorsque J.-J.Abrams s’emparedu phénomène pour la premièrefois,en2009,lespaceopera leplusprolifiquedu monde adéjà enfan-
tésixsériesetdixfilms.Iln’estpassimple, a priori, d’être un rejetondeplusdanscettefamille.
Al’époque,leréalisateuryexcel-le, offrantà la franchiseun lifting
grand luxe: rendu visuel éblouis-sant, fruit d’une exploitation vir-tuose des dernières technologiesd’animation, scénario enlevéconstruit autour du motif pour-tanttraîtredu paradoxetemporel,casting jeune et sympathique,relecturegalvanisantedes thèmesmusicaux d’origine par le talen-tueuxMichael Giacchino.
Star Trek, onzième du nom, adonc ravi critique et public, etgagnéàsacauseunnombrerecordde fans méfiants. Mais le douziè-mepourraitbienêtreceluidetrop.Le voyage visuel est toujours épi-que, gagnant encore à un usage
savantde la technologie3D. Resteque le scénario, vague chasse àl’homme sur fond de vengeanceparricide, rappelle trop la rébel-lioncontre sespèresJedidu jeuneAnakinSkywalker dans Star Wars,épisode3.
Surtout,le spectateurs’est lassédes embarras d’élocution deChekov, de l’inconscience réjouiede Kirk, de la constipation émo-tionnelle de Spock. J.-J.Abrams,qui traîne pourtant derrière luiplus de séries qu’une voiture demariés ne traîne de casseroles,sembleavoiroubliéuncapricefon-damentaldespectateur.Noshérosde séries ont aussi peu le droit dechanger que nos amis réels, maisnos héros de films, passant telsquels de l’opus onze àl’opusdou-ze, ont en revanche grand tort dene pasévoluer.p
NoémieLuciani
Filmaméricain deJ.-J.Abrams. Avec
Chris Pine, ZacharyQuinto,Benedict
Cumberbatch,ZoëSaldaña… (2h10) .
Katie Chang, IsraelBroussardet Claire Julien ontvécudans le mêmeimmeubleavant le tournage.DR
La«méthode»SofiaCoppola:fauxcambriolageetvraiedescentedepolicePour«TheBlingRing», laréalisatriceamisles acteursenimmersiondans laviede leur personnage
Cinqadolescentsprisdanslafureurdesmarques
TheBlingRing
ppv
C’esten lisant,dans Vanity
Fair , uneenquêtede lajour-nalisteNancySalesintitu-
lée« Lessuspects portaientdesLouboutin» queSofia Coppolaaeu l’idée deson nouveau film,TheBling Ring.L’articledécrivaitladérivede cinqadolescents,pourl’essentielissus de lamoyen-ne bourgeoisiede LosAngeles,quioccupaientle plusclairdeleurtempsà cambriolerlesrési-dences dequelques-unesdescélé-britéspeoplelesplusenvuedelaville. Fascinéspar lesmarquesdeluxe,ces enfantsd’Internetet desréseaux sociauxs’introduisaientdansde somptueusesmaisons, leplussouvent lanuit, poury déro-berles vêtementset accessoiresdetoutesleursconvoitises.
Quaranteans après AmericanGraffiti, onretrouvedans The
Bling Ring quelquesingrédientsindispensablesde la jeunesseaméricaine. Lamusique,toutd’abord,omniprésente,en fondsonore obligé desboîtesde nuitoùil fautimpérativementêtrevu.Quant auxbagnoles,aussitape-à-l’œilque possible, ellesser-
venttoujoursà frimer, cheveuxauvent, lunettesde soleilde prixsurle nezet cigarettes auxlèvres.Lestempschangentpourtant. Lamélancolie etla nostalgie d’unâged’or révolu ontfait place àl’immédiatetéde lacoke etdufric.On nedécèleaucun senti-mentamoureux chezles adosdu
Bling Ring, juste desstigmatesdurègne– dela dictaturediraientcertains– del’apparenceet del’identification.
RolandBarthes, quiqualifiaitlamodede «tyrannique»,auraitcertainementété passionnéparcettehistoire.Dans Système delamode,il écrivaitceci: «Lamode
plonge la femme dont elle parle etàqui elle parledansun état inno-cent,où toutest pourle mieuxdansle meilleurdes mondes:il yaune loid’euphoriede lamode…»
C’est biencelaque capte lacamérade Sofia Coppola,unesor-ted’euphorie compulsive dou-bléed’unsentimentd’impunité.Ilne s’agitpasicidejuger,lesfaitsparlent d’eux-mêmes,maisd’observer,de montrerce quiendéfinitivefinitpar ressembler àunenouvelleformed’addiction.Curiositésupplémentaire dans
cetuniversvoyeuriste: ParisHil-ton,qui futl’une desvictimesdugang, a autoriséSofiaCoppolaàfilmer chezelle.Si vousvoulezsavoirce quel’expression«caver-ned’Ali Baba» signifieen cedébutdeXXI e siècle,ne ratezpaslavisite,la maisonvaut lecoupd’œil.
CitédesAngesoucitédesdémons,peu importeen définiti-ve,Los Angelesest undes person-nagesde ce filmétonnant,sorte
d’avant-gardede l’humanitéenproie à unprocessus deglorifica-tiondesmarques.Les peopleyrègnenten maîtres,observés,dis-séqués,glorifiés,nuit etjour, parunemultitude desites Internetquileur sontentièrementconsa-crés.Quantaux parents,prèsdesoixanteansaprès La Fureur devivre, lefilmculte deNicholasRay,ilssont toujoursdémission-nairesou défaillants.
Filmrapideet efficace, The
Bling Ring ne s’accordequ’unseularrêtsur image.Un planfixeéloigné,en plongéenocturne,d’unemaison éclairéetoutenbaiesvitréessurplombantLA, letemps d’assister,en voyeursquenoussommes, à un hold-upper-pétré pardeuxados.Belleséquen-ceen forme dependantcinémato-graphiqueautrashdu«Loft»etautresémissions de télé-réalité.
Cette «fureurdes marques»,expliqueSofia Coppola,consti-tueune miseen garde,un avertis-sement.D’où vientpourtantquel’ondécèleà certainsmomentsdansle filmune sorte defascina-tionambiguë pourle bling-bling?Commesi SofiaCoppolaelle-mêmesuccombaitparfoisàcettepassiondévorante pourlamode…KatieChang, formidabledansle rôlede Rebecca,la leaderdugang, apporteun élémentderéponse: «Je n’ai jamaisététrèschaussures,maisje le suisdeve-nuedansleplacardde ParisHil-ton.» Vertigede lamode, vertigedelatentation.p
FranckNouchi
TheBlingRing,de SofiaCoppola. Avec
IsraelBroussard, KatieChang, Taissa
Farmiga,EmmaWatson(1h 30).
Lespectateurs’estlassé
delaconstipationémotionnelle
deSpock
ALosAngeles,lespeoplerègnent
enmaîtres,observés,disséqués,glorifiés
L’acteurZacharyQuintodansle rôlede Spock.PARAMOUNTPICTURES/INDUSTRIALLIGHT& MAGIC
«StarTrek»oulevoyageintergalactiquedetropLedouzièmefilm tiré delacélèbre sérieapportepeudenouveautéà l’exercice
12 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 13/48
MAMO Audi talents awards présente
Plus d’informations sur Audi.fr/ATA
XAVIER VEILHANARCHITECTONES
Ouverture au public
le 12 juin 2013Cité Radieuse à Marseille
© O l i v i e r A m s e l l e m
V o l k s w a g e n G r o u p F r a n c e S . A . - R C S o i s s o n
s B 6 0 2 0 2 5 5 3 8 .
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 14/48
Les meilleuresentrées en France
culture
EvolutionNombre de par rapport Totals em ai ne s N om br e N om br e à l a s em ai ne d ep ui s
d’exploitation d’entrées(1) d’écrans précédente lasortie
L’arrivéedu soleila visiblementincité nombre de spectateursàdéserterles sallesobscures. After Earth,lenouveaufilmdeM.NightShyamalan,parvientcependantà tirersonépingledu jeuavec456000entréeset, surtout,une bonnemoyennede spectateursparcopie(918).Ala6e place, Le Passé , d’AsgharFarhadi, continueson petitbonhommede chemin etdevraitatteindre dansquelques semaineslemilliond’entrées. On n’endira pasautantde Demi-sœur , deJosianeBalasko,qui, avecun peuplus de77 000entréesen premièresemaine,réaliseun trèsmauvaisdémarrage.A noterle bonscorede Shokuzai-Cellesqui voulaient sesouvenir , deKiyoshiKurosawa (22000entrées).Avec9 924spectateurs,la réjouissante Fille du 14Juillet , lefilmd’Anto-ninPeretjatko,pouvaitespérer mieuxavec48 copies.Au-dessus des3millionsd’entréescumulées, on trouve, avecdes scores médiocrescette dernièresemaine, Les Profs (3730000 spectateurs)et Iron Man 3(4271000 spectateurs).
After Earth 1 456 006 497 456 006
VeryBadTrip3 2 338 370 559 – 58 % 1 28 3 3 53
Fast& Furious6 3 270 622 561 – 54 % 2 5 07 468
Epic: labatailleduroyaumesecret
3 167 707 629 – 36 % 859 965
Gatsby leMagnifique 4 96 542 579 – 44 % 1 407 946
LePassé 4 85 334 380 – 40 % 736 563
Demi-sœur 1 77 553 276 77 553
LesProfs 8 60 577 327 – 38 % 3 7 30 98 0
PopRedemption 1 45 418 219 45 418
TheI ceman 1 40 230 110 40 230
AP : Avant-première * Estimation
Source :Ecran Total (1) Période du 5 au 9 juin 2013 inclus
nRetrouvez l’intégralitédela critiquesurLemonde.fr(éditionabonnés)
ppv À VOIR
nBlackbird Filmcanadien de JasonBuxton(1h43).
Accuséà tortde planifierun mas-sacredansson lycée,Sean,unjeunegothique,estenvoyé en pri-son.Entrefilm fantastiqueà la
MinorityReport,teenmovieetdra-mehitchockien, Blackbirdserévè-leêtre un premierfilmpassion-nant.Loindes stéréotypessurlajeunesse,leréalisateurrestituetoutelacomplexitéd’unâgeditdetousles possibles.p S.Ma.
nLaSociétédu feurouge FilmcolombiendeRubenMendoza(1h 44).Raulquittesa campagnepourBogota,oùils’abîmedansladro-gue.Electricieningénieux,ilconçoitun systèmequi permetdemaintenirles feuxde signalisa-tionau rouge. Pendantcet interval-le,handicapés,colporteurs,artis-
tesderuepeuventmendieràleuraiseauprèsdesautomobilistes.Récitde survie,traversé parunfurieuxélanlibertaire,cefilmmar-queles débutsprometteursdeRubenMendoza.p S.Ma.
pvv POURQUOI PAS
nOffWhite Lies Filmisraélien de MayaKenig(1h26).VivantdepuisdesannéesauxEtats-Unisavecsa mère,Libbyvientà Tel-Aviv retrouversonpère,uninventeursanslesou,audébutdelasecondeguerreduLiban. Pèreet fillese fontpasserpourdesréfugiésafindesefairehébergerpar unefamilleaisée deJérusalem…Entredrameetcomé-die,lefilmpeineàtrouveruneréel-
leintensitéde ton,maisle jeupleind’humanitéde sonacteurprincipalvautledétour.pN.Lu.
nPloddy, la voitureélectriquemène l’enquête
Filmd’animation norvégiende RasmusA. Sivertsen(1 h14) .Rythmépar d’habilescourses pour-suites,cefilmd’aventureautomo-bileécolo(!)auraitgagnéàétoffersonscénario,maisdevraitdistrai-relestoutpetits. p S.Ma.
nJust theWind Filmhongrois de Bence Fliegauf (1h33).
Uncartonreplacecette fictiondansson contexte: unesérie d’ac-tesdeviolencecommiscontredesRomsen Hongrie,en2008et2009.Oursd’argentà Berlin,JusttheWind avanceversuneissueiné-luctablemaiséchappeauxécueilsdu«filmàsujet».Jamaismani-chéen,l’auteurne cherchepasàdésignerles coupablesmaisà resti-
tuerun climat d’oppression psy-chologique,et à magnifierses per-sonnagesprincipaux, membresd’unefamilleRom.p I.R.
nDéchirés/graves Film françaisde Vincent Dieutre(1h22).Enmai2012,àl’invitationdumet-teurenscèneStanislasNordey,lecinéasteVincentDieutreaaniméunatelieravechuitétudiantsdel’Ecoledu théâtrenationalde Breta-gne.Chaquejeuneacteurytente,àtourderôle,defairevivreunper-sonnageempruntéà latélé-réalité.Dépourvudedimensioncollecti-ve,réduità unesériede performan-cesplusou moinsconvaincantes,lefilmnedépassepaslestadedel’épure. p J.Ma.
nLa Fillepublique Film françaisde CheyenneCarron(2h12).Hébergéeàl’âgede3moisparunefamille d’accueilà laquelleest s’estfollementattachée,maisquin’alongtempspas eule droitdel’adop-ter,lajeuneYasmeensouffreden’êtrel’enfantde personneet aspi-reàdevenirquelqu’un–unecinéaste,enl’occurrence.Mala-droitparendroits,maisréelle-mentémouvant,cefilmautopro-duitet ouvertementautobiogra-phique,oùl’influencedes
400coupsrencontrecelled’Anosamours,estserviparlabelleperfor-mancedel’actriceprincipale,etparla sincéritéévidentequ’yainvestiel’auteure. p I.R.
vvv ON PEUT ÉVITER
nArnaque à lacarte Film américainde Seth Gordon(1h51).UncomptablemenantuneviesimpledansleColoradodécouvrequ’iln’aplusd’argent,àlasuited’uneaccumulationd’achatseffec-tuésàsonnom,enFloride.Ilpartàlarecherchede l’usurpateur…Auteurdecomédiesàsuccès( Com-menttuersonboss?),Seth Gordons’égaredansceroad-moviepasdrôle,teintéde mélo,malgrédeuxacteursàlabonnevolontéremar-quable(MelissaMcCarthyet JasonBateman).pN.Lu.
LES AUTRES FILMS DE LA SEMAINE
J uste avant d’être emporté parune crise cardiaque,en 2003, leréalisateur Jean-Claude Biette
étaittrèsexcité,paraît-il,àl’idéedetourner un nouveau film avecMathieu Amalric et Jean-Christo-
phe Bouvet. Rien ne prédestinaitSaltimbank, qu’ila tout juste euletemps definir et de présenter à laQuinzaine des réalisateurs, à êtresondernier.
Le système d’échos complexesquiliecefilmauThéâtredesmatiè-res, premier long-métrage del’auteur(1977), suggère pourtantlafin d’un cycle. Saltimbank se pré-senteen effet commele refletana-morphosédu Théâtredesmatières,quiauraitétéprojetédansuneépo-quenouvelle.
Figure dumanipulateurVisibles à partir de mercredi
12juindanslecadred’unhomma-ge que lui rend la Cinémathèquefrançaise, ces deux films voientleurintriguese nouer autourd’unprojet de pièce de théâtre – MarieStuart
audépart,œuvreviteaban-donnée au profit du Bleu du cieldans Le Théâtre des matières, et
Esther dans Saltimbank.Ily estaussi à chaquefois ques-
tion d’une actrice manipulée(Sonia Saviange dans le premierfilm,JeanneBalibardanslesecond)qui se retrouve, à la fin du film,répétant devant sa glace un rôlequ’ellen’avaitpas demandé. Alorsqu’elles’autorise pourla premièrefoisà embrasseravec exaltationsapartition,ellene sedoutepas que,danssondos,onadéjàdécidédelaconfieràquelqu’und’autre.
Cequichanged’unfilmàl’autre,c’estlapersonnedumanipulateur:
dans Le Théâtredes matières,ilestun metteur en scène de théâtresansscrupule,prêtauxpiresbasses-sespourfairevivresonart(HowardVernon). Il devient, dans Saltim-bank, un mécène sans principes,capabledetrahircequ’iladéfendudèsquesonconfortsetrouvemena-cé(Jean-ChristopheBouvet).
Comme le note Marie-ClaudeTreilhoudans Biette, documentai-re de Pierre Léon (en salles le26juin), unemicroéconomieexis-taitdanslecinémaautournantdesannées1980,qui permettaità uneforme d’artisanat d’exister. Vingt-cinq ans plus tard, il n’en restait
rien. Si Jean-Claude Biette étaitencorevivant,s’ilfaisaitencoredesfilms, parions qu’il y serait tou-joursquestion d’art,ou d’activitésintellectuelles, qu’une formed’étrangeté s’y distillerait dans lequotidien plutôt trivial d’unegalaxie de personnages aux liensdistendus,quelelangageysubiraittoutessortesdepermutationsludi-ques,qu’unebellemusicalitérévé-lerait la saveur de scénarios auxcléscachées…
Lacarte blancheimaginairequelui a conçue la Cinémathèque estsansdoutemoinshasardeuse,puis-qu’ellereflètesesgoûtstelsqu’illes
adéfendusaux Cahiersdu cinéma,oùilcommençaàécrireen1964,ouau sein de la revue Trafic qu’il acofondée en 1991 avec SergeDaney.
Cette programmation est une
belle manière de lui rendre hom-mage.Enfaisantdialoguersespro-presfilms,si méconnus(peuvus àleur sortie, mal conservés, coupésde la circulation pour des ques-tions de droits…), avecceux de sesmaîtres (Tourneur, Lang, Dwan…),ellefaitaussiéchoàsonrapportaucinéma–unemanièretrèssinguliè-re de mettre sur le même planlesœuvresdu passéavec lesfilmslesplus contemporains.
Cinéaste-critique et critique-cinéaste, Biette était un amateur,au sens noble. Ce terme qu’em-ploie Louis Skorecki pour décrirecepasseursisecret,etsidiscret,quia laissé chez ceux qui l’ont connudes souvenirs où l’admiration, lerespect, et une tendresse émue seconfondent, fait écho à la phrasequeprononceun deses personna-
gesdans LeChampignondesCarpa-
thes : «Notre vie est trop courte pour que nous soyons autre chosequedes amateurs.»
Il définit bien son héritage, quiirrigueune frangecertes margina-le, mais grandissante, du cinémafrançais: un rapport à l’artlibreetérudit, où création et réceptionsontliées,commesontliéeslapen-sée,l’écriture,etlamiseenscène. p
Isabelle Regnier
LaCinémathèque française.51,rue
deBercy,Paris12e. Tél.:01-71-19-33-33
www.cinematheque.fr
6,50¤parséance,3¤ pourles– 18ans,
4,50¤pour lesétudiants.
La Grande Boucle
pvv
Dans l’imaginaire de sesinnombrablesaficionados,le Tour de France est asso-
cié à certains noms mythiques:
Aubisque, Tourmalet, Puy-de-Dôme, Ventoux, Alpe-d’Huez,Izoard… Des cols hors catégoriepour une course elle aussi horscatégorie: plus de 12 millions despectateursmasséschaque annéeau passage de la course, plus de
3milliards de téléspectateursdans 190 pays… Il était inévitablequelaplusgrandecoursedumon-definisseparintéresserlecinéma.
Déjà, dans les années1920 et1940, deux cinéastes – MauriceChampreux( Le Roi de la pédale et
Hardi les gars!) etJeanStelli (Pour lemaillotjauneet Cinqtulipesrou-
ges) – avaient réalisé des filmsayantleTourpourcadre.
Aujourd’hui, toutle mondelesa oubliés, hormis sans douteThierryFrémaux,le déléguégéné-ral du Festival de Cannes, grandamateurdepetitereine.Plustard,dans les années 1980, MichaelCimino voulut tourner Le Maillot
jaune (avec Dustin Hoffman)maisleprojetfutabandonné.Cet-
te fois, c’est Laurent Tuel qui s’ymet, et l’on peut sans crainte luiprédirele plusgrand dessuccès.
La Grande Boucle estconstruiteunpeuàlafaçond’unefabledeLaFontaine avec, dans le rôle de laTortue,François Nouel, un anciencoureur cycliste reconverti danslaventede vélos (ClovisCornillac,en cycliste quadra à la gestuelleimpeccable),etdanslerôleduLiè-vre,le coureur italien ToniAgnel-lo (Ary Abittan, formidable encampionissimonarcissiqueetdra-gueur).
Endélicatesseavecsafemmeetsonfils,FrançoispartfaireleTour,étape par étape, avec un jourd’avance sur le peloton, aidé encela par un directeur sportif dévoyé (Bouli Lanners)et un sup-porteur du champion bataveHopland (Bruno Lochet, mer-veilleuxd’humanité).
Onn’endirapasplus,lapromode ce film – où apparaissent,jouant leur propre rôle, NelsonMontfort, Michel Drucker, Ber-nardHinaultetLaurentJalabert–feralereste,risquantdevousdon-ner l’impression d’avoir vu LaGrande Boucle sans même vousdéplacer.
On passe un agréable momentdevant ce road-movie à pédales,haletant et bien ciselé, n’hésitant
pas à dénoncer quelques-uns desvilstraversdupeloton(l’omnipré-sence du sponsoring, la pratiquedu dopage).
C’estlàd’ailleurslavraiesurpri-se de ce film tourné à l’intérieurdugrand barnumdu Tour avec labénédiction de l’ASO, la sociétéorganisatrice dela course. Ilmon-tre, n’exagérons pas, il suggère cequi, pendant longtemps, fut tu.L’amateur «pur» et le pro sup-posément « chaudière»: commeilse doit, lafable rejointla réalité,même si celle-ci est plus comple-xe.Et puisqu’ilfallaitune morale,Laurent Tuel nous suggère ceci:l’important, ce n’est pas d’arriverau bout de son rêve, mais de ten-ter le plus honnêtement possible
d’yparvenir.L’intégrationdevéritablesima-
ges–télévisuelles–duTourconfè-re au film l’illusion de la réalité,
rendant du même coup d’autantpluspoignantlecontrasteentrelasolitude du coureur de fond et lafolie commerciale entourant levéritablepeloton.
Pourlereste,c’est-à-direlespec-tacle grandiose duTour etla fasci-nation qu’il exerce sur les specta-teurs, reconnaissons-le: commeFrançois qui admire tant ToniAngelo, nous aussi, parfois,savonsfermerlesyeuxsurdespra-tiques prohibées pour ne garderquela mémoireenchantéede cesétapes de légende qui peuplentnossouvenirs d’enfance.p
FranckNouchi
LaGrandeBoucle, deLaurentTuel.
AvecClovis Cornillac,Ary Abittan,Elodie
Bouchez(1 h38).
QuandleLièvreetlaTortuefontleTourdeFranceLaurentTuel signeunroad-movieàpédaleshaletant,qui évoquelestraversdupeloton
«Loin de Manhattan»(1982). CHARLESFOUILLOUX
L’amateur«pur»etleprosupposément
«chaudière»:lafablerejointlaréalité,
mêmesicelle-ciestpluscomplexe
Jean-ClaudeBiette,amateurenchef LaCinémathèquefrançaise rendhommageau cinéasteetcritique,morten2003
14 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 15/48
DesignGrandrendez-vousdu mobilierhistoriqueetcontemporain,lafoireDesignMiami/Baseltientpavillonjusqu’au17juin.Surprise:lafantaisienesenichepasoùonl’attendait…
Chérie,j’airéenchantélesmeubles
Du13au23juin,FuturenSeineprésenteprojetsetprototypesautourdunumérique
Unfestivalpourrêverl’entreprisedufutur
culture & styles
BâleEnvoyéespéciale
Du 10 au 17juin, Bâle vit aurythme du design. AprèsMiami, en Floride, qui le
fêteen décembre,c’esten effetautourdelavillehelvèted’invitercol-lectionneurs,artistes etamateursà un voyageà traversl’histoiredumobilier,que présentent unecin-quantainedegaleriesfrançaiseset
internationales. «Notre missionest de montrer le meilleur de cettediscipline, en mettant à la fois àl’honneur le design historique du
XX e siècle et le design contempo-rain», explique Marianne Goebl,quia reprisen 2011 lesrênesde lamanifestation.
Missionaccomplie.Le nouveaubâtiment de la Foire DesignMiami/Basel, à Bâle – construitpar les architectes Herzog et deMeuron, à qui l’on doit la TateModern de Londres–, abrite ainsipourl’occasionla Maisondu Bon-heurdeJeanProuvé(1901-1984)etdes pièces de Royère (1902-1981),notamment.ThomasFritsch,delagalerieAtrium,présente descéra-miques françaises des années1950.QuantàPascalCuisinier,quivient de remporter le prix duPavillondesartsetduDesign2013
pour les luminaires de Joseph-
AndréMotteet deMichelMortier,ilestbiensûr venu à Bâleaveclescréations de ses designers féti-ches, Pierre Guariche (1926-1995)et PierrePaulin (1926-2009).
Plus près de nous, ElisabethGarouste expose chez GranvilleGallery quelques pièces uniques,dont un lampadaire en métal debien belle allure. Chez la galeristenew-yorkaise Cristina Grajales,
despetitestablesenmarbreblancde Carrare et en céramique, tra-vaillées à Bassano del Grappa enItalie, sont signées du designerSam Baron, directeur artistiquedu département design de Fabri-ca,le centrede recherchedu grou-peBenettonà Trévise.
ChristopheCômenousoffreunélégant meuble aux parois faitesdepierredelave,etSebastianErra-zuriz nous amuse avec un somp-tueux meuble dont l’intérieur est
un jeu de miroirs, que l’on peut
observer par un œilleton, placésurun descôtésde lacommode…
Plus sage, le designer Christo-pheDelcourt présente,pour Eras-tudio, une galerie milanaise, unfauteuil ottoman en cuir et unbureau en marbre et acier. Onattendaitavecimpatiencelacolla-boration entre l’antiquaire Stei-nitz et la Carpenters Gallery, etleur confrontation entre lesmeubles Louis XV et la création
contemporaine. Sauf que le clouannoncéne plante pascommeonl’espérait sa pointe dans le cœur.Soitparcequelesmeublesetboise-ries« mangent» partrop ledécor.Soit parce que les créationscontemporaines semblent pres-que trop proches des «antiqui-tés»…
Et c’est donc plus prosaïque-mentdanslerecyclagequ’unventde fantaisie a soufflé sur la foire,dans les sept projets VerbierMountain Climbers, issus de latransformationdestélécabinesdeskisdeVerbier,enSuisse.Cescabi-nes datant de 1970, qui ont portéjusqu’aux cimes des milliers detouristes, ont été transfiguréesparseptdesigners.AdrienRoveroaimaginéunrocking-chairoùpeu-vents’abriteretsebalancerquatrepersonnes,une sorte de kiosqueà
basculeoùsontappelésàserenou-
veler les jeux de neiged’avant. Lacabina delPapa crééepar l’AtelierOï est habillée de blanc et sembletoute prête à tournoyer autour deson poteau central. Baker War-dlaw de l’ECAL, l’Ecole cantonaled’art de Lausanne, l’a véritable-ment métamorphosée en machi-neàbonbons.
Nuldouteque cescabinesnou-vellemouture attirerontle public.Comme elles ont attiré le regard
du designer Sam Baron: «C’estque tout est juste dans ce projet.C’est frais, c’est fait très sérieuse-ment, sans prétention. Voilà unobjetquia déjàportéun rêve,celuidesvacanceset desjeuxde monta-
gne, et qui aujourd’huiva permet-tre à desenfants maladesde réali-ser leurs rêves…» Car il s’agit d’unprojetà caractère caritatif, aupro-fit de la fondation suisseMake-A-Wish. Ces télécabinesseront bientôt exposéesà Verbieravant de décorer l’aéroport deGenève, où se tiendra une venteauxenchères en automne.Quandledesignest beau, drôle, poétiqueetsacrémentutile,ilréenchantelemonde.p
MélinaGazsi
DesignMiami/Basel.TheGlobalForum
fordesign. Du10 au17 juin. Hall1 Sud,
MesseBasel.
Prendre son billet pour lefutur, c’est ce que proposeFutur en Seine. Ce festival,
crééen 2009 parl’associationCapDigital, présente, du 13 au 23juin,ce qui se fait de mieux dans ledomaine de l’innovation numéri-que.Pendantdix jours,projetsde«startuppers», d’artistes, de desi-gners,de créateurset d’ingénieurssontàl’honneur.
Jean-LouisFrechin, commissai-re de l’événement, parle de Futuren Seinecomme d’«un festival debonnes nouvelles et de bonnesidées»,axécetteannéesurlepassa-ge du projetau produit.Le thèmedecette4e éditionétantles«Entre-prise(s) du futur». «S’il s’agit debâtiraveccesprojetslesentreprisesde demain, poursuit le designer,directeurde l’agenceNo design etprofesseuràl’Ecolenationalesupé-rieuredecréationindustrielle(Ens-ci-LesAteliers) , il estquestion ausside bâtir l’entreprise du futur au
sens large, celle que le numériqueestentraindetransformerradicale-ment, celle qui stimule la créationet ledésir d’entreprendreet metenévidencele tandemde la technolo-
gie et du design, afin d’accompa- gner une nouvelle révolution enmarche,celle dunumérique.»
Autre particularité de la mani-festation: elleest nomade.Durantles quatre premiers jours, elle setient au Centquatre (5, rue Curial,Paris19e)–oùelleaccueilled’abordles professionnels les 13 et 14juinpuis le grand public le week-enddes 15 et 16juin – avant de sillon-nerla régionIle-de-France,avecdenombreusesmanifestations.
AucœurdufestivalFuturenSei-ne, un «Village des innovations»présenteprojetsetprototypesréu-nis dans un espace bien nommé,«l’Archipel des projets». Répartisen une dizaine de thèmes, ilsconcernentaussibien laville, l’ha-bitat, l’éducationque le travailou
encorelamusique,lesartsnuméri-quesetlesrobots.Aveccetteannéeuncoupdeprojecteursurlafilièrenumérique dela régionAquitaineet quelquesillustrations desinno-vations en Israël et en Palestine,dans le cadre des actions etconcours organisés par l’Agencerégionale de développementParis
Ile-de-France.Au programme encore: confé-
rences,ateliersy comprispourlespetits et espaces d’informationpour toutsavoir surles métiersetles formations du numérique. Adécouvrirégalement15projetspar-miceux duprogramme« Prototy-pestechnologiques».Notamment
celuid’Eqosphère.Cette start-upamisaupointunesolutionnuméri-que contre le gaspillage. Son sitecollaboratif permet à des grandesenseignesdeladistributiondepro-poserenligne eten tempsréellesproduits invendus à des associa-tionsdesolidaritéoudesspécialis-tesdu recyclage.
Dans le secteur de la santé, unmur d’images 3D interactif a étéimaginépar lasociété Ayotle,spé-cialiséedanslacapture demouve-ments.Ilfaciliteraitlarééducationen faisant travailler le patient surlegeste–parexempleouvrirlapor-te d’un réfrigérateur… Dans ledomainedesarts,émerveillementassuré devant l’application mobi-le et participative développéepour l’exposition «Dynamo» auGrandPalais. p
Mé.G.
n Surle Web
Futur-en-seine.fr
Descabinesdeskisde1970,quiontportéjusqu’auxcimesdesmilliersdetouristes,ontététransformées
parseptdesigners
Degaucheà droite: «NifularSalone», deBethanLaura Wood.DR «Bouquet detable», deSam Baron. DR
«Yellow LavaCabinet», de Christophe Come. CHRISTINEGRAJALESINC «VendingMachine», deBaker Wardlaw. ANNICKWETTER
Lastart-upEqosphèreamisaupointune
solutionnumériquecontrelegaspillage
MUSIQUE
PrinceparticiperaaunouvelalbumdeJanelleMonaeDansun entretienaccordéau magazine professionnelaméricain
Billboard,dont l’édition datéedu 15juinla meten couverture,lachanteuseJanelleMonae a indiquéque le chanteur,guitariste,producteur et auteur-compositeurPrincefigurait parmiles invi-tésparticipantà sonnouvel album,intitulé TheElectricLady.Prince,qui collabore rarementsur disquesavec d’autresartistes,estprésentsurune chansondontJanelleMonaen’apasrévéléletitre.Parmilesautresinvitésde TheElectric Lady,dontlasortie
estprévueenseptembre,ontrouvelechanteur,auteuretpro-ducteurMiguelet lachanteuseErykahBadu.Cettedernièreestenduo avecJanelleMonaesurla chansonQ.U.E.E.N.,premiersin-glede l’album, dontlavidéoofficielleestdiffuséesur Internet.p
Théâtre
ChristopheRaucknomméàladirectionduCentredramatiquenationaldeLille-TourcoingAurélieFilippetti,ministrede la cultureet de lacommunication,anommé,lundi10juin,ChristopheRauckà ladirectiondu Théâ-tredu Nord,Centredramatiquenationalde Lille-Tourcoingetdel’Ecoleprofessionnellesupérieured’art dramatique (Epsad). Ilsuccédera,le 1er janvier2014, à StuartSeide. Comédienayantnotammentjouéauprès de SilviuPurcareteet ArianeMnouchki-ne,Christophe Raucka crééen1995 sacompagnie.Il adirigéleThéâtredu peuple, à Bussang(Vosges),avantd’être nommédirec-teur,en 2008,du ThéâtreGérard-Philipe,Centre dramatique
nationalde Saint-Denis(Seine-Saint-Denis).Ses dernièrescréa-tionsalternentdes textesclassiquescomme Les Sermentsindis-crets, deMarivaux,avecles textespluscontemporainsdeRémiDe Vos. p
LacompagniefondéeparBertoltBrechtmenacéed’expulsionL’unedes compagniesthéâtralesles plusrenomméesd’Allema-gne,leBerlinerEnsemble,fondéparBertoltBrecht,estmenacéed’avoirà quitterla scènesur laquelleelle jouedepuisprèsdesoixanteans, a-t-onapprislundi 10juinauprèsde sonavocat.LedramaturgeRolf Hochhuth,propriétaire du Theateram Schiff-bauerdamm,où estinstalléle BerlinerEnsemble depuis1954,adécidéde mettrefin aubail,a préciséMe PeterRauedansuncour-rierélectroniqueenvoyé àl’AFP.Danslalettred’annulationdubail, M.Hochhuthévoque notammentcommeargumentà sadémarchelefaitque lacompagnie n’ait pasrespectéun accordprévoyant qu’elledevait régulièrementjouer l’unede sespièces.L’œuvreen question, Le Vicaire (1963),constitueune sévèrecriti-quede l’inactiondu pape PieXIIfaceau sortréservéauxjuifspendantlasecondeguerremondiale.PourMe Raue, endépitde
cequ’affirmeM.Hochhuth,sa demandede faire jouercettepiècen’apasde «fondementlégal» et «un manqued’intérêtdu publicempêchede lareprogrammer».Parailleurs, Hochhuthsouhai-taitégalementvoir sapièce Eté 1914 jouéepar l’Ensemble,à l’occa-sionducentenairedu débutde lapremièreguerremondiale, l’anprochain,mais,selon Me Raue, ledirecteurde lacompagnie,ClausPeymann,ne le souhaitait pas«pourdes raisonsartisti-ques».– (AFP.) p
Photo
ProtestationscontreuneexpositiondelaPalestinienneAhlamShibliauJeudepaumeL’expositionde laphotographe palestinienne AhlamShibliau Jeudepaume, «Foyer fantôme», ouvertele 28mai, provoque depuisle5 juindes réactionsvives d’associationsjuives.L’institutionsignale avoirreçu plusieurscentainesde lettres,d’e-mailset d’ap-pelstéléphoniquesréclamantlafermeturede l’exposition.LeConseil représentatif desorganisationsjuivesde France(CRIF)aaccusécetteexpositiondefaire «l’apologiedu terrorisme».Ilaégalementenvoyéune lettreà laministrede laculture, AurélieFilippetti.D’autresassociationsplusradicalesfontcirculerunepétitionet appellentà unemanifestationdevant leJeu depaumele16 juin.L’expositionprésenteplusieurssériesprisesdansdiffé-rentspayssurlethèmedu«chezsoi».L’uneintitulée«Death»montredeshabitantsdes territoiresoccupéspalestiniens,quiviventau quotidien avecles photographiesdesmembresde leurfamille mortsayantcommisun attentat-suicide.Au Jeude pau-me,oùla sécuritéa étérenforcée,on signaleque l’expositiona étévisitéeparlaministredela cultureetparune délégationde l’am-bassaded’Israëlsanssusciterde réaction négative.Le centred’artaégalementpubliéuncommuniquédanslequelilprécisequelasérieDeath«faitpartied’unensembledesériesquestionnantlescontradictionsinhérentesà lanotionde foyer».L’exposition,quiadéjàété organiséeà Barcelone,doit ensuite êtreprésentéeàPorto.pClaireGuillot(PHOTO:« SANSTITRE»(DEATHN 0 33)AHLAM SHIBLI)
150123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 16/48
Alors qu’il ne lui restait que
quelques semaines à vivre,l’écrivainécossaisIainBanksinforma ses lecteurs qu’ilsouffraitd’uncancerenpha-seterminale.«Enconséquen-
ce,j’aiannulétoutesmesapparitionspubli-queset j’ai demandéà macompagneAdèlesi elle voulait bien me faire l’honneur dedevenir ma veuve (désolé, mais nous trou-vonsque l’humour morbideest utile), écri-vait-ilsursonsitele 3avril. Au momentoùce communiqué sera publié, nous seronsmariéset partisencourtelunedemiel.»
Célèbre outre-Manche autant pour seslivres de science-fiction que pour sesromansrelevantde la littératuregénérale– soit 27 titres écrits en trois décennies –,classépar le Times parmiles 50 meilleursromanciersbritanniquesdepuis1945, IainBanks s’est éteint dimanche 9juin à l’âgede59ans.
Sonentréeenlittérature,en1984,futdecelles qu’on appelle fracassantes. Le Sei-
gneur des guêpes (The Wasp Factory) cho-quaetenthousiasmalacritique.Unadoles-centde16 ans,immatureet misogyne,éle-véetinstruitparsonpèresuruneîlequasidéserte,yracontaitsonenfancehantéeparde folles visions. Tortionnaire d’animaux
et de petites filles, il confessait avoir tuétroisenfantsavantd’avoiratteintsa dixiè-me année,jugeantces assassinatscommeun ritede passageobligévers l’âgeadulte.
Troisans plus tard,Iain Banksfit paraî-tre son premierroman de science-fiction.Uneformedeguerremarqueledébutd’uncycleromanesqueintitulé«Culture».Unefresquemagistrale où prendront placeUnhommede glace, L’Hommedes jeux, Exces-sion, Le Sens du vent, Inversions, L’Essencede l’art, Trames. Influencé par RobertA.Heinlein,Isaac Asimov,Arthur C.ClarkeetDanSimmons,Iain Banksy dépeintunesociétégalactique idéale,la Culture, civili-
sation anarchiste et tolérante où cohabi-tent harmonieusement êtres humains,intelligencesartificielleset espèces étran-gères,où lesloisirset lesjeuxont lestatutd’artmajeur.
Humour noir etjoiede vivre
IainBanksexcellaitdansleregistreexpé-rimental. Dans ENtreFER (Folio, 2000), ilrelate, dans un style désorthographié, lesrêves inconscients et les vies imaginairesd’unhommeplongédanslecomaàlasuited’un accident de voiture. Méconnus enFrance, sesromans de littératuregénérale,où l’enfance est souvent décrite commeune période violente et traumatisante, sedistinguent par leur humour noir. Entémoignel’incipitde TheCrowRoad (1992,nontraduiten français): «C’étaitle jour oùmagrand-mèrea explosé.»
Filsuniqued’unepatineusesurglaceetd’un officier de l’amirauté, Iain Banks est
né à Dunfermline dans le comté de Fife(Ecosse)le16février1954etasuividesétu-desde littératureanglaise,de psychologieetdephilosophie.PartiàLondresàl’âgede20ans, il était revenu vivre à NorthQueensferry, près d’Edimbourg, dans lesannées1990.
Combattant l’obscurantisme religieux,l’athée Iain Banks était aussi un écrivainengagé. Signataire en 2004 de la déclara-tion deCalton Hill enfaveurde l’indépen-dance de l’Ecosse, il fait partie la mêmeannéedes personnalités qui mènentcam-pagne pour la démission de Tony Blairaprès l’invasion de l’Irak en 2003, uneguerre qu’il avait évoquée dans The Steep
Approach to Garbadale et Raw Spirit (iné-dits en France). En signe de protestationcontrel’engagementdes troupes britanni-ques, il avait déchiré son passeport etl’avaitexpédiéau 10DowningStreet.
Dansson premier livre, Le Seigneurdes
guêpes, Banks écrivait: «Nos vies ne sontque des symboles. Quoi que nous inven-tions,nousne faisonsquesuivredes modè-les.Lesgensfortsarriventàcréerlesleurs,et
parfois même à influen cer ceux desautres.» Tel était soncas. Pour l’auteurdepolarécossaisVal McDermid, il était«l’un
des plus ludiques, inventifs et distrayantsécrivains» de leur génération. «La joie devivre a caractérisé toute sonœuvre. Mêmedans les coins les plus sombres, il y a tou-
joursuneonce d’optimisme,unrappelpour ne pas nous prendre trop au sérieux. C’estun conteur, dont la foi en l’homme peutembrasser le pire de ce que nous sommescapablesde faire,et quirefuseencorede secoucheretdemourir.»
Le prochain livre de Iain Banks, TheQuarry, doit paraître, à titre posthume, le20juinauRoyaume-Uni.Il ydécritlecom-batd’unquadragénairecontrelecancer.p
MachaSéry
En2008. WATTLECHEUNG/CAMERAPRESS/GAMMA
Alavie,àlamort(Fayard,2011) racon-tait quelques semaines qu’il avaitpasséesdansle coma. Dans ce récit
étourdissant,YoramKaniuk réanimait lespersonnages de ses précédents livres ettirait,discrètement, le bilande sesespoirspolitiques déçus. Il y affirmait avoir étéramené à la vie par la persévérance de safemme, Miranda, et par les prouesses demédecinsqui ne cessaient de lui répéter:«Yoram, réveille-toi.»
L’écrivainest mortdessuitesd’uncan-cerle8juin,àTel-Aviv.Ilavait83ans.L’exis-tence de celui qui était devenu l’un desplus grands auteurs d’Israël est étroite-ment liée à l’histoire de son pays. YoramKaniuk naît le 2mai 1930, à Tel-Aviv, deparentsarrivésenPalestineen1909.Nour-ridecultureeuropéenne,notammentalle-mande, il côtoiedansson enfancetout ceque la ville compted’artistes: aprèsavoirétélesecrétaireparticulierdupremiermai-rede lacité,sonpèreest devenule conser-vateur du Musée d’art– sonparrainest letrèsgrand poèteHaïmNahman Bialik.
En1948,YoramKaniuk,engagévolontai-redanslaguerred’indépendance,estmem-bre des commandos d’élite du Palmach.Paru enFranceen août2012, 1948 (Fayard)revenaitsur cetteexpérience,roman écritpar unhomme ausoir desa vie, quicher-chait à retrouver ses yeux de jeune hom-me face à la violence infernale des com-
bats, son incompréhension devant uneactionmilitaire dont il ne saisissaitpas lacohérence,etàpeinelafinalité.
Aprèsun détourpar Paris,il s’installeàNew York au tournant des années 1950.Là-bas, il accumule les petits boulots etpeint,jusqu’àce quese révèlesa vocationd’écrivain,ainsi qu’ille raconteradans Mavieen Amérique(Fayard, 2005),évocationmenéeau rythmed’une improvisationdejazz duNew York des fifties, oùl’on croise,avec l’auteur, Marlon Brando, StanleyKubrick, GingerRogers,JamesDean, Char-lie Parker ou encore Billie Holiday. En1960, son premier roman (non traduit enfrançais) paraît, qui retrace les tentativesd’un narrateur pour setenir à distance deson pays et de sa famille… Deux ans plustard,YoramKaniuk,sa femme etleur fillesontde retouren Israël.
TendresseretenueIls’attelle pour debonà laconstruction
desonœuvre,novatriceettraduiteenqua-torzelangues.Refusantla narrationclassi-que, son écriture est tortueuse, marquéeau sceau du fantastique, mais aussi d’unmélanged’ironiegrinçanteetdetendresseretenue. Ses thèmes de prédilection: lecaractère destructeur de l’amour ( Encoreune histoire d’amour , Fayard, 1998); lesliens familiaux et leur toxicité ( Mes chersdisparus,Fayard,1997)…Maissonvéritable
sujetestl’histoirejuive;en2010,ilraconteau« Mondedes livres» comment, aprèslaguerred’indépendance, embarqué sur unbateauà destinationde l’Europe pour soi-gneruneblessureàlajambe,ilarencontréà bord des rescapés des campsd’extermi-nation. «En lesécoutant,je suisdevenuunécrivain juif. Le sujet de tous mes livres, cesont les juifs et non la société israélienne;
j’écris sur la blessure, pas sur la consola-tion.» La Shoah est ainsi au cœur de sonœuvre,d’ Adam ressuscité (Stock, 1980)au
DernierJuif (Fayard,2010),enpassantpar Il
commanda l’Exodus (Fayard, 2000, prixMéditerranéeEtranger).
Aussi admiré que contesté dans sonpays, militant désabusépour la paixentreIsraéliensetPalestiniens,ilmène,àplusde80 ans, un combat pour que cesse d’être
mentionnéesareligionsursacarted’iden-tité. Au Monde, en 2011, il explique avoir«toujours aimé la religion juive commeune mémoire, une culture, une histoire» ,mais ne pas croire en Dieu – et vouloirempêcher la démocratie qu’est Israël dedevenir un Etat théocratique. En 2011, ilobtientgainde cause.
YoramKaniukcroitsipeuaucielqu’iladécidédeléguersoncorpsàlascience,rap-pelle le journal israélien Haaretz, qui citesesproposà cesujet: «Dansmon esprit,je
gagneainsi quelquesannées; et, tout com-mecefutlecaspourMoïse,personnenesau-raoùjeseraienterré,puisquej’auraifaitensortequ’untel lieu n’existe pas.Et, de cela,mesdescendantstireront profit.»p
RaphaëlleLeyris
disparitions
L e décès, dimanche 2 juin, de ChenXitong, l’ancien maire de Pékin quifut la face publique de la répression
durant les événements de Tiananmen en
juin1989,a étéconfirméle lendemainparla branche hongkongaise de China NewsService,lasecondeagencedepressechinoi-se. Signe d’embarras du régime devant lacoïncidence, à quelques jours près, avecl’anniversairetabou du massacreperpétréily a vingt-quatreans,la pressechinoiseapeu réagi: à peine une brève dépêche de
confirmation de l’agence officielle Chinenouvelle.
Aladifférencedel’ancienpremierminis-treLi Peng oude JiangZemin,deuxautresprotagonistes retraités de juin1989,
M.Chen,quiestmortdanssa82
e
annéedessuitesd’uncancer,avaitétépurgépourcor-ruption dans les années 1990 et a doncrejointde manière anticipéeles oubliettesdel’histoireofficielle.
PromuchefdupartidePékin,puisentréauBureau politiqueaprèsla répressiondu4juin 1989, ChenXitong a connu une dis-grâce fracassante quelques années plustard: arrêté en 1996, il fut condamné en1998àseizeansdeprisonpourcorruption,àl’issuedecequiseradécryptécommeuneluttede pouvoir entreses réseauxet ceuxdu premier secrétairechinois de l’époque,JiangZemin,dontle bastion estShanghaï.Chen Xitong est alors le premier membredu Bureau politique de l’ère post-Mao àsubirun telsort.Depuis,il a étérejointpardeux autres politiciens, l’ancien premiersecrétaire de Shanghaï, Chen Liangyu, en2006, puis en 2012 Bo Xilai, toujours enattente d’être jugé. Chen Xitong avait étélibéréen2006pourraisonsmédicales.
Unsymbolede la répressionPourungrandnombredeChinois,ilres-
tel’officielquiadéclarélaloimartialedansles rues de Pékin le 20mai 1989. Puispro-noncera à la radio, le soir du 4 juin, justeaprès la reprise en main sanglante de lacapitale par l’armée, un discours fielleuxoù il fustige la «poignée d’émeutiersqui a
provoquéuneémeutecontre-révolutionnai-reàPékin».Le30juin,ChenXitongdevientle symbole de la «normalisation», avec lelongrapportofficielsur la «neutralisationde l’émeute anti-gouvernementale» qu’ilprésente devant l’Assemblée nationalepopulaire.Cetteversionofficielledes«tur-bulences», imprimée à plusieurs millionsd’exemplaires, servirade basepolitiqueetjuridiqueà toutelarépressionquia suivi.
