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Médecine du sommeil (2011) 8, 145—151 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com MISE AU POINT Les conséquences du manque de sommeil à l’adolescence Consequences of sleep loss in adolescence A. Brion Unité des pathologies du sommeil, hôpital Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France Rec ¸u le 10 aoˆ ut 2011 ; accepté le 13 septembre 2011 Disponible sur Internet le 21 octobre 2011 MOTS CLÉS Adolescence ; Manque de sommeil ; Performance scolaire ; Affect ; Abus de drogue ; Accident ; Obésité Résumé Les études portant sur le sommeil des adolescents mettent l’accent sur la fré- quence du manque de sommeil les concernant, ayant des conséquences dans plusieurs domaines importants, d’ordre cognitif, psychologique et métabolique. L’adolescence est une période marquée par de profondes modifications dans la structure du sommeil, en particuliers une diminution du sommeil lent profond et une évolution du rythme circadien, avec une tendance au retard de phase. Cette évolution du sommeil rencontre d’importants changements dans le mode de vie : les contraintes scolaires accrues, la multiplicité des activités extrascolaires et l’affranchissement par rapport à l’encadrement familial créent une insuffisance de sommeil, alors que les besoins en sommeil restent importants. En manque de sommeil, les adolescents ont tendance à être somnolents et de nombreuses difficultés y sont associées : moindres perfor- mances scolaires, perturbations de l’humeur, risque accru d’accident d’engins motorisés, d’abus de drogue et d’alcool ; enfin, sur le plan métabolique, le risque de prise de poids et d’obésité est le plus étudié. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour expliquer les mécanismes à la base de ces modifications et pour en évaluer les risques dans le long terme. Cependant, compte tenu des profondes mutations physiologiques et cérébrales liées à cette période charnière de la vie, on ne peut qu’être attentifs et promouvoir un message de prévention. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Adresse e-mail : [email protected] 1769-4493/$ see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.msom.2011.09.002

Les conséquences du manque de sommeil à l’adolescence

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Page 1: Les conséquences du manque de sommeil à l’adolescence

Médecine du sommeil (2011) 8, 145—151

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

MISE AU POINT

Les conséquences du manque de sommeil àl’adolescence

Consequences of sleep loss in adolescence

A. Brion

Unité des pathologies du sommeil, hôpital Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital,75651 Paris cedex 13, France

Recu le 10 aout 2011 ; accepté le 13 septembre 2011Disponible sur Internet le 21 octobre 2011

MOTS CLÉSAdolescence ;Manque de sommeil ;Performancescolaire ;Affect ;Abus de drogue ;Accident ;Obésité

Résumé Les études portant sur le sommeil des adolescents mettent l’accent sur la fré-quence du manque de sommeil les concernant, ayant des conséquences dans plusieurs domainesimportants, d’ordre cognitif, psychologique et métabolique. L’adolescence est une périodemarquée par de profondes modifications dans la structure du sommeil, en particuliers unediminution du sommeil lent profond et une évolution du rythme circadien, avec une tendanceau retard de phase. Cette évolution du sommeil rencontre d’importants changements dans lemode de vie : les contraintes scolaires accrues, la multiplicité des activités extrascolaires etl’affranchissement par rapport à l’encadrement familial créent une insuffisance de sommeil,alors que les besoins en sommeil restent importants. En manque de sommeil, les adolescentsont tendance à être somnolents et de nombreuses difficultés y sont associées : moindres perfor-mances scolaires, perturbations de l’humeur, risque accru d’accident d’engins motorisés, d’abusde drogue et d’alcool ; enfin, sur le plan métabolique, le risque de prise de poids et d’obésité estle plus étudié. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour expliquer les mécanismes à la

base de ces modifications et pour en évaluer les risques dans le long terme. Cependant, comptetenu des profondes mutations physiologiques et cérébrales liées à cette période charnière de

ttentifs et promouvoir un message de prévention.

la vie, on ne peut qu’être a © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Adresse e-mail : [email protected]

1769-4493/$ — see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.msom.2011.09.002

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146 A. Brion

KEYWORDSAdolescence;Sleep loss;School performance;Affect;Drug abuse;Crash;Obesity

