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1 Les différents genres de la littérature de jeunesse Le terme de « littérature de jeunesse » est contesté car la notion de littérature, avec ce qu’elle implique comme exigence de liberté voire de subversion, s’accommode mal de restrictions et de spécifications. L’album Il tente et réussit la synthèse du texte et de l’image. La forme moderne de l’album est due à Paul Faucher, pédagogue fondateur des « Albums du Père Castor ». Dès 1927, il a su créer un type de livre adapté aux enfants. Ces rapports entre le texte et l’image favorisent la production de sens et font des albums des œuvres à appréhender autant par l’image que par le texte, des œuvres ouvertes sollicitant la liberté de l’interprétation. L’espace de la double page est la véritable unité de base de l’album. Les albums peuvent prendre des formes très variées et servir à tous les genres. Quelques cas particuliers : Les livres-jeux : ils sollicitent l’activité de l’enfant. On peut parler d’album « animé » ou « interactif ». Le texte ou le libre s’adresse en effet souvent directement au lecteur. Ces livres permettent au tout-petit une approche du livre et des jeux narratifs par l’expérience et fournissent l’occasion d’échanges fructueux avec l’adulte. Les imagiers : chaque page associe un mot et une image. Ils montrent le monde et le nomment. Regroupant les objets ou les animaux par classes, par séries, par thèmes, ils proposent une première mise en ordre du réel et du vocabulaire. Ils permettent à l’enfant d’affiner ses qualités perceptives et de développer sa capacité de traiter les informations visuelles ; d’approcher le code de l’écrit par le rapprochement du mot dit, du mot vu et de l’image qui fonde la notion de signe linguistique (= le mot ; constitué d’une « image acoustique »,

Les Différents Genres de La Littérature de Jeunesse

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Le terme de « littérature de jeunesse » est contesté car la notion de littérature, avec ce qu’elle implique comme exigence de liberté voire de subversion, s’accommode mal de restrictions et de spécifications.

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Les différents genres de la littérature de jeunesse

Le terme de « littérature de jeunesse » est contesté car la notion de littérature, avec ce qu’elle implique comme exigence de liberté voire de subversion, s’accommode mal de restrictions et de spécifications.

L’album Il tente et réussit la synthèse du texte et de l’image. La forme moderne de l’album est due à

Paul Faucher, pédagogue fondateur des « Albums du Père Castor ». Dès 1927, il a su créer un type de livre adapté aux enfants. Ces rapports entre le texte et l’image favorisent la production de sens et font des albums des œuvres à appréhender autant par l’image que par le texte, des œuvres ouvertes sollicitant la liberté de l’interprétation. L’espace de la double page est la véritable unité de base de l’album. Les albums peuvent prendre des formes très variées et servir à tous les genres. Quelques cas particuliers :

Les livres-jeux : ils sollicitent l’activité de l’enfant. On peut parler d’album « animé » ou « interactif ». Le texte ou le libre s’adresse en effet souvent directement au lecteur. Ces livres permettent au tout-petit une approche du livre et des jeux narratifs par l’expérience et fournissent l’occasion d’échanges fructueux avec l’adulte.

Les imagiers : chaque page associe un mot et une image. Ils montrent le monde et le nomment. Regroupant les objets ou les animaux par classes, par séries, par thèmes, ils proposent une première mise en ordre du réel et du vocabulaire. Ils permettent à l’enfant d’affiner ses qualités perceptives et de développer sa capacité de traiter les informations visuelles ; d’approcher le code de l’écrit par le rapprochement du mot dit, du mot vu et de l’image qui fonde la notion de signe linguistique (= le mot ; constitué d’une « image acoustique », d’une « image visuelle » et d’un concept. Il existe une grande variété d’imagiers.

Les abécédaires : ils ne diffèrent de l’imagier que par leur spécialisation libre basée sur le principe. C’est un genre très ancien.

Les albums documentaires : ils abordent toujours des sujets très particuliers. Tout en remplissant leur vocation instructive, ils sont beaux et donnent envie de lire. Il y a une spécialisation des collections en fonction de l’âge des lecteurs qui tend à rapprocher les livres destinés aux plus jeunes des livres-jeux et ceux qui concernent les plus grands des encyclopédies. Cf. série « Découvertes » chez Gallimard Jeunesse = « Mes premières découvertes » pour les 3-6ans puis « Découvertes Benjamin » et « Découvertes Cadet ». Les albums documentaires abordent sans complexe une infinité de thèmes et de sujets. Ils intègrent souvent avec succès de nombreux domaines de connaissances et se servent d’une

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grande variété de genres. Il y a un clivage fiction/texte documentaire qui n’est pas toujours réel. Les illustrations ou les textes ne dédaignent pas le recours à la narration pour expliquer les phénomènes.

Le conte Il occupe une place privilégiée dans la littérature de jeunesse car il est communément associé

à l’univers de l’enfance. L’édition pour la jeunesse offre de très nombreuses versions des contes traditionnels de Perrault, des frères Grimm, d’Andersen, des recueils de contes et légendes regroupés selon les genres, selon les origines géographiques ou culturelles, selon les thèmes et, plus récemment, une abondante production de contes nouveaux généralement très marqués d’ironie et attirés par la parodie comme Les contes de la rue Broca de Pierre Gripari.

D’un point de vue historique, on fait remonter les débuts de la littérature de jeunesse à Charles Perrault, auteur des Histoires ou Contes du temps passé parus en 1697.