Dansle cénacle dirigeant, Chen Xitong,qui,entantque maire,esten 1989souslesordres du premier secrétaire du parti dePékin, Li Ximing, n’en est pas moins très
actif:dansles Archivesde Tiananmen (Edi-tionsduFélin,2004),recueildedocumentsinternesdu partiexfiltréspar un protago-nisteanonymeetpubliésàl’étranger,ChenXitongapparaîtcomme l’undes cadreslesplus vindicatifs dans ses descriptions dumouvementétudiantauprèsdeshautsdiri-geants, et notamment de Deng Xiaoping.Dans ses Mémoires posthumes publiés en2009, Zhao Ziyang, l’ancien numéro unchinoislimogéaprèsle4juin,ledécritcom-me un alarmistequi dramatisesanscessela contestationétudiante.
En2012, l’intéressé s’étaitoffert unesor-tededroitderéponsesouslaformed’entre-tiens accordés à un historien chinois en2011etpubliésàHongkongparNewCentu-ry Press sous le titre Conversations avecChenXitong.
L’ancien maire de Pékin s’y défendd’avoireuaucunrôledécisionnairedurantces tragiques événements et regrette lesperteshumaines. «En tant que maire, j’enétais désolé. J’espérais que cela ait pu serésoudredemanièrepacifique»,assure-t-il.Ilaffirme n’avoir euaucunrôleni dans lesdébatsetla rédactiondurapportdu 4juin,nidanslacoordinationdestroupesdelaloimartiale.p
BricePedroletti
n SurLemonde.frIvanCloulas,historiende laRenaissance,parPhilippe-JeanCatinchi.Bruno Bartoletti, chef d’orchestre, parMarie-AudeRoux.
16février1954 Naissanceà Dunfermline (Ecosse)1984 Parutionchez Macmillande« TheWaspFactory» («LeSeigneurdesguêpes», Fleuvenoir,2003)1988 Lancement ducycle« Culture»avec« Unhommede glace»,«L’Hommedesjeux», «Excession», etc.3 avril 2013Annoncequ’il souffred’uncanceren phase terminale9juin 2013Mort(en unlieunoncommuniquépar la famille)
AncienmairedePékinenjuin1989
ChenXitong
Ecrivainécossais,auteurdu«Seigneurdesguêpes»
IainBanks
2mai 1930 Naissanceà Tel-Aviv2000 «Il commandal’Exodus»(Fayard),prix MéditerranéeEtranger2012 Parutionde «1948» (Fayard)8 juin2013Mortà Tel-Aviv
Ecrivainisraélien
YoramKaniuk
15Juin 1930Naissanceà Anyue (Sichuan)Avril1983-Janvier 1993 MairedePékin2 juin2013Mortà Pékin
En2011. RONENZVULUN/REUTERS
16 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 17/48
170123Mercredi12 juin2013 carnet
SOCIÉTÉ ÉDITRICE DU MONDE SA - 80, BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI - 75013 PARIS - 433 891 850 RCS Paris - Capital de 94 610348,70�. Ofre réservée aux nouveaux abonnés et valable en France métropolitaine jusqu’au 31/12/2013. En application des articles 38, 39et 40 de la loi Inormatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de radiation des inormationsvous concernant en vous adressant à notre siège. Par notre intermédiaire, ces données pourraient êtres communiquées à des tiers, sausi vous cochez la case ci-contre.
Maison individuelle
Immeuble
Digicode N°
Interphone : oui non
Escalier
N°
Dépôt spécifique
le week-end
IMPORTANT : VOTRE JOURNAL LIVRÉ CHEZ VOUS PAR PORTEUR**
Boîte aux lettres :
Nominative Collective
Dépôt chez le gardien/accueil
Bât. N°
Nom : Prénom :
Adresse :
Code postal : Localité :
E-mail : @
Tél. :
* P r i x
d e
v e n t e
e n
k i o s q u e
* * S o u s r é s e r v e
d e
l a
p o s s i b i l i t é
p o u r n
o s p o r t e u r s d e
s e r v i r v o t r e
a d r e s s e
Jerèglepar:
Chèque bancaire à l’ordre de la Société éditrice du Monde
Carte bancaire : Carte Bleue Visa Mastercard
N° :
Expire in :
Notez les 3 derniers chifresfigurant au verso de votre carte :
Date et signature obligatoires
jem’abonne à laFormuleIntégraleduMondependant3 moispour69€
aulieu de162,50€*soit50%DE RÉDUCTION surle prixkiosqueOUIBULLETIN D’ABONNEMENTA compléter et à renvoyer à : LeMonde - Service Abonnements - A1100 - 62066 Arras Cedex 9
132MQADCV
ABONNEMENTS
S E U L E M E N T
a u l ie u de 1 6 2, 5 0
� * 6 9
�
OFFRE DÉCOUVERTE
3 MOISABONNEZ-VOUS
F O R M U L E I N T É G R A L E
Le quotidien chaque jour + tous les suppléments+ M le magazine du Monde + l’accès à l’édition digitaleréservée aux abonnés du Monde.fr 7 jours/7
N O U V EA U
É C O& E N T R E P
R I S E
to u s le s jo u r s
J’accepte de recevoir des ofres du Monde O UI N O N ou d e ses p artenaires O UI N ON
AU CARNET DU «MONDE»
Naissance
Sarah CHATEAU et Alban DUHAMELsont heureux d’annoncer la naissance de
Calisto,
le 5 juin 2013.
76130 Mont-Saint-Aignan.
Décès
Catherine et Philippe Acker-Giraudeau,sa flle et son gendre,
Grégoire et Clémence,ses petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès de
Flora ACKER,veuve du docteur Adolphe ACKER,
le 5 juin 2013,à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans.
L’inhumation aura lieu dans le caveaufamilial au cimetière du Montparnasse,Paris 14e, le 12 juin, à 12 heures.
28, rue Desaix,75015 Paris.
M. et Mme Stéphane Crosmarie,M. Pierre Berkaloff,Alexandre, Gavin, Gordon et Graham
ses petits-enfants,
font part du décès de
M. André BERKALOFF,
survenu à Carpentras,à l’âge de soixante-dix-neuf ans.
Les obsèques ont eu lieu dans l’intimitéfa milia le , le ve ndre di 7 juin 2013,au crématorium d’Avignon (Vaucluse).
59, rue Rouget de Lisle,78420 Carrières-sur-Seine.
Françoise de Gasquet,sa maman,
Pierre Coste,son époux,
Anne Coste et Yves-Marie Comte,Marion Coste et Xavier Claessens,Thomas et Christine Azevedo-Coste,
ses enfants et beaux-enfants,
Léa, Martin, Anatole, Balthazar, Nina,Hoel, Aglaé, Méline,ses petits-enfants,
Hélène de Gasquet-Roesler,Danielle et Salem Chaker,Guy de Gasquet,
ses sœurs, frère et beau-frère,
Sa familleEt ses nombreux amis,
annoncent avec une immense tristesse lamort de
Mireille COSTE,
le 7 juin 2013,à l’âge de soixante-huit ans.
Sa soif de la vie nous porte.
Lyon.
Geneviève Desmartin,Céline et Sophie,
ses flles,Eléa, Alice et Camille,
ses petites-fllesAinsi que toute la familleEt ses amis,
ont l’immense chagrin de faire part dudécès de
Lucien DESMARTIN,
survenu le 4 juin 2013,à l’âge de soixante-six ans.
Le s obs è que s a uront lie u le je udi13 juin, à 11 h 30, en la salle polycultedu crématorium de Bron.
Lons-le-Saunier. Vanves.
Antoine, Ariadne et Valéry,ses enfants,
Anne-Claude et Caroline,ses belles-flles,
Timothée, Victor, Adrien et Nikita,ses petits-enfants,
Les familles Elisseeff et Sichler,
ont la douleur de faire part du décès de
Geneviève ELISSEEFF,née SICHLER,
survenu le 6 juin 2013, à Lyon,à l’âge de quatre-vingt-huit ans.
Les obsèques auront lieu le vendredi14 juin, à 14 h 30, en l’église orthodoxede Sainte-Geneviève-des-Bois.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Hélène et Thierry Fack,Jacqueline et Francis Capeau,
ses enfants,
Juliette et Gabrielle,Cécile, Pierre et Nicolas,
ses petits-enfants,
Ulysse et Ariane, Héloïse et Clément,Maëlle et Oriane, Jules et Louise,ses arrière-petits-enfants,
Sa familleEt ses amis,
ont la tristesse de faire part du décès de
Mme Angeline ELLIER,née POLLIER,
survenu le 7 juin 2013,à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans.
Hélène et Thierry Fack,17, quai Augagneur,69003 Lyon.Jacqueline et Francis Capeau,21, avenue du Général de Gaulle,94160 Saint-Mandé.
Colette Jaïs,son épouse,
Isabelle Jaïs et Jérôme Roger,Eric et Christine Jaïs,Hélène Jaïs,
ses enfants,
Maud, Adrien, Déa, Lucie,ses petits-enfants,
Inès,son arrière-petite-flle,
Ses frères et sœur,
Ses beaux-frères et belles-sœurs,
ont la tristesse de faire part du décès de
Michel Roland JAïS,chevalier de la Légion d’honneur,
of fcier dans l’ordre national du Mérite,
survenu le 6 juin 2013.
Une cérémonie religieuse a eu lieulundi 10 juin, au temple du Hâ, à Bordeaux(Gironde).
19, rue de Strasbourg,33000 Bordeaux.
Son épouse,Ses deux flles,Ses parents,Sa sœur et son beau-frère,Sa familleEt ses amis,
ont la douleur de faire part du décès de
Nicolas MANOURY,
survenu à l’âge de trente-cinq ans.
Une cérémonie religieuse sera célébréedans l’église Sainte-Marie, à Anglet,le 13 juin 2013, à 16 heures.
Mme Sophie Savidan-Martinage,son épouse,
François, Benoît et Simon,ses enfants,
Renée Martinage,sa mère,
Antoine Bigenwaldet Micheline,son frère,
Ariane et Charles,ses neveu et nièce,
Raymond et Cécile Martinage,ses oncle et tante,
Hélène Savidan,sa belle-mère,
Jean-Marc et Jacques,ses beaux-frères,
Yohan et Lenny,ses flleuls,
Ses cousins et cousines,
ont la douleur de faire part du décès du
docteur Pierre MARTINAGE,pédopsychiatre à Orsay,
survenu le 9 juin 2013,à l’âge de cinquante et un an.
La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 13 juin, à 14 h 30, en l’égliseSa int-J e a n-Porte -La tine, s qua re del’Atlantique à Antony (Hauts-de-Seine).
Il reposera au cimetière de Ploubezre(Côtes-d’Armor).
213, rue Adolphe Pajeaud,92160 Antony.
Claire, Sophie et Ruth,ses flles,
Marie,sa petite-flle,
Denis,
ont la douleur de faire part du décès de
Mme Elisabeth MATARASSO,née TCHIROUKHINE,
survenu le 19 mai 2013.
Les obsèques ont eu lieu, le 23 mai,dans l’intimité.
43, rue Fessart,92100 Boulogne-Billancourt.
André Syrota,
président directeur général,Alain Tedgui,
président du conseil scientifqueEt l’ensemble des personnels
de l’Inserm,
ont eu la tristesse d’apprendre la disparitionde
Henri MATHIEU.
Médecin pédiatre et chercheur, le
professeur Henri Mathieu s’est illustrép a r s e s t r a v a u x n o v a t e u r s s u r l apharmacologie de la vitamine D et son rôle
dans le développement du squelette del’enfant et sur ses investigations cliniquese t p h a r m a co l o g i q u es e n p é d i a t r i e
périnatale, en néphro-urologie et surle métabolisme calcique.
Il a été directeur de l’unité Inserm 120d e r e c h e r c h e s u r l e m é t a b o l i sm ehydrominéral, puis sur la pharmacologie
du développement de 1973 à 1994.
L’unité, d’abord localisée au centre
Inserm du Vésinet, emménage à l’hôpitalRobert-Debré en 1989, hôpital dont il estle principal fondateur.
H e n r i M a t h i e u a é t é é g a l e m e n tle fondateur en 1979 et le président
jusqu’en 1996 du Centre international derecherches médicales de Franceville(CIRMF) au Gabon.
Ils s’associent à la peine de ses procheset de tous ceux qui l’ont connu.
La famille
Et les proches du
docteur André MELIN,
font part de son décès
survenu le 8 juin 2013,à l’âge de soixante-douze ans.
Un dernier hommage lui sera rendulors de la cérémonie civile au cimetière
d e C h a r e n to n - d u - Ch e r ( C e n t r e) ,le mercredi 12 juin, à 15 heures, en toute
simplicité, sans plaques ni fleurs, selonsa volonté.
Benjamin de LA MONNERAYE
nous a quittés le samedi 8 juin 2013.
Sa famille
remercie de tout cœur celles et ceux quil’ont accompagné.
Avec ses amis, elle vous prie de vous
joindre à eux pour une cérémonie d’adieu
da ns s on ja rdin, 22, rue du Moulin,à S e p t m o n t s, l e m e r c r e d i 1 2 j u i n ,à 15 heures.
Geneviève Monnier,
André et Simone Monnier-Bels,
Leurs enfants et petits-enfants,
ont la tristesse d’annoncer le décès de
Jean MONNIER,(Jean CABRIES),
survenu le 8 juin 2013, à Marseille,
sa ville natale.
« Adieu vive clarté
de nos étés trop courts. »
Ch. Baudelaire.
Saint-André-les-Vergers (Aube).
Le 2 juin 2013,
Max PINOT,colonel en retraite,
s’est éteint dans sa quatre-vingt-huitièmeannée.
Conformément à ses dernières volontés,
ses cendres ont été dispersées au jardin dusouvenir dans la stricte intimité familiale.
De la part deGeneviève,
son épouse,
Odile,sa flle
Et toute sa famille.
C e t a v i s t i e n t l i e u d e f a i r e- p a r t
et de remerciements.
« Je dormais et je rêvais
que la vie n’était que joie. Je me suis réveillé et j’ai vuque la vie n’était que servir.
J’ai servi et j’ai comprisque servir était la joie ».
Rabindranath Tagore.
Poète hindou.
Anniversaire de décès
11 juin 2003 - 11 juin 2013.
Déjà dix ans.
Une pensée pour
M. Maxime ARIBAUD,professeur d’histoire-géographie.
La famille.
Conférence
Rencontre de la société des lecteurs
Quelles limites pour les journalistesdans le devoir d’informer ?
Nombre d’affaires douteuses, de secrets,
de scandales mettant en cause
des personnalités
font la une de nos journaux.
Et pourtant, les journalistes ont-ils
le droit de tout révéler,
le devoir de tout écrire ?
Comment gérer l’indispensable
transparence avec les intérêts publics,
personnels, nationaux ?
Existe-t-il une limite et est-elle la même
dans tous les pays ou est-elle fonction
des sensibilités locales ?
Pour nous aider à mieux comprendre
les enjeux politiques, économiques,
éthiques… et nous apporter des éléments
de réponse :
Angélique Chrisafsdu Guardian,
Alexia Kefalas
du Kathimerini,Giampiero Martinotti
de La Repubblica
et Alexandre Phalippou,rédacteur en chef adjoint
du Huf fngton Post
seront nos invités.
Les débats seront animés par
Vincent Giret,directeur délégué des rédactions
du Monde,
le samedi 15 juin 2013, à 14 h 30,dans l’auditorium
du journal Le Monde
80, boulevard Auguste-Blanqui,
Paris 13e.
Réservation obligatoire par mailuniquement et dans la limite des places
disponibles à
Communication diverse
ISF : Déduisez 75 % du montant
de votre don à
La Fondation du patrimoine juif de France.
Pour soutenir les petites communautés
juives en péril.
Tél. : 01 49 70 88 02.
Sous l’égide de la Fondation
du judaïsme français.
Vos grands événements
Naissances, baptêmes,
fiançailles, mariages,
anniversaires de naissance,
anniversaires de mariage
Avis de décès,
remerciements, messes,condoléances,
hommages,
anniversaires de décès,
souvenirs
Colloques, conférences,
séminaires, tables-rondes,
portes-ouvertes, forums,
journées d’études, congrès,
projections-débats,
nominations,
assemblées générales
Soutenances de mémoire,
thèses, HDR,
distinctions, félicitations
Expositions, vernissages,
signatures, dédicaces,
lectures,
communications diverses
Pour toute information
01 5 2 2 201 5 2 21 3
carnetmpublicite.fr
Le Carnet
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 18/48
Lundi10juinensoirée,surFrance 3, MireilleDumass’oc-cupaitde seschers petits
vieux–ouplutôtdeses
«seniors»,commeilconvientdedire aujourd’huideceuxque, dutempsquej’avais20 ans, l’onappelaitles«anciens»ou«letroi-sièmeâge».
Danscenumérode«SignéMireille Dumas»,la journaliste,quifaitlesbonssoirs–etsouventlesbonsscores–deFrance3depuisplusieurslustres,pêchaitdansles eaux dela notoriété ensuivantnotammentles comédien-nesMartheVillalonga(81ans),MarionGame(70 ans),l’anciencoureurautomobileBernardDar-niche(71 ans),l’écrivaineFrédéri-queHébrard(86ans)etl’acteurLouisVelle(87 ans).
De touteévidence, certainsontétéchoisisparce qu’ilsontdes pro-jetsbientôtportésà l’antenneduservicepublic: ila étérépété (avec
un reportage opportun sursonlieude tournage)qu’unenouvellesérie avecMartheVillalonga, «Y apasd’âge», seraitsur lagrilledeFrance2 àla rentrée2013;il futlar-gementsous-entenduqu’unesui-teau«Châteaudesoliviers»,grandsuccèsdesannées1990 surFrance2, seraitprobablementadaptée du livre Le Châteaudesoliviers,vingtans après,quecosi-gnentFrédériqueHébrard et sesenfants(Flammarion,538 p.,19,90¤).
MartheVillalonga,abonnéeauxrôlesdemèrejuivealorsque,ainsiqu’ellele répète,ellen’estnimèrenijuive(maisbienpied-noir),s’afficherayonnanteet com-blée.Mais,ilyaencorepeu,ellenecachaitpasàlapressesonamertu-med’être «castée» dansle même
typed’emploiet demanquer detravail.Mais, commepar enchan-tement, sonagendaest désormaispleinetsonbonheurentier.
Qu’ellefraieavec lesvedettesouparteenprovinceàlarencon-tred’anonymes(dontces octogé-nairesagitantlacanneàDunker-queausondemusiquesrockbienremuantes),MireilleDumasa déci-dédenefaireparlerque«Cesseniorsquiontlapêche»,commel’annoncele titrede cetépisode,etnonceux qui sucrentlesfraises.
Pointdeportraitstelceluiquefait,parexemple,dansle glaçantetbrûlantTouts’estbien passé (Gal-limard,208 p.,17,90¤), Emma-nuèleBernheimdesonpèreAndré,quiavaitdécidéd’enfiniravecunefindevieamoindriepar
uneattaquecérébrale.Pointdedemi-teintescommecellesqui par-courentlerécittoniqueetsubtildeLaurenceBenaïmdans Le PlusBel
Age.Rencontresavecdes octogénai-resaffranchis (Grasset,224p., 17¤).
Maconsœurycitedeuxproposmerveilleux.Celuid’uneamiedujournalistePhilippeTesson,qui ditjolimentdu fringantoctogénaire:«A soncontact,mavie s’allège.» Etceluide SoniaRykiel(83ans):«Sansmémoire,onestperdu.Lamémoirepermetde mentir.»
Ilyalatélévision,etilyaleslivres.p
C'EST À VOIR | CHRONIQUE
pa r Rena ud M a c ha r t
Meilleursvieux
D
D
D
T
A
A
A
A
10 20
10 20
10 10
1010
1025
10 0 5
10 0 5
10 0 0
10 0 5
1015
1 0 1 5
1015
1015
Météorologue en directau 0899 700 703
1,34€l’appel+ 0,34€ laminute7jours/7de 6h30-18h
Nord-Ouest
Ile-de-France
Nord-Est
Sud-Ouest
Sud-Est
Jours suivants
www.meteonews.fr
Températures à l’aube l’après-midi
Fro n t c hau d Fro nt f ro id
DépressionAnticyclone
O cc lu si on T ha lw eg
DA
Paris
Madrid
Séville
Rabat
Alger
Tunis
RomeBarcelone
Tripoli
LeCaire
Jérusalem
Beyrouth
Athènes
Berne
AmsterdamBruxelles
Berlin
Londres
Edimbourg
Dublin
Oslo
Stockholm
Copenhague
Riga
Varsovie
Kiev
Ankara
Istanbul
Sofia
OdessaBudapest
Vienne
Prague
Munich
ZagrebMilanBelgrade
Bucarest
St-PétersbourgHelsinki
Minsk
Moscou
Lisbonnesbonne
Tunisunis
Barcelonearcelone
Tripoliripoli
Lisbonne
ReykjavikReykjavik
En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLaValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik
RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenosAiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi
New DelhiNewYorkPékinPretoriaRabatRiodeJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis
Paris
Madrid
Séville
Rabat
Alger
Tunis
RomeBarcelone
Tripoli
Le Caire
Jérusalem
Beyrouth
Athènes
Berne
AmsterdamBruxelles
Berlin
Londres
Edimbourg
Dublin
Oslo
Stockholm
Copenhague
Riga
Varsovie
Kiev
Ankara
Istanbul
Sofia
OdessaBudapest
Vienne
Prague
Munich
ZagrebMilanBelgrade
Bucarest
St-PétersbourgHelsinki
Minsk
Moscou
30à 35° > 35°25 à 30°20à 25°15 à 20°10à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°-10à -5°< -10°
Amiens
Metz
Strasbourg
Orléans
Caen
Cherbourg
Rennes
Brest
Nantes
Poitiers
Montpellier
Perpignan
Marseille
A jaccio
Nice
Clermont-Ferrand
Lyon
Chamonix
Bordeaux
Biarritz
Limoges
Besançon
Rouen
PARIS
Châlons-en-champagne
Toulouse
Dijon
Lille
1 22
Grenoble
20152720
2016241223102312
2518
24132817
191318121612199241928192519231724131614211232182214302219112310149
2818
3217
292729252514221426253026373027243120322037262516
14 162412
39342719231517625162820
312719133523242227203223
242820272720
averseséparsessoleil,oragepossible
averseséparsesassezensoleill ééclairciesmaisvoiléenpartieensoleillé
assezensoleill é
enpartieensoleillésoleil,oragepossible
assezensoleill éenpartieensoleillénuageuxaverseséparsesaverseséparsespluiesorageusesbeautempsassezensoleill ébeautempsfaiblepluieaverseséparsesassezensoleill éaversesmodéréesbeautempsenpartieensoleillébeautempsassezensoleill é
assezensoleill ébeautempsviolents oragesassezensoleill éenpartieensoleilléenpartieensoleillébeautempsvariable,orageuxassezensoleill éfaiblepluiebeautempsassezensoleill ébeautempspluiesorageusespluiemodéréeenpartieensoleillé
pluiesorageusesenpartieensoleillébeautempsbeautempsassezensoleill éassezensoleill é
enpartieensoleillé2321pluiemodérée
enpartieensoleilléassezensoleill éaversesmodéréesbeautempssoleil,oragepossibleenpartieensoleillé 1312
soleil,oragepossibleenpartieensoleilléenpartieensoleillébeautempspluiesorageusesenpartieensoleillé
Jeudi
Mercredi 12 juin12.06.2013
60 km/h
50 km/h
25 km/h
20 km/h
50 km/h
2012
2617
1917
2112
25
12 19
16
2112
2213
12
22
21
14
assezensoleill éassezensoleill éaverseséparsesbeautempsbeautempssoleil,oragepossiblebeautempsbeautempsbeautempsbeautemps
Vendredi Samedi Dimanche
/05h45 09h25
21h54
9
21
12
23
11
23
14
22
14
25
14
27
10
20
12
25
12
27
11
24
12
2712
30
14
27
16
30
18
31
12 15
16 16
13 27
15 16
13 16
11 28
13 2815 17
14 27
17 26
14 18
14 18
14 20
14 22
13 23
12 23
13 24
15 29
1529
12 23
13 23
13 22
12 22
14 22
12 20
1323
14 25
12 24
7 23
15 23
15 29
12 25
13 26
17 29
17 2817 25
15 25
12 26
17 30
32
29
22
28
30
22
Québec Très pluvieux et très frais
En Europe12h TU
Un frontatténuéapporteraun cielchargé
etunpeudepluiele longdescôtesde laManche.Surle reste dela moitiénord,lescumulusprendront suffisammentd'ampleur pouroccasionnerquelquesaversesdans l'après-midipar endroits. Lamoitiésudresteraplusau secet profiterad'untemps généralement bienensoleilléoupeu nuageux. Lesthermomètresrepartirontà la hausse.
SaintGuyCoeff.de marée 73/71
LeverCoucher
LeverCoucher
Assez nuageuxet humide au nord de la Loire
Aujourd’hui
Horizontalement Verticalement
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
Solution du n° 13 - 137
HorizontalementI. Post-scriptum.II. Elaboré.Rare. III.Réa.Lanières.IV. Molletonnées.V.Idée.Encor.VI. Su.Marc. Ming. VII. Scrutées.Eue. VIII. Aras. Vizir. IX. Orsec.EPO.Ti. X.Née.ADN. Nase.
Verticalement1. Permission. 2. Oléoduc.Ré.3. Saale. Rasé. 4. TB. Lémure.5. Sole.Ataca. 6. Cratères.7.Renonce.En. 8. INC. SVP.9. Prénom. Ion.10. Tareriez.11. Urée.Nuits. 12. Messagerie.
Philippe Dupuis
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12
1. Sefaitentendrecommeunegélinotte. 2. Enlèvementssansdélicatesse.3.Noblesous lescoups. Serendra.Faitla liaison.4. Toujoursen manquede liquide.5. Absorbedu bout des lèvres.Enbonnesanté.6. Petitsaule.Enlevéen course. 7. Trèsfatigué.Se jetteenmer duNord. Rivièred’Asie.8. Villede Thuringe. Criescommeun lièvre. 9. Pourles amateursde bainsà bulles. Blessa. 10.Danslelit.Doitaiderles paysendéveloppement. Préposition.
11.En Asie Mineure.Passéàl’huile. 12. Court, nageetpédale.
I. Ilfaudraitqu’il se surveilled’unpeu plus près. II. Incontournablepourles cruciverbistes.Souverainrenversé. III. Ilest rare quechezeuxvousne preniez pas deuxverres. Mesured’ailleurs.IV.Courant juin.Super nana.Bonne voie chez lesRomains.V.Remontée nasale.Dieu solaire.Diane y attendaitHenri.VI. Auxiliaire.En avant. VII. Finde parcourspourNoéetsafamille.Alcool chimique.VIII.Négation. Conduit. Aubout
de lasortie.IX. Chevillesur leterrain. Frètent le navire.X. Poussela beautéet leraffinement trèsloin.
Mardi11juinTF1
20.50 LesExperts: Manhattan.Série. Réussite sur ordonnance. Bar clandestin(saison9, ép.8 et 10/17, inédit)U ; Jeu de maux.Je tue donc je suis (saison7, ép.6 et 7/22) U.0.05NewYork,sectioncriminelle.Série. Le Dernier Vol d’Icare (saison10, 7/8).Leurs vies secrètes (S6, 15/22)U (105min).
FRANCE2
20.45Cash investigation.Le Scandale de l’évasion fiscale: révélationssur les milliards qui nous manquent. Magazine.22.40 Infrarouge.Dans le secret du crime financier.23.45 Unhomme presqueparfait. Documentaire.0.50 Journal, Météo (20min).
FRANCE3
20.45Petitsarrangementsavecmamère.Téléfilm. Denis Malleval. Avec Line Renaud,Samuel Labarthe, Michel Aumont (Fr., 2011).22.15Météo, Soir3.23.20Maigret.Série. Maigret et la demoiselle de compagnie.Avec Bruno Crémer (France, 2004, 110min).
CANAL+
20.55 LaVied’uneautrepFilmSylvie Testud. Avec Juliette Binoche,Mathieu Kassovitz, François Berléand (Fr., 2012).22.30EvaFilmKike Maillo. Avec Daniel Brühl, AlbertoAmmann (Espagne, 2011, 95min)U.
FRANCE5
20.46LeMondeen face.Alep- Syrie, vivre avec la guerre (France, 2013).21.40 Syrie, les enfants de la liberté (2013).22.32 Débat. Spécial Syrie.22.54 C dansl’air.Magazine.0.02Décollagepour l’Amérique.
Nouveau-Mexique. Documentaire (2011, 50min).ARTE
20.49Thema- Choisirsa mort,unchoixdesociété?20.50Le Fil de la vie. Documentaire. 22.20 Débat.22.45 I LoveDemocracy.Iran: paroles interdites. Documentaire (2013).0.20 LeVoyagedansla Lune.Court-métrage.GeorgesMéliès(muet, N., 15min).
M6
20.50 Unairde star.Divertissement.23.15 «Un air de star», ça continue.0.10 ElieSemounet sesamis (140min).
météo & jeux écrans
Sudoku n˚13-138 Solutiondu n˚13-137Mercredi12juin
TF1
20.50Grey’s Anatomy.Série. Et si... Besoin d’amour. Une boucherie!(S8, ép. 13à 15/24, inédit). Avec Ellen PompeoU.23.15Revenge.Série. La Proposition. La Boîte de Pandore(S1, 13 et 14/22). Avec Emily VanCamp (95min).
FRANCE2
20.45Détectives.Série. Les Evaporés. Avis de coup de vent (S1,7 et 8/8). Avec Philippe Lefebvre (audio., inédit).22.25La Parenthèse inattendue.Invités: Marianne James, Bernard Hinault...0.35Journal, Météo.0.50 Desmotsde minuit(90min).
FRANCE3
20.45Le GrandTour.La Renaissanceen héritage. Florence, Fontaine-bleau, Chenonceau, Chambord, Cracovie (2013).22.35Météo, Soir3.23.05Piècesà conviction.Magazine.Affaire Armstrong: qui sont les complices?0.20LesCarnetsde Julie (50min).
CANAL+
20.55TheDictatorppFilm Larry Charles. Avec Sacha Baron Cohen,Sayed Badreya, Kevin Corrigan (EU, 2012)U.22.15Dictateur,un boulotde dingue.Documentaire. Alain Charlot (France, 2013).23.10 LaMusicalelive. Phoenix.0.30MoonriseKingdom pp
Film Wes Anderson (EU, 2012, 95min)U.
FRANCE5
20.40LaMaison France5. Istanbul[2/4].21.25Silence,ça pousse! Magazine.22.10C’estnotreaffaire.Divine minceur tant convoitée! Magazine.22.45C dansl’air.Magazine (65min).
ARTE
20.50CoralineppFilm Henry Selick.Animation (EU, 2008).22.35L’Inventionde l’Occident.Jérusalem-Athènes. La Bible d’Alexandrie.Documentaire. [1 et 2/2] (France, 2012).0.25Aprèsl’hiverpFilm Jan Sverák (Rép. tch., v.o., 100 min).
M6
20.50Pékinexpress,le coffremaudit.Episode 11: demi-finale au pays des caïmans.23.00 «Pékin express»: lesvingt momentslesplusdrôles. Jeu.23.50Enquête exclusive (90min)U.
Lessoiréestélé
Avec Dossiers&Documents
devenez incollable sur l’actualité
et faites la différence aux examens !
www.lemonde.fr/dosdoc Juin 2013 - 2,95 €
Chaque mois 3 dossiers réalisés à partir des meilleursarticles duMonde de 1944 à aujourd’hui.
Résultatsdu tiragedu lundi10 juin.
3,13,15,32,35;numérochance:1.Rapports :
5 bonsnumérosetnumérochance: pasdegagnant;5 bonsnuméros: pasdegagnant;4bonsnuméros: 1704,80¤;3bonsnuméros:11,00¤;2bonsnuméros :5,10¤.Numérochance: grillesà 2 ¤remboursées.Joker : 1862004.
MireilleDumasadécidédenefaire
parlerque
«cesseniorsquiontlapêche»,etnonceux
quisucrentlesfraises
Motscroisés n˚13-138
4 1 6
9 8
6 8 7
5
9 4 8
5 4 9 3 6
8 2 5 1
2 3 6 4Reali se p ar Yan Geor get
1 4 9 3 5 2 8 7 6
6 8 7 4 1 9 3 5 2
5 3 2 6 8 7 9 4 1
8 6 5 9 3 4 1 2 7
9 7 1 2 6 5 4 8 3
4 2 3 1 7 8 6 9 5
3 9 8 5 2 6 7 1 4
7 5 6 8 4 1 2 3 9
2 1 4 7 9 3 5 6 8
FacileCompletez toute la
grille avec des chiffresallant de 1 a 9.
Chaque chiffre ne doit
etre util ise qu’u ne
seule fois par ligne,
par colonne et parcarre de neuf cases.
Lesjeux
Loto
PRINTED IN FRANCE
Imprimerie du « Monde »12,rue Maurice-Gunsbourg,
94852 Ivry cedex
Toulouse(Occitane Imprimerie)
Montpellier (« Midi Libre »)
80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13
Tél : 01-57-28-39-00 Fax : 01-57-28-39-26
Président: Louis DreyfusDirectrice générale:
Corinne Mrejen
18 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 19/48
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 20/48
LimitesoccidentalesparSerguei
MarieMendras PolitologueauCNRS et auCERI–SciencesPo
Al’est de l’Europe, en Grèce,l’organisationnongouverne-mentale Médecins du mon-de nous alerte sur les agres-sionsettorturesracistesper-pétrées par le parti Aube
dorée,etautresmilicesd’extrêmedroite,àl’encontredepersonnesdedifférencevisi-ble: ces crimes racistes en augmentationdans ce pays – plus de 150 cette année –,sont frappés d’impunité: les migrantssans papiers portent rarement plainte. A
l’autreboutde l’Europe,en France,la poli-ce, avec des bulldozers, parfois montée àcheval,continuederaserlesbidonvillesdeRomsquisesontmultipliésenSeine-Saint-Denis par exemple, et chasse les famillesqui tentaient d’y survivre. Des associa-tions essayent d’aider les personnes seretrouvant à la rue, mais les problèmessont énormes, ainsi comment aider cetenfant de 4 ans chassé de chez lui, qui adéjàeu deuxarrêtscardiaques?
Vudeloin,unbidonvilleaquelquecho-sed’effrayant pour levoisinageet lespas-sants. Le spectacle de personnes assisesparterreavecdesenfantsetdegrossacs,leteint parfoistrèsgris,les femmesportantdes foulards et les jeunes gens montranten souriantleurs dentsmalsoignées,peutsusciter un mouvement de répulsion.Mais à l’intérieur du bidon ville, des tré-sors d’ingéniosité bricoleuse sont mis enœuvre pour lasurviequotidienne. A quelprix de fatigue, d’insomnie, d’inventions
techniques de fortune font-ils/elles faceauxpremièresurgences:l’eauenpremier,leslieuxoù faire sesbesoinset biensûrlanourriture. Il faut penser aussi à la luttecontre l’ennui mortel de l’enclavement,contre la violence de la fatigue, contrel’épouvante sourde que produisent touscesregardstorves autourde leurprésencephysiquedansl’espacepublic–poidsmor-tifèreet menaçant queles enfantsperçoi-vent avec l’acuité atroce des premièresgrandesdouleurs incompréhensibles.
Les bulldozers n’écrasent pas pour lapremière fois, mais pour la énième fois,non seulement tous les biens restés dansl’habitat, mais aussi tout ce temps de tra-vail,et enfinleur actionsaccageetdéchirelesliens sociauxtissés– lesdifférences,lestensions menacent ici comme ailleurs. Achaque destruction, on ne revient pas àzéro, mais avant zéro. Larépétitiontrans-forme l’épuisement et les vieux déses-poirs inutiles et l’on désinvestit le fait
d’être d’ici ou d’ailleurs. On tourne leregard vers le fond de l’œil où risque des’éteindrece qui y scintillait.
Détruiresanscessenonseulementl’ob-jetmatériel,maisaussile travailhumain,et pas seulement l’habitat déjà considérécomme précaire, voire « insalubre», c’estméconnaîtrequ’unlieudevieexisteici,oùdesgens fabriquent dusocial ensemble.
Brûler,écraser,massacrertoutcelasouslesyeuxd’unefamillequel’onmetàlarue,et ce à chaque fois qu’ils reconstruisent,c’estunepratiquebarbared’avantladémo-
cratie.Mise à la rue,la familletraîneavec
ballotsetenfants.Lecorpsdelamèrerestele seul habitat de l’enfant tout petit. Leshommes et les vieux, le blanc des yeuxjaune, tournent dansla jungle de la ville:tous vivent dans un temps historiqued’avantl’idéed’égalité.
De la Grèce, emblème historique del’idée de démocratie, jusqu’à la France,pays de la révolution qui inscrivit lesdroitshumainsdanslaConstitution,toutel’Europe est concernée. En ce début duXXIe siècle,les préjugéset lesrejetscontreles Roms s’aggravent, ce qui retentit surleur situation sanitaire et sociale, malgréla richesse culturelle que représente leurdifférence dans notre monde global. Lesmêmes Français qui« adorentlamusiquetzigane»lesfuientquandilslescroisent.
Selon un mécanisme sociologiqueredoutable, la haine collective s’accroîtenvers ceux qui sont déjà en situation devulnérabilité,lésés, blessés, par la pauvre-
té visible, par une maladie stigmatisante,lalèpre, lesida,parun statutpolitique,ouseulement culturel, d’infériorité, etc. Lesrichesméprisentlespauvresqu’ilsnecroi-sent pas, et il les détestent quand ils lesvoientphysiquement« surpeupler» dansunquartier.Lorsquelapauvretéd’ungrou-pesedoubled’unegrandeprécaritépoliti-que, celle d’être migrant par exemple, ladétestationcollective contreeux s’accroîtetsenourritd’uneproductionderumeursqui les définissent comme immondes etdangereux,de naissance,par essence,etc.
Actuellement,en Europe,ces leviersdeformations haineuses planent au-dessusdestêtes desmigrants roms sans être clai-rement dénoncées par les autorités. Aucontraire, on l’a vu en France. Ce qui neveutpasdirequ’iln'yaitpointdebandits,d’esclavagistes, de cinglés, de crétinsmachos,etc., chez eux comme ailleurs:maislesdésignerentantquevictimesqua-lifieleursituation,etnon pasleurmorale.
LesRomsn’ontjamaisbénéficié,danslamémoire collective et européenne, de lareconnaissance de leur statut de victimedu génocide nazi, contrairement à ce quis’estpassépourles juifs,parexemple.Cet-te dernière injustice – stupéfiante – estl’unedesconditionhistoriquedelavivaci-tédu racismequipèsesurleurprésence.
Elle permet de ne pas percevoir le volcollectif et permanent des fonds votéspoureuxauniveaueuropéen.Ellefavoriseaussi la non-visibilité, et donc l’impunité
descrimescommiscontreeux,parparfoisdesgroupesdecivilscommeparlesautori-tés. Cette formidable dénégation de l’his-toire passée offre aux partis de droite«dure» (à la française) un levier facile etefficacede séductionpopuliste.
Lacrise économique quifrappel’Euro-pe se double alors d’une épreuve pure-mentpolitiqueetéthique: ledegrédecivi-lisation d’un espace collectif est exacte-mentdéfini parla façon dont sont traitésles plus vulnérables des groupessociaux.p
débats
Depuis quelques mois, le pouvoir russe
dépense beaucoup d’énergie à harcelerles forces vives de la nation. Tous lesbons esprits et entrepreneurs dynami-ques doivent rentrer la tête dans lesépaules ou aller exercer leurs talents
ailleurs. Universitaires, experts, sondeurs d’opinion,journalistes, jeunes chefs d’entreprise, responsablesd’ONGcaritatives,artistescritiques se trouvent souslefeu de contrôles bureaucratiques, perquisitions etconfiscations,d’inculpationsetde menaces physiques.Ilssubissent unerépressionsimilaireà cellequi frappelesleadersde l’opposition.Pour certains,c’est un choc,car ils appartiennent à l’establishment et n’ontjamaischerchéàcroiserleferavecleKremlinetsesclans.Pourtous,c’estun combatinégal.
Pourquoidonclesdirigeantsrussesseprivent-ilsdesmeilleurs de leurs compatriotes, les seuls qui pour-raient accompagner une modernisation réussie? Lesrécentes victimes de l’offensive poutinienne, menéeparlamachinepolicièreetjudiciaire,sontdespersonna-lités qui ont une réputation mondiale et un lien fortavecnous,chercheursetexpertsfrançaiseteuropéens:
lerecteur dela Nouvelle Ecoled’économie deMoscou,SergueïGouriev,etlessociologuesducentreLevadaquiconduisentlessondageslesplushonnêtessurlasociétérusse. Tout chercheur en sciences sociales connaît cesdeuxtemplesde l’innovationqui ontété fondésaprèslachutedel’URSS.L’économisteSergueïGourievasubides perquisitions, des confiscations d’e-mails et desinterrogatoiresparla commissiond’enquêteauprèsduprocureurgénéralde Russie, présidéepar un proche dePoutine, Alexandre Bastrykine.Craignantd’être pour-suivi,iladécidéderesterenFranceoùsafamilleestins-tallée.LecentreLevadaestaccusédefairedelapolitiqueetnondelarecherche,«carsessondagesontuneinfluen-cepolitique», ettombedoncsouslecoupde cettenou-velle loi aberrante qui exige qu’une organisation sedéclare «agentdel’étranger»siunepartiedesesfinan-cementsprovientde fondationsétrangères.
Ces deux cas indiquent un nouveau tournant réac-tionnairedurégime.Ilnes’attaqueplusseulementaux«dissidents»,auxopposantsetàceuxquiontprivéPou-tine d’un nouveau plébiscite en 2012 en exposant lesfraudes. Il visedes scientifiqueset desintellectuelsquiontdes idéeset del’influence.
Comme le dit avec ironie Sergueï Gouriev, dans cemilieu KGB, il s’agit de décrypter le message en poin-tantlesmotsmisaurebut.«Aujourd’hui,il nefautplus
parlernide modernisationnimême d’innovation,etsur-toutpasde tandem,lesgrandsmotsd’ordre dela prési-dence Medvedev», a-t-il souligné dans sa conférence àSciences Po, le 30mai. La parenthèse Medvedev, de2008à début2012,doitêtre referméeetoubliée.A pre-mièrevue,c’estétrange.LeloyalDmitriMedvedevoccu-petoujoursunpostedepremierplanpuisqu’ildirigelegouvernement. Et le tandem a produit le résultatescompté.Grâceà cetintermèdeimposéparlaConstitu-tion,VladimirPoutine estde nouveau président,cettefoispour sixanset nonquatre,avecla possibilitéde sereprésenteren2018pourunautremandat.
Cependant, le tandem a produit un autre effet, quin’étaitpas souhaité par Poutine et ses camarades des«structures de force» (armée, police, renseignement).
Dmitri Medvedev, sansvraimentprendre d’autorité,atoutdemêmereprésentéuneautrefaçondefairedelapolitique,un visage plusjeune,plus ouvert, etde nom-breuxRussesinfluentsontchoisiderenforcersonima-gepourtenterdepousserPoutineverslasortie.Sergueï Gourieven faisait partie. Il étaitmembrede plusieursconseilsauprèsdugouvernementetdelaprésidence,et
a pour amidesministrescommeArkadi Dvorkovitch,diplômédesonuniversité.
Sergueï Gourievestaussimembre deconseilsd’ad-ministration, notammentcelui de la banquepubliqueSberbankquivientdeleréélirele31mai,enpleinetour-mente, avecle soutien d’autresreprésentantsde laten-dance libérale. Si ces personnalités se permettent detenirtête auKremlin, c’estque l’économierusse entreenrécession,faute de réformes etde libéralisation.Endépit des prix toujours élevés des hydrocarbures, lacroissancene redémarrepas. Habituésdepuisdix ansàunehausse constantede leur niveaude vie,lesRussesfontdemoinsenmoinsconfianceaugouvernement.
Maisla raison profonde de lavindicte poutiniennecontreGourievestl’affaireKhodorkovski.Touteperson-neayantcritiquélesecondprocèsetlasecondecondam-nationdel’ex-patrondeIoukosen2010estdanslalignedemire.Cedernier doitretrouverlalibertéà l’été2014,après onze années d’emprisonnement. Et il est exclupourVladimir Poutine de cohabiteren Russie avecsonennemiintimelibéréenhéros.Aussiimpensablequ’unLouisXIV magnanimeredonnantsa liberté à Fouquet,
embastillé à vie pour avoir eu l’indélicatesse de mon-trersa richesseet saréussite.
Sergueï Gouriev et d’autresexpertsont écritun rap-port à lademandedu Conseil pour lesdroitsde l’hom-me auprès de la présidence, en 2011, alors que DmitriMedvedev était président. Ce rapport concluait queMikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev avaient étéinjustement condamnés. Depuis des mois, le comitéd’enquêtedeBastrykineharcèlelesauteursdurapport.Ilsembleraitqu’untroisièmeprocèsse prépare afinderetarderlalibérationdesdeuxancienshommesd’affai-res. SergueïGourieva aussiverséson oboleà l’opposi-tion,environ300eurosàlafondationdeluttecontrela
corruptiond’AlexeïNavalny.Or,cedernierestlenouvelennemietsera bientôtcondamnéet embastillé.VladimirPoutinene prendrapas lerisque d’engager
desréformes économiquesqui donneraientaux éliteslalibertéd’agiretd’innover.Carlalibreconcurrenceren-forcerait la volonté de défendre les libertéspubliques,degarantirle droitde propriété,de voirsanctionnéslesabusdepouvoiretlacorruptionetd’accéderàunealter-nancepolitique.Labataillepolitiqueacommencédansla rue en décembre2011. Elle secoue maintenant unepartie des élites économiques et des intellectuels. Unrégime surla défensivechez luise révèleun partenaireplusdifficile dansles relationsinternationales, carpeuenclinaucompromisetàlarésolutiondesconflits.Ain-si,unemédiationrusseenSyriesembleimprobable.p
f Sur Lemonde.fr«Solidaritéavecle Centre analyti-
queLevadaà Moscou», parun collectif de chercheurs.
LetraitementactueldesRomsestceluid’uneEuropeoublieusedesescrimes
«Dans une tribune publiée dans l’éditiondu Mondedu25mai“Letriomphedel’anti-progressisme”,ainsique surson siteInter-net,ununiversitaire,FrançoisCusset,illus-treundéveloppementsurunedroitemani-festementextrême,voire raciste,en repre-nantdesproposquej’aitenusdansunarti-cledeStéphanieLeBarspubliédans LeMon-de daté du 4 avril 2013. M.Cusset affirmequeje meplaindraisque l’on n’écoute pasles manifestants “au même titre que l’onn’écoute paslesracistes oules négationnis-tes”, laissant très fortement entendre quejeregretteraisce dernierétatde fait.Cettemiseen causepersonnelleinsultante n’in-
tervient qu’au prix d’une interprétationmalveillantedes proposque j’aitenus.Bien au contraire, je regrettais dans cetéchange avec Stéphanie Le Bars que laméthode du pouvoir ait elle-mêmeconduità radicaliserles opposants,traitésparleméprisdèsl’annonceduprojetdeloiTaubiraet ostracisésparce qu’ils soutien-nent qu’un enfant doit bénéficier d’unpèreet d’une mère. Je regrettaisdoncquelesopposantsauprojetdeloiTaubiraaientreçu un traitement que l’on n’appliquequ’auxracistes ou aux négationnistes, lesassimilant en somme à des “délinquantsdela pensée” .» p
Lerégimenes’attaqueplusseulementauxopposantsquiontprivéPoutine
d’unnouveauplébisciteen2012endénonçantlesfraudes. Ilvisedesintellectuelsquiontdesidéesetdel’influence
LesRomsn’ontjamais bénéficié,dans
lamémoirecollective,delareconnaissance
deleurstatutdevictimedugénocidenazi
VéroniqueNahoum-Grappe Anthropologue,présidentedela section dela Liguedesdroitsde l’hommede l’Ecoledes hautesétudes en sciencessociales
CorrespondanceUnelettred’ErwanLeMorhedec
LaRussieharcèlesestêtespensantes
20 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 21/48
enquête
LondresCorrespondance
I
l lui manque quatre dents dedevant,maiscelan’enrendsonsou-rire que plus sincère. A 81 ans,MuthengiIregiatrouvéunenouvel-lejeunesseà l’annoncede savictoi-rejudiciaire.Ungri-gridanslamain
droite, une cravate aux couleurs de sonpays sursa chemisevertpomme, levieuxKényan s’est mis à danser d’un pied surl’autrejeudi6 juin. Dans un hôtel de luxede Nairobi, il venait d’écouter l’ambassa-deurbritanniqueluiprésenterdesexcusesaunomduRoyaume-Uni.