Summary Studies on adolescents sleep problems emphasize the frequency of sleep loss forthis age group, with consequences in many key areas, cognitive, psychological and metabolic.Adolescence is marked by dramatic changes in the structure of sleep. More specifically, there is adecline of slow-wave sleep and an alteration of the circadian rhythm, with a tendency to delayedsleep phase. The changes in lifestyle, the increased school stress, the many extracurricularactivities, and the gradual freeing from the family, tend to create a lack of sleep, while the needfor sleep is important. In sleep debt, teens are consequently sleepy and studies of this populationhave highlighted the existence of lower academic performance, mood disorders, a potentialalcohol or drug abuse and an increased risk of road accidents. And on the metabolic aspects,the risk of weight gain and obesity is the most studied. Further studies are required to explainthe mechanisms and long-term risk assessment. But knowing the underlying physiological andbrain changes linked to this key period of life, we should be watchful and promote a messageof prevention.© 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

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ntroduction : l’adolescence est uneériode exposée au manque de sommeil

’adolescence est particulièrement exposée au manquee sommeil avec des conséquences qui peuvent touchere nombreux domaines d’ordre cognitif, psychologique etétabolique. Un temps de sommeil réduit est retrouvéans la plupart des études consacrées au sommeil de cetteranche d’âge : ainsi, les adolescents n’obtiennent pas leemps moyen de sommeil jugé nécessaire à leur âge, soitnviron neuf heures par nuit [1]. Cette situation résulte deacteurs tenant à la fois aux changements physiologiquesmportants que connaît le sommeil à l’adolescence, aux évo-utions psychologiques et comportementales qui font partientégrante du développement de cette période de la vie et

des facteurs environnementaux, scolaires et sociaux.La structure du sommeil se modifie pendant

’adolescence en lien avec les évolutions de la régulationoméostatique et circadienne du sommeil, qui surviennentous l’effet combiné de l’âge et du développement puber-aire. Ainsi, la quantité de sommeil lent profond diminue’environ 40 % pendant la seconde décade [1]. Mais ce sontn fait toutes les fréquences de l’électroencéphalogrammeEEG) qui sont concernées par des changements, de faconlus marquée pour les fréquences les plus basses, suggérantue, d’une facon générale, les mécanismes générateurse l’activité EEG changent pendant l’adolescence, enien avec les changements sous-jacents de la structure duerveau : la diminution des ondes lentes est vraisembla-lement une évolution programmée reflétant notammentes changements de densité dendritiques du cerveauorrespondant à la maturation du cortex frontal ; cettevolution homéostatique est fortement liée à l’âge [2]. Sure plan circadien, les adolescents ont tendance à décalereur phase de sommeil avec un endormissement et unéveil plus tardifs ; ce décalage pourrait être lié à desodifications de l’horloge biologique sous l’effet de lauberté, à savoir un allongement de sa période intrinsèque

3] ou une modification de sa sensibilité à la lumière, ouiée à la diminution de la pression homéostatique [4,5]. Uneomnolence émerge en journée, en relation avec le déclines ondes delta et la modification du rythme circadien.

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Ces modifications physiologiques surviennent dans unontexte de profonde évolution psychologique et compor-ementale chez les jeunes, avec des changements dans leurode de vie et une augmentation des contraintes sociales :

es jeunes sont soumis à une pression croissante sur le plancolaire, sont sollicités par de multiples activités extrasco-aires et de loisir, et s’affranchissent progressivement de’encadrement familial, ce qui concoure à accentuer cesendances. La combinaison du retard de phase du som-eil, de la préférence pour les activités tardives et de

’obligation du lever tôt le matin pour la scolarité réduitignificativement le temps consacré au sommeil : typique-ent, le temps de sommeil est plus court en semaine queendant le week-end chez les adolescents et, tandis quees évolutions du sommeil peuvent être considérées commeormales sur tous les plans, aussi bien comportementalue physiologique, nombreux sont les adolescents qui accu-ulent une dette de sommeil et sont somnolents en journée.

