59
une institution muséographique, scientifique et culturelle originale au service du dialogue des cultures et des civilisations Un musée passerelle Une institution culturelle aux multiples facettes

Les collections du quai branly

Embed Size (px)

DESCRIPTION

les arts premiers vu du quai branly

Citation preview

Page 1: Les collections du quai branly

une institutionmuséographique,

scientifique et culturelleoriginale au service

du dialogue des cultures et des civilisations

Un musée passerelle

Une institution culturelle aux multiples facettes

Page 2: Les collections du quai branly

Couverture :Masque anthropomorpheMasque en bois blanc,à barbe de laine de mouton©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries/Bruno Descoings

Bâtiment Université.Vue intérieureArt aborigèneNingura Napurrula©musée du quai Branlyphoto Nicolas Borel

*

*Sculpture de ChupícuaroMexiqueVIIe - IIe siècle avant J.C.Terre cuiteAncienne collection Guy Joussemet©musée du quai Branlyphoto Hughes Dubois

Page 3: Les collections du quai branly

L’aventure de la création du musée du quai Branly aura duré dixans.Dix années d’une conception patiente et attentive pour donner vieà la décision du Président de la République, annoncée dès 1995, decréer un musée consacré aux arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et desAmériques. Il s’agissait ainsi de forger un outil à la hauteur de l’ambi-tion au coeur de ce projet : offrir le témoignage de la pluralité de l’arten promouvant un regard nouveau sur les arts extra-européens et lescultures qui les produisent.

Ce projet a été mis en œuvre en deux temps. Le premier a étél’ouverture du pavillon des Sessions, au Louvre, au mois d’avril 2000.En présentant à des visiteurs du monde entier cent vingt chefs-d’œuvrechoisis pour leur force esthétique et leur pouvoir d’évocation, les sallesdu pavillon des Sessions constituent à elles seules un manifeste. Ellesapportent une première réponse à la dette que les institutions cultu-relles occidentales ont à l’égard des sociétés non européennes.Avec plusde 3 millions de visiteurs en 5 ans, le pavillon des Sessions remplit

pleinement son rôle d’«appel et de reconnaissance» en faveur de ces arts, dont ces salles contribuent à fairedécouvrir la force et la beauté.Elles demeurent ouvertes après l’inauguration du musée du quai Branly et conti-nuent de témoigner, au Louvre, de la puissance et de la diversité des productions artistiques des peuplesextra-européens.

La décision de dédier un lieu spécifique à la mise en valeur des œuvres des collections françaiseset à la présentation des cultures dont elles sont issues a constitué le second temps fort du projet. Placésous la double tutelle du ministère de la Culture et de la Communication et du ministère de l’Educationnationale, de la Recherche et de la Technologie, le musée du quai Branly rassemble, au sein du très beaubâtiment conçu par Jean Nouvel, les collections du musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie etcelles du laboratoire d’ethnologie du musée de l’Homme. Musée d’arts et de civilisations, sa vocation estdouble : conserver et présenter des collections ; contribuer à la recherche et à l’enseignement.

Quelque 3500 œuvres sur les 300000 que comptent les collections sont présentées en permanence aupublic, depuis le mois de juin 2006, dans le cadre du «plateau des collections» de l’exposition permanentedu musée. Organisée sur une base à la fois géographique et thématique, celle-ci fait voyager le visiteur d’uncontinent à l’autre,à l’exception de l’Europe,et éclaire certains grands thèmes liés aux collections.Un nombreplus important de pièces est bien entendu montré au public à l’occasion d’expositions temporaires, aux-quelles est consacrée la moitié de sa surface d’exposition : une dizaine par an, autant de commissaires. Lamoitié d’entre eux, au moins, sont des consultants extérieurs au musée. Une place de choix est égalementréservée aux conférences, à l’enseignement et à la recherche, activité qui répond à deux objectifs : dévelop-per la production d’idées scientifiques et alimenter la réflexion en amont de la conception d’expositions oud’événements à destination du public.La musique, la danse, le cinéma sont également à l’honneur.Le conceptarchitectural du musée,par ailleurs, rend compte de la place spécifique dévolue à l’art contemporain puisqueJean Nouvel a eu l’idée d’installer les œuvres de huit artistes aborigènes australiens, spécialement conçuespour le musée, sur les plafonds et la façade du bâtiment de la rue de l’Université.

En suscitant de nouvelles émotions, ces collections contribuent à stimuler la curiosité du public et àfaire reconnaître le génie des civilisations non européennes. Elles nous rappellent que notre histoire estétroitement liée à celle des pays d’origine de ces œuvres, avec lesquels le musée du quai Branly s’efforced’instaurer un dialogue plus juste. Une fois passée la curiosité naturelle suscitée par l’ouverture de cenouveau lieu de culture à Paris, c’est à présent au visiteur de nous faire savoir si nos choix ont été judicieuxet si notre offre correspond à ses attentes. C’est à lui de nous dire, désormais, si ce musée est bien l’espaced’échanges et de dialogue que nous souhaitions pour lui.

Stéphane Martin, Président

ph

oto

Ben

oît

Lin

ero

Page 4: Les collections du quai branly

ph

oto

An

ton

inB

org

eau

d

Page 5: Les collections du quai branly

Le projet Une institution nouvelle au service du dialogue des cultures et des civilisationsProfondément convaincu de l’exigence de la diversité et du dialogue des cultures,

Jacques Chirac a toujours été sensible au destin souvent tragique des peuples d’Afrique,d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Alors maire de Paris, il avait confié à Jacques Kerchache,grand voyageur et collectionneur à l’œil incomparable, en 1992, le soin d’organiser unegrande exposition consacrée aux Indiens taïnos d’origine arawak, qui montrait aussi l’autrevisage de la conquête de l’Amérique, dont on célébrait alors le cinquième centenaire.

Devenu Président de la République en 1995, Jacques Chirac a demandé à JacquesFriedmann de lui proposer les moyens de rendre justice aux civilisations et peuples pre-miers à travers leurs expressions artistiques et culturelles. La décision,prise en 1996,de créerune nouvelle institution muséographique et scientifique dédiée aux arts et civilisationsd’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques est le fruit de cette volonté politique : célébrerl’universalité du génie humain à travers la diversité de l’art et promouvoir un nouveau regard,plus respectueux et plus ouvert au partage et au dialogue, vis-à-vis de ces cultures et de cescivilisations.

En 2000, a été ouverte l’antenne du pavillon des Sessions du Louvre. Sur 1400 m2 amé-nagés par l’architecte Jean-Michel Wilmotte,elle présente,dans la vérité et le dépouillementde leur force d’émotion esthétique,une sélection,choisie par Jacques Kerchache,de quelque120 chefs-d’œuvre des arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. De manière hau-tement symbolique, ces pièces exceptionnelles voisinent avec les plus grands chefs-d’œuvrede l’art occidental conservés au musée du Louvre.

Pour mettre pleinement en valeur la richesse des collections nationales et faire mieuxcomprendre, dans toute leur complexité, les cultures et les civilisations qui ont produit lesœuvres qui les composent, la décision de construire un nouveau musée, réunissant les col-lections du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie et celles du laboratoire d’ethnologie du Musée de l’Homme, soit près de 300000 objets, a été définitivement priselors du Conseil des ministres restreint du 29 juillet 1998. En décembre de la même année aété créé l’établissement public du musée du quai Branly, placé sous la tutelle du ministèrede la Culture et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et nomméson Président-directeur général, Stéphane Martin. Cette nouvelle institution a une doublemission : conserver et valoriser ses collections ; favoriser la recherche et l’enseignement surces œuvres et sur les sociétés dont elles proviennent.

Page 6: Les collections du quai branly

ph

oto

An

ton

inB

org

eau

d

Page 7: Les collections du quai branly

Un musée passerelleMuséographie page 6

Afrique page 8

Asie page 10

Océanie page 12

Amériques page 14

Quatre collections exceptionnelles page 16

Le pavillon des Sessions page 22

Développer et enrichir le patrimoine page 24

Un système d’information page 26

Les réserves page 28

Le chantier des collections page 30

Prêts et partenariats page 32

La médiathèque page 34

Le portail documentaire page 36

Les Rendez-vous page 37

La recherche et l’enseignement page 38

Gardien de reliquaire ngoulou

KotaGabonAvant 1886Don Jacques Savorgnan de Brazza et Attilio Pecile©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries, Valérie Torre

Page 8: Les collections du quai branly

6 • Un musée passerelle

L’art contemporainau musée du quai BranlyLe musée du quai Branly,au confluent de la créationartistique de quatre continents,poursuit la démarche dereconnaissance de ces culturesen donnant une placeimportante et permanente à l’art contemporain.La présentation des collections du musée compte un grandnombre d’œuvres du XXe siècles’inscrivant dans les logiques des cultures traditionnelles. L’artcontemporain est égalementprésent dans les expositionstemporaires, sur la Rampe, oudans le foyer du théâtre ClaudeLévi-Strauss. En effet, pour sa première installation d’artcontemporain, cet espace a accueilli une œuvre de l’artistebéninois Romuald Hazoumé,«La bouche du roi». Au sol,plus de 300 bidons d’essenceen forme de masques dessinent les courbes d’un bateau et évoquent la disposition des esclaves embarqués sur les navires de la traite négrière.Pour sa deuxième exposition d’art contemporain, la galerieJardin accueille l’artistelondonien d’origine nigérianeYinka Shonibare, MBE, avec un étonnant «Jardin d’amour».Cette installation s’inspire desjardins à la française et convie le public dans un labyrinthe où il surprendra des couplesd’amants issus des peintures de la suite des «progrès de l’amour» du peintre Jean-Honoré Fragonard.Pourtant, découvrant cespersonnages vêtus de costumesaristocratiques d’époque,le visiteur constate bientôt qu’ils sont réalisés dans des tissus africains. Avec cettecréation, Yinka Shonibare, MBEpoursuit sa réflexion surl’identité et l’histoire mêlant de façon indissociable ses deuxcultures d’appartenance.

Le principe muséographique du muséedu quai Branly découle d’une nouvellerelation à l’œuvre qui se développe depuisune quinzaine d’années dans les scienceshumaines consacrées aux arts et civilisa-tions non européens : la disparition deplus en plus marquée de l’occidentalo-centrisme, l’atténuation progressive d’unclivage marqué entre anthropologie et his-toire de l’art, et un changement de pers-pectives issu, entre autres, d’un éloigne-ment dans le temps de la période coloniale.Dans ce contexte, la muséographie dumusée du quai Branly, orchestrée parGermain Viatte en collaboration avec JeanNouvel, a pour ambition de susciter denouvelles émotions, de stimuler la curio-sité du public et de faire reconnaître legénie des civilisations non européennes.

Des propositionsmuséographiquescomplémentaires

Plusieurs principes ont été développésau sein de la muséographie, tant sur leplateau des collections que dans lesespaces dédiés aux expositions temporai-res, afin d’articuler de façon optimale lescontraintes architecturales et techniquesdes espaces en cohérence avec les souhaitset besoins des conservateurs pour l’expo-sition des œuvres. Associée à la dynami-que de rotation des expositions, cetteapproche permet de renouveler fréquem-

ment l’offre muséographique et d’accroî-tre encore la multiplicité des regards.Vaste espace sans cloison, le plateau descollections présente près de 3500 œuvresréparties sur quatre zones – une pourchaque continent : Afrique, Asie, Océanieet Amériques. Ces zones, organisées selonleurs principes propres, communiquententre elles et sont reliées par des zonesde contacts, créant ainsi des lieuxd’échanges entre les civilisations commel’Insulinde ou encore le rapprochementMachrek-Maghreb...Le regard a donc toute latitude de voyager,il est simplement orienté par quelqueslignes géographiques et civilisationnelles.

Créer un pont entre hier et aujourd’hui

A l’intérieur de chaque parcours, desœuvres de différentes natures sont présen-tées, des plus usuelles jusqu’aux chefs-d’œuvre, tout en mêlant à chaque fois uneapproche esthétique et didactique.L’éclairage sert l’esthétique des objets età proximité, plusieurs dispositifs – textes,cartels, écrans multimédia – permettentde contextualiser l’œuvre et de transmettreau visiteur les connaissances scientifiquesdisponibles. Prises en compte dès lagenèse du projet muséographique, lesavoir et la subjectivité contribuent à faireaccepter et comprendre l’altérité.

Conjuguer l’accessibilité maximale aux collections et de nouvelles propositions muséographiques,telle est l’exigence que s’est imposée le musée du quai Branly pour offrir au public de multiplessources de découvertes et de connaissances sur les arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanieet des Amériques.

MuséographieL’accessibilité des collections,condition de création d’un nouveau regard

Page 9: Les collections du quai branly

7 • Un musée passerelle

Les transversales : mettre en perspectivel’ensemble des collectionsDans sa volonté de dévoiler le plus possible l’étendue de ses collections au grandpublic et de lui permettred’appréhender aisément tout ce qui rapproche et différencie les cultures,le musée du quai Branly a adopté un principemuséographique clé :les transversales.Chacune des quatre airesgéographiques comporteainsi un ou plusieurs espacesthématiques qui soulignentles constantes et les rupturesincarnées par les objetsprésentés, au-delà desépoques et des distances : les transversales des masqueset des tapa en Océanie,celles des instruments de musique et des textiles en Afrique, la transversale des costumes en Asie et celle des transformationsen Amériques.

Un parcours de visite ondulant entre les continentsQu’il soit à plumes en Amérique du Sud ou dévoreur de vierges en Afrique, le serpent est craint et vénéré sur les cinq continents.Contribution de Jean Nouvelà la muséographie,le «Serpent», réalisé avec le mécénat du groupeSchneider Electric, est ici le nom d’un espace centralqui ondule sur les 200 mètres du plateau des collections et encadre la «Rivière»,zone de circulation et espacemuséographique à partentière. Longeant chaquezone géographique, ce longmeuble de cuir sert desupport à l’intégration d’un grand nombre d’écransvidéo, haut-parleurs, unitéscentrales, système binoculairepour vision en 3D, etc.,et constitue ainsi un espaced’information complémentairesur les œuvres en vis-à-vis.Il se compose de 162 modulesà ossature métallique,assemblés et habillés d’unepeau de cuir scarifiée.D’épaisseur variable,il contient des assises basseset hautes, qui en fontégalement un espace derepos pour les visiteurs.

Trinh T. Minh-ha, uneœuvre contemporaine à l’amorce du plateau des collectionsTémoignage de la placedonnée à l’art contemporaindans tous les espaces du musée du quai Branly,Trinh T. Minh-ha, réalisatrice et vidéaste, écrivain etcompositeur, née au Viêtnam,enseignante à Berkleypropose tout au long del’ascension vers le plateau des collections un parcoursaux multiples entrées intitulé«L’Autre marche». Par cetteœuvre multimédia, il s’agitd’accompagner la progressiondu visiteur vers l’univers des cultures traditionnellesprésentées dans le musée et de le ramener versl’extérieur à l’issue de sa visite. En provoquantinsensiblement unchangement de perception,ce parcours s’articule en trois étapes – transition,transformation etouverture–, intelligibles dans les deux sens.

En surplomb, une mezzanine d’informa-tions anthropologiques permet à ceux quile désirent de continuer,grâce aux équipe-ments multimédia et à la richesse descontenus disponibles, le voyage entreprissur le plateau des collections.Au-delà des collections permanentes etdes expositions temporaires, le musée s’estfixé comme mission d’accueillir et de pro-mouvoir les expressions actuelles des artset civilisations d’Afrique,d’Asie,d’Océanieet des Amériques. Qu’il s’agisse d’artscontemporains, de danse, de musique, deperformances traditionnelles ou moder-nes, le musée les accueille et prolonge lesregards. Dans ce domaine, la politique dumusée demeure : donner les clés pourcomprendre tout en laissant libre cours àl’émotion.

Jean-Pierre MohenDirecteur du département du Patrimoine et des Collections

Yves Le FurDirecteur adjoint responsabledes collections permanentes

Page 10: Les collections du quai branly

Afrique

Le legs HarterLa collection léguée parPierre Harter (1928-1991),médecin et grand spécialistedes arts du Cameroun,constitue une précieusecontribution au patrimoinedu musée du quai Branly et occupe à ce titre une placeprivilégiée entre ses murs.Le legs Harter comporte une cinquantaine de pièces–masques et sculptures–intéressantes, dont certainess’avèrent exceptionnelles.La succession stipule parailleurs que la collection ne peut être exposée que dans son intégralité : un espace lui a donc étéspécifiquement consacré au sein du musée.

Statue royaleBamilekeCameroun, province de l’OuestXIXe siècle©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries,Bruno Descoings

Page 11: Les collections du quai branly

9 • Un musée passerelle

Elaborée à partir de 1999 par un groupede travail réunissant des équipes du Muséede l’Homme et du musée national des Artsd’Afrique et d’Océanie, la muséographiedes collections africaines propose deuxapproches au visiteur : un parcours géo-graphique,qui invite à un voyage à traversle continent du nord au sud ; un parcoursplus thématique,permettant de découvrirles œuvres et de les envisager selon leursusages et leurs techniques de réalisation.Cette approche bénéficie d’espaces d’expo-sition particulièrement originaux: les nom-breuses « boîtes » en saillie sur la façadenord forment autant de petits cabinetsd’étude consacrés à une famille d’objetsou à un thème, la divination par exemple.Plusieurs partis pris essentiels contribuentpar ailleurs à faciliter l’appréhension desœuvres et de leurs significations, l’his-toire de la région concernée et celle deses contacts avec les autres cultures. Lacontextualisation fait appel, sous formede cartes, d’extraits de récits de voyageset sur des supports multimédia, à de trèsnombreux documents audiovisuels etphotographiques.

Les différentes facettes de l’Afrique septentrionale

Le parcours géographique des collectionsafricaines débute par l’Afrique du Nord. Levisiteur est introduit dans cet espace parune vitrine qui présente, de façon suc-cincte, l’histoire de cette région de laPréhistoire à la conquête arabe. Suiventtrois pôles dédiés aux arts traditionnels.