Ilyaprèsdesoixanteans,M.Iregiavaitététorturéparlesforcescolonialesbritan-niques.Il avait ététabassé,suppliciéavecdestenailles.Sonbrasgaucheavaitététor-du jusqu’à la dislocation. Trois annéesdurant, il avait été détenu sans procèsdans un des multiples camps de déten-tion mis en place au Kenya, parfois sur-nommésles «goulagsbritanniques».
C’étaitpendantla rébellionMau-Mau,du nom donné par les Anglais aux gué-rilleros kényans qui semèrent la terreurentre1952 et 1960 chez les colons, s’atta-quant notamment aux fermiers blancs.Si leurs attaques ont été brutales, larépression a été terrible. Les Mau-Mau
ont fait 32 morts chez les Blancs; entre10000 et 90000 Kényans ont été tués,300000 selon certainessources.Danslemême temps, 160000 d’entre euxétaient emprisonnés sans procès dansdescampsoùlesexécutions,latorture,lacastration, le viol et les mauvais traite-mentsétaientcommuns.
Jeudi, leRoyaume-Uni a enfin reconnusa responsabilité. Après des années decombats judiciaires, menés par cinqanciens Mau-Mau qui ont porté plaintedevant la Haute Cour de justice de Lon-dres, les vétérans kényans ont gagné. LeForeignOfficea passéun accordavec leuravocat: il va verser 23,5millions d’eurosà5228 plaignants, dont M.Iregi. Une som-me qui comprend les frais légaux et laconstructiond’unmonumentàlamémoi-redesvictimesdestorturesdurégimecolo-nial.De quoi laisser unpeuplusde 3000eurosde compensationpar personne.
Surtout, William Hague, le ministredes affaires étrangères, a prononcé desmotshistoriquesdevant la Chambredescommunes: «Le gouvernementbritanni-quereconnaîtquedesKényansontététor-turésou ontsubi d’autresformes demau-vais traitement aux mains de l’adminis-tration coloniale. Le gouvernement bri-tannique regrette sincèrement que cesmaltraitancesaienteu lieu.»
CesparolesontfaitbondirdejoieM.Ire-gi. «Oubliez l’argent qu’ils nous donnent.
L’argent va et vient. Mais le mot “pardon” varesterpourtoujours.JeconnaislesBritan-
niques.Ilsnedisentjamaispardonàperson-ne. Ils peuvent dire pardon individuelle-ment,mais jamaisen tantquepays.[Cettevictoire] estunesurprisepourmoi» ,témoi-gnait-ilauGuardian jeudi6juin.
Lesuccèsauraétéarraché dehautelut-te.Au débutde l’action judiciaire,en 2002,leForeignOfficeasystématiquementreje-té toute responsabilité légale. Il ne fallaitpas créer un précédent. Des milliersd’autresvictimesde ladécolonisationàtra-versle monderisquaientde suivre.
Toutabasculéen2011.Aprèsdesdeman-desrépétéesdesavocats,leForeignOfficeareconnuqu’ilexistaitdesarchivessecrètesdel’époque colonialequi n’avaientjamaisété déclassifiées, malgré le dépassementdudélailégaldetrenteans.Ces archivessesontrévéléesexplosives,prouvantau-delàde tout doute que les autorités britanni-quesconnaissaientetavaientordonnétor-tureet détentionarbitraire.
L’histoirede cesarchiveselle-mêmeestrocambolesque.Au momentde ladécolo-nisation, de très nombreux documentsjugés trop sensibles ont été détruits danstoutl’Empirebritannique.Maisunepartiea été rapatriée au Royaume-Uni. Ces«archives migrées», selonla terminologieofficielle, contenaient 8 800 dossiersvenantde36pays.PourleKenya,1500dos-siers,répartisdans294 boîtes,étaient soi-gneusementconservés,mais misà l’écart,loin des archivesnationales. Initialementconscients de leur caractère très sensible,les Britanniques ont refusé à plusieurs
reprisesde lesrenvoyerau Kenya.Puiscescartons ont été oubliés, étiquetés de tellemanièreque personne ne savaitvraimentce qu’ils contenaient. Dans les années1990, pourdesraisonsde place,ils ontététransférésà HanslopePark, lebureau gou-vernemental chargé des télécommunica-tionspourles servicessecrets.Il aurafallutoutela persistancedes avocatsdes Mau-Maupour retrouver leurtrace.
Depuis avril2012, les documents sontprogressivement transférés aux archivesnationales. Ils sont consultables par legrandpublic dans labibliothèquede Kew,dansune banlieue cossuedu sud-ouestdeLondres. Ouvrir ces chemises cartonnées,composéesessentiellementde correspon-dancesauseindel’administrationcolonia-le,c’est plongerdans uneépoque où,pourlepouvoir, lasuprématie descolons allaitdesoi. A partirde 1952et del’instaurationde l’état d’urgence au Kenya, les papiersofficielsbarrésdubandeau«secret»racon-tent l’histoire des arrestations arbitrairesde tous ceux alors soupçonnés d’avoir«prêté allégeance» auxMau-Mau.
Un processus de «sélection» des pri-sonniers est mis en place. Surnommé le«pipeline», il trie les habitants en troiscatégories, selon leur soutien à la causedes rebelles: les «blancs» – essentielle-ment les femmes et les enfants –, lesmoins dangereux, sont laissés libres; les«gris»,jugésprochesdelacausedesMau-Maumais noncombattants,sontenvoyésdansdes campsde travailforcé,où beau-
coup meurent de fatigue et de malnutri-tion; les «noirs », les insurgés formant lecœur de la rébellion, sont punis dans lespires prisons. Les conditions y sont atro-ces, la torture courante: électrocutions,simulacresdenoyadeavecdel’eaumélan-géeà du kérosène,humiliations…
L’acharnementbritannique s’expliquepolitiquement. A l’époque, l’Inde vientd’obtenir son indépendance, mais leKenya demeure un joyau de l’Empire.Winston Churchill, redevenu premierministre en 1951, entend conserver lescolonies: il fait envoyer la troupe pour
materlarébellionenMalaisie,etencoura-ge la répression des Mau-Mau – ou aumoinsfermelesyeux.
Poursedonnerune justificationmora-le, les Britanniques font venir John ColinCarothers, un «ethnopsychiatre» trèsconnu à l’époque. Pour lui, cela ne faitaucun doute: les Kikuyu, l’ethnie domi-nante de larébellion Mau-Mau, souffrentd’une «psychose de masse» provoquéepar «une crisede transitionentreles mon-desprimitifetmoderne».Dèslors,laseuleguérison possible est la «confession» deceux qui ont prêté allégeance aux Mau-Mau, afin qu’ils puissent entamer leur«rééducationmorale».
C’estcette base intellectuelle qui justi-fie la torture: extraire la confessiondevient une fin en soi, pour accéder à larepentance. Les papiersofficiels britanni-ques insistent donc en permanence surl’identificationde ceuxqui ontprêtéallé-geance. Suivant leurs «progrès», les pri-
sonniers sont transférés d’un groupe àl’autre,d’uncampà l’autre.
Lespunitionscollectivessontaussicou-
rantes.Unexempleparmitantd’autres:le21septembre 1954, un commissaire local,dénomméJ.D.Campbell,envoie sesforcessaisirles troupeauxde 61fermiers.Il notescrupuleusement que 234vaches, 475 bre-biset moutons, sontcapturés,soit «100%dubétaildechaquepropriétaire».Sajustifi-cation: ces villageois avaient protégé ungang de Mau-Mau et l’avaient applaudiquand il avait tué un Africain travaillantpourlesforcescoloniales. «Unacteparticu-lièrementhorribledelapopulationlocale» ,assènelecommissairedansledocument.
L es Britanniques sont pourtant sou-cieuxdesedonneruncadrelégal.Ilsdemandent à Eric Griffith-Jones,
l’avocatgénéralde lacolonie,d’expliciterles traitementsqui peuvent être infligésou pas. Ce dernier ne cache pas son indi-gnation, estimant que les maltraitances«rappellent de façon pénible les condi-tionsde l’Allemagnenazieou dela Russie
communiste» . Mais il accepte quandmêmederédigerunesortedemanuelduparfait bourreau. Dans une lettre dejuin1957, envoyée au gouverneur duKenya, Evelyn Baring, il écrit que lescoupssurlesprisonniersdoiventêtreuni-quement portés sur le haut du corps, et«les parties vulnérables ne doivent pasêtre frappées, particulièrement la rate, le
foie et les reins ». Il ajoute que «ceux qui profèrent les viol ences (…) doivent rester calmes, équilibrés et froids». Secrets aus-si: «Si nous devons pécher, nous devons[lefaire] discrètement.»
Deux ans plus tard, le même avocatgénéral rédige un long mémo sur lameilleure façon d’imposer le travail forcésansvioler la Conventioneuropéennedesdroits de l’homme, entrée en vigueur en1953.Selonlui,ilfautpouvoirprouverl’exis-tenced’une«urgencemettantendangerlavieoule bien-êtrede lacommunauté».
Cesélucubrationspénalesmarquentlafind’une époque.En 1960,l’état d’urgen-ce est finalement supprimé. Trois ansplus tard, le Kenya obtient son indépen-dance. Il faudra toutefois attendre plusd’un demi-siècle pour que la souffranceinfligée soit reconnue officiellement.Mais les vannes semblent ouvertes. Uncabinetd’avocatsvientdedéposerplainteau nom de 8 000victimes de la répres-sion contre les Mau-Mau. Des affairesvenant du Yémen,de Chypreet deMalai-sie sont également attendues. La vraierevanchedes Mau-Mau.p
160000Kényansétaientemprisonnéssansprocès
dansdescampsoùlesexécutions,latorture,lacastration,levioletlesmauvaistraitements
étaientcommuns
JusticepourlesMau-Mau
Vingt-quatreMau-Mau, dontMuthengiIregi (chemise verte),quia étédétenu
troisans sans procèsdans undes campsdedétentionmis enplaceauKenya.
PHILMOORE/AFP
EricAlbert
Soixante ansaprèslarépressionbrutale menéeparlesBritanniques,lesrebellesMau-Mau,dontlarévolteamenéà l’indépendanceduKenyaen1963,ontobtenuréparation.EtdesexcusesdelapartdeLondres
210123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 22/48
Sociétééditricedu«Monde» SAPrésidentdu directoire,directeurdela publication LouisDreyfusDirectricedu «Monde»,membredu directoire,directricedesrédactions NatalieNougayrède
DirecteurdéléguédesrédactionsVincentGiretDirecteursadjointsdesrédactions MichelGuerrin,RémyOurdanDirecteurs éditoriaux GérardCourtois,AlainFrachon,SylvieKauffmann
Rédacteursenchef ArnaudLeparmentier,CécilePrieur,Nabil WakimRédactriceenchef «M LemagazineduMonde» Marie-PierreLannelongueRédactriceenchef «éditionabonnés»du Monde.frFrançoiseTovoRédacteursenchef adjointsFrançoisBougon,VincentFagot,NathanielHerzberg,DamienLeloup
ChefsdeserviceChristopheChâtelot(International),LucBronner(France),VirginieMalingre(Economie),AurélianoTonet(Culture)
Rédacteursenchef «développementéditorial»JulienLaroche-Joubert(InnovationsWeb),DidierPourquery(Diversifications,Evénements,Partenariats)
Chefd’éditionChristianMassolDirecteur artistique ArisPapathéodorouPhotographie NicolasJimenezInfographie EricBéziat
Médiateur PascalGalinier
SecrétairegénéraledugroupeCatherineJolySecrétairegénéraledela rédactionChristineLagetConseildesurveillancePierreBergé,président.GillesvanKote,vice-président
T
outFrançoisHollandesemblerésuméparcetteformule,appeléeà devenirculte: «L’idéalserait…» Ill’a employée,
lorsdesaconférencedepresse,le16mai,àpro-posde lafiscalité: «L’idéalseraitdenepasaug-menterle tauxde prélèvementsurlesménagesen2014.» Orchacunsaitqu’iln’enserarien:sansmêmepréjugerduprochainbudget,lerelèvementdelaTVAestdéjàprogrammé,etlaréformeduquotientfamilialentraîneraunehaussed’impôtpourlesménagesaisés.
Onpeut déclinerla formule àl’envi. Ainsi,l’idéalseraitd’interdiredèsmaintenantlecumuldes mandats.Le PSen avaitmassive-mentapprouvéleprincipe,M. Hollandes’yétaitengagé, ainsique chacundescandidatssocialistesauxlégislativesde 2012.Toutindi-quepourtantqueceneserapaslecasavant2017.Demême,l’idéalseraitd’instaurerledroitdevote auxélectionslocalespour lesétrangersnoncommunautaires.Promesse ancienne,làencore,mais sanscessedifférée.
Leprésidentde laRépubliqueconnaîtsesclassiqueset pourratoujoursinvoquerle dis-coursdeJeanJaurèsàlajeunesse,prononcéà
Albien1903:«Le courage,c’estd’allerà l’idéal
etde comprendrele réel.» Etleréel,précisé-
ment,résiste, impose sescontrainteset sescomplexités.Onleconstate,ànouveau,aveclesdeux projetsde loi(organiqueetordinaire)
relatifsà latransparencede lavie publiquequiviendronten débatà l’Assembléenationaleàpartirdu17juin.
Souslechocdel’affaireCahuzac,ilyadeuxmois,lechefde l’Etatavaitfixél’idéalenlamatière(restaurer «l’exemplaritéde la Républi-que»,carelleest «la conditionde sonautori-té»). Etil avaitannoncédeuxinitiativesdesti-néesà enfaire ladémonstrationéclatante:aprèscelledu patrimoinedesministres,effecti-vedèsle 15avril,imposerparlaloila publica-tiondu patrimoinedesparlementaireset desprincipauxéluslocaux; étendre l’interdictionducumul d’unmandatparlementaireavecl’exercicede certainesactivitésprofessionnel-les,en particulierde conseil, pourprévenirtoutconflit d’intérêts. «Jeseraiintraitable»,avaitmarteléM.Hollande.
Leproblèmeest queles parlementaires,notammentde lamajorité,se sontégalementmontrésintraitables.A peineconnueslesinten-tionsprésidentielles,le tolléa étégénéral,ou
presque.Emmenéspar un présidentde l’As-semblée,ClaudeBartolone,très remonté
contre cette«démocratiepaparazzi» quimena-çaitdelesjeterenpâtureau«voyeurisme» etàla«démagogie»,ilsontclairementfixéleslimi-tesde latransparencequ’ilsétaientprêtsàaccepter.Mesurantquecettefrondemenaçaittoutbonnementdefaire capoter l’ensembledesondispositifde«moralisation»etdeluiinfli-geruninconcevablecamoufletpolitique,lepré-sident s’estdoncrésoluà uncompromis.
Pasde publicationdespatrimoinesApremièrevue,lesparlementaires–etles
quelque6500élusconcernés–ontgagnélapar-
tie,lorsde l’examendes textesencommission.Aumotif quecela porteraitgravementatteinteàleurvieprivéeet àcelledeleursproches,leursdéclarationsde patrimoine,aujourd’huiconfi-dentielles, neserontpas publiées; ellesserontseulementconsultablesenpréfectureparlescitoyensde leurdépartement,maisces der-niersn’aurontpas ledroit deles divulguer,souspeinedepoursuitespénales.
Quantà l’interdictionde cumuler un man-datdeparlementaireavecdesfonctionsdeconseil,elle restesuspendueà destractationsquise poursuivrontprobablementjusqu’audébatpublic.Maiselleseheurteàdesolidesobjectionsjuridiques(que leConseild’Etatn’apasmanquédesoulever)autantquepolitiques(veut-ondesassembléescomposéespourl’es-sentielde fonctionnairesou deretraités,à l’abridetoutrisquefinancier?).
Enréalité,les textessoumis auParlementsontmoinsanodinsqu’ilyparaît.Enlieuetpla-cedelaCommissionpourlatransparencedela
viepolitique, crééeen 1988,ilscréentune Hau-teAutoritéde latransparencede lavie publi-
queenfin dotéede sérieuxpouvoirsde vérifica-tionet d’investigation(notammentfiscales),d’injonction auxélusrécalcitrantset, sinéces-saire, desaisinede lajustice.S’ilest exercéàl’avenir,cepouvoirdecontrôleconstitueraunréelbouleversement:les élusne seront plusprotégésparl’opacitédontilsbénéficientaujourd’hui.D’autantquelescitoyens,s’ilsontdessoupçonssurl’exactitudedes déclarationsdepatrimoine consultées,pourrontexercerleurdroitd’alerteauprèsde cetteautorité.
Lesecondchangement,non moinssignifica-tif,concernela déclarationdesintérêtsdétenus
parles élus(activitésprofessionnelles,partici-pationsfinancières,participationaux organesdirigeantsd’organismesprivésoupublicsoude sociétés…). Ellessont,aujourd’hui,reçuesparle bureaudel’Assembléeet restent confi-dentielles;elles serontdemain déposéesauprèsde laHauteAutorité,qui lesrendrapubliqueset pourrasaisirla justiceen casdeconflitd’intérêtsmanifeste.
Bref,sicen’estpaslarévolutionannoncée,unpasestfranchi.Onne pourraenévaluerl’ampleurqu’àl’usage.Et ilévite soigneuse-menttoutcequirelèvedela«cuisineinterne»,desrègleset dela déontologie propresà chaqueassemblée.Parexemple,l’usagefaitparlesélusdeleur «indemnitéreprésentativede fraisdemandat» (5770euros netsmensuels nonimpo-sables),quis’ajouteàleurrémunérationetàleursfraisde secrétariateta échappé,jusqu’àprésent,auxtentativesdecontrôle.«L’idéalserait…»,diraitleprésident.Leréel,pourl’heu-re,endécideautrement.p
FRANCE | CHRONIQUE
pa r G ér a r d Co ur t o is
Loisdepetitevertu
0123
«JESERAIINTRAITA-
BLE»,AVAITMARTELÉ
M.HOLLANDE.LE
PROBLÈMEESTQUELESPARLEMEN-TAIRESLE
SONTAUSSI
En association avec
et l’International Network of Business Think Tanks
INTERNATIONAL SUMMIT OF BUSINESS THINK TANKS
18 JUIN 2013 ■ PARIS, FRANCE
L’ENTREPRISE QUI TRANSFORME LE MONDERelever les défis du 21e siècle
Avec le soutien de
Et en collaboration avec l’International network of business think tanks
L’Institut de l’entreprise organise, en association avec Le Monde,
le Sommet International des Think Tanks économiques
Mardi 18 juin 2013 à partir de 8 heuresà l’auditorium du musée du quai Branly - 37 quai Branly, 75007 Paris
• Des échanges inédits sur le rôle de l’entreprise face aux défis du 21 e siècle.
• 5 thèmes clés : le rôle des Etats et de l’entreprise dans le retour de la croissance, les mutations en cours de l’économie de
marché, la mission de l’entreprise au-delà du profit, les métamorphoses de l’entreprise du 21 e siècle, les modèles,
services et produits nouveaux qui contribueront à dessiner de nouvelles perspectives de croissance et d’emploi.
• 30 personnalités françaises et internationales de premier plan : think tanks, dirigeants d’entreprise, décideurs publics,
économistes, personnalités politiques, philosophes…
Programme et inscription : www.isbtt.com
Et aussi : Esko Aho, Dominic Barton, Cansen Basaran-Symes, Philip Blond, Pascal Cagni, Gérard Collomb, Matthew Crawford,
Jean-Marc Daniel, Charles Fergus on, Antoine Frérot , Chi Fulin, Paul Hermel in, Mo Ibrahim , Pablo Isla, Kiyohiko Ito,
Kiyoshi Kurokawa, Christophe de Margerie, Stephen Martin, Pierre Mongin, Thierry de M ontbrial,
Vineet Nayar,Alain Pons, Hans Reitz, Elliot Schwartz, Muna Sukthian, Daniel Tammet, Vesa Vihriälä, Lionel Zinsou…
BrunoLEMAIRE
MonicaDE ORIOL
PhilippeAGHION
DenisKESSLER
RaphaëlENTHOVEN
ClaudeBARTOLONE
PaulKRUGMAN
XavierHUILLARD
Les intervenants de l’International Summit of Business Think Tanks 2013
LeonidBrejnev,unepassionrusse
pTiragedu Mondedaté mardi11 juin2013: 313372exemplaires. 2
C ’estbienconnu,la Russieaunmari,VladimirPoutine,etson amourestexclusif.
Enannonçantsondivorced’avecsafemmeLioudmilla,il avoulumontrerqu’iln’avaitqu’uneseulefemme,la Patrie.
Lafamilleesten pleinerecom-position.Le rôledugrand-pèregâteauvientainsid’échoirà Leo-nidBrejnev,l’ex-premiersecrétai-redu Particommunistedel’URSS,
auxmanettesde 1964à 1982.Ledirigeantdéfunt,bardédemédailleset grossourcils à laMéphisto,estdevenusipopulairequ’ilaurabientôtsaplaquecom-mémorativeau 26,avenueKou-touzovski,quartierhuppéde lacapitalerusseoù ilvécut.
Pasbesoinde fabriquerlapla-que,elleexistedéjà.Avecun peudechance,lesquatretrousysontencore.A samorten1982,un écri-teaudebronzeavaitété apposéau26pourdisparaîtredansletour-billondesannées1990.
Achaqueépoqueses héros.D’aprèsun sondagepubliéenavrilparle centreLevada,LeonidBrejnev,ce chantrede la« stagna-tion»,a leventenpoupe.Sacré«meilleurdirigeantdu XX esiècle»,iljouitd’unmaximumd’opinionsfavorables,tant chezles jeunes
quilui donnentla préférenceaprèsletsarmartyreNicolasII,quechezlesmoinsjeunes,restésinconditionnelsde Lénine.
Lapériodebrejnévienneestres-téedanslesmémoirescommeuneépoquebénie, lesaucissonnecoûtaitpascher,l’avenirradieuxsemblaità portéede main.«Bre- jnevincarnelerêve russedu “tout pourrien”,dela vielisseet sanssur- prises»,expliqueSergueïMedve-dev,enseignantà l’Ecolesupérieu-red’économie,dans Forbes.
CettepassionpourLeonidBre-jnev(56% d’opinionspositivespour28% négatives)s’accompa-
gned’unepousséededétestationenversMikhaïlGorbatchev,leder-nierdirigeantdel’URSS(20%d’opinionspositives,66% négati-ves),le seulà êtrepartidesonpleingré,carle paysqu’ildirigeaitn’existaitplus.A l’époquesoviéti-que,lesdirigeantsquittaientleKremlinlespiedsdevant(Lénine,Staline,Brejnev, Andropov,Tcher-nenko),ou étaientpoussésverslasortiepar unecamarilla
(Khrouchtchev).
LéthargierégressiveGorbatchev,le réformateur,
82ans,représenteceluiqui «a ven-dule paysaux Américains». Ungrouped’intellectuels néobolche-viquesamêmeexigéqueluisoitconfisquéelamédailledel’ApôtreSaintAndré, épingléeaureversdesavesteenmai2012.
Uneannéea passé, etc’estcom-mesi laRussieavaitvieillid’unsiè-cle.La contestationde la« démo-cratiedirigée»est terminée,l’iner-tiea prislepas.Politiquementetéconomiquement,la stagnations’installe.Lacroissances’étiole(1,8%aupremiertrimestrecontre3,8%attendus),la consommationdesménagesfaiblit,les investisse-mentsstagnent.Deréformes,iln’estplusquestion.
Lepays toutentierestentrédansune léthargierégressive,ponctuéeparle retourde l’auto-censure,des« agentsétrangers»etdumythedela«grandepuis-sance» militaire.«Sous PoutinecommesousBrejnev,laRussiefait dusurplace,tandisquel’Histoire partout ailleursest enmarche.Commentcela seterminera?Nouslesavonsdéjà», affirmel’ensei-gnantSergueïMedvedevdansuneallusionàl’effondrementdel’URSS,survenuentroisjoursdu19au21août1991.p
MarieJégo(Moscou,correspondante)
22 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 23/48
AVEC SANOUVELLECONSOLE,SONYPARIE SURLES LOISIRSLIREPAGE5
LaroupieindienneàsonplusbashistoriquefaceaudollarLIREPAGE4
11/06-9H30
JEAN-CLAUDEJUNCKER, L’EX-PRÉSIDENTDEL’EUROGROUPE,EST OPTIMISTEPOURLAGRÈCELIREPAGE4
J CAC 40 3842PTS–0,59%
«CompteNickel»:labanquelow-costdistribuéedanslesbars-tabacsLIREPAGE4
Michelin
Changement d’époqueoudementalité?Chan-gementde ton,assuré-ment.Ilyamoinsd’un
an,PSA annonçaitla fermeturedel’usined’Aulnaydansuntol-lé. Aujourd’hui, Michelin fer-meson activité de pneuspourpoids lourds à Tours, dans uncontexte politique qui n’a plusrien à voir.Au-delà del’inquié-tude et de la colère, légitimes,des salariés concernés, le dis-cours gouvernemental, lui,s’estmétamorphosé.
Arnaud Montebourg, leministredu redressementpro-ductif, parlebien d’une «défla-
grationpourTours» ,maiss’em-presse d’ajouter dans la mêmephraseque, «dupointdevuedelaFrance,leglobalrestepositif»etsouligneles «bonnes nouvel-lespourd’autressitessurleterri-toire»,qu’ilqualifiede «renfor-cementindéniable».Moinssur-prenant, Pierre Moscovici, leministredel’économie,rappel-le ses deux préoccupations:«respecter l’emploi» et «faireensortequel’entreprisesoitfor-te».
Le contraste est saisissant.Souvenons-nous des chargesgouvernementales contre ladirectiondePSAetsonprincipalactionnaire, la famille Peugeot.A l’époque, M.Montebourgavait accusé le groupe de jouerles «malades imaginaires»,trai-tant les dirigeants de «men-teurs», de «dissimulateurs».Ques’est-il doncpassé en l’espa-cedeonzemois?
AjustementspermanentsLes plus pessimistes diront
quelepaysestenproieaudéter-minisme. A force de voir lesplanssociauxdéfiler,lesindigna-tions s’émoussent, les posturespolitiques se font moinspéremptoires, les idéologiesfinissent par se dissoudre dansl’impuissanceface au déclin.
On peut également regarderleschosessousunjourplusposi-tif et surtout plus constructif pour l’avenir. Petit à petit, il y aune prise de conscience que lacompétitivité du pays, que toutle monde appelle de ses vœux,ne se décrète pas, mais qu’elleestlefruitd’ajustementsperma-nents. Restructurer ici, investirlà,maistoujoursanticiperavant
quecelanesoittroptard.C’est d’ailleurs le principal
reproche qu’on puisse faire àPSA: n’avoir cessé de repousserla fermeture d’Aulnay, qui étaitpourtant envisagée dès 2005.Michelin,au contraire,s’yprendbeaucoupplusen amont, ce quiluipermetde présenter lescho-sesdefaçonbeaucoupplusdyna-mique.Quandonréduitlavoilu-re à Tours, on l’augmente à LaRoche-sur-Yon.Même si le soldedes emplois reste globalementnégatif,il n’ya aucune fatalitéàladésindustrialisation.
Michelin est aujourd’huiconfrontéà la tailleinsuffisantede certaines de ses usines. L’ex-patron du groupe, Michel Rol-lier, avait bien investi dès 2007dansla modernisationde Tours.Mais avec un marché qui reste25% en dessous de son niveaud’avant-crise, ces efforts se sontrévélés insuffisants. La seulebonne nouvelledanscetteaffai-re,c’estqu’enunanlegouverne-mentaarrêtédesebattrecontrelesmoulinsàventpourassumerles restructurations inélucta-bles.p
Aspirateurou démineur,les enginsd’iRobotenvahissent le monde
ColinAngle,lePDGdelasociétéaméricaine,avenduplusde9millionsderobotsdepuis1990.Lerésultatd’une approchecommercialedela robotique.LIREPAGE6
Les banquesaimentles espionsDesdeuxcôtésdel’Atlantique,lesgrandesinstitutionsfinancièresrecrutentd’anciensmembresdesservicessecrets.Lesqualités exigéesdu ban-quier ne sontpas siéloignéesdecelles requisespourun agentdurenseignement.LIREPAGE7
j TAUX FRANÇAIS À 10 ANS 2,20%
COMPRENDRE UNMONDE QUICHANGEPAR LES GRANDES SIGNATURES DUMONDE
Plusd’informationssur www.lemonde.fr/boutiqueouau3289 (0,34€TTC/min)
6,90 € - Envente dans tous leskiosques
En partenariatavec
J PÉTROLE 103,48$ LE BARIL
PERTES &PROFITS | p a r S t é p h a ne L a ue r
Changementde tonau gouvernement
Michelin,Virgin,Gad,Lafuma…
Lundinoirpourl’emploienFrance
J DOW JONES 15239 PTS –0,06%
j EURO-DOLLAR 1,3265
STRATÉGIE& INNOVATION
LETTRE DE LA CITY
Du Japon, oùil étaiten voyage offi-cielsamedi8juin,FrançoisHollan-de a assuré que la crisede la zoneeuro était «terminée». Les entre-
prises françaises, acteurs de l’«économieréelle»,viennentde luiapporterundémen-ti cinglant. Car la série noirecontinue. Lesplanssociauxs’accumulentet s’accélèrent.
Lajournéedelundi10juinaété,àcetitre,trèsdouloureuse: annoncesde restructura-
tions chez Michelin et Lafuma; constatsd’absence derepreneurspour lesmagasinsVirginetlesabattoirsGad(dansleFinistère).Au total, ce sont près de 3 000 emplois quisont ainsi menacés. L’équivalent de l’usined’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) quePSAva fermer.
«Nous faisons face à unevaguequimon-te, reconnaîtArnaudMontebourg,le minis-tre du redressement productif. Partout en
Europe, l’économie dégringole, on se prenddespaquetsde mer,onest danslatempête.»
Auministère du redressementproductif,on assure travailler en «flux tendu», avecunlot permanent de1 500dossiersd’entre-prisesen difficultéà traiter.«Cela ne faiblit
pas», poursuitM. Montebourg.Undiagnosticconfirméparl’assureur-cré-
dit Euler-Hermes. En 2012, le nombre dedéfaillancesd’entreprisesa dépassé60 000,
etcechiffredevraitencoreaugmenterde2%en2013,sansdéclinervéritablementen2014.
«Ilfautgénéralement2%à3%decroissan-ce du produit intérieurbrut pourenrayerlahaussedes défaillances.En France,on en estloin»,attesteMaximeLemerle,d’Euler-Her-mes,inquiet de voirdes sociétésde plusenplusgrossesflancher.
ClaireGatinoisetCédricPiétralunga
aLIRELASUITEPAGES2ET3
tPrès de 3000postessont menacésparlesrestructurationset lesconstats d’absence de repreneursannoncésle 10juin. «Nousfaisons faceà unevague quimonte»,reconnaît ArnaudMontebourg
Blocagede l’usineMichelin de Joué-lès-Tours(Indre-et-Loire),lundi 10juin,où legroupea annoncé730suppressions de postes.CYRILCHIGOT/DIVERGENCE
Mercredi 12 juin 2013
Cahierdu «Monde»N˚ 21273daté Mercredi12 juin2013 - Nepeutêtrevenduséparément
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 24/48
Lessalariésde l’usinede Joué-lès-Toursont débrayétoutela journéedu lundi 10juin.CYRILCHIGOT/DIVERGENCE
économie & entreprise
Enunjour,laFrancearayédesacarteprèsde3000emploisBercytraiteenpermanence1500dossiersd’entreprisesendifficulté.De quoidoucherl’espoirdel’Elyséed’inverserlacourbeduchômageà lafinde l’année
Al’entrée de l’usine Michelinde Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), un pneu de camion
barre l’accès de l’entrée… Lundi10juin, lacentaine de« Bibs», dansleurbleu de travail, restent sonnésparla confirmation dutransfertdela production de pneus poidslourdsversLaRoche-sur-Yon.
Cesont730 des926 emploisdusitequivontdisparaître–sanslicen-ciements secs – d’ici à la fin 2014.«C’est ma secondefermetured’usi-ne chez Michelin, souffle Yves
Gutierrez, 45 ans. Je suis entré iciquandnousétions3500en1988.En
1996, alors que la production de pneu tourisme allait arrêter àTours, je suis parti pour Poitiers…
Avant de revenir en 2006, date àlaquellece site de750 emplois adis-
paru.Maintenant,on vame propo-
ser d’aller à La Roche-sur-Yon ouailleurs.Aquoibon?»
Avec ses deux filles et un petitgarçon«enroute»,KhalidAïtMou-lay, 34 ans, va devoir reprendre laroutes’ilveut rester chezMichelin,qu’il a intégré en 2007. «J’ai fait construiremamaisonilyaunanet demiet mafemmea unbonboulot ici.Dois-jeresteroupartir?»
«On s’attendait à un plan dedépart, car l’usine compte beau-coup de salariés de plus de 50ans,mais pas à la fin de la production
des pneus poids lourds!», relèveClaude Guillon, délégué CGT. Aumégaphone,le secrétairedu comi-téd’entreprise dusite, Olivier Cou-tant,deSUD,assureque«l’onsebat-tra jusqu’au bout pour assurer unavenirà touslessalariés».
«Complexitéde l’usine»PourJoué-lès-Tours,c’estunetra-
gédie. Avecla fin del’activitépoidslourds,c’estprèsd’unemploisur13de la commune qui va disparaîtred’icià 2015. «Michelinet lavilleont unelongue histoire commune, rap-pelle Philippe Breton, le maire deJoué-lès-Tours. Sans Michelin, lebourgde Joué ne seraitpas devenula deuxième ville d’Indre-et-Loire.
Michelin doit absolument réindus-trialiser le site en y localisant par exemple des marchés de sous-traitance.»
LaurentBaumel,le député PSdelacirconscription,venuàlarencon-tre des salariés, veut «contester lebien-fondé économique d’une sup-
pression d’activité d’un groupebénéficiaire de 2,4milliardsd’eurosen2012 ».
«SiMichelinneprendpasaujour-d’huicette décision de restructurer,nousrisquonsde mettre en danger
plusieurs usines du groupe, assureau MondeJean-Dominique Sénard,legérantdeMichelin.Outreletrans-
fertde laproductionde pneuspoidslourds vers La Roche-sur-Yon,nousallonsinvestir,d’icià 2019,800mil-lionsd’eurosà Montceau-les-Mines,au Puy et dans notre centre derecherche et développement deClermont-Ferrand.Nous avonsaus-siprévud’investir22millionsàJoué-lès-Tours pour reconfigurer nosdeux activités de spécialité, soit
200personnes qui resteront dansl’usine.»
C ôt é emp lo i, p ours ui tM.Sénard, «cela va permettre de
créer enFranceenviron500 postes.Celanecompensecertespasles 730supprimés à Tours, mais cela per-mettra également de renouveler
1700 emplois d’ici six anssur tousnossites français».
A Bercy, on estime qu’au plan
industriel, «les argumentsavancés par Michelin sont plus qu’accepta-bles».Preuvequelegouvernementn’entendpass’opposeraugéantdupneu,MichelSapin, leministredutravail,aestimé,lundisur BFMBusi-ness, qu’il allaitd’abordêtreatten-tifà «quelle estla politique deréin-dustrialisation qu’éventuellement
Michelin mettrait en place locale-ment».
Le groupe de Clermont-Ferranda soignésesannonces.L’exécutif aétéprévenuilyaunmoisdelaqua-
si-fermeture du site de Joué-lès-Tours. Et l’usine de Montceau-les-Mines–situéesurlesanciennester-resd’ArnaudMontebourgquand ilétait président du conseil généralde Saône-et-Loire entre2008 et2012–devraitbénéficierde140mil-
lionsd’eurosd’investissementper-mettantdecréer224emplois,
Si Joué-lès-Tours ferme, justifieM.Sénard, «ce n’est pas la qualité dutravailfourni quiest cause,maisla complexité de l’usine. Elle est dotée de machines de différentes
générations et souffre d’un handi-cap:la multiplicitédes procédésde
production qui y cohabitent. Pour êtrecompétitif,il faut desprocédésles plusstandards possible» . «Pour conserver la production à Tours, ilaurait fallu reconfigurer le site.
Nousavons préférécréer une usineuniqueà LaRoche-sur-Yon, detaillemondiale, avec une capacité de
1,6million de pneus d’ici à 2019»,précisele gérantdeMichelin.
Dans la cité vendéenne, les100millions d’euros d’investisse-
ments et la promesse de Michelindecréer170nouveauxemploislais-sent les salariés mal à l’aise face àleurscollèguesde Joué-lès-Tours.
«On est déchirés entre les deux annonces», lâche Antony Guillo-teau,secrétaireCGTaucomitéd’en-treprise.«Onavaitdesindices,com-plète René Bocquier, son collèguede SUD. A l’heure où l’on n’arrête
pas de parler de regroupement dessites, on sentait que Michelin allait trancherentreJouéet nous.»
Avec la construction d’ateliers
supplémentaires et l’acquisitiondemachinesà lapointe dela tech-nologie, ce pôle renforcé devraitvoirsacapacitéaugmenterde40%d’icià2019. « Permettantainsià La
Roche-sur-Yon de poursuivre sontravail sur des produits haut de
gamme », sefélicite MiguelGime-nezdeCordoba,directeurdusite.
Pour Michelin, l’enjeu est detaille.«Nousfaisonsfacedepuisplu-sieurs mois à un rapide effondre-mentdesmarchés»,expliqueSergeLafon, le directeur de l’activité«poidslourd» dugroupe. En2012,les volumes vendus ont chuté de10%parrapportà2011etlatendan-ce se confirmeau premier trimes-tre2013.Résultat,lademandeeuro-péenne pour les pneus de camionest «inférieure de 25% à celle de
2007» etM.Lafonprévoitun«mar-ché étale pendant plusieursannées». En 2012, la marge opéra-tionnelle de la division «poidslourd» était de 6,6%, contre 9,3%pour les pneus « tourisme etcamionnette» et de 26% pour les«produits de spécialités» (deux-roues,avion,géniecivil…).pPhilippeJacqué (Joué-lès-Tours)
AvecManuelArmand(Clermont-Ferrand),Pierre-YvesBulteau(LaRoche-sur-Yon)
etCédricPietralunga
Crisesociale
aaaSuitede lapremièrepage
Face à cette litanie de mauvaisesnouvelles, l’Elysée joue l’apaise-ment. «Chacun de ces cas est tou-
jours un cas de trop, maisles planssociauxreprésententmoinsde10%des inscriptions mensuelles à Pôleemploi,explique-t-ondansl’entou-rage de M. Hollande. A l’échelle du
pays,celapèsemoinsque ladifficul-tédesjeunesàrentrersurlemarché du travail, un phénomène moinsvisible maisplus insidieux.»
Pas question, donc, pour lemoment, de dénoncer l’attitude
des patrons ou d’éventuels licen-ciements«boursiers». C’est lacri-se en Europe et sa persistancequisontd’abordpointées du doigt.
Les entreprises, malmenéeslorsdelacrisede2009,ontabordéle ralentissement de 2012 avantd’avoir pu se refaire une santé.Pour tenir, elles ont, dans un pre-mier temps, composé avec lesemplois «Kleenex» – comme onappelle parfoisles contratsprécai-res–, en cessantde renouveler lesCDDet contratsd’intérimaires(enreculde6,8%surunanàfinavril),observe Jean-Christophe Caffet,
économiste chez Natixis. Mais cerecourss’épuiseetlesemploisditsprotégéssontdésormaistouchés.
Au-delà de saper le moral desFrançais, cesplans sociauxmédia-tiquesne fontqu’hypothéquerunpeu plus l’espoir «d’inverser lacourbe du chômage» en fin d’an-néeauquelcontinuedecroirel’Ely-sée. Pire, un «scénario à l’Europedu Sud» pourrait menacer, penseM.Caffet.CarlesdétenteursdeCDIsontceuxqui, mieux vusdesban-ques, se sont endettés, pour ache-ter un appartement, une voiture,un voyage… Licenciés, ils pour-
raient avoir des difficultés à rem-bourser leurs emprunts, fragili-sant les banques et les rendantplus réticentes encore à financerl’économie.
SignauxderedressementReste que si la France est du
mauvais côté de la barrière, lamise en place d’un tel cerclevicieux n’est pas l’hypothèse laplus probable, rassure M.Caffet.Les signaux de redressement del’économie mondiale pointent etla France pourrait, par le biais desesexportations,en profiter.
Déjà, l’activité industrielle arebondide 2,2% en avril.Une sur-prise, qui, si elle se confirmait,pourraitprésagerd’une améliora-
tionréelle.Maisilenfaudrapluspourima-giner le pays bientôttiréd’affaire.Lacompétitivitéde l’industrie faittoujours défaut pour capter àplein la croissance mondiale, enparticulier celle des pays émer-gents.SelonNatixis,laFrancen’ex-porteque5,5%desonproduitinté-rieur brut (PIB) vers ces pays,contre11,5%enAllemagne.Encau-se,les tauxde margestrop faibleset des entreprises qui investissentpeuet n’innoventpasassez.
Autrement dit , à la criseconjoncturelle s’ajoute une criseplus structurelle. «Le “bug” en
France n’est pas tant qu’on fermedes usines, c’est surtout qu’on necrée pas assezd’emplois», résumel’économiste Nicolas Bouzou. Unappelà poursuivre lesréformes.p
ClaireGatinois
etCédric Piétralunga
Et encore…
Mahle L’équipementier automobi-
leallemanda annoncé,lundi
10juin,vouloirfermeren 2014
sonsited’Ingersheim(Haut-
Rhin),qui emploiequelque270
personnes.Le site, quiproduit
despistonspourAudi,Volkswa-
genouPSA,a enregistrédes per-
tescumuléesde 43millionsd’eu-
roslorsdessix annéesécoulées.
Lafuma Reprisenjanvierparle
suisseCalida,le fabricant français
devêtementsetd’équipements
depleinaira annoncé, lundi
10juin,unvasteplande réorgani-
sation,aprèsavoir enregistréune
pertenettede60millionsd’euros
aupremier semestre2012-2013
(clos finmars).Lafuma,quin’at-
tendguèred’améliorationpour la
suitede l’année, aannoncéun
plande «réorganisationglobale»
quidoit s’accompagnerde lasup-
pressionde161 postes.
2012
Semestre 1er 1er2
2013
Prévision
SOURCES : INSEE, EULER HERMÈS
DESTRUCTIONSD’EMPLOIS DANSLE SECTEUR
PRIVÉNONAGRICOLE,EN MILLIERS
RÉPARTITIONDES DÉFAILLANCES D’ENTREPRISESPARSECTEUR,
EN2012,EN%
165 000 emplois détruits dans le privé en un an
Construction Commerce de détail
Servicesaux entreprises
Hôtel etrestauration
Servicesaux particuliers
Industrie
Finance etimmobilier
Autres
Transportset communication
16,4
11,3
10,4
8,35,8
5,8
10,1
7,0
24,9— 9
— 91
— 74
Michelinapréparéavecsoinsonplanderestructurationpouréviterqu’ilnesoitcontestéEnFrance, tous lespneuspoidslourdsdugroupeserontproduitsà LaRoche-sur-Yon,audétrimentdu sitedeJoué-lès-Tours,qui perd 730emplois
2 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 25/48
économie & entreprise
Les entreprises désireuses dereprendrelasociétédesabat-toirsbretonsGadSASavaient
jusqu’aulundi10juinà midipourdéposerleuroffreauprèsdesadmi-nistrateurs judiciaires. Aucune nes’est déclarée. Latensionestmon-tée d’un cran parmi les 1 650 sala-riésdecetteentrepriseenredresse-ment judiciaire depuis le21février.
L’inquiétude est particulière-ment vive chez les 850 employésdusitefinistériendeLampaul-Gui-miliau. La fermeture de cet abat-toir porcin a été évoquée par lesélus locaux, qui ont avancé com-medated’arrêtdéfinitifdel’activi-téle20août,àl’issuedelapérioded’observationdesixmoispronon-céeparletribunaldeRennes.
LesyndicatFOaappelélessala-riés à manifester mardi 11juin
devantle siège deGad SASà Saint-Martin-des-Champsdans le Finis-tère. Un mouvement auqueldevraient se joindre des éleveursmobiliséspardeuxsyndicatsagri-coles,lesjeunesagriculteurs(JA)etlasectionlocaledelaFNSEA.
La société Gad SAS possèdedeuxautressitesindustriels,l’unàJosselin dans le Morbihan (650salariés),l’autre à Saint-NazaireenLoire-Atlantique (80 employés).La société bretonne d’abattage deporcsestdétenueà65%parlacoo-pérative morbihannaise Cecab,plus connue pour sa marque delégumes en conserve D’Aucy, et à35%parlegroupementdeproduc-teursde porcsPrestor.
«Ils ont coulé le meilleur abat-toirbreton,àLampaul»,relèveOli-vierLe Bras, déléguéFO, selon qui«il y a beaucoup de signaux qui
nous font dire que la Cecab garde-
raitsonsitehistoriquedeJosselin.»
Les difficultés de Gad ne sontpas nouvelles. Dès 2011, quelquesmoisaprèsla prisede contrôleparCecab et Prestor, l’entreprise s’esttournéeversleComitéinterminis-térielderestructurationindustriel-le(CIRI) pourchercherune issue.
Mise en vente, Gad SAS avaitsuscitél’intérêtde son concurrentcoopératif, Cooperl. Son autreconcurrent,privé,Bigardavaitaus-si été cité comme possible acqué-reur. Demêmeque ledistributeurIntermarché. Finalement, aucune
offre n’avait été considérée satis-faisante. Letribunal decommercedeBrest,qui géraitalorsle dossierGad, avait donné son accord pourune poursuite des activités, àconditionquel’entreprisesoitrefi-nancée.Cequiaétéfaitdébut2012.
Al’originedesdifficultésdel’en-treprise, il faut évoquer son prixd’achat. Aucun chiffren’a étéoffi-ciellement donné. Officieuse-ment, unmontantde 250millionsd’euroscircule.
La cession de l’entreprise fami-liale, créée par Louis Gad en 1956,s’estfaiteendeuxtemps.Unigraina accompagné dans un premiertemps Prestor,entréau capitalen2001. Puis Prestor, Cecab et Gadontforméuneallianceen2007.
Gad a apporté son abattoir de
Lampaul, spécialisédans ladécou-pe et les produits transformés,mais aussi celui de Saint-Nazaireetdeux autressitesquifermerontleurs portes. Cecab a apporté sonabattoir de Josselin. L’ensembleemployait alors 2700 salariés etson chiffre d’affaires atteignait725millionsd’euros.
En2011, LoïcGad,fils du fonda-teur, et Unigrain ont négocié unesortiedu capital. Cecabest devenul’actionnaire majoritaire d’unestructureendettée.
Aupoidsdeladette,s’ajouteuncontexteéconomique de la filièreporcine guère favorable. En quel-quesannées,l’Allemagneestdeve-nue une redoutable concurrente.L’absence de salaire minimum etles conventions qui lui permet-tent d’embaucher des salariés del’ex-Europe de l’Est au salaire de
leurpaysd’originesontunatout.Le différentielde compétitivités’est creusé entre les deux pays.D’autant que les entreprisesfran-çaises, restées très hexagonales,sont confrontées à des groupesinternationaux comme Vion ouDanishCrown.Or,lesenseignesdedistributionnesegênentpaspourfaire jouer la concurrence. Certai-nes, comme Leclerc ou Intermar-ché, possèdentleur abattoir.
De leur côté, les éleveurs por-cinsfrançais, prisentenaille entredes prix des aliments pour lebétail en forte hausse et des prixdeventequinesuiventpas,rédui-sentleuractivité.Ce quise traduitpar une baisse d’activité pour lesabattoirs. Pour les plus fragiles,comme Gad, le piège se referme.Lespertesauraientatteint20mil-lionsd’eurosen2012.p
LaurenceGirard
Retour à la case départ pourHeuliez, l’entreprise auto-mobile des Deux-Sèvres
dont Ségolène Royal a fait untémoin de son volontarisme éco-nomique. Trois ans après l’éclate-ment d’Heuliez en deux PME,confiées à des repreneurs diffé-rents, l’argent manque des deuxcôtés. Résultat: les deux entitésissuesdu démantèlement sonten
passede changerencore demains,dansl’espoird’uneultimerelance.
Le dossier le plus avancé estcelui deMia Electric, lasociété quiarécupérélapetitevoitureélectri-quemise au point parHeuliez. Enjuin2010,cettePMEde210person-nes avait été reprise par EdwinKohl, un industriel allemand spé-cialiste dumédicament.Pourl’oc-casion, la région Poitou-Charen-tes, présidée par Mme Royal, avaitpris11%ducapital.
Maisauboutdetroisansdedif-ficultés,M.Kohl a jeté l’éponge, etcherché un repreneur. Un accordde principe vient d’être trouvéavecune femmed’affairesd’origi-ne coréenne, qui vit en Francedepuis son enfance, a-t-on apprisde sourcesconcordantes.Elle pas-seraitparune sociétéde droit alle-mand, et garderait toutle person-nel.Sapropositionaobtenulesou-tien du conseil d’administrationréunimercredi5juin,etducomitéd’entreprise,tenu lundi10 juin.