’enquête de l’Institut national du sommeil et de la vigilanceSofres/INSV), effectuée en 2005 auprès de 502 adolescentsgés de 15 à 19 ans, a montré que les adolescents francaisorment en moyenne 7h46 par nuit en semaine, soit uneurée de sommeil nettement inférieure à leur besoin qu’ilsstiment à 9h02. Ils récupèrent le week-end ou les jourse repos, durant lesquels ils ont un franc décalage dans lesoraires de coucher et de lever. La somnolence en jour-ée chez ces jeunes est une plainte aussi fréquente queégligée : ainsi 34 % des adolescents interrogés s’est déclaréomnolent en journée et parmi eux, un tiers présentait uneomnolence pathologique. Ils étaient seulement un sur dix àn avoir parlé à leur médecin [6,7]. Ce profil caractéristiquee retard de phase du sommeil associé à une importanteéduction de la durée du sommeil et à un retard encore plusccentué le week-end a été relevé dans un grand nombre’études sur plusieurs continents : il s’agit d’un profil trèsarqué chez les adolescents d’Asie et d’Amérique du Nord,

t dans une moindre mesure en Europe et en Australie [8].Les conséquences relatives aux évolutions du sommeil

hez les adolescents, qui se situent au carrefour de la

hysiologie, de facteurs psychocomportementaux, environ-ementaux et parfois en rapport avec des pathologies,eprésentent un champ extrêmement vaste d’études. Les
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Les conséquences du manque de sommeil à l’adolescence

données sont encore éparses pour cette tranche d’âge ;néanmoins, dans plusieurs domaines, il existe des résul-tats tout à fait significatifs quant aux conséquences dumanque de sommeil et à la somnolence excessive des adoles-cents : de moindres performances scolaires, une altérationde l’humeur, un usage abusif d’alcool ou de drogue, unrisque accru d’accidents de transport, et des conséquencesmétaboliques parmi lesquelles la prise de poids et le risqued’obésité sont actuellement les plus étudiés.

Cet article vise, sans rechercher l’exhaustivité comptetenu de la diversité des domaines concernés, à faire un pointsur ce qui ressort de ces données pouvant apparaître commeles plus problématiques en raison de leurs conséquencespotentielles et des enjeux de santé qu’ils représentent pourl’avenir.

Manque de sommeil et performancesscolaires

Compte tenu du rôle que tient le sommeil dans les processusmnésiques et d’apprentissage, il est probable qu’une alté-ration des ces fonctions se produit en cas de manque desommeil ou de sommeil fragmenté. Cependant, les facteursintervenant dans les performances scolaires sont multipleset il est complexe d’isoler le rôle d’une privation de som-meil sur les fonctions cognitives ainsi que sur la somnolencequi en résulte, de celui de facteurs tels que les différencesde capacités personnelles, d’environnement familial ou depédagogie ; la comparaison de l’ensemble des données estégalement gênée par la différence des systèmes scolairesdans les divers pays, ou bien, pour les études effectuéesaux États-Unis, par un mode d’évaluation des niveaux quivarie en fonction des états. Les performances scolaires sontévaluées le plus souvent dans les études anglo-saxonnes parla moyenne des notes (dite GPA pour grade point average).

Les enquêtes à grande échelle s’appuient sur des donnéesdéclaratives concernant le sommeil et les performancesscolaires. Ces données déclaratives peuvent être considé-rées comme valides : elles ont été comparées par l’équipede Carskadon à des mesures par agenda de sommeil etactimétrie, et on montré une fiabilité satisfaisante [9].Une importante contribution est apportée par l’étude de3120 jeunes américains scolarisés dans des écoles d’unniveau équivalent à notre secondaire (13 à 19 ans) : pour lesommeil, il est observé que l’avancée en âge est associée àun coucher de plus en plus tardif alors que l’heure de leverreste la même. Concernant les performances scolaires, lesmeilleurs niveaux scolaires se retrouvent chez ceux dont letemps de sommeil est le plus long avec des horaires de cou-cher plus tôt en soirée, et dont le rythme présente le moinsd’écart entre le temps de sommeil en semaine et celui enweek-end [10]. Cette relation entre la durée du sommeilet les performances scolaires est retrouvée dans de nom-breuses études [11]. Par exemple, pour des jeunes de 15 à17 ans, les moindres niveaux scolaires évalués par le GPA

sont significativement corrélés à la somnolence diurne, etpour des étudiants (en études supérieures), c’est l’insomnied’endormissement ou de maintien qui s’est trouvée associéeaux niveaux les plus bas [12].