Le premier évoque les arts ruraux àtravers des bijoux en argent, des poterieset des tapis dont le décor géométriqueprésente des ressemblances frappantesavec les tatouages des femmes. Tous cesobjets sont issus d’une culture fortementméconnue, celle des peuples berbères. Ledeuxième est consacré aux arts citadinsévoqués ici par des textiles richementbrodés, des céramiques émaillées fine-ment travaillées et des bijoux en or sertisde perles, d’émeraudes et de rubis. Le troi-sième, enfin, est consacré aux artsnomades et à leurs liens avec le monderural et l’Afrique subsaharienne. Des vitri-nes thématiques assurent la liaison et latransition entre ces pôles. L’accent est misnotamment sur l’expression du sacré etles croyances (Coran, manuscrit hébreu,objets de la vie liturgique, amulettes), lemariage, la musique, etc.

Voyage dans l’espace-tempssubsaharien…

Le parcours continue avec les collectionsd’Afrique subsaharienne,dont le cœur estconstitué par des œuvres du Mali,de Côte-d’Ivoire et du Nigeria. Deux transversalesrassemblent dans cet espace les textiles etles instruments de musique issus de l’en-semble du continent et classés par tech-niques tout au long du parcours.La galerieprincipale est traversée par une grandeséquence statuaire illustrant les multiplesvariations dans la représentation du corpsque connaît cette région du monde.Parmi les autres temps forts de cet

espace, la place donnée aux « sociétés desmasques » ou à l’évocation de la missionDakar-Djibouti conduite par Marcel Griauleet considérée comme le point de départde l’ethnologie française.Les arts et cultu-res d’aujourd’hui sont aussi évoqués grâceau support multimédia proposant un dia-logue entre passé et présent.Le parcours se poursuit par une troisièmepartie consacrée à l’Afrique équatoriale -le Gabon, le Congo - et australe, ainsi qu’àMadagascar. Les collections d’Afriqueéquatoriale sont particulièrement ancien-nes : à l’origine du musée d’ethnographiedu Trocadéro, elles proviennent de mis-sions célèbres, comme celles de PierreSavorgnan de Brazza à la fin du XIXe siècle.Les collections d’Afrique centrale, orien-tale et australe ont fait l’objet d’une atten-tion particulière en termes d’acquisitions.L’Ethiopie est présente au travers d’unensemble rare de fresques exceptionnel-les de la région de Gondar, rapportées parMarcel Griaule. Cet espace fait cohabiterun christianisme très ancien avec des pra-tiques animistes.

Le musée du quai Branly abrite l’un des plus importantsfonds d’arts africains au monde, avec près de 70000 objetsen provenance du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et de Madagascar. Sur environ 1200 m2, le visiteur accède à un millier d’œuvres d’une richesse et d’une variétéexceptionnelles, pour la première fois réunies en un seul et même lieu, permettant ainsi une relation féconde entreles styles, les cultures et les histoires.

AfriqueUn continent entier à portée de regard

Hélène JoubertResponsable de l’unitépatrimoniale des collectionsAfrique

Aurélien Gaborit Unité patrimoniale des collections Afrique

Gaëlle Beaujean-Baltzer Unité patrimoniale des collections Afrique

Hana Chidiacresponsable de l’unitépatrimoniale des collectionsAfrique du Nord et Moyen-Orient

Page 12: Les collections du quai branly

10 • Un musée passerelle

Une transversale des textiles riche et prestigieuseLe fonds textile du musée du quai Branly comporte des pièces provenant detoutes les parties du mondeet de toutes les époques.L’Asie y est particulièrementbien représentée, avec denombreuses pièces anciennesou contemporaines, rares ou plus usuelles. Toutesexpriment une volontéd’affirmation des identitésreligieuses, régionales et sociales, et présentent un intérêt ethnologique et artistique, évoqué dans latransversale de la zone Asie :par exemple, l’utilisation de l’orme dans une robeaïnou du Japon, la richessedes coiffures destinées aux enfants et aux femmesmariées en Asie du Sud-Est,l’extraordinaire technique de l’ikat en Asie continentaleet insulaire ou encore la variété des costumesorientaux, symbolesd’identités communautaireset héritiers de traditionsvestimentaires antiques.

Les collections d’Asie du musée du quaiBranly sont de précieux témoignages dela fin du XIXe siècle, et surtout du XXe

siècle. L’idée-force du programme muséo-graphique est de proposer un nouveauregard sur les arts et les civilisations popu-laires de cette zone : un regard ethnogra-phique contemporain, qui prolonge celuidu musée Guimet et du musée du Louvre,où sont représentées les civilisationsanciennes de ce continent.

Une présentation de différents ensembles

La collection Asie couvre une zoneimmense, aux civilisations millénaires,qui s’étend de la Sibérie à l’Asie centraleet du Moyen-Orient au Japon, en passantpar l’Inde et la Chine. Le parti pris muséo-graphique du parcours n’est pas celui del’exhaustivité, irréalisable par essence,mais celui d’une présentation d’ensem-bles pertinents, exposant les objets lesplus représentatifs des collections et lesplus révélateurs des thèmes et des socié-tés évoqués ici. Ainsi, le visiteur peutdécouvrir, au fil d’un parcours organiséd’est en ouest, les décors au pochoir duJapon, les diverses formes du boud-dhisme en Asie du Sud-Est ou enHimalaya, la Chine des Han et des mino-rités, les mythes et rites en Inde, les cava-liers nomades en Asie centrale, le langagede la parure et la symbolique des armesen Orient, les croyances et les cultes auProche-Orient... Plusieurs thèmes mettenten valeur les évolutions dans le temps,

les échanges et les transformations de cespeuples que l’on considère trop souventcomme figés dans une culture tradition-nelle hors de l’histoire.

La richesse des collections de l’ex-Indochine française offre un regard diver-sifié sur l’Asie du Sud-Est. Le thème domi-nant est le riz, mais aussi la culture duvégétal, le bouddhisme villageois et lescultes populaires, notamment ceux tour-nant autour du sacrifice du buffle, si spé-cifique à ces cultures.Ces thèmes majeurss’articulent autour d’une travée centralesur les peuples d’Asie exposant la collec-tion de textiles asiatiques du musée,aujourd’hui internationalement réputée.

AsieUn kaléidoscope révélateur de la diversité du continent

Christine Hemmet Responsable de l’unitépatrimoniale des collectionsAsie

Hana Chidiac Responsable de l’unitépatrimoniale des collectionsAfrique du Nord et Moyen-Orient

Daria Cevoli Unité patrimoniale des collections Asie

Autour d’une transversale des textiles,cette zone met en lumière plusieurs temps forts culturels et religieux de la vie des peuples asiatiques.

Page 13: Les collections du quai branly

Asie

Figurine anthropomorpheSupport d’espritFédération de Russie Sibérie orientale Monts StanovoïEvenkFin du XIXe siècle Bois, perles, peau chamoiséeMission Joseph Martin©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries,Valérie Torre

Page 14: Les collections du quai branly

2,35 tonnes de pierrevolcanique pour une piècehors normeUne tête de Moaï, originairede l’île de Pâques, estinstallée dans les jardins du musée du quai Branlydepuis l’été 2005. Cetteœuvre en tuf volcaniquemesure 1,85 mètre de haut et pèse 2,35 tonnes. Elle futprélevée et acheminée enFrance en 1872 en présencede Pierre Loti, officier de marine, romancier etgrand observateur desterritoires dits « exotiques ».Exposée au musée del’Homme depuis les années1930, elle a rejoint les ateliersdu musée, où deux personnesse sont chargées de sarestauration durant troissemaines. L’installation decette pièce, aussi précieuseque fragile, a demandéd’infinies précautions.Aujourd’hui, son regard fixe le ciel au-dessus de l’horizon,comme sur l’île de Pâques où ces statues semblentinvoquer les cieux pourprotéger les vivants.

Océanie

Support à offrandes,patoko

Iles Gambier,île de MangarevaFin du XIXe siècleBoisDon docteur Louis Capitan©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries,Bruno Descoings

Photographie : un regard contemporain sur la Nouvelle-Zélande et la culture maoriAu sein des collectionsphotographiques figure un don original : pour saluerl’ouverture de ce grand muséeà vocation internationale,le gouvernement néo-zélandais a souhaité offrir des séries réalisées par deuxde ses ressortissants.Signée Michael Parekowhai et baptisée «The Consolationof Philosophy », la premièrese compose de douzephotographies de bouquetsde fleurs faisant chacunréférence à des lieux de la Première Guerre mondialeoù sont morts des soldatsmaori engagés dans le New Zealand (Maori)Pioneer Battalion. En reliantl’usage commémoratif des fleurs et leur usage dans la tradition maori,ainsi qu’en jouant sur les significations de son nom – lui aussi relié à unecertaine fleur–, l’artiste tresse un ensemble de sens qui confèrent à son œuvreune grande profondeur.La seconde série présente 17 photographies plusétroitement liées à l’arttraditionnel maori.Par un traitement en noir et blanc et un jeu subtild’éclairage, Fiona Pardingtona souhaité rendre leur chairet leur présence divine à des pendentifs de jade hei-tiki, objets très précieuxdu culte maori transmis degénération en génération.

Hei

tiki

(in

anga

),N

ort

her

nIs

lan

Fio

na

Par

din

gto

n

Page 15: Les collections du quai branly

13 • Un musée passerelle

OcéanieCarrefour aux multiples influences

La Mélanésie

L’espace mélanésien s’ouvre sur desœuvres spectaculaires de la grande île deNouvelle-Guinée associées à la « maisondes hommes » ou maison cérémonielle.Dans un lieu plus confidentiel, sontexposés des objets réservés aux initiationset aux relations avec les ancêtres. Lesthèmes de la guerre, la chasse aux têtes etles rituels funéraires ponctuent le par-cours, de la Papouasie Nouvelle-Guinéeaux îles Salomon. Monnaies et paruresutilisées dans les échanges et les rituelsmontrent la place centrale occupée parle prestige dans ces sociétés, comme lesemblèmes de hiérarchie de grades desîles du Vanuatu et ceux des chefferieskanak de Nouvelle-Calédonie.

La Polynésie

Entre Mélanésie et Polynésie –comme untrait d’union–, le « carrefour des peuples»est une installation exceptionnelle qui pré-sente l’histoire de cette immense « merd’îles » à travers l’archéologie, le peuple-ment océanien et les techniques de navi-gation. Tout au long du parcours polyné-sien, le visiteur découvre les relationsqu’entretiennent les hommes avec leursdieux. Les arts du corps poursuivent cettedécouverte par la présentation d’objetsen plumes, écaille ou nacre, matièressacrées et signes de haut rang.Dans cette région, la diversité des stylesse lit dans l’élégance du design des platsà kava (boisson cérémonielle) et desappuis-tête, comme dans la virtuosité desdécors sculptés de l'art maori de Nouvelle-Zélande.

L’Australie

L’art des Aborigènes d’Australie du nord etdu désert central prend une part impor-tante dans la muséographie du parcoursOcéanie. La «Chambre des Ecorces» pré-sente une cinquantaine de peintures surécorce d’eucalyptus collectées par KarelKupka en terre d’Arnhem dans les années1960.Un dispositif multimédia évoque,enoutre, les sites de production, les artistes etles mythes du «Temps du rêve». L’espaceconsacré à l’Australie dévoile égalementdes boucliers et des propulseurs dont lesmotifs sont toujours retranscrits par lesAborigènes. Enfin, l’exposition de peintu-res contemporaines à l’acrylique, issuesdes traditions aborigènes, témoigne de leurrichesse culturelle.

L’Insulinde

Les collections de l’Insulinde (Asie du Sud-Est insulaire) soulignent, pour leur part, ladiversité culturelle et ethnique de cetterégion au confluent de l’Asie du Sud-Estcontinentale et de l’Océanie. Elles présen-tent un ensemble de parures somptueu-ses, témoignage de l’importance accor-dée au prestige individuel, aux échangesmatrimoniaux et aux trésors familiaux.Formes et matières sont liées aux mythes,aux rituels, et reflètent aussi les inces-sants contacts commerciaux qui favori-sèrent la diffusion de motifs.A Sumatra chez les Batak, à Nias et àSumba, un ensemble unique de sculptu-res lithiques à caractère commémoratifmarque le prestige de l’individu ou celuides clans.

Très présent dans l’archipel insulindien, leculte des ancêtres trouve une expressionsingulière dans les îles des Moluques duSud, où les autels allient l’abstraction deleurs formes à l’élaboration d’un décorspiralé foisonnant.Et partout se retrouve le souci exprimédans la vie quotidienne de se protéger desmauvais esprits, des défunts oubliés. Unensemble d’objets usuels est présenté, surlesquels se déploient les animaux fantas-tiques protecteurs – aso (Bornéo), singa(Sumatra), lasara (Nias) – liés à la mytho-logie des premiers temps.

Le musée du quai Branly a choisi d’exposer les œuvres provenant d’Océanieselon un parcours géographique, tout en déclinant un ensemble de thématiques liées aux régions du Pacifique présentées. Les visiteursdécouvrent ainsi des objets de Mélanésie, Polynésie, Australie et Insulindeissus des collectes historiques menées par des voyageurs au XIXe siècle,des missions ethnographiques et d’une politique d’acquisitions visant à enrichir les collections d’œuvres majeures.

Philippe Peltier Responsable de l’unitépatrimoniale des collections Océanie

Constance de Monbrison Responsable des collections Insulinde

Magali Melandri Chargée des collectionsOcéanie

Page 16: Les collections du quai branly

14 • Un musée passerelle

AmériquesCinq millénaires, de l’Alaska à la cordillère des Andes

Ce parcours présente les plus riches collections du musée en trois parties :l’Amérique récente et actuelle répond à l’Amérique précolombienne de part etd’autre d’une réflexion sur l’identité del’objet. Celle-ci, considérant la forme del’objet au-delà de sa fonction, met en évidence un système de transformationslogiques qui traduit la singularité de la pensée amérindienne. Mais aussi, toutle long du parcours, le visiteur peut appré-cier comment les objets, à travers le jeudes couleurs, des matériaux et un balan-cement subtil entre figuration et abstrac-tion, évoquent les préoccupations majeu-res des sociétés amérindiennes : veiller àl’équilibre du monde, constituer ou affir-mer son identité.

Les Amériques du XVIIe siècleà nos jours

Dans cette première séquence, la muséo-graphie privilégie une présentation descollections ethnographiques par aires culturelles. L’arctique et la côte nord-ouestsont représentés principalement par desmasques, par le travail de l’ivoire inuit etpar des objets de Colombie Britanniqueornés de décor en cellule ; le tout dominépar un mât héraldique. La GrandeAmazonie (terres basses d’Amérique dusud) comme les Plaines d’Amérique dunord apparaissent comme deux pointsforts : la première par ses parures enplumes et les secondes par un ensemblede peaux peintes et de vêtementssouvent anciens complété par quatretableaux de George Catlin.Par ailleurs, une présentation thématiquede textiles, vêtements en peau et en

écorce souligne l’importance de lacouleur pour les Amérindiens. Les rituelsaméricains sont évoqués par des sériesd’objets sacrés : papiers découpés otomi,calebasses perlées huichol, encensoirslacandon du Mexique, poupées kachinapueblo des Etats-Unis, masques, nattes àfourmis et des objets chamaniques pourl’Amazonie. Les Amériques noires sontabordées par des objets provenant desNoirs marrons de Guyane, des objetsvaudous d’Haïti, ainsi que des objets can-domblé du Brésil.

La « transversale destransformations » : singularité de l’objet amérindien

Claude Lévi-Strauss a démontré qu’enAmérique il existait un grand système detransformation des mythes entre eux, tra-duisant une unité de pensée des popula-tions amérindiennes.Ces transformationsd’ordre logique procèdent toutes du prin-cipe de l’inversion.Les objets de ces populations sont pro-duits selon le même principe transfor-mationnel, dans lequel la forme n’est pasuniquement conditionnée par la desti-nation de l’objet, mais traduit toujoursune idée parallèle. En rapprochant desobjets sur la base d’analogies parfois inat-tendues, on constate qu’ils appartiennentà un même ensemble porteur de sens, àtravers un seul groupe de transformation.Avec une centaine d’objets provenant detout le continent américain, de toutes lesépoques, la transversale illustre cetteconstante panaméricaine. Ainsi, insensi-blement, le hochet, destiné à appeler lesesprits, se rapproche du casse-tête au

même titre que la pagaie, faisant ressor-tir ainsi leur parenté enfouie.

Les Amériquesavant la conquête

La troisième séquence fait remonter letemps au visiteur et présente les popula-tions amérindiennes avant l’arrivée desEuropéens. La richesse des collectionsarchéologiques dont le musée disposepermet de donner une vue d’ensembledes nombreuses cultures qui se sont suc-cédées, pendant plusieurs millénaires, àl’intérieur de trois grandes aires culturelles:la Mésoamérique, l’Amérique centrale etles Andes. La présentation de cetteséquence est chronologique et culturelle,allant des périodes les plus anciennes(Olmèques, Chavin, Paracas) aux culturespréhispaniques les plus récentes (Aztèques,Incas), celles qui subirent de plein fouet laconfrontation avec les colons européens...Pour illustrer cette période,un large choixd’objets a été effectué : statues, cérami-ques,œuvres en pierre représentant géné-ralement des divinités,ainsi que des objetsen bois,en métal, en orfèvrerie,en plumeset des textiles.

La collection consacrée aux Amériques comporte plus de 900 objets,exposés dans 65 vitrines, ainsi que des systèmes multimédia.Le parcours Amériques propose trois séquences : les Amériques du XVIIe siècleà nos jours, la «Transversale des transformations», qui présentela singularité de l’objet amérindien, et les Amériques avant la conquête.

