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Les effets de désorganisation sociale d’une politique de la jeunesse centrée sur la migration des jeunes actifs martiniquais vers la France métropolitaine

Les effets de désorganisation sociale dune politique de la jeunesse centrée sur la migration des jeunes actifs martiniquais vers la France métropolitaine

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Les effets de désorganisation sociale d’une politique de la jeunesse centrée

sur la migration des jeunes actifs martiniquais vers la France

métropolitaine

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« L’idée d’une jeunesse unique semble […] particulièrement discutable ; plus encore, elle est souvent suspecte ».

F. Dubet, La galère : jeunes en survie, p. 217.

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Source : Insee-enquête emploi Dom 2007

Population de 15 ans et plus

Groupes d’âges Total Inactifs Actifs Taux d’activité Actifs occupés

15 à 24 ans 55 390 45 109 10 281 18,6 5 481

25 à 49 ans 139 680 26 770 112 910 80,8 88 030

50 ans et + 121 588 82 223 39 365 32,4 34 590

Total 316 658 154 102 162 556 51,3 128 101

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Une population jeune importante

La population de la Martinique est encore jeune, puisqu’une grande partie des habitants a moins de 25 ans. En 1997, la part des jeunes âgés de moins de 25 ans s’élève à 55 %.

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Les jeunes et l’école

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Des taux élevés de sortie du système scolaire sans diplôme

• [1] La comparaison Martinique/Métropole pour l’orientation post 3ème montre que pour l’année scolaire 2001-2002, le taux d’élèves inscrits dans une classe de 2nde générale et technologique était de 51,9 % contre 60,7 %. A la session 2003 du Brevet national du collège, le taux de réussite était de 65,4 %. Ce taux est très en dessous de celui de la Métropole (- 12,9 points). Pour cette même année, 37 % des élèves de 3ème d’insertion sont sortis du système scolaire public. Ce qui signifie, pour beaucoup, une sortie sans diplôme de l’enseignement initial. En 2003, le taux de réussite aux bacs généraux et technologiques, synonyme de possibilités d’accès à l’enseignement supérieur, était de 80,4 % contre 83,6 %. Source : Repères pour l’orientation 2003-2004. Martinique : Cellule Communication de l’Académie, avril 2004.

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Des niveaux de formation nettement accrus

• [1] « En Martinique comme en moyenne nationale, les niveaux de formation se sont nettement accrus. Parmi les personnes de tous âges sortis du système scolaire, la part de sans diplôme a chuté de 66 % en 1982 à 45,5 % en 1999. En 1982, seulement 9 % des Martiniquais avaient au moins le bac et ils étaient 21 % en 1999. Si l’on raisonne au niveau d’une génération, la part de jeunes qui vont en terminale ou à un niveau équivalent atteint 66 % en 2003, assez proche de la moyenne de la métropole (69,1 %). En 1980, elle n’était que de 34 % pour la métropole. Du fait de ces profondes mutations, les niveaux de formation sont nettement contrastés selon l’âge. Parmi les Martiniquais de 25 à 34 ans, 30 % ont le bac ou un diplôme supérieur, contre 7 % des plus de 60 ans. » Source : « L’économie martiniquaise au passage de 2000 : une trajectoire vertueuse ? », Insee, juin 2005.

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De nombreux départs de jeunes après le bac

• [1] De nombreux jeunes domiens s’exilent pour poursuivre leurs études supérieures : ils trouvent, en Métropole principalement, une offre de formation plus variée qu’au pays. En 1999, près de 9 600 jeunes de 20 à 24 ans, 1 600 qui résidaient auparavant en Guyane et 8 000 aux Antilles, étaient scolarisés en Métropole. Environ 23 400 jeunes du même âge sont scolarisés sur place, aux Antilles et en Guyane. Ceux qui étudient en Métropole représentent donc presque un étudiant sur trois de cette tranche d’âge. Source : Alexandre Parment, « L’emploi des jeunes pas toujours en adéquation avec leur formation », Antiane-Eco, n° 56, Insee, Juin 2003.

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Les jeunes et l’emploi

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• [1] Les chiffres publiés par l’Insee montrent qu’en juin 2002, environ 80 % des moins de 25 ans sont au chômage depuis plus d’un an, contre 19 % en Métropole. Pour la Martinique, chez les moins de 25 ans, 20,5 % de la population active est composée de femmes contre 30,2 % en Métropole. Ces chiffres montrent que les femmes connaissent un enlisement dans le chômage bien plus important que les hommes. 44 % des femmes sont au chômage depuis plus de trois ans, contre 26 % des hommes. Source : Ali Benhaddouche, Georges Para, « Un marché du travail toujours fragile… », Antiane-Eco, n° 56, Insee, Juin 2003.

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La difficile relation entre formation et emploi

• Antilles parmi les jeunes de 15 à 29 ans sortis du système scolaire et ayant un emploi, 26 % sont sur-diplômés pour l’emploi qu’ils occupent. Pour ce qui concerne le problème posé par la déqualification, il ressort de cette étude que 47 % des jeunes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur ne travaillent pas dans leur domaine de formation. Source : Alexandre Parment, op. cit., pp. 13-14.

