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Les enfants mal élevés

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F.Nicolaÿ - Les enfants mal élevés

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Page 1: Les enfants mal élevés
Page 2: Les enfants mal élevés
Page 3: Les enfants mal élevés

MÀt ÉLSYNS

Étunu, ' P,SYCHOLOGIOUE, ÀNECDOTIQUE

ET

PRATIQUEI

I PÀR

FEN,NAND NICOLAY. Avooa*,à la Cour ile Paris

' c J'al voulu fairà gaiertrent un livro' cériour. r

.@i@

Drx.NEuviùur Éorrron

0unags mruoqiô par l'Àoad6nio dss sd0n00s uoralos .st BoUHqusgr,

- PARIS-LIBRAIRIq

^CeoÉMIQUE DIDISRPERRIN ET cru, LIBRATRES_ÉDITEURS

96, edu ons atlxos*udusnNs, 8li

) rous ullnS**,*. l

Page 4: Les enfants mal élevés
Page 5: Les enfants mal élevés

PRÉFACE

.Si le sujet que nous traitons est vieux comme

le Monde, il est néanmoins toujours jeune comme

I'Actualité,.. 'I

Nous uous sommes proposé de donner dans ce

vôlgme, non un tableau de genre ni une Fuvrefantsisiste I mais bien une photogrophie instanta-'

née de la vie de famille, prise a,u cours. même

des épisodes ordinaires et des incidents quoti-'1

Or, dans I'intifité, on ne revêt pgint I'habit

nôir, on ne, porte pas la ôravate blanche; on cst

en robe de. chambre et en pantoufles...

, Fnguïrlander à, plaisir ce foyer ; endimoncher

ses hôtes, et leur supposer un lengage pompeuxt

i ,,,

Page 6: Les enfants mal élevés

il PRÉT'ACE

ciett été fausser la vérité des situations, et déco-

lorer nos personnflges.

Aussi le lecteur excusera-t-il, nous I'espérons,

le sans-façon obligé des dialogues.

Ce sont en effet, des portroits aécus, comme

disent- les artistes, que nous aYons essayé de

peindre, en nous montrant soucieux de rendre la

ressemblance, a,vec une fidélité scrupuleuse et une

entière indépendance.

Quant au livre même, il esl, écrit pour les

familles, - nombreuses encore' - qui ontréelle-

ment à cæur de donner à leurs enfants ane waie

ëducation, et qui s'estiment comptebles. de ces

jeunes âmes devant Dieu, devant Ia Société et de-

vant leur Conscience' cor:

. De l'adais des aultres, n'ai gue peti't soulcy.

C'est sous I'influence du regard si pur des en-

fants qui nous entourent, et la pensée pleine de

respect pour cette sainte chose qui s'appelle leur

candeur, {ue nous écrivons ces pa,ges, sévères

parfois.

Nous souhaitons cependant prouver au lecteur

que l'on peut être sérieux stns être morose.-.'

aussl bi.en que I'on pourrait être grave, sans être

en rien sérieux'

Page 7: Les enfants mal élevés

lllPRÉFÀCE

D'ailleurs comment ne pas sourire en parlanl

de I'Enfance I

Loin de nous la témérité de vouloir imposer

nos propres jugements, si convaincus soient-ils.

Notre travail n'est point une leçon impertinente,

mais une sorte d'examen de conscience'

Nous o'enseiglrons Pas.

Nous étudions.

lJn cëlibstaire ose-t-il écrire sur l'éducation ?

on le traite de théoricien et de .rêveur : <t Vous

en parlee à votre aise I lui dit-on; quand vous

a,urez des enfants, Yous ne tiendrez plus le même

langage. t)

tn pèrè d'e t'ami,['te entreprend'il la même

étude... ?

On déclare qu'il ne saurait être indépendant :

a vous jugez tous les enftints d'après les vôtres ;

you$ &vez nécessairement des préventions.et des

illusions; vous ne pouvez pas ôtre ,impartial. Ah I

si vous éIiez €çarçor' à la bonne heure"' I ''r

Eh bien I voità pourquoi, tenant grand compte

des doctrines des théoriciens, et mettant à profit

Page 8: Les enfants mal élevés

rV PRÉFÀCE

I'expérienoe Journalière du praticien dans I'appli-cationeffective des princip.u*, il nous o paru bppor-tun de les rapprocher et de les combiner dans ce

volume ; tantôt les résumant en de brèves for-mules ; tantôtesquissant en traits rapides, les per-sonnages que nous mettons én scène.

*srtr

' Voici comment nous avons procédé, à I'origine,pour nous former une opinion,:

Nous avons inscrit sur .une double colonne,

d'un côté les noms des enflants bien élevés, de

nous connus ; et en face les noms... des autres,

Iongue, très longue liste !

Puis, nous avoqs recherché et étudié un ù un

les procédés d'éducation mis en æuyre par les

parents.

Cette méthode nous & donné des conclusions

positives et précises, qui sont la base même de

notre argumentation, et, si nous ne nous abusons,

la justification plénière de nol,re thèse.

En effet, quànd on n'enregistre que des opinions

et des impressions, l'erf,eur,est bien à craindrê ;

quand, au contraire, on ne conclut que d'après

Page 9: Les enfants mal élevés

PNÉFACE

des faits et des a documents humains >, sévère-

ment contrôlés, on orrive à la ôertitude en quel-que sorte.

Or c'est ce procédé erpéràmental, que nous

&vùns suivi rigoureusement, dépouillant touteidée préconçue et tout parti pris ; nous préoccu-pant, non de faire triompher un système, maisde nous instruire par un examen minutieux etconsûant.

Nous prions Ie leeteur de n'oublier pes quenous n'avons entendu déerire'que des physioho-mies typdgues, ne nous attardant point à suiweIa gradation des séries intermédiaires, qui varientà llinfini, se combinent entre elles, et. se trans-forment de mille rbanières.

*%

r Il n'y a pes de règles possibles! ohjectera-t-on, tout, dépend des naturês; >

. .. Veut-on dire que tous les en(;ts ne sontpoint coulés dans le même moule, ni modelés de

la même pâte... ?

Ce serait naïf à force d'être vrar: cor il est

Page 10: Les enfants mal élevés

u PnÉru.cs

manifeste que les caractères sont aussi dissem-

blables que les physionomieg.

.,.Ou bien, le propos a-t-il la prétention de si-

gnifier qu'il n'y a pas de principes fixes, absolus,

en matière d'éducation ?

Alors, nous nous inscrivons en faux contre cette

affirmation téméraire.

Autant d'enfants, autant de caractères, soit I

ce qui n'empêche point, qu'il n'y ait des ten-

dances générales et des nrédispositions cornrnunes

ù, taus, dans ce curierx <r bréviaire du monde u

qui s'appelle I'Enfance.

En aucun cos, en effet, il ne faut discuter ovec

I'enfant ni laisser marchander I'obéissance; en

aucun cas, il ne faut' se déjuger; ni gronder lon-guement, au lieu de châtier rapidement ; en au-

cun cas, il ne faut punir d'unê manière inégale,

promettre sans tenir, ni menacer en vain.

Taujours, ou contraire, la correction r&re et

sévère est préférable ; toujours,.l'accord compirientre le père et la mère est nécessaire ; toujours

on doit se défier de rappeler les torts ou les

erreurs de I'enfant, une fois le pardon accordé I

toujours, il faut le mater très jeuna, au risque de

n'enjamais devenir maltre ; toujours ilfaut le tenir

Page 11: Les enfants mal élevés

PBÉTACE uli

en ga,ietén le mettre en gerde côntre l'égorsme,

ccintre les médisances, contre la mollesséi..

Les juges n'appliquent pes à toug les délin-

quants i., -o*.t pti"ts ; oependantn iui osereit

prétendrg qoe les lois positives sont une superféta-

tion ?

L'éducation serait-9lle donc la seule scienr:e

sa,ns princiPes ?

Page 12: Les enfants mal élevés

,1

Page 13: Les enfants mal élevés

IrE S

EI\FAI\TS MAt NTNTNNS

LNRE PREMIER

PORTRAITS II'ENTANTS TIAI ÉTNVÉS

CHAPITRE PREMIER

UENFANT MEL ÉI-EVÉ :,A TROIS ÀNS

Dès trois ans environ, un enfant peut assurément

comp[er déjà dans la catégorie des c mal élevés >,

et se révéler commo un petit être complètement dé-

sagréable.Ûnu jeune tige pousserà aussi bien de travors qu'un

gros arbre..0e n'est qu'un bab7; soittMais il 'u

".t., d'intelligenco pour comprendre;

sssez de volonté pour résister; assez de force pour

faire tapago. I

Page 14: Les enfants mal élevés

' LEg ENFÀnrS MÀL ÉT,NVÉS

It y a là en germe les tendances accusées de l'âge

mtlr. Cer si les hommes sûnt de grands enfantso les

enfaLls, eu)r, sont de petits hommes.

*r**

Parlons d'abord du langage.Le répertoire de bébé,bien que for[ étendu en réa-

litéo paraît copendant se composer oxclusivement des

formules les plus rostrointes : ri Je voui. - Laisse-

,, moi tranquille I - Tu m'ennuies. ' - Je le dirai àmaman... D

Tel somble êtro presque tout son vocaiiutaire : loroste est l'accessoire.

C'est une aigreur continuelle,uno insubordinationconstante, une malveillance qui ne désarme pas I

Son premier geste, le matin, est dne impatience;son dernior cri, uno plaints ou une insolence.

Du lever au coucher, il est mécontent etgrognon.... Jamais il n est satisfait de rien, quoique paronts,

domestiques ou amis s'ingénient à le distraire et à

l'intéresser. Sos exigences ne prgnnent jamqi.s lin.Vous croyez qu'il vous sait gré do favoir amusé?

Non pas I il vous en vou[ quand vous ne l'amusez

plus.Yoyez ses mandères: il mord sa bonno, égratigno

sescamarades, menace et même frappq samèro qui se

contente de lui dire avec solennité (' Oh! le ui,lainlqui bat sa rnère ! Fi ! que c'est laid,, Monsieur-.. IYow n'êtes plus rrùan petit ga'rçon -.D

Qu'un ami ou un paront veuille l'ômbrasser atni-

Page 15: Les enfants mal élevés

poRTRArTs D'ENFAtltrs t[ÀL ltrLBvÉs

ealement : diun coup de coude il lq repoussef& avoc

hpusqrrerio.Si des passants le regardent, il leur

affreuse grimace.

Quand la contorsion est bién laid.eo $ien ridicutre,surtout si elle eqt faite dans' des oonditions quiattirpnt I'attention sur l'enfant, souvent les paronta

seront les premiers à enrire; et au fond deleur cæur'ils trouveront cette petite insolence assez amusante.

On sort, on va se promener...C'est baby qui dit où il prétend aller.Lp maman avait des coursos utilos, dos affairss

pnévues... : qu'i'nporte t

N'est-oe pas lui qpi gouverne?

#*

On est gn ais'ite... ,

Bientôt il vient se cquchor, qu plutôt s'abattre gau-chement of mollement sur les genoux maternels, ous'appuyer avec indolenco côntro le fauteuil.

D'un air écæuré et d'un ton trainant z q, Ailons-nous enrnL'mv,n, r dit"il.

Et la mère, d.'une voix claire, de

sitôt : < Oui, mon bijou chéri t Nousc allor tout de suite; sois gentil... r

**,e

, ,tA table, il indique les morceau)r de gon choix,oeux qu'il s veut e ; los iautres étant rratursllemslttporrr la farnillg.

fopa une

répondro aus-allons nous en

Page 16: Les enfants mal élevés

t, LEs ENFÀNTs MÂL ÉI,uvÉs

Certes, à cet ârge, il est incapable, impuissant, plus

faible etrelativement bien plus dénué etplus dépen'

dant, qu'aucun être de la création.Néanmoins, co petit personnago, loin de songer

à la recounaissance, n'a pes Ia mbindre id.ée qu'ildoive quoi que ce soit, à qui (luo ce soit..-

On ne''io lui fait point comprendre d'ailleurs-Il ne peut rion par lui-même, et il se croit rraître

absolu t car chacun ploie devant lui et so soumet àses fantaisies.

Son père, ne pensant qu'à Ïavenir, se livre à un

travail infatigable. Sa trop bonne mère se d'épense

en amour et en sollicitude fiévreuse.-.I,,'enfant absorbe tout, et, n'éprouve Pas le plus

léger sentinnent de gratitude pour tant de dévouement

at d'abnégation.

Désire-t-il une chose? Eh bient qu'on I'aiIIechercher...t

Q,o"i de plls simple I

ll est profondérnent convaincu que' dans ia vie,Dour possÇcler l'objet convoitéo on n'a qu'à éten"tlrd

e bras ou à preqser le pas. Il ne soupçonne pointd'autres entraves ni d'autres difficultés. Et si l'onobjocte que l'on n'obtiendra rien sens argen[, ilrépondra hardimen|; << PaPa en al s

*.&e

Quant aux donzesti,ques, co son[ à ses yeux des

6ens nés unique'nnent pour le sorvirIIs sont, hien créés pour cette fonetiono pense-t-ilt

Page 17: Les enfants mal élevés

PoRTRAms D'ENF'aNTS tu'E r' ÉlnvÉs

Duisgu'ils touchent un salairo, occuponl des salles

distinctes et dôivent obéir-'iîr{*r;; une cerraine omrauté qu'il leur fera

.uorit Thurnilité de leur cond'ition'

**x

'Àu contraire, (et plus encore dans l'intérêt de

"** Ài* q". p"rni"oosillanco pourles inférieur's)'

confions tloucement et tout bas au bon petit cæur

de l'enfant quo, légaloment' moralement et chré'

tiennernent, ces sàrviteurs, tout en ayant plus- d'e

devoirs que nouso n'en ont pas moins des droits;

;;;ilfuè*nt leur liberté pàr nécessité I qu'on doit

ètro bon Pour eu,l parce qu ils sont moins heureux

qus nous; qY. les domestiques ne sont autros que

des pauvres dont on, galonot l* misèro per une vanité

d'rràgu, et qu'ils 'Jont en habit dans la crainto

d'être'en haillons"'Carc,estbiennotrevètementd'ecérérnonziequi

constitue leur tenue ordinaire, n'est-il pas vrai ?

, IJne explication est peut-être opport'une-"'.

6;t.rrtorJoi que sa c bonne D' pour lui donner

lut tôios dont, il pro{ite, en a privé ses proPros en-

fants qui en avaiànt milte fois plus besoin.{ue lui;

o*" CËtt l'indigence qui a contraint cette femme à

il-t;;;t br,rsluement de son annour' à s'éloignet

de son foyer, pÀ, a[er s,établir dans la ilépendanco

sous un toit étranger- E - mère vit-.., it

"tpuodant ses fils sont orphe'

Ëins I t

Page 18: Les enfants mal élevés

LEs ENFANTS MAL ÉtuvÉ.q

Tendremento entre deux baisers, disonsJui ces cho-ses à la fois sévèros et douces

Dites-Ios lui; il le faut,lOn lui doit Ia aérité. ,

_ Oh t parlons-lui sans craintel Sog cæur? tout

plein dd tendressos exquises of de générosités inef-fables, devinera ce que son inteilIgence !o co.rfi:prendrait pas dang.le détail.

Non t je n'imagine pas cet enfant capabre de cra-cher all visage d'une mèro parce gu,ello est pauwe I

au lieu dô souillor cette joue privée d.e baisersfiliaux, il pensera, je gage, a y deposqr une caresse,comme aurait pu le feiro Ie petit àbsent, et à mu,r.murer cotte charmante eonfidence : a Moi aussd, jet'aimo bien t >

Il respectera la mère de I'abandonné, alors qu'il étaitorêt à égratigner ou à battre la femme meicunaire.

***

Dès que I'enfant o eu conscienee tle lui-rnême, ils trouvé gite confortableonie, lit moelleux, meubles,tons les eontours do Ia vioble...

On n'a rien oublié, ercepté de lui faire com-prendre quo pareillps jouissances ne sont pas le totde tgus, of que ces biens multiples, {u,il utilise ouconsomme, sont autant defaveurs nsr,usÉnsÀ BEAUCOUpThélas I

Il jouit de I'utileo même du suporflu; eto à0n manque du nécessaire !

foyer pétillant, tahle gar-capitonnéso en un mot

aussi arrondis que possi-

côté,

Page 19: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D'ENFÀI{TS MAL ÉtETffiT T

Pourquoi lui laissercroire qrre tout lui est dû?

De tà cet égoisme funesto â"ot lequel il Franilit'C'e$t sa promière 'l'endance; et c'es[ per suite le

premier défaui qu'il impo 1 ile combattre' celui

"r"i-f"*rndre tous les autres à cot âg9 tl'insolence'

il ;;id;ries, Iii colère et Ïingratitude'

*xu

Quet étonnement' irour cet enfant' quand' pcr ha'

,"i4, oo toi dit qJily-u.1" petits pa'uvres ile son

il;;'q"t gr.lotiJ"t dË froiit' ôouchent sur Ia paille'

ne mangent point de viande et à peine de. qain I

comnie or, -rluelations

I'intéressent, et le capti-

vent t comme elles le rend'ent doucement rêveur et

oérieux I

Alors,tout unmonde d"idées et' de sentiments nou-

or*u* sléveille dans cette jeune âmo" ''"1;;; l"Jr" attention érnuo' quelle .gharyyte

cu-

riosité it écoute votre récito et en fait préciser les

p*tir"f*tités touchantes' Il est avide de savoir tou-

tesceschososdontiln'avaitnullemcntconscience'Sans doute, **iot*u fois' il a rençontré des rnal-

heureuxauseuildesaporte'ouaucarrefourvoisin''iif;;; même donné une menue pièce, et a,pour-

euivi son chomin'C'estunpetitmendiant!etlui'itestriche""Qu'y

a-t'lt donc d. to**un' entre eux?

illuisembt'*ottinatureld''êtrenédansladon-telle ot d'avoit gt*"di dans la soie et le velours'

que d.e trouver Fin'ligeot-couvert 'de gugnilles"

Ah I disons à notre fils qu€ ce pauvre est un

Page 20: Les enfants mal élevés

LES ENFAN?S MAL ELEVÉS

enfant colnrne lui; qu,il aimerait aussi Ie duvet deI'oreiller, les mots choisis, les friandises, Ies plai-sirs.

- Disons-lui que ce petit être brêmi par res priva-

tions et Ia souffrance, n'a probable-uot jamais ou unseul joujou t DisonsJui qu'on est bien heureux dese sentir à I'abri du besoin. Expliquons-lui souventet clairement, que

-tout ee qu,il dépônse est payé par

le labeur de son père ou pir celui de ses a'i.eux, et,qu'il dtait possible que les biens quù l,entourent lui,fissent dëfaut complètement.

si I'enfant en est convaincu, ses exigences dimi-nueront à l'instantr- et il gotltera mille lois plus cesbiens divers dont il profitait tout à llheuro, sansmême s'en douter.

-

+r*o

Oui I mettons on parallèle, et dans un vil re_lief, d'une part tout ce dont il iouit, et d,autre partce gui m*nqoe au pluç grand nombre. Renou-velons, ravivons ces impr.essions chaque fois quel'enfant éprouve une jouissance nouvelie, o' qou, p**instinot, il recherche ses aises; et, trécessairement,il comprendra le bonheur de son sort,

Aloré, germora dans ce jeune cæur une fleur àdouble tige : la joie du bienfait reçu, et la gratitudeenvers les bienfaiteurs, les ,parents, ces Àirp.oru_teurs shoisis pâr. la Provid.enàe t

i

i*%En un mot, qutil sache do très bonne heure, que

Page 21: Les enfants mal élevés

P0ÂTnAITS D'ENFANTS MAL ÉTEvÉs

lo mond.e est rempli ile gens qui souffrent; sinon, artJgu o'a,ppnÉcmn cn qu'u, A, IL .raLousERA ce qu'n N'a pas,'et se révoltera en voyant ses désirs se heurter auxbeimières de I'impossible.

$es ambitions et ses souhaits dépassant toujoursla mesure de ce gui est réalisable, (car on est insa-tiable par nature),il pourra être comblé, dans cotteimpasse terrestr,e, de tous les privilèges imagina-'bles, et, cependant, en dépit de cette large sommede bonheur, s'estimer le plus m,alheurewæ de tous,s'il n'a point, la facilité de satisfaire telle fantaisietléplacée.

Un enfant peut se pcrsuader qu'il est déshéritécomme aucune parce qu'il lui manque unjouet ou unefriandise : tout Ie'reste ne comptant pou,r rien !

Parsille conviction est d'autant plus à craindre,que, très souvent, de déeevantes et même de poi-gnantes réalités, remplacent, dans la vie les illusionscaressées et les rêves onchanteurs t

Raison de,plus pour apprendre au cher bal,ty qu'ilv a ici-bas des privatior,rs nécessaires, et que les

Jouissances permises sont encore elles-mêmes autant

'le faveurs. -

Bref, enseipçner la possrsrl,trÉ DE LÀ pRrvaTroNo doitêtre la base cl'une première éducation sérieuse etforte.

Page 22: Les enfants mal élevés

CH{PTTRE DIJUXTÈITIE

UENFANT MAL ÉLEVÉ : A DIX ANS

Il a dlx ans... :

r Il ost plus'insolent qu'à trois ans, pa,rco qu'il estpLus osé.

Il crie plus haut, parce qu'il est plus fort.Il est pius méchant, parce quiil s'est dévdloppé.

. Il est glus dissimuléo plus nisfi pâ.rce qu'il a .l'ex-

périence. tr'a$ustg a grandi, voilà todt;,l'essence h'apoint changé. Les parents commpncent alors à s'a-percevoir, gue l'enfant pourrait bien être'rrlal élêvé..'..-

Hélas I C'est ehose faitetForce sera bientôt de l'avouen t et fon s'empreb-

sera, pour avoir Ia paix, de confier à d'autràs lbs9i1 d'en fairq un bon.sujet. '

,

I'

t ft faut que ce grancl gaiçon se'mette sérdeuse-

ment a,u traaail, > rfipêteront les parents,, heureuxde la néeessité bénie'qui s'irypose d.e se séparei du

r chéri r, d,ont ils ne peuvent a rien tirer I absolu-ment.

Quel soulagementt Quel débarrasti n ,r'rrt polnt vnéchartt, fira-t-on au proviseur;

Page 23: Les enfants mal élevés

FoKTRAIT, o'nnË'onrs MÀL Ér,uvÉs lr

au eontraire, il a bon cæur; seulav'etrt it est aif< et espi.ègte; il a besoin d'être tehu u!1: Peu"""a. Oh! àe à'est pas parce qwe e'est n?'on luls! mais iec. n:ai. jamaôs au autant de facilité! D

Le fait est qu'il dépense si peu ffintelligence?qu'il

it en garder beaucoup en réserve....'t\aturetlernont, on ne confessera, point' quo sa pré-Naturellernont, on ne conÏesser& poln[ quo se pre-

qsnce n'était plus tolérable, .i-,t'il et{! trop--infis'pipliné lour 1o so,t1"ettrb, troq

,< lolide SÏPt* .'pon" qobo Osât avoir recours à,la force ctlntre. lui.

, r-," mère surtbut no se risquerait point à intimer

un ordre posi,tif,ôar elle sait bien ne pas devoir être

obéie, et ne pouvoir point' employer la cont'rainte'

Elle confiéra même à son rûari, gulelle aurait peur

de <r receuoir u,n rnauoaÛs' cowp o' dF ieune bru-

tal, qui :, n" 8e eonnaf't ptrts guand, i,I est en 'fu-reur D.

Et elle a effectivemerlt raison de cnaindrq"'ITel est ce potit Mçnsieur.

t'***

I. - Pour lui, Ie monlont est Yenu de songer â

son énaancipnti,on. lI a conscience que l'on compte

désormais avec lui, qu'il peut compromettfe sa fa-

mille par dos scandales, e[ qu'on'cédera, plutôt que

de les subir.

Cornment se manifestera cetto première tontative

sérieuse d'indépendance ? Le voici:D'abord, il fora de m'inimes acquisitions sans y

Page 24: Les enfants mal élevés

LES ENFANTS MAL ÉLEVÉS

être autorisé; il fuira la surveillance' des siensrechcrchera toutes les occasions de s'en éloignens'isolera autant quo possible. N'être plus avecparonts est pour lui le plus réiouissant des projets ILeur société l'ennuie...

Et ceux-ci s'en mortifierontl Cependanto ilstort do s'étonner.

Sans doute, ils ont cru assurer Ie bonheur de l'fant, en s'ingéniant à écarter de lui contrariétésprivations.

Là s'est bornée leur sollicitude étroite.En a-t-il été plus heureux... ?

Nôn, certes t

On lui a toujours cédé; mais avar{r de mollir, onl'a contredit; puis, blâmé epnÈs. Il ne I'oublie pas,et en garde rancune.

N'osant point lui dire: e je ne yeux pâs r, iI estvraisemblable qu'on s'est rotranché derrière de mau-vaises raisons, dont l'iJlogisme n'est pas resté ina-perçu.

Et comment I'argun'rcntation paternelle ne serait-elle point vicieusoo puisque, pour refuser, on invo.que mille motifs aussi variés qu'inexacts, au lieu dedonnor le seul ara'i.. à savoir : ie ne permets poitrt...

**on

Étudiez I'onfant, ses actes, sos paroles; tout tenùvers ce but unique ': prëparer lentement, nr,aissîtrement s on émanedpation.

Il y travaille sans relàche, évitant. de parler de

Page 25: Les enfants mal élevés

P0aTRAITS D'qNFANTS MAL ÉtEVÉg

'emploi de son temps, des amis qu'il fréquentees lectures qu'il a entroprises...Particularité très intéressanto pour I'observateur :

I cesso insensiblement toute confidenceo et sembleun voilo oli s'envelopper"

Pourquoi ?

Parco qu'il pressent qu'il désirera bientôtaoher, e[ que sous pêu, il serait gênant pour

rendre compte de sa conduiteSa curiosité est en éveil... Ilest impatient de feuil-,er seul le liws de la vie, et de rétablir les pag*s'on en a segement arnachées par prudence.Assurémento tout cela n'est pas traduit dans sonprit sous forme syllogistique, mais constitue néan-ins uno prévision nettement accusée chez lui, etirement entrevue.Son instinct ne le trompe pas.

lB*rr

trI. = La sgco.nde a caractéristique D propre à cotc'est une ass?rrance imperturbable.

Il se croit un personnage; parle de tout; ,donneavis sur tout; discute les jugements des hommes

lâge; lutte contre'les opinions des spécialistes, etflige les démentis les plus énergiques à son père.

Quant à sa mère....., il tient son intelligence en

si grand mépris qu'il ne lui fait même point'honneur de la réfuter. C'est une pauvre femmet

Lui parle-t-elle... ? n hausse les épaules de pitié...a Tu ne sais past... r telle est sa dédaigneuse 16.

pouso habiuuelle.

f9

eI

so

lui

Page 26: Les enfants mal élevés

rt rrs &I\FANTS MÀL Éunrds

A trois ans, ilA dix ans, il

quand mêrqe.

mille même.

imposait ses volontés .:

entend qu'on partage

Il ne doute de rien, affirmo sans savoir,sflns prévoir, porte d'insolents défis aveo[ance et une témérité pitoyablosl

on a'ses id

s'engfluno J

***

III. rTrès souvent, romarquons-lo,'ilest onragé, danb son arroganco et dans ses velléités dtinpendancer par une certaine oatégorie d'intimesfoyer qu'on dewait dcarter comme la fièvre'l carexercent, sur les enfants I'ascendant le plus déplrable, ascendant dautant plus dangeroux qu'ilfréquemmont répété, et semble patronné par la

*tr*

Qu'un étrangerr uD passant, un ami de rencotle ait, un langage pou réservé, ou incite I'edfantquelque rnéfait... : sur-le-champ, Io père interviendr'e[ n'hésitera pas à 'remettre à sa place I'ind.iscrepersonnage.

s Si mon observation le froisse, pensera-t-il, ilreviendra plus; voilà toutl ir

Sul,posez au contraire un de ces habitués qui entrent à toute heure, causent lihrernont, sans contrôleet prennent à I'insu {es parents une inflùence décisivq sur les ertfants, tantôto les amusant ou jouanaveo, eur? tantôtr'leur offrant,. de richee cadeaux

Page 27: Les enfants mal élevés

. PORîIIAITS D'EI{.FÀNTS MÀL ÉT,NVÉS 16

tsupposez, dis-je, un de cps intimes plâmant le père

ou le contrécarrant...Eh bien t dans Ia erainte de le morti{ior, dele blos-

ser, on noosera pas lui adresser les reproches qu'ilrnériterait; car il est en pied dans la maison : liécon-duire serait un événementl' Au fond, les paronts sont vex6s, offensés même

dans leur conscience. Pourtant, on comrbera la tête,on fora la sourde oreillo...; et cet ami léger ou incon'

r sidéré {inira par substitudr son action à celle tlu père,à tel point,'que le chet de famillo occupera uno place

de sous-ordreo et tiendra un rôle entièremont effacé.

***

Un exemplo entre mille:Le père a consigné l'enfant : l'ordro est absolu,

formol.'Lu p"rasife, gui n'est certes pas venu pour assis-

ter à ude lutte en attendant le tléjeuner, et qui sou-haite dlailleurs être bien vu de l'onfant, qu'il aime à

sa manière, lève{a de sa propro autorité I'inteqdit.

- s,,Allans! e'est fini!n'en pa"ilons plus. Unea. a,utre fois'il,sera, plus gentil, r décidera en maî-tre notre Mentor d'occasion, qui jouera à lui seul

tous les personnages de l* scèno.Et, maigré le pUrb, gn ira sê promener.'Àh t le soir, la guerre reprendra a,u foyer, plus

aidente que jarnais; on le dovino. '

Mais qu'importe à l'ami t

Est-co qu'il bera là?...

**r

Page 28: Les enfants mal élevés

16 LEg ENra.urs M:ïr ÉLsWs

flonnête homme, je le'veux croire, il n'ensei-gnera pas I'insubordination; mais il commettra dosmaladresses équivalentes .

Ainsi, en dehors des parents, il donnera les frian-dises défendues; remettra à la dérobée I'objet ou lejouet prohibé; faciliter& en cachette les distractionsrefusées par la rnère, non sans motif, j'imagine;fournira des explioations quo le père jugeait bon detaire...

Et, ainsi de suite...Puis, après avoir satisfait la curiosité de l'enfanto

il ne manquera pas d'ajouter ce rnot désastreux ;c, Tu sais! surtout, n'en d,is rien à tes parentsl >

Et l'on so taira...Cela pourrait justement s'appelei : procédé infail-

lible pour discréditer les parents.La vérité ost, que le père ressemblera singulière-

msnt ehez lui à un intrusL'ami, Iui, sera I'idole attendue, fôtéo, acclamée.

*Ë*

On constatera que co rôle est toujogrs rompli parùes d,ésæutsrds,qui voient là un simplepasse-temps,rien autre chose. Ira disproportion d'âge ne permetpourtant pas de croire que la conversation de l'en-fant soit si attrayante; mais que voulez-vous t il ests si drôle > t

C'est un jeune Triboulet, dont, les grimaces fontnire et dont les saillies dérident. On le recherchocomme une distraction quelconque.

Page 29: Les enfants mal élevés

PoRTnÀITs D'Ertr'axrs MÀL ÉlnvÉs î?

Oui I on Ie gâte en s'amusant; quelquofois même'

ùn s'amuse à le gâter.

Après tout,penhant uninstantdn se sdra récréé"'

Les parunts, ensuite, s'en tireront pour le mieux'

Cela lcs regarcle .

...L'snfant a, je suppose, la réputat'ion d''êtrefami-

lier, insolent.Ltbon ami de la famille, (quine cherche qu'à pas-

sor un gai qua.rt d'heure), o* le quostionner" " lui

;ggé"-? une itémarcho auprès do ses paronts ou des

doilestiq ueso d,ans l'espoir seeret de lui entendrs

dirc une'impertinence ou une incongruité'

It la blàmera tout haut, 'très haut même; mais

d,une c e rt ain e mani,è r e, rlu i res semble b eaucoup plus

à un encouragement qu'à un reprocho'

*#x

En réalité, Ienfunt comPrend

le trouve comique, of se croitspirituel

Or, homme ou bambin n du moment qu?on fait

rit., fo * gtand'ohance de réussit +-11t le mbnde'

< II 'esi bien, am,u,sant | > est l'éloge qu'on en-

tend exprimer commelouange suprème' Onveut êtro

Cistrait à tout prix.

**o

^&.in3i, f ami en 'question a coflstaté que l'enfanl

*" o*u*rttait telle ôxpression risquée-1 t--l Tll.bru;ial,ïelle désignatioo oo appollation ridicule ù l'égard

d'une pur*ooo" t"sputhLit; ou bien' ill'a entendu

à merveille qu'onextraordinairement

Page 30: Les enfants mal élevés

a r,ûn qna,uu&ds sujet ! >

Mais il faut entendre

LES ENFÀN?S IWAL ÉtE\dS

imiter Ie z1zajeaient de colui-cio le bégaiomenl docelle-là; il l'a .'u qeproduire la démarchË gauchg del'un,les infirmitos aâ l'autre,res geste, ,orfr*uns desvalets, les grossièretés du,gamin des rues;.,

. Alors, il_ru fait l'inqtigatour &,unepetite reprëseit-

tation qu'il annonce lui-mêmen et àràque[o iî conviel'entourago.

(}est une vérifable parade qu,il organise.Et le jeuno acteur donne sa séance récr:éatrve.On applaudit, on excite l,enfant dahs sa vilaine

conduite et dans sa m'auvaise action.Le fait est qu'il y a lieu de sê pâmer d,aise tBafouerunvieillard; critiqou.i", d{fauts du pro-

chain; se moquer d,une inlirmité: tout cela prêteincontestabloment à riref

- N'bst-c"- pT adssi lo vrai moyen d.e forrner à Iafois l'esprit, le gorit et Ie cæur?...

u Men Dieu qu'il est drflIel Comme Cest bdens celat on jurerait que e'est rui; on croirait,r,en-q, tencl,re I Ddtes ,donc, papa ! ,saaea-aous Qù.on fe_q rait de ootre ftrs wn fameuæ comédien?- ah I i,t as, la nate, il ale eliic!... D

Et qouvent Ie -père,,.plus touché par la vanité que

guidépar-le devoir, se dira à part lui : <Effectivement Iil y a quelque chose d.ans ,uitu petite têteJà. r. La rnère, plus délicate, ne manquera, pas d.e s,é_cri:r, (ie ne p"d:jgyiours que des hônnêtesfamilles):( Edt oilai,n. taidt B;auez-ious, Monsdewr, que c,estq trrrès mal ee que uous fadtes Ià,. Tenez,ious êtes

de quolle voix ces ahoses

Page 31: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D'ENFÀINS MAL ËI,E\'ÉS

sCInt dites, pour comprpndrs ce qrio vaut la répri-mand.e tl

Eten mêmetemps, I'onfant recueillera une cdresse,

ou surprendra un de ccs regards dont les mères ontle secret, et qui signiûent : s. Au fond,, chdri t Tu<< sq,is bieh gu'il ne fau;l pas craire un rnot de mes< paroles. >

,

, xtx

Ce n'est pas tout.On reçoit encorê d'autres habitués : depuis lo jeune

viveur jusqu'au vieillard'blasé,quise purmottent de-

vant l'enfant le langage le plus détestable.Mots à double entente, allusions indiscrètes, équi-

voques à peine voilées..., tout passe tH.eureux, quand au dessert, on n'en arrivepas aux

propos graveleuxo à,fni-voix, bien entendu : ce quine sert qu'à attirer mieux encore I'attention du petitmonde présent.

or&*

Qu'il s'agisse dq dandys ou de barbons, Ie réper-toire est, semblable ; ce sont do,vieux contes à peinerajeunis, que l'on donne comme primeurs; oL l.tscandales'desjournaux d'hier, qu'on analyse dans lesdétails

D'ordinaire, pour se rendre intéressant, onditquoontient ces ,particularités du héros même ,de I'aven.turo...n {luo l'on a été I'un des acteurs ou Ïun dostémoins de I'affaifo..

" r'êtc,.,. eto.

Page 32: Les enfants mal élevés

to LEs ENFANTS MÂL ÉmvÉs

Le père, qui redoute avant tout dc passer pourprude, qui veut être tout ensemble un ( vieux libé-ral r et un homme s,dans le trainr, fera la sourdeoreille ou sourir& avec indulgence...

Quant, à Ia mère, si I'anecdote devient trop crous-tilleuse ou I'expression trop scabreuse, elleprotesteradans bien des cas par une intervention aussi honora-ble... qu'intempestive: <Chutl chut! dira-t.elle avecc onctiôn et mystère; aous oubliez, cherlnonsieur,s. que nous o,uons tet d,e jeunes oreilles,., >

Et I'enfant, pour qui le pro.pos orit pu passer ina-perçu, dressera c s& jeune oreillea, ct recueillera,pour le retenir et lo méclitero le mot risqué qu'il saitdésormais cacher un secret.

Néanmoinso cette mère trop novice se croira vigi-lante et pleine de sollicitucle comme personne t

Elle a les meilleures intentions, d'accord I mais soninexpérience n'est pas moins funeste quela tolérancsdu mari.

*Èr

!Y. - Parlons main[enant du langage de noirejeune héros.

I-,,e français de nos aïcux étant trop fade, paraît-il,pour traduirb ses pensées, il emploiera le vocabulairode la langue c vorte > la plus fauhourienne.

Le père est peut-être un lettré, la mère une femmedistinguée, instruite...; et leur héritier a le langagedu c pâle voyou r, des rôdeurs de baruière of clss co-lons de Nouméa I

Frouvons que nous n'exagérons pas"

Page 33: Les enfants mal élevés

PoRrRAlrs D:ETFÀN s MÀL ÊLEVES tt

l[otre jeune potaehe, (pour parler comme lui), im-

porte di baza, universitaire dans lu eambuse pater

ncllc, un nour'gl idiome, le pur argot: 'i1i -frappe,oort"**ent à la porte de nos sarons el f;nira par

on forcer I'entrée.Le professeur n'est Pts ul homme bizarre' -

C'est in type qui a , une d'rôl e de bal'le ' ' '

Le AevÀir n'est pas onnuyeux' - Il est sciant,

bassi,nant..-En récréation, on ne se bat P&s'- Onse fld'nEte

ana pi,l'e, anepeigneie, une tripotée"'On ne s'enfuit Pas, - On détàlle"'On n'est pas interdit' - On est époustouffié"'

Orr no tombe pas. On prend un bï'llet de par'terre...

\

A-t-il une mauvaise placo en composition ? - trl

s'en batl'æil; et s'il était premier, il De ferait pes .s(l

poire pour cela...Enfin, dimancho, il compte bien aller se balader,

à moins gue la pluie ne fasse tourner ses projets en

eau, de bouditt'.., etc...Plus tard, on le verra' le français ne fera quo de

très rares apperitions dans son langage courant,

dovesu régulièrement argotique'

er** ,

V. - Jusqu'ici, on a laissé l'esprit de l'enfant se

fausser un peu, son caractère se gât-er beaucoup,

o'est vrai t mais, presque touiours- du 'moins, les

puretés de son cæur, les candeurs d.e son âme Sont

rostées intaotes.

Page 34: Les enfants mal élevés

N LEg ENFANTS MAL ÉINVÉS ]

La tigo présente d.eq aspérités, voire mpr4e quel-ques épines, mais la {leur a consorvé sa fraîcireur.

aucuno image troublante n'a traversé cette jeunoimagination I aucune vision impudique n'a fait im-pression sur cette âme oncoro neuve...

c'est le mom,ent gue choisissent nombie de parents,pour conduire.leurÀ enfants à ces exhibitions, qu:il

;

est convequ d'appeler innocentos, parce gu,on-lesiysg avec rexpérience do Ia vie et dans la mat'rité :

de l'âge : j'ai nommé les féerios.

**x

tion I r-- Entendons-nous bien.Ne demandons-nous à nos enfants que ra.mesure i

d'honnêteté dontla masse du public sô contente?...si oui, iI ya sansdire que I'on Jtirait tort de se préoc-cuper ou de so gêner en rien. :

_ Il tl'uut point douteux, en effet, que l,enfant pou*adébuter par les féeries, continuer par los théâtres, i

finir par les brasseries interlopes, et càpendant, quandil sera las de Ia vie de garçon, devenir à son Èuoreun fonctionnaire régulier, un industriel achalandé, l

un professeur couru, un ,&vocat disert, un hommocorrect aux youx du monde..,

l

"s* ,

Avons-nous aucontraire d'autres ambitions ?sommes-nous t"tisolzts à,faire de notre .'f'"ot,ro

ftomme par le car4stlrsr ËD genti,Utomrne pur la

Page 35: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D'ENFANTS MÀt ÉLOT6S M

dignité r... ? Esirnons-nous q-u it est' de notre {e19irAu'-r"ooegarder la vertu de fenfant of dy aider

autant que posùible ? Etablissons-nour une certaine

difiérenco entre la probité vulqaire et le véritable

;;;;il-. t ctoyoJ*-ooot enfin à sno morale fis-

tincte des codos... ?

Àlors, prenons garde I observqtrs : et bientôt

notre opinion sera faite.

"*"La penséo vous est-elle- venÛe de rechercher'

le ,.rouillir avec prudence les impressions d.un en-

fant de douze a'ns, au sortir de ces représentations'

où les enchantements clo I'art, les inventions étour-

dissantes, les séductions accurnulées, ' uno musiquo

urrirulouote, des danses d'éIirantes ou lascives' font

tourner sa j eune tête après avoir émerveillé ses yeux. . . ?

C est commo l'enfourdissement d''un rêve"' ! un

éblouissement chel-les un's, un enthousiasme fé-

brile choz les autres; pour beaucoup' une ipitiation

prérnaturée et une révélation inclisorète i po1rT tous

ào{in, un tableau mauvais dans une éducation qui

veut être sérieuse.Ahl le lendemain, elle sernblera bien t'erqe et

morno la maison paternelle, éclairée seulement par

la nnodeste lumièi., qo" répand une petite lampo

sur la table de famille I

Itrier I détait si éclatant, si lumineux, si rayon-

nanll Tout était diapré, scintillant, irisét

' 4, u Sans ladignité, ledesceqdarce n'estgu'une dôgringoladetr

a dit Y. Hugo. ,

Page 36: Les enfants mal élevés

.te . Es ENFaI{r* *o" ùrruna

_' ,L'enchantement, des fées, re tourbilon des bal-Iets audacieu*r,lg, mirages Iss plus rutiiants, tasplendeur des-décorso re lu*, .haioyant î;; costu-rnesr hanteront aveo persistance son souvenir etabsorberont sa pu":é:,,,lu poinl de rendre ferauntplusieurs jours son intelligence fiottante. '

Nonl un travail apprique et fructueux n,ost pointde sitôt possible.

'l*#*

Allez plus avant dans cette analyso, et si vousùyez Ia confiance de l'cnfant, vous entendrcz rnaintesréfloxions significatives, auxqueltres Ie père et Iamère croient difficilemento parce gue ce n,à$ jamadsà euæ quielles sont faites., Il n'y a là qu'un germe; daccord i

- M"1ç- ce germe doit porter les fruits mauvais,dont bientôt les parents se ptraindront ame"em"nt.Certes, di on n,airnait point ànt à se faire ilili;,force serait bien de le reconnaltre.

{Ine fois sédhit par ces sortes de distractions,toutes les autres ne sauraient paraitre que fades.

oomment un jouet de cinq francs sembterait-ilagréable. et désirable, alors guo, pour parrillesoûrme? l'enfant a pu goirter on pluirir dont ia mis*Qn Guvre a corité unJvraie fortune.

_'-!_.*rt l: qiT.Tr s,ervi à haute dose dès le prornier

srrvrce. Inévitablemento le reste du repas aàlt êtreinsipido.

Page 37: Les enfants mal élevés

ûHÀPITRE TROISTÈME

LTNFANT MAL ÉLEVÉ: A QUINZE ANS

Quinae ans I âge ingret entre tous t

Disgracieux jusqu'à là laid.eur,- gauche jusqu'à la

sottisc, orgueilleux jusquiau ridicule : tel Asl lelycéen de quinze ans."

U , la maladresse des premiers ans, et les témé'

rités de l'homme fait...Une présomp[ueuse niaiserie a remplacé la câ.Dr

deur; etrde saforce future, il n'a encore{uê les au-

taces s&ns la puissance.Typu.de transition, enfant déformé et hommo rt-

forme, mélange malheureûx de deux âges, I'unefracê, l'auhq mal défini, il rappelle assez bien cos

ieunes oiseaux' qui 'ont grand bec, grossos pattes'

membres d.isproportiorfnés,, démarche bête st voixtliscordante...

Cela ne l'empêche pas d'être vanitouxtClost mêrne sa qote domina4te.

*s*

"4, ving[ ans, il sera plus modesto, parco gu'il aurisubi deq épreuvos quiaurontété peut-être des échecs,'

ef qu'en tou[cas, il se ser&mesuré avec des concur-

,6-d'îctr'r.-î,t-*1.\ " e_{, fl;r f $. $ ir} r,

'',{,j't,{i{ii I

Page 38: Les enfants mal élevés

;6 LEs ENFANTs MAL ÉTovÉs

ronts inquiétants.lly a Iàde quoile dégrisor un peu.Mais à quinze ans, il n"en sait pas' encore àssezl

pour deviner l'étendue .de

son ignorance t

*8x

t.- f2'une dg ses grandes satisfactions, est a d'épa"[er a ses'paronts per sa scie'nce.

En cêusant, et sans on avoir l'air, il ( poussequelque bonne colle, > qui doit les laisser émer-veillés o[ rêveurs..

Dans chaque lyc6e, chaquo institution en effet, ily a de ces traditions ; un certain nombre de rébus etde quiproquos savantso de cqriosités quintessen-ciées, de problèmes bizarres qui traineni dqns lesclasses, et que les élèves recucillent avec soin.

Naturellement, Io père et la nière restent inter-dits; et notre jeune hommo jouit de lour stupéfac-tion.

.Iugez de son triomphe t c'est lui qui ieur pose tlesquestions. Et comme it rit, plaisante ou raille,guand'ils se prêtent à ce petit oxamen mortiûant't

,x#x

Si l'enfant est plus rusé, il se contentora d'inter-roger sérieusement ses parents, sous prétexte des'éclairer.lui-rnême, maie avec la seorète pensée doleur faire comprendre qu'ils sont arriérés, et que lascience de leur temps est singulièrement défraîchie.

û'est que le jerrne homme a bien une derni-dou-zaine do linasseries à sa disp'osition t et avec e,e ba-

Bage, il se trouve largement muni.

Page 39: Les enfants mal élevés

PORTRÀITS UENFANTS MAL ÉTEVÉS N

La mère, pendant les quelques houres qu'elle l'auraprès d'ellorn'entendra que des chosos extraordinairesde la bouche de ce pel,it,Monsieur :

s Lundô, j' ui pi;oelté pendant toute la matinée unt sale cosinus et un stupide logardthtne; mais j'ais rëussi, rnan, éguation u Et, feignant de se remé-moror une loi algébniqueoildira, avec une convictionrecueillie et une'voluhilité mécaniquo : K le coeffi,-s. ei,ent du second ternoe, est lu sornm,e des secand,sq, termes des facteurs bin6mes, ou la somme des

-'q, raednes en .signes eontrai,res. D

Puis, continuant, son jeu : s Ah ! ta connais biena Ie petii ttt ç Croirai,s-tu'que, l'autre jour, à, ta

, G cos?nograpltie, i,l a eonfondu la parallaæe aCIec

a, l'ëcliptique, C'ëtai.t s, tordant > ! En rentrant,q nous cornposerons en seienees; oeuæ-tu parier(, gue nous aurons pour sujet: la classifi,eation dess, rnonocolylddones et la deseription du .pancrdas ?

c rSi on ndintercoge lù-dessus à nton << baelto ,, jê< sui,s sû,rde n'êtrepas a retoqaé>.Je sais ça depuiss, 'u,n si.ècle,.. D'a,i,tleLcrs, c'est sdmple co?nrne bon-a, jour ! Aaec d'iæ li,gnes sur le eanal cholëdoque, Ieu duodenuw et l'ëpithdlium pwuimenteuçæ,le père' s X.., (le professeur) sera, enchantë |,raai!

Beaucoup de mères, pénétrées dadmiration, ou,pour être plus wai, flattées dans leur orgueil, nomanqueront point,d'encensqr le petit vaniteux.

. Vienne une visite, la maman s'écriera. : (, Vrai-c ntent ! on demande maintenant auæ eollégdensu des eh.oses inouies! C'est du ckinois pour ntoi!< je n'y eomprencls pas u?? traître mot ! mais celaa, plalt à, l'enfant... Il est eertain q,fil est dou,é.,.

Page 40: Les enfants mal élevés

Sù tES ENFAI{IS IUAL ELEVÊ$

s, Ah ! s'il n'y aoait pas de s' chouehouto D d,ans les

< classes ! Mais lui, %'ext pas de ces élèaes quis. ad,wlent leurs m'altres; au contro,xr"e.-.1 Il n'a'i,m'e

s pa,s les i,njusti.ces ; et ie le aonfesse, i'l dirai,te gtlutdt une znsolence d,ans un ntoment d'e uiaan

s, citë.." Un instant après, il n'y pense plus- ,Traduotion libre : c'eslurl( cancro r, et unimper'

tinent.

***

A l'égard do son Père, la note change.

Avec quelques particularités scientifiques nouvel'

les, avec certaines découvertes ou invontions effec-

tivement récentes, il le déconcer[era un peu.

Lepère pourrait alors se contenter de faire obsorver

à ce jeune sot,qu'il en seraainsi tant que les parents

naitront avant leurs enfants...Oui, ce fils cohnaîtra. .. de nom' le germa'n'i'um,

L'actinium et le iargonium, le graphophone etlad,i,tnéthyl,oæyquin'i,zine, effectivement ignorés il y equelrlues années; il parlera en connaisseur de L'hdtë-

i o pl à stie ; de I' utyi,cul air e,curi eu se planto i;arnivoro

découverte d'hier... ; mais ilne saurait peut-être pas

écrire une page avec l'orthographe la plus usuelle.

Imposez donc l'épreuve à ce petit glorieux: lo conseil

est pratique.C'ela ntcmpêchera pas le papa, qui est heureux de

tant do précocité, de diro devant son fils, en frap'

pant sur l'épaule d'un vieil ami: < Déudëment, rnon

ihtrr' novts ne so'rwnes pas de natre siècle ! à' notreâ,ge, on rtest ptus à la hauleur-.- n fautl,'auo'u'en;je nous trouae bien ignoranls. r

Page 41: Les enfants mal élevés

PoÀTRÀITs D:'DNFi{"ltrs MÂL Él,PvÉs 2s

Et baissant à peine, la voix ; s Entre nous' ù"

à e6té de tous àes gaiUard,s-là,, nous paraisÉon's

t d,e atei,lles Percu(trues.D

xË*

Dira-t-onqu'il n'y a là qu'une simple plaisanterie ?

Nous aimons à le croire.Mais l'enfant en est'il moins encouragé dans sa

ridicule fatuité ?

Allons, excellents parents I faites-vous petits, hurn-

bles et modestes devant vos fils; soyez les prerniers

à leur inspirer le mépris dont ils vous abreuveront

bientôt... f g1' quoi t à supposer vraie la supériorité

intellectuelle de I'oùfànt, est-ce que lo bon sens, le

iugement, l'âgo, Iexpérience ne eomptent pourrien

dans la vie ?

lB*x

Parlant de I'histoire des idées et dtls croyances à

tou$ les âges, un philosophe contemporain rappelle

combien ils ont fait rire, ces naiifs et crédules bonnes , .

gens, qui, autrefois, croyaient aux sorciefs et à la'\"

i',ogi*iCupeudant de nos jourse Poursuit-il, d'émi-

n*oi* princes de la science ne professent-ils point,

cette dàctrine qu'onpeut, par suggest'iol, disposer de

la volonté d'un tiers même pour le mal, et s'emparer

de sa pe,rsée en quelque sorte? Serions-o?:u revenul

par hasard à un nouveau genre de sort'ilèges et' de

maléûces ?.... car enfin , dit-i[ n si tols illustres '

eavants ont astuellement raison' les gons < arriérés o'

Page 42: Les enfants mal élevés

EO LES ENFANTS MAt ÉLE1IÉS

qui iadis redoutaient a les sorts et les influoncos r,peu irnporte le op*, n?étaient donc pas si extrava_ganrs qunon se l'imaginait.

L'idée est excessir.o, mais te rapprochement estau moins curieux à signaler. ,

*"'-

Au fond, qu'y a-t-il d'exact dans les doctrines mo_dernes ? I\ous n'avons point à le discuter ici. {

Disons seulement à nos fils, que, si notre siècle ale fuoit de se montrer,fier de ses belles découvertos,il ne doit êtreo pour cela, ni arrogant ni méprisant.. Lo présenf n'est-il pas fait de I'expériencs dupassé ? -

Que la science sache donc être,rnodesteo même' dans-ses justestriomphes? car, après touto Ie progrèsconsiste fréquemment,à signaler les erreurs d,hier:peut-être demain réfutera:t-il celles d aujourd,hui;et ainsi do sui,te... I lo tout, avec une égàle bonnsfqi, une égale énergie d'aifirmatioqs sucrrssives.

Aura-t-on mêmejamais la raison dernière des cho-ses .'..? Il est permis d'en douter z Tradidit Munùwrnd,isputationi,

- Un pèr9 avisé aurait' beau jeu à tempérer les vio.lentes audaces de cot orgueil soienti{iquË, qui enivrqd,'une suffisançe grotesque la jeunessô de nls écoles.comms il_ pourrait réduire à de justes proportionsquantit6 ds conclusions imprudentes, exôes*iorr, oo.frauchement inexactes i

Alg de gens, par exempleo pour faire le procèsouxidées spiritualistes, so réclament dôDarwinn qui

Page 43: Les enfants mal élevés

poRTRÀtrs D1ENFANTS luÀt Ér,nlds 3t

r.epondant fait dans se corrospondance cette déclara.licrn : s Je ne suis point athée. D

**x

IL. - Oh I bien restreint est lo nombre des faitg

ac quis eï,des notio ns c a rt ai'nes ) comparé à la multi pli-cité incalculable des systèmes qui font' grand tapago

un jour, pour rontrer ensuite au néanttDernandez-le aux YRAIS savants t

Domandez-leur, si, plus amèrement que personne?

ils ne iléplorent point Ïenvahissement insolent et

hàbleur d'une sorte 4e q romantismo scientifiqueyE

se substituant aux réalités expérimentales pures.

xË*

Sous prétoxte do vulgariserla sclence? onla rendsimplem ent aul g aira ; c' est-à-d ire qu o, p ar une préoc-cupation mercantile, on I'accommodo au gorit du

public, en descondant àluio au lieu de l'élevor à soi.

Les harites conceptions, les fortes étudcs, la méili-Ëation et le recucillement n'étant le partage que.d'uhgroupe d'esprits d'éhce, cn en arrive,pourêtreécoutéou lu, à s'attacher aux potites curiosités de la scien-ce, àux exceptions et aux hizarrories susceptiblesd'amuser le plus grand nornbre, et de cornplaire àl'intelligcncc rnoyennc des masses...

Dans ccs hvrcs, la vérité est'traitée comme l'his-toiro I'est, elle-mênne dons les drames populairos :

tout cs.t saeri{ié au besoin ffêtre Cntéressanfrtoujours,et quand mème t A tout prix, on ontend rendre la

Page 44: Les enfants mal élevés

LES ENFANTS MÀL ÉLEVÉS

seue?tce faczte.. cornme si ces deux mots i.e s,r rê-futaient pas Ïun par I'autre t Mais le temps presse,la vie est courto...o et coûteuse : il faut donc-,t fairevite et pas cher r.

.A.ht trdp naifs acheteurs, vousargent. L'æuvre est bien cotée

**x

Puis, mêrne dans un monde choisi, que ù,hyytothè-.se,r, accoptées docilement pour thèses I

Que de suppositions, (ingénieuses rien de plus),prenant corps, grâce uniquemeut au norn, sonoredon[ on les a baptisées, même avant leur naissance t

Que l'on crée un inot, nouveall pour désigner unechose nouvelle : à mervcille I

Mais qualifier une déçouverte qui n'est podntencore faite,' décrire une entité franchement chimé-rique. commo s'il s'agissait d'une.trouvaille indiscu-table et constatée; surtout, en tirer sans preuve lesplus graves conclusions...: c'os[ en imposer t

Néanmoins, de jeunes édudiants? sur Ia foi d,idéo-logues fantaisistes pères d'une douzaine d'appella-tions étonnantes, vous parloront avec outrecuirl&nce,de pI a s tid,ul e, do pr o t opl asma, d' ant hr op opi t lt è que,absolument commo si, à l'heure présentË, it y avaitlà autre choss quo de fort jolis mots grecs, envelop-pant de simples imaginations ({).

(4) Il est convenu, paralt-il, que si I'homms siugo, (qu,on cherchef1uj9u.rs en vain), ær lieu de ressembler plus a t'nômmequ'au singe,était plus voisin c-omm_e type,-du singo cJuede I'hopme, on appellerâitee prrlerrrueur sirnisn pitéuntlw pe, et son plws ant kropogtôtirègtre.,, e

en avez pour votroce qu'elle vaut I

Page 45: Les enfants mal élevés

I'oRTRAITS D'ENFANTS MAL Ér,nvÉs a3

Le rnoyen de ne pas s'incliner devant pareil voca-bulairo, pour peu qu'on n'ait, pas le loisir d'aller con-sulter furtivement son < Alexantlre ar I i

L'iclée est peut-êtro vieille commo le monde;oependant le terme inintelligiblc qui Ia,rajcunit, ale précieux avantage d'entruverles réfutations utiles,et de mettre le sens commun en déroute.

Oui t c'est précisément parco que ions adrnironset aimons d'enthousiasmg la vraie science, quenous redoutons de la voir conclure avec témérité et< avant fheure.)), au risque de perdre son piestigeet.son autorité légitimes, en cessant d'êtroposi,tiue,au bon sens du mot. (

E**

Est-co que nous exagérons ?

Qu'un jeune étudiant entende soutenir, jo suppose,que les êtres organisés, y cornpris l,hommo, provien-nent de la matière brute; il discutera sans doute, oudu moins pourra le faire.

Mais qu'il voie dans un ouwage ou une revue,que, grâce au célèbre professeur d'Iéna, on expliqueexactement ce phénomèno ( par |autogo4ie initialec du Monisme .. qu'cn effet, la prernière manifesta-e tion ùe I'arch,ifonie fat l;arcidpl,asson,i ou proto-c gène autogone irréducrible, unité,vitale suivie clu

.o." lu dé*."ï11, jamais. (dv0ponce, hommo; ,ni0r,ir.oç,singe.) Moisj'y .songe !,Sd I'on trouvait le'produitfaàtastiquo dâ b-carye ef,

du lapîn, on s'enrichirait do la'famillo deç cyfio.înoià"Lt-às ol coni.-tocupri'nes, vocable qui no dôparerait pofrt la nomenclature"rulrgi.rcçr'carpe i r,&utioç, ou uivrioe, lepin.i

t8

Page 46: Les enfants mal élevés

!T LES ENFANTS MÀL ÉIEYEI

bioplasson; d'où est sortie toute subst'ance or6a-nisée....; )) il restera fatalement ahuri eû muet.

SupposezJe'helléniste, cornme MM. Havet ou Eg-gero.il lui faudra un quart d'heure pour traduire cettedemi-page &egrec, {d n'a du français que I'appa-rence.

Et, s'il ignore la langue de Périclès, (ce qui peutfort bien arriverJo' il croira que la Cause Premièreest sérieusement eontestde pa,r une d,épouuerte àsensation

Ne comprend-il pas tout à fait?Qulit lise alors liexplication suivante pour se

bien dclairer: < Ainsi donco poursuit l'auteur, à laa monèreo parcelle de protoplasma sans noya,u,(stades, rnonerula), succède lt" *..:llule amibe, parcelle de

c protoplasma, aveic noyal (stade cytula), laquelle'( fornoe des communautés de celloles ou synamibes,c (starle morula), {ui nous amènent insensiblements àtjhomnre'même. > i

Ce n'est pas plus difficile quo oe14.,.....Et comme crest simple tlt ,

**'r

Un système tel que l'hétérogénie est-il rnis à néantpar les Pasteru' et les Tyndall?

On change Ïétiquette,et onl'appolle.: au,togoni,e dc

lamonère; ae gui rend fort acceptable et,tout mo-derno cc vieux' a cliché >.

Que de fois, achetan[ un volume qui cvient de pa.'raîlre r, rr'I trouve-t-ûn pasr e,opiées scrvilemcnt.les imaginations de Leucippe ou de Démocrite,d'Epicure ou de Lucrèce offertes comrr.o prirneursr

Page 47: Les enfants mal élevés

PORTRAITS, D'ENFANTS MÀT. ELEVÉS "8û

I)e grâôet commencez donc pqr vous assurer de

la chose :.'vous la nommerez et clécrirez ensurte,lCe

sera moins piquant, mais plus logique.

Non t il faut en prendre son parti : l'Eosoorz du Ca-

nada, (plaisammont qualilié z canardense),le Batlry'.bi,us,la M onèr e ne figurent encore dans los auteurs que

comrue grCIupement de lettres; dt on ne les rencon-trera pas plus dans les collections, que les Naïades"

Ies Cyclopes et' les Zéphirs; pas plus quo le uoile de

l'Ànonyme, le rni'roïr de la Vérité ou la chaîne des

Temps;, pes plus que le ehar de laNuit, laroue de laFortune ou les doi'gts ùe I'Aurore,.-

Que l'homme s'y résigle...l trl n'a pas le pouvoirdivin de créer des êtros, rien qu'eq les nommant.

*r*x

gt voità les savants qui, a priori' rrepoussent comrneanti-séientifique touto croyanco métaphysiquo quel-conquo, au moment mêine où ils font do Ia philoso-;phie.,. malgr6 eux I

Foint de cloute t Si l'on y regardait de près, on ver-rait bien, vite que c'est la surprenante créd.ulité de

la ddmi-science qui engendre son incrédulité néfaste.Expliquons donc clairement ànos fils et à nos ne-

veux, qu'il faut éliminer le rom&n' éprouver lestlréories au crcusot do la vérité, s'enqttdrir du subs-trulunz, et, cotrnme dit $ft:ntaigns, nc point prendrele ttrct pour l'oltjet.

Ne*'rrlon parlant ele sos découvcrtcs, (dans, les-quelles nous avons peut-êlrcraisonde'voir des /ofs),,

se contente de les qualificr d'ltypotltèses féconeles,

Page 48: Les enfants mal élevés

3S LEs ENFÀNTs I\TAL ÉI,uvus

donnant en cela une admirablo leçon de probité etdo réserve scientifiques.

fu*x

ru. - Quand l'cnfant mal élevé, à l'âge quenousétudions, n'est pas très impertinent aveà sa mère,(ce qui est bien fréquent), iI se montre d'un sansfaçon, d.'un s&ns gêne des plus déplacés.

Renonçant à tout ascendant, à toutprestige, elle solaisse traiter eu condisciple, permet des appellationsfarnilièreso pctites moqueries dans lesquolles ellevoit, à travers le prisme maternol; d'ineffables gen-tillesses i €t, fière que soq fils daigno s'occuperd'elle, fût-ce pour la plaisantcr quclque peu, ellerépétera à tout venant : s Cet en,fant ntadore.t

Il vous adore, peut-être; mais vousrespecte-t-il...?Comme guide, la mère n'oxistc plus : ellc a abdi-

qué. Ir'autorité a fait place à uno camaraderie domauvais goùt.

*r**

IV. - Etudiez maintcnant lo jeune homme en de-hors du toit paternel.

Quelle importance comique il se donnc'!Àvec quel air de mousquetaire pourfendeur, do

matamore insolent, il défïe du regard le manouvrierqui l'a heurté au passage, ou Ie cocher dont la voi-ture l'a frôlé d'un peu près t

Avec quel arr connaisseur et capable il c tlétaille n

les æuvres artistiques devant lesquelles il s'arrête I

Comme il toise les passant, et, los sxaminc dugofaçon pédante... t

Page 49: Les enfants mal élevés

PORTNÀITS D'ENFANTS MAL SI..OVÉS 37

Il commene,e à s'habituÉr au cigare.

Oh tle temps du maldecæur ost oublié I etlejourest cléjà loin où il essayait, dans un retiro quelcon-

que, sa'première cigarette.Sans doute, le jeuno fumeur ressent bion encoro

un léger trouble. a Mais il faut être homme I On s'y

fera... rAvec quel intérêt, quelle complaisance' il suit des

yeux les spirales blanches do l'âcre fumée queo sa-

ï"-*unt, il chasso du coin des lèvres on jets intor-

mittents t Avec quelle extase il l'expire de ses narines

bridéesp&r un rictus il'idiotlAlors il se sent quelqu'un, et se croit appelé aux

plus grandes choses.

***.

Un jour de sortie, il enïre dans un caf6...' D'un coup sec de son stick surla table qui résonne,

il appelle le garçono ou bat on cadence la mesuro,

ruriu bord de la Boucoupe du précédent consomma-

teur..' Fuis, d.'une voix résoluo et enllée, avec une gaillar-

dise surfaite, qui dénonce une timidité encore mal

vaincue, il demande un boch d'un ton impatient,presque malhonnête.'

C'Àst qu'il a la bonne fortune, eF pareil cas, de '

par'!er insolemment, sans redouter une réprimande

ou sans encourir un pensum. Il sait que les patrons

recommandent, ilêtre paticnts evec les clients...Pourquoi donc serait-il Poli?

Page 50: Les enfants mal élevés

SS I,ES ENF'ANTS MAL ÉLEVÉS

D'ailleurs, il donnera dix eentimes de pourh otro !ilsaitvivret '.,

Et à supposor que le c sgrvant n se rnofiÀtro p€u â,c-

eommodant, le petit sot fera du c potirr D pour se

poser, et pour... pCIser. Car il ne se laisserait pas

manquer, lui ! il dirait hien Son fait à n'importe qu: til vaut son homme... I

Et le plus misérable incidentprendra les propor-tions démesuréo's d'une véritable aventureo qu'il nar-rera à chaeun commo uno héroïque épopée.

. *"*

Y. - On devino sans peine, que ses parents luilaissent une grande, latitude dans le choix des lec-tures.

Ils sont aSsez d'avis, qu'il bst opportuii de tout sa-uo'ir, pour apprendre ce qui est bienr et ce qu'ilfaut éviter.

Comme sile jugement, àcet âgo,pouvait êtresage,indépendanto "éclairé I Comme si le mal n'avait pas

plus d'attraits guo les austérités de la vertu I

Quelle aberration I

Maiso assure-t-on, il est avantageux de tout éprou-vor prr soi-mômo, alin do conquérir liexpérience né-cessaire.

Aûtant, vaudrait soutenir qu'il faut avoir eu toutesles malaclies pour les bien traiter.

ïI. Pasteur n'a pas été mordu, que je s&che..'

Ë*r

Page 51: Les enfants mal élevés

es plus scabrepses.

Toutefoiso i[ a chanco do ne jamais connaître cer-

tains romans d'un réalisnne vioient o,u cyniquoo si les

parent! n'Y aident à leur manièro'. Un" beite pièce d,or, régulièrement remise par la

famitle, en vue des menus plaisirs' va lo rnett're àr

même ile so procurer ces volumes e'orruptÈurs' que

lu, charmes du style of la richosse du coloris

rendent doublement attachan'ts' I

Grâ,ee ù cet argent d'e pochè ilépensé .ty.t con-

trol., ii *r* mille moyens divers de satisfaire sa

ouriosité, touj ours stimulée et j amai s rassasiée'

Aui féeries a suceéd6, on lo pressent' I'audition

du* dr"*es les plus passionnés, of des comédies en

rupturo de moralo.

,Les parents vqulent bien avouer que la.thèse est"'

osee ; mais qomme c'est . s diainement iouë >' cèla

couvre l'immoralité de l'@uvro'

Liexcuse est faible"'

PONTRAITS D'ENFA$NS MAT' ELEVES

On permettra donc jeune homme les lectures

*8*

Énfino il cherchera fréquemment à s'échapper pour

rejoind,re ses amis, futurs complices de ses escapades

ile jeuno homme.Jvl4v

Et si la mère conservant un reste ile vigilanceo lui

demande < des noms ' ' iI répondra dnun ton mécon-

,tent : g TP ne les connais Pfls :

peut te faire? rqu'esfce gue cela

Page 52: Les enfants mal élevés

I(l LES ENFAT{TS IIIÀL EIIEVES\

Et ce sora tout. :

On a perdu barre.,Dès lors, il h'y o pluswaiment ni père ni mèro au i

foyer, mais en quelquo sorte un mù,iltre d'hdtel, €t ,

'ano lingère,

Page 53: Les enfants mal élevés

cHÀPITRE QUaTRIËitlu

UENFANT MAL ÉICVÉ : A VINGT ANS

Ù'es[ l'âge d'homme, et cependant notre porsotr'

ilage "pp*tti"ot

encore à notre étude, tant qu'il n 'point quitté le toi[ de la famille'

D'ailleurs, ari regard de la loin on n'a la majorité

dans sa plénitude qu'à vingt-cinq ans seulemedt'

.... il'avingt ans: quo sont ses parentsàsonégard ?

Ni plus ni moins quo des sorvÏteurs, de vrais

domestiques? avons-nous dit. , .

La maison se transforme daprès la farftaisie du

jeune maître : tout cède à ses caprices,tout est ordon-

nancé et organisé suivant ses gotits'Heures tté repaso c.hoix de convives, menus de

table, crus ale vins, distractions, réceptions, voyages,

sont subordonnés aux volontés de ce despote, hie,r

imberbo I

Les parents cessont de Souvernor.Le pÈre n'aura même pas toujours le droit de con-

tinuer l'intimité avec ce vieil ami de cæur, qui s'ap-

pello .ion journal quotiilien; et force lui sera, pour

o.voir la paix, de rempl acet Le Temps'pat 8a Charge,

et, Le Moni,teur per Le Clwri,uar'ù.

t*r

Page 54: Les enfants mal élevés

I' LES ENT'ANTS 1!IAI, ÉtD1æS

Comrnent t voilà un s blanc-boc a, peut-être mêmeun c béjaune>, pourlequelo durant ses étudese ona

, dépensé vingt mille, trente mille fra,ncs... t il estcomplètement incapable dg se gouverner...; ilman-querait de tout sa,ns la pension patornelle; il vitexclirsivement aux (( crochets de la farnille >, selonl'expression consacrée...

Eh bien t cet arrogant petit Monsieur, (quiattendrblongtemps avant de pouvoir se payer une ppire degants du produit de son travail), va trouver intolé-rable, inacceptable, hurniliant pour lui, Je régimemodesto qui suffisait à ses parents depuis un quartde sièclo I

te qui étetit le bien-êtie pour eux, c,est la gênonpresgue l'indigonce pour lui i

A son point de vue, Ie nécesiaire,Iindispensablo,correspond à un superflu aussi compliqué quo se*rieusement onéreux.

fx'

Penilant des années, los parents ont su se priver ;ils ont voulu limiter les dépenses, précisémont pourâssurerà <<leur bijou D une position indépendante, qtune instruction supérieure à la leur propre.

Yous vous imaginez gu'il leur en est reconnais-sant... ?

Si vous lisiez tlans son jeune cæur, vous vemiezriu'il les trouve naifs jusqu'à la bêtise do

- s'être

privés de quelque chose, ou de's'être réduits en riendans leur <E confort >.

0e qu'il éprouvo, ge q'est pqirt de la reconnais-

Page 55: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D,ENFANIS MAL NIWÉS {S

sance pour leur abnégation, mais de la pitié pour

ces braves gens qui c ne:sausnt pas uiare rr- et se

montrent ablsolumônt. <t en returd >; en nnais dis-

ciplns qu'ils sont du < 'oieun ieîr'.D - --Telle oqt sa rnanière de s'exprimer à leur sujet'

En ce qui le concerne: avoir tout à sa guise, ren-

contror tout sous sa.main, ne pes compter dans lo

présent, etescompterl'axonir, Iui semble si naturel;

,rrppoot" que ses dépenses oo Ltt, fantaisies pour-

,airpt être-un joo" entravées ou limitées soit per ses

parents soit parleq circonstances,lui apparait commo

iellementinadmissible...o {u'il ne sait pas le moindre

gré à sa famille dbs sacrifices qtt'elle s'est imposés,

ioo plus' que des attentions multiples dont on l'en-

toure.

Détrompez-vous.Il se çontento de consommer, de

se sent toutes les qualités requises

Yous sroyez que oe

et son collaborateur?

***

fils va être I'auxiliaire du Père

dépenser; et ilpour remplir ce

Ë#r

rôle avec amPleur et distinction'Après toutl que demande-t-il-auxpargntl?e*s grand,chôse: qu'ils n,oublient point de s.older

régulièiemenl et intégralement sos faclures; qu'ils

re!'rcnt dans I'opnbre, et fassent ponctuclleinent leur

mod.este service en silencè...: à ce prix, ils éviteront

des remontrances mortifiantes et des scènes scanda-

leusog.

Page 56: Les enfants mal élevés

Pourquoi don,c' cet effacoment ? pourquoi cetteabdication des parents ?

4l tqo|., la situation arai,e est bien la suivante ;D'abord, (quoi de plus fréquent t ) , les parents

ayant eu à cæur de constituer leur fils dans oo ruogsupérdeur à celui quTls tiennent, hésitent un peu àagir en mattreso car, dans l'ordre hiérarchique, ilsoccupent un échelon infériour.

En outre ils sont convaincuS, à n'en pas douter,que ce fils ne tiont que très médiocre*rot à eux.

S'il reste sous leurtoit, c'est qu,il y trouve la tableoIe

-couvert, puis une pcnsion pou" ses plaisirs....ojadis menus. ,

LITS ENFANTS MAL ÉIuvÉs

0e n'cst pas un fils, nnais unenaire qu'ils hébergent.

En quelque sorte, ils lui sontdant iI est né de leur sang t

Ils ont conscicncc, les pauvres gens t que la néces-sité seulo, et non le cæur, lo rar.nènu "i logis ; ilsreco.nrjaissent qu'ils se sont privés en pure por"te pourcet ingral, I

rB**

lls restent là, le soir, échangeant près de leurfgyer morne une causerie intime et solitaire,s'avouant enfin qu'ils sont pour iamais désarmés otsans inll,rence quelconque : point d'autorité. . . t ils n'ontpas su s'imposer dès le bas âgu; point d'affectionvraie...t car ils sela sont aliénée paidevaineset tar-divos récriminations.

Il ne reste rien I

aÇg

manièrs de pension-

étrangers; et cepen-

Page 57: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D'ENFANTS MAL ÉT,NVÉS d5

Yous pourriez entendrc lc dialogue suivant, alter

nant "o.t

ces longs silences, {ans lesquels on refoule

de douloureux sentiments of des larmes qrnères :

c À quoi ponses-tu?... D

- c Tu le cleai,nes bienl répondra la mèro avec

c rne émoiion à peine contenue - Jet'aa'oue gue ie tne

< d,entand,e ce que naus ferons de ce rnalheureuæ

a enfant! Pout' moi', ie ne le comprends pas"" ia, je aois gu'ùl rùous fuitrqu'ilnoùs échappe complë'

( temenl : tu d,ois f en aperce'Doir" aussi' "Et alors, dans cotte conviction,trop fondée, hélas I

do leur impuissanee, les parents ne savent plus qu i-maginer pour retenir leur lils près d'eux, et pour

,.uod." lJmaison aussi agréahle, a.ussi attrayante

que possible. Ils se figurent, dans une dernière

iilusiàn, que leur Éévère onjouemont et leur gaieté de

,orrr*uode peuvent faire concuruonce utile auxjouis-sances, à lafois grossières etraffinées, de ce musca'-

din blasé t

De là ces prévenancos excessives, ces soins sa'ns

nombre, cut "v"oces

pleines d'humilité, ces obsé-

quiosités lassantes. ces délicatesses infinies, que le

6rutal n'apercevra même pes' ou qui provoqueront

finaloment une explosion d'impatienco dans ce mot

cruel : s Lai,ssgz-moi, clonctranqui'lle!! >

C,cst le monde renversé t la condescendance vient

dos parents quo I'on prendrait pour lgt obligés de

leur filst Ilsïivent chcz eux comme des inu'ilës...

Vous lapérimentée

qBSx

connaissez bien aussi cette mère inex-

et faible, maïs bonne et respectable après

Page 58: Les enfants mal élevés

T6 LES ENFANTS MAL EIEVÉS

tout, qui veille silencieuse, durant de longuês heurosjpendant quo ,son fils court les théâtres, les

'mauvais

lieux peut-être, Srâee à la pensiôn généreuse qu'on

.lui serto pour lui fournir les moyens de u s'àmu-sef. D

. Sans douto, elle ne so méprend plus sur le genrede vio qu'il mèsel mais elle ne voit waiment pas cequ'elle pourrait y.faire désormais...

La penséo pleine du souvenir de l'absento le re-gard omant dansle lraguo, l'oreille tendue, trsssaillantau moindre bruit, anxiguse o l'âme hantée dF)

craintes poignantes et de pressefltiments affreuxoellep&ssore uno partie de la nuit, à attendre le cher v&ga-bond.

Certos, elle aurait bieq envie, cette pau,we mèreméconnuo, de profiter duretourde l'enfantpoun l'om-btrasser, pour reborder son lit, éteindre la lumfère...crlmme autrefois t Elle ,serait heureuse d'apprendrede lui qu'il a passé une soirée agréable, et qu'il s'estbien distrait aveo ses camarades; mais elle aurait,l'air de fépier, de le suryeiller; ello provoqueraitses défiances, ses duretés même...

Comprend-on, en effet, des parents ayant l'audacede chercher à deviner cc que fait leur fils t

Elle se contontera donc daller, sans bruit, attiserle feu qui baisse,' remoq[er la lampe qui fume ourégler le gaz dês couloirs; elle s'assurera que le verred'eau est garni,.la boulo chauclc à sa plâce,le rideaudér'elopp,6....; puiso rentran[ doucement dans sapropre chdmbre, elle s'assoupira bientôt, tristemontsur la broderie qu'ello a entreprise comrne passe-temps, ou sur le feuilleton de son journal quotidlen

Page 59: Les enfants mal élevés

, TORTaÂITS D'ENFANTS MAL ÉI,UVÉS N

Enfrn, se réveillant en sursaut au bruit sec de laserrure, eile ira observerr par la porte entre-bâilléele fils gui se glisse furtivoment dans sa charnbre,ayec l'allure d'un détenu qui réintègre sa cellule.

il ne l'a pas vue... Elle ne lui a rien dit..N'importe I eile est contente de le savoir rentréÀu moinçr pense-t-ello, i[ ne, lui q* point amivéffaccid.ent I

Et calmeo oinon joyeuserello regagtrera le lit con.

.jugal.

er**

Et le père ?... Il dort d'ug lourd sommeil.

Demain, il luifaut,êtro sur pied do bonne heure, pour les affairese car a llenfant corlte cher > depuisquelque temps.

Si, malgré toutes ses précautions, sa digne oompa-gne le réveille ,{uelque peu, il se contentera de de-

mandor: c La porte d'entrée est-elle bien fermée? u,

puis se rendormira ori touto quiétudeLà se borne sa vigilance.Il ne voit, point son devoir plus loin...Qu'on le laisse en paix, et qu'on ne le dévalise

pas pendant qu'il repose l lereste lui est,égal t

Ahl si lespères s'occupaient autant do Ia conduitede leur fils, que du cours de la Bourse I

*p#*

Un Jour, le ;cune, homme voirdra rccevoir des

amis à la table de farrrrlle. C'est ul peu gênant, maisplus édonomigue quo deles eonvier au cqfé à lamoûe.

