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EHESS Les Arabes et l'histoire créatrice by Dominique Chevallier Review by: Olivier Carré Archives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 98 (Apr. - Jun., 1997), pp. 56-57 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30122617 . Accessed: 13/06/2014 00:55 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.49 on Fri, 13 Jun 2014 00:55:22 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Arabes et l'histoire créatriceby Dominique Chevallier

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Les Arabes et l'histoire créatrice by Dominique ChevallierReview by: Olivier CarréArchives de sciences sociales des religions, 42e Année, No. 98 (Apr. - Jun., 1997), pp. 56-57Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122617 .

Accessed: 13/06/2014 00:55

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

Comment r6habiliter l'id6e et le sens de l'6ternit6 dans un temps - le n8tre, celui de la modernit6 - oi le pr6sent voit son horizon bar- r6 par les limites d'une histoire que les trag6- dies ont scand6e de leurs t6ndbres, sans 8tre dupes de l'illusion selon laquelle le temps pro- gresserait vers un avenir meilleur? Dans la foul6e de Kierkegaard, C. C. pose la question: <La vie qui glorifie l'6ph6mbre et se rit de l'id6e d'6ternit6..., ne risque-t-elle pas de c6der A l'emprise d'id6ologies destindes i suppl6er cette absence sans pouvoir jamais en ouvrir le sens ? a. Et de poursuivre: <<loin d'annoncer le bonheur pour cette terre, ce temps ignorant de toute 6ternit6 voue les hommes i une d6- tresse en qu~te de substituts... a quand il ne les invite pas i c6der au nihilisme, a la frivolit6 ou a la fascination de certitudes qui n'ont bien souvent pas d'autres objets que le souci de soi.

Spinoza et Rosenzweig apportent l'un et l'autre, dans des perspectives diff6rentes, leur r6ponse a ce d6fi. Selon la perspective spino- ziste, nous dit l'auteur, <<la vie selon les commandements de la raison permet au sage qui va jusqu'au bout de ce qu'elle exige de lui, d'exp6rimenter l'6ternit6 en cette vie >. A ce trajet solitaire vers la b6atitude sous la conduite de la raison, fait 6cho la perspective rosenzweigienne et la tradition de ceux qui se laissent guider par le verbe 6ternel de l'Ecri- ture, de ce peuple, 6ternel lui aussi et dont I'61lection, loin de tout orgueil, t6moigne dans le temps de ce qui transcende le temps. C. C. se livre a l'expos6 de ces deux pens6es de l'6- ternit6 d6velopp6es par deux philosophes dont on sait a quel point leur jud6it6 fut singulibre, tout a la fois au coeur de leur oeuvre et d6cal6e par rapport aux courants de pens6e juifs domi- nants. Elle est soutenue dans sa d6marche par une 6criture vibrante et puissante qu'on lui connaissait d6ja, oi la force de la pens6e ri- valise avec la rigueur de son expression a tra- vers un verbe magnifiquement maitris6.

R6gine Azria.

Les Arabes et 1'histoire criatrice. Paris,

98.14 CHEVALLIER (Dominique) et al.

Presses de l'Universit6 de Paris-Sorbonne, 1995, 200 p. (bibliogr.) (coll. <<Mondes contemporains >).

Cet ouvrage est le r6sultat d'un colloque te- nu en Sorbonne autour de la question ample: <<Comment les Arabes assument-ils leur his- toire ? >. Le recueil est done varid et disparate. La c6te syro-palestinienne, l'Egypte et le Ma- ghreb, la M6sopotamie quelque peu, sont les