André Delpuech Responsable de l’unitépatrimoniale des collectionsAmériques

Fabienne de PierrebourgResponsable des collections« spécialité Amériques»

Paz Nuñez-Regueiro Responsable des collections« spécialité Amériques»

Page 17: Les collections du quai branly

Amériques

Une nouvelle vie pour le mât kaiget Offert en 1939 au Musée de l’Homme par Kurt et Arlette Seligmann,ce mât héraldique en cèdre rouge, haut de 14,50 mètres,entièrement restauré par le musée du quai Branlygrâce à une contribution de la société des Amis,est aujourd’hui investi d’une nouvelle «mission».Après plus de 65 ans passéssous un péristyle auTrocadéro, il est désormaisexposé dans le hall d’accueildu musée du quai Branly.Sculpté en ronde bosse et en bas relief, ce mât est composé de six parties,chacune ayant son propreregistre iconographique,et s’effile vers le sommet.Monumental, il trouve unenouvelle vie « sur mesure»dans le hall... En provenancede Colombie-Britannique,ce mât wetsuwet’en (indienscarrier) appartenait au chefGédem Skanish : il se trouvaiten face de sa maison etpermettait au visiteurd’identifier le rang et le clande Gédem Skanish.

Figurine masculinePérou, Andes du Sud Empire inca1450 -1532Don M. Le Moyne ©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries,Valérie Torre

ph

oto

Ian

na

An

dré

adis

Page 18: Les collections du quai branly

Isid

ore

van

Kin

sber

gen

(182

1-19

05),

Inté

rieu

rd’

un

efa

mill

e,Ja

va,v

ers

1875

,tir

age

sur

pap

ier

albu

min

é

Page 19: Les collections du quai branly

17 • Un musée passerelle

Quatre collections exceptionnellesoffertes à la curiosité du public et des scientifiquesLe musée du quai Branly abrite quatre fonds particulièrement riches etprécieux, dont il assure la conservation, la gestion et la documentation avecune double ambition. Ils ont vocation, d’une part, à être présentés au grandpublic au fil des rotations régulières d’objets sur le plateau des collections et lors des expositions temporaires et, d’autre part, à servir de ressourcesutiles et accessibles aux étudiants, enseignants et chercheurs du mondeentier dans le cadre de leurs travaux.

La collection photographique

La collection de photographies regroupeenviron 700000 œuvres. Les quatre conti-nents,Afrique,Amérique,Asie et Océanie,sont représentés de façon majoritaire danscet ensemble qui compte des photogra-phies très anciennes,de 1841 à aujourd’hui,et des auteurs majeurs pour l’histoire dece médium.

Une collection à part entièreLongtemps considérées comme complé-ments documentaires plutôt que piècesde collection, ces photographies ont vuleur statut réévalué depuis quelquesannées.A ce titre, elles ont bénéficié avantl’ouverture du musée d’un chantier detraitement considérable: inventaire, recon-ditionnement, restauration,numérisation.Si l’importance de cet ensemble impliqueque des travaux sont encore à mener pourune meilleure connaissance de ces collec-tions,un très grand nombre d’images sontaujourd’hui accessibles pour le grandpublic et les chercheurs. Les recherchespeuvent se mener grâce au site internet dumusée, et via l’iconothèque du musée etsa salle de consultation des fonds précieux.Les photographies entrent également dansla programmation des expositions dumusée et de ses publications.

Une très grande diversitéDerrière les images apparaissent leursauteurs : militaires, plus souvent marins,voyageurs fortunés, explorateurs, scienti-

fiques ou même photographes sont lesprofessions qui peuvent caractériser le plussouvent les producteurs d’images au XIXe

siècle.Ainsi Paul-Emile Miot, lieutenant devaisseau naviguant près de Terre Neuve en1857,puis à Tahiti en 1869 en ramène desimages mélancoliques et très personnel-les.Des missions plus officielles autour dumonde alimentent aussi les collections,comme le voyage de Louis Lapicqueautour du monde entre 1892 et 1894. LeBritannique Allan Hughan installe unstudio de photographie en Nouvelle-Calédonie dès les années 1870 : hormisquelques tirages anciens, le muséeconserve un ensemble significatif de sesnégatifs au collodion. Certains voyageurs,comme Alphonse Pinart, collectent lors deleurs voyages objets et images.C’est à l’ini-tiative d’Alphonse Pinart que le laboratoired’anthropologie du Muséum reçoit plu-sieurs centaines de tirages dus à des pho-tographes américains dans les années 1870à 1880.A ces premiers photographes, le XXe siècleadjoint les ethnologues professionnels.Ainsi le musée conserve logiquement l’im-posant travail photographique des missionsconduites par Marcel Griaule, dont lafameuse mission Dakar-Djibouti, toutcomme il abrite les photographies deClaude Lévi-Strauss, Alfred Métraux,Maurice Leenhardt, et de très nombreuxautres anthropologues. Les photographesde métier intègrent l’ensemble, avec desimages particulièrement précieuses.

Portrait d’un vieux paysanen costume d’hiverphotographié en Chine entre 1870 et 1879©musée du quai Branlyphoto Champion

Page 20: Les collections du quai branly

18 • Un musée passerelle

Derrière la figure bien connue de PierreVerger photographiant le monde entier,apparaissent Henri Cartier-Bresson auMexique en 1934, Ella Maillart auTurkestan en 1932, Pierre Ichac en Algérieen 1930.A la diversité d’auteurs répond la variétédes sujets et des terrains. Il est des imagesque l’on attend et qui sont présentes :témoins des anciennes colonies (présenceimportante des photographies d’Asie dusud est par exemple) ou reflétant une tra-dition de recherche spécifique (richessedes collections américaines). Mais des pro-ductions moins orthodoxes existent éga-lement. Par exemple, moins directementreliées aux recherches en ethnologie, lesmissions Citroën en Afrique et en Asiesont représentées.Des amateurs vont également produiredes recherches parfois très précises,comme Gaétan Gatian de Clérambaultdont la profession de psychiatre va luifaire croiser un intérêt inégalé pour lareprésentation de l’art du drapé au Marocdans l’entre deux guerres.Du point de vue des techniques, la col-lection du musée offre un panorama trèscomplet de l’ensemble des techniques etdes supports utilisés ou expérimentésdepuis l’invention de la photographie.Partant de cet héritage si riche, le muséemène aujourd’hui une politique d’acqui-sition ouverte permettant de confirmersa position de référence sur des zonesgéographiques déjà bien représentées oude compléter des régions moins bienpourvues. Ces acquisitions se font égale-ment sur des choix d’auteurs, de photo-graphes témoignant d’un regard ou d’unevéritable pratique photographique, tantau XIXe et XXe siècle qu’au XXIe siècle.

La collection textile

La collection textile du musée compteprès de 25 000 pièces représentatives del’étonnante variété des matériaux, procé-dés, usages et formes employés par leshommes à travers le monde. La plupartdatent des XIXe et XXe siècles, mais lefonds comprend aussi quelques tissusarchéologiques et historiques, en prove-nance notamment d’Amérique. Par sonampleur, cet ensemble apporte un éclai-rage spécifique à l’histoire des collections ;il illustre les choix esthétiques des diffé-rentes cultures et rend compte des

contacts, emprunts et innovations quel’on peut observer dans le temps et dansl’espace.Une multitude de fibres s’y côtoient, végé-tales (citons coton, ramie, raphia, hibis-cus, liber d’écorces variées - comme cellede cèdre rouge pour une cape cérémo-nielle chilkat de Colombie britannique,au Canada), animales (provenant de diversvers à soie, animaux à toisons, porcs-épics, oiseaux, coquillages…), parfoisaussi minérales (avec les fils et filés demétaux précieux). Le tissage (bandeau detête de femme quechua de Bolivie, oujupe de femme Li de l’île de Hainan,Chine) met en œuvre des savoir-faire, pra-tiqués dans des ateliers professionnels ouau sein du groupe familial, qui se trans-mettent d’une génération à l’autre, touten intégrant des modalités nouvelles. Ilen est de même pour le tressage, et pourles nombreux procédés de teinture, la bro-derie ou les applications de matériauxdivers.Quotidiens ou exceptionnels, profanes ourituels, les tissus se retrouvent à tous lesinstants de la vie, dans le décor de l’ha-bitat (tapis, tapisseries, couvertures,sacs…), comme supports de l’expressionreligieuse et dans le vêtement. A traverscelui-ci s’affirment les identités régiona-les et sociales. Genres, âges de la vie, ritesde passage, hiérarchies au sein d’unemême société s’y expriment, ainsi queles relations entre hommes et dieux, entrevivants et morts.Tous ces tissus, précieux ou plus rusti-ques, émerveillent par leur inventivitédécorative.

La collection d’ethnomusicologie

L’une des thématiques transversales dumusée se déploie autour de la musiqueet de ses instruments. Ce choix muséo-graphique s’explique par la richesse dufonds d’ethnomusicologie. Héritée duMusée de l’Homme et du musée nationaldes Arts d’Afrique et d’Océanie, la collec-tion d’instruments de musique s’estconstituée à partir de 1878 et s’est enri-chie au fil des missions ethnographiquesfrançaises. Elle comprend aujourd’huienviron 10 000 instruments de musiquedatant de différentes époques : 3 850 pro-viennent d’Afrique, 2 600 d’Asie, 2 450d’Amérique (parmi lesquelles 900 piècessont d’époque précolombienne), 600

d’Océanie et 500 d’Insulinde. Toutes lesfamilles d’instruments y sont représen-tées : instruments à vent, à cordes, tam-bours et « idiophones» dont le corps rigideest mis en vibration par entrechoc, secoue-ment, raclement, etc.La mise en valeur de cette collection aumusée du quai Branly résulte de plusieursapproches. Dès l’entrée, dans le hall d’ac-cueil du musée, une Tour de verre dévoilela réserve instrumentale. Sur le plateaudes collections, plus d’une centaine d’ins-truments est présentée.Dans les espaces d’exposition consacrésaux arts et aux cultures d’Amériques,d’Asie, d’Insulinde, d’Océanie, et dans cer-taines vitrines consacrées à l’Afrique, lesinstruments prennent place parmi d’au-tres objets et participent de la mise enscène du propos muséographique global.Par ailleurs, l’exposition de la musique estproposée au travers de deux installationsmultimédia.Sur le plateau des collections,les boîtes à musique est et ouest,qui pren-nent la forme de deux espaces d’environ30m2 chacun,sont le lieu d’une expériencecollective de la musique mise en volumepar une installation multimédia associantdes dispositifs de spatialisation du son et laprojection d’images immersives.Ce sont neuf programmes audiovisuelsdurant lesquels le visiteur est plongé, parexemple, au cœur d’une veillée de séduc-tion chez les Peuls nomades du Niger, ausein des polyphonies vocales chez lesPygmées bedzan du Cameroun, au centredes musiques processionnaires duNépal… Un autre système multimédiavise à immerger la Tour de verre dans unnuage de murmures, une sorte de parfumsonore, de façon à percevoir auditivementcertains des instruments qui y sontconservés tout en évoquant la dimensionsonore du contenu.Ce dispositif sonore estassocié à la projection d’images évoquantles techniques de jeu instrumentales.Un troisième lieu spécialement dévolu autemps de l’écoute est en cours d’aména-gement sur la galerie multimédia. Ilpropose aux visiteurs un programme inti-tulé «A l’écoute des musiques du monde»qui offre un aperçu de la diversité desesthétiques musicales sur les cinq conti-nents et propose des pistes d’écoute et decompréhension mettant en valeur lesavoir musical.

Page 21: Les collections du quai branly

Panneau décoratif de blouse KunaPanamaXXe siècleCoton© musée du quai Branlyphoto Patrick Gries

Page 22: Les collections du quai branly

Harpe arquée Kundi

NgbakaRépublique démocratiquedu Congo Bois, fibres végétales,peau, métal, pigments©musée du quai BranlyPatrick Gries

Page 23: Les collections du quai branly

21 • Un musée passerelle

La collection d’Histoire

Le musée du quai Branly possède uneunité patrimoniale Histoire, héritée à lafois du fonds historique du musée natio-nal des Arts d’Afrique et d’Océanie, ainsique des collections d’arts graphiques et depeintures d’artistes français issues pournombre d’entre elles du laboratoire d’eth-nologie du Musée de l’Homme. Enrichied’un certain nombre d’acquisitions aucours des cinq dernières années, cette col-lection compte désormais près de 10000œuvres d’une grande diversité : tableaux,gravures, sculptures, carnets de voya-geurs… A la variété des techniques s’ajoutecelle des représentations: dioramas datantde l’exposition coloniale de 1931,aquarel-les de marins au tournant du XIXe sièclereprésentant des paysages d’Océanie (ouencore celles de Paul Gauguin, dont lemusée possède une vingtaine d’estampeset de dessins), tableaux orientalistes etcroquis d’explorateurs représentant despaysages d’Afrique du Nord et d’Afriquesubsaharienne, images fantaisistes sur lesIndiens d’Amérique tels qu’on les imagi-nait au XVIIIe siècle...Toutes ces œuvres constituent autant detémoignages historiques capables de nousrenseigner sur l’évolution des visions occi-dentales de l’Autre en fonction des lieuxet des époques. Elles sont aussi un formi-dable rappel du rôle fondamental quecontinuent à jouer ces images dans notreimaginaire.A cet égard, l’importante iconographiedont dispose le musée sur la représenta-tion de l’esclavage constitue une ressourceriche d’enseignements.Par sa dimension historiographique, cettecollection n’a pas vocation à être directe-ment exposée parmi les collections deréférence. Elle est en revanche l’une dessources principales des multiples pro-grammes multimédia qui accompagnentla visite et est très régulièrement sollici-tée pour des prêts ou dans le cadred’expositions temporaires, telles « D’unregard l’Autre », à l’automne 2006.

Christine BartheResponsable scientifique des collections du fondsphotographique

Françoise CousinResponsable des collections textiles

Madeleine LeclairResponsable de l’unitépatrimoniale des collectionsd’instruments de musique

Nanette SnoepResponsable du fondshistorique

Edmond Laethier.Jeune femme fang,Gabon, vers 1887.L’artiste Edmond Laethier(1858-1889) accompagnaitPierre Savorgnan de Brazzaau Gabon lors de la missionde l’ouest africain.Trois de ses carnets sont conservés au musée du quai Branly.

Page 24: Les collections du quai branly

Sall

esd

up

avil

lon

des

Sess

ion

s,p

ho

tos

Did

ier

Bo

yd

eLa

Tou

r

Page 25: Les collections du quai branly

23 • Un musée passerelle

Le pavillon des SessionsUne ambassade du musée du quai Branly au cœur du musée du Louvre

La statuette chupícuaro,première acquisition du musée du quai Branly Datée de 600 à 200 avant J.-C.,la statuette chupícuarochoisie comme emblème du musée est un objet en terre cuite mexicainprovenant de la collection de Guy Joussemet, l’un des nombreux donateurs qui ont souhaité participer à l’enrichissement des collections du musée.Issue d’une civilisation encoremal connue de l’époqueprécolombienne, cettestatuette de 31 centimètres,symbole de la fertilité et du renouveau des saisons,a parcouru deux millénairespour nous parvenir dans un état de conservationextraordinaire et résideaujourd’hui au pavillon des Sessions.

Inauguré en avril 2000, le pavillon desSessions se situe au sud du palais duLouvre,entre l’aile de Flore et l’aile Denon,et expose 120 chefs-d’œuvre sculpturauxdu monde entier au coeur de l’un des plusgrands musées du monde. Du jour au len-demain, la Victoire de Samothrace et laVénus de Milo ont cohabité avec une œuvredu maître de la maternité rouge dogon,avec un serpent à plumes Quetzalcoatl.L’ouverture du pavillon des Sessionsmarque ainsi un tournant important dansl’histoire du regard que l’Occident portesur les arts et civilisations d’Afrique,d’Asie,d’Océanie et des Amériques, soit les troisquarts de l’humanité et six mille ans d’his-toire du monde...

Une étape importante dans l’histoire du regard

Après plusieurs siècles d’attente, ces chefs-d’œuvre font leur entrée au musée duLouvre avec splendeur et solennité, traitéset exposés avec le même respect et lemême regard que les œuvres des autressalles du musée. L’architecture intérieurede ce lieu de 1400 mètres carrés, conçuepar Jean-Michel Wilmotte,permet aux visi-teurs de pénétrer dans cet espace sans res-sentir, de prime abord, sa spécificité :épuré, aux volumes simplifiés, aux cloi-sonnements limités,baigné d’une lumièretamisée par des écrans en mailles debronze argenté, il est à la fois moderne etfidèle aux principes originels de l’archi-tecture du Louvre de présentation desœuvres dans leur pleine dimension.

Aujourd’hui, une ambassade au cœur du Louvre

Si l’architecture du lieu s’intègre parfaite-ment dans le Louvre, elle n’en préfigurepas moins les grands principes qui ontprésidé à la conception du musée du quaiBranly. Ainsi, les quatre grandes aires géo-graphiques sont présentes et, déjà, ellescommuniquent entre elles: le regard passelibrement de l’une à l’autre.Par ailleurs, si la valeur esthétique desœuvres est d’abord mise en avant –dansl’esprit du musée du Louvre–, le visiteurpeut aussi étendre son niveau de lecture etde compréhension des objets. A l’entréede chaque salle,de grandes cartes géogra-phiques renseignent immédiatement surl’origine et la situation des œuvres, et desfiches signalétiques illustrées complètentl’information première donnée par lescartels. En outre,un dispositif multimédiapourvu d’une douzaine d’écrans interac-tifs permet d’accéder à des informationscomplémentaires sur l’histoire, le contexte,l’usage et la société d’origine des objetsprésentés.Aujourd’hui, alors que le musée du quaiBranly a ouvert ses portes, le pavillon desSessions poursuit son rôle d’ambassade dunouveau musée.