I

,'4

ii

\

Page 60: Les enfants mal élevés

ôE LES IINI,'ÀNTS MAL EIIjVES

Alons, si les parcnts $nï.hàen ëleués, ils no manque-ront pas de rcster à l'écart et de menger dans leurchambre, or cachette, pour no pas gôner l'amphi-tryon : les reliefs de la veille leur sufliront bien.

... Et cette vie étrange,absurd.e, d.urora plusieursannées ainsi I

D'un _côté, l'enfant, s'isolant ; de I'autre, les paronts fuisunt semblanf .de ne rien voir, de ne riencomprendre, de ne rien supposer mêmc, tant ils rc-doutent d'affligeantes révélations et de cruelles ccr-titudes I

*f*

Eh Lien t demandons-nous pourquoi toutes ces

tnistesses, pourquoi toutes ces inquiétudes, qui, de-

main, deviendront des angoisses terribles, peut-êtremême des chagrins mortels?

Simplement, parce qu'on n'a pas eu le courage do

corriger vertement le petit indiscipliné de troisens; parco gue, faute d'avoir bridé la martingale dès

les premières années, on a, laissé ce fils parcourirtoute lb carrière d.e I'enfance, les guides flottant sur

le cou. C'ôtait lui faciliter de prendro un jour le

mors aux dcnts.Deux ou trois corrections séuèreso af{irmant, tran

chcment le rôle des parents, auraient suffi à lcs

armer pour la vie de cette autorité, sans laquelleles soins de l'éducateur ne sauraient êtro couron'nés de succès.

Sous prétexte d'êtro bono on a été faible; et, pouréviter une lutte ennu5reuse' oq a fait le malheur

Page 61: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D'ENFAIYTS MAL ELEVÉS

de l'enfant, tout en se préparant à soi-m 4mecuisan[es douleurs. .

*trlr

Ce n'est pas tout.Non soulemont I'harmonie est détruite ontro les

parènts of leur fiIs," mais en outro, l'intimité et lebonaccord entre les épou.a, sont eux-mêmes très com-promis.

On se blâme, on s'accuserespectivoment :<<Vous'<( uous étonnez de la eonduite de aotre fr\s.., tlira< lo père. En oérttë t il ne pouuait guère en être<< autrement...! Vous faisdez toutes ses aolontds;<< uous uous eætasiiez sur tout ce gu'il disait; aous<< trouaiez gentilles toutes ses i,nsalerùces... c,ëtaitc< inéaitahle! CeIa deaait arcioer ainsi.., >

Et la mèro do repren dre: < Je uous admdre dans eec< rdle... ! Est-ce que oous croyez qu'une femmec< peut, ù eIIe seule, eondudre des garçnns....? C,est<< a,u père d'êlre sdaère et diùmposer Ia d,iseip?i.ne,<< no% à,la mère... Voyons, soyæ franel oous êtes-<< tsou,s jam,ais oeeupé sërdeusement de ootre ftts? Iuâ<< disdez-uous jamais rien...? ah! tsous aimtez mde,nK rrtê ladsser l'ennui des remontrances, I)our eorù-K seruer ses bonnes grâ,ees. Et sd par'hasard cous<< ntena,ciez, jamais la rnenace n,ëtait suduie dreuë._<< eut'ion..,Att co,ntrairerguand c,ëtai.t mod qud gron-

.<< daisrloi'n de ntesoutenir, uous me donrziez tort de-<< a ant lui ; a ous m) aa ez touj ours dë s aooué e . .. IW ain_<c tenantraotre ft,ls est grand ; oous l, aaez ëleoé rrl' est-<( ce pa,srcornnte oow le aouliez?... C'est oous guie-

â

r9

de

Page 62: Les enfants mal élevés

GO , LES ENF'.ÀNTS ![ÀL frtEvÉs

'o ç"épond,et' d,ésorrno,'i8. Cetra ooua regarde':' M@d'

<< iem'en laue les rnaàns! >> rn tousLa véiité est qiro le père et la mère ontraisc

deux, quandils s'adressent ces ioproehes; ou plutôt,

ils ont également tort'IIs n'ont Pas élevé leur enfant.

II s'est éleoé...

lB**

Quo faire? ilira-t'on, quand les choses en sont

arrivées là...Nous n,en savons trop rieno répondrons-nbusrcar

LÀ TAIJTE EST COMUISE.

Y a-t-il des procédés pour reconquérir faufiorité

sur un enfant qui a reçu une mauvaise éducation?

Do plus habiles en trouveront pe_ut-être. Mais

parei[à recherche dépasse le cadre d.e cette étude.' Eo efret, notre conviction iléjà oxprimée, est qu'il

y avait possibilité de se renfue maÎtre do l'enfant, 9n

i'y pt"ùn[ oÈs ïu n1uru15 aon,, mais qu'en différant'

o" I abenûonné probablemeirt pour jamais toute di-

rection utile.Non ! il ne faut pas laisser graudir Tu*'. qu,on a

I'intention de redrôssei, comme dit Iq' Sagesse des

Nations. Flus tard, cette déviation devient irrémé'

diable en quelque sorte, car les premières impres'

sions restent indélébiles'

Qhtcen'estpaslàunephrasebanale!c'estunevériÉ absoluo, indéniable; et le propos est' si exact'

quiil qst deveuu un axiome do scns coltrrtrllnr

G*s

Page 63: Les enfants mal élevés

poRTRArrs n'bnplNrs MAL ÉlnvÉs El''[I,e particularité des plus importantes, au point de

vue pralique, est à noter ici.

. Fresguo toujours, les désordres du {ils s'aggravent

et se prolongeirt, d eo,use de L'argent queleJ parentsirnprudents mettent àla disposition du j.oo. ho**.'en d.evenant ainsi les prorniers complices des foliesqu'ils déplorent. l

A,ssurèrnent, resserrer, ou plutôt dénouer à peineles cordons de Ia bourse, nnest, après tout, qlu,uoeæpédient : cela ne 'vaut certes point I'influencede Ia raison, e[ ne remplace pas a\:ec avantage les,conseils de la Moralo, ni les suggestions de lJcon-scionce.

Toutefois, à défaut de persuasion et ile convic-tions, cetargument p'sitif... et négatif; a une incon- .

testable valeur, cornrne rnoyen secondaire.Son efficacité n'ost pgint contestablel oar, q pour

Io métier de viveurn D il faut de l,argent.

"%

' Un csmar.ade riche, ou du moins maîtrs dun im-portantpécule, estrecherchéo courtisé, Ilatté par unemeure de parasites gui le guettent, le suiveito l,en-Iacent, ne lui laissent aucune liberté, disposent desa persônne' organisent en son nom esoapades etparties fines, ne l'abantlonnant qu'après avoir obtenuun nouveau rendez-vous, et Ie c relançant r à domicileo si, las de ces obsessions, il leur fausse un joulcompagnie.

Il paye t par suite; oo so le dispute.

Page 64: Les enfants mal élevés

8! tES ENFÀI{îS MÀL ÊLEVÉS

q. Nous 't)enons te ch,erèherr > annodcent-il* tong

arnbages à celui dont ils ont fait aleurchose D\.Et ce jeune homme, si arrogant avec les gens do

talent et do valeur, se laissora conduire comme un

grand ' benê[ ro setts se pérmettre de-protoster'

Il ignore presque où on I'entraÎne; il suiten mou-

t:n dàcile et o-tt chien lidèle, of so donno un mal

énorme pour s'étourdir.Arr fond, s'amuso-t-il?Non.,.t C'est le rire sans luioie'.'Il trouve ses amis déplacés et insolents;

sait bien qui doit régler la dépense projetée'

Mais il n'osera rien objecter'

Sa timidité est telle qu'it ricanera quand ntême,

faisant mino d.e trouver la plaisantorie divcrtissanto

et ingénieuse...Le malmène-t-on un pou rudement? lo pressc-

t-on par trop d'obéir?... Il sentira poindro en luiun sentimeni ffamour-propre en révqlte '

Néanmoins,, il ira où on le mènera"'Il a peur d'ôtre ridicule, on n'étant pas eussi ab'

surde (oe ses <t copains n z Pudet eurrù"%an esse

impu'dentqrn'.

***

Le plus souvento ces vils obséquieux linissent à

la longue par absorbcr leur uqi, et,par rendre leur

sociétà néôssaire. Et,, comme leur bourse ost aussi

vide d'argent que leur cæur plein de perversitéo ils

payent le"ur ecôt à leur fagon. c'est-à-dire, en cynis'

me of en imPudence-amuseurs à' gages' véritables pîtres salariés' cns'st

car il

Page 65: Les enfants mal élevés

PoRTRÀrrS DETTFANTS MAL Ët EvEs gs

leur.manière, à eux, d.e reconnaître les générosités ducamarade qui los a traités, d'abord par curiosi-té, etqui continuera à les traiter longtemps encore parhabitude. ..

Dans ce monde-là, on ne cause pas: on << blague > -on ne rit pas: on <t chahute ,); - on ne s'amuse pas :

oD c rigole a....Maintes fois, vous les avez vus, ees inséparables,

se traînant nonchalamment bras dessus, bras des-sous, dans les grandes voies du quartier Latin, sura le Boul'Mich', D comme ils disent dans leur langagedélicat; le chapeau de côté, la démarche molle etchancelante, le monocle à l'æil, la chevalière audoigt;'à la main? un jonc qu'ils font tournoyer avecsuffisance et maladresse; tantôt a festonnant en mo-nôme ) sur le trottoir, commo des gens avinés;tantôt silencieux et mornes, ou poussant sans Iemoindre motif des cris niaiso des coassements rauques,des miarrlements bêtes, fredonnant avec fantaisie desrefrains grivois, ou improvisant d'unair savant quel-que vocaliso ou trilleo avec des prétentions d'ar-tiste.... Tout cela, pour fai,re.croi,re qu'ils <t s,a-musent >, alors qu'au fond du cæur il y a le vide,fennui, le dégorït,, et.., un remords vague t

A.hl il faudrait une grande énergie pour s'échap-per de 'liimpasse dans laquelle le pauvre gerçon sotrouve enserré. Il aurait à subir de terribles assautspour se dégager virilement de cette ornière.

Seul, un homme de valeur pourrait sortir de cettsrlomcs [icité honteuso.

Maislui, humble esclavo d.'un rs.rpect humain détes..table, il n'en a point la folce..

Page 66: Les enfants mal élevés

$l r,Es ENFANTs MEr, ÉtnrrÉs

Quoi t.du jour au lendemain, il changerait ce r&gime de dissipation et cle désæuvrement ?

Quels cruels sarcasnres, quels quolibeùs sanglantsne devrait-il pas affronter pour dénoncer cette I

humiliante résolution I

.Sa rnéd,i,oeriténelui permet pasde tell,es a,uda,ees. "ll restera dono le prisonnier de ses amis.

Semblable à ces prdaenus en extraction, que lespoliciers font sortir du Dépôt pour aider à une en-quête, iI paraît être libre, mais sesmouvements sontrsurveilléso ses paroles enregistrées, ses démerchcsépiées.

... Eh bien I qui donc,noumit cettebande de chena-pans occupée à corrompre le fils ?

Lepère tlt

',**'r1

Soit I diqont quolques-uns : mieux vaut "prO,tout subvefir aui exigences, mêmes excessives, de

^

l'enfant, que do lui laisser faire des d,ettes.

A cela ôn peut répondre qu'en' pareil cas' étant'donnés les gorits du jeuno homme, les libéralitésd.u père ur*oÀt tuwiouisiugées très insuffisantes. )

Si, vraiment, cofils ost de caractère à hypothéguerl'avenir età faireargont, dès maintenanto del'hoqneuret du créditde sa familleo il saurabien, guand mêrne,

ajouter à la souree paternelle,qui lui est ouverten laressource d'un emprunt usuraire.

D'ailleurs, pourquoi ô vingt ans a-t-il besoin d'uneeorte de petite fortune personnelle ? '

'

' Parce gu'àquinzs ans'avantpeut-êfforil aprisl'habi''

Page 67: Les enfants mal élevés

PORTRAITS DiENFANTS MAL ÉtEVÉS SS

tude pernicieuse de dépenses inutiles et nnr,errvnrrnntfolles.

Alors le pécule était modigue; mais pourtant, ild.épassait de beaucoup Ie nécessaire.

Aujourd'hui, que les besoins et par conséquent lesdépenses ont centuplé, il faut une pension considé-rable, pour que l'enfant jouisse proportionnellementdos mêmes aises, of de la même indépend,ance pécu-niaire.

Un billet de cinq cents francs, aux mains d'unjeuné viveur de vingt ans, ne représento qu'un< louis > offert à un adolescent.

...; Comment les parents n'ont-ils pas entrevula progression logique de ces chafges ruineuses!

*,**

' Le procéil6 d'exploitation a beau être invariablen'l réussit néanmoins,

D'ab.ord,,papetiers et libraires, sont les complicesinconscients d'un nombre incalculable de petites{ilouteries, qui apprennent ,à I'enfant le gaspillage,puis la ruse et le mensonge, ce qui est autrementgrave I

Que d'argent remis pour c les calpiers de classe,lesplumes ou les liwes r,'êt employé abusivement, en

. friandises malsaines ou en'fetrilletons plus malsains- encorê ! Journaux grivois, livros dangereux, dessins

aud.acfeux, visites aux ignobles baraques forai-nos.... : tnut cela ost préle''é sur les denietrso pré-tendus scolaires.

Page 68: Les enfants mal élevés

LES ENFÀNTS MAI, ÉIEVÉS

Et, tandis que de nos jours, tout est coté à un prixexcessif, il existe un produit, qu'on pout se procurerpour rien en quelque sor[e : lepoison moral.

On no saurait s'imaginer, combion un jeune hommepeut acheter il'idées déshonnêtes, pour guelguesmenues pièces blanches... I

La corruption a été mise à I'usage de toutes losbourses, et le vice à la portéo de chacun.

Ptus tard,le libraire et le papetier ont été rem-placés dans ceûte

'comédie, pâr le < classique n tail-leur impayé, ou par des droits d' c inscriptions D

imaginaires : les sommes ont décuplé, mais le sys-tème n'a point changé.

***Un étudiant de quinzième année avisait un jour

son père, qu'il lui faltait d'urgence tello sommo,pour consignation d'examen. - c Depuis trop long-a tomps, lui fut-il répond.u, tu m'as, comme l'on dita dans ton monde, tiré tant de carottos, qu'on enc pourrait repiquer tout notre champ; la seulc'a chose que je puisse t'ofirir, Cest do payer tôn retourc ,oD troisième classe, à condition que tu fuies Parisc pour jamais. r

Le fils insiste, ot, trouvan[ son père in{lexible,finit par déclarer dans uno lettre dramatique, que,s'il en était ainsi, avant deux jours, il srait de dô-sospoir se jeter à la Seine.

- x ffsa amio > Iui écrivit froid'smenÊ [e vieillardnt< je n'osais t'en prier.... r,

L'anecdoto n'est peut-êtro pas vraie; elle est du

*8*

moius vraisemblable.

Page 69: Les enfants mal élevés

TORTRAITS D'ENFANTS MÀL ELEVES 5?

L'enfant du pauvreo l,apprenti, gagnantde l,argentdès sa jeunesse, dispose iu tror bù; heure dle sorn-rnc' personnelles qu,il peut, utiliser à sa guise, parcequ'il a, sur ee gain un droit certain, tOiitime.

Au contraire, dans le monde do la Ëourgeoisie,sans les maladroites largesses de Ia familri t. n,n'aurait pas matérie[emônt lo moyen do payer sosfredaines

Or, dans la pl:'part des cas, c,est par vanité et parostentation que le pèrc ouvre sa bourse.

Il aide ainsi l'enfant à se gâter; mais du moins,3-u* yeux des camarades de ce dernier, on n'a pasl'air de << ladres ,) ou de gens sans fortune.

L'amour-propre? passe avan[ I'amour paternel.

-*ffi*

si le langage est le reflet do tr'âme et Ie miroir del'esprit, celui do notre joune hommo doit laisser àdésirer.

Oh t Ia logique peut se tenir pour satisfaite !Le sien est déplorable...Beaumarchais fait dire à Figaro, {uo les angrais

emploient sans doute quelques autres mots pour ex-primer leurs pensées, mais, qu,en réalité, Godd,amtest le fond même de la langue.

Eh bien t nous pourrions répéter à notre tour, quesi le jeuno romme quo ,nous anal.ysons, et qui s,es_sayait à I'argot il y a peu d,années, écrit d'une ma_nière assez correcte, il ne parle pour ainsi dire plusdu t'ut lfançais, dans I'intimité.lt tui faudra des an-nées pour corrigero imparfaitement encorer le vics

Page 70: Les enfants mal élevés

tû tEs ENFaltTg MAIL ÉLEVËS

do son langagen et i'aflreux vocabulairo dont il use

&veo une cûûrplaisanae prétenlieuse.

*f*

Nous ne saurions mieux faire.que do reproduire,sans yrien changer, la narration d'un grand lycéen,

raeontant à un ami ses aventures' un jour qu'il avait

échangé sa tuniquer contre son premier habit de gar-

çon d'honneur: '< Figure-toi rna aieitle! que j'étais en tuyau d'e

poèIe et en sifflet,fiadis on disait: queuede morue).

- Comme it pleuvait, j'envoie le larbin me cher-

cher un sapin - Il roule sa bosse pendant une

houre -sans en trouver : c'étaitbassi,nant I - J'expé-

die le pipelet, qui enfÏn décroche une voitotâ, tilume'fourra dedans Le cocher quio rna parole!avaii son plurnef, refuse de mo conduire, en disant

que c'était au d,iabte.,.-., Alors, je comprends qu'il

v.ot qu'on lui graisse la patte, et je lui ppomets

tr,ois ballespour la course, alin qu il décanille sans

barguigner. - Je mo dis : je sr.tis ca,t"ocfd / Mais que

veûx-tu t d'après mu toquante, ie n'avais plus quo

dix minutes à moi. , Voilà qu'à l'anglu t bou-

levard, il me lâ,eh,e d,'uh cra,rùi pour aller chez lemastroguet du, coino boire l'argent qu'il m'avait

ctzi.pé.r. È Pas moyen de le fairs dëtaler, c'était

aaieinant I - Je iais 'encore pendant cinq minu'tos le pied, de grue. - Enfin, je me dis : il n'y apas rnèchel ilfauttirer d,es fl^û,tes. Je n'avaisqu'rtn

méchant petit pé1ti,n pour m'abriter; tu devines si

Page 71: Les enfants mal élevés

PORTRATTS D,ENFÀNTS MAL FT,NTæS , , Ë9

j'ai été d,ouché! - Je détalaiso je me déeareassais,,

faWait aoirl,". En arrivant, j'étais tlans un état

i,mpassî,Ute !.... D

Yous nte permettrez, locteur, de ne pas vous rete'nir davantage dans la compagnie de ce jeune huma-

niste; nous I'avons suivi asséz lonççtennps, n'est-ilpas vrair pour être fixé sur la saveur et lo charme

de sa convorsation - Fa'ssons.

*&*

On ruconte que certainb chevaliers' un peu trop<c chauvihs > à leur manière, jugeaient qu'on insul-tait la Patrie, guanti on dénaturait à plaisir s,les

beauæ oocitbles de nostre parler....oLa langue française, disait l'un d'eux, est comrno

une (damoiselle de bonno rnaison, de haulte lignée,augustemont apparentéer. qu'il n'est pas permis à unnoblo chevalierde lpisser traiter en {ille d'auberge. r>

L'idée est exag6réo; mais n'est-elle pas belle ot

touchante I

Et volontiers irous dirions aussi, que notre lan-gue est une grende, vieille et noblo dame, à l'égarilde laquells on doit éprouver des sentiments de cour-toisie et de respect chevaleresquos.

No nous y trontpons ppstLa trivialité dulangago,amène insensiblemênl Ia vulgarité cle l'esprit, et, I'a-baiqsement des cdractères.

Nous avons, par exemplo, au bout do ls ph-rme leaom de tel'avocat général, comparant én Cour d'AsJ

Page 72: Les enfants mal élevés

ôO LEs ENFANTS MAL, ÉUNV$S

sises un journaliste : a à uhe mégère fortb en 8...ic qui sort, lê soir avec un faux-nez, pour fourgagorc dans les dé[ritus u.

' Notez gqe le journaliste était poursuivi pour inju.res et outragest '"i

Yoilà où l'ou en umhti. ',

Page 73: Les enfants mal élevés

CHAPITRE CIIYQUTËME

T MAL ÉLEVÉ : A L'AGE D,HOMME

Ineapable et dépensier; parosseux of ambitieux;libertin etsans cpur : tol est l'enfant mal élevéf de-venu homme. ,

Les parents sont plus étrangers que jamais à sa

vie : ils ne savent vrairnent plus ce qu'il fait.L,.e fils quo nous étudions a I'air de préparer sa

carrière en silence. Et le mystère dont il s'entoure,semble ménager des surprises à Ia famille, toujoursde la dernière créilulité en pareil cas t

C'est une manière pratigue de s'accorder quel-ques années de congé...

***

Les apparentos confidences, ou à wai dire, Ies

arots calculés et les allusions étudiées qui échap-pent au jeune homme, ro,lativement à ses intcn-tions.laborieuses, suffisent à convaincrs les parentsilue la pension servie iloit être matntenue, ot

même reletëe, eomme on dit aux Financeso afinrie permetl,re à << l'enfant > de réaliser ses projetsmirifiqucs.

Page 74: Les enfants mal élevés

G2 LES ENFANTS MAI ELEUÛSL

Craint-il, ou prévoit-il de la partdu père uno {ues-tion curieuso...?

Il prendra les dovants, en hommo avisé qu'il est.D'un ton discret et fort sage, (ainsi qu'il convient

pour une chrlse sérieuse)o pendant ler repas, il de-mandera à son père'un petit, renseignement, unesimple indication ; ct Ne connaissiez-vous pas, dansa le tergps, un certain M. X... au Ministèrà de...?<c Savez-vous au juste où habite M. Z...rfirecteur doa la Compagnie *'*?

D

Et sans plus d'efforts d'imagination, il gagnerades nnois do sursis. {

***

A sn croire les parents, la résolution escomptéeest imminento z << Eh bient l'aoes<)ory entend,u?<c s'exclarnera la mèro. Quand, je uous le disaùs...!<< Pour rneù, j'ai toujocûrs pensë que l,enfant auait( soN idée. Que uoulez-oous! c'est un gançon qui, a(( soN arnour-proprel et qui ne aeut rien dire tant<t qu'il rf est pas eertai,n du sueeès. Moi, je le eorn-< prends fort bien : à saplaee, je ferais demême.;

Et ces mots : son idée.., son amour-propre...,sont exprinnés avec un accent spécial, et détaittés&vec des infloxions toutes particulières.

Que de choses dans ces nu&nces de Ia voix ! Con.fiance, vanité, illusion, ambition...:, tout y est I

Ah I <c son idée r>, je la connais bien t et deBuislopremierjouf de liberté gorîtéir, olle n'a pointvg,reé Iil est résolu fermement à ne rienfaire.

Voilà la surprise qu'il réservo I

Page 75: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D'ENFANTS MAL ELEVÉS î3

En celao iI est inébranlable; et jarnais conviction

ne fut plus sincèreo plus profonde,'ni plusreligieuse-ment respect6e. '

**** i

Quantau père, il attend. toujours.."'Il ost bien convaincu que son ûls c va ss créer mne

position,r filt-ce par orgueil; et qu'au mqins les gros-

ses sommes dépensées, ne seront qu'un bon pla-

cement.,..Ir'enfant no va pas chez un ingénieur, chez un

magistrat ou chez un grand industriel, san5 que les

bons parents, dont' I'aneuglemenf es[ phénoménal,ne so disentavec joie : << II se rn;ënage des relattons;o ei s'assure d'es protections : ohl iI saiflse fairet bien uenir, Cl est bharrn'antl Il choisiia ; il fer"aa, ce tyu''il 'ÛOudra...r-D'

*s*

Le malheur I c'est qu'il ne'oeut iarnah...Et cbnnment ce garçon qui, au début, de la vie, a

joui de toutes los satisfactionso de tout'le bien-être

imaginable, de toutos les libertés permises..., etmême

des autres, consontirait-il à échanger cette agréa-ble sinécure contre un omploi réguliero une fonctionfixe dans un bureau, ou dans une étudet

Troquer, à vingt ans, l'indépendance du rentiercontro les sorvitudes {u labeur quotidion, n'a wai-*îî:*îï,iil'JîilJîi'#:iu,upporr,anrbeaucoip,

et u'exlgeant aucun travail...

Page 76: Les enfants mal élevés

OI LES ENFANTS MAL ÉINVÉS

Flélas t pareilles placos no sont iamais disponi-bles...

***

D'ailleurs, quelle position lui ofi're-t-on?...Qu'un tout jeune hbmme consento ù, entrer dans

une administration, comme surnurnéraire, commeauxiliaire honorablq, at non honoré... : il n'a paslieu d'enêtre mortilié. Mais, arrivé àun certainâge,il' voudra une condition en rapport, et... guirapporte

Et los parents eux-mêmes, dans lacrainte de coterlour lils au-dessous do la valèur qu'ils lui attribuent,non seulement ne contrediront.point co sentiment,mais s'empresseront de dire avec leur lils : << Autant'he rden fatre du tout. t

Pour une fois, ils seront d'acèord en famille.

',*e*

c Il choisira I r telle est la glorieuse et folle affir-mation de nombre de parents, grisés do vanitéoquand leur fils vientdo passorà grand'peine un exa-men, gui rend ,simplement possible une carrière en-viée.

Est-il besoin de dire quo ce fils, a toujours subi lesépreuvos avec c félicitations de ses juges r !! Il l'araconté à sa famille; et on le colporte après lui, etd'après lul.

''rh) les examinateurs ignoreront toujours comhienils ont inturrogé de sujets hors ligne t

lr Oui, il choisiral r répàtç, f-on devant le jeuno

Page 77: Les enfants mal élevés

PonrnÀIls D'ENFÀMS MAL Él,gvÉs $B

homme gui so le tient, pour dit, et trouve qu'il serartpar trop ,l"U U. se gêuer, ou do s'inquiéter en rien.

x*ut

Oh bien ! en parlant ainsi, on .re trompe, et on Ietrompe.

La vérité est, qu'il lui faudrait boaucoup de persé-vérance et de résolution pour espérer un établisse-ment convenable; la vérité est, qu'en d6pit d'efrortsconstants,le succès demeure encore aléatoire, car lecandidat le mieux doué et le plus énergique, acontre lui deux adversaires redoutables : la concur-rence légitinre, et la faveur du népotisme.

Ainsi t lo voilà autorisé, de par sa propre famille,à rester dans un désæuvrement funosto; en attendantque la Fortune et la Chanco viennent lui sourire !...Cette attil,ude des parents ost inspirée par l'orgueilseul, et non par l'intérêt véritable du Iils, à qui !'onduvrait rappclor, au contrairo ce proverbe si vrai :

Qui ne faitrieu, u'est pas loiu de malfaire.

L'avenir prouvera la justesse formelle de cetteprédiction.

*sn,

A dix ans, on le menait aux féeries; plus tard,naturellement,il s'est amusé dans les petiis théâtres,Ies brasseries..., of ailleurs.

Il, commence à être las ds ces distractions ba.nalos, repu de ces plaisirs monotones...

ll veut d,u nouveau. r

Page 78: Les enfants mal élevés

66 LES ENFANTS MAL ÉLNTTNg

Son rêve, rnaintonant, est d'avoir ses entrées dans

les a coulisses. ))

Beaucoup de ses amis y out pénétré; et luio reste

encore au rang dbs profanes... Quelle hurniliation I

Que faire?Il va tâcher do <<relanoor D quelque haut foo"tio"'

naire, d'entrer en relation aYoc le rnédecin de ser-

vice, de cultiver les artistes ou les journalistes qu'ila rencontrés dans les salons.

Qu'il soit admis au e foyer ar'et il sort duvulgairo,à n'sn pas douter.

Il n'y causera pas sensation probablement ; mais

après, ses anecdotos d'homme à bonnes fortunes,

prendront du rnoins un certain caractère de vraisem'blanooo

qB6*

[In soir, grâce à uno protection longtemps recher.chéo, il voit s'entr'o'rvrir la porte de sos rêves.,,

Désormais, à I'en croire, il comptera parmi ses<r bons amis > le promier ténorr pirrco qu'il l'auracoudoyé lors de son ontrée en scène; et iI se sentiraautorisé à raconter tout bas, en conlidence, les parti-cularités biographiques de la di.oa,lues dans lejournal-programmo pendant l'entr'acf,o.

Pourquoi ?

Parce que, lui trouvant l'air' gauche et niais, eilllui a ri au nez en passant, ou lui a décoché uo traitmordant, un mot caustiriue

-Cela ne l'empêchera pes, demain, de poser entriomphatour, en homme heuroux dsvant ses amiso

Page 79: Les enfants mal élevés

PoRTRAI'fs o'ENn'a,Nrs MÀL Él,pvÉs 6?

et de'leur dire , av'ec autant de suffisonco que de

prétenfion :' <t A propos! connais-tu'Év4...? r> '

::tJj|l k"roup t Encore hier je l'ai vuo dans

les coulisses. ))

- ( Et, que t'a-t-elle dit? >

- ( Oh ! doux mots seuloment. ))

Elle lui a parlé; c'est exact. Elle lui a dit deuxmots, rien de plus wai.

Mais lesquels... ?

Il ouplie d'ajouter qu'elle I'a traité de << petit ni-gaud> ou de << grand serin )), parce qu'il lui bamaitlo pass'age, ou qu'il lui débitait de sottes fadaises etdes compliments ressassés

Qu'importel EIle lui a parlé...

***

Donc, le lendemain d'un si beau soir, il s'empros-sera d'allor faire uno petite tournée de visites, pourservir à ses amis I'aneôdote qui doit Ïillustrer à leursyoux.

Les naifs s'y laisseront prendre, et le.célébrerontcomrne un garçon c lane6 et calé >.

Le plus souvont, le fils bourgeois que nous rnst-tons , on scène, ne sore pas assez riche pour' fairoûgure dpns ce ,milieu cupide; et'bientôt, il devracéder ra place aux vieux barhons protocteurs.

Que va-t-il devonir ?

On le devine.

Page 80: Les enfants mal élevés

'I

OS T.ES ENFAITTS MÀL SLEVÉS

Il d.oscendra de plusieurs degrés I'échelle rtos

plaisirs, dqnt lq pied poso dans la fange.

Page 81: Les enfants mal élevés

qHAPITRE SIXIEMF]

SCÊNE POIGNANTE AU FOYER

Tcii se place uno scène tle famille, aus{i laino qtre

dramatiqie, varianto de ce thème inévitable : c Mal-

heureux enfant t tu veux donc me faire mourir de

chagrin t rAvec cet argument suprême tenu en réserve' ot

sur lequel etlJ fait fondl la mère ne se sent pas

encore désarmée.Pendant des jours, d'es somainos peut-être, elle

guettera Toccasion favorable qui lui permottra do

prendre son filç par les sentiments'

D'autorité, on ne parle plus ! D'ailleurs' en tucun

temps l'enfant n'o connu la tliscipline'Rlste donc la sentimentalité : on va en essâ'yer'

Corlte que cofrte, on doit se montrer'

*r**u

Lo moment propice, longtemps attendu, se pré-

sente : la mèro le saisit résohiment cette fois'

Il le faut.D'abord, elle cherchera à toucher son fils en par'

lant à son cæur qui sommeille; elle lui ilira des

shoses tendres dans un langago ému... I elle évo'

Page 82: Les enfants mal élevés

10 LES ENFANTF MAL ETEVES '

quera les souvenirs les plus doux do son "of*n.u ;

et, rappelant los dates ou tres événements qui ont dfi i

faire impression sur lui, elle ajoutera avec uno câli-nerie : < Tu itais bi.en gentil, d,ans ce temps-lù ! D

Fuis, comme autrefoiso elle cherchera à prendre .

le <. grand dadais D sur ses genouT.... Maib il voitvite où l'on on veut venir, et se tiont sur la défen-sive.

D'un mouvement contourné, "veô

un geste impa-tient, il parviendra à se dégager de cotte étreintematernelle qui l'hurnilie et... l'inquiète.

C'est que bientôt le'langago doit changer de notCI.Il le devine : il en est sfir.Lo souvenir des folies de l'enfant et de ses déré-

glements, amènera certainement sur les lèvres dela mère des'paroleÈ graves? sévères, froides et péné-trantcs com'mo Ïacier...

A ce momento si indifférent, si blasé soit-il, iléprouvera un, trouble étrango, mélange de repenliret de gêneo de révolte et d'émotion mal définie t

Hélas I ee trouble fugitif, loin d'améliorer la situa-lion, n'aura pour résultat que de rendre le foyet toutù fai.t intolërable.

La soule présence des parentso va devenir pour leieune homme Un reproche sang..lant, qu'il entendramême à travers leur silence I

""fl

Cependanto que veut, cette mère... ? Réprimander ?Récr',nniner ? , Non pas t, mais plutôt obtenir une

Page 83: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D,ENITÀNT$ MÀL ÉMÉS 7I

tronne promesse... Le moindre espo'ir d''un change'

ment de vie la rendrait si heureusc | :

Ëtte llinterroge à nouveou ; le Bresse encors

questions.Vains efrorts I

de

Elle n'obtient pos un mot do répoPse ; et' ainsi

que la bouche, le cæur est rnuet"'I,,a défaite esl complète, irrémédiablet On,a brfrlé

Ia dernière cartouche-

Il ne reste plus une illusion"'... alors I cette mère sent l'indignation bouillon'

ner dans tout son êtro. EIIe, qui a cédé à tous les

,upri.uu clo l'enfant, qui l'a menacé sans iamais le

pJtit, qui ne l'a contrari6 en rien quand il était

j*ot"'; .llu, qui tui donnait' l'argent qui a servi à

lo gàter, et roprochait mêrne &u père sa parci-

-ooi" ; cette mère en un mot a gui a ,tout faitpour son fi,ls, > se révolte enfin à la. pônsée de tant

d'indifférence et d'ingratitude'

La douleuro la déception, le décôuragemsnt l'exal-

tant jusqu'am désespoiro jusqu'à uno sorte de haino

foite damour et ds dépit, yous entendrez la formule

préÏu e gui elôt invariablement cette entrepriso infruc-

tueuse:<< Malheursl,tæ enfant,,tu aeum done faire ttuou't'-

rir ta mèr'el >

... Dans les mélodrames, une phrase ,semblable

, produit trn êlfet mervoilleux et une soudaino trans-

iormation, quand les auteurs ont besoin il'un épi-

sotle sentimental, pour alterner aveo une scène

lJpitante d hoffeur. pétrissant les cæurs à volonté,

Page 84: Les enfants mal élevés

72 LEs ENF'ANTs MaL ÉlnvÉs

ils font tomber à genoux et noyer dans'les larmes,les coupables repentants..,..

Mais, dans la aie réelle,les choses no se passéntpoint ainsi. Hélas lnla tontative est aussi inuiile guedéchirante : la situation n'en deviènt que p.lus tendueet plus désespérée.

Désormais, l' inimitié romplacera la froideur,Le sentiment filial ost mort... t...Tels sont les fruits amers de l,éducation Mor,LE,

et renorvg.

Page 85: Les enfants mal élevés

15

CHAPITRE SEPTMME

lL FAUT QUE'JEUNESSÊ.. r

Le père, qui sait être aussi dénué d'autorité que lamère, et qui tlispose en moins de la corde sentimen-talo, juge inul,ile d'intervenir.

Il n'a plus, à cette heure, qu'un wai souci, qu'unesoule crainto : c Mon filr nous cacho-t-il des dettes,qu'il faudra payer pour l'honneur du nom ? r

Cependant, il lui reste une petite lueur ffespoir.(( Le salut ne pourrait-il pas venir de la satiété

(( des plaisirs...?L'enfant ; tant tsricu, qu'il doit( commencer à être lassé, repu? dégofrté. Et puis I

(( comrne dit J.-J. Rqussoau; pour faire des sagesril<r faut d'abord faire des polissons r... r

Eh bien t n'est-il pas mfir pour la sagesse, lui?Ses mæurs sont déplorables; sa' jounesse est flé-

trie; il méprise le foyer qui l'a abritéo lo sang dontil est né ;'il est incapable, dépensier, souillé, com-plet, errin t Allons I à l'æuvre, habiles gens? qui esti-mez quo le meilleur moye4 d.'avoir uno tige clroite,

t , Roussoatr ose même ajduter cette réflerion : <, On commengait.per apprendre- auxSpartiates a dérober leurdlher: étaientjls Fourcela grossier; étantgrands? o- Doit-on s'étonnor, dès lors, qu'il aitpris lui-même, pendant sa jeunesse, I'habitude r: do volet ri ?

'Confes-

sions, pp, L2, 2t,, &5, 46, 48, 50.....

Page 86: Les enfants mal élevés

7I LEg EITFAITTS MAL ÉT,PVÊS

consiste à la grefler de travers I Ailons ! montretr

votre science d'éducateurs t

L'épreuve n'es[ pas sans intérêto j'imaginelLe ponssoN, vous I'avez.Faites-nous voir maintenant le secslNous'attendons

*#to

Nous attendrons assez' je suppose' Pour avoir leloisir de rappeler, avec:Yoltaire, que l'auteur de la

thèse précitée n'a su réaliser quo la moitié de son

programrne : il, est resté vicieux.- VoitA qui infirme quelque peu? ce sembleo l'autorité

du conseil.Le mode d'éducation préconisé par Rousseau

dbnnera-t-il des sages 7

Nous en doutons fort.Des polissons..- ?

Tenez-lo pour certain !

L'itrfortuné pèrq, bientôt, . désabusé, se plaint et

s'indigne d'êtrô I'auteur d'un lils qui fait son mal-

heur, et menace de devenir sa honte.

Ce qui nous étonne, c'est son étonnement t

SanJ tlouteo il n'a pas placé sous lcs yeux de son

fils la page audacieuse dÀ Rousseau. Pourtant, il lui'

faudrait Àooou*o si on l'interrogeait, qu'il en tolèfe

la doctnine, quant aux m@urs du moins; et que le

seul tort de Jean-JacgueË. est davoir exprim6 crt-

Page 87: Les enfants mal élevés

poRTRAITs D'ENFANTs MAL Ér"uvÉs rô

ment, ce que c le mond.e r, et luio admettent à motscouverts.

Or; per/ mporte là différence des formules, clu

moment qu'elles suggèrqnt les mêmes écarts et lesmêmos cornpromissions?

*ftr

N'exagérons rien. Voyons les choses sans préjugé,sans parti pris; mais aussi sans sacri{ier lâ,chementla morale à un respect humain misérable,

...Ce père, n'ost-ce paso partage l'opinion accom-modante du monde: c Il faut quo jeunesse sepasse; u il acdepte en principe cette doctrine facile.

Eh bien t des parents qui ont ces idées, qui lesexpriment ou seulement lgs laissent soupçonner,sont à peu près sfirs d'avoir des fils mal élevés. trls

rocueilleront ce qu'ils ont semé.En effet, si.leur ffls n'est pas ( rangé r, du moins

est-il logique dans sa conduite; et c'ost lui qu'onest presque tonté de plaindre, d'avoir ét6 si maldirigé,

Car enfin I puisqu'il est juste de féliciter les parentsde la bonne éducation donnée à lours onfants; il estnon moins équitable do reconnaître, que des prin-cipes faux, doivont produire d.e mauvais résuhats.

*8*

Et savez-vous I'argument réputé péremptoire,i.orrière lequel s'abritent nombre 'de pères qui se

croient fort judicieux?

Page 88: Les enfants mal élevés

?O LBS ENFÂNTS MAL ËtEVÉS

L'aceord des volontés dans la défaillance' I'ac-quiescement respectif...

Étrange justification en vérité t

Est-co que la oomplicité n'est point' égalemont unaccord?

Une fauto partogéo n'en reste-t-ello pas moinsune faute?

Et si le consentement surrlsarr à autoriscr lo mal,il devrait donc légitimer de même les plus couPa-

bles entreprises contre l'honneur des époux I légi-timer aussi les attentats les plus odieux contre leschastetés familiales t

Qu'en grammaire, doux négations valent une affir-mation : c'est très juste. Mais, en moraleo deux m&n-

quements ne sauraient équivaloir à une chose por-mise. Osons le dire r.

*ç*q*

Avec des théories semblables,le père est logique.lui aussi, alors qu'il donne généreusemenl de l'ar-gent à son lils pour que, semble-t-il, la crise duro

stoins longtemps, et ruine au plus vitclcette jeunesse

si courteo même quand elle est longue I

Qu'il soit content I Ie succès est complct : la ieu-nesse de ce malheureux enfant est bien Ttassée I

Regard.oz-le, plutôt.... I

Itrpuisé, ôlêmi, étiolé, d6crépit avant l'âp1c, cour-srer fourbu avant d'entrer dans la carriè.re, vieil-

l. Dans I'ordrs social aussi bien qu'&u regard de la famillo, onrrourrait tirer de curieuses dèductions de la constatation ds cetto loiile onto"" : la presque complète égalité numérique euue les gtt'gonn et les tlles.

Page 89: Les enfants mal élevés

poRTBAITs tJ'ENIraNTs MAL ÉlnvÉs i7

larit à .'ingt-cing ans, tel est le plus souvent ce filsqui s'est c amusé a.

Ahl saura-t-on jamais combien de feunes giens

auraient eu à cæur de sauvega,rder leur intégntémorale, s'ils ne s'étaient sentis con?'n't'e autorisésd'aoancedans leurserrours, par l'irnprudente et cou-

pable condescendance d.e parents, qui, méconnais-

sanf l'austérité et la grand.eur de leur mission, ten-tcnt cetto entreprise... ilélicate: faire un honnêtohomme, sans lui demander û'honnêtes mæurs.

**x

Mais j'entends I'objection : c-Quoi | -des parents se

c montreraient. assez oublieux de leurs, devoirsc pour encourager Ïinconduite de leur fils ? Ce se-

e rait puro folie t Ïhypothèse est invraisemblable.e D'ailleurs, ne peut-on pas s'amuser avec conve-c nancs ? N'est-il pas des récréations sainosr'légi-e times, utiles mêmo ? I

Rien de plus vrai : toutefois, on joue là sur les

mots, et l'on fuit Ia discussion par une simple équi-voque qu'il faut, signaler sans tarder.

Certes t ce n'est ni à la chasseo ni à l'escrirne, niaux beauxlartso ni aux voyages, qu'on fait la moin-dro allusion, quand on parle du jeune homme qui<r s'amuse un peu r ; lisez: qui c jette Ia gourme du

cæur D.

Levons l'étiquette pour constator ce qu'ells cou-

we; et parlons sérieusemont.I-,a question en vaut la peine.Ayons le courage de regarder en l'aco une situa'

Page 90: Les enfants mal élevés

7E LEs ENFANTS MAL ÊLEvEs

tion, que de fort honnêtos gens éoitent d,e dëftnirjarnais, DaNs u\ oRAINTE DE vorR ctaln...

On aurait honte en effet, et la conci'ence parlqrail,un langage sévère, sio dissipant le nuago, c défon-

çanl > le mot pour voir l'idée, on s'avouait à soi-mêms co que, par calcul autant que par pudeuç, onFErNr de ne point comprondre.

Bannissons donc une pruderie qui, n'est pas demise ici, et analysons ce que contient co verbe sim-ple, aimablo, naïf et... perfide: s'amuser.

Or, s'amusor, au sens spécialo mais très détermin6qui nous occupe? c'est nécessairement être Tauteurou le complice d'une do ces grayes offenses à laMorale :

La Séduction;L'Adultère;I+a Pr......;..; ou pis encorel |

'

Qu'on se récrie... SoittMais l'affirmation n'sn'est-elle pes moins vraie

dans toute sa rigueur ?

(l\ous ne parlons ici qu'à cbux, dont l,'esprit est

a,ssez diea.é, q,ss'ez sincère et o,sseg large, pour nepoint ni.er une aérité, si àmportune soit-elle.)

N'en doutons pas t Élever ses enfants, Ies laissergrandir sous,l'empire do cet axiome aussi dange-reux quepopulairo, àsavoir: c qu'il faut quejeunossese passe, u c'est très positivement arlmettre, aurnoins,l'une des éventualités de la proposition pré-cédente,l.

l. Les pères comprondront ce quovoile ce mot: â,u hoins.".

Page 91: Les enfants mal élevés

PoRTRÀITS D'ENFA\ITS MAL Ér,gvns 7e

Qui dira le nombre de marchés infâmes, do drames terriblesn (suicides, vengeances, infanticides,commis par dos mères désespérées et trahiesl dra-mes abjects ou sanglants, quo cache maintes foisIexpression que nous décomposons ici;

... Et quand la malheurouse victime, abandonnéepar son eornplice, conspuée par la sociétéo épuiséepar la souffrance, pourchassée par la justice, vien-dra, la honte au front, dans nos prétoires d'Assises,rendre compte ds ses actos devant douze ldessieurs,(qui assistenl, aux ilébats comme à une roprésenta-tion théàtrale,) l" promier 'témoin à eharge quo

vous verrez apparaltro à Ia barre, ce serae'dansbien des cas, un jeuno tls de famille, qui a trouv6n,amusani > of commode, ce rôIe criminel et lâchedo Don Juan irresponsable t

Et pourquoi se gênerait-ilj..?Est-ço que la loi nel'amnistie'pas. "? Est-ce quelasociété nel'excuse pas..?II n'a pas ioustrait une montre, somme toute rll n'"volé que l'honneur...t Et en quittant l'audience, vousIc surprendrez lançant qne osillade de Lovclacevainqueur; tu publie féminin pressé sur les bancs.

Après cela, comptons donc sur le Mondo et sur la[,égislation pour moraliser nos fils I

Certaines lois, dit M" de StaêI, sont bien l'æuvreexclusive du sexe fort, préoçcupé de ses faiblessosprobables.

Ohservonsveffons {uo,

*Ë*

la conduite du ieune hommo; et nouslui non plus, no se méprend pas sur

Page 92: Les enfants mal élevés

LEs ENFAxtg I![At ÉInvÉs

la portée, ni sur la signification d.e ce triste adage.Nous sa.vons des gens qui se contentent de l,hon-"

nêteté selon te Cotle, of qui seraient< désolés d,avoirde petits sa.i,rts pour fils >.

Mais qu'ils se rpssurent I car il est waisomblable ,

qu'au lieu de c petits saints > ils auront; selon leur ,

propro expression, de < méchants diables > trans- ,

formant Ie logis paternel c .en un véritable enfer t >

D'ailleurs, ces pages sont publiées pour lesparents,qui persistent à trouver que les bonnes mæurs et la ,

dignité de la yie, ne sont pas des a facteurs > négli-geables.

L'honnêteté, n'est pd,s seulement Ia probitè.lloraco a bien établi cetto distinction entre Ia jus-

tice réclamée par la Conscience, of celle admisepar la Société qui,o ello, ne peut demander qde d,évi-ter le gibet : '

< Non pasces in cruee earuos. D

Il y a de grands coupables qui n'ont jamais eumaille à partir avec les gendarmes; et l'honnêtehomme moral, diffère singulièrement do I'honnêtehomme légal. Que de turpitudes, de hontos et decrimes, échappont à l'action dcs jugest

**e

En résumé :

Détourner une épouse de ses devoirs;Corrompre per la séduction une âme

surprend;Ou rochorcher les faveurs d,'une créature vénale....

qu'on ne surprend plus; voilà ce qu'on trouve sous

nalïe qu'on

Page 93: Les enfants mal élevés

pôntna,trs D'ENFANTs MÀL uLuvgs t{

le proverbe quand on déchire le voilo décent etmonteur qui l'onveloppe, of qu'on no se paye pointd'uno formule, efrt-elle cours habituel et presgueforcé dans les salons.

- Pardon... I ce langage est brutal, très brutal;mais la chose elle-même llest bien davantage, onen conviendr&.

Or, priseîrtê;1 eorrùme fort aceeptablés des aetesblâ,mables assurément, est rndlle fois plus gro,aeque d,e eomnz.ettre un rnéfait,en s'auou,ant en faute :car Cest abolir la Conscienee nzême chez Ie jounehomme.

Permis aux libertins de trouver ces actionslégitimeso et de les exalter sous le nom charmant etgracieux de c bonnes fortunes r, (l'ad...... compris,évidemment); libre à eux d'y voir pour leur fils l'u-nique moyen de se c déuiaisor )r comme ils disent;mais, qû'ns NE cHERcEENT poINT À apIToyER sun LDUR

soRr, quand ce fils, victime de ces théories corn-plaisantes, les aur& mises on praiique en vertud'une' logigue implacable.

Quoi t à vingt, ans, il se ferait violence pourn'obéir pas aux entraînements qui ne Ïattirent, quetrop déjà, simplement, pour avoir lo plaisir d'êtreclassé parmi les niais of les sots I

Ne voyez-vous pas, au contrairer {uo ds sornbla-bles axiomes lui font de l'incond.uite comme un, de-uoir enoers lui-même 7

Ne voyez-vous pas qu'on l'incite au mal, en ayanl,recours au plus puissant des stimulants : l'a-mour-propre I à tol point qu'on le verra, ce jeunehomme, se livrer au dévergondage, plus encore pirr

0

Page 94: Les enfants mal élevés

LEs EII{FANTS MAt ÉInvÉs

vanité que par passion, et même se targuer d.e vile-nies et d'ahaissements imaginaires... ? '

,

Ah I c'est ici qu'on peut rappeler en toute vérité' ce mot orofond de M. Failleron : c Quancl il dit rlumal de lui..., il se vante t r

Et en pareil cas, Ie fils serait ûe wai, Ie grandcoupable?

Non pas t qu'on remonto plus haut...Et si lienfant, s'abaissant peu àpeu. jusqu'au vice,

devient enfin le chdtiment de ce pèro dont il devraitêtre f honnour, ne sera-ce pes justice, après tout ?

Enfin, en dévoilant les laideurs morales quo c&-chent ces formuleq, qu'il est d'usage d'admettre avecbonhomie et do répéter avec docilité, on fait @uvred'équité à l'égard de coux-là que le viveur prend enpitié, et' poursuit ,,de sarcasmes grossiers, percequ'ils ont écouté les conseils de la raison et la voixtle la conscienco, plutôt que les sollicitotionÉ de I'ins-tinct.

Peut-être aJors les trouvera-t-on moins ridiculesdtavoirsu Be respecter......, et respooter.

**x

Aht je sais bien'qrze les tentations soilt, nom-b,1e..usqs, terribles parfois pour plusieurs I que Ia pas-

Fipn est aussi forte que notre nature êst faible, etque"les illus sages avis courent grand risque d'être,souyent méconnus..., Raison de plus, pour qu'on !e provoque point lesqrfeurs de son frls, en les acceptant en principe,ùun sæur léger I

Page 95: Les enfants mal élevés

PORTRAYTS D'ENFÀNTS MÀL ELEVÉS

Quel effort veut-on que tente le jeune homrne pourrésister aux assauts qu'on lui a laissé entrevoircomms ,iruesistibles, inéh-rctables: il faut que jou-nesse..,

A quoi bon combattre, si la défaite est au bout...?Les parents semblent qi bien s'attendre à une vie

désordonnée de la part d,e l'héritier de leur lom,qu'en vérité ce dernier ne saurait se faire grandscrupule de s'y livrer. s C'est ad.mtsl pense-t-il;c il paraît que c'est dans le programûle... r Dès sonenfancen il entend. dire qu'il est voué fatalement àune défaillance prochaine.

Et, à quel momenf germe ,cetto conviction chezI'enfant ?

, Irejo,r" oy il s'aperçoit quesespaxentsn,essayentmêrne pas de Ie sauvegarder.

***

Allégoera-i-on qùe Ia morale, plus sévère que lasociété, demande une vertu jrqpossible, et que c tousles jeunes.sens se ressemblent >?

Ce serait avouer n'avoir jamais pénétr6 dans cer,tains foyers, où l'oir préfère les satisfactions de l,hon-neur à .des plaisirs déceVants, qqelquefbis dégra-dants, et où I'on apprend à trouver le bonhour dansla dignité de la vie : ce qui n'interdit ôeftes poriqtni les.rires sonores? ni les ébats joyeux, ni les ôh*r-mants épanouissements d'une gaieté sans remord.s

Oui ! tous cslu(, qui, élevés dans les regrettablesdoctrines que nous signalons, oont au d,eaant d,'an-

I

Page 96: Les enfants mal élevés

8r LES ENIUNTS MA-t ÉLEVÉS

traînements aussi prëuus que certa'i,ns, tloivent, so

ressembler : c'est incontestable I

A. force de boire, on perd la raison; de même, à

force d'enivrer les sens, on rend la passion fatalc.

Elle n'est pas fatale, elle le devient..Aussi, Ia responsabilité uraie,réside-t-elle dans les

actes qui préparent sû,rement les afiolements de ces

deux ivresses.Eh quoi t un jeune honnme se grise l'esprit et le

cæur de lectures passionnées et de romans obscè-

nes...; il passe le jour en compaqnie d'amis tarés;le soir, dans d'infimes brasseries, il s'attable en face

d'irnpudentes Phrynés de bas étage. à qui il conte

des douceurs, le naïf t pendant qu'elles lui servent

des amers sophistiqués ou des liqueurs capiteuses...

et l'on est surpris que la tête lui tourne sous l'em-

pire dun vertige a.lors irrésistible..- !

t Co**e si une atmosphèrg aôcieuse n'ennpoisonnait

pas anssi bien qu'un air oi'ci.ë |

. Autant s'étonner que le feu brfrle, et que la

boue salisse I

Mais s'il y en a beaucoup ainsi, n'est-ce pas pré-

cisément parce que nombre de parenl,s ont renoncëtrop tôt à, rien fai,re,' ou que' par négligence, ilsont pris leur parti de ce c désagrément u, s&rs cher-

. cher à prémunir l'enfant contre la tèvre des pas-

sions?Or, retrancher de l'éd.ucation la morale. c'osf [â

transformer en cc d,ressage r,

Page 97: Les enfants mal élevés

t'

CHAPITRE HUITIÈME

tfeNrnNt mAL Ét-evÉ: c ÉAlT UNE FIN r

Le jeune hommo marche vers sa grande majonté;et los parents. qui n'ont su faire de leur enfant niun wai fils, ni un méiliocro employé, vont, quittantane illusion pour en prendre, une autrer, décodvrirqu'il y a, en lui Ïétoffe d'un bon époux, d'un père

prudent et sage.

A leurs yeux,le seul moyen de tirer ce fils d'e Ïor-nière où il s'enlize, c'est de l'établir dans un foyer

sien, qui remplacera celui do la famille, depuis

longtemps converti en auberge vulgaire.

x&x

Une fois cette itléo en têteo la mèro va subir les

transformations les plus curieuses..-Elle oubliera qu'ollo a donné le jour à un ingrat,

cause de bien des larmes I olle se Persuadera qu'il a

toujours été un ùujot exemplaire, un modèle do

bonne conduite, of qu'en tout easo los autres ont

encore été pires qae lui.....Elle se le redira tant, qu'elle finira par le croire

Yraiment !

, Elle orônera les gofrts 'rangés de son fils, parce

Page 98: Les enfants mal élevés

TES ENFANTS MAL ÉTFVÉS

qu'il vient manger à I'houro des repas, et rentre gé-néralement se eoucher chaque soir, ou plutôt chaquenuit.

Elle nB rencontrera' pas une amie dans lemond,e, sans faire l'6[oge du jeune Lornrtrol de sesnobles sentiments et de sa délicatesse...

Et il lui arrivera. souvent de laisser échppper cetteréflexion, tantôt voulueo tantôt inconsciente : s. Ah !la femrne qu'il cltoisira a,u.rû de Ia chanee ! >

Le fait est qu'il doit, en êtro ainsi... : il a, été sibon {ils t Cela n'ernpêchere pas la pauvro femme derépéler à tout venanto qutil a un s, c@ur d'or u, ets, r,tfl culte pour ia mère o.

C'est le fils qrii serait, étonné, s'il savait les dithy-rarnbes qu il inspiro, et los enthousia,smes dont il esfl'objet I

A leur tour, les bienveillantes visiteuses qui neconnaissent pas lo jeuno homme, (car il fuyaii I'en-tourage de lâ famille durant c Iavie de polichinelle rgu'il menait), répétenont, sur la foi de l'amie qui se

ment à elle-même: c f[rne**' est bien heureused,'aaoirq, u,n fils corv,me eel'a ! On d,it quiil est parfai,t, queq Cest une perle..,t D

Nous srunmes en pleine comédie ! comédie d'autantplus piquante, que les personnages jouent leur rôlogans en avoir conscience.

"5'p

Alors se formera autour de la tite de notre h6rosune admirable auréole... II ôura toutes les vortusoloutos lçs séductions I

Page 99: Les enfants mal élevés

Et ainsi de suitc tLa vérité, la voici:On vout le marier;

tôt; Ie nouveau foyeraussi rtne mapièro. de

, POnÎHAITS D'ENFÆ{ÏS MAL ÉIEVËS ." I!Apràs eouprles parents rngénieux donneront I'ex-

'plication du rébus de sa vie, le mot de I'éligme, eninterprétant favorablement sa conduite palsée; ensupposant un sens, oBo intention réfléchie aux inci-dents... et aux accidents de sa jeunesse.fl fuyait-sa fpmille?-Non past il s,isolait pour

mieux travaillerménageait... - L'entêtement., ôst devenu virilité etrésolution; le dégofit se nornmo lo calme; la faussegravitéo née d'une certaine lassitude, slappelle lesérieux...

lisez : s'en débamasser.au plusdevrint, être un refuge moralo etmaison de sqnté,.

' *Ë*

Enfin, les voies sont préparées: iI n'y a plus qu,èentrer on campegne.

Que rechorche-t-on?Ohl rien que dofacile à trouver...On n'est point oxigeant, ni difficile, croyez:le tTout simplement, on demand.o une jeune fille :

pure comme un enge, douce comme un agneau,aimable comme la vertu, intelligente, di,sillnguée,i,nstruiter... afin do permettre à ce vivorlr, oui n,e,st*9:"9plus joyeLx, de a, faire une ft,n !!! ,.'"

trl faut touteg ces qualités; oo f.o saurait .rienrabattro.

Page 100: Les enfants mal élevés

88 LES ENFÀNTS MAL ELE\'ÉS

Ajoutez qu'on tient essentiellemcnt à co qu'ello

soil pieuse.LË fotur époux lui-même y attache lo plus grand

prix.' 'Lui, ne pourrai[ peut-être pas savoir s'il croit' à

Dieu oo "o

diable; mais néanmoins i,l n'aurait pas '

la sécurité vouluoo la quiétude dont i.l entend' iouir,si la fiancée n'offrait, outre sa délicatesse naturelle

$ la dignité de son éducation, cetto suprêrne garan-

tie iles àroy"o.us, quifontlafemmo dévouée, l'épouse

austère et puro.....

*ft*

Notez que ces singuliers parents: ilui ont laissé

entendro i l.or fils qu'il était des accomrnodements

avecla morale, (on sait lesquels), et des compromis

evec rhonneur, n'&ccepteraient pa,s que leur bru se

ferniît un seul mot ineonsidéré, un simple regard

cu.rieux,Ils sont farouches sur .ce chapitre I d'une pru-

derie intraitable.tDonc,le joli Personnago qul, porte leur nom',devra

ètrol,alphà eti'omëga tle É jouno épouse :^elle"doit

tout faire pourlui - nevoir quô lui - ns vivre que

pourlui..

***

Certes I lo mariage a Pour les

bien tlifrérents-'-

époux dos résultal.s

Cest rD, cofiùwùêtQ-

rwlAu point de vuo de la femme,

cement; au rcgard du mari, uxo

Page 101: Les enfants mal élevés

PoRTRArrs D'ENFAtlrs MAL ÉlnvÉs

L'expressron est char.mante et, flatteuse...Ainsi t ello va s'éloigner du toit paternel, quittor

son nomo se donner un maître que les lois^ arrnentjusqu'au despotisme, afin d'avoir l'honneur.te deve-nir la compagne de ce gandin qui daigno abandonnersa vie d.'aventures, pour venir offrir à l'âme touteneuve de sa ûancée, un cæur doocasion et une jeu-n6sse fanée..,1

Pauwe jeune fille tAhl si elle soupçonnait combien on la trornpe,

combien on exploite indignement sa candeur naiveet son aveugle confiancet

On dresse des pièges à sa tendresse, on vole sonûmour, on surprend son consentement, on lui mentde mille manières t

Quand elle cornprendra la vérité, quand elle verraclair en{in : il scra trop tard....

***

Et tout, se passo sa,ns le moindre serupu,le, sansl'ombro d'hésitation.

L'abus de con{iance est la règle. N'est-il pas con-venu en effet, entre les gens d'âge e[ d'expérience,que la liancée nc doit même pas se douter du sortqui l'attend...? N'cst-il pas entendu gue la condition'morale clc l'époux lui est rigoureusement cachée...?N'est-il pas admis par l'usage, que, srrr les deuxvolontés ;onstituanù chaquo union, l'une peut êtresune&lsn, sûns oicier le contrat...?

Lur, a le droit, de tout fairel Elm, le devoir strictde tout ignorer.

Page 102: Les enfants mal élevés

90

Non I eD

marie pas..

\-Â -JriiF

LNS gNTÀNTS MÀL Érr\MS,1

France, la jeune fïlle en vérité ne ss

On la mn,rie..

*Ëtr r

Étrange morale du morrdo, qui prêche aux hom-

mes ( diêtre galants chevaliers ro et qui les autoriso

à manguer à la Plus'simPl'eloYaut6lC'esf le 'bourônnemênt de l'éducation' mal com-

mencée: l'æuvre est comPlète"

.... On no peut, pas mieux élever les garçons, pré-

tend-on ?

Eh bien t s,il en était ainsio on en arriverait â se

demander au nom rle la bonne fo[ la plus vulgaire:

n pourrait-on pas trqmper un peu moins. les jeuneo

ûllcg...? i

Page 103: Les enfants mal élevés

'tlli

CBAPITRE NEIIVIÈME

uÉpoux r m PÈRÉ

. Uue mauvaiee dilqlatioo oonprotsolplusieurs ué"nouoolb"*"r.y

YoiIà le fils mal élevé dcvenu chef de famille..A"u nouveau foyet qoi ss fonrleo les mauvais effets

d.e l'éducation prÈnnière se feront encore sontir d'unemanière désastreuse.

Etonnantes prétentions et curioux raffinements ICe ,jeune homme, qùi ex'igeait, de sa {iancée

toutes les vertuso toutes les délicatesses dont ilavait fait litière on ce quile concerno, une fois pos-sesseur de ces trésors qu'il semblait, jalousementconvoitero v&r per uno inconséquonce incroyable,ruiner à plaisir sop bonheur, of détruire par avanoel'lreureux exemple et la chaste influence de l'é-pouso.

*8*

Oui, il va en toute hôts s'ingénier' à. ternir ces

purbtés, qu'hier encore,.il voulait à tout prix danssa. future compagne.

Tantôt, il mettra entre ses mains des romans o'fien.

sants pour sa candeur, ou urême écæurants... fantôt I

Page 104: Les enfants mal élevés

99 LES ENFÀNTS MAL ËLEVÉS

it &ur& l'impudeur de lui raconter dans Ie tl6tailses; escapadcs de jeunesse, oD les surfaisant aubesoin, pour leur donner plus d'intérêt et de pi-quant.

Ou bien, il rappellera chez lui les anciens compâ,*gnons do plaisir, dont il s'est éloignéà regret...

D'autrds fois, il mènera, sa femme à des piècesgrivoiscs, ou dans des sociétés douteuses, voire mêmedans lcs cafés chantanbs; et, pendant une semaine,fredonnera à ses oreilles le refrain grossier de Iachanson du jour, clont la naiVe jeune fémnre ne corn-prendra pas d'abord les équivoquos répugnantes.

En un mgt, celui qui devrait être le protecteur,devient, autant qu'il clépend de lui, le corrupteur!

C'est qu'il s'es[ réservé le plaisir dedéfornter lu,i-nzême l'âme de I'épouse dont il a fait choix...

On devine qu'à'ce moment la piét6 que .l'on de-mandait dc la {iancée, sera jugée une entrave unpeu gênante par l'égoïste qui no.us occupe.

Par bonheur, il lui faudrait un certain tempspour accomplir son æuwe, la jeune fomme ayant,elle,, des principes à racines profondes et une éduca-tion digno de ce nom.

Iro plus souvent, le mqri se sentira envahi parl'indifférence, avant d'avoir mené à fin sa triste en-treprise.

lra lune cle miel so sera vite éclipsée....et, relati-vement, ce sera un bien pour l'épouse, qui pourraressaisir sa conscience, grâce à un isolement qu'elleappellera : délivranco !

*FE

Page 105: Les enfants mal élevés

PORTRAITS D'ENFANTS MAt ÉInvÉs

S'il naît des héritiers, de deux choses l'une : ouils seront élevés comme leur père l'a été lui-même;ou bien celui-ci voudra mieux fairê.

Mais son impéritie sera telle, gu'il tombera dansdes oneurs ou des excès inévitables.

Quand et comment, aurpit-il appris I'art difliciletle l'éducation?... Ce n'est assurément pas dans sessouvenirs qu il trouvera une direction utile, ni unconseil pratiquc...

Bou gré mal gré, il tentera un essai et marcheraau hasard, alors même qu'il voudrait être un guidefidèle et srlr.

Son lils servira d.e sujet d'expériences.

***

On Ie voit : serrrblable à ces maladies qui conta.minent une souche entière, ainsi que lo révèleirt lesphénomènes de .l'atavisme, l'éducation mauvaiselaisse, elle aussi, d.es traces profondes pendant plu-sieurs générations suciessivcs.

Le mal s'atténue,r ma,is le germe demeure.Tel père, tel fils I

..Voilà bien la solidarité de la famille I tbndscommulr d'honneur ou de défaillances, do qualités ourle vices, auquel chacun do nous apporte sa quote-part, soit en bien, soit en mal.

***

il en est d'autres qui renoncent à se creer unîbyer : leur.vie finit en quelque sorte, au momentoù elle devrait rayonner et s'épanoqir.

Page 106: Les enfants mal élevés

9& LES ENFANTS MAL EIEVÉS

Certai,ns d'entre erf,r se reconnaîtronto dans le

portrait suivant qu'en a fait un poête | :

Semblable au PaPillon mutin,Enfant, il aima toute chose:Un bofbon, sa mère, upe roseRanimaient son sourire éteint-A cinq ansrâme à Peine éclose,

Il aima ses soldats doétainl '

A dix, il aima son grand chien ;Plus tard, il n'aima Pas grand chose:A vingt-cinq ans.....' iLn'aima rim'

Alors, devenus froiils scêptiques, ils poursuivront

de leurs diatribes ;oussi violentes qu'injustes q la

meilleure partie du genre humain. D

Il faut ôntendre ces vertueux célibataires parler

avec indignation c iles per{idies de la femme t >

De la femrne,..?Ohl ils se trompent, grossièromenttYous d.onnez, peut-on leur dire,'le nom deux fois

r'espectable de femme, à cellesJà rlui ont perdu le

droit ile le porter.--St peut-être, au.contraire, si ron recherchait les

raisons intimes de vos satires et de vos outrages,

trouverait-on quê''rous appelez perfidie, la nohle

résistance ffrrnË vertu héror,que qui n'a point capi-

tulé et gue vous devriez célébrer avec fldmiration,ou au moins honorer en silence-..

Combien comptez-vous donc de belles âmes pormi

1.. En l'état d.o noÊ m@urs, un célibataire est, ou -un-enature d'ê

lite tout exceptionnelle, ou un lomme au-dessoug do lo nroyonur'It B'y o guère de'terme intennêdiaire.

Page 107: Les enfants mal élevés

1' porrTRAITg D'ËNFÀNTS'IUÀL ÉqnVÉs 95

îous, tcrribles censeurs qui jetezl'anathèms of dé-

vcrsez le mépris du haut de lotre inpolence...?De grâce t f*ites tl'onc loyalement Ja comparaison;

-et alons, vous jugerez plus grammaticale que Sudi-cieuse cette formulo étrange:

r Lo masculin ost plud noble que lo féminin t

t'

i,

Page 108: Les enfants mal élevés

I,

Page 109: Les enfants mal élevés

LIVRE DEUXIÈiun

pntrrs pnocÉuÉs D'ÉDucarIoN IroMEsrrQUE

i. - LEs coMPARÀIsoNg. e

Dans les.portraits qu'on vient de lire, nous noussommes attaché à montror les suites ordinaires d'uneÉducation mauvaise. Il importe maintenant, pourêtreuratiqueu d'énumérer en détail les fautes ou lesDrrours qui contribuent, à amener ce triste résultat.

Ëntrant immédiatement au cæur même de cettenouvelle étude, nous dirons querien n'est plus impo-litique, quo los démonstrations par comparaison:

-

< Vo[s, carnn?,e t e p eti,t Ii mi,l e est g entil, lui ! oornynec, il est obèissant et poli auec sa bonne ! >

- c Aht par exemplel il l'a appelée I'autre jourc. dovant moi : vilaine girenon. u

- u N oyfr nto nsisut" ! tsot ts CI olt s tr omp ez ; aow, o,oeïs, tnal entendu, D poursuit la mère dans sa polémi-que malencontreuse.

- s Tu nc me crois pas? riposto l'enfant. Eh bienl7

Page 110: Les enfants mal élevés

oB, LEs ENFANTS MAL ÉluvÉs ;

l

e la prochaine fois, demande toi-même à son papae si je mens... t l

****

Le ienilemain, nouvel inciilent :

< M. X. qui laisserait à, son ft'lss Cest trop d,angereun'! >

- ( Partlon t mère, la preuve, c'est qu'il

q .lui acheter un petit revolver. I .

Les parents ont lo dessous.

A défriut d'autorité personnelle,ils invoquent avcctimidité l'o4ernple des autres, comme pour se justi-ter d'oser avoir une opinion propre.

Or, on viennent là, coux gui n'ont pas le couro,ge,

oui, le courage 4e s'inposer.

n. -LEs

P11OSBSSES vAINEg

Si les menaies vaines amoindrissent l'autorité pa;ternelle, les promesses qon suivies d'exécution ne

sont pas moins regrottableso en ce sens qu'elles dimi-

"o.oi Ïostime de I'enfant pour ses parents t

s ,Si tw rnanges ta soupe, je t'ach'èterai' une ioliet poupëe. t

c Si tu aiens oite, tu auras un beau rnoulon. >

c ,Sa tu dcrds bi.m, on te d,onnera un grand

sà majorité sans avoir en.la magnifiquo récompenstl

,@

s Ce nlest pasune sq,rbaeane;

vient de

a cheual méoaniEne... Db

Et l'enlant arrivera àtrevu los... oreilles depromise.

Page 111: Les enfants mal élevés

PETTTS PnOCÉDES D'ÉDUCATTON DOMESTTQUE

e Lr., jeune naïf y est pris fix foisn vingtqu'il es[ confiant par nâ,turo.

Mais il y a une fin à tout t

fois, parce

L'expérience lui apprendra qu'on le herne,lqu'on exploite sa crédulité.

Un jour, 'agac6 do ce jeu de dupo, iI demandet'a à

ses parents de lui c faire uoi,r" > ce qu'ils annonc$nt,car il met en doute, non sans motif, Ia sincérite de

t

leur parole.Ou bien, il s'écriera

<r Yoilà un sièele qu'on<r c'ost do la farce I r

Rien'n'est plus rnsolent... ni plus exactt

ItrI. - LDs TRoMPEnrEs.

Cette hypothèse oe so confond pas avec la préc6.dento.

Ici, on procède de façon à surprendre vraiment lahonne foi.

< Donne-moita plurne, chéri, je aadste faùre d,ea. jolis dessiw.

L'enfanto un mot de remerciement sur les lèvfosrs'empresse d'obéir...

a, Maintenant ! tu nç I'auras pZzs, > lui dit-on d'une.voix sèche.

Il en conçoit uns rage sourdo, et trouvo qu'on È

mauvaise grâee à lui prêcher la sincérité ot la fran-chiso,

et

dans un instant de dépft :

mo promet la même chose;

Page 112: Les enfants mal élevés

_+?, I ---.*-t -

Ilttl LES ENFANîS MAL ÉIEYÉS

Ou encoro: c Tu as été gentil, jo vais te conduirs( au cirquc... >

Et on le mène chez le tlentiste I

Nous ovons wle cas? et n'int'entons rien.

**x

D'autres fois, pour s'éviter dos ennuis, on préfèrodire une... contre-vérité.

On annonce à Ïenfant un breuvago excellent :

s. Oh! que c'est bonl',> dit-on aYec un sourire. Etl'onfeint de se délecter &vec une potion à laquelle, bicnentendu, ou n'& gardo de gorlter, et pour cause t

L'enfant séduit par cotte mise en scène enga-

geante, s'approche, et ayant foi en la parolo mater-

nelle, saisit la tasse perfide...Bientôt, il coostate qu'on veut lui iugurgiter uno

boisson rebutante.Il la rejette ave,c rage, s'indigne à la pcnsée qu'on

appelle délicieux ce liquide écæurant.

Et le voilà défiant pour toujours.On l'a trompë,' il ne Ïoubliera pas de sitôt t

**+,

Supposons que l'enfant ait été surpris assez habi-

lementrpour avaler une gorgée del'âcre médicament .

offert... .

Demain, ce soir,, tout à l'heure, vous aureu à lut-ter contre les répugnances du gorit, contre la révolted'un esprit vindicatif, contre los représaillos de l'a'mour-propre meurtri.

Page 113: Les enfants mal élevés

IrrF-___

pETITs pRocEDIis o'ÉouclrloN DoMEsTIQUE tot

Faire appel à la volonté, est un langage que l'en'fant bien étevé' comprendra mieux qu'on ne le sup-

noil"*purience le prou'e dune manière décisive.

***

Ce gui, à notre sens? constitue la gravité do ces

tromperies, c'est le rôle mensonger que I'on est con-traint de jouer, Bour parvenir à ses fins.

Dans le but de persuad.er l'enfant hésitant, il a fallunébessairement prendre une attitude gravo; parlercl'un ton convaincu, en vuo d inspirer con{iance; c'est-à-dire se mentir à soi-mêma, en enseignant d,u mêmeeoup l'art de tromper.

N'cst-co pas se diminuer à plaisir?N'est-ce pas donner uno éducation à rebours ?

IV. - LEg uoQltEntgs.

1

Plusiours trouvent ingénieux de bafouer I'onfantsous prétexto de lui former lo caractère.

Un jeune coupabltt, tout honteuxu pleure dans uncoin......

Le père va ls cheicher, lui pren{ la tête pour la

bien placer sous le jour, et, s'adressant à ceux qtn

I'entourent:( Yoyez cornrne il est joli! con?,rne i'I est beau o

q eornrne iI est aimable ! IV est-ôI pas cltarmanl? >

Ainsi mis sur la selletteo l'enfant s'aigrit, devient

Page 114: Les enfants mal élevés

--r

$2' I.,Eg ENFANTS MAL ETEVES

m.échantoe.ramasse dans son cæur une rancune pro-fonde

Pour avoir des enfants hargneru( et vinilicatifs, leprocédé est infaillible I

Au contraire, que Ïenfant voie et sente, que coestavec une grânde tristesso et un regret sincèrer Qu'onse résignu A t. contrister'p** la ré[rimande, o,,

-à lui

infliger une peineo s'il y a lieu; gu'qn lqi facilitemême les moyons de cacher à tôus cette peine... et ilen ser& touché.

On peu[ fort bien compatir aux c]ragrins du cou-pableo et le lui dire tendrement, sans montrer pourcela la moindro mollesse dans lacorrection obligée.

.,.TeI ost, le moyen cle concilier ce'double rôle. dejug" sévère et de père affectuout.

V. -

LES EIIMILIÀTIONS.

Il y a dos parents qui répètent à toutb heure:q Que tu es sot! guetu es ni,ais! Mon Dteurque eeta enfant est stulii.de! Est-il q,sse6 nzaladroi,t ett gauche! >

Accordons'que ces appréciations soient' l'oxactevérité.... Raison de plus pour qu'elles blessent et,

mortifient.Or; pareil langageprésento, à n'en pas d.outer, de

très sérieux inconvénientÉ : montrons-le.

***

Page 115: Les enfants mal élevés

PETITs pnocÉuus o'ËoucauoN DoMEsTIQUE 103

D'abord, en faisant remarquer les maladresses de

I'enfant, on va. suggéror ù tout le monde, amis ou

domostiques, Iidée de lui ad.resserlemême reproche;

en sorje qu'il n'entondra parlor du matin au soir quo

de ses sottises.

Ellos deviendront si proverbiales, si publiées' que

I'on éteindra on lui un respect humain utile et légi-

time.A quoi bon se gêner t...Dénoncé à tous comme un soto ss sentant ridicule

au rogerd do chacun, iI rta plus rien à mënager'

Sa réputation nsr FArrE.

Insensible aux sorc&smos dont on ['a accablé, il en

arrivera même à c poser pour'I'idiotD ; ou? du moinso

à exagérer encore sa niaiseric naturelle, au point dc

lu rendre exasPérante.

Ce sera so eoquetterie à lui, of aussi sa petite ven'.geanco...

***

D'autre part, si I'enfant est offectivement nigaud,

n'ost-co pas le desservir que de' le proclamer telo

en le livrant à 'la risée impitoyable ,de son en-

tourage ?

Il lui faudrait f'aire preuve de génier pour êtro' àl'âge ffhomnne, classé seulemen!-p-armi les intelli-gences moyennes. Pour beaucoup, il restera nnarqué

Àu coin de I'imbécillité, quoi qu'il fàsse.

Le stigmate impritné tlemeurera indélébile'

En semblable circonstanco? au lieu de parler aux

assistants, n'est-il pas mille fois préférablo de pre'-

Page 116: Les enfants mal élevés

IOI LES T]NF'ÀNTS MÀL ELEYÉS

dro l'cnfant à parf, et de lui diro au contraire : c Jec sais que tu n'es pas bêto; au fond, tu n'es pointa sot... Ehbien I pourquoi te classer parmi les inlir-( mes de l'esprit...? D

Par là, on Àveillera. son omour-propre; e[ l,onfant,persuadé qu'on le croit heureusoment doué, iepren-dra foi en lui-même.Il s'estimera, et se relèvera à sesproPres yeux.

*u*4,

D'ailleurs, l'esprit n'est pas I'intelligenco, à beau-coup près, bien que l'on confonde fréquemment oesdeux qualités.

Interuogeant un jour un enfant do huit .ens, quiavait une réputation de sottise exceptionnelie,j'obtins une curieuse réponse.

Cet enfant apprenait l'histoire de Salomon. CroyantIui tendle gn piège, nous Ie conviâmes à diro ce qu'ilpensait de la sagesse du roi.

D'un ton dos plus niais, il répondit:c Si le roi Salomon avait demandé à Dieu la sa-

û gesso pour tous, il erit été plus sage encore... etc moins égoïste. >

Jamais nous n'oublierons do quel air stupide futdonnéo cette réponse, dont nous voudriôns êtreÏauteur.

Yr. - LE DREssacE.

Dressage, su,rrnenage ! voilà les expressions quig'offrent à I'esprit, et qu'on trouve au bout de la

Page 117: Les enfants mal élevés

PETTTS PROgÉDÉS D'EDUCÀTrON DOMESTIQUE r0!t

plumo quand on écrit sur, les systèmes contempo-rains en ntatière tféducation.

On le voit, le vocabulaire typique du vétérinaireentre dans le courant de la convors&tiono et rem-placo peu à peu le langago supérieur du philosopheet du moraliste.

Cela devait être.Est-ce quo pour le matérialisme,T.cettemaréo mon-

tante qui nous a envahis jusqu'au nivoau do lapenséemême,)lo mariage est autre chose qu'un croisemeqt,et l'enfant un produit ? Pardon de ces brutalités t

Donc, le, dressage, prenons le mot, admis, consisteà donner le pas aux qualités extérieures sur les qua-lités morales; à so soucier plus de la forme .que dufonil; à cultiver I'esprit, de préférence â,u c@ur.