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Une idée plus précise de ce lien entre le manque de som-eil et les performances scolaires nous est apportée par

ne méta-analyse récente (2010) de Dewald qui a inclus6 études portant sur des jeunes de huit à 18 ans, indemnese toute maladie organique ou psychiatrique. Le lien entrea durée du sommeil, la qualité percue du sommeil et leegré de somnolence en journée, d’une part, et les per-ormances scolaires, d’autre part, a été évalué en troiséta-analyses distinctes. On y retrouve un lien significa-

if mais plutôt modeste entre ces différents problèmes deommeil et les performances scolaires, celui avec la som-olence étant le plus significatif, suivi par la qualité et laurée du sommeil. Cette analyse souligne également quee sont pour les tranches d’âges les plus jeunes que leien est le plus significatif : les auteurs rapprochent cetteulnérabilité des plus jeunes aux remaniements du cortexréfrontal en première partie d’adolescence ; l’effet lié à’âge est également plus important dans les études incluantlus de garcons, soulignant par là même l’importance desifférences de développement pubertaire entre les filles etes garcons [13].

Pour comprendre la relation entre le manque de som-eil et les performances scolaires ainsi que la facon dont

es apprentissages sont altérés, nous disposons de très peue données expérimentales spécifiques aux adolescents. Deombreux facteurs peuvent être impliqués, d’ordre cognitifais aussi affectifs et motivationnels. Chez des enfants etes préadolescents, une privation de sommeil sur une nuit

entraîné une altération des taches abstraites, alors que’attention et la concentration n’étaient pas significative-ent modifiées [14]. Chez des adolescents en bonne santé

gés de 14 à 16 ans, une étude sur la mémoire déclarative etrocédurale dans le long terme a produit des résultats dif-érents. Des restrictions de sommeil de durées différentesour cinq groupes distincts, allant jusqu’à une durée mini-ale de sommeil de cinq heures par nuit pendant plusieurs

uits consécutives (quatre nuits), n’ont pas modifié la conso-idation des apprentissages à quatre semaines ; les auteursvancent l’hypothèse d’une capacité de compensation chezes adolescents en bonne santé et pour des privation deommeil de durée limitée [15]. Il apparaît que toutes lesonctions cognitives ne sont pas altérées de la même faconar la restriction de sommeil ; les performances concernantes taches abstraites et complexes le sont de facon plusvidente [16].

Si les données restent incomplètes, nous disposons néan-oins d’éléments suffisants pour avancer que certaines

onctions cognitives et les comportements scolaires sontltérés par un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité ; ilessort comme donnée stable dans les études que la majoritées étudiants est en manque de sommeil et que le niveaucolaire est largement lié au niveau de somnolence ; il reste

préciser la facon dont les fonctions cognitives et les per-ormances scolaires sont associées à un mauvais sommeil ou

un sommeil insuffisant [17] ainsi que les domaines cognitifses plus exposés au manque de sommeil [16].

anque de sommeil et affects

ans les études transversales portant sur les populations’adolescents, le manque de sommeil est associé a une

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ddtmddcrafnSlulle plus élevé concernait la consommation de cannabis, qui

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ltération de l’humeur et à une propension à ressentir plusortement le stress [10,12,17]. Une étude longitudinale chezes préadolescents (11 à 14 ans) a montré un risque accrue symptômes dépressifs et de faible estime de soi pour uneurée de sommeil en semaine de moins de six heures par nuit18]. Une étude prospective sur un groupe de 4175 jeunes de1 à 17 ans, a mis en relief le caractère chronique du manquee sommeil ; celui-ci, quand il touche les nuits de semainet de week-end, est prédictif d’une humeur dépressive maisussi de difficultés scolaires et d’un bas niveau de satisfac-ion de la vie [19]. La nature du lien entre le manque deommeil et l’humeur est complexe et sûrement à considé-er dans les deux sens. Une large enquête effectuée auprèse 15 659 adolescents (moyenne d’âge de 16 ans) et auprèse leurs parents a montré que les jeunes qui se couchent lelus tard, après minuit, et qui dorment moins de cinq heuresar nuit, ont un risque de présenter un état dépressif quist significativement supérieur aux autres (odd ratio [OR] :,24) ; de plus, il s’associe à ce profil de sommeil un risquegalement plus élevé d’idées suicidaires (OR : 1,20). Ainsi,n sommeil de durée courte, un coucher tardif et une per-eption de sommeil insuffisant est corrélé dans cette étude