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principaux champs d'6tude. Notons les quel- ques analyses de manuels scolaires d'histoire ou, du moins, de programmes scolaires, en Sy- rie nationaliste de 1946 a 1958 sous la houlette de Sati' al-Husri (Freitag), en Alg6rie contem- poraine dans le carcan contradictoire d'un parti unique qui est pourtant un front de tendances varides, dont en particulier celle de l'Associa- tion des Ul6mas (Djeghloul, Deheuvels). La bonne vieille vue, dite << thdologique >> (Du- pont), de l'histoire musulmane, reste toujours a l'oeuvre, selon laquelle l'islam a une vocation providentielle d'expansion mondiale certaine mais connait des ages d6grad6s, mais aussi <<r6form6s >>, succ6dant a l'age d'or des ori- gines arabes (Hanafi, Miquel, Carbonell). L'es- sor europ6en sous toutes ses formes contrarie gravement cette vue (Chevallier). L'arabisme, assez r6cent (fin des ann6es 1910) sous sa forme nationaliste directement import6e de l'Europe (Laurens), et les nationalismes lo- caux, soit dans l'empire ottoman (Guellouz et Ben Achour pour la Tunisie, Rafeq pour la Sy- rie) concurrencent souvent la vue islamique, voire <<islamiste >>, cette dernibre n'ayant plus rien d'historiographique (Ben Achour). Y a-t-il quand m~me d'authentiques historiens arabes actuels ? Certes oui, en particulier en Egypte, dbs Muhammad Chafiq Ghorbal en 1929, aprbs la phase des remarquables << chroniqueurs >> du XIXe sibcle, Jabarti et Ali Mubarak (Mansy). Les appartenances communautaires, sunnite, chiite (dont la nusayrite/alaouite), isma61ite (Serjeant sur cette dernibre dans l'Orient arabe et surtout non arabe, mais en ignorant la syn- thbse de r6f6rence de Farhad Daftary, 1990), chr6tiennes (en particulier arm6nienne), juive, berbbre, kurde et turque (cette dernibre a la tate des Etats arabes d'Orient, sans interruption du XIe sidcle jusqu'a la moiti6 du XXe (Bian- quis)), d6terminent certains points de vue (Chevallier, Bianquis). L'arabisme, notam- ment, 6tait precocement th6oris6 par les chr6- tiens du Levant, courant XIXe (Laurens). Et la perspective du dialogue islamo-chr6tien <<pro- gressiste >> au Liban des ann6es 1960 ne pr8ne pas un laicisme mais un multicommunauta- risme 6galitaire (Beydoun). D. C. souligne les aspects d6mographiques contemporains : sur- peupl6es, estime-t-il, les zones arabes tentent de nouveaux regroupements (analys6s aussi par Rafeq aux XIXe-XXe siacles), douloureuse- ment marqu6s par les migrations et les << mar- ginalisations urbaines >>, et ais6ment cristallis6s par les <<immenses solidarit6s>> locales que suscite <<l'appel a la foi religieuse >>. Thierry Bianquis se risque a dresser d'excitants paral- lales entre les 6v6nements politico-communau- taires de l'Orient arabe des Xe-XIe siacles et les 6v6nements de mame nature, et si sembla-

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bles, des ann6es r6centes dans la m~me r6gion (l'occupation de la Grande Mosqu6e de La Mecque pendant le phlerinage en 1979 est at- tribu6e ici a un groupe activiste chiite). Ajou- tons la mise par 6crit r6cente des traditions orales kabyles (Khellil), un document notoire de <<l'historiographie coloniale>>, <<Les grands tournants de l'histoire de l'Alg6rie >> du commandant Rinn en 1903 (Fr6meaux), des no- tations sur les perceptions de l'espace et du temps au Maghreb compardes a celles du Ma- chreq (Martel), et un rappel de la conception de l'histoire de Constantin Zurayq dans les an- n6es r6centes (Pignol). Le principal int6r~t de ce recueil r6side peut-&tre dans l'expression, en frangais ou en anglais, des sept historiens arabes (deux Tunisiens, deux Alg6riens, une Egyptienne, un Libanais, un Syrien) qui parti- ciparent au colloque.

Olivier Carr6.

Japanese New Religions in the West. Sand-

98.15 CLARKE (Peter B.), SOMERS (Jeffrey) eds.

gate (G.B.), Japan Library-Curzon Press, 1994, 167 p.