En pareil cas, on obéit moins aux suggestiol'amour paternel qu'à celles de la vanj

{È"*

préoccupo d'abord; d'avoir un lils qi ftffi:#f,-ff;I

La corrertioo d"jLa correction da$s l'attitudo, la courtoisie t{ans lelangage, I'affabilité dans les manièreso font partieintégrante de l'éduiation.

èreso font partie

C'est indiscutablti.On doit y attacher grande importanco, parco

qu'elles ont la valeqr de vertus sociales cotées à trèshaût prix, et parce {uo le monde en tient souventpius compte que du vrai mérite, pour pou quétclui-ci revête une i certaine forme de rudesse, oumanquo tant soit peri d'urbanité.

On ne suppose pas volontiers un fruit délicat etn, sous une écorce épaisso et grossière.

Page 118: Les enfants mal élevés

r06 LEs ENFANTS MAL Él,uvÉs

Toutefois, los bonnes manières, si estimables

soient-elleso n'ont, en définitive, qu'urn ' valeur

secondaire : ce sont d aimables apparences'

Rien de plus.

,x**

Ir,amour maternllo consisto moins à broder des

c entre-doux I ou à soutacher des capoteso qu'à or-

ner do solides et fortes vertus la chère âme dont

;i-;r; comptable: ce grand æuwe doit êtro I'objeô-

tif incessant et absorbant'

Voici un onfant, bien dressé, qui tend' de lui-même

le front aux invités I salue à propos ; exprlme un l

mot grecleuxieux à Ïoccasion; place sous los pieds

des vi;iteuses le tabouret inévitable; reconduit à I

la porte les amis ih ta maison; se rappello agréa-

blement &u souvenir des absents ""', etc'

on vante à tous les échos cet être charmant: s. Il' ,

a. agi,t corrùme un'grand monsf'eurlr 0u encore: j

< On d,irait une Petite femme ! >

Cela suffit Pour conciuérir dans le

vet c d'enfant parfaitement élsvê' Icependant, ôbservez co jeune porsonnago dans la

famitie: il est'égoïste, violento mentour'

Il a toutos los petites qualités de l'â$e mûro t

il en a auisi les graRds défauts-- At si l'on n'y prend garde, quoique poli""' il

viendra Peut-être Poli'sson' '

monde le bre-

de-

Page 119: Les enfants mal élevés

PETTTg pRO0ÉDÉs D'ÉDUCATION DOMESTTQUE .

\lII. -nausroNs

: ÀDULr\îroNs.

Tout ce que dit l'enfant est spirituel; tout ce qu'ilfaito admirable t

Certaines gens ont une manière de d6crire les im-pertinences de leur {ils, qui équivaut à une francheapprobation. e Crodriez-aousqu'il a osddàreeela ...tq, A sa place, moî,, j'aurais ëtë honteuæ ! >

A vroi diroo on n'est pas autrement fâché de cettoBud.acè...

***

Nous avons connu des paronts, quio pendant unhiverentier, ontcolporté dans los selons l'histoire deleur fils, collégien do. treize ans, osant traiter de<tmuflo > un vieux magistrat, qui avait tenté d'adros-ser de douces remontrancos à a son jeuneami >.

Ils publiaient I'anecdoto : donc rà1" ou leur étaitpas désagréable t

c I[ n'y a guère de gamins de son âgo ayant unpareil aplomb t r so disaient-ils, i,n petto.

*Ë*

t Je ne sais où i,l ua ehercher tout ce qu,il ra"c. eont,er, répètent tl'autreg parents a.vec une joieçonoentrég....... En réIléchissant bienr. on pourraitle deviner.

Page 120: Les enfants mal élevés

ro8 tEs ENFANTS MAL Ér'nuÛs

Ne trouverait-il pas ces choses un peu à" ' la

cuisine, et beaucouP dans la rue?

Prris, du moment que I'onfant n'est pas sot, on

le proclame extraordinaire, hors pairl Et, son intel.

Igànce se développant avee l'âge, on tombe en

aÀmiration devant cet éveil, {ui pourtant est com-

mun à tous.s, Il a une faciti,té incroyabtel D-Q'sst' entendu'

c Ilùra loin--..>-Ouilplus loin même qu'on ne

le suppose.,ElËtï, grisé par I'ambitiono I'ouwier rêvera de

faire tle ùn fils un commis. Et le bourgeois voudra

pour héritier un haut fonctionnaire; il se mettra

ptutot sur la paille, pour être !e père d'un surnumé-

, raire ttépensant follement, et ne gagnant rien'

Nous reviendrons d'ailleurs sur cette idée'

_ , VIII. - LA I'.ttrtrLLmITÉ'

sous ce titre, nous voulons parler du sans façon

avec lequel l'enfant traite ses supérieurs'

A vingt ans, le fils dun général que nous aYons

oonnu? àonnait d'habitucle à sa mère le surnom de

c bichette D ; et_ dans l'entourage_on trouveit cela

charmant t

De mêmo, devant tous, la fille d'un professeur

appelait par amitié son grandpèro ; ( vieux cama'

rad.e, D ou: <t Monsieur Léon. D ',

Il s,agit ici ile simplo familiarité, et nop ifirrévé-

rence calsulée.

Page 121: Les enfants mal élevés

1',

PETTTS PROCÉDÉS D'ÊDUCÀîrON DOMESTTQUE toe

I-,'enfant fait des c niches > à ses asccndants commoà sbs condisciples; il souligne, sans intentior mé-chante je lo veux bien, mais à tort cependant, leslapsu,s, les quiproquos ou les'petitos bévuos com-mises par ses paronts; rappelle volontiers leurserreurs ou leurs inadvertances; en un mot, rayonnede joie quand il les trouve en d,éfaut.

Il y a là plus que de I'espièglerie: une tendance ma-licieuse'qu'on aurait raison de surveiller de près, à

peino do la voir dégénérer prochainement en inso-Ience,

N'avoz-vous point, roncontré tel bambin de dixans défiant sa mèro, ou olfrant à son pèro de pari,ercontro lui, si l'on conteste ses dires ?

C'est grotesquo.", êt tristet

*Êlf*

Plusieurs rectsurs penseront que la familiarité estla conséquence inévitable du tutoi.ementrùésormaistoléré dans nombre de foyers

Est-ce une cause ou un résultat? Nous n'oseriongnous Prononcer...

No voit-on pas un enfant habitué au tutoiement,omployer vo,uoltslinsolite dans sa boucherpour don.-ner plus de force à son reproche ou à Ia parole dfircqu'il profère ...?' -

En fait, tout dépend du monde dans lequel on vit.et spécialement des traditions de famille.

Le < qroyant D gui, dans l'ardeur rl'uno prière fer-vente, tutoie. Dieu lui-mêmeo a-t-il la penséo de luimonquer de respect?

Page 122: Les enfants mal élevés

tr0 LEs ENFANTs MAL ÉtpvÉs

N'est-cc point, par une considération sernblable

quo nos .voisins doutre-Manche disent ( vous D on'

,egt, générale, excepté quand ils interpellent la di-

vinité ?

' Quoi qu'il en soitdes usagos respectifs, il convient

d'attachôr plus de p.rix au sentimont même, qu'à la

formule qui semble le traduire.

*fr*

Maintes fois encore, nous avons entendu signaler

l',importanco de la liberté testamentaire, commo

sanction do l'autorité paternelle.

La principale remarque que nous ferons est la sui-

vante : cette monacs ng saurait en aucune mesurot

remplacor Tefficacité de l'éducati on' prewl'ière'

Ei effet, à l'âgo où les considérations ds fortune

pouvent moflilier en quelque chose la conduite

âe'l'enfant, la mission des paronts ost'à peu près

terminéo '

Est-ce qulavant fadolescence on est seulement en

état de se livrer à ces honteux calculs ?

Et nous ajouterons coci :

Celui qui, en vue ffun intérèt pécuniairo escompté

consentirait à fairo ce qu'il a refusé aux volonté,

d.'un père, ou aux conseils mateînels, serait un mI'

sérabll pefit personna,ge; le plus mal élevé ùe tous

Pour éxhéréder, pour oÉ-'rnsrnn justement l'eirfan

ou doit sdrne[tre qu'il est devenu détestable " <

peut êtro une punition' nonr un procédé prévent'i

Page 123: Les enfants mal élevés

:

. FEflTS PROCÉDÉS I}'ËDUOÀTION DOTilESTIQUE {{I

lX. -mS CAMÀRADES.

c I)ïs-moi Qui tu hantes, et jer seurai qui tu es. n î'

L'influonce dumilieu et la puissanco d"e l'exempleo

agissent sur I'enfant de la mapièro la plus décisive.Choseregrettabletlesamisdenosfilssontdési-

gnéu, rnoi,ns par le choin, que pa'r les circon'stanees.

Par là il faut entonrlre: r[uo les relations so créent

d'après les catégories sociales, d'abord.Yoyez surtout en province:Les enfants des rhagistrats frayeront avec ceux

dos notoires; ceux des hauts fonctionnaires, avoc

ceux des banquiers...Quelques nobles attardés, (ie dis seulement quel-

ques)r lèveront lour pont-levis, ayrês quo ceux quisont c nés r auront franchi le souil du castel...

Le haut oommerce et les grands industriels ferontbande à part, et ne so confondront mêmo pas avec

la bourgeoisie uol patontée...' flélas t nous oublions trop facilemen[ q,l'il niy a

qu'un Dieu,

rp**

)',Le tls d'un .ullègu., ftrt-il assez mal élevé, estn ds

droit, l'ami de I'enfant.On ne le choisit pas: il est indiqué.Cepondant un fruit gâ,té, placé à côté de vingt

Page 124: Les enfants mal élevés

Its LE6 ENFÀITTS MÂt EI,EVES

fruits intacts, ne deviendra pas sain pour cela : c'estIui qui contaminera tous les autres.

Tel est Ie danger de Texclusivisme et de I'espritde caste, alors qu'il serait si désirablo de ne distinguer quo deux catégories : les eûfants bien élevés,et.....les autrgs.

*B**

A plus forte raison, attirerons-nous I'attention surle clroix imporlanû des domestiques accoptés aufoyer.

Leur ascendant est d'autant plus grand, que leuraction esÉ continue, et que l'enfant ree.herche de lui-même cette société subalterneo où il rencontre moinsdo contrainte, et où sa petite vanité trouve rion

compte.

. S'il est vrai que l'éducation so formo de toutes,les paroles qui frappent l'oreillo o de toutes lespensées suggérées à l'esprit, de tous los exem-ples ofrerts à nos yeux, de tous les actes de la vieenfin, de quelle importance ne doivent pas êtropour nous los principes de ceux! dont la présenccjournalière exercera surl'enfant une rmpression inef-façable, irrémédiable I

X. - Dar{s LEs tuPoNS.....

Nous estimons inhabile, le procéilé qui consiste àrouloir élever les garçons dans une ignorance...artificielle.

Page 125: Les enfants mal élevés

FEîITS PROCÉDÉS D'ÉDUCATION DOMESTIQUE il3

Expliquons-nous.Certes, le lecteur, oû présence de la nettet6 des

affirmations contenues dans co volumeo voudra biencroire quo nous ne prônons pas ici une morale ro-lûchée, ni des compromis quelconques ayec ledevoir.. On nous classera m$me, à n'on pas douter, parmiles rigoristes.....

Mais la morale consiste bien plutôt à onseignerla lutte contre le mal, qu'à poursuirrre le chimériquoospoir que I'enfant grandira dans uno naïveté idéale,tout en vivant dans I'a[mosphère délétère que nousrespirons

- Pour cela, il faudrait le supposer sourd, aueugle,of légèrement icl,iot tout onsemble.

tcsr

Nous partons de ce point incontestablo, à savoinque nol,re fils verra, ontendra, comprondra, devi'nora? trop tôt à notre avis,, mille chosos regrottablesà coup srir, et mêrno scandaleusss.

Admel,tons qu'il en ser& ainsi, tant quo los hom-mes auront dcspassions et des vices....

En voilà pour longternps t

La question, pour iout esprit pratiqueo est donc deprëparer dounem,ent Ï3nfant à ces révélations trou-blantes, quir,inévitablement, viendront assaillir sonesprit, s'irnposer à son attention, et stimulor sâ. cu.riosité torrjours aux aguets..

gts

Page 126: Les enfants mal élevés

I{I LES ENFÀNTS MÀL EIEVÉS

À moins d'être doué d'uno crédulité singulière,un père, uno mèrer.no sauraient s'imaginer-, qu'enfait, I'enfant rcuonnne rour qE qu'ns rur rernollr t t

Il y a d'excellents parents qui croient à la candeurangalique de I'héritier de leur tro4, pa,rce qu'i.ls o,nt

fait preuae, euln) d.'une réservo of d'une discrétionaussi louables. qu'insuffisantes.

Or, un silenco systématique a un double désavan-tage : il provoquo le fils à chercher, en d-eltors dufoyer, des confidences et dos explications bienautrement dangereuses; et, en second lieu, iI con-s[itue l'snfant dans un isolement funeste;

.***

Dn effotolivré à lui-môme,il rappolleraà sapensée

les épisotles qui l'ont frappé,les problèmes auxquels

il a cherché liévreusement à donner une réponse

satisfaisante.Et te silence des parents suffirait pour que I'en-

fant s'estimât content, et chassât de son souvenir

ces interrogations Qui hantent son cerveau.-- ? trl ne

s'ingénierait point, par tous les moyens, à voir clairautour de lui et en lqi-mêmo.--?

,BJen de plus chimérique t'L'enfant veut savoir; etil saura-. Il est donc mille

foie préférable que ce soit pan Nous.-Sinous

ne !'aidons Pas dans son onquête, il con'

sulteia subrepticenienÎ livres et camarades,

I-,ôsquels.:.? Les pires', cela va do soi t ; " "

Un enfant honnâte, à gu,i I'on fera promettrs do

€esser,touto lecture qui Ïuisemblerait mau*aise. est

Page 127: Les enfants mal élevés

PETITS PROCÉDÉS D'ÉDUCATION DOMASTTQITE il5

mieux gardé que celui dont on se propose d'éloi- ;

gncr tout écrit corrupteur, grâce à une surveillancoperpétuolle, matériellement impossible. i

***

Au contraireo'veut-on rostor l'ami, de son fils?Qu?on lève le voile pEU Â pEU? a,vec les précautions

infini'es que la tendresse paternelle suggérere; choi-sissant le moment opportun de ces conlïdences; lesmesurant suivant les circonstances du jour et selon )

les dispositions de l'heure préserite; les proportion-nant enfin à l'impressionnabilité de I'enfant,et à soncaractère.

Ces entretiens intimeso dirigés, répétons-le encore?ovec la ylus grande prudence et la plus jalouso cir-conspectron, présenteront pour l'enfant un altrai,tincompa,rable, r

Il s'attachera d'autant plus à vous, et nechercherad'autant mieux votre société intéressante, qu'il trou-yera, dans vos paroles sages et discrètes, mais vraies,une rëpongq suffr,sante aux questions qui I'obsèdentavec la tenacité d'un cauchemar.

Son troublo cessera; il croira en vous, et, d'ins-tinct, ira à vous, comme on va à la lumière....

Là est, Iæuvre maîtresse de I'éducateur.Car si r,on n'y prend garde, l'enfant siélèvera à.sa

guise, au lieu d'être élevé à votre 916.

** .)Ê

Page 128: Les enfants mal élevés

ll6 LES ENFANTS MAL EtE\d8

ff. - QûEsrroNs enuriususgs.

q, $tci, aimes-tu Ie mieuæ, de ton papa ou de taùnarno,% />, demande celui des parents qui se croitl'obiet d'une afiee.tion privilégiée.

Et I'onfant hésite souvent à répondre, comprenantà merveille I'artilico de Ia questionposée.

On tient bon néanmoins : on le tourmonte, on leharcelle jusqu'à ce qu'il c dise quelque chose >, tra-duisez : jusqu'à co qu'il blesse le père ou la nsèrepar la confidonce péniblo qu'ou exige de lui.

*s*

A plus forte raison le propos est-il offensant, sr

I'enfant déclare volontiers I'inégalité de son affec.tion. Quoi t l'on garderait au petit ingrat la mêmqbienveillance, la mêmo tendresse t Eshil rien quipuisse aller,plus directemen[au cæur... ?

Puis encore, comment ne ressentir aucune hainecontre l'époux qui a capté lfamour filial, on ne saità quel titre ?

Notez que le préféré sera toujours, on le devino,colui des parents qui gàto l'enfanto celui qui obéit àsos fan+cisies ct lui cède quand même, eelui qui ro-nonce à la correction par le secret désir d'obtenir iaplus grosse part des caresses du buby.

S*

Page 129: Les enfants mal élevés

PETTTS PROCEDÉS D'ÊDUCATION DOMESTIQUE rr7

D'autres fois, un étranger met l,enfant à Ia tor-ture eq I'obligeant à déclarer, qui, de son père ou ùesa nrère, est le ?tus sëaère.

En pareil cas, I'enfant avisé gardera résolumentle silenco, on se disant tout bas : s Si je m,expli_que à cct, égard, j_e suis srlr de provoquer pour tong-temps l'enchère des sévérités à mon enelroit. ,

R.ien de plus iudicieux.N'entendez-vous pas, en efret, cette menace inévi_

table : < Ah I tucrois qu'avec moi tu n,as pas besoinc de to gênero et que tu n'en feras qu'à ta tête ? Eh< bien ! tu aas aoir....! >

Et il est à crainrlre qu'on ne dépasse la mesuro,pour se donnor trop raison.

xII. - LEs panENTg rtMIDEs.

-'LEs uoNoLocIIEs.

, Il.ost _des paronts, timides par nature, désireux

de bien diriger leurs enf'ants, mais N'oseNr pas s,r'-POSER.

. . lur uns par mollosse, d'autres par bonté d.,âme,biaisent touiours, dans la crainte du ru heurter à unrefus, qu'ils se sentont incapables de combattre ou-vertemont.

Ils se reconnaissent à l'habitude des monologues.Trop i.résolus pour commander d,une laçon claire,

Du pour s'adresser nommdntent à I'enfant; trop timo_rés pour afûrmeq leur volonté, ils se mettent à parlertout haut, en donnant à leurs réIlexion, la iormu

Page 130: Les enfants mal élevés

,rE LEq ENFANTS MAL ÉLEVÈS

d'une waie conférence et les développements d'uncours sur lamatière....

A vrai dire, Cest à eux-mêmes qu'ils s'adressont,à défaut de public, cumulant ainsi les fonctionsdorateur et, d'auditeur.

xËx

L'enfant commet je suppose une maladresse...

Au lieu de l'interpellor sans détours, on se livre àIaparté suivant:

< OIt,! que'cet enfant'est désespérant, en aérités. On a beaul'aaerti,r, Cestcomme si l'ori ehantadl ts Demandes-luiune chose quelconque; aou$ croyez

< gu'i.lna,se d,ëranger enrien,..-? n n'Y a point de

< d,anger ! It restera lù' ume heur"e entdère *a,ns

s bronehêr... Je oous o,sll,tre qu'ille 'fait eæprès'.'!a Il suffit qu'on lui, d,onne un, ardre pôur qu'i'l ait< justel'id,ée 'eontraire.., Il tty en a Pa,s d'eun de

s, son espèce; e'ent ù, faire 'perdre patience à una ange!

*** |

Pendant ce temps, le petit insubordonné devi-

nant à morvdille qu'on a, peu-r de lui parler DIRE.TE-

Mptr{r, se retranche dans un. silence et dans Une indif-

férence qui lui donnontune gr&nde force :celle dela

passivité à rencontre des impatiences paternelles.

it y *mieuxtCe sang-froid',,qui-est dansle cas.une

,orf.u de vengea0ce.et une mauière de provocation,

laisse le lreau rôle à l'enfant.Car' gi los parents sont verbeux; enfi6wés; lui, est

muet ct cabno.

Page 131: Les enfants mal élevés

pETTTS pRocÉDÉs o'Épucltlou DoMESTIQIIE ,te

Il saito à n'en point douter, que tout oe bruit,touto cotte argumentation cesseront quand on sera

fatigué, et {uo, personnelloment, il n'a aucune

sanction à.rodoutet z aerba et aoee*...t.

*uË*

La conséquence do ce ,utrrru factice, sera d'abordd'irriter les parents,'de les jeter hors deux-mêmes?en leur démôntrant iusqu'à Tévidonce, l'inanité com-

plète do leurs' reproches.Peu à peu.leur émofion grandira, s'échauffera à tel

point, que, par un renversemont singulier des rôles,

ôr rernnt les parents bernés qui paraîtront intempé-rants et rageurstl

...4 ce momont,il n'est pas do riposte do l'enfant,ni cl'insolence, qui semblo aussi oxaspérante que son

mutismeNon, il ne se défentl PaslIt méprise souverainement ces accusations qu'il

feint de ne point entendre.c Va, mon bonhomme t a I'air de dire cet impas-

c sible enfant à son père courroucé; crie, sormonno'( gourmande, fais tapage I ridiculise-toi à ton aise-.. !

< Tout cela no servira qu à te diminuer davantage( en prouvant ta. faiblesso, et à proclamor d'autant< mieux mon indépendance... C'est par-dessus ma

c tête que tu vises, eX que tu frappes..- t

Et les parents outrés, continueront tout haut, :

s Vous croyet gue ri,entw fai't? Oh! il se rit dece

a. qu'ew peut lui dire! Vous e)ercez s'rL en tientt eo'mpte...... Comprend-once plaisi'r d'e Qteûerr.Fs

Page 132: Les enfants mal élevés

tlo LEs ENFANTS MAL Ér.gYÉs

r GENs sansnzotif, rôen que pour \eur être dësagrêa-s, ble...! II est d,one trèt amusant d'entendre due, matin au soir crier après soi? n

Et co mot prudhommesque échappera peut-êtreà quelqu'un : c Certes ! les parontb qui n'ont pointd'enfants sont bien heureuxt >

**x

On remarque I'emploi constant des formules im-personnelles, caraotéristique certaine des âmes

faibles, que le re et le rot épouvantent.Youlant se mettre en jeu le moins possibleo ils

remplacent je pû on,' et ils évitent de parler à laseconde personne? comtno dit la grammaire, dans lacrainte do susciter un combat singulier.

Ora,'solon I'expression de Yoltaire, est un porson-nage aux larges épaules qui, sans protester, endosso

les responsahilités dont les.peureux veulent se dé-

charger.Bref : je, c'est le chef de la famillei on, ce sont

les voisins qu'on appelle à son secours..'

rB*x

En face de parents semblables, l'enfant se sent

tellement fort, qu'il pourre même se montrer géné-

reux à leur égaril, et leur demander avec bonhomicet intérêtrce qui les fait c se monter ainsi >.

La note de sa voix sera celle d'une sincèrc con-

d.oléance, alors qu'au fond, il se moque d'eux...décemment,.

*tr*

Page 133: Les enfants mal élevés

p$'r'ITS PROCEDÉS D'ÉDUCATION DOMESTIQUE !2r

Point de doute !

Lo père, qui n'a pas l,énergie de prendre d,unomain calme, mais ferme et sùre, les rênes pourconduire_;'le père, {lui se contente de parler a à lacantouade >, de formuler des généralités, dans l'espoirdo succÉnnn ses volontés et d'insinuer ses propressentimontso n'est pas un pilote gui dirige : ô'est unvoyageur sans boussole qui suit le courant ct seIaisse emporter à vau-l'eau.

or, tel enfant qui, dans cotte circonstance va fairela sogrde-oreille, hésiterait souvont à so révolters'il était mis en cause.

D'ailleurs, drlt-il même s,insurger contre l,ordreintimérce serait encore un'bien relatif.

Pourquoi?

- Parce {u€o ainsi provoqué, lo pèro, par une réac-

tion naturelle des plus probabler, "urr*irirait

virile-ment, son autorité méconnu-e, of se montrerait d'au-tant plus tenace, d'autant plus absolu dans savolon_té, qu'il est plus,irrésolu par nature.

L'observation prouvo fexactitude de cette thèso.

rB*x

En effet, je ne sache personne de plus c entier p

que les gens timitles, quand., par hasard, ils se ré_solvent à prendre une décision.

Enchantés d'avoir osé diro un oui ou un non, ilss'attachent à leur idéo jusqu'à l,obstination.

Ah ! cela ne leur arrio" p"r souvent I et ils veu-lcnt jouir de leur viotoire sur eùx-mêmes, le pluslongtemps possible.

Page 134: Les enfants mal élevés

'22 ,

LES ENFÀNTS MAL Ër,gVÉS

_ Dans I'hypothèse des monologues, il n'y a pointdésobéissance, à proprement parler, puisqu,on n,arien eommandé de positif : on s'est borné à desavis ou à des récriminationso s'adressan| urbi etorbd.

C'est trop, et. ... pas assez.L'enfant no s'y méprend point.

XIII. -LES pnrin'rinmtcnS.

-LE a cHoIIcHoIt t.

La partialité est unetions, conhe lesquelles.garde.

Mille motifs pouvent provoquer ces inégalités d.e

lendresso.Un enfant ressemble moralement ou physiquement

à l'un d.es parents... On est bien près Àe iui troooermeilleur visago, ou esprit plus fin qu'aux autres.

Parfois aussio on est flatté des qualités sxtérieuresdfun dô ses bébés: il est, charmant, gracieux, aftable,élégant; il attire l'attention.... et les compliments.

Pour lui, c'est rnauvais; mais I'amour-propromatornel grisé d'un encèns très capiteux, recherchol'occasion de mettre en avant celui qui en ost l'ob-iet.

Il n'est pas jusqu'au costume qui ns dénonce cetts

Partialité xfx

Semblable affection est légèrernent égotete, On

des plus séduisantes tenta-nous devions nous tenir en

Page 135: Les enfants mal élevés

PETITS PnOcEDt:S D'EDUCATION DOMESTIQITE ln.

airne pour soi, et au détrimont de toute la petite fa'mrlle : y compris ls Préférë.

Tanilis que co préféré voit la rigueur fléchir à ss

demando et les caresses se multip,lier sans qu'il lemérite, les autres enfants. conçoivent des sentiments

de jalousie inévitable à son égard, et d'inimitié contre

leurs parents, {lui, on Ïavouora, no se moûtrent

point d'une équité rigoureuse.

Ajoutez qua le chdràrobiet des faveurs et

tion, sora généralemont moins bon que sos

sæurs...? parce qu on le gâte davantagel

Or, au lieu de produiro et d'exalter toujours l'en-fant vaniteuxo il serait opportun, âu contraireo de

s'occuper de ceux dont -les rnanières ont besoin

d'être comigées ou l'intelligence dégourdie par fu-sage du monde, tle façon à rétablir un équilibrosuffisant.

Sinon, l'on 'vorra tu foyer deux sortes de filso

deux tendresses, et deux justices.

*8*

Rien do moins sage encore' que do mottre en op-

position ses propres onfants, dans la pensée de les

corriger I'un par l'autre.s,' Voi,s cornrvùe Jacques est p[us airnable ! Ce n'est

<<pas tui qui se pe"rnettradt d,e pareilles cho-ses'!'

<< Aassi, on I'airnerlui ! tCornment ne pas voir que l'on sème ainsi la ran-

de l'élec-frères et

cuneet la haine...?L'enfant prooosé en exemple, aura-t-il le taot de

Page 136: Les enfants mal élevés

I$L LES ENFANTS MAI, ELEVES

n'abuser point d; la situation pour mortifier etcxaspérer son frère coupable?

test peu probable.

*#*

Regardoz autour de vous; et vous vorrez que, parun rotour équitable, colui qui fut c chouchou r dansIa famille, paynhÀ csÈRnunr'rr plus tard la préililectiondont il a été favorisé.

Car eet enfant idolâtré est de ceux que les parentsno s'empressent pas d'établir.... Ce serait s'en sépa-

rer ! et on I'aimo tant, cet êtro adulé, quo l'on mani-feste de la défiance, à l'idée seule de sentiments nou-veaux venanf on concurrence avec Ïamour filial,qu'on voudrait exclusif.

On l'aime aussi à tel point cette tendre fillo, ce

vrai trésor, qu'on rlepoussera pendant de longuesannées les propositions des prétendants les plusdignes, jusqu'ati moment, oùn les années comptantdouble pour elle, il deviendra manifeste quo, s&ns

ls vouloir? on I'a sacrifiée.

"s"Eh quoi t oserait-on soutenir que le cæur humain

est si étroit, qu il no puisse contenir simultanémentplusieurs sentiments, grandso nobles et généreuxt

Quoil les Croyances, la Patrie, les tendressesmaternelles, l'amour conjugal, ne pourraient coexis-tor dans une même âme et s'y mouvorr.' à l'aise...l

Quellc palononiet

Le cæur, croyez-lo, est semblàble à I'aimant, dont

Page 137: Les enfants mal élevés

PETTTS PROCÈDES D'EDUCATION DOMESTIQUE r25

l'énelgie et la force augmentent à mesure qu'il so

dépense e[ so communique davantage...Pluq on lui emprunterplus i,l, est riche !test là son privilège incomparable, et son mer-

vcilleux secret I

XW. - LEs PnoPos nnÉtr'r,Écms.

Si l'on était persuadé que les parents sont los arti-sans du moulomêmerdans lequel prennent forme lesidées de l'enfant, on se mcttrait en garde contre latémérité de certaines propositions que l'on affirme à

la légèreo ou simplcment en manière de causeric,sa.ns y attacher d'importance.

Çent fois, on a entendu et répété tel proverbo...,telle phrase toute faite... On n'y attribue pointd,'autre valeur.

Pourtant,^les enf ants y voiont, eux, autant de véri-tés, autant d'axiomes' dont la formule brève et sai-

Ëissanto s'enfonce ddns la mémoire, comme un? alon indicateur.

t Ces premiers jugements' serviront de base d'op6-

{/ rations intellectuelles, et aussi de point de ropère,pour les inductions logiques qui régentent l'esprithumain.

Telle est la genèse ùes PrineiPes.

*B**

Quittons les abstractions, et prenons des exompies:

Un enfant se sauvo dans le jardin malgré la dé'

Page 138: Les enfants mal élevés

T96 LEs ENF'ANT$ MÀL Ér,gvEs

fense maternelle ; il court, butte, tombe et, s'égrati-gne les mains. Il pousse des cris, aocourt à la mai-son , et se plaint avec larmes de sa mésavcnture...

Qu'entendra-t-il le plus souvent commo reproche?a C'est bi,en fait ! coest le bon Di,eu qui t'a puni.. n

Soit...Nous comprenons à merveille co que signifie le

propos, et ce qu'on veut lui faire dire.Mais la question n'est point là: l'important est do

savoir ce que l'enfant en va penser.

**x

Le lendemain, trompant encoro la vigilance, ils'échappo, et, instruit par l'expérience de Ia veille,se garde de toute chute.

Naturellement, il a soin do ne pas raconter sa dé-sobéis;ance...,PersorJno ne le'gronde; et il apprendainsi quo I'on peut fort bien commcttre des fautessans que, sur-le-charnp ct à point nommé, la justicedu ciBl intervienne a,vec éclat, pour sanctionner lesordres maternels.

En un mot, il constato quo l'impunité est parfaite-ment possible en ce monde...

Alors, se présentçra à son esprit la réIlexion sui-vanto, inéluctablo dans sa justesse : < ce que mèrem'a dit là n'est pas sérieux D.

De dcux choses ,l'une, en effet, pensera-t-il : ouDieu rro punit pas la faute ; ou

"u q,t" j'ar fait n'est

point repréhensible.. .

L'alternative ,comms la conclusion s'impose;.. Etla fugue, réitérée sans nul encombreo aura pouç

Page 139: Les enfants mal élevés

(. Y-ru 'l

ll

PETITS pROCEDÉS D',ÊDUCAIIoN DOMESTIoUE t27

conséquence d'enhardir l'insubordonné, de lui fairesuspecter Ia justice d'En-Haut, et le bon jugement desa rnère.

On va mêmo quelquefois plus loin dans l'impru-denceo e[ l'on formule des règles commo celle-ci :

cHAeuE tots qu'on désobéito on est puni d'une rna-nd,ère ou de l'autre. >

Traduction enfantine : chaque fois que je parvien-drai à ruser do façon à éviter le ohâtiment, je n'au-rai rien commis de blâmable..

Belle morale, p'ett-il pas vrai t

***A"utre remarquo,Un enfant déguise lavérité...Le père lui répèto qu'un menteur est pire qu'un

voleuro qu'il n'est jamais cru même quand il est sin-cère, etc... . Fuis, il ajoute avec uno solennité magis-trale : a, D'ailleursr'rerna,rgue bden que quand ontrompe ses po,rents, i,ls, fr,nissent toujoars par legaaoir. D '

Et il trouve son procédé très habile t

Songez donc, combion co mot va impressionnerI'enfant qui so dira : a Surveillons-nous bien, t toutse sait lt r - Par trop naifs, seraient ceu:r quicaresseraient cette illusion.

n**

Le résultaf sora tout autre, croyez-lo :La veille, jo suppose, l'enfant a pris une dragée..

On ne s'en est point aperçu: par suiteo aucune obser.vation.

Page 140: Les enfants mal élevés

{sB rÆs ENFaNTS MAL Ér'urrys

Au regard de l'onfant, e[ moralement parlant, Io

ohose * un" gravité intléniable... : il a soustratt t

Encouraga par une impunité complète, il-renou-

volle son lârcino yexasère, Io multiplie à tol point,

que les parents voient au bout d'une somaine ce

qui leur avait échappé jusque-là, Cest-à-dire, le sac

vide...Quelqu'un vole des dragées : voilà qui est con-

stant pour eux,

Mais gui... ?

Le rusé baby a fait on sorte de P'êtro point sur-

pris ; et, de so9 côté, le père- a oublié les principos

posés, si bien que co dernier dira un jour, à sa

iu**u, en causant : c Je soupçonne notre domes-

tiquo d"'aimer les friandises plus que de raison' ILe mot sera entendu, et tout l'échafaudage doc-

trinal sur la clairvoyanee paternelle s'effontlrera du

même coup ! Le père ne saura donc pas touioærs la

vérité.Yoilà co qui arrive quand on parle s&ns réf!échir et

qu'on s'ehgage témérarrement.

xFx

On se comPromet plus encore' lorsgu'on est assez

léger pour noenacer ilg punitions bizarres ou irréa-

lisablee:< Si tu niéeros poi'nt ta page, tu ne sorti'ras

a plus iamais aA)ec ntoi,.-- >

< Bi tu ne rnarches pas tnieun, ie te donne a'u

t prochain Monsieur que ie reneontret"q'i'"" D

Page 141: Les enfants mal élevés

PETTTS PROCEDES D'EDUqÀTION DOMESTTQUE ^2s( rSi tu es indisciplind, ie trembarqrre s?,t?" Iepre.

( mier nauire l)enu,... >< 8i tu ne te lèoes Fas, j e te laàsse au lit toute

< la journée.... >>

<< Bi tu ne rnanges pas ta soupe, tu n)auras plus'""q. d,orénaaant que d,u pain sec..., etc... D

Lebambin n'en croit pes uruor!Il se rit en lui-même de la candeur du papa qui

s'imagine avoir découvert un argurnent péremptoire,dans une mesure qu'on ne voudrait à aucun prixmettre à oxécution.

On juge donc l'eufant bien peu judicioux, bienpeu intelligentl

,

Au contraire, Ia mena,ce d,'une correction qu.'onpouruait cERrarNEMuNr infliger, aurait toutes chancesde pioiluire effet.

*.fx

Ètresurpris en faute, ffrt-ce sur un point clo détail,n'est pas choie indifiérente. Le prestige et Ïascen-tlant en sont amoindris, &u delà souvent de ce qu'onimaginerait.

Le fils d'un professeur de Sorbonno nous a ra-

conté la particularité suivante :

. Il lui piit un jour fantaisie tle rechercher dans Boi-leau le vers bien connu' que son père attribuait à

Despréaux:

s.7

La critique est aisée, et loart est difficile.

Besognc ingrate I puisque ce

point dans !'Art Poétdque. maisrieua de Destsuches.

précoplo ne figurobien dans le Glo-

I

Page 142: Les enfants mal élevés

T3O T.ES ENFÂNTS MAL ELEVËS

Il ne le découvrit pas, of pour cause...L'erreur fut reconnue; et de ce jourr. noirs Bvoua-

t-il, il sentit se refroidir quelquo peu sori admirationtliale.

Puisque nous &voûs nomm6 Destouches, resti-tuons-lui aussi en passanf cet << alexandrin >, quela routinê a le torû d'attribuer égaloment à- Boileauou mêmo à La Fontaine :

Chassez Ie naturolr ll revient au galop.

I)e ce verq, commo du précédenl, nous ne dironsqu'une choso i c'est'qug I'outeur des satiree e$raitpu ïécriro.,.. s'il y avait songé.

Page 143: Les enfants mal élevés

-.i:18!.l;

':,'

,"t, rr

IIYRE TROISTÈME

i I,'AUIORITÉ ET TA COTRECTION

CEÀPITNE PNNMIER

LE sENTIMENT EsT-rL pRÉpËneELE A uEuronnÉonNs uÉoucnnoN?

f. - Yoilà un problèmo capital, à I'oecasionduquel il o 616 écrit de gros volumes contradio-toires.

C'est qu'il est peu de qiuestions suscoptibles de di-viser davantage les esprits; d'autant plus, que fonale tort do ne point, assez généraliser les idéos, of deconclure prématurérnent, tout en étant d'acbord surce principe : il faut de touto nécossité une directionà I'enfance.

Mais, quand eI comrnent doit-olls s'exercsr... ?Là est le pointd6licat.

os*'r

Nous no saurions mieux faire, pour rnottre en lù-mière cette contradiction, {uo de présenter les

Page 144: Les enfants mal élevés

T39 LES ENFANTS MAI ÉT'UVÉS

arguments que los adversaires font valoir à l'appui

deleurs, affirmations respectives'

Pour plus de clarté, imaginons donc les deux

plaidoyers suivants:

' L'o PLAIDOYER. - t'ÉouÊenoN PAR LE SENTIMENI' Esl

n*,ern**rE. - En effet, dit-on, obliger I'enfant à obéit

;;; q". I'on est le ptus fo$ ; le contraindre à se sou'

Letme à la menace, c'es[ obtenir un résultat matériel,

soit ! mais sans grande portéer pour qui voit les choses de

près. Il y a Ià uneviolence physique imposéo, voilà tout ;

âe n'est pas uno détermination aoulue.Il est oatncu et non

conaaincî..., Trop faible pour résister, il cèdeentant que

contraint et forcé : cest vrai i iI accomplit l'acte commandé

Darce qu'il ne peut pas faire autrement; il al'air dese sou'

ilrettre... Touiefois, en même tomps peut-être, la révol[e

intéri'eure est complète, et il n'attend pour résister oÛYof' '

tement, quela force qui lui manque. L,e corps marche, mais

in u résiste ; le dos plie, mais la volonté contrariée so

raidit, s,eiaspèro et s'indigne. Enfin, le caractèro so con'

.u"t* jusquâ I'heure prochaine de l'émancipation, c'est-

a-airr au re*plosion t Rien n'est done moins moral ni

moi.o,utilo,(oontinuo.t.on,)quecettedisciplinebrutalegui agit sans explication, et gui ne prend nul souci

'

à'" f"iiô la lumière... Au contrairo ! parlcz au cæur et

à la raison; porsuadezque vos ordres sont justesl démon. .

trez qu'ils sont sages ôn tout point""; et, au lieu d'une

*rrhi"u qui fonctionno sous la pression qui la melt' vous i

"orr" on l*ttlli,gence qui comprendra ros

-ordres Par r

la réflexion, une Raison qui en appréciora_ la iustesser'

wo Yolontë, liwequi les exécutera bénévolement. Dans

ce cas, I'obéissante ,utu oo acte moral' bien différ"ent

do la soumrssion ou de la passivité inspirée par la crainter'

qui ne permet, elle, ni rnisonnement, ni choix iudi-cioux...

Page 145: Les enfants mal élevés

L'ÀuronlrÉ Br r-,1 conREcrioN tgs

2.. PLND0YER. r.'lltronlrÉ vaur MIEUX QIJE LE

SENTIMENT. -- En eftet, assuro-t-ondans un second système,

attendre que i'enfant soit osser grand pour apprécier la

justesse dà vos ordres et la sagesse de vos conseils, c'est

aouloi,r corntnencer àle d,i,sci,ptiner, quand cerésultat danratt

être plei,nement et iléf.ni,tirsement obtenu' En un mot'

c'est renoncer à jamais avoir rl'autorité sur lui. Car enfin I

révélez-nous par quels savants moyens vous le f3rez obéir

pendant los pràm ières années de sa jeunesserles plus difûci-

ie, de toutes I Parlerez-vous raison et morale à l'enfant de

2, g, h ans ? ou bien le laisserez-Yous s'élever à sa guise

durant ces aunée sd,éci,sîaes.... ? tr ui céderez-vous touiours

et quand même, précisémenf au moment ca'Pital où la dis-

cipiine doit s'affiimer au foyer ? - 6ui ! si l'on ost consé-

quent avec soi-même, on devra lui permottre d'agir sui-

vant son bon plaisir, puisque, de toute évidenco, tn baby

ne peut ni discuter, ni juger tes conseils donnés. Quello

aberration t Envérité, peut-on bien espétet qu'après aaot'r

pris d,es habi,tud,es d'ind,épendonce, aî attendant .quo la

raison lui vienne, I'enfant à 6, 8, l0 ans, aura la forco ot

la volonté de violenter sa nature rebelle, de réformeret do

refréner ses gofrts par pure philosophie, ou uniquement

par amour dà ta vertri I S'il en était ainsi, ce serait aux

iarent"s de demander conseil à ce petitprodige de sagesso..-

- o, grâce I quand viondra donc I'instant propice pour

,o**inrn l'éducation ? Sera-ce à douzo ans, à quinze

ans ? 0n se le demande... Et lorsque les questions seront

indiscrètes, déplacées ou insolubles, quelle sorto d'oxplica-

tion fournira-t-on ? Cette fois-la, aulieu d'argumenter, ou

s'irnposera, en abritant sa timidité derrière one réponso

insulflsante ou incongrue ; mais on s'imposera, à

peino que l,interrogatoire ne prenne jamais fin et n'em-

t"r*ussô de plus en plus. 0n résistera encore, c'est fatal I

quand les piétentiJns seront irréalisables ou folles..Dès

tlrs, n'aurait'on pas hien fait de commencer par là ?

Page 146: Les enfants mal élevés

I3.i LES ENFANTS MAL ELEVÊS

D_pne,- conclut-on, sa,ns l' autoritërl'éducation premièro, laplus importante, est rqatériellement impossible I et I'in-fluence du raisonnement viendraitrnoptaRD pour rectifierles idées faussées de lienfant, et surtout pour.redresser sa,conduite déviée.

**nu

il. - Nousvenonsd'exposer loyalement les théo,ries en présenco, Ânalysons-les.

Le problème est bien Ie suivant :De ces deux modes généraux d'éducation, lequel

doit-on préférer : la Doàaceur qui persuad,e, où I"Bdaérité qui commande... ? le Bentiment, oa l, Au-toritd... ?

S'il nous est pormis de donner eq toute libertOnotre avi$, ooor n;hésiterons pas à

'dénoncer nos

préférenges formelles pour ce dernier régimo; et,résumant nos obsorvations réitérées, tôus dirons :

T'e sentiment rdussit quetrquefods,. l,euronrrÉ srf,J,{

PLUS SOWENT...

...Par Ie sentimonto on obtient 'peut-être desenfants câlins, plus earessants gue dévoués, - àcondition encore, de ne leur demander à peu prèsque ce qui leup convient

.".Por I'qutorilé,ol faitrlnn fils respectueux, et deshornmes de devoir.

t {F&*

, Cette conviction s'appuib sur los considôrationssuivantes, décisivr. r*[ù nous.

D'abordo. rappelons-le, il importe d'obtenir I'obéis-Bance, BrsN avaNr gue l'enfanl puisse apprépier let

Page 147: Les enfants mal élevés

rAUîOilTÉ ET LA CORNECTION {3S

ordres qu'il reçoit,: de là le vice du procédé senti'

mental.En seconrl lieu, entreprendre do persuador I'en-

fant, c'edt le placer sur lo 'pied ù'ëgali'té avec les

p&rentso ce. qui n'est point sans danger I c'es[ lui

iermettro de disoutei,"do contredire ou de réfu'i.r; c'est éventuellemsnt aussi se fairo réfuter et

corriger, si la répartie est tardive ou si la présenco

d'esprit, vient à manquer.Ei cette lutte périlleuseo dût-elle tourner à I'avan-

tage des parents, ost encoro' par soi, chose inconve-

nante et ridicule.Errréalité; celaest inévitable, l'enfant, pressé dans

sss derniérsretranchements, en amive toujours'dans

cette polémique, à donner des raisons absurdes pour

se justifier.La conséquence' la voici :

Les parepts s'irritent de pette argunreQtation par

trop humiliantel e[, pôussés à'bout à leur tour,finissent paripvoguer lour autorité et leur expérience,

c'est-à-direo répétôns l9 tnot? par s'imposor' mais tar'divementl ,

Souvent même ils per{ent leur sang'froid, après

avoir toujours diminué lour dignité.

Ah ! il est bien rare que, dans cette joute insoute'nable,le père, lassé des réflexions saugrenues de son

igune adversaire, n'én arrivo pas à letraiter de < gros

sot ou ile petit imbécile >. Tel est le mot final ordi-

naire de ces sortes do dialogues déplaeés et mala-ilroits.'

x8*

Page 148: Les enfants mal élevés

{36 LES ENF'N.NTS MAL ÉIEVÉS

Puis, quandle jeune homme &ura lG ans, d8ans;quand il sera enivré d'indépendanco, assoiffé dcdésirs, croit-on, que la sentimentalité molle et va-SUoo ou les considérations rationnelles sur lesquelleson fait,fond, auront raison depassionsfougueuses...?Croit-on qu'il suffira à la mère, comme nous ledisions tout à l'heure, de s'écrier d'une voix mélo-dramatique: < Malheureun enfant I tu ne rn'aimestlonc plus I D pour que celui-ci désarme sur-le-champ,et devienne tout à coup souple, facilc et transformé?

*ç*x

Lycurgue, voulant donner une loçon au pouple,prit deux jeunes chiens de raco, issus de la mêmernère.

L'un, fut,élevé avec délicatessel l'autre, sous unesévère discipline.

Un jour, le législateur déposa à l'entr6e d.e Iaplace de Sparte une gamelle alléchante, eto se pla-çant plus loin, lança un lièws qu'il avait entre lesmains. On lâcha les deux chions : le,premiér courutdroit à la pâtée; le second,. sauta sur le lièvre réso-lirment. L'un avait perdu ses qualités natives; I'au-tre les avait conservées et développées,

Ainsi, les friandises , Ia' couchette molle: con-viennent à la levrette, qui n'est qu'un charnran| tou-tou : un rude dressago seul peut formor un vraiterrier ou un bon chien rle berger.

*#*

Poursuivons Ia comparaison.

Page 149: Les enfants mal élevés

L'AUTORITÉ uT LA coRRECTIoN I3T

Un individu a un fils.. . êt un chien.Comment se comporte-t il à l'égard de ce dernier ?

Il cherche à so l'attacher, à lui faire connaître etaimer Iamaison; il ne le laisse point divaguer à safantaisie. trl se préoccupe de le faire obéir en em-ployant, tantôt la menace, tantôt les caresses,le fouetou le morceau de sucre, avec discernement of ré-serre. Il Iui apprend à affronter le danger; à ne pasredouter les épines du chemin ni les eaux de la ri-vière; à nc point, s'effrayer au bruit d'une locomo-tive ni aux cris des passants; à subir les taquineriessans rnordre, et le châ[iment sans se révolter; il leplace enlin dans la compagnie de chiens de race, dechiens choisis, pour lui faire partager lcurs bonsinstincts.

..., Eh bien ! qu'il prenno au moius Ie môrne soucide son lils !

Sinon, I'enfant deviendr& un grand garçan; maisnon point un hamme, au setrs élevé du mot.

*B**

Ici se présente une ohjection.Ne la l'uyons pas.c L'autorité, dit-on, produit la discipline: d'ac-

c cord I Mais allez-vous anéantir dans l,enfant lesc tendresses natives, tra grâce. les harmonies quic constituent son charmant apanage? Ira seule auto-c rité, sans le secours du sentiment, ne doit-elle pass éteindre tout cela dans yos filso en desséchanta leur cæur, et en étouffant les délicatesses de l'ârne ?c Ï,es avantages de ce régimen un peu trop militaire,c compenseront-ils les qualités ot les heureuseg

Page 150: Les enfants mal élevés

rsg tus ENFÀxrs MÀL ÉlnvÉs

a tendances comprinnées dans leur germe por urc rigorisme imprudent? >

Nous répondronso qu'il est parfaitement possiblo

d'utiliser la très précieuso of très utile influence du

sentiment, à condition ça'on sache employer succns-

srvEMENr, ET llaNs rjonnns YouLIIr ces doux grands fac'teurs de l'éducation s

La discipline d" q,bord ;E t ensuî,t e,, la persuasion.

*8*

L'objection précédente, loin d'infirmer la thèse

sutqritâire que nous poutenons, nous permettra dg

dérnontrer, que' l' ëducatî'on commencée dans la dis', cipline peut, Er DoIr sE cotupl,Étnn par l'éclueation

du cæur; tandis qu'il n'est pas possible, une fois

l'éducation sentimentalo reaonnq9 ipsuflisante, de

recourir utilement à Ja sévérité.

C'est ee qui nous reste à établir on quelques mots',i

**'r

Yoici ce gui se Passe d'ordinaire'

Fendant les pre,mières années, on laisse l'onf'ant

prendro des habitudes dindépendanco, et suiwe sa

volonté. - c Ses oxigoncesr assuro't-oû, ne portant

c après tout, que sur dos choses insignifiantes ou

u dà peu d'in rportaqco' on ne se compromet poinlc oo cédant. Ya-t-on provoquer une scène; uno

s révolte, bouleverser la 4aison, se mettre hors de

r soi, en venir aux rigueurs et à la correction,

Page 151: Les enfants mal élevés

L'ÀI]TORITÉ UT T,I CORRECTION I39

< plutôt que de condescendre à une fantaisie, qui.r après tou[, n'a rion de bien méchant... ? D

Et I'on en conclut, quo ce sorêit irriter à plaisirl'enfant et I'exaspérer sottement, que do refuser lo

bout de papier, le jeton, la futilité enfin qu'il désire.Ici, nous ferons la distinction suivante :

c Donnons, accordons l'objet sollicité; soit I Musa nn cÉoows pÀs epnÈs ÀYoIR nurusÉ. lr I

Qu'importe la chose contestée t Là n'estpas la gues-

tron, car lo jouet' est à peine en cause.

Ce qui est d'un intérêt majeur, c'est de savoir si,

en marchandant, en insistant, I'enfant nous ferarevenir sur la résolution prise; c'est de savoir, si leou et lo r,sorv, finissent par devenir synonymos, si

enfin il n'y a pas de danger à nous conigero et ànous voir corriger comme inconséquonts et légers.

Une quittanco, un bordorsau, une facture ne sônt

que des morceaux de papier...rl un loui,s ressemble

à un dimple jeton; et cependant nous ne les livro-rons pas si l'enfant los réclame.

^binsi tl'on revient sur I'ordre donné, en permettantde prendre une simple peloto de laine ou une cânne

refusées, et l'on résiste quand il s'agit d'un canif ou

cl'un fusil... J'entends bien que pour agir ainsinvousavez vos raisons, ô oousr' mais cela n'empêehe pas

l'enfant d'avoir ses idées ù lwi.Est-ce qu'il mesure le danger?Or, s'il a obtenu le bâton, GRAcE a soN nst$tercn, iI

iera tapage, n'en doutpz P&s, dans I'espoir de posse-

der le fusil gdon ne Q)eut point lui livrer.

***

Page 152: Les enfants mal élevés

t&o LEs ENFÀNTs MÀL rluvÉs

,r Il est si jeunetdit-on encoro- Ohl plus tardo ou

a le mettra à la raison. IPlus tartl t Ie Pourra-t-on ?

C'est bien invraisemblable...Ce que I'expérience enseigne' &u contraire, c'est

que si, l,'enfant n'est pas mâtë dès trois ou quatre

ànt,, i,t est presque certain qu'il ne le sera iamais'L'obéissance, n'est pas moins une HÀBIIuDE' quo

l'insubordination.

'ru#*

Bientôt, le petit indiscipliné n'estplus un baby.

Il & grantli, Cesl.-à-dire que son insoumission

esl scandaleuse ; son arrogance, intoléra-blo : on

en a honte tc Il n'est que temps de réagirr r pensont les

parents, après un esclandre ; c il faut désormais lstenit sercd >.

Bt pourla première fois, on voudre sans transition

prendre le dessusn et parler d'autorité.C,est peine perdue.Il ust rRoP TARD...

+r**

Se résout-on-béanmoins à user de rigueur, et à

recourir à la correction?On reneontrera alors uno telle résistance physigue,

et une tel entêtement, que les parents eux-mêmes,

effrayés tle l'éclat et du bruit qui les menacent,

abandonneront Ie plus souvent la lutte.Si par ùrasard on tient bon quand même, l'enfant

Page 153: Les enfants mal élevés

L'AUTORITÉ ET LA CONRECTION I4I

indigné de ce changenront subit dans la eonduitepaternello, gardera, nourrira au,fond du oæur unesourde rancune; il rongera le frein, et maudira lefoyer où on I'a châtié : car il est à l'âge où l'orgueilressent iléjà vivement les blessures de I'humiliation.On le voit : le rdgime d,'autorité ne peut suecéderau mode senti,mental ori,gdnai,l"e.

*#q,

Consul[ons lrr logique, e[ elle notrs apprendraaussi qu'il convient d'ernployer I'autorité cl'abord,tant que l'enfant n'est pas assez raisonnable pourcomprendro, pas assez sago ni assez fort pour se

vaincre soi-même.Après, on fera appel &u cæur, au sentiment,

quand I'enfant grandi, sera maître do sa raison etde son intelligence.

On utilisera ainsi avec prolit les ùoux 'procédés

d'éducation, également officaces, avons-nous dit, siI'on sait les placer dans leur ordre logique : la Sévé-rité; nurs, la Douceur.

Pour diriger une branche, on commence, n'est-il pas vrai, par user de la forco et même du fer...Ensuite. il suffit d'un sirnple fiI, dun faible joncpour la maintenir dans la direction voulue...

II y a complète analogie avec les lois de l'éduca-tion.

lg**

Nous savons à mervoille que de tendres mamansprétendront quo la sévérité diminuerait l'affectiondes onfants..,.

Page 154: Les enfants mal élevés

,12 r.ps.uNn'l.Nts MÀt ÉmvÉs

Nous croyons l'idée inolacte.C'est I'imnatiencè, l'inégalité dans Ia répression;

be sont surtout los gronderies incessantes, qui dé-tachént les enl'ants.

D'aillours être sëaère, commo rious l'entendons,n'est point ne rien permettre, ne rien passer? of ré-crinniner sur tout, (ce qui serait désastreux). Bienau eontrairel c'est commandor rarement mais for-mellement, afin d'accorder à I'enfant, sans risquepour lui et sans danger pour l'autorité paternolie,LE MÀxruw DE LIBEnTÉ possnln.

On laisse volontiers llotter les rênes du coursierque I'on sait pouvoir brider à tennps, quand on lon-gera le précipice de le route;'on no tiànt pas cons-tamment à l'attaohe qi sous le fouet, lo chien fidèlequi a pris I'habitude d'obéir àla voix de son rnaîtro.

L'excès do liberté appclle bientôt Ia servil,udo:serrlo, lu araie l'orce osg se urontrer toiéran[e...

Page 155: Les enfants mal élevés

THAPITRE DEUXT!.IS{E

LES INCORRIGIBLES

Y A-T-IT. DES ENFÀNM'B INCORnIGIBTES ?

Ptréoisons la question,insoluble à notro avis, si on

la présente sous cette forme trop vague.

f," Veut-on dire, qu'il y a dos enfants qu'il est im-

possible ile disciplinero une - fois qu'on leur a lalssÉ

p*r"oo*" une direction mauvaise.. . ?

Certos,. dans ce cas' on a, mills fois raison de les

juger incorrigibles. C'eçt à n'on pas douter irrémé-

âi"nt" ; l'enfaTtt est rnal. éIeoé-

On a commgncé Ïæuwe quand on devait la tormi'ner : voilà tout.

2. Mais veùt-on diro qu'il o'y a pas moyon d'a'

voir raison d'enfants de deuxo trois ou quatrs ans'

et qu'il est tol bambin si terrible quo le père ou le

m"ittu rloit rlésarmor dovant lui...?Nous ne saurions l'admettre.

**t

On insiste.U y &? afffrme-t-on, des natures rebelles Par

instinct, des êtros mal nés, sur lesquelston ne peut

rien: en un mot. des enfantd réfractaires; qu'on

Page 156: Les enfants mal élevés

I&& LES ENFANTS MÀL ÉtEVÉS

est en droit de proclamer en toute vérité, incorri.gibles.

**x

Mettons-nous en. gardo contre de pareilles théo.ries I Car si elles sont oxactes. force ser& en bonnelogique, de nier la moralité, et même la rosponsa-bilité humaino. L'homme sera l'instrument aveugled'une nature vicieuse, et la victime de la Fatalitéqui pèse sur lui...

Avec ce système, on en arrivorait à remplacer dansl'organisstion sociale, la prison r6pressive per ,la

maison do santé, et I'éducateur par Ie médecin.Il o'y aurait ni fautes, ni crimes : mais seulernent

des maladies.Yoilà où conduisent, ces vieux clichés, ces précep-

tes faciles qui ont cours dans Ia conversation, maisqui, pour le philosophe, sont autant de dangereusesaberrations et d'inquiétants sophisrnes. D'ailleurs,décomposons l'objection pour la mieux étudier.

x**

Que réponclrait-on, à cotte question : < Peut-ona courber une brancho de chêne et en former unc cercle. régulier ? >>

... Nan,sil'on ne dépensepas l'effortnécessaire; sil'on vcut ployer la tige sans préparation ; si depuislongtemps olle poussedo travers ; si l'on ne tient point'compte du fil ilu bois ; si l'on vêut terminer l'essaisn une heure...

,,. Oui, si l'on procèdo peuàpeu ; sr I'on prend la

Page 157: Les enfants mal élevés

..'âar.\É .- t-'

L,AUIORITÉ ET LA qONNECTION I{$

tige rnùs pnrrru encore; si on la place dans le milieuqui doit l'assouplir... Oui t grâce à cos soins, grâceà ces précautions, on obtiendra presque srîrement uncercle parfait.

a Alors t c'est un travail énorme que celui de l'é-a ducation I C'est un assujettissement contihuel, unec fatiguo incessanto... I D

Mais qui donc a dit Ie contraire?Personne que je sache I

L'éducation, ainsi que touteæuvre humaine c vautce qu'elle cofito r selonl'admirablelangage d'Ozanam.

Rien de plus profond, ni tle plus judicieux.

. *u***

Quiconque observe le monde avec attention, e[sans parti pris, reconnaît viue qu'il y a deux sor[esd'enfants mal élevés.. lo Ceuxr{ue l'on n'a pas prus LA pEtNEde surveiller;

2o Ceux, que l'on n'a pÀs su diriger comme il con-venait.

Il existe desprocédés de dressagepour leschevàuxet les chiens, un régime pour Ie bétail; l,élevage etses règles constituont même une espèce de code ;mais chacun croit savoir d'intuition cot ar[ si com-plexe, qui doit faire d'un enfant, un homme...

On apprend tout t excepté cette science diffrc-rlecomme nulle autro, et dont I'importance es[ incorn.parable t

s**

t0

Page 158: Les enfants mal élevés

I4S tES ENFANTS MAL ELT]VÉS

Donnons une formule à notre thèse pour en facili-

tor la démonstration:Les enfants sont nza,l élçaës, quelquefois par lir'

FAurE, et presque tbuiours Pa,r /e s'en des parents'

Si nous disons c presque toujours r, Cosû parpurê

concession; gflr dAns notre intirno pensée nous vou-

drions dire : toujours , au moi,n$ pq,r lewr fai't'Yoilà qui semblera tout d abord une gxagtlration,

une simple fantaisie I' u Quoi t pgut-on nier l'inilisciplir,re native, le tem-

pérament intraitable , chez certainos ( netures

< ingrates... D

... Nous,savons tout ce qu'on'pcut écrire àce sujet;

néanmoins notro conviction reste entière'A noug de prouverr'que nous ne nous laissons

pas séduire par l'attrait du paradoxe, ni par l'amour

de ToriginalitéEn atltendant, qu'on veuille bien ne pas juger le

procès avant la plaidoirie, et qu'on nous àccorde

quelques instants d attention sa,ns conclure prématu'

rément.ryu*'r

Définissons leg mots : t

I. - On élève rnal Pm sa FAIJTE :

Quanil on ne veut pas s'occuper de fenfant, cela

somblant tnop ennuyeux...; quanfl on'le sacrifie au

charmo des distractions mondaines ou à la fièvre

des affairés.,. ; quantl on Ie dissipe à ploisir"' ;

quand on lo place à côté de tentations probables" ';quand on le produit dans des rÉunions peu sérieuses

ou même dangeneuses.o'

En est-il jamais ainsi-..? Car enfin' cette étude

Page 159: Les enfants mal élevés

I'AUTORITÉ ET LA CORRECTION I&7

ne s'occupe point dos has-fonds do la société, où lovice es[ une habitude, et la corruption une sortede science...

o Que des parents honnêtes, (puisque c'est rl'euxs seuls qu'il s'agit) se trompento fassent faussea route...; on le comprendl dira-t-on. Mais que, dee gaieté de cæur, ils amoiqdrissent la vertu de leurc enfant, alors que, légalement et moralemeni, ilsc sont responsables de sa cond.uite, of doivent être les< premières victimes de la rnauvaise direction< donnéo...; voilà qui n'est guère admissible t >

Cela os[ pourtant possible, puisque cela esf.Sans doute hélas t dans un monde quo vous igno-

tez) on voit d'odieuses compromisgions, des calculsinavouables, de honteux tralics, dont la statistiquo etIes tribunaux criminels dévoilent l'histoirer or la,-mentable ou révoltante,

Nous n'en parlons pas.Cependant, d.ans un milieu qui fait partie de ce

qu'il ost convonu d'appeler Ia < société De ne vpit-onpas des pères, og-beaux, viveurs retraités, galantshonoraireso faisant fondre les glaces do l'âge, et ré-chauffant leur vieillesso au tiède soleil d'un c été deSaint-Martin >, ne les voit-on pas, disons-m@us, re-venir pour un temps à la vie de plaisirs d'autrofois,en y associan[ dans une certaine mesure un grandfils, qui est rayi, enchanté, de trouver dans don &u-teur un ioyeux compagnon, au lieu d'uncenseur im-portun...

Lo père, de son côtéu n'est pas fâché de cette pro-tection {iliale, qui lui permet tle so c rajeunir unpeu E, en ne se compromettant pas trop.

Page 160: Les enfants mal élevés

t&8 LES ENFANTS. ltAL ELEVES-t

Et que pourrait dire la mère?

Ce n'est pas un époux frivole qui se distrait: Ccstun bon père qui amuse son fils et lur fait, connaître lemonde... c Ne le dis pas à ta mère, elLa nous firon-derait... t r

Grâce à Dieu ! cetto physionomie os[ rare, sans

être toutefois introuvable.

n**

Ne qous attardons point.Hàtons-nsus d'arriver à la seconde catégorie do

parents, honnêtes au sens vulgaire, qui donnent

éoro.e par leur faute une éducation mauvaise.

lantôt par eupidité, tantôt par ambition, uo père

autoriso telle société peu correcte, telle intimité im-prud.ente ou déplacée.

s, Danne! Ie gai,ttard est bien tournë.../ se dit-il< tout basret s'i,l deaenait la cogueluche de quelque

t ri,chehëritière, oùserai,t temal? tN'avez-vous pas entendu de ces hommes, braves

gens au demeurant, tonant ce langage à leurs fils :

i nn bi.en ! mauuai's suiet ! i'en apprend's d'e belles

s sLtr ton compte... il paralt que tu fai,s des con'a. guêtes, ytetitPolisson! Y

Qu'y-a+-il au fond de tout cola? Fourquoi ce ta-

page? Fourquoi ces phr_ases sonores?' È*tt. que le jeune < darnoiseau D a eu la complai-

sance de porteràlapromenade l'écharpe de ces dernoi-

selles, oo l.o* agracieusemont céilésa place au ccro-

c quot r... co qui est ile simple pqlitesse; 9u encore,

parco quo, avant son tour, il a spontanérnent mis

Page 161: Les enfants mal élevés

I,'ÀUTORITÉ ET LÀ UONKECTION T4O

sur son grand nez le bandeau traditionnol des jeuide salon.

Mais l'idée gue son fils est un garçon entrepre-nant, flatto l'orgueil du père r {ui surfait, d'unefaçon misérable, of grossit d'une manière grotesqueles clérnarches les plus communes, et les incidentsles plus vulgairos.

Lo propos paternel n'est après tout gu'une plaisan-terie, objectera-t-on.

C'est possiblo, disons même probable; mais le'jeune homme, lui, y verra un encouragoment for-mel à sortir de la sege réservo où il croyait devoirso renfermer jusque-là.

Et si le fils s'autorisant do ce langago, dépasse unjour les limites du badinage ; à qui la fauto en réa-lit6... ?

***

- Montons plus haut.Yoici une très honnête mère, une fomme excel-

lente. Sa concierge la voyant sortir tous les diman-ches, vers midi trois quarts, avec un petit livre à

tranche dorée, la juge une femme pieuse...Cette mère a une fille sériouseo modeste, char-

rnante do candeur, simple comme un enfant, purecemme un ange ! si puro même, que la mère est

toute chagrino, quand elle roncontro dans le monded'autres jeunes lilles, ayant le verbo haut, le regardpresque osé, et un petit sans fagon d'allures qui lesfait s affisamment romarquer.

.Elle est très mortiliée par la comparaison à laquelle

Page 162: Les enfants mal élevés

tso LEs ENFANTs MÂI, ÉInvÉs

elle se liws en silence... c Sa lille, hélas!ne saitpae so faire valoir, pense-t-olle avec trietesse... il faun se I'avouer t ses amies, qui cortes ne la valent pas,

: ::ï:t"*I':.:g:ases er confisq_uenr àreur profitc égards et attentions... Non t jj o, Àoipu* sec ieter à la tôte des gens, mars on serait bienc sotte do laiqser touto lJphcoaux autres...Leur en-c train ry! un peu tapagur. et leur

"rruo*o*-u"r*r-c< sivoo si I'on veu[ ; *"is enfin! eiles ptaisent , ",ustc clair, c'est évident! >

Désormais, cette pauvre mère n,a plus qu,un désir.:voir sa lille imiter les amies en qui ôn, ria*ait jadisun léger manquo de distinction.

Le succès est à ce prix.s' an ne dait pas efragërer les me*Ieure$ erto-s rds.r. Il faut ce qu,dl faut... II y a ,Lr%ê M,es,tme en< tout'.. r Tels sont les conseils, irès rro-"i.r, san*douteo majs regrettableso dbnt iu yuon"

-Àrl, sorapoursuivie. u ---

Exauiinons Ia métamorphose :sur Io conseil maternei, Jes coifiures doviennent

rnoins a calmes r; Ies robos plus voyantes; les mod.esplus < enlevées r.Le_ iour, on conduit la jeune fllle là où il y a du

ûrondo : expositipns, cou*reu, concerts; et là soir,on la niène dans /e monde.

Jugez do la joie matern'eile, Ia nuit où ra Jeunefille n'a pas menqué une seule contreclanset...Eh bien ! on rondrait servico à cette rnèro, en lui

apprenant que les jeunes gens, mêmeles plus iocoo_sidéréso sont moins sôts qu'oo ae se l'irnigino d,or-dinaire. (

Page 163: Les enfants mal élevés

L'ÀûÎoruTÉ st Ll coRREcTIoNtËl

Four eux? commo pour tous' il oxiste d'ons les sa-

Ions deux catégooiu' au itsuî filles' nettement dis-

tinctes'... , "rllu'ï'ôtË;ffre Ie bras'et CELLE dortt

;;ï;""tle Ia maân'

Ire valss,lt .';;ptessb euprèg de beaucoup' et pa-

pillonne autour ite tgufe3t r .

L'épouseo* *" irlus ctiscret': il se réserve' et ad-

mire en silencs"'xser

Tout s'enchainont' oû croira bon do forcer un peu

";:li lu pru*ière fois.' la jeune l]]: enrendra uno

pièce risquëe,,-1Ui'o sait ce gu'iI peut y "::tt sous

co mot l); et lbn visitera des musées aux æuvres

mal voilées '

Quant aux lectures? reoonnaissons qu'on nê per-

mettra riert ;; déshonnête; mais on tolérera tel

Iivre qu'on ""t"ii défenilu un mois auparavant"'

' La nuance est perceptible' . . r- -^:^^-Enfinlàforceiedévouementotdepoines'lapau-

vre femmo en arrivsra sans douto à défraîchir légè-

' rentent, pa,r -;;;;; tette fleur suarie' tondro et 'léIi-

;;ilil; d';no ieune fille"" s& fille I

***

il. - Parlons maintenant def aulTt ""Tgorie

ffen-

fants mal élevés, à savoir : ceux gâtés par LE rnrt des

parents.. Confessons vite que' quelquefois

mère. tout on '1*ot

oonscience do

un Père ou ultslcur austère do-

Page 164: Les enfants mal élevés

lr

T'' LES ENFANîS MAt ÉIEVÉS

voir d'éducateurs, tout en comprenant leur si hauternission, ne parviendront pas à faire le néeessaire,

en dépit de leur ardent désir de se sacrifier' à leurenfant.

Supposons un père libre-penseur, et une mèrecroyante.

Le père néglige toute éducation sérieuse, et tentefollement sur son fils l'épreuve du systèmo do Jean-

Jacques.Ici, la mère n'est pas enfaute...Cependant, Cest au moins par lo fait du père

que l'enfant n'aura pas de diroction utile.On le voit, cette hypothèse, rnême, loin de conn-

battre notre thèse,la conftrme de tout point.

x8*

On demeuro interdit, quand on voit avec quêlles{pdnité des parents sacrifient le cæur do leurs en-fants I

Prenant au hasard trois familles dans un mêmegroupé, voici-co que nous trouvons :

- 'Mn **' a,'youor t[u'au pensionnat ou au collègo?sofi

ftls se trouve :âir contact avee plusieurs c véritablos< petits'voyous u. Il y a bien à quelques licues de Ià,à R.", une maisond'éducationparfaite;mais les jours

de sortie, il faudrait aller chercher l'enfant : c Ce

< sorait par trop gênant... > Et on ne veut point se'gêner.

Inversement, M'4.'., qui habite R..., expédie

son fils loin de luio près d.'un vieil oncle célibateire

gui joue lerôlo de correspondant- Là.,Ie ieune hornme

Page 165: Les enfants mal élevés

L'AUTORIIÉ ET tA CORRECTTON rltaura, sr)u$ la rnuin les romans les plus éhontés; ef,sous les yeux, la société la plus mélangée... On serésigne, car on escompte la succession de oe ioyeuxdrille.

- lf[nr Y..., mère de deux enfants, a pour voisinoune veuvo, étrange personne dont le langage estquelguefbis < plus que leste r, et qui, très souventdescend passer la soirée pour se désennuyor. A oncroire la maman, son tls a ressenti la plus fâcheuseinllueuce de cotte conversation intempéranto. Cen'est point tout t cette voisine a elle-môme un grantlfi.ls indignement élevé, qui vient aussi rondro visiteà llfl'tru Y... et, àsa jeunelille; et cette dernière ne,voit pas sans plaisir ces assiduités presque quoti-diennes. < Mais, ajoute sa mère r poui rien auc monde, je ne voudrais que la chèro petite pfita rêver un seul instant une pereille union t r

Et cependant,elle restera dans cetto maison... Son-gez donc t changer ses habituiles pour sauvegarderdeux enfants t quitter Ïapparter.nent qu'elle occupedepuisvingt,,ans...l

' r -rd'#yt\

Ah I si on la menaçait d'augmenter sod*Ib;$gæeÏserair aurre choser

ffuiJi:;"I,.fl#**. l*" .!+ li:*On élève mal par son f ai,t ..

Quand, malgré de bonnbs intentiong, malgré lavolonté générale de réussir dans l'éducation, àn s'yprontl rnal, ou au rebours de co qu'il conviendrait,

Dans res cas divers, I'enfant n'est-il pas encorevictime de nos emeurs?

Page 166: Les enfants mal élevés

$r LES ENFANTS MÀL ELEVÉË

Voici ptr exemplo une nature tendre, expansiveaffeetueuse : on lui tledt iigueur à l'oxcès, on l'élèvesèchement.

Tel autre enfant qst ard.ento prime-sautier, pleinde ressort et, d'énorgio. Il cirnviendrait do le mâtorau plus tôt... : on lui luisso la bride sur le eou t

Les parents n'ont pas tenu'compto de ces tendan*ces : ils n'ont pal sg les combattre.

Ce n'est pâs leur faute .' d'accord I Toutefois,I'insuccès proviendra de leur fait. ,

Or c'est exactement co quo nous croyons, et pré-tendons.

***

Une petite fille a des parents vaniteux... La vueffun onfant d'humblo tonue, lpin d'éveiller on elle lasympathie et Ia pitié,lui suggère des scntiments d'or-'gueil et de sotte fierté. EIIo refuse de jouer avec

celle dont, le r'êtement est plus modesto que le bien;,mais au lieu de l'éconduire avec douceur, elle diradun air pincé et d'uno voix brève cette dureparole : < Merci, Mad,emoiselle, 'ûous n'êtes pas

o,ssez bim rndse. >

Et le propos coupable, Do sora poinû séyèrementblâmé.

On fermera l'oreillo, sans comprondre que cette

mauvaise parole est encore plus funesto pour qui laprononce, qu'humiliante pour qui la subit. :

Ces pauwes parents, tout en ayant I'intention de

bien faire, se contentent de voir los ohoses de si haut

Page 167: Les enfants mal élevés

L'AUToRITÉ ET LÀ CORAECflGd I5!

et de si loin.., qu'ils finissent par ne plus rien a,per-cevoir ùu tout.

Ils oublient, que la waio éducation se compose de

minuties apparentesr dlincidedts quotidieins, de détailsmultiples, qui rapprochés les uns des autres, con-stituent le fond mêmo de I'esprit et du caractère ; ilsoublient en un mot cluo e.'est I'æuvre de tous les in-stants I

Semblables pr6occupations leur paraissent meii-guines, insignifiantes, oxagéréos...

trls croient faire a,ssez, en faisantbeaweoup afrn de

bien élever leur enfant,; alors quo leur devoir impé-'rieux et saeré, est de tou'r ['aIRE? pour aider à ce

résultat.Car co'n'ost pas seulement au regard d'un mondè

indulgent, mais devant, ce jugo sér'èrerla Conscience,que nous sommes comptables des sontiments incul-qués à nos enfants.

"%On conduit donc lapetite {ille dans les bals onfan-

tins, uù çlle éehango sa naïvo candeur, contre l'irnita-tion déplacéo dusages de commando of clo convon-tions mondaines.

Elle choisit ses jeunos cavaliers d'uno façon exclu-sivo; ce qui enchante les parents.

Voit-on poindre une coquetterie pr6coco...? Ldsuccès est complet; et I'on cache rnal.la joie qu'onen éprouve.

Et, copendant I pourquoi tan[ se hâter de mrlrirflvairt Ïheure cotte âme à peine éoloso, et d'égrenor

Page 168: Les enfants mal élevés

rs6 LEs ENFANTS MAL Ér,evÉs

ses illusions enfantinos... ? Pourquoi y somer los vani-tés, l'envie, les jalousios, comme si les tristesses etles déceptions n'arrivaient pes assez tôL dans lavie...? Pourquoi réduiro les années d'une jeunesseodéjà si fugitive.. . ?

.r Les chérubins ont bien le tempsc I)e connaître notre misèret

(, Parei,ls f euæ sontsans conséqumce pàur euu.( assure-t-on; ee sont des enfants.., D

Moins gu'on ne le penso t -

x*x

Puis, jeune lTlle, elle apprendra des proverbes desociété, saynètes qu'on étudie tout l'hiver, pour noles point savoir au printemps.

Qu'importe après tout t ne sont-ce pas'les répéti-tions qui présentent le véritable attrait ? '

Et pourquoi?Parco qu'on aur& le droit - de par scs parenl,s -de d.ire ct de redire, en tant que ( personnago r, ce que

l'on ne pourrait ni n'oserait exprimer, dans les.'rela-tions ordinairés de la vie.

< Mais puisque c'est dans le rdle... ! >

Ah I la plus curieuse comédie est bien cellcqu'on joue à son insu I

Lo choix de la pièce, les rQles ou réclamés ou dis-tribubs, tout est un intéressant sujet d'études et d.c

révélations piquantes pour I'observateur.Enfin, pour former la débutante? ou plus souvenl,

encore pour ne point se priver eux-mêmes d'une

Page 169: Les enfants mal élevés

L'auroRITE ur r-,n connEcrloN ,rï7

distraction qui plait, los parents la conduiront dansIa plupart des théâtres.

D'abord olle rira sans comprendro - heureuse.mentt Ensui te, elle comprendra, sans pouvoir sourire. . .

Supposons une domestique ind.iscrète racontant,en manière d'anecdote, l'intrigue qui fait le fond de

la pièce à Iaquelle lnenfant a assisté... On chasseraitIa coupable avec indignation I

-- s, Imaginez-oous cette mi,sdrable d,isant depareilles cltoses ù,ma ftl,le! C'est abominable! >

,***

Tout en la préparant pour la vie élégante et brit-lante, on n'oublie pas les études classiques.

Denos jours l'instruction apfisune eitension [elle,qu'elle prime et, absorbe en quelque sorte I' éducation,evec laquelle les esprits superficiels sont tentés defaire confusion fréquente.

Cela est si vrai, gue, journellement, pour diroqu'une ieune fille a suivi pendant do longues annéesdes cours supérieurs, on s'exprime ainsi : elle a reçuune ( éducation r très complète.

On ne voit pas de différence entre ces deux rnots. si distincts, commo le sont ffailleurs les idées t1u'ilsreprésentent.

Ahl qu'il est curieux d'entendre la mè1o disant, àhaute voix,avec les inllexions voulues que le iecteursaura imaginer : << Hier, en sortant de- la Sorbomne'<r

a,uec ma fi,11e... Dema'in, en allant e,oecma fille ut la Sorbonne,..'o

Page 170: Les enfants mal élevés

{58

C'est à domander gràce t

Ira mère, rouge de joie, écoute &vec unosance émue, tout en simulant I'inditlérence.

Etl'on quitte le salon en se disant: voilàune jeuniepersonno qui serait parfaite, si elle savait moins- dechoses I

Ce qu'elle a gagné en connaissancos vaines,p.e compense pas o à beaucoup près, les grâcesnaturelles de son esprit qu'elle a eu grand poino àdéformer, sous le poids d'uno science plus massiveque solide.

...[Ine brillanto valseuse se

soirée, davoir cherché Bendant,

LES ENF'ANTS MÀL ÉIPVÉS

fiertest nous sommes loin de méconnaître lesdons de I'esprit chez la femme.

Disons même, qu'à notre aviso son intelligence esten général bien plus prompto, bien plus quverteque celle de l'homme.

Mais, autantun enseignqment sage et approprié es[favorable et utile à la jeune fille ; atrtant un fatrasde connaissances indigàsbs remplaçant les gualitésnaturelles do son esprit , lui dorrne une suffisanccregrettable, et même une nuq,uce de pédanterie fortdéplaisante.