un risque accru de dépression et d’idées suicidaires. Laépression est également plus fréquemment retrouvée chezes filles dans la tranche d’âge des plus jeunes (11 à 13 ans)20], conformément à ce que l’on sait de la prévalence dea dépression chez les adolescents, plus forte chez les fillesue chez les garcons (respectivement 13,9 et 7,4 %) [21].ais les auteurs font l’hypothèse hâtive d’une relation deausalité entre le coucher tardif associé à l’insuffisance deommeil et la dépression de ces adolescents ; ils extrapolentn suggérant que les consignes parentales quand elles pres-rivent des horaires de coucher plus précoces peuvent avoirne action préventive à l’égard de la dépression des adoles-ents. Si, comme déjà discuté ailleurs [22], la méthodologiee l’étude ne permet en réalité pas de conclure sur un rap-ort de causalité entre la consigne parentale et l’humeur,ette étude a néanmoins l’originalité de souligner l’impacte ces consignes sur les habitudes de coucher des jeunes,es deux tiers d’entre eux déclarant suivre les consignes deeurs parents !

L’effet de la privation de sommeil sur les affects chez’adolescent est peu étudié de facon expérimentale. Un tra-ail a examiné cette question sur deux groupes de jeunesn bonne santé, préadolescents et adolescents (10 à 13 anst 13 à 16 ans), comparés à un groupe d’adultes (30 à 60 ans)23]. Les groupes ont été constitués en prenant en comptee décalage de puberté entre les filles et les garcons, et leseunes adultes de moins de 30 ans ont été exclus en rai-on de la similitude de leur profil de sommeil avec ceuxes grands adolescents (comme le retard de phase du som-eil). La privation de sommeil, partielle, a porté sur deux

uits : la première, passée à la maison, comportait une res-riction légère (6,5 heures de sommeil) et la seconde, enaboratoire, une restriction importante (2 heures de som-eil seulement). Les deux nuits suivantes, à la maison,ermettaient une récupération (8,5 heures de sommeil).’évaluation d’un large panel émotionnel (intérêt, joie,xcitation, force, énergie, fierté, plaisir. . .) a indiqué que,

omme les adultes, les adolescents faisaient état de moins’affects positifs, mais contrairement aux attentes, que lesffects négatifs n’augmentaient pas de facon significative

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A. Brion

près privation de sommeil ; en revanche, l’anxiété mesu-ée directement ou indirectement à travers la facon deéagir aux situations de catastrophes était très nettementugmentée. Pour toutes les variables, c’est sur le groupe’adolescents le plus jeune que la restriction de sommeil au les effets les plus prononcés. Ainsi, cette étude récente2010) et unique, suggère que chez l’adolescent la privatione sommeil a tendance à diminuer les émotions positives et

augmenter l’anxiété, plus particulièrement chez les pluseunes qui apparaissent plus vulnérables dans ce domaine23].

anque de sommeil et abus de drogue

es jeunes qui dorment le moins sont plus nombreux àvoir recours à des comportements nocifs pour aider leommeil : prise d’hypnotiques, cigarette pour se détendre,lcool en soirée [11]. La relation entre des problèmes deommeil et l’abus de substance, a été étudiée par Johnsont Breslau chez 13 831 jeunes américains, âgés de 12 à 17 ansuivis pendant deux ans [24] : 5,7 % des adolescents interro-és rapportent des problèmes de sommeil dans les six moisrécédant l’étude ; l’usage de cigarette, alcool, et droguellicite est associé aux problèmes de sommeil après ajuste-ent pour âge, sexe, origine ethnique et milieu familial.

a corrélation augmente en rapport avec la fréquence de’usage de substances et l’association à des troubles psychia-riques, comme dans les populations générales. La questionpparaît cependant complexe car le type de substancest important à considérer : une fois le contrôle des fac-eurs internes (dépression, anxiété) et externes effectués,n trouve une association entre l’utilisation de substancesllicites telles que marijuana, cocaïne et solvants, indépen-amment des problèmes psychiatriques ; en revanche, ce’est pas le cas pour l’alcool et la nicotine dont l’usage estssocié également à des troubles psychiatriques. Parmi lesubstances illicites concernées, le cannabis est la drogue lalus fréquemment associée aux problèmes de sommeil. Leode de consommation du cannabis n’est pas documenté,

i, malheureusement, le type de problème de sommeil asso-ié, ce qui représente une importante limitation.

