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Le Test d’inconditionnalité : une nouvelle technique Le Test d’inconditionnalité : une nouvelle technique d’identification des d’identification des éléments centraux éléments centraux d’une représentation sociale d’une représentation sociale Florent LHEUREUX, Grégory LO MONACO et Séverine HALIMI-FALKOWICZ Laboratoire de Psychologie Sociale (EA 849), Université de Provence, Aix-Marseille I LA TECHNIQUE DE LA MISE EN CAUSE LA TECHNIQUE DE LA MISE EN CAUSE Utilité. La technique de la mise en cause (MEC, Moliner, 1989) est incontournable dans l’approche structurale des représentations sociales (Abric, 1994 ; Flament, 1994). Elle permet en effet le repérage systématique du système central d’une représentation. Principe sous-jacent. La technique repose sur un principe de double négation qui permet de rendre compte du lien négociable ou non qui unit l’objet de représentation à la croyance mise en cause. Limites. La double négation, peu habituelle dans le langage courant, n’est pas toujours facile à comprendre par les participants qui ont à remplir un questionnaire de MEC. Les réponses administrées par les participants ne sont, par conséquent, probablement pas toujours valides (notamment quand les participants sont issus de populations jeunes ou précaires), et la passation du questionnaire, coûteuse cognitivement pour les participants, rallonge d’autant le temps de passation expérimentale. L’idée. Ce lien, négociable ou non, qui unit l’objet de représentation à la croyance mise en cause, pourrait également, selon nous, être étudié de façon plus directe, sans avoir recours à une double négation. Pourquoi ? Les éléments centraux étant liés de façon non négociable à l’objet, lien fort, nous supposons en effet qu’il est possible de les identifier en opérationnalisant le lien plus simplement, de façon affirmative. LE TEST D’INCONDITIONNALITE LE TEST D’INCONDITIONNALITE Utilité. Nous avons ainsi élaboré une nouvelle technique de centralité, pour palier aux inconvénients de la MEC : le « Test d’Inconditionnalité » (TI). Principe sous-jacent. Le TI, qui s’inspire du questionnaire de la MEC, propose des items affirmatifs. Avantages majeurs. En plus de palier aux limites de la technique de la MEC, le TI pourrait également constituer un outil adapté à des populations difficilement sensibles à la double négation (populations jeunes ou populations précaires, par exemple). Vue d’ensemble Vue d’ensemble I. Population : 87 étudiants en lettres et sciences humaines de l’Université de Provence. II. Objets étudiés : (1) le groupe idéal ; (2) les études. III. Questionnaires d’analyse : (1) Mise En Cause -MEC ; (2) Test d’Inconditionnalité -TI. IV. Plan expérimental : Objet 2 * <Questionnaire 2 > Comparaison entre MEC et TI pour la RS du groupe idéal Comparaison entre MEC et TI pour la RS du groupe idéal INTRODUCTION INTRODUCTION METHODE METHODE Exemples d’items Exemples d’items MEC : A votre avis, peut-on appeler « faire des études » une activité qui ne demande pas du travail ? TI : Selon moi, « faire des études » est une activité qui demande obligatoirement, dans tous les cas, du travail. Réponses possibles : 1 certainement non, 2 plutôt non, 3 plutôt oui, ou 4 certainement oui . RESULTATS RESULTATS Bêta t(7) p Régression M EC TI 0.90 5,20 p.<.003 .82 Lam bdadeW ilks p M ANOVA V I= Outilutilisé 0.82 N .S. Les résultats obtenus, qu’ils soient relatifs aux représentations du groupe idéal ou des études, montrent clairement que le TI donne des informations très proches de celles obtenues par la MEC. En effet, la hiérarchie des éléments représentationnels apparaît quasi-identique avec les deux techniques. Cette forte similarité est d’ailleurs illustrée par une relation très significative et forte entre les deux (régression) et par une absence de différence dans les réponses obtenues (MANOVA). Le TI apparaît comme une alternative méthodologique à la MEC, qui pourrait s’avérer utile lorsqu’on interroge une population ayant des difficultés à maîtriser la double négation (populations jeunes ou précaires, par exemple). REFERENCES REFERENCES Abric, J.C. (1994). Les représentations sociales : aspects théoriques. In J.C. Abric (Ed.), Pratiques sociales et représentations (pp. 11-35). Paris : Presses Universitaires de France. Flament, C. (1994). Structure, dynamique et transformation des représentations sociales. In J.C. Abric (Ed.), Pratiques sociales et représentations (pp. 37-57). Paris : Presses Universitaires de France. Moliner, P. (1989). Validation expérimentale de l’hypothèse du noyau central des représentations sociales. Bulletin de Psychologie, XLI, 759-762. Réponses 1 et 2 cumulées (%) Réponses 1 et 2 cumulées (%) Comparaison entre MEC et TI pour la RS des études Comparaison entre MEC et TI pour la RS des études CONCLUSION CONCLUSION MEC TI Relations positives 94% 94% Absence de chef 96% 87% Réunissent souvent 85% 90% Mêmes intérêts 60% 58% Mêmes activités 35% 10% Habitent à proximité 31% 19% Mêmes opinions 25% 23% Même milieu 19% 10% MEC TI Travail 100% 100% Investissement 98% 100% Connaissances 94% 97% Avenir 81% 90% Examens 77% 71% Diplômes 73% 65% Culture 71% 81% Longues 17% 39% Université 4% 3% Bêta t(7) p Régression M EC TI 0.90 5,20 p.<.003 .82 Lam bdadeW ilks p M ANOVA V I= Outilutilisé 0.82 N .S. 0.88 4,90 p.<00 2 .77 0.88