On entend alors des convorsations où il y a tlotout..., excepté du goûtet du charme !

Et qu'est-ce qu'unejeunelille sans cela, mon Dieu IDans un discours incohérent et avçc une volubititéqui surprendn elle vous parlera en une demi-heure :

d'Origène et d'oxigène - des Guerres puniques et des

Dragonnades -de Caracalla et du phylloxéra -dela Révélation et de la Suggestion...

corpplai-

plaignait un jourentoute la matinée la

Page 171: Les enfants mal élevés

r,'ÀItToaITÉ ut t l' cstrfiEcrloN ts0

solution d'uno équation... une amie charitable q,urait

pu lui taire rennarquer: que le næud t{e son épaulet'te

ne tenait plus que d'u.n fiI, et qu'il manquait trois bou-

tons à ses gants...Mais d habitude, les jounes filles ont leurs gants

en état, tandis qu'une équation, est un travail non

vulgaire, qui distingue des profanes'.'A notre avrs, ici encore on confond' deux mots eto

deux itLées:

Se faire rerna,rçIuer) n'est poÊet nécessairoment

se distinguer.Loin de là t

**x

ilI. - Il y a un moyen facile, ce semble, do fotlr-nir la- preuve des allégations précédontes. C'est de

p*sruts o revue? les types principaux et ordinairesd'enfants mal élovéso et de constater si, oui ou non'ils ne sont point tels, au moins PAR LE r*rr de ceux

gui ont rnission de les diriger.Comme on le voit,, nous ne nous occupons plus

des parents coupables; mais seulement deceux {ui,'faqte de réIlexion ou d'expérience so méprennent,tbut en ayant de bonnes intentions.

tB*x

On citera le jeune PauI qui a quatro ou cinq ans:!l est raËeur et gourmand; il bat sa bonno, pince ses

fiæurs of monace sa mère...Oui, .il est mal élpvé.Mqis ee qu'on ne dit pas, Cest qu'on a ri de ses

Page 172: Les enfants mal élevés

'60 LES ENFANTS MAL ELEVÉS

oremiènes violences I c'est qq'on I'a menacé en vainde corroctions qui n'amivaient point I c'es[ qu'onaimait mieux céder à ce qu'on appelait, alors ses<r caprices D? que de résister.

On sc demande même si jamais il sera possiblede ressaisir I'autorité, dont on a négligé de s'armeren temps opportun.

En sorte que Cest par Ie fait des parents, quel'enfant est devenu insupportable.

*a'r

Autre exemple : Jean a six ou sept ans : il estin-solent, boudeur, exigeant. Il vend son obéissance, sefaisant pa,yer en jouets ou en pièces blanches lesplus légères concessions : à moins qu'il ne résisteouvertement.

A ses heuros do révolte, il traite son père deq vilain papa r, etc...

Lui encore, est très mal élevé, n'est-ilpasvrai?Mais ce qu'on ne raconte pas, c'est que, si le père

veut punir, la mère, elle, câlino le coupable, et dansson aveuglement, s'oublie quelquefois iusqu'à direàl'enfant pour Ie consoler : ( Viens,,rnon a,nge, aoee.<< ta petite mère I ton papa n'aôme pa,s son petits, ga?"çon... il est trop rndchant. n

Ou bion, si la mère donne un ordre, inflige unopunition,, le père maladroit lève l'interdit ou blârnetout haut la sér'érité maternello, sans mesurer lestorte de l'enfant, souvent, même sans savoir de quoiil s'agit...

Heureux I quand il ne contrecarre pas très pr.lsiti-

at

Page 173: Les enfants mal élevés

L'auronlrÉ nr r,n' connncrlotl lôl

vement sa femmc, on permettant ce qu'elle vientile défenilre I

Quoi t co n'est point parle fai,t ùes parents que cet

enfant est mal élevé..... ?

*r*x

- Louds a environ dix ans. Sa tenuee sos rrli['nières, son langago sont, détestables: sa farnillo en

rougit. Loin ffêtre affectueux, it ne cache pointl'ennui profond qu'il éprouve au foyer, où il no

trouve rien gui l'intéresse, I'attire ni le retienne.

Oertes,il est mal élevé.

Toutefois, si I'on remarque que pendant, ses jou'nes annéos, il était presque exclusivement auxmains des domestiques; et que, si par hasard les

parents se montraient, c'était pour grond.er et répri-mander; si I'on ajoute qu'un peu plus grand, il a été

placé dans un in[ernat où I'on s'est occupé beaucoup

de son intelligenco, un peu do son corps, et pas dutout de son c@ur...., alors, il est probable que l'é-tonnement cessera,

Étaient-ce les occupations du monde ou les affai-

rcs qui absorbaient,?Peuimporte I Pourlonfant, le r6sultat est le mêms:

il ost moralement abandonné.

*8*

- Pderce a quinze ans; il fait le désespoir de ses

parents..... ila été éconduitde divers collègos etinsti-tutions; ila les mollesses aftradissantos de la pilrosso'

',r.l

l^."t

Page 174: Les enfants mal élevés

IÉ2 LtsS ENFÀNTS MAL ÉtE\dS

et en même temps les ardeurs de I'insolence. It nrestintelligent guo s'il s'agit de mal faire... ou de fairomal.

Il appelle son père c Ie paternel r, et rit de sanaiïe mère.

il lit les romans à la mode, demande toujours deI'argent, vend ses dictionnaires, È'ouvre un crédigchez le pâtissier, insulte les domestiques. se moquode tout, le monde,..'

D

Au dire de son pèro, c'est non soulement un gn-fant mal élevé, mais s. %n rnëchant petit animal >.

Un jourr poussé à bout, on veut réagir: on ne lepeut plus.

..,.Ehbienl ce Pierro : c'estlrouis, CestJoano CestPaul avoc quelques années de plus.... De mauvais,il est devenu pire : le germo s'ost développé. Et ildevait en être ainsi du moment qunon le a laissaitfaire >.

Comment no l'avoir point prévu t

****,

ry. - Donc,les enfants sont mal élevé s par Ie faitdes parents:

Si l'on s'en remet 'à des mercenaires du soin del'éducation; s'il y a contradiction dans les orclres;si I'on tolèro auprès deux cles influences mauvaiscs Isi l'on no r)onne pas l'excmple soi-mèmo, etc...

Cela n' ôt, pas dou[eux. ,

lVlais de plus, il est divers cas spéciaux, où l,ondoit reconnaltre, que I'enfaut ost plutôt victime des

Page 175: Les enfants mal élevés

L'AUTORITÉ EÎ LÀ CORRECTION 163

circonstances que personnellement coupable. Et ees

hypothèses rentrent dans la présente catégorie. Pré-cisons:

- {Ja fils est le seul survivant de nombreux frè-ros et sæurs.... On le soigne à l'excès; on l'entoured'une sollicitude anxieuse. Il est si constammentchoyé et suivi, qu'il ûnit par prendre en grippe sa fa-

mille,etpar secouor ce joug fatigant qui lui ôte toutressort, toute initiative, et toute indépondance légi-time.

Ces attentions incessantes, ces soins exagéréso

touchants et respectables je n'en disconviens pts?

produisent en définitive un résultat 6nervant.

- Un homme de science, absorbé par le côtéphilosophrque dès grandes questions et d'es graYes

problèrnes qui occupent son esprit, parle de tout ùe'vant son {ils, qui, à peine sorti de l'enfanco, a tléjàfeuilleté en curieux, jusqu'à la dernièrepageo le livredela vie!Il a seize ans, dix-huitans.;., of c'es[ unpeti[ vieillard.

Ici encore, peut-on faire grief à l'enfant de sa

précocité inquiétante?

- Une mère roste veuve.... Lui faut-il par les

riguours s'aliéner le cæur do l'être béni, qui lui rap-pello le cher souvenir de celui qu'elle pleure?b'"ill*,r.s, sait-on être sévère quand la douleur vous

a meurlri, vous ôtant, touto éncrgie moralc of touteforce phyeïquo : on a tnop besoin de paix et do

calmo... Le malhcur veut le silenccLionlirnt 'ra donc grantlir, laissé à lui-môme pres-

que complètement.Exploitant lo situatiou, lo jeune homme alléguera

t,q

4

Page 176: Les enfants mal élevés

LES ENFANTS MAL ÉITVÉS

la.nécessité de telles déponseso l'avantage de tellescamaraderies, I'utilité de telles sorties dans I'intérêtdo son avenir.....Et la mèro, incapable de se rendrecompte par elle-même du bien-fondé de ces affirma.tions, en passera sans mot d.ire par toutes les fan-taisies imaginées psr son fils, en vue de l'indé-pendance qu il convoite.

Cependant, même dans ces douloureuses éventua-lités, l'expérience peut compensor dans une largemesure la cornplicité néfaste des événements"

Ouio cette digne mère affligée; qui ne veut pointse séparer do son fils qu'elle ost impuissante à élo-ver, aime son enfant d.'un grand amourt Mais telleautre qui, en cette occurronce, confierait à dos maî-tres strri et éprouvés l'éducation qu'olle no peutdonner par olle-même, ferait prûuvo d'une tendressoplus intotligente et, plus éclairée.

Elle aimorait mieuæ

Page 177: Les enfants mal élevés

CHAPITRE TROISIÈME

PARENTS GRONDEURS ET ENFANTS BOUDEURS

PUNIR RAREMENT er sÉvÈnEMENT

ùommençons par étudier :

LETI UENÀCES CONTINUETI.ES

<r Mon arni, ne touehe pas au feu, Cest dange.q, r'euû. ,,

Cinq minutes se passgnt...<tJe t'ai déjà d,it de ne pq,s toueher au feu; si tu

<< eonti,nues, tu iras dans le coin. >Aprèsdix minutos.. .: <<Est-ce çluetu, n'aspas corn-

< pris? Je t'ai dëfendu, à deuu reprises, de jouerK q,ûee le feu. Laprochaine foàs, jete mettrai ù la<< Ttorte. >>

L'enfant, accoutumé à entendre tout le jour desmenaces vaines, ne fait pas la moindre attention àcette défense.

Au bout d.'un guart d'heure on s'impe,tiente:s, Ecoute! si. tu ne ftni.spastouldesuite,toiln'aur.asct !)a,s de dessert. >

...., Une fois I'orage passér l'enfant recommencg àdésobéir avec le calme le plus parfait,

Page 178: Les enfants mal élevés

- .( MonDieu I quel enfant insupportable ! cesse-

<c ras-tu. enftn...f Voilà cent fois que je te dis la<< même chose. Q'est corn'tne si ie parlais à un<t mltr... Si tu ab lemalh.eur de toucher... seule-<c qrfi,êrlt dubout fl.u doigt auæ pincettes, tu ne sor-<< tiras pas. C estl eùaspérant ù la fin t >

Le bambin, quil sait à merveille en pareil cas ce que

parler... ne veu{ pas dire, ne tisonnera peut-êtreplus le feu; mais,l par instinct d'insubordination plu-tôt encore quo calculo se mettra à jouer avec lapincette interditel, en la faisant grincer contre lemarbre ou sonnef contre les chenêts.

Alors, la scènelrecommencera sur causo nouvetrle,

avec tor.ls les pements précédents.Enfin, on I'ev gravement << qlton ua lui ap.

< pliquer rrnborf. soufflet > pour sa ténacité provo-cante.

.... Au total,de menaces, p(

heure de luttes, d'impatiences et

l'enfant no va

.Depuis vingtintoléraole t

forte raison n'Tout cela a

tention d'exécu

En échango, osa désobéissan

Les récrimintomps, gue le

ÀNTS MAL ELEVES

la lutte est engagée... C'est

r rtaboutir e, nIEN ÀBsoruMENT; cardans le coin, ni à la porte; à plusil point châtié!dit en manière d'habitude, sans in-la menace.

tt.t

lui fera un sEnMoN TNTEnMTNABLE suret sur son entêtement...

onso les reproches dureront siit coupa$le s'irritera do ces

Page 179: Les enfants mal élevés

L'ÀuronrrÉ ET LÀ connncrroN t61

dories éternelles ; of de leur côté' les parents uss'

ront en pure perte le peu qu'ils ont d'autoritéo en

devenant? ( assommants et rabàcheurs D' (Ces expres-

sions sont triviales; mais olles n'ont pas d'équiv&'

lent.)Biôntôt, d'autres incidents se produiront et.seront

suivis de nouvelles désobéissances' et d'un discours

plus long encore: il n'y aur& JAr[aIs un instant de

répit pour personne I

ïft r *i l'Ënfant ne devien$ pas enragé ou fou' c'ost

qu'il p"nre à tout aulre chose quand :.1 l",t:t*onne'

' ...:. Et plus tard on s'étonnôra qu'il n'aime point

ce foyer dexasPérante mémoire t

Oui, nou, o'à**gérons pas: il y 1 des parenls Uui

pendant six ou huit ans redisent plusieurs lols par

i;;t à leur fils qu;ils uont -l.e 'ottigtt"'

Semblable

au tic'tac régulier 4u moulin qui finit par endormir

,"o, même qi'oo en ait, conscience, leur voix fait du

bruit, mais Ào Perd dans le vide'

.t-

Au licu de menacer de punitions aussi nombreuses

quo banales ; au lieu ffêtro un 'censeur (( à remon-

ttir-r, un prêcheur perPétuel, mieux vaut mille fois

sévir rnÈs alnnunnr m rnÈs sÉvÈnnusNT'

L'avantage est double e[ incontestable'

En effet, en punissan[ sans faiblcsseo dès le pre'

mier n1,o uu en1.àù d,' insub or d,ination, on inspirera

unc erainte salutaire.D'autre Part cette crainte,

qu'elle est fondée, suggér'era

efficace par 1à mêmo

la docilité, et disPen-

Page 180: Les enfants mal élevés

LES ENFÀIYTS MÂL ÛT,E\4S

sera pour longtemps de recourir à aucune sanetion; en sorte quo i'enfant viwa EABTTTELLEM*{' cnp+ix dans la famille, et il vous en saur& gré au delàde co que vous pouvez croirel

...Pas plus que la fleur du lotusr l'amour {ilial nss'épanouit dans les ondes agitéos.

A l'encontre, ladoubl" danger:

répression rruiQunnvro présente un ,

EIle oet ntolle, parcs quo les grands châtimentsne sauraient êtry trop rapprochés sans do gravesinconvéoients. Et elle est, répétée, parce [u,ellees[ nvsurnsarrrn pour intimider.

Yoilà pourquoi l'enfant gu'on réprimande à cha-gue instant, se moquo des peines insignifiantesqu'on lui fait entrevoir.

a On n'enmourra,pas, se dit-il en lui-même; il n,yc a pas do guoi s'émouvoir... >

ft il no s'émeut point.

**%

II y a pis encore lPoussé'rdansses derniers retran.chements, une mère sort de son caractère, .s,excite,

s'anime pour so donner du courage, et annonce qu'ilve y avoir uno exécution dont on se souviendra ,

c II y a longtemps qu'elle aurait dri so décider...3s il faat on finir une bonne fois...l >

pf, qu'administre-t-elle...? Le fouet...? (nous noparlons quo des jeunes.onfants.)

Page 181: Les enfants mal élevés

L'AUTORITE ET LÀ CORRECTION IO9

Non pas I Elle se contente d'une chiquenaudo

0u d'une tape imperceptible, destinée, semble-t-il, àsecouer la poussière ou à écarter une mouche impor-tuno.

Hélas I scmblable erreur est un réol désastre;oar on a pnouvÉ définitivemont àïenfant qu'il n'availrien à redouter : il va devenir un tyran domestique,et souffrira autant, que ses propres victimes.

:!atF"'*

Au contrairo, I'enfant châtié justement, fiit-ce avecrigueur, en voudra bien moins à ses parents, si, sa

faute une fois payée, on le lakse enfin tranguille !' L'expérience lo prouve.Disons mieux : quand il a certainement tort, sa

conscience le lui dit,'bien, woyez-le; il s'en rondcompte à merveille et ne garde pes rancune, à con-ditign, cela va de soi, qu'on n'ait point sévi d.'unemanière inconsidérée.

En résumé, rien ne semble plus prolitable quo lamise en pratique des principes suivants :

{o A la mqindre résistanca calculée, puniravec unovraie sévérit6 : là est le grand, secret d,e I'autoritd ;

2o Par contre, récompenser? féliciter l'enfant, etluiaccorder largement tendresses et caresses, aussitôtqulil montre la moinrlre bonne volonté.

Il sena même habile d'exalter cette bonne volonté :

notre {ils y attachera l'importance que nous y don-nerons nous-mêm6s.

Enfin, en faisant semblant de le croire doué de telleverl,u, qualité ou aptitude, on fera naître en lui I'idéeet ie désir de la conouérir.

Page 182: Les enfants mal élevés

(70 LEs ENFÀNTs MAL Ér,uvÉs

r,'ogûssaNcn ue ncnmmÉn

<t Louis ! prertds ton manteaLt,. >

- 6 llfis1aan, co n'ost pas la peine. u

La mère : < Regarde comme le temps sc cou?rrÉJle oent est d'Ouest, le baromètre baisse: prend,s-le tout demê,me. >

4 < Mais ma,ma,n, je t'assuro qu'il ûe pleuvrapas. D

- < Jeudi, enallant chez ton oncle, tu n,annis( loas ton manteau : i.l a plu, et tu as été mauilté< jusqu'au,fi os. lr

- ( Oui, mais dimancho tu me I'as fait preldre(( et jamais le temps n'a été si beau. 11

,

.,...Si Ia mère est, résolue à se faire obéir, elle ajou-tera nerveusernent,: < Sais-Éu que tume lasses auec< tes réfleæions, Prend,B tonmanteau; ie te t)altfi. ,. Dès l9.y: à quoi bon le petit cours de météorologiede tout à l'heuree pour aboutir à un ordre final ?

Eh bien I ce ct marchandage > dans l,obéissanoe,, est le vrcn cAprrar. de l'6ducation sentimentale, sys-tème où l'on se livre, avec plus ou moins d.e succèsoà une argumentation en règle en vue de convaior"*,au lieu de commander.

r.ns coxcESSIOMt

< lllaman, elonne-rnoi un abricot. r

- <c Y penses-t?.t,rma, pauure enfant ? tu esfollelr Tu oi.ens d'être souffran.te ; le méd,ecin' t, a formeh

Page 183: Les enfants mal élevés

L'ÀuroRIrÉ nt LÀ connactloN t7t

..lement, d'éfendru'les fruits : pour stw, ttt' n" en au'-

<t Tag pas" ))

L'enfant devient, grognon.

-<<Ofa!c'etstinutile..-Jet'ai'ditnonlc'estnon!u Tu nias bien comprisê,tf est-ce pas? >

Ires cris augmontent, et la noto change; dest-à-

dire que la mère mollit déià.

-i Vogons' ma bonne chérie ! tu ueuæ donc

<t être malad.e? Je tiassure que rien rtest, mauuais

<t cornme les fruits en été. >>

- (( Si ! Cestbono nal >

Noûvelle tactique; nouvea.u changement, voix dif-

lérente t << Tenez! uous alleZuoit'CommenoLts auons

( u,ne enfant gentille... Vi,ensr'Inon amou'r, uiens( mon trésor sur ta peti,te tnète ! tnontre que tu es

( une belle fille ! > i- < Laisso-tnoi trânquille...' D riposte lafillette en

se dégageant brusquement, et en.ajoutant à mi-voix:n tu m'ennuies t D

Si ld mamaû croit bon tle ne pas faire la sourde

oreilleo elle s'écriera : < Vogez la laide... ! Comme

<< c'est joli ce que 1)ous aenez de dire là! Allez,sMad,emoiselle! ie ne uo'.tÆ aime plus...; 'oo't'Ls

< n'êtes plus ma Petite fi'lle.-. >

- ( Ça m'est bien égal, u balbutiera l'enfant en ré-

volte.Et aux cris, succèderont de vrais hurlements.

Alors, d'un ton 'd'autorité comique en pareille

aventuroo la mère, majestueqso' dira d'une voix lento

et solennelle : o Eicouie !' aujiourd':lr'uipar eîcception

< je ueuæ bien (!l) te d,onner.,. une toute petitsq moitié diabri,cot; mais ie te ptéui,ens, qulil sera

Page 184: Les enfants mal élevés

172 LES ENFANTS IÂAL ELE\dg

s, inutile.d"in,cister" un autre jour. C'esila dernièrea foi,s gu,e jetecède. >

..... Et voilà des parents qui bientôt feront d.e na-vrantes doléanceso et diront, en joignant les mafns :c Mon Dieut que cettc enfant estmal élevéet >

Rien de plus wai : mais PAR QUI DONC...?On ne récolte pas de roses là où l'on n'a planté que

des bryones, comme disent les Orientaux.Continuons.

- c Je n'en veux pa,s, D répondra l'enfant qui s,estbut6e.

- (, Ah ! tu n'en oeut pa,s? Ehbien ! tu n, en a,ura,s

?as, > affirmera la mère avec dignité.Pendrint que c l'ange r rage et trépigne? on enten-

dra, je gage, l'aparté suivant : < Mon Dieu, quelte<< créature a,ssornmante, c'est à faire damner uns saintl,.. Tiens t le aodlù lon abricot; tiens ! en< oeutwtu deum, trois...? Mange-les I et si, tu es ma-a, lade,tant pis I Ce sera bàen faàt... Ien serai en-s chanteet D

Savez-vous qui est à plaindre...?... rr enfant qui a des parents aussi inexpérimentéso

et aussi faibles.

*u**

En un mot, si non,, dans la bouche du chef d.e fa-mille, n'est pas dé{initivemont et franchement unrefus 1 si non, peut' devenir oui dans la minute pro-chaine, I'ent'antserait bien naif de ne pointinsi.ster etde ne pas éclater avec violence, pou* HA'ER r,'wsr.*rrDE LA SObMISSION PATERNELLE.

Page 185: Les enfants mal élevés

L'ÀUTORITÉ ET IA CORRECTION Ii|

A nouso d.e ne donner un ordre qu'après mrlre ré'fle*ion, et en parfaite connaissance tle cause.

En vérité, quand on ne sait pas commander, doit-ons'étonner beaucoup de n'être point obéi ?

l'nrÉeeurÉ DANs Lr\ connucrroN

Maintos fois le châtiment est proportionné, nonpoint aux torts de notre fils, mais à nos dispositionspersonnellos.

Fréoccupé d'esprit ou nerveux par tempérament,on clevient intolérant jusqu'à l'impatience, ou sévèrejusqu'à l'injustice.

. On tient plus compte de I'ennui qu'on éprouve, quo

des intentions du coupable.Cependant, un enfant {ui, do propos délibérr!,

prononcL ûne parole insolente, est mille fois plusrepréhensible, quo celui qui, par maladresse, briseun vase précieux.

*#*

... il est neuf 'hsures du matin : un aimable babEpasso gracieusernent ses doigts mignons dans lescheveux maternels... (( C'est le bijou chéri d,e samère. D

Le soir, à pareille heure, il a la même penséo

affeotueuse... s C est un petdt sot , > dont on saisitrudement les mains pleines de bonnes oaresses.

Pourquoi ?

La mère Ya en soirée.,,

Page 186: Les enfants mal élevés

T1L IES ENtrAI\TS MÀL ÉT,UVIS

Cortes, nous ne disonspes :laigss2-vousdécoiffer ;noùs répétons seulennent : proportionnons les repro-ches à la faute, et surtout, soyons logiques dans notroconduite.

l,l pnÉgpITATIoN

On entend crior....: on entre, et avant même de

sayoir de quoi il s'agit, on inflige inopinément à

I'enfant une' correction quolconque? un soufllet j'i-rnagine.

Puis; tout s'expliquo...On apprend gue le pauvret s'est piqué avcc uno

aiguille, qu',on avait eu Ïimprudence de laisser surun meuble.

- ( Mais grand nigaud,i,I fallait le dire I >

Le bambin pensera. sans cloute en lui-même, qu'ilefri, été préférable de savoir d'abord pourquoi on lopunissait.

, r4s avrs sar.{s nN

c PauI, prends garde de glisser ! Fais attention,tuaas teeogner !... Regarde deuanttod!... Ar:ancedonc, ntaladroit 1.,. Ne ma,rclrc clottc pas si t'itelTiens-toi drcit 1,.. Vois où tumels lcs Ttieds / Saa's-

moi, doncl.,. etc.., o[c.., etc. lComme rour est à éviter otà redouter; oomme log

Page 187: Les enfants mal élevés

L'AUTORITÉ ET LA CONRECTION I?'

avertissements incessants mettent les maladres$es

au même niveau que les périls véritables, l'enfant

i'aura plus la mesure des chososr' et se lassora de

.oute attontion sérieuse: ,

On lui'demands tant' de précautions, qu'il renon-1gera à en prendfgaucung-.

Page 188: Les enfants mal élevés

CËaPITRE QÛATRIË1ïIE

(ON NE PEUT PAS TOUJOURS LUTTERT

Ce propos pourrait bien êtrc moins judicieux qu'ilne lo parait de prime abord.

Défions-nous beaucoup de ces proverl,es, de ces

formules vulgairos, qui semblent une démonstrationpéremptoire et une réfutation sens répliquo, à quiles accepto sans contrôle.

Qu'on reprocho à un délinquant davoir cédé à urentraînement coupable, d'avoir commis un acte d'improbité, lui, si honnêto jusquo-là I il répondra probablement, qu'il a résisté longtemps; mais que la

misère l'ayant étreint, la faim a été mauvaise cor-seillère...

Et s'il ajoutait qu'on nepeut pas d'ailleurs toujourslutter, ne lo blàmerait-on pas ?

Quoi I n'est-ce pas un devoir de combattre s&nn

cesso la cupidité, la vengea.nce, la ialousie, l'égoïsme,les tentations de toute sorte ?

Àinsi donc, au sens absolu, I'objection manquede jueÊesse : prenoière observation.

''u*'l'

En second lieu, nous plaçant au point de vuo spé.

cial dc cette étude, pous rema,rquons {lue sr LEs

pARENrs LUTTENT, Cest qu'ils n'ont pas d'autoritël'idée de lutte, exeluant celle do subordination.

Page 189: Les enfants mal élevés

CHAPITRE CINQUIÈME

ooMMENT SE CONQUTERT UAUTORTTÉ.

Deux systèmes sont on présence :

On a le choix entro un conflit quotidien, se pro-longeant pendant de longues ann6ôs pour n'obtlniraucun résultat; ou eu contrairerquelquesrudes corn-bats, très rares? uars nÉcrsu's, d,où les parents sortentarmés de la plénitude de leur autorité, et franche-ment maîtres de I'enfant.

Ce point a uno importance capitale.Étudions-le atteniivement.Une guerre d'escarmouches, des engagements de

tirailleurs, ne pouvent point obligor l'ànnemi à ren-dre les armes.

ces luttes de détail affaiblissent dun eôtéo sansamener d'autre part la soumission.

Il y a des victoires ; et point de vaincu.....Par contreo après uno grande bataille, lapaix s,im-

pose.De même, Iès parents qui font preuve de faiblesse

durant la première jeunosse de fenfant, soùt assu.rés de subir dans leur autorité, plusi.euri dchecs narjour, et de s'affaiblir peu à plu jusqu,à I'impuis,s&nce, L'ENFl,xr s'oNHLnDrssaNT, Dar{s La MEsuRE uÉunDEs coNcuosloNs QU'IL e,Rnlcnn.

Page 190: Les enfants mal élevés

Las EIIFANTS MAt ÉLsvÉs

Avec semblable $rocédé, lihastilitë est à l'étatehroniqu,e

a

.*x.

Mais bridez l'enfant dès le début ; refrénez-Ie

résohïment nsux ou rnols. FoIs ; et vous aurez ensuite

la grande joie de pouvoir a rendre les guides D sans

imprudeqce. Car sachant que vous &Yez Ia force et

la volonté de le disciplinor, il hésitera deyant une

révolte i.nuti.Ie.' I'expérience lui eyant appris qu'ilrioit avoir le dessous..

La p.ux au foygr, .ser& done en co cas le nÉeun

NoRIuat ; et tra lutteo I'exceP[ion.

Au moins les men&cesr {uand elles seront néces-

saireso auront-olles un sens positif.Rien de plus wai : punir moliement, rodisons-

le, c'est punir continuellentent- ,

, **rr

Si Ïon avait reqours à Ia démonstration graphiquen

les deux signes suivants représenteraient assez bien

l'histoiro des premières années ile Ïenfance :

Page 191: Les enfants mal élevés

Dans Ie système d'autorité ffguré par le tracé su-périeur,

- après quolques écarts violents, réprimés

eomme il conviento on arrive à la ligne ,troite, à I'o-bdissance régulière...

Dlns le régimo des'concessions que traduit la se-oonde ligne, l'inégalité du earactère àt te nombre desobservations" suivent au contraire ai crescendo deplus en plus désordonné... Pas une surfaee plane t

pas une heure de oalme I

qr**

Il importe pour engager la grande bataille qui peutêtro décisivé, d.e choisir une circonstaoro; où Iasagesso de I'ordre intimé est indiscutabloo et mani-feste.

Fuis, l'obéissaneeSi en pareil .c&s on

est à recommencer t

t'.a,urorutÉ ET LA coRREcrIoN

doit être exigée rusQu'au Borrr.cède m quod que ee soit, toal

_ Tandis que, si la soumission est absolue, entière,il y aura pour l'avenir un préeddent d,aatorité, équi_valaut à une situation cônquise

En troisième lieu, que 6 faute une fois expiée,soit vite pardonnéc, oubliéei {u,on n,y reviô'nesous aucun prétexte.

Que tout soit bien fini ; qu'on le dise ; et surtoutqu'on le prouae à l'instant m,ême.

Àprès Ia pluie, le beau temps au plus t6û IEn un mot, que la punition soit courte et sévère

et le pardov immédi.at et définitif.lres observations nécessaires pondant le premier

ôgu sont si nombreuses, (même on les réduisant

Page 192: Les enfants mal élevés

I8O LES ENFÀNTS MÀL ÉIEVÉS

beaucoup)r guo I'on ne saurait trop redouter d'alt6rer longtemps l'heureux enjouoment de le iennosso

,***

En créant un contrasto complet of rapide, entreles chagrins de l'indiscipline et la paix qu'amène

l'obéissance, on aide le petit coupable à recouvrersa précieuse gaiet6, avec son cortège de ris et, cle

jeux.Il va sans diroo qu'avant de sceller cette paix, il

faudra laisser passer quelques minutes, pour qu'un

calme relatif se produise au moral et au physique

chez le coupable.L'amendement est presque impossible, sous I'em-

pire d'uno première émotion.Un peu d'expérience apprendra le momenl, op'

por[un.

Page 193: Les enfants mal élevés

'ëFt

CHAPITRE SIXIÊMb

LE FOUET

Dans les tentatives de rébellion qui se manifes-tent vers deux ou trois'ans, (et de I'issue desquellesdépend Ïautorité paternelle), faut-il employer lefouet . . . . ? Appelons les choses per leur nom.

Si I'on sait, répondrons-nous, ôbtenir soumissionplénière du petdt enfant en révolte, sans recourir àIa correction manuelle dans ces grandes batailles

-{9"t nous parlions, od est en droiide se proclamerI'inventeur d'un système brevetable.

Remarquez que I'hypothèse est cellq d,un enfantqui ne osut pas céd,er, et, résiste sciemment.' Le faire obëùrrest donc une nécessité.

*r**

Ici, surgit, une objection :q II refuse de se soumettre; c'est possiblel mais

c pourquoi le châtier, si on peut l,amener par rlesc moyens détournés à ce gu'on désire, en lui prou_< vant qu'on a raison, ou qu'on lui conseille uno< chose avantageuse? r

La réponse est bien simple : en pareil eds2 colt-uaincre n'es[ pastsainet.e; c,est la victoire dos dd"earmés; Ia force des impuissants.

Page 194: Les enfants mal élevés

I8E LES ENI'ANTS MAL ELEVES

Oui, il s'est lsissé persuadero mais IL N'a Pes osÉr.

Il a fait sa volonté tout en comespondant à votredésir; il a partagé votro rnanièrs de'voir...., mais

non point eédé tOn lui a suggéré une résolutioo; on ne lui a pes

intimé un ordre.Et s'il est réfractairo à l'éloquence, faudra't-il

humblement déposer los armès..... ?

La correctibn rnanuelle, semblo donc en principe

inévitable quand I'enfant, insensible à votro dialec-

tique, s'obstine et s'insurge; inévitable surtout, tantqo'it noa pas assez do raison pogr apprécier les

c considérants > des arrêts paternels.

Entondons-nous bien toutefPis t' Cette nécessité n'oxiste, à notro avis, que pour le

premi,er âge, et encore dans d,e rares ci'rconstan-ces.

L'important, est que l'enfant apprennortout jeuno'

Qf,'n, pnur Étng cneuÉ avuc nlGuEiIRo s'tr, rulslsrn'

Mais la contrainte est inadmissible, on le conçoit,

quand il est devenu grand t 9o n'a plus -alors pour

ressourco que les observations, aussi répétées

qu'inutil.s, si I'on n'a.-pas^commencé par fe mâter'

On se donne un mal infini pour n'aboulir point :

c'est à désesPéror !

Et Hon désesPèrq en effet... .

'tS*

ta correction est-ello conciliable avec I'amour

paternol et maternel?Si Ïon en croit le livro des Proverbes : uelui qui

Page 195: Les enfants mal élevés

.ilf :r 5'.,.i'F, :11'+f."

-..i'. rl;rr)

L'ÀUTOruTÉ ET LA CONRECÎION T83

épargne la verge a n'aime point D s6n frls: qailtar-ci,t airgam, orlit filib,wa(xnr, 24).

Educate ftli,os in disciplinâ,, lisons-nous encoro

au chapitre vt, t. II.Et l; Sagesse tles' Nations roprgn$. à

e Qui aime bien, châtie bien. D

son tour:

Le mot est remarquable.Aimer bien, c'est aimor comme ilconviont; aimer,

non point ses cdnvonances' mais ce qui est le mieuxpour l'enfant, sons en oxcepter le discipline.

Page 196: Les enfants mal élevés

CHAPITRE StXlËtUfr (sui'te)

LE FouET DANs unnngumÉ

De toutes les peines publiques ou privées, aucune

ne semblo avoir été plus fréquemment prescrite quo

le fouet.Chez les Eébreufi, c'était même en quelque sorte

le châtiment de droit commun, {uo le juge pouvaitordonner avec plus ou moins de sévérité, dumomentque la peine édictée n'avait point le caractère ca-pital.

Cette correction n'était pas cependant discrétion.naire,

Le nombre de coupspouvait varier de t à 40, pourun prernier délit, et s'élevor jusqu'à 79 en cas de

cumul ou de récidive ; à moins toutefois quel'on nefit usage du fouet à trois courroioso ce qui permettaitde réduire les coups à 13 et à 26. (Y. Deuter. XXY,l-3. - Selden II, ch. 13.)

Chez les P ers es,, los plus n obles personnages étai entfustigés.

Artaxerce-Longue-Main eut l'ingénieuse idée deeur permettre de ne ïêtre plus qu'en effigie.

C'était moins dur...Ohez les Romains, ce mod.e de répression était

Page 197: Les enfants mal élevés

L'AUIORITE ET LA CORNECTION t85

appliqué aux milita.ires, au moyen de bâtons (fusti'bus); {ux esclaves, au moyen de fouetF (flagei'lis) iponr les citoyens, on usail do verges (ai'rgis)-

Vers la fin do la République,la loi Porcienne abo''

lit la peme des vdrges pour ces derniers; tussi voit-on Cicéron reprocher amèrement à Verrès tl'avoirfait fouetter un citoyen. (Cicéron, wr 29; - Tite-Live, x, 9.)

L'essence du bois servant à la bastonnadeo étaitloin d'êtro chose indifférente. Le centurion ne pou-

vait employer que le cep de vigne, en tant que simplepunition militaire I au contraire, I'usage du coudrierimpliquait la honte et la dégradation.

xFx

Aumoyen âgerle fouet consorve ce double carac-

tère de châtiment, légal ou disciplinaire.En taut que pénalité, il est infligé par le bourreau

qui conduit le pationt à la suite d'une charrette, et

lui administre à chaque carrefour le nombre de

coups indiqué par l'arrêt.Comme correction non infamanto, il était, donné

par le geôlier àl'entrée dela prison a sous la custode r,selon le mot du temps

*,*a

UneOrdonnance de Louis IX en 126S,nousapprend'que les femnzes elles-mêmes étaiont sounnises à cette

peine, par la main d'un exécuteur féminin spécial :

. Si uttàr avaient feist ou deist chose qui fCrt moult

Page 198: Les enfants mal élevés

'En Angleten,e,lepunition militaire ot

T86 LES ET{F'ANTS MÀt ÉIEVÉS

c ho*ible et tournant à despit de Dieuo do Nostro-r Dame et des sainz. r (Art. B.)

Cette Ordonnancs contient contre les blasphéma-teurs des dispositions si rigoureusos, que iu papeClémont IV, crut devoir enga[erleroi à orr" arpti,de modération. (Trdsor des Ch,artes,)

Cette particularité est curieusc à noter.

*&*

Sous François tr.r, on voit la fustigation inscritedans les règlerhents de l'arm,de.

Puis I'ordonnance du Le' juillet 1280, créo_ pourles déserteurs une espèce particulière de flagellationà l'aide de baguettes-, de bretelles de fusil"o o,, A"courroies de chevaux, suivant l,arme à laquello ap_partenait le coupablo.

Dans los dcoles publi.ques, Ie fouet était aussi enusage I un domestique était chargé de I'exécution:s, Verbera,re possunt, modo nort, euceclant castdga-tioni,s terminoa. D - Ménochius" 364.

Le' surno m d'orbilianites fut donné aux régonts,on souvenir du rhéteur Orbiliuso sorte de maître-cinglanto i[u'Horace qualifie de plagosus

En 1791, cette pénalité fut généralemontinterdite ;cependant, elle, subsistait encoro en 1848, à bord desnavires do guerre et de commerco.

#*

fouef figure touiours cornmoscolaire ; et l'on sait que lo

Page 199: Les enfants mal élevés

UÀtTOruîE ET LÀ C0RAECTIONI t6r

knout est maintes fois prévu par la législetion pénalo

ùe Russi,e-

Les cent eoups étant le maximum' on & cru

d; cetto particularité llorigine de l'expression

pulairo : êire aux cent couPs"'

volrpo-

.:la

à3"''*tl

Enfinrdiverstsxtes'dul)roitCanonvisantlesfaote, des clercs, prescrivaient égaloment le fouet'

-"i, sans effusion de sang et' toujours on-secret :

lnter prioatos pa,rietes' -(Mém'

du clergé' VfiI'lâOU. ôoncile d,Àgdo, - Saint Augustin à Marcellin

- a, Concile de Braga, - Conciles de Bézièrs, t'223;

de Tarragone' L22L"')

, *8*

aussi bien que d'autrps,les fils des Rois de France

devaient... s'inoliner devant cette humiliation.

on raconte que Louis xIil montra dès son onfance

un oxtrème clégorlt pour la lecture'

La Reindgùre, dans le dessein de vaincre cette

aversion, ordonna un jour à M' de Souvré' gouver-

neur de son fils, de dooour le fouet sa'ns hésiter à

son royàl élève-Le iâune princetonta derésister; puis se ravisant:

u Monsierr du Sodvré, > lui dit-il on suppliant' a alles'

e y doucement, je vous Prie ' D

***

{Ine dernière observation'{ous avons entendu soutenir ce-tte thèso, par il'é'

Page 200: Les enfants mal élevés

t88 , LES ENI'ANTS MAt ÉIEVÉS

minents médecins, à savoir,îr" Ie fouet, au poinl.de vue physique, était en certains e.as, un ilérivatiffort, utile.

C'est surtout quand l'enfant est dans un accès deaolèreo remarquent-ils, que cetto correction eæeep-

''l tiannelleo est opportune'et... bien placée. Le ruog

I rc portant vers la tête, la fustigation décongestionnitrès effiqacement...

Nous n'avons point à prendre parti : toutefois cettebpinion était à signaler en pessaot"'

Page 201: Les enfants mal élevés

CHAPITRE SIXIÈME (suite).

LA ScHLAGUE n uÉcou ALLETYIANDE

Les Allemands, en philosophes pratiques, se sontdit que le meilleur moyen de préparer les soldats à

recevoir la schlaguo, c'était de commencer à la don-

ner aux jeunes enfants dans les écoles.

Voici à ce sujet quelques ilétails curieux quo'nousdécoupons dans l'Aunuaire d.o l'ensoignemen[ pri-maire en Allemagne t.

L'autorité scolaire prévoitl'emploi dela.c baguette,;.

dojonc >.

Tout d'abordo on fiieles hypothèses dans lesquellcsle maitre a le droit de recourir aux châtimonts cor-porels; ce sont,les cas de mensonge, de désobéis-

s&nce persistante, d'immoralité' de paresso ott de

désertion.Une foiô la conection décidée, on s'arme de la

c baguette >. Mais il y a jonc et jone, commo il y afagot et fagot; et l'autorité scolaire craignant que

I'instrument choisi par I'instituteur, ne filt d'undiamètre tantôt insuffisant et tantôt excessif' a décidé

qu'elle fournirait l'objet elle-même.Il paraît qu'ello avait dc bonnes raisons pour so

méfier de la légèreté de main de certains maitres,

l. Voir la Nat. 1888.

Page 202: Les enfants mal élevés

I9O LES ENFANTS MAL H-EYES

car elle o disposé,,dans un article, qu'ils Do pour-raient se servir pour I'enseignement géographique,c ni d'une règlo ni d'une canne D.,

Elle tient à épargner à I'instituteur la tentationtrop forte cl'en faire usoge... sur la iôte ou sur Iedos des insolents, et des espiègles.

**x

Les règlement's prescrivent clue le jonc officielsera conservé, sous clef, chezlo directeur de l'école,qui ne d'evra le tirer de sa cachette quo dans des

cire,onstances spéciales, et sur requête motivée.Puis on indique guo les seuls enclroits a licitemcnt

fustigeables >, serontle dos,el, 1e.., bas du dos ; horsde co domaine, le maîtro n'4, plus aucun droit d'action.

Le nombro des coups est déterminé : trois dans

les oas ordinaires, six d'uns les eas graves.Les ohàtiments corporels ne sont jamais intligés

en présence dos élèves, mais à la ûn de'la classe et

à huis-clos, afin que l'amour-propre de .l'enfant soitménagé.

On ferme les portes; et il no reste que deux té-moins: le directour de l'écolo, et un second maîtretenu d'assister à I'exécution.

Page 203: Les enfants mal élevés

CHÀPITRE SIXIÉME (suôte).

LE FOUET, PUNITION ARISTOCRATIQUE EN ANGLETERRE

La fustrgation est le privilège réservé aux provi-seurs' directeurs et chefs d'institution en Anglctorre.

Les sous-rnaitres et surveillants no partagent pointce droit avecle hearl'master.

Chose curieuse et digne do remarquet Loin d'êtreréputé un procédé inférieur d'éducation, le foust est

surtout on honneur dans les écoles ari,stoeraii,ques.Je ne saurais mieux faire que de transcrire littéra-

lement une lettre que nous adrcsse, à ce sujet, undes professeurs les plus distingués de Londres,M". H. R...

c Il n'y a pas, tlit-il, de ,règlement éorit on matièrer de correction dans les collèges anglais. C'est lec chef de la maison qui décide s'il y a liou de punir.

a Dans les écoles primaires, le maÎtre principal à

r seul droit do frapper. - Dans les écoles (( coro-.r munalos bourgeoiçes u, ,la correction est passéo de

s rnode. On punit comme en France, ou bien onc expulse de l'établissement. - La fustigation se

q maintient surtout dans les grandes écoles aristo-r cratil:as.

u Dans ces collègeso les jeunes gens préfèrent la( cantre aux pensums,et les verges à l'expulsion qui

Page 204: Les enfants mal élevés

'92 IES ENFANTS I}!AL E,,TVES

:

( pourrait compromettre reur avenir. cette disciplinei< n'est pas infamante comme elle lo serait en Francc.a Les élèves la regardent commela juste peine due àc leur faute, et l'exécution une fois cons;;Àtr,

", :( so serre Ia main.a Il serait ridicule, malséant, Iâche, de gardel( rancune au correcteur : tout le monde seraii oon

s tre le coupable qui n'accepterait pas t" pri". ,iu l

<bonnegrâce.D r -r-

Certes, un maître en France, risquerait en pareilcas do se voirassommer par son jeuïe auditoire.

*8*

L'auteur des a odeurs de Faris > admet a priori,(rt'est-ce.paS4posteriorâqu,iIfaudraitdire?,l,Iané-cessité absolue du

_fouet, Ie plus... frappant'd,e tousles arguments imaginablcs. - r r

1 Iru je'nesse anglaise, dit-il , cette pépinièreg d'hommes libres et fortso est fouettéel il o,y ur peut-être pas un

_député, un pair, un évêque qura n'ait été fustigé. pitt, Fox, O,Connell, Ctaastonea ont fait des chevauchées sur le cheval de bois ads' ltoc,on no peut nier quer lointilavoir des lendancesaserviIes,l,Angleterren'aitdefiershommes,etdec ûers juges. D

Pour nous, nou-s estimons que si le fouet es[, enprinciper.'nécessaire vers deui ou trois ans, il estmauuak à dix ans; scand,aleuo plustard.

Page 205: Les enfants mal élevés

l'"i:'t'.' ,,{

CHAPITRE SEPTIËME

L'AUTORITÉOÉUÉEUÉE LES DOMESNQUES

Demqnder à des personnes étrangères, la fermetéof la douceur, l'énergio et la mod.érati on,,la TnesLcre

cnfin, que nous avons tant do peine, nous, à appor-ter dans la répression, serait une grave erreur.

Il n'ost donc pds flcceptable de s'en rsmettre a 'xtlomestiqucs, et de se lec substituer en tout.

Mais, tcnant compte des exigences sooiales, et de

la nécessité où se trouvent les paronts, surtout quand

la famille est nombreuse, d'avoir recours à l'inter-vention d'un tiers, on se demande de quello autoritéil importo d'investir ce délégué spéciat.

Croire que les < bonnes r ou les gouvernentes pré-

posées à la surveillance des enfants, peuvent eollabo-rer uti,lement à l'æuwe de l'éducationrsans être ar-mées D'.r,ucuN DRoIr quelconquo, est une illusion.

*8*

L'cnfant n'ost quo trop disposé déià à résistor à ses

inférieurs, tlont iI comprend la position subalterneet le rôle dépendant,; il escompte la tendresse matcr-nelle, encline à pencher do son côté; il sait enfin que

los grandes çévérités ne sont pas à rcdouter de lats

Page 206: Les enfants mal élevés

:9{ LEs r:NFANTS MÀL Ét PvÉs

part des domestiques, obligés de

égard une autorité relative, avec ledoit au c jeune maître >.

concilier à sonrespect que I'on

le voit i par*obtenir.

La situatiorr est deux fois délicateo on

tant, l'obéissance dqqblpfnenl difficile à

qBSx

Page 207: Les enfants mal élevés

L'AUTORITÊ ET LÀ CORRECTION T9Ù

emour-propre froissé, I'enfant une rancune concen-

L"éu, et le père, la gêne de prendre parti un,peu àI'aventure.

on ne voit pas d'inconvénient sérioux à autoriserla privation de deqqort pqf pxgqple, tout en seréservant do surveiller d,è irès près,' la c justice duJusticiep CAIÉSué )), el de r( jqgpf qeo jugepents >.

Encoro, ne'faudra-t-il jamais désavouli tàut hautles ordres de celui qu'on s'ost subgtitué pour partie,

l npiqu 4p r{riper I'iRllupncp 4p pe dqrnier '4';trno-fqcpn ir"Érsé#*Fle, e[ {éflnifive.

Tr*t

Ieionou.s ne perlons point dos parenh qui qbandon-qent lours enfante pux'rnajns de mersenaires, pour sedispetoer de remplir leur devoir d'éducateurq.

... Cette hypothèse aurait sq plaoe dans u! yqlqrggayant pour titre : I'art de mal étevor lgs e4fa4te.

Notrg livrye d uo autrp hut.

i: r '"'.

Page 208: Les enfants mal élevés

CHAPITRE HUITMME

LiAuroRlTÉ pnrenHELLE DEvANT LA Lol

Nous no ferons point au lecteur I'injure de suppo-

Ber quo Ia procédure, tendant à faire placer ur otr-

fantb la peiite Roquette, ou à $aint-Michol, présente

pour lui un intérêt Pratique'Cependant quelques -pères, gut1l. ceux qui ont

laissé grandir làurs fils dans rindisciptll.,leur rappel-

l.ronipeut-être, non srns profit, que'le législateur a

reconnu et sanctionné les droits de cetto magistrA'

ture qui s'exerce au foYer'{o ùenfant doit, à tout âge, honneur et respect à

ses pèro o[ mère ; - t iI reste sous leur autoritéj"rq" a son émancipalion ou sa majorit6;-:. 3" iI ne

irui, en principu, qoitt." la maison paternelle (art, 37 [i gzs) i _ &o lo père est autorisé à envoyer €n cor-

rection son enfant, pend.ant une duréo variant de

L mois à 6mois, selon le cas, du moment quo la maio-

rité n'est pas révolue, ou l'émancipation prononcée'

L,ortlre-tle dêtention est délivré par Ie Président

du tribunal,sans &ucune procédure' et sans énoncia-

tion de motifs.Le législatour en r décitlé ainsi, précisément pour

ne pas iâprimer eu couPablo une ftétrissuro préma-

UrrËe; et aussi pour ne point trop elilrryer les parent's

Page 209: Les enfants mal élevés

j

L'ÀUTORITË ET LÀ CONRECTION

olSligés de rqcourir à une extrémitépareilte. (art. B7Bà 37e.)

La mère, a aussi le droit d,exercer une requête. analo$ue, conformérhentàlarticro Bg{ du corle ôivit.

E1ffn-, quand l'enfant s'amende, la duréedela poineest abrégée, au gré des parents.

...Si un jeune lectegr curioux ouwo ce volumo sansautorisation, nous lui conseillons de bien relire leprésent chapitro, afin de ne l,oublier jamais.

Page 210: Les enfants mal élevés

ûHÀPitHH nnUvrËntÉ

Ln llnririE "uËrviHoni'Ë-r-Ër-r-Ë

suh L'ËbUcntÏoù.i c

c Yous e.smblez, nous dira-t-ono attribuor à l'édu-c cation un rôle décisif en quelque sorte, on tout( cas excessif, et vous méconnaissoz trop les ten-< daqces innées qui constituent l'individualité. Bref,( vous surfaites l'efficacité de l'éducation; et la( preuve, c'ost qu'étant donnés deux enfants issus de

< la même famille, et par conséquent élevés d.'une

< manièie identiqueo il ost très admissible que vousc vous trouviez en présenoe de natures, non seule-

c ment dissembla.bles, mais même complètementa différentes.I)onc, finnéité ost plus forte que l'édu-e cation. p

Telle est la critique que nous devinons.On ne nous a,ocusera pas de le réduire, de la dimi-

nuer à plaisir, pour la combattro plus à l'aise.

Nous entendons au contraire lui donner tout lsrelief possible.

Qu'on nous permette cepondant de professer une

autre oplilon.Nous allons tâcher de justilier en peu

nol,re sentimBnt.D'abord, nous reconnaîtrons que I'objection est

si spéciouse, si séduisante, qu'elle apparaâl commo

de rnots

Page 211: Les enfants mal élevés

L'attronlrÉ ur ur. coRREcrIoN tso

rnvinclble, irréfutable, irour qul ne regarde que iodessiis des choses.

nt"ir un exarireir plud atteniif, révèle bientôt levice de cette argumentation fallacieuse,

Ayant ob."riO plusieurs êxemplbs analogries àcelui gu'on nous oppose, voici les remtiicities quinoiis oni frappé.

Noir i il n'est paÉ exact ile dire i{uè les èhfarits sontélevés hécessa,irbment, de la même inriiiièrs Farcequ'ils ont les mêmes paren[s, et vivent dans le mêmesrilicu.'Il y b de nombieuses dift'érbnces ilôirt iroussignakirons les piincipales.

x**

I. - Un fils naît dans les premières années drtmariage; un âuliè loiigtemirs airrès...

L'dn eSt'veiiû dans lesjours de prospér'iié; I'duù,re,

à la suite de désastres finaricieis ou de violents cha-grins domestiques.

Ce même foyer observé à deux époques distinetes,ou sous deux influetrces inégalcsr rlo se ressgmblerapas plus quo ceux de familles étrangères.' ...'Èei enfant est beau, gracieux, tandis que sonirbre a l'aspect ingrdi... Î,'atnO esi spirituei

- et flat-

teur; le second, pou éveillé.

0u'arrive-t-il àaintes fols?Par une petite vanilé"instinctive, au iieu de se

préoccuper surtout de celuiqui est moins bien dbué,on met son fuère au premier rang, on le suit de plusprès, on le culiive avec un amour de p.référence.

Eln sorte que, loin de rétablirl'équilibre, on aCeeu-

Page 212: Les enfants mal élevés

âoo LEg ENFÀNTs MAL ËlnvÉs

tuo ainsi les différênces naturelles; on lcs aggrave,on los aecuso de jogr en jour; et tandis que l'un, se

développe e[ so perfectionne, I'autre s'amoindrilet se rétrécit davantago.

Donc, en bien dos caso les frères ne reçoivent pas

une éducation identique.Ah I nous comprenons que nous avons mauvaisc

gràce à ilire qu'il faut plutôt sooccuper du déshérité,Ie vêtir ffautant plus ,correctement qu'il esf moinsélégant par lui-même.

Cependant, là est la Yérité ot le Devoir...Nous ne méconnaissons pes la spécialité, ni l'ori-

ginalité dcs caractères; mais, nous estimdns que l'é-ducation peut l'emporter sur les tendances naturel-lbs à condition que l'on gouverne l'enfant de trèsbonno heure.

C'est làtoute notre thèse lBt si nous no nous abu-sons?nous on avons fourni la d.émonstration au cha-pitre des c incorrigibles. >

**x

Âjoutons enfin que les circonstances, même indé-pendamment de toute faute des parents, oréent par-fois deux milieux d'éducation, doux régimes biendifférents. -

Àinsi, aruive-t-il, lorsque los aïeuls s'attachont à

l'un do leurs petits-fils d.'une manière exclusive; ouquand au contrairo,.les domestiques prennont sngrippe l'un des enfahts qu'on leur confie.

Le ehdri et le sauffre-douleur, sont de fari, ondohors de la règle communo.

Page 213: Les enfants mal élevés

. L'AUTORITË ET LA CONNECTION 2OI,

_ L':lageHtd d,affection à l,égard des garçons oudes [illes, esû aussi très fréquente.

"'un pèro voit, dans ron Iilr Ic continuateur de sonnom ou de son æuvre;_e[Targent gu,il dépense, est,lrne semen0e qui rendra au centuple ce qu,cllo acorité : du moins on tâche de Ic .ro'iru,.. '

Les lilles sont charmantes, mais iI faut res clotor,chose lourdot les pourvoir, chose gravot

... Par contre, une mère trouve, Ovec raison,qu'elles sont autrement facilcs à éIever.

Une filleo est une sociét6 de tous les jours i plus!ard, elle sera uno amie fidèIe, gardant ie fover etI'animant de sa voix et de *on riË, r" ràr.*ice duchef cle famille que les afraires retiennent loin dulogis...

***

il. - Quand oo :-o.*p"r, l,édocation morals clonnéeselon les sexes, l'inégarité esl encore plus frap-pante.

comme souventre père s'oceupe peude Ia directionde ses fils, la mère envisage t,ù.ii* u"

". qui lesconcerne. âvêc une tristesse et uno frayeur qui nes'expliquent que trop. D,avanee, elle Lst ,léroo.ragée. ....

Et elle est excusable I car, si la femme suffit, etse'suffit pour élever des lilles, l'intervention activeet énergique du mari est néeeishdre, quand il s,agitdes garçons.

or, bien des pères ne demandent à I'héritier delcur nomr {[ue de se mettre etr état de passer

Page 214: Les enfants mal élevés

zoz LEs ENFANts ua.l Ét uvÉs

les ëxaniens, quend viendra lâge de les tubit. 8t...foin du reste t

Pogr etix, !' ëd,ueation, c'gsi le dipl 6me... l

Et iis so uôioht adrhiiabies de dévoriorireiii, s'ilspaient 300 francs de plds qire le voisin pour ia peri-

sion de leurlils...Its airpeliuiit æia : ,i se ljâcliher I r

e

Qup le collège qui a rêçu iin être charinant, au

mint frais e[ air cæur tentlie, rende tiii a potbche Iblême et sceirtique, iirais dlirlômé... : ironibrbdeirèress'bii côniedteront fort bien !

***

À qiibi bOii .ciiiger aii bbur bL à Ïâmo des $arçons i

est-cs que cela compto... I N'y a-t-il pas, d'ailleuispour eux une morale relative ?

En fait, lo langago que l'on tient dans d'honnêLes

familles, peut so traduire ainsi :, a Inévitablemont,u ds torthneront miit ; c'eËt éciit t t

bt ari fond dti bcbuf, bn'êii iirend sdir iitiiti auec une

résdonati,on étonnante !o"iii" ii t a dansi lu riiondd une ceii;aiire iiranière

tieg,igûu dr, tiiru , u bh...l ius gargoris...tt D {ui esi,

tl.r pius sigriihçatives, et equivaut,à ceci : c Pour êux,

â c'àst alfa'lre iiiglée, chosË cohvenue , n'en dttendez

t< rien de bon t rPciirrtant, ne sont-ce poirit

'e* q.ii fburnissent les

his, lus épôux, et les pètes... ? (ce qui compte irourquel.i,ie ihose dans les ftiiiiillbs, n'est-il pas vrai?)

Afin de se décharger ffun labeur difficile' bb s'eni-piessb dir. proclamer le iravail iin[rossible.

C'est plus coinmods::.

Page 215: Les enfants mal élevés

LâgroRITE n'i u' donflucrtou zos

Jadis, la iiaiSsariee, d'iiri goùçon, ce ioprésentarillégalet social des traditioiis defeniille, étditurie joie'un bonheur.

On estimait sa'voriue ûne idi'eut èéiestu, tinè bé-nédiction précieuso, Qu'il convenait de ôél6brer irardes banquets, des hymnes et des fêtes; on y trouvaitl'occasion d'amnisties généreuses et d'aumônes abon-dantes. Les honneurs, les présents, même les privi-lègos de la loi, allaient à l'heureuxpèIe d'une lignéemasculine. . .

Aujourd'hui, plusieurs se demandent, si aooir un

ft,ls, n'est point une sorte de malheur I

Iltrango logique I

Bientôt, les parents voudront des genilres élevés

tout autrement que ne I'a été leur héritier.Combien de pères s'indignent à la vue de leur fille

nralheureuse en ménage, of professcnt simultanémentcetto doctrine, à savoir : qu'ils perdraient leur temps

à vouloir diriger leurs garçons...Eh bien t ceux qui font preuve de cette tolérance

quelque peu voisine de la complicité, ne doivent pas

se plaindre, quand lo jeune hornme dévie du droiichemin.

*&*

...Un attelage à deux, comprendun cheval difficileà gouverner,et un autre,doux et maniablo.N'est-cepas le premier surtou[ qu'il convient de surveiller, ot,le discipliner?

A;outez, quo notre époque so préoccupant de plus

Page 216: Les enfants mal élevés

to{ LEs ENFÀNTS MÀL Ét,prrns

en plus de séparer l'Instruction de l'Éducation, nousle démontreionp tout ù I'heure, on conhtate, qu'enFranceo les garçons rnanquent, preBque complète-ment, dedirec[ionmorale. Orr les fait iustruiro.

Et c'esl'toul I

f

Page 217: Les enfants mal élevés

Il n'y a point d'butorité possibletion. Ce pointn'estpas à discuter.

Il importe donc de savoir punir,obéi.

dHAPITRE DIXIE'ITIb

pÉumeuces ET pËNsuus

à défaut, de sano-

sr l'on veut êtro

A"l'égard des jeunes enfants Ia correction corpo-relle n'estpas à dédaigner, car erle est des plus ef{i-caces? à condition avons-nous dit, qu'elle sôit éner-gique ! et ra,re ces deux mots résumant pour Deustout Ie système précédemmont exposé.

Ce quirevient à dire, qufun srul aOluuneraupai,nsec, vaut mieuv gue vingt privations de dessert,;et qu'une seule fustigation a bien placéo r.o présorvel'enfant de vingt c claquês > insuffisanteË.... decent menaces....r €t de mille admonostations.

È *8*

Dès iors, or comprendra combien, dans Ia fa_mille, le piquet, la retenuo et les ponsums scmbl.'rlregrettables, à cause mêmo de leù durée.

D'abord ces pénitences, en privant l,enfant del'exercice nécessaire à la digesliono et à l'acËvitégénérale, ne sout point nflnt uconyénients poru lasanté. rt

Page 218: Les enfants mal élevés

3C6 tES ENFÀÎ{TS MÀL ÉLEYÉS

"%Nous savons à merrreille que, dans les pensionsr.

'

Itrn second lieu, le cabinet noir et le piquet tro fo$-

semblent à une peine, qu'autant qu'ils sont prolon'tgës : il faut plusieurs heures de a retenue )) Pourconstituer un châtiment méiliocre' Ce n'est qu'en

augmentant, eç accppulqpp f'eçrqq!, qu'on obtient

l'équivalent d'uno Pénalité.d'imagine-t-gll *lgTt ce gue q ruPlle > .le petit

coupablà pendant tout co tedrps... t Yoilà qui est dé-

plorable à n'en Point douter t

Il eqf cspspppi quo I'er-rfqnl s'nigrit 19 paractère'

p.ila"ot q";ii boud.e, pp reste moroqe e[ qgprbre'

De lÈ, "o[fp qptip,qlhie rÉqq]up pqrif fep, ]qngs ser-

mons? et notre franche préférence pour les corree-

fisw lePfeq '

Itrtr*

Et les pensums I

Obliger un élève à copier cinq cents ligqes, c?est

tui 9â6r la mpin; ne rien |ui apprendle-; etïabrutir.Airtant il est bon do fairg écrire dix fois, vingtfois,

les mots 'dont l'pnfant ignore I'orthographe, afin

de les lui graver dans la mémoire; autont il est

détestable de l'obligor à noircir,trois heures durant,

un cahier de papier en manière de châtiment'

No vaudr"itd pas mieux lui imposer d'écrire une

Fage cqlligraphique, 4irt-il fe t"f orymencep PluqipursisiJ r'it tq Péglige e$ rieP:

Au tltoiq;,le trgvgil prpseptefiqjl quelque ufilifé"

Page 219: Les enfants mal élevés

, L'AUTORIIS ET LÀ CORNECÎION 2M

et dans les lycées, los modes vicieux de répressionque nous sigrralons, son[ à peu près inévitables,quel que soit Ïâge.

Yoilà précisément pourquoi, I'internat est un mi-liou très défavorable à Ia formation dos carac[ères.L'enfant y vit daos une aigreur continuelle. Fairedes niches, imaginer de mauvais tours, est sa seuledistraction.

Défalquez do sa vie, lqs quarts d'hcuro ile répri-mandes, Ies houres de punition et les jôurnées dora,ncune..., of voyez s'il y a placo pour beaucoup deminutes de sérénité et de joie I

Étant donné que les rentontrances ennuient sansgrand profit,il semble expédientde les romplacer perde petites amendes, pour chaque omission'ou fautelégère.

Du moins, nombro do parents ont recours avee

succès à ce procédé, dès que I'enfant est devonugrand.

Page 220: Les enfants mal élevés

'/l

Page 221: Les enfants mal élevés

trvRn OuÀTRrÈnru

[a PETSIoN0MIE ET LE cerucrÈnË

APITRE PREMIER

LA PHYSIONOMIE CHFZ L'ENFANI

Lo système suranné ducélèbre médecin'allemandGall, ne mérite guère mieux qu'un souvenir : nousyoulons parlei de la phrénologie.

Supposer en effet que los affections et les pen-chqnts tle l'âme développent certaines par[ies corres-pondantes ducerveau, et se traduisent en âosses dèsIe premier âge, sur la boite osseuse du crâno, étaitune idée curieuse, intéressante au premier chef,

Mais l'expérience n'a pas confirmé les hypothèsescomplaisantes de l'inventeur, ni cellos de ses disci-Plcs'

x**

La tête humaine était comperable àune cartegéo.graphique, avec ,ses localisations spéciales) ses nL dé-oartcments > déterminép, solnme on disait" c Â.ma.

Page 222: Les enfants mal élevés

2I.O LES ENFÀNTS MAL ÉIEYES

vité, combattivité, acquisivitê, etc... D s6 reconnais-saient il'après ces puteurs, aux saillies ou protubé-rances de la tête. En un quart, d,'heure, toujoursd'après elu(, on était à mêmo de connaître, par une

seule inspection, lestendances ile chaque enfant.Co serait morveilleuxtSeulement, les phrénologistes ne disaient point,

pourquoi les afiections de l'ârne se ùroutaient grou-pées, (sans doute pour la plus grande commodité dusystème), précisément aux points oxtérieurs du cer-

veau, toute la partie intérieure on étant déshéritée.

Cette rernarque des adversaireb, était de nature à

mettre en garde contre l'exactitude des observalionsconsignées.

C'est ce qui est arrivé.

x**,

Mais si la phrénologie basée surles .. bosses r n'estpas scientifique, on ne saurait en dire arttant de laphysionomie, ciui révèle par I'inspection des traitsdu visage, Ies inclinations ordinaires de l'enfant.c La dépenda,nce mutuelie dans lequelle sont l'âmea et lo cbrps, dit un auieur, fait que, tout, ce qui agit

- c sur I'un, réagit sur l'autre. Et c'èst surtout Bur lec visage, que s'épanouissenl, les modiûcations de lae nensée.'l

*G*

frn effeto c'est sur la face,Ia plus noble partie cle

fêtre, qtrc s'affirment, sc nuûnccnt et se ooncentrent

Page 223: Les enfants mal élevés

tll PEYSIONOMIE ET LE CANÂCTÊRT fiIles impressions rie la vue, de I'odorat, de I'oui'e, etclu gorlt.'Les nerfs nombreux qui s'y ramifient luidonnent une exquise sensibilité, et les vaisseaux quis'y distribuent, une énergie vitale extraordinaire.

La faco, es[ la seule partie de l'être qui soit spirÂ.tualisée p* ia irensée i

-

dc

*,F

Est-il vrai, comme on le voit dans certains ouvrir-ges, que les sourcels mobilos et réguliers indiquentl'enfant vif et nêrveux; et que, si ce dcrnierest,d'untempérament calme et froid, ils offrent des carac-tères opposés? Est-il vrai que les cheoeun blondsdénotent la sensibilité, et les noirs Ïindépendance iEst-il vrai que,le nez aquilin marque la puissance dela volonté? quo petit et maigre, il annonce le pen-chant à la moquerie; gros et charnu, Ies tendanceslymphatiques... ?

Est-il vrai que lu bouclte fasse présumor l'intelligenco quand la lèvre inférieure déborde, e[ la lour.-deurd'espri[ dans le cas inverse...?

Est-ilexact que lô menton saillant et pointu accusela malice? quo retiré en arrière, il soit au contrairele parfage des enfants doux et tranquilles; que le couépais soit le propre des cotréreux, et Ie cou minsecelui des gens timides...?

Nous ne savons. '

Et il sorait téméraire? croyons-nous, de formulerdes principes absolus dans cot ordre d'idées.

Mais il y a une fenêtre, grande ouverte qur l'àme

Page 224: Les enfants mal élevés

ôto

Dnfani...

rEs ENrafnÊ I{Ât ÉLEvÉs

de l'enfant, miroir merveilloux de clarté et de préci-sion, où les parents peuvent voir dans touto son in-tensité et dans un joui éclatant le trëfoteds de leur

J'ai nommé : les YEux.

Arrêtons-nous; of analysons-Ies luelque.temps

Page 225: Les enfants mal élevés

. CHAPITRE DEUXIÈMN

LE REGARD FUYANT

c Lo verbe a été donné à I'homrue pour déguisersa pensée, > a écrit un illustre misanthrope..Ce qu'ily a de vraio c'est qu'on .s'en sert, fréquommcnt daqsce but. Point n'est besoin d'insister

Nos oreilles entendent .sans cesse-des parolestrompcuses : depuis le faux témoignago eu prétoire,jusqu'au mensonge poli et doucereux de I'homme dumonde., qui, grâce à u,ne longue expérience et à unopratique quotidienne, en arrive à ùire, aveo la noteconvaincue et la mimique appropriée, mille chosesdont il ne croit pps un motl

On connait aussi Les gestes menteurs : embrasso-mcnts dc co(nmand.e, poignées de main d'indifférentsou de traitres, applaudissemonts flatteurs, cnthou-siasmes intéressés...

Ainsi, la bouche e[ la main sontparfois menteuses.illais les yeux, surtout ceux do Ïenfantrne peuaenttt'ofi?,pêt" un père qui veut savoir, celui-ci n'efrt-ilqu'une vulgaire clairvoyance.

Lc fripon a si

***

bien conscience gue son regard

Page 226: Les enfants mal élevés

gT LES ENFANTS MAt ÉIEVB8

trahit sa pensée et le livre malgr6 luio gû'll, r,l,osple fixen sur son interlocuteur.

,

Non, il n'ose pas t l,expression est juste.

9l coupablo a aommis un crime épouîantable, .unforfait inouï...II ne redouts ni la justice d,En-Haut,ni les sentencesdes juges; il est r*p"ltr de tout; rionno l'intimide, somble-t-il....

Et cependant, cetaudaciouxe ce fanfaron, nlapasla foyce, ''a pas le courage de subir l'infruencetroublante, d'un æil curieux qui I'ofrserve t

. ,Piîq ses regard.s, gulil baisse op dOplace à la déro_bée, il y e qne indécision significaûvô,'et comme un'aveu qdi I'accuse.

Il Ie sent...: et se méfte.

. No$ a.vons .îen:o.Ipré pfusiegrs fois des gens

honnêtes ayant l'çil faux I 'mais ii semlte impossiblede frouvef qq individu waiment fourËe, oo'ur.roôde profession, acceptant ,seulemenr de croiser unregard rvec vous.

c Osez medéli suprêmoinsulte.

rcs*

répéter colal ey, face u : tel est bien lequo llon por[e à gqi mont, critiquo ou

Que de choses on nous dit en détournant ra ùêre,et qu'o4 no redirait point en nous regardaptl

Chacun le sait.

***

Or, s'il en est ainsi pour I'hommeo à plus forteraison, est-ce wai pour leufant gui, bon gré mal gré,

Page 227: Les enfants mal élevés

1

IÂ PHYSIONOMIE ET LE CANACTERE ZIT,

dévoilers l'intimité deses impressionso si on I'observe ,l,es yeuæ dans leq yeun

Nous mettonq en fait, qu'q.!rd6bUt, un jeune in{is-.cipfiné se ${pourne poqf dire upe insolence ; ef quo,d'gutro pqrp, s'if surprend un pegard ferrne{ I'instant4ên1e 9ù il {ecsit qq ordre, il est 4éjq à moi[iéparsuafl.é, 0"r si notpo boucfue parle plus, elle.parlesouvent moins bien quo nos yeux.

Au contrairo, il est très rare que I'enfant se gêneqHanq lgs parents s'adressent à la c cantqpedg D.

Panq cp pas, lq parolp ne froppb que le tympan;fandis qu'plle ve oux prpfondcurs clo l'ôtre, quand

notre {ils lit sur notre visage les formuf es impérativesqu'il comprencl,' bien avant de savoir épeler lessignes du syllabaire.

*E*

Oui, c'est par le regarël fuyant , Qrrg I'enfantécfuappe à la difeclipq de le, fqrpille et cqc[re sonànp-. Yoyez -co gqi qrrive quend les paupières sont bais-sées...Toufesles oxpresqioqq de laph.ysionomie soqf .

voilées, cffacées E0ëBeo et.les intentions sont insdn-dables.

Pourquoi ? Parce que I'intelligence concentréeau dedans, aussi bien que les résolutions prises ensecret, se communiquent seulement par ces illumi-nations soudainos et vives du regard.

Un pauvre aveuglo o si intelligent soit-il, estcomrne unerrnaisonfermée de tous côtés et quial'airinlrabités. '

t&l

Page 228: Les enfants mal élevés

216 LES ENFANTS MAL ÊtETES

Que ile nu&nces infinies dans un regord denfant t

Que de choses il raconte, alors quo la parole etI'attitude ne laissoraient rien soupçonner t

Les improssions vnÂrns, la sincérité des promosses, .

les faux-fuyants, los bons propos, les r&nbunes...tout cela semontreà livre ouvort, sur ces deux feuil-lets cristallins ot limpides qui s'appellent : lesyeux t

Tantôt brillants ou monaçants, tantôt enflammésou méprisants, taqtôt indifférents ou résolus, vindi-catifs ou dissimulés, ils photographient l'âmo dansleur objectif minuscule qui réfléchit les pepsées, endos contours frencs et radioux...

**x

Oui I regarder, et surtout FarRE REcanDEa L'EM.a.NT

Brnry EN FAcE ; voir jusque dans les derhiers rcplis d.e

cotto petito conscience, Cost à notre avis un dos pre.miors procédés qu'il convienne de mettre en @uvro,pour être à même de poser judiciousemen[ un dia-gnostic moral, point do départ de cotte hygiènesupérieure qu'on nornme : l'éducation.

Page 229: Les enfants mal élevés

I,tVRE

tlwugucn IIE ta

CINQIIIIIME

camtÉ sun rÉuucallon

Dé[inissons d'abo û' le ri're'Au point U" t;qt'y'iotogique' c'est: ( une série

c de pctites expiraiions saccad'ées' plus ou moins-

;;,it*tes, etépendant on grande partie des secous-

. ;;t h" diaphragme, e[ accompas]égs de contrac-

u iioou invoiontJittt des muscles faciaux' D

Lo rire est, sPécial' ù f homme'

Cette caractéristique est curiouso à signaler : soulo

l'homme rit, parct i"'if jouit de cert'aincs émotions

dont il a Ie ptivitUgt exclusif" '- fr.t autres êtres- grimacento mais ne rient pas'

CHAPITRE PREMIER

ANALYSE DU RIRE

'î:im'JHiti'l$'Ëff ï'i*i:i*r'"*if i' oî c'" -t'1

*e*

Page 230: Les enfants mal élevés

Il faut ressentir les affections of les impressionsmorales avêc intensitérporr comprendre Iamusiguede cet instrument charmant, et ,roiqou, Ir ri*r-, dontla gammo implique une ,oitu de comhinaisons etde jugemonts, guo f,+nima| n est point capable deformuler. l

En conséquence, l,homme est douésa[ion proprë, en ce qui coRop-rno cgfteextérieure des gaietés do sqn âme.

Unmùscle de.la faceo le c zygomatique >, a cettefonction déterminée; et Ie dotteur Duchesno a dé-montré commenf, eg fouchant ce musclo &yec unepointo électrisée, oh. pouvait produrreo sur ro visagod'un caclawe, Ia contraction mécanique du riro.

LEs ENFÀNTs MAL ÉInvÉs

,r8*

ff

d'une organi-fqegifqsfation

définit lede l'or-

r)

suivante:

Page 231: Les enfants mal élevés

r1 GATETE DÀNS L'ÉDUCATION ?19

On peut distinguep ileul sorfes de rires.

I-,e rire enfantin, résgltat d'Fpu tendqRce nqtq-

Sr,ilg, {'onq prétlispoqitipn a;r cplllgntesroqt pt d qûe

;u6çpgàtipp e*panÇiyq, q!+'Fq rien ppgyqqtlp...Puis, le rirà dgq grg,rldes pers,onneç,, explgsion

acpiflentelle, pro{uitb, qe(R P*f lliqqpqpiqpge pemme

çbez |'onfopt,'mais par gira ppX[icq[aripé alpu$ante,

un trait plaisant, urie idée cqmiqpe, ou gn oggvenirpar1,icqf i.er....

i'est une exception au régime de gravit6 qui s'im-pose hélas ! à l'àge où l'on so rappelle les_ tris[esses

d'hior; où l'on comprond lcs d.ifficultés de l'heureprésonto; où l'on ressont en{ïn la ctainte du lende'maif, frpits amerq {e l'exPériPnce t

Et ainsi que l'p dip Yoftaire :

f,out change avec le temps! QR ne rit p4s touionrs,Et lion devient sérieux air décfin des beaux jours.

Pourquoi le sot rit-il continuellemenl.?Parce qu'il ne réfléchit pas...' ou parce qu'il ne se

souvient plus...

***

Le tempérpynent, fe sexe, la natiopafi!6 oxercentp4e inflqgqcÊ i"dénighlo *pr lg rire.

La fomme, pfus Uprlregqp, Hlus ippfpçqigqgablezplps excitable, y p$t prédispos6e.

Quplle énor;r;e $iftérengg q'pTiple-t-il poirtt ep-cg1oo

entre le llegme britannique Ê[ ['gxqpéqaqpp du carÈe-

tère françajs t

I.le pbgvpligr de Mirabeauo capitaine dg vdqqggg,

Page 232: Les enfants mal élevés

szo r,Es ENFÂutg MAt Étu\ds

ctanl à civita-Yecchia, deinanda au pape Larnber.tini la permission de lui présenter *i gardes-mari-nes. ces jeunes gens fureut, admis à liaudience desa sainteté; mais après les cérémonies d'étiquotte,il leur prit un riro si fou,quo lo chevaliertout inter-dit s'épuisait en excuses auprès dusaintpèro. callez tconsoloz-vous, Monsiour le chevalier, lui dit Be-noit XIV; ie sais que tout pape que ie suis, je n,aipas assez de pouvoir pour.empêcher un Franiais denre. D

lç**

selon M. alex. Dumas, it y a une catégorie d,inrli-vidus qui,ne savcnt pas rire: les fripo-ns.

Nos aïoux exprimaient à peu près Ia même idéedans r,otte formule originale, u lu ris du méchantnc_dépasse pas le næud de Ia gorge. ))

La vérité est, qu'à proprement parler, le méchantne rit point : il se rit, oa grimaco.

**x

- - Lgr domestiques, ont, souvcnt l,habitudc déplora_

blc clo provoqucr Ie rire à l'oxcès chez les jeunesenf'antso en les chatouillant comme a,musemento aucou, a,ux aisselleso à la planto des pieds...

A co s-ujet, nous ne saurions miôux faire que doraconter le triste épisode suivant, dont nous garantis-sons l'absolue exactitude :

un fils naît dans un jeune ménage. La rnère nepeut allaiter le nouveau-né : on le cànfie à une mcr-

Page 233: Les enfants mal élevés

LÀ GAIETE DANS L'ÉDUCATION

cenaire? choisie après la plus scrupuleuse enquêto.

Lebaby est splendide de vie et de santé; à dix mois,

il rit si volontiers, que chacun stinoule sa bellsgaieté.

Un jouro l'enfant'est conduit dans la boutique dunfournisseur voisin. Là, se trouvent plusiours {,omes-tiques, plusieurs ménagères, mères ou commères,.'

On I'agace? on le taquine, on lo secoue; il passe de

mains en mains...C'est à qui le chatouillora bêtement' t

Plus il stémeut et s'agite, plus on l'oxcite : ce Est-ilgail est-il aimable I est-il charmant I "

Oui I on l'énorve à tel point, {u'il est prisd'une convulsion violente. La bonnc affolée, oD-

porte l'enfant dans son tablier, remonte on toute'hatu...,

et remet à la mère terrifiée..... un cadavre t'... J'ai recueilli cette navrante histoire de la boucho

iôme des infortunés parents.Je ne Ïoubliet'ai jamaisLa mère,,elle, aurait compris le danger... Mais,

qu'importait à tout ce monde de rencontre que lepauvro petit être fût menacé d'une crise fatale ?