«Pour que les chefs-d’œuvre du monde entiernaissent libres et égaux... » Premier accès à ce droitfondamental exigé par Jacques Kerchache dans un manifeste de 1990 : le pavillon des Sessions.

Sculpture de ChupícuaroMexiqueVIIe - IIe siècle avant J.C.Terre cuiteAncienne collection Guy Joussemet©musée du quai Branlyphoto Hughes Dubois

Marie LavandierResponsable de la muséothèqueet du pavillon des Sessions

Page 26: Les collections du quai branly

Développer et enrichir le patrimoine du musée du quai Branly

La nécessité de mettre en œuvre une poli-tique d’acquisitions pour le musée du quaiBranly est apparue dès la mise en place dela mission de préfiguration, présidée parJacques Friedmann. Son Conseil d’admi-nistration a ainsi créé un «Comité de pré-sélection » des acquisitions qui a fonc-tionné dès 1997. En décembre 1998, il aété remplacé par le comité de présélectiondes acquisitions de l’établissement publicprésidé par Stéphane Martin.C’est un dispositif jusqu’ici identique quia été reconduit par le décret de décembre2004 dotant le musée de son statut défini-tif. A ce jour, la commission des acquisi-tions du musée, présidée par StéphaneMartin,comprend 18 membres : des repré-sentants des tutelles, de la société desAmis,des conservateurs ainsi que huit per-sonnalités qualifiées choisies par les minis-tres de tutelle.

Durant cette première campagne d’acqui-sitions, le musée du quai Branly auraenrichi ses collections de quelque 8 152objets, soit par achats (29%), dons (70%)ou dations (1%). Cette politique d’acquisi-tions s’est inscrite dans la continuité patri-moniale tout en témoignant de la sensibi-lité contemporaine et des opportunitésoffertes par le marché. La plupart de cesacquisitions s’inscrivent aujourd’hui dansle parcours présentant les collections deréférence. Ainsi, la conception même duparcours et l’attention portée à certainsaspects tant géographique, historique ouculturel et technique ont influencé denombreux choix. Ainsi les pays pour les-quels le plus grand nombre d’acquisitionsont été réalisées sont : l’Afrique du sud(221), le Mexique (1 252), la Chine (445),l’Inde (3 553), et l’Indonésie (700).Pour le pavillon des Sessions, la sélectionétablie par Jacques Kerchache comprenait

vingt huit œuvres majeures nouvellementacquises. Dix-sept d’entre elles furentachetées, trois reçues en dation (premièredation Goldet) et huit données (parMonique et Jean Paul Barbier-Muller,Jacques et Anne Kerchache,Alain Schöffel,Guy Ladrière). Quatre sculptures purentêtre achetées auprès d’Aube Elléouët, filled’André Breton, particulièrement géné-reuse au moment de la vente de l’atelierde son père.

Tant en nombre (894 objets),qu’en termesd’impact sur la physionomie générale dela collection du musée et qu’en qualité, lagrande acquisition fut celle, en 2001, descollections constituées par Jean-PaulBarbier-Mueller sur les arts de l’Insulinde.Par une réflexion très attentive aux besoinsdu musée, Jean-Paul Barbier-Mueller com-pléta les achats décidés (420 objets) parun ensemble de donations admirablesconcernant l’orfèvrerie (299 objets), les artsdu Nagaland et du Pakistan (78 pièces), etun ensemble de tissus (97 pièces) prove-nant de la zone Insulinde.

L’appui des nouveaux dispositifs de la loi de 2003 sur le mécénat

Entre 1999 et 2007, les opportunités dumarché de l’art, les dons et dations ontpermis d’acquérir plusieurs centainesd’objets exceptionnels : deux vases teoti-huacan, une lance bambara, un grandmasque vungvung des baining, un poteaumapuche rare du Chili, une statue luba-hemba… Par ailleurs, une place particu-lière revient à l’acquisition, avec lemécénat d’AXA,de la statue pré-dogon quiaccueille les visiteurs à l’entrée du plateaudes collections, et aux 25 masques del’Himalaya offerts par Marc Petit.Il est enfin important de souligner l’achat,

en 1999, d’une centaine de bronzestribaux de l’Inde, qui généra, en 2004, ladonation d’une collection de 3 000 piècesofferte par Christophe Niemöller, prove-nant de ces mêmes cultures et de leursdéveloppements contemporains.Il faut signaler en 2006 le don d’unesculpture Boli du Mali par Jean-MichelHuguenin. Grâce au concours de lasociété des Amis du musée et le mécénatde l’entreprise METROPOLE Gestion,deux masques Yup’ik (Inuits) de la collec-tion Robert Lebel ont été acquis. En 2006,un pupitre d’orateur de la région du Sépiken Papouasie Nouvelle-Guinée, a étéoffert au musée par Claude Vérité.

Ces donations confirment que c’est parun travail de relations et une quêtepatiente et passionnée que s’affirme peuà peu le travail d’un musée mais aussiqu’une politique d’acquisitions est essen-tielle au développement et à la vie dumusée, qu’elle s’inscrit nécessairementdans l’évolution des connaissances, dugoût et dans la durée.

Le musée du quai Branly bénéficie d’une politique d’acquisitions lui permettant de dynamiser son patrimoine.

24 • Un musée passerelle

Page 27: Les collections du quai branly

La statue pré-dogon de style djennenké,un symbole d’immortalitéL’acquisition par l’Etatfrançais, grâce au mécénatd’AXA, d’une statue en bois du Xe ou XIe siècle,originaire de la région de Djenné à l’ouest du paysdogon, illustre le désir du musée du quai Branly de rendre accessibles au public les sculptures les plus exceptionnelles.Elle est, par ailleurs,la première œuvre d’intérêtmajeur issue d’unecivilisation non occidentale à bénéficier de la loi sur le mécénat d’août 2003.Cette statue, une des piècesmajeures de la zone Afrique,est unique et remarquablenon seulement par sa taille(près de 2 mètres), maiségalement par sa beauté et son ancienneté.Protectrice et médiatrice,aux contours androgynes,les bras tendus vers le mondedivin, elle porte des jumeauxrespectueusementagenouillés. Œuvre au visagesévère, incarnant unecertaine idée de la perfectionet de l’immortalité,elle accueille le visiteur à l’entrée du plateau des collections.

Statue anthropomorphe Plateau de Bandiagara, MaliStatue pré-dogon de style djennenkéXe-XIe siècleAcquise par l’Etat français grâce au mécénat du groupe AXA©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries

Page 28: Les collections du quai branly

Cap

ture

sd

’écr

ans

des

pro

gram

mes

mu

ltim

édia

pré

sen

tés

sur

lep

late

aud

esco

llec

tio

ns

Page 29: Les collections du quai branly

27 • Un musée passerelle

Un système d’information pour accompagner les regards

L’information multimédia :un espace dédiéLes programmes multimédiade la mezzanine centrale d’informations anthropologiques sont conçus comme desobservatoires culturels et scientifiques des peupleset des civilisations présentésdans le musée. Ils couvrent des domaines aussi vastes et variés que l’architecture,la linguistique,les écosystèmes, la géographieet l’anthropologie,qui sont autant d’élémentsindispensables à aborderpour envisager la culturede ces peuples. Le visiteurpeut exploiter l’arborescencedes programmes avec un croisement des entrées pour organiser sa découverteet son savoir comme il l’entend. Tout comme le portail documentaireaccessible depuis le siteinternet, cette mezzanine a bénéficié du mécénat d’Ixis C&B Groupe Caissed’Epargne.

La production multimédia en chiffresLa totalité des scénarios sontécrits par des scientifiques et par les conservateurs dumusée, aidés des meilleursspécialistes internationaux,permettant de rapporter au public des chefs-d’œuvredu patrimoine immatériel,des traditions orales,de la musique traditionnelle,ainsi que l’état actuel du travail sur le terrain et dans la recherche.

100 programmes, soit environ8 heures d’audiovisuel.20 programmes interactifs.35 auteurs. 1 781 documents audiovisuels (90% d’archiveset 10% de création).192 sources documentairesou ayants droits différents.

Favoriser l’accessibilité des objets présentés

Les outils multimédia participent à unecompréhension complémentaire de l’usagedes œuvres dans leur contexte d’origine.Nombre d’objets,présentés dans les expo-sitions, jouaient ou jouent encore un rôleactif pour leurs peuples. Ces programmespermettent de le visualiser sous un angledynamique. Les supports audiovisuelsaccompagnent la visite, en complémentde l’exposition des œuvres. Ils constituentégalement pour le musée un moyen deprésenter son patrimoine immatériel,constitué d’archives sonores,photographi-ques ou filmées.En mettant en valeur descontenus inédits et en exploitant les fondsdocumentaires du musée, le multimédiapermet de montrer les cérémonies, la viequotidienne, l’architecture et les paysages.Au-delà de la simple représentation, il situeles œuvres chronologiquement,géographi-quement, et guide le public dans sesdécouvertes.Le système d’information suit une ligneéditoriale précise, dont le but est d’offrirune image dynamique des pratiques culturelles et artistiques.

Une interactivité sur plusieurs niveaux

L’information multimédia est disponiblesur différents supports identifiables selonla typologie du mobilier. Ainsi, les visi-teurs ont accès à des installations qui vontdes plus simples (niveau 1) aux plus inno-vantes (niveau 3). Ces dernières permet-tent notamment une interactivité forteavec l’utilisateur.

Les installations de niveau 1 affichent uncontenu volontairement sobre.Ces 60 pro-grammes courts durent en moyenne troisminutes.Les installations de niveau 2 s’articulentautour d’un contenu éditorial thématiqueplus développé, et la manipulation y estplus sophistiquée. Les connaissances etpoints de vue de spécialistes sont exposésà travers vingt programmes interactifs. Enintroduction à ces programmes thémati-ques de niveau 2, un écran spécifique aété conçu dans le but de donner la paroleaux populations issues des cultureslocales, par le biais du récit. Il fonctionnecomme une « préface » et ne vise pas àrésumer le sujet, mais invite au contraireà l’approfondir.La conception des program-mes de niveau 2 a privilégié les extraits dereportages ou de documentaires rares. Ilsfont référence à des personnalités charis-matiques, connues ou anonymes.Les installations multimédia de niveau 3sont, enfin, totalement inédites, spécia-lement conçues par et pour le musée duquai Branly. Elles placent le visiteur dansun environnement interactif, sollicitantsa subjectivité à travers des dispositifscomme la projection holographique, lemur d’images ou la visualisation de typeimmersif. Dix installations multimédiade niveau 3 couvrent ainsi l’ensembledes zones géographiques et des thèmesabordés dans le musée. Par exemple, ilest possible de faire l’expérience sensi-ble d’un rituel de divination senoufogrâce à un dispositif scénographiqueinédit mêlant jeux de lumière, son spatia-lisé et écrans multiples.

Le musée du quai Branly propose un conceptnovateur en termes d’adaptation des nouvellestechnologies à l’art et à l’ethnographie.Le multimédia a ici pour objectif l’initiation et la compréhension des œuvres, des cultures,des peuples et des civilisations.

Page 30: Les collections du quai branly

Timbale sur soclezoomorpheBaga République de Guinée,Afrique occidentaleBois, pigments,peau, cornes d’antilopesTambour lié aux rituels d’initiation©musée du quai BranlyPatrick Gries,Bruno Descoings p

ho

toN

ico

las

Bo

rel

Page 31: Les collections du quai branly

29 • Un musée passerelle

Les réservesau cœur du muséeAccueillant près de 300000 œuvres, les réserves ont une place particulière au cœur du projet du musée du quai Branly.

Dès son origine, le projet prévoyait d’asso-cier étroitement les réserves à la vie dumusée, dans le cadre de sa politique derotation des expositions. Singularité dansl’univers muséographique, une partie desréserves se révèle à la vue du public autravers de la Tour de verre de 24 mètresde haut qui abrite sa collection d’instru-ments de musique et d’une fenêtreouvrant sur la réserve des œuvres degrande taille. Toutefois, l’enjeu majeur duprogramme est de rendre à terme l’en-semble des réserves accessible à un publicspécialisé, constitué de chercheurs, descientifiques et d’universitaires. Les300000 œuvres sont ainsi entreposées auniveau bas du jardin, sur une surface quis’étend sur près de 6 000 m2. Les réservessont desservies par de larges allées quiparcourent les rayonnages mobiles.

Une nouvelle conception des réserves

La proximité de la Seine a soulevé le pro-blème de la conservation d’objets orga-niques particulièrement sensibles à l’hu-midité. Lors de la construction, unevéritable fortification souterraine a étémise en place autour des sous-sols dubâtiment. L’ensemble a été rendu totale-ment étanche au moyen de cuvelages quiprotègent efficacement contre les infil-trations du fleuve.

La Tour de verre : la réserve des instrumentsde musiquePoint de repère et d’ancragepour l’ensemble du bâtimentqu’elle traverse de haut en bas, la Tour de verre,réalisée avec le concours de la Caisse des Dépôts etConsignations, représente une des manifestations de la volonté de dévoiler aupublic les coulisses du muséehabituellement dérobées à sa vue. Les quelque10000 instruments qui y sontconservés font de la réserveinstrumentale un surprenantobjet de contemplation : ils baignent dans un subtilmélange d’ombre et delumière, destinés autant à les protéger qu’à aviverl’imaginaire. Un effetintriguant encore renforcé par des «murmures»musicaux diffusés par les parois de verre, audibles

en s’approchant de la réserve,ainsi que par les écrans : cetteprogrammation multimédiaapparaît sous forme de pointslumineux concentrant de courtes séquencesd’images sur les instrumentset leurs techniques de jeu.

ph

oto

Nic

ola

sB

ore

l

Page 32: Les collections du quai branly

30 • Un musée passerelle

The Museum System: l’archivage nouvelle génération Développé et édité par la société GallerySystems,The Museum System (TMS)est une base de donnéesinformatique spécialementconçue pour les musées,qui permet de cataloguer,d’enregistrer les pièces et de leur assigner une fichesignalétique complète.Le logiciel répertorie aussi les différents mouvementsdes œuvres, que celles-ciquittent les réserves pour être exposées, qu’elles soienten restauration ou qu’ellessoient prêtées à d’autresinstitutions. Cette dernièrefonctionnalité se révèleparticulièrement précieusepour le musée du quai Branly :d’une part, en prévoyantd’exposer l’intégralité des300000 pièces à sa dispositionsur un cycle de 12 ans,il est nécessaire d’assurer une traçabilité fiable etrapide, et, d’autre part,elle permet de mettreen place une politique de prêts suivie et réactive.Enfin, TMS est accompagnéd’un logiciel appeléeMuseum, qui permet la mise en ligne du cataloguecomplet du musée, réservesincluses : ainsi, l’ensemble de la communautéscientifique et universitairea accès aux richesses du musée, gratuitement et instantanément.

Le musée du quai Branly a effectué entrois ans un véritable chantier des collec-tions sur les 300 000 œuvres qui consti-tuent son fonds. Cette vaste opération apermis bien sûr de préserver l’intégritéphysique des objets confiés au musée,d’organiser les collections, de sauvegarderet d’étendre les données concernant lespièces, mais aussi de réfléchir sur leurstatut. Enfin, elle garantit aujourd’hui,grâce à internet, leur accessibilité et leurdiffusion internationale, notamment dansleurs pays d’origine.Entamé en 2001 et achevé en 2004, sous ladirection de Christiane Naffah, ce chan-tier, qui a mobilisé 70 personnes, s’esteffectué en plusieurs étapes. La chaîne detraitement a commencé avec le récole-ment puis le prélèvement des collectionsdans les deux musées d’origine (Musée del’Homme et musée des Arts d’Afrique etd’Océanie) et s’est terminée par l’installa-tion des collections dans les salles ou leurtransfert vers les réserves du musée. Dansl’intervalle, les équipes de restauration onteffectué l’étiquetage des objets par codes-barres, leur archivage sous TMS, les prisesde mesure, le dépoussiérage des objets, lesprises de vue 2D et 3D (pour 4000 d’entreeux), ainsi que leur désinsectisation paranoxie (privation d’oxygène).

Donner une nouvelle existence aux objets conservés

Ce chantier des collections est une étapemajeure du projet par la diversité et la fra-gilité des pièces traitées, et par les procé-dés et les techniques innovants qui ontpermis son bon déroulement. En outre,au-delà de la rigueur nécessaire à un telchantier, les travaux ont été conduits dansun réel esprit d’ouverture, de nombreuxanthropologues ayant été sollicités pour ycollaborer. Les protocoles et les retoursd’expériences, consignés en français et enanglais,ont été mis à la disposition d’autresmusées. Au-delà de la rationalisation desméthodes de préservation et de conserva-tion des œuvres, une telle démarche pré-sente un intérêt stratégique, intéressantl’ensemble de la communauté scientifi-que et universitaire internationale : grâceau portail documentaire accessible depuisle site Internet du musée du quai Branly,l’inventaire détaillé et illustré de l’ensem-ble de ses collections est porté à la connais-sance de chacun,où qu’il se trouve dans lemonde...De ce fait, les collections,qu’ellessoient exposées ou en réserve, restent tou-jours accessibles et profitent d’une exis-tence virtuelle.

Répertorier, cataloguer et nommer les pièces relèvebien évidemment des premières missions deconservation d’un musée. Au regard de l’ampleurde ses collections, le musée du quai Branly a adapté une méthode issue des bibliothèques : le chantier des collections.