Le Test dinconditionnalité : une nouvelle technique didentification deséléments centraux dune représentation sociale didentification des éléments centraux

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Page 1: Le Test dinconditionnalité : une nouvelle technique didentification deséléments centraux dune représentation sociale didentification des éléments centraux

Le Test d’inconditionnalité : une nouvelle techniqueLe Test d’inconditionnalité : une nouvelle technique

d’identification desd’identification des éléments centrauxéléments centraux d’une représentation socialed’une représentation sociale

Florent LHEUREUX, Grégory LO MONACO et Séverine HALIMI-FALKOWICZ

Laboratoire de Psychologie Sociale (EA 849), Université de Provence, Aix-Marseille I

LA TECHNIQUE DE LA MISE EN CAUSE LA TECHNIQUE DE LA MISE EN CAUSE Utilité. La technique de la mise en cause (MEC, Moliner, 1989) est incontournable dans l’approche structurale des représentations sociales (Abric, 1994 ; Flament, 1994). Elle permet en effet le repérage systématique du système central d’une représentation. Principe sous-jacent. La technique repose sur un principe de double négation qui permet de rendre compte du lien négociable ou non qui unit l’objet de représentation à la croyance mise en cause.Limites. La double négation, peu habituelle dans le langage courant, n’est pas toujours facile à comprendre par les participants qui ont à remplir un questionnaire de MEC. Les réponses administrées par les participants ne sont, par conséquent, probablement pas toujours valides (notamment quand les participants sont issus de populations jeunes ou précaires), et la passation du questionnaire, coûteuse cognitivement pour les participants, rallonge d’autant le temps de passation expérimentale.

L’idée. Ce lien, négociable ou non, qui unit l’objet de représentation à la croyance mise en cause, pourrait également, selon nous, être étudié de façon plus directe, sans avoir recours à

une double négation. Pourquoi ? Les éléments centraux étant liés de façon non négociable à l’objet, lien fort, nous

supposons en effet qu’il est possible de les identifier en opérationnalisant le lien plus simplement, de façon affirmative.