Une étude longitudinale s’est intéressée à l’usage abusif’alcool et de drogue chez des adolescents ayant présentées troubles du sommeil dans l’enfance [25]. Ici aussi, leype de trouble du sommeil dans l’enfance n’est pas préciséais l’existence de problèmes de sommeil entre les âgese trois et cinq ans se trouve prédictif de l’usage précoce’alcool, de marijuana, et d’autres drogues illicites, toutomme l’usage occasionnel ou régulier de cigarettes ; et leisque est indépendant de troubles dépressifs ou anxieuxssociés. L’échantillon d’enfants avait été choisi dans desamilles où il existait un usage abusif d’alcool mais cela’augmentait pas la prévalence des troubles du sommeil.i les enfants qui présentaient des troubles du sommeil dansa première enfance avaient un risque accru de commencerne consommation d’alcool et d’être des fumeurs régu-iers ou occasionnels entre l’âge de 12 et 14 ans, le risque

’est trouvée 2,6 fois plus fréquente en cas de troubles duommeil durant la première enfance (2,2 fois pour d’autresrogues illicites). Cette étude présente des limites du fait

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Les conséquences du manque de sommeil à l’adolescence

de l’absence de catégorisations diagnostiques des troublesdu sommeil ; les auteurs avancent qu’une automédicationapparaît une des explications possibles de ce lien entre destroubles du sommeil dans la petite enfance et la consomma-tion de cannabis ultérieurement.

D’autres études suggèrent ce lien de causalité, notam-ment pour des étudiants, chez lesquels les difficultés desommeil sont apparues associées à une prise de substancescomme aide au sommeil ou comme stimulant de la vigilanceet qui présentent de plus un risque d’accident d’automobilesélevé lié à la somnolence [26].

Somnolence et risque d’accident

La somnolence au volant est retenue comme une causeimportante d’accidents, et plus particulièrement chez lesjeunes conducteurs. Aux États-Unis, dans un certain nombred’états où la conduite est autorisée à partir de l’âge de16 ans, l’enquête en 2006 de la National Sleep Foundation,montre que 51 % des adolescents qui conduisent déclarentavoir été somnolents au volant au moins une fois dansl’année ; parmi eux, 5 % a déjà piqué du nez ou s’est endormien conduisant pendant la même période, dont presqu’untiers a eu ou a frôlé l’accident à cause de la somnolence[27].

Les jeunes sont particulièrement concernés par les acci-dents survenant tard dans la nuit ou tôt le matin sousl’effet conjugué de plusieurs facteurs : dette de sommeil,manque d’expérience pour faire face à la fatigue, et manqued’expérience à la conduite. Une étude effectuée dans desétablissements scolaires de Bologne (Italie) portant sur desjeunes en âge de conduire (18 à 20 ans), et qui conduisentpresque tous les jours, a retrouvé un lien significatif à lafois entre la perception d’un mauvais sommeil et d’unesomnolence au volant et un risque accru d’accidents [28].Une autre étude italienne indique que, même conscientsdes risques liés à la somnolence, les jeunes conducteurs nepercoivent pas la somnolence quand ils conduisent [29]. Laréactivité des jeunes conducteurs est également plus affec-tée par la privation de sommeil que celle des conducteursplus âgés [30].

En France, la sécurité routière et l’observatoire natio-nal interministériel de la sécurité routière (ONISR) indiquentqu’un tiers des accidents mortels des 15 à 19 ans est unaccident de transport, représentant la première cause dedécès de cette tranche d’âge (avant les suicides), et qu’unefois sur deux le jeune est usager de cyclomoteur ou scoo-ter 50 cm3 [31]. Les causes de ces accidents mortels n’étantpas documentées, on ne peut pas connaître les rôles respec-tifs de la somnolence, la vitesse ou l’alcool, ou des facteurstotalement extérieurs au comportement des jeunes.

De facon intéressante, il a été montré que retarder deune heure le début des cours pour des lycéens permet à lafois une augmentation de la durée de leur temps de som-meil et une réduction significative du risque d’accident detransport : chute de 16,5 % par rapport au niveau constatédeux ans avant le changement des horaires d’école, alors

même que les accidents avaient connu une augmentation de7,8 % pour les jeunes non concernés par l’aménagement deshoraires scolaires [32]. De telles approches pragmatiques etefficaces méritent l’attention.