Le chantier des collectionsUne première dans le paysagemuséal

Page 33: Les collections du quai branly

Lab

ora

toir

ed

uch

anti

erd

esco

llec

tio

ns,

ph

oto

sN

ico

las

Bo

rel

Page 34: Les collections du quai branly

Inst

alla

tio

nd

eG

ulu

mb

uYu

nu

pin

gu,a

rtis

teab

ori

gèn

eau

stra

lien

,ph

oto

Ian

na

An

dre

adis

Page 35: Les collections du quai branly

33 • Un musée passerelle

Prêts et partenariatsDialoguer et coopérer avec les institutions du monde entier

Restauration desenveloppes funérairesparacas : un programme decoopération internationale En juin 2008, le muséeconsacrera une grandeexposition aux « enveloppesfunéraires », ou fardos, desParacas, une civilisation duPérou aujourd’hui disparue.Vieilles de plus de 2000 ans et préservées jusqu’à leurdécouverte sur des sites de fouilles archéologiquesgrâce à un climatparticulièrement aride,ces pièces textiles fontactuellement l’objet d’unerestauration prise en chargeconjointement par le muséedu quai Branly et l’InstitutNational de la Culture du Pérou. La convention de partenariat, technique et professionnel, permetl’accompagnement sur place,au Pérou, d’une campagne de restauration de ces trésorsnationaux supervisée par les conservateurs péruviensavec la collaboration deDanièle Lavallée, chercheurau CNRS et commissaire de la future exposition.Outre la volonté de préserverce patrimoine unique aumonde, ce partenariat vise àétablir, sur le long terme, unedémarche de mutualisation des connaissances et dessavoir-faire entre la France et le Pérou.

Outre la participation à la création duGDRI (Groupement de RechercheInternational), au sein duquel le musée estun membre actif, des partenariats diverset multiples sont tissés. En premier lieu,des coopérations bilatérales – les plus «tra-ditionnelles»– sont mises en œuvre.Dansle cadre de projets d’expositions portéspar le musée, il s’agit de coopérations pourune durée donnée, passant par la sollici-tation des collections des musées des paysconcernés (par le biais de prêts, d’études,de publications) ou par l’implication depersonnes-ressources: responsables de col-lection,chercheurs… Par exemple, le CostaRica a prêté au musée une sphère diquis,présentée dans le hall d’entrée du musée ;de même, la Nouvelle- Zélande a fait donde photographies de deux artistes contem-porains... En retour, le musée met ses col-lections à disposition de ses homologuesgrâce à des dépôts ou des prêts d’œuvresà d’autres musées, tels que le Centre Jean-Marie Tjibaou de Nouméa, ou dans lecadre de nombreuses expositions interna-tionales telles qu’«Africa Remix», organi-sée par le Centre Georges Pompidou.

Les grands axes de la coopération internationale au musée

Par ailleurs, parallèlement à la participa-tion active à divers réseaux européens etinternationaux – programme TREEMUS,Groupe des directeurs de musées d’eth-nologie européens, réseau ASEMUS, qui

rassemble musées européens et asiatiques,Pacific Art Association –, le musée met enplace une politique de partenariats delong terme avec divers pays d’origine despièces qu’il expose. Ainsi en décembre2005,un accord-cadre signé avec le muséede Tahiti a été reconduit, créant une rela-tion privilégiée entre les deux institutions.Echanges d’expériences, mise à disposi-tion de moyens, de techniques, de forma-tions, ces partenariats durables permet-tent au musée de construire une relationconstructive avec un grand nombre d’éta-blissements et de communautés dans lemonde. De nombreuses opérations sontdéjà en cours, voire conclues : les plafondsaborigènes australiens font désormaispartie intégrante du musée, un Fonds deSolidarité Prioritaire a été mis en placeavec l’aide du ministère des Affaires étran-gères, impliquant le musée, l’Ecole dupatrimoine africain de Porto-Novo, ainsique 26 musées africains. D’autres coopé-rations sont actuellement en cours de for-malisation. Parmi les pays concernés, onpeut d’ores et déjà citer le Mali, laRépublique démocratique du Congo, lePérou, le Nigeria, l’Ethiopie ou le Viêtnam.Les accords passés avec ces pays permet-tent de valoriser leur patrimoine, demettre en place de véritables politiquesde préservation ou d’aider le musée àdocumenter ses propres collections.

Exposant des œuvres provenant de quatre continents, le musée est par essenceune institution à vocation internationale. Inscrite dans sa politique générale,cette volonté implique naturellement un dialogue riche et constant avec les pays d’origine des collections, ainsi qu’avec les institutions homologues.Grâce à une politique active de prêts, de partenariats et de participations à divers réseaux, le musée se donne les moyens de devenir un acteur à partentière de la communauté internationale.

Page 36: Les collections du quai branly

Lesa

lon

de

lect

ure

Jacq

ues

kerc

hac

he

/La

méd

iath

èqu

e,p

ho

tos

An

ton

inB

org

eau

d

Page 37: Les collections du quai branly

35 • Un musée passerelle

La médiathèqueEntre recherche et savoirs populaires

Installée dans le bâtiment Auvent, lamédiathèque s’est constituée à partir desfonds documentaires du Musée del’Homme et du musée national des Artsd’Afrique et d’Océanie. Un apport consé-quent représentant 170 000 monogra-phies, 3 000 titres de périodiques et580 000 photographies pour le premier,12 000 monographies et tirés à part,65 000 photographies pour le second. Letransfert de ces collections a exigé un longet difficile travail de conservation, d’in-formatisation et de numérisation sur plu-sieurs années.A ce précieux héritage s’ajoute une politi-que d’enrichissement permanent des col-lections, notamment en histoire de l’art,complétée de façon exceptionnelle par desdonations ou acquisitions de bibliothè-ques de chercheurs et collectionneurs.Aucours des deux dernières années, parexemple, la médiathèque a fait l’acquisi-tion d’environ 25000 ouvrages,en plus desbibliothèques de Jacques Kerchache et deGeorges Condominas.Enfin,un fonds trèsimportant d’archives et de documentationautour des objets du musée – respective-ment 550 et 6000 dossiers– complète cetensemble.

Des fonds documentaires de référence

Les missions confiées à la médiathèquesont à l’image de ses collections. Elle doiten effet répondre aussi bien à la curiositédu grand public que constituer un centrede ressources performant pour les cher-cheurs travaillant dans de multiples disci-plines –ethnologie,bien sûr,mais aussi his-toire de l’art, architecture… Pour cela, son

offre de service aux publics se décline endeux niveaux : un salon de lecture inscritdans le parcours du musée, rassemblantune documentation générale sur lesœuvres exposées, leurs pays et civilisationsd’origine; une médiathèque de recherche,mettant à la disposition des étudiants etprofessionnels des sciences et des arts nonoccidentaux tous les fonds de référenceliés aux thématiques abordées par lemusée.

Héritière de fonds riches et prestigieux, la médiathèque du musée du quai Branly a renouvelé la gestion et la consultation à travers un concept associant accessibilitépour le grand public et projet scientifique de haut niveau.

La médiathèque en chiffresUn fonds de 250000imprimés, dont 25 000ouvrages en accès libre11 km linéaires de magasinUn salon de lecturede 250 m2 et 50 placesUne salle de recherche de 1100 m2 et 180 places sur le toit du musée.

Le salon de lectureJacques KerchacheLe musée rend hommage à l’un de ses principauxinitiateurs en baptisant le salon de lecture de la médiathèque du nom de Jacques Kerchache,grand collectionneur françaisdisparu en 2001. Réaliséegrâce au mécénat de SonyEuropa Foundation, pourl’aménagement et le mobilier,et de M. et Mme Bruno Roger,qui ont pris en charge les frais liés au montage de photographies prises

par Jacques Kerchache ornant le plafond, cette sallede 50 places, équipée d’une machine à lire pour les handicapés visuels,propose 5000 ouvrages en accès libre dont 500 plusspécialement destinés auxenfants à partir de 7 ans.Une œuvre taïno, le génie du Gayac, prêtée par le muséeanthropologique Montane de La Havane, vient habiter le salon Jacques Kerchachependant la première année du musée. Hommage à une exposition organisée en 1994 par JacquesKerchache, «L’art des taïnos»,qui fut un événementannonciateur de ce que seraitun jour la place des arts etcivilisations non occidentaux.

Le cabinet des fondsprécieuxLe cabinet des fonds précieuxsitué au 5e étage du bâtimentAuvent, offre un espace de travail de 12 places,spécialement conçu pourl’accueil des lecteurs désirantconsulter la collection del’iconothèque (700000 piècesdu négatif sur plaque de verreaux tirages papiers, gravuresou dessins), ainsi que le fondspatrimonial de la média-thèque qui regroupe quelques40000 livres rares et précieux,atlas iconographiques et recueils d’estampes.Le cabinet des fonds précieux est accessible sur accréditation et offre la possibilité de rencontrer le personnel scientifique de la médiathèque.

Odile Grandet Directeur adjoint, responsable de la médiathèque

ph

oto

DR

Page 38: Les collections du quai branly

36 • Un musée passerelle

Unique au monde, le musée du quaiBranly présente sur Internet l’ensemble deses collections, au titre de la valorisationde son patrimoine et de sa restitution auxpays d’origine. Outil de découverte et derecherche, le portail documentaire rendaccessible un patrimoine exceptionnel sousle nom de «Documentation scientifique» surInternet et complète encore son offre dans lesespaces publics du musée. Cette propositionnovatrice est possible grâce au mécénat d’IxisC&B-Groupe Caisse d’Epargne.

Quatre catalogues en ligne

Pour la première fois, un musée ouvre lesportes de ses réserves et diffuse l’ensem-ble de son catalogue d’objets, soit plus de260000 notices d’objets exposés ou non.Les photographies des objets s’affichenten vignette,diaporama ou plein écran.Desoutils permettent de naviguer dans la pho-tographie et de zoomer sur des détails.Le catalogue de l’iconothèque dévoile sonextraordinaire richesse grâce aux opéra-tions progressives de numérisation et decatalogage qui donnent une visibilité à plusde 150 000 photographies sur le portaildocumentaire : notices, images numéri-ques en vignette, diaporama, plein écranou zoom. A terme, l’ensemble des 700000références de l’iconothèque sera diffusée.Le catalogue de la médiathèque com-prend près de 200000 références de mono-graphies,périodiques,mais aussi de CD etDVD, catalogues d’expositions ou livrespour enfants. Le portail documentaireprécise la disponibilité des ouvrages,propose une inscription ou la réservationd’ouvrages en ligne.Le catalogue de la documentation muséaleet des archives met à disposition plus de100000 références de documents numé-risés, dossiers d’objets et archives. Unrebond lie les notices d’un objet et de sondossier d’objet, diffusées dans deux cata-logues distincts.

Des modes de consultationspécifiques

La consultation se fait par une interroga-tion sur un seul catalogue ou en combi-nant deux, trois ou l’ensemble des sourcespar une recherche fédérée, qui est uneinnovation du musée du quai Branly.Une recherche guidée permet de sélec-tionner un groupe d’objets : instrumentsde musique, textiles, nouvelles acquisi-tions, etc.Plusieurs modes de recherche ont étédéveloppés : une recherche rapide sur lemodèle d’Internet, une recherche simplepour saisir un seul mot-clé. La rechercheexperte, qui croise plusieurs mots dansplusieurs critères de recherche, s’adresseà un public de professionnels.Les internautes peuvent également affinerune recherche, à partir de résultats tropnombreux ou partiellement satisfaisants.Grâce à des technologies novatrices, leportail documentaire est un outil dynami-que,qui présente les collections dans leurdernier état d’enrichissement,puisqu’il estquotidiennement remis à jour.

L’accès aux outils documentaires

Des outils d’aide à la recherche ont étéétablis pour sélectionner un nom de per-sonne dans une liste alphabétique, untoponyme dans la liste hiérarchisée (the-saurus) organisée à partir des noms decontinents. Pour apprécier textiles ou ins-truments de musique, un classement hié-rarchisé (thesaurus) qualifie les objets d’unterme scientifique.Le portail documentaire propose des outilsde sauvegarde de résultats : impression,téléchargement, transmission par courriel,sélection de notices en panier. Un histori-que recense les recherches effectuées, lesdernières notices et les dernières listes derésultats consultées.

Des contenus complémentairesdans les espaces publics du musée

Dans le respect de la loi d’auteurs DADVSI,le portail documentaire permet l’accès

aux documents sonores et audiovisuelsdepuis les postes publics de la médiathè-que.En salon de lecture Jacques Kerchache,les visiteurs consultent une sélection detitres définie selon la programmation desexpositions temporaires. Dans la média-thèque d’étude et de recherche, les lec-teurs accèdent à l’intégralité des 3 000titres de CD et DVD.Les espaces de la médiathèque bénéficientégalement de la mise en ligne de ressour-ces électroniques sélectionnées pour leurqualité et leur spécialisation : encyclopé-dies, revues et bases de données numéri-ques, liens Internet vers des bibliothèqueset des musées.

Les programmes à venir

Le portail documentaire a vocation à s’en-richir,pour diffuser l’ensemble des ressour-ces scientifiques produit ou recensé par leséquipes du musée du quai Branly.La sélec-tion se fera avec les équipes des départe-ments de la recherche et de l’enseigne-ment d’une part et du patrimoine et descollections d’autre part. Afin de proposerdes projets aussi riches que novateurs, leportail documentaire pourra s’associer àdes partenaires dont les valeurs technolo-gique et scientifique sont reconnues.

Le portail documentaire, ou l’utilisation des dernières technologies web au service de la diffusion virtuelle des collections

Les mises en ligneinnovantes du portaildocumentaireL’ensemble de la collectiondes objets L’ensemble des cataloguesdes collections La recherche fédéréeLes rebonds entre catalogues

Le portail documentaire en chiffres268 504 notices d’objets159204 notices de photographies de l’iconothèque137 996 notices de la médiathèque et leursmultiples exemplaires6676 notices de dossiersd’objets et d’archives et leurs nombreux documents3068 documents sonores et audiovisuels

Page 39: Les collections du quai branly

37 • Un musée passerelle

Les Rendez-vous sont prévus pour aigui-ser la curiosité du public, faire découvrirles nouvelles parutions, sensibiliser les visi-teurs à des domaines qu’ils ne connais-sent pas comme l’ethnologie ou le patri-moine immatériel.Ils s’adressent à tous les publics, amateurset connaisseurs,ceux du musée ou ceux del’extérieur qui viennent spécifiquementaux Rendez-vous.Ce sont des rencontres, des petites confé-rences, des séances d’écoute de musiquede courte durée : une heure en tout avecune partie consacrée aux questions et auxdiscussions avec les participants, en lienavec l’actualité du musée, avec des mani-festations culturelles en France, interna-tionales ou avec un événement majeur.Les Rendez-vous sont organisés, pour certains, selon le calendrier des manifes-tations nationales. Le salon de lectureJacques Kerchache participe notamment:aux Journées du Patrimoine,à Lire en Fête,au Printemps des poètes, à la commémo-ration de l’abolition de l’esclavage, etc.Les signatures de livres sont avant toutdes rencontres avec des auteurs, des cher-cheurs, des commissaires d’expositionqui présentent leur ouvrage et discutentavec les visiteurs.Le salon de lecture a ainsi reçu des com-missaires d’expositions, les auteurs descatalogues, des responsables de musée,des personnalités ou des auteurs et illus-trateurs de livres pour enfants.Au plus près des objets : une série de ren-contres se fait à partir d’objets des collec-tions, soit des œuvres exposées dans lasalle ou une pièce sortie des réserves. L’artcontemporain au salon prend plusieursformes : les rencontres avec des artistes,des intervenants venant raconter leurexpérience internationale, des projections

de vidéo, la découverte de créations artis-tiques contemporaines du monde entier.Pour le jeune public, le salon organise unemanifestation ponctuelle chaque année.En 2007, le salon a accueilli une exposi-tion d’objets, gravures, fixés sous verre etsculptures en papier mâché réalisée parAlbert Lemant, graveur, auteur et illustra-teur et Kiki Lemant, plasticienne. Destinéeaux enfants et aux adultes, cette exposi-tion se présente comme un muséum ima-ginaire et pose, dans un langage plasti-que poétique humoristique et parfoisdramatique, la question de la colonisa-tion et celle de la disparition des civilisa-tions et des espèces.

LSF : les Rendez-vous sont pour la pluparttranscrits en langue des signes.

Les Rendez-vous du salon de lecture Jacques KerchachePour découvrir l’actualité des collections, de l’éditionou des documents rares et précieux, les Rendez-vousconstituent un moment privilégié avec un commissaired’exposition, un ethnologue, un artiste, en françaisessentiellement, mais aussi en langue des signes.

ph

oto

DR

Page 40: Les collections du quai branly

38 • Un musée passerelle

La recherche et l’enseignementUne mission majeure du musée du quai Branly

Le département assure, en collaborationavec les responsables du patrimoine etdes collections du musée, l’interface entrele musée, les institutions de recherche etd’enseignement et la communauté deschercheurs et des universitaires françaiset étrangers. Résolument tourné vers lascène internationale, il est un lieu d’ac-cueil pour les étudiants, les chercheurs,les universitaires et les conservateurs. Ilentend favoriser le dialogue entre anthro-pologie, histoire et histoire de l’art etrecouvre un large spectre de disciplines.L’anthropologie et l’histoire des arts est lechamp de recherche qu’il privilégie. Cetaxe porte plus particulièrement sur lesvoies par lesquelles une pratique ou uneproduction vient à être appréhendée etcatégorisée comme une chose appelantun type particulier d’attitude émotion-nelle et cognitive. S’il favorise les projetsde recherche en lien avec les cultures nonoccidentales, il reste ouvert aux projetsintégrant les cultures européennes,en par-ticulier dans une démarche comparative.

Un triple dispositif de recherche

L’activité de recherche repose sur une struc-ture souple centrée sur l’accueil, pour despériodes limitées,de projets individuels oucollectifs portés par des chercheurs nonpermanents. Elle repose sur trois axes :

Le Groupement de recherche interna-tional (GDRI) «Anthropologie et histoiredes arts ».

L’accueil de chercheurs invités et de projetsde recherche individuels orientés versl’étude des collections et la muséologie.Le musée met une partie de ses ressourcesà la disposition de chercheurs français ou

étrangers présentant un programme detravail centré sur l’étude des collections,des institutions muséales et des pratiquesde collection. Les chercheurs reçus dansce cadre bénéficient de postes d’accueilpour des périodes de 1 à 3 mois.Un programme de « chercheurs invités »permet d’accueillir au musée pendant quel-ques mois une personnalité étrangère dumonde scientifique. Ce chercheur disposedes collections et des outils du musée pourapprofondir ses recherches et assure uncycle de conférences présentant ses travaux.