L’identité de cette Franco-Coréenneetcelledesinvestisseurseuropéens et asiatiques qui l’ac-compagnentdevraient êtredévoi-léesdans lesprochainsjours.
Deson côté, la région a acceptéde rester au capital, sansremettred’argent au pot. «Je me bats, j’ycrois, explique Mme Royal. Sans
notre signature, tout risquait des’écrouler.»
Il y avait urgence. Depuis sonlancement,ilyaunanetdemi,seu-les1500Miaontétéécoulées,bienloin des 12000 véhicules annuelsvisés.EnFrance,enmai,treizevoi-tures ont été immatriculées entoutet pour tout!Un échec reten-tissant.
Unproduittrop cherA 11790 euros, bonus écologi-
que déduit, «c’est un beau petit produit,maisun peutrop cher,dia-gnostique Mme Royal. Et puis, onsouffredufaitquelaFrancen’apasdevraiepolitiqueenmatièredevoi-tureélectrique. Ledéploiementdesbornesderechargedesbatteriesest beaucouptroplent.»
Résultat:MiaElectricperdénor-mémentd’argent(52millionsd’eu-rosen2011).Lescommissairesauxcomptes,inquiets,ontrécemmentdéclenchéune procédured’alerte.Sanslesfondsapportéspar lenou-veau propriétaire, la PME risquaitlaliquidationimmédiate.Letribu-nalde commercedoitencoredon-nersonfeuvertàlatransaction.
Cesauvetage in extremislaisseouverte la question clé: la Mia
a-t-elle un avenir? Kirsten Roen-nau, qui a repris la présidence del’entreprise en avril, y croit. Ellemise sur le marché des collectivi-tés locales et sur l’exportation delavoiture, notammenten Grande-Bretagne. Mais le succès paraîttoutsauf assuré.
L’activité historique d’Heuliez,dansl’emboutissageetlacarrosse-rie, seprépareelle aussi àun nou-
veau départ. Son actionnaire, legroupe français Baelen GaillardIndustrie (BGI), a déposé le bilandecettefilialeenavril,etrenoncéàpoursuivre l’aventure. Les candi-dats à la reprise avaient jusqu’aulundi 10juinau soirpourdéposerleursoffres.
Trois dossiers ont été remis àl’administrateur judiciaire. Ellesémanent d’un industriel espa-gnol, d’un groupe allemand,et deChristian de Léotard, un Françaisde65ansquiapassésavieàconce-voir des voitures. «On est un peurassurésque desrepreneursse pré-sentent», commente Jean-Emma-nuel Vallade, représentant CFE-CGCdupersonnel.Maislàaussi,lesort des quelque 280 salariésdemeuretrès incertain.p
DenisCosnard
UneFranco-Coréennevoleausecoursdelavoitureélectriqued’HeuliezMiaElectricestexsangue,trois ansaprèsunepremièrerelance
Pour Virgin, le cauchemar estdevenu réalité. Après cinqmois de bataille judiciaire et
sociale, les 26 magasins hexago-naux de l’enseigne de biens cultu-relsdevraient,saufcoupdethéâtre,baisserdéfinitivementle rideau endébut de semaine prochaine, lais-santsurle carreau960 salariés.
Le tribunal de commerce deParisarejeté,lundi10juin,lesdeux
offres de repriseencore en lice. LespécialistedesloisirscréatifsCultu-ra s’intéressait à un seul magasin,celuid’Avignon,où ilne souhaitaitconserverque 17postessur 28.
Q ua nt à l ’e ns ei gn e d eprêt-à-porter Vivarte(marques LaHalle, André, Minelli…), elle visaitneuf magasins, mais seulementunequarantainede postes.
Une dernière audience doit setenir,lundi17juin: enl’absencederepreneur, le tribunaldevrait pro-noncer la liquidation du groupe.«Ily aeu unanimitéentrelesman-dataires,ladirectionetlesreprésen-tants dupersonnel,au regardde la
faiblesse sociale et financière des propositions», indique ChristineMondollot,laprésidentedeVirgin.
Le comitéd’entreprisedu grou-pes’étaitdéjàprononcé contre,etlessyndicatsnesedisent «passur-
pris» de cette issuefatale. «Cultu-ra proposait 50000euros pour lebail d’Avignon, alors que lesexperts l’estimaient au bas mot à800000euros!», peste SylvainAlias,déléguésyndicalSuddel’en-seigne.
Lapotionestamèrepourlescen-tainesdesalariésdel’enseignerou-ge et noir, arrivée en France engrande pompe en 1988, dans lesillage de la marque créée par lemilliardaireRichard Branson.
Lundiaprès-midi,après un der-nierbaroudd’honneurdes «giletsrouges» devantle vaisseauamiraldes Champs-Elyséesà Paris, syno-nyme, en son temps, de gigantis-me et de modernité, le magasinprésentaitdéjà portescloses.
Tout un symbole pour uneenseignelaminéeparlaconcurren-cede laventeen ligne,Amazonentête. Incapable de s’adapter à la
dématérialisation de la musique
et de la vidéo, accablée par lesloyers exorbitants de ses somp-tueux magasins de centre-ville,Virgin,endettéeà hauteurde plusde 100millions d’euros (pour unchiffred’affairesde251millionsen2012), était en redressement judi-ciairedepuisle14 janvier.
Patrick Zelnik, fondateur de lachaîne en France, et aujourd’huipatron du label musical Naïve,avait alors clamé haut et fort sonintention de ressusciter le Virginde la grande époque, en transfor-mant l’enseigne en «souk cultu-rel». Iln’a jamaisdéposéd’offre.
Quant à l’enseigne de loisirscréatifs Rougier &Plé, qui propo-sait dereprendre285salariésdansonzemagasinsetde faire survivrelamarqueVirgindansl’Hexagone,
elle a jeté l’éponge en mai, aprèsl’échec des négociations avec lesbailleurs immobiliers.
Mme Mondollot accuse ces der-niers de n’avoir pas joué le jeu.«Nous sommes victimes du mar-chémaisaussidebailleursquiprivi-légientlesmargesélevéesdesensei-
gnes d’équipement de la personneetont clairementbloquéles projetsdereprise», fustige-t-elle.
Après la liquidation des VirginCafé,prononcéelundi,etavantcel-le de la chaîne de magasins, ladirection planchetoujourssur unprojetdereprisedeVirginMega,lesiteInternetde téléchargementdemusiqueet devidéosqui emploiedouze personnes. «Nous avonsuneoffretrès sérieuse de reprisedela part d’un “ pure player ” du sec-teur», assure Mme Mondollot, quiespère la présenter au tribunal«dans quelquesjours» .
Quant à Butler Capital Partners(BCP), le fonds du financier WalterButler,quiavaitrepris74%ducapi-talen 2008, «on peut luireprocher denepasavoirfaitcequ’ilfallaitsur leplanstratégique,maispasen ter-mesfinanciers»,ditlaprésidente.
BCP a prévu d’abonder le plande sauvegarde de l’emploi à hau-teurde2 millionsd’euros.Lessyn-dicats ont de nouveau interpellé,lundi,Lagardère,l’autreactionnai-re du groupe, pour qu’il mette luiaussilamainàlapoche.Lessoldestrèsdécriéesde lami-mai,qui onttransformé les magasins enchamp de bataille, ont permis derécolter 6millions.Soituntotalde8millions.Maisles syndicatsesti-mentqu’ilfaut aller à «12 à 13mil-lions» pour solder décemmentl’aventure Virginen France.p
AudreyTonnelier
Lescarburantsontbeaucoûter
cher,lesventesde voituresélec-
triquesne décollentpasencore
vraimenten France.Enmai,
seuls688 exemplairesont été
immatriculésauprès departicu-
liers, selon lesstatistiquesde
l’Associationnationalepour le
développementde lamobilité
électrique.C’est21% deplus
qu’unanauparavant,mais cela
représentetoujoursmoinsde
0,5%desventesde voitures.
Avec13 immatriculations,la Mia
sesitueau troisièmerangnatio-
nal,loinderrièrela RenaultZoé,
quicapte 70% dece micro-mar-
ché,et laNissanLeaf.
Lesventesde véhiculesélectri-
quesutilitaireslégersontpro-
gressé,elles, de 70%, maisavec
làaussides volumesmarginaux.
L’enseigneaétéincapabledes’adapteràladématérialisationdelamusiqueetdelavidéoetaétéaccablée
parlesloyersdesessomptueuxmagasins
decentre-ville
Les26magasinsVirginvontdéfinitivementbaisserlerideauFautede repreneur, les960salariésdevraientêtre licenciés
Enquelques années,l’Allemagneest
devenueuneredoutable
concurrentedans
lesecteurduporc
LesabattoirsbretonsGadn’ontpastrouvéderepreneurLesitefinistériendeLampaul,quiemploie850personnes,pourraitdisparaître.Lesélusévoquentdéjàsa fermeture
Un marché encoremarginal
30123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 26/48
AthènesCorrespondance
J ean-Claude Juncker, le premierministre luxembourgeois,aimevenirenGrèce.Lesgouver-
nementshellènes passent, il resteleurami. «C’est facilepour moide
faire un discours en Grèce», expli-que-t-il, lundi 10juin, devant un
parterreconquis d’avance, en pré-sence du premier ministre, Anto-nis Samaras. «Quand la Grèce futattaquée de façon violente, arro-
gante, condescendante, j’étais là pourdéfendre mes amis grecs.»
Alors président de l’Eurogrou-pe,il ne ménageait passon tempspour essayer de régler la crise. IlfaitpartiedecesEuropéensqui,aunom de la culture, se sentent«copropriétairesde laGrèce».
La visite de M.Juncker inter-vientaprès labombelancéepar leFonds monétaire international(FMI), reconnaissant des erreursdansla gestionde lacrise grecqueet mettant en cause les lenteurseuropéennes.
L’Europe vient en force à Athè-
nes,qui attendquatre commissai-res européens cette semaine–dont Michel Barnier –, alors quela« troïka» (leFMI,la Banquecen-trale et la Commission européen-nes)esten discussion avecle gou-vernementd’Athènes.
Ces dissensions entre les diffé-rentsorganes chargésdu sauveta-ge de la Grèce ne sont pas pour
déplaire au gouvernement hellè-ne, qui espère bénéficier d’uneplus grandemargede manœuvre.Lundi, M.Juncker a soulignén’avoirguèreapprécié«l’autocriti-que venant de gens peu portés àl’autocritique», faisant référenceau FMI, mais a ajouté ne pas sou-haitercommentercescommentai-res «washingtoniens» .
Iln’entendpas,entoutcas,lais-ser au FMI le monopolede l’auto-critique. Touten saluantle travailaccompli en Grèce et les progrèsréaliséspar l’Europepour consoli-der ses réponses à la crise, il s’estlivré à une brillante autocritiquede l’Europe, en tant qu’entité col-lective,tout en mettantplusparti-culièrement en cause certains
paysduNord.Sonconstatestluci-de: «Nous sommes un continenten perte de vitesse», économique-ment et démographiquement.«Nous sommes petits sans lesavoir, mais les autres le savent»,ajoute-t-il en expliquant que leseul moyen de s’en sortir est d’al-ler vers une plus grande intégra-tion européenne. Il rappelle que
lesgrandesnationscommelaFran-ce ou l’Allemagne ne parlent enChineouenRussiequ’«àtraverslemégaphonede l’Europe».
«Le problème de l’Europe, c’estquenous avonsconstruit unsystè-meoù tout lemondeparle,codéci-de,sansseconnaître.»D’oùlescari-catures véhiculées en Europe, quise sont focalisées sur la Républi-que héllénique: «La Grèce n’est
pas le problèmede la zone euro. LaGrèce est un épiphénomène de lamauvaise gestion lointaine de la
zone euro.» M.Juncker rappelle aupassageque «la Grècen’apascoû-té un centime aux Etats euro-
péens », qui en ont même gagnéavec des prêts accordés au paysavec des taux d’intérêt à 6% audébut de la crise et que «la BCE aréalisédes bénéfices». «En Allema-
gne, on ne dit jamais qu’on y a gagnédans l’affaire», ajoute-t-il.
Ilfaitremonterlacriseàsonori-
gine américaine. Il reconnaît queles réponses européennes n’ontguèreétécohérentes,passantd’unsoutien massif aux banques etd’une politiquede relance,à l’aus-téritégénéralisée.M.Junckerécor-neaupassage «lesgourousinstitu-tionnels aux prévisions trop opti-mistes»,visantleFMI.
Le premier ministre luxem-
bourgeois a aujourd’hui deuxsujets de préoccupation, a-t-ilexpliqué lundi. Le chômage,d’abord.EnGrèce,iltoucheplusde60% des moins de 25 ans. Il ademandé à l’Europe d’accorderplus de 500 millions d’euros aupays, sur les 6milliards qu’elleveut utiliser pour lutter contre cefléau. «L’Europe ne peut pas direqu’elle n’est pas à l’origine de larécession grecque. C’est à elle de
financer la réponse au chômagedesjeunes.»
Son autre préoccupation est lamontéedes nationalismes.«Jememéfie de l’oubli. Il faut parler aux
jeunes de la guerre et de la paix »,sous peine de «réveiller les vieuxdémons européens», alors qu’unparti néonazi est entré au Parle-mentgrec.
M.Juncker reste néanmoinsoptimiste pour la Grèce «qui estsurlebonchemin »etpeut«recou-vrer la croissance en 2014». « Nevendez pas vos îles! », a-t-il lancé,sous les applaudissements, toutenrecommandantdenepaspriva-tiseràn’importequelprix.Acondi-tiondetrouverdesacquéreurs…Lemême jour, le géant russe Gaz-promvenaitdeseretirerdel’appeld’offrespourla privatisation delacompagnie de gazgrecque. p
AlainSalles
Le journal, un paquet de ciga-rettes… et un compte bancai-re,s’il vousplaît» :àpartirdu
mois de novembre, en France, ilsera possible d’ouvrir un compteen banque dans un bureau detabac.
Unauthentiquecompte en ban-que,baptisé«compteNickel»pouren symboliser l’accès simple et lebastarif. Desmoyens de paiementy seront associés: pas de chèques,maisdesvirementset,surtout,unecartebancaireMastercardacceptéeenFrance età l’étrangerà 20euros
l’an.Aucundécouvertneseraauto-risé,cequiexcluradefactolestarifi-cations «punitives». S’il manquede l’argent sur le compte avant latombée d’un prélèvement, le titu-laire sera prévenu par texto. Lecoûtannuel ducomptene devraitpasexcéder50 euros.
Ce compte sera accessible sanscondition de revenus, dépôts oupatrimoine: toutes les personnesâgées de plus de dix-huit ans enpossessiond’un document d’iden-
titévalide (carted’identité, permisde séjour…) pourront en faire la
demande.Ellesseverrontremettreun «coffret Nickel» de la taille dedeuxpaquetsdecigarettes.
L’ouverturedu compte ne dure-rapasplusdequelquesminutes,letempspourle buralistede scannerles pièces d’identitésur sa «borneNickel», afin de les authentifier etlescroiser avec lesmêmesfichiersque ceux des banques (personnessensibles,terroristes, etc.),enregis-trer le numéro de portable duclient,recueillirunesignatureélec-tronique et, finalement, activer laMastercardet remettreun RIB.
«C’est une immense première. La première fois qu’on va pouvoir ouvrirun compteailleurs quedansune banque», commente HuguesLeBret,ancienbanquierdelaSocié-tégénéraleetco-concepteurdupro-jetauxcôtésduspécialistedestech-nologiesde paiement,Ryad Boula-nouar,àl’origineduPassNavigodela RATP et de la carte prépayéeMoneo. M.Boulanouar préside lasociétéporteuseduprojet,laFinan-cière des paiements électroniques(FPE),M.LeBretassumelaprésiden-cedu conseilde surveillance.
Plus qu’un projet technologi-que et réglementaire, rendupossi-ble par une directive européennede 2007 sur les services de paie-ment– qui, transposée en2009enFrance,ouvrelapossibilitédegérerdes comptes à des établissementsde paiement autres que des ban-ques– lecompteNickela vocationàfairedelabanqueàbasprix.
«A juste prix, rectifieM.Le Bret. Nous accepterons tout le monde,
riches,pauvres, jeunes,vieux!Tousceuxquisouhaitent payerle moinscherpossible pour les servicesban-caires comme ils le font pour d’autres services.» «Nos clients, ceseront ceux qui roulent en Logan,volent en easyJet et téléphonentavecFree…», poursuit le dirigeant,«notre slogan est explicite: 100%utile, 0% toxique…» La Financièredes paiements électroniques neproposerani crédit,ni épargne.
Au passage, ce projet qui désa-cralise la fonction de banquier etconstitueen soiunepetiterévolu-tion comportementale – dontl’avenir dira si elle sera suivie… –renvoielesbanquesàleursfaibles-seset à despolitiques desélection
delaclientèlesouventdécriéesparles associations de consomma-
teurs: «le compte Nickel n’oublie-ra personne, même les “interditsbancaires” [les personnes interdi-tesd’émettredeschèques,à lasui-te d’incidents de paiement, maisconservant un droit légal aucompte]. C’estaussiunprojetanti-exclusionsansdistinctionni préju-
gés,qui permettraaux plusmodes-tesderégler leursloyersHLM oulacantinedeleursenfants,etdeperce-voir le RSA», estime l’ex-directeurdela communicationde laSociétégénérale,quidirigeaaussisafilialede banqueen ligne,Boursorama.
Néde larencontreentreMM. LeBret etBoulanouar – entre unban-quier désireux de faire bouger lesligneset lescodesdans ununivers
ultra-conservateuretuningénieuren électroniqueféru d’innovation,
fils d’unimmigré algérien quitra-vaillait sur les marchés d’Alfor-tville(Val-de-Marne)–,leprojetNic-kelamisdeuxansàaboutir.
L’agrément de l’Autorité decontrôle prudentiel (ACP) a étéobtenu le 15avril, après vérifica-tionpar l’ACPde satechnologie, deson cadre réglementaire (règlesantiblanchiment) et de la soliditédeson capital.
«ToutaétévérifiédeAàZ, ditlasociété. Notreagrément est valabledans tout l’espace européen.» Les11millions d’euros de capital ontété apportés par des entrepre-neurs. Avec 50 actionnaires à ce
jour, la Financière des paiementsélectroniques est à 54% entre les
mains desfondateurs et collabora-teurs, à 34 % d’investisseurs indivi-
duelset12%dediversréseauxdedis-tribution.»
Ledémarrageennovembre,«endouceur»,préciseM.LeBret,s’effec-tuera avec une quarantaine deTabacs-presse,puisleprojetmonte-ra en puissance, avec 400 buralis-tesescomptésen janvier2014…Ilya 27000 buralistes en France, quivoientpasser chaque jour 13mil-lionsdepersonnesetsontenquêtede nouveaux revenus: «un gros
potentiel », estime le dirigeant.Tous les buralistes, rémunérés àl’ouverturedecomptesetàlacom-mission sur les opérations,devront être agréés par l’autoritéde tutelle bancaire. M.Le Bret sefixe un objectif de 5 000 ouvertu-
resdecomptesparmoisfin2014. pAnneMichel
NewDelhiCorrespondance
Ladeviseindienneachutéàsonplusbashistoriquefaceaudol-lar, franchissant mardi matin
11juin,le seuildes 58,5roupies pourun dollar. Le renchérissement dubillet vert et l’attractivité des bons
duTrésoraméricain détournent lesinvestisseursde l’Inde, affaiblissantdumêmecoupsadevise.«Touteslesmonnaiessontaffaiblies vis-à-visdudollar,la roupien’échappe pasà cet-tetendance.Maislapaniquequis’estemparée des marchés est injusti-
fiée», commente Arvind Mayaram,unresponsableduministère indiendel’économieet desfinances.
Si la plupart des monnaies depaysémergents se sontdépréciées,laroupieest l’unedesplustouchéesenraisondudéficitdescomptescou-rantsindiens.Celui-cia atteint6,7 %duproduitintérieurbrutau derniertrimestre 2012, sous l’effet d’unebaisse des investissements étran-gerset d’undéficitcommercial pluslourd.Lepaysdoitimporter80%deses besoins énergétiques, quand lacompétitivitédesentreprisesexpor-tatricessouffredumanqued’infras-tructures.
L’Inde a «une chance sur trois»de perdre sa notesouveraine, vientd’avertirl’agenceStandard&Poor’s.Sanote(BBB–) estdéjàlaplusbassedes pays des BRICS (Brésil, Russie,Inde,Chineet Afrique duSud),et sielle était abaissée, l’investissementyseraitconsidérécommerisqué.Orl’Inde dépend des fonds étrangers,trèsvolatils,pourfinancerle déficitde ses comptes courants. Sur lesmarchésboursiers, cesderniersont
déjàdiminuéde85%enmaiparrap-portau moisprécédent.Un mouve-ment qui pourrait s’amplifier si laroupiecontinuait saplongée.
Ces derniers mois, le gouverne-mentindiena tentéde stopperl’hé-morragieen relevantle plafonddesinvestissements étrangers dans lessecteurs de la distribution et du
transportaérien. La réglementationindienne pourrait également êtreassouplie afinde faciliter les inves-tissementsde fondssouverains. Et,pour réduire le déficit commercial,l’exécutif a augmenté la taxe d’im-portation sur l’or qui représente11% desachatsindiensà l’étranger.
Regaind’inflationLabaisse dela roupieoffre «une
opportunité historiquepourfairedel’Indeun centremondial d’exporta-tionsà condition de désengorger lesinfrastructures dans l’industriemanufacturière» estime, optimis-te, Anand Mahindra, président dugroupe Mahindra, sur Twitter. Ladépréciation de la monnaie indien-nevasurtoutaccélérerlahaussedesprixà la consommation,qui dépas-seles9 %depuis quinzemois.
Al’approchedesélectionsgénéra-les, dans moins d’un an, ce regaind’inflation pourrait ternir l’imagedu gouvernement. Et dissuader labanque centrale indienne, dont laprochaine réunion est prévue le17juin, d’abaisser ses taux pourrelancer l’économie. Or celle-ci aconnusaplusmauvaiseperforman-ce depuis dix ans, avec seulement5% de croissance sur l’année2012-2013achevéeau 31mars.p
JulienBouissou
économie & entreprise
LavisitedeM.Junckerintervientaprès
labombelancéeparleFMI,mettant
encauseleslenteurseuropéennes
«Nosclientsseront
ceuxquiroulentenLogan,volenten
easyJetettéléphonentavecFree…»HuguesLe Bret
ancien dela Société générale
«Nickel»,lecompteenbanque«low-cost»Dèsnovembre,il serapossibled’ouvrir
dansuntabacuncomptepouruncoûtannuelestiméà50euros
Jean-ClaudeJuncker, l’ex-présidentdel’Eurogroupe,estimequelaGrèce«estsurlebonchemin»Lepremierministreluxembourgeoisa pointéles incohérencesde lagestioneuropéennede lacrise
Lachutedelaroupiepèsesurl’économieindienneChange Lacroissanceralentitetlesinvestisseursétrangersseretirent
4 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 27/48
techno & médias
- CESSATIONSDEGARANTIE
Sur demande de notre client et enapplication de l’article R211-33du livre II du code de tourisme, laCaisse Régionale de CréditAgricole
Mutuel Pyrénées Gascogne dontle siège social est situé 11 bd duPrésident Kennedy 65003 TARBES,annonce qu’elle cesse d’accorder sagarantie à :
Nom de la société :
MR JEAN OLIVIER
N° RCS : 347617128
Siège social : 5 Rue ETS LABATS
65120 LUZ SAINT SAUVEUR
La Caisse Régionale de CréditAgricole Mutuel Pyrénées Gascogne précise que la cessation de sa garantie prend effet trois jours suivants la publication de cet avis et qu’un délaide trois mois est ouvert aux clients pour produire les créances.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 -ARTICLES 44
QBE FRANCE, sis Etoile Saint-Honoré – 21 Rue Balzac – 75406 Paris Cedex
08 (RCS Paris 414 108 708), succursalede QBE Insurance (Europe) Limited,
Plantation Place dont le siège social est à30 Fenchurch Street, London EC3M 3BD,fait savoir que, la garantie financière dont
bénéficiait la :
ALP’IMMO SARL229/233Avenue Michel Croz - 74400CHAMONIX - SIREN : 403 523 343
depuis le 1er janvier 2004 pour ses activitésde: TRANSACTIONSSURIMMEUBLESET FONDS DE COMMERCE cessera
de porter effet trois jours francs après publication du présent avis. Les créances
éventuelles se rapportant à ces opérationsdevront être produites dans les trois moisde cette insertion à l’adresse de l’Etablis-
sement garant sis Etoile Saint-Honoré – 21Rue Balzac – 75406 Paris Cedex 08.
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement dessommes dues et ne peut en aucune façonmettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL ALP’IMMO.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 -ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Etoile Saint-Honoré – 21 Rue Balzac – 75406 Paris Cedex
08 (RCS Paris 414 108 708), succursalede QBE Insurance (Europe) Limited,
Plantation Place dont le siège social est à30 Fenchurch Street, London EC3M 3BD,
fait savoir que, la garantie financière dont bénéficiait la :
AC PLUS SAS42 rue du Cdt Jean Duhail
94120 FONTENAY SOUS BOISRCS: 532 027 505
depuis le 26 mai 2011 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE cessera de por-ter effet trois jours francs après publicationdu présent avis. Les créances éventuelles
se rapportant à ces opérations devront être produites dans les trois mois de cette inser-tion à l’adresse de l’Etablissement garant
sis Etoile Saint-Honoré – 21 Rue Balzac – 75406 Paris Cedex 08.
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement dessommes dues et ne peut en aucune façonmettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SAS AC PLUS.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETD’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 -ARTICLES 44
QBE FRANCE, sis Etoile Saint-Honoré – 21 Rue Balzac – 75406 Paris Cedex 08
(RCS Paris 414 108 708), succursale deQBE Insurance(Europe) Limited,PlantationPlace dont le siège social est à 30 Fenchurch
Street, London EC3M 3BD, fait savoir que,la garantie financière dont bénéficiait la :
B.H.D.IMMOBILIER SARL
191 avenue du Général Leclerc94700 MAISONS ALFORT
SIREN :494 392 368
depuis le 24 avril 2007 pour ses activités de :TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ETFONDS DE COMMERCE cessera de por-
ter effet trois jours francs après publicationdu présent avis. Les créances éventuelles se
rapportant à ces opérations devront être pro-duites dans les trois mois de cette insertion àl’adressede l’Etablissementgarant sisEtoile
Saint-Honoré – 21 Rue Balzac – 75406Paris Cedex 08. Il est précisé qu’il s’agit
de créances éventuelles et que le présentavis ne préjuge en rien du paiement ou dunon-paiement des sommes dues et ne peut
en aucune façon mettre en cause la solva- bilité ou l’honorabilité de la SARL B.H.D.
IMMOBILIER.
ÉNERGIE
Gazetélectricité:lasuppressiondesabonnementsévoquéeLemédiateur de l’énergie, DenisMerville,propose dansson rap-portannuel,publié mardi11 juin, desupprimerdanslesfacturesd’électricitéet degaz lapartfixeconsacréeà l’abonnement. Encontrepartie,le tarifdu kilowattheureserait relevé.Ce systèmefavoriserait lespetits consommateurset permettraitde luttercontrela précarité énergétique.En2012,18% desdossierstraitésparle médiateurconcernaientdes personnesayantdes difficul-
tésdepaiement,avecunedettemoyennesupérieureà1900euros.En2011,cettepartsemontaità15%. pAnneEveno
Un scénario pourréduire l’écart de fiscalitéentrel’essenceet lediesel enFranceChristiande Perthuis,présidentdu comitépourla fiscalitéécolo-gique,soutientl’introductionà partirde 2014d’une «assiettecar-bone» dansla fiscalitéde l’énergieet proposede réduireprogres-sivement,à partirde 2015,l’écartde fiscalitéentre le dieselet l’es-sence. – (AFP.)
LesEtats-Unisrevoientà la hausse lesréservesmondialesde gazet pétrolede schisteL’EIA,agencedu départementaméricainde l’énergie,évalueà345milliardsdebarilsdans41 paysla quantitéde pétrole deschis-tetechniquementextractible,soitdixfois plusque sonestima-tionde2011.Lesréservesde gazdeschiste sontréévaluéesde10%,selonunrapportdel’EIApubliélundi10juin.Lesréservesdela Francesonten revancherevuesà labaisse de23%.
Télécoms SoftBank relèvesonoffresur SprintLegroupe japonais de télécommunicationsSoftBanka relevé,
mardi11 juin,à 21,6milliardsde dollars(16,2milliardsd’euros)sonoffreamicalede rachatdu troisièmeopérateurde servicescellulairesaméricain SprintNextel,lequel a approuvécettenou-velleoffensive. Cettedécisiond’augmenterde 1,5milliardde dol-larsla propositioninitiale intervientalorsque SoftBankaffronteunecontre-offre formuléeparDish,bouquetde TVpar satellite.
PharmacieAstraZenecarachètePearlTherapeuticsLegroupe pharmaceutiquebritanniqueAstraZenecaa annoncé,lundi 10juin,lerachatde lasociétéaméricainespécialiséedansle développementde traitementscontre lesmaladiesrespiratoi-resPearl Therapeutics,sa deuxièmeacquisitionen deuxsemai-nes.Le montantde cetteopération,pourra atteindre 1,15milliarddedollars.
Agroalimentaire Le brésilienJBS croquelesvolaillesde MarfrigLegroupebrésilien JBS, leadermondialde laviande debœuf,aannoncé,lundi10juin,l’achatde labranche volaillesde soncom-patrioteMarfrig,pour unmontantde 5,85milliardsde reais,soitenviron2,05 milliardsd’euros.
Dette S&P plusoptimistepour lesEtats-Unis
L’agenceStandard& Poor’s,quia privéles Etats-Unisdeleur tri-pleA en2011,s’estmontrée,lundi10juin,plusoptimistepour lapremièreéconomiemondiale en révisantla perspectivedu paysde «négative» à «stable» enraisond’unreculdes «risques» bud-gétaires.
LosAngelesEnvoyéspécial
S onycontreMicrosoft.Ceduelau sommet, entre les deuxgéants du jeu vidéo, était à
nouveauà l’affiche lorsdesconfé-rences inaugurales du Salon E3( ElectronicEntertainment Expo),leplusgrandrendez-vousannueldusecteur, lundi 10juin, à Los Ange-les(Etats-Unis).
Legroupejaponais,avecsanou-velle console de jeux, la PlaySta-tion 4 (PS4), et l’américain, fort desanouvellemachine à lui,la XboxOne,ontoffertdurêveauxjourna-listesetauxfansdejeuxenorgani-sant deux grands shows colorésavecdémonstrations de jeux toni-truantes.
L’objectif de ces deux rendez-vous savamment « événementia-lisés»? Créer un «buzz» positif
avant la mise sur le marché desdeux consoles, à l’automne, et lavraiebataillequiseracelledesven-tesde find’année,le tempsfortdumarchédujeuvidéo.
A ce jeu, Sony a pris une lon-gueur d’avance. Après de premiè-resannoncesen février,le concep-teurdelaPS4adévoiléledesigndesamachine– un objet auxformesanguleuses, tranchant avec lesarrondisde laprécédenteversion.
Surtout, le japonais a exploitélespointsfaiblesdesonadversaire,sans craindre l’attaque frontale.D’abord sur le prix: la machine,livrée en fin d’année, coûtera399euros en Europe, contre 499eurospourlaXboxOne.
Habilement, Sony a égalementpris le contre-pied de son concur-rentsur deuxpointsconcernantlaXBoxOnequiontinterpellélacom-
munautédesjoueurs:la nécessité
d’une connexion permanente àInternet et l’impossibilité de jouerà des jeux d’occasion. La PS4, elle,ne bloquera pas l’utilisation desjeuxdesecondemainetnenécessi-terapasdeconnexionoud’identifi-cationen lignepourles joueurs…
Desgarantiesqui serontproba-blementappréciéesdes«gamers»,d’autant que Microsoft a répondupar un silence absolu, lundi, auxquestionsetcritiquesquisemulti-plientsurles réseaux sociaux.
Le groupe américain a préféréétourdirla salle,à l’E3,à grandren-fortde voituresde sport, delégion-naires romains et de zombies surécransgéants.DonMattrick,leres-
ponsable de Microsoft, a assuré
quelasortiede laXbox Oneseraitaccompagnée de superproduc-tions exclusives – au nombre detreizepourlanouvellegénération:«Ryse:SonofRome»,«MetalGear
Solid5»…Legroupeaméricainsem-blevouloirsefocalisersurlesgran-
des licences ludiques, plutôt quesur les productions indépendan-tes,empêchantdésormaislesdéve-loppeursd’éditerleurjeusurlapla-teformede Microsoft.
Sony a, lui, tenu à montrer quesa machine était aussi bien tailléepour les superproductions quepour les créations indépendantesou le divertissement, la machineétant dotée, comme la Xbox One,de contenus musicaux et cinéma-tographiques.LaPS4seraainsilan-céede concertavec des offres spé-ciales sur le service de vidéo et demusique Sony Unlimited, renfor-çantlavocationdecentredediver-tissementfamilialde laconsole.
Ces annonces ouvrent un nou-veaucycle pour Sony,qui a connude grandes difficultés au lance-
mentde la PlayStation 3, en 2006.«Les ventes de PS3 sont environ
2millions d’unités en dessousde la XBox 360, ce qui, étant donné lesréactionsnégativesdumarchépen-dant les premières années, est unrésultat honorable pour Sony»,explique Ed Barton, de StrategyAnalytics.D’aprèsle sitespécialiséVGChartz, les consoles de Sony etde Microsoft sont aujourd’hui aucoude-à-coude,avecplusde70mil-lions de consoles vendues depuisleurlancement.
La stratégie globale de Sony atoutefois été infléchiepar rapportau précédent lancement. Le grou-penemiseplustantsurunproces-
seur coûteuxque surles fonction-nalités de sa nouvelle machine etsurles contenus.
D’autantquelabataillesedépla-ceverslesobjetsnomades,pourles-quels le groupe doit repenser sonpositionnement.Avec un peuplusde 5millions de PlayStation Vita(saconsolenomade)venduesdanslemonde,SonyesttrèsloindeNin-tendo, l’autre géant japonais dujeu,etdesesplusde30millionsdeportables 3DS écoulées. Pour pro-gresser,Sonyasimplifiél’accèsàsaplateforme de développement,afin d’attirer les développeurs dejeuindépendants,et de s’adapteràla concurrence des fabricants desmartphoneset detablettes.p
LaurentChecola(avecAntonin Sabot)
Ce n’est pasen supprimantlesbouteilles d’eau gratuites
pourles salariésqu’onrattra- pe des pertes comme celles du pre-miertrimestre.» Pourlesreprésen-tants syndicaux deTF1, telFabriceGrudé de la CGT, l’annonce deréductionsde frais defonctionne-ment, faite jeudi 6juinpar lePDG,Nonce Paolini, a certes frappé lesesprits.Maisce n’est qu’une anec-dotedansunfilmentraindes’écri-reetdontilsredoutentlescénario.
Les représentants des salariésreconnaissentque leséquipes ontétémarquéesparcettescèneinédi-te: dans l’auditorium du siègesocial, un patron qui s’adressedirectement aux employés, sansfiltre, et répondant à leurs ques-tions.Etquidécrète,outrelafindelamise à disposition debouteillesd’eau,celledesvoyagesenpremiè-re classe,des impressionscouleurillimitées, des comptes de taxi etd’hôtelprépayésetdes séminairessystématiquesàl’extérieurdel’en-treprise…
«C’estle signequelestemps ontchangé, glisse-t-on à la direction.
Nonce a voulu cr éer une prise d econscienceetfairecomprendrequelestempsétaientdurs.» Un salariéconfirme: «Celaa étéunmomenttrèssolennel.»
Au-delàde cetévénement spec-taculaire,lessyndicatsvoient,eux,la globalité du plan d’économiesen cours: le groupe audiovisuel,filialedeBouygues,estconfrontéàunepertede16millionsd’eurosaupremiertrimestre2013,dujamais-vu depuis le premier trimestre2009,en pleinecrise financière.
Objectifsde «productivité»La direction de TF1 veut accélé-
rerlamiseenplacedesréductionsdedépensesprévuespourlesexer-cices 2013 et 2014. Sur 2013, ellecherche déjà 35millions d’écono-mies.Objectifsurdeuxans:70mil-lionsd’euros.
Pour y parvenir, Nonce Paolinietseséquipestravaillentsuruntri-ple cocktail: une «optimisation»du coût de la grille des program-mes (32millions d’économiesvisés),uneaméliorationdela«pro-ductivité» (à hauteur de 28mil-
lions)et unebaissedes frais géné-rauxde 10millionsd’euros.
Côtéprogrammes,l’objectif estderéduireles coûts sans renoncerà «l’ambition» deTF1. «Il faut pré-server la valeur du programme»,insiste-t-on à la direction, où l’onsouligne que même si les audien-cesactuellesdeTF1sontbonnes,laconcurrenceest rudeaveclaTNT.
Comment faire des économiessansproposerunegrilleaurabais?Le groupe met en avant deuxleviers:ledéveloppementdespro-ductionsinternes, sous la banniè-re TF1Production,et lacentralisa-tiondesachatssouslahoulettedeBenoît Louvet, un ancien de Bou-yguesTélécom.
C’estceversantdupland’écono-mies, ainsi que celui consacré à la«productivité» qui concentrentl’attention des syndicats. «La pro-ductivité,c’estunmotquiaunsenslarge», regrette M.Grudé, selonlequel la directiona plusde facili-tés à faire des économiesdans lesprogrammesque dans lesfrais destructure.
La direction n’évoque pas de
plan social. Depuis 2012, lesdépartsde salariés (retraites, etc.),nesontplusremplacés: 100colla-borateursontdéjàquittélegroupeentre2012 et 2013, selon la direc-tion,suruntotalde3700environ.Pour 2013, pas d’objectif officiel,maisleschefsdeservicesontappe-lés à faire des propositions surleursdépenses…
«Onafaitdetrèsgrossesécono-mies l’an dernier et, malgré cela,on a eu des pertes au premier tri-mestre,s’inquièteHubertCazena-ve, de la CFTC. Les gens ont peur
pour leur emploi. Et jusqu’ici, ladirectionnesemontrepastrèsras-surante.»
Représentée au conseild’admi-nistration, la CFTC attend plus dedétail sur les économies. La direc-tionseveutconfiantedanslacapa-cité du groupe à rebondir: «On a
pris une claque en 2009, avec les premières pertes. Aujourd’hui, onnepeutplusdirequeTF1n’ajamaisconnula crise.» Uneaffirmation àlafoisrassuranteetinquiétante. p
AlexisDelcambreetAlexandrePiquard
LesnouvelleséconomiessuscitentdesinquiétudesàTF1LePDGs’est adressédirectementauxsalariésdugroupeaudiovisuel
Microsoftapréféréétourdirlasalleàgrandrenfortdevoituresdesport,delégionnaires
etdezombiessurécransgéants
1980 1990 2000 SOURCE:VGCHARTZ
Xbox 360
77,5
27,6
29,532,9
Atari2600
Megadrive
NES
61,9
PlayStation1
104,3
Nintendo64Wii + Wii U
103
SuperNES
49,1
PlayStation 2
157,7
PlayStation3
77,6Atari
Sega
Sony
Nintendo
Retirée du marché
Ventes de consoles de salonTOP10MONDIAL,EN MILLIONS
AndrewHouse, PDGde SonyEntertainment,annoncele prixde laPlayStation4, le10 juin.ERICTHAYER/GETTY/AFP
CommesonrivalMicrosoft,SonypariesurleloisiravecsafutureconsoledejeuxLegéantjaponaisa précisésastratégiepour samachinePS4, lors duSalondu jeuvidéoà LosAngeles
50123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 28/48
PRAGUE, CORRESPONDANT
Effetde lacrise ou convictionsécolo-giques,deplusenplusdePraguoisutilisentle vélopour effectuer
leursdéplacementsquotidiensdansune villetoujoursplus congestionnée.Mais,dans leurstenues moulantessor-tiestoutdroitdu TourdeFranceet leurscasquesde sprinters, laplupart descyclistes urbainstchèquesse différen-cientde leurshomologues desautresvil-leseuropéennes,oùl’onprendsonvéloencostumedeville,souventsanscas-que,pournepasavoirl’airtrop…idiot.
EnformedecasquetteC’esten pensant auxcyclistestchè-
quesqui«veulent resterélégantset ne passe déguiseren sportifs» quedeuxtrentenairespraguois,Alexander KlimesetJaroslavEndrst,ont fondé,en 2012,
Krust,unesociétéqui vient delancersurlemarchéunconceptdecasquedevélooriginalet moderne. Avecl’aidede deuxjeunesdesigners tchèques, ilsont imagi-né un casqueabordable, homologuéetcertifiédanstoute l’Union européenne,utilisablesur unvélo, despatins,uneplancheàroulettesousur laneige.
Pourallierrésistance,confortet discré-tion,ilsontimaginéun casqueenformedecasquette,avecunevisièrerigide,quia étébien accueillipar lapressespéciali-sée.Demi-finalisteduGrandPrixdedesi-gntchèqueen janvier, lecasquea l’origi-nalitédeproposercinqcolorispourletis-suélastiqueaéréquihabillelacoquedepolystyrène,etaussipourlessanglesd’at-tache,que l’utilisateurpeut aisémentéchanger «en fonctiondesteintes desesvêtementsdujour ».Danslecartond’em-ballage,lui aussiesthétique,l’acheteurcompose sacombinaisonde basepourunecinquantained’euros,puis peut
acheter ensus lescolorisqu’ilsouhaite.Désireuxdeproduirelocal,lesentre-preneursont étécontraintsde comman-deren Chinelescoquesen polystyrène(latechnologien’étantpasdisponiblesurplace).En revanche,les tissuset sanglessontcoususenRépubliquetchèque,oùl’industrietextileconnaîtunerenaissan-ce,grâceàsonorientationverslesnou-veauxmatériauxutilisésdansles vête-mentssportifsetl’automobile.
Commedanstoute start-up quise res-pecte,l’assemblageet leconditionne-mentdes1500premierscasquessontréalisésen famille, sinondans un gara-ge,dumoinsdanslaremisedushowroompraguoistenuparlasœurd’AlexanderKlimes.Mais lesdeux amispensentdéjàà ouvrirun atelier d’assem-blagepourfaire faceà l’engouementdescyclistes,non seulement tchèques, maisaussid’autrespayseuropéens.D’ailleurs,Krustnégocie actuellement
descontratsde distribution.p
VU D’AILLEURSpa r M a r t in Plic ht a
Uncasquedevélopourparaîtremoins«idiot»
Le numéro est bien rodé.«Regardez!» D’un geste,ColinAnglejettelerobotàdix bons mètres. Puis lepatrond’iRobotsaisit une
grossetélécommandepour rame-nerà bonportlepetit enginà che-
nilles, qui gravit quelques mar-ches avant de rejoindre ses bas-ques.«Ilest “truffé ” demicrosetdecaméras», sourit-il. On a pu voircesenginsà l’œuvre lorsde latra-que«mondiovision»quiafaitsui-teàl’attentatdeBoston,enavril.
Colin Angle est le parrain desrobots d’aujourd’hui. L’ingénieuraméricain gère un petit empirequi a généré 436millions de dol-lars(330,4millionsd’euros)dechif-fred’affairesen2012.Depuis1990,il a vendu plus de 9millions derobots,auxmilitairesetaux parti-culiers.
«C’estle plusbeausuccèsdusec-teur», confirmeDmitriGrishin.Lemilliardaire russe, qui a lancé unfonds d’investissement « robots»,explique qu’iRobot est bien armépour lutter contre la concurrencecroissantedesconstructeursasiati-
ques,dont celle de Samsunget deLG. «A court et moyen terme, la positiond’iRobot est très solide.»
L’origine d’iRobot remonte aumilieu des années 1980. ColinAngle arrive comme étudiant auMassachusettsInstituteofTechno-logy, pour «construire des trucscool». Electronique, mécanique,informatique et de gestion. Sonbut est de produire des systèmesrobotiques… pourles vendre.AvecHelen Greiner, une camarade declasse, et un professeur, RodneyBrooks, M.Angle lance iRobot en1990. Premières armes avec l’ar-mée américaine, puis avec laNASA, l’Administration nationalede l’aéronautique et de l’espace:en1997,lerobotSojournersebala-de sur Mars. M.Angle est l’un desescréateurs.
Adesannées-lumièredesaspira-
teurs vendus aujourd’hui par la
société.«C’estlaseuleboîtemilitai-
re qui est parvenue à venir sur le grandpublic, un exercicetrès com- pliqué: ce ne sont pas les mêmescontraintes,les mêmes cultures,lesmêmes exigences», affirme DavidLemaitre,créateurd’EOS,unestart-upfrançaisedusecteur.C’estlesuc-cès d’une approche qui détonneaux pays des robots, peuplé descientifiques,pas de marchands.
En robotique, deuxvisions s’af-frontent.Leshérautsdeshumanoï-des,desrobotsànotreimageetlesaficionados du robot fonctionnel.«Etudiant,j’étaisfan de StarWars ,un super-film avec beaucoup derobots», avoue M. Angle qui, lui,est fasciné par un anonyme,MSE-6, qui guide les soldats danslescouloirs del’« Etoilenoire». Cen’est pas un humanoïde. «Il fautdupratique.Faire desjambes,c’est
joli, mais pourquoi faire ? Le coûtest énorme et le défi immense»,souligneceluiquipréfèreconvain-crede l’utilité desrobotsen adop-tant laméthode despetitspas: unrobot, une fonction, un marché.«Un succès commercial parle plusqu’un succès auprès de la commu-nauté d’ingénieurs.Il fautallersur lemarché!»
Pour le moment, l’approchefonctionne. «L’histoire lui donneraison»,constatePhilippeBidault,le président du Groupement derechercherobotique. Dansl’Hexa-gone, on parle beaucoup du petitNao d’Aldebaran, qui ressemble àunenfant…vendu à quelquesmil-liersd’exemplaires.
ColinAnglen’estpasqu’uningé-nieur,c’estaussiunvéritablehom-me d’affaires. Un « tueur», dit-on.Il voulait envoyer Genghis, son
robotd’étudiant,prendredespho-
tossurla Lunepourlesvendre. Audépart,il séduitles militairesavecson robot à chenilles, capable demonter desmarches pourvérifiersi un bâtiment n’est pas piégé.Avec la guerre au Moyen-Orient,sonmarchéest touttrouvé.
Mais M.Angle vise large. Unjour, raconte-t-il, il est frappé par
Rosie,le robot dela familleJetson,hérosd’undessinaniméculteauxEtats-Unis. Rosie, c’est le robothumanoïde qui passe l’aspira-teur… «Quand on pense robot, on
pense tout de suite ménage »,raconte-t-il, avecun sensconsom-mé du marketing. Depuis,M.Anglecreuse lesilloncivil,sou-ventenavancesurla concurrence.Robots tondeuse, lave-vitre, lave-piscine…La liste s’allonge tous lesans.
Une jambe dans le civil, l’autredans le militaire? Cela permet des’appuyersurl’unoul’autreencasdecoupdur.En2005,iRobot,dansle rouge, ne doit sa survie qu’auxrobots militaires, made in USA. Al’inverse, en 2012, les débouchésmilitaires se contractent à causedu retrait d’Irak et d’Afghanistan.Mais les ventes dans les robots
ménagers – fabriqués en Asie –
bondissentde40%.«En2012,90%
denotrechiffre aété réaliséaveclecivil, contre 60% en 2011…», noteM.Angle.
Lasociétés’appuieaussisurunetechnologie solide. Colin Angles’est attachéà tirer parti desdiffé-rentescollaborationsdesonentre-prise, «même si la recherche mili-taire est essentielle pour nous» .Avec l’armée et la NASA, pour lesystème de navigation du robot.AvecHalliburton,danslespuitsdepétrole, pour la robustesse desengins. «Nous avons aussi tra-vaillé avec Hasbro, pour faire une
poupée,ce qui nous a permis d’ap- prendre à usiner des pièces plasti-que. Et avec Johnson Wax, un spé-cialiste de la propreté, pour savoir commentlaverdes surfaces», énu-mèreM. Angle.
Lesrésultatssont là,atteste Phi-
lippeBidault: «Le pluscompliqué,c’estdeconcevoirlesystèmequiper-met de cartographier un espace
pour s’y déplacer. Les aspirateursd’iRobotle fontde manièrespecta-culaire.C’estunvraiavantage,sur-toutqueleursrobotssont solides.»