Était-it autro chose qu'un jouet entre leurs mains

brutales...?

*#*

Ce rire artificiel, n'a rien de commuû avee la

gaieté qui c vient du cæur I : cela esf si vrai, qu'au

*oyoo âg.,le chatouillement employé comme mode

de lorlure, amenait quelqucfois la mrlrt: I'histoiro

nous l'apprend.

Page 234: Les enfants mal élevés

LEs ENFANTS MÀt Él,t:vÉs

Victor iiugo a écrit ciù'il y a choz l,homme deuxôpasmes contagieux : l'hilaritéo et les pleurs.

Le iire est à l'hilarité, dit uri auteur, co que lessanglots sont à la douleur : l'expression accuséêde sentiriierif,s intimes et vifb, heuràox ou péiribles.

 forcd d'emma$asiner ilaris.son oisafrsme desémotions intenses, soit de gaieté, sciit de trisiesseola diiaiafiôn intôrne excèdo" en quelque sortl h ré-sistanco ; il y a une espèce de suffocation croiôsantegui-linit par,éclater, én rirês ou ôn sànglots, tôutenétablissdnt l'équilibre ilaris teÈ irrgËinei décfoargéspar cette secoussti

io*

Étrange fragiliùé de riotre nature iLa mesure d'émotions {ue iioqs flouvons sup-

porter, estrenfermée ilâns uri cercle étioit, rorurrÂedans de strictes limites qu'on ire saurait franchir.

Observons bien ces phénomènes:frop rire iait, pleuror......

. Et d'aulre part, I'excès rJcs larmes,trorable l,iniei-Iigence jusqu'àu rire do Ia folie......

Un brui,t très intense, finit par n,être pluÀ percepti-ble et rend sourd.; tandis qu'un profond sitànce suc-cédant au tumulte, produit un bourclonnement ima-ginaire.....

Enfin, une lumière 1,r.op éclatante nous a,veuglo,."InJirmes et débilcs que nous sommes I

**t

Page 235: Les enfants mal élevés

:.

LÀ GÀIETE DÀNg f,'EDucarloN dgg

Et il en est de même de toute3 choses.

L'homme qui veut tout savoir ; l'homme qui a I'am;bition démesurée d'êtro esprit, fo'rt, qui ne sait pointse borner et prétend tout juger et expliquer, est

biontôt frappé d'anémisintelleotuelle : l'excès rompt

l'harmonie, et amène les désordres do l'esprit.Quot avertisssmerit I et quelle leçori t

*8*

C,est l'intérêt de l'enfont gui doit rnotiver l'éveil'

ou le réveil de la gaieté ; m"iq voyez d'ailleurÈ de

qtr" prix elle est ari foyer, et dans les relations ôo-

ciales I

- Dans un saton, entre une personne douée d'ê ôe

don précieux... À .oo "tnjof' une exclamatioii de

pf*iJ* s'échappe do toutes les bouchos' un soùiire

ho satisfaction-se répand' sur chaque visage' un cou-

r"otd,cordialitépu'.uàtraverslassistanceentière:la détonte est g6nérale

Or, s'il en -egt

ainsi d''une in{luence étrangèreo

.ombi.o pl", active et plus -touchantt *.:1" cette

eoûlmunication d'enjouement, provenent dêtres qui

nous sont chers, et qui inspirent la joie autant qu'ilo

la ressentent.-_ sous l,empire de ee sentiment aimable, Ionfant

sora porté à obéir, et les parents' de leur qôté' se

sentiront enclins à command'er gracieusemen[ - co

qui ne veut Pas dine mollement'

La maison sera gaie; et I'on y respirera uno

*t*orphèro ds brenvéilance, de charme; et de paix'

Page 236: Les enfants mal élevés

gzE. -.." LES ENFANÎS MAL EIEVÉS. _f".1 "l-1" . ',-,. _. .a r'4,"n,, ;

'':"EsJ.'ilrieg qui,.repose l'esprit et le cæur commc la

'prégenc'e de personnes heureuses ?

Cela FArr DU BrEN : le mot est juste.

**x

On a dit qu'unc hilarité exagérée était capabled'amener des troubles, et même la mort.

Si Polycrate, Chilon, Sophocle, Diagoras, Philip-pides, furent dans ce cas, ainsi que Ie rapportentAulu-Gelle, Valère-Maxime , Tite-Live , Pline etCicéron, c'es[qu'il y avait là un excès malarlif.

Au contraire, le rire qui prooède del'âme est bon,moralement e[ physiquement tout ensomble, surtoutchez l'enfant qui peut s'y livrer avec uno grandeintensité sans danger; car chez lui, c'est un épa-nouissement, et non un effort qui ébranle, ni unecommo[ion qui bouleverse.

***

On attribue même au rire certains effets merveilleux...

On conneît l'histoiro de ce cardinal qui, suffoquépar un abcès au poumon, touchait à son heuresuprême.

Ce prince de l'Église avait un singe qu'il laissaitvûquor en libcrté dans sa chambre. L'animal ayantsaisi la calotte rouge do son maltre, vint, ainsi coiffé,s'installer au pied du lit du moribond, qui fut, prisd'une telle sn1:ic tle rire, que l'abcès creva... Etle malado fut sauvé.

Page 237: Les enfants mal élevés

"rdffi6',sËri:[i,:.t -i}n*-Jr*..,

jËW

CHAPITRE DEUXTEME

LE R|RE : SON nôr-e DANS UÉOUCnrpru

, Modifiant quelque peu un mo[ connu, nous dirons,qzt'etn enfant triste, est un triste enfant !

En efiet, à moins que la souffranee ne l,étreigno,Ia jeunesse doit aimor à rire. .

Les caractères sombres et concentrés ont absolu-ment besoin d.'être distraits, la tristesse étant unprodrôme inquiétant quiil faut survoiller de fortprès. ,

C'ést une anomalie gui d6cèle une maladioo soitphysique, soit morale.

***

Un enfant qui ne rit pas, n'est ni ouvert, ni con-fiant. Forcémont il eet grognon, impatient of revêche;on sorto qu'à la moindre contrariété, au moinclrereproche, il deviendra boudeur et, hargneux.,

Et comme les avertissements ou les gronderies

- nous l'&+ons dit déjà, - se chiffrsnt par ccn-taines dans le courant d'un mois ; comme l'on-l'ant doit êtrs souvent contristé par ses parents ouFar ses maîtres dans son propre intérêt, s'il .n,epas un grand. fonds de gaietd deréserueo il pass.ora

Page 238: Les enfants mal élevés

M6 LES ENF'AT{TS MÀL ËtÉJVITg

une jeunejse morose : ce qui est .pour lui lalaplus ne\aste qui se puisse imaginer. *

Se représento-t-on un enfant aimabls' nê

chose

riantjamais... ?"

Qn ne concewait pas davantago, en dehors de'l'oxpression joyeuse, une figuro d'ange reflétant ù la'fois l'aménité do l'esprit et les puretéb de l'àmo.

*8*

tAu dire de M" de Genliso lo riro vput'souvent

mieux que les m6ilicaments.tst en tantque facteurdans une bonneéducation,

il est vRÀIMBNT lulicsss*tnn : rien ne Ie peut 1'smplacer'

Il dilato le cæur. ttétencl l'esprit, distend l'orga-nisme, préilispose à la, souplesse du caractère et àla disciplino des organes serviteurs.

Ira pâssivité physiquo au contraire., encourage ia

passivité morale : < Yoyez t il resto là comme un

rnlr?", conime unebû,chel > s'écrie-t:on dans un mou-

vement d'emporternent, alors que l'attitude négative

.du boutteur exaspère encore davantage.

Ces mots font image, et prouvent bien na.tro

thèse.

*Ç*

,Quand I'enfant, ainsi gourmanclé, s'isole èt se ren-ferme en lui-môme, il se place en face d'uae mau-

vaisecompagnie : il ronge lefrein, méditedesprojcts

Page 239: Les enfants mal élevés
Page 240: Les enfants mal élevés

CHÀPITRE TROISTÈMN

coMMENT oN ÉvgtrE LA GATETÉ cHEz lj*ru*

Une obiection fort répandue nous barrele Pessege.CommonQons par yréPondre.a'On no peut pes, dit-on, chan$er lo tempéra-

a ment des enfants; les uns sont gais, les autres

e sont tristes, tout dépend des natures.

Le propos est oxac[ si l'on parle d'individui déiùformés: lar6forme étant @uvre ingrate, sinon irréa-tisablo.

Mais co que nous ne saurions admettre, c'est qu'itn y ait pes moyen do modifier très profondérnent

les caractères, si Ïon s'yprond'de bonne heure.

Là est toujours le vrai seeret de l'éducation, otsa

grande efficacité : s'Y PnENDRE a rEMPs....'

n'habitude n'est-elle pas une soconde na,ture?

Et si la continuité des influencos modifie l'homme

et le transforme, à plus forte raison cette action est-

ello rapide et profonde quand elle s'exerce sur de

jeunes sujets.

***

'Pour stimuler la gaieté, oD observera ce qui, do

Page 241: Les enfants mal élevés

LA GATETE DANS r,ToUCArrOU 929

préférence, est susceptible de fairenaitre Ierircchezf enfant.

Croiro le distrairo avec ee qui nous senrble parti-culièrcment gai, est uno erreur.

Chacun ne juge pas, ns rossent pas de la mêrnemanière. L'un se pâme à la vue d'uno contorsion : l

un autre se déride plutôt grâcoà uneidéeioyeuse..,'Rec[.erchons d.one, avant tout, quelle est la chose

qui excitolo rirei puiso unefois cettoremarquo faite,engageons l'enfant à renouveler la réflexion, la plai-santerie, I'innoconte gaminerie qui engendre son hi-larité; et par mille moyons ingénieux, aidons à cettepetitemanæuvro.

xË*

Ainsi, au lieu de prétendre I'égayer avecles drôle-ries de notre invention , r'ions de celles d,e son choiæ ;provoquons-los, attachons-y grend intérêt; feign ons,si besoin est, de trouver l'id6e t'harmante et amu-sante comme nulle autre t et, à n'en pas douter, l'en-fant répétora sa naïve comédie pour faire rire : alind'y parveniro il rira lui-même.

C'estinfaillible I

Et pour peu qu'on B'y prête en rienr la gaieté trans-mise, deviendra bientôt gaiet6 acquise.

lB**u

Certainos natures sont si tristes au dedans, si c rai-des r au dehors, qu'il est très utile de les assouplird'abord par I'activit6 musculaire.

Page 242: Les enfants mal élevés

EaO LEs ENFÂNTs MÀL ÉInvÉs

Les dansesr. ronrlos, sauts, courges,, sont lo meil-leuro préparation qu'on puisse recommancler, carI'homrne est un eomposé binaireo corps et âme, nel'oublions pas.

Un exceilent moyeq d'employer cette ,activité desenfants, consiste à, se fai,re. aider par eux dans untravail utile...,,ou imaginétel. R.ien ne lôs flatte plusque cette collaborationo'qui les rend sérieux et heu-reux tout ensemble.

Il estbon oncore, si uR enfant est absorbé, chagrinou boudeur, de'lui poser subitement une question se

rattac\ant à un ordre d'idées qui l'intéresse...Plu" la transition sera brusque, complèteo'mieur

cola vaudra pour ranimer la gaieté endormie.

Page 243: Les enfants mal élevés

CHAPITR}I QUATRIÊIWE.

LEs cAusEs Du RIRE cùez uENFANT

lI esf beaucoup moins commode de cléftnir la eause

du rire, qo. d''*i ressentir les effets' Cllez 't'enfant'

cc[te cÊuso est- généralement nhvsigue : c'est [a

mimiquo, la misJen scène qui"Ie deriAe de préfé-

rence.La gaieté lui e.ntre plutôt par les Ueuû'

Pour l'homme au iontraire' Cest le contraste'

fiaO" comÏque, le disparate ilans les sentiments

oo a""t I"s àiio*tions qui amène le rire'

On ne rorpruod p"* 'oouent

l'enfant riant seul' en

o g*rtr"'urt-à-diô s'attachpnt à une i'd'ée'-- 'Noo, ia figuration des choses Par ce Tgyuo'

man-

"";;;; pooi lui d'énorgie et de consistance : st

i."ï.^iJàiiig.rr.. esr rrop superficielle pour cela.,""ù"irlàir"r"r,n"mmo, la gaieta waie, est, plutôt celle

q"i'îiii-î31; particuiaiite .çu

ravivant' oÛ d'une

image ,ooproit "'u Ag"oopant nettomontdans le ciol

desiouv"nits"' '

À ce tableau, embelli par les décors d'une innagi-'

nation uoch"oturesse? friomme se complait tlélieieu-

sement , t* oO'im lui semblerait moins plaisant'e

oue l'imagination I Il entrevoit un idéal' et lui sou'

tit, en oubliant Ia réalité' '

Page 244: Les enfants mal élevés

LES BNFANTS MÀL III,IIVES

Lo contrasterdisions-nous,cstle principo génèrateurdu îiro ; en sorte que si deux contrastes..s,addition-nelt g.g suraioutent, alors, on subit.un entralnc-.p egrt, :i rf é s,i sti bl e.

'..."Oq rencôntre un vieux fat marchant d'un air so,lennel.et prétcntieux. Tout à coup t le pied lui man-que, eto sans'rtrop se blesser, il tombe sur le trottoir...Onl'avait vu glorieux il y a une seconde t et lc voilàmaintenant par terre, dans uno attitude aussi gro-tesquo qu'insolite.

Cette opposition entre la vanité du héros et samine piteuse, produit le rire.

Témoin de la scène, évêque ou magistrat, enlantou vieillard, homme enioué ou grave : on rira.

( S'il s'agissait, d'un cheval, chacun s'écrieraitavec compassion: c Oh t la pauvre bête t b )

o***

Puis, cette envie de rir.c, r'l ôlro elle-mùrne com-battue per un autre sentiment succédant à l'impres-sion première : s Jo ris I mais vraimontr ponSerâ,-< t-on, ce pauwe Monsieur e.reçu Ià une violente( commotion; il aurait pu rnême se donner un( coup mortel... t C'est stupide do rire parce gu'uec brave homme a risqué ,de se casser la jambe,c ou.de s'ouvrir le crône en faisant une chute t< CeiteSsi j'étais à sa place, je serais furieux, et jeg trou.verais Io monde bien méchant... t etc... >

Oui, on se dira tout cela ; êt, plus on insisterasur ces sages penséesoplus le rire deviendra inl,ense,maladif.

Page 245: Les enfants mal élevés

LA GAIETÉ DANS

Alors, le contraste entrel'accident qui Ia produit,

On se battrait de rirec tordr.

I,.EDUCATION 8BI}

cette gaieté absurde etva, décuplor l'hilarito...

x*o*

...tI y a là un spectateur narquois, qui se moqueplus que personne de la culbute du passatrtr (( do sa

bonne tête, ) comme il dit; quand soudain, il glisseà son tour, j-uste au moment où il plaisantait les autres,et s'amusait de leur maladresse.'

Le rire des assistants augmentera, à raison de

cette nouvelle opposition entre les sarcasmes du se-cond Monsieur, et ses mésaventures pcisonnell,es.IV[ais ce serait bien pis encore, si I'incident se pas-sait dans un lieu où la gravité et lo'recueilloments'imposent...

On le voito cotte série d'épisodes ost fondée surle contraste, le père du rire

*#'r

Lc mêrne phénomène se proiluit chez l'enfant dans

des conditions qui sernblent clifférontesn mais qui,philosophiquement parlant, sont identiques.

Au regard de celui-ci, los parents sont des per-sonnagos gravss, sagos, gui évitent de rien faire domaladroit.

Par suite, une bévue paternelle provoquera chezlui, par opposition. une folle gaieté, une joie sans

mesure,

Page 246: Les enfants mal élevés

ZB& LEg ENF'ÀNTS MAI, ELEYES

.Que le'papa c&sse une assiette; que la maman

renverse un verre sur la table... et la petite mai-sonnée c rugira r de bonheur, sautera, applaudira,dansera, et so pâmera d'aise

Aussi est-il sego à un père de no point se donnerpour impeccablo : il risquerait trop, d'êtro réfutéet confondu sur l'heure.

,'9%D'après Aristote et Cicéron c'est Ia laideur physi-

que qui eqt risible.La définition est-ello restéo vraie ?

Un orateur do club, dont Ies phrases 'prud'hom-

mesques et les périocles à effet, alternent avec des

c"uirs renforcés, egt pour l'liommo de gorit souverai-nement comiquoo en dehors de toute idée de lai-deur. a Messieursn ie no suis point zorateur... I n

restera toujours un mot comiquo de Ia moilleuromarquo.

... Un colonelo gourmande un de ses hommes qui,dans uh ongagement' périllèux, semble désirer re-joindro... les lieux qui Tont vu naîtroi ou 8o dis-

simuler dans un fossé: c Que fais-tu, misénable t

c Ou vas-tu ? D - e Mais, mon colonel I ils me tirentdesshs, r r{pond lajeune rècrue à son chef, guo lorire désarmo...

Où donc est la laideur en tout ceci ?

{e préfère la définition de Pascal : c Le risible,Cest la disproportion ; ou encore oolle de Kant:r Une attente déçue. r

Page 247: Les enfants mal élevés

LA GÀIETE DAI{S L'ÉDUCATION 23S

En somme, ces idées sont germainos de la théoriedes contrastesr.précédemment signalée.

..x**,

L'auteur de I'a Grand,e'Bohême, raconte l'histoired'un riche agont de change qui, étant allé pro-mene- son potitgarçon? futfort surpris de le voir luiquitrel la main, ontrer d.ans une courr posor sa cas-queti,e par terre, et ontonner d.'une vôix pitoyable ettraînante la lugubre romance des Feuilles Mortes...Informations prises, l'agont de change ne tarda pasà. savoir que, dans le but d'augmenter ses gagesI'ancienne nourrice avait trouvé lucratif ds louir,pour aller chanter dans les carrofours; lo pension-naire qui lui avait été confié...

Vraisemblance à part, Cest bien au contraste seultles situations,'que l'anecdote omprunte sa gaieté ;sans cela, la'scène"du petit mendiant, ferait plutôlrnonter les laimes.

Eh bien ! puisgue le riro résulte des oppositions,découwons celïos qui plaisent à I'enfant..., of nousferons naître I'eqiouement ô notre gré;

Page 248: Les enfants mal élevés

CHAPITRE CINQUIÈME

LA JotE. D'APRÈS LEs remPÉnEMENTs

Le tempéramentr'romarque le docteur Belouinotinflue beaucoup sur la joie.

Ainsi, lbs enfantssangui' ms, douésd'une excessive

mobilité d'improssions et prompts à saisir les événe-

mentso se livrent volonticrs et sans réserve à la joio ;mais ils ne l'éprouvent pas très vivement. Tout est

superficiel"ôhez oux.I.rls bilieun, poursuit, I'autour du traité des Pas.

sions, plus déliants queles sanguins, plus scrutatours

et s'oxcitant en général moinsfacilement, demandent

pour se réjouir des raisons plus puissantes ; ils ont

une ioie vive et durableLes nereeut, sont excessifs. Leur joio déborde

impétuouqeo comme leur douleur. Les motifs, les

plus légers, les plus bizarres, les moins fondés, en-

gcndrent l'a gaieté capricieuso des enfants de cetto

constitution..Los lyru,pltatiques ressentont-ils ce sontiment ?

Souvent il i-st difffcilo de lire à traYers l'épaisse

enveloppo de lour cæur; of s'ils sont satisfaits, il est

raro quo le félicité intérieure illumine de clartés bien

vivos leur physionomie impassible.

Page 249: Les enfants mal élevés

LA GAIETÊ DANS L'EDUCATION 237

lls ont, des contentemonts, mais non précisémentrle la joie.

Las méIancoliques, éprouvent cette émotion quandils y sont ed' quelque sorte forcés : il faut qu'elleprenne pour ainsi dire leur âme d'assaut. Ils sem-

blent faits pour vivro dans la tristesse, commo lehibou dansles ténèbres; et quand ils sont heureux, ilssont toujours un peu mécontents deux-mêmes.

La joie est chez eux un phénomène insolite, quino so montre qu'à de très rares intervalles.

qç*x

Tclles sont les appréciations de ce docteur,' qui, au

point de vue ntddieal, fait ainsi l'apologis du senti-ment dont nous parlons :

< La joie'entrâtient la santé'do l'onfant, facilitec la digeslion, fortifie Ie copps et l'empêche de res-q sentir la fatigue. Quand nait la ioie, la nutrition( se fait mieux, les vaisseaux sont plus remplis ;c sous l'excitation d'un sang fortement hérnatoséc par une respiration puissante, les exhalants fonc-c tionnent avec aisance, et il est constant que lesc absorptions sont plus richos et plus faciles. Dans( ces conditions, le sang ne séjourne pas dans lesc grands orgenes, et les affections qu'on nomme onc pathologie obstruction et congestion, ont moinsc do prise sur l'organisrlo. r

Mais la gaieté est surtout la santé morale de Ïâmeenfantine : elle la maintient dans une douce sérénitéof dans une ouiétude bienfaisantô.

Page 250: Les enfants mal élevés

938 LEg ENFANTS UAt ELEVES

Plus un cæur est dilaté parlajoia,pl,usil y a placepour la bontë et la tpnd,resse.

*u*xI,

lln observatour, qui'est pout-être un philosophooa posé des règles qui permettraiento daprès luio dereconnaître lo caractère de$ enfants par leur rire.

Autant dg rires quo de voyelles :

a Les enfants qui rient en A, sont francs etbruyantsr .

u L, rireen E, estpropre aux mélancoliques.c L'I, est le rire habituel dos personnes naives,

n serviableso timides, irrésolues.: d'après liautqur,s( c'est le rire des blondes (?)

c L'O, iidique la générosité.et la hardiesso..l Évitez comme la peste, ajoute-t-il, ceux qui rient

c en IJ ; o'est la note des avares et d.es hypocrites. rIl y a unp pant devérité dans lesrègles précéden-

tos, cuneuses op dépit de leur eragération.

Page 251: Les enfants mal élevés

I,IITRE $XIÈIME

TIIÉES I}E I,'EI{FANT SUN ffi BÛSHET'n"

CHAPITBE PREMIER.

LA MESURE ot.:O*FlEuR

Les contrariétés auxquelles le corps, I'esprit et locæur de l'snfant ss heurtent dans la vieo semblentà son inexpér'ience attent' tl'anomalies inadmissibleset intolérables. ;

C'osl, qu'il ale sentiment trèsprofond, très convain-cu des avaqtages da bi,en-être.Il a assez vécu pourl'apprécier; aussi est-il porté à baser ses raisonne-ments sur ce principe qui lui parpit des plus natu'rols: < Cela me $êne : donc, cela ne doit' pas 'ê[re. I

. Bt en jugeant de cetto manière, l'enfaht suit lalogique do l'instinct.

Le pèrc devra clonc se hâter do srtggérer ung con'viction tout opposéoo à savoir : quo la volonté e.t laliberté de chacun rEUYENT être entravées; etqu'en'certains caso ollesDoIvEMl'ètre nécessairoment: Ia loi

Page 252: Les enfants mal élevés

z,LD LES ENFANTS MÀL ELDVI'S

du bon plaisir étantune exceptiono aussi rare que peudurable.

****

En esquissant la silhouette du baby de trois ans,nous &vons dit que la première notion morale àéveiller chez I'enfant, après I'idée de Dieu, et dès

gus l'intelligence le permet, c'est un sentimett de

ioie profonde et de gratitude vraie pour les bionsdont, il jouit, of dont tant de familles ne sont pasfavorisées.

***'

Entrons en effet dans la pensée de l'enfant;tâchons de bien nous mettre à sa place et de ressen-tir, ou du moins de pressentir les émotions qui tou-chent.sajoune àme.

Or, quello estla sonxwùe de bonheurl qrre la viepeut donner...? Quelle est d'autre part lamesure des

contradictions, quel os0 Ia nombre des eh,agri.ns etdes obstacles qui viennentà latraverso donosvolon-tés et de nosvæux ici-bas...?

L'enfant l'ignore I

Il ne peut point le devinero même approximative-mcnt. Il ne sait risn; ou plutôt il ne sait qu'unechose: c'est qu'il n'aime point souffrir.

**o'

En dehors de cette notion, il n'appréciera les êtreset les événements, que d'après l,'éd,ucation qu'itrrece0ra.

Page 253: Les enfants mal élevés

IDÉES DE L'ENFÀNT SUR LE BONHI1TIR 21|,'

L'expérionce e[e-mêmo, ce facteur si utile des

progrès humains, ne I'era son æqvre que plus tard;o'est-à'dire quand l'ospritde l'enfant aura ét'é laçonné

par les impressions premières : celles qui flemeu-

rent.

**'r

Voilà pourquoi nous a,vons écrit, en toute véritéo

qu'un enfant eomblé des faveurs de la fortune, 'en-

tàuré des tendresses familiales les plus vives, et des

soins vigilants de domestiques dévoués, peut très

si,ncàrement se croire malheureuæ coYTùrne aue?in,

si l'on n'obéit point à uno petite fantaisie à laquelle

il attache un prix infinio surtout par esprit d oppo-

sition.N'essayez pas de lui offrir 'en compensation un

caùeau dix fois llus cher.I-l ne l'appréciera pas; il le rejettera même oveo

indifférenoe ou colère.Il a incarné en quelquo sorte le bonheur dans la

chose convoitée : rion ne saurait la remplacor.

*%

La vérité est que l'enfant désire bien plus obtenir

la soumission paternelle, que la iouissance effective

du bibetot qu'il réclamo; à tel point que si Ie père

cèdo, l'enfant se tiendra Pour satisfait, et dans "l'ins-tant, ne songera même plus à ce qui, à l'en crtrire,

devait a tant I'amuser > I

lci, il so oomporte en vrai philosophe. Oui, cetûô

Page 254: Les enfants mal élevés

'ln

111'

LES ENFAI\TS MAf, ÉTEVOS

,"7Wr

inévi-

incidento futile en apparence, a néanmoins une im-portance considérable, parce Qu,il s,agit de savoir.

, qui &urà, r€ dernier ntot, en lin de compte.Et, l'"enfant sent, à n'on pas doutor, qoô si'on lui re-

fuse un_objet, quelconque, tout le restepeut lui échap-per également...

xt*

II n'est done pas sotr. commê on lè suppose,iluand il se montle tenace et ob^stiné pour des- vetit-les. Àu contraire, il fait preuve en ôeta d,,un senspratiquo des plus profonds, et, des plus remarqua_bles. \'

C'est uno guostion do principo qui so débat; etil y attacheuno lmportanco extrêrne : le jouet n'estqu'uir prétexte.

_ On voit par ce qui précède, qu,il f,aut au plus tôtinculquer à cotte jeuno âme un certain oornb* deaëritdt'premiàrgs et générales, qui lui fergnt eom-prendre cb qu'il est; - ce qu,il importe qu,il soit ;

- et ce qu'on attend de lui.Pratiquemont, et au moyen d'exemples faciles et

quotidiens, il convient, d'apprendre à l'enfant:Que la vie est bien plus une' épreuve qu,une

jouissanco... Qu'ici bas, lo plus heureux est celui' qui souffre le moins, et qu'aucun bonheur n'est s€msmélange.. .

- Que la vertu implique le mérite, et gu'il n'y apes de mérite sans privation...

Que Ie sscrifico est nécessairo, et le luttetable...

Page 255: Les enfants mal élevés

{DËES DE L'EMANT SUR LE BONHEUR 283

- Que les æuvrês, dans l'ordre moral, valent ce

qu'elles cofrtont... Que selon un mot célèbre : on

entre dans la vie sans lo demander, commo on on

sort sans levouloir...'Que le suce,ès est rare, et Ïingratitude fré-

quente...

- Que pratiquer la bienfaisance est un devoirstrict, dès que la Providence nous donno un peu plusque lo fainnécessaire; qu'e.nfin, chacun sans distinc-tiono doit êtrs charitablle...

- Que le travail est la grande loi de I'humanité;of qu'on n'est pas dispensé du labour;parco que Ie Ciele permis que notre journée frit payée d'avance...

- Que le riche doit aider au pauwo, et le pauvre '

no point jalouserle riche I quel'aumône doit être unejoie pour celui qui donne, comme ello en est une

pour celui qui reçoit...

- Qu'il faut être c indulgent au coupable, mais

irtolérant à lafauto >, aulrement dit : que la barrede fer des principes iloit être entourée de veloursdivers, qui s'appellent : la bienveillanco, la bonté,la charité...

- Que l'agitation noest pas l'actiYité, ni la gravitéle sérieux; et que < I'esprit>.estsoulemont lamoussedo l'intelligence... .

- Qu'il n'es[ ni sager,ni juste de se croire auto-risé à s'aceorder toutes les jouissances, pq,rce qu'ona le rnoyende'se \es payer J que ce principe funoste

engen.lte l'Égoïsm9 +1i dessèche le cæur,la Yanitéqui gàte I'esprit, etla Mollosse qui affaiblit Ie corps...

... Sans doute, est-il besoinde le signaler, ce n'est,

pes en exprirnant tlans leur formule les axiomes pré-

Page 256: Les enfants mal élevés

2&& LtsS EI{FE,r\TS MÀL IL:.LEVÉS

cédents, que fon porsuadera l'enfant; o'est plutôtF,N s'nN INsIIRAT{T sor-uÉ,un, pour le firiger en consé'

{uoûco.

x**

Votre baby trépigne, se livre au désespoir parce

qu'il est incapable de réaliser ce gu'il souhaî[e...

Appelez-le, pour lui demander de vous aider àrepousser le mur qui vous gène of que vous êtes

bien résolu à déplacer; faites effort avec lui, et

constatez en sa présonce qu'il y a des entreprises

matériellement irréalisables, en dépit des cfis, d'e larage et cles omportements... Cette démonstration, ou

toute autre de ce genro, sera pour lui une leçon

profitablo qui l'obligera àréfléohir.

*&t

A.utre exemPleIl y a urgonce à extraire telle dent de l'enfant...Le mieux serait de faire appel à son énergie, de

lui ilemander une preuve de virilité, d'invoquer lanécessité de la clouleur, peut-être même le sentiment

supérieur ile la souffrance volontaire, toutes idées

qui font des hommes.- Dans un autre système, on Promcttra à l'enfant

quarante sous de récompense..

Mais qu'arrivera-t-il, s'ilest pluslâche que c'rpitle?

On mottra l'enchère : trois francs, cinq fr*ncs,..tOn le harcellera pendant huit jours; puie,'oprùsune

Page 257: Les enfants mal élevés

pÉrs DE LTNFAT{T sUR LE BoNEEua srr

seène de famillg, oD leconduira per ruso ou per forcechez le dontisto.

On lui avait offert un marché; il était libre de nepoint eccêpter.'

Autant valaiucompencer parle convaincrede celtedouble;nécessité : la résignation, et foMissanco.

Page 258: Les enfants mal élevés

CETAPITRE DEUXTËMu

L'oPT'ttft|smE

Nous &vons exprimé plusieurs fois cette pensée :

qu'inspiref à l'enfant un hpureux optimisme' unelouablo tendance à voir de préférencs les choses sous

leur beau côté, était lui rendre un service signalé.Laissqns les ingrats répéter sans' cesse que les

roses ont des épines ; pour nous? réjouissons-trousplutôt de t'rouver sur des épines... des rosest

Ceci nous remot on mémoire uns aimable 8,IIoo:

dote que le lecteur lira avec intérêt : le héros n'est

autre quo le célèbre aumônier, M. I'abbé Crozes.

Il venait . de recsvoir sur I'épaulo une bouillotted.'eau froide, qu'une femmo, en arrosant ses fleurs,

avait laissé choir d'un premier étage. ( Ah t vrai-mentje suisbien heuqeux t D g'écria-t-il- a Comment

houreux? D - ( Oh oui I reprit-il vivement, pensez

r donc I j'aowais pu èl'ra coiffé ffune marmite d'eau

c chaudg, tombant d'un sixième t ILe mot, mérite tfêtre conservé

Impossible de pousser' plus loin la biervoillancede l'esprit. C'cst uno leçon à retenir et à méditer :

elle renferme plus de philosophie qu'un long traitédidaotique-

Page 259: Les enfants mal élevés

DÉES DE L'ENFÀNT SUR LE BO$IHEUR 2e7

cette importante notion de.la contingenee et de,

tefragiliçé du bonheur, inculquéo àl'enfant, suppoFe

prOaËnlËmont chez les parents dos opinioas et des-convicpions

p.orsonnèlles analogues' Oro un sen[iment

inné, ncqÉ porte tous à priser de moins en moins les

faseurs et les bien dont nous jouissons, 8'u point

de n'en avoir même plus conscience, au bout d'un

certain temps z assiùuitate oilueru,nt',l

*8*,t

Prenons encoreun exemPle:

[Jne pauYro mprê (e ne dis pas une mère pauvre)o

racontait devant nous ses chagrins et ses inquié-

tudes t sôn chsr b'aby est gravement malade' -on le veillo joor ot nuit , - il y a eu 'plusieurs

consultati"o* drt premiors rnédecins,- -o1

espèro le

sauver; - mais à condition de le conduire passer

l'hiver dpns le Midi, de quitter par conséguent son

foyer et ses habiturles dans f intérêt du petit ma-

taâe ; - que de préoccupations et d'angoisses I

- Quoi de-plus respectablu, j-" lo dsmande, que ce- langage I quoi de mieux iustifté que ces plaintest

C.ft figne femme ne voydit que ses tourments

qu'elle jugeait sans pareils : le plus grand malheur

étant toujours celui qui nous frappe t , l

Cepondant, songeons gu'il est dautres mères qu

n'aiment pas moins leur enfant, et qui n'on[ pas

I'argent nécessaire pour acheter les médicaments

orclonnéq...; pour faire le voyage d'où dénend peut-

être la vie de leur fiIs... ; pour provoquer ces cotr-

sultations des maitres de l'art ; et qui doivenû so con'

Page 260: Les enfants mal élevés

LES ENFANTS MAL ELEVËS

tenter des soins gratuits d'un jeune débutant iinexpé.rimenté ou téméraire. s'imagine-r,-on le déchirementde ces mères se disant: c ah- r si j'avais ut bon mé-dq_oin I si j'étais assez richepour pàyut tel traitement,te{e opération..... lil serait sauvé, j,en suis sriret

Pouvoir faire c Ie nécessaire ,, serait pour ellesan bonheu,r, en compareison de la douleurpoignantequi les étreint I

Souvent même, no devront-ellos pas abandonnerle cher malade aux soins d'une voisine charitable,parce qu'il leur faut se rendre à I'atolier ou. à l'usinopour y gagner guelques sous, pendant gue Ie petitêtre blêmi et presque sans soulfleo râle sur des gue-nilles entassées, et dans un air qui suffoque I

***

Non, rion de plus relatif gue le bonheur, et queI'idée qu'on s'en fait...

Qu'on en juge:

- Le ûls d'un financier de nos amis, qui n,avaitjamais été transporté que dans le c coupé > paternel,s'écriaitun jour : c Quellechance t nos

"Luvào* sont

q maladcs. Yoilà plus d'un an que je demande à< petit père tle me conduire en omnih,,e.. si tu savais< comme je suis contentt r ,

- La fille de la duchesse de T... avaitreçu pourle iour de*l'an une dizaine de poupées, autant dsboîtes do chocolat, of une quantité do jeux diversamoncelés dans l'angle de sa chambrette. Aucun nel'amusait : trlle ne trouvait même plus plaisir à losdémonter ni à les désarticuler,

Page 261: Les enfants mal élevés

IDËES DE L'ENFANT STIR LE BONHEUR 2t*9

< chérie t lui dit un iour sa mère, as-tu réfléchï à

ce que je pourrais te dooour àmontour? > - u Ouio

*"*"n."u - o Tu désires un joli jeu de patience, je

gage : tu n'er! as point encore' que je sache? D - ( Oh

àe n'est pas am'sant du tout. D - c Uno lanterne

magique-, peut-être ? )- < Non, pas cola"' > dit-elle

en roùgissânt. D - a Quoi alors I ma mignonne ? n

- ( Ehbien !... D -< Maisparle donct > - a Eh

bien...l jr vouctrais avoir une patte delièvre comlne

celle qui amuse tant la petite concierge"' lNous avons connu des pauvres qui disaient avec

reconnaissanco: < Mon mari gagno maintenant cin-

quante sous par jour' nous ne sommes plus malheu-

r1eux. > Et nous avons entendu aussi des gens opu-

lents qui répétaient avec amertume: c J'ai à peine

< mis 10,00b ft. de côté cette annéo : c'est déplo-

q rabletp \

**gl

Fères et mères gui voulons former le cæur de nos

fils, pensonp à ces choses' comprenonsJes bien I et

ooo. éprouverons une immense indulgence pour les

indigeÀts, alors même qu'ils nous sembleraient ré-

voités ou méchants.

Certes, ils ont grand tort de s'aigrir dans leurs

cruclles épreuves.. ; ils ont tort de n'être point des

héros de vertu I

Mais, ù leur plnce, que ressentirions-nous? que

ferions-nous ? que dirions-nous?... Telle est i'austèro question qu'il faut savoir se

poser avec oourage, indépendance et loyauté'

Page 262: Les enfants mal élevés

CHAPITRE INOMIÊMN

ue p|Elrl-Êrne

Les parents agiront sagemont en habituant leursenfhnts àun régime, rJN pEU au-Dnssous du rang social

'guo leur condition ou leur fortune aubriseraii à am-bitionner,

Cela s'appello : faire moinsbois. ,

.qu'on n'a de

Pour l'a,mour-propre, ce sora un petit sacrifice;soit I mais l'intérêt des enfants nous y convie.

C'est le seul moyon de réagir contre cotte espèced'enchère de vanité et de fastoo que cHAcuN âuoslo mondo dénonce avec ardeur etblâme sévèrement.to,ut on no changeant rumE à ses habitudes somp-tueuses.

***

Oui I lo luxe estdeux fois pernieieux : il entretientI'orgueil, cetennemi juré de,la Charité, et il irritc lepeuwe.

Je parle, bien entendu, du luxe excessif,,celui depure gloriole qui apprend le gaspillage, et dissuadedo la bienfoisance.

I

de feu

Page 263: Les enfants mal élevés

IDTES DE UENT'ÀNT SÛiT LE BONEEUR 2b[

Ilorovientd'uneaugmentationimpereeptible'maisincessante, dans les dépenses vaines'

Peu à peu, inscnsiblement, de I'aisance' on passe

-nirrr-Ëttt; du bien-être, au luxe; du luxe' à la

nrodiEalité, pour tomber en{in dans Ïégoism-e'

"^ E*;;;mu'la tendance naturello est de d.épasser

"t ile surpasser les autres? nos enfants auront' tenons-

il ;;;; àerhin, Ie désir de s'accorder co que leurs

parents ne se pormettont pas.eux;mêmes'' Si fon n'y -prentt garde, ils achèteront l'inutile'

,rlon Ie uiot dô Franklin, au risque de manquer en-

suite du nécessaire.--ôr, c'est la règleinverse qu'il faut suivreo-puisque

la fortune paterielle se divisant entre les fils, Ieur

.o"aitfo"pécuniairesembledestinée'onprinciPe'àse rtàd,uire ùePlus en Plus'

Àssurémontt it conïientde tenir'cornpte des con-

venances, du milieu, et de la position acquise' car

ce n'est pas en dépensant beaucoup' mais en dé-

pensant ,uon 1,,'on '" r"iot' Tel qui & cinq mille

livres de rentes et qui on dépense six, est rtn impru-

dent ; tel autre qui en- a cinquant'e mille' et en éco-

nomise dix,' .*f t'o bon administrabeur : tout est

relatif.Cepondant, si personn: ne commsnce à d'onner

t'"*einpte de Ia sirnpticité et de Ïéconomie' iamais

o^ o" ïéduira Ie fàste contre lequel on déclame

PAarolrr? sans réagir NULLE PART'

' r qe*'r

Ah t persuaclons à nos enfants que le wai. mérite'

te talenï et la verlu sont modestes et saveut' se pas-

Page 264: Les enfants mal élevés

LES ENF'ANTS IT{AI ÉLEVÉS

ser des < colifichets de l'orgueil r; porsuadons-reurquo

^si. quelques-uns *u.rÀ"rdent ieur amitié, ou

plu.tôt la proportionnent à rapompe donton faitéclat,il importg de rompre ,or-iu-.Ë**p ces relationsnéfastes.

, En effet,(et ceci est bienremarquabte r) ilsuffit dedeux ou trois personnes amoureuses du luxe, pourentraîner tout un groupe de familres dans de folesdé_penses, alors qoÀ l,oo mesure chichement le painà diaffreuses misèros.

voilà de ces amitiés qu'il faut c créchirer > et nonc tlécoudre ).

. 9"i t fuyons ces faux amis que l,on peut appelerà i.yrl* titre : la mauvaise compagnie de la booousociété; car il faut une résolution iro ,o*mune, etune énergie fortement trempée, pou, résister à cestentations qui touchent

"n* fibrur I* prus sensihlcsde l'humanité : Ie respect humain et rà vanité. L,é-loiguement est lo seul iemède.

,***

Yl !"o partout, on apprend aux enfants gue lasociét6 se divise en riches et en pauvres.

Pareilie classification exalte les premiers et rend lest-99"i{9 jaloux. Tâchons, vis-à-vis de nos enfanls,d'établir- autant qug possibre ra division suivanre,autrement sage : Ies honnêtes gens d.,un côté,riches ou pauvres; et... Ies autres.

Nous disons < autant que poSsible r : en elÏet, il ye des distances à observu. of à conserver; et lacharitd, bi large soit-elre, n'a jamais fait un devoir

Page 265: Les enfants mal élevés

IDÉES DE L'ENFAIIT SUR tE BONEEUR

do méconnaî[ro les bienséancôs, non plus que la hié-rarchie sociale.

Mais il n'en esf, pas moins vrai gue, fréquom-ment, on eocepte d'entrer en relation avec des indi-vidus qu'on n'estimepoint ; onles tolère,parco queleurposition es[ réput6e équivalente à celle que nousoccupons nous-mêmes.

Ne rencontre-t-on pas dans les salons deshommes

{ui, infigents , eussent été rayés des listes desecours, commo ne méritant aucun intérêt à raisondo l'irrégularité do leurvie...?

,r**

En général, dans le monde, on jogt les pauvresd'après les fainéants valides qui exploitent, la bien-faisance publique, au lieu de travailler ; ou encore,d'après los meutes turbulentes et haineuses quidressent les barricades dans la rue.

Ce ne sont point là les uraùs peuwes, Cest-à-clireues indigents timides, malades ou découragés, qui,loin de menacer et de solliciter, se cachent, s'isolent,et qu'on ignorerait si on n'allait poin[ à eux: il en estdes milliers dans Paris I

Un mentliant n'est pas toujours un noalheureux;et, le plus digno pauvro, estjustement celui qqr n'osemendior.

tes utiles distinctions prouveront que la charitéelle-rnême, veu[ la mesure, lo calme et la réflexion,e[ non la précipitation et les eflarements d'une sen-timentalité exaltée; et en second lieuo qu'ilnefaut

Page 266: Les enfants mal élevés

P5I LES ENFÀNTS MÀL ÉLEVES

rien faire en dehorsdes conseils des parents..r pao

même I'aumône | 'Et si nous voulons évoquer dos sentimonts supé-

rieurs, nous ajouterons que' distribuer dos bons de

pain, c'est pratiquer ta bienfa'isance,' tandis' {uo so

priver d'un joueb ou d'uq gâteau Pour en consacrerTargent â,ux pauvres, c'est exercer lacharitdo la plusexcellento et la plus féconde des vertus I

Donner n'est pas se d,anner r.

Certains se croiont quittes cnvers leur conscieneo

et envers les malheureux, quand ils ont dit aveo rme

fausse émotion : c Moi, ie ne peux pas voir ces

choses-là t >

Est-ce pitié? Nullemento mais égoïsme pur : ilsont perir d'ètre touchés, peur surtout d'ê[rs géné-

reux...' o**

Qu'il faudrait de temps à l'enfant pour arriver parI'oxpérionce seule, à so rendre compte quelquo peu

ile la condition humaine t... Nous rendons visito à une famille excellonte,

digne entre toutes.Bientôto on ouwe la porte d,u salon... Le do-

mestique eFtre, et présente cet humble liwet de

toile noire que les âmes charitables connaissent bien,pour le voir souvent.

Il o'agit cette fois ,ile donnpr une ofirande en

faveur des pauvres poitrinaires.

l. Dans son bsau rapport à l'Académio <. sur les prix de vertu o

M" Rousse, avec autant -d'esprit que de iustosse, appelle la bienfai-

Eance : la charité à distance.

Page 267: Les enfants mal élevés

TDÉES DE L'ENtr'ÀNT SUR LE BONHEUR

La ieune fille de la maison fait observer à so mèro

que, dernièremont, sa charité a été sollicrtée per

les mêmes quêteuses. Elle a raison d'avertir ; mais

pondant que se mère tàche do découvrir uno poche...

introuvablo, et d'en fouiller los profondeuret pour en

oxtraire uno modeste pièce d'or, la jeune fllle, in-soue.iante, ajoute cette réflexion: a On ne peut pas

( non plus donner toujours à la même æuvret >

Et l; mère se rbvisant répond : c Eh bien I dites

que j'ai déjà souscrit... >

Et ta roligieuse es-t lestomentéconduite-...Était-it d.ur, irnpitoyable, ce cæur de ,seizo ans?

Non pas t mais on était, on train de décider la mère

à organiser un bal pour le mois suivant : on luiIivrait assaut avec le concours do deux ou trois

amies déterminées. Il fallut capitulor i at,.dans I'ins-

tantd'après la mam&n promitenfin la fête demandéo,

tout en tléclarant qu'elle était résolue à ne déponsor

qu'un billet de mille francs..-

x*'B

I

Or, ee qui nous a surtout frapp6 en cette circons

tance, c'est de constater combion les deux déci-

sions, presquo " simultanées, somblaient égaler4ent

naturelles à cette pa,uvre enfant, qui n'avait pas

appris à réfléchiro ni ù comprendre-En vérité t Cétait tristesse de voir .cette bonne

ieune fille ainsi distraite ; oui' distraite t car on de-

vjnait b'en que le cæur n'y était pour rien:.

Charmante Froufrou! qae pouvait-elle connaitre

do 11 vie? Iitait-ce donc sa faute... ?

Page 268: Les enfants mal élevés

tns ENFANTS rrrAr, ÉtuvÉs

Discrètement, tout en poursuivant la conversa.tion, nous trouvâmos moyen de lui faire satoirque dans ce touchant hospice, où los âmes". sem-blent à moitié détachées dun corps chancelant etd.iaphane, mille francs roprésentaient le prix desmédicaments nécessairos à 30 do ces frêles pension-naires, dont lo souffle haletant et spasmodiquo expiregraduellement la vie, jusqu'à l'heure du grand som-meil I

... Avant même la fin de la phi'ase, il était facilele deviner quo nous avions été compris.

( Ahl si j'avais,sul > dit.elle tout bas, avec unenoble et sainto émotion mal contonuo.;.

Délicate nature au fond, bonne, aimable, elle nesaaai,t pas ! lo mot est exact.

Bientôt, on'le pressent, on apprit quo le bal étaitcontremandé....

Ce gour-lào les jeunes poitrinairesune belle charité anonyme?

ont-elles rogu

Page 269: Les enfants mal élevés

CHÀPITRE QUATRIÈME

I.ES PETITS PHARISIENS

Mes chers amis, devons-nous dire à nos, nnfants'gardez-vous bien de vous eroire vertueux pa!'cs que'grâce à votre naissange, grâco à votre famille, et àla vigilance dont elle vous entoure, les fautos ou dé-lits vulgaires ne vous attirent pas.

Il n'y auertu,, que s'il y atentati,on at lutto, pourrésister aux sollicitations'du mal...

Or, est-il dono si' héroïque de ne point vouloirdérober un petit pain, quand. on sait avoir le soir un

gros gâteau sueculenl,..? Est-il donc si admirable

d'être laborieuxr {uand on se livre à un travail choisi

et délicat, qlors que Tambition légitimo cle parvenir,lo besoin.de se maintenir à un certain rang et de ne

pas déchoir de celui oùla Providence nous aplacés,en fbnt en quelque so.rte, une obligation purerhentsociale... ? Enfin, est-il donc si méritoire de no pointcommettre de violences, quancl le Code pénal etcelui des bienséances nous obli,gent, en dehors de

toute vertu, à contenir uotre impétuosité naturelleet à tempérer la virulence de notre langage?

Nous profitons en cela des fruits de l'éducation8egue,

^

7

Page 270: Les enfants mal élevés

I'rl

258 LES ENF'ANTS MAL ELETIES

Ires résultats ne sont point notrc æuwe : ils sontbien plutôt acqùis, que conquis.

S'il en est ainsi, enfants I comprenez gue vous êtestenus do farre beaueoup pl%s, et snaucorlp lrrcrrx quecelui gui, sorti d'une soucho vulgaire, tlovraopour arriver aux sùnpl,es con:,Denq,rtcest faire deseffortsaussi.énergiques que persévérants, on vue doréformor une premièro éducation rnauvaise...

Àh t soyons très indulgents aux pa,uvres, à peined'être bien iniustes à lour égard I .

Il n'est pas simerveilleux. que nos fils soienû mieuxsurveillés quo les leurs, pui'sque nous avons desserviteurs pour nous y aidor...

'sa?K"'*

Ce n'est point, perce qu'on est, favorisé par les cir-constances, oq doué par la natureo que l'on est méri-tant ; mais uniquement parce qu'on s'Dsr norvr,nl DE LA

PEINE pour être rneilleur.Que sereiit-on, soi, si l'on avait été placé dans le

milieu corrompu où ceux quc l'on blâme, avec rai-son, ont été élevés? Yaudrait-on mieux?

*#ou

, Si donc un bon entourage suffit à^préserveeotout, naturellemen[ et silns effort,, l'enfant bour-geois contre les tentations' d'improbité et controles Holencos physiques, c'est un bonheur pour

Page 271: Les enfants mal élevés

IDÉES DE L'ENFANT SI]R LE BONHEUR 959

lui, uno faveur; mais il n'a point, lieu ds s'en glon-fier.

Au oontrairo, telles fautes, tels rnanquemeuts,sans portéo considérable socialement parlant, ontchez nos enfants une véritable gravité, oar ce sontles tentatians propres a,u monde augûel i,ls appar-tiennent

***

Déveluppons cette pensée, tout, en prévoyant quocertains esprits la jugoront excessive.

Le petit pauvre, qui, élevé dans une atmosphèrepernicieuse et prossé par la faim commettrait un dé-lit pénal, un larcin, disons le rnot, serait peut-êtremoins coupable en conscience 'qu'un enfant riche,se montrant plein d.e morgue et d'insolence à l'égard.des malheureux, ou prénant I'habitude do critiquersans pitié et de ridiculiser sans cesse.

La responsabilité morale n'est-elle pas très positi-vernent proportionnellc à l'intelligence gue nous&vons de nos clevoirs ?

Ah t cornrire il est facilc de déclamer contre lesorreurs des autrcs, quand onne manque de rien : onest si fort alore I Commc il est comrnode de se dé.cerner gloricuscment lcs palmes du triomphe, alorsque loon n'a pas même combattu t

Certes, on est libre de penser autrement que nousne .[e faisrlns ici.

Mais ees enseignements sont, 'eeux que nous rap-pelons à nos enfants: coesl, la meilleure preuve del'énergie de nos convictions dans cet ordre d'itlées.

Page 272: Les enfants mal élevés

,.tf,o . . LEg ENF'ANTS MÂL.ÉLEVES

Plus on a reçu, plus on a de comptes à rendre.En laissant ses fils grandir s&ns lamais lour four-

sir l'occasion d'entrovoir les foyers incligents, on leuroache une grande partie de llhumanité, tout en seprivan[ d'uns des influene.es les plus moralisatricesgui se puissent reneontrer.

Page 273: Les enfants mal élevés

PERCEPTIoNS,IIE I'ENTANT.

IIVRE SEPTÛTIE

FAC TITTÉS ET SENTIMENTS_ L'ÉDUCATIO$ AU BERCEAU

, CHÀPITRE PREMIER

pREMÈREs pERcEPTloNs ET PREMlffis sENTIMENTs

S'il est wai que, dès les premiers mois de son

cxistence, l'enfant est capable de ressentir des per-coptions diverses et de prendre certaines habitudes,(ce qui n'est point contestable)' il y a lieu d'en con-cluro, que l'éclucation commence réelloment au ber'ceo,u.

Consultez les mères, et toutes diront que les con-

ditions du sommeil ou de la nourriture, aussi bienquo les procédés employés et le choix des heures,

contribuent pour beaucoup à constituer le caractèremême de l'enfant encore à la mamelle.

Une réglementation appropriée modifie la nature.Nous ne parlons pos, bien ontendu, dos cas excep-

tionnels.

- **r

Page 274: Les enfants mal élevés

LES ENFANTS MÀL ÉIEVÉS

L'homme est I'esclave do nécessités inéluctables,impériouses, qui résultent de sa condition même.

L'amour du bien-êtro développera encore cet ins-tinct précoco. Toutefois la mollesse, le luxe, et unetendrosse mal compriçe, engagent nombre de parentsà multiltli,er i,nutilem,ent les besoins de lenf'ant.

Ils oublient, qu'ici encore, Io mieux est l'ennernidu bien.

Est-ce quele {ils du laboureur quino sonnaît pas lesdélicatessos du a confort >, est moins vigouroux quolc petit citadin ?

Est-ce que le cénobite quimango à peinede viando,n'a pas une longévité plus grande que eelle relevéepour les autres catégories socia'les ? Les statistiquessont là...

Hélas I la bonne chère a tué plus de monde, quel'indigonce n'en a laissé mourirt

Sur 8200 Français, agés de 80 à d00 ons au jourde leur décès, 4I8 seulement vivaient dans l'aisanco :

la pléthoreest encoro plus meurtrière quel'inanition.

*u*x

Laissons un célèbre Conventionnel soutenir qu'onno doit nourrir les enfants que <r de fruits et iie lé-gumes r, tout en reconnaissant que I'exagérationcontraire, ost également excessive de nos jorus.

Le pain et la viande qui suffïsaient à nos aieuxoces intrépides guorriers bardés de fer, ont-ils donrperdu désormais touto vortu et toute force?

Sornmes-nous 'anémiés au point do ne plus pou-voir nous soutenir, sans boire le sang et salrs man-ger lu chair crue comme les bêtes féroces ?

Page 275: Les enfants mal élevés

PREMIÊRES PSRCEPTIOI'IB : PREMTERS SENTIIIENTS 268

On croit fortifier l'enfant, en épuisant dès le débutla série de tous les stimulaqts, de tous les reconfor-tants, naturels ou préparés, {ui convisndraient àune vioillesso décrépite. On repaft de viande viveo

on abreuve de vin généreux lo jeune enfant; onuse son organisme paf, une combustion surchaufféeet ruineuse.

Et, quand Ïestomac surmené se refusera à toutefonction, on prsscrira le régime lacté à l'adulte ou àl'hor,nrne fait, dovenu incapable dô digérer la nourri-ture propre à son âge.

N'est-ce pas lo monde à l'snvers ?

***

Ahl Ion payera ehor souvent les recherches dubien-être t

Yionnent les privations résultant, ooit de l'insuffi-sance des ressources, soit d'une vie nouvelle quis'impose, soit eneore de la simple impossibilité ma-térielle de so procurer, àl'heure voulueo la nourriturede choix ,ilont.on w peut plt's se pa,sser'..; on com-prendra alors comment, en augmentant, à p'laisir lesnécessités, .on a décuplé du même coupr privationset douleurs t

x**

Un père qui aime avoc intelligence, apprendra àson {ils uno sobtriét6 véritable.

Il en est au eoutrairer {ui s'ingénient à créer clcs

Page 276: Les enfants mal élevés

96A l,Eg ENFANTS MAL ÉT,EUÊS

besoins factices, s'imaginant par là prouver leul '

1

affection.

Quo leur enfant r6clame une quantité infinie dechoses pour vivre... Et les voilà ravis t

On s'estime bon, père comme nul autre, parcegu'on fait des d{penses folles pour sa jeune famille.

En réalité, on lui prépare des difficultés excep-tionnelles, russi bien au physiquo gu'au moral.

Oh I que l'enfant déposé sur le berceau à son en-trée dans le monde, sonte un pou la pai,lle sous leduvet...

Et plus tard iI nous on remerciere,

**x

Les premiêres sensations perçues, donnent vite lanotion de la jouissance et colle de Ia douleur.

Graduellement, cette notion d'abord confuse, selocalise, et l'enfant accorde de plus en plus d'atten-tion anrx impressions qu'il éprouve à chaque heure.

La vision, les fonctions tactiles ou musculaires,I'audition des bruits et de la parole humaine, ap-portent leur contingent d'erpérient'e au petit êtreignorant.

x**

-[u bout de peu de moiso les id.ées d'extérioritds'affirmont ; il reconnait comme distinctes de lui leschoses qui I'entourent, et qu'il perçoit.

Son intelligence s'ouwo, et ses impressions so

rlénoncent par une mimique significative.Solon les émotions of les sentiments du moment,

Page 277: Les enfants mal élevés

PREMIERES PITRCEPTIONS : PREMIERS SENTIMffîTS 26s

selon le ton de la voix ou l'aqpect du visage, l'enfantplisse le front, crispe les lèwos, s'approche ou se

rejette en arrière, fait la moue, laisse échapper crisjoyeuxo ou gémissoments,

Et alors qu'il ne comprend pas une seule do nosparoles, il devine'déià nos intir.nes pensées sur notrevisage, qu'il observo avec insistance.

Il ressent donc un nombre.infini de poreoptions,auant d,e pouaoi,r en trad,ui,re une seule autrementquo par le rire ou par les pleurs.

Son langage no se composo qqo do: ces deux notes.C'est tout son clavier.Qu'importe t S'il est capablo d'attention,. il ost

susceptible déjà d'éilucation rudimentaire.Que de choses sur lesquelles il est possible de faire

porter un iugemerit par l'onfant, rion qu'avec cesqualificatifs si brefs : beau, .vilain; bon, mauvais,

iudicieusemont appliqués !

Ainsi commence le discerûement.

Page 278: Les enfants mal élevés

CËTAPITRE DETIXIBME

LTNStrINCT

Reid tléfinit finstinot : << uno tendonce naturello et

aveugle qui nous'porte à certaines actiops, sons

délibération et s.ans réflexion. >

L'instinct,'dit M. Bénard, est non seulement alé-

pourvu d'intelligonce, mais incapable ds perfection-

nement; et ses manifestations los plus remtrquables

et les plus évidentes aBparaissent dans l'enÏanceo

alors que nous ignorons encore tout ce qui ost n'é-

cessairo à notre aonsorvation.

,x8*

Bien que cette impulsion soit moins développée

.chez l'tiomme que chez I'animal, elle préside néan-

moins à une multitude d'actes qus nous exécu'tons

machinalement au début do la vie, comme à l'âgo

de raison.Ainsi, on ne réfléchit point quand on détourne la

tête pour éviter uû ooupr ni quand on étend le bras

poot *ét*blir l'équilibre au moment d'une chuf.o im-minente.

'De pareils ectes ne sont point voulqs: leur e&r&c-

Page 279: Les enfants mal élevés

,t!,t

. f"r

,#îff'-it;].

tl,PREMIERES PERCEPTIONb : PREMIERS SENTIMENTB 267

tère ost la rapidité et I'inconscienco ;. et ils sont trèslimités, si onles compare àceux de la volonté éclairéoet guidée n*

: raison'

x**

Cette distinction a été précisée par Delille dans lesbeaux vers suivants,:

Je sais que de Tinstinct notre raison difrère:Llune agit librement, Inautre est iqvolontaire;L'instinct veut deviner, la raison veut savoir IL'un sait mieux pressentir et I'autre mieur prêvoir;- ,Ir'"o, luit par degrés, I'aûtre souclain s'euflam,nlo,!L'une est l'éelair des senq, I'autre le iour de lâms :

Enfin quanil la raison hésite et flotte encor€, \

-Souvenl lTnçtinct rapide "a déjà pris "l'essor. '

A un point do vueÈ les mouvernents irrélléehissont providentlels, car I'enfant périrait mille fois, sicette forme de I'activit6 ne suppléait à son ihoxpé-riencé.' Les propensions instinctives existant, il appartientà l'éducation de les terapérer, ot de los diriger toutgnsemble

Page 280: Les enfants mal élevés

CHAPITRE TROISIËME

LA CURIOS|TË

Àussitôt que l'enfant a conscience de lui-mêmeof a do la viede relation r, il exorce sacuriosité quin'cst auûre chose, dit Fénelon, qu'un ponchant de la

lature allant au dovant de l'Instruction.Cela est fort exact.c Pour ma part, dit le docteur Pujol, je considère

r la curiosité, non commo un vice, mais comme unedes qualités de I'enfant; j'aime à l'yrencontrer; jo

r la soutiens, l'encourage of I'utilise. D

*â*-lk

C'est la nouvoauté des objets of des tableaux quiengendre cet attrait invincible. Aussi, désireux de

connaître et de se rendre compte,l'enfant tourno-t-illes yeux, tond-il I'oreille, porte-t-il les mains Yors co

qui frappe ses sens.

Moralement parlant, il naît les yeux ouverts.Un peu plus taril, maître de son activité, ilélargira

et rnultipliera ses investigations personnelles.Il voudra apprécier ce qu'il ignoreo et contrôler ce

gu'on lui aura appris.

Page 281: Les enfants mal élevés

PREMTÈRE€ PERCEPTIONS : PREMIEB.S SEI{TIMENTS 269

Comme une souris alcrte et gentillepartout le petit nez rose' bébé est là"

Rien ne lui échappe I

Il classe dans sa têto des centaines

dont or_r voittoujours là...

d'idées peut-

être par semaine.Or oes premiers 'iugements se graYeront dans sor

esprit et dans son cæur.

Cire malléable qui n'a encore été marquée d'aucune

empreinte', cotte jeune âme retiendra fidèlornent le

signe qu'on y apPosera.

À re *omen[, la sun'eillance paterneile et mater'

oelle doit être incessanto.

Page 282: Les enfants mal élevés

.,7

CHAPITRE QUIIRIÈME

TM.|TAT|ON'

Chez les divers êtres d'organisatlon analogue, il ya une sympathie innée,, of commo un besoin d'imita-tion.

Quoi de plus impérieux que l'influence do ces spasnres particuliers, qui s'appellent Ie ri,re et le bâil-lement I

Bon gré mal gré on est vaincu.On obéit à cotte force impulsive, qu'on voudrait

repousser à tout prix.ll y a là, une action physique évidente.Une personne regardo-t-elle avec persistance I'an-

gle d'une salle, la rosace d'un plafond... ? Bientôt,vous verrez les voisins diriger leurs regardsdu mêmecôté, et, finalement,'tous aurdnt les yeux lixés versce même point.

C'est uno innocente plaisanterie, amusante aprèstout, que les étudiantsrenouvellent,detêmps en tempsdans les amphithéâtres de nos Facultés.

*i#f'*E

Autre exemple. On se trouve près d'un individuaffecté dun tic, d.'un mouvoment nerveux,.. Au

Page 283: Les enfants mal élevés

PREMIËRES PERCEPTIONS : PREII{IERS SENTIMENTS gtî

bout de quelques instants oû se surprend à repro-duire se grimace, ou son geste involontaire.

Plusieurs invités sourient-ils par arnabilité natu-relle, ou par simple bionséance ? L'exomple sera

eontagieux ; et l'on ne tard.era pas à constator un

épanouissement relatif, même sur le visage do ceux

qui ne sont venus que contraints of forcés par undcvoir social.

Yoilà pourquoi dans le mond.e, on recherche pourconvivos les gens communicatifs et expansifs, quiengagent lps autres à partager leur belle humeur.

Ajoutez à cela, Io désir qu'a tout enfant de res.'

sembler aux grandes pe.rsonnes, de marcller de paira,vec elles, of vous comprendrez Ïénengie puissante"dos velléités imitatives.

*6*

M. Egger, dane un traité sur I'intelligence des

enfants, note, ve.rs l'âge ùe neuf mo'i's, les faits sui-vants comme caractérisant I'imitation voulue : lo ao-

tion de so monirer et clc se cacher tour à tour, eitmanière de jeu; 2" action dejoter une balle I 3o es-

sai de soufflersurunob'ougio; 4" essai fféternuer pours'amuser ; 5" essai de frapper sur les'touchos ilunpiano...

A cet àge, ajoute I'auteur, f&reinent I'bnfant s'ef-forcera de redire les sons qrt'il entend : Iorgane pho-

nétique n'est pas assez formé pour cela.L'imitation porte presque exelusivement alors sur

les ohoses . extérieures.

***

Page 284: Les enfants mal élevés

272 LEs ENFANTS MÀL TûT,uIÉs

Bientôt, cet aiguillon éveillera en lui diverst,incts.

Qu'onait l'air, ie supposo, de manger avec déliceset gloutonnerie... L'enfant sera incité à faire demême.

Croit-on que, térnoin constant du froncernent rlesourcil du père, ou de l'irascibilité maternelle, il nereproduira pas peu à peu les habitudes de ses au-teurs ?

La contagion do l'exemple fait des merveillesou des ruinos ; elle est autroment forte que lap.aturo I

Ainsi, prenez deux frères, soumettez-les à uno édu-cation différento dans des milieux opposés : vouseurez deux êtres des plus d.issemblabies.

*s*

Mêrne pour copier autrui, l'enfant aime à agir enliberté, et non à singer servilement.

Néanmoins, son impressionnabilité le guide rnal-gré lui. A force de voir se reproduire tels gestes,telle expression, il les réédite de lui-même; la gra-vité lui inspire le sérieux, commo la gaieté ambiante.qngendre chez lui l'enjouement.

Aussi l'exemple est-il de beaucoup le plus éloquentdes prédicateurs.

Car en logicien parfait, l'enfant se posera ce di-Iomme: a Si ce qu'on exige de moi est sage, mon< père- doit s'y soumettre; si co n'est pas uti-te,( pourguoi me I'imposer...? D

rng-

Page 285: Les enfants mal élevés

cHAPITRE CINQUIÈvTu

u cnÉoulrÉ, - uExAcÉnnnon

L'enfant est tonté ffestimer vraies les imaginationsqui lui passent par Ia tête.

Et comment pourrait-il les vérifier ?a' plus forte raison les id.ées expriméos en sa pré-

$ence' doviennent-ellos pour lui, sur-Io-champ, autantùe croyances.

Le c'orbe > est une af{irmation; et l,onfant est unDtre cr6dule.

Qu'on jugu par là du danger des opinions faussesot des appréciations s*onéoso émiies devant doieunes auditeurs qui ne savent pa^ encore à, quelnoint la parole humaino est perfide t

x**

Quo se passe-t-il tlans nombre de foyers?Pendant des annéos, le baby livré à des soins

mercon&ires n'entend que des choses absurdes, deshistoires saisissantes, des anecdotes invraisem-blablos.

Tantôt on le terrilio, onl'épouvanto aurér:iû d'êtresfantastiques : croquemitaines ou loups-garous, qui,

Page 286: Les enfants mal élevés

27!- LES ENF'ANTS IûÀL ELEVÉS

Ia nuit, troublent son sommeil, et le jour exaltentson

imagination.Tantôt, on lui dépeint les morveilleuses aventures

de fées et de géniôs, dont la puissance et lo bon-

heur contrasteot uV". los ennuis et les chagrins de

la vie réelle.Bh bien I toutes ces folies no serviront qu'à bou-

leverser sa jeuno tête, Ot à lui suggérgr des rêves

décevants et des illusions mentouses 'Ne faudra-t-il pas tout à l'heure détrompor ces

âmes s?édules et -leur

avouer qu'on s'ost jou6 de

leur candeur?' Alors, Ienfant rsssentira. a.vec intensité deux sen-

timents ; la d,ëcepti,on et la d'ë/î'anee'

Tel est le danger de cette partio quo I'on engego

avec lui.Quoi tle plrts difficile, en offet, lue cle défricher

dans ta sui[e uno intellig6nce envahie par de mau-

vaiscs raoines, et d'en extirper les roncos et les

épines : jo veux dire leg enreurs et leq chimères t

lVlieux vaudrait cont fois I'ignorancel

***

La même critique s'applique, dans une mesure

réduite, àL, eæagération communément aclmise dans

le langage quotidien.poù dono"tplus de relief et d'intérêt au discours,

tout est surfaitàt contuphS, rogr EsT sIIPEnLArlF, daus

un sens ou dans l'autre 'Rien n'est beau, vrai oubon; rieû n'est' laid' faux

ou mauY0ig...

Page 287: Les enfants mal élevés

i

I

il

PREMrÊ1ws PERCEPTIONS : PREMIERS SENTIMEIIIS 278

Tout est merveillerxr? idéal, ravissanl, exquis,adorable I ou au contraire : horrihle, odieux, àxé-crable, monstrueux t

*t*La conversation c moyenne D? oxprimant drune

manière tempérée les ciiconstances usuellos de Iavie, n'eæi,ste plus en quelque sorts.

{1'emphaeo semble port6e au paroxysme.,Nous vivons, parait-il, dans finé-narraùru.. t Ii-

[oui,. t l'épouvantable.. ! I,impossible t....

lB**

Or, Ies mots les plus osés, les plus énergiques etIes plus sonores étant utilisés poo" derrire dË Àioru*épisodes; Ies épithètes res ptus ronflantes ot lesplus tapageuses, étant usées par l,emploi immodéréqu'on on fait, .on en.arrive à ne savoir commonts'exprimerr quand, sortant de ra banalité ordinaire,on a lieu de traduire des situations orainoentdrama-tiques ou des sentiments exceptionnels.

J'entrevois le iour où, à I'insiar de M, prudhomfro,on dira d'une personno incorrecte : ( saconduite est,(( non seulemont ignoble, mais môme... tout à fait< déplacée. r

xF*

Ceguo{tous appelons len'est qu'un abus.

suporlatif dans lelangage,

Mais il a pour ineonvénient fort grave, de ne pas

Page 288: Les enfants mal élevés

276 f,ES ENFANIS MÂL ÉT,PVÉS

donner la mesure des choses, ni lour eouleu, waie,ni leur sa,ugur.

On offace les nuances : cellos de la penséo, comme

colles des mots.On veut c Ïétonnantt l'abracadabrantt D, l'ex-

trême enfin t Et l'on oublie quq le juste milieu ost

l'asile cle lasagosse : inmedio, a'i,rtus.Aht qu'it est rareceprivilège que' parantiphrase

dirait-ono I'on appelle i sens eomrmun!

Le paradoxe est à la veille de perdre touto sa dis-

tinction : trop dc gens l'ont cultivé...Cela est si vrai, qu'uno idée exprimée avec calme

et mesure produit quelquefois, par opposition, un

effet considérable.

,!'enfant, étrangor à ces artificos et à ces oonven'

tions, ne jugera donc pas exactoment les choses'

L'exagéraiioo clu style lui suggérera une notion dé-

viée, parce qu'il accepte, lui, la signilication appa-

rente du vocable, sans en rien rabattre.Avoc ce s stème, il ,est condamné pendant' plu'

sieurs années à voir c llou r.

*s**

Ce n'est qu'à force de rélloxion et d'étude quet

dans Ia suiie, les mots reprendront à ses yeux leur

valeur exacteo et qu'il s'aperceWa qu'on lui a servi

longtemp s d,es iclëàs à faun poitls, si je puis m'ex-

primor ainsi.' ooi, il existe d.os paronts qui font un tel usage

d,expressions boursoufflées, qu'ils -détruisent

touto

proportion entre les mots et les objets désignés'

Page 289: Les enfants mal élevés

PNEMTÊBES PXRCEP?IONS : PREMIbnfi SENTIMENI'S , 977

Comment l'enfantne souffrirait:il pas cle vivre danscctte atrnosphère altérée? . 1

ll n'es[ pôint aisé de faire enteudre juste,quand otùt faua.

Page 290: Les enfants mal élevés

CHÀPITRE SIXIÙJ.IISJ

UIMAGINATION

Ceci nous amène tout naturellement à parler doI'imaginative.

Dussions-nous contredire plusieurs de nos lec-leurs, notre conviction est gue, boaucoup sont por:tés à appeler imagination chez lo babyo ce gui n'estpour nous qu'une aimable divagation d.e Ïesprit.

Nous nous refusons à y voip une preuve sérieused'intelligence; et l'expérienco des maltros les plusautorisés copfirme ce sentiment.

***

Si tes enfants dits c inventifs r semblent au-des-sus des autres quand ils sont potits, ils no font pasfeu qui dure, et ne sont que c pétillants u. Le motexprime bien I'idée.

Ou ils tornbent au-dessous de la moyenne, à l'époquoles études sérieuses; ou ils s'étiolent, et succombent.ta lamo use Ie fourreau

En effet, !'irnagination trop précoce chozl'enfant,ressemble bien plus à un désordre léger, qu'à unequalité.

Page 291: Les enfants mal élevés

PREftIÉRES PERCEPTIONS : P1IEMIENS SENTIMENTS 275

La bonne intelligence? c'egt l'intelligeqce pondé-rée ; celle qui est uniformeo eahxen mesuréeo avared.'elle-mêpre.

Veut-on des preuves?

or**

Le lils ffun savant austère et silencieux, aura, auregard du vulgairoo infiniment, moins d'esprit que lebambin, même un peu nigaud, vivant à côt6 d'unemère excentrique ou d'une domestique extrava'gante.

Cer enftn, à y regarder de prèso ce qu'on vantecomme imaginative chez l'enfant, est, on peut diretoujours, une idée folle ou une histoire échevolée.

Au contraire, romflrque Montesquieu, Caton durantson enfance, semblait presquo sot, à raison mômedo sa gravité trop précoce.

***

Nous avons eiltendu prôner.l'imagination ùunbaby de quatre ans qui, durant un hiver ontier, ra,coû-tait à chacurl, qu'étant à la campagne dans un bois;iI avait tué deux lions, qu'il les avait mangés, quedans Ia lutto il avait été blessé... Et, à l'appui doson histoire, il montrait, enmanière de trophée, unepeau de chèwe décapitée sorvant do tapis, et exhi-bait comlne preuve du combat une égratignure à lajambe.

Il ne savait girère que cette anecdote, et Ia redisaitavec une convictiou arnusante, et une miso on scèneappropriée.

Page 292: Les enfants mal élevés

E8O LES ENFANÎS MAL TLEVÉS

Il était persuadé de Ïaventure.Cette fameuse intelligence cànsistait en un oou-

venir déformé, omprunté au journal de Gërard le

tueur-de-lions, dnnt on lui avait lu un soir les

exploits audacieux.

*u**

Point de doute I l'enfant que l'on a borcé de nar'

.ations miriliques et de contes bleus, aura à sa dispo'

sition des matériaux tout prêts pour échafauder son

rom&n.'Il n'a qu'à les grouper, si mêrne il en prend ln

peine. Oùinairement, il les rajeunit en los cr.rnfon-

dant.Gest ce qu'on retrouve presque touJoursr {uand

on remonte aux sources mômes de ces conceptions,

où il entre plus de fièvre que d'esprit'

Des imaginati,ons, ne sont point l'i'magï'nation'

***ainsi, il n,est pas sans clanger pour la rectitude du

iugement, de laisser affirmer, même en rianto des

iriJtoi*6 fausses ;et, d'autropart, l'intelligence alerte

de la jeunesse, a horreur du teme-à-terre. comment

concilier les choses?...

Nous connaissons des enfants, qui, doux-mômes,

aioutont, à leur récit fantaisiste cet avis tout loyal :

u'C'est semblantt... I Puis; leur imagination prend

son essor...cotte manière, ou toute autre équivalento, permet

d'obtenir une entière sincérit6, sans néanmoins bri-

der l'initrative de TesPrit.

Page 293: Les enfants mal élevés

CHAPITRE SIXIËII{E (suite}

I,ES ROMANS

A-partquelques rares exceptions, les romans c desentiment u, (nousne parlons guo dcceux_là), mêmeréputés moraux, no sont point sans inconvénientpour la jeunesse.

Plaçons en effet dans Ia vic réeilo res situatiônsimaginées par Ies auteurs; mettons en présencs leggens tes moins suspects, et force ,.r" àu ne poinlcroire à I'innocuité complète de cc genre cle lectures

, ***

...Un auteur honnête veutmème l:idée du mal.

Il y est bien résolu.

écarter de ses @uvres

C'est pour lui une question de conscience.aussi, pour atteindre ce but, choisit-il.se6 ulorson-nages en eonséguence : IL LEs cnÉe e ,r. gu*î,u;rrr.

_-Pourguoi se gênerait-il, ct quipourrait l,entraver?Dès- que la fictionn'estpastrop inïraisembrable, riennc limite son imagination; riôn ne la contredit.

ll donnera donc àses héros r'âge etre tempéramentqu'il lui plaira; élèvera des barrières

.infÂnchissa-ll

Page 294: Les enfants mal élevés

LES ENFÀNTS MÂL ÊtElds

bles ; inventer"'à son gré des empêchements iliri. I

mants, pour peu qu'il estime... prudent, d'end.iguerles enthousirsmes do celle-ci pour celui-là, ou lessympathiæ secrètes de ce dernier.

Yeut-il, au contraire, marier cecouplo aimable?..Il assortira à merveille les futurs éptrux, lèvera tousles obstacles, aplanira toutes les diflicultéso commepar un pouvoir magique t

Pour tout concilier, on aura rocours, faute de mieuxà de vieux expédients c classiques D : on révéleradans une lettre mystérieuse le secret dune nais-sance ignorée... i on ruinera par un procès I'orphe-lino trop riehe"..; ouinvorsement, au moyen d.'un legsinespéré, on constituera au {iancé une fortune prin-eière t

**r

A un mot près, les situations seront rigoureuse-ment inattaquables en morale; mais d'un mot ellespourraient devenir incorrectos.

C'est ainsi qu'un auteur relisont son rom&n tor-min6, trouvera quelquefois sage de changer le degr6de parenté, ou même de modi{ier du tout au tout lesâges de chacun, Avec cette simplerEtouche, l'æuvrcdeviendra châste, angelique même t

Il nous souvignt d'avoir lu un livre onfantin, oùfiguraient un cousin et ses trousines. Puis, dans uneédition uhérieureo nous les trouvâmes translormrisen frère et sæurs sans pareils : un touchant &rnourraternelo uûe arnénité exemplaire avaient remplacé

Page 295: Les enfants mal élevés

PR$MIÉRES PERCDPTIONS : PNEMIERg SEIYIIMENTS 283

une chaude allection... devonue très embarrassantoau dernier chapitro du volume..- cette substitution facile, avait suffi pour déplacer

le point devue,, d'oùronvoyait sedérourerres diversépisodes de I'historiette.

,r**

Faut-il au rom&neier des héroi'smes, des abnéga-tions ou des impossibilités, pour maintenir stricte-rnent les choses dans Ie cadre moral pnÉvu?...

Il les inraginera à l'instant, et fera si bonne mo-tY-t., que_Ies plus scrupulerx auront satisfaction plé-nière. CèIa cofrte si peu !

Et l'auteur so croira judicioux en disant : c euoide plus innocent et do ptus pur que mon livrJ f ',

*&*

La réponse est facile.Yotre romnn, lui dirat-on, n'a rien de mauvais,

parce que vous a,vez forgé vos personnages poun Qu,nEN:mr arirsr, les ornant de quarités transcendanteset incomparables.

$ui:, supposons le jeune lecteur so trouyantràpeuprès, dans une circonstance analogue à celle qï,ilvient do lire dans le roman...

Rencontrera-t-illa çociété id,ëate composé o. euprèspour meher à fin l,æuvre satrs encombrôZ,..Sera_t_ilprotégé par les mêmes impossilités, sauvegardé parles mêmes vertus...? .o ùo mot, votre histoird siédilionte seradt-etle rdatdsabla, honnêtement, dawIa aie pratique?