La production d’outils d’accompagne-ment de la recherche.Afin de faciliter l’accès à des connaissancestrop longtemps réservées à un cercle ferméde spécialistes, le département développedes outils d’aide à la recherche : base dedonnées, outils multimédia, applicationsinnovantes en sciences humaines.

Le musée comme plateformed’enseignement

Le musée accueille des enseignements enlien avec ses collections ou correspondantaux orientations scientifiques retenues.Dans ce cadre, il est lié par convention à 8 établissements d’enseignement supé-rieur auxquels il ne se substitue pas. Sapolitique est tout à la fois de localiser aumusée des enseignements délivrés par cesétablissements et de mettre à leur dispo-sition des personnels du musée.La valida-tion des diplômes est de la compétenceexclusive de l’établissement partenaire.Destinés aux étudiants de master et auxdoctorants, ces enseignements prennent laforme de séminaires spécialisés dans lesdomaines de l’ethnologie, de l’histoire del’art, de l’archéologie, de la muséologie,

Le musée du quai Branly a vocation à être un lieu de production et de diffusion de la connaissance scientifique. Ses objectifs : susciter des travauxde recherche originaux, offrir des enseignements destinés à des étudiants de troisième cycle, promouvoir la diffusion des connaissances scientifiques et développer des outils innovants d’aide à la recherche.Son champ de recherche : l’anthropologie et l’histoire des arts.

Le Groupement de recherche international(GDRI)Le musée s’est associé au CNRS pour créer un réseauinternational de recherchescientifique interdisciplinairede haut niveau, consacré au développement et à la diffusion des étudesanthropologiques et historiques sur les arts.Le GDRI, dont la durée est de 4 ans renouvelable,regroupe des institutions de plusieurs pays qui se sontaccordées pour développerdes projets scientifiquescommuns et qui prennenttoutes part au financement de ce groupe. Deux instancesde contrôle et de sélection,le Comité de gestionscientifique et le Comité de pilotage, l’encadrent.Les 15 partenaires : le Centrenational de la recherchescientifique (CNRS), le muséedu quai Branly, l’Ecole deshautes études en sciencessociales (EHESS), l’UniversitéParis-X Nanterre, l’UniversitéParis-I Panthéon-Sorbonne,le ministère de la Cultureet de la Communication,l’Université de Provence Aix-Marseille-I, l’Institutnational d’histoire de l’art(INHA), le Collège de France,l’Ecole normale supérieure,l’Université d’East Anglia(Grande-Bretagne), l’Universitéde Californie (Etats-Unis),l’Université de São Paulo(Brésil), le Staatliches Museumfür Völkerkunde (Allemagne),l’Instituto Nacional de Antropologia e Historia (INAH, Mexique).

Page 41: Les collections du quai branly

39 • Un musée passerelle

etc. Le musée accueille annuellement unequarantaine d’enseignements, plus desoixante-dix professeurs et plus de trois-cents étudiants par semestre.Etablissements partenaires : Ecole deshautes études en sciences sociales (EHESS),Ecole du Louvre,Ecole normale supérieure,Université Paris-I Panthéon-Sorbonne,Université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis,Université Paris X–Nanterre, UniversitéParis-Sud XI, Institut des langues orientales(INALCO).

Les manifestations scientifiques

Le département de la recherche et de l’ensei-gnement organise,seul ou en collaboration,diverses manifestations –journées d’étude,conférences et colloques– qui permettentde restituer l’avancement des recherches etde diffuser la connaissance auprès d’unpublic plus ou moins spécialisé.Des cycles de conférences sont organisésconjointement avec plusieurs universitésou assurées par les chercheurs invités.Chaque année, deux colloques internatio-naux ont lieu sur des problématiques liéesau champ de recherche retenu. Il porte en2007 sur les rapports entre l’anthropologieet l’histoire de l’art, et est réalisé conjoin-tement par le musée, l’INHA et le CFHA(Comité français d’histoire de l’art).

Les publications scientifiques

La diffusion de la connaissance est assuréepar le développement d’une politique édi-toriale scientifique. Le département de larecherche et de l’enseignement met enplace des accords éditoriaux qui permet-tront de publier une série d’ouvragesconsacrés à l’anthropologie et l’histoiredes arts non occidentaux. Une politiqued’édition scientifique en ligne est égale-ment développée : les revues des sociétéssavantes sont progressivement mises enligne sur le site Internet du musée et descollaborations avec des portails de revuesen sciences humaines sont favorisées.La publication semestrielle de la revueGradhiva permet enfin de faire connaîtredes travaux récents d’anthropologie et demuséologie.

Gradhiva : une revuescientifique réputéeFondée en 1986 par MichelLeiris et Jean Jamin, la revueGradhiva est publiée depuis le premier semestre 2005 par le musée du quai Branly. Cetterevue semestrielle se présentecomme un lieu de débat surl’histoire et les développementsactuels de l’anthropologie et de la muséologie. Fondée sur des études originales et sur la publication d’archives et d’une riche iconographie,elle est ouverte à de multiplesdisciplines : l’anthropologie,la muséologie, mais aussil’histoire de l’art, l’histoire,la sociologie, etc.Chaque numéro se déclinegénéralement en un certainnombre d’articles inédits,un dossier thématique, desdocuments et des comptesrendus. Le comité de rédactionde la revue d’une douzaine de membres sélectionne les propositions et veille à la cohérence scientifique de la publication.

Numéros parus :n°1 : Dossier «Haïti et l’anthropologie»

n°2 : Dossier « Autour de Lucien Sebag»

n°3 : Dossier «Du Far West au Louvre : le Musée indiende George Catlin»

n°4 : Dossier «Le Commercedes cultures»

n°5 : Dossier « Sismographiedes terreurs. Traumatisme,muséographie et violencesextrêmes»

Le soutien aux jeunes chercheursUn Comité d’évaluationscientifique attribue chaqueannée plusieurs boursesdoctorales et post-doctorales,pour une durée d’un an, à destravaux avancés relevant deplusieurs disciplines et en lienavec le champ de recherchede l’anthropologie et l’histoiredes arts non occidentaux.Les jeunes chercheurs reçusdans ce cadre bénéficient depostes de travail et participentà la vie du musée. Chaqueannée, le Comité d’évaluationscientifique décerne aussi un prix de thèse contribuant à la publication d’un travail de doctorat remarquablesoutenu l’année précédenteet concernant le champ de recherche retenu.

L’hébergement des sociétés savantesLe musée du quai Branlyhéberge quatre sociétéssavantes* concernées par les collections et les domaines d’activité du musée, auparavantdomiciliées au Musée de l’Homme. Ces sociétésregroupent de nombreuxchercheurs et étudiantsspécialisés sur des airesculturelles. Elles divulgentune connaissance spécialiséepar la voie de conférences et de publications, souvent de revues scientifiques.

*(la société des Africanistes,la société des Américanistes,la société des Euro-Asiatiques,la société des Océanistes)

Le projet TREEMUS (Tool for researchingEuropean EthnographicalMuseums)Le musée est à l’initiatived’un projet européenassociant plusieursinstitutions muséales à l’échelle européenne.Il a pour objectif la mutualisation des bases de données numériques des collections de muséeseuropéens d’ethnographie.On peut estimer le patrimoine extra-européen de l’ensemble des muséesd’Europe à entre 5 et 10 millions d’objets.Or, la mutualisation des catalogues numériques,leur documentation et leurmise en ligne nécessitent ledéveloppement de solutionsinédites adaptées à cetimmense corpus, à savoir le développement d’outilsd’interrogations capables de gérer l’hétérogénéité des thésaurus. Ce projetimplique une innovationdans les technologies de l’information appliquées aux sciences humaines,s’appuyant sur les recherchesles plus actuelles menées,notamment au CNRS,dans le domaine del’ingénierie sémantique.

Anne-Christine Taylor Directeur

Marcel Skrobek Directeur adjoint

Page 42: Les collections du quai branly

ph

oto

An

ton

inB

org

eau

d

Page 43: Les collections du quai branly

Une institutionculturelleaux multiples facettesUne offre culturelle en mouvement page 43

Théâtre, danse et musique page 44

Des conférences et colloques page 46

Les publics page 48

Activités culturelles visites page 50

Activités culturelles ateliers page 52

La politique éditoriale page 55

Le mécénat page 56

Ornement de poitrineNagaInde, NagalandXIXe - XXe siècleLaitonDon Monique et Jean-Paul Barbier-Mueller©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries,Valérie Torre

Page 44: Les collections du quai branly

Masque cimier zoomorpheSogonin kunCiwara kunBamako, Mali,Afrique occidentaleBamanaAvant 1931Bois, pigments©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries,Bruno Descoings

ph

oto

Ian

na

An

dre

adis

Page 45: Les collections du quai branly

43 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Une offre culturelleen mouvementLa vie du musée du quai Branly est rythmée par de multiples expositions temporaires de plus ou moinslongue durée, destinées à mettre en perspective ses collections sous des angles sans cesse renouvelés et faire partager au public les trésors provenant d’autres institutions internationales ou les créationsd’artistes contemporains.

Les expositions temporaires

Le musée comporte trois espaces dédiésaux présentations temporaires.Le premieret le plus important est situé au rez-de-jardin : la galerie Jardin de 2 000m2

accueille chaque printemps et chaqueautomne deux expositions consacrées auxcultures traditionnelles ou aux artistescontemporains. Par ce dialogue perma-nent, les visiteurs sont invités à passerd’une exposition à l’autre et à s’enrichir del’expérience de cultures, d’époques ou devisions différentes. Ces expositions sontconstituées à partir des objets des collec-tions et de prêts venus du monde entier.

Les expositions d’anthropologie

C’est au niveau du plateau des collectionsque se trouve le second espace d’exposi-tions temporaires. Sur une surface de800m2, la galerie suspendue Ouest proposedes présentations exceptionnelles delongue durée –dix-huit mois– consacréesaux thèmes majeurs qui structurent lesrelations entre les hommes.A travers des scénographies originales, cesexpositions d’anthropologie encouragent levisiteur à la réflexion sur des questionsuniverselles : créer, croire, initier, grandir,conquérir…Après «Qu’est-ce qu’un corps?», proposépar l’ethnologue et cinéaste StéphaneBreton, qui compare les différentes façonsde penser le corps à travers ses représen-tations, la galerie Ouest accueille«Planète Métisse» de mars 2008 à janvier2009. Conçue par Serge Gruzinski, direc-

teur de recherche au CNRS et spécialisteinternational du Nouveau Monde, l’expo-sition interroge le phénomène du métis-sage, au-delà de la notion de mélange bio-logique. Elle questionne l’imaginaire desvisiteurs au cours d’un parcours qui faitdialoguer les objets entre eux, du XVe

siècle à nos jours. « To mix or not tomix » ? Cette exposition sur les objets etles arts métis attire l’attention sur ce queles peuples et les individus ont inventé àl’interface des sociétés et des civilisations,entre nord et sud, est et ouest.

Les expositions « dossier »

Sur les 600m2 de la galerie suspendue Est,des expositions au concept original sontproposées.Elles se focalisent sur des sélec-tions d’œuvres issues des collections dumusée pour les révéler sous un angle par-ticulier.La saison 2007-2008 s’ouvre sur lesaventures extraordinaires de «L’aristocrateet ses cannibales, avec Le voyage enOcéanie du comte Festetics de Tolna(1895-1898) ». L’exposition, dont le com-missariat est assuré par Roger Boulay, spé-cialiste des collections océaniennes auprèsde la Direction des musées de France, estconçue comme une chronique de voyage.Autour de 12 escales choisies au long durécit du Comte hongrois Festetics de Tolna,le visiteur parcourt les aspects significatifsdu contexte idéologique,ethnographique,historique et imaginaire du Pacifique,à lafin du XIXe siècle. Un parcours pédagogi-que spécifique est proposé aux enfants,pour cette exposition aux allures de chasseau(x) trésor(s)…

du 30 octobre au 25 novembre 2007A l’initiative du musée du quaiBranly, Photoquai est une« biennale des images dumonde» qui propose de fairedécouvrir à un large public la photographie d’aujourd’hui à travers une sélection de photographes nonoccidentaux, dont le point de vue s’éloigne des visionsexotiques, ou des imagestraditionnellement véhiculéespar l’Occident. Parallèlementaux expositions en extérieur–sur les quais de la Seine–,et à l’intérieur d’institutionspartenaires –du musée d’ArtModerne de la Ville de Paris à l’Institut du monde arabe–,Photoquai propose plusieursexpositions photographiquesaux visiteurs du musée du quai Branly.Ces expositions sontconsacrées à différentesformes de la photographie : la photographiecontemporaine est mise en regard de la photographiepatrimoniale dans la galeriesuspendue Ouest du musée,avec une double expositionconsacrée à la néo-zélandaise Anne Noble d’une part«Ruby’s Room», et auxdaguerréotypes descollections photographiquesd’autre part. Proposées en face l’une de l’autre,ces expositions jouent sur le contraste des formats,des couleurs,et des techniques.Une troisième exposition du musée du quai Branly a lieu « hors les murs »,dans le prestigieux pavillon des Sessions situé au musée du Louvre : y est exposé, enregard des objets, le portfolioque Walker Evans a consacréà l’art africain en 1935.Le musée du quai Branly en détient le seul exemplairequi soit monté complet enEurope.

Page 46: Les collections du quai branly

44 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Théâtre, danse et musiqueou l’Afrique, l’Asie, l’Océanie et les Amériques aujourd’hui

La programmation Arts vivants 2007-2008du théâtre Claude Lévi-Strauss est propo-sée par Alain Weber, conseiller de pro-gramme du musée.Dans une tentative d’aborder les grandestraditions et cultures de notre monde,d’enpercevoir les liens et les prolongations dansnotre univers actuel, la nouvelle saison deprogrammation du théâtre Claude Lévi-Strauss a comme point d’ancrage la thé-matique du corps.Autour de cette programmation,le musées’enrichit chaque mois de petites formesmusicales, les salons de musique, dédiésaux musiques traditionnelles. Le but estde restituer une écoute plus intime cor-respondant à des musiques anciennementjouées dans les salons des princes d’Orientet d’Asie, ou sur quelques places de villa-ges en Afrique ou en Amérique latine.Le musée inaugure aussi une forme detransmission particulière des grandes tra-ditions musicales ou dansées, à travers les« master class » de musique, danse, artsplastiques, conduits par de grands artistesvenus de différents horizons.

Le miroir du corpsTrois cycles différents permettent dedécouvrir des spectacles chorégraphiques traditionnels et contemporains,des confé-rences, des films et divers événementsabordant successivement le corps animal,le corps miroir du féminin et le corpsacrobatique.Premier outil d’expression de l’hommeavec la voix, le corps a perdu dans notremonde moderne beaucoup de ses rôles etde ses identités.Malgré un intérêt constantpour l'apparence, le corps n’est plus la pre-mière référence d’une identité sociale codi-fiée. Ses modes d’expression – sauf peut-être dans l’espace chorégraphique du

spectacle – se sont banalisés au profitd’une fonction sportive, érotique ou desimple parure esthétisante selon des cri-tères de mode, bien éloignés de l’imagi-nation fertile des sociétés traditionnelles.Le corps, comme réceptacle de l’âme ousupport de la parure,peut être habité,divi-nisé, transfiguré, possédé, animalisé, mar-tialisé. Il peut transgresser la nature oul’imiter, il peut se peindre, se tatouer, setransformer, devenir lui-même une entitéculturelle différentielle et personnalisée.Cette programmation - à travers musique,danse, défilés de mode, arts martiaux etacrobatiques, masques et marionnettes,théâtre d’ombres, cérémonies de posses-sion ou ateliers de dessin - s’ouvre à l’Indeancienne et à son culte ancestral duserpent, jusqu’à rejoindre le hip-hop,expression urbaine du corps.Finalement, les différents aspects de ritua-lisation du corps ont tous en communcette manière d’atteindre l’éternité parl’éphémère, cette possibilité de devenirl’Autre pour un instant.

Cycle 1 • du 18 au 30 décembre 2007

Le corps animalIl renvoie au chamanisme et aux besoinspremiers de l’homme de s’accaparer laforce et la puissance de l’animal, de l’imi-ter, de le diviniser.L’homme, en souvenir des temps totémi-ques, aime imiter la félinité. Que ce soitavec les anciens hommes léopards desethnies Efik et Efo et les masquesAbakwas qui nous entraînent de Cuba auNigeria, ou les enfants du Karnataka quiredessinent leur corps en celui d’un tigreou d’une panthère.La peinture corporelle est à la fois unemarque de l'éphémère et une irruption dusacré.

Elément essentiel du dispositif muséographique,la programmation valorise différentes formesd’expression traditionnelles et contemporaines.

ph

oto

sC

aro

lin

eR

ose

Page 47: Les collections du quai branly

45 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Le motif dessiné sur le sol parfait la ritua-lisation de l’espace : le kolam, peintureéphémère réalisée à l’aide de farine de rizet de différents ingrédients colorés,devientle centre du rituel du serpent Naga, vérita-ble divinité au Kerala en écho aux mythesfondateurs de l’Asie.La danse se lie à l’image dessinée sur lesol avec la renaissance de la danseSimanagdini d’Uma Murali Krishna, qui,lors de l’exécution de la danse classiqueKuchipudi, dessine un lion avec ses piedssur le sable.Et puis, il y a cet autre rapport de l’imageet du mouvement, du corps devenu fan-tomatique à travers la pratique du Théâtred’ombres cambodgien,tel qu’il est proposépar la troupe Sovannah Pumh et leur «Viesauvage des animaux».