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Dans le domaine des comportements associés à laonduite, l’éducation a sûrement une place majeure. Ellest simple en principe mais particulièrement compliquée enait car elle s’adresse à une tranche d’âge pour laquelle laelation au risque est complexe.

anque de sommeil et obésité

hez l’enfant et l’adulte, des études transversales et, moinsombreuses, longitudinales ont mis en évidence une asso-iation entre un temps de sommeil court et la prise deoids, de même qu’un risque plus particulier pour l’enfant et’adulte jeune que pour les populations plus âgées [33,34].es données chez l’adolescent sont plus éparses, mais cettessociation est retrouvée dans des enquêtes plus géné-ales portant sur le sommeil des adolescents en lien aveces comportements ou problèmes de santé : par exemple,’étude déjà citée [11] relevant le risque de surpoids poureux qui dorment le moins, à côté d’autres problèmesomme la sensibilité au stress, les troubles de l’attention ete retentissement scolaire ou la propension à avoir recours

des médicaments ou de l’alcool pour dormir ; ou encorehez 656 jeunes taïwanais, âgés de 13 à 18 ans, où il a étéetrouvé également une relation entre une durée du som-eil adéquate aux besoins (évalué ici à six à huit heures par

uit) et un certain nombre d’indicateurs de bonne santé donta prise de poids [35].

Dans les études plus centrées sur les conséquences méta-oliques du manque de sommeil, la tranche d’âge desdolescents n’est pas toujours bien différenciée par rapport

la population « enfant », ou encore, il existe des recouvre-ents avec les données de la population « adulte jeune ».ans une méta-analyse récente (2008), Cappuccio et al. ontvalué la relation entre un sommeil de durée courte et leain de poids dans des populations « enfant » et « adulte »36] : pas moins de 696 études au total ont été réperto-iées, incluant 634 511 sujets partout dans le monde, dont0 002 enfants et adolescents regroupant une large tranche’âge (deux à 20 ans) : OR retrouvé entre un temps de som-eil court et le risque d’obésité est de 1,89, supérieur à

elui des sujets adultes qui est de 1,55. Plusieurs études sug-èrent que les garcons pourraient être plus susceptibles quees filles de prendre du poids en cas de manque de sommeil :ette différence entre les garcons et les filles a été retrou-ée pour plusieurs importantes cohortes d’enfants âgés deinq à dix ans dans divers pays (Japon, Canada) [37,38].ans un groupe cette fois d’adolescents (4486 adolescentse 16 ans en moyenne [39], et 1742 de 14 à 16 ans [40]), il até retrouvé chez les garcons, mais pas chez les filles, unessociation significative entre un temps de sommeil courtauto évalué) et un IMC plus élevé — en augmentation de,8 unité par heure de sommeil en moins — ainsi qu’un sur-oids.

Un nombre restreint de travaux a eu recours à desesures objectives. Deux études transversales ont utilisé

’actimétrie pour évaluer, en lien avec l’indice de masseorporelle, la durée du sommeil, son fractionnement et

’activité pendant la journée. Chez 383 adolescents de 11 à6 ans, les données objectivées par une actimétrie sur4 heures indiquent que pour chaque heure de sommeiln moins le degré d’obésité, évalué à la fois par l’indice
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e masse grasse et l’indice de masse corporelle, est aug-enté de 80 %, aussi bien chez les filles que chez les

arcons [41]. Dans une autre étude chez des jeunes fillesénégalaises de 13 et 14 ans, les auteurs indiquent que leslus minces d’entre elles ont des durées de sommeil plusongues avec, pour une différence d’IMC de une déviationtandard (IMC < 15,5 kg/m2 vs IMC 17,5 kg/m2), une variatione 25 minutes dans la durée de sommeil [42]. Cependant,ette dernière population est différente de celles étudiéesans les pays industrialisés car il ne s’agit pas de jeunesn surpoids (l’IMC moyen était de 16,9 kg/m2) et car laestriction de sommeil résulte des taches ménagères mul-iples qui reviennent traditionnellement aux filles et qui lesontraignent à un lever précoce raccourcissant leur tempse sommeil.