Derniermarchépour iRobot,lesrobots de téléprésence. «Il sera àterme le premier marché pour lesrobots:déjà30%denosclientssontdes retraités», explique M.Angle,quitravaillesur lecréneaudepuis2000. Il a lancé un test en mars,dans des hôpitaux américains.Avecunetablette,lemédecin peutdiriger un robot vers le lit d’unpatient d’un autre hôpital, puisconsulter les données médicales…La location de l’engin coûte5000dollarsparmois.«Quandçasera moins cher, on le trouveradanstouteslesmaisons…»p
JulienDupont-Calbo
stratégie & innovation
5C’estlenombrede start-upparisiennesqui vontpasserun moisàSanFrancisco(Californie)pour testerle marchéaméricain.Evolu-tionEnergie,OpenSearchServer,PageYourself,PurpleBrain etWipingoont étésélectionnéesparParis Incubateurs,une structu-remunicipale.Lesheureuseséluesydisposerontdebureauxetrencontrerontdes entrepreneurset desinvestisseurs.
« UN SUCCÈSCOMMERCIALPARLE PLUS
QU’UN SUCCÈSAUPRÈS
DE LA
COMMUNAUTÉD’INGÉNIEURS.IL FAUT
ALLER SURLE MARCHÉ ! »
ColinAnglePDGd’iRobot
Chiffre d’affaires436millions
dedollars (330millions d’euros)
en2012,à 90%danslesrobots
civils.
Effectif540salariés.
MarchéSelonla Fédération inter-nationalede robotique,le marché
durobotde serviceatteindrait
200milliards dedollarsen 2020.
Attirer des chercheurs étrangersdans les laboratoires français a dubon.Sanscela,aucune équipefran-
çaise n’aurait figuré au palmarès du Prixdel’inventeurde2013,décernéle28mai,àAmsterdam,parl’Officeeuropéendesbre-vets (OEB). Patrick Couvreur, le lauréatdans la catégorie recherche, est en effetcitoyenbelge,maisiltravaille,depuis1984,à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry(Hauts-de-Seine).
Sa spécialité est la galénique. A savoir,nonpasladécouverted’unenouvellemolé-culemédicamenteuse,maislafaçondel’ad-ministrer. Il développe des nanomédica-ments capables d’atteindre les cellulesmalades, sans se diffuser à l’ensemble ducorps, et donc sans provoquer des effetssecondaires négatifs. «Nous cherchons àaccrocher des médicaments, notammentanticancéreux,à des nanoparticulesqui lesconduiront préférentiellement au sein destumeurs», explique-t-il dans un article delarevue Futuribles (mai-juin2013).
PatrickCouvreurn’enestpasàsonpre-mierprix.Ilareçulamédailledel’innova-
tion2012du Centre national de la recher-che scientifique, est titulaire du prixGalien 2009 et a été titulaire de la chaireInnovation technologique au Collège deFranceen 2009-2010.
Maisc’estaussisonapprocheentrepre-neurialequi aséduitl’OEB.Ilestà l’originede deux start-up: BioAlliance Pharma,créée en 1997, et introduite en Bourse en2005,etMedsqualcrééeenjuin2007.
ManquedefinancementsCette dernière est l’objet de toutes ses
attentions. Son objectifest de développerun nanomédicament associant l’acidesqualénique, issu du squalène, composénatureldelagraissedurequin,àunprinci-pe actif anticancéreux. Ses premiers tra-vaux visent le cancer du pancréas. Uneboursede 2,5millionsd’euros accordéeen2010 par l’European Research Council(ERC) lui a permis de faire la preuve duconcept.
Mais il peine à trouver les finance-ments qui lui permettrontde passer auxessaiscliniques sur l’homme. «Il me faut
2,5millions d’euros pour produire 1 kg denanoparticules et réaliser les essais clini-quescoûte1 milliond’euros;auquels’ajou-te1,5milliond’eurospouruneétudedetoxi-cologie préclinique. En outre, nous avonsdépensé 500000euros pour déposer desbrevets,qu’ilfautentretenir.Mais,en Fran-ce,nilesfinanciersnilesdirigeantsdegrou-
pes pharmaceutiques ne veulent prendrele risque de nous financer», s’alarmePatrickCouvreur.
D’autantqu’il lui faut aussi parveniràsynthétiser l’acide squalénique. Car, oxy-der le squalène naturel impose d’utiliserdutétroxyded’osmium,unproduitconsi-déré comme toxique. Il espère obtenirunenouvelleboursede l’ERCpour menercette deuxièmephasede recherche. S’il yparvient,unesociétéisraélienne,trèsinté-ressée parce projet serait prêteà investirdansMedsqual.
LePrixde l’inventeureuropéenluiper-met de confirmer la valeur de son inven-tion. Reste à trouver les financementspouren assurerle développement.p
AnnieKahn
PatrickCouvreur,un«serialbio-entrepreneur»LechercheurdesHauts-de-Seinevientderemporterle Prixde l’inventeureuropéen2013
Start-up Netatmolève 4,5millionsd’eurosLesobjets connectéssontdevenus trèsbranchés. Depuisneuf mois, lasociété Netatmovendunestationmétéoqui permetdesuivrel’évolutiondelaqualitédel’airintérieursursonPC,sonsmartphoneou satablette. Netatmoaannoncé, mercredi5juin,unelevéede fondsde 4,5millionsd’euros.LesinvestisseurssontIrisCapital,le FSNPMEet PascalCagni,l’ancien patrond’AppleenEurope. Créée en2011par Frédéric Potter,la sociétécompteunevingtainedesalariés.
Unrobotmilitaire endémonstrationàla base dePatuxentRiver(Maryland),enaoût2009. JIMWATSON/AFP
Lamécaniquebienhuiléed’iRobotColinAngle,PDGdelasociétéaméricaine,avendu9millionsderobotsdepuis1990
Internet Unsitepour lesconférences TEDxFranceDepuisdimanche9juin,unsiteInternetregroupetouteslesvidéosdesorateursdesconférencesTEDx.Cesdernièrespermet-tentàl’audiencedesuivredesdiscoursd’unedouzainedeminu-tesd’intervenantsissusde différentsunivers– scientifiques,entre-preneurs,politiquesouartistes.Ellessemultiplientdepuisquel-quesannéesdansle mondeentier– y comprisen France,avec desévénementsdanstoutesles grandesvilles.www.tedxfrance.fr
6 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 29/48
Un monde nouveau à créerL’Homme et la planète se transforment à un rythme accéléré pour le meilleur ou pour le pire.
Rapports Nord-Sud, urbanisation, réseaux sociaux, biodiversité, homme «amélioré»…
cet atlas dessine les contours du monde nouveau qu’il nous appartient d’inventer.
Un ouvrage de référence avec plus de 200 cartes et graphiques, la contribution
des meilleurs experts pour découvrir l’ampleur des possibles… jusqu’au vertige.
200 cartes188 pages
C H E Z V O T R E M A R C H A N D D E J O U R N A U X
EN PARTENARIAT AVEC
D es hommes auxquels on demande demener une guerre de gangsters tout en
restant des gentlemen.» C’est la meilleuredéfinition du métier d’espion qu’a donnéel’amiral Canaris, patron de l’Abwehr, le ren-seignementde l’arméeallemande, de 1935 à1944. Cette description correspond à mer-veilleaux nouvellesrecruesdela finance.Eneffet,danslaCity,lequartierd’affairesdeLon-dres, comme à Wall Street, à New York, les
ex-hommesdel’ombreont lacote.Ainsi,la banquebritanniqueHSBCa enga-
gé SirJonathanEvans, 55ans, ancienchef duMI5,le contre-espionnagede SaMajesté, quisiégera à son conseil d’administration. L’ex-agentsecretprésideraaussilenouveaucomi-té de vulnérabilitéfinancière que l’établisse-menta crééà lasuitedu scandalede blanchi-mentd’argentde ladrogueet du terrorismeaux Etats-Unis qui a nui à sa réputation. En2012, HSBC avait nommé à la tête de sondépartementjuridiqueunex-responsabledurenseignementéconomiqueetdel’antiterro-rismeau ministèreaméricaindes finances.
AuxEtats-Unis,la sociétéde capital-inves-tissement KKR s’est attaché les services del’ex-patrondel’Agencecentraledurenseigne-ment, la CIA, David Petraeus. Sa missionconsiste à jauger lesinvestissements de sonemployeurdanslespaysémergentsetàamé-liorer l’activité de lobbying institutionnel.Son rival Carlyle, proche du complexe mili-
taro-industriel, compte dans ses rangs unekyrielled’ex- «barbouzes» de l’Agence.
A priori, difficile d’imaginer un cadre detravailmoinsappropriéqu’unesalledemar-ché à un ancien espion de la trempe de SirJonathanEvans, qui a passé trente-cinqansà traquer les «taupes» infiltrées au Royau-me-Uni! Pourtant, à y regarder de près, lesqualitésexigéesdu financierressemblentàcellesrequisesd’unbonagentdurenseigne-ment. «Le job de banquier demande atten-tion aux détails, sens des contacts humains,
expérienceinternationale et don du recrute-ment.Issudes services,je n’ai pasétédépay-sé» , nousconfie un retraitéde laCity,éma-nant de la corporation couleur muraille durenseignement.
L’enneminumérounAprès tout, la serre sous pression qu’est
uneinstitution bancairen’a rienà envier au«Cirque» cher au romancier John le Carré.S’iln’ya pasde courseau bonus,on retrouvelemêmecultedelaperformanceetl’implaca-ble concurrence, ainsi que des états d’âmesimilaires.Letravaildetraderesttoutautantbesogneux, minutieuxet ponctuelque celuideshommesaucompletgrisàlaGeorgeSmi-ley, lehérosde La Taupe deJohnleCarré:unmaîtreespion auxalluresde simplequidam.
LesopérationnelsdelaCitynesontpasdestêtes brûlées et ne s’aventurent jamais à lalégère.Ilsreconstituenteuxaussiunpuzzleàpartir de morceaux épars. Fondées sur une
lecture des indicateurs macro ou microéco-nomiques, les stratégies d’investissement
sont mûrement réfléchies, comme c’est lecasd’une opération d’unservice Action.
A l’imagedesmursqui ontdesoreilles,lesécransd’ordinateursont des yeux.Le rensei-gnement est au cœur de la guerre économi-que.Lesmafiasfinancières,blanchisseursd’ar-gent sale, trafiquants de brevets et pilleursd’inventionstechnologiquessont désormaisl’ennemi numéroun. L’adversaire est autantle criminel en col blanc que le djihadiste. Le
cyberterroriste que le narcotrafiquant. L’es-pionnouveaudoitêtreaufaitdetouteslesréa-litéspolitico-financièresdu moment.
Enfin, de nos jours, James Bond est pluspopulairequejamaisauprèsdesseigneursdel’argent.Dans CasinoRoyale, 007est confron-téau«Chiffre»,unesortedemanagerdehed-gefund(fondsspéculatif)quiveutdétruireunprototype d’avion de ligne mis au point parunesociétécontrelaquelleilspéculeenBour-se.Laréalitésetélescopeaveclafictionquanddeuxenseignesde laCityportentles nomsdeses plus fameux méchants, Blofeld et Scara-manga. Le prestige de l’espion de polardéteintsur l’espionréel etinversement.
Riend’étonnantdès lorsque l’intelligent-siadeHampstead,hautlieudelavieculturel-le londonienne, soit impatiente de rencon-trer le nouveau James Bond de HSBC. L’an-cien espion se présentera avec un art trèsconsommédelalitote: «Bonjour!Jem’appel-leEvans.Jonathan Evans.»p
J e doissanscessegendarmer»,confie lamèred’unadolescentquin’aaucunsens–etencore
moinslegoût–durangement.«Mon filsest bordélique.J’ai pour-tanttoutessayé,maisrienne
prend.Il aime vivre danslebazar!»,écrit-ellesurlefildedis-cussiond’unforum.Cepèreluisuggèreque «des fois,écrirelesrèglessur lepapierpeutaider…».
Aunclicdelà,unfildediscus-sionsepenchesurlaquestiondurangementdes photosnuméri-ques.Si mamère ouvraitla portedemaphotothèque,commehiercelledemachambred’adolescen-te,elle vociféreraitun «Non,maisquelfoutoir!». «Ecrirelesrèglessur lepapierpeutaider»,dites-vous?Qu’àcelane tienne, ellesle sontaujourd’huisurInternet!
«Avecle numérique,lenombremoyende photospriseset conser-véesparunphotographemoyenalittéralementexplosé», écritSébas-tienJeansurJardinphoto.fr.LesFrançais,à 55%, déclarentposséderauseindeleurfoyeraumoinsunappareilphotonumériqueet avoirprisaucoursdessixderniersmoisentre90et869photos,selonqu’ils’agitd’untéléphoneportablesansInternetoud’unreflexnumérique(Ipsos2012, bit.ly/12exs9p).
Quantaustockage,95%lesarchiventou lesclassent surunordinateur,maisaussisur unsup-portdetypedisquedurexterne
(58%),ouencorelespostentsurdessitescommunautairespourlespartager(39%).
Pouréviterque «cesmilliersde photosnese perdentdans lesméan-dresdudisquedur desonordina-teur»écritC.D.M.sur Over-blog.com,leclassementestessen-tiel (bit.ly/1632iAV).Chronologi-que,thématique,automatiséouparmétadonnées,expliqueleméthodiquePix-populi.fr(bit.ly/13x4I9S).
Foisonnementde mots-clés«Lamiseenplaced’unsystème
d’indexationdes photographiesserévèlequasimentindispensable»,confirmeSébastienJean.Samétho-deconsisteànecréerqu’undos-sierparan età enrichir ladescrip-tiond’uneimagepardesmots-clés,stockésdanslesmétadon-nées,et définisselon lesquestions«qui/quoi»,«où»,«quand»et«comment». «Les mots-clés n’ont
pourlimite quel’imaginationdeceluiqui lescrée.Maissansunpeuderigueur,il esttrèsfacilede seper-dredansunfoisonnementdemots-clésetdefinirparabandonnertou-te indexation»,avoue-t-il.Leslogi-cielsde gestiond’images– nom-breuxsontgratuits–viendrontcompléterla panoplieidéaleduphotographe(bit.ly/104Mi21). Finilefoutoir!p
0123
LETTRE DE LA CITYpa r M a r c Ro c he
l’espionnouveauestbanquier
C’EST TOUT NET ! | CHRONIQUE
pa r M a r lène D ur et z
Range-moice bazar !
LESQUALITÉSEXIGÉES
DU FINANCIERRESSEMBLENT
À CELLESREQUISESD’UN BON
AGENTDU RENSEI-GNEMENT
LES INDÉGIVRABLES | pa r X a vier G o r c e
70123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 30/48
renault-trucks.fr
Parce qu’un camion
ne doit jamais vous laisser tomber
R e n a u l t T r u c k s S A S a u c a p i t a l d e 5 0 0 0 0 0 0 0 € - 9 5 4 5 0 6 0 7 7 R C S L y o n
C r é d i t p h o t o s : ©
R e n a u l t T r u c k s - 0 3 / 2 0 1 3 .
* R e n a u l t T r u c k s t i e n t s e s e n g a g e m e
n t s .
*
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 31/48
«Seriousgames», jeux sérieux?Ces jeuxvidéo, conçus par millierspouraméliorerl’apprentissage desenfants et desadultes,ne remplissentpas tousleur objectif. P A G E 2
L’hélico le plus rapidedu mondebientôt à la retraite Le X3, girodynequia battu,le 7 juin,le recordde vitesseen atteignant 472km/h, effectue sesdernièresheures de vol. PA GE 3
Lascience estun roman L’écrivainaméricainRichardPowers a fait delascience et dela technologie la matièrecentrale deses livres. Il enexplique lesraisons. Entretien. P A G E 7
c a r t e b l a n c h e
CédricVillani
Mathématicien,professeur à l’université Lyon-I,directeur de l’Institut
Henri-Poincaré (CNRS/UPMC), MédailleFields 2010
(PHOTO:MARC CHAUMEIL)
Le hasarda vouluque lemoisdernier, àseulementquelquesjours d’intervalle,soient annoncésdeuxrésultatsspectaculairesen théoriedes nom-
bres. Coupsurcoupnousapprenions,d’unepart,quetoutnombreimpairstrictementsupérieurà 5est som-medetroisnombrespremiers(7=2+2+3,11=3+3+5,etc.); d’autrepart,qu’ilexisteun nombrek telqu’uneinfinitéde pairesde nombrespremiersconsécutifssontséparéesde k (lapreuve montraitquek étaitinfé-rieur ouégalà 70000000; troissemainesplustard,lesefforts jointsde nombreuxmathématiciens ontaméliorécetteborneenkinférieurouégalà300000–noussommesencoreloindelavaleurk=2quidémon-treraitlacélèbre«conjecturedesnombrespremiersjumeaux»!).
Autrecoïncidence notable, cesdeux percéessontduesàdes mathématiciensissus depaysémergents:lePéruvienHaraldHelfgott,de l’Ecolenormalesupérieu-rede Paris,et leChinoisYitangZhang,de l’universitédeRaleigh-Durham.Ayant préparé leurthèse auxEtats-
Unis, ilsillustrent àmerveillele rôlecrucialjouéaujourd’hui parles immigrants dansles laboratoiresd’Europeetd’AmériqueduNord.Dureste,quiconqueafréquentéles campusuniversitairessur l’uneoul’autrecôte desEtats-Unisa pu remarquerl’abondancedesétudiantschinois et coréens,majoritairesdanscer-tainscursus.
Parfoisdesexpatriés, deretourdansleurpaysd’ori-gine,contribuentà bâtir descentresqui bousculentlacartede lascience internationale.Ainsi de l’Institutonacionaldematematicapurae aplicada(IMPA)de RiodeJaneiro:nédurêvefoudetroismathématiciensbré-siliensdanslesannées1950, ilestaujourd’huil’undescentresde mathématiquesles plusrenommés, avecàsonactif nombrede démonstrationsde conjecturescélèbreset certainsdes jeunesmathématicienslesplusbrillantsdu monde,commeArturAvilaouFernandoCodaMarques.
L’Asien’estpasen reste: enChine,à Singapour,enCorée duSud,les budgetsconsacrésà larecherche
décollent, et lesinstitutionsprennentparfois un malinplaisir,dansun ironiqueretournementdesrôles,àaccueillirdes chercheursoccidentauxdansdes condi-tionsplus favorables et plussouplesqu’en Europe.
Utiliser l’expérience acquiseà l’étranger pourbâtirchezsoi: aucun destinindividueln’incarnemieuxceprincipeque celuide Shiing-shenChern (1911-2004),légendaire géomètrechinois,héros d’unrécent docu-mentairede GeorgeCsicsery.Formé dansles années1930enAllemagneet enFrance, ilest,à laSorbonne,leplusbrillantdisciple d’ElieCartan.Accueilli auxEtats-Unispendantlaguerre,ildevientle mathématicienleplusrespectédeBerkeleyoùilfonde,en1984,leMathe-maticalSciencesResearchInstitute. Puis,durant lesvingtdernièresannéesdesa vie,il développeinstitutset programmesde mobilitéen Chine.Aujourd’hui,lesélèvesde Chern,sesinstitutions,sonnom mêmejouentun rôlevital danstoutela mathématiquede sonpays…Commeleditunproverbechinoisqu’ilchéris-sait:«Lafeuillequitomberetourneàsesracines».p
Lepouvoir de la feuille qui sedétache
Laglie,matièreàpenserDansle fonctionnement du cerveau, le neuronen’est pastout.Le rôlefondamental descellulesglialescommence luiaussià êtrereconnu.
Cantonnées troplongtemps dansun simple rôlede tissude soutien,elles s’avèrentcontrôlerlatransmissionneuronale et améliorer l’apprentissage.Elles sontaussi impliquées danscertaines maladiesneurologiques. Portraitde ces«non-neurones» du systèmenerveux
PAG E S 4 - 5
Tissucérébral enmicroscopieélectronique.Les neuronessonten griset lescellulesgliales enrose. T.DEERINCK/SPL/COSMOS
Cahierdu «Monde»N˚ 21273datéMercredi12juin 2013-Ne peutêtrevenduséparément
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 32/48
UnealliancepourpartagerlesdonnéesgénomiquesetcliniquesPlusde70institutionsde40paysvontmettreencommunleurs informationspouraccélérer larecherchemédicale
Lesjeuxsérieuxaubancd’essail u d o l o g i e | Ilsse comptentdésormaisparmilliers: les« seriousgames», quiétaientsensésrévolutionner l’apprentissage,
remplissent-ilsleurpromesse?Réponsemitigéeà l’occasiond’uneconférencespécialiséeàValenciennes
DavidLarousserie
Jeusérieux».L’oxymoreétaitaucœur de démonstrations, decompétitions et de discussionslors de E-Virtuoses, la conféren-cequis’esttenueàValenciennesles4et5juin.
Surun telthème, lepremier jeuestde demander à chacunune définitionde cet objet paradoxal, le «seriousgame».«C’estunjeuàintentionutilitai-re visant unmarchéautreque celui dudivertissement, comme l’éducation, lasanté,la défense,la communication…»,estimeJulianAlvarez,auteurd’unethè-sesurlesujeten2007.Ceprofesseurensciences de l’éducation à l’universitéLille-I est aussi l’un des coorganisa-teursdelaconférence,financéenotam-ment par la chambrede commerce etd’industrieduGrandHainaut.
«Lesjeuxsérieuxsontpartoutetnul-le part», constate Gilles Brougère, de
l’universitéParis-XIII, pour pointerladifficulté à cerner le terme. «Les jeuxsérieuxsontdifférentsdessimulateurs.
Les premiers véhiculent du savoir-êtrequand les seconds sont plutôt sur lessavoir-faire. En outre, les simulateursreposent sur de l’apprentissage linéai-re,alorsquedansunjeusérieuxlaprisede décision n’est pas mécaniste» , esti-me pour sa part Jean-François Car-rasco, de l’université de Nice, égale-mentconsultantenstratégieetmarke-tingpour GM Consultantset associés.
Le principe des jeux sérieux estdoncd’utiliserlescodesdesjeuxvidéo(score, effet de surprise, progression,exploration de niveaux, collabora-
tion…)pour réaliserdeslogicielsd’ap-prentissage,de formationprofession-nelle,dediffusiondemessagespublici-tairesoudesensibilisationdupublicàdesquestions de société.
L’associationautrichienneCuteacu-te a mis en ligne Data Dealer en maipour sensibiliser à la protection desdonnéespersonnelles.Danscejeu,pri-mélorsducongrès,lejoueurdoitrécu-péreret vendredes données.Ensanté,
Michael Stora, psychologue et direc-teurde larecherche de lajeuneentre-priseManzaLab,utilisedepuisdixansle jeu commercial Ico pour aider desenfantsàaffronterdessituationsdiffi-ciles avec leurs parents. L’entrepriseSuccubus Interactive développe un
jeu, Cornak, pour former des ven-deurs.Lesétudiantsdel’écoleSupinfo-game,du groupeRubika, ontréponduà un défi de l’association Non-violen-ceXXI en détournant les scénarios dejeux violents comme Civilization etSkyrim, afin de gagner sans échangerdecoupsmaisennégociant,volantoucorrompantl’adversaire.
Pour «réveiller» les élèves en diffi-culté,SalimZein,professeurd’histoire-géographieà Alès,utilise unjeu popu-laire, Little Big Planet. Récompensé àValenciennes, son projet, Arcadémia,faitapprendredesrudimentsdephysi-que et de technologie aux élèves, quidoivent construire des structures via-blescommedes rampesou desavions.
Le Musée des arts et métiers et sespartenairesont été récompenséspourle projet de jeu dans le musée, Plug.C’est la manifestation d’une nouvelletendance consistant à rendre «joua-
bles»desobjetsetdessituationsquinesont pas destinés à l’être. Les Anglo-Saxons parlent même de «gamifica-tion».Ledomaineestdoncfoisonnant,avec desjeuxcréésdans unbut précis,d’autres adaptés, voire carrémentmodifiés. Le site Serious.gameclassifi-
cation.com, notamment alimenté parJulianAlvarez,enrecenseplusde2800.Trèsviteaprèslaquestiondeladéfi-
nitionarrivecelledel’évaluation.Celamarche-t-il? A priori, il y a de bonnesraisons pour répondre positivement.Le jeu suscite le plaisir. Le plaisir, lamotivation et l’intérêt. Et la motiva-tionaméliorel’apprentissageoul’assi-milationdu message. CQFD.
Pour s’en convaincre en pratique,l’académie d’Aix-Marseille a conduitune expérimentation, rendue publi-que en octobre2012. En deuxans,34établissementset 100élèves et pro-fesseursont utilisé l’un des huit jeuxsélectionnés pour l’expérience. 86%desenseignantsestimentquecesjeuxapportentuneplus-valueàleurensei-gnement. 52% des élèves pensentavoirapprisquelque chose.
En santé aussi, des succès ont étéenregistrés. «Le logiciel Sparx, tourné
verslesadolescentsdépressifs,aétééva-lué rigoureusement, et ses effets sontau moins aussi bons que les thérapiesclassiques», rappellent Ali Amad etThomasFovet,duCHRdeLille.
Parfois, lesconstatssont plusmiti-gés. MichelLavigne, del’universitéde
Toulouse,apasséenrevueavecsesétu-diants d’IUT près d’une vingtaine dejeux sérieux. Résultat, «la perceptionludiqueestsouventfaibleoumoyenne.
Elle est aussi très variable pour unmême jeu. Du côté de la transmissiondesconnaissances,ilyadeséchecs.Cer-tainsdisentqu’unfilmestplusefficace,notamment pour ce qui concerne la
prévention.Malgrél’euphorieambian-te, je reste sceptique sur le lien entre
jouer et apprendre mieux», expliqueMichelLavigne.
Sa collègue Hélène Michel, de Gre-noble école de management, nuanceaussi l’enthousiasme général. «Nousavons expérimenté beaucoup de jeuxavecles étudiants. Lesretoursont sou-vent été négatifs! Il faut croire que cetyped’élèveestattachéaurituelscolai-re classique» , expliquela professeure,qui depuis a engagé une étude pourcomprendrelescausesdeceséchecset
améliorerles conditions d’implémen-tationde ces techniques. «En tout cas,cen’estpasparcequelesétudiantssonttechnophilesqueles jeuxplaisent!»
Pourmieuxabordercesproblèmesd’évaluation, lachambrede commer-ce a décidé de construire un nouveau
l ab orat oi re d e l ud ol og ie , l ePlayResearchLab. Créée début 2013avecJulianAlvarezet SylvainHaude-gond, la structure va déjà déménagerdansunnouveaulieu,laSerrenuméri-que, qui accueillera en outre des éco-les,unincubateuretdeséquipementsliésau numérique.
«Le débat sur l’usage du jeu dansl’apprentissage est ancien. Dès le
XIX e siècle, ces controverses sur cequ’on appelle alors le “ludoéducatif” existent, constate Gilles Brougère. Etc’est à l’école que la tension est maxi-male sur cette question.» Le fossé secreuseen effetentre l’environnement«technique » d’une classe et celuidesélèvesjouantàlaconsole,manipulantlestéléphonesportablesetsurfantsurlesréseaux sociaux.
«Lecontextedel’évaluationestdéli-cat. Je regrette qu’une partie des cher-cheurs soient à la fois juge et partie,
notamment en ayant des contrats derecherche avec des éditeurs de jeux»,explique Michel Lavigne. Il est vraique beaucoup d’intervenants ont unpied dans chaque monde. A croirequ’enlamatièrejouerdeplusieurscas-quettesestla règle.p
«DataDealer» (enhaut),qui sensibiliseà laprotectiondesdonnéespersonnelles,et «LakeAdventures»(en bas),à la biodiversité.
CUTECUTE/INTERACTIVE4D
SandrineCabut
Dix ans après l’annonce, enavril2003, du premier séquen-çage d’un génome humain,fruit d’une impressionnante
collaboration internationale, le collectif joue à nouveau à plein pour faire entrerlesrecherchesengénomiqueetleursappli-cationsmédicalesdansune nouvelleère.
Plusde 70organisations,dontde presti-gieuxinstitutsderecherche,universitésetcentreshospitaliers, situéesdansune qua-rantaine depays,ont décidéde mettre encommunleursdonnéesgénomiques,maisaussicliniques. Lacréation de cetteAllian-ceglobale,ainsiquel’ontnomméesesfon-dateurs, a été officiellement annoncée le
5juin, après plusieurs mois de gestation.Pourles spécialistesdu domaine, unetelleorganisation devenait indispensable eturgente.Aveclabaissemassiveducoûtduséquençage (divisé par 1million depuis2003), l’analyse d’un génome, désormaissous labarredes 1000dollars(750euros),estenpassededevenirunexamenderouti-ne et, pour les chercheurs, un gisementcolossald’informationsàexploiter.
«La capacité de recueillir et d’analyser de grandes quantitésde données génomi-quesetcliniquesestune formidableoppor-tunité d’en apprendre davantage sur lescausessous-jacentesdescancers,desmala-dies héréditaires et infectieuses; et sur lesréponsesaux médicaments», a ainsi justi-fié David Altshuler, directeur adjoint duBroadInstitutedeHarvardetduMIT,l’un
despartenairesde l’Alliance globale.Toutes les institutions engagées ont
signéunelettred’intentionpourdévelop-perun cadre commun inspirédu modèleduWorldWideWeb.Laprésenceaméricai-ne est particulièrement forte: plus d’unetrentaine d’organisations états-uniennesontsignélalettred’intention,dontlesins-tituts nationaux de la santé, l’Institutnationaldu cancer, la Société américained’oncologiecliniqueetdecélèbresuniver-sités comme Johns-Hopkins. Mais lescinq continents sontreprésentés.
Accélérationdes découvertesEn France, l’Institut nationaldu cancer
(INCa)aétéimpliquédansleprojetdèslespremièresréflexions, en janvier2013.Unedémarche logique pour cette institution,
quiparticipedéjàdepuis2008àun projetinternationaldeséquençagedesgénomesdecancersavec13autrespays,l’Internatio-nalCancer GenomeConsortium.
«Actuellement, chaque pays mène ses propresrecherchesen génomique.Ily acer-tes des collaborations avec une mise encommun d’informations,mais onse heur-tesouventàunproblèmededispersiondesdonnées,qu’ilfaut allerchercher surdiffé-rentssitesetsousdifférentsformats,relèveleprofesseurFabienCalvo,directeurdelarecherchedel’INCa. Disposerdebases com-munes ou interactives permettrad’attein-dre plus rapidement des volumes consé-quents de données, indispensables pour mieux caractériser les cancers, notam-mentlesplus rares.»
Au final,l’accélérationdes découvertes
fondamentales conduira à unemeilleurepriseen chargedes malades,prophétiseleprofesseurCalvo,quiinsisteaussisurl’in-térêt d’inclure lesdonnéescliniques dansceprogrammedepartage. «Jusqu’ici, pour les cancers,nous travaillions sur lesseulesdonnéesdes génomestumoraux,maisdis-
poser d’autresi nformations aura du sens, par exemple pour mieux comprendre laréussiteoul’échecd’untraitement»,expli-que le chercheurfrançais.
Cetambitieuxprojet,quin’enestenco-re qu’à ses premières pierres, doit faireface à de nombreux défis: techniques,financiers,mais aussiéthiques. Lesparte-naires de l’Alliance globale devront ainsipouvoir assurer une protection et uneconfidentialité sans faille des donnéesauxquellesilsauront accès.p
Le trèspopulaire«WorldofWarcraft» (enhaut),utilisépar desenseignantsaméricains,et «HammerandPlanks», jeuthérapeutiqued’équilibre.
FAQBLIZZARDENTERTAINMENT/NATURALPAd
SCIENCE&MÉDECINE a c t u a l i t é
« Leseffets du logiciel
Sparx,tourné versles
adolescents dépressifs,sont au moins aussi bons
queles thérapies
classiques»AliAmadet ThomasFovet
CHRdeLille
2 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 33/48
ZoologieUnoiseau synchronisesa voixetsa danse
L’oiseau-lyredit ménuresuperbe( Menuranovaehollandiae)n’estpasseulementun chanteurhors pairayantplusde 90chantsà sonrépertoire,il estaussiun danseuradroitqui coordonnelesmouvementsdesoncorpsàsavoix.Cegrospassereauàlaqueueéléganteenformede lyreassocieuntypede chant àuntypededanseetenchaîned’unemanièreprédictiveles séquences.C’estlapremièrefoisquece trait estobservéchezdes animaux,selon l’équipeaustraliennede l’UniversiténationaledeCanberraqui aconduitl’étude.Enobservant12 oiseauxdans leurenvironnementet en enregistrantle sonetl’imagedu cérémonial,ilsont concluquechacundesquatresons utilisésparlesmâlesménuresestassociéà unseuldesquatre mouvementstypecomme
écarterlaqueueou non,agiterles ailesounon.Les auteursfont l’hypothèsequecettecoordinationauditivo-motrice,mobilisée pourla reproduction,pourraitêtreun traitsélectionnépar l’évolution.(PHOTO:CYRIL RUOSO/BIOSPHOTO)
>Dalzielletal., «CurrentBiology»,6juin.
NeuroscienceUnetechnique contre lesTOCDeuxéquipesaméricainesontindépendammentéclairécequisepassedansle cerveaude patientsatteintsdetroubleobsessionnelcompulsif(TOC),ouvrantlavoieàdestraitements.Toutesdeuxutilisentla techniquedel’optogénétiquequi consisteà rendresensiblesà lalumière desneuronesmodifiésgénétiquementafindecontrôlerleuractivité.L’équipedu MITa ainsiréussià fairecesserle comportementcompulsifde sourismutantes enexcitant
sélectivementcertains neurones. Lessouris,quisenettoyaientsanscessejusqu’àléserleur peau,cessaient delefairedurantl’excitation lumineuse.Ellesreprenaientleur TOCdèslafin dutraitement.L’équipedel’universitédeColumbia(NewYork)a,elle,déclenchéuncomportementcompulsif chezdes sourisenstimulantdes zonescérébralesprochesdecelles cibléesparla première équipe.Leschercheursontmontréquec’estlarépétitiondes stimulationspendantplusieursjoursqui engendreles TOC.> Burguiere etal. etAhmariet al.,«Science», 7juin.
L’évolutiondesgalaxiesrevisitée«insilico»Desmodélisations3D retracentle comportementde ces«unitésde base»del’Univers
23%
LeX3,unhélicoà472km/ha é r o n a u t i q u e | Cegirodyne,prototypeàmi-cheminentreunavionetunhélicoptère,abattu le7 juinle recorddevitessedesa catégorie
VivianeThivent
Marignane (Bouches-du-Rhône),
envoyéespéciale
L’hélicoptèreleplusrapi-dedu monde n’est plusaméricain. Il est fran-çais. Le 7juin à 15h30,un engin expérimen-tal , le X3, a volé à
472km/h au-dessus d’Istres. «Il aatteint cettevitesseparcequ’ils’agitd’un girodyne… comme Supercop-ter», explique Jean-Brice Dumont.Cet adepte des séries télé a 41 ans,unechemiserose,unfauxair d’Har-rison Ford, une formation de poly-technicien, une autre de pilote et,accessoirement, il est le directeurtechnique d’Eurocopter, une entre-prise franco-allemande spécialiséedansla fabricationdes hélicoptèreset qui compte quelque 22 000 sala-riésdanslemonde.
Ici,prèsdeMarseille,surlesitedeMarignane,ilssont12000àboulon-ner dans de grands hangars blancsou à développer dans des bureauxsanscharme.«C’estunepetiteville»,avait dit l’hôtesse d’accueil, et c’estlàqu’estnéleX3.
Pour commencer son explica-tion,Jean-Brice Dumontdépose surla table une figurine d’hélicoptèreplus dorée qu’un Septd’or: «Surunhélicoptère, il y a le rotor de queue,qui l’empêche de tourner sur lui-même,et lerotorcentral,qui luiper-met de s’élever, grâce à la portance,oud’avancer,grâceà latraction.»
Il fait décoller la babiole tout entournant le rotor central avec l’in-dex. «Regardez les pales.Elles avan-centunefois danslamêmedirectionque l’hélicoptère, une fois dans lesenscontraire.» Danslepremiercas,lavitessedelapales’ajouteàcellede
l’hélicoptère. Et si l’extrémité de lapale dépassela vitessedu son,alorslapaledécroche. «Cephénomènedit
de décrochage explique que les héli-coptères ne volent que rarement
au-delà des 250kilomètres par heu-re», conclut-il. D’où le concept dugirodyne: «Cet engin est à mi-che-minentre l’avion et l’hélicoptère.En
plus du rotor central, il possède deshéliceslatérales. »
Résultat:envol,unegrandemajo-
rité desforcesdetraction etde por-tance estassuréeparces hélices. Lescontraintes s’exerçant sur le rotorcentral s’allègent. «Le décrochagedespales nese produit plus que versles500kilomètrespar heure», préci-se Jean-BriceDumont.
Changementdedécor.Nousvoicien rase campagne, à quelques kilo-mètres,au milieude labasemilitai-re d’Istres. L’endroit semble avoirété déserté: des toiles d’araignées
recouvrent les portes de certainsbâtiments. «Le projet a été conduitdans le plus grand secret , nous aexpliqué Jean-Brice Dumont. Sur lesitedeMarignane,l’équipederecher-che a été isolée de l’assemblage du
X3; les vols d’essai,eux, ont eu lieu àl’écart,sur unebasemilitaire.»
Le X3 se trouve dans un hangaraux dimensions pharaoniques«construitdanslesannées1970pour
fabriquerdes Mercure100, expliqueDominique Fournier, l’ingénieurnavigant du X3. A l’époque, cesavions devaient inonder le marché dutransport.Enfait,seulsdixontété construits».
Voici enfin l’imposant hélicoptè-re,faitdeverreetdetôle. «Celasepro-nonce “X cube”, pas “X trois”, car ils’agitde laversionexpérimentaledu
H3, le high-speed hybrid helicopter.»Un concept dont le maître mot est
l’économie. Il s’agit en effet deconstruireunhélicoptèrecertesrapi-de,maisàpeine25%pluscherqu’unhélicoptèrenormal.A l’origine de cepartipris?Lepasséhouleuxdesgiro-dynes. Apparus dès les années1930,ces engins connaissentune certaine
maturité à la fin des années 1950,notamment avec le Rotodyne et ses330km/hdevitessemaximale.
L’aventure s’arrête toutefois là,«à cause de l’excessive consomma-tionencarburantdesmoteurs, racon-te Dominique Fournier. Un tel héli-coptère avait très peu d’autonomieet coûtait très cher à faire voler».Avec l’amélioration du rendementdes moteurs, les girodynes pour-raient enfin trouver leur marché
dans l’armée ou les secours. Si leurcoût de fabrication n’est pas d’em-bléerédhibitoire.
Aussi, pourréduire lanote, Euro-copter a opté, dès 2008, pour unassemblage de composés existantsur d’autres modèles d’Eurocop-ter.Parexemple,lefuselageestceluid’un Dauphin,un hélicoptère poly-valentqui,danssacatégorie,détientle record du monde de vitesse sur3kilomètres(372km/h).Latransmis-sion et les moteurs proviennentd’autres engins. Quant à la queue,qui ressemble à l’aileron arrière
d’unbolidedeformule1,elleestuni-que. «L’innovation n’a été faite quelà où c’était nécessaire», insistel’in-
génieur. Résultat: si le montant dubudgetdévolu à ce projet est confi-dentiel,ilestcomprisdansles1,7mil-liarddedollarsinvestisparEurocop-ter dans l’innovation sur ces cinqdernièresannées.
Enquelquesmois,leschercheurspassent aux tests en soufflerie. Enparallèle, ils développent unemaquettenumériquegrâceàlaquel-leilscréentunsimulateurdevolper-mettant de tester, en temps réel, lamanœuvrabilité du futur démons-trateur. «Etc’estlàquej’entreenscè-ne» , explique Hervé Jammayrac, letrèsdécontractépiloted’essaiduX3.
Lafabricationdébute en 2009et,en septembre2010, il s’envole pourla première fois. «En dehors du volen stationnaire,il se pilote vraimentcomme un avion, explique HervéJammayrac. Il peuts’incliner à 45˚ou
piquerdu nez en maîtrisantsa vites-se. Ceci facilite l’atterrissage car onvoit oùl’onse pose.Il estde plus très
facile à prendre en main », en toutcasquandonest soi-même pilote.
«Le X3est équipéde600capteursdont 500 transmettent en directleurs mesuresà unesallede contrôlesituée dans le hangar , expliqueDominiqueFournier.Celapermetdevoircommentil se comporteet d’ac-cumulerdesdonnéespournosrecher-ches futures.» Car, après 140heuresdevol,desdémonstrationsauxEtats-Unis,enAllemagneouauBourget,leX3 n’a plus qu’une dizaine d’heuresde vol devant lui avant sa mise à laretraite.Unsursisquel’équipeduX3a utilisé pour le pousser dans sesretranchements.
«Il avait déjà atteint les 450km/het, depuis avril, nous attendions desconditionsmétéorologiques optima-
les pour le faire fonctionner à pleinrégime», confie Dominique Four-nier. Une attente interminable quis’achèvele 7juinavecun record. «Le
plusétonnant,c’estquemêmepoussé à sonmaximum il ne s’est pas mis àvibrer.» Un point qui, pour l’ingé-nieur, suggère qu’avec des moteursplus puissants le X3 pourrait allerencoreplusvite.Cettethéorieneseratoutefoispasforcémenttestée:l’ave-nirduconceptdépendeneffetdel’in-térêtdeclientsqui,enmatièredever-satilité, n’ont rien à envier à lamétéo.p
PaléontologieUnetumeurosseusesurune côtede néandertalienUnemaladieosseusedécouvertesur unfossile de néandertalienvientd’êtredécriteparune équipeinternationale.Latumeur,qualifiéede dysplasie,touchaitunecôte gauched’un individuayantvécuilyaenviron120000ansdanscequiestaujourd’huila Croatie. Chezl’hommeactuel,cettemaladiedonnelieuà unlargespectre de symptômes,allantde ladéformationbénigneà desformes plusgraves. L’étatde conservationde lacôte etl’absenced’autresélémentsdu squelettenepermettentpas d’apprécierl’effetqu’elleapuavoirsurlasantédunéandertalien,notentles chercheurs. Lacôtefait partied’un ensemble de900piècestrouvéessur lesite deKrapina,aunorddeZagreb,entre1899et1905.>Mongeet al,«PLoSOne» du5juin.
HervéMorin
L’archéologie galactique»a des outils bien diffé-rents de ceux utiliséspour exhumer le passé
del’humanité.Auserviced’astro-physiqueduCEAàSaclay(Esson-ne),l’unedesMecquedecettedis-cipline, c’est dans une salle deprojection 3D que sont présen-téeslesdernières découvertes.Ilfaut chausser des lunettes pourvoir émerger du chaos post-BigBang les grumeaux où sontnées les galaxies, ces «unités debase» de l’Univers faites de gazet d’étoiles.
Rien de plus banal qu’unegalaxie: on en dénombre200milliards dans l’Universobservable.Etpourtant,leurévo-lutionetleurcomportementres-tentun défipourleschercheurs.On croyaitainsiavoirétabliunetypologie solide, entre lesgalaxies elliptiques, dites «mor-tes», carpeu productricesd’étoi-les, et les galaxies spirales, bienplus actives sur ce plan. Et voilàquedesimagesdutélescopefran-co-canadien d’Hawaï (CFHT)«font apparaître des halos, desdisques spiralés qui révèlent queles galaxies mortes produisentaussidesétoiles» ,indiquel’astro-physicienPierre-AlainDuc.
«Une autre surprise a été deconstater à quel point l’Universest ennuyeux», note son collè-gue David Elbaz: alors qu’oncroyait que les galaxies ancien-nes, soumises à un plus grandnombre de collisions, produi-saient plus d’étoiles que lesgalaxies récentes, moins àl’étroit dans un Univers désor-maisplusvaste,iln’enestrien,sil’onen croit lesimagesdes téles-copes spatiaux Hubble et Hers-chel. Depuis 10milliards d’an-nées, le rythme de formationd’étoilesrestesimilaire.
Cemystèredel’universalitédela formation des étoilespourraits’expliquer par la présence d’un
réseau de filaments reliant lesgalaxies entreelles, «commedes
ponts de matière, des cathétersquinourrissentavecunsangfrais
pourcontinuer à former des étoi-les»,avanceDavidElbaz.Seulhic,ces fameux filaments sont tropténuspourêtredétectés…
FlambéesstellairesAutres questions: pourquoi
les gaz galactiques se sont-ilstransformés plus lentement enétoilesquecequeprévoitlathéo-rie?Aucontraire,pourquoicertai-nes galaxies en produisent-ellesmassivement lors de «flambéesstellaires»? Des simulationsmenéessur lesplusgroscalcula-
teurs européens donnent desdébutsderéponse.Ainsi,600mil-lions d’années d’évolution de lacollisionditedesAntennes,entredeux galaxies spirales, viennentd’être «rejouées». «Elles expli-quent les flambées stellaires par l’effondrement du gaz lié à cettecollision», note Frédéric Bour-naud.D’autressimulationsmon-trentau contraire que les turbu-lencesau seindes galaxiesralen-tissent la vitesse de formationdesétoiles. Maisles modèles res-tentimparfaits: ilsne saventpassimuler l’expulsion de gaz horsdesgalaxies– autreélémentfon-damental pour percer leurs der-nierssecrets…p
C’est lepourcentagede jeunes(contre
17% des31-45ans)qui setrouvent endettechroniquede sommeil.Telest leconstatdu baromètresantéjeunesdel’Inpes,rendupublicle 5juin.Le tempsdesommeildesjeunesentre15et 30ansestde7h 26,troppeuparrapportauxrecommandations.L’usaged’écrans lesoirentraînerait30 à 45minutesdesommeilen moins. Laprisede produits(médicament,drogue, alcool)pour aiderà dormirconcerne11% des15-30ans(7%des15-19anset 14% des26-30ans)contre14%des31-45ans.
a c t u a l i t é SCIENCE&MÉDECINE
LeX3 a environ 140heuresde volde démonstrationau compteur.ANTHONYPECCHI/EUROCOPTER
t e l e s c o p e
Le X2, ex-recordman de vitesse
« Son comportement
ne ressemble en rien
à celui d’unhélicoptère.
Il peut s’incliner à 45˚
oupiquer dunez en
maîtrisant sa vitesse»HervéJammayracpiloted’essaisdu X3
LeX3 n’estpas leseul girodynesorti récemmentdesateliersdesconstructeurs.Depuisseptembre2010, lerecorddu mondedevitesse,460km/h,étaitdétenupar leX2 del’entrepriseaméricaineSikorsky.Cedémonstrateurpossède, auniveaude sonrotor central,deuxhéli-
cescontrarotatives,c’est-à-diretournantdansle senscontrairel’unedel’autre.Ce systèmepermetà l’hélicoptèredes’élevertandisqu’unehélice, situéeà l’arrière,luipermetde s’avancer.Le X2devraitprochai-nementdébouchersurun hélicoptèremilitaire.Dansles hélicoptèreshorsnorme,citonsaussile V22d’Osprey.Crééen 1989,cet enginestunconvertible:il atteintplusde 500km/hgrâceà sesdeuxrotorslatérauxbasculants.
30123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 34/48
FlorenceRosier
Dans la jungle de notrecerveau, les neuronesne s o nt p as t out .D’autres cellulesont étélongtemps négligées.Englouties dans l’oubli,
reléguées au rang de simple «glue» duneurone roi… Tel fut, plus de centansdurant,le triste sort dela glie, cet ensem-ble de cellules du système nerveux nonexcitablesélectriquement.A quoiserventces cellules gliales, plus nombreuses queles85milliardsde neuronesqui peuplentnotreboîte crânienne?
Une étude publiée le 7mars dans larevue Cell Stem Cell offre un début deréponse saisissant. Une équipe américai-ne a greffé des cellules précurseurs desastrocyteshumains (une catégoriede cel-lules gliales) dans le cerveau de souri-ceaux nouveau-nés. Résultat: les ron-geurs ayant subi cette greffe d’astrocyteshumainsapprenaientplusviteetmémori-saientmieux.Aucuneaméliorationcogni-tive n’était observée chez les animauxgreffésavec desastrocytesde souris.
«Notreétudemontrequelescellulesglia-
les sont essentielles à la transmission dessignaux entre neurones, observe StevenGoldman, de l’université de Rochester(Etats-Unis). Surtout, elle révèle que lescapacités cognitives élaborées de notreespèce ne proviennent pas seulement denos réseaux de neurones sophistiqués:ellesreflètentaussil’évolutionde noscellu-les gliales, plus abondantes, complexes etdiversesquechez touteautreespèce.»