Page 296: Les enfants mal élevés

284 TES ENFAIVIS MAt ÉLEYÉS

Là est la question.Vous avez décrit ce gui deorait être.À merveille I

Mais, err lait, qu'ad.viondrait-il, étant.donné cE eulnsro Cost-à-dire : la ruse, l'ambition, la méchanceté etles passions humaines, contre lesquqlles nos chersenfants doivent se tenir en garde.

Il ne s'agit plus là do conventions imaginaires, nide comparses choisis à plaisir. Si un voisinage est

gênant, compromettant, dangereuxr'i,l restera tel.Prenons un exemple....Votre héroihe no doit inspiror qu'une noble et

[endrc aflection...: il vous est impossible d'accorderplus à vos petites lectrices.

Que faites-vous? Vousla supposez poitrinairo, avec

un pied dans la tombe...: c'est la vie d'une â,me quevous écrivez !... Et à la faveur de cette concession

opportune et commode, vous restez dans la mesure

voulue.Tout ira bien, fort bien; ce ssra céleste, do Ia pre-

mière à la dernière page I

Mais si, par hasard, votre héroïne était de c gail-larde santé D, on se demande avec perplexité ce qrre

deviendrait le aertueuæ rom&n, qui se déroule à

souhait sur le papier, grâce à l'absence d'êtres, vi-vant, sentant et voulant...

Remarquons que l'auteur fera disparaître son per-sonnage, s'il juge que la situation NE pEUr sE pRoLoN-

cBR sans péril ; il l'embarquera pqur le Tonkin, lerendra fou, ou lo couchera au tombeau, s'il trouvecela expé.dient; il machinera mênne das dénouementsinoraî,semblables qûî, Prow:ent que le c cas I ro

Page 297: Les enfants mal élevés

PREMTÈRES PERCEPTIONS : PAEMIERS SENTIMENTS 28i

pourrait avoir d'issue moralo dans la réalité:

**x

Oui, transportons l'action dans la vie normale, ot

nous qonstaterons peut-être, que ce bontoman a faitclu rnal, a causé même des ravages' en dépit des

excellentes intentions de l'écrivainOr, doit-on vraiment appeler <bonno ), une æuvro

iruéprochable aux yeux d.u romancier, naais suscep-

tible de troubler des âmos enfantines en excitant

leur imagination, au liou de la calmer et de la tem-

pérer ?

âr-*rF

Étant donné le caractère féminin, les æuvres c de

sentiment r attirent et charmont particulièrement la

ieune fille.- c A guoi bon lirs dos romans, si, elle aussi, ne

rève pas t si ello ne pleure pas, si elle ne soufire, si

elle ne s'affligo 'elle-même...;

si elle ne ressemble à

la tleur qui.s'étiole... ; à la tige qui se pencho au borddu ruisseau...; à labranche de saule qui s'incline sur

un tombe&u, .ou à Ïoiseau qui s'envole comme un

rêve...c Blle doit se porsuadcr que pour ôtre heureuse

tout à fait, il hri manque une lottre à relire millelbis...; il lui rnanquo de seleverla nuito pâle et de

blanc vêtue, pour rafraÎchir son front brfrlant à labrise qui gémit commo elle...; il lui manque d'attondre

avec angoissc, d.'cspéqer en désespérant, de protron-

Page 298: Les enfants mal élevés

286 IÆS ENFANÎS MAL EtEVEg

cor des sorments en présence d.os étoiles amies ou do

la lune aux rayons doux of argentés.-.. c Tout bas, elle se demande si elle n'aura pas à

Iutter, seulo au mondo, contro les préjugés de Ia

Société entière, ou contrs les haines ffune famille

qui ne la cornprend pas.'.< N'est-elle Pas aPPelée à défendre un oxilé, un

ôtro myst6rieux et fatalproscrit, un inconnu, L,'n

qu'elle imagine admirablesait pas au jusûe, tant il Y

et dans son cæur l)

ouredoutable : (ellene lea de vagued.angson bsprit

cEt quand la mère qui ne dovino rien; quand le

père qui ne voit rion non plus, voudront ramener

ieur fille des hauteurs où elle divague doucoment et

avec extaso, pour lui montrer les réalités dune vteo

pour ello prosaique et terne, la jeune fille se réTu'

gi.ru dans les souvenirs de ses lectures favoritos.'.peut-ôtre même dans un souvenir absorbant I Lscorps seul sera Présont. D '

,***

Ainsi donc notre conclusion est, {U'en principo, les

romans ne valent rien pour la jeunesse, à moins qu'b

los auteurs no se servent, précisément de cotto forme

littéraire, dù,ns le but uni,g.ue ffonvelopper un boa

onseignement seus les attraits d'une agréable fiction"

Mais quoi de plus rere que de losvoirréussir dans

cetto délicate entrePriso I

D'ailleurs, il y a un moyon facile pour une mère

d'éprouver la valour morale d'un écrit : c'est de le

reliren on se demandant ce qu'elle dirait, si Sa frllç

pensait et agissait cornrne l'hëroine""

Page 299: Les enfants mal élevés

CHAPITRE SEPTIËME

UABSTRACTION

Do toutes les idées, les abstractions sont cellos quet'enfant saisit, le plus difllcilement.

Il est naturel et logiquo qu'il en soit, ainsi.L'abstraction, tondanco séparative et toute méta-

physique, répugno à l'enfant qui a besoin do voir /aschoses, ou du moins do se les figurerrpourlessaisir.

Or, au sens philosophiquo, ponser à un objet c'estle nommer.

L'onfant conçoit donc et perçoit les choses concrète s,même très complexes, bien avant d'entrevoir la plusgimple idée abstraite.

Pour lui; une bonne mère, Cest sa mama.n; unbeau cheval, clest /a cheval de son pèro; un oilainl{onsietu, c'est /e Mousieur qui fa grondé ou épou-vanté..,

Quant aux qualifications mêmes, it esf ineapablodo les gén6raliser.

Qu'on fasse Ïexpérience, of I'on constatore queces mots : bontéo beauté, laideur... n'existent pourlui, qu'autant, qu'il les incarne dans une personualitétle lui connuo.

*fr*

Page 300: Les enfants mal élevés

288 LES ENFANÎS IUÀI, ÉIEVÉS

Cette remarque ne contredit en rien le sentiment'inné du bien et du mal, dont chacun de nous a laperception certaine, incléniable, dès le premier âge enquelque sorte.

Partout et toujours, l'enfant qui fpappo volontai-rement, sait, à noen point douter, qu'il se venge etqu'il fait souffrir sa victime. Tcl est bien son butd'ailleurs.

Examinez son attitude, l'expression d.e son regardet vous en gerez convaincu.

Mais cs sentimept ilu juste et de I'injuste, n'a riende commup avoc I'abstraction.

Au contraire la Conscience est une ( entité vivanteof agissanto n, tandis que les notions de durée, denombre et d'étendue, dépassent de beaucoup la com-préhension enfantine.

f)ernain, Cest ce qui yiondra après son som,meitr.

.Aujourd,'huioCest ce quise passera entre sonleueret son couch,er...

Ainsi, rattache-t-il ses pensées et ses réIlexions àune idée concrète, à un fait défini.

Suivant le naturaliste [Iouzeau : < L'enfant ne faita d'abord de distinction qu'entre l'objet simple et la< pluralité. A l'àge de 18 mois seulement, il distin-( gue entre un, deux et plusieurs. En Burope, fit-il,a il faut aruiver à l'âge de dix ans pour apprécierc Ïidée de centaine.:L'enfant peut sans doute répéter( par cæur la série avant co ruomentn mais sans tlé-< terminer intellectuellement le nombre dans sona abstraction. r (Des facultés mentalet \

sfr*

Page 301: Les enfants mal élevés

PRDMIEBES PERCEPTIONS : PREMIERS SENTTMENTS pss

L'auteur précité admet chez les auimaux la facultéerithmétique limitée.

< Loobservation suivqnte, dit-il, prouve que lesmulets par exemple savent au moinsôompter jlsqu,àcinq. Il y " aux États-Unis dans les vi[às, iombrede chemins de fer où la traction s'opère par ces ani-m&ux. Â New-Orléans, le vétérinairu du la ligne,le D' Louis, ût observer que les mulets de serviceres taiont silencieux pendant les quatre premiers vo va-ges, mais à la fin du cinquième, une fôis arrivOs i lastation, ils hernissaient sachant gu'on devait les dé-toler, >

,x**

..,N.sg regrettons de n'êtrepoint à même d,étudierles aptitudes mathémathiques des mulets I mais res-pectuousementr- nous nous permettons do supposerquo les dits mulets en voyant les relais préparés, ontpu comprendro, sans aucun calcul *rr,tul, que leur-besogne était -finie. ajoutons qu'il est très admissibleencore que I'animal ait conscience de la somme d,ef-fcrrts dép_ensés pour efiectuer cinq voyages? et que lanrqisure de sa fatigue soit pour lui la *-orur" du travailà fournir, avant de regagner l'écurie.

après tout I nous avons peut-être tort do contre.dire I'auteur.

Mais confessons que nous ne donnerions pas unmaravedis, pour êtrs fixé sur cette grave quàslion.

le

Page 302: Les enfants mal élevés

CHAPITRE HUITTEMA

LE JUGEMENT. - ABERRATION$ NATIVES

Âpprécier ou oomparer, se souvenir ou lmaginer,abstraire ou généraliser, ô'est juger.

Quo l'opération provienne d'un enfant ou d'unma-jeur, le principe est le mêmo.

Un baby de quelques mois qui voit sa mèro se dis-.

poser à sortir, prondre son rna,nteau et son chapeau.

porte une série de jugements qui provoquent finalc-mont sa gaieté, à raison de la promenade qu'il es-

père.Il y a là une association d'idées variées et un ;n-

chalnement de déductions, conduisent vers une ton-clusion formelle.

***

' S'il en est ainsi, on ne perd donc point 19 tempson s'occupaut do l'enfant au berceau.'Choisir un aliment, distinguer les personnes, les

fuir ou les rechercher, sourire ou fairo la grirnaceo

s'impatienter ou caresser sont pour lui autant' de

résolutions caractérisées.A partir tle ce moment, on peut vgnir en aide à

Page 303: Les enfants mal élevés

PREMNÙRES PERCEPTIONS : PREMIERS SENTIMENTS 99I

son intelligenco et lui infuser pou àpeules premières

sotions.Chose remarguablo à So[er I L'enfant est très

absolu dans ses jugements.

En effet, les élémcnts de doute ou do comparaison

lui échappant, il n'entrevoit guère qu'une seule affir-

mation iôssible. Et souvent nous cro)'ons prenrlro

sa logique en défaut, parce gue nous ne tenons pas

suffisàrnment compte d,u point d'e dépdrl de son rai-sonnement.

Sa conclusion paraÎt erronée, parce que nous Ên

ignorons les Prémisses." Or, est-il sage de juger une intelligence cie trois&ns avec les oPinions de Ïâge mfrr?

r***

Aussi, quand l'enfant est bion équilibré d'esprit,

irnporte-t-il de se livrer à une enquête attentive et

minutieusd si, par hasard, on voit poindre chez luiune velléit6 étrango, une préoccupption exceptiqn-

nolle.Que ile révéliltions curieuses un esprit avisé pou{-

rait obtenir t que de découvertes intéressantes ilferait dans cos investigations patientes et répétées t

Tel semble résistor sans motif ; alors qu'il n'egt

point en révolte, mais seulerîent pyqlys6 -par

laprésenco d'une porsonne qui I'intimide-.r Tul autre

I ['"ir ile déguiser la vérité, qui se fait simplement

l'écho des faussetés qu'il a entendu'exprimer, etc-..

*fr*

Page 304: Les enfants mal élevés

Eee LEs ENFANTS MAL ÉLUvÉs

Aioutez à cola certaines causes d'erreur invin-cibleo auxquelles presque jamais on no songe, bienqu'elles soient moins rares {u'on ne le suppose.

Citons unexemplo en passant :

Nous avons connu un enfant qui, pcndant sa jeu-nesse, a été en butte aux tracasseries incessantes dstouto sa famille. On I'accusait d'entêtemont, de mé-chancetér i[uo sais-je t... parce qu'on était persuadéqu'il se jouait à plaisir rlo ses parents en d.ésignantlos couleurs à contre-sens c rien que pour vexer D

affirmait-on, ( et par pur esprit ile contradiction. a

Il appelait rouge,le tapis du plus beau vert ; blanc,le papier franchement rouge. tsr ainsi de suito...

Devenu adulteo l'enfant fut reconnu atteint d'uneétrange a{Tcction, cello du Daltonisnterqui, par suited'une aberration optiquer ne permet pas de percev9irles couleurs sous leur ton véritable.

Dalton, savant anglais du siècle dernier, a le pre-mior signalé cctte singularité. Il était frappéo lui, de

la c cécité r du rouge.D'autres, c'êst lo cas le plus fréquento ne distin-

guent ni le vert ni le violet ; tandis que les couleursqui s'imposent à presque tout le mondesont le jauneet le bleu.

Eh bien ! sur cent onfants,on constate qu'il en est

plus de dix, sujets à cetto curieuse erreur.Il y a ntioux t le sens visuel, correct à l'origine,

deviont parfois daltonien, assure le docteur Fawe.

d*

Page 305: Les enfants mal élevés

PREMIËRES PERCEPÎIONS : PNEMIERS SENTIMENTS 993

Depuis quelque temps, dans les écoles, on s'est

livré-à iles recherches sur co genro d'infirmité qui

peut avoir les conséquences les plus graves'

S'imagine-t-on un mécanicien voyanl vert un si-

gnal rouge, ou inversement I et ss lançant à toute.rritu*tu sur la voie fenée au lieu de c stopper I t

Aujourd'hui le danger est prévu, et on le conjure

en faisant subir aux candidats tles épreuves flécisives,

consistant à choisir diversos couleurs au milieu d'é-

cheveaux de soie, de tons variés.

**æ

On peut citor notammcnt la compagnie de Pensyl-

vanie {ui, préoccupée de cette importante question,

a fait subir l'examen précédent à 5.000 de ses em'

ployés.- C'est aussi pour prévenir de fréquentes confusions

{e la part do son personnel, que notre Administrationdcs Postes d'est décidée à modifier les timbreso les

couleurs étant mal appréciées par plusieurs.

De même, les candidats à l'École navale subissento

au cours d.o la visite médicale qui précède les exa-

mens, uno épreuve sur le degré de leur 'acuit.é et de

leur rectitude visuellei or, tous les aDS, nombrc'd'élèves

sont éliminés comme reconnus incapablesdo

distinguer lcs < feu:r cle bord >.

La Butletàn d,es Ingënteerrs nous apprond qu'une

enquête analogue a été récemmcnt ouverte en Alle'magot. Jusqu'à oe:^"p l'o*nÂ.innco & ctosstaté un

Page 306: Les enfants mal élevés

'9T LES ENFÀI{TS MÀL ÉIE\MS

daltonisme complot ebez Lgl/- omployés, soib g suri00.

Cette proportion est en Allemagne de beaucoupinférieure à celle relevéc en ffautreo pays? en Suèdo

pan exemple.... Ainsi, il y a des causes conqtitutionnelles, qu'il

n'est pas juste d'insorire au passif de l'enfanù, car iInoen ept point cdmptable.: rechorchons-leso et étu-dions-les avec soin. i

Page 307: Les enfants mal élevés

THAPITRE NEIIVIËME

LA VOLONTÉ

CARACTËRES BIZARRES - IDIOSYNCRASIES

Il est constantque Cest, qrttre deu'set quatre o,nll

true s'affirmo do la manière la plus résoluo le caractère

{e l'enfant: aussi estimons-nous cette époquo déci'si'ae

en ce qui"concer+e l'autorité et,ladisciplineau foyer-

Ce momont, est celui de l'abdication ou de la main-

mise natcrnelle.C'est én vain que dans la suite on voudrait réagir;

on irait alors au-devant de scènes terribles suivies

de rancunes profondes,Sur ce point, rous rqnvoyons le lecteur au cha-

pitr'e qui traite de Ïautoritén et où la question estl'objet d'une étude spéciale. Nous nous borneronsici à présonter quelques obseuvations philosophiquescomplémentsires.

***

La personnalité humaine b'accuse quelquefois pardes gorlts ou des répulsions? que l'on û'est point tou-jours maltre de dominer, môme dans la plénitudede son jugement et de sa volonté.

A. plus forte raison en est-il ainsi pour l'enfant.L'id,iosyncrasierCest ainsi que la science désigne

Page 308: Les enfants mal élevés

âe6 tps ENFaNTs MAI ÉtpvÉs

certaines dispositions des tempéramonts, est, un éta.ùplus commun que le mot qui sert à le traduire.

,q#*

_ on nous a signalé Ie cas do deux jeunes sæurs,

lhez qui la simple vue de ra ouate froooqu"it unerrise nerveuse des plus intenses. Les parents con-vaincus qu'il y avait là un parti pris, voururent resobliger à subir le contact de l'objèt de feur étrangeterreur. on dfrt y renoncer, tani res spasmes dev"enaient violents I

En recherchant les causes cle cetie antipathie,nous découwîmes qu'elle provenait de la circonstancesuivante : quelqu'un avait. clonné à ees petites lillesun théâtre enfantil où, parmi les persooi"gur, figo-rait un grand diable à perruque dbuate noire, dontuo9 domestique maladroite

-épouvanta les eniants à

maintes reprisps, en I'absen." d" Ia mère.Questionnées plus tard. les deux jeunes fiiles

avouèrent que toutos leurs désobéisr*o.d, apparentesrésultaient de leur horreur po'r cette rhorà, assuré-*u:t peu dangereuse: la ouate. Sans or*, ,iuo direnet honteuses d'elles-mèmes, elles s'obstinaient à re-fuser et à fuir lo vêtement,le chapeau,le io*et, dansla composition desguels elles voyàient, oo ,royaien[voir, l'objet maudit. De Ià, Ies démêlés et, les ruttesqu'on devine... -

**x

Les historiens rapportentbeaucoup de faits relatifsaux innéités bizarres de personnages célèbres. Elles

Page 309: Les enfants mal élevés

peuvent aussi bien so rencontrerfants à des degrés divers; voilàparlons ici:

Vladislas, roi de pologne, noune, pomme sans ss troublor.

_ Éiasme, à l'odeur du poisson, ressentaitde fièvre.

L'empereu! Héraeldus, homme fort brave, éprou_'rait ule {raj'eur insurmontabre en présence de raTg",_1 tul point, dit. Nicéphore, quu l,oo fut obligéd'établir sur le Bosphoru ,ro ponthe bateaux,.garnide chaque côté de planches et de branchages quimasquaient complètemcnt l,horizonr pour qu-e l,ein-poreur se décidât à franchir le détroit.

PREMIËRES PEncEprI0NS : PREMIERS SENTTMENTS zsl

chez quelques en-pourquoi nous en

pouvait regarder

un accès

*8*

Sealiger, se crispait à la vue d.u cresson.Tgeho-Brad, tombait 'en défaillance à l,aspect

d'un lièvre.Louds XIV, détestait, ios dhapeaux gns.Bayle, avait des convulsions ap bi.uit de r'eatr

sortant d'un robinet.on sait encore l'effet produit sur querques tempé-

rarnents, par une lame d'acier coupant un bouchôn;par le bruit de la lime surle fer; par celui derasciedans Ia pierrer ou d,un'chenêt sur une plaque domarbre...

Lamothe le vayer. s'exaspérait au son d,un ins-trument quelconque.

- latsor-iti, poète italien, était pras de nausées ùI'odeur de la rose..

Et tant d'autres !

Page 310: Les enfants mal élevés

J

tEs ENFANTS IUEI EI,hYÉS

Il ne fautcefendant pas confondre ces rmpressionsinstinctives avec des gorlts singuliers, ou étrangos.

Ainsi, A,Icëe, Esehyle, Aristophane écrivaiontEous I'influence du vin.

Baeon, Milt;on, Warburton, Âtperi ne travail-laient qu'au son de la musique.

,

Hobbes, Cornei,lle, IVfakbranche composaientvolontiers dans l'obscurité; tandis que Mézera,y avaitbesoin do sa lampo, même le jourl

Guthe écrivait en marchant; au contraire, Des-cartes et Leibnitz pratiquaient la c méditation ho-rizontale D.

Ces habitudes acquises n'ont rion do commun avecies fiypothèses précédentos, qui. se rattachent inti-mernent à la nature mêmc de l'hommo, dans ses

écarts et dans ses anolnalies

Page 311: Les enfants mal élevés

CHAPITRE DIXTÉIWE

Iâ $NCÉRITÉ

La sincérité est-elle une disposition naturello?Il est diflicile de le savoir au juste. '

En effet, à l'âge où I'enfant commence à se révé_ler par certains signes intolligibles, il a été victimede tant de tromperies, de tant de petits menson6essq":il,connait aaiala rusà p*,

""pôrience.' Il l'a apprise à ses dépens.Et on la lui a onseignéo d ailleurs.

***

. L-es promesses fausses et les menaces vaines, so

ehifirent par un nombre incalbulable; à tel poini,qu'àdeux ansrmaintenfant saitn à n,onpas doutei; queles paroles diffèrent sensiblemcn[ des actes.

Hélas t on se croit forcé de l'abuser quelquefoisdans son intérêt.... eu'on y prenne bi,en garaà t- .L'enfant à qui l'on a fait prendre de l,émétique enIui assurant que c'est excellent, n,oubliera pas lasupercherie et ne la pdrdonner' pas de longtomps.

On a joué sur un,côup do dé; mais oo puit avoir

Page 312: Les enfants mal élevés

3OO LES ENFÀNTS MÀL ÉINVÉS

la eertitude que la tricherie neréussira pas lors d'une

est utilenaturelle-

tour, pourqu'il ro'

seconde épreuve z tnanet "' repostum'

Et comme, morale à Part, le monsonge

â, Ienfant pour parvenir à sey fins' tout

nrent, il *et* potté à dissimuler à son

éviter les grondeiies et les punitions

cloute.Rien de moins logique que de lui prêch9t 11

,hir", on lui donnanl Ïexemple de la duplicité I

fran-

Ilne clirapastouthaut : jefais commo mes parents"'

mais il le Pensera. .

***

Cette interpellation for[ en usage : Quî' a' fait',|lo?... Est-ee toi, qui t'es' permi's telle chose ? est

aussiundangereuxencouragementàlatlissimula-tion.

l"lieudus'informerD'aBonDdecequis'est^passé;au lieu d'ouvrir une enquête préalable de façon à

être exactement reqseigné, oo se contente' par né-

giiguott, do quostionner le . coupable supp.osé' en

t"oiïppttnanto par I'interrogation même' que Ïon est

itans-Ie doute ou dans I'ignorance'

En sorte que si Ïenfant ment, iI a chance do n'être

point Puni tl' Quelte tentation engageante t

Eh bienl attendr. ie tui qu'il se dénonco' qu'il so

trahisse., et appelle enfin so* t" tête le chàtiment

pf"tÀt qo" At iorfaire à la loyauté'.c'est demander

iio* q"à nne d,oit exiger, et souven' plÏt^1T ]! ":!,:'

dooo.* : un acto tl'héroisme après tout I Qu'ou molns'

Page 313: Les enfants mal élevés

PREMIEH"US PERCEPTIONS : PREMIERS SENTIMENTS 301

en cas d'aveu, onconsente à une énorme réduetion dd

Ia peine méritée, pour récompenser la bonne foi do

"enfant qui confesse honnôtement ses torts Si en

efi'et on n'établit pasune très grandedi,ffdrencedans.ru répression, I'enfant retiendra que sa candeur aété la cause de son chagrin; et il se promettra do

ue plus renouveler une autre fois ses confidcnces.

*tr*

On a remarqué que la tendance admensonge est à

son maximum vers quatre ou cinq ans.

A cet âge,l'enfant est a.ssezgrand pour commettrenombre de petits méfaiùr qui lui font encourr des

réprimandes; et il .est encore trop jeune, Pour quo laconscience parlo un clair langage à son âme.

Son objectif est de s'assurer l'impunité.En résumé: no le trompons pas, à peine d'êtrc

trompés nous-mêmes; et'prenons soin de gagner son

entière confiance.Sa franchise en est le prix.

*u**

Aller < en ami r, au dovant des questions ou dcs

û seux, c'est faciliter une intimité qui peut être uno

précieuse sauvegal'do : le double rôle de parents quicomurandent quelquefois, et d'amis qui conseillentloujours, étant, abso]ument conciliable.

Surtoutt qu'on so garde bien de se rnogrttr ila

Page 314: Les enfants mal élevés

t'ingénui[é oudes scrupqles do fenfant! à plus fortoraison {u'ln ne les Publi'e Pas !

Une seule confidenco trahier peut dissuader pourjemais de tout éPanchement.

Les naifs secrets de css ieunes âmes ue sgpt-ilspas respeptables entré tuus?

Page 315: Les enfants mal élevés

CEAPITRE ONZIÈME

LA MÉMO|RE

La faeulté qoq I'on a de se souvenir, c'est-à-dire

le conserver et de réveiller ses idéeso s'exerce dès

les premiers ans'.

C'est la source d.e la science, dit' Quintàlien.Le fondement de la prévoyance, dit $énèque-

Le trésor des idées, d'après Cicëron.A vrai dire, l'acte réflectif, le souoenir, n'atteint

son objet qu'en ftaversant un intermédiaire gui est

nous-mêInes. Et comms ]'sxpliquent fort bien Reid

et Royer Collard : se rappeler une chose signifie :

se rappeler lês impressions perçues.

,r**

La mémoire errfantineo ,elle, est très courte, trèsfugace.

Dans le second âge sèulement, pueriti,a' elle se

développe. Il n'est point de meilleur moment pourta cultiver, si l'on né vout pas s'exposer à la rendre

irlgrate et paressouse.teci nous rappelle la charmante comparaison do

Locko: a La mémoire esf une ta,bte d'aifain' coll'

Page 316: Les enfants mal élevés

S()T LES EIIFAI\nS MAL ÉLEVÉS

(( verte do caractères gue lq temps efface, si I'on(( n'y repasse quelquefots lo burin. u

ls*rtr

Beaucoup, réputés gens d'esprit au:r yeux du vugairo, nevivout quo de souvenirs fidèlement retenuset utilisés avec plus ou moins d'à-propos.

La premièro fois, on est charmé t on s'iucline de-vant une érudition qui étonne, dovant une étenduedo savoir gui émerveille...

Bientôt on reconnait, pour l'avoir déjà entenduraconter, tel bon mot, tclle saillie, tel épisode : l'ad.-miration est en baisse; )n commence à croire quel'on a surfait son héros.

...Et, peu après, on en est sfir.Alors on estime, avoc M. de Frayssinous, que

<r I'Esprit n'est le plus souvent que de la Mémoire >.

Le talent consiste sBulement à amener la conversa-tion sur le terrain où loon a eu soin de réunir d'a-vance de jolies fleurs et d'agréables ornemonts, etde s'en servir avec une parfaite aisance et unesavanto ingénuité.

Mais pareille mémoire estmoins une qualité, qu'une

nort:" supercherie.

***

Un jour, Fontenelleécoutantun poète qui lisait, des

vers de sa façon, ôtait de temps en tomps son cha-peau..,. - c Quefaites*vous donc? > luidit l'auteur..- < Je salue au passage de vieilles connaissances, )t

répondit finement Fontenelle.

Page 317: Les enfants mal élevés

,ir

PREMIITREs pnnCUpUONS J PREMIERS SENTIMENTS 30$

Le pcète avait écrit ayec des réminiscences : F'on-

lenello, lui, avait des souvenirs

dÊ' *-*

Faculté acquise, ou don de la nature, la mémoirea besoin d'être exercée pour ne point s'évanouir.

Elle est un auxiliaire précieux dans I'instruc-tion. Le malheur t Cest que, de nos jours, on lacultive au détrimqnt des autres aptitudes.

Oo y sacrifie volontiers le jugement, la réflexion,le sens commun, la méditation...

Ré.citer mot à mot, redire textuellement les phra-ses des auteurs, mâme sa%s les eomprendre, con-stitue l'unique tr ovail intellectuel imposé pendant

Jrlusieurs années à [a jeunesse t

*&*

Un condisciple qui avait appris l'histoire romaineavant l'histoire grecque? nous avouait être arrivé àl'âge d'homme? sans pouvoir rétablirdans son espritl'ordre chronologique tles faits.

n connaissait le détail des choses, mais n'avaitaucune vue d'ensemble :.

Infeiiæ op eris su?nrno, 1 quia pon er e t otuùt, nes ciet.Il savait s, ad unguewù r chacun des épisodes pris

isolément; mais il en confondait de la façon la prusabsolue la succession.

***

. Les philosophesdistinguentdans la mémoire trois20

Page 318: Les enfants mal élevés

dO6 trES ENFAT!115 MÀL ELEV:ES

momenls ou trois actcs : appronflreo - retenir, - se

rappeler..4. ecs actes, correspondent trois qualités qui sont

les conditions d'uno rnémoire complète t fwcdli,të,tenacdt é, pr om,ptitude.

Or, si le nombre dos mémoires faei.les l'emportede beaucoup sur colui des mémoires fi,dèles, Cestparce que le côté mécaniquo ost soul développé en

quelque sorte, Lo collégien ÀppREND vrrE, parce qu il exerce beau--coup cette faeulté, mais il nnrmm ual? perce qu'ilapprend trop? of par Suiteo trop rapidement.

Il n'ale temps de rien d.igérerlL' entassement, remplace la sélection.C'est I'assonance des syllabes qui le guide : il

reproduit la rnesure, et point l'idée du teJrte. VoilLrpourquoi il a bcsoin, vous avouer&-t-il, non de lircdcs yeux, mais de s'écouter. Il apprend tout hautpour entertdro sa parole et on rotenir Ia rnusique,qu'il*ythme à la manière d'un'air do ohanson.

x*x

Aussi, voyez sil pnlcipitation lorsqu'il récite I

Il ne rENSE pas : sa préocoupation unique es[ de se

rappeler les soxs. Au contraire, si l'idée lui suggéraitlo mot, aq lieu de se hâter, il préférerait prendre son

temps pour se rocueillir et retrouver lolien logigue,le sens, qui groupc lcs phrases.

t

Ànalysez alors la physionomie de ce collégien,doué.de la mémoire c cruelle >, ainsi qu'on ïa ap-pelée : loil davoir l'intelligetrco en éveil, il sernblsniais et abêti I

Page 319: Les enfants mal élevés

PREMIERES PERCEPTIONS : ËNNUMRS SENTTMI'N'fS 301

[-,es lèvres remuont, I'appareil phonétique fonc-tionno; quan{,à l'esprit, il est aux champs. i'.

***

<< (lui j'ai copié iécrit, affirmait un jour un scribe,

rnais je jure ne l'avoir Point lu. >

De même on pourrait' dire de maint enfant : ilnuipÈrn BIEN sa leçon; mais il ne la san PoIMr '

Sur l0 écolierso il y on a 5 qui, à trois mois do

distanee, hésiteront à reconnaÎtre s'ils orû jamaisappris tel chapitre dun livre; il leur faudra, pourêtre fix6s, consuher le volume, c'est-à-dine constaters'ils y ont inscrit la petite croix marginalo d'usage.

Est-ce exact'.. ?

qr*o t

Devonus hommeso ils confesseront n'avoir gardéqu'un souvenir ilu 'temps de leurg études : celuid'un immense ennui, dévoré pendant de longues .etcruelles années scolaires

a Nous voulons, dit un professeur de la Sorbonne,a faire ingurgiter par des estomacs incapablos de lesc digérer cetto lourdo potion prétendue scientifique,c où la pharmacopée officiellea essayéde délayer lac science à petites doses, mais dont le zèle dos maî-s tres double la mesure, Nous accumulons, s&r?,s

a proft,t pour l'esprit ni pour le jugement, ces ingré-c dients mal assimilés, nous les ernmagasinons dansa des mémoires qui ne sont pas faites pour do pareilsa produits, ot, qui n'en gardentleplus souvenl qu'une< impresision z lhorræerëe ïëtude. D

Page 320: Les enfants mal élevés

Eog tES ENr.ANTS MAL Ér,rvrg

A ta place d'un étalage choisi, ûn &un déballageconfus.

qç*rr

Les notions suggérées par l'oxpérience' sont déià

nombreuses, chez un enfant â96 de quclquesmois.Àvant deux ans ordinairement, il a le souvenir précis

des choses usuelles à son point de vue : fouet, bon-

bon, danse, culbute, minet, toutou, dada, jouioutc&ressesrbaisors... Ces souvenirs portent on eux dos

émotions définies qui provoquent une exPreÊsion et

une mimique conformes.Mais la mémoire, < ce portefeuilletlel'intelligence'

cet étui de la science, )) comme l'appelle Montaigne,est avant tout un don nal,urol.

*#*

Mithrid,ate, haranguait dans leur langue Propreles 22 peuplos qu'il comptait sous sa domination, et

connaissait le nom de la plupart de ses soldats.

Césarrdictait à quatre secrétaires, tout en écrivantlui-même

Sénèque, retenait,.en les lisant, une série de 2000

mots grecs, sans liaison entre eux, et les répétait

exactemont dans l'ordre qu'on voulait.Pascal, peu de temps avant sa tnort, n'avait rien

oublié de ce qu'il avait appris depuis l'âge de raison'

C'est lui qui au sujet de la mémoire, a écrit cette

phrase magnifigue, c L'humanité m'appanalt comme

u un seul homme qui se souvient et qui avance I ICitons enfin ce mot admirable de saint Augustin :

e $e rappeler, Cest se rencontror soi-mêmo' p

Page 321: Les enfants mal élevés

PREMTÈRES PERCEPTIONS : PREMIERS gENTIMENTS 3O!I

Un jour, L,amotte-Houdard dit à un ieune poète

qoi o.ï"it de lui lire une do ses tragédies: u Mon-

u sieur, votre pièce est fort bellel et j'ose- vous

. rgp"iAre du succès. Uq'e seule chose me fait d'e

c la'peino : c'est quevous vo-us soy'ez ltldl.toupa-u tiu'de plagiat. r - c De plagiat1 s'éerie I'auteur

u indigné t n - a Sans doute t of pour vous prou-

( vor îombien je suis sfrr d'e ce que je vous dis' je

< vais moi-mêmo vous réciter la 2u scène d'e votre

c 4u acter {uoje sais encore par cæur' ))

Et Lamotte récita cette scène s&ns y changer un

eeul mot. L'auteur domeura déconcerté, anéanti. . '--; - Remettez-vous , Monsieur t lui dit' alors

< gracieusement Lamotio ; la scène est bien de

o io,rr, mais elle mérite dêtre apprise et retenue

c par ioo, les gens tle- goùt " " C'est ce que j'ai

sfaitenvousl'entendantliretoutàl'heuro'n***

Non seulemont la mémoiro s'altèro par lo, manque

ffoxercice .ou par les ans, (comme cela a été observé

choz Newtono Linno et walter-scott qui, vieillis, ne

reconnaissaient même plus leurs propres- æuvros)'

mais uno fatigue excessive ou des lésions' pêl'l:

ven[ chezl'enfJot et chaz l'homme provoquer des

amnésieslocales,sortesd,éclipsosquiofiacentlessouvenirs, et von[ rrrême jusqu'à les abolir comp]è-

iement. De plus, elle offrà da-grandes variétés selon

les individùs. On trouve d'es enfants relenant

plutôt les figures, les couleurs ou les noms: ceux-

ci les sons, les chiffres ou les mots I ccux-là les

idées..'

Page 322: Les enfants mal élevés

Bt0 T,E$ ENFANTS MAt ETEWS

C'est, ainsi qu'on distingue lo mémoiro du peintre,cslle'du mathématicien, celle de l'fristorr'en, collo duphilgsophe...

rs**

I)'autres . enûn, sont plus frappés des partlcularitéset.des détails, que des événements importants.

Nous a,vons connu un jeune hommo, qui gardaitmémoiro du numéro de toutes les voitures rencon-trées durant uror longue promenede dans Paris, etqui hésitaito quand il s'agissait do citor les noms deses propres cousins.

M. Richrit, dans'son étude publiée par la ReuuePhilosophique, sur l'Origine et les modalités de lamémoire, raconte qu'un de ses amis lui disait unjour, les larmes alu( yeux: c J'ai perdu ma rnère ôs l1âgs de ll ans; et je nepuis plus me rappeler nis ses traits ni ses actes, alors que je me vois distinc-s tement, beaucoup plus petit, mangeant dans telle( ou telle circongtance des æufs à Ia coque. D

C'est à la vivacité de l'impression qu'est due iaprofondour de I'empreinto mnémoniquo.

Page 323: Les enfants mal élevés

j

CHAPITRE DOUZIÈME

gf NotlLARnÉs muÉMglEotlNlquE$

0n appelle mnémotcchnie,.l,es moyens arti{iciels

.*ployér, surtout par les pédagoguest en vqe do

s,ropléïr à la mémoire naturelle' ' ' -' ' '--Llt'art est tiré ile l'association réelleou faclice que

l'on établit, entre les idées à retenir' et les signes

conventionnels auxquels on prétend les rattacher'

i.r ""pports

do temps,. de symétrio, d'e tnosureo d'a-

""ltgiË ào dloppositiàn, ont été plus ou mginy utili-

sés. ia bizarrerie même du systèmo adopté, facilite

dans uno certaine mesuro le souvenir

*#ur

La mnénroteehnieétaiI connue des anciens qui en

attribuaient l'invention au poète Sirnonide

, Cicrron (d,e'Orator)e,Il, 86), et Quintilien (XI' 2)'

parlent <le ia mémoirs locale ou topique' qui con-

sistait à rattacher ies divisions dun discours, aux

purtiur prineipales de la saile où se produisait I'ora-

teuf.-- Poo, un travail important, ces auteurs conseil-

Iaient encore it iûaginer, par exemple' uno villc

,o*pt"ot dix gn*t"tt, oôrn1osés chqcgn de dix

Page 324: Les enfants mal élevés

qr2 tES ENFAT{TS MAt ETEVÉS

maisons, ayant chacuno dix chambres, qui pouvaientêtre combinées do dix manièros différontes... Unererf,arque à faire ici, c'est I'emploi du mode déci-mal"

. *#ou

I-res sermonnaires du xvuu siècle, en wais classi-ques qu'ils étaient, ne négligoaient pas ces artiûces.

Sr:ulement, pour en faire usage, il importait queI'on connrit, toujours et quand même, la dispositionintérieure du local dans lequel on étaiû appelé àprendre la parole

S'imagine-t-on lo désastro, si une modificationaccidentelle était apportée dans Ia salle, à l'insu d.o

l'orateur t

***

Un prédicateur clont, on nous a narré la curieuse

histoire, a éprouvé cette surprise.Partisan de la topologie, il avait attribué à diver-

ses colonnes de Ïégliso les idées principales de son

sermon : les abaquos, astragales of gorgerins eor.respondaient aux subdivisions.

Conlianten ce vieuxprocédé qui no l'avait jamais

trahi, il montoen chaire sans la moindre préoccupa-tion, commence son discoirrs, le poursuit heureuse-ment, arrive enfin à la troisième colonneo je veuxdire au troisièmepoint annonoé,.., of s'aporçoit alorsque l'objet qui devait raviver sa mémoire était, ûl&s-

qué par un voile, demièro lequol on historiait, ou

réparait le chapiteaul

Page 325: Les enfants mal élevés

PREMIÈRES PERCBiPTIONS : PREMIERS SEi{TIMENTS 3r3

il faillit perdre oontèn&nco... Grâco à l'houreavancée le pauvre abbé put so retiror honorable-tnent.

ll est évident, qu'une colonne sur trois venant à

iûanquer... Io discours ne pouvait tenir.debout.

rB**

I,.es logiciens du xuru sièclo ont adopté, pour indi-quer les modalités du syllogisme, des noms de con'iention tols quo : Barbaia, Balaripton, Datici,Buroco...

Ohl oui, baroco I

Ces termes en oux-mêmes ne présenten[ aucun

sens ; mais ils serventà démontrer les théorios syllo-gistiques, baséos sur uno simple combinaison mnémo-

technique.Ainsi Barbara signifie: le promier mode direct de

la première figure d'un syllogismo, où la majeure

BAR, la mineure BA, et la conclusion RA, sont

toutes les trois affirmatives et universolles.

Nous ferons grâce de la démonstration...N'est-ce pas le cas de s'éerier a.vec M'Jourdain :

c Tant do choses dans un seul mot I I

***

Pareille ter-ainologie raffinée, n'ost faite que pourles initiés; et, commeveulentbien l'avouer les savants

de Port-Royal, il serait de mauvais gott de chercherà introduire ces formules dans le langapçe courant,e otr signifiantr' par exomple, qu'on va répondre par

Page 326: Les enfants mal élevés

LEs ENFANTS MÀL ÉLnvÉs

un erg'ume:ni en bocardo ou onserait d'U.l efret trèsridicule. r

C'ost notre avis i et sans doute[eur.

félapton,. ce qrr,i

aussi celui du lec-

*u&*

En général, l'élève est d,autant moins tenté depenser ët" ia chose {igurée, {uo le signe se présenteplus facilement à l'esprit,.

Oui, cette mémoire mécaniquo ruî,ne Ia mémoirei,ntellectuelle; et I'enfant se familiarise même aveùdes rapports et des associations d'idées, que le bonsens répudie.

La raison restant oisivedans toutesces opérations,le jugement finit par se fausser, en donnant à laponsée un tour singulier ou une forme étrango.

q**'r

Ouwons quelques traités spéciaux.

- S'agit-if d'apprendre le chef-Iieu et les sous-pré-fecttrres du département de l'Allier ? (Moulioq taPalisse, Montluçoh, Gannat.)

On dictera à l'errfant la sotte phrase suivantor {ueje copie textuellement: < Erruyezvos alti,éserrrrrft,o?Â-tin de la Palts.sa, manger du moulu son) aye; l;,eanards.

Prononcez: Gannat I

_ _Gageons gue plusieurs élèves, signalés pour leurfidèle mémoire, classeront c manger r parmi lessous-préfectures.... Le mot n'y est-il pas au rnêmerang que les autres ?

Page 327: Les enfants mal élevés

PREMIÈRES PERCEPfiONS : PREMIEHS SEI{TIMEI{TS 3I!

Ou encore:e Un jour que j'éprouvais une soif de lionne

c (l'Yonne), je m'aperçus à quoi I'eau sert (Auxerre).s En femmo de sens (Sens), j'y joignis (Joigny) un(( peu de sue,re, et m'écriai : maintenanto tonnerre t

c (Tonnorre), avalons t (Avallon).Si le système estbon pour apprendre lagéographio

(co qui est discutable),il ne doitpas donner, j'imagine,d'admirables pésulÉats en co qpi concerno Ïortho-grapho.

*r** |

Revonons à notre thèse.Il importe de restreindre beaucoup lep procédés

qui cléveloppent, à l'excès une faculté secondaire, au

grand détriment de l'entendement même.

Le malheur t c'est {Ëe, dans les examens, les en-

fants qui n'ont que de la mémoire, ont toutes les

chances de réussir; tand.is que le jugemonto cette

pierre angulaine de I'intelligence, n'est tenu pour rientrès ordinairement. Et comme on préfère leBrevet àla Scienco, on dresse do petits perroquets qui reùi-sent les idées des autres, mais sont incapables d'enavoir de personnelles.

Est-elle donc si onviable,l'épitaphe do cet hommoqui n'eutjamais que de Ia nnémoiro :

t Vi,r beata 'menùoriæ, eûspectans judicium. o

***

c De semblablo talent, et d'aulres de cette espèco,

e a écrit unvieil auteur, nous ne.faisons guère plus

Page 328: Les enfants mal élevés

3T6 tES ENFÀNTS MAL ÉLEVÉS

c de cas clue des souplesses des danseurs de cordo,c et des tours de main d.os joueurs de gobelet; carc c'ost a,r forrd la même chose : les uns abusont d'unoc force de l'âme, comme les autres d'uno aptitucle

a par[iculière du corps. >

Ilfal,ebranche n'estpas moins sévère : c On fait de

c latête de l'enfantune espècede garde-meuble,dans.r lequel on remise sans discernomont, et sa.ns ordre,a tout ce qui porte un certain caractère d.'éruditionc apperento. r

**x

Le rythme et la mesure poétique ont été utilisés

aveo succès pour venir en aide à la rlrémoire.

S'inspirant dé cette remarquo,'le célèbre Lancelota écrit c Lejardin des racines grecques I livre fameux

qui, en honneur pendant,do longues annéos, fut in-terdit dans les lyeées par le ministère Duruy.

!

Faut- il en rappeler quelques lignes :

AMIS, pot qu'en chambre on demande ;ARISTEROS, gauche et non droit iONOS, l'àne qui si bien chante ;PEI-,AGOS, mer, des poissons mèro...Et autres jolis vers' qui, au commoncement de ce

siècle, constituaient I'inévitable bagage des huma-

nistes.

***

A vrai dire, chacun fait de la mnémotechnre a

eon insu.Les uns, relhent dans leur penséele passage appris,

Page 329: Les enfants mal élevés

PNEMIÈRES PERCEPTIONS : PREMIERS SENTIMDNTS 3T?

enrevoyantclairementles mots etles lettres mêmes.. .

Le* autre s, s'écoutent téciter? etretrouvent Ïair que

leur oreille a retenu.L'ouvrier qui fait un næud à son mouchoir; la femme

du peuplu qoi met une épingle à son cersagee obêis'

sent au même calcul.

Et selon la réflexion d'un philosophe jutlicieux :

c< Un paysan qui donne un soufflet à son fiIs devant

<. la borne de son champ, afin qu'il en retienne bien

c'laplace,fait comme Cicérolr"' de la topologie pra-

<< tique. I

**'r

L,usage des jeux de cartes instructifs date d.u

xvr sièclé, et Cest par ce moyen, quePhilésiusapprit

les règles de la versilication à l'école de Le Fèvre

d'Estaples.Dans la grammaire do Ringmann, littérateur du

xvr" sièclr,1., parties du discours sont représentées

par autant de itttooo*gel : Ienom par un curé;

iu prono. p"t uo chafelain ; le aerbe par un roi'l'aàuerbe p", ot . reinel Le partici'pe pay un moine;

la conionâUon par un échanson ; Ia préposi'tion pat

ott *"rguillier, et|'interiection par un fou lt

On a également, d'un nommé Mercier (1685)' un

jeu pour apprenclre I'orthographe < gràce à un dé'

ou àun rotin u (?)

signalons encore la cantatràce gra,rnmairien'ne

de Barthélemy, ou nouvelle méthode pour apPren-

tlre le français par le m,oyen d,es chansons' s&ns

le secours d'aucun maître (??) - 1787 : Lyon'

Page 330: Les enfants mal élevés

s{B $,bs ENFÂNTS tr[AL ÉlmÉs

Cette dernière idée a été mise en æuvre avec

<< humour )) par I'auteur de l'amusante comédie do

Bëbé.Dans une scène <t dhilarante mémoiro D? on voit

un certain répétiteur, P6tillon, surpris par la mèro

du joune homme au moment où il fait tapage avec'sos

élèves. trl erpliquo alors à Ia bonne dame, qu'ilest en train de leur enseigner le Coile civil sur des

airs connus t c nouvelle méthode t n s'écrie-t-il avsc

aplomb et suffisance.

rs**

Ah t voilà une pièce dont, Ia lecture serait profita-

blo à plusieurs I

Ce ,, Bébé > enfant gâté-.. par l'aveuglo con-

fiance de la mère,9t disculpé par le passÉ d'un père,

qui admet les compromis avec la morale et tolère

uoor son toit des amis tarés, est le type réussi'de

l'enfant mal élevé dans la bourgeoisie vulgaire'

Assurément il peut être curieux de montrer com-

ment l'enfant se gâ,te.' .les comédies, les livres, les

discours dahs cet ord're d'idées abondent'

Mais le présent ouvrage a un autre but,et s'adresso,

on ls saiîo aux paronts qui ont à cæur d'étudier

commenl on élèoe bien.'

C'es[ moins amusant à rechercher, d-'accord t mais

pfus utile" of plus urgent surt'out'

Page 331: Les enfants mal élevés

trvRn uunrÈmn

PNINCIPAUN DÉTAUTS IIE I,'ENfANT

CËAPITRE PREMIER

u.'rooisue

Ce tléfaut.estsuffisamment analytg, {.""t^ le por-

trait, type que nous avcqs esquissé de I'epfant mal

élevé, à trois ans.

C'est le penchaût capital à combattre dès les pre-

mièros exigencos.aussi, [ou, éviter des redites -fastidieuses, ne

nommons-nous icilégoisme que pour mémoire' nous

fropor*ot d,examiner'de préférence d.'autres défbuts

Ao",t il n'a Point eûcors été ParléContentôns-nous de rappeler quelques lignes de

tI. Alphonse Karr : tr Ori s'attacho, écrit-il' à co'-

* "her

soigneusement àI'enfant enbas-âge' et safai-

,r blésso et sa dépendance' On s'opiniâtre à de-

c viner co qu'ii t'eut' On lui présente- tnur àq tour cs qur se trouve dans la partio dolachambre'

" ;*t; taquelle it q paru tendre ses petit'es mainst

Page 332: Les enfants mal élevés

LES ENFÂNTS MAL ETF:VES

( peut-être par hasardtOn lui enseigne qu,il n,aquoù( pousser quelques vagissements, pour gue chôses< of gens se hâtent d'accourir à ses ordres . nrt bien t

a e'est une indigne tromperie : on I'sbuse ! Mais cea n'est pas tout : on feint d'avoir peur de lui ; on lui( persuade. qu'il est fort, que tout est esclave de sa<t volonlé. ah I je comprends combien il serait doux '

< de prévonir chaque désir db l,enfant ; d,émaillera toutes les routes tle lleurs, toutes les heures dec plaisirs t Mais restera-t-il toujours enfant. et res-c terez-vous toujours là pour le protéger?... Vousu deviendrez vieux et vous disparaîtrez. avant cola< même, il s'élancera dans la vie avec des idées faus- '

q scsr rencontrant à la traverso les hommes et lesc choses : ici se cassant Ia tête, Ià se brisantle cæur. , ,

Ces réflexions ne sont point joyeuses, certes t parmalheur, ellcs n'ont rien d'exagéré.

-ts' L'égoisme dessèche toutes lur tendances géné- ,

reuses; varnpirc insatiable, il se nourrit de laiubsbdnce des autres, en les.épuisant, et en los absorbanL

*ç*rr

Âinsi, il y a des enfants qui prétendent obliger leufmère (ffit-elle brisée de fatiguo et ascablée rle sorn-meil), à passer la nuit au chevet de leur lit, la maindans la main..... Et l'illusion maternelle y voit uneprcuve d'amourt

comment appellerait-on alors cette touchante soi-licit'ude d'une petite nratrade de six &ns nous disantunjour: c Je ne me plains pas, afin que mamasdorme bien tranouille b

Page 333: Les enfants mal élevés

CHAPITRE DEUXIÈME

LA COIÊRE

A peine né, I'enfant se liwe à de véritables accès

tie rage : larmeso contorsions, trépignements, tra-duisent son émoi.

On dirait qu'il éprouve un amor chagrin à se sentirsi incapable, et qu'il, se révolte contro les premièresdouleurs de la vie.

Quand il granilit, à la colère tapageuse, succède

souvent une autre colère, froide, concentréo, bieuoutrement mauvaise et violento.

x**

Que de fois ne rencontre-t-on pas dans les famil-lcs un paront maladroit, un ami désæuw6, un sotd.omestique, s'&musant à irriter I'enfant et à le rendrohargneux : tantôt, lui attribuant à ûort des proposniais ou déplacés ; tantôt, llhpmiliant au souvenir de

ses bévues ou de ses maladresses; tantôt le contra-riant par méchancet6 pure t

Qui n'a vu celte bonne absurde, dont l'intelligeûcoconsisto à répéter tout le jour ù I'onfant, : s. Donneun eoup de pied à, Ia rilai.ne table,..; frappe la

2l

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LES ENFANTS MÀI., ÉT,BVÉS

rnéehante eha'ise,.,; fais (pa,n! pan! > à la damê.".Quoi de plus propre à développer l'irascibilité, et

à faire prendre l'habitude de la vengeance et de laprovocationî

*s**

Eemarguez que la passivité du meuble c coupa-ble ,, n'est point faite pour désarmer I'enfant, quoIinertie de I'objet énerve davantage. Àjoutons que,ie plus souvent; Ie baby, en déchargeant violem-men[ sa fureur sur un corps solide, ressentirâ unecommotion douloureuse qui l'agacera plus encore.

Yeut-on avoir des enfants violents et vindicatifs ?

Qu'on retionne le procédé : il est infaillible I

Il n'y a qu'un esprit prévonu, comme l'était celuide Rousseau? qui puisse soutenir < que les enfantsno deviennent ni mutins ni révoltés, tant.qu'ils nerencoritrent de résistance quo dans les choses >.'

g'*x

On ne s'étonnera pas de cette prédispo,sition à lacolère, si l'on constate quo la faiblesse et les infirmi-tés de notre natureo en sont la cause premièro et dé'termiuante.

llus qn se sent impuissant et dépendant, plus cotte

passion se fait senlir.Elle s'enflarnnne au choc des vicissitud.es dont Ia

vie est toute remplie., Àussi les enfants, les vieillards et, lee malad.cs,

Page 335: Les enfants mal élevés

PRTi{CIPÀUX DÉT'AUTS DE UEI.{FANT B9A

sont-ils moins disposés e4uo d'autnes à Ia tolérahce r

la conscience de leur iÀcapacité les porte à croirequ ils sont, lésés. ou nÉgligés, alors qu'ils subissontseulementlaloi commuse et les conséquences inéluc-tables dq lour condition

x**

Quand on a laissé prendre à l'enfhnt un c&rac-tère irascibleo l'influence physiquo, dite colériquels'ajoute au trouble de l'âme, au point de détoner à laplus légèro sepousse.

Cela devient un état, chronique et presque maladif.Le mal grandit quelquefois jusqu'à provoquer desconvulsions : les muscles so contractent, les yeuxs'enllamment, les lèvris tremblent, les cheveux sohérissent, le corps se crispe, la voix meurt dans lagorge ou sort en éclats ; en6n uns fièwe brrilanteenvahit l'être entior.

- **u,

L'histoire garde souvenir d'hommes célèbres,morts dans un accès de colère, Valentinien, parexemple.

Les Mor&ves ayant été battus par les Romains, leguemier Mérobauil fu! envoyd en députation auprèsde cet Empereur, qui, outré de son attitude insolente,se liwa à une lvile explosion de rage, que le sanglui jailtit par Ia bouche et le suffoqua.

Les fièvres inflammatoires, les ama,uroses, lescgnvulsions, l'épilepsie pouvent avoir lour cause ori-

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'32& f,DS ENFANTS MAt ËINVÉS

ginaire dans cette passion, au dire de Pinel, RichteroHofimann, Sgvret...'

L'exercico, les lotions froides, I'isolement, la cor-rection, selon les cas et les tempéramentso combet-tront utilement, cette propensiob malheureuse.

La vue du clélire colérique a quolquefois produit,une hcureuse influeneo : c'est ainsi que les Spar-tiates, pour inspircr à leurs fils la sobriétéo leurmorltraient lcs llotes dégradés et abrutis par I'i-vrogse.

Page 337: Les enfants mal élevés

CEAPIÎRE TROISIÈME

Iâ JALOUSTE

Si la jalousie est un instinct, regrettable, elle pro-cèdo toutefois d'un principe qui n'est pas, ce semble,absoJument mauvais on soi. .

Ello a sa racine, croit-on. dans un sentiment af-fectueux poussé à I'oxcès.

. La Jalousie est la sæur de I'Amour.Commo le diable est Ie frère des anges,

dit le poète Boufllers.

' n**Mais ne confondons pas I'en';io avec la jalousie.Ainsr un onfant éprouve un violenû âOpit en

voyant samère câliner un de ses petits camaradss... Iil est jalouæ.

Au contraire, quand il convoite le gâteau du voi-sin, ou le jouet de son frère i quand il désire unobj-et, moins pour en jouir quo pour en priver au-trui....; il qst enodeuæ,

**x

q. disant que Ia jalousie a pour cause originaireI'affection, nous nous faisons l,ée,ho cle la dàctriqogénéralement adrnise

Page 338: Les enfants mal élevés

326 LEs ENFÀNTS MÂL ÉluvÉs

Cependant, à notre avis, ce d6faut est plutôtprovorlué par régoÏsrne.

Tel qui repousse commo ennuyeusos les caressesmaternelles, qui les fuit, oomme importunes, jetterales hauts cris, sijaeais uq rival aspire à prendre saplace.

Un enfant à laallaiter un autreviolente jalousierieu.

Dès que cotte passion prend consistance, il n'y aplus ni gaieté,,ni onjouoment : I'appétit, disparar't enpartieo le besoin de la solitucle et du silonce s'accuse,la fraicheur du.teint, s'effaco,. la peau se distend, lamaigrour survient; et . un véritable rnarasme s'em-pare de co petit malhoureux, qui mourr& pcut-être,avant de révéler la cause du mal qui le rongo in-térieurement.

***

Le sentiment jaloux serait bien plus rare, si on nele faisait naitre, grâco à un jeu familier à nomhreùe parents.

. En effet, on assure à l'enfant Qlr'on lui préfèreilo boaucoup son petit ami Jacques ; qu'on vourlraitavoir lo jeune Pierro pour fils, et non.lui...

Ignorant dans quolle mesure le propos est sincèrest rdalisable, il doviendra inquiet of déliant, etredoutera un ooncurrent captieur,

mamolle qui vema sa noumice enen sa'présence, témoignera une: la tendresse n'y entro pour

*'**

Page 339: Les enfants mal élevés

Le dangor est Particulièrementpar malheur, la comparaison s'établit

entre les fràres.Alors la jalousio y jotte en Serme des haines pro-

fondoqo deJinimitiés violentos, qui auront dans css

ieunes àmes dos roton[issemonts doulourèux'' Un fi'ts prëférë, est un frère d,étesté,''

Nous l'avons 6tabli ailleurs.

***

A la jalousieo plutôt ercore qu à la méchanceté, se

rattaehâ I'habituilo pernicieuse'de la dëlation, {ui,selon l,expression vulgaire, consis[e à c'rapporter n

les fautos Ces catuarades.It y a peu d'enfaQ'Ûs qui n'aient recours'à ce pro-

cétù6i roit, poor se disculpor et détourner l'at[ontion,

soit pout ptooo"r que les autres ne sont pas plus

srtges qu'eux, au contrairo ! '

bn devine combien l'enfant est incité à eommettre

cotto lâcheté, quan{ on surfait devant lui les quali-

tés de ses amis...Cette tendance est capable de lui gâter le cæur si

I'on n'y prend garde, et si elle devient une habi-

tude: ce qui n'es[ Point rare.Elle cachu *o.oi" une arrière-ponsée de {latteryie

qui ne déplaît pas à certains parents.' L'enfani a I'àir de tenir $rand compte cles recom-

rnanûations et iles désirs patornels, il sembleen sur-

veiller l,exécution par affection ou. par respec[:et

I'on est assez porté à lui savoir gré de cette solli-

uitutle.

Qu'on observe de' près I et I'on verra quo la il6nou-

PBINCIPATIX NÉT'N'UIS DE L'ENFÀNT ÙW

sérieux guand,au même foyer

Page 340: Les enfants mal élevés

328 LEs ENr,ANTs MAL ÉIurms

:111i"" correspond d,ordinaire à un sentiment mau_vals-: vengoance, jalousie ou flatterie.

Bien entendu, nous ne parlons pas des cas, où unordre _spécial du pèrc oànfère à l,aîné un droit decontrôle surr les frirel.pluy jeunes;nous envisageons

seulement ra spontanéité ae U délation.

**x

. 9"9 hypothèse déIicate, est coile où l,enfanr inspiré dans sa, conduite par un seutiment de justiceofrenséeo et scandalisé paruno aetion brilut;,' croit,en conscience, devoir avortir ses parentB.

.. Si aucune pensée méchante ne l,inspire, on le fé_licitora de cetto démarche comme iI convient, car,de sa part, c,est une preuve de loyautO "t ae- con.

uance.

*r*x

Mais I'embarras est plus grand quahd l,enfant,tout en étant justemen' offuÀqué des rnéfaits eom-mis, obéit en même temps à un carcul vindicatif enles signalant.

..P'yo. part, le réprimander n,est pas admissible,s'il révèIe un acte coupable.

. D'autre part, I'apprôuver sans mesure serait, in_iy1e, puisgu'il a tort de chercher à attirer les sévé-rités sur Ie délinquent.. il y

" là un défaut do géné_rosité., uno petite trahison q"i n,est p*u

"ot emcnt

louable.

Quel est donc le moyen terme?

Page 341: Les enfants mal élevés

. pnlNctpÀux nÉrlurs DE um{Fanr sss

On peut concilier les choses en donnant raison àl'onfant, (attendu quo son émoi est légitimo), tout enternpérant.l'élôge ptr un correctif prati,que.

Je m'explique : Jean raeonte, je suppose, que Louis,en l'absencti des domestiques, a joué avoc le canifou les compas trouvés sur le bureau paternel, au ris-quo de blesser ses sæurs qu'il menaçai[ pour s'a-muser; et cela,' malgré la défense formolle à luifaite d'y jamais toucher...

<< Mon ami, pourra dire le père, tu fais bien dea blâmeb la gravo imprudence ile ton frère. Je loc privo de" dessert of do sortio; mais puisque tu es

r plus raisonnable que lui, je to chargo de le sur-a veiller toi-même en mon absence; ce soir, tu mo< rendras compto de sa conduite >.

En- fait, le petit censeur trouvera Ia fonction '

aussi... ennuyouse, qu'honorable.Et laleçon sera double.Cet expédient a proJuit, à notre connaissance, Ies

plus salutaires effels sur de jeunes c rapporteurs u,réputés incorrigibles.

Page 342: Les enfants mal élevés

cHAPITRE QUATRIÊME

I.IA PEUR

L'improssion auditive est la première causo de lapêur chezl'enfant.

Un cri, un choc, fonttiessaillirle babyqui n'6prdu-veraitnulle crainte àla vuo d'un incendie.

La peur se développe aveo I'oxpérience du danger.Voilà pourquoiàdixans, on rossentdesimpressions

d'olfroi bien plus fortes qu'à doux ans seulement,

qr**

Les différents degrés ou dtats de la peur ont des

noms variés, selon qu'ils affectent plus ou moinsTorganisme et l'intelligence.

Analysons ces nuances:Lu frayeur, est uno agitation vivo et violonte de

fâme, causée par la pr6sence imprévuo d'un dangerqu'ori n'a pas eu lo temps d'apprécier: elle est trèsparticulière à I'enfant,

'Elle saisit, elle glacoo mais'ne d.uro pas longtemps.

L'effrod,estla nontinuation do la frayeur; il oxistetant qu'on croit le.danger réel et présent.

La terceur, ast causéo par l?annonco d un grandqoal oud'un grand péril, auquel on ne croit pas avoir

Page 343: Les enfants mal élevés

PilNCIPÀUX.DÉFATITS DE UENF'AflÎ 33I

chanoe d'échapper : ce sentiment impliquo une ma,-

turité relative.EIle terrasse et paralyse sa victirne.L'Itonrsur, est un saisissement intérieur qu'éprou-

vent l'âme et Ie systèmo sensible, à Taspect dunobjet affreux ou odieux.

Elle fait, reculer ffune façon élecftique le corpstout, ontier.

U ëpouaante, esll' état tl'un espritlivré àla pour, quis'exagéraql Ie danger, ne songe qu'à s'y soustrpire.

Et tandis que la terreqr, l'effroinet l'horreur abat-teqt les forces physiques et les annihilentn l'épou-vanto au contraire les cenl,uplo, non pour l'attaque,mais pour la fuitg. Flle donne une agilité étonnanteet uno force inconnue. \

Comme on l'a dit avec une très grande justesse:l'épouvante est lo cour4gB de la peur...

La crai,nte, bien, différente de la peur, est lo ré-sultat, du jugement, dun exarnen do l'esprit, et nonpas uno impression subite et fiévreuse.

Ello peut qe rencoqtrer dans uge âmo forte; etdoit sè trouver dans une âme prudente; car elle gon.',

tribue à nousrendre rnodérés et réfléphiq. Dqnq cettomesure?elle a son utilité incontestable.

:

C'est le commencement de lasagesse...

88*

rr enfant, a, une extrêmo répugnance à confossenBa peur. Mais la cause n'en réside pas soulementdans les susceptibitités de l'amour-propro;

Je suppose un enfant avouant sa crainte des tén&.breg...

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332 T,ES ENFÀNTS MÀL ÉLEVÉS

Eh bien I huit fois sur dix, rr, Esr snn qu'on I'en-verra le soir, faire sans lumièrolo tour dJl'apparte-ment, travorser le jardin solitairo, ou rendre unepalpitanto visite au grenier. Promenades et, visitesqui ne sorvenl qu'à augmenter son malt

x.*x

lra peur étant une imagination, doit par là mêmos'oxalter et non s'user, quand on la provoguo. A co-là,.on répond que l'enfant est sot de se bouleverserainsi i qu'il n'y a pas de quoi s'effrayer...

Toutefois, la question n'est pas de savoir s'il y adanger; mais si,, lui, crodt att péril.

Là est lo principe de son trouble.Au lieu d'énerver l'enfant par ces épreuves, il con-

vient d'aborr] rJe gagnor son entière conliancei puis,quand iL est tout è fait calmo et rassuré, de lui mon-trer qu'il a été victimo de son imagination.

Loin do le guérir, on l'a{Iole, en l'obligeant à af-frontor I'objet de ses craintes; et en riant do sonépouvante, on le dissuade de jamais se confier. Ce-lui qu'on4'ajamais ni trompé, ni terriûérn'estpros-quo point tourmsnté de la peur.

x*x

C'est qu on offet ce sentirnen[ résulte bien plussouvent d.'une cirr:onstance, que dune tend.ance.

Soit pour distraire, soit pour intimider c les petitsmaitres u, des domestiques mal avisés lour racontentdes histoires lugubres ou saisissantes..

Naturollementl les jcunes imaginations dévorent

Page 345: Les enfants mal élevés

PAB{OTPÀUX DËFÀUTS DE UENFÀNT

avec avidité ces' et les amplifient jusqdàI'extravagance.

[Ine seu,le anecdofa, suffit à impressionner d'uno

façon maladive certainos natures nerveuses ou timo'yées.

Frappé de la peur, I'enfant éprouve un resserre

ment indéfinissable de tout son être : lo sang reflueau centre en glaçant Textérieur du corps' les jam-bos chancellent, Ia poitrine est haletante, les yeuxsont hagard.s, la, voix est étranglée; le vertige se faitsentir.

rp**

Les plus fâcheuses commotions, et même- les plusgraves accidents peuvent suiwe un accès d.e peur.

On raconte que pendant une épidémie on fit l'ex-pdirience suivante sur deux condamnés à mort.

On plaça l'un d.'eux sur un matelas tiède, en luidisant qu'un cholér'ique venait d'y mourir.... Lemalheureux ressontit bientôt, les prodrômes do lacontagion, et succomba. Or cette couche n'avaitjamais sorvi : on l'avait bassinée.

Quant à I'autro inilividu, on le mit dans un lit où

un homme atteint du fléau avait rendu le derniersoupir quelques heures auparavant, mais on no l'enavertit point; et il n'éprouv& aucun rrral.

On connait aussi l'histoire de co condamné, mortt'effroi, au contact d'un simple linge mouillé, dans

lequel il crut sontir la froide lame de l'instrumentdu supplice.

*8rr

Page 346: Les enfants mal élevés

rs* LEs ENFÀNrs MAL Ér,svÉs

Avant do solliciter les aveux de son fils, on ferasagemen.T orr cherchant à deviner, à peu près dumoins, la rtature de la peur qui le touche.

Un père vigilant, et quelque peu clairvoyant, nesaurait longtemps errer.

Le champ d.'investigations ost assez limité aprèstout, : crainte du feuo des malfaitourso des êtros ima-ginaires...o telles sont les causes ordinaires des ter-reurs enfantines.

***

Un jouro à la ûn d'un dîner de famille, le fils dlunftlateui conddisit, en maniète d'amusbment, deux de

ses jeunes cousins dans lo sous-sol des ateliers, où

étaient suspendus, à égales distances, d'énorme$échel'eaux de lin. Et là, à la luoul dune lumièroindécise et blafarde, il prétendit leur fairo voir, dansces a lissses > symétriquoment dispcisées, une Iigneinterminable de pehdus sq balançant au plafond dela oave I

Il n'en fallait pas taht pourdè ces enfaflts, qui s'enfuirentcible terreur. Ils se gardèrentleurs paronts.

C'est l'usage.'Étaien[-ils convaincus de la

frapper I'ii.riaginati onen proie à une intli-bien fen rie'r dire à

réalite de ce musésfunèbre?

Ndllement ! ,leur naïveté n'allait pas jusque-là ;mais la peur les obséda guand même,'pendant delongs mois.

Page 347: Les enfants mal élevés

PRINCIPAIJX DEF'AUTS DE L'M{F'ÀNT 335

Autre exennple. - Dans la famitrle du jeune F...,on avait l'habitude de placer un chapeau au crochetd'une patère, faisant face au petit lit de I'enfant; etau-d.essous, on. suspendait le soir, pardessus oumanteau. En sorte gûo, dans la pénombre, le toutformait, une masse étrange, dans laquelle, ici encore,l'enfant s'obstinait à voir uno affreuse silhou'ette de

pendu, dont l'horrible tête repliée sur la poitrine,lui donnait des sueurs froides suivies de cauchemarsépuisants-

Brisé de fatigue et d'émotion, il finissait par so

lever, allait décrochsr lo vestiaire improvisé, et,

recouwait enlin là paix et le sommeil.Il savait très bien gu'il n'y avait pas là d'inilividu

c lynché > : la preuveo Cest qu il s'on approchaitgans crainte.

Ce manège dura longtemps sans que personne pûten soupçonner le motif.

*u*x

Je sais que le rnoi, esthaissable; néanmoins qu'onnous permette de citer un fait personnel.

c Àu maraiso D nous connptions d'excellent,g amisqui nous faisaient Ie meilleutr accueil, nous comblantde caresses et de jouets.

Cependapt à l'âge de cinq ans, je m'ingéniais partous les moyens à n'àccompagner point ma familledans ces visites amicales. Tous les prétcxtes étaientonsr... même les mauvai.s, pour m'en dispenser.Et celao uniquornent parce qu'il fallait passor rue

Saint-Antoine devant Ia boutique d'un charcutier, à.

la porte duquel se,voyait, et se voit eneorer oll

Page 348: Les enfants mal élevés

336 T,ES ENFANTS MAL ELEVÉS

énorme sanglier en bois (!), qu'un passant m'avaitun jour signalé cornme bien vivant, et très méchant I

J'avais beau ne point croire au danger : l'horroursurvivait au raisonnement.

Pardon de ce déteil, mafs on est encore plus cerlain des impressions ressenties, quo de celles que

['on cioit surprendre ou deviner chez autrui.

***

Lisez enfin cette intéres'sante description, due à laplume du docteur Pujol.

c Ohservons la peur, dit-il, chez un de ces mal-heureux enfants à qui I'on s'est fait un plaisir de

raconter les histoiros les plus terribles, de bandits,d'ogres ou do revenants. L'heuro du sommeil est

arrivéo : on le met au lit, on le laisse seul, ayantgrand soin de retirer la lumière. Un léger bruit se

fait-il entendre, un meuble vient-il à craquer? à l'ins-tant même sa jeune imagination, pleine d.'assassins,

de cercueils et de fantômes, lui retra.co les tableauxles plus monstrueux. Il s'enfonco jusqu'au fond de

son lit, et recôuvre se tête de son drap; en même

temps, il rapproche fortement les bras de sa poitrineet les genoux de son ventre; ce n'est plus qu'uneboulo. D'instinct, il se fait le plus petitpossiblepourprésenter moins do surface à l'ennemi qu'il re'doute. Dans cet état, le sang brusquement refouléde, la périphérie au centre, fait battro le cæur a,vec

violence; son pouls eqt fréquent, souvent irrégu-lier; sa respiration courte et précipitée; il cherche

à retenir son haleinc dans la crainte de se trahiri

Page 349: Les enfants mal élevés

LES PnINCIPÀTIX DIIIFA'IJTS DE L'OIIFANI

enfino les yeux ouverts et fascinés, l'oi:eille tondue,lecorps immobile, il reste I'esprit fixé sur l'objet dese peur, jusqu'à ce que, ayant épuise toute sa puis-sance de coutraction musculaire, il tombe,dans unesrreur de faiblesse, et dans un sommeil souvent trou.blé par des rêvos offrayants, tlui en détruisen[ Iactio4réparatrico. D

Page 350: Les enfants mal élevés

OHAPITRE CINQUTÉiVIE

u nmpmÉ

On exagère l'importance ds ce défautl car enfin,la timidité convient à I'ignorance et à la faiblesse

du jeune âg". N'est-ce pas l'amour-plopre froisséplutôt quo l'intérêt, vrai des enfants, qui émeut tantles parents à cot égard?

Rien ne vexe, comlno de voir un enfant gue Tonsait intelligent, spirituel mêmeo se renfermer dons unmutisme complet, ou se produire avec le minimurnde ses avantages.

rp**

Romarguez ce qui se pesse : c'est au iour of à

l'heure où I'onsouhaiterait qu il s'épanouit, que, parexception, il va se montrer absolument au-dessousde lui-même. On le croira du moins.

<t Ce sera comme un fait exprès!... jamais on. neI'aura vu ainsit... D

Pourqr,oi ? Farce que l'intelligence ne se livre pas

sur comrnande, of qu'il suffit qu'on veuille provoquerartiliciellement cles saillies, pour que l'esprit resteau calme plat par une judicieuse défianoe de soi-même.

Page 351: Les enfants mal élevés

L'enfant sent qu'on veut le faire valoirr {u'onescomptd ses réparties ingénieuses; et, d.istraii parcette préoccupation, il ne s'abandonno plus a taspontanéité de sos impressions. Il devient lourd,absorbéo hébêtél

Ajoutons, qutil so tiondra d,autant plus sur larésorye, qu'il sera plus avisé. Yoyant qu'on le metsur lo sellette et qu'onl'écouten il se sentira contraint,e[ trouvera lui-môme fades les mots prime-sautiersqu'il avait sur les lèwes tout à l'heure, et dont Ienaturel erlt été le charme principal.

La réflexion lui formera la bouche.Au contraireo un enfant d'un moins bon jugement

profiterait de l'occasion ofierter pour diro une foulede choses niaises ou déplacées, et pour divaguercomplètement; croyant paraître gentil,'il en arri-

'verait à humilior ses parents par l,inl,empérance deson langage.

f"Es PRINCIP.O.OX OÉTAUTS DE rnNn'litr

,rtr*

Avouons que souvent, Ie s auoir-fair e réussit mieuxque Ie saooir, et que I'assurance donne en mai4tescirconstences de véritables avantages.

Mais au point de vue moral, la timidité chaz I'en-fant dénote ord.inairement les qualités sérieuses dàl'esprit. ;

Elle est fille de la modestie : elle provient'du sen-timent qu il a de son infériorité comparative.

Eh bien I comprendre cette infériorité; est, à notree,ons, donner une grende preuve de jugement et d,in-telligence.

Page 352: Les enfants mal élevés

340 LES ENFANTS MAL ÉT,EYÉS

D'ailleurs, est-ce qu'avee l'âgeo l'enfant ne se gué-rira pomt peu à peu de ce léger défaut, dont il nefaut pas 'rop Cire de mal. Car la timidité, retonons-lo, s'allie à mervoillo avec le courage et la valeuroet leur cède le pas, quand il s'agit des intérêts de IaPatrie ou des devoirs de Ia Charité.

On a lo choix des qxemples.

Et puis t selon la judicieuse rem&rque d'Arnauld. :dans nombre de cas on est craintif, moins par mé-{iance de soi,, gue par défiance des autros... Et I'onn'a point tort.

Enfin, de tous les défauts, seulo il ne nuit point àautrui. Il peut être préjudiciable au timide; maisjamais il n'a blessé ni la vertu, ni l'honneur.

C'cst donc plus un malheur, qu'un mal.

***

À Ïencontre, lo jeune présomptueux, lui, estatteint dune malad.ie incurable.

Se croyant capable on tout, il n'apprendra rien.S'eslimantl'égal de ses supérieurs...o et le supé-rieur de ses égaux, il sera détesté de tous.

En grandissant, il so montrera intolérable ; la vanitédeviendra de l'arrogance, et, ffit-it d'une intelligencehorsligneril verrait diriger contrelui les critiques les ;

plus acerbes, car il ne comptera que des ennemis. ,

Les gens do valeur ayant conscience de tout co r

qui leur m&nque, plus que d'autres font preuve demodestie. Et tandis que cette vertu est, a été, et sera,quand même la caractéristique du vrai talent; laprésomption restora l'apanage des individus mé-

Page 353: Les enfants mal élevés

tES PAINCIPATIX, DÊFÀUTS DE L'ENFAITI 3&1,

diocres qui, ignorant leur eonilition, sont presgus

toujours glorieux et satisfaits.Chacun est mécontent, d'eux; mais ils sont littéra-

lement enchantés d'eux-mêmes t t

Page 354: Les enfants mal élevés
Page 355: Les enfants mal élevés

IIVRE NHUYIiIME

rgs ENFANTs *snùlns

Les bienséances obligent à adresser des remon'trances aux enfants terribles. Il le' faut; et sur cs

point tout le mondo tombera dacoord.IVIais reconnaisson$ quo, pour un philosopho, rien

n'est plus intéressant ni plirs charmant que cos

mots, à la fois naifs et profonds ; quo ces réflexions

marquées au coin du bon cens, ou d'une {ine cri-tique dautant, plus vraie,, qu'elle est plus impré-vue, souvent même inconsciente.

.r Qrioi de plus personnel à l'eafant que ces juge-ments spontanés, o€s saillies qui lui échappent na-turellernentt Lour rdjouissanto saveur, leur vefveirréslstible por:irraient parfois rivaliser &vec les

æuvres d'esprit les plus vantées. Prenoirsi quelques

exemples au hasard.

*F*

'r Fonjourrmignonnêl .Ie suis audésespoirt votrebonne mèro comptait ùe rencontrer l'autro jour chea

Page 356: Les enfants mal élevés

s&& LES ENFÀNTS MAL ÉI,uvÉs

moi, et je vcnais justoment, ds sortir. Elle a drt bienm'en vouloir.... ? r - < Maman?pas dutout. Elle adit : Dieu t quolle chancet....Filons vite! r

, xY*

On est à tablc. L'amphitryon annonce aux invité.sc un Bordeaux de derrière les fagots. r Et lo jeunefils tle la maison de s'exclamer: c Tions I on a grattéIiétiquette de la bouteille. Oh I je Ia rsconnais bien,val >

x**

On apporte le rôti. u Une pintado de chez nous? D

dit gracicusement l'hôtessc, un produit, de notrebasse-cour... C'estun des grands plaisirs de la cam-pegne : on sait d'où vient ce qu'on offre à ses invi-tés. r - (( Petito mère I demant{e avec ardour elprécipitation un ieune bambin, est-ce que Cost labête qui s'est noyée hier dans la mare; dis ? >

**x

Arrive"uno visite. L'enfant de la maison est seulau salon. a Maman, viens vite I s'écrie-t-il, c'est lad,amo do fautrejour... la dame au long nez. D

*r*'r

< Sais-tu pourquoi, on no laisse quo de tout petitsboutsde bougies dans les candélabres... I Pèretrouvequ'on a l'air d'avoir eu la veille du monde en soi-

Page 357: Les enfants mal élevés

'.r.

