Le projet EMILIA : laccès à la formation tout au long de la vie et la lutte contre lexclusion La réhabilitation cest maintenant !, 5e colloque de Réh@b

Le projet EMILIA : l’accès à la formation tout au long de la

vie et la lutte contre l’exclusion La réhabilitation c’est maintenant !, 5e colloque de Réh@b

Atelier : pratiques de la réhabilitation

Versailles, 14 mars 2008 Emmanuelle Jouet, docteur en sciences de l’éducation,

Chargée de recherche du projet EMILIA

laboratoire de recherche de l’EPS Maison Blanche,

Tim Greacen, Directeur du laboratoire de recherche de l’EPS Maison Blanche

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Plan de la présentation

Le projet EMILIA : L’accès à la formation tout au long de la vie et la lutte contre l’exclusion

1. Emilia : la recherche

2. Emilia : l’intervention à Paris

3. Quelques considérations d’une chercheuse en sciences de l’éducation qui découvre le monde de la psychiatrie

4. L’USAGER-EXPERT : stratégies de formation mises en place pour s’appuyer sur les compétences acquises dans le parcours de soins dans une démarche de réinsertion sociale

6. Impressions de cette même chercheuse en sciences de l’éducation 18 mois plus tard

7. Conclusion : la suite ?

Que signifie l’acronyme EMILIA

• Le projet EMILIA est soutenu par la Commission européenne (6ème programme cadre R et D)

• Empowerment of• Mental Illness service

users through• Life-long learning • Integration and• Action

.

Autonomisation des usagers des services de santé mentale par l’accès à la formation tout au long de la vie et l’intégration active


Les 17 partenaires en EUROPE

8 sites de démonstration- Organismes publics de soins en santé mentale (tous proposent aussi des formations au personnel)

• Etablissement public de santé Maison Blanche, Paris, France• Nordland Psychiatric Hospital, Bodo,Norvège• Institute of Psychiatry and Neurology, Varsovie, Pologne• The Social and Psychiatry Department Sealand Region, Danemark• Municipal Institute of Medical Research Foundation, Barcelone,Espagne

• Organismes de formation en santé mentale (entre autres)• Middlesex University, Londres, Royaume-Uni

• ONG travaillant dans le domaine de la réhabilitation en santé mentale, en lien avec le secteur public • HealthNet International, Sarajevo, Bosnie Herzégovine• EPAPSY Athènes, Grèce

7 organismes de formation en santé mentale et universités• Vilnius University, Vilnius,Lithuanie• University of Ljubljana, Ljubljana, Slovénie• Karolinska Institutet, Stockholm, Suède

(Remise des prix Nobel)• Kings College, University of London,

Institute of Psychiatry, Londres, Royaume-Uni (l’unité de recherche en santé mentale la plus importante en Europe)

• Department of Education, Aarhus, Danemark• University of Tampere, Tampere, Finlande• University of Athens, Athènes,Grèce

2 prestataires techniques• Skylark Project Consultants Ltd,

(système de gestion de projets complexes) Royaume-Uni• Wealden Computing Services, Royaume-Uni


EMILIA : la recherche

• Une recherche-action participative qui vise à analyser les effets de l’accès à la formation tout au long de la vie et l’accès à l’emploi sur une population de personnes qui vivent avec des troubles psychiques et ainsi à participer à réduire leur exclusion sociale.

Sujets de l’étude De 30 à 50 personnes (selon le site) participent à une étude quantitative.

3 à 5 d’entre elles participent également à une étude qualitative

• Critères d’éligibilitéêtre sans emploi ni activité rémunérée

être âgé(e) de 18 ans ou plus.

présenter une de ces maladies : schizophrénie (F20) ou troubles bipolaires (F31)

suivie depuis au moins trois ans pour leur trouble de santé mentale

avoir donné son consentement écrit pour participer

• Critères de non inclusiondémencedéficience intellectuelle


Les hypothèses

Principale* : l’accès à la Formation tout au long de la vie augmentera la proportion de participants ayant un emploi, une activité significative (donnant une place sociale), après 1 an et après 2 ans et modifiera l’utilisation des services sanitaires et sociaux.