La glie sonne donc aujourd’hui le glasdel’hégémoniedes neurones.Car lesdon-néesglanéesàtraversleglobe,depuisplusdevingtans,permettentdemettrefinàcelongaveuglement:non,lescellulesglialesnesont pascantonnées à cerôle passifdeciment neuronal – à cette glue qui lesconsacra glie, le 3avril1858, lors de leurdécouverte par le médecin allemandRudolfVirchow.
«Quandon soulèveune pierre descellu-lesgliales,c’esttoutl’édificedusystèmener-veux qui s’ébranle», observe Alain Bessis,del’Ecolenormalesupérieure(ENS)àParis.Sanscessede nouvellesmissionsleur sontattribuées: fonctions métaboliques etnourricières; contrôle,intégrationet coor-dinationdelacommunicationentreneuro-nes; contribution décisive aux capacitéscognitiveshumaines–maisaussirôledélé-
tère dans les maladies du système ner-veux. «Impossibleaujourd’huid’ouvrir un
journalde neurosciences sans y trouverdenouveauxtravauxsur laglie», noteHervéChneiweiss, neurobiologiste, qui dirigel’unité Inserm plasticité gliale (universitéParis-Descartes). Une revue mensuelle,Glia, leurest mêmeconsacrée.
«Lescellulesgliales,ce sontles“non-neu-rones” du cerveau», résume Alain Bessis.Maislaglieformeun ensemble disparate,quiregroupeau moinstroiscatégoriesdecellules. Les astrocytes, de forme étoilée,se caractérisent parleurslongsprolonge-ments dontles extrémitéss’ancrent d’uncôté sur les capillaires sanguins et del’autresurlesneuronesetlessynapses,ceslieux decommunication entre deuxneu-rones.Les oligodendrocytesont la capaci-té de produire une énorme quantité demembranequi s’enroule autour des axo-nespourformerlagainedemyéline.Troi-sièmetypede cellulesgliales, lamicroglieconstituele systèmeimmunitairedu sys-tèmenerveux.
Première idéefausse: non,toute l’infor-mationnerveuse,danslecerveau,n’estpastransmise uniquement sous forme d’im-pulsions électriques qui parcourent lesréseauxde neurones. Danscette sympho-
nie cérébrale,les cellules gliales,en accordavec les neurones, jouent leur partition–harmonieuse,saufencasdemaladie.
Second quiproquo, plus anecdotique:non,lemystèredugénied’Einsteinnerési-daitpasdanslarichessedesoncerveauencellulesgliales,commel’alaissécroiresonautopsie. Les étudesultérieures n’ont pasvalidécette observation.
Troisième concept erroné: les cellulesglialesnesontpasdedeuxàneuffoisplusnombreusesque lesneuronesdu cerveauhumain, comme on le lit parfois. Pourautant, quantifier le nombre de cellulesglialesdu cerveaurelève d’uneentreprisehasardeuse. Au Collège de France, en cematinpluvieuxd’avril,ChristianGiaume,spécialistereconnudel’astrocyte,pianotefébrilement sur son clavier d’ordinateuren quête d’une réponse scientifiqueétayée.Deuxheuresplustard, à quelquescentainesdemètresdelà,surlamontagneSainte-Geneviève, la même scène estrejouéeparAlainBessis,un brinpenaud.
«Dans le cortex humain, il y aurait 1,4astrocyte pour 1 neurone. Mais les chif- fres varient beaucoup selon les études, lesrégions du cerveau et les espèces, avanceChristian Giaume. L’essentiel est ailleurs:quandonpasseducerveaudesourisaucer-
SCIENCE&MÉDECINE é v é n e m e n t
«Les capacités
cognitives élaborées de
notre espèce reflètent
aussi l’évolution de
nos cellulesgliales»StevenGoldman
universitéde Rochester
n e u r o b i o l o g i e
CerveauLarevanchedescellulesgliales
Longtempsnégligée, laglie,cetensembledecellulesnerveusesnonexcitables,livrepeuàpeulessecretsdesesfonctions,décisives,dans lacommunicationentreneuroneset lesprocessuscognitifsélaborés.
Cescellulespourraientêtrelacibledenouveauxtraitementscontredesmaladiesneurologiques
4 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 35/48
veau humain, on observe un accroisse-mentspectaculairede lacomplexitéde cescellules. Les astrocytes humains ont desramifications bien plus étendues, chacuncouvrant un domaine plus grand. L’écarthomme-souris est bien plus marqué pour lesastrocytesque pourlesneurones.»
L’apparition des astrocytes et leursophistication, au cours de l’évolution,semblent correspondre à plusieurs sautsphylogéniques.«L’acquisitiond’unesymé-triebilatéralecoïncideavecl’apparitiondela glie: la méduse, à la symétrie radiaire,n’a pas de cellules gliales, tandis que lesinsectesetlesnématodesenpossèdent, sou-
ligne BernardZalc,directeurdu centre derecherche de l’Institutdu cerveau etde lamoelleépinière à la Pitié-Salpêtrière. Plustard,l’émergence des mammifèressembleconcorder avec une inversion du rapport“nombre de cellules gliales sur nombre deneurones”, les cellules gliales devenantmajoritaires.»
Le développementdes capacités cogni-tives humaines jalonnerait une nouvelleétape. «Dans l’expérience américaine de
greffe d’astrocytes humains, ceux-ci éta-blissent des communications avec leurshomologuesmurinsparl’intermédiairede
jonctions communicantes », souligneChristian Giaume.Et c’est unedes clésdel’astrocyte. Elles désignent un ensemblede canaux reliant le cytoplasme de deuxcellules voisines. Via ces jonctions, lesastrocytes ont une remarquable aptitudeà former desréseaux où lescellules com-muniquent entre elles directement. Ilséchangent ainsi de petites molécules
métaboliques(glucose, lactate), maisaus-sidesionscalcium.
«Les astrocytes utilisent une signalisa-tion très sophistiquée: les vagues calci-ques, qui sont de brèves augmentationsdestaux de calciumintracellulaire se pro-
pageantd’une cellule à l’autre», expliqueChristian Giaume.Ces vagues assurent lasynchronisationd’unréseaud’astrocytes,quiinteragitavecunréseaudonnédeneu-rones. «Nousavons montréquedes grou-
pesde neuronesqui répondentà unstimu-lus sensoriel, par exemple à une odeur, sesuperposent à des réseaux d’astrocytes»,indique Christian Giaume. Une façonpourlesastrocytesdecoordonnerl’activi-tédetoutungroupedeneurones?
Mais la clé essentielle, pour compren-drecommentl’astrocytecontrôlelaplasti-cité des réseaux de neurones, c’est lasynapsetripartite. «Ceconceptaboulever-sélesneurosciencesmodernes»,relèveHer-vé Chneiweiss. Il repose sur un trépiedinteractif: le neurone présynaptique, leneuronepostsynaptiqueetlepiedastrocy-tairequilesenrobe.Auseindecettesynap-se tripartite, l’astrocyte activé émet desgliotransmetteurs (D-sérine,ATP…) qui selientàdesrécepteursdesurfacedesneuro-nes.Al’inverse,l’astrocyteportedesrécep-teursaux neurotransmetteurslibérésparlesneurones.
«Quandle neuroneprésynaptique libè-re du glutamate, ce neurotransmetteur activeun récepteurde surfacede l’astrocy-te. Ce qui enclenche une cascade d’activa-
tions, dont celle du récepteur NMDA,acteur essentielde l’apprentissage et de lamémorisation», expliqueStéphane Oliet,directeuradjoint du NeurocentreMagen-die (Inserm, université de Bordeaux),
auteur de travaux pionniers dans cedomaine. L’astrocyte gouverne ainsi lenombre de récepteurs NMDA activés,donc le nombre de synapses renforcéesparl’apprentissage.
Autremissioncapitale:l’astrocyteassu-re un approvisionnement des neuronesen énergie «sur mesure». Or le cerveauconsommeunquartdel’énergiecorporel-
le! «L’astrocytedétectel’activitédesneuro-nes.Il envoieun signal auxvaisseauxsan-
guins par l’intermédiaire de ses prolonge-mentspourimporterplus de glucoselà oùles neurones sont actifs. Puis l’astrocytetransforme ce glucoseen lactate,qu’il dis-tribue aux neurones», explique PierreMagistretti,del’Ecolepolytechniquefédé-rale de Lausanne. En 2011, son équipe amontré que ce lactate est indispensableauxtâches d’apprentissage etde mémori-sationdes rongeurs.
Nourrices des neurones, les astrocytesensontaussileséboueurs:ilséliminentetrecyclent les neurotransmetteurs libérés
en excès. Décidément multitâches, «ilsrégulent directement la quantité de som-meil dont l’organisme a besoin», indiqueThomas Papouin, de l’université Tufts(Boston)–quilorsdesa thèsechezStépha-neOlietadécritlerôledesastrocytesdansla synapse tripartite au sein de l’hippo-campe.L’astrocytepeut aussicontrôler laproductionde nouveauxneuronesà par-tir de cellules souches neurales. Mieux:après un accident vasculaire cérébral, lesastrocytes nouvellement formés favori-sent une cicatrisation qui limite les
dégâts, comme l’a montré une équipeaméricaineenavril.
Les astrocytes sont cependant desJanus: de protecteurs, ils se muent enennemisdansde trèsnombreusespatho-logies du système nerveux. Par exempledans la maladie d’Alzheimer: «Nousallons utiliser une batterie d’outils inno-vants pour voir comment les astrocytesagissent sur les synapses à récepteurs
NMDA, perturbées très précocement danscette maladie», indique Gilles Bonvento,du CEA-MIRCen(Fontenay-aux-Roses).
«L’avenir est au développement d’une pharmacologie de la glie, explique Pierre
Magistretti.Pourtrouverde nouveauxtrai-tementsdes maladiesdu systèmenerveux,leseffortsont jusqu’ici portésur lesneuro-nes,avecdesrésultatsdécevants.Onespère
parvenirà protégerles neuronesen ciblantlesastrocytes.»« Unessaicliniquedethéra-
pie géniquedans ce butest en préparationcontrelamaladiedeHuntington»,préciseGillesBonvento.
Les cellules gliales, nouvelles stars dusystème nerveux? «Cette obscure clarté quitombedesétoiles»…astrocytaires,Cor-neillene l’avaitpasprévue.p
L’oligoden-drocyte,
leprotecteur
deneurones
Microglie,cellulehyperactive
é v é n e m e n t SCIENCE&MÉDECINE
«L’avenirest
au développement
d’une pharmacologie
delaglie»
PierreMagistrettiEcolepolytechniquefédéralede Lausanne
kCouped’hippocampe
enmicroscopieoptique.Les
cellulesglialessonten vert.T.DEERINCK/SPL/
COSMOS
KSituéesdanslecerveau,
lesastrocytes,lesoligoden-drocytesetlescellules
microgliales
fontpartiedecequ’onappelleles
cellulesgliales.SYLVIEDESSERT
Sansson attentionzélée,nosmouvements,nospenséesauraientdes lenteursacca-
blantes.A n’enpasdouter,l’oligo-dendrocyte,l’une desquatrefor-mesde cellulesgliales,est unobsessionnelcompulsifde lapro-ductionde myéline.Cetteidéefixeest unechancepourlesver-tébrés supérieurs. Carcettemyé-linequ’ilfabriqueavec obstina-tion,savant mélangede lipides(70%) etde protéines(30%), l’oli-godendrocyteen enveloppedéli-catementl’axonedes neurones.
Ilformeainsiunegaineisolan-tequi accélèrejusqu’à100foislaconductionde l’influxnerveux!«Un corpsd’oligodendrocyte
peut produire jusqu’à 50fois son
poids de myéline », noteCatheri-ne Lubetzki. Cetteprofesseuredeneurologie dirigeune équipeInsermsur laréparationmyélini-que,àl’Institutducerveauetdelamoelleépinière(ICM)à laPitié-Salpêtrière.Découvertsdans lesannées1920, lesoligodendrocytesn’ontpasfinidelivrerleursmys-tères.Leur rôleprotecteurdel’axonea étédécouvertparl’étu-dede lascléroseen plaques. Cettemaladieauto-immunetouche80000personnesen France.Ellerésultedel’atteintedelagainedemyéline. Maisle handicapnedevientirréversibleque quandlagainedemyélineneprotègeplusl’axone,qui estendommagé.
Chezl’homme, on a long-temps cruque lamyélinisations’achevaitversl’âgede 2ou 3ans.«Des travaux récentsont montré
quela myélinisationse prolonge jusque vers 18 ou 20ans, notam-mentdans le cortexpréfrontal»,ditCatherineLubetzki.Mieux: lastimulationintellectuelle oumanuellepeutla favoriser.«Chez desadolescentsqui prati-quenténormément le piano,le
pourcentage de fibres myéli-nisées augmentedansle corpscal-leux,ce faisceauquirelieles deuxhémisphères cérébraux.»
Voiede rechercheOnsaitaujourd’huiquelecer-
veauadultecontient descellulesprécurseursdes oligodendrocy-tes,lesOPC.Leur existence suggè-requelamyélineserenouvellechezl’adulte. Parailleurs, cescel-lulesétablissentdes connexionstrèsétroitesavec lesneurones.Pourquoi? L’équipede Brahim
NaitOumesmar,à l’ICM, s’atta-cheà le comprendre.
Commentréparerla myélinechezles patientsatteintsde sclé-rose enplaques?C’estunevoiederecherchetrès active. Deuxgrandespistessont explorées.Lagreffede cellulesremyélinisan-tes,tout d’abord. «Les principa-lescellules responsablesde laremyélinisationsont les OPC ,indique CatherineLubetzki. Ladifficultédela greffevientdufaitqueles lésionssont disséminéesdans lecerveauet/oula moelleépinière.»
L’autrepisteseraitde favoriserune remyélinisationendogène.Notammentpardes moléculesactivantla différenciationdesOPCen oligodendrocytes,com-mel’olesoxime,ou pardes anti-corpsbloquantdes inhibiteursdecette différenciation,commel’anti-LINGO.
«Nous sommes freinés parl’ab-sencede techniquesd’imagerie
permettant de visualiser la myéli-nisation»,explique CatherineLubetzki.C’estpourquoil’équipedeBruno Stankoff,à l’ICM,s’atta-cheà développer unetechniquedePET-scanpoursuivrel’évolu-tiondes lésionset quantifierl’ef-fetdes traitements.p
Fl.R.
Dansl’univers descellulesgliales, lesmicroglies
occupentuneplaceàpart: cesont descellulesimmuni-taires,non nerveuses. Maisellessontdotées de missionscapitalesquenileurpetitetaille,nileurtauxminoritaire(elles représen-tentde5%à10%descellulesglia-les)ne laissentprésager.
«On saitdepuislongtempsquecescellules sontactivées danstousles dysfonctionnementsducerveau,qu’ils’agissede maladiesneurodégénérativesou psychiatri-ques. Ondécouvreaujourd’huileurrôle physiologiqueessentieldansla neurogenèse et lefonc-tionnementdessynapses»,résu-me AlainBessis, responsabledel’équipefonctions neuronalesetmicroglieà l’Ecolenormale supé-rieure,à Paris.
Lescellulesmicroglialessontdesmacrophages,capablesdechangerde forme trèsrapide-mentpourmigrerd’unendroitàun autre.En conditions norma-les,ellessonttrèsramifiées.Quesurvienneune pathologieet elless’activent,grossissent,s’arrondis-sent. Defait,la microgliead’abordétéperçuecommelesys-tèmededéfenseducerveaucontrelesinfectionset lesmala-dies.Ses cellulespeuventdétec-ter,détruireet digérerlesenva-hisseurs, voirefavoriser lacicatri-
sationaprèsune lésion.Dansla maladied’Alzheimer,
certainspensentqu’un dysfonc-tionnementde lamicroglie seraitunecause,nonuneconséquencedela maladie.«Les cellulesmicro-
glialessont les premièresactivéesenprésencedupeptideamyloïdequis’accumuledans lesplaquesséniles: ellesenvoient alorsdesmessagesaux astrocytesenviron-nants, quià leurtourémettentdesmessagesdélétèrespour lesneurones», indiqueChristianGiaume,du Collège deFrance.Dansla douleurchronique, danscertainstroublesobsessionnelscompulsifs…la microglie sembleaussi êtreindûmentactivée– elleestdéjàlacibledefuturstraite-mentsen développement.
Plasticitédu cerveauPourAlain Bessis,«les cellules
microglialessont lescellulesles plusdynamiques du cerveau.Lamicroscopieconfocale lemontre.
En permanence,elles envoient etrétractenttrèsrapidement leurs
prolongements,vers une synapsedans95 % descas.On peutimagi-nerqu’ellessurveillentsansarrêtletissu cérébral,prêtesà agirdèsqu’ellesdétectentun change-ment».
Cesrôles physiologiquesde lamicroglieintriguentles cher-cheurs.Ilsenontdécouvertplu-
sieurs. «Au cours dudéveloppe-ment embryonnaire,des neuro-
nessurnumérairesse forment.Lamicroglieestchargéede lesélimi-ner.Celaa étémontréen1998dansla rétine,en 2004dansle cer-velet,en2008 dansl’hippocam-
pe», expliqueAlain Bessis. Cerôledanslaneurogenèsene selimiteraitpasà l’embryogenèse:toutaulongdelavie,denou-veauxneurones sontformés, sur-toutdans l’hippocampe.Lamicroglieen éliminerait plusde90%,nelaissantsubsisterquelesneuronespertinents.Elle détrui-raitaussiles synapsesen surnom-bre,chezl’embryonettoutaulongdelavie.
L’équiped’AlainBessiss’atta-cheàcomprendrelerôledelamicrogliedansla plasticitédesréseauxde neurones,au niveaude lasynapsetripartite– compo-séedesneuronespré-et post-synaptiqueset d’unastrocyte.«Commelesastrocytes,la micro-
glie est capablede produiredesmoléculesquimodifientle fonc-tionnementde lasynapse, dit-il.
Lorsquenous mettonsen culturedesneurones avecdesastrocyteset4 % decellules microgliales,nousobservonsdessynapsesacti-ves.Mais,si nousôtonscettemicroglie,les synapsessonttrès
perturbées.»pFl.R.
50123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 36/48
Sivoussuivezavecfidélitécet-techroniquede lascienceimprobable– eton voitmalcommentil sauraiten être
autrement–, voussouviendrez-vousqu’elles’estil y a quelquessemainesfait l’écho d’uneétude
montrantque l’efficacité d’unanal-gésiqueétaitdavantage fonctiondeson prix quedesonprincipeactif?Plusle cachet estcher, plusil soula-ge(le patientet sonportefeuille):pourbienluttercontre ladouleur,lemédicamentdoitavanttoutfairesouffrirle compte enbanque.
Maisilyaencoreplusétonnantquecet effetplacebo du prix.Selon
une étude américano-chinoisepubliéeen 2009dansla revue Psy-chologicalScience, l’argentlui-mêmeseraitun bonanalgésique.«Tuas lamigraine, chéri(e)? Vatirer quelquesbilletsau distributeurauto-matique.»
Ceschercheurssont partis del’idéeselon laquellel’argent provo-quechez sonpossesseurun senti-mentde bien-être,de force,d’effica-cité,peut-êtreen activantla produc-tiond’endorphines,molécules dusoulagement.Pour validercettehypothèse,ils ontmis au pointtroissériesd’expériences. Aucoursdela première,ils sesont aperçusquedes «cobayes» exclusd’un grou-pesocial– etdoncen souffrancemorale– étaientavidesd’espècessonnantesettrébuchantes: ilsdessi-
naientdes pièces demonnaieplusgrandesqu’elles nel’étaienten réali-téet sedisaientdavantageprêtsàrenoncerà certainsplaisirs pourvuqu’ils fassentfortune. L’argent,remède à tousleursmaux.
Ladeuxièmesériede testsétaitbienplusattrayante.Les partici-pantsétaientdivisésen deuxgrou-pes.Le premierpassait quelquesins-
tants à compter80 morceauxdepapiertandisque l’autredevaitdénombrerautantde billetsde ban-que.Puis toutle mondemettaitlamaindansun dispositif destinéàl’immobiliser,deux doigtstrem-pantdansde l’eau chaude.Pour cer-tains,une eauà 43˚Cpendant3minutes,ce quiprocureune sensa-tiondésagréable.Pour d’autres,untraitement plusdouloureux:90secondesà 43˚C,30secondesà50˚C,puisuneminuteà43˚C.Pasdequoi sebrûler vraiment,maispresque.Et, biensûr, ceuxquiavaienttouchéau grisbi souffrirentmoinsqueles autres.L’argentpro-tecteur: Picsou esttoujoursen plei-neforme, à nagerdansses milliards.
Enfin,au coursdesdernièresexpériences, unemoitiédes
cobayesdressaitpar écritla liste desesdépensesdu moisécoulé,tandisquel’autreracontaitle temps qu’ilavait fait.Puisrecommençaitle jeudel’exclusionsocialeou celuidesdoigtsimmergésdansl’eauchaude.Danslesdeux cas,ceux quis’étaientremémoréla perted’argentsouf-fraientdavantage,que ce soitmora-lementou physiquement,comme
s’ils étaientvictimesdu maldontestatteintPanurge dansle Panta-
gruel deMaîtreRabelais: «Faulted’argent,c’est douleur nonpareille.»
Al’attentiondeJérômeC.etdeBernardT., quinous lisent,le mala-desouffreà mesure del’attache-mentqu’ilavaitpoursafortune.UncertainHarpagon a décritlessymp-tômes: «Monespritesttroubléet
j’ignore où je suis, qui je suis et cequejefais.Hélas! Monpauvreargent, monpauvre argent, moncherami!Onm’aprivédetoi;et
puisque tu m’es enlevé, j’ai perdumonsupport,ma consolation,ma
joie; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde. Sans toi, ilm’estimpossible de vivre.C’en est
fait, je n’en puis plus, je me meurs, jesuismort,je suis enterré.»p
Laconsigneétait:«Demain,venezà l’écoleavec desgla-çons.» Si certainsenfantsayantconsultéleurs parents
sontarrivésavecune glacière,unautre,moins prévoyant, estvenuavecun sacplastique trouéet à moi-
tiévide.Lesglaçons,passésà l’étatliquide,s’en étaientéchappés.Lasituation,un peucocasse, allaitfour-nirunedesdonnéesanalyséesparcesjeunes expérimentateurs.
C’étaitl’un desateliers proposés,entre2004et 2010,par l’équipe péda-gogiquede l’écoleprimaireBouci-caut(Paris, 15e),avec l’aided’YvesNoat,chercheur auCNRS (Institutdesnanosciencesde Paris).Cetteini-tiative – décritedansun article intitu-lé«Deschercheursenherbeàl’écoleBoucicaut» dans lenuméro33de larevue Reflets de la physiquedelaSociétéfrançaisede physique– s’ins-critdanslacontinuitéduprojetLamainàlapâte,lancéparlePrixNobelGeorgesCharpak.Celui-ciavaitproposéd’initier lesenfants àlasciencenoncommesommedeconnaissancesà recevoirpassive-mentmais commedémarcheactive.Ils’agit d’«amenerles enfantsà sequestionnersur unthèmechoisi,puis[de] lesaccompagnerdansunedémarcheréflexive et expérimentale
pourtenter de trouver et d’élaborer leurs réponses».
Toutcommenceavecuneques-tion.Par exemple:« Qu’est-ce quele
son?»Pouryrépondre,lesenfantssontinvités, lorsde séanceshebdo-madaires,à produiredessonsde dif-férentesnatures.Aprèsla phaseexpé-rimentale en petitsgroupesvient letempsdelamiseencommun,avecunediscussionpour dégagerune syn-thèseet sipossibleun débutd’expli-cation.Ensuitec’estlepassage àl’écrit,qui permetde travailler aussilarédaction.
Aufil desexpériences,lesenfantsarriventà saisirl’origineduson,avecleconceptde vibration.Ilspeuventd’ailleursen fairel’expériencedirec-tementen touchantlalamed’unxylophone.Avant d’arriverà cetteconclusion,lesenfantsont puenri-chirleurs connaissancesen remar-quantque «le sonsedéplace,se dis-
perse,rebondit » etqu’«il aquelquechose à voiravecl’air» .Dansunautreatelier,les enfantsse confron-tentàla notionde mesuredu tempsetde l’espace etdécouvrentleconceptd’étalon.Il s’agitde laduréed’unechanson trèscourte, jolimentappelée«Canard».Lorsdesexpéri-mentations,les enfantsont tenudescahiersd’expériences, aveccroquis,commentaireset hypothèses.
L’objectif avancépar l’équipeestd’allerversuneécoleplushumaineetpluscréative.Avecbeaucoupderespectpourtousceuxqui s’impli-quentdansl’éducationàtous lesniveaux,il fautconstaterque l’orga-nisation actuelle de l’enseignementetlesprogrammesnevontpasforcé-mentdanscesens.Orlemeilleuraiguillon de l’apprentissage estl’en-viede connaîtreet decomprendre.
L’écoledoitaussiêtrelelieuoùcet-tedimensionpeutéclore. Deplus,ladémarcheexpérimentalepermet dedévelopper lafaculté d’observationetd’abstraction,la rigueuret unecer-tainedose d’espritcritique.Ce sontdesacquis fondamentauxdans touslesdomainesde l’activité humaine.Ilfaudraitréfléchiràlafaçondedéve-lopper,etmêmede généraliser,cespartenariatsentre chercheurset équi-pespédagogiques.
Enguise de conclusion,je vouslais-seavecla questionposéepar lesauteursdeces ateliers: «Uneviedel’espriten margedu fonctionnelet del’utilitairen’est-elle pas nécessaire,ycomprisà l’école,en tantquecontre-
poidsau sein d’unesociété ultra-matérialiste?» p
DavidLarousserie
Q uelle plus belle question et quel plusbeau mystère que celui de l’origine dela vie? Pourtenter d’yrépondre,la mai-sond’éditionLavillebrûle,grâceàsacol-
lection «360», poursuit son dispositif déjàdéployépourles mathématiques,la cosmologieou le nucléaire: réunir quatre spécialistesautourd’unetable,faireanimerlaréunionparlejournaliste de Libération Sylvestre Huet (parailleurs directeur de la collection) et rendrecomptesur papierde la discussion.
Le résultat est passionnant bien qu’un peu
ardu. L’enthousiasme pour ce sujet conduit eneffet ces experts à se diriger assez vite vers lesfronts actuels de la connaissance, lesquels, enl’occurrence, sontplutôt ceux de l’ignorance.Ensautantparfoisquelquesétapes pédagogiques.
Ilfautalorsun peus’accrocheret intégrerdesnotions de chimie, de biologie, de génétique,d’évolutiondarwinienneoud’astrophysique.Lalecture virevolte sur les longues échelles detempsde l’ordredu milliardd’années,sur l’iner-te et le vivant, sur le passé et le présent, sur lachimiefine dece quise joueentre quelquesato-mesou quelquesmolécules.
Très rapidement, on comprend que le sujetn’est pas simple. De fait, le philosophe Christo-phe Malaterre rappelle qu’ilexiste une centainede définitions de la vie! Chacun ou presqueayantlasienne,celainfluencelamanièred’abor-der laquestion.
Untour d’horizoncompletdu sujetL’astrochimisteLouisd’Hendecourtchercheà
comprendre comment les molécules comple-
xes, sucres, acides aminés, etc., sont apparuessimplement à partir de carbone, d’azote oud’oxygène.LabiochimisteMarie-ChristineMau-rel se demande, elle, comment passer de cetteétape prébiotiqueà la vie elle-même.Son collè-gue biologiste moléculaire PatrickForterre étu-dienotammentàquoipouvaitressemblerl’orga-nisme ancestral commun aux trois règnes duvivant,bactéries,archées et eucaryotes.La ques-tion principale se scinde dès lors en plusieurssous-questions. Les molécules complexessont-elles arrivées sur Terre depuis l’espace ou ont-elles été créées sur place avec des briques sim-ples? Y avait-il de la vie sans les moléculesd’ADN,avecparexempledesmoléculesplussim-ples comme l’ARN? D’autres molécules que lesbasesactuelles de l’ADN existent-elles dans descellulesancestrales? Les membranescellulairesactuelles sont-elles indispensables à la vie ou ya-t-ileuplussimple?Oùrangerlesvirusdanscet-te histoire?…
Au fur et à mesure des échanges, le lecteurdécouvre les méthodes d’enquête de ces cher-
cheurs, les conclusions auxquellesils sont arri-vés et les points sur lesquels les débats persis-tent. Des questions d’actualité surgissent aussi.Louis d’Hendecourt évoque ainsi la «survente»du projet de recherche de la vie sur Mars. Acontrario, Patrick Forterre se plaint de la sous-médiatisation d’un travail montrant le rôle-clédes virus dans la vie elle-même. Les projets enbiologiedesynthèsede«créationdelavie»sontégalementcritiqués. Tout comme celui baptiséSETI,sur larecherchede vieextraterrestre.
Siledispositifdel’échangefonctionnesurcer-tainsdespointsabordés,ilmontretoutefoispar-foisseslimites.Commelesexpertsdedifférentsmaillonsde la chaîne ont été convoqué, il n’y apas vraiment de dialogue entre eux. Lorsquel’un défend une certaine hypothèse (et critiqueau passage celle de la partie adverse), ses collè-guesnepeuventpasvraimentargumenterdansunsensoudansunautre.
Il n’empêche qu’on découvre une sciencebien vivante et passionnante. Et l’une desconclusionslaisseun goûtamer. Toussemblents’accorderpourdirequelacommunautéscienti-fique (et ses tutelles) ne parvient pas à réunirdes compétences complémentaires (et desmoyens)pourveniràboutde laquestiondesori-ginesdela vie.Or laréponsene leur semblepashors de portée. Christophe Malaterre évoquemême des collègues travaillant «au noir» surcesquestions!p
Del’inerte auvivant, uneenquêtescientifiqueet phi-losophique, dePatrickForterre,Louis d’Hendecourt,ChristopheMalaterre etMarie-ChristineMaurel(Lavillebrûle,«360»,220p.,20¤).
Discussionssurles originesdelavie
Quatrespécialisteséchangentleursavissur l’undesplusgrandsmystèresdelanature
i m p r o b a b l o l o g i e
PierreBarthélémy Journalisteet blogueur
(Passeurdesciences.blog.lemonde.fr)
(PHOTO:MARC CHAUMEIL)
l e s c o u l i s s e sd e l a p a i l l a s s e
MarcoZito Physiciendesparticules,
Commissariatàl’énergieatomiqueetaux énergiesalternatives
(PHOTO:MARC CHAUMEIL)
Desbilletsdebanquecommeanalgésiques
Uneclassededécouvertes…scientifiques
SCIENCE&MÉDECINE r e n d e z - v o u s
L E L I V R E
Un tarsiervieuxde 55 millions d’années
Cefossile,retrouvéil ya dixansdansla provinced’Hubei,enChine,étaitundéfipourlespaléontologues.Devait-onclasserce primate,vieuxde55millionsd’annéesetleplusancienquisoit aussibienconservé,sur labranche évolutivedonnantnaissanceaux tarsiers, ou surcelle
conduisantaux anthropoïdes– dontnous faisonspartie? Uneéquipe internationaletranche dans
Naturedu6 juinpourlapremière hypothèse. Archicebusachilles, petitinsectivorediurne,nemesuraitque71mm,plus130mmdequeue.(PHOTO:PAULTAFFOREAU/ESRFANDXIJUNNI/CHINESEACADEMYOF SCIENCES)
6 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 37/48
r e n d e z - v o u s SCIENCE&MÉDECINE
a f f a i r e d e l o g i q u e
«Lascienceestunematièredramatiquebrûlante»
e n t r e t i e n | L’écrivainaméricainexpliquepourquoirechercheettechnologiesontaucœurdeshistoireshumainesdesesromans
RomanMeurtreen physiquedesparticulesLemathématicienAlainConnesse metauromanpolicier avecsafemme,DanyeChéreau, etsondirecteurde thèse,JacquesDixmier. AuCERN,templede laphysiquedesparticules,une jeunechercheusemeurtau cœurdulaboratoire.Lecoupableest-ilun amantjalouxouunmembred’une équipeconcurrente?Au-delàde lafiction, l’ambition estsurtoutd’initierle lecteuraux mystères etauxplaisirsde lamécanique quantique.Unedisciplinequ’Alain Connesaffectionne et sur laquelle il travaille avecl’abstractionmathématiquede sadiscipline.Le dénouement, trèssurprenant,bienqu’unpeuosé, estunepirouette qui rejointune autrepréoccupationdu chercheur,lesneurosciences.>«Le Théâtrequantique», d’AlainConnes,DanyeChéreau et JacquesDix-mier(OdileJacob,215p., 20,90¤).
Proposrecueillis parPaulBenkimounetHervéMorin
L’écrivain américainRichard Powers, invitédes récentes Assisesinternationales duroman à Lyon, exploredepuis bientôt tren-
teansles liens intimesentrela scien-ceetlatechnologieetnosdestinsindi-viduels et collectifs. Longtempsimmergé dans un institut scientifi-queàl’universitéd’UrbanaChampai-
gn (Illinois), auteur d’une dizaine deromans, il a reçu le National BookAwarden2006pour LaChambre auxéchos (LeCherche Midi,2008).
D’oùvientvotre intérêt pourlascience?
Cetintérêta été très précoce.Monpère l’a nourri. Une enseignante,quand j’avais 9 ou 10ans, m’a aussidonné deslivressurl’évolution, puisun exemplairedu Voyage du Beagle,deCharlesDarwin. Ilne s’agissait pasd’une histoire sur la science, maisd’un document de première mainécrit par l’homme qui allait assem-bler le puzzle de l’évolution, alorsmême qu’il en réunissait les pièces.J’airéaliséqu’ils’agissaitd’unproces-sus social. Que ce gars ne savait passurquoiilallaittomber,ilaccumulaittoujoursplusdepreuvesetfaisaitdes
spéculationsaventureuses.Monpèrem’a alorsdonnéun livrequi mettait en scène la controverseDarwin-Wallace, qui montrait com-ment Darwin s’était assis sur sadécouvertependant des années, jus-qu’au moment où il avait reçu cettelettre de Wallace qui disait: «Je croisavoirdécouvertcettechoseimportan-tequipourraitvousintéresser.»Pour-quoi Darwin avait-il attendu aussilongtemps? Pourquoi voulait-il sehâter désormais? Je devais avoir10ans, et pour moi, c’est devenu undramehumaindepremièremain.Cen’étaitpas abstrait, maispersonnel.
Et, comme beaucoup d’enfants,j’étais fasciné par la nature, par unsimple cocon qui du jour au lende-mainlaisseéchapperunpapillonexo-tique: c’étaient mes deux premièrespassions,leslivreset lanature.
C’estce quivousa conduità l’uni-versitéde l’Illinois?Mon père avait une préférence
pour les sciences dures, plus repro-ductibles. Je me suis orienté vers laphysique.Lemodèlestandardenphy-sique,sibordélique,excitaitmonima-gination.Puisj’aieu uneconversion:je me sentais un peu claustrophobe,coincédansdespiècesdeplusenpluspetites à mesure que je me spéciali-sais,lorsquej’airencontréunmentoren classede littérature.
J’ai commencé à lire des romanstrèssérieusement, et celane m’apasparu très différent de l’histoire d’unjeune homme qui espère faire unedécouverte inattendue, qui esteffrayéde lafaçondont ellepourraitêtre accueillie par le public, tout enétantpoussé à avancerpar desques-tions d’ego. C’est le meilleurromanque vous puissiez écrire. J’ai
réaliséquelascienceétaitunematiè-rebrûlante.
Jeneparlepasdecequelesscienti-
fiques écriventpourasseoir leurcré-dibilité:ils doiventdiminuerla com-posante personnelle et se concentrersur la validité de leurs résultats. Ilsveulentgarderle drame horschamp.
Saufen findecarrière…En effet. Jacques Monod et James
Watson,parexemple,sesontréintro-duits dans le récitde leurs découver-tes, maisaprèsavoireu leprix Nobel.Face à cette dissonance cognitive, jeme suis dit : ne serait-il pas formida-blederemettredel’humaindanstoutça? Maisaussid’associer lascience etla technologie aux histoires humai-nes, domestiques, traditionnelle-mentréservéesà lalittérature.
Jedoispréciser unépisode.A l’uni-versité de l’Illinois à Urbana-Cham-paign, en 1975, il y avait un systèmeinformatiquetrès en avance sur son
temps, dénommé Plato: cours enligne,courrierélectronique,écrantac-tile, jeuen réseaux,dontjeme gavais
des week-ends entiers. Puis les pre-miersordinateurspersonnelssesontintroduits dans nos vies, et j’ai com-prisquecelaavaituneffetsurnoscer-veaux.J’airéaliséqueletéléphone,l’a-vion…toutes ces prothèsesont trans-formé l’humanité depuis toujours.Dans l’histoirerationnelle dela tech-nologie, nous perdons la meilleurepart: la façondont nous nousrepro-grammons pour penser que nousavonstoujoursété ainsi.
Donc onpeut réintroduiredesélé-ments dramatiques dans la science,maisonpeutaussiinjecterdelascien-ceetdelatechnologiedansleshistoi-reshumaines.
J’aisoudaincomprislesromansdeJaneAustend’unetout autre maniè-re,commeuneréactionàlatechnolo-giequidominaitson temps.
C’estle cœur devotretravail?C’est exactement la même chose.
Cela a commencé à m’insupporter
queleroman,quiestsupposéoffrirleregardleplusintimesurcequifaitdenous des humains, se limite à unepart très petite de l ’iceberg:deuxcorpsassisdansuncafé.
C’est en lisant des gens comme lesociologueBrunoLatourquej’aicom-pris que les humainssont des corps,plus toutes leurs actions, et toute latechnologie qu’ils emmènent dansleursillage.C’estce quileur donne leluxed’êtrecequ’ilssont.
Quand on lit la scène du fiacre deMme Bovary,celui-cifaitvraimentpar-tie de l’histoire. Ce n’est pas seule-mentune scènede sexe,maisla des-criptiond’unenouvelle forme devieprivée qui devient disponible, d’unnouveaumode de déplacementexci-tantàtraversletempset l’espace.
Mais, dès le départ, mes romansontété reçusparune voixqui disait:
«Ne nousparlez pasdes machines,deneurologie, d’intelligence artificielle.
Parlez-nousdes gens.»
Pourquoi cetterésistanceà la tech-nologie, à lascience?
C’est un vestige du romantisme.Au XIXe siècle, l’idée dominante est:jesuislemaîtredemondestin,lecapi-taine de mon âme. Il y a une part devérité, car le cerveause ressentcom-meuneâme.C’estpoétique,maisaus-sitragique,carc’estaussi uncerveau.Leroman romantique veutignorer lecerveauetflatterl’âme.
J’aiétécritiquépardesgensqui«tri-vialisent» ce que peut dire la sciencesurl’homme. JesuisaussiémuparlespinsonsdeDarwinqueparDarwinlui-
même.L’histoire humainese dérouleàdes échellessupérieuresà cellede lapersonne, mais aussi à des échellesinférieures.Pourmoi,celarendlemys-tère etle dramehumainsencoreplusgrands. C’est une matière dramati-que bien plus vaste qu’un mariageoularelationentrepèreetfils,quejenejugepastriviauxmaisquejeveuxporter dans d’autres cadres, etconnecter à des processus plus lar-ges.Pouravoirplusdefaçonsdecom-prendrenotre état.
Commentvoscollèguesscientifi-quesréagissent-ilsà vosromans?
Avec un certain amusement, del’intérêt et un peu de fierté. Ce fosséselonlequelvousdevezêtreintéresséoupar lesfaits, oupar lesgens, estentrain dese combler.Lesscientifiquesréalisent aussi que, bien qu’ils aient
réussi au-delàde leurs rêves les plusfousdanslacompréhensiondescho-ses,ilsontéchouédefaçoncolossaleàtransmettre la signification de cesdécouvertes au grand public. Il y aquelques jours, je roulais sur l’auto-route aux Etats-Unis, dans l’Indiana.Surle bord, ily avaitun énormepan-neau au bord de la route: «L’évolu-tionestla religion deSatan»…
Quand les climatologues enten-dent des politiciens dire que leréchauffementn’est pasréel, ilscom-prennent qu’ils ont échoué. Et c’esten partie parce que les scientifiquesontenlevél’humain de la science.Si,au lieu d’enseigner des faits empiri-ques indiscutables, ils avaient édu-qué le public sur l’aspect social de lascience, sur le fait qu’elle est aussiune histoire humaine, ils ne se leseraientpasaliénéà cepoint.
Considérez-vousque l’acte delirepuissechangerleschoses?Oui.Toutdépenddeslecteurs,lors-
qu’ils atteignent une masse critique,etmodifientleurcomportementindi-viduel: cela peut devenir un agentsocial très puissant. Voilà où je vou-lais en venir: tout le monde com-prend une histoire. Prenons lameilleurepartdelalittératureroman-tique, sa capacité à s’introduire dansvotrepoitrinepour saisir votrecœur,voustordre l’estomac.Il fauts’empa-rerdetouscesprocédéspourtransfor-merle débat nonen uneargumenta-tionintellectuelle,maisuneargumen-tationviscérale,au servicedu récit dece qui se passe réellement. Ce n’estpasuneapprochecognitive,maisunereconnaissance émotionnelle. Tantque nous ne les aurons pas réunies,nousn’auronspaslamaîtrisedenotreconditionhumaine. p
> SurLemonde. fr/sciences/ Retrouvezl’intégralitéde cet entretien.
RichardPowers
Livraison
CLAUDEGASSIAN
POUR«LEMONDE»
70123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 38/48
8 0123Mercredi12 juin2013 SCIENCE&MÉDECINE
Depuis une bonne quarantained’années (soit presque deuxgénérations), l’usage «récréa-tif»ducannabisnecessedecroî-
trerégulièrementdans lapopulationfran-çaise, avecdes âgesd’initiationde plusenplusprécoceschezlesadolescentsetmêmelespréadolescents.Parallèlementà ce phé-nomène, il existe un véritable lobbying,souvent inconscient, et très souvent detypebobo, etcertainsgroupesde pressiontendentà faire penserau grandpublicquelehaschichpourraitavoirdes vertusthéra-peutiques et que, de toute manière, il estbeaucoup moins dangereux que le tabacpourlespoumons etles artères,ce quelesadolescentsne manquentpas degober.
Mais qu’en est-il exactement? Quelssont les risques engendrés par le chan-
vreindien et quelles pourraient être sesvertus?
Les dangers sont nombreux. Il sembledésormais établique la consommationdehaschichdéclenchedesprocessuspsychoti-quesquin’auraientprobablementpasexis-té sans ce type de consommation. Cettecomplicationmajeure concerne probable-mentles sujetsdits vulnérablesd’un pointde vue génétique. Nous savons aujour-d’huiqu’unusageprécoceentraîneunplusgrandrisque,puisque10 % desadolescentsayantdébutéleurconsommationdecanna-bisdèsl’âgede15ansontprésentéuneschi-zophréniedanslesdix ansquiont suivi,etqu’ils sont nettement moins nombreuxquand la consommation ne débute qu’à18ans.Ceseuleffetsecondairedevraitsuffi-reà faire réfléchir,car laschizophrénieestl’undes drameshumainsles plusterriblesquisoient.
Ilestégalementdémontréquelesadoles-cents consommateurs réguliers de has-chich deviennent moins intelligents queles autres une fois devenus adultes. Lamémoireàcourttermeestdurablementetintensément perturbée chez l’adolescentqui consomme régulièrement.L’usage ducannabisprovoqueun désintérêtpourlesétudes,deséchecsscolaires,unarrêtducur-susscolaire… Heureusement, à ce stade etdans ce domaine, contrairement à la psy-chosequi estdéfinitive,lecannabisne créepasd’altérationsirréversibles.
Dépendance, isolement et retrait socialsont aussi constatés chez les plus gros
consommateurs. La ligne rouge estfranchie quand les jeunes se mettent àfumer seuls. La conséquence du retraitsocial,deladémotivation,del’échecscolai-reet professionnelest évidemmentle syn-drome dépressif que l’on voit régulière-mentapparaître.
Parallèlement,la fréquentationdes dea-lers,nécessairepours’approvisionner,aug-mente le risque de basculer dans desconsommations de drogues encore plusduresetdecôtoyerdesmilieuxpeurecom-mandables.
La consommationde cannabis, surtoutquand elle est associée à l’alcool, entraînepar ailleurs de grosses perturbations auniveau de la coordination motrice et aug-mente malheureusement considérable-ment le risque d’accident de voiture, ce
qu’ondéplorepresque chaqueweek-endàlasortiedesboîtesdenuit.
Enfin,lesconséquencessontpotentielle-ment sérieuses sur le plan médical. Laconsommation régulière de joints chezl’hommecontribueàunebaissedelafertili-té. Pendant la grossesse, la consommationde cannabis risque d’entraver l’activitécérébraledufœtus,retardantledéveloppe-ment du cerveau in utero, avec les consé-quencesque l’on peut imaginer.Et fumerducannabis entraîneclairementune aug-mentationdes risquesdecancer.
Qu’enest-ildesvertus?Ilsembleindiscu-table que l’usage du cannabis apaise l’an-xiétémaisauprixdeladépendance,laquel-
le est nettement plus importante et sur-toutplusdangereusequelesmédicamentstranquillisants qui, pourtant, ne sont pasdénués d’inconvénients.
Le lecteur doit comprendre que dessymptômes comme l’angoisse doiventêtretraités de manièrepsychologique, carl’organisme a tendance à devenir pares-seux: à force d’être soulagé par des pro-duitschimiques, quece soitl’alcool, lecan-nabis ou les tranquillisants, il n’imagineplus qu’il peut faire face avec ses propresmoyens.C’estcequ’onappellela dépendan-ce, qui engendre la tolérance ou nécessited’augmenter les doses pour obtenir lesmêmeseffets.
Demêmequenoussommescapablesdefabriquer nous-mêmes des médicamentsendogènesnaturelssemblablesauxanxio-
lytiques genreLexomil, Tranxène, Temes-ta,pourneciterquelespluscourants,notrecorps semontrecapablede synthétiserducannabis. Alors, de grâce, plutôt que derecouriràlachimiedesplantesoudeslabo-ratoires, apprenons ou réapprenons à lafabriquer nous-mêmes avec notre proprecerveau.C’estlégal,agréable,facileet…sansdanger!
La douleurest peut-êtrele seuldomaineoùl’usagethérapeutiquedu cannabispeutêtredéfendu.Il existedesrecherchessur ladouleur cancéreuse qui ont montré uneefficacité dans des cas où les antalgiquesconventionnels deviennentinefficaces.Et,malheureusement,quandonenestàcesta-dedelamaladie,devenirdépendantducan-nabisn’estpas vraiment unproblème!
Le débat lancé régulièrement par despolitiquesbobosetreprispardesjournalis-tes post-soixante-huitards est systémati-quement déformé par ce que les psychia-tres appellent la projection. Ces responsa-bles,ou soi-disanttels,n’onten généralpasde formation scientifique et raisonnentsurdes basesidéologiques,émotionnelles,électoralisteset surtouten fonctionde leurpropreexpérience,laquelleest biaisée,carle haschich actuel, qui peut contenir jus-qu’à22 % de tétrahydrocannabinol, princi-pepsychoactif ducannabis,n’a plus rien àvoir avec le joint de 1968. Pour informa-tion, celui de l’époque en contenait entre1% et5 % aumaximum.Cesbeaux espritsont(unpeu) fumé du« haschichlight» aucours deleur adolescence etne voientpas
oùestle problème.Poureux,iln’y apas eudeconséquences.Peut-êtreserait-ilbon delesinciter fortement à séjourner dansdesservices de jeunes schizophrènes afinqu’ilsvoientcequecettemaladiereprésen-te comme tragédie humaine, commegâchispourdesadosetleursfamilles,carlaschizophrénieest un cyclone, un tsunami,quiruine desvies entières…
Faire prendre ce genre de risque à desjeunes au nom de l’échec de la prohibi-tion me semble profondément irrespon-sable et surtout… totalement stupide.Finalement, peut-être qu’au fond le can-nabisa euchezeux plus d’effetsnéfastesqu’on ne pense!p
m a t h i e u v i d a
r d
l a t ê t ea u c a r r
é
d u l u n d i a u
v e n d r e d i
d e 1 4 h à 1 5 h
A v e c c h a q
u e m a r d i,
l a c h r o n i q
u e d e l a r é d
a c t i o n d u c a h i e
r
o n n e z v
o
r e i l l e s
l a s c i e n
c
LA VOIX
ESTLIBRE
franceinterfr
Le supplément«Science& médecine»publiechaquesemaineune tribunelibre ouverte
aumondedela recherche.Si voussouhaitezsoumettreun texte, prièrede l’adresserà
[email protected] Le haschichactuel,
quicontient jusqu’à
22% de principe
psychoactif, le THC,
n’aplusrien
à voir avec le joint
de 1968,quien
affichaitde1%à5%
LepsychiatrePatrickLemoinedénonceun«lobbyinginconscient» decertainspolitiquesetrelaisd’opinion,quitendàminimiserlesdangersducannabisetàencensersesvertusthérapeutiques
Shit,lebiennommécannabis!| t r i b u n e |
¶Patrick Lemoine
est psychiatre,directeurmédical internationalde
ladivision psychiatriedugroupe Clinéa.