Plusieurs facteurs font du conte une littérature privilégiée pour les enfants :

son universalité : présent dans toutes les cultures et à toutes les époques, il semble s’adresser à tout le monde car il répond à de vraies questions.

la relation privilégiée qu’il instaure entre conteur et auditeur ou auteur et lecteur : le pacte de lecture installé par les formules stéréotypées font du lecteur un complice, un être prêt à se laisser conduire dans le monde ludique du récit merveilleux.

la simplicité du récit : grâce à laquelle l’enfant peut rapidement percevoir la trame du récit et son organisation. Cela n’exclut pas la variété : il existe pratiquement toujours plusieurs versions d’un même conte.

Le roman Le roman pour la jeunesse apparaît en France pour l’essentiel au XIXème notamment grâce à

l’impulsion donnée par l’éditeur de Jules Verne, Pierre-Jules Hetzel puis de la Librairie Hachette, créatrice de la Bibliothèque Rose. Cette émergence est sans doute liée à l’apparition d’une autre vision de l’enfance et à un changement de statut de l’enfant dans le contexte social et éducatif au cours du XXème siècle.

Comme pour leurs aînés, le roman permet aux jeunes de s’évader mais aussi de chercher à comprendre le monde et à mieux se comprendre soi-même. On assiste dans l’édition pour la jeunesse à la même prolifération des genres que dans l’édition pour adultes : romans d’aventure, romans historiques, romans de science-fiction, romans d’apprentissage, romans policiers…

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Les romans pour jeunes abordent maintenant des thèmes tels que la mort, le divorce, le chômage… La poésie

Comme dans l’édition générale, elle est assez peu représentée. Cependant la poésie n’est pas absente des albums à vocation narrative grâce à la qualité des textes et à la beauté des illustrations. Les magazines pour la jeunesse

La bande dessinée

Depuis longtemps, la Bd a été plébiscitée par les jeunes lecteurs et elle est maintenant pleinement reconnue comme moyen d’expression voire comme un art à part entière.

Il existe :

les BD tous publics : nombre de héros de BD sont ainsi communs aux différentes générations : Astérix et Obélix, Lucky Luke… tandis que certains albums plutôt destinés aux adolescents, Thorgal ou XIII par exemple sont parfois lus par des plus jeunes.

les BD pour la jeunesse : dans la production récente il y a Yakari de Job chez Casterman, Jojo de Geerts chez Dupuis, Le petit Spirou de Tome et Janry chez Dupuis…

les albums inspirés par la BD : certains auteurs-illustrateurs, très marqués par la BD s’en inspirent dans l’album pour la jeunesse. Ainsi Jean-Louis Fonteneau avec la série des Enquêtes de l’inspecteur Bayard chez Bayard Astrapi.

il existe également des collections à la frontière des genres telles que « BD roman » chez Albin Michel ou « Tom-Tom et Nana » de Jacqueline Cohen chez Bayard Astrapi.

La littérature de jeunesse à l’école, oui…mais comment ?

Les espaces de lecture

Les coins-lecture : souvent délimités matériellement dans les classes de maternelle, ils permettent aux jeunes enfants de faire plus facilement les premiers repérages linguistiques (capital mots, premières remarques sur le système phonographique) et culturels (notion d’auteur, d’éditeur, de titre) dans la mesure où ils offrent des repères stables.

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Les BCD (Bibliothèques Centres Documentaires) : créées dans les années 80 à l’initiative de J.Foucambert et d’Y.Parent, elles se sont beaucoup développées dans la décennie suivante avec des fonds de livres d’inégale importance et des fonctionnements très différents. La BCD permet une offre de lecture plus importante que le coin-bibliothèque de la classe et une initiation à la recherche documentaire. Les enfants doivent comprendre les différentes catégories de la classification adoptée pour pouvoir trouver l’ouvrage, maîtriser la manipulation des fichiers pour trouver le titre recherché. Dans l’esprit de ses fondateurs, la BCD devait être un lieu de lecture privilégié mais aussi un lieu de vie essentiel au cœur de l’école (exposition des travaux faits par les enfants de chaque classe).

La lecture magistrale : lecture à haute voix effectuée par l’enseignant devant le groupe-

classe. Très présente à l’école maternelle dans les moments de regroupement collectif, elle disparaît le plus souvent à l’école primaire, à partir du moment où les enfants savent lire. Elle a pourtant été réhabilitée dans les dernières Instructions officielles (avril 1995). Elle permet de ramener un groupe au calme, de familiariser les enfants avec la langue écrite, de leur faire connaître des titres et des auteurs incontournables. Souvent pour les albums, cette lecture n’intervient pas tout de suite, l’enseignant demande aux élèves de faire des hypothèses à partir de la couverture du livre et des illustrations à l’intérieur du livre. Cette activité est quelquefois appelée « lecture progressive ». Menée le plus souvent à l’oral, elle peut être à l’école primaire un déclencheur de production écrite.

La lecture en réseaux : plusieurs ouvrages sont présentés aux enfants pour les comparer, les rapprocher, les opposer… comme le dit Bernard Devanne. Un livre n’est plus lu comme une œuvre unique mais comme une œuvre qui tisse des relations avec « l’immense bibliothèque déjà existante. Les rapprochements vont pouvoir porter sur des domaines très différents : l’illustration (certains auteurs d’albums empruntent par exemple eu genre de la BD), l’intertexte (la littérature de jeunesse est particulièrement riche en pastiches et parodies), les structures du récit (les récits à structure répétitive avec accumulation ou avec substitution d’un élément à un autre, les récits en « je », les récits linéaires), les types de personnages, les atmosphères.