Secondaires**:• augmentera le nombre de personnes participantes qui vont travailler

– indicateur : le nombre de jours travaillés pour cette population

• augmentera le temps de formation indicateur : le nombre de jours où les personnes sont en formation

• augmentera la recherche d’une activité professionnelle : – Indicateur : nombre de jours où les participants sont en démarche d’insertion

professionnelle

• augmentera les activités de type associatif, bénévole ou salarié,– indicateur : le nombre de jours

• augmentera leur perception de leur qualité de vie indicateur : Résultats du questionnaire SF36

* Le propos principal qu’on va évaluer pendant l’étude** Hypothèse secondaire = autres effets que l’on va évaluer pendant l’étude

La procédure d’évaluation

• 3 évaluations– 2 qualitatives :

• Une évaluation de la qualité de vie perçue par le participant (SF36) • Une étude de cas identifiant les obstacles à l’accès à la formation tout

au long de la vie

– 1 quantitative :• Une évaluation socioéconomique posant la question de savoir si

l’accès à la formation tout au long de la vie permet d’améliorer la situation socio-économique des participants (qualité de vie, logement, revenus…) et de changer leur utilisation des services sanitaires et sociaux (CCSRI)

• 4 outils– Questionnaires– Entretiens individuels– Focus groupes– Journaux personnels


Le déroulement

• Recrutement (à partir du 1er avril 2007)

• Bilan à M0 avec les personnes recrutées afin de développer des objectifs d’insertion ou de réinsertion professionnelles (35 usagers recrutés à Paris)

• M0, M10, M20 : évaluation en entretien individuel (grille d’entretien semi-structurée + questionnaires)

• Intervention : participation à des actions de formation ou des démarches d’insertion professionnelle pendant 20 mois

• Entretiens, focus groupes : tous les trois mois (face à face ou téléphone)

• Tenue de journaux : tout le long de l’intervention


Le secteur psychiatrique concerné

• 25ème secteur, Flandre, 19e arrondissement, EPS Maison Blanche

– en 2007 : 1819 usagers (dont 1588 en ambulatoire)en 2006 : 1754 (dont 1575 en ambulatoire)

– 1 hôpital : La Clinique Rémy de Gourmont, rue Rémy de Gourmont (30 lits + 42 encore à Neuilly sur Marne, déménagement prévu en 2009)

– 1 Centre Médico-Psychologique, rue de Crimée

– 1 Centre d’activité thérapeutique à temps partiel, La Comète, rue de Thionville


Le secteur géographique concerné

Le XIXe : une partie du nord-est de Paris intra-muros

• 110 000 habitants • Une population de Paris les plus touchées par les difficultés

économiques.


Les acteurs et partenaires à Paris

• L’ensemble des membres du personnel du secteur Flandre et une partie de l’équipe soignante de La Passerelle

• Les membres du laboratoire de recherche

• Des usagers du secteur Flandre et venant d’autres secteurs psychiatriques

• Un comité de pilotage composé des acteurs internes et externes à l’EPS Maison Blanche

• Les partenaires extérieurs :– La cité des métiers, Cité des Sciences et de l’Industrie– la maison de l’emploi de Paris (1 conseillère référente détachée un jour par semaine)– le Plan Local d’Insertion et d’Emploi des 18ème et 19ème arrondissements (2

conseillers-référents)– La Maison départemental du handicap, Mairie de Paris

– Fondations privées (à venir)

– Les représentants des usagers aux instances de Maison Blanche– les associations d’usagers (dont la Fnapsy)– les associations de familles (dont l’UNAFAM)– des Clubs (Groupes d’Entraide Mutuelle) Le projet EMILIA : L’accès à la formation tout au long de la vie et la lutte contre l’exclusion

Le calendrier • Sept 2005-Sept 2006 :

– mise en place du projet européen: clarification du rôle des 17 partenaires

• Janvier-Décembre 2006 : – mise en place du projet à Paris (accords des comités de protection des personnes CPP, CCTIRS

et de la CNIL)

• 1 janvier 2007: – début de la partie « recherche » (inclusion de 35 usagers & premiers entretiens)

• Janvier-mars 2007: – Période d’inclusion des participants

• Février 2007 – début de la partie « intervention »

• Mise en œuvre du plan d’action (intégration en milieu ordinaire) avec la Cité des Métiers, PLIE, Maison de l’Emploi du 18 et du 19ème arrondissement