Il est l’auteurde plusieurs
ouvrages dont«Le Mystèredu nocebo»
(OdileJacob, 2011).
GravitySpace, le plancher intelligent
SOURCE : www.hpi.uni-potsdam.de/baudisch/projects/gravityspace.htmlINFOGRAPHIE LE MONDE
Après les tablettes, les écrans ou les tables tactiles,voici un plancher de 8 mètres carrés avec lequelles personnes peuvent interagir par le seul faitde se déplacer dessus. Ce projet de l’universitéde Potsdam soutenu par Microsoft Research a étéprésenté à Paris lors de la conférence internationalesur les interfaces homme/machine (conférenceCHI) du 27 avril au 2 mai.Cette surface reconnaît les personnes qui s’y
déplacent et distingue si elles sont debout, assisespar terre ou sur un meuble. Le système sait aussi siles gens sont sur un pied ou sur deux et peut mêmeanticiper la direction du déplacementdes marcheurs.La détection repose sur une faible émission delumière sous le plancher due à la pression exercéeau-dessus par des humains ou d es objets. Selonles chercheurs, cette technique offre plusieursavantages par rapport à celles utilisant plusieurscaméras dans une pièce pour suivre ses occupants.Elle évite ainsi les problèmes lorsque des personnesse croisent. Les algorithmes sont aussi plus simplescar ils ne traitent que des objets à deux dimensions(les traces sur le plancher) au lieu de trois pour lesuivi par caméra. En guise de démonstration,l’équipe a montré qu’elle identifie plus de 99 %des empreintes si la marche est lente et 86 % despostures. Un jeu vidéo a aussi été contrôlé par ledéplacement latéral et d’avant en arrière du joueur.
Echelle non respectée
1. Le dispositif Le plancher tactile de 8 mètres carrés est fait d’un panneau d’acrylique
de 8 millimètres d’épaisseur, posé sur 34 millimètres de verre
et protégé d’une couche de silicone.
Dessous est installée une caméra permettant d’analyser la lumière
émise à cause du poids des objets ou des personnes sur le sol.
3. La détectionDes diodes envoient de la lumière infrarouge
qui est piégée dans la couche d’acryliqueà la manière d’une fibre optique. Lorsqu’un objet
appuie sur le matériau, les rayons lumineux
peuvent sortir du guide d’ondes et sont captés
par la caméra.
2. Les empreintesLa lumière diffusée sous le plancher fournit
des images représentant ce qui se passe en surface :
empreintes de pas, mains posées, meuble...
Douze millions de points de 1 millimètre carré chacun
sont ainsi analysés par les logiciels, ce qui permet
de savoir ce qui se passe sur le plancher.
Réflexion interne
CaméraCaméra
Plancher actif
Caméra
LED
Caméra
LEDLED
Plan
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 39/48
Ilparaîtloinletempsoùl’onsouriait enregardantle filmTanguy, l’histoirede ce trente-
nairequi nevoulaitpartirde chezsesparentsà aucunprix.Douzeansaprès,onneritplus.Dansunpaysoùletauxdechômagedesmoinsde25 ansdépasse25%,oùl’on neparvientà décrocherlesacro-saintCDIqu’à27 ans,lesjeunesontle plusgrandmalàquitterle nidfamilial.Et quandilsy parviennent,ils s’yréfugientsouventau moindrepépin.
Quecesoitpourlesaiderà selogerface à despropriétairestou-joursplus exigeants,à financerunepartiede leursétudesou àlessouteniren attendantque lemarchédu travailretrouveunpeude couleur,parents etgrands-parentssontdeplusen plus solli-cités. «Pour pallier uneéconomieenberneet unebaisseglobaledes
prestations sociales, la solidarité intergénérationnellejoue pleine-ment», confirmela sociologueClaudineAttias-Donfut, spécialis-tedes pratiquesd’entraide fami-liale.Dumoinspourceuxquile
peuvent.Car cettecapacité– ounon– desfamilles à s’érigercom-meun rempartfaceà lacriseren-forceles inégalitésau seindenotresociété.
Evidemment,cette générositése faiten majoritéà destinationdesdescendants maisaprès cinqansde conjoncturedéprimée,lestransfertsfinanciers au seindesfamilles s’accélèrent dansles fra-tries etenversles aînés.Ce phéno-mènedevraitmêmes’accentuer,lepouvoird’achatdes retraitésétantappeléà diminuer.Orcesontjustement euxqui, aujour-d’hui,jouentun rôlemajeur:parl’importance dusoutienfinan-cierapporté,bien sûr,mais aussiautempspassé à donneruncoupdemain, pourgarderles petits-enfants, parexemple.
Pourépauler unmembrede sa
famille, lessolutionssontlégion.Mais gare à nepas sedémunir,souspeinede devoirplus tardfai-reappelàses proches.Ilest ensui-teindispensablede respecterlesnombreusesrègleset subtilités.Sinon? Votregénérositérisquefortde créerdesbrouilles auseindela fratrie,qui ressurgirontimmanquablement.p
FrédéricCazenave
Ledernierrempart
é d i t o r i a l
Les copropriétairesdépensentpourmieux économiserLestravauxde rénovationénergétique sont
coûteux. Pourles financer, de nouvellestechniques émergent. I M M O B I L I E R | P A G E 3
Lespistespourpréservervotre retraite
Malgréla réforme à venir,il existequelquessolutionspour dopersa pension. R E T R A I T E | P A G E S 8 - 9
LesChinoispassent à l’artoccidental
Les collectionneurs ne s’intéressent plusseulement à Picasso. P L A I S I R S | P A G E 1 0
ELZODURT
Famille,jevousaideAfind’amortirleseffetsdelacrise,lesprochessontdavantagemisàcontribution.
Ilexistedenombreusesfaçonsdeseserrerlescoudesetautantderèglesàrespecterpouréviterdefuturestensions. P A G E S 4 - 6
TOUT DON À L’INSTITUT PASTEUR EFFECTUÉ AVANT LE
17 JUIN PEUT ÊTRE DÉDUIT À 75% DE VOTRE ISF 2013
Faire un don : www.aiderpasteur.fr - 01 44 38 92 35 - 25-28, rue du docteur Roux 75015 Paris
R É D U I S E Z V O T R E I S F
Cahierdu « Monde »N˚ 21273daté Mercredi12 juin2013 - Nepeutêtrevenduséparément
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 40/48
«Ma famille occupeuneparcel-leinconstructiblesituéeprèsdenotremaisonsur unterraincommunal.Nous y avonsconstruitun garagesans autori-sation. Peut-on considérerqueceterrainetce garagenousappartiennent?»
Sice terrainn’estpassituésurledomainepublicde la commu-ne,que votrepossession estconsidérée comme «continueetnoninterrompue,paisible,publi-que,non équivoqueet à titre de
propriétaire» (article2261ducodecivil)et quecette construc-tiona étéérigéedepuisplusdetrente ans,elle devrait fairepar-tiede votrepropriété.Toutefois,mieuxvautvous rapprocherdevotrenotaireafind’en obtenirlaconfirmation.
«Les années précédentes,j’aioubliéde déduirecertainesaidesde mesrevenus.Puis-jerattraperce retard?»
Enmatièred’impôtsur lereve-nu,la prescriptionfiscalecourtlestroisdernières annéesplusl’annéeencours. Vouspouvezétablirdesdéclarationsrectificatives,danslalimitedela prescriptionadmise,àconditiontoutefoisde pouvoirjus-tifierau fiscles élémentsdonnantlieuàuneréduction.
«Propriétaired’un appartementà Pariset d’unerésidencesecon-daire,quelsabattementspuis-jeappliquerpour l’impôt desoli-daritésurla fortune(ISF)? »
Vouspouvez appliquerun abat-tementde 30% survotrerésiden-ceprincipale.En revanche,larési-dence secondairene bénéficiepasde décote.
«J’aiquittémon amien luilais-santl’appartementque nousavionsachetéensemble. Enéchange,il meverse del’argent.Dois-jedéclarer cettesomme? »
Vousêtes tousles deuxindivi-sairesdu bien.Par conséquent,lessommesverséesparvotreamià lasuitede votreséparationsontassi-milablesà uneindemnitéd’occu-
pation.Celle-ci estobligatoire sil’undes deuxindivisairesuse etjouitdubien.Vousdevezladécla-rerdans lacatégoriedes revenusfonciers.Deux choixs’offrentàvous :opterpourlerégimeditdumicro-foncier,unabattementde30% estapplicablesurle montantdesrecettesbrutes(à condition
qu’ellesne dépassent pas15000eurosparan) oupourlerégimeréeld’imposition.Dans cecas,vouspouvezdéduiredecesrevenuslocatifs l’ensembledeschargesainsique leséventuelsintérêtsd’emprunts.
«Lors d’unedonationimmobi-lièredanslaquelleles enfantsdeviennentnus-propriétaires etlesparentsusufruitiers,le bien
entre-t-ildans lecalcul del’ISFdesparents?»
Lesbiensou droitsgrevésd’unusufruitsontcompris danslepatrimoinede l’usufruitier. Ilssontdoncsoumis à l’ISF pourleurvaleuren pleinepropriété.Ilexis-tetroisexceptionsà cette règle,maisquisontinopérantesdansvotresituation. Le nu-propriétai-ren’estpas assujettià l’ISF.
«Mon frèreme demande de luiprêterla sommede 4 000eurospour l’achat d’une voiture.Faut-ilrédiger un actenotarié?»
Pasforcément.Vouspouvez uti-liserun formulairede contrat deprêt(n˚2062) etl’adresserau plustardle 15févrierde l’annéesuivant
cellede la conclusiondu contrataucentredes impôtsdevotredomicile.Ce formulairemention-nela date,le montant,la duréeetlesmodalitésde remboursement.
«J’envisagede prendremaretraiteà l’étranger, touten gar-dantunpied-à-terre àParis.Apartirde quelmomentparle-t-ond’expatriation?»
Estconsidérécommerésident
fiscalfrançaisceluiqui possèdeenFrancesonfoyer(ousonlieudeséjourprincipal)ouqui y exerceuneactiviténon accessoire.Autre-mentdit,la Franceestle lieudontiltirelamajeurepartiedesesreve-nus.Sivousne répondezpas à l’undecescritères,vousneserezimpo-sableen matièred’ISFquesur vosbiensimmobilierssitués enFran-ce.Côtéimpôtsur lerevenu,toutdépendrade laconventionfiscalepasséeentrelaFranceet lepayschoisipourvotre retraite.p
Rubriqueréaliséepar
Marie-DominiqueDuboisavecla société CyrusConseil
> SurLemonde.fr D’autres réponses à la rubrique«Forum».
signé cagnat
«Jecomptelouermonappar-tementcetété.Dois-jeétablir uncontratdebail,etfaut-ildéclarercetteactivitéaufisc?»
La frondedes «pigeons»sembleavoirproduitses effets.Les mesu-resannoncéespar François Hollan-deen matièrede plus-valuesde
cessionde titresrépondentà leursatten-tes.La précédente réformede 2012avaitfaitl’effetd’unedouchefroidechez lesentrepreneurs.En imposantlesditesplus-valuesau barèmede l’impôtsur lereve-nusans abattementdignede cenom,lerisquepris parl’actionnairen’étaitplussuffisammentrémunéré.Le nouveaudis-positifcorrigele tir.Certes,le principed’impositiondes plus-valuesau barèmedel’impôtsur lerevenurestede mise.Maisilest ciseléde manièreà lerendreefficace,simple et équitable.
Efficace,car avecdes tauxd’impositionraisonnables,il devrait limiterla grognedesentrepreneurs,lephénomènedesdélo-calisationset l’exilfiscal.Simple,car ilsesubstitueà unekyriellederégimesd’impo-sition. Equitable,parce qu’ildistingue lesplus-valuesde courttermede celles delongterme,c’est-à-direla spéculationdel’investissement.Car cesont deuxrégimesquise substituentau précédentdispositif.Lepremier,de droitcommun,favorise l’in-vestissementdelong termeavecun taux
maximald’impositionde 33% au boutdehuitans. Lesecond,incitatif,tientcomptedurisque élevépris parle créateurd’entre-prise.Sontauxmaximals’établità 24%auboutde huitans.Reversdela médaille,cer-tainsrégimesdérogatoires,commeceluidesdirigeantsde PMEpartantà laretraite,disparaissent,ce quiest synonyme d’aug-mentationde leurtaxation.p
Entant quepropriétaire,vouspouvez louer librementvotrebien.
Maismieuxvautvousrenseignerauprèsde votrecommune. Certainesd’entreellesimposenten effetdes restrictionsetexigentunedéclara-tionenpréfecturesi vousne possédezpasle bienlouéà l’année.Uncontratdebailn’estpas obligatoiremaisil estlà encorevivementconseillé,afin d’y inscrirel’inventairedes biens.Concernant l’imposi-tiondesrevenus,si votre location vousrapportemoinsde 32600 eurosparan, cequi serasûrementvotrecas,vous relevezautomatiquementdurégimemicro-BIC.Lesrecetteslocativesdoiventêtrereportéesdansvotredéclarationde revenuset l’administrationcalculeraautomatique-mentunabattementde50 %.Vous serezaussisoumisaux prélève-ments sociauxau tauxde15,5%.p
Rédigeruntestamentnedoitpassefairelamortdansl’âme
f a m i l l e | Mystique,olographeouauthentique,cetacterestel’undesoutils
lesplusefficacespourorganiserla transmissiondesonpatrimoine
d r o i t f i s c a l
PhilippeBruneau Présidentdu Cercledes fiscalistes
ARGENT&PATRIMOINE f o r u m
Envisager sa mort ne se faitjamaisdegaîtéde cœuret,pour-tant, mieux vaut parfois pren-dre les devants. En l’absence de
testament, c’est la loi qui décide de larépartition des biens d’une personnedécédée entre son conjoint et sesenfants ou entre ses ascendants et sesfrères et sœurs, s’il n’y a pas de descen-dants. Un testament peut être rédigé àn’importequelâgeetiloffreunegrandeliberté à condition de respecter certai-nesrègles ducode civil.
Il permet de léguer un bien ou unesommed’argentà une personne de sonchoixouencorededésignerlapersonnequiprendrasoindesesenfantsencasdedécèsaccidentel.Il donneaussila possi-bilité de protéger son concubin ou sonpartenairepacsé.
Pourrappel, les concubinsn’héritentpasl’undel’autre etla donationau der-niervivantreste réservéeaux époux.Letestament permet donc d’assurer unminimum de protection pour l’autre.Pour le couple pacsé, cet acte est utilepour leur permettre d’hériter l’un del’autresansavoiràs’affranchirdedroitsdesuccession.
Lemoyenle plus simpleestdele rédi-ger seul: c’estle testament olographe. Ilsuffitde l’écrireà lamain surune feuilledepapier,deledateretdelesigner.Silestribunaux acceptent les formes les plusinsolites (rédigées sur une carte postale
ou sur un mur…), il est, en revanche,impossible d’enregistrer son testamentenvidéo.Ilne peutpasnon plusêtredic-téà untierssous peine denullité.
Afin d’évitertoute remise en cause, ilfaut être le plus clair possible dans sarédaction enprécisantquelbien onsou-haite léguer et en identifiant les diffé-rents légataires (nom, prénom, date denaissance).
Reste à savoir où conserver cet acte.Caché,ilrisquefortdeneserviràrien.Lemieux est de signaler sa présence à safamilleou à unepersonnede confiance.Rien n’interdit non plus de le confier àun notaire afin qu’il le conserve dansson cabinet ou qu’il mentionne, avecl’accord de son client, son existence aufichierdes testaments,leFichiercentraldes dispositions de dernières volontés,pourun coûtd’environ 30euros.
Pouréviterdefairedeserreurs,leparti-culierpeutaussi consulterun notairequiécrira le testament sous la dictée (il estalorsauthentique).Ledocument,quicoû-teraentre 150et 200euros, seraétabli enprésencede deuxtémoins oud’un autrenotaire. Avantage: sa validité juridiquenepeutpas êtrecontestée.
Dans certains cas (reconnaissanced’un enfant naturel, souhait de retirer àsonconjointlesdroitsd’habitationsurlarésidence principale…), un testamentauthentique est obligatoire.Lorsqu’onvit à l’étranger ou qu’on y possède desbiens, ilest conseilléde rédigerun testa-mentinternationalqui peutêtreécritenplusieurslangues.
Rarementutilisé,le testamentmysti-que consiste à remettre à son notaireunelettreferméeafin degarder sesder-nièresvolontés secrètes.Le touten pré-sence de deux témoins. Son efficacitéjuridique peut néanmoins être facile-ment remise en cause car les erreurssontfréquentes:unoublidedaterletes-tament, unnon-respectde laloi endés-héritantun de sesenfants…
Quelleque soitsa forme,le testamentpeut être modifié ou annulé. En cas dechangementmajeur,ilfaudraen rédigerun nouveau. Sinon, un autre documentpeut être ajouté dans les mêmes condi-tions que le testament initial, qui doitêtreécrità lamain,datéet signé.p
Pauline Janicot
Taxationéquitable
P O R T R A I T D E P H I L A N T H
R O P E
NoémieAmisse de Goÿs
Philanthrope précoce
Des savons au beurre de karité de emmes maliennes, àl’enance déavorisée en passant par le commerce équitable,Noémie Amisse s’est très tôt sensibilisée aux enjeux dela solidarité (junior entreprise, bénévolat, stage).En 2009, elle vit avec sa amille -d’origine modeste- unséisme positi : la ténacité et le courage entrepreneurialde son père sont récompensés par la vente à prix ortd’une toute jeune entreprise. « C’est quelque chosed’incroyable qui nous est arrivé. Nous savions ce quec’est que de ne pas avoir d’argent et à quel point c’est dur d’en gagner ».Noémie, actionnaire de l’entreprise paternelle, a alors29 ans, un premier enant, et des moyens fnanciers iné-dits pour elle. Six mois plus tard, le premier acte signif-cati qu’elle pose avec cet argent est la création de laFondation Amisse, qui vise le soutien de coopérativesde emmes dans des pays en développement : « d ans lacontinuité de notre histoire, je voulais aider des gens qui
s’aident eux-mêmes par le travail ». Depuis, une dizainede coopératives agricoles de emmes, concernant autotal environ 500 emmes en Arique ou en Amériquelatine, ainsi que des emmes ragilisées en France, ontreçu son soutien pour un total de 50 000 € .Cet engagement répond à un enjeu personnel de sens :« La vie est difcile, tendue… moi j’ai besoin de merecentrer sur quelque-chose porteur de sens pour moi».
Fondation de France :le cadre idéal de votre philanthropiewww.fondationdefrance.org
Afin d’éviter
toute remise
en cause,il faut être
le plus clair possible
dans la rédaction
2 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 41/48
30123Mercredi12 juin2013
conservateur.fr
*Taux de rendement 2012 du fonds en euros net de frais de gestion annuels et brut de prélèvements sociaux. Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir.Conservateur Helios Sélection est présenté par Les Assurances Mutuelles Le Conservateur, société d’assurance mutuelle régie par le Code des assurances.AdressePostale: CS41685-75773ParisCedex.SiègeSocial:59 ruedela Faisanderie- 75116Paris-Tél: 015365 7231 -Fax: 015365 8600- www.conservateur.fr
Encore l’un des meilleurs taux du marché
Toujours aussi performant
Souplesse des offres
Conseil et suivi personnalisés des projets
Expert depuis 1844
Grand Trophée d’Or 2013 Le Revenu
C’EST UN PLACEMENT INTELLIGENT
D o c u m e n t n o n c o n t r a c t u e l à c a r a c t è r e p u b l i c i t a i r e .
CECIN’ESTPAS QU’UN TAUX
Assurance vie ConservateurHeliosSélection3,75%*
i m m o b i l i e r ARGENT&PATRIMOINE
Larénovationénergéti-que des copropriétése s t d a n s l ’a i r d u
temps.Objectif:limi-ter les émissions degaz à effet de serre
qui résultent d’habitations malisolées, tout en réalisant des éco-nomies. Une grande partie descharges s’explique en effet par laconsommationde chauffage.
Mais le montant des travaux àréaliser dans des immeublesconstruits avant 1980 se chiffreparfois à plusieurs centaines demilliersd’euros.«Pourquelaréno-vationthermiquesoit efficace,elledoit s’intégrer à une réfectionnécessaired’une façade, d’unetoi-ture ou lors d’un changement dechaudière», prévient BrunoDhont,directeurgénéral del’Asso-ciationdesresponsablesdecopro-priété (ARC).
Pourfinancer cestravaux,il estpossibledepuis mi-maide setour-nervers lesétablissementsde cré-
dit ou les banques qui proposentdesprêts spécifiques.En revanche,leprêt à tauxzérocollectifpromis
de longue date par les pouvoirspublicsse faittoujours attendre.
Constitutiond’unecagnotteA condition de négocierun bon
taux etde ne pas payer des hono-rairesdesyndictropsalés,cefinan-cementvotéenassembléegénéra-le(maisqui nes’imposepas à tousles copropriétaires, certains peu-ventpréférer payercomptant)estune piste à envisager. Une solu-tion complémentaire consiste àutiliserles certificatsd’économiesd’énergie. Il s’agit de revendre àdes fournisseurs (EDF, GDF…) leséconomiesgénérées à la suite destravaux dans l’immeuble. «Les
prix d’achat sont compris entre 2,50 et 4 euros par kWh. Cette sour-ce de revenus peut représenter de
15 % à 30 % du coût des travaux »,avance Bruno Dhont. Facultative,la constitution d’une cagnotte
pourdegros travauxpermetde sepréparer à ces lourdes dépenses.L’ARCplaidepour lamise enplace
d’un fonds obligatoire, «qui seraitabondé pendant au moins quatreansavantdelancerdegrandschan-tiers». Certaines copropriétés ontd’ailleursdéjàadoptécettediscipli-ne d’épargnerégulière.
Enfin,la constructiond’unétagesupplémentaireà l’immeublepeutêtreunebonnealternative,àcondi-tion quele planlocald’urbanismel’autorise.C’est ce qu’envisage unecopropriétéde120lots,situéeàBou-logne-Billancourt.Avec la créationdeces250m2, ellevendratroisnou-veauxappartements,cequiluiper-mettra d’autofinancerdes travauxévalués à 800000 euros.
Sivotreplande financementestbouclé,vous n’êtes pas au bout devos peines. Vous devrez encoreaffronter la lenteur des prises dedécision collectiveset la résistancedecertainsbailleurs.p
LaurenceBoccara
Source : Observatoire Crédit Logement-CSA
2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 Mai
2,97
4,67
Lestaux descrédits immobiliers à leur plus bas niveauhistorique
Tauxd’intérêtmoyen, au premiertrimestre, en%
0
1
2
3
4
5
6
Les tauxd’intérêtdes créditsimmobiliersaccordésaux particu-liers parles banquesen France ontatteinten maiun nouveauplusbasniveauhistoriqueà 2,97%,selonuneétudede l’Obser-vatoirecréditlogement/CSApubliéele 3juin.Cestauxreculentdepuisjanvier2012,ce quiincitedenom-breuxparticuliersà renégocierleurcréditen cours.L’institutattribuenotammentcettenouvellebaisseà lavolonté deséta-blissementsde créditde soutenirl’activité d’unmarchéen for-te contraction.
e n b r e f
Lebonexemple
Malgréunebaisseamor-cée il y a maintenanttroisans,lesprixdelapierre restent élevés
dans la huitième agglomérationfrançaise. Le tarif moyen à Mont-p e ll i er t ou r ne a u to ur d e2700euroslem2,selonMeilleursa-gents.com. De quoi inciter lesménagesàresterlocataires,etsou-tenir la demande dans une villequi accueille plus de 60000étu-diantspar an.
Lequartierde l’Ecusson, centre-ville ancien, reste une des valeurssûres. Encore faut-il être sélectif,certaines copropriétés étant enmauvais état. Ce secteur séduittant les étudiants que les jeunesactifs, à la recherche d’un studiodans une rue calme. «Ils valententre 70000et 80000 euros et selouent entre 420 et 450 euros par mois», précise Benoît Jonquet, deCentury21Agence du Centre.
L’autre zone à prospecter estPort Marianne. Créé au début desannées2000,le quartier voitenco-redes constructionssortirde terre.Procheducentreet biendesservi,ilattirejeunes coupleset seniorscarles appartements disposent d’as-censeurs. Dans une constructionde belle facture, il faut compterentre 3500 et 4000 euros le m 2
pourun deuxou trois-piècesqui selouerajusqu’à800 euros.
Les secteurs construits danslesannées 1960 à 1980 affichent lesmeilleuresrentabilitésà Montpel-
liermais, depuis trois ans, ce sontceuxoù lesprixont leplus baissé.
Aunorddel’Ecusson,lequartierdeshôpitauxetfacultésséduitaus-
si les étudiants, à condition quel’immeubledispose de terrasse etparking et soit proche du tram-way. Au sud, à Saint-Martin, l’in-vestisseur se tournera vers lestrois et quatre-pièces à louer encolocation. «Un quatre-piècess’achèteautourde150000eurosetseloue à troispersonnesautourde
300 euros la chambre », préciseGuy Waterneaux, directeur del’agenceLe Pôlehabitat.
Les environs de la gare présen-tentleplusgrandpotentiel,notam-mentle secteurGambetta en plei-ne rénovation urbaine,qui devraitprofiter de l’arrivée de la cinquiè-me ligne de tramway à l’horizon2017. Il estcomposéde nombreuximmeublesanciens, dont certainssont entièrement à rénover. Leprixdesdeux-piècesoscilleautourde2500euroslem2 etils selouentà des jeunes couples entre 550 et600euros mois.
Lestarifssontsimilairesdanslesecteursudde lagare, autourde laplace Carnot et les logementsdevraientprofiterdelarénovationdu quartier Saint-Roch prévuepourlafin 2014.p
MariePellefigue
> SurLemonde.fr Les prix dum2 partouten Francedansla rubrique« Immobilier».
Lescopropriétairesd’un immeu-blede 107appartementssituérued’Aligre,dansle 12e arrondis-sementde Paris,ont décidéd’iso-lerleur bâtimentpar l’extérieur,dechanger les400fenêtresd’ori-gineet d’installer desrégulateursdechauffage.Coûttotaldel’opé-ration:800000 euros.Pourfinancer ces travaux,cette copro-priétéa obtenu200000eurosdesubventions (Ademe,région Ile-de-France,Villede Paris),aux-quelssesontajoutésquelquescréditsd’impôtset laventedecertificatsd’économiesd’éner-gie.Grâceau cumulde cesaides,ladépensepar copropriétaireestpasséede7300eurosà4300euros.Unefoisla réfectionréalisée,la factureannuelleéner-
gétiquede l’immeublea étédivi-séepardeux.
Port Marianne
L’Ecusson
Gambetta
Hôpitaux-Facultés
PlaceCarnotPlace Carnot
Gare
Saint-Martin
Eglise Saint-Roch
Estimation desprixmoyensparm 2àMontpellier,au 1er mai 2013
moins de 2 520€ 2 770 € 3 060 € 3 240 € et plus
Source : www.meilleursagents.com
1 km
Prix moyen 2 700€
AMontpellier,ilfaitboninvestirLafortedemandedesétudiants
etdesjeunesactifspermetdemaintenir
desrendementslocatifsattrayants
LescopropriétéssemettentauvertPourfinancerlesimposantstravauxderénovationénergétique,
dessolutionsoriginalessontmisesenœuvre
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 42/48
Entrelahaussedesprixdesloyers– ceuxdesstudiosontbondide45%endixans
à Paris–,l’allongementdes études etlesexigences toujours plus grandes despropriétaires, se loger relève du par-cours du combattant pour les jeunes.
Les parents sont donc souvent mis à contribution.Mais quelle que soit la solution envisagée, mieux
vaut prendre ses précautions pour éviter que cetteaide ne se transforme plus tard en conflit. Certains
parents envisagent parfois de louer eux-mêmes unstudio poury logerleur progéniture. Une mauvaiseidée. «Dans ce cas, l’enfant ne pourra pas bénéficier d’aideau logement,comme l’allocationde logementsocialeoul’aidepersonnaliséeaulogement», rappel-le Nathalie Couzigou-Suhas, notaire à Paris. De
plus,en cas de décès des parents, il n’a plus aucundroitde resterdansle logement.
Mieux vaut donc que l’enfant soit le titulaire dubail, quitte à ce que ses parents se portent caution.Mais làencore,cetactene doitpas êtreprisà lalégè-re: il les engage, puisqu’ils devront régler le loyer àlamoindredéfaillancedurejeton.Unrisqueacceptélorsquec’estunétudiant,maisquipeutêtreàl’origi-
ne de tensions si la caution est activée lorsqu’unenfant installé dans la vie active ne paie pas son
loyer. Gare aussi lorsque vous vous portez cautiondevotrefilsou votre fille et deson ami(e).Si le cou-ple se sépare et que votre enfant quitte l’apparte-ment, vous serez toujours caution solidaire de sonex. «Il estpossible,avec l’accorddu bailleur,de limi-ter la caution à la présence d’un des locataires dansl’appartement», indique Michel Dardy, directeurnational de la gestion de Century21. Encore faut-ilquele propriétaireaccepte,car celarevientpour luià prendreplusde risques.
Ilest aussipossible deverserune pensionalimen-taire qui pourra servir à régler une partie du loyer.Dans ce cas, les parents peuvent déduire cette pen-siondeleursrevenusà hauteurde 5698eurospar an.Mais ils perdent alors la demi-part fiscale liée à cetenfant,etce dernierdevrafairesapropredéclaration.
Loger gratuitementAutre possibilité,du moins pour les familles plus
aisées, loger gratuitementleur rejeton dans un bienappartenantauxparents.Maiscequiestsimplesurlepapier peut être source de conflit si un seul enfantbénéficie d’un tel avantage pendant de longues
années.Eneffet,ilest extrêmementfréquent,danscetypedesituation,quelerestedelafratriefassepartdesondésaccordlorsde lasuccessiondes parents.
Ils reprochent alors à leur frère ou à leur sœurayant été logé(e) gratuitement d’avoir bénéficiéd’une donation indirecte et souhaitent que cela soitrapportéà la successionet doncdéduitde la part luirevenant.Les notairessontrégulièrementconfrontésà ce type de conflit. «Sauf que la Cour de cassationamisunfreinà cesdemandes.Désormais,il faut prou-ver que les parents ont eu une intention libérale,c’est-à-dire une réelle volonté de donner, pour quel’avantagesoitrapportableàlasuccession.Danslaréa-lité, c’est très difficile à prouver», indique NathalieCouzigou-Suhas. La situationpeutcependant laisserungoûtamer.
Cela ne signifie pas qu’il est interdit d’opter pourcettesolution.Maismieuxvautlimitercetavantageàquelques années, par exemple durant les études.Vousrenouvellerezce genred’aideaux autres frèresetsœurs lemomentvenu.Et sivous mettezdurable-ment un bien vous appartenant à disposition d’unseul enfant, il est recommandé de prévoir un petitloyer–mêmesymbolique–afindecoupercourtàtou-terancœur éventuelle. Enfin,faut-ilrappeler l’impor-tance de la communication? Expliquer clairementvotre décision à tous les membresde la fratrie vouséviterabien desreproches.
A noter,les contribuables redevablesde l’impôtdesolidaritésurlafortune(ISF)peuventprofiterdecettenécessitéde logerun enfant pour réaliserune dona-tion temporaire d’usufruit d’un bien immobilier.Dans ce cas, les parents accordent la jouissance dulogement à leur rejeton. L’avantage est que celui-cisort de leur patrimoine imposable à l’ISF, car c’estl’usufruitier qui doit le déclarer. Or comme l’enfant
Aidersonenfantàquitterlenid, dépannerun frè-re ou une nièce, soute-nir un aîné: la familles’érige comme le der-nierrempartpour atté-nuerle chocd’unecrisequi n’en finit plus.
«Commeun piedde nez à l’individualisationcroissantedelasociétéetmalgrélafortehaus-se du nombrede familles monoparentales,lelien familial, déjà très fort, se renforce en ces
périodes économiques difficiles », expliqueRégisBigot,duCentrederecherchepourl’étu-deet l’observationdes conditionsde vie(Cre-doc). 78% des personnes interrogées dansl’édition 2013de l’enquête «Conditionde vie
etaspirationdesFrançais»réaliséeparle cen-trede recherchedisentpouvoir compter surl’aidede leurs proches.Etla moitién’hésiterapasàfaireappelàeuxencasdebesoin,contre42% en 2007, avant l’éclatement de la crisefinancière,souligne M.Bigot.
Davantage sollicitées, les familles répon-dentprésent.«Pourpallierune économie en
berne et une baisse globale des prestationssociales, la solidarité intergénérationelle
joue pleinement », confirme la sociologueClaudineAttias-Donfut,spécialistedesprati-quesd’entraide familiale.
En témoigne l’ampleur des transfertsfinanciers–simplescoupsdepouceoudona-tions en bonne et due forme– au sein desfamilles. «Leurmontantaquasimentdoublé aucoursdesdernièresannées,pourreprésen-ter aujourd’hui 4% du PIB. A cela s’ajoutentlesaidesen nature,comme letemps consacré
par les grands-parents à garder leurs petits-enfants», souligne Hélène Xuan, directricescientifique de la chaire Transitions démo-graphiques, transitions économiques de laFondationdu risque.
«Inégalités sociales»L’essentielde cette générosité estévidem-
mentdescendante.Avecuntauxdechômagede26,5%chezlesmoinsde25ans,lesprixstra-tosphériquesdeslogementset l’allongementde la durée des études, l’aide des parents etgrands-parents est devenue indispensable.
«En moyenne, les jeunes quittent le domicile familial à 23 ans, mais ils restent sous perfu-sion des aides de leur famille et de l’Etat jus-qu’àprèsde 27ans,âge dupremierCDI, expli-que Yaëlle Amsellem-Mainguy, chargée derechercheà l’Institut national de la jeunesseet de l’éducation populaire. Non seulementcettesituationestmal vécueparlesjeunescar ils ne sont pas autonomes, mais elle renforcelesinégalitéssociales.»
Même son de cloche à l’Union nationaledes associations familiales (UNAF), dont leprésident, François Fondard, note que prèsdes trois quarts des familles participent aufinancement de la vie quotidienne de leursenfants lorsque ces derniers font des étudessupérieures.
Avec la crise, ces échanges ont désormaistendanceà sefaireaussi auseinde lafratrie,pourépaulerun frèretouchépar lechômageouune sœurquidoitchangerde voiture.
Les besoins des seniors vont aussi allercroissant.Et passeulementen raisondu coûtlié à la dépendance, alors que déjà plus de4millionsdeFrançaissoutiennentunproche
en situation de perte d’autonomie. « Leniveaudeviedesretraitésvabaisseràl’avenir.Si,en plus, denouvellestaxesleurssont appli-quées, non seulement ils donneront moins àleurs descendants, mais ils les solliciterontdavantage, ce qui in fine pénalisera les jeu-nes», prévientMme Attias-Dufont.
Dusimpledond’usageà ladonationd’unesomme importante, d’un prêt notarié auxversementsréguliers de pensions, de l’achatd’unlogementencommunà larenonciationd’un héritage, les solutions pour assister unmembre de sa famille sont légion. Mais celane doit pas être fait à la légère. «Les parentsn’ont pastoujours consciencedes conséquen-cesque peutavoir leurgeste,aussinoble soit-il. Ils risquent de faire des erreurs qui éclate-
ront lors de la succession. C’est à ce momentquela jalousiedans unefratriese réveille.Lesressentispeuventêtreviolents»,metengardeMurielle Gamet, notaire chez CheuvreuxNotaires.Etlorsquetoutn’estpasréalisédanslesrèglesde l’art,l’aideapportéeà unprochepeut,un jour, seretournercontrelui.p
FrédéricCazenave
Faceàunecrisequis’éternise,lafamilleestdeplusenplussollicitée.
Denombreusesoptionsexistentpoursoutenirunproche.Maiscetactenedoitpasêtreprisàlalégère
Lafamille,ultime
amortisseursocial
ARGENT&PATRIMOINE d o s s i e r
AiderlesenfantsàprendreleurenvolDesprécautionss’imposentpouréviterque lasolidarité familialene setransformeencauchemar
ILLUSTRATION:ELZODURT
4 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 43/48
Bonsréflexes
AdopterlepetitdesonconjointLaseulesolutionpourmettreà l’abril’enfantde samoitié
n’estprobablementpasassujettiàl’ISF,l’opérationestdoublementbénéfique. Il estlogé gratuitement,pen-dant une durée prédéterminée –souvent dix ans– etlesparentsréduisent leurbase taxable,donc leurISF,durantcette période.
PremièreacquisitionLorsque l’enfant quitte le nid familial, les parents
peuventaussiêtretentésdel’aideràacquérirsonpre-mierlogement. La solutionla plusévidenteconsisteà réaliser une donation sous forme de liquidités, lui
permettantde se constituerun apport. Maisil existed’autres options.
Ilest ainsipossibled’acheterun bienen indivisionavec son enfant, qui l’occupera. Dans ce cas, chacunest propriétaire à hauteur de son financement réel,parexemple30% pourl’unedesdeuxpartieset70%pour l’autre. Dans ce cas, mieux vaut rédiger uneconvention d’indivision qui fixera certaines règlespour une durée de cinq ans. Des difficultés risquenteneffet d’intervenir encas dedécès duparent copro-priétaire,sapartdansl’indivisionentrantdanslasuc-cession. L’enfant se retrouverait alors de fait copro-priétairede sonlogementavec sesfrères etsœurs.
«Il est possible de prévoir un droit de préférencedanslaconventiond’indivision,afinque l’enfantpuis-seracheterprioritairementla partde sonparentdécé-dé au moment de la succession, explique Jean-Fran-çois Sagaut, notaire à l’étude Thibierge &Associés àParis.Uneautrefaçonestdeprévoirpartestamentquelapartdel’indivisionduparentseraattribuéeprioritai-rement à l’enfant concerné.»
La constitution d’une société civile immobilière
(SCI) est parfois avancée comme étant une bonneréponse.C’estcetteSCIdétenueparlesparentsetl’en-fant qui détient le bien. L’intérêt de cette opérationestqu’ellepermetde définir précisémentles modali-tés de fonctionnement grâce à des clauses spécifi-quesadaptéesàlasituationfamilialedechacun.Maiscontrairementà l’indivision, la SCI nécessitedes for-malités administratives à la fois longues et coûteu-ses. «Pourceuxquine veulentpasoune peuventplus
faire de donatio n, le plus simple e st de prêter de l’ar- gent à son enfant », indique Jean-François Sagaut.Dansce cas, les parents préservent l’harmoniefami-liale, puisque l’enfant est seul propriétaire de sonlogement.
Le prêt familial pour un montant important Sil’un de vos enfants vous sollicite pour acheter unappartement,maisque vousne pouvezpas donnerlamême somme à ses frères et sœurs, accordez-lui un
prêt. Seule obligation: si vous prêtez plus de1500euros,vousdevez établirune reconnaissance dedettequimentionnelemontantetladuréeduprêt,lesmodalitésderemboursementetl’éventueltauxd’inté-rêt. «Mieuxvaut enprévoirun, mêmeminimecommele taux de l’intérêt légal fixé à 0,04% en 2013, car celaempêche ensuite les autres héritiers de demander, le
jour de la succession, à réintégrer l’avantagefinancier (le prêt gratuit)», conseille Nathalie Couzigou-Suhas.La reconnaissance de dette doit être enregistrée à larecette des impôts. Il vous en coûtera 125euros, mais
cette formalité empêchera tant vos autres héritiersquel’administrationfiscaledefairerequalifierceprêten donationdéguisée.
Les intérêts devront être déclarés avec vos autresrevenus, et taxés comme tels. Il est aussi possible deprévoir que le remboursement ait lieu en une seulefois, au moment de votre succession. Dans ce cas, lemontantduprêtet desintérêtsseraimputésurlapartsuccessoralede l’enfantqui en a bénéficié.Si lessom-mesà rembourser sontfinalementplusimportantes,il devra dédommager les autres héritiers. «Le prêt
familial est un parfait outil de transmission différé, il permet d’aider l’un de ses enfants tout en conservantl’égalitéauseindelafratrie», résumePatrice Bonduel-le,notaire associéchez Michelez.p
AgnèsLambert
etMarie Pellefigue
Seportercautionpourun enfantlocataire,plutôtquelouerle bienàvotrenom.
Réaliserunedonationpouraiderunenfantàacheterunlogement.
Prêterdel’argentàunenfantplu-tôtqu’acheter aveclui.
Utiliserladonationtemporaired’usufruitd’unbien vousapparte-nant.
Etretransparentpouréviterdes disputesultérieuresauseind’unefratrie.
d o s s i e r ARGENT&PATRIMOINE
Source : Notaires de France
Si je donne à mon/ ma .. . Il/ Elle ne p aie a ucune taxe jus qu ’à ...
Donation : les abattements applicables en 2013
Enfant
Père ou mère
Petit-enfant
Conjoint ou pacsé
Frère ou sœur
Arrière-petit-enfant
Tout héritier handicapé*
Tout héritier majeur une somme d’argent**
Neveu ou nièce
100000 euros
100000 euros
31865 euros
80724 euros
15932 euros
7 967 euros
5 310 euros
159325 euros
31865 euros
Ces abattements peuvent s’appliquer plusieurs fois si chaque donation faite à la même personneest espacée de la précédente d’au moins quinze ans.(*) Sous certaines conditions. Cet abattement se cumule avec l’abattement personnel.(**) A condition que le donateur ait moins de 80 ans. Cet abattement se cumuleavec les autres abattements.
Même si vous élevezl’enfantde votremoi-tié comme le vôtre,aux yeux de la loi,
vous et lui êtes de parfaits étran-gers.Avotredécès,iln’hériterapasdevous,saufsi vousle couchezsurvotre testament. Mais,dans cecas,les biens transmis seront taxés à60%, après un abattement de1594 euros.Et sivousluiconsentezunedonation,ceprélèvements’ap-pliqueradèslepremiereurolégué.
Pourluidonnerautantde droitsqu’à vos enfants de sang, la seulesolutionconsisteà lancer unepro-cédure d’adoption simple. Pourcela,ilfautremplirplusieurscondi-tions: avoir plus de 28 ans, aumoins quinze ansde plusque l’en-fant, et obtenir l’accord de ses
deux parents biologiques s’il estmineur et le sien s’il a plus de13ans. Il faut aussi être marié, etnonpacsé,avec l’unde sesparentsbiologiques. Si toutes ces condi-tions sont réunies, votre enfantadopté aura les mêmes droitscivils que vos propres enfants,c’est-à-dire qu’il deviendra un devoshéritierslégauxetauraledroità une part réservataire sur votresuccession.
Il bénéficieradu barème favora-ble de taxation entre parent etenfants, si vous remplissez unecondition supplémentaire: vousdevezavoirsubvenusansinterrup-tion à ses besoins pendantdix ans(oucinqansdurantsa minorité).
Pourlancerlaprocédured’adop-tion,ilfautadresserunerequêteau
tribunal de grande instance devotre domicile. Si l’adoption estacceptée,votrenouvelenfantacco-leravotrenomau sien,maisle lienavec sa famille d’origine ne serapas rompu. «Une adoption simplemet en place une double filiation,car l’enfant hérite de ses parentsnaturels et adoptants» , précisePatrice Bonduelle, notaire associéchez Michelez. Le tout avec lamêmefiscalité.
Evidemment, cette décisionn’est pas à prendre à la légère carcette procédure est irrévocable.Votre enfant adopté conserveradoncdesdroitssurvotrepatrimoi-necommevos autresenfants,et cemême si vous divorcez de sonparent biologique.p
M.Pe.
Donation-partageousimple, lavraiedifférence
Aussi longtemps qu’unenfant n’est pas capabledesubvenirà sespropresbesoins, ses parents ont
le devoir légal de l’entretenir enfinançant son logement ou encoresesétudes.Cetteobligationsepour-suit jusqu’aumoment où le jeuneadultepeutassurersontraindevie.
Le fiscprévoit deuxpossibilitéspour atténuer cette charge. Toutd’abord, ilest possiblede rattacherl’enfant à son foyer fiscal jusqu’àses 25 ans s’il est encore étudiant.Cela donne droit à une demi-part
supplémentaire (une part entièreen présence d’au moins troisenfants)etdoncderéduirelemon-tant de son impôt. Ensuite, lesparents peuvent déduire de leursrevenus les sommes versées àleurs enfants,à condition biensûr
que celui-ci ne soit plus rattachéaufoyerfiscal.Touteslesdépensesde la vie courante sont autorisées(nourriture, frais d e soin,vêtements…) dans la limite de5698 euros par an. N’oubliez pasde conserver les différents justifi-catifs. Enfin, si vous hébergezvotre enfant, il est possible dedéduire un forfait de 3359 eurossansaucunepreuveà fournir.
Eviter les jalousiesSi lesentretenirrelèvede l’obli-
gation légale, la loi n’impose pas
dedépenserpoureuxdessommesidentiques. «Les parents ne sont
pastenus à un traitementégalitai-re envers leursenfantsconcernantle financement de leurs étudessupérieures ou de leurs noces»,explique Murielle Gamet, notaire
chezCheuvreux.Les sommes ver-séespourlesétudesà l’étrangernepeuvent donc pas être contestéesparles autres,à condition qu’ellesne soient pas excessives par rap-portauxressourcesou autraindevie des parents. Idem si l’un d’en-treeuxse marieet quela cérémo-nieestpayée parses parents.
Pour éviter les jalousies, il esttoujourspossiblederétablirl’équi-téauseindelafratrieàl’aided’unedonation-partage (l’enfant qui aétéavantagé doitnéanmoins don-nersonaccord)oud’untestament.
Encasdedivorce,celuiquivitavecl’enfant doit remplir cette obliga-tion au quotidien. L’autre y satis-fait en versant une contributionfinancière dont le montant estdéterminépar lejuge. p
PaulineJanicot
LointaineautonomieContrairementàuneidéerépandue,l’obligationalimentaire
nes’arrêtepasà lamajoritédel’enfant
La donation est l’un des moyens les plusefficaces pour aider ses proches. Maisavantd’y procéder, la personnequi don-ne doit prendre garde à ne pas trop se
démunir. «Nous vivons de plus en plus âgés. Or,lesbesoinsau momentde laretraite ouen casdedépendance sontlargement sous-estiméspar les
particuliers. En voulant à tout prix profiter desabattementsfiscauxdesdonations,certainesper-sonnes se fragilisent financièrement», prévientPhilippeBaillot,directeurdeBredBanquePrivée.
A condition donc de préserver son avenir, ilestpossiblede donner de l’argent à sesproches(enfants, petits-enfants, neveux ou nièces…)dans des conditions fiscales favorables quivarientselonleliendeparentéaveclebénéficiai-re.Ainsi,touslesquinzeans,unparentpeutdon-nerjusqu’à100000eurossans avoir dedroitsàpayeretunonclepeutverserjusqu’à7967eurosàsonneveuouàsanièce.
Acesabattementss’ajouteundonsupplémen-tairede31865eurosexonéréd’impôtssiledona-
teura moinsde 80anset quelebénéficiaire estmajeur. Si l’on veut aider ses enfants ou petits-enfants,la« donation-partage» doitêtreprivilé-giéecarellepermetdefigerlavaleurdesbiensaujour de la donation et assure l’égalité entre lesdescendants.
De petites sommes peuvent aussi être remi-ses de la main à la main, en liquide,par chèque
ou par virement bancaire, sans la moindre for-malité.L’inconvénient:ce donmanuel peutêtreàl’originedeconflitspuisque,commeunedona-tionsimple,il doitêtrerapporté à la succession.Etsisonmontantexcèdelapartquelaloiréserveà l’héritier,il pourra êtreréduit ouannulé.Plusavantageux:ilestpossiblededonnerdel’argentà l’un de ses proches à l’occasion d’un événe-ment précis comme un anniversaire, une fêtereligieuseoulanaissanced’unenfant.Contraire-ment au don manuel, ce geste sera considérécomme un présent d’usage qui échappe auxdroitsde donationet nesera paspris encomptedanslasuccession. «L’administrationfiscaletolè-re ces cadeaux, à condition que les sommes nesoient pasexcessives parrapportau patrimoinedeceluiqui offre. Lesjugestiennent comptede sasituation financière, de ses revenus ou de sontraindevie», précisePhilippe Baillot.