LE TEST D’INCONDITIONNALITELE TEST D’INCONDITIONNALITEUtilité. Nous avons ainsi élaboré une nouvelle technique de centralité, pour palier aux inconvénients de la MEC : le « Test d’Inconditionnalité » (TI).Principe sous-jacent. Le TI, qui s’inspire du questionnaire de la MEC, propose des items affirmatifs.Avantages majeurs. En plus de palier aux limites de la technique de la MEC, le TI pourrait également constituer un outil adapté à des populations difficilement sensibles à la double négation (populations jeunes ou populations précaires, par exemple).

Vue d’ensembleVue d’ensemble

I. Population : 87 étudiants en lettres et sciences humaines de l’Université de Provence.

II. Objets étudiés : (1) le groupe idéal ; (2) les études.

III. Questionnaires d’analyse : (1) Mise En Cause -MEC ; (2) Test d’Inconditionnalité -TI.

IV. Plan expérimental : Objet2 * <Questionnaire2> Comparaison entre MEC et TI pour la RS du groupe idéalComparaison entre MEC et TI pour la RS du groupe idéal

INTRODUCTIOINTRODUCTIONN

METHODEMETHODE

Exemples d’itemsExemples d’items

MEC : A votre avis, peut-on appeler « faire des études » une activité qui ne demande pas du travail ?

TI : Selon moi, « faire des études » est une activité qui demande obligatoirement, dans tous les cas, du travail.

Réponses possibles : 1 certainement non, 2 plutôt non, 3 plutôt oui, ou 4 certainement oui.

RESULTATSRESULTATS

Bêta t (7) p R² Régression MEC TI

0.90 5,20 p.<.003 .82

Lambda de Wilks p

MANOVA VI = Outil utilisé

0.82 N.S.

Les résultats obtenus, qu’ils soient relatifs aux représentations du groupe idéal ou des études, montrent clairement que le TI donne des informations très proches de celles obtenues par la MEC. En effet, la hiérarchie des éléments représentationnels apparaît quasi-identique avec les deux techniques. Cette forte similarité est d’ailleurs illustrée par une relation très significative et forte entre les deux (régression) et par une absence de différence dans les réponses obtenues (MANOVA).

Le TI apparaît comme une alternative méthodologique à la MEC, qui pourrait s’avérer utile lorsqu’on interroge une population ayant des difficultés à maîtriser la double négation (populations jeunes ou précaires, par exemple).

REFERENCESREFERENCESAbric, J.C. (1994). Les représentations sociales : aspects théoriques. In J.C. Abric (Ed.), Pratiques sociales et représentations (pp. 11-35). Paris : Presses Universitaires de France.

Flament, C. (1994). Structure, dynamique et transformation des représentations sociales. In J.C. Abric (Ed.), Pratiques sociales et représentations (pp. 37-57). Paris : Presses Universitaires de France.

Moliner, P. (1989). Validation expérimentale de l’hypothèse du noyau central des représentations sociales. Bulletin de Psychologie, XLI, 759-762.

Réponses 1 et 2 cumulées (%)

Réponses 1 et 2 cumulées (%)

Comparaison entre MEC et TI pour la RS des étudesComparaison entre MEC et TI pour la RS des études

CONCLUSIONCONCLUSION

MEC TI

Relations positives 94% 94%

Absence de chef 96% 87%

Réunissent souvent 85% 90%

Mêmes intérêts 60% 58%

Mêmes activités 35% 10%

Habitent à proximité 31% 19%

Mêmes opinions 25% 23%

Même milieu 19% 10%

MEC TI

Travail 100% 100%

Investissement 98% 100%

Connaissances 94% 97%

Avenir 81% 90%

Examens 77% 71%

Diplômes 73% 65%

Culture 71% 81%

Longues 17% 39%

Université 4% 3%

Bêta t (7) p R² Régression MEC TI

0.90 5,20 p.<.003 .82

Lambda de Wilks p

MANOVA VI = Outil utilisé

0.82 N.S.

0.88 4,90 p.<002

.77

0.88