• Mise en place des formations• Mise en place des projets spécifiques d’emploi s’appuyant sur les compétences des usagers

en tant qu’usager

• 1 mars 2009 : Finalisation des enquêtes auprès des 50 usagers

• Fin 2009 : fin de l’intervention, analyse des résultats, publication. Le projet EMILIA : L’accès à la formation tout au long de la vie et la lutte contre l’exclusion

L intervention Emilia, c’est


Un programme de formations

Un parcours d’accompagnement individualisé, par le travail sur le PPP, projet personnel et professionnel

par la mutualisation des compétences croiséesentre les professionnels des services psychiatriques et de l’insertion professionnelle et sociale

Identifier et construire le projet de vie des usagers

Deux types d’offres de formation

Formations en adéquation avec les compétences, ses expériences et ses objectifs professionnels proposées par/via les organismes d’insertion partenaires du projet.

Ces offres peuvent se faire dans le milieu ordinaire (Bilan de compétences, chèque

emploi informatique, chèque langues…) ou par le statut spécifique (demande de statut de travailleur handicapé afin de bénéficier des possibilités d’embauche aidée, créée par la loi de février 2005).


1/ Premier type d’offre de formations

Deux types d’offres de formation

Des formations dédiées à fortifier, à soutenir, encourager l’usager dans son processus d’insertion

Construire sur ses forces Formation pour les proches, les familles Formation à l’attention des employeurs Les compétences sociales Empowering people in recovery Le réseau de soutien social

Des formations ‘usager-expert’, visant à acquérir des compétences dans le domaine de la santé mentale et devenir formateur

Se former à la recherche Les voix puissantes, devenir représentants

des usagers Prévention du suicide Le stress post-traumatique Le double diagnostic

une offre de formations spécifiques visant à accompagner les usagers dans leur insertion ou sociale ou professionnelle

2/ Deuxième type d’offre de formations


Ce qu’en disent les usagers


Usager, Homme, 30 ans : « (…), je suis serein, presque heureux, j'ai passé une très bonne semaine, cela m'a apporté beaucoup sur le plan personnel.

J'ai commencé la formation avec ce brouillard caractéristique dans mon cerveau, puis tout c'est éclairci grâce à vous. Pourtant depuis 2 mois, ce malaise, ce "mal-de -vivre" me collait à la peau, (…). Il y a eu la formation "recovery" où j'étais mal, je ne me sentais pas à l'aise, et puis votre travail a porté ses fruits. Je n'ai pas dormi la journée comme je le fais habituellement, j'étais même un peu excité par ce qui se passait, (…).

(…) Cette formation du mois de février m'a vraiment réjoui et j'espère que ce qui a été dit par M. B, J, moi et ceux qui n'ont pas achevé cette formation, servira aux autres, je n'en doute pas. J'ai aimé les intervenants surtout la psychiatre de vendredi avec des idées intelligentes parfois sans concessions, mais une très bonne réflexion pour ma part.

Voilà, la semaine est déjà terminée et je suis sûr que les formations à venir vont aller crescendo dans la qualité l'investissement de chacun et que nous pourrons prendre un jour la relève à notre tour donner de notre expérience et plus encore. »

Quelques considérations d’une chercheuse en sciences de l’éducation qui découvre le

monde de la psychiatrie (1)


Les usagers sont considérés comme des co-chercheurs, à l’égal des chercheurs salariés, des formateurs et porteurs d’une expertise à développer et à valoriser ;

l’hôpital devient un lieu de formation : les usagers et leurs familles, les psychiatres, le personnel soignant, les assistantes sociales, les partenaires extérieurs forment et se forment ;

les usagers et les partenaires participent à l’évaluation et à la mise en place du programme de formation ;

Un partenariat qui croise les compétences thématiques (insertion professionnelle, sociale et psychiatrie) et la compétence territoriale est développé afin de pérenniser de nouvelles pratiques d’intervention sociale.

Constats réalisés sur le projet :

Quelques considérations d’une chercheuse en sciences de l’éducation qui découvre le

monde de la psychiatrie (2)

À propos de la formation : Ces actions courtes semblent produire réellement un déclenchement positif pour une

réhabilitation sociale et ne sont pas reconnues dans le système de la formation (formelle, continue) ;

le manque de possibilité de financement de formation des usagers par le système de santé.