Pouraiderunenfantétudiant,uneautresolu-tion consiste à faire une donation temporaired’usufruit.Le principe?On conservelanue-pro-
priété d’un bien immobilier ou mobilier (parexemple un portefeuille d’actions) et on attri-bue le droit d’usage (perception des loyers, desdividendes…)à l’unde sesenfantspendantcinqou dix ans. «Passé ce délai, on peut récupérer la
pleine propriété du bien, ce qui évite de trop sedémunir», rappellePhilippe Baillot.p
P.Ja.
Réaliserunedonationn’estpasun acteanodincarcela peutcréer defuturs conflitsauseinde lafamille.Si lesdonations-partagesou simplesbénéficientd’untraite-mentfiscalidentique,cen’estpas lecas d’unpointde vuecivil.Unedonationsimplerequiertpeu deformalités: ilsuffit deverserunesommed’ar-gentà sesenfantsen ledéclarantà l’administrationfiscale.Maisattention, carcetypedeversementest considéré commeuneavancesur lapartd’héritage,dontlasommedevraêtrerevaloriséeà l’ouverturedela succession.Unbilanseraalorsréali-séafinde rétablirl’égalitéentre lesenfantssi celle-cin’apas étérespectée.Prenonsl’exempledeparentsquidonnentunesommeidentiqueà leursdeuxenfants.L’aînél’utilisepouracheterun bienimmobilieret lesecondla dépensepourréaliseruntourdumonde.Aumomentde lasuccessiondesparents,si lebienimmo-biliera pris dela valeur,l’aînédevraindemniserle globe-trotteurde lamoitiéde laplus-valuepotentiellequ’ilréalise sursonbien.Dequoifairegrincerdes dents…Mieuxvautdoncréaliser unedonation-partage.Certes, vousdevez passerdevantunnotaire,maisellepermetdefigerdéfinitivementla valeurdessommesau jourdeladonation.Aucundes enfantsnepourradonc contesterl’utilisationde celles-ci,niréclamerun quelconquedédommagement.Unedonation-partagepermet d’assurerlapaixdes famillesen réglantà l’avancelepartagedesbiensentresesdescendants.Ellepeutaussi êtreréaliséeen faveurde sespetits-enfants.
Source : Notaires de France
Montant taxable après abattement Taux
Barèmedes droits de donation
Moins de 8 072 euros
Entre 8 072 euros et 12 109 euros
Entre 12 109 euros et 15 932 euros
Entre 15 932 euros et 552 324 euros
Entre 552 324 euros et 902 838 euros
Supérieur à 1 805 677 euros
Entre 902 838 euros et 1 805 677 euros
5%
10%
15%
20%
30%
40%
45%
EN LIGNEDIRECTE(ENFANTS OU ASCENDANTS)
Montant taxable après abattement Taux
Inférieur à 24 430 euros
Supérieur à 24 430 euros
35%
45%
ENTREFRÈRESET SŒURS
Donnerdel’argentsansfaired’erreurCommentêtregénéreuxenprofitantdeconditionsfiscalesintéressantes
50123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 44/48
Lemandatdeprotectionfuturepouranticiper
D
onner à ses proches deson vivant n’est pas le
seul moyen pour lesaider.A condition de s’y
prendre en avance, il est possibledelesprotégeren casdecoupdur.
Renoncer à un héritage Depuislaréformedeslibéralitésde 2006,laloipermetàunhéritierderenon-cer à une succession afin qu’ellerevienne directement à ses pro-pres enfants. Il peut ainsi «passersontour».D’unpointdevuefiscal,les enfants qui bénéficient de larenonciation doivent payer unesomme équivalente à celle dontleur parent se serait acquitté s’ilavait accepté la succession.«Concrètement,lesbénéficiairesse
partagent entre eux un abatte-mentde100000eurosdontaurait
profit é leur parent , expliqueMurielle Gamet, notaire à l’étudeCheuvreux. Les droits de succes-sion sont calculéssur lapartreçue
parchacun, aprèsdéduction de cetabattement, avec des taux identi-ques à ceux qui sont appliquésentreparentet enfants.»
Prenons l’exempled’unpère quirenonce à un héritage de 200000eurosau profitdeses deuxenfants.C ha cu n d ’e ux a d ro it à50000eurosd’abattement,et ilssepartagent les 200000eurosqu’aurait eus leur père. Chaqueenfant sera donc taxé sur 50000eurosau barèmedesdroitsde suc-cessionentre parentetenfant.
Cette mesure est souple: ausein d’une même fratrie, unenfantpeutaccepterl’héritagedeses parents et un autre le refuserpour le laisser à ses propresenfants. Pour effectuer cettedémarche, il suffit de le signaler
au greffe du tribunal de grandeinstance du domicile du défunt.Précisons néanmoins que cechoix est irrévocable. «C’est unedécision importante qui doit êtremûrement réfléchie avant d’êtreréalisée,caril n’estpaspossibledemorceler sa part d’héritage pour n’en refuser qu’une partie. On yrenonce en totalité ou pas dutout», ajoutela notaire.
Rédiger un testament Ce docu-ment, quipeut êtrerédigéseul ouavec l’aide d’un notaire, permet
d’attribuer une somme d’argentou des biens à ses proches, ce qui
évite lessituationsd’indivisionetpermet d’assurer la paix desfamilles. Il en coûte 30euros defrais d’enregistrement au Fichiercentraldes dispositions de derniè-resvolontés,auxquelsil fautajou-ter environ 150euros de frais derédactionpar unnotaire.
Si l’héritage revient en prioritéaux enfants et au conjoint, unepartie(cequ’on appelle la« quoti-té disponible») peut être léguéedans un testament à la personnede son choix: un neveu, une niè-ce,un ami…
Transmettre en deux tempsUne donation graduelle ou rési-duelle signée devant un notairepermet de transmettre un biensuccessivementàdeuxpersonnes.Avantage de cette opération, celapermetde conserverun patrimoi-ne au sein d’une famille, en don-nant à un enfant, par exemple, eten prévoyant qu’à son décès, toutou partie du bien revienne à unepetite-fille.
La donation graduelle imposeau premier donataire (c’est à direcelui qui reçoit) de conserver lebien, afin de le transmettre enl’état au second gratifié.Alorsquedans le cas d’une donation rési-duelle,le premier peut utiliserouvendre le bien et, à son décès, lesecond donatairene récupèrequele solde restant. La donation rési-duelle est donc moins protectricepour le second gratifié, mais elleestnettementplus souple pourlepremier.
Fiscalement, la seconde trans-mission est taxée comme si elleavaitlieuentre ledonateurinitial
et le second gratifié. Ainsi, unedonation graduelle d’un père àson fils puis à la nièce du fils per-metà cette dernière debénéficierdes droits calculés sur la base dubarème grand-père à petite-filleetnononcleà nièce,quisontnet-tement plus avantageux. Bonussupplémentaire: les droits déjàpayés au moment de la premièretransmission viennent en déduc-tion de ceux à régler lors de laseconde.p
Pauline Janicot
etMarie Pellefigue
ARGENT&PATRIMOINE d o s s i e r
Signédevantun notaireou sousseingprivé,unmandatde protectionfuturedésigneàl’avanceunouplusieurstiersdeconfiancequis’occuperontde vousencasde problè-me.Dansune familleoùlamésententerègne,celapermetd’éviterà vosenfantsdesebrouilleret dedevoirpasserdevantle jugedesaffairesfamilialespournommerun
curateurouuntuteurquis’occuperadevos biens.«Il estpossiblededésignerunman-datairepour lagestionde sesbienset unautre pourlagestionde sapersonne.Ilspeu-ventfairepartiede lafamilleou nonet doiventcontresignerle mandatdeprotection futurepourprouverqu’ilsontacceptécerôle», expliqueRozennLeBeller, déléguéerégionaledesnotairesdeBretagne.Cemandatne semet enplacequele jouroùvousperdezvotre facultéet aprèsexpertised’unmédecinagréédésignépar lestribunaux.Précisionimportante:unmandatsignésous seingprivén’autoriselemandatairequ’àeffectuerdesactesdegestionet d’administrationdu patrimoine.S’ilestnotarié,lemandataireaaussila facultéde vendre lesbiensqu’il gèrepourvotrecompte.
SPéCIAL ISF 2013
Cette année encore, vous pouvez agir en faveur des
plus démunis touten réduisant votre ISF en faisant
un don à la Fondation Française de l’Ordre de Malte :
75 % du montant de vos dons sont déductibles.
³ Adressez votre don à :
Fondation Française de l’Ordre de Malte
42, rue des Volontaires - 75015 Paris,
et recevez un reçu fiscal à joindre à votre
déclaration.
³ Pour plus d’informations :
Contactez Gwénaëlle Balloux
au 01 45 20 98 07
ou consultez notre site internet
www.fondationordredemalte.org
75 % de déFISCALISAtIon,100 % de généroSIté !
Fondé il y a plus de 900 ans, l’Ordre de Malte est la plus ancienne des institutions caritatives.
Il déploie ses actions en France et dans le monde en faveur des populations marginalisées
par la pauvreté , la maladie , les conflits ou les catastrophes nature lles .
S
i la transmission entre parents etenfantsest largementrépandue,les
aides des descendants au profit deleurs aînés sont plus rares. Pour-
tant, l’allongement de la durée de vie et lerétrécissementdespensionsderetraiteobli-gentdeplusenplusdeparticuliersàs’occu-perde leurfamille, par le biaisde coupsdepouce ponctuels oud’aidesà se loger.Voiciplusieurs pistes pour assister vos seniorsdansles meilleuresconditions.
Aide alimentaire: pour les parentsaux faibles ressources Si vos parentsn’ont pas les moyens de subvenir à leursbesoins,vousêtestenus,entantqu’enfants,deles aider dansle cadre del’obligation ali-mentaire. Sachez qu’elle s’applique égale-mentpour vos beaux-parents(si vousêtesmarié [e] avec leur fils ou leur fille) et vosgrands-parents.Vous avezla possibilité dedéduirecette aide alimentairede vosreve-nus,et bénéficierainsid’unedéductionfis-cale. L’administration ne fixe aucune limi-te,maislemontantapportédoitêtreen rap-portavecvosressources,cellesdelaperson-ne que vous aidez et ses besoins. Vousdevez,en outre,pouvoirjustifiercette aide(relevésbancaires,chèques,factures…),quipeutservirau quotidien devos proches,aupaiementduloyerd’unemaisonderetraiteoude fraismédicaux.
Si votre parent vit à votre domicile et netouchequel’allocationdesolidaritéauxper-sonnes âgées (9325,98 euros en 2012), vouspouvezdéduireforfaitairement(sansjustifi-catif) 3359 euros par an de vos revenus. Lemême montant de déduction est autorisés’ilvitchezvous,a plusde75anset neperçoitpas ladite allocation sans toucher plus de9325,98euros.Lorsquele totaldevos dépen-seestplusélevéquecettesommeforfaitaire,vous pouvezdéduirele montant exactde lapension versée, en justifiant des dépensesréalisées. Attention, ces aides ne sont pasconsidéréescommedesdettes,vousnepour-rez donc pas demander leur rembourse-
mentà l’ouverturede lasuccession.
Dons et donations: pas de récupéra-tion possible Uneautreoptionconsisteàfaire un don ou une donation à votreparent. A condition que ce don d’argentreprésenteunefaiblesommeparrapportàvotre patrimoineet corresponde à unévé-nement particulier(anniversaire, fêtereli-
gieuse…), il pourra prendre la forme d’unprésent d’usage. «A cetitre,iln’estpasrap-
portableà lasuccession et pasdéclarable au fisc », précise Rozenn Le Beller, déléguéerégionale des notaires de Bretagne. Unedonationestaussienvisageable.Ellebénéfi-cie des barèmes fiscaux d’une transmis-sionen lignedirecte. «Unenfantpeutdonctransmettre tous les quinze ans 100000euros en parfaite franchise de droits, lessommesdonnéesau-delàétanttaxéesentre
5 % et 45% », rappelle Nathalie Couzigou-Suhas,notaireà Paris. Pensezà aller décla-
rercette opérationau fisc pour luidonnerune date certaine et éviter les risques derequalification en donation déguisée.Etsachez que, dans ce cas également, lessommesdonnéesne sontpasrécupérablessur la succession. C’est-à-dire que lors dudécès de vos parents, vous ne pourrezdemander à utiliser l’héritage pour vousfaire rembourser. «A moins de faire unedonation notariée et d’inclure dans l’acteundroit de retourconventionnel,qui préci-sequesi leparentmeurtavant ledonateur,
ce dernier récupère son bien donné ou sadonation non utilisée», ajoute Nathalie
Couzigou-Suhas.
Accorder un prêt: pour préserverl’égalitéentrehéritiersSivousnesou-
haitezpasfairededon,accordez-luiunprêt.A condition de signer une reconnaissancededetteetderespecterdesobligationsléga-les,vousdétiendrezune créancesur la suc-cession et récupérerez vos fonds avant lepartage du patrimoine, si les sommes prê-téesn’ontpasétérembourséesenintégrali-té par votre parent avant son décès. Alorsqu’en cas de donation, vous devriez parta-ger le reliquat des sommes non dépenséesparvotreparentavec vosfrèreset sœursetvousseriezmêmetaxédessus.
Aidepour se loger: allier don et opti-misation fiscale Si vous disposez d’unbien immobilier, vous pouvez y logervotre parent gratuitement. Attention, sivous ne lui faites rien payer ou si le loyerest nettement inférieur au prix du mar-ché,vous nepourrezplus déduireles char-ges (intérêts d’emprunt, taxe foncière,assurance…) liées à ce logement. Le risqueest que l’administration fiscale vous taxesur un revenu fictif correspondant auloyerde marché. L’autresolution consisteà réaliser en faveur de votre parent unedonationviagèred’usufruitd’unbienloca-tif, tout en gardant la nue-propriété. Ilpourra alors toucher les loyers ou habiterlelogement,etcebiensortiradevotrebasetaxable à l’ISF, puisque c’est l’usufruitierquidoitréglercetimpôt.p
MariePellefigue
TrèschersaînésLesbesoinsdesseniorsvontcroissant.Pourlessoutenir,lafamilledispose
d’unepalettedesolutions.Maisgareauxdommagescollatéraux
Assurance-vie,uncoupdepoucedifféré
Avecune donation,
vous ne pouvez pas
utiliserl’héritage
pour vousfaire
rembourser
Lorsqu’ils’agit de préparerl’avenir,l’assurance-vieprendtout sonsens.Elle
peutparexempleêtreutiliséepoureffectuerune donation inter-générationnelleau profitdespetits-enfants.«Avec l’allonge-mentdeladuréedevie,onhéritetardivementde sesparents etc’estdoncunebonneidéedesauterune
générationpour aiderses petits-enfantslorsqu’ilsen ontbesoin»,juge PascaleBaussant, conseillèreengestiondepatrimoineà Saint-Germain-en-Laye. Ilsuffit alorsdeleurfaireunedonationet del’ac-compagnerd’unpacteadjointquipermettrade dirigerl’argent don-néversun contratd’assurance-vie.Le toutenessayantderespec-terl’équité entretous.
Cepactepermetausside pré-voirdes clausesd’indisponibilité,parexemplejusqu’à23 ou25 ans,pouréviterque lejeune,devenumajeur,flambelecapital.Unpas-sageparle notairen’estpas obliga-toire,maisrecommandé.Ilnefautpasen effetdépasserlaquoti-tédisponible, c’est-à-direle mon-tantdontvouspouvezdisposerlibrement,souspeinede voirles
héritiersréservatairescontestercettedonation aumomentde lasuccession.
Autrepossibilité offertepar l’as-surance-vie: organiserla trans-missiond’uncapitalaprèssondécès,sans êtresoumis auxrèglessuccessorales.
Pourrappel, l’assurance-vien’estpas rapportableà lasucces-sion. Lecapitalpeutalorsêtrepré-vupourla oules personnes devotre choix,par exemplelespetits-enfants, maisaussi unmembreéloignédela familleetmêmeunepersonnequi n’auraitaucun liendeparenté.
«Si l’assurance-vieest utilisée pouraider une personneen parti-culier,il estconseillédesouscrireuncontratspécifiqueparbénéfi-ciaire, poursuitMme Baussant. Ain-si,la personnedésignée n’aurapasà attendrel’accorddes autresbéné-
ficiairespour recevoir le capitaletcesera plusdiscret.» Leshéritiersneserontpas forcémentinformésdel’existencede cecontratetlafamillen’aura pasle loisirde sedéchirerautourde cegestedegénérosité.p
EricLeroux
Aider,c’estprévoirBonnombrededispositionspermettent
d’assurerl’avenirdesesproches
6 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 45/48
Des op tions pour personnaliser
son contrat
3 formules De gest ion aDapt éesà c haque p r o je t p at r imo nial
A S S U R A N C E V I E C A C H E
M I R E( 1 )
s o n c ap i t al
D e s g ar an t i e s p o u r p r o t é g e r
36 39 (2) labanquepostale.fr (3) bureaux de poste (4)
(1) Selon les conditions et limites définies dans la notice d’information du contrat Cachemire. (2) 0,15 € TTC/min + surcoût éventuel selon opérateur. (3) Coût de connexion
selon le fournisseur d’accès.
(4)
En fonction des jours et des horaires d’ouverture. • Cachemire est un contrat d’assurance de groupe sur la vie souscrit par La Banque Postaleauprès de CNP Assurances et CNP IAM, entreprises régies par le code des assurances. • La Banque Postale – Société Anonyme à Directoire et Conseil de Surveillance aucapital de 3 185 734 830 € - Siège social: 115 rue de Sèvres, 75275 Paris Cedex 06 - RCS Paris 421 100 645. Code APE 6419Z. Intermédiaire d’assurance immatriculé àl’ORIAS sous le n° 07 023 424.Document à caractère publicitaire.
J’AI CHoISI lA bANqUEqUI ME pRopoSEUNE ASSURANCE VIE à MA MESURE
M & C S A A T
C H I . G A D
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 46/48
Laretraiteprogressive
1256
ARGENT&PATRIMOINE r e t r a i t e
FRANCKCHARTRON
DéfinitionLa retraiteprogressivepermetaux sala-riésquiontatteintl’âgeminimumdu départen retraitedecontinuerà travaillerà tempspartiel, tout enperce-vantune partiede leurpension.
ConditionsPoury prétendre,il fautavoircotiséaumoins150trimestreset justifierd’uncontratde travaild’unedurée aumaximumégaleà 80%d’untempsplein.
FonctionnementPendantla périodede laretraiteprogressive,lapersonnecumulesonsalaireet unepar-tiede sapension.Puisune fois qu’ellearrête définitive-mentdetravailler,la retraite estrecalculéepourtenircomptedes droitssupplémentairesacquis pendantcet-tepériodeà tempspartiel.
C’est lemontanteneurospar moisde lapensionderetraitemoyennetouchéepar lesFrançais(tous régimesconfondus)en 2011,selonlesdernierschiffres publiéspar ladirectiondela recherche,des études,de l’évaluationet des statistiques.
LerapportdelacommissionMoreau,quiseraremisle14juinaupremierministre,Jean-MarcAyrault,
demandedenouveauxeffortsauxFrançais.Pouraméliorersafuturepension,
ilexisteencorequelquesdispositifs.Maisilsnesontpasforcémentadaptésàtous
LespistespourmaintenirsontraindevieàlaretraiteNathalieCheysson-Kaplan
(avecMariePellefigue)
Les Français ne se font guère d’illu-sions. Bien avant la commande durapport Moreau, première étapevers une nouvelle réforme desretraites,ils savaientqu’ils seraientencore mis à contribution. Le
Conseil d’orientation des retraites n’a-t-il pasrécemment rappelé que le déficit du système
dépasserales 20milliardsd’eurosd’ici à 2020?Lesréformessuccessivesnesesont-ellespastra-duites par un allongementcontinu de la duréedecotisationetunebaisseprogramméedupou-voir d’achat des retraités? Ceux qui le peuventont donc tout intérêt à se préoccuper assez tôtdeleursfutursbesoins.Etheureusement,ilexis-teencoredessolutionsqui permettentsoitdeseprocurerdenouvellessourcesderevenus,grâceaux produitsd’épargne-retraite ou à l’immobi-lier, soitdegonflersa pensiongrâceà desméca-nismescommelerachatde trimestresou lasur-cote.Encore faut-il comprendre ces dispositifsaux nombreuses subtilités et s’assurer qu’ilssontadaptésà votre situation.
Etudierl’intérêtducumulemploi-retraite
Estimé à 500000, le nombre deretraitésactifsne cesse de progresser. Fin 2011, 311000retraitésdurégimegénéralcumulaientleurpen-sion de retraite avec un revenu provenant de
l’exercice d’une activité salariée. Soit 10% deplus que l’année précédente. Tendance identi-que chez les indépendants: le nombre de ceuxquiontreprisuneactivitéartisanaleet/oucom-merciale a bondi de 23% en 2011. Et encore, ceschiffresnereflètentqu’unepartieduphénomè-ne, car ils n’intègrent que des situations decumulauseindumêmerégime.C’est-à-direlors-qu’unretraité reprendune activitérelevant dumêmerégimequeceluiquiluiversesapension.
Dans ce cas, ce dispositif comporte descontraintes.Pour pouvoircumuler sans restric-tion ses pensions de retraite avec les revenusprocurésparlareprised’unenouvelleactivité,ilfaut, eneffet,avoirfaitliquidersa retraiteà par-tir de l’âge légal avec le nombre de trimestresrequispour bénéficierdu tauxplein. Autre pos-sibilité:attendre d’avoiratteint l’âge automati-quedu tauxplein(65ans progressivementpor-té à 67 ans pourles générations nées en 1955 etaprès).Sinon,leretraiténepeutpercevoirl’inté-gralitédeses pensionsquesouscertainescondi-tions,qui varientd’unrégimeà l’autre.
Le cumul « inter-régime » (par exemple, sivousétiez salariéet quevous retravaillezen tantqueconsultant)estplus souple. Vouspouvez,eneffet,cumulertousles revenusdevotre nouvelleactivitéavecvospensions,sansrestriction.Autreintérêt: les cotisations versées à votre nouveaurégimed’affiliationpermettentde constituerdenouveaux droits à retraite. « Mais ce dispositif,qu’il soit inter-régime ou intra-régime, n’est pas
forcément une bonne idée pour ceux qui sontimposésdanslestranchesles plus élevéesde l’im-
pôtsur lerevenu, carle gainprocurépar la reprisedel’activitérisqued’êtrefortementamputé »,sou-ligneLionelViennois,associéà Optimaretraite.
Avantages Cela permet de se procurer immé-diatementunesourcederevenussupplémentai-
reoud’améliorerlemontantdesafutureretrai-te,à conditionde changerde statut.Inconvénients Lesrèglesducumulau sein dumêmerégimesontcontraignantes :ilfautavoirfaitliquidertoutes sesretraites,de baseet com-plémentaires (avecdécote pourceux ayantcoti-sésurlatrancheCàl’Agircetpourlesmédecins).La fiscalitéest lourde,car vous avez deuxsour-cesde revenus.
Retarderl’âgededépartpourlimiterladécote
Si vous partez dès l’âge légal sans avoir ladurée d’assurance requise pour bénéficierd’une retraite à taux plein, votre pension seraamputée par l’application d’une décote. Sontaux dépend du nombre de trimestres qu’ilvousmanquesoit pouratteindre la duréed’as-surance requise pour bénéficier d’une retraiteàtauxplein,soitpouratteindrel’âgeautomati-quedutauxplein.C’estlasolutionlaplusfavo-rable pour vous qui sera retenue. S’il ne vousmanque que quelques trimestres, il peut êtrejudicieux de travailler un peu plus longtempsafin d’ atteindre le nombre nécessaire ou devous enrapprocher pour minorer letauxde ladécote. Si vous êtes loin du compte, et ne vou-lezpas subirde décote,vous n’avezpas d’autrechoixque d’attendrel’âgedu tauxplein.
AvantagesIlestpossibledereporterlaliquida-tion de sa retraite jusqu’à l’âge du taux plein,sans toutefois être obligé de continuer à tra-vaillerjusque-là.InconvénientsSivousn’avezpasd’autresour-
cede revenus, celavous oblige à travaillerpluslongtemps.
Bénéficierdelasurcoteentravaillantpluslongtemps
En2011,14,8%desnouveauxretraitésdurégi-me général ont profité d’une surcote. Dans lerégime de la fonction publique, ils étaientmême 29,5% à avoir fait liquider leur pensionavec une surcote moyenne de 235 euros parmois(55 euros dans le privé).Prévue dans tousles régimes de base, la surcote est attribuée àceuxquicontinuentàtravailleraprèsl’âgemini-mumde laretraitealorsqu’ilsont lenombredetrimestressuffisantpourobtenirle tauxplein.
Cette surcote est de 1,25% pour chaque tri-mestre supplémentaire travaillé depuis le1er janvier2009,sauf dansle régimedesprofes-sions libérales (la surcote est de 0,75% par tri-mestre supplémentaire). Résultat : un salariépercevantune retraite de base de 15000 eurosparan touchera62,5euros deplusparmoiss’iltravailleune annéede plus.
Aucunesurcoten’estapplicabledansles régi-mes complémentaires. «Mais le simple fait de
prolonger son activité permet de continuer àaccumulerdespointsdanscesrégimes.C’estinté-ressant pourceuxqui onteu uneprogressiondesalaire importanteen finde carrière,car cestri-mestres supplémentaires leur permettrontd’améliorer de manière significative leurfuture
pension », note Pascale Gauthier, associée aucabinetconseilen stratégieretraite Novelvy.
AvantagesUneannée travailléeen pluspermetd’améliorer sa retraite de base de 5 %, deux ansde10 %, et ainsi de suite. Touten acquérantdes
droitssupplémentairesdanslesrégimescomplé-mentaires.InconvénientsIls’agitd’unparisurvotreespé-rancede vieetsur lastabilitédela législation.Encas de décès précoce, vous aurez travaillé pourrien, mêmesi leconjoint en profitera indirecte-mentgrâceà lapensionde réversion.
Racheterdestrimestrespourunemeilleurepension
Dernière possibilité pour améliorer le mon-tantdevosretraites:racheterdestrimestrescor-respondant à des années pendant lesquellesvousn’avezpasoupeucotisépourvotreretraite.Ainsi, un rachat peut vous permettre de partirplus tôt, avec une décote moins élevée, voiresansdécotesi vouspouvezrachetertousles tri-mestres qui vous manquent pour bénéficierd’une retraite à taux plein (il est possible d’enracheterdouzeau maximum).
8 0123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 47/48
Profiterdesdispositifsderetraitede sonentreprise
la devise pour investir
Une gestion active,
c’est aussi l’art
de varier les ingrédients
pour obtenir un produit
qui garde ses qualités
longtemps.
Fidelity Patrimoine
10 0 %
Manque de visibilité, cycles économiques
plus courts ? Regardez mieux.Entre aversion au risque et opportunités à saisir,
soyez actis dans la gestion de votre patrimoine
en choisissant un partenariat de confance et de long
terme, une couverture réellement mondiale,
ainsi qu’une exibilité dans vos choix d’allocation d’actis.
FF-Fidelity Patrimoine est un onds d’allocation
international et exible, investi sur toutes les classes
d’actis (actions, obligations, monétaire et matières
premières). Il s’appuie sur la recherche propriétaire
mondiale de Fidelity, soit plus de 105 gérantset 180 analystes*.
www.fdelity.r
*Source : Fidelity, données au 31/12/2012. Fidelity ournit uniquement des inormations sur ses produits. Ce document ne constitue
ni une ore de souscription, ni un conseil personnalisé. Nous vous recommandons de vous inormer soigneusement avant toute
décision d’investissement. Toute souscription dans un compartiment doit se aire sur la base du prospectus actuellement en vigueur
et des documents périodiques disponibles sur le site Internet. Les actions ne sont pas garanties et peuvent donc perdre de la
valeur, notamment en raison des uctuations des marchés. Fidelity Funds est une société d’investissement à capital variable de
droit luxembourgeois (SICAV). Ses compartiments sont autorisés à la commercialisation en France.
Publié par FIL Gestion, SGP agréée par l’AMF sous le n° GP03-004, 29 rue de Berri, 75008 Paris. CP201307
Commencertôt
r e t r a i t e ARGENT&PATRIMOINE
Environ4 millionsde salariésdu secteurpri-véont accès àundispositifde retraiteauseinde leurentreprise.Pourtant,le montantdescotisationsverséesparles employeurssurles contratsd’assurance-retraitetendàreculer(–2 %en 2011). Lescontratsà presta-tionsdéfinies,c’est-à-direceux quigarantis-sentà l’avanceunniveaude retraiteprédéter-miné,constituaient jusqu’en2009le pilierdela retraitesupplémentaire.Ils sontparticu-lièrementtouchés,puisqu’ilsne représen-tentplus qu’unhuitièmedes cotisations,contrele tiers en2009.Lacriseéconomiqueainsique l’alourdisse-mentdela fiscalitéde cescontrats ontincitélesentreprises à lesrenégocier,voireà lesfermer,afinde réduireleurscoûts,expliquelaDrees.Mais c’estaussila concurrencedupland’épargne-retraitecollectif, le Perco,quiexpliquela désaffectiondesemployeurspourcescontrats.Ceproduitd’épargnesala-rialeesten effet plussoupleetil n’engage
pasnécessairementl’entreprise. Celle-cin’est pas,en effet,obligéede verserun abon-dement.Les chiffressontéloquents: lenom-bred’adhérentsà unPerco(1 250000au31décembre2012)a progresséde 40% en2011et de30% en2012.C’estleseulproduitd’épargne-retraitequi progresse.Il fautdirequele Percopermetd’épargnerde manièrequasiindolore,le salariéy affectant saparti-cipationet/ou sesprimes d’intéressement.Mieux,les conditionspour débloquersonépargneavantle départsont finalementasseznombreuses.C’est notammentpossi-blelorsde l’achatde sarésidenceprincipale.Enfin,il propose,enplusde latraditionnellesortieen rente viagèreaumomentde laretraite,la possibilitéde récupérerl’intégra-litéde soncapital,le toutsansêtre imposé.Dequoi séduirede nombreuxépargnantsallergiquesauxproduitsclassiquesde l’épar-gne-retraite, au fonctionnementnettementpluscontraignant.
Ceuxqui souhaitentse préparerun complé-mentde revenuspouraméliorerleurquoti-dienune foisà laretraiteontintérêtà s’yprendredebonne heure. Selonles calculsréalisésparOptimaretraite,pour obtenir
unerentemensuellede250eurosà 62ans:S’il commenceà 40ans,unparticulierdevraverser2 007eurospar ansurun pro-duitd’épargneretraite.S’ildébuteà 50ans,cettesommegrim-peà 5820euroschaqueannée.S’ilattend55ans, l’effortserabeaucoupplusimportantcar ildevraépargner10800eurospar an.
Attention, cette opération n’est pas intéres-sante si voussouhaitezjouerles prolongations.Si vous savez d’ores et déjà que vous allez tra-vailler jusqu’à l’âge du taux plein, passez votrechemin,puisqu’àcetâgeonvousaccorderaauto-matiquementletauxpleinquelquesoitle nom-brede trimestrescotisés.
Lecoûtdecerachatestaprioritrèsélevé.Pourunassuréâgéde 60ansen 2013,leprixd’un tri-mestre dans le régime général varie de3373euros à 4498 euros, selon le montant desrevenusprofessionnelsannuels.Mais la totalitédes sommes versées pour racheter des trimes-
tresestdéductibledevotrerevenuimposable,cequi allège d’autant plus sensiblement votreeffortfinancierquevousêtesfortementimposa-ble.Ilfaut aussitenircomptede l’impactquecerachatpeut avoirsur votreretraitecomplémen-taire. Sachant que cet effet n’est pas le mêmed’unrégimeà l’autre,voire d’unstatutà l’autre.
Dans le régime des salariés, par exemple, lesimple fait de racheter des trimestres dans lerégimede basevouspermetactuellementet aumoinsjusqu’à fin 2018d’améliorervos retraitescomplémentaires Arrco et Agirc, dans des pro-portions d’autant plus importantes que vousavezacquis unnombrede pointsélevédans cesrégimes. A côté de ce dispositif permanent, ilexistedes mécanismestemporairestrès avanta-geux réservés à certaines catégories d’assurés.«Jusqu’au31 décembre,les assurésaffiliésau RSI [régime social des indépendants] depuis aumoinsquinze ans et nés avant le 1er janvier 1960
peuvent racheter jusqu’à sept trimestres corres- pondant à des années civiles incomplètes anté-
rieuresà 2012 auprixde656 eurosle trimestre»,souligneBruno Chrétien,dirigeantde Factoriel-les,uncabinetdeconseiletdeformationenpro-tectionsociale.Dansle même esprit,undisposi-tif applicable jusqu’au31 décembre2015 permetauxprofessionslibéralesderacheterhuittrimes-tres correspondant à leurs deux premièresannées d’activité, avec un prix minimum de767euros le trimestre.
Avantages Celapermet de partirdès l’âge légaldela retraiteavec unemeilleurepensionoud’ac-céderplusrapidementaucumulemploi-retraite.Ledispositifoffreaussiuncoupdepoucefiscal,lemontant du rachatétantdéductibledes revenusimposables.Son rendementest imbattablepourlescadres supérieurs,qui ontaccumuléun nom-brede pointsimportants auprèsde l’Agirc.Inconvénients Il faut réaliser l’opération auplusprèsde sondépartenretraite.Sinonle ris-que de perte est élevé si la législation changeentre-tempsouencasdechômageenfindecar-rière professionnelle. Coût élevé et retour sur
investissement moins favorable pour les peti-tesretraites.
Mesurerl’impactdel’épargneretraiteindividuelle
Aen jugerparles chiffrespubliéspar ladirec-tionde la recherche, desétudes,de l’évaluationetdesstatistiques(Drees),lesdifférentsproduitsd’épargne-retraitesouscritsà titreindividuelpei-nent à trouver leur public. Fin 2011, 2,1 millionsde personnes détenaient un Plan d’épargne-retraitepopulaire(PERP),unproduitaccessibleàl’ensemble des futurs retraités quelle que soitleur profession. Les régimes réservés aux fonc-tionnaires et élus locaux (Préfon, complémentderetraite hospitalier,Fonpel…) ontattiré seule-ment 731000 personnes, tandis que 1,4 milliond’indépendants– artisans,commerçantset pro-fessions libérales – disposaient d’un contratd’épargne-retraiteMadelin.
Touscessupportsvous garantissent,à partirde l’âge de la retraite, un revenu régulier jus-
qu’àlafindevotrevieversésousformederen-te viagère. Certains, comme le PERP et le régi-me Préfon, permettent tout de même d’opterpour une sortie partielle en capital, à hauteurde20% dela valeurde votre contrat.Maisilnes’agit pas de produits d’épargne comme lesautres :une foisouverts, vousnepouvezpaslesfermer.Si vousavezouvertun contratMadelin,vousêtesmêmeobligédel’alimentertouslesans
de manière régulière. Et votre épargne est blo-quéejusqu’à l’heurede la retraite.
Avant cette échéance, vous ne pourrez faireaucunretrait, mêmepartiel, sauf danscertainessituations strictementencadréeset peuheureu-ses: findedroitsaux allocationschômage,liqui-dation judiciaire, invalidité, décès du conjointoudupartenairedepacs…Encontrepartiedetou-tes ces contraintes, ces supports sont assortisd’une forte incitation fiscale à l’entrée: durantvotre vie active, les sommes versées sur cescontratssontdéductiblesde votrerevenuglobalou de vos bénéfices professionnels, du moins
pourlescotisationsverséessuruncontratMade-lin. Cela vous permet d’alléger d’autant plusvotre effort d’épargne que vous êtes fortementimposé.Inversement, si vous n’êtes pas ou peuimposable, cette carotte fiscale ne présenteaucun intérêt. Ainsi la même somme de5000 euros verséesur un de ces supports vouspermetde payer 275eurosd’impôtsen moinssivous êtes imposé à 5,5% ; 1500 euros si vousl’êtes à 30% et 2250 euros si vous atteignez laplushautetranche dubarèmeà 45%. Cerisesurlegâteau :cetteéconomied’impôtn’estpasinté-grée dans le plafond global des niches fiscales,ramenéà10 000eurosà compterdecetteannée.
Mais, à la sortie, c’est l’effet inverse qui vajouer, car la rente est imposable dans les
mêmesconditions que vos pensionsde retrai-te et supporte en outre 8,4% de prélèvementssociaux divers: plus vous serez lourdementimposéetmoinsvotrerenteseraélevée.L’avan-tage fiscal accordé à l’entrée n’est donc vérita-blement intéressantque si, unefois à la retrai-te,votre tauxmarginald’imposition diminue.Cequi estgénéralementle cas, comptetenu dela baissedes revenus.
Avantages L’épargne-retraiteprésenteunavan-tage fiscalimportantpour lescontribuablesfor-tementimposés, qui,en plus, n’est pas comprisdansle plafondglobaldes nichesfiscales.Inconvénients L’épargne est bloquée jusqu’àlaretraite– sortieen renteviagèreuniquement.
Investirdans l’immobilierlocatif Investirdansunbienimmobilierdestinéàla
location est également une bonne formulepour se procurer des revenus complémentai-res.Principalintérêt:il n’estpas nécessaired’yconsacrerun effortd’épargneimportant.Vouspouvez financer votre acquisition à crédit enpartie,voireentotalité.Durantvotrevieactive,lesloyersversésparleslocatairesvouspermet-tront de rembourser votre emprunt, de sorte
quevotreeffortd’épargneseralimité.Puisunefoisle prêtremboursé,ils vouspermettrontdevous assurer des revenus réguliers. Avec, à laclé, la possibilité d’opter pour un des régimesen faveur de l’investissement locatif si vousêtesfortement imposé.
Par exemple, en investissant dans le neuf,vouspourrezopterpour lenouveau dispositif Duflot, qui permet de bénéficier d’une réduc-tion d’impôt représentant 18 % du coût devotre investissement retenu dans la limite de300000 euros répartie sur neuf ans. Si vouspréférezl’ancien,le régimeMalrauxvousdon-
ne droit à une réduction d’impôt égale à 30%ducoûtdestravauxplafonnéeà100000eurospar an,en contrepartie de la restauration com-plèted’unimmeublesituédansunsecteursau-vegardéoudansunancienquartierdégradé.Cetaux est de 22% lorsque l’immeuble est situédans uneairedemiseen valeurdupatrimoineou unezone deprotection.
Autre possibilité si vous ne souhaitez pasaugmenter vos revenus imposables durantvotrevieactive:acheteràcréditlanue-proprié-té d’un bien dont l’usufruit sera acquis pourune durée déterminée (15 à 20 ans) par unbailleur institutionnel. Pendant la durée de cedémembrement de propriété, vous ne perce-vrez aucunloyer. Cela vous permetdepayerlebien avec une décote importante et d’êtredéchargé de tous les tracas liés à sa gestion. Si
l’usufruitierest unbailleursocial,vouspouvezmêmedéduireles intérêtsde l’empruntde vosautresrevenusfonciers.
Puis,à lafinde lapériodede démembrement,vousrécupérezla pleinepropriété du bien, quevouspourrez alors continuer à louer ouvendresi vouspréférezdisposerd’uncapitalen vuedevotreretraite.
Avantages Unefois à la retraite,vous disposezde revenus complémentaires indexés au coûtdela vie.Inconvénients Durant la vie active, les reve-
nus fonciers sont lourdement imposés, àmoins d’opter pour un achat en démembre-mentde propriété.
OpterpourleviagerSi vous êtes propriétaire et souhaitez vous
assurerdesrevenusjusqu’àlafindevotrevie,uti-lisez le viager. Conclue entre un vendeur quihabitele logementjusqu’àsondécèset unache-teurquien acquiertla nue-propriété,ce typedeventeest uncontratde gréà gré.
Pour fixer la valeur viagère du logement,une expertise détermine son prix de marché,puis une décote est appliquée afin de tenircompte du fait que l’acheteur ne disposera dubien qu’au terme du contrat. Plus le vendeurest âgé, moins la décote est importante. Unefoisleprixfixé,ilestpartagéentreunesommeverséeimmédiatementparl’acheteuretla ren-te viagère mensuelle que touche le vendeur àvie. En général, la somme représente 30% du
prix, mais ce n’est pas une règle fixe : plus lasomme est faible, plus la rente viagère estimportante,et viceversa.
Si vous trouvez un acheteur intéressé parvotre bien, prévoyez dans le contrat de viagerune clef de répartition de toutes les dépenses(travaux, entretien, taxes…) entre vous et lui.Delamêmefaçon,n’oubliezpasdepréciserl’in-dice d’indexation de votre rente viagère, pouréviterdevoirvotrepouvoird’achatgrignotéaufildu temps.
Avantages Vous avez la garantie d’une rente àvieetde resterchezvousjusqu’àvotredécès.InconvénientsVoshéritiersne récupèrentpasle bien vendu en viager à votre décès. Parailleurs, lemarchéest restreint etconcentrésurl’Ile-de-Franceet la Côted’Azur.p
Pour les propriétaires,
le viager garantitune
rente à vieet permetde rester chez soi
Sources : Notaires de France et Notaires de Paris
1994 2000 2005 2011
1 200
Le viager, un marché confidentielNombre deventesparan
1 000
1 250
1 500
1 750
2 000
90123Mercredi12 juin2013
7/16/2019 Le Monde du Mercredi 12 Juin 2013.pdf
http://slidepdf.com/reader/full/le-monde-du-mercredi-12-juin-2013pdf 48/48
Il faut être patient, se dire
qu’on a tout le temps.»Edouard Malingue, qui aouvertdepuisdeux ansetdemi une galerie à Hon-gkong, a compris que les
acheteurschinoisneselaissentpasséduire si facilement. Si, au toutdébut,il leurproposaitdu Picasso,ila depuisvariésa programmationen offrant aussi bien des jeunesartistesasiatiquesquefrançais.Grâ-ce à ce mélange, il s’est attiré desacheteurs et a fait florès lors de laFoire ArtBaselHongkong,qui s’esttenuedu 23au 26mai.
Depuis quelques années, unedizaine de collectionneurs deChinecontinentalese sontmisà lapage occidentale. Sur Art BaselHongkong, l’un d’eux a ainsiemporté une toile de Georg Base-litz émanantde lagalerieberlinoi-seCFA.
Autre signe qui ne trompe pas:le collectionneur Zheng How, quidoitbientôtouvrirun muséeprivéàShanghaï,organiseenseptembreune exposition de Joseph Beuys.Autant l’univers du créateur alle-mandsembleéloigné despréoccu-pationsdesartisteschinois,autantil se rapprochede la nouvelleten-dance conceptuelle et performati-ve, et de la jeune génération, plusaufaitdes classiquesde l’Ouest.
«Les Asiatiques n’achètent pasSamsungparceque c’est coréen ou
Apple parce que c’est américain,ajoute Marc Spiegler, directeurd’ArtBasel Hongkong. Ils achètent
ce qui leur correspond.» Or, pour
les trentenaires qui ont fréquentéles prestigieuses universités occi-dentales comme Harvard, Prince-tonouOxford,c’estprécisémentlacombinaison des valeurs sûres del’Ouestet desartistes montants del’Est qui les attire. Issu d’unefamille de collectionneurs tradi-tionnels basés à Hongkong, l’avo-catHallamChowa ainsiachetédesœuvresde Jean-MichelBasquiat etd’AndyWarholpendantses étudesauxEtats-Unis.
AlanLo,cofondateurduclubpri-
véDuddell’sà Hongkong,a acquissa premièreœuvreoccidentaleen2011,une photode GilbertetGeor-ge.Celanel’empêchepasdesoute-nir les artistes émergents asiati-ques. «Lorsque j’achète de l’artchinois, je me pose beaucoup plusdequestions,carplusvousconnais-sez un sujet, plusv ous voulez aller loin par rapport à l’impact visuel
premier,précise-t-il. Il y a aussidesraisons financières. L’art chinoisn’est plus du tout abordable. Sivous comparez les carrières, leniveaudereconnaissance,lesexpo-sitions muséales, vous prenezconscience que certains artisteschinois n’ont comme annales quelesventespubliques.»
Ces amateurs éclairés restentencore des exceptions. FrançoisCuriel,présidentde Christie’s Asie,remarque ainsi que, dans les ven-tes de Hongkong, 65% des achats
des Chinois s’effectuent dans leur
art national. «Hors arts asiatiques,lesbijouxreprésentent22%, lesvins8% et les montres 5%, remar-que-t-il. Mais les collectionneurschinoiss’ouvrentà d’autres domai-nes et participent à nos ventes en
Europeet auxEtats-Unis.Ils étaient 31% deplus en2012 quel’annéepré-cédenteà s’enregistrer pour enché-rir dans nos ventes de Londres et
New York. Et ce, tout particulière-ment dans celles d’art impression-niste etmoderne, ainsi quelesmaî-tresanciens.»
Enjuillet2012à Londres,un col-lectionneur chinois a acquis untableau deRembrandtpour10 mil-lionsd’euros.Enmai,unChinoisdeHongkonga emporté pour8,3mil-lionsdedollarschezChristie’s Fem-me assise en costume rouge sur
fond bleu, de Picasso. Des grandsnoms,presquedes marques.p
RoxanaAzimi
Dans le sillage des émis-sions culinaires qui semultiplient comme despetits pains à la télévi-
sion, les arts de la table se taillentégalement une belle part sur lemarchéde labrocante.
Le plus gros morceau revient àla vaisselle: assiettes, plats etautres accessoires de service.Maisles habitudesonttendanceàchanger. «Les chineurs cherchentaujourd’hui à acheter des assiet-tes et uniquement des assiettes,
queje propose entre12 et 20euros pièce, note Alain Marignac, mar-chand spécialisé dans ce secteur.Sousl’influencedes restaurantsetdesémissionstélévisées,ilsserventdésormais leurs préparations àl’assiette, et ne veulent plus dessoupières et autre grandsplats deservice.»
Pour harmoniser une jolietable,les hôtes essaientde réaliserdes décors par thèmes: assiettesdécoréesd’oiseaux,de papillons,àdominantebleueourose…Lasitua-
tion est similaire pour les verres:«Jelesproposeàl’unité,oupardou-
ze ou six, précise le professionnel. Les service s complet s, avec lesminuscules verres à liqueur, sontmoins recherchés. Ces verres sonttrop petits, les acheteurs préfèrent
prendre les anciens verres à eau pourservir le vin.»
Vider la cuisine
d’un chefétoilé
Une autre tendance consiste àutiliser des timbales en argent
pourservirdel’eauenprofitantdela capacité du métal à garder leliquide au frais. L’argenterie estsans doute le secteur le plusconcurrentiel en ce qui concerneles pièces vintage: Russes, Japo-nais, Américains achètent de l’ar-gent massif. Les Français se tour-nent davantage vers le métalargenté, moins onéreux… Mais ilsn’hésitent pas à s’offrir des servi-ces originaux, «pour les petits
fours, les asperges, les glaces… Ces petitscoffrets quel’on s’offreà par-tir de 100euros font de parfaitscadeaux de mariage ou de baptê-me» , noteAlain Marignac.
Etcôtébatteriesdecuisine,gran-des casseroles et caquelons, l’en-gouement est également au ren-dez vous CatherinePonsorganise
Amundi Patrimoine.
Pour ceux qui décident de aireavancer leur épargnemême dans un environnement incertain.
Découvrez Amundi Patrimoine,le nouveau fonds du leader des solutions patrimoniales en France. Avecun objectide 5%annualisé* surun horizond’investissementrecommandéde 5ansminimum,AmundiPatrimoineviseà valoriservotrecapital dansla duréetoutenmaîtrisantles risques**. Sélectiondes meilleuresopportunitésd’investissement,adaptationpermanente auxmarchés: choisirAmundi Patrimoine, c’est choisirlemeilleur d’Amundiréuni enun seulonds.
Avec le leader des solutions patrimoniales, mettez votre épargne sur la bonne voie.
ARGENT&PATRIMOINE p l a i s i r s
Quelquesachatsrécents
LesChinoiss’essaientàl’artoccidentalEnmajorité,lescollectionneursdel’empireduMilieuseconcentrent
surdesœuvresasiatiques.Maisquelquesavertisn’hésitentplusàregarder
versl’Ouest.EtpasseulementpouracquérirdesRembrandtoudesPicasso
Février2011
TableaudeGiorgioMorandi,1,4millionde livressterlingchezChristie’sà Londres.
Juin2011Installationde FredSandbackà500000dollars,à ArtBaselàBâle.
Avril2013Bagueendiamantde11,39caratspour1,3millionde dollarschezChristie’sNewYork.
Mai2013SP234,deSterlingRuby,250000dollars, àArt BaselHongkong.
Lavaissellevintage
suscitelagourmandiseLeschineursredécouvrentvieuxverres,timbalesenargentetautrescasseroles
«SP234» (2013) deSterlingRuby, adjugéà 250000dollarsà ArtBaselHongkongfinmai.
STERLINGRUBY/HAUSER& WIRTH
10 0123Mercredi12 juin2013