Les mécanismes par lesquels le manque de sommeilnfluence la prise de poids sont certainement multiples.l a été montré que la restriction de sommeil joue unôle sur le poids à travers la facon dont elle modifiees hormones impliquées dans la régulation de l’appétit ;insi, une modification du rapport leptine/ghréline est cor-élée à l’augmentation de l’appétit et de la faim. Delus, l’impact de la durée de sommeil sur les niveauxe leptine et la dépense énergétique serait liée auenre, au moins pendant l’enfance et l’adolescence [43].ar ailleurs, d’autres modifications métaboliques ont étébservées dans les expériences de restriction de som-eil : diminution de la tolérance au glucose et de la

éponse insulinique, activation sympathique et augmen-ation des niveaux de sécrétion nocturne de cortisol44,45].

Une étude récente (2010) chez 240 adolescents de7,7 ans d’âge moyen, a évalué le risque d’obésité enonction de l’alimentation ayant un effet sur la balancenergétique [46]. Une relation significative a été retrou-ée entre les durées les plus courtes de sommeil et unpport énergétique en graisses élevé, alors que l’apportalorique par hydrates de carbones était diminué ; de plus,es jeunes ayant les durées de sommeil les plus courtesrésentaient deux fois plus de risque de consommer uneart caloriques supérieure ou égale à 475 kcal par journ grignotage ; pour les auteurs, cette augmentation deonsommation d’aliments hautement énergétiques et lerignotage pourrait refléter la réponse au stress engen-rée par la réduction de la durée de sommeil ou bien desomportements de recherche de récompense, compte tenue la dimension hédonique de la prise d’aliments. De fait,ne étude en imagerie fonctionnelle chez de jeunes ado-escents (11 à 13 ans) a montré qu’un sommeil court oue mauvaise qualité est associé à une moindre activatione zones impliquées dans l’anticipation d’une récompense47] ; cet hypofonctionnement pourrait expliquer que leanque de sommeil favorise les comportements de compen-

ation.Quoi qu’il en soit, si le lien entre le manque de som-

eil et l’obésité est établi chez l’adolescent, beaucoupe questions restent posées, concernant notamment laiversité des mécanismes en cause, les différences de vul-

érabilité en fonction du sexe et la facon dont le manquee sommeil peut avoir des conséquences à terme sur’autre fonctions métaboliques comme on le voit chez’adulte.

A. Brion

onclusion

es adolescents sont physiologiquement prédisposés à déve-opper un manque chronique de sommeil en raison deshangements dans la maturation des régulations homéo-tatiques et circadiennes du cycle veille sommeil. Ceshangements, associés aux évolutions comportementalest aux sollicitations sociales, ont pour conséquence uneette de sommeil accumulée. Ainsi dans nos sociétés, leanque de sommeil chez les adolescents paraît être la

orme plus que l’exception. L’ensemble des enquêtes et destudes de laboratoires portant sur les perturbations du som-eil chez l’adolescent indiquent l’existence de relations

ntre le manque de sommeil et un large éventail de dif-cultés dans les domaines psychologiques, relationnels etomatique. Certes, les données chez l’adolescent restentssez éparses et incomplètes, et il existe encore insuffisam-ent de preuves quand aux liens de causalité pouvant être

etenus, qu’il s’agisse des conséquences cognitives, psy-hologiques ou métaboliques. Par ailleurs, il n’existe pasour l’adolescent de notion de « seuil » de durée du som-eil en dessous duquel une association morbide serait à

raindre, comme cela a été avancé chez l’adulte. Néan-oins, dans tous ces domaines, les conséquences à long

erme ne sont pas connues : jusqu’à quel point les jeuneseuvent-t-ils compenser l’impact cognitif du manque deommeil ? À quels risques métaboliques seront-t-ils exposésans le futur ? Nous avons des signaux d’alerte déjà signifi-atifs.

Les données, bien qu’incomplètes à ce jour, engagent àiffuser un message de prévention pour une population quie situe à une période de la vie particulièrement importanteu fait même des remaniements physiologiques et cognitifsui la caractérisent. Le risque est familier aux adolescentst la question se pose de savoir comment les aider à prévenires conséquences néfastes du manque de sommeil : il n’estas certain qu’ils soient sensibles aux messages d’alerte. Enevanche, ils apparaissent plutôt studieux et sensibles auxrogrammes d’information et d’éducation au sommeil quandl leurs sont proposés ; il est encourageant de constater quelusieurs de ces programmes ont donné, chez les jeunes quin avaient bénéficié, des résultats positifs et stables dans laurée, notamment une meilleure connaissance des enjeuxu sommeil et une amélioration de leur rythme de sommeil48,49].

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

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Les conséquences du manque de sommeil à l’adolescence

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