À propos du ressenti des usagers : L’étonnement des usagers qu’on puisse leur proposer des « choses » qui peuvent changer

leur vie.

L’accueil du projet m’a semblé parfois étonnant : Certains membres du personnel pensent que de tels projets ne changent pas grand-chose :

présence d’un scepticisme par rapport à l’aspect social de la prise en charge ; les travailleurs sociaux disent ne pas pouvoir faire ce travail autant qu’ils voudraient en raison

d’une surcharge de dossiers concernant le logement, les papiers administratifs et les ressources des usagers.


Les formations « usagers-experts »

Titre durée Nombre de participants

Contenus

Formation initiale

EMILIA

4 jours(6 heures)

29 usagers en 4 sessions Construire son Parcours Personnel et professionnel formation Construire sur

ses forces, développement des compétences

Empowering people in Recovery

4 jours(6 heures)

8 usagers en 1 session Travailler les notions d’autonomie, de responsabilité, de « recovery » (guérison,

retrouver le chemin de la santé)

Le soutien social 5 matinées (2 heures)

10 usagers en 1 session Activer son réseau social, identifier le réseau de soutien social, être à l’aise dans ses relations sociales, préparer son entrée

dans le monde du travail

Soutenir les proches

2 après-midi 3 familles dans 1 session Accompagner les proches à soutenir les usagers dans leurs projets personnels et

professionnels

Formation à la recherche 1

2 après-midi 4 usagers Former aux techniques d’enquête

Formation à la recherche 2

3 après-midi 8 usagers Réaliser une enquête sur la gestion de la douleur à l’EPS Maison Blanche

demandée par le CLUD


Les autres formations, services d’information et emplois

• En général, trouvées par les organismes d’insertion professionnelle

Conception multi-média Remise à niveau en

anglais Remise à niveau en

informatique Stage théorique du

BAFA (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur)

Formation d’animateur socio-culturelle de 5 mois débouchant sur un emploi

Cité des métiers

PLIE Maison de l’Emploi de Paris

Emploi

tous 7 + 10 3 secrétaire,technicienne de surface,

agent d’entretien,maçon


Les activités significatives

Activités significatives dans le cadre de la santé mentale Nombre de participants

Participations des co-chercheurs à une enquête initiée par le CLUD (Comité de Lutte contre la Douleur) de Maison Blanche sur la prise en charge de la douleur dans les Centres médico-psychologiques de l’EPS Maison Blanche

10 usagers

Mosaïque et autres activités au CATTP (commencées depuis le début du projet) 1 usager

Assurer la fonction de pair-aidants dans les sessions de la formation initiale en accompagnant des co-chercheurs à la Cité des métiers

5 usagers


Impressions de la professionnelle des sciences de l’éducation 18 mois plus tard (1)

• Diversité des perceptions selon que les acteurs sont de l’institution ou à l’extérieur, notamment sur le potentiel des usagers

• Importance d’éviter la scission entre l’apport des soignants et l’apport d’une intervention comme Emilia

• Vision qui semble parfois limitée aux aspects médicaux de la prise en charge des usagers : formation insuffisante en réhabilitation sociale ?

- Cela pose la question du lien entre la thérapie et le social.- et montre la nécessité que les soignants accompagnent le processus d’insertion professionnel et social : mais quid de la disponibilité, des ressources, de la formation.


Impressions de la professionnelle des sciences de l’éducation 18 mois plus tard (2)

EMILIA peut parfois re-créer un sentiment d’institutionnalisation des formations proposées où tout le monde, formateurs et usagers semblent se sentir confortables.

Cela pose la question cruciale de la mise en place de formation à l’esprit critique, à l’autonomisation, à la responsabilité dans un système institutionnel comme les services psychiatriques ?....

Et plus largement la question du futur de tel projet : quelle pérennisation ? Et comment passer du projet pilote à la généralisation .


Merci de votre attention

Cette présentation est dédiée à Antonin

Documents

Le projet EMILIA : laccès à la formation tout au long de la vie et la lutte contre lexclusion La réhabilitation cest maintenant !, 5e colloque de Réh@b