Cycle 2 • du 12 au 23 mars 2008

Le corps miroir du féminina • Le corps travesti : La féminité sans la femmeCette thématique aborde le travestissementrituel en Birmanie (Myanmar) avec la pré-sentation pour la première fois de la céré-monie des médiums travestis Naq-Pwe.Dans un processus d’inversion, le corpsmasculin transgresse sa nature et s’appro-prie,ou met en valeur, le mystère d’uneféminité à la fois proche et inaccessible.Le surnaturel prend place dans la cérémo-nie du Naq-Pwe: le Naq-kadaw,pour incar-ner l’esprit du Naq qui a décidé de«l’épouser»,devient la poupée fragile d’unautre monde.Elle s’affaire, délicate, maquillée à l’ex-trême, car le Naq-Pwe est un véritabledéfilé de l’au-delà.Le Naq Pwe nous rappelle, comme dansle chamanisme, comment le féminin

possède le privilège de la nature, lieu desurvivance de l’animalité et du sacré. Laféminité justifie le travestissement, letranscende.Héritier d’une longue tradition où mas-culin et féminin s’interchangent dans latradition théâtrale asiatique, le danseurtaïwanais Lee Ming Cheng, avec sa troupeBody Expression Dance pose un nouveauregard, raffiné et comique, sur le croise-ment des pôles masculin et féminin.

b • Le corps parureEn Asie, on peut assister à une approchetrès différente de la mode notamment avecle couturier Dongak de la République deTouva qui dans un défilé où le chant dipho-nique et la danse interviennent, proposeune véritable épopée de la parure et ducostume comme un élément clé de civili-sation,un langage visuel,un signe d'appar-tenance à une tribu.C’est le même raffinement que l’onretrouve dans les fameuses marionnettesde Mandalay qui, dit-on, furent envoyéespar les dieux afin de ne pas braver l’inter-diction ancienne pour l’être humain des’exhiber sur une scène.

Cycle 3 • du 18 au 29 juin 2008

Le corps en mouvement :Arts martiaux et acrobatiquesParadoxalement, c’est par le corps quel’homme tente de dépasser son enveloppecharnelle en allant au-delà du possible.L’homme va tenter,par un nouveau mimé-tisme animal,de s’approprier la force d’unhéros divin, comme dans l’art martial duKalaripayat du Kerala, censé être l’artmartial le plus ancien au monde.Dans une approche acrobatique, le corpstente de recréer par la performance un

instant irréel, subterfuge de pouvoirs sur-naturels.Du magnifique rituel magique etacrobatique des « Masques de la lune »,exprimant le monde animal et éclairé seu-lement par une pleine lune reflétant lalumière du soleil jusqu’au hip-hop de B-Boy et Last 4one, ensemble coréen affir-mant le hip-hop comme un nouveaulangage du corps planétaire, c’est biencette même tentative de sublimation denotre condition humaine qui, finalement,s’exprime.

ph

oto

Car

oli

ne

Ro

se

Page 48: Les collections du quai branly

46 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Des conférences et colloques

Une Université populaire,des rendez-vous publics

Gratuite, ouverte à tous, en accès libre,l’Université populaire du quai Branlytransmet la connaissance grâce à destémoins majeurs de l’histoire contempo-raine et des cours magistraux en plusieurslangues sur l’histoire mondiale des colo-nisations. Elle rassemble les principauxintellectuels de différents pays autour degrandes controverses publiques sur l’uni-versel, et suscite le dialogue sur la diver-sité et l’altérité.Le lieu où elle se déroule dans le muséedu quai Branly est le Théâtre ClaudeLévi-Strauss, propice au « théâtre desidées », le rêve du grand metteur enscène Antoine Vitez.Rapprocher le grand public, les artistes etles intellectuels, participer à la formationpermanente des adultes, tels sont les butsde l’Université populaire du quai Branly.Dans un esprit de partage et de respectdes autres, historiens et chercheurs detoutes les nations, artistes, créateurs,anthropologues et philosophes délivrentleurs outils de connaissance et de penséepour comprendre en public le sens dumonde qui s’annonce et participer autumulte des idées.Catherine Clément, philosophe, roman-cière, auteur d’essais sur l’anthropologieet la psychanalyse, pilote l’Universitépopulaire du quai Branly.Suivis par un public attentif et assidu, lesdifférents cycles de la première saisonsont reconduits pour la seconde saison.

Amorcée la première année avec un par-cours géographique – du Portugal auJapon –, l’histoire mondiale de la colo-nisation continue avec des événements

clefs dont les historiens nous font le récit:depuis la controverse de Valladolid auXVIe siècle (les Indiens d’Amérique sont-ils des hommes ou des bêtes ?) jusqu’à lapartition des Indes britanniques au XXe

siècle (1947, un demi million de morts enInde et au Pakistan, première catastrophehumanitaire de l’après-guerre) en passantpar le Congrès de Berlin qui répartitl’Afrique entre les pays colonisateurs euro-péens en 1885, ou encore la fin du califatavec la chute de l’empire ottoman en1924, nous racontons la même histoireinterminable.

Les controverses sur les articles de laDéclaration universelle des droits del’homme se poursuivent sur des pointsessentiels comme les droits des enfantset des animaux, le consentement dans lemariage, les frontières, la liberté deconversion, le rôle des parents dans l’édu-cation. Ce cycle s’achève le 10 décembre2008, le jour du soixantième anniversairede l’adoption de la Déclaration.Porteurs d’une expérience universelle etportés par leur biographie, les « grandstémoins » de cette année sont ethnolo-gues, ethno-psychologues, écrivains, oureprésentants des peuples autochtones.

Le musée du quai Branly a pour vocation de développer la connaissance des arts et civilisations non occidentales. Parallèlement aux collections et aux expositions temporaires, la proposition de découverte est soutenuetout au long de l’année par des colloques et des séminaires,destinés au plus grand nombre ainsi qu’à des publics de spécialistes.

Une Histoire mondiale de la colonisation Ce cycle aborde pour sa nouvelle saison desthématiques transversales à l’histoire mondiale de la colonisation.Ainsi sont traités par des historiens reconnus,spécialistes de ces questions :la controverse de Valladolid,les compagnies marchandeseuropéennes, la conquête de l’Ouest aux Etats-Unis,l’invention des routes du Pacifique, l’expédition du Mexique, l’Expositioncoloniale de 1931, le congrèsde Berlin, la guerre des Boxersen Chine, la fin du Califat,les conférences internationalesde Brazzaville à Bandung,la partition des Indesbritanniques.

Les grandes controversessur l’UniversalitéAdoptée par l’ONU en 1948,la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme posedes problèmes d’application

concrète dans de nombreusesrégions du monde. Depuisseptembre 2006, chaquearticle de la Déclaration faitl’objet d’une controverseentre deux personnalitésexprimant des points de vueantagoniques sur la défenseou la critique de ces règlesuniverselles.Pour sa deuxième saison,les controverses abordent,entre autres, les difficilesquestions de l’esclavageaujourd’hui, des critèresactuels de la torture,de la protection et de la sûreté des personnes, du mariagelibrement consenti,des conflits surgissant à cause des frontières, de la répartitiondes responsabilités entre étatet parents dans l’éducation.Avec Xavier Emmanuelli,Florence Weber, SouleymaneBachir Diagne, MireilleDelmas-Marty, Roger-PolDroit, Claire Brisset, PhilippeDescola, Marc Augé,Geneviève Fraisse, ChristopheJaffrelot, Alban Bensa,

Abdelwahab Meddeb, AndréComte-Sponville, BrunoLatour, Danièle Sallenave.

Les grands témoins Chaque mois, l’Universitépopulaire du quai Branlypropose la rencontre avec les «grands témoins»,porteurs d’une rareexpérience biographique et de la «parole sûre», selonune expression africaine.Pour faire connaissance avecces parcours exemplaires,Laure Adler ou HubertProlongeau ainsi queCatherine Clément ont avec chacun d’eux une libreconversation en public surune durée de deux heures.Quelques-uns des invités de la saison 2007-2008: FrançoiseHéritier, ethnologue ; BernardPingaud, écrivain ; TobieNathan, ethno-psychologue et romancier, Sékou OgobaraDolo, chef des guides officielsdu pays Dogon au Mali.

Page 49: Les collections du quai branly

Statuette anthropomorpheIles Nicobar (Golfe du Bengale).Fin XIXe-début XXe siècle.Ancienne collection André Breton©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries,Bruno Descoings

Page 50: Les collections du quai branly

48 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Sensibiliser les publics à l’égalité entre les culturesHavre pour des milliers d’objets et de documentsracontant la vie et les cultures du monde, le muséedu quai Branly est aussi une maison de restitutionconçue pour rendre hommage aux pays d’originedes collections, pour rendre intelligibles et sensiblesaux Européens des pans entiers de l’histoire et des arts de l’Humanité, pour enfin rendre accessiblecette richesse à tous, avec une attention particulièrepour les personnes handicapées ou connaissant des difficultés sociales.

Appel à la découverte et à la reconnais-sance de l’égalité entre les cultures, lemusée privilégie une pluralité de regards–scientifiques,poétiques,analogiques…–placés sous le signe du partage et durespect.

Accueillir le plus large public

Cette ambition se traduit notamment danstous les dispositifs d’accueil du public quisont,par exemple,accessibles en plusieurslangues : français, anglais, espagnol, ainsiqu’en allemand pour les audioguides.L’audioguide du musée du quai Branly estle résultat d’un travail de fond sur les conte-nus et les formats. Adapté à la variété despublics, il propose une première sélectiond’œuvres sur lesquelles poser son regard.L’audioguide du musée du quai Branlypermet au visiteur de se «plonger» dansune ambiance sonore en résonance avecles objets présentés, grâce à un travailproche du «mix radiophonique». Le com-mentaire invite le visiteur à mieux regarderles œuvres,en maintenant un lien constantentre les objets –formes,techniques,matiè-res– et les explications délivrées.Les équipements, parcours, animations etservices ont été pensés pour favoriser leconfort des visiteurs, la simplicité et laqualité de leur expérience. Les fonctionsd’information, de conseil et d’initiation àl’histoire et la culture des collections sontparticulièrement travaillées à travers unsystème muséographique multimédia ori-ginal et un programme complet de visites,conférences, ateliers, dossiers à consultersur place ou bien en ligne.

ph

oto

Nic

ola

sB

ore

l

Page 51: Les collections du quai branly

Un lien privilégié avec les visiteurs originaires des pays des collections

Afin de créer un lien constructif avec lespersonnes issues des pays d’origine descollections –objectif figurant au cœur deses missions–, le musée veille à nouer desrelations privilégiées avec elles. Visiteursattendus, ils deviennent aussi les acteursde certaines manifestations conçues parle musée en intervenant dans les débats etconférences et en faisant partager aupublic leurs savoirs et pratiques culturelles(visites contées, ateliers de musique…).Dans la même perspective, ces publics pri-vilégiés sont associés à la vie du muséepar la tenue exceptionnelle, dans le bâti-ment ou le jardin, de grandes fêtes rituel-les, coproduites avec les associations com-munautaires.

Une attention marquée aux personnes handicapées et aux publics en difficultésociale

Dès sa conception, le musée s’est engagéen faveur de l’accueil des personnes pré-sentant un handicap, ce qui se traduitconcrètement dans l’architecture et lefonctionnement du bâtiment : des accèsdégagés à ses abords, de larges couloirsde circulation et des zones de repos ontété aménagés dans cette perspective.La Rampe, longue pente douce, permetd’accéder du hall d’entrée au plateau descollections par une déambulation auto-nome et non discriminable. Cet engage-ment se retrouve également dans lamuséographie,donnant une large part auxapproches multi-sensorielles telles quecelles proposées par la Rivière,et fait appelà des bas-reliefs, à des objets tactiles etdes écrans multimédia pour offrir uneexpérience des collections et des exposi-tions plus riche que les seules visions etauditions.Parallèlement, des actions sur le longterme sont menées avec des associations,des centres de loisirs et des éducateurs,afin d’élaborer des programmes permet-tant d’ouvrir les portes du musée auxpublics connaissant des difficultés socialeset de les impliquer dans ses activités.

La place du jeune public et des étudiants

Par la nature même de ses collections, lemusée du quai Branly représente un lieud’émerveillement et d’apprentissage pourles enfants. Pour cette raison, le muséeconçoit spécialement pour eux des ate-liers de pratiques artistiques, des visitescontées et des propositions ludiques pourdécouvrir ses œuvres, en famille commeavec la classe. En dehors de la visite, lemusée met à la disposition des écoles desdossiers pédagogiques qui s’articulent surles programmes scolaires, tant dans lechamp artistique que dans celui des scien-ces humaines.Le site Internet propose parexemple des dossiers sur les surréalistesou les explorateurs européens, de laRenaissance au XXe siècle, livrés clés enmain avec textes, images et cartes.

Aux étudiants, le musée propose uncampus dynamique,où la médiathèque etl’enseignement dispensé sur place consti-tuent d’importantes ressources pour leurstravaux. Ils sont également largement asso-ciés aux activités d’initiation et d’éduca-tion, ainsi qu’aux débats, conférences etrencontres régulièrement organisés dansl’auditorium.

49 • Une institution culturelle aux multiples facettes

ph

oto

DR

La Rivière : une nouvelle expérienceesthétique et informativeSerpentant sur 200 mètres à travers le plateau descollections, le dispositif dela Rivière combine 19 modulesvidéos, bas-reliefs, textesincrustés dans un longmeuble de cuir. Propositionmuséographique inédite et accessible à tous,en particulier aux personnesnon-voyantes, malvoyantesou se déplaçant en fauteuilroulant, la Rivière n’exposeaucun objet réel maistoujours des transpositionsd’observations etd’interprétations multiples du monde, provenantd’ethnologues ou d’habitantsdes quatre continents mis à l’honneur au musée.Divisée en trois parties,la rivière met en scène unevariation sur la notion delieux, tels qu’ils sont recensés(lieux de la découverte),habités (lieux des hommes)ou rêvés (lieux sacrés),de la Mongolie à l’Amazonie,de la Chine au Sénégal...En découvrant la carte du voyage des âmes après la mort des Dayak d’Indonésie,en contemplant l’idée de l’Eldorado, en volant vers le haut de la montagne de Kunlun (lieu sacré des Taoïstes), le visiteur,au fil de la Rivière, voyage à travers les mondes, à travers les regards. La réalisation de la Rivière a été renduepossible grâce au mécénat du groupe Schneider Electric.

Page 52: Les collections du quai branly

50 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Activités culturellesVisitesS’approprier l’architecture imaginée par Jean Nouvel,la muséographie conçue par l’équipe du musée,et – avant tout – les objets et les cultures dont ils témoignent… Le musée participe à cettetransmission de savoirs, mais aussi de témoignages et d’émotions, en offrant au visiteur différentesformules qui engagent au dialogue des cultures.

ph

oto

Car

oli

ne

Ro

se

Visites générales

Visite architecturaleDurée : 1h30 • Adultes (à partir de 16 ans) • Versionen LSF (Langue des Signes Française) /Version en audiodescription

Au travers du jardin, du théâtre ClaudeLévi-Strauss, de la Tour de verre des ins-truments de musique et du plateau descollections, la traversée des différentsespaces lève le voile sur l’œuvre de JeanNouvel.

Visite découverte généraleDurée : 1h30 • Adultes (à partir de 16 ans) • Versionen LSF / Version en audio description

Ce parcours conçu autour d’une sélectionde chefs-d’œuvre du musée permet unepremière approche des collections,commeun voyage autour du monde.

Visite découverte Afrique, Asie,Amériques ou OcéanieDurée : 1h • Adultes (à partir de 16 ans) • Version enLSF / Version en audio description

Ces visites proposent aux visiteurs uneescale plus longue dans les quatre conti-nents représentés au musée du quai Branly.

Visites des expositions

Des visites des expositions temporaires sontproposées tout au long de l’année. Aupremier semestre 2007, des visites ont étéproposées autour de « Nouvelle-Irlande,Arts du Pacifique Sud», « Jardin d’Amour,Installation de Yinka Shonibare, MBE » etde « Qu’est-ce qu’un corps ? ».

Visites transversales

Pas si bête - Des animaux et des hommesDurée : 1h • Familles

Cette visite permet d’observer le rapportentre l’homme et l’animal, qu’il soitdomestique ou sauvage, dans les arts non-occidentaux.

Puissantes beautés Durée : 1h • Adultes (à partir de 16 ans)

Des objets de fastes et de rites,d’une forcevisuelle imposante,éblouissants à tous leségards : cette visite propose la découvertede symboles d’apparat, riches par les maté-riaux, les images et les émotions qu’ilsprovoquent.

Le secret du masque Durée : 1h • Adultes (à partir de 16 ans) • Familles

Masque de deuil du détroit de Torrès,masque d’exorcisme du Sri Lanka, grandmasque de danse Wauja d’Amazonie,autant d’objets qui initient aux secretsdes masques, au gré d’une traversée desquatre continents.

Visites en questions

Tous les dimanches, de 15h à 16h • Adultes (à partirde 16 ans)

Un conférencier répond aux questionsavant ou après la visite libre du musée.Plus qu’une conférence, c’est l’occasiond’un échange, qui prend appui sur lesobjets, et sur l’expérience personnelle duvisiteur au musée.

Page 53: Les collections du quai branly

51 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Parcours audioguidés L’audioguide est disponibleen 5 langues : français,anglais, espagnol, allemand et italien.

Il inclut quatre parcours :«parcours libre adulte»«parcours famille»«parcours tactile la Rivière»«parcours Qu’est ce qu’uncorps?»

Loué aux caisses, l’audioguidese retire dans le hall d’accueil.

Visites petit déjeuner Océanie,Asie, Amériques, Afrique

Les samedis 10h • Adultes (à partir de 16 ans)

La découverte de l’art et de la culture del’Océanie, de l’Asie, de l’Afrique ou desAmériques, se fait au travers d’une visitecommentée des collections, précédée ousuivie d’un petit déjeuner inspiré dumême continent,au Café Branly.Pour com-mencer un week-end en partant très loin.