I,ES ENF'ANTS TERRIBTES . 3&5

rée. Il{ais on n'en a jamais... :[antes. D

***.

a Je suis bien content guand tu vions diner cheznous. D - ( Alorsrtu m'aimesbeeucoup?> -< Non.seulemont il y a un plat, de plus. u

#*La lèvre d'une damo est ornée d'un duvet un pou

trop abondant... Un enfant ne la quitte point desyeux. Sa mère inquiète, et pour cause? cherche àdétourner son attention. Peine inutilet Elle n,em-pêchera pas la réflexion suivante d.e se produire àmi-voix: <r Pourquoi donc, mère, ne se rase-t-ellepas... la dame.? a

'Tc*x

c Àllons, mademoiselle I il ne faut pas se regarderdans la glace: ee n'ost pas beau cela. D

- c Alors, pourquoi eD &voZ-vous? r a répliquéavec une logiquo invineible une petite ftlle de sixanso plus intelligente que tirnide.

*"*

Cest le jour de réception do M."". On apporteun bouquet.

, * La, dame ; a Des fleurs... ? Qui peut bien... ? r

- a Mais, maman t c'est toi-même qui ô r€oorn-

Page 358: Les enfants mal élevés

346 LES ENFANTS tr[ÀIJ ETE\ÉS

mandé à la marchande, do to les envoyer à cinqheures. r

oB*ui.

A une institurice : << N'est-coqu'il ne faut pas mettre une hvois tu, marrainet >

pas, Mademoiselle,à omelotte... ? Là t

*u*x

Une dame. so plaint d'avoir '.perd.u tous ses che-veux. - c Mais non, mère, je ies ai vus ce matinencoro sur la cheminée. r

i *frx

u Mohsleilr vbtro père gst.il éheit lui, tna bonilt)potite? r - c Moio je ne sais pas; mais ï'al cornprisqu'il d.isait quo si vous voniozo il n'y serait pas. D

*u*x

c Quoi I mon afni, ùôus m'elveb 6ctit? Maih, j'on :

suis d6sotéo il ire.rtr'êst rien parVonu : d'uilletrrs, Iaposto n'bh fatt, jamats d'autfes t l

- L'enfant, intervehatt: d Cbfiirnbnit papa,tû ho

te rappelles pas? Tu as même ajouté on jetant la r

lettrs au feu: c Francheinentl il n'y en a pas pourtrois soust n

.,

x*x

s Pronds garde au tableau t p - s Oh I il n'y aguère

Page 359: Les enfants mal élevés

LES DNSÀNTS TENBIBT,Ng .lN

de danger, v& t papa fa cloué au chevalet.... il ditqu'unetoile sa,ns cadro, ça donno unch,ic d'artiste. r

x8*

r Marlame votre mère fait beaucoup de musique ?

- c Non I seulomontelle recommence toujourssonaer! quand on sonne t t:;*.

X... aime à poser pour l'hommerépandu et recher-chét q Savez-vous' mon chert qoi je viens de ren-conirer, juste à votre porte? D - c Non. )) - << Unde mos bons annis, le jeune marquis de 8... qui né

voulait plus mo quitter, ma foi I >

- (( Par oxemple I s'écrie l'entant, c'est un peu

fort que tu n'aies poiht rooonnu rnon oousin R.ené !

Il t'a même dit; je te lâche, carvoilà le tramwav quiaruivo. J'en suis bien srïr... Ah maist... >

**x

.lÊtr.*oous contente, ma chèrie, des prunes otdes'groseilles gue j'ai envoy6os pour vos cousineset pour vous? Dites-moi qu'avez-vous ers ? D -c La colique t r

**u,

Une filletteo à sa petite amie: c Tu as vu le àomes-tique qui a ouvert la porto...? Eh bionl c'est,pasuq domestique.,'. C'est notro concierge t Mère le fait

Page 360: Les enfants mal élevés

3&8 LES ENFANTS MÀt ËTEVES

monter quand il vient du mond.e, et il met un vieilhabit à papa... u

- (( Tiens t c'est comme chez nous : la grandeAnnette, qai fait la femme de chambre, le lund.i..,elle ne s'appelle pas Annette du tout.... t C'est ma-{ame. Guérino la couturière du sixième... >

#*Au point de vuo de la critique pule, cela est tout

srmplement exquis.Et si I'intérêt moral de l'enfant norrs fait un devoir

de blâmer ces appréeiations <r terribles >, Cest sw-tout en vertu de ce principe : fnute vérit6 n'estras bonne à dirs...

Page 361: Les enfants mal élevés

LIVRE DIXIÈME

L'AM0IIR PÂTERNEL. - L'AUoUR X'ILIAL.

CHA.PITRE PREMIER

PARALLÈLE ENTBE L'AMOUB PATERNEI. ET L'AMOUR

MATEBNEL

rr sôro u" "pil#:;;",-"'

Nous avons prorris d'être indépendant dans nos

appréciations; aussi n'hésitons-nous point à consignerles obsorvations suivantes.

Un fils nait..., Depuis de longs mois déià, a tressailli la librematernelle.

En venantà Ia lumière, I'e,nfanttrouvedans sa mèreune tendresse parfaite, dans laplénitude de soninten-sité.

Cette naissancé n'est assurément pas appréciée do

la même manièro par le père. Il est ffatté de son

nouveau titre; il est content d'avoir un héritier....mêmo uno héritière, mrris le bébé , en lui-même,n'éveille pasles enthousiasmes généreux que ressent

Page 362: Les enfants mal élevés

350 LEg ENFANTS MAL ÉInvÉs

la femme dans sa maternit6 expansive et triom-phante I

**x

Pendant les premiers temps, l'affection du pèresera calme et tempérée, tandis qug celfe de I'a mèreest, dès le débui, à son maximum d'épanouisse-men[.

La maman ne penso pas à elle... Aimant l'enfantpour lui-même en dehors de tpute considérationpersonnelle, elle s'oublie , e[ ne comprend pointque rien puisse, en aucun cas, passer avant I'intérêtdu cher baby.

Son amour est fait de dévouement et, d'abnéga-tion.

La miqsiqn qui s'inaugure pour elle ne semble luipromettreo pendant des années, que .de nombreuxsoucis, des préoccupations mortellos et des fatiguesinfinies...

Que d.e nuits passées, de craintes ressentios, desollicitutles dépensées, avant de recevoir un sourireou uno caresse de oe petit-être, dédoublemont d,elle-même et son ârne multipliée t

Qu'importot Be priver pour ce < bien-aimé r, souf-frir pour lui, n'est-ce point tout ensemble une inef-fable joie et, un besoin de sa nature?

Plus elle se dépense, plus elle so sent mère...Certes ! Montaigno n'efit point osé dire devant

des femmes ce moicynique, sôrte de blasphème qu'ilproféna en parlant de ses fils . c Jren ai.pordu ufi.,.oz deux. , .

Page 363: Les enfants mal élevés

L'ÀMOUR PATERNEL * L'AMOUR FItIÀL 36I

Mais vienne lo jour où Ïenfant saura se connaîtro,

et renonnaÊtre ceux qui l'entourent, balbutier pa--.pepour Ia promièro fois... Norso le père ressentira uno'

émOçon nouvello; etdès ce moment ses impressions

seront,plus vives, plus profondos même que colles

éprouvées à la naissance du bébé-

Pourquoi son affection s'est-elle fait attendre?

Pourquoi est=ello si en retard sur collé que possède,

et gui possède la mère ?

C'est pilce qu'il aimeaYec moins de désintéresse'

ment qa'e\le.Il y a une pointe d'égoïsme chez lui : donnant,

donnant

aç**

Àh I il représopte une légion nombrouss, ce. pèro

'Iue nous entendions un jour exprirner avec _convic'tion la pensée suivonte: c Tant que les enfants ne

<< sont pas propres, ils sont oxplusivement à la çna-( m&n; u parole qui révoltera avecraison lesmères,

Ëano les décguragqr néonmoins I

Caton prenantplaisir à enveloppor ile langos son

n(luveau-né, sera-plus admiré qutimit6.Répétons-le eÊoore: la mère aime l'enfant ù pro-

portion des sacrifices qu'elle fait pour lui : sou qffec''

iion est en raisog diroote du rgal qu'il lui cotrte. Plus ilest foihle, chétif, disgpaci6 ;çrôrne, plus la part de ten'dresse qu'ollo lui réserve sst grande.

.,. Jo ne suis pon sûp qu'il en soildemêmedu oôto

flu pèpo, qui semble aimer f'Bnfant dans la mespre

.l:r plaisir qqe celui-ci hli procure

Page 364: Les enfants mal élevés

85e LBS ENFÀNTS MAL ErpvÉs

tl y a là certainomenf une nuû,nce aecusée.

,x&*

En général Ia prépondérance de I'in{luence maternelle au foyer offre de très sérieux avantages.

Sur dix uùnns, il y en a huit sachant élevor leurenfant 1 et une seule pouuantr par suito des circou-stances, rnener à fin son æuvre.

Ordinairement, sur dix pnnss, huit ignorent lenrc métier do père D ; et sur les deux restant, un seulaccepte do prendro Ia lourde charge de l,éducation,daccord avec la maman.

Libre aulecteurdemodifiercotte proportion : nousne nous occupons que du principe.

Or, du moment qu'un père ne so soucie point de setlévouer à l'éducation des siens, gu'au moins iI sefasse un deuoir absolu de sanctionner les décisionsmaternelles I sinon, il est gravoment coupableo etrosponsable de I'avenire

Pareille sanction contribuera puissammentà main-tenir l'uxrrÉ et I'harmonie dans la direction : co quiest déjà bien précieux.

Une délëgatton du père, oa,ut milte foi,s mzeuæqu'une intervention irrégulière, malpondérée et gui-dée pur lo hasard.

Du roste, la mère est placée comme personne pourobserver de près les caractères, les tendances oulesdéfauts de sa jeuno famille ; tandis que Ie pèro quiprend les rênes d'une manière intermi.ttente et irré-fléchie, risque de so placer, sans le vouloir, à latraverso des ordres et des projets maternels.

Page 365: Les enfants mal élevés

'\ LaMOUR pAlEnNEI, - L'AMOUR FILIÀL $58

\ Atteler deux chevaux on sens contraire, c'est anni-hiler l'effort jusqu'à I'inertie: mais avec un attelageoù un seul tire, si l'on avance pgu, du moins onavance t

L'idéal serait, que le nùnn empruntàt guelque chosede la douceur maternelle, tou[ en restant, (commeil convient à la force), le représentant naturel del'autorité; et guo, d'autre part, la uÈnu se sentltassez soutenuer pour oser coinmandat ai,ri,Iementen l'absence de Ïépoux.

***

Enfin, le père a lieu de se mettre on gard.e contreune tentation qui consisto à gâtor l'enfant, dans lesra,res moments où il s'on occupo.

Quoi de plus engageent que.d'être le c papa gâ-teau r, en laissant à Ia maman le rôle de censeur,de correcteur, de c rabat-ioie r I

Semblables aux amis de, la maison qui veulent.avoir la paix pepdant l,a visite qu'ils rendent, nom-bre de pèrcs, se préoccupent peu de ce qui so pes:sera après, alors qu'éloignés du foyer, ils laisserontleur femmê aux prises avec les exigencos ou les ré-voltes de I'enfant.

Et c'est préeisément,cetto continuité dans la chargeoqui oblige la'rnère à no point permettre tout coque lc père tolèrerait au besoin, pendant une heureoxcoptionnelle de délassoment.

***

On devine que lo petit despoto igoore eneore les?a

Page 366: Les enfants mal élevés

85& LES ENFÀNTS MAt Êl,gvÉs

dispositions du Code et los usages sociaux, qui dr-:ment le chef de famille d'une autorité plénière, ou à

peu près ; mais il se rend parfaitem"nt to*pte d'uno

certaine prépondérance des volontés ds l'époux sur

cellesde ltdpouse: aussi tentera-t-il de faire réfor-rner par cotte juridiction d'appel, dont il connaît les

.faiblesses, les jugements maternels qu'il estimo troprigoureux à son égard.

'Lui.céder, serait une chose désastreuse.

*e*

lïn résumé, si le père n'est pointo comme cela ar-rive très fréquemment, dans les conditions vouluespour collaborer à l'éducation de ses enfants, qu'aumoins, répétons-,le oncoro, il donne mandat gé-

"néral, &raNDAr aBsotu À Llt usnn i qu'il mette sa force"au service de la direction maternelle; qu'enlin,rauars il ne réprouve dovant l'enfant les censuresTnfligées' Âutremont, ce serait trahir la mèreo et rendre sonæuvro impossible.

*u**

Peut-êJro pgndant les premières annéeso le pèregui se montrera'sévère, sera-t-il moins fêté, moinschoyé par sesjeunes héritiers,.. Mais qu'il s'enr0-mette à la mère I

Laissez-la fairo, soutenez-la; et croyezJe t ellosaura. bien approndro à vos llls à vous aimer, et àrespecter en vous lechef dufoyer.

Cela sera préférable à une camaraderio irrévérsn-

Page 367: Les enfants mal élevés

L'ÂMOUR PÀTERNEL - L'AMOUR FILIAL 158

cieuse, dans laquelle le pèro joue le rôle de simple

amuseur ou mêmo do personnage'bafpué'

Il peut lrigq, pen'rlant un instantn laisser rire è ees

dépens ôt'pqppoit-uf Uu'on feridiculise : son ihapeau

et sa canne sont là, sur ls fauteuil voisin"' Quand

il aura été assez décoiffé, tiraillé, interpellé ou bernéo

d''n touJ db maino il écartera cette << marmaille'as'

sornmante r, en disant à sa femme cemotcommode:< Mon ami,e, ie çors.--; ie oous lai'sse les en-

fants. tMais dpns quel état les laisse-t-il, grand,Dieut

norveux? excités, enragés t '

car c'esbjustement pârce qu'ils étaient intolérables,

qu il a jtgé expédient iléchapper à leur impor-

tunité.Ainsi faisait Racine... Après avoir passé deuxheu'

res avec ses enfants, assis sur un tapis ou jouant au

chevalo il allait reprendre son costume de cour,

ou s'enfermer pour marteler ses vers impéris-

sables.

**rr

Àht elle va recevoir un charmant accueil la pau-

vre m&man, lorsque, arrivanf au milieu do cette

tempête houleuse, il lui faudra calmer cet émoi, t6'tablir tout dans Ïordre; dire à Pierre d'apprendre sa

leçon, à Marie d'écriro sa page, à Paul do rcstertranquille....t Au père amusan[ ct faeile, succède' lamère sévèro ct grondeusc., , Regrottable contrasto t qui va justi{icr hélas lnotroproposilion, si vraie pour tant d'éducal,ions d'omes-

tiques :

Page 368: Les enfants mal élevés

356 LEs ENFANTS MAL ÉT,uvgs

La mère aeut gouverner, et ne pEUr pas...Le père peut, et ne vEUr pas...Pcndant la lutte, Ie représentant du

prend l'air, et, compte sur la < faibleq se débrouiller avec lss mioches >.

... C'eÉ[ ce qu'on appelle : c.r laisserman I r>

Eto de bonnequ'on remplitfamille.

Cela ressemble au dialogue de Bertrand : a Yeux-tu faire à nous doux un excellentdîner ? r - < Com-ment donc I deux à moi seul si tu veux. D - c Non;mais nous allons nous partager la bosogne : moi, jomanger&i les morcoaux, et toi tu laveras les plats....Aht cornme nous allons nous amuserl >

er**

De toutes les eritiques adressées aux mères, iln'y en a qu'une peut-être gu'il soit juste de signaler :

l'excès dans les petits soins.

Petits soins, disons-nous, c'est-à-dire : < mignar-dise > dans la sollicitude, oxagération dans les pré-cautions, d.ans les doléances et condoléances pourlasouffrance la plus légère....

L'erreur est plus encore dans le ûon pathétiqueo

que dans la crainte mème.

En tout cas, l'inconvénient sérieux est de diminuerla virilitél le courage? l'énergie, et de faire de Ïen'fant un être n'lou, timoré et lâche.

( sexe fort, lfemme D pour

faire la ma-

foi,ainsi

on en arrive à se persuad.orson devoir à I'égard de la

Page 369: Les enfants mal élevés

rÀMOIIR PATERNEL - L'ÂMOUR FILIA!, 857

Il s'égratigne ou se cogno : on peut, et fon doittui appliguer un taffetas protecteur, une frict'ion op-

portune... Mais est-il nécessaire de s'écrier avec une

voix aussi larmoyante que langoureuse : s Oht rnon'(. a,nge chëri! tu as dû, te fai,re bi,en rnal! Voyez( eon?,n?,e i,l sou,ffre ce pa'uare biiou..,! Annette,s, allez nsite chercher le taffetas d" Angleterre; maiss, allez donc ni,te! Viens sur nzoi, cher trésor | Ça( te pique bienfort, n'est-ce pa,s rnon bon chat? t

Si après ce tapage et cette mise en scèno, I'enfantne se croit pas très malad.e et gravement atteint, ce

sera fort étonnantlRenrar\uez qu'au début, i,l ne d,isait rien, tant la

douleur était, insignifiante : mais on voyant sa mère

si troublée, il s'est attendri peu à Peuo se disant irzpetto: je dois vraiment bien souffrir, pour inspirerun tel intérêt ! r

Bref, il s'est laissé' gagner par l'émotion mater-

nelle, et a fini par pleurer à chaudes larmes sur une

douleur imaginaire.... On raconte qu'un accusé,ontendantson avocat

plaider avec une onction touchante, so prit aussi à

sangloter par l'efiet dune contagion irrésistiblo.Lo jury crut à un profond repentir; mais lo gref-

fier entenfit murmurer oes mots : c Je ne me croyais

pas aussi malheureux que celat >

En résum6o l'éducation n'a pas tant pour objet

it éIoigner la douleur, que d'onseigner le courage en

face dos m&ux qar'on peut combattre, et la résigna-

tion en face de ceux gu'il faut subir.

Page 370: Les enfants mal élevés

, cnnptffig sncoNb

\ mruoilR FIuAL

Si laintiur pritorriel et I'hiihour maternel.soiit pro-vitlentiellu*.ot, instinctifso on n'oserait en fire aûtant:du bentintent, ûlial; ctib en dépit des apparêhbes, iln'ost poini le résultat de I'isfréitb, mais lé produit de

l'éôucatiôq.L'ignoranco et la faiblesse de fenfant rio.permet-

tent. pas qulil en.soit autrement; èar, pour savoireiilôr, il faut avoir Yécu...

*ç*x

qui fr'émit de joie à

Page 371: Les enfants mal élevés

rÀMOUR PÀTENNEL _ L'AMOUR F'TT,TAJ,

I'approche de la becquée, qu'il la reçoivs dans

buisson ori dans uno æge dbréb.

**x

La loi de,conservation, Propre à ious les ôtres,

met en jeu les instincts, of les perpétue-

Mais il est curieux de constater, qu'gn généralo lonature ne se propose que la sauvogarde de l'espèco.

Ainsi, chez los enimaux inférieurs qui se suffisent,

dès leur naissancQ, l'attachement ou mqternel oufilial est insaisissable, si tant est qu'il existe seule-

,r8*

359

un

ment à l'état d'ébaucho.En effet, il semble sans obj.t, puisquo .les petits

savent dès la première houre pourvoir eux-mêmes èleurs besoins.

***

A un degré plus élevé, on volt Ïdiseau chercher

uno pâture convenable, réchauffer et protégor sa

jeûne ctiiiv6e. P'ourtant, dès que celle-ci auragrandi,ie nid sero déserté, et rien ne surviwa de la solli.citude ni de l'à.mour respectil: bti ne se reconnaîtra

plust '' - ":' Il uo serait ainsi ile la famille humaine, si:à Ïins*tinct, ne venaient s'ajouter les considérations mora-

les des bienfaits reçus? of I'afiection raisonnée qui en

est l'heu:euse conséquenco. 1., '

t'l

Page 372: Les enfants mal élevés

360 tES ENFANTS MAL ÉIEVÉS

relles. qu'on nomme poiæ clu sang, sont impuis.' santes à produiro un lien durable et vrai.

La voix du sang 'c parle r, disent les poètes et,

los dramaturges, qui ont l'oreitle plus fine que lecommun des mortels, paraît-il...

Soit, olle parle...lConcédons même, sans en être convaincu

guo, grâce a.ux révélations de cette voix inté-rieure, une nnère devinerait la substitution deson propre enfant dont les traits lui auraient été soi,gneusement cachés... En iout cas, ce dialecte mys-térieux n'est pas compris des enfants, tant qu'ilsno sont point parvenus à un dévsloppoment intellec-tuel, assez avancé.

Et encoge, faut-il qu'on leur ait appnrs n alunnlL'eruour est de croire qu'un enfan[ aimera d'ins-

tinct, et naturellement.C'sst une lt,LUsIow couplùrp I

tr'enfant va à vous, poussé tt'abord par le besoingeul.

Il ne commencera à vous chérir, quo quand il ap-préciera vos bienfaits.

Nous oserons donc écrire, pour les penseurs, cettevérité à formo paradoxalo : l'am,our fr,lial oient desparents.

qp**

Dans uno pièce populairo, gui a fait les déIicesdes faubourgs parisiens, on représente un jeunemarin, rerenant dans son villege après de longuesannéos dtabsenco.,.

Page 373: Les enfants mal élevés

L,ÀMOUR PÀTERNEL - UAMOUR FILIAL 361

Pendant trois actes consécutifs, on le voit sau[or

ou cou de tous les hommes de einquante ans quis'approchentde sa chaumière,et s'écrier chaquo fois,avec transport : < Yiens sur mon cæur t la voix duc sang qui ne ment pas, mo dit que tu es monr père. >

Voisins et passants, subissent tous la rude étrointedu rnarin expansif et sentimental.

*u**

Saaoir se faire a,inter, n'est pas la moindre dif-Iiculté de la science paternelle : la mesure do l'affec-tion suggérée, sora proportionnelle à la reconnais-sance qu'on parviendra à inspirer.

Qu'au plus tôt clonc, l'enfant apprenne que co sontles parents qui procurent le foyer où l'on trouve abriet socours...; que si le père en sort fréquemment,Cest pour aller gagner l'argent nécessaire ou gérerla fortuno acquise...i {ue la chaussure qui protègel'enfant contro les meurtrissures du chemin, le vête-ment qui le couvre, la nourriture qui le soutient, ontété achetés ou commandés par los soins de la mère,et que tout lui ferait défaut s'il était abandonné àlui-même.

Écoutons ces lignes si charmantes et, si waies :c L'enfant grandit, : peu à peu son âme se déve-

loppe; il commencs à comprendre. Les drvers soinsdont il est f objet, les caresses qu'on lui proiligUo,font naîtrc en lui des mouvements de tendresse. Levisage de sa mère qui lui sourit, sa douce voix quilui parle, captivent ses yeux et ses oroilles ; il devient

Page 374: Les enfants mal élevés

362 LES ENFANTS IUAL JTEVÉJS

attentif, et, rdpporte les bienfaits qu,il reçolt êI tumain qui los lui disponso. La reconnaissance com-menco à poindro, et I'intelligence s'uni[ à'l,instinctpourfortifier l'affoction,.. Biontôt, ses petitos mainscaressent sa mère, un sourire montre qu,il Ia recbn_naît; on sa présence, ilessaye do bégayer dessohs..:il aime I r (Des pa,ss. - Bol.)

Tel est le fruit des leçons reçues

lç*-*

. Il ne s'agit, point, ici de philosophie, ni oneore demoralo : nous sommes en présence d'un petit ôtreutilitaire per nature, égoïsto . par nécessité r pourqui les sensations jouent. au début de l'existonce, unrôle prépondérant.

Aux parents d'épurer, do transformer, d,tàler:er cosimpressions jusqu'auniveau supérieur du sentimentnprodui[ effectif d'uno éduoation bien ordonnée-

Éf,nVnnt .?l admirablo, qui està luiseulunpro-grammà niagnilique et un guide lumineux ; dleaer !Cest-à-dire, faire monter ces jeunes âmes vers lesrégio4s d'En-Haut où rayonnent l'idéalo la vérité,Dieu lui-mêmo I

Inversemont, l'égoïsme gui rapetisse et abaisse enramenant to..ut à soi, dénature ou rhôme étouffe lestendresses filiales, ainsi que les généreux élans ,du,

patriotisme.

'- x**

En effof., la paternité entre si profondément dansl'idée de patrie gu'ello lul a dosné son nom t terra

Page 375: Les enfants mal élevés

L'AMOUR PÀIERNEL - L'AMOUR FITIAL 36g

pûÉrea. La Patriel Cest la terre des ancôtros, là oùrnt né notre pèret - i I

Ce que l'on aimo dans le ciel du pays; les mon-tagnes, les cours d'eau et les-forêtso c'ost moinsla nature que la famille, doat elle évoque le puis-sant et-impérissablo souvenir t En sorte que ces deuxidées. sont égaloment vraies et proviilentielles : laFamille est iine petite patrio;et la Patrie est lafamille agraïdie t -

Aubsi he trouve-t-on pas un bon citoyaz, daus unmauuais fi\s...

*u**

Que do fois n'entend-on point les parents se plain-dro quo leurs enfants les aiment bien moins qu'ilsne les chérissent eux-mêmes I

Cela revient à dire : que l'amour paternel ou m&-ternel est, plus vif, plu$ intense, plus largoo plusabsolu que l'arnour lilial.

Or, c'est vrai... !Mais si les enfants aiment autani qo'ilr lo peuvent,

quel reproche encourent-ils?

î *S"

Iei, poyr t'être pôint injirste, ll importe de reinar-quer que chacun paye sa dette d'affection en deuxé;héances successives: aux ascendants; pui,s, à, ladescendance. )"

L'amour lilial est.commeune lettre de change, tiréepdr le grand-i2èro sur ltr hk, âu prolit des iratits-ûls.Le père rend ce qu'il fl regu lui-rnême : il ya là pour

Page 376: Les enfants mal élevés

36{ TES ENF'ANTS MÀt ÊtEVÉS

ainsi dire, une c substitution r do tendresseu dont lesbénéficiaires sont les descendants.

L'affection, comme les fleuves,Desceud, et ne remonto pas,

dit un poèto dans son exagération lyrique,Lavérité est, tlue les parents reçoiventpersonnel.

lement en retour MoINs qu'ils n'ont donné : cela estincontestable t Et é'est en quoi on os[ fondé à dire,dans ce sons très restreint, que tous les enfants sontdes ingrats.

... c Mon pèrè me I'a cent fois répétél r ajoutoavec une'incomparable naiïet6 le légenilaire M. Poi-rier.

*&x

c En tout ceci, dit M. Deschanel il s'agit d'unse question de degré. Si le pèro et la mère ché-c rissent, ils ont le droit, d'êtro en vetour tendre-n ment aimés. Ils gorTtent à la fois ces deux bonheurs,( Ies plus grands qui existent : cdlui d'être aimés eta celui daimer. Tout lo sujet de leur tristesse se

c réduit donc à ceci : ils sont aimés avec tendressec tandis qu'ils chérissent avec passion. >

Ouit avec passionl mais passion saine, forte"féconde en t'ertu; passion sans fiel et sans fièvre,passion puro.dans son essence et sainte dans son

but... : I'Amour, sansses abaissementstI

*r**

Uobservatior-r oonfirmo les romarques {lui pré-

cèdent.

Page 377: Les enfants mal élevés

UAMOIJR PATERNEL _ UAMOUR FILIÀL 365

ffest.seuloment en .eftet lorsqu'on ost appelé à

rendre â sts propres enfants l'affection reçue, que

l,on comprenil qe qu'on tloit à ses propres auteurs.

Or, ceite insouciance relative, dans laquelle on

granclit pendant, les années folâtres de la jeunesse,

àst une vraie faveur de la Providenee?

Hélasl s'il fallait au début de lavieressentirtoutes

les émotionsn tous les troubles, toutes les angoisses

quinous assaillent au cours de l'existence, on n'aurait

plus A l'âge mtLr, ni la forco, ni l'énergig: ni"' les

illusions n6cossaires pour se donuer à Ïéclucation

des siens...

x**

Mais alors t les parents ne soqt-ils pos bien 'à

plaindre ? et cotte inégalité à leur détriment, n'est-

àlle point pour eux uno juste oauso d'amertume"' ?

pour répondre à cette objection il faudrait d'abord

résoudre ce problème moral :

Qui est le plus houreux d'o celui qui aime, ou de

celui qui est aimé?C'eJt le premier? croyons-nous : beati'us est d'are

quq,m aeeipere.D'ailleurs, ces tendresses paternelles résorvées en

partie aux petits-fiIs, loin d'éveillor la jalousie ou

iu, ,ouæptibilit-és de l'aieul, sont pour lui la mon-

naie préfèrée dont il ententl être payé ds scs soins.

Son amour désintéressé va jusqus-là"'Ielle ost la solidarité infinie des tondresses fami-

lialcs, confondues dans ce trésor communo cet opa'

nage collectif : le foYer I

Page 378: Les enfants mal élevés

866 .tus ENFÀNTs MAL ÉmlÉÊ !

Oui, il rostera toujours wai ce refrain du poète:

, Âllez enfants, douces chimèresr.. Rôve.menteur gui nous chrirmez t

Vous n'almerez jamais yôs nères,Autant qu'elles vous ont aimés.

***

Citons on terminant Ïétrange poésig de M, Riehe-pin traduisant, d'aprèq la spmbre légôntte bretonne,l'inûni ile l'arnour maternel

1,

Y avait un' fols un pauvn.gasQu'aimait cell'qui n' I'almait pas.

. tslle lui dit : apport: moi dn mainIrt cæur de ta mèr' pour mon chien.

.Ya chez sa mêre et la tnetI,,u! prit It cæur ef s'en cgurut...Comme il courait, tl' touiba,Et par terre I' cqitr: roula.

Qt penrlant que l] cæur roulait,Enfeudit I'cæur qgi parlait;Et I'cæur disait en pleurant :

. T'es-tu fai,tmaLawt enfaû...?

' Alternez ca rythme bizamo, potte cadence' désor.donnée mais pleine de saveur?'a,vec le Lon-lon-laire,ehl lon-loin-làltraditionnel; et vous aurez un chani'saisissant,

aussi puissant, cle sauvageric, quc pteinde touchanLe tendresse.

La rusticité de Ia formo rnef oncore plus en reliefoco semble, Ia délicatesse do l'idée.

Page 379: Les enfants mal élevés

L'AMOUR PÀTEBNEL - L'AMOUN F'IUÀI

*'*+r

La femme d'un noble Yénitien ayan[' vu mourirgon fils unique, s'abandonnait au clésespoir...

Un religieux tâ,chait ,de la consoler: < .Souvenez-

vous, lui disaiiit trÀbraham, prêt à immoler son

tls sur f srdre de Dibu qdi voulait Ï6protrver. D -e Ah t mon pèro; répondit'ello nvoc imp6tuosité'

Dieu n'aurait jamais demandé ce sacrifice à uno

mèro t r

Page 380: Les enfants mal élevés

t,

Page 381: Les enfants mal élevés

IIVRE ONZIÈME

L,EsPRIT IIE DÉNIGREMENT. - u, uÉoIsÂNcE

CHAPITRE PREMIER

uEsPRrT gRTTTQUE ET UESPRTT CAUSTTQUÈ.

LEs rNTolÉnenrs

I. - Que de fois n'a-t-on point répét6 que llhurna.uité est atseugle I

Ne serait-il pas aussi justo de d,ire qu'elle est bor-gne?... Expliquons lo mot.

**rr

Il n'y a personne qui ne soit un assombtage debien et de mal en proportions inégales : Io différencedans ce rapport constitue l'individualité.

En olfet, l'être le plus vertueux est sujet aux dé.faillauces; et lo plus grand criminelpeut éprouver, àson heure? un sentimont louable, honorable,'ne filt-ee que Io repentir..., cette vertu dos coupables I

Ôr s'il en est ainsi, I'humanité apparailra à l'cn-2*

Page 382: Les enfants mal élevés

870 LES,ENFÀNTs MAL ÉT,uvÉs

fant, ou intéressante et sympathique, ou repoussanr.eet méprisable, selon qu'on lalui présentera sous i uuou Ïautre profr,l.

*Ët

Pour douner à cette observation le relief gu'il con-vient, noiis allons supposer les mêriieS personnagesdépeints par deux esprits, ,dont l'urt, s'attache depréférenco aux vilains côtés; et dont l'autre aucontraire? so complaît dans l'indulgence etl'aménité.

PREMIER PORTRATT

e Savez-voils cirie ie lbtrriut'er à peine poli 'votie ami. X.c avèc ce q-u'il arrpellesafran-r chise. .l If ne se E'êne pas Dourc dire les choses-les pius ùor-a lifiantês à labarbe.iles geirs;e il pourrait bien aitendre auc môins quo l'on soit sorti. r

o Connaissez-vous éonfrère?r Dieu gu'il est laidl il estr affreuf t Au fond, ce n'est< pas un méchant hômme, nic un aigle non plus..., g1jec crols que g'lt n-v aval[ eu( gue lui _pour invénter le pi-r crate....l l

, Jg lg sais sitie mo trompe Ie mars u rn'a l'arI un peu la-< loux, ce Monsieur I Avôz-vriusc remarqué'qu'il ne quitte nasc sa f^m'nre 'un inst,rut; il'est<< toujours sur ses talons... Onr diririt qu'il eraint gu'on ner.l'enlèvril Quel cramponl ',

SECOND PORTRAIT

e Le franchise un Feu rude< de M.. X. meplait beàucoup:r avec lui, on sait à qui I'on ac affaire. hu lieude bïâmer en< arrière, ilvous diratrèslova-c lement-en faeeee qu'il a Ëuru le oæ,ur: j'appréoiô fortcette( rrancruge. D

e Certes, son frère est loinc d'êlre un Adonis; maig saa bonté et sa distinction fontc oublier son visage. C'est una bomme_qui aimàmieux gar-< der un bon mot ou une eri-c tique qne de se faire valoirr auï dépens d.'autrui, a

c Dès qu'il a un moment, ila s'empresse d'accompaqner saa femme : leur bonhe-ur est( d'être enseÉnle, €t te trouvea cela fort heureux. I[v a tarto de maris quipréfèredts'allera dlstrairo au cerclerendélais-< saDt leur foyert I

Page 383: Les enfants mal élevés

UESPruT DE DËNIûNPMEi\T SII

Oa ônaersement ia Cest un drôle de ménage,

c tout de mômo I Je,veux cBoiror qutils ntont rien à se aachor:r rhais enfin t jamais on ne leéc voit çnsemble. Avouez quea Cest au moins bizarre {ue<< chacun aille ainsi de sbnr côté... D

.Supposoris mtrinten&nt le mari s'ingéniant à cqn-cilier ses, occupations ovec les devoirs du monde?

dans l'espoir d'échapper à la quali{icaliono toujoursdésagréable, <c d'espèce dours qui n'ose ss mon-trer r ; ou, même consàrvantleb vieilles traditioni depolitesse frangaise, ridicules paraît;il de nos jours.

il se piesse, pour êtrç libre deux heures phis tOt;se d6cide à veiller plus tard, afin db disposer doqibelqdes iiuarts d'heure on faveui do bes bmib.i.

- Écoutezle pour et le contre:

r Ah ça,i ii ,,'" donc rien à I a M. X... est fort rdienu,r faire,cebonM.X...Franche- | c cependant, en homme poli,u menit co n'est pas aux maris I o il tiouve'encore le temps'd'al'-r à rendre,des viiile+. Cela ne I rf iqrscrrerlaqaindeseÀr'ieuxg se fait plw i ce n'est plus de I e amis

-o.tr de prendre de leurs

<notretemps.D Icnouvelles.a

e Le pauvremari nes'appar-e 'tenant pas et ne voulant pasr< nriversaieune femme rle dis=c ïraciions, lui lais*e la plusc entiere liberié; cela prouvec sa confianc€ eu elle. Et Cestr à la louange des deux. r

s Je me demandetouiourscerl qu€ doit être c I'intérieur rr des X... La mère,asamaisona à surveillerl Eh-blenl on nes perrt aller dans une vente doa êharité sans I'v renconlrer :

r ie crois au'ellei vit. Remar-r luez quâ I'adhem que llonI art s04 (Euvre, mals au lonc,c entre'nons, je crois que çar I'amuse de courir un peu der tous côtés, pour voir, sLfaire

c M-"X... certes, nemanquerc pasd'occupalions; mais ellee ôomprend que stil n'y avait,a pour s'ltrter€sseraux (Duvres.,c que ceux gui - n'ont rien àr fhire. les pauires attendnaientc longiemis ! Dans sa chlritéa cui ne se lasse pas elle ses ôultiulie : son àévouemente granciit avec les besoins etc les misères qu'eJle voit de< près. Elle estîraiment admi-

Page 384: Les enfants mal élevés

972 LES ENFÀNÎS MAL ÉI,EVÉS

(t

C

voir. iouer à la femme ré-pqn{u:e -et nécessaire... On

,r âirait qu'on ne peut rien sans<< elle, ef que le-monde Péri-<r rait-si eile n'existait Pas! u

r< Je comprends qu'on soit<< économe ; mais enlin lesX...<< mènent une existence quir< n'est pas en raPPort avecn ,leur situation. Dans cetten maison-là on oouPerait u.n<r liard en quetre... ot sixa mêmel I

a rable de zèle, d'abnégation< et de couraget on peu-t dire( que o'est- la-_mère âes pau-( vres. Ah I si beuuooup ltimi-'n taient... ! >

'<< LesX... ont une belle si-< tuation, mais ils ont des< gotts fort simples et une<< vie très modestè. Chez eux,a rien ne ^ge perd, I'ordre y( est parfait -: les pauvres<< après tout y trouvent leurc oompte... n

Ou au contraire z

n On mène si grand train cheza les X... quele me deman-< de où ils-trouvent I'argent Ic J'ignore si le mari triPote : les fait estqu'il est mêlé àun tas<< d'opéraiions...l Mais je n'enr< sai6 rien, je réPète ce qu'onn dit... Enfin, il ne serait Pas<r étonnant du tout, qu'ilY etta dos dettes là'dessous... C'esta mêmo bien Probable. I

c Avez-vous remarqué cor-n-< me Madame X... Parall, satis-s faife de sa Petite Personne?< EIle est vraiment troP apu-(( sante avec ses elrs enlan-< tins ! Elle croit avoirtoujours< vingl. ans I CePendant il faut( saYdir être de son àge... Je

<t trouve, moi, qu'il n'Y a,riena de ridicule comme de faire< la jeung.. quand on Poul'rait,c êtie gràntl'mère. I

tr On n'a pas l'air de s'occu-r per énordément des enfantss Ë ce foyer-là... Les Parents

<< Les X... dépensent beau-( ooup; o'est hriurour pour le(( commerce qu'il_ y ait des<< gens comme cela; mais le<< mari est un travailleur'c aoharné qui se donne rrna mal énorme alors qu'il pour-a rait se reposer un peu. Sonrc industrie est prospère, et jec crois que_ malgré leur geniec de vie, ils mettent eirooren de I'argent de côté. >

r Ce qui me plalt surtoutn dens la bonne Mn" X... c'esta qu'elle est gaie, aimable, ac-r< tive, comme une jeune fillo.t< C'est surtout une de ces per-( sonnes, gui prennent deian-<< nées sans vieillir I e[ commea chez elle I'espriù reste frais<c et nalf, sa toilette ressemble(( un peu à son esprit. I[ est'r< certain qu'elle ne paraît pasc du touf son âge, à beaucoupc prèSl u

' c M. etMm"X.,. on0 àoæurde< donner i leurs enfants une innr struction soignée : aussi ont

Page 385: Les enfants mal élevés

L'ESPruT DE DÉNIGREMENÎ

I trouvent plus simple sansr doute, dhvoir ie'ne saise combien de maîtres et demaî-r tresscsl. cela leur coûte cher"

mais leur laisso plus dé: liberté. r

ils fait ehoix pour eux desmeilleurs profelseurs. lls ontmille foid raison ! car avecdes étrangers , les enfantstravaillent bien mieux : cen'est pas contestablel r

(s((ct

BrisonsJà...tT'es faits interprétés sont exactement semblables,

n'est-ce pas ? Ies personnages sont identiques?Et cependant voyez comme les tableaux cliffèrent !

Croit-on que los enfants do l'un ou de l.'autre deces portraitistes, auront Ies mêmes sentiments, por-ieront les rnêmes iugements sur les choses etsur leshommes... ?

Saurait-on leur demander la douceur du caractère?l'aménité de l'esprit, l'affabilité des manières, alorsqu'ils ne respirent qu'une atmosphère daigreur et deblàmes incessants I

A force de ne regard.er quo le profil borgne, lemalveillant finit lui-même par ne plus voir que ,dumauvais æil.

Pour nous? ayons soin de placer nos enfants ducôté où rayonno l'âmo et l'intelligenco.

Leur caractère y gagnere...Et la réputation du prochain aussi t

***

lmaginez-vous un de ces hommes à I'esprit, cha-Brin, entrepronant un magnifique voyege..,

Vous croyes qu'à son retour, il va se montrerpleindenthousiasme pour les merveilles incompuràblesdcs musées, Ies splendeurs des couchcrs de soleil,

Page 386: Les enfants mal élevés

s74 tus EitrÂI{Ts MAL ÉIuvÉs

les spectacles grandioses de la montagne... ? Vous$oyez qu il va, vous décriro avec iqtérêt tes frlreursdo I'Océan et, Ie calme mystérieuxdes lacs..oles eimes .

abruptes'et,lcs rochers escarpés.., les précipices inson-dables et los horizons sans lin... ?

Détrompez-vous t

Sa narration consistera dans I'histoire détailléeile mésavontures banales ou d'incidents minus-eules.

Cet hommee no sait pas admirer : il ne so com-plaît que dans les doléencos et les critiques :

s En se rendant, à la gare il a eu une altercation&vec le cocher... ; un employé du cheniin de fer luio donn6 uno indication inexacfe...; il a voyagé avocdes gens absolurnent sans gêne et mal élevés...;dans telle ville, il a failli pordre son portefeuille;dans telle autre, il est descondu à rtn hôtel détesta-ble... ; ici, le guide I'a rançonné au double du tarif,ou bien le'facteur a laissé choir sa malle.,. I là, on edéchiré son paletot... ; ailleurs, on lui a marché surle pied...

Et ainsi de suite, toujours I toujours t

Bref, pour lui : so lamenter, nairrer la série de ses

déceptions et de ses déboires, se remémorer lesmaladresses ou les bévues. .. des autres, cela s'ap-pelle : rend,re compte de sesimpressions deuoyage I,

Le reste n'est rien : pas plus I'Art que la Nature,

x**

Ces sorbes de gens voient, dans Ie soleil, plutôt les

taehes que les rayonnements éblouissants ; dans

Page 387: Les enfants mal élevés

L'ESPRIT DE DÉNIGREMEN} Ê7S

I'Apollon d'Àntium, plutôt,la réfection des mains qr19

l'puvre même; dans Cicérpn, ils ne remarquent qug

la verrue; dans los toiles de Michel-Apge' quo les

traces d'humidilé; dans l'obéfisque, que les dégra-

dations de la base...Cueillent-ils une roso au parfum oxquis et aux

pétales de velours.. ? Ils s'emprpssent de |a rotournero

poot cherpher daris Is feuillage... la petite bête qrui

pourrait bipq s'y cacher.

Ames dépoétisées, esprits sa,ns {ouces ilJusions,

cæurs desséchés, ah t quo vous êtos à plain{re I Que

d.e joies saines of réconfortantos vous étouffez sous

ce naturalisme à la fois pesant et mosquin I

Yous ignorez done combien il est bon de voirbeau, et do penser bien!

***

U. - Qq*d oq iqgg seqlgmôpt sur les apparence$ r

on risque de commeùtre les'erreurs et fes injustices

les plus rggrettables.Le trésp,Tigr d'une æuwg gfrarifable nousaraconté

qu'un jour, solliqité poFT uno_guôte imprévue. il drÏt

emprunter unè'menue pièce de monnaie, et I'ut très

étonné de so la voir réclqmer quelque temps après.

Étant donnés lq grq,qde fortune du prêteur, la modi-cité exirêmo de lâ somnie et son emploi charitable,

cette dôrirandc était vrâiment étrange, et semblaitdénolcor une ladrerie prgsque scandaleuso. t Mais

bientbt, ajouta le naruateur, j'appris d''une façon

positive, que ce monsieur était' celui gui, deux joursiop*rav"nt, m'avait fait parvonir un don anonyme de

Page 388: Les enfants mal élevés

8?6 LEs ENFÀNTS MÀL ÉtuvÉs

cinq cents francs pour nos orphelins. .. Sa démarchesingulière, méritoire et respectable s'il en ffit, n'a-vait d'autre but que de mieux masquer sa générositéiliscrète, en satisfaisant aux saintos pudeurs de sa i

sharité. ) I

Et il reprit en rougissant : < Quand je penso quec j'étais tenté de r.idiculiser cette âms d'éùte ! Je ne<r rno le serais jamais pard.onné. Certes, j'aurais eua beau jeu t les rieurs eussent été pour moi, et mac critique erit poru aussi juste que 4aturelle. .. J'au-< rais commis là cependant une bien méchantecactiontr (

"-.tjîg\.o,l{

, ), ", ;.."" }' xE* ,tl t' " ,:$'.'/i' ' "li-*o ""ti';'.'*""

Comme on parle sans savoir I \-_ f! ' '

On s'ompare dune idée incidente, d'un mot acces-soire, d'une vraisemblance ou d.'uno simple suppo-sition, et Ïon prononce des arrêts, aussi impertinentsque solennels :

- $[ne 4..., dit-on, prend de sa personne un soinridicule...; mais on ignoro qu'olle est atteinte d'unemaladie de cæur qui, à chaque instqnt, la menaced'un dénouement, fatal.

- Mu" 8... redoute àïexcèsles chevauxet trembleà leur approche : on se rit de sa pusillanimité...;mais on ne sait pas qu'un de ses parents a été broy6. .

sous uno rouer p&r un imprudent cocher.

- M. C... pousse l'économie jusqu'à la lésinerieoassure-t-on... 1Non, il s'est promis de payersecrè-temenf les dettos de famille, dettes sacrécs pour lui.Nous avons vu le ca$r ' 300 000 francs ont été ains

Page 389: Les enfants mal élevés

L'ESPRIT DE DÉNIGREMENT

remboursés, en dépit du bénéfice d'inventaire qui,

légalemcnt, dispensait l'héritier de toute charge.

Et de quel ton tt'anchant et sententieux nc rend'on point ces oracles ! Avec quelle sérénité glorieusene signale-t-on pas co qu il aurait fallu, ou ce qu'ilfaudrait faire t < C'est si simple I si facile I n ajoute-

t-on d'un air dégagé... Oui t .c'est très simple pourqui n'est point instruit des situations ura'i'es.

Or, quand on a, la constanco d'aller au fond des

choses et d.e remonter aux causes déterminantes,dix-neuf fois sur vingt, on reconnaÎt que celui

qu]on blâmait avait ses ra,ison.r pour agir ainsi, et...quiil avait ra'i,son.

T Àjoutons uno considérâtion gui montreracouibien nos appréciations doivent être réservées,

quand'il s'agit.de conclure devant nos enfants d'une

nanière défavorable.'Telle personne qui ne se refuse rien, pas mêmo le

superflu, voyant par hasard chez un pauvre unpetil, objet inutile, ( ou un plat un pou rneilleurque ce qui est nécessaire pour ne point tomberd'inanition ), dira facilemont : c Du moment qu'ilpeut se payer ùos friandises, il n'a pas besoin de

mes secours. D

Et l'ôn resserrera les eordons de la bourse prête à

s'ouvrir.Ce pauwe s'est acheté une chose inutile ? Il a

tort, on doit le blâmer.... Mais avouons quo ce torteonsiste peut-être à s'être accordé IINE FoIs? ce quenous nous concédons chaque jour, sans même ypcnser.

Et puis, se l'est-il payé...?

Page 390: Les enfants mal élevés

BzB f,ES ENF,ANTS MÂL gr,wÉs

Étonné de trouver un jour chez un cord.onnior desplus malheureux, père de six enfants, une tarte fortengageanto, nous noun mîmes en quête, et bientôtonous apprimos qu'un pâtissier voisin, exploitant ha-bilement une date anniversairo, vonalf de faire qetenvoi alléchant, dans l'espoir do so ùispenBer dopayer des chaussures dueso depuistroisann6es déjà,au pauwe ouwier.

Eh bien ! si l'on s'en. étq.it tgnq aux fl,ppa,renqes,ce diSne pauvre ett été conspué, et JËg6 s&nsmerci.

So-nge3 donct c'était crime irnpardonnablo t quinzeou vingt sous de tarto pour huit personneg t

Il y allait de sa radiation définitive d" l" listedes indigents ; on pouvait aspurer qu,on faisait bom-bance daps la mansardo, qt quo leB haiilons sordi-des cachaient Ie bien-être et l'aisaqçe...

Nous nous promimes de retenir I'anecdote, ie do-wais diro Ia leçono porrr eq prqllter d'aboTd, et lar8,:ontgr ensuite

""*'

Qu'au décès ilune pauvresse, on découvre dansune paillasse qn roqlpAp de titres au porteur.. : laprosso ontière racontera l'épisode avec tapage ; etdurant un,ftriver, In BFg paçtouf o o4 eqtendra nar-rer, d,\,ec oq.Fans variantes, l'ftiptoire de cette indi-gpe expfoileuse. PlusieurB s'en autoriserout pourrnontrer {éqo.rmais une parcimonie presque cruellesn matière de bienfaisance; et l'on oubliera l'im-mense légion d.e ceux que Ia fairn torture I

Page 391: Les enfants mal élevés

L'ESPMT DE DÉNIGREMENT

".. Huit jours après, on pourrait savoir' que cette

prétendue rlrôlesso était uno femmo admirable qui,malgre:a détresse, avait religieusemenf conservé ledépôt que lui avait confié un voisino partant pourl'armée coloniale.

N'importo t la l6gende restera; et le s,:,andale

no sera point oubli6 de sitôt.

*u*g,

ilI. - Ah t la belle et utile fable que celle duMeunier, son fils et l'â,ne !

Tout en nous faisant un devoft stri,et d'éviter les

porsonnalitésn expliquons à nos enfants, mais avec

iristesse, qu'il est hélas I des gens qui critiquent,commo la ronce déchiro, commo la pieme blesse,

comme la roue écrase, et dovant lesquels il est

impossible de iamads trouver grâco, par la raisonqu'il n'est pas de démarehe' ni de . mot qu'ilsn'interprètent dans un sens hostile.

Leur offririez-vous même votre bourse, imi-tant lo porsonnage de Regnard, ils vous répon-draient avec hauteur et colère : qu'ils savqnt fortbien quo vous axez de l'argent et qu'ils ne deman-

dent pas I'aumône... En vain, on so sacrilierait, pourles satisfairo : on est assuré d'avance de n'y poill;parvenir, quoi gu'oin, fasse.

Il e st des amis gui vous remorcient avec efrusion

quand i'ous leur consacrez un iour par an : il en

esf d'autres, qui voudraientvous retenir une semaine

près d'eux....r pour avoir tout le loisir de vous re-prochor avec amsrtume la rareté de vos visites.

Page 392: Les enfants mal élevés

J8O S,ES ENFÀNTS MAL ÉLETÉS

Dès lors la seulo préoccupation en pareille occur-rence, doit être, non de plaire, c'est irréalisable t

nnais de n'avoir rien à se reprocher en conscience ILà estle point capital

:;.U"tr

ce quo dois... r

Nous disions qu'il fallait renoncer à museler lamalveillanceo et {uo, par suite, on serait bien naifrl'hésiter à remplir son devoir dans l'espoir de com-plaire à chacun

Citons un exemple typique :

Le jeune comte de X... a vu mourir son père vic-time des plus odieuses calomnies, cclportées par d.e

lâches serviterls éconduits... ,

.ll se promet de tout sacrifier, on ce qui lo con-cerne, pour ne donnor prise à aucune critigue. Ilse retire en Picardie avec un vieux domestique dansune terro de famille, ne reçoit personne, fuit toute

' réuniono évite mêrne de se montrer...Or savez-vous ce qu'on nous a dit dans le pays ?

Textuellement ceci : < Chest pont naturel! benchur qu'i,l faisoit d,el' faucke monnaie ! >

... Yoilà, lecteur, ce que vaut l'0pini.onlla Reinedu monde, dit-on

Oh t la misérable IGênez-vous donc pour elle... t

q**ru

Oui, l'on peut poser en principe, quo toujours, lesmalveillants s'ingénieront à jugen déiavorablementlcs faits et gestes du prochain.-

Page 393: Les enfants mal élevés

L'ESPRIT DE DÉMGREMENÎ

Telle est la tendance formelle de Ia médiocritri

qui oroit s'élovor, en abaissant les autres'Est-il mêmo une vertu ou une çualit'r6 grar ne puisse

être présontée comme un défaut?

Nous no lo pensons pas.

Gest ainsi que l'on voit certaihes gens à I'espritétroit et haineux, pour qui les rnots élogieuxf,errnes bienveillan[s semblent définitivemont

of lesrayés

de la langue. '

Dans leur vocabulaire ilétestable :

faiblesse,entôtement,ruse,t6m6rité,enfièwement,ostentation,platitudo,insolence,flatterio,fatuité,bavardago,bouderie,paresse,bêtise I

La bonté s'appello :

L'auteur d.e ce dictionnain,e s'appelle : l'Enaie'

, n**

Ceci rappello lcs procédés suivants de quelques

&vocats générauxL'accirsé marchait-il vite. ..? - Ilse sauvait.

Rêstait-il en placs...? - il faisait le guet.

La persévéranceL'habiletéLe courageL'activitéLa générositéLe pardonLa franchiseLa politesse l

L'éléganceLa conversationLe silenceLe calme -Et la'réserve

Page 394: Les enfants mal élevés

389 LES.ENFÀNÎS MAL ETÆIMS

Allait-il d'un pas ordinairs...? - n dissimirlait.Avorre-t-il...? - C'est parce qu'il no peutnier, tant

les charges dont aceablantes.Et s'il niait.., sa perversité mérit'eraitun châtiment

exemplairo I

x**

Iei se place une observation bien gravo, bien im-portante.

Quand nos fils commencetont à grandir, co seraaussi le moment, (pour qu'ils ne so troublent ni laconsciençg ,ni les idées), d.e leur faire savoir quedans le munde, il y a des extravagaots o[.des auda-cieux qui émettent los affirmations les plus faussesou les plus folles, on faisant preuve duns gravité otd' une assurance imperturbables.

Et pendant ce temps-là, les homrnes sensés sont'ùla gêne, et presque hontouxt t

rs*x

Puis; pôirr ne s'émouvoir point, à l'excès si on lescontriste et si on les prend à partie, nos enfan[sn'auront Qu'à se persuadero qu'ils ne sont nullementi,enus d'abdiquer leurs idées justes ou de changer leshabituiles prises en famille, pa,rce qûi,l plaira aupremier vonu de leur conseiller le contraire, ou mê.mo

de s'irnposbr insolemmontIl va sans dire, quo cette réllexion ne s'applique

qu'aux influences eætérieuresl qui prétendraiontcorriger celles du foyer; silrs y avoir nul droit.

Page 395: Les enfants mal élevés

LTSPRIT DE DÉNIGREMENT 388

Que de gens ont l'ambition de morigénerlos autres,

tout en ne sachant pas se conduire eux-mêmes I

Combien oncoie rie sont gulités'que par un calcul

égoTste, ou por lo parti pris syqtématiquo du ses-

taire I I

En résnmé, amive un jour où, à peine d'être dupo

r.ru victime, l'orifant a besoin d'être averti; on confi-dence, qu'il oxiste des sots; des. monteurs, et des

méchants.Certes, mieux vaut mille fois sacriller dans son

eéprit quelques personnalités excelrtriques ou gâtées,

que de fausser son jugoment.S'en faire serupule, serait de la charité à re'

bours. L'intérêt de nos fils o'lsonDl

L'impressionnabilité de notro caractère français,cst pour les étrangers, un suJet de vif étonnement :

elle n'a d'égale quo notro têrreur indicible ùa Edm-d,ira-t-on? un vilain despote I I

Une personne a une opinion qu'elle estlme arrêtéoet justifiée... Un contrarlicteur Èe préserite': si cerlernier ost tra.nchant, il va pout-être en quelques,minutes agir sur cette personne, au point do l'ame-ner à se réfuter ,daris l'instant d'après, d'tne façonflagrante., En effet, n'entend-on pas parfois terrniner unephraso avec un sens tout différent do celui qui s'an-nonçâit, simplement parco qu'un dos auditeurs a

eu l'air de désapprouver I'appréciation émise?Or', .cette transformation provient moins de la

Page 396: Les enfants mal élevés

3I& LES ENFANTS MAL ÉINVÉS

docilité vraie de l'esprit, quo de la crainte de I'o-pi,ndon.

Ilclairons cette remarquo au moyen d'un exemple,le premier venu.

M. 4... rencontre M. 8...

- M. 4... : c Connaissez-vous la charmanto villaque vient de construire notre ami '** ? r

-M. B. : <r Quoi t vous trouvez cela beau I Quantàmoi, je n'ai jamais rien vu d'aussi franchementlaid.C'est horrible I p

-M. A. : c Quand je dis, oharmant I entendons-nous... De loin,l'ensemble est agréablo: c'estgentil,voilà tout. >

-M. B. : < Gentilt mais mon pauvre ami oùmet-tez-vous donc votre gofrt? Cest mal situéo mal cons-truit, d'un dessin grotesque : et la distributton des

pièces doit répondre à l'extérieur. >

... Comme M. B. a le verbe haut of l'alluro autori-taire, A. tout à fait intimidé ajoutera : < En ce quiconcerno l'intérieur do la maison, je suis ontière-ment de votre avis; et je me demancle môme sic'est habitable. >

- M. B. : a Alors t pour vous, mon cher, une mai-son inhabitable est une charmante villa? En vérité,vous n'êtes pas diffieilet >

De plus en plus déconcerté, M. A. exécutera, unevolte-face complète, et ajoutera en baissant le ton :c Au fond, entre nous je pense comnoe vous quo c'estaffreux ; mais je voulais voir ce gue vous endiriez. r

....tr.ro londemainM. A. parlant de cette propriété à

un autre indivirlu dira vraisemblablement : e Avez-

Page 397: Les enfants mal élevés

L'ESPRTT DE DENIGREMENT

vous vu la maison de **' ? En voilà une bicoque I

Quelle cassine t >

Toutefois, Ia scène pourrait changer encore dulout au tout, si le nouvel interlocuteur n'était pasnroins catégorique dans un sentirrrent contraire.

Veut-on maintonant connaître la cause des criti-ques de M. B. ... ?

Rien do plus simplo : il est architecte..., et cen'est pas lui qui a ét6 chargé de la construction.

**x

Ainsi I en maintos circonstances, on prend pouridée générale, pour sens cornrnunl ce qui n'est queI'avis intéressé d'un homme habile, ou le proposinconsidéré d'un hâbleur qui fait tapage.

Que de virements soudains n'ont point d'autroorigine t

Ahl s'ilne s'agissait, comme dans le cas présent,que d'appréciations s&ns portée sérieuse... Mais parmalheur t cette impressionnabilité excessive ébranleles convictions mêmes et les meilleures résolutionsdes jeunes gens, qui, en général, ne redoutent rientant que de paraltre rai,sonnables.' une injure lesblesserait beaucoup moins.

Cependant on n'est pas plus forcé de s hurlerûaec les loups? D que de braire aaec les â,nes.

Ajoutez que chacun ayant la prétention, indénia-ble après tout I d'avoir ses itLées et ses opinionspropres? on en arriverait à l'affolement, si l'on s'im-,posait de tenir comote des avis et des conseils detous.

t!

385

Page 398: Les enfants mal élevés

qp.6 LES ENFANTS MÀL ELEVbS

- Yotre père est malade: vous appelez lo meïl-leur nnédecin possible... Le voisin tl'en face trouve,lui, qu'il est do la dernière imprudence de s'en rap-porter à un seul homme, dans une circonstancograve.

La fois suivante, vous jugez,opportun cle recourirà plusieurs docteurs... C'est le tour du locatairedlà côté d'affirmer qu'il y a légèreté sans pareille àen agir ainsi i que Cest le vrai moye.n de n'a-voir aucun traitement sérieux...

< Quant à moi, ajoutera-t-il, je crois bien plus sage., de choisiro une fois pour toutes, un bon médecinc m'inspirant pleine confiancer {ue de faire venira des étrangers qui se contrediront peut-êtqe, et, etr

c tout cas, ne connaîtront point, mon tempéra-< ment. I

Et si vous en reparliez a,u premier monsieur, ilvous répondrait de son côté : q J'ai toujours pensé,< moi, que deux avis valent mieux qu'un: au moins,c si l'un se trompo, on a chance de le voir corrigéq ppr loautre. Le meilleur médecin ne peut-il pas,a hélas t vous traiterà contresens? Est-ce que' en aug-c mentant le nomlre des juges, on ne dinrinue pas

c. par là même les chances d'erreur ? Ce n'est pPs

c douteux t rr

Ah ! si la Sagesse en personne était appolée comme

juge départiteur dans co débat, il est waisemblableqdelle dirait à.|'u.n j vous avez raison; etàl;'autre:vous n'avog Boint tort...

*æ*

Page 399: Les enfants mal élevés

UESPRIT DE DÉMGnET\4ENT 38?

Quand on songe cependant que tout avooat est

obligé de subir, plusieurs fois par mois, la réllexionsuivante que l'interlocuteur ostime péremptoire:s Yous a;urez beau faire, cher ilIonsieur, Iui dit-onc d'un air capable, je no m'explifiuerai jarnais que

a deux hommes honnêtes puisseirt, dans une même

< affaire, plaider deux thèses opposées. C'est oui ou( non I le blanc ne saurait être le noir''.. I

L'idée , ne vient pas à . ces critiques que pourobtenir du gris, pôr exomple, il faut mettre on pré-sence du blanc et du noir, et que, au sens philo-sophique ,le gri,s représente assez exactemênt pres-

que toutes les aotions humaines,r alliage de bien et

de mal... de blanc et de noir.Ouio au prétoire, révéler les fauteB d'autrui pour

éclairer ceux qai ont mission de iugero es.t une né-

cossité sociale e[ un devoir.Mais vôyez la différence ! Même dans ce.cas excep-

tionnel, l'individu qu'on. attaque est averti; et, si

bon lui sembler'il sera là avec son'défenseur pourréfuter et pour so disculPer.

Lo médisant, lui, ne s'en prendr qu'aux absontg.

' xu**

I

Enfin dans la vieo beaucoup de faits sont suscop-,

tibles de motivor des appréciations eontraires, éga-

lement soutenables, parce que chacune ffelles ren-ferme une part de vérité indéniabld.

C'est là t ne manifsstation, de la, libert6 humaine

dans I'exercioe d'un droit.Or, rien ne serail plus légitime que. d?exprimor.

Page 400: Les enfants mal élevés

888 LES ENFANTS MAL ELEVÉS .

son avis? si I'on ne se montrait intolérant et exclusif.a Si je vais chez mon père,disait une dame vellvo,

c il me rappelle qu'il est très prudent, ùoaceoutu-.r rner de bonne heure mes fils au travail, poul,c que plus tard ils ne s'épuisent, pas d.ans un efforts surchauffé.

. c Et si je mo rends chez mon beau-père, il mec conseille avec insistance de ne pas user trop t6t<t letir petite intelligence : il fau[ avant tout res lais-< ser se fortifier; après, lo travail n'en vaudra quec mieux et sera pour eux uD arnusement.

\

a Ce n'est pas tout I

a, L'un, compto bien Quo je ne négligerai pasc l'hydrothérapie, si utile pour aguerrir'ieJ enfants< contre lo froid, cause de la plupart des ma-c ladies....

< L'autre, veut me persuad.er que je dois leurc intsrdire rigoureusement les larges ablutions froi-c des, l'humidité p* les temps mauvais pouvanta être mortcllo...

< L'un, force mss lils à ingurgiter, quand, mêrno,a les mets qui répugnent à leur gorlt, perce qu,ilc faut s'habituer à manpçer do tour...

< L'autre,.avoue savoir, par oxpérienceo quril y ac des dégoûts aussi accusés qu'invincibles, et que,c violenter la.'nature sans absolus nécessité, clestc compromettre la santé bien gratuitemeni... >

J'imagine, qu'ici encore, Minerve elle-même cher-cherait à se récuser, plutôt quo de porter un juge-ment formel.

En entendant prôner autour de soi tant de pré-cepteso auEsi contradictoires qa'absolus, on se do-

Page 401: Les enfants mal élevés

:

L'ESPruT DE DÉNIGREMENT

mdnile si ce n'est Pas comme objet perdu qu'on

afliche la Liberté sur les murs I

' 0hose plaisante t il n'est persbnne qui ne trouve

profondément absurde I'idée tlui p'est point la-sienne:

âo s'étonne même qu'elle ait fru gerwer dans un

cerveau raisonnable... L'opinion du voisin s'ap-

pelle divagation, absurdité, f9[ie (pas moigs que

celat) et néanmoins, au fond du cæur, on s'estimo

accommodant et libéral conimq aucun I

Dans l:ordre politique Cest pib encoret les mots :

c vilo canailleo scélérat ou forban, > désignent sim'plement un Mônsiour qui no partage pes notre ma'nière de voir.

3e9

Page 402: Les enfants mal élevés

: CHAPITRE DEUXIÈME

LA MÉD|SANCE ET SES CAUSES.

I. - Beaucoup d'honnêtes gens, écrit un mora-liste, cqmpbnsent lo mal qu'ils ne fonf pas, par celuiqu'ils disent : ils semblent trouvor Ià, uno sorto dedédommagement

L'app.réciation est sévère : rnain quelle large partde vOritg ne contient-elle pas I

On connaît'les arguments grâce auxquels les mé-disants prétendent s'excuser et mêmo se justifier.

Entendez leur défenso : (. tre ,ne d,i,s que la aërité,répètent-ils, je n'inoente rien . >

Comme si la médisance n'était pas précisément larévélation inutile de choses vnarus, mais défavora-bles.

Sinon ce serait la calornnie.On le sait de reste I

***

< Je ne critirtrue que les traaers des personnes, etq non leut" conduite, allègue-t-on aussi"

Encore une mauvaise raison IEst-ce quo, d'après sa délinition même, la mérli-

sence nes'attaquo pes aux fautes et aux iléfauts du

Page 403: Les enfants mal élevés

prochain: défauts do goût, do tact'' ûe distinction"'n

bref, à tout "*

qoi ""idu pàture ià la malignit6 dos

paroles? , ... , , . rSignaler un ridicule, c'est t"1i" rire "Ï: Lépt"t

ùe la personno, f" *"t le itit claibsment' et appeler

sur oIIe la moquerio et le sarcasrie' Or' souvent' un

traaers mis en lurnièro avec hqbiteté- et persistance'

"*"f"a"ira plus les gens aux yolrx du monde' qu'un

uice vêritable-": Ct;;;en le 'proverbe

:.le ridicule ne se eontento

L'EsPRIT on oÉutonuMgNî

p; d; blesser; it tut q:"tq"ti-1ll:

il;I,ï; ii1 "n uot'o*, qï-"iil:P,"è::^11'u"

un médisant.-.: Cest ollo qui sàta omptiisonnéet

mérite ces quell-

Chez nous, lo vice est Peq,de chose' '

Le ritlicule est un Potson'1

A quoi sert la meilleuro cause?

Quitait rire a tou!ou19 raison I

ÀYez des vertus, de l'esPrit'

Fiites valoir votre naissance'

' Menacez tle votre crédit' :

Ou des verges de la vengeance"'

vo* ët.l'itta"i ti t'goiit' (on Rrrn^rcl'

r Gepend,ant, poursuit-on' quand' une ehose est

,képlacée ou ,oitt)on' ne peut pas ]a trouaer admù

rable... D

Doaccord.lT*ooooos sot ou déPlacéee qui

ficatifs.C'est notro droit'

n.... Profitons mêmb ile nos remarques judicieuses'

pï"t J"iter des travers analogues à ceux qui nous

offusquent.

Page 404: Les enfants mal élevés

IES ENFANTS IIAL ÉTEVÉS

C?est, notro devoir.Mais qui nous. oblige à les publior, àles soulignercomplaisamment? - i

+ç*x

Autre oxplicatio.: , -"

M_oi! je ne sais rden, maùsu,ie redis ee q.ue j,entends dire. ,Cette parole pourrait être l,heureuse

perroquets apprivoisés.devise des

En quoi le nombro des coupables, faisant échoaux propos méchants, diminuerait-il ies torts indi-viduels ?

Ou encôre : c lt faut bùen aaoir un sujet de con-s aersation; on a ltien Ie droit d,,outsri,r îa bo,uche.,co serait avouer une singulière nutité ïiot.tti-

gence I

Mais dans le cas invraisemblable, où Ia sécheressedes idées en serait arrivée à ce pointrmieux vaudraifassunément se taire quo de dénigror: -

*p**,

. -uo procédé fréquen[ de discurpation consiste àdétôu-rnerla guestion'_en répondant . a cotÀ1, de Iamanière suivante : c Bi on-rne demande

"e-gu" ieq' pense de teue ou terle'personne, je ne puis inentir.<< et dire qu'elle est parfaiter.quanA j h un sentd-t nænt tout autre. >

D'abord personne n,est parfait...: pas même celuiqui critique.

En secbnd lieuo ne pas répondro loyalement à quel-

Page 405: Les enfants mal élevés

L'ESPRIT DE DENIGREMENT 393

qu'un qui a besoin d'être fixé sur la valeur ou Ia d.i-gnité de tel individu, serait plus qu,une impolitesse:une véritable trahison.

N'est-il pas même des cireonstances où Ton doit,sous peine d.e pariure, dévoiler les méfaits d,autrui,par exemple, quand. on est, témoin en iustice?

Mais it f a loin de cette hypothèse.à celle qui nousoccupe. L'attitude du médisant est tout autro : ilrac_onte s&ns y êtro provoqué, ou iuterroge par Furemalice.

,r&x

II. - Une remarque curieuse est la ,oi*ot" ,Lns miursar[Ts IaRLENT TouJouns DE Quul,Qurun, ET pREs-

QUE JA-![ÀIS DE QTTETQUE CHOSE.

Ce < mitérium r semble infailliblo.Par là même quo les gens vraiment savantso ou

nimploment instruits, ont beaucoup à onn, ils nepensent pas à miomn.

, au contraire t ceux qur n'ont aucune idée à cutti-'\ aerl passent leur vie à, < bêcher I leurs voisins. Ccla' exige si peu dô réflexiont si peu de travailt

ajoutez que la malveillance étant toujours accueil-lie avec fâveur, on s'assure à pou defraisl,attentionet les. suffrages

: ***

La médisance est peut-être moins Ie prorl.uit de ta. méchanceté, que de l'i,nsuffisahce de ôerhines in.

telligences : nous no parlons bien entendu que du

Page 406: Les enfants mal élevés

89& T,ES ENTANTS IIAL ETEVES

tnonde où la conYersation est possible, et non de la

populace qui s'imagine que s'interpeller, c'ost causer

... Le flàconde vin généreux que l'on a épuisé, en

gendre dans ses résidus une odeur acide.

Il en est ainsi de la mÇdisance, âcre produiu der

esprits c vidés >.

xË*

En effet, Cest presquo toujours par co moyen quo

I'on ranime l'entrotien qui tombe, Çt qu'on vient en

aide à'lasausorie en détresso: c Apropos! que fai'-tes-aous d,onc de'ce cher Monsieur X."? - Aaes-

nous reou cette bonne mad'ame Y..'? >'

a, II g (rune choseque ie ne pui's cornprendre-.. t>,

ou bien : s Je ne'sais si tsous êtes eom'me rnod, mai's

itr me semble que MIle Z . -- t>.' (suitla petito exécu'

tion que le lecteur suPPose)-

Eh bien t ce sont là autant de coups do raquette,

ou tle langueo si vous aimez mieux, au rnoyen des-

quels llinterlocuteur aux abois.rolève le ilialogue qui

glisse à terre.Il n'y e pas jusqu'à cette transition c e pnopos t D

employée précisérnent à contresent' ,lTi ne- signale

. la préôocupation où llon ost, do fournir aliment au

colioque épuisé qui se meurt d'inanition, faute de

sentiments' ou d'idéss.

LaMéillsanôe est la fïlle immortelleDe la Vengeance..l oll de l'Oisiveté.

*&*

Page 407: Les enfants mal élevés

" LTSPffT DE DÉNIGREMEN'I 895

<< Moil je ne,tui en,aetat pas !'... r>, telle est enfinI'alfirmation qui déguise généralement une antipa-thie ou^une iancune qu'on n'osQ ayouer, ni à soi,ni à sof entourago. ' o'

L'indifférence factice qu'on allègue est pure illu-sion : on n'a point pardbnn6

Observez la eonduits : elle dément les paroles depaix qu'on prononco

ln%

Quand nos enfants auront entendu les propos durnédisant. prévenons-les qu'eux aussi, une fois leseuil de la porte lranchio vont être à leur tour enbutte aux traits de ceux-là, qui font, commo ditBoileaule méchant métier de médire, et n'épargnent per;sonne, pas même leurs complices.

Les plus habiles, ont l'air ùaborddeprofesser dessentiments de sincèro affection à lléSard de leurs vic-times; mais bientôt amive le fatal QUorQrrE,.gvan-qua,rn..., d'où pourrait bien venir ao,nea,n r.

Iieoutez ces'rernarques :a C'est une charmantepersotrne...l Cestun homms

r oxcellent...l c'est unefemme parfaitel quoique.:. >

Et les'restrictions gubn apporLe à la lo.range pren-nent de telles proportions, qu'olles offacent jusqu'ausouvenir d'unè première bonne parole.

{. Àu r,vr' siècle, la Sorbonne soutint contre Ramus, gue {uflnq?ra?n devait gg pronoûcer: carcou.

Page 408: Les enfants mal élevés

I,Es EurANTS MAL ÉT,uvÉs

Cette idée a été rendue assez exactement clans cesvers Ce Panard :

Avant do frapper leur victime,L,es paiens avaient pour maximeDs l'orner et de I'encenser.

C'est de ce[te façon qu'agit la médisance :

Presque toujours elle eommencePar louer un absent qu'elle veut immoler.

***

Moins prudent et moins discret encoro que sonpère, le fils du médisant, dira tout haut les choses[es plus incongrues, les plus blessantes même, Aans

les atténuer par cetts courtoisie, dont, les grandespersonnes sevent entourer l'amertume de leurs jogu-ments.

De la médisance à la calomnie, la distance n'estpas longue...

On comrnence par ro.eonte,r.Ensuite an eæa,gère.

Puis' on supgiose.Enfin on inoente I

g

'F. éF

Il est, certains amis que l'on doit avec grand soinécarter de son toit.

Ils nous portent intérêto semble-t-il; ils prennentpart à nos soucis, à nos ennuis, à nos 'tristesses,

mais s'ingénient toujours, sous prétexte de sympa-thie, à mettre bien en évidencd le mauvais côté des

Page 409: Les enfants mal élevés

L'ESPRIT DE DÉNIGREMENT

situatrons et des intentions, do sorte qu'en quittantccs personnes, nous nous sentons moins calmes,moins résignés, moins heureux qu'auparavant. Lesfautos qu on amnistiail dans l'heure précédente, losconcessiclns qu'on ad.mettait, les chagrins qu'on ac-ceptait, sont devenus tout à coup irzsupportables I

Un moment a suf{i pour opér'er cette transforma-tion.

Or, une doléance sotte, une condoléance maladroiteadressée à un enfant par cos personnes, peut en uninstant l'assombrir ou l'exaspérer? en lui persuadantque ses parents le négligent ou le tyrannisent.

Que ce soit bêlise ou rnéchanceté, le résultat est lemême.

***

lII. - Il existe des exceptions aussi louables quenumbreuses; mais on reconnaitra, qu'en provinceparticulièrement, (nous parlons des petits centr-'s),on se complaît à narrer en manière de distractionles défaillances des uns, à rappeler les scandales desautres, au point de ne plus bientôt se faire grandscrupulo d'un manque de bienveillance, devenu rrne

sorte d'habitude.Il va s&ns dire que beaucoup ne sont point àl'abri

tle cette tentation, tout en n'avant jamais quitté lesrues Quincampoix ou Saint-Denis; car il s'agit icinon de la région qu'on habite, mais cle la tournured,' espr'i,t des personnes.

Précisons davantage:

- X. egt le lils dun éminent magistrat... Comnre

Page 410: Les enfants mal élevés

398 LEs ENFANTS MAL nIuIds

il n'y a là rien que de louable, on le désignera. Jeprdfdrenc@, comme étant le petit cousin de M. *** qoia été déclaré en faillite, il y a dis ans.

- Madame Y. est fille de tel profosseur distinguôou de tel artiste célèbre.... On oubliera cettelarentéhonorablo, pour se rappeler seulement qu'elle est Iatante par alliance du jeune ***, ![ui a fut uno fuguoen Angleterre, en _ compagnie << d'uno donzello > ,dit-on.

- Z. est le trère du bon et c,haritable docteur *'on

fondateur d'un asile de vieillards; et sa sæur, ondigne émule, a caché son noble front sous Ïhumbleconnetto des Filles de Ia Charité.

C'est sans intérèt. .. t On se côntentera de vous lefaire connaître, en tant que boau-frère d'un certainM. ***

r {ui a été condamné ou est d,euenu fou; soitmème oomme gendre.... tie Ia nièce de Monsieurun tel, qui s'est brùlé la cervelle, etc... etc...

Ainsi t talents, vertus, illustration, sacrifices, n'exis-tent point pour ces âmes enlïellées t

Au lieu do compter les quartiers de noblesse, lesbelles actions etles hauts, faits, olles additionnenta,vec joie les mëfai,ts, et nombrent les fautes aveceomplaisance.

Singulière façon do présenter la généalogio des fa.rnilles l," Dans le bilan trompeur qu'ellos dressent, ellesn'inscrivent que les déficits, ne soulignon[ quo leshontes, ne'soarrêtent qu'aux. incorrections.

A l'actif il n'y a rien, rien I

Pour elles, détailler les misères, soulever les vpi.les, énumérer les tristesses, sonder les.plaies, quel.

Page 411: Les enfants mal élevés

I

1,' 't

L'ESPRIT DE DÉNIGREMENÎ 89b

.

quefois même fouiller dans la fange, ost unesatisfac-

tion de choixo un régal diesprit incomparable. Heu-'

reuxt quand, lasses de s'attaqueriaux vivants, olles

nu p"ofao:"! pas les pierres funéraires pour en exhu'

mer avec Jole : i

Iæs cdmes inouîs qui dorme* I bmbeaul

selon l'exprossion de Ïauteur des',Iambes.

L'expuse est connue de reste I b Je suis'certain de

ûe que j'avance, > af{irme-t-on.ô"i i les médailles de votre coliection sontvraies;

mais vous ên montrez uniquement /e recers, oubliantqu'on peut, avec des éléments erxacts, faire porterdes jugements fort injustes.

'Dîs"ul*ruls, no sont pas r.l Vrlnrtk

:q

"t

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Page 412: Les enfants mal élevés

I

Page 413: Les enfants mal élevés

".]14 I \'4',ù

TIVRE DOUZIÈUN

ta ngspons.lnrr,rrÉ l,ÉcErn DE L'ENFANT

ET X'ES PANENIS

CHAPITRE PREMIER

UENFANT RESPONSABLE ÉEISUNONS COMPAREES

Au début de l'existence, la vie humaine estplutôtanimale qu'intellectuelle : végéter et sentir résumentses principalos fonctions. '-

L'intelligence viont avecl'âgei puis la conscioncese développe à son tour, amonant avec elle Ia res-ponsabil'ité. Carl'homme doit compto de s€s ar:tesdans lamesure où il comprend ses devoirs, dans lamesuro aussi des-moyens dont il dispose pour réagircontre ses mauyais instincts.

xf*

f)ans cette ascension graduelle de l"ârue humainsvors les notions morales, on constate que le senti-mcn-t du juste et de !'injuster comme on ait en philo-

Page 414: Les enfants mal élevés

AOg LES ENFANTS MAt ÉIEVÉS

sophie, est de bearacoup antérieur au sentiment clo

l'utile.., Çe qui fait "que, dans toutes les législations, le

moment do llirnputabilité pénale, précède deplusioursannées la maiorité civile.