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Jeunesse d’hier et d’aujourd’hui

Une même voie pour réussir sa vie : la migration vers la France

métropolitaine

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Le BUMIDOM

La migration de travail organisée

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Déclaration d’Aimé Césaire

• « Considérer qu’il n’y a pas de solution au problème antillais en dehors de l’émigration, considérer qu’il faut vider le pays de ses habitants pour les nourrir, c’est une abdication à laquelle pour notre part nous nous refusons et qui ne se comprend chez les auteurs du plan que parce que, non originaires des Antilles, ils n’ont pas foi dans les Antilles et dans leur destinée.»

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l’ANT (Agence Nationale des Travailleurs d’Outre-Mer).

• L’organisation d’une migration de formation

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Déclaration de Pierre Mauroy

• « … le gouvernement a décidé, depuis deux ans, de mettre un terme à la politique d’incitation à la migration que menaient nos prédécesseurs (…) Bien entendu, il n’est pas question d’empêcher qui que ce soit de venir des départements d’Outre-Mer en Métropole. Chacun, s’il le désire, est libre de se déplacer. Et j’ajoute qu’il est du rôle de l’Etat d’aider celui ou celle qui a décidé de venir en Métropole à le faire dans les meilleures conditions ».

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Résultats d’une enquête récente sur la mobilité de formation

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• Dans cette partie, nous examinons les résultats d’une enquête sur la mobilité de formation de stagiaires martiniquais vers la Métropole. Cette enquête a été conduite au cours de l’année 2006-2007 auprès d’un échantillon aléatoire de 300 personnes[1] au départ d’une formation vers la Métropole et d’autres pays de la communauté européenne, notamment le Royaume-Uni dans le cadre du programme Leonardo Da Vinci.

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• L’une des idées force sur laquelle repose ce travail est celle qui conçoit que la politique de mobilité des années 60 a profondément marqué les structures des sociétés martiniquaise, guadeloupéenne et guyanaise, traçant les voies actuelles qu’empruntent les phénomènes migratoires entre les DFA et la France métropolitaine. Véritable phénomène culturel, subordonnant les volontés politiques locales, la migration des actifs des DFA vers la France métropolitaine semble sans cesse adapter ses caractéristiques aux évolutions des besoins du marché de l’emploi métropolitain.

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• Cette enquête est basée sur la passation d’un questionnaire composé de 42 items. Le questionnaire que nous avons élaboré visait, à partir d’un certain nombre d’indicateurs (l’état civil, le niveau de formation initial, le secteur de formation, la nature et le niveau de la formation sollicitée dans le cadre de la mobilité, la situation vis-à-vis de l’emploi, le projet à l’issue de la formation en mobilité…), à dresser un ensemble de « profils types » des stagiaires de la mobilité professionnelle.

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• L’objectif était de comprendre comment ces personnes, à partir d’éléments en rapport avec leur niveau de formation initiale ou plus globalement leur trajectoire personnelle, appréhendaient leurs chances de trouver un emploi en Martinique ou en Métropole. Dans le contexte de cette étude, le choix des stagiaires de vouloir rester en Métropole ou de rentrer en Martinique pour mener à bien leur projet d’insertion professionnelle à l’issue de la formation en mobilité représentait un élément clé pour l’analyse.

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• La tranche d’âge 18-29 ans représente 53,5% des personnes qui font le choix d’une formation en mobilité

• 77,5% de personnes célibataires• 87,5% des stagiaires déclarent avoir déjà

eu l’occasion d’effectuer un séjour en Métropole

• 47% affirment avoir déjà effectué un séjour supérieur ou égal à trois mois

• 19% sont nés en Métropole• 90,5% déclarent avoir un parent proche

résidant en Métropole

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• Dans l’enquête, 53,5 % des stagiaires sont titulaires d’un diplôme de niveau IV (Bac) et plus.

• Seulement 25 % des personnes composant cet échantillon sont titulaires d’un diplôme de niveau V (CAP-BEP).

• Les stagiaires sans diplôme, niveau Vbis et VI, ne représentent que 21,5 % des personnes qui font le choix de la mobilité de formation.

• C’est la tranche d’âge 35 ans et plus qui concentre le plus de stagiaires de niveau Vbis et VI.

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• Pourcentage de la population qui veut rester en Métropole

43 % des personnes interrogées déclarent ne pas avoir l’intention de réintégrer leur département d’origine à l’issue de leur formation en mobilité.

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Caractéristiques de cette population

Il s’agit en majorité de personnes de la tranche d’âge 18-29 ans, titulaires d’un Bac ou d’un diplôme supérieur au Bac (Licence, Master).[1]

[1] La dépendance est significative. chi2 = 3,93, ddl = 1, 1-p = 95,26%.

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Caractéristiques de la population qui retourne en Martinique

Ce sont les stagiaires les plus âgés et les moins qualifiés qui manifestent le plus souvent l’intention de revenir en Martinique à l’issue de leur formation en Métropole.

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Raisons invoquées

• Création d’activité 41,5%

• Rechercher un emploi 35,2%

• Intégrer un emploi 15,7%

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Analyse des raisons profondes des retours

• Pour ces personnes s’installer en Métropole s’avèrerait trop coûteux compte tenu des chances qu’elles estiment avoir de bénéficier d’une insertion de qualité dans le monde du travail.

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Conclusion

• Des étudiants qui partent après le bac

• Une majorité de jeunes inactifs

• Des jeunes actifs insatisfaits de la qualité de leur insertion professionnelle

• Des jeunes non diplômés exclus du marché du travail

• Une faible minorité de jeunes inscrits dans le monde du travail