Visites contées

Durée : 1h • Familles

Les voix des étendues glacées de l’Alaska,des forêts d’Afrique, des montagnes tibétaines ou des archipels de Polynésies’élèvent dans le musée,et accompagnentla découverte des œuvres.

Pourquoi chaque grain de riz est précieux : l’AsieUn conte créé par Gwenola Sanquer

Il y a longtemps, le riz poussait en abon-dance, chaud et prêt à être consommé.Mais les hommes gâchaient cet alimentsacré. Furieuse, la déesse du riz disparaîtdans une pierre de quartz …

D’île en île : l’OcéanieUn conte créé par Céline Ripoll

Bienvenue dans le monde des terressacrées où Ciel et Mer se confondent, oùFeu et Terre ont jailli des profondeurs dugrand océan, où les Dieux sont apparusaux hommes…

Le paradoxe du souffle : l’AfriqueUn conte créé par Gabriel Kinsa

« Ecoute plus souvent les choses que lesêtres. La voix du feu s’entend, entend lavoix de l’eau, écoute dans le vent lebuisson en sanglots. C’est le souffle desancêtres… »

A la recherche du chaman : les AmériquesUn conte créé par Luisa Arango

Le chaman du peuple inuit a disparu.Le totem du clan demande à Rena, petitefille de pêcheur, de partir à sa recherche.Accompagnée d’une grenouille,elle embar-que sur une pirogue et remonte le fleuvesacré Amazone. Parvenue au village, ellerencontre le sorcier des Kayapos…

ph

oto

Car

oli

ne

Ro

se

Page 54: Les collections du quai branly

Ateliers pour les enfants

L’autre jouet - Quand la fabrication du jouet devient le jeuDurée : 1h30 • Enfants (6-12 ans) • Atelier animé parKra N’ Guessan

Les enfants viennent avec un de leursjouets (ni à pile, ni électronique) et le lais-sent au musée du quai Branly qui s’engagepar l’intermédiaire du Haut Commissariatdes Nations Unies pour les Réfugiés, à dis-tribuer tous les jouets collectés aux enfantsdu tiers-monde.En atelier, les enfants réalisent un jouetqu’ils ont imaginé et conçu à partir dematériaux recyclables divers (cartons,bou-teilles en plastique, pots de yaourts…).A l’issue de la séance, les enfants repartentavec le jouet qu’ils ont fabriqué.

Une initiation aux langages de la danse indienne Durée : 1h30 • Enfants (6-12 ans) • Visiteurs sourdsou malentendants • Atelier animé par SharmilaSharma

Les épopées du Mahâbhârata et duRâmâyana inscrivent la mythologie del’Inde ancienne dans les gestes ; chaquerégion de ce pays offre des lectures choré-graphiques diverses et codifiées de la nar-ration gestuelle.L’atelier propose une initia-tion à la danse du Kathak.

Sanza, musique d’AfriqueDécouvrir, écouter et jouerDurée : 1h30 • Enfants (à partir de 10 ans) • Atelieranimé par Vincent Hickman

Parmi la grande richesse des instrumentsde musique africains, il en est un particu-lièrement envoûtant : la sanza.Typique ducontinent, jouée depuis des siècles, elle

accompagne les cérémonies religieuses ousert pour le divertissement.Dans le musée, la visite de la réserve desinstruments, des démonstrations instru-mentales, et des contes permettent de sefamiliariser avec l’instrument. En atelier,chacun est initié au jeu des sanzas, auxchants et aux rythmes africains.

Carnet de voyageSéance de 1h30 • Enfants (12-16 ans) • Atelier animépar Bertrand Lefebvre

La tradition du carnet de voyage est explo-rée par les visiteurs au travers des quatrecontinents présents au musée du quaiBranly.Collages,dessins,photographies per-sonnelles, aquarelles, et autres techniquessont convoqués pour permettre à chacunde réaliser un carnet de voyage personnel.Pour s’entraîner à de futurs voyages.

Atelier-anniversaireSamedis de 15h à 18h • 15 enfants maximum et 2adultes • Thème à choisir lors de la réservation

Entre culture et jeu, les ateliers-anniversai-res se déclinent autour des différentsthèmes d’ateliers pour enfants proposés parle musée. A l’issue d’un parcours ludiqueen liberté dans les collections du musée,les enfants sont accueillis par l’animateurpour partager un goûter d’anniversaire,entièrement confectionné à l’aide d’ingré-dients issus du commerce équitable. Lorsde l’atelier, ils apprennent ensuite à danser,à construire un jouet ou à jouer de la sanza.

Ateliers pour les familles

Devenir ethnologue - Regards sur les objets et initiation à l’ethnologieDurée : 2h • Familles • Atelier animé par l’associationPasserelles

Comprendre et expérimenter la méthodede l’enquête ethnologique à travers l’objet.Loin d’avoir une destination unique, lesobjets voyagent vers des lieux qui leuroffrent d’autres possibilités d’expression.Au sein du musée, l’objet livre une part desa biographie passée, tout en étant porteurd’un sens nouveau à travers la mise enexposition. L’atelier propose une descrip-tion et une lecture de certains des objetsexposés dans le musée, à partir, entreautres, de leur observation approfondie etd’une réflexion sur leur fonction d’origine.

52 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Activités culturellesAteliersLes activités ont pour objectif une meilleure compréhension des culturesd’ailleurs par l’expérimentation. La découverte des arts vivants sensibilise les visiteurs à une pratique artistique traditionnelle et à son évolutioncontemporaine. Contes, musiques, danses, arts plastiques, initiation à la démarche scientifique, sont dévoilés aux adultes et aux enfants,seuls ou en famille. L’engagement dans une réflexion éthique correspondégalement au souhait du musée d’aborder la culture de l’Autre avec toléranceet respect, y compris dans les domaines économiques et politiques.

ph

oto

Car

oli

ne

Ro

se

Page 55: Les collections du quai branly

Dans tous les sonsLes musiques comme voix des culturesDurée : 2h • Familles • Visiteurs aveugles ou malvoyants • Atelier animé par SébastianMorales

Les visiteurs découvrent la réserve des ins-truments de musique et abordent leurorigine, leur fonction et leur mode de jeu.En atelier, entourés d’instruments demusique, les participants peuvent mettreen pratique les grands principes acousti-ques évoqués lors de la visite et s’exer-cer sur de nombreux par le biais de jeuxrythmiques. Enfin, le groupe est invité àcréer une œuvre collective.

Devenir griot« Savoir parler est une qualité,savoir écouter relève de la sagesse »Durée : 1h30 • Familles (à partir de 8 ans) • Atelieranimé par Dahirou Togo

Le griot,maître de la parole,est le garant dela mémoire collective. Artiste de talent, ilmaîtrise l’art de faire rire et de faire pleurer.Les aspects fondateurs de l’oralité dans lescultures africaines sont évoqués au coursde la visite du musée. En atelier, chacunpeut se familiariser avec les outils du griot(parole, musique, dérision, objets) et peutoffrir aux écoutants un conte inédit enpartage.

Ateliers et stages pour les adultes

Danser l’IndeStage autour du théâtre dansé et de la danse du KathakDurée : 1h30 • Familles (à partir de 8 ans) • Atelieranimé par Dahirou Togo

Autour des collections permanentes, lesvisiteurs découvrent de la danse classiqueindienne, l’une des plus anciennes formesnarratives du théâtre dansé, réceptacle detoutes les expressions artistiques,et où lesgrandes épopées indiennes ont puisé leurexpression dramatique. Puis en atelier,chacun peut s’initier à la pratique duKathak,une interprétation chorégraphiquecodifiée de la danse indienne, fondée surl’utilisation des mains, du visage et dubuste.

Danser l’AfriqueStage de découverte dansée de la sculpture africaineDurée : 3h • Adultes (à partir de 16 ans) • Stage animépar le chercheur-chorégraphe Alphonse Tierou

Les statues africaines nous contemplent…elles dansent aussi ! Les lignes courbes etbrisées qui les composent nous révèlentles mouvements de base de la danse afri-caine,tels le Dooplé,cette figure matriciellecaractérisée par les jambes semi-fléchies.La visite dans le musée invite à redécou-vrir l’art africain et les postures de danse.L’atelier met en mouvement l’esthétiquedes œuvres grâce à la pratique de la danse,accompagnée d’un percussionniste.

Carnet de voyageStage de création autour d’une destinationDurée : 2 x 1h30 • Adultes (à partir de 16 ans) • Atelieranimé par Bertrand Lefebvre

La tradition du carnet de voyage est explo-rée par les visiteurs au travers des quatrecontinents présents au musée du quaiBranly.Collages,dessins,photographies per-sonnelles, aquarelles, et autres techniquessont convoqués pour permettre à chacunde réaliser un carnet de voyage personnel.Pour s’entraîner à de futurs voyages.

Des ateliers performance sont égalementorganisés en lien avec les expositionstemporaires.

53 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Fêtes et événementsEn 2007, de nombreuxévénements et fêtes ont étécélébrées au musée du quaiBranly pendant les vacancesscolaires (Voyage d’un jour en Thaïlande, Au pays des mangas, les ateliers du jardin). Pour le secondsemestre de l’année 2007,des « vacances au Mexique »sont proposées pendant la Toussaint, ainsi que des voyages d’un jour au Mali et en Australie.

Page 56: Les collections du quai branly

SculptureanthropomorpheJeune hommeAztèqueHauts Plateaux CentrauxMésoamériquePostclassique récent,1350 -1521Mexique© musée du quai Branlyphoto Daniel Ponsard

ph

oto

Yves

Bel

lier

Page 57: Les collections du quai branly

55 • Une institution culturelle aux multiples facettes

La politique éditoriale du muséeLiberté de ton et exigence des contenusDépositaire de trésors issus du monde entier, témoin et organisateur d’une interdisciplinarité nouvelle autour des arts et des civilisations non européens, le musée du quai Branly joue désormais un rôle de premier plan dansl’édition d’ouvrages liés à ses collections et à ses missions.Avec une vingtaine de titres publiés depuis son ouverture,le musée affiche un programme original et dynamique.

Catalogues d’expositions, catalogues raisonnés, livres sur le musée, guide descollections, imagier, revue...Destinée à toustypes de publics, déclinée sous de multi-ples formes, sur de multiples supports,la politique éditoriale du musée du quaiBranly s’articule autour de coéditions avecdes maisons de premier plan (Flammarion,Actes Sud, 5 Continents, Réunion desmusées Nationaux...) ou bien d’éditionsen son nom propre.

Richesse des collections,ressources inédites : une nouvelle propositionéditoriale

Les éditions ont pour mission d’accom-pagner et d’appuyer l’ensemble des propositions émises par le musée dansles domaines liés aux arts et aux civilisa-tions non occidentaux : anthropologie,ethnologie, histoire de l’art, philosophie,ainsi que toutes les disciplines qui s’invi-tent parfois dans ces domaines...Ces nouvelles approches constituent unematière de choix pour un éditeur,puisqu’ilen découle un corpus de collectionsintrouvable ailleurs, auquel il s’agit dedonner une forme tout aussi inédite.

DVD, films et œuvresaudiovisuelles : prolongerl’ouverture sur le monde

Parallèlement à l’édition de livres, la poli-tique éditoriale du musée intègre égale-ment la production sur d’autres supports.Ainsi des coproductions ont été lancées,notamment autour de la collection Arts du mythe (collection documentaireconsacrée aux arts de l’ailleurs), ainsi quela collection L’usage du monde, en co-édition avec la chaîne Arte. Cette série,entre fiction et documentaire, s’inspire dujournal de voyage pour proposer une nouvelle approche de l’altérité.

Un canal d’expression rapide et accessible au plus grand nombre : le site Internet du musée du quai Branly

Véritable vitrine virtuelle du musée, le sitewww.quaibranly.fr propose un contenuéditorial spécifique et rend gratuitementdisponible un grand nombre de ressourceset publications : des enregistrements desprincipaux colloques et conférences orga-nisées dans le théâtre Claude Lévi-Straussau catalogue intégral des collections,en passant par des modules thématiques originaux consacrés aux instruments demusique,aux textiles ou aux explorateurs.Un an après l’ouverture du musée, le sites’est également réorganisé pour un contenuéditorial encore plus riche, plus clair etplus réactif.

Tu fais peur tu émerveillesmusée du quai Branlyacquisitions 1998/2005musée du quai Branly /

Réunion des musées nationaux

Dès la création du musée du quai Branly, l’accent a été porté sur la politiqued’acquisition de ce nouveaumusée, afin d’enrichir les fonds qu’il devait recevoir du laboratoire d’ethnologie du Musée de l’Homme et du musée national des Artsd’Afrique et d’Océanie. Cetouvrage retrace l’historiquedes collections des institutionsprécédentes et des conditionsde mise en œuvre de la politique d’acquisition du musée du quai Branly.Il en présente les pièces les plus importantes.Plus de huit mille deux centsœuvres ont été acquises,par achat ou par dons et legs,depuis le décret de créationdu musée du quai Branly en 1998. C’est la première fois que cet ensembleexceptionnel, qui constitue la trame des collectionspermanentes du musée,est dévoilé au public.

Page 58: Les collections du quai branly

56 • Une institution culturelle aux multiples facettes

Un nouveau dialogue s’engage

La politique de mécénat du musée duquai Branly remonte à la genèse mêmede son projet : elle a été mise en place dès1999, après analyse comparative desméthodes employées en la matière pard’autres musées en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Animé et piloté parStéphane Martin, Président du musée duquai Branly, le mécénat construit un dia-logue avec les grandes sociétés françai-ses et internationales, et mène des actionsspécifiques de sensibilisation à l’activitédu musée auprès de leurs présidents etdirections de la communication, du mar-keting ou du mécénat. Elle diffuse doncrégulièrement à ces publics privilégiés desinformations sur les temps forts de la viedu musée et y organise des visites ou desévénements.

Partager des valeurs communes

L’objectif de cette politique est d’attirerdes mécènes qui accompagnent la vie dumusée et s’associent à des projets claire-ment identifiables. Ils doivent pour cela sereconnaître dans les valeurs portées parles projets que leur soumet le musée –soitqu’ils s’inscrivent dans une philosophiepartagée, soit qu’ils incarnent la stratégieou les savoir-faire particuliers du groupemécène. Dans tous les cas, pour qu’uneentreprise s’engage avec le musée du quaiBranly, il faut qu’elle adhère pleinement àses missions,à son esprit et à sa volonté des’ouvrir sur le monde et les pays d’où pro-viennent les œuvres présentées.

La société des Amis du musée du quai Branly

Parallèlement à sa politique de mécénat,le musée du quai Branly compte sur lesoutien de la société des Amis. Créée en2002,elle compte aujourd’hui plus de 500membres, entreprises et particuliers, enFrance ou à l’étranger. La société des Amisaccompagne le musée sur l’ensemble deses missions, favorise son développementet son rayonnement.

Les donateurs qu’elle sollicite ont montréleur engagement en finançant la restaura-tion du mât Kaiget Seligmann en 2003, dela tête Moai de l’Ile de Pâques en 2004,ou en participant à l’acquisition d’œuvres :le fonds d’archives sonores du célèbre eth-nomusicologue Gilbert Rouget en 2005,deux masques Yup’ik de la collectionRobert Lebel en 2006. Présidée par LouisSchweitzer, la société des Amis est ouverteà tous et offre à ses membres un accèsprivilégié au musée, des informations surtous les temps forts de son activité, desvisites et des conférences privées.

Depuis son origine, le musée du quai Branly a souhaité que son projet soit accompagné par des mécènes, pour le soutien des créationsartistiques liées à son architecture comme dans le cadre de ses restaurations, de ses acquisitionsmajeures, de ses projets de recherche etd’enseignement.

Le mécénatUn enrichissement partagé

Contact et renseignements :[email protected]

Le Cercle des Grands MécènesDès l’origine du projet,de grandes entreprises ont souhaité s’engager aux côtés du musée du quai Branly, apportant leur concours à denombreuses réalisationsarchitecturales d’envergure et à l’acquisition d’œuvresimportantes...Ces entreprises, qui se sont engagées à hauteur d’un million d’euros,font désormais partie duCercle des Grands Mécènes.Le groupe Pernod Ricard en fut le premier membre dès 2003, en permettant la réalisation des bassins dumusée, et il fut rapidementrejoint, en 2004 et 2005 par d’autres contributeurs :AXA, la Caisse des Dépôts,Gaz de France, SchneiderElectric, Ixis – Corporate et Investment Bank

(devenue filiale de Natixis en 2006) – Groupe Caissed’Epargne et la FondationEDF.

Les masques Yup’ik de laCollection Robert LebelLe musée du quai Branly aacquis, en décembre 2006,deux masques Yup’ik ayantappartenu à Robert Lebel,figure du surréalisme enFrance grâce à la société des Amis du quai Branly.Un premier masque,«masque de l’Homme-de-la-Lune», également dumême collectionneur, étaitrentré dans les collectionsquelques mois auparavant.Ces masques, fabriqués par ou sous le contrôle des Angalkut (chamanes)Yupiit, proviennent dusud–ouest de l’Alaska.Ils étaient utilisés lors decérémonies saisonnières,associés à des danses et

évoquaient la relation entrele monde des humains et le monde des esprits.Acquis pendant la Secondeguerre mondiale par RobertLebel, ils témoignent nonseulement de la richessedes sociétés qui les ontproduites, mais égalementdu goût avant-gardiste des intellectuels surréalistesfrançais pour les arts dits«primitifs » qui visaient,selon André Breton,à supprimer l’hégémoniedu conscient «pour seporter à la conquête de l’émotion révélatrice».

à droite :Masque inuit, dit de « L’Homme-de-la-Lune »Collection Robert LebelDébut XXe siècleAcquis avec le concours de MÉTROPOLE Gestion©musée du quai Branlyphoto Patrick Gries

Page 59: Les collections du quai branly