Cet ouvrage est le fruit d'un colloque inter- national organis6 par le Centre for New Reli- gions du King's College de Londres a une date non pr6cis6e. Il rassemble les communications de sp6cialistes, pour la plupart anglo-saxons, sur le sujet des nouvelles religions japonaises. Contrairement a ce qu'indique le titre, le champ d'analyse ne se borne pas a l'Occident puisque trois textes au moins examinent ces mouvements dans leurs pays d'origine.

J. Gordon Melton et C. A. Jones traitent des NMR japonais aux Etats-Unis en soulignant qu'il y a peu de rapport entre leur croissance dans ce pays et l'effervescence contre-cultu- relle des anndes 1965-1975. Le paragraphe consacrd au zen amnricain (qui n'est pourtant pas une anouvelle religiona stricto sensu) montre que l'occidentalisation a favorisd l'd- volution vers un leadership plus collectif au fil des crises successives qui ont entach6 la r6pu- tation de divers maitres japonais ou ameri- cains.

Un texte de M. Pye est consacr6 a <l'iden- tit6 nationale et internationale dans une reli- gion japonaise >, l'Association de la Lumibre Blanche. Le propos de l'auteur est de montrer la juxtaposition au sein d'un mouvement de pratiques de pribre pour la paix mondiale et de pratiques d'imposition des mains sans rap- port avec les premieres. Cette religion a 6tages

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

qui communiquent peu entre eux symbolise parfaitement la dualit6 actuelle de nombre de NMR japonais qui s'attellent a la recherche d'un compromis difficile a trouver entre d'une part, une religion apotrop6enne li6e a des pra- tiques thaumaturgiques profond6ment ancr6es dans le particularisme japonais et, d'autre part, des vis6es universalistes g6n6ralement ax6es autour de la notion de paix mondiale.

C. Blacker analyse le cas d'une proph6tesse contemporaine qui se pr6tend choisie par la d6esse Amaterasu, anc&tre du lignage imperial, pour restaurer le culte de la d6esse mbre. La encore, des prdoccupations universalistes vien- nent se greffer sur une pratique trbs particula- riste: la proph6tesse consacre en effet son temps a voyager dans le monde pour purifier chaque pays des esprits errants qui le hantent; ce reiteki-nettowaku (spiritual network) est r6alis6 en collaboration avec le g6nie du lieu autochtone (le monstre du Loch Ness pour l'~cosse par exemple). C.B. souligne le ca- ractbre inhabituel d'une fondatrice de reli- gion poss6d6e par une divinit6 f6minine: habituellement la divinit6 inspiratrice est male. Son mill6narisme, centr6 sur la Grande D6esse, est 6galement inhabituel au Japon.

B. Bocking analyse le r6cent schisme (1991) entre l'organisation de lai'cs bouddhistes Soka Gakkai et la d6nomination monastique Nichi- ren Shoshu a laquelle elle 6tait pr6c6demment affili6e en se servant des cat6gories de Niebuhr (passage du protestantisme institutionnel au protestantisme calviniste). Il pronostique que les pratiquants japonais de la Soka Gakkai au- ront du mal a se r6signer a la perte d6finitive d'un vrai clerg6, seul d6tenteur du lien avec le sacr6 tandis que les pratiquants non-japonais peuvent trouver dans le schisme l'occasion d'une universalisation de leur pratique boud- dhique.

D'autres textes traitent de ces mouvements en Grande-Bretagne (J. Somers), de Jdsus dans le mouvement Mahikari (C. Cornille), du monoth6isme des NMR japonais (J. H. Kams- tra), du zen en Grande-Bretagne (D. Morgan) et des religions japonaises au Brdsil (P. B. Clarke). L'ensemble de ces textes montrent uti- lement comment les religions japonaises se trouvent modifi6es au contact de l'Occident (soit dans les pays de mission, soit au Japon m0me). On pourra cependant d6plorer que l'ouvrage soit conqu comme la simple super- position de communications, ce qui occasionne d'inutiles redites: certains NMR japonais font ainsi l'objet de trois pr6sentations successives.

Louis Hourmant.

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