Tel enfant qui ne saurait, dans aucune mesure,démêler ce qu'il peut y avoir de profitable ou de dé-savantageux dans un marché proposé, dansune obli-gation'à "contracter, saura déjà discerner sons aucundouto, si telle action constituo, oui ou non, uneviola-tion de l'équitéo un acte répréhensible.

La Morale et, la Loi ont été comparées à deuxcerclds concentriques;celle-ci opcupant le milieu; et,

colle-là, s'étendant au delà du domaine des lois posi-tives

La Morale en effet ajoute à la Loi, et se montreplus exigeante et,plus sévèro que cette dernière.

La série des responsabilités s'établit done chrono-logiquement de la martièro suivante :

Responsabilité rnoraler la première de toutes"Puis, rosponsab ilit6 pénale .

Enfin, responsabilihû citsile.

***

L'ancienne Jurisprudenio de la France n'admettaitgénéralement pas do poursuites cri{ninelles, ù l'é-garddes délinquants agés de moins de sept ans.

Toutefois, cette règle n'avait rien d'absoluo etI'axiome si répandu c la perversité compense l'âge r.pormettait au juge do frapper le coupable pendantIt'puerilia.

Page 415: Les enfants mal élevés

LA RESPONSABITITÉ I"ÉGÀIE

De nos jours, à partir de quel momentFrançais encourt-il uno action pénale ?

Le législatour n'a poin[ posé de limiteen sorte {ue, ldgalement, un gnfant deû ans... rorait éventuellomont jrlsticiable

67, 69, C. pénal.)Àinsi, un enfant de l.2 ans commet unEst-ii jogé responso,ble? Il en sera

quelques jours de prison.

naux.Pareille hypothèse, n'est pas inwaisemblable.Nous pourrions citer., à titre ,d'exemple, un en-

fant de 6 ans poursuivio le 2L fl,wil 1850, pour ho-micidesurun camarade âgé de 4 ans; ou encore3 enfants de S ans lrl2 tradui[s en Cour d'Assisesen 1854.,,

rr**

Le système pénal actuol date, on ce qui concerneIos minours, du Codede 1791.

Une limite uniquo a été, {ixéo par Iâs embléeConstituante.A se,ize &ns, on alamajoritépéna/e dansla mesure plénière du droit cornmun.

Si l'accusé a moinsds 16 ens,rlaquestiôn de cul-pabilité morale sepose; et une sanction spéciale estepplicable, en cas d'affirmative.

Même acquitté, (en tant qu'ayant agi sans discer-nement)o lo mineur peut êtro envoyé dafrs uno mai-son de correction jusqu'àsamaiorité civile. (.Art. 60,

403

un jeune

minima;5 ans, dodes trihu-

Iarcin...quitte pour

Décide-t-on qo'il a agi sa,ns, diseernement ? llrisquera d'ôtro détenu pendant de longuos annéeÉ

Page 416: Les enfants mal élevés

OT LES ENFANTË UÀL ELEVÉS

dans une maison de correction, bien qu'acquitté clu

chef dela poursuite.Car, par suito d'uno fiction peu persuasive" la

Petite-Roquette n'est pas uno prison...Il en résulte gue l'enfant a intérêt à faire croire à

sa perversité.

**'r

' Il est curieux de rechercher tlans les divers Cod.es

moderneso comment, sous I'influence de l'anciendroit et de la scienceo ces quostions d'âge ont étéréglementées.

Rien de plus dissemblable.Les souvenirs de la législation romaine apparais-

segt dans les périodes selotennales, acceptées parplusieurs Codes ; l'âgo de 16 ans s'y rencontre aussiper imitation du droit français.

Mais souvent, la fixation semble faite un peu auhasard.

,**x

Chez les,,Anglaes, point de poursuitcs permises sil'enfant a moins de 7 ans.. De 7 à 14, il y a présomption dinnocence. Toute-

fois, comme à Rome., la preuve de la malice peutêtre c administréo r. Le eoupable encourt alors onprincipe une répression mitigée. Il est,selon le motdu statut : pri,ntafacie doli'i,ncapaæ.

Blakstone cite copendant fexemplo d'un jeuno

Page 417: Les enfants mal élevés

LA RESPoNSABIIITÉ lÉclw {05

meurtrier de 1.0 ans qui fut exécuté. (Faust. Hélie,

I., &79.)Passé 14 ans, il y a plénitude de responsabilité.En Autriche, on il'a pas le droit de pbursuivre lo

mineur de {0 ans. De l0 à 14 anso ses délits sonl,

assimilés aux infractions de police.L t e ans, le droit commun est applicable.Le code tle la Louisoane admet à peu près les

mênres dispositions.La législation Brësi,làennepose la règle'de la non-

oulpabilité, sauf preuve contraire: {uand l'enfantn'a point clépassé 14 ans.

S'il y a fiscernemento le détention dans une mai'son de comection ne peut dépasser la dix-septièma

ennée.

***

On le voit, chaque législateuq e son système.Et cela s'explique t

Racontez devant deux personnes les méfaiùs d'unmineur...

La première s'écriera : c Quoi t si ieune, of déjàc si perverti t on ne saurait être trop sévère t >

La seconde vous dira : c Oui il est bien cou-

r pablo I mais après tout co n'est qu'un enfant I >

Ala maximeromaine : mali,ti,a,supplet ætatem, onoppose cette autre formulo du Digeste : pupillw,mitdus punitur. (L. LL.)

Les doux thèses sont soutenables.

Page 418: Les enfants mal élevés

CHAPITRE SECONIT

REspoNsnellrÉ cvltE DEs pARENTs

L'article t384 du tode civii, pose le principe deIa responsabilité des parents, â râison dù dommagecausé par leurs enfants mineurs, vivant avec eux.

La mère dst tenueu de cette garantie, si la gdrdodes enfants lui est confiée ilans la séparatron l"di-ciai,rej si.lepère décède, disparaît ou esf interdii.

Peu importe que le coupable ait agi sans dis-cernemeFt, ou en connaissance de cause.

Ainsi notro fils blesse-t-il I'un de ses camarades,ffrt-ce en iouant, rtotre 'responsabilité est engagée,et Ia criminalité du fait reste punissable, bién en-tendu.

, ***

Supilosons un enfant mettant le feu par impru-dence et causant un dommage considérable. Le pèreûe pourra. se contenter dabandonner aux sinistrésla < résorve ) constituant la part héréditaire du cou-pable ; il répondra de tout lo, préjudice sur ses bienspropreq, sans réduction quelconque, du mcmentgu'un défaut dô surveillance est établi contre lui.

Page 419: Les enfants mal élevés

r RESPONSABILITÉ IÉG T,E

Or, étant donnéesles obligations rigoureusesimpo-sées aux parents, comme nous venbns de le voir, ilest logique de leur c-oncéder le choix des écoles qu'ilsjugent préférables pour discipliner lours fils.

{u**

Ld loi sur Ïlnstruction obligatoire: a édicté une pé-

nalité spécialo visant les parents, en cas d'absehce

persistapte de l'écolier. Le mauvais côté de cette

sanctiono esi de donner à enteqdro à llenfant qu'ilne,relèvg pas quo de sa famille.

Les Pouvoirs publics ont un peu I'air de lui dire.vos parents ne font pas tout leur devoir à votreégard, du moins je m'en défie;; mais ie suis là, jeles surveille...

Un enfant paresseux et vinficatif, est armé en,effet d'un droit singulier: en fuyant l'école systéma-

tiquemont, il a chanbe d'e,nvoyor son père en prison.Lui, ne risque rien : le père se,ul ost puni.N'aurait-on pas pu trouver mieux pour conforter

l'autorité domestique.. ?

L'homme des champs qui vit loin du village,Iouvrier qui par! pour l'atelier bien avant l'heurôdes classos,la mère netenue près d'un borceau, peu-vent-ils donc escorter le jeune écolier?

Page 420: Les enfants mal élevés
Page 421: Les enfants mal élevés

IIVRE TREIzIÈun

tEs catsns nÉnÉotrErnns

CHAPITRE PREMIER

uuÉnÉonÉ

A,Yinnédti, aux aptitudes fropres que chacun ap-porte en naissant, on opposo I'hérddité,ou tendancede la naturo à reproduite, chaz l'enfant, certainscaractères de I'organisation des parents.

L'hérédité est physiqub ou morale.Elle se manifeste dans les formes générales, les'

traits, los allures, la voix, Ies particularités fonc-tionnelles, la staluro, Ia force et la longévité.

De même, lep états pathologiques sont transmispar le sang; en ce sens, quo Ïhéritier est atteint deprédisposi,tions aux maladies qui affectent ses au-tours

On pourrait, en prenant les passions une à une,rnontrer que, dans chacune d'olles, l'hérédité joue unrôlo appréciable.

r La colère, la peur; dit un auteur, I'envie, Ia

Page 422: Les enfants mal élevés

li

&I.O LES ENFANTS MAL ÉLdTVIS

c jalousie, le libortinagoo l'ivrognerie o sont desc passions essentiellement transmissib)es. p

Souvent, los ressembl&nces c sautont D une o,udeux gênérations.'Mais pn n'a point encore établi

" laquelle des influences, (paternulle ou mater*nelle),l'emporte; ni dans quelle mesure elle s'exorce.

*u*n

Les dons heureux se reproduisent aussi dans lesamilles. Citons dans l'antiquité : les Hortensius,les

Curion et les Lysius, toûs auteurs, do père en fils;Eschyle, d.ont la farnille comptait huit poètes tragi-ques...

Dans les temps plus rapprochés, les Condé avaient['art militaire en partage, les Médicis le sens politi-$uo, les'Mozart e[ Ies Bach le génie musical...

*s*x

Si I'hérédité n'est pas une fiction, dit Alexandrede Trollos, comment expliquer quo,tant d'imbécilessoient lils d'hommes de valeur; et que tant d'horn

'mes capables naissent d'imbéciles?c Du segs Périclès, ajoute de son côté P. Lucaso

c sortent doux sots; d'Aristide, l'infâmo Lysimaque;< de Sophocle, d'Aristarque et de Socrate, naissent< des fils plus vils que la pituite. >

... Cependant, ces critlques sont moins fondéesqu'elles ne lo paraissent.

On ne tienttpas compt. 4* l'ataaisme.Or, I'onfant est le résultat, 'non pas seulement

ilcs ascendants directs. _rnais des aieun d.e la souehsentièro.

Page 423: Les enfants mal élevés

INFLUENCES HÉNÉDITAIRES /lt,',

L'hommeo dit Baudemont, n'est qu'uno épreuveo

trrée une fois de plus, d'uno page stérèotypée.Et pour Sarnson, l'atavisme est Toxpression'd'une

puissance eollective, représentée par tpute. la sérieà laquelle appartient l'individu.

CËaque r"tu, chaque famille, apporte à'l'enfantson action proprel et ces deux influences luttent jus'qu'à ce {ee l'une d'olles finisse par I'emporter, eu

eonstituant des caractères généraux et durables.

Qui ne connaît le nez à la Bourbon, trait caracté-ristique constant de la famille des anciens Rois do

France? De même les Romains désignaient sous lonom générique de Buccones, Labeones, Nasones,les familles reconnaissables à un signe héréditaire:boucho, lèvre, noz...'

Cette loi ds transmission observéo par le peuplo,a,suggéré les proverbes suivants : Tel père, tol fils...Bon chien chasso d.e race..., etc.

x*x

En sommeoles ascond.ants représentent les causes

immédiahes et médiatos de leur descendance. Il y a

là une tradition que I'on no peut ni éludero ni répu-dier.

C'est une loi de naturo.Aussi a-t-on pu dire très exactoment que I'on était

comptable de soi-même à l'égard de toute sa lignée,et qu'un chef de famille travaillait touiours'pour sapostérité

L'individu, est l'un des anne&ux .de la chalno quiunit aux ancêtres.

\

Page 424: Les enfants mal élevés

HAPITRE SECONN

I-A CONSANGUN|TÉ

D'ap,rès une sa.vante étude de M. le D, Coste,lo mariage entre consanguins a deux fois plus de

chanees qu'un autre, de donner des sourds-rnuets,et trois ou quatre fois plus, de produire tles descen-dants affectés detroubles cérébraux.

La consanguinité favorise l'hérédité saino ou mor-bide, mais pluttit cette dernièro chez Ïhommo. Heu-reusement il y a des exceptions...

En priucipe,les parents transmettant leurs qualitéset leurs défautso si une même tendance se trouvodéveloppée ehez les d,euæ au,teurs, elle le sera ù undegré encore plus grand chez leur onfant.

Conformément à cette règle, vraie pour les êtresen général, on a obtenu par oxemple le cheval de

course anglaiso of les raeed d'animaux d.omostiquesperfectionnés.

Encore, cette amélioration est-elle uno chose

très relative, car un même résultot peut s'appelerd, la fois : progrès et déformation. Ainsi l'animalque l'on destine à la consommation, doit, à l'in-verso du chevbl d,r course, présenter le maximumelo chair of le minimum d'os et tle muscles; en

Page 425: Les enfants mal élevés

TNFLUENCES HÉRÉDITÀIRES

Borte gue, pour fartiste et pour le naturaliste, labêile pri,m,ée n'estsouvont qu'une espèco de monstre.

Toutestsacrifié gu but parl.iculier qu'on recherche.

*x*

Mais les règlos de la consanguinité ont un oarae'

tère exceptioenel quand il s'agit de I'homme, sou-

mis, lui, à des vicissitudes qui n'affectent point les

autros êtres. Non seulement il est plus perfoctionné

quo I'anilnelo mais aussio il est doué de la vie intel-lôctuelle, et impressionn6 par des émotions morales

qui modifient sa nature.En outro, il est sujet à des maladies plus nom-

breuses et plus sérieusesr rlui le mottent en dehors de

la loi commune.Aussi M. Magne, dans son mémoiro à I'Académie

de Médecine, conclut-il'en ces termes: c La consan-

c guinité agit plus promptement, et exerce des

< effets plus sensiblos sur l'homme que sur les ani-r maux. D

**x

Citons les intéressantes recherchos faites enÉiosse

par M. Mitchell, sur 716.000 individus.Voici quelques-unes de sos observations. Fussent-

elles pessimistes, elles n'en resteraient pas moins

très inquiétantes:Sur 45 mariages consanguins, il a oompté 29unions

rnalheureuses qui ont donné :

I idiots - 5 imbéciles - lt aliénés - 2 épi-

ur

Page 426: Les enfants mal élevés

ni LEs ENraNTs MAL Éluds

leptiques -& paralytiquos - Z sourds-muets-3 aveugles - 2 vues faiblss B difformités --:6 estropiés - I rachitique - ZZ phthisiques, scro-fuleuro ou enfants à constitution faible,..

qp*x

I'n Amériquer le docteur Howe, rompte 44 idiotslssus de 17 mariages consanguins.

De son côtér le dooteur Bémiss a observé 84 unionsanalogues, produisant {92 enfants, sur lesquels B8sont morts enbas âge, of 47 ontété attcints de gravesmalafios constitutionnelles.

x*x

En lrance, les docteurs lrannelonguo, Lacassa-gtr€, do Lacharrière, Fonssagrives voiànt également,avec une grande défavour ces alliances.

Le célèbro Trousseau, insiste sur les suites tu-nestes de ces mariages? en ce qui concerns Ia poly-dactylie, Ie .pied-bot et l'albinismeo (enfants albinos).

Enfino le professeur Peter, ostimo qu'il est sura-,bondamment démontré quo ces unions amènênt leplus souvont, la dégénérescence même du produit.

qp**

On s'explique dès lors les prohibitions légales oureligieusès, dans cet ordre d'idées.

Chez los Romains, existaient des lois sévères, in-terclisant l'union entre les collatéraux e[ lours des-cendants : i,nter parentes et liberos infindte, cujus-

Page 427: Les enfants mal élevés

m]T€ç'"Tr'-F€.--' : -, . '*)f-B!tFr- 'rf,--a '-'*- -ry -; -I

f'r,t-rl.l : "

[i rNFLrIENcps nÉnÉorrarREg arll',^,I' a,tmque grad,û,s, connubi,um non esf.Aussi, Iorsque

I Claude voulut épouser sa nièce Àgrippine,l'autorisa-I tion du Sénat fut-elle nécessaire.!^I Constance et Constantin, défend.irent l'union d'on-

I cle à niuce, sous peine dg r-rort : capi,tati,s senten-| .. ^ 'I tiæ pænû' teneatur. ,

I Soos Théodose le Grand, les mariages entro cou-

I sins gormains sont prohibés, sous peine du feu.

f Sous Charlemagne (813), la parenté eq 4" degré

I uqt un empêchernent au mariage.

I Saint Augustin, saint Basile, saint, Thomas, esti-

I ment que les malheureux résultats des- uniôns de

I même sâ,ngr sont un fait proviilcntiel danÈ I'intérêt[ ,1" l'honneur des foyers : aussi lesprohibitions ecclé-

siastiques s'ételdaient-elles en l065jusqu'au 7" degréNçmbie de Coneiles ont stotué à cet égardClermont,.535 - Orléans, 538 - Toursn

Auxerre, 578 - Paris, 6[b - Compiègne,

tr tr Ètoo, -€tptIO 1....

Page 428: Les enfants mal élevés

'l

Page 429: Les enfants mal élevés

I,rvRE OuÀToRzrÈnm

PETITS PROIIIGES ET c FRIIITS SECS D

I,E SURMENAEE

CHAPITRE PREIIIIER

LES ENFANTS PRODIGES

C'est surtout chez les artistes : musiciens, poètesou compositeurs, que se rencontre Ia précocité laplus étonnanto. Parco que lo Génie est une innéité;tandis que Ia scionce est spécialement le fruit do l,é-tùde et de l'expérience.

Rameau, Lesueur, Irulli étaient à sept ou huit ansdes sujets incomparables.

Mozart, à 4 ans, jouait avsc une srlreté et, une pré-cision admirées de toutes les Cours de l,Europe.

Parmi les jeunos sculpteurs oules peintresr'on cite ICanova, Pierre de Cortoneo Adrien Brauwer...

Ce fut le hasard qui 'mit en lumière les aptitudesde Canova pour la sculpture. Il était garçon pàtis-sier : un jour, il {it pour la table d'unseignour italienrrn lion si ressemblant, si fièrement campé, que tousles convives en furent émerveillés.

27

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I

Page 430: Les enfants mal élevés

[rs LEs ENFANTS MAL ÉlnvÉs

On tira de la cuisine le petit mitron, pour le placerdans l'atelier d'un grand. maître.- Commeexemple d'intelligenoe littéraire on signale

chez les anciens, Àuguste, prononçant à douze ans,

et Tibère à neuf, de magnifiques oraisons funèbres ;

et dans les temps modernes Pic de La Mirandoleu

prorligieux surtout par sa mémoire.Un siècle plus tard, on trouve Crichton, polyglotte

universel pour ainsi dire, à l'âge de quinze ans.

Vincenzo Viviani, à douze ans, étaitun mathémati-cien incomparable.

xS*

La liste de ces oxceptions est plus curieuse que

longue; tandis quele nombredes enfants, un instantcélèbres et rentrés dans la médiocrité à l'âge d'hommesorait incalculable I Il y a là une ef{lorescence prin-tanière excessive, et pas de fruits : ou du moins des

fruits hâtifs qu'il faut renoncer à congervor.

*'*tr

D'autreg fois, une soule branche se développe outrorresure aq détriment des autres : mais l'arbre ost

difforme. '

Àinsi, de nos jours, ,ce jeune mathémoticieno quipeut résoudre mentalement les problèmes les plusôomplexes, a,vec une rapiilitd surprenante, a toutesses autres aptitudes énervées.

Or, la proportion seule, constituol'harmonie géné-

ral,e. Yoilà pourquoi un front qui n'est que large,

Page 431: Les enfants mal élevés

l,ES ENFAI\TS PRODIGES. _ LE SURMENAOE 4!s

proluve ordinqiremegt l'intelligence; tandis qu,unfront énormo 'est la caractéristiguo opposée.

Se.' dF"'*<

Auçsi les ( sujets à concours n, chez qui I'op cul-tive une seule faculté, dovieqtent-ils pour Ia plu-part des c fruits-secs D, c'ost-à-diro des êtres rela-tivemeqt rnédiocres à l'épogue de leur rneturité,surtout si l'on tient, compto des folles espérapcosqu'ils avqient fait cpncevoir dans leqr jeqne âge.

L'avance Frise qu débuto semblqit devoir se main-tqnir dans ls même rqppon : mais les distances sesdnt vite rapprochéest

A la fin de ses_.études, Ie petit prod.ige ne dépas-sera pas les intelligences moyennes; et bientôt, sonesprit se d.esséchera plus encore; sernblable à uneplante préooce qui a donné toute sa sève et dépensésqns mesuro ses effluves gén6reuses, dans,unefltmos-phàre chpqffée à l''sxcès,

n8*

nn fait, quel est le mqrle d'instruction préférable,?Yaut-il r,nieux sti;nuler Ïardeur de félève, très

jeune encore, do façon à lui permettre darriver toutnaturellement à la veille des examens sans unefiéweuse préparation irnmédiate ?

Yqut-il rnieux aU contraire, Do rien précipiter;suivre l'enfant,plutôt que de Ie < pousser D, en sortegu'il se forme peu à pou d'après sa n^ture, of nonrl'après lep programmes ?

Page 432: Les enfants mal élevés

A9O LES ENFÀNÎS MAL ETETIÉS

 cela on peut répondre, ce semble, par les dis-

tinetions suivantes:Voulez-vous que votre {ils passe des examens pour

avoir un brevet? êtes-vous limité par l'tirgo en vue

d'un concours prévu?... Prenoz ia liste ries matières exigéoso ontassez-

les rapid.ement, et vous formerez un bon candidat.

mais non uo lettré, un savanto ni un penseur'

Seulement, il est bien rare qu'un enfant n'éprouvo

point de lassitude à la suite dun pareil effort, et

qu'it ne ressente pas le désir du repos avant même

diavoir rien produit, socialement parlant'

Cost un condamné aux travaux forcés à tempst

gui jouit de sa libération.'.

*,"*

Désire-t-on que son fils ait des

rieuseso durables, bien digérées;

vingt et vingt-cinq anso il a]me

travait et s'y adonne avec joie ?

,.. Àlors, qu'on le laisse a marcher son pas D ; qu on

lui donne te loisir de respirer, de c dételer u, de se

recueillir, et,d.c s'assimiler la nouffituro intellec-

!,uelle dont on lo repaît; qu'en{in il sache, noû pas

pl,us, mais TIIEUx quo les &utres'

Ei au lieu do Jépuiser dans les classeso il y aP-

orentlra l,art du trâvail et yamour de Tétude, qui le'suivront et lo charmeront d.urant sa vis entière :

Lit t eræ, p erno ct ant n obis curn, p er e g r inantuh ru'E'

ti,canturr' comme fitJ'orateur romain'

connaissances sé-

souhaite-t-on qu'àplus quo iamais le

Page 433: Les enfants mal élevés

TES ENtrAI{T8 PNODIGES. - I.E SÛNTMNÀêÛ , EgI

Orrrien ne ressemble moins à ces agréables dis-,tractions gue le métier de e tâcheron D, auquol l'en-fance est cpndâmnée, pendant les longues années d.e

Ia vie scolaire.C'est ce quo. nous allons étudier dane lo ohapi.

tre suivanL

Page 434: Les enfants mal élevés

CUÀPITRE SECOND

I.E SURMENAqE

Le mot est nouveau, du moins dans le sens où

on I'emploie aujourd'hui, dit le docteur Fonssa-

grives.C'est un terme emprunté au langage des haras, et

les dictionnaires lui donnent .cette signiÊcation ':

s Surrnener, excéder de- fatigue les bêtes de sommoo

c en les faisant aller trop vite et trop longtemps. D

On n'a pas trouvé mieux pour exprimer la sit'ua'

tion des enfants dans les collèges, sous le régime

actuel.L'enfant travaille trop t6t; il travaillo ù ttop dd

choses, iltravaille mal -,

Si l'on proteste, si l'on rcvendique poul lui le

droit de viwe en enfant,on est tax6 de parti pris, ou

dénoncé commo adversaire de finstruction du peu-

ple ! Les programmos s'augmontent dannée en an-

ilOu; les ôxaàcns se multiplient e[ deviennent la

condition sine quâ,non da la vie;,la concurrence est

effrayante t '

II iaut àtout prix agiver t on ne saurait coÛIIDoo-

cer assez tôtl en sorto {ûo, très jeune encore, l'é:

colier saisi par I'ongrenage scolaire y pessg tout on-

Page 435: Les enfants mal élevés

LES ENFÀI{TS PRODIGES. - LE SURMENÀGE 123

tier. Et à l'âge où sa jeunesse devrait ,"rpl.olir, itn'est plus qu'un petit honame fatiguë qui n'a pas

joué, et qui ne sai[ plus riro...Son esprit est lasséo son cæur ost desséchéo son

âme rétrécie...: mais il estbrevetélc lr'école devrait s'accommoder aux aptituiles de

c la moyenno des intelligences, r d.it un s&varrt aca-

démicien , NI. Gréard'. Au contraire, les devoirs de

classe ne sont ordinairoment compréhensible's que

pour les élèves hors ligne, excoptionnels.

***. L'enfant cependant a d'impérieux besoins ! Il lui

faut l'air, le rnouvement, le changement, la variét6cles occupations. On lui enlève tout cela t

A tel point, qu'un médecin a Pu, dan-s une as'sem'

blée solànnelle, émettre le væu que l'État traitât les

enfants au collège, cornùrne i'I traite les cheaauæ

dans les fermes-modèles.Même quand le lycéen sort le soir de cotte usino

à brevet, il emporte dans sa famille ses cohiers

d'étude, pour recomrnencer à lire, à écrire, à calculerjusqu'à son couchor ; et le lendemain, au réveil; vite,il reverra letravail que,le maîtro va comiger. Enfin,€n une demi-heure, il devra apprendre les troislcçons. d'usage... .,

C'est le programme : il faut marchert

***

Oui, il faut marcher dans le mêmo seùs, st dir

Page 436: Les enfants mal élevés

&91 LEs ENFÀNTS MAL ÉT,uvÉs

même pfls, l'idéal de neuf Français sur dix, dtantde voir leur fils fonotionnaire de l'Etat t

< Aujourdihui, a émit M. Eug. Labiche, tout indi-a vidu vacciné croit avoir droit à une'place... En-a core un peu, on priera lo Gouvernement de dis-c tribuer des numéros.d'ordre à Mossieurs les nou-<< veanx-nés. Toi, petiû, tu seras d"Ss la diploma-c tio... : tu as Ia vue basse. Celui-ci sera marquéc pour la marine. Cet autre pour les finances, côté<< des contributions directes. Tout le monde aura sonc buroau, sa petite table, son encrior of sa plume der-a rière l'oreille. Joli petit peuplo I Tout cela gpouillera,c grifionnera... et émargerat Quiveut des places?...< Prenez vos billets I Et à ces administrateurs, que( manquera-t-il ?... Uno seule chose : des adminis-a frés..... Mais on en fera venir ds Ïétranger, en<< payant le port t r

,r**

L'abus est flagrant, le mal s'accentue de jour enjour, et les hommes Ies plus compétents s'alarment.L'Acad6mie des Sciences, comrne on va le voir, asignalé les fâcheux résultats constatés par les méde-cins dans la santé de lajeunesse des 6coles, à savoir:la langueur et l'inertio dos fonctions digestivesn lestroubles de la vue, les déviations de Ia taille, l'ané-mie,la scrofulo et Ia phthisie; puis les maux detêtoola ménfngite et même la folie assez fréquente, Trien

qu'on le d,issimule sous d'autros noms accoptables.

*ftr

Page 437: Les enfants mal élevés

LES ENFANTS PRODIGES. _ LE ST'RMENAGE &96

L'instruction aéri,table, diminue en même ternps

,quo la vanité s'accroît. Ayant entendu parler debea,ucou,Tt de ehoses, et ntayant rien 6tudié sérieuse-ment, les jeunes gens croient tout savoir, alors gu'ilsne sont qu'infatués et ignorants.

Le double vice du surm-enâ,ge, est ù'échauffer latête, an refiioidissant le cæur.

***

Toutefois parmi les choses utiles, il n'en est, pointque le jeune enfant epprenno avec moins de fatigue,que les langues aipantes.

Dès qu'il sait articuler les mpts rLe l'idiomo pater.nel, Cest-à-dire entre deux et trois ans, le momenfest favorable pour placer près de lui uno domestiquedo nationalité étrangèro. Le faire plus tôt, seraitrisquer do fausser son oreille et de lui làisser pen-dant plusieurs annéos un a,ccent affroux, ou pointd'entendro un bon petit Français ds nôs amis, dire àsa bonne allemande': (( Chë fbutrais aller à tataq sur m,on bédit ehéfal. r (Jo voufuais aller à daclasur morr petit cheval.)

Page 438: Les enfants mal élevés

CHAPITRE TROISIÈME

LE suRMENAGE JuGÉ pAR lrs mÉoscllus

A l'Académie de Médecino, M. Lagneau a établi,d'après dive*s documonts statistiques, que le chiffredes écoliers des deux ssxes atteints de céphalalgie,d'épistaxis fréquentes,de scrofulos, de scoliosos, etc...augmentait dans la proportion même de la durésdeb études.

**n

Si encore en épuisant au physique ces petits mar-tyrs de I'instruction, on arrivait à faire des hommessupérieurs au point de vue intellectuel et moral t

Si on leur donnait, au lieu d'un léger vernis d'éru-dition momentan6o, la science durable des ehosesessentielles I Si l'on fiompait fortement les oarag-tères... I -

Mais non I

Sur co terrain commo sur l'autre, I'insuccès finalest comple[ ; et nous relevons contre le 5urme-nage, dans les mémoires présentés à l'Académie,desgriefs commb ceux-ci : < Annihilation de ia volontéet de l'énergie morole. o (D'Lagneau.) - c Épui-

Page 439: Les enfants mal élevés

irow; les docteurs anglais Ashby, Stally, Drewith,Ilonkin et Gibbon, anivsnt aux mêmes conclusions.

Le docteur Cohn signale les écoles supérieures ds

Breslau, d'Elangen, d'Heidelberg, dans lesquelles'cent pour cent, c'est-à-d ite tousles élèves sont attein ts

d'affections de la vuc, sans'parleF des nombreuses

maladies provoquées par la sédentarit6 scolairo.

***

L ooer-press%re des Anglais, a pris une intensitéexceptionnello depuis l'applicàtion de l'educat'io-nal act, à tel point que la Chambre des Lords, laChambre des Communes of la presse méilicale, ontattiré I'attontion des Fouvoirs sur cette éducation

mourtrièro.Et lord Shaftesbury, président de la Commis-

sion des aliénésr.a remarqué que le nombre des ins-titutrices malacles par épuiscment nerveux, (neraou,a

e æhaus ti on), pr anait d' i n qui étant e s proB orti ons.

8r

Page 440: Les enfants mal élevés

*ul r,Es ENF,ANTS MAL Ér,r:vÉs

On veut arriver quand même t que l,on soit douéou non, que l'intelligenco soit ouverte ou rebelle; etI'on se livre à un travail excessif et, fiévrevx, sansconsulter les apti,tudes de chacun.

Il faut que toutle mondo passe sous la même toiseosoit coulé dans le même moule, ct formé de Ia mêmepâte t La médiocrité est obligatoire, et l,orig,inalitéproscrite.

***

- Parlant, spécialement dcs jeunes filles, M. Iedocteur Du,jardin Beaumetz s'est exprirné ainsi àl'Académie : c Étant depuis de longues années char-gé de soigner les jeunes ûlles placées dans diversétablissements d'instruction publique, (et en parti-culier à l'École Normale primairà supérieure dudépartement de la Seine)o j'ai pensé qu'il n'était passans. intérê[ de vous signaler les remarques que j,aipu faire sur elles, en ce qui concerne la questiondus?t?'rn9nqgel qui préoccupe nos collègues. Ces ieu-nes lillcs sont admisos à quinze ans au minimum, àdix-huit ans au maximum, et restent trois ans tlansl'établissement.

< Comme on en reçoit, annuellement 25 sur S00 quise présentento los programmes d'entrée sont trèsbhargés, et los candidates sont astreintes, rle cefait, à un tnavail excessif pendant I'annéo qui pré-cède le concours.

<r Le surmenage présente des inconvén'pnts d'au-tant plus s$rieux, qu'il se produit à l'époque de laformation de la jeuno fille, c'est-à-dire alors que

Page 441: Les enfants mal élevés

LES ENFÀI\ÎS PRODIGES. - LE SURMENAGE &29

fapplication d'uno hygiène sévère est particulière-ment désirable. Ajoutons que ces ieunes filles sont,le plus souvont, dans une position de tortune pré-caire, et que, par suite, leur nourriture ne réponilpas toujours à leurs besoins. Aussi, constate-t-on, lapremière année surtout de leur présence dans l'éta-blissement, qu'elles sont très sujettes à des accidentsvariés.

a Localement, dabord, on note de la myopio, unesaillie exagérée de l'omoplate droite, et une fléfor-mation de la colonne vertébrale. Au point de vuegénéral, -ce qui domino chez ces enfants Cest de lachlorose, et un état d'excitation tout spécial du sys-tème norveux. D

*#*

- c Le surmenage, dit do son côté M, lo docteurPeter, provient de ce que dans les choses de l'intcl-ligence on no respocte pas la loi de l'ofire of de lademand.o: je veux dire que, dans les progr&mmosd'études, la demande est, supérieuro à l'offre, qui est

la capacité intellectuelle des candidats. Or, la naturenous onseigne que dans la masse des intelligences, ce

qui domine, .ce sont les aptitudes moyennes. Enlloubliant, on risque de n'avoir que ûers fourbus ducerÙeani. D

*err

* c En résumé, dit aussi M. le docteur Hardy,rrn cnseigne ànos enfants beaucoup trop de cheses;

Page 442: Les enfants mal élevés

tso LEs ENFANTS ilfiÀL Érr,vÉs

et il serait plus court de dire ce qu'on ne leur e[sei-gne pa,s, que d'énumérer toutes les branches des con-

naissances exigées deux : Cest nne encyclopédie t n

x.fx

3 c S'il esf wai, pcrit M. le dpcteur Gau[içyn qael'on travaille beaucoup dans nos, écoles et lycées, ils'epsuit que la jeunesse studieuse tlevrait, dans les

cours supérieurs, faire preuYe ffun talent oxception.

nel, grâce à la culture inteqsive de l'egseignBrpent

secondaire. Or, notre expérience journalière qCIug

rnontre qu'il l'on estmalhoureusement rien. Commo

il en a toujours ét6, chacun ne donne çPe cç qw'i(

peut. u ,

,F8"

- ( Il faut en finir une bonne fois, dit M. le doc-

tarur Rochard, avec cette instruction de catalogues,

qui effleut'o tout et n'approfond.it rien; avec cette

scienco universelle qui sureharge la mémoire sans

développer l'intelligenceo et gui ne laisso après ellequ'une fatigue souvent irréparable, et un dégorTt

insurmontable pour le travail intellectuel. Jo me

rallie donc avec ompressoment, poursuit-il, à lq pro-positioR de M. Lagneauo ot je propose à l'Académio

de formuler nos conclusions de lamanièno suivanto:c L'Àcadémie de Médecine, pénétréo des inconvé-

nients graoes que présente l'abus du travail rntellec-tuel dans les établissemonts consacrés à l'éilucationdes deux sexes; persuadée qu il porto une al,teinte

Page 443: Les enfants mal élevés

' LES U\FANÎS PnODIGES. -,,t8 Sg+MEIYÀCE r3l

séri,euse à la santé et au développement dos enf,a.nts

qui y sont soumis, appelle sur ce suiet l'attentiondes Pouvoirs publics. D

A notre avis, le mot vrai de le situation a été ditn

avec aut'ànt d'esprit que de justesse par lnun dqs aca-

démiciens : l

a On ne doit pas sacrifrer Thumanité. aux hurntvnitës. n

Page 444: Les enfants mal élevés

)t

I

Page 445: Les enfants mal élevés

r-"

I

I

I

IIYRE QUNZIÈME

T'ETPNOTISME ET I,A PÉIIAGOGIE

CURIEUX EXEMPI,ES

On s'est demandé dans ces derniers temps, siroon-curremment avec les moyens rationnels et usuels

d'éducation, il ne sorait point possible d'utiliser les

influencos de la suggestion' pour améliorer les étè-

ves paresselu( ou vicieux.Divers hommes de science ont répondu de la

façon la plus positive, en invoquant à l'apppi deleur thèse certaines expériences que nous nous ger-dons bien de conseiller au lecteur. Déclinant touteresponsabilité dans cet ordre d'affirmations, nous

laissons la parolo au docteur Bdrillon :

< Il sera possible en bien des cas, en provoquantc l'hypnotisme, autant quo cela ost nécessaire, do

c développer la faculté d'attention chez des enfants

a récalcitrants, de corriger leurs mauvais instincts,c et de ramener au bien des espritn qui s'on seraient<< écartés infailliblement. > (?)

tfrtw

Page 446: Les enfants mal élevés

&s& LEs ENFANTS MAr ÉLgTÉs

De son côté, le docteurladame de Genève dénoncecomme philosophes routiniers coux qui hésitent à se

servir do la suggestion comme moyeû d'éducation.Le profess@ur Beaunis développo lesmêmes'idées

dans son liwe sur lo somnambulismo.Encouragé par ces précédents,le docteur Bérillon

s'est livré à une série d'expériences à cetégard. c D'a'bord, dit-il, il faut que I'opérateur, outre la compé-

tence technique, ait beaucoup de tact pour discornerla rnesure de suggestibilité du sujet... En aucune

ciroonstance on ne ferala moindrc concession à l'es-prit de curiosité...; jamais le médccinne devrapous-ser le sommeil magnétique à un degré excessif, non

plus quo provoquer s des contractures ou des hallu-q cinations (sic). >

Quoi t un simple rnanque, ile tact, une légère im-prudence peuvent avoir de si graves conséqpencesl

A notre humble avis, pareils conseils ne sontguère rassurants.

x5,K'

Le même médecin se fait fort,deguérirde lapeur,de la paresse, et de maint défaut, en utilisant Ia mé-

thode suggestive.Tout cels est à merveille ! Cependant,Ioxpérience

des dernières arinées n'est-elle pas de nature à justi-frer, chez plusieurs, une cert,aine tentation de scepti-cisme en matière scientifique ?

Tout récemment encore, la science n'était-elle pas

assez généralement matérialiste, ou pour le moins

d'unpositivismefort evaucé? Ne traitait-elle pas a.vec

Page 447: Les enfants mal élevés

UHTPNU'I'ISMS ET IÂ PÉDÀGOGIE

un léger rflépris, les philosophos,les métaphysiciens,

et co qu'elle appelait leurs chimères ? Pour beaucoup,

l'âme n'était-elle pas l'ensomble des fouctions, et la

'ro.ensée une sécrétion cérébralê, étc...?Iloir, tout à coup, nous votci amenés dans les ré-

giotrs d'une sorte de métaphysique transcendante, où

,Io vrçIonté seule proiluit les plus étonnants phéno-'mèries, où l'esprit dispose à son gré de l'organismed'autrui, envahit un corps hurnain, le gouverno,

I'anime, le paralyse à sa guise... Quel changement

subit t (l)

*8*

Oui, on pout croirs à la réalité des suggesiionsdans dos cas très limités.

"Mais s'il en est ainsi, pareille scionce a de quoiinquiéter sérieusemon{.

Et,ne point ladiffuser àlalégèro,est un irnpériourdevoir, à peine de troubler les consciences et lesesprits, déjà assez mal équilibrés, à notro époquo.

Qu'on tente dos essais sur los êtres pervertis des

pénitenciers : cela suffit. Car enfino dire'qu'on peutinspirer la bonté, c'ost avouor qu'on peut soufflerl'idée de vengeanco I dire qu'on a la facult6 il'obliger

(l) Les faits de suggestion mentele sonf jusqu'ici, réfractairesauxlois de la physique pure. D'autre part, n'€n déplaise auxmaté-rialisles, leurs af{irmations, en dépit des mots, no sortent pas dudomaine de la métaphysiquo; cor, en Ïétot de la ;cience, touto,dérnonstration enpëqimentale de leur thèse fait.ontièrement dêfaut.À-t-on jamais trouvé l'élément intellectuel à la pointe du scoJpel ouau fond de la cornue...? Or, une supposition n'esf pos un fait,et est€ncorg moins une ,oà

Page 448: Les enfants mal élevés

ra6 LES ENFANTS Mar, ÉlnvÉs I

l'enfant à révéler tra vérité, c'est confesser qu'on PÇutlui conseiller le mensonge t déclarer qu'on s'empprcde sa volonté pour lo contraindre au travail, ciest

reconnaître qu'on est à même, par contre, d'annihiler_ses efforts laborieux t ! .

Et effectivoment, plusieurs méd.ecins indiq"lJent

certains méfaits, suggérés par des manæuvrp$ de

cette nature. / i

***lI

Allons jusqu'au bout, et demandons si unmëchant

maître a'Otuie c doué'du fluitle >, poumait, len fai-sant appel à uno influence hynoptiquo funeste,' stéri-liser par malveillance la bonne volonté, d'un élève

assidu ct laborieux... Un condiseiple, aurait-il aussi

ld moyen dengager son concurrent à déserter fata-

lement la classe ,les jours de composition (l) ?

Qu'on n'oubliopas en efiet, que l'action peut eppor-

tenir à tout autre qu'au sage docteur, qui se livre àces expériences par amour do la science et de I'hu-manité.

Quelle garantie alors, quelle défense invoquercon-

tro les tyrannieso contreles oi,ces de ceux qui appro-

chent do nos enfants t

On se le demande I

Et on le demando.

({) Le professeurcharcot signale le fait d'un collôgion -c hypnotisôo"i ies ô.marades r, et attoint de désordres neryeux qui motivèront'son entrôo à, la Salpétrière. - Reuue de l'hypnot, no g, p.' 178' -c Obéissant à la suggestion d'un camarade vicieux, plusiours On'

fants de récote do ";,-ont soustraitde I'argent à leurs pareltsr pour

rJmettre àun jeune lypnotisegr le produit dslelr vol. r (Coun. d,a

Brur,l

Page 449: Les enfants mal élevés

UHYPNOTISME ET LÀ PEDAGOGIE &97

Nous avons parlé il'activité fatale: il n'y a là riend'exagéré.

Le sujet influencé n'est plus maître de lui-même,après c l'acquiescement D ; il est, chose effrayante I

en quelque sorte à la merci de l'opérateur.Le docteur Bernheim de Nancy r oe déclare-t-il

pas avec bcaucoup d'autres, que, dans l'état d'hyp-noso, c le contrôle cérébral du patient fait dëfaut;c que les idées snruposuNr, et entrent dans le,:s,ryeauc comme pa,r effraction? o

tc*,,.*

H.eureusement, ces curiosités scientifiques ne sontpas aussi fréquentes qu'on le pense communément:il faut des sujets prédisposés et des circonstancesparticulières pour que le phénomène se produise.

Sinon, force serait dadmettre qu'un proprié-taire doué du a bon æiI > aurait la faculté d'obligerses locataires à payer deux fois leur termo, et à re-fuser même toute quittanco susceptible d'établir lafraude (l).

Et réciproquement, un débiteur armé de ce pou-voir mirifique, aurait le moyen d'obtenir la remisegénérale de ses dettes: e[ cola d'une façon non moinsirrésistible...

Voilà qui serait tlela science pratiquet...Unsous-chef ferait conseiller à son supérieur de d.onner sadémission pour prendre sa place...; le créancier

(l) D'après de grâves autorités, un hytrlnotisé donnera dans.eer.tains cas sa signature, et n'en conservere pas le moindre souvonirù son réveil.

Page 450: Les enfants mal élevés

1s8 LES EtvrÀNTs MAL uuvÉs

aux abois, irait trouver un ( opérateur D pour ren-trer dans ses fonds...; tel autre capterait infaillible-ment une succession coqvoitée.,.; enfin Ie Gouver-nement, grâco à une application suggestivo incelli-gente et patriotique, obtiendrait, un double paiementb6névole, de la part des contribuables t I

**x

Un médecin cite le cas suivant : a Un enfant del0 ansrm'est amené par se mère: il est indiscipliné,paressewr,colère, il refuse de manger do laviande...Quand ses parents lui fon[ uno observation, il leurjette à la tôte a,voc emportoment tout co qui sst à saportéo... je I'endors,. of après deux ou trois séanceso

l'eqfant est transformé. rLe docteur y voit un malade: pour nous? ce n'est

autre chose qu'un type vulgaire d'onfant mal élevé.Mais au lieu d'hypnotiser I'enfant, n'aurait-on,pas

pu se contenter de donner à co petit indisciplin6 unesalutaire corroction manuelle ?

C'erlt été moins savant sans doute, mais peut-êtretout aussi efiftcace.

Bref, la suggestion n'est encore qu'un dangerouxtttËir;

deviendra un désordre social, uno calamité,si on l'exploito per amusement ou par cupidité; etolle finira par dérangor complètemont nombr,o d'es..prits timorés ou inquiets.

Cela oommence déjà"

*Gt

Page 451: Les enfants mal élevés

L'IIYPNOTISME ET LA PEDAGOGIE

A voir le gorit du merveiUeux qui onvahit tous les

rangs de la société, et los 'exhibitions tolérées parI'Administrationo on peut redouter très sérisusementquo l'enfanco. qui par sa faiblesso organique et son

impressionnabilifé semble désignée commê sujet' fa-cile, oe deviennevicùin:e des plus funestes entreprises.

Qui donc empêchora un maîtro brutal, ou un père

curiegx, de chgrcher. à remplacor l'ceuwo toujoursdifficito et souvont ingrate de l'éducation, par un oudeux essaip do catalepsie suggestive ?

Ce danger, Rotrs le signalons dès aujourd'hui I Et"quand les' pouvoirs publics, interviendronto co sera,

commo il arrive presque toujours, quand. lo malsera, deoenu un désastre ircëparable-

' *&*

Sait-on en effet quel est le résultat de pareilleoexpériences ?

Un savant docteur italieno leprofesseurLombrosode Turin, atfirme qu'après une série de représenta-tions hypnotigues données à Turin et à Milano beau-coup de spectateurs furent troublés d'une manièreextraordinaire : les uns so sentirent envahis d'unpommeil invincible, Ies autros frappés d.'insomnies

persistantes I coux-ci affolés ; ceux-là anéantis dansune sorte rl'hébétude.

c, Tous les médecins de Turin, dit lo savant pré-c cité, les docteurs Bozzolo, Silva... et moi-même,c avons noté une réelle aggravation dans les mala-c dies nerveuses, dont étaisnt atteints guelques-unss de oos clients gui avaient été hypnotisés n ou

Page 452: Les enfants mal élevés

{40 LES ENFANTS MAL Ér.nvÉs

n avaiont seulement assisté aax repré sentations. p

tes faits parurent si graves, iluo la question futportée devant le Conseil supérieur de Santé de Romo,présidé par M. le professeur Bacceli.

Yoici la .conclusion de la délibération du Conseil,qui a été suivie de l'interdiction de cos représenta-tions théâtrales dans toute l'Italie.

Le Conseil supérieur do Santé: a Considérant, quee les spectacles d'hypnotisme perivent arnener unea profondo perturbation dans l'impressionnabilité du

public; attendur lluo ce dommage peut être grandq, chez les enfants, les névropethes, les individus'a excitables ou alïaiblis, personnes qui toutes onta droit ù uno protection spéciale de Ia part de laa Société;

<t En ce qui concerne la question juridique: Con-e sidérant, qu'au point de vue de la sauvegardeq nécessaire de la liberté individuello, on ne peqt< piermettre que la conscience humaine soit aboli,ec par des pratiques génératrices de faits psychiquesc morbides: comme de rendreun homme esclave de lae volonté d'un autre, sans qu'il ait le sentiment des< dangers auxquels il est exposé: - Est d'avis:

u Que les séances d'hypnotisme, (magnétisme, mes-<r mérisme, fascination), doivent être interdites dansr les réunions publiques. ,

+***

En Autriehe, des exhibitions du même genrefurent suivies de tels aceidents, {uo la direction dela Police à Yienne dut instituer, le t2 février t886,

Page 453: Les enfants mal élevés

L'EfynrOTISME ET LA PÊDAGOGIE 44t ;

uno commission rnédicale préservatrico qui, à ïuna, ,

nimité, a conclu à .l'interdiction de ces spectaclos I

Des mesuros semblables ont été prises en $i,lésieD'autre part, le Ministre de la justice du Dane

rnarh, se fondant sur un rapport du Comité deSanté do Copenhague, en date du 30 décembre 1886,a défendu aussi touto représentation publique de ce '

genre.Si l'on veut avoir une idée plus exacte et plus

complète de la question, on nc saurait mioux faire i

quo de consultor les études de M. Hugues Le Roux.

**x

Comme jurisconsulteo nous accepterioor, qouot à ;

nous, d.e démontrer quo le tégislateur a pour devoir ;

d'intervenir résoltrment, dans un but de réglemen-tation.

Do deux choses l'une en effet:Ou l'influencq ostara'i,e,' alorselle est dangoreuse,

on l'a vu. j

Ou elle ast fausse; et c'est duperie.En tout caso les man@uvres magnétiques ou soi-

disant telles, et les pratiques hypnotiques exercéespar des individus nan doctours, augmentent l'étatmorbide du sujet, et peuvent rendre malades des

gens bien portants.Ainsi, au rapport dc M. Pitres, Donato ù Bor-

deaux, a suscité eomme une épidémie de folio.De son côté le D' Charcot raconte les accidents

trèsséi"ieuxarrivésàChaumont-en-Bas$ignio,parlofait d'un magnétiseur.

Page 454: Les enfants mal élevés

$r w8 Eilr4Nm MÀt, ÉI,EVÉg

Enfin Ie D'Voisin ilit qu'aux mains d'empiriquos,i'hypnotismo peut être aussi dangereu:rquo ia aigitateou la rnorphine.

N'est-ce pas suffisant pour justifier un rigourouxcontrôlo et même l'interilictiono en dehorq des cebi.nets wa,irpent scientifiques ?

... Ily e 60.000 aliénés danq lesMaisons de SantéC'est assezt

Page 455: Les enfants mal élevés

I,rlrRE SEIZIiIME

ExaMENs DE 0uEr.ouEs srsrtunns

-CHAPITRE PREMIER

t.e nÉorruE spARTtATE

Ce régimor og le sait, consiste à élever fenfanten le privant do tout bien-être.

Yiwe avec frqgalité; supporter la douleur storQue-ment, couchor sur la dure, se romprs a,ux ."e"cic.,violents... telle sst l'éducation dont Lacédémone êj;fltjffiilple, er qui n'esr poinr spéciale au pays,

En réalité, les natures faibles et les oonstitutionsdélicates étaient sacrifiéos à I'intérêt de la race.

Mais l'éducation spartiate se distinguait surtoutpar 1l mjse en pratiqpo de cette doctrinp, à savoir :gue l'enfant appàrtient à la Républiqueo avant d,"p_partenir arD( parents; et_qu'il importe de voir en luile futur edtoymo et non le fiIs.

**r

Page 456: Les enfants mal élevés

&&& LES ENFÀNTs MAt ÉlpvÉs

Cette éducation essentiellement utilitaire, étaitindépendante de toute moralité.

N'autorisait-on pas le vol, pourvu qu'os sfit dissi-muler Ie larcin?

Qui n'a lu l'histoire de ce jeuno Lacédémonien quis'étant approprié un renard et l'ayant caché sous

son manteau, aima mieux sg laisser déchirer la poi-trine que d'être pris en faute ?

C'est bien uneparoillo morale que de nos jours onpourrait, selon I'amusanto traduction de M. Alph.Kam résumer en ces quatre lettres : S.G.D.G., (se...garder... des,.. gendarmes).

g

âF "*

Une fois par an, Ies jeunes Spartiates étaient au-torisés à immoler dos llotes, pour s'habituerau spec-

tacle du sang.On les fustigeait en public, pour leur apprendre à

subir la clouleur passivement.Leur unique nourriture était le brouet noir, com-

posé do farine, d'herbos e[ d'un pcu do sang.On raconte que la célèbre madame Dacier poussa,

I'amour grec, jusqu'à vouloir offrir à ses invités Ie

vrai -brouet, d'aprèsla formule an[iquo.On composa une table de savants hcllénistes, e[

l'on servit lo plus archaïquo des entremets.Par respect humaino chacun se résigna à absorber

cctto affreux mélange; mais plusieurs on fut'ent ma-lailes t

g*"'t

Page 457: Les enfants mal élevés

QTJELeTIES svmÉups orÛnuartox

La vie spartiate n'est plus de notretemps...Il y a une raison majeure à cele. D'une part, les

I families protesteraien[ unanimement, si l'État voulaiti s'imposor d,ans cet, ordre d'idées; et d'autre part, lei s'imposor d,ans cet, ordre d'idées; et d'autre part, leI t , t. t t . r

lbieo-Ctre et lo confort ayant pénétré dans tous les

lr"ogr, il faudrait commencer par obtenir dos pa-

lronir qu'ils se contentassent, Pùur sux-mêmesod'une

ffrugalité aujouril'hui bannie de nos mæurs-

' Or, l'entreprise n'est ni proctiaineo ni mêmeovrai-

semblable' . s,an**

Toutefois, il est avantagetx de soumettre ses fllso

guand lour santé le permet, à une certaine dureté derégime.

Rien ne trempe mieux l'âme, et ne virilise autantla volonté.

Des maîtres expérimentés recommandent spécialc-ment la c gaillardise r dans l'éducation,

Ello c.onsiste en coci: inspirer l'énergie contre ladouleur, la privation volontaire d'une friandise, lepardon généreux des injures, I'acceptation résolued'une punition pnéritée, la sincérité dans I'aveud'uno faute...

Par ce moyen se formcnt les caractères ouver[s,gais of aimableso les meillcurs de tous.

Page 458: Les enfants mal élevés

CHAPITRE SECOND

tEs AGES CHE\'ALERESqUES

lres chevaliers estimaient, non s&ns motif, que leconcours ile tierces personnes était utile Pour aider à

' l'éducation, à condition quo lo père choisît soigneu-sornent celui qu'il so substituait.

Dès quo le cjouvencetu D arrivait à l'âge de 7 ans,

on le retirait dcs mains des femmes Pour lo confieraux hommes.

Après leb premières leçons regues au menoir pa-

tornel, les seigneurso suivant une coutumo très gé-

nérale, envoyaient, donc leur fiIs chez les plus esti-

mables chevaliers, auxquels ils étaient unis par losrng ou par Ïaffection, alin de procurer au futurécuyer le complémont d'éducation qu'on appelait :bonne nourriture.- C'était un honneur véritable que d'être désigné

pour une'pareille mission (l).

***

Quand venait le moment de la séparation, qlri de-

vait quelquefois durer bien des années t Ie père don-

g) voir ls savant Dictionnaôte des ô,nstàtuttons ct tnours fu laF'rancc par M. ChéruoI.

Page 459: Les enfants mal élevés

QUETQUES SYSÏÈMES D'ÉDUCÀTION &&t

nait à son fils sa bénédiction, en I'acconrpagnant de

ses dernières instructions, qui se [rouvent réunies

dans la belle allocution suivanto :

c Cher fils I c'est assoz t'attarder aux cendres casa-

< nières I Il faut l,e rendre aux écoles de prouesse et

<< de valeur ; car tout jeune damoiseau doit quit-

<< ter la maison, paternelle, pour recevoir bonne et

c louable nourriture en aultre famille, e[ deveuir

< moult expert en toutes sortos de doctrinos"'< Mais, pourl Dieu ! conserve l'honneur t Sou-

c viens-toi àe qtri tu es fils, e[ no forligne pas t sois

brave et modCste en toutes rencontres, c&r louango

est réputée blâme en la bouchc de celui qui se(f

(<< Ioue, mais celui qui attribue tout à Diou est exaucé'

a Sois le d.ernier à parler dans les assemblées, et

c lo promier à frapper dans les combats ; lorie le

u mérite de tes frères: car le chevalier est ravisseur

<c des biens d'autrui, qui tait les vaillances d'autrui.c Cher fils t je to recommand'e encore simplesso

c et bonté envers les personnes de petit état : elles

c te porteront plus de remercÎments que les grands,

o qoi reçoivent tout, oomme dette à oux acguise ;c tàndis quo le petit se tro\ vera horloré de tes douces

<< manièrôs, et te fera partant los et renomméo' >

Quoi ilo plus charmant et do plus touchan[ que ce

discours? I i

"%

 l'heure tlu départ, la mère donnait ( au ig":vencel D une bOurSe. a ouvrée de seS rna,rns r, et luiattachait au cou un signe Pieux'

Page 460: Les enfants mal élevés

4{6 tES ENFANTS MAL Nr,UVÉS

De'poncôté, lo patron.de l'enfant devait, commolrn nauveau pèro, avoir soin du futur gentilhomnne,le préparer au métier des armes per de mâles épl'eu-

ves, et lui enseigner la pratique des nobles vertugde l'Ordre auquel il aspirait.

... A cetto époque, on attachait los voleurs à unosorte de croix comme gibet. Maintenant, Cest l'in-verse : ce sont les croix qu'on attache"aux voleurs t

Du moins on en cito des exemples.

**x

Revenant à notre tempso nous dirons que le meil-lcur éducateur n'a pas toujours les aptitudes vouluespour être bon instituteur, à son propro foyer.

L'expérience du maître d'école le plus 5nodeste,

vaut infiniment mieux'qu'une science profonde et

vastg, disproportionnée avec les moyens de'l'enfant-

Rien ne saurait compensor le'sQvoir du praticien'

*s*

L'rnstnumloN sera d.onc, autant que possible, don-néo par de tierces personnes sous Ia surveillance de

la famille.Car, non seulernent l'enfant sera plus docile, plus

souple, plus attentif devant un étranger; mais chose

plus importante à notre sens, les parents n'userontpas leur autori,té dans uno tâcho que d'autres peu-

vent entreprendre en leur nomr sa.ns inconvénientvéritable. \

Point de doute t si lcs parents senûent qu'ils Inan'

Page 461: Les enfants mal élevés

QUETQIIES SYSTÉMES D'ÉDUCATION

quent, tle la patienee nécessaire pour répéter conti-

nucllement, disons pour << serinor D ' car Ie mot est

vrai, les premièros notions enfantines,,qu'ils ( pas-

sent ls main > à un maître ou à une maÎtresse, et

qu'ils se résdrvent la haute mission o'Éuucetnuns

moraux.

o*o

Un professeur enseignera le calcul, .l'orthographeol'analyse grammaticale, au moins aussi bien que

pou.râient le faire les parents. Il est doncexpédient'(quand les circonstances le permettent), dolaisser en

partie à d'autres cette charge ennuyouse dinstitu-teur.

Les réprimandes, les corrections, Ies punitions du

maître resteront à sa charge : on le paye un peu pour

cela ; et les parents sgrontff autantplus chéris, d''autant

plus fêtés, qu'ils auront moins contristé I'enfant'

Qu ils fassent cultiver et défricher son TNTELTJGENCE:

ils le tloivcnt...Mais qu'ils se gardent ialousement pour le grand

æuvre tle la formation clu cæun.

Le jarclinier dirige i.es plantes, les greffe, les

taille Àt 16 émonde; mais iI charge ses ouvriors dee

travaux wlgaires, où l'ar[ n'a que faire..-Ici, on Ie devine, nous ne parlons que des fils de

farnille.Au contraire, quand il s'agit des pauvres, la situa'

tion est tout au[re, hélas t le père ouvrior, doit dono

trouver dans I'instituteur,, ltn ëdueateur' qui le rem-

'place, et non point un ( neutre n. æ

Page 462: Les enfants mal élevés

{

,) i

CHAPITRE TROISIÈME

UÉOUCNTION ( A 1â JEAN.JACQUES T

. J.-J.. Rousseau a laissé trop {e diseiples, tropd'irnitateurs,, pour qu'il soit possible de passer sous

silence ses doctrines, en matière déducâçion,Ouvrez ses @uvres? et vous y apprendrez gue

l'homme à I'abri des influences sociales, serait un

être excellent, et qpe l'enfant livré à lui-même s'é-

panouirait dans la vertu.Telle est le base do l'argumentalion qu'il déve-

loppe.

*tt

Comment t on netrouverait en soi, à I'origine que

nobles désirso heureuses tendances, et louables as-

" fr,irations... ! Mais la plus légère attention donne un- déménti formel à une thèse semblable !

." ,Ep.efiet, l'instinct de Ïenfant ne le pousse-t-il pas'à 3âpproprier ce gur lui conviento en prenant au be-

soin le bien d'autrui.. . ? à dis'simuler ,sep fautes et' 'qup éôqrts par 'la duplicité et la ruse... ? à exercer dos

reiprésôiiled si on le provoque et si,on I'trrito...?"' - -Pês'

suiteo oe qui est naturel, Cest dbiie Le aol.o Ie

Page 463: Les enfants mal élevés

QUELQIIES D'ËDUCATION 15t

tnensonge et lâ aq?,geance, et non qualités con-traires !

Il fallait êtrol syst6matique comme l'était Rousseau,pour so rnettre{ en opposition arlsqi,Ilagranto avec lavérité des chosês.

{r**

Poursuivons I notrg enalyse.s Ïr'enfant est naturellement bon, maisl'haleinede

< l'homme est mortelle pour lui, > dit-il.Cepend.ant, autant que les fou"rmis, les castors e[ '

lBs abeilles, nous sommes considérés, non sans rai-1

son, comme 6tant d,es êtres sociaôles; et isolerl'homme seraitisimplement en faire un sauvage. ''

Tantmieux t is'éoriera Rousseaur {ronous ne nouqattarderons pas; à réfu{er ici...

Et, lcgique à sa manière, Jean-Jacgues, abandon-nera ses enfarits... tout on se permettant d'écrireun traité sur l'$ducation id.éalo, incarnée dans souIimàle. I

Émile sera a Élev, " ,î".tampagne...Cela suggère une réflexion.Que feront teb habitants des villes ? EnvenrooË-i.ls

leurs fils respirdr l'air des'champs dans des pension-nats ruraux ? l

Mais alors cette vie commune, présenterait à peuprès tous les

'inconvénients dos agglomérations

urbainos.Voilà qui rappelle le mot do M. Prud'homme : on

Page 464: Les enfants mal élevés

LES ENFÀNTS MAI ÉLEYÊS

devrart construire les grandes cités à la campagne.co serait plus sain I

Émile n'ira pas en classe : a il aura. un précep-teur... o Cn voit combien l'idée est démocratique etpratique t

xË*

En morale, Rousseau n'est pas moins négatif.Il écrit cettb phrase curieuse: a L'éducation de

a l'enfance, ne consiste pointà enseigner la vertu nia la vérité, mais à garantir le cæur du viceo et l'es-c prit de l'erreur. r

... Comment,^garantira-t-on duvice s&ns enseignerla vertu ? Comment fera-t-on comprendre l'erreursans parler de la vérité ?

, L'auteur a oublié de le démontrer.Lefait est que la tâche était diffïcile,tEt repoussant toute tradition, Rousseau veut quo

fenfant refasso chaque jour le travail de l'humanitécntière, et invente en quelque sorte sciences, arts,et religion...

C'est le oharger dewe dos siècles.

recommencer à lui seul Iæu-

*u**

Ëmile, poursuit Rousseau, aura un précepteur;toutefois, ses vrais maîtres soront c Ïexpérience el

Ie ssntirnent D. Si l'élève manque à son devoir, on

lui en laissera c subir les bonséquonces p. Co sera

une leçon profitablo.A merveille I

Page 465: Les enfants mal élevés

euEr,euns sYSTEMES n'ÉDUca,tIoN &sE

Mais si l'enfant commet une faute dont les suitesn'ont rien de désagréable, au contraire, il se trouveradonc encouragé à recommencer?

... Par exemple, il dérobe un paquet de chocolatou un pot do confitures, sans que l'on s'en aper-

çolve.Quellos seront pour lui les consëquences du lar-

cin...? Simplement de mettre à sa disposition des

friandises pour uno semaine.Où voit-on la sanction ?

Ainsi, le nza,l n'existerait pas, et une chose ne

deviendrait mauvaise que par les inconvénients quipourr4ient en résulter... t

Morale facile t

ls**

Émile, aura sa pleineliberté d'impressions... L'au-leur so contonte de -lui fa.ire rencontrer dans ses

voyages un certain nombro de personnesi apostéesexprès, pour fournir prétexte à des digressions gé-nérales et transcendantes.

Tout est artiliciel dans cette éclucation prétendues naturelle r, qui, selon l'expression de M. de La-martine, semble destinée uniquement au fils de Phi-'lippe, ayant Aristote pour maître, Ia Macédoinepourhéritage, et le Monde pour théâtre.

On laissera grandir Emile... Il choicira tout seulopinions et croyances; car on se gardera bien de luiensoignor uno doctrine : toutes les traditions dufoyer seront écartées.

Il ne connaîtra Dieu qu'à l'âge de seize ans envi-ron; et c'est à cot âge également, que Rousseau fera

Page 466: Les enfants mal élevés

tsd LEs ENFÀlrrs MAL ÉrnvÉs

comrnencor (t l) la discipline do la sensibilité. Bref, lesystème peut se résumor ainsi : on songeqa à éIeverI'enfant, quand il sera p&rvenu à l,adolescenco.

lç*x

0{y a-t-il done de commun entre ces utopies, cesBaradoxes et_les idées prqtiques Qui font l,àb;et deeo volume? Pourquoi même-en parler !

Yoici notro réponse.Grâco aux pagod séduisantes de Rousseau qui a

' c fait écolo r o bion des parents se refusent à croiregu'entre der-lx et quatre ans se placo la phase déci.sive de l'éducation, et dls ajournent indéftndment romoment c de. se mettre à l,æuwe n.

Fn second liou, c'est encore des inspirations d,el'Ii;mlle que proclde cetre opiuioo foril+*aue,,errefutée ailleurso à savoir. que res enfants dàivent par' eux-rnêmes tout voir, tout expériinentero pour sefarmer(-) le cæur et,l'espi"rt, et sà détermineiensuite.

a ces divers titres, un chapitre sur Rousseau avaitsa place indiquée dans co livre.

M. Yillemain appréciant l,ftmite dit :,c L,auteur< promène beaucbup et, partout son élève; mais onr ne voit vraiment pas

'eonzment il fait naître lesa qualités morales qu'il lui s*ppose. Et it lui semblec plus facile d'attaquer los

_opinions des autreso {uoc de démontrer la bont6 de sa méthodo propre. D

Disciple fidèle de l'école elassique, itisâns en ter-minant notre edmiration pour Ie styte prestigieux+t puissant de Rousseau i ot, à !a décharge du ,amémoire.rappelons gu'iln'a jamais connrr ù mèrê."o

Page 467: Les enfants mal élevés

a

1

csÂPitRE QUATRIuME

uËouonrtoN NATIoNALE

I

Sous la Convention, l'amour dos iempt ancions

suggéra uno ûèvre d'éducation nationale, dont Saint-Just a donné tou[ uri prograûlme : Les enfants se-

c ront vêtus de toile en toute saison; ils coucheront( sur dos nattes et doriniront I heures ; ils seroutc nourris en commun, 'et ne vivront que de raci-< nes, de fruits, de légumeso de pain et d'eau. Ilss no pourront gorlter de chair qu'après l'âge de

c L6 ang... rLe.discours fut très applaudi, mais Ia doctrine

méconnue... et pour causelCéteit bon pour Lacédémsne, non pour Paris.

*#*

Une éducation uniquemenl nationalo, est nne

ube-rration politique.A moins d.e poursuivre un but sectaire, il est dif-

ficile de soutenir, quo les parents ne soRt point, de

par la Nature et la Providonco, les représentantsarais $es intérêts de I'enfant.

Ira Fafrie soule, disait Robespi'errêt r le tlroit

Page 468: Les enfants mal élevés

IB6 I,ES ENFANTS MAL IitEVÉS

r d'élever s's enfants. Elle ne peut conlier ee d6-'e pôt

-à llorgueil des familles ini aux préjugés desc particuliers r.

;

(Conoent., 22 féwier an II.)<r Il importe, soutient Grégoire, {ue l,éducation

c s'empare de la génération qui naît, qu'elte aillec trouver l'enfant sur les genoux de sa mère, danss les bras de son père. r (I8 floréal an I.)

c Qui me répondra, demandait, de son côté Dan-t< ton, que les enfants, travaillés par l,égoisme desc pères, ne deviendront pasdangeruu*porr la Répu.c blique ? r

Ou, comme lo dit plus crûment encore, Le Bon :c Il faut remplacerles pères et, mèrosr pôrc cation commune obligée. n

ifr''..'

x**

Ce sont les enfants de la Patrie? - - j

Je le veux bien; mais les parents y sont peut.,êtrepour quelguo chose aussi...

Or, les traiter en suspects, se réserver le droit deformer les descendants en dôhors, et même à I'en_contre des volontés de Ia famille, estune entreprisecontre la justice et la liberùé.

Nous n'oxagérons rien : c'était la eonfrscation deI enfant quu l'on revendiquait alors, au nom dp laNation; et I'idée s'est un peu réveillée de nos jogrmon le sait l

***

Loin de nous la pensée de contester ce gue la ôou*

Page 469: Les enfants mal élevés

ûUEIQUES SYSTEMES D'ÉDUCATIOI\ e67

ventic D et notre époque ont fait ffutile, en faveurde l'enseignement public t

Mais on voit que les systèmes d'éducation natio-nale, imaginés indëpendamment de la volonté dupère, aborrtissent à une sorte de socialismo violent.

< Entre l'onfant et Dieu, écrivait M. Foucher de

Careil, qu'il s'agisse des prescriptions du législateurou de la loi innée, je ne vois point place pour unautre que pour le père. a

Le communisme qui convoite la fortune d.'autruiet prétend se substituer aux-propriétaires légitimes,n'invoque-t-il point ëgalenzent la raison politique?Que deviennent donc les droits de liindividu?

sr*x

UÉtat peut-il se désintéresser de'l'enseignementpublici Nullement.

Il doit au contraire s'en oc{Juper of s'en préoc-cuper sans cesse, non pour contredire ïautoritéet les væux paternels, mais pour les fortifier, les ap-

puyer of les mettre à exécution.Dans cet ordre d'idées, l'État se comprend surtout

commo pouvoir exécutif des volontés familiales : làesl sa vraie mission.

Tient-il compte du désir des minorités...? Il estlibéral.

S'impose-t-il au nom de la force et du nombre... ?

II est intolérant.

e**x

L'État se jugeant doué de toul,es les aptitudcs elde la clairvoyance vouluos, pour manier à sa guiso

Page 470: Les enfants mal élevés
Page 471: Les enfants mal élevés

tiç-TF'i6r-trti

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F|.tl'lrIrIII

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[ ûHAPTTRE CrNQrrrÈMEù

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!,ft !.'NTERNAT - LE FOYERr

I

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t

I S'il existe des internats occeptables, iln'en est pag

lile bons absolument:

I Uét*ri il est parfois Récessaire d'y rêcourir, bien

ique ce soit en général un malheur pour I'enfant.L'interneo à raison de la r4gularité à laquelle on

l'astreint, donno peut-être plus de ternps à l'étudequo l'élève externo. Cependant, ça supériorité intel-lectuelle n'est pas établie par les concours.

Quant au point do'vue moral, la différence ost

""ôl'tiltir,tu*o*t ne soir point, funeste : voilà rout cequ'on peut ospérer de mieux t

Pareil négime amoindrit chaque jo* l'action desparonts, justement à l'âge où les sentirnents sont enpleine formation.

Bgn gré mal gré, llenfant s'accoutumora i[ se pas-sqr de t'amillel êto quand il sortira des ;ôserites deI'intornat, il n'aura qu'un désir; for[ excusable : celui,lu grand air srns mesure, colui ds la liberté sansfroin.

't 8*s

Page 472: Les enfants mal élevés

660 LES ENFANTS MAL Ér,uvÉs

Le père n'ayant jamais eu lieu ffexercer l'auto-rité, ne saura pas commander alors; et le fils, de soncôté, n'obéira pas volontiers à cette espèce d'btran-ger qu'il n'aime presque point.

On s'estdébarrassé de son fiIs...? A son tour, celui-ci se débarrassera au plus vite de ceux qui le mori-gènont.

Et quel plaisir trouverait donc l'enfant revenantpar hasard au foyer?

Les amis paternels lui sont inconnus, et il leurest complètement indifférent. Il s'est fait uns vie àlui, tout ien dehors des affections de famille : c'étaitinévitable t Il a ses relations, s& rnanièro de voir,et souvent sotr, journal propre. Ses habitudes sontprises : rien ne saurait les remplacer, enoore moinsles transformer.

**x

Observez un interne un jou.r de sortie...Depuis quatro somaines il n'a point eu de conver-

sation suivie avec son père et sa mère; il doit avoir.mille choses à leur communiquer...? Nont Il de-meure silencieux, indifférent, déræov.é et rnorose.

Et cela se coniprend.Quanil par exernple des amis se rencontrent fré-

guemment, la conversation est inépuisable. ,On a

suivi maint épisode de détail; on s'entretient de ces

riens, deces particularités journalières, dontla suitnet l'enchaînement constituent le seul intérêt.

Mais qu'on se retrouve au bout diuno longue ab-senco?... on resto muot.

Page 473: Les enfants mal élevés

QUELQUES sYsrEMEs o'ÉDucLttotl ,&6r

On a trop à raconter' pour se décider à ilire quel-

que cltose.Aplusforte raison est-on découragé ffavance, quand

oo *"it que la'causorio est sans lenfulmain, e[ que laahaîne de I'entretien commencé Ya se briser pourlongtemps.

*u*'n

D'autre part, avouons-lo, ce qtr'il y able d,ans l'éducation domestiqueo Cest

of l'absence d'émulation.On a d,es maitres, dos professeurs,

rrrsis :

La Lundi on va chez l,e tailleur;Le Mard,i on assiste à un mariage;Le Merered,i d'aimables visiteusos trennont, à

embrassor le < cher enfant r;I'e Jeudi on se rend chez lo dentiste;

' Le Vend,red,i,le professeur ost malade;Le Samedi c'esl l'enfant qui se dit soulfrant'llt le Dimanehe..., on se repose.Brofo les interruptions dans le travail sont conti-

nuelles.

*&x

Toutefois , pareils inconvénients peuvent êtreévités. La demi-pension ou les ,eours, semblent

répondre à une double exigence r otr conciliantsuf{isamment la vie familiale, (dans l'intérê[ mrrral),et la vie srlolaire, (dans I'intérêt des études).

Oui, l'ônstruction dans la classe, et I ëducation

de défavora-l'irrégularité

s&ns doute I

Page 474: Les enfants mal élevés

{62 IES ENTANTS IUAL ffiNVËS

au foyer, tol est le systèmg mixfe^gu'il conviqnt dqprôner, tout eD reconnaissant gue, seulesl, lesfamillps aisées sont, à grêm9 dr rg.courlr à cett{ heu-reusg combinaisou.

i

Qganl È l'9ef"qt du peuple a a contraire, ilesd jrtsteavons-nous dit, que le pèro empêché, puisse lui fairgdonner dans une écolg de son choix I'instructioin,"ETl'éducation simulÉpnées : autremento la démocratien'est qu:gn vain mot.

Page 475: Les enfants mal élevés

ITVRE DIX.SUPTTÈITM

IIE T'ÉDUCATION PAAENTS PAA I.E$ ENPÂI{TSI}ES

_ tiLgs-nols bien? sp dira Ie leofeur,' euoil. .. Earles enfants!'

Bst-ce uno gageuro do l'auteur? ou une malencon-treuse c coquillo u de I'imprimeur ?, Non pas t

J'aceords que le mot a unp formo paradorale...\éqnmoins, sous cette appare+ce, se cache une

vérité rigoqreusemeqt exacte.Nous espérons le prouver sans retard.

' [. J 15 TENITE.:n yo pelite chériel dit 11 mère, tiens-toù done

a. mieum; on ne eroise poirôt tes jamb,es aônsio cê'' ! n'çs\ paç bon, genre. D

\. roo La pauwe mainan n'p trloint remarqué gue le.papa, enfoncédans un'moelleux fauteuil, est en,trainde lire son joufnal, dans la position v'ertement bla-mée chez l'enfant.

A cette observation qui le sort, do sa ,torpeuro Iepère, s&ns avoir I'air d,o-rien entendre, laissË glisser

Page 476: Les enfants mal élevés

LEg ËNFANTS MÀL ÉtEVËg

sans bruit Ia jambe sur le tapis, et reste silencieux,avec la modestie qui convient à Iasituation.

***

Un instant après, distraitpar un article à sensation,il oublie l'incident, et bientôt se retrouve dans l'at-titude première : c Faisons attention I pense-t-ii,c Pounnr qa'elle ne m'ait point vll. ,)

... Et d'un mouvement brusque et résolu il serétablit dans une tenue correcte.

Désormais la résolution est prise : il se surveillera.Sinon, comment la mèrs poumait-elle avec raisonréprimander l'enfant, Iors du prochain manquement ?

, x**

On reçoit des amis.Le petit gerçon est autorisé à faire courte soiréo

dans le salon,Tout à coup, baby lance un bâillement sonore,

eccompagné d.'un long miaulement modulé. c Vou-lez-oous bien oous taù"e ! Monsi,eur t Saaes-aous(rue ce que oous aozts permettez l,à, est très mal-honnêle I >>

Le lendemain, après dîner, on est en tête-à-tête ;la maman ne penso plus:àl'observation faite. Lasséetl'une journée laborieuse, elle néglige de contenirou d'étouffer avec la main un ( hiatus > involontaire,qui vient frapper I'oreille de l'enfant....

Celui-ci regarde, et songe avec étonnement à l,in.terpellation cle la voille...

Page 477: Les enfants mal élevés

DE L'ÉDUOÀTION DES PARENTS o pAR LES ENrrÀNTS,n &0b

- Supposons-le bien élevé et respectuoux : il so gar-dera de faire aueune observation, mais il n'en pen-sera, pas moins.

Cependant, la mère a lu dans les yeux de son filslc sorito logique qui .se déroule... Dorénavantellene s'oubliera plus : elle comprendtrople danger desinconséquences.

***

On rocommande de ne point. s'accouder, do nepoint sifflor', de se tenir droit...

C'est parfait I

Mais encore sent-on la nécessité impérieuse oùI'on esto d'éviter guant à soi ces incorrections

o

contro lesguelles on a bien raison do prémunir l,en-fant,?

il. -

LE LANGÀcE

f. -D'excellents pAres parlent avec unlaisser-aller,

tolérable dans l'intinrité, excusable autre part, maistrivial en tout cas.

Ycut-on exprimer qu'on ne prend nul souci de l,o-pinion de quelqu'un... ? On dit qu'il peut < s'allerpromener t r> i on I'envoie même ni plus ni moinsqu'c au diable I r ; et slil n'est point content c ons'en fi... t n L'onfant, retient ces expressions trèsénergiques, qui donnent du relief à la pensée, et àcôté clesguelles le mot juste semble insipide et ineo-lore.

Au premior jour, il emploiera bravement les8ti

Page 478: Les enfants mal élevés

[66 tES ENFANTS MAL ELEVÉS

formules paternelles, et demeurera tout interùit et

déconcerté quand. il les entendra blâmer alors.Doneo ici oncoreo los parents surveilleront leur

propre langageo comme ils ont fait pour leui tenue.

il. - Il y a un certain,nombredelocutions vicieu-ges, de fautes grammaticales, comnnunes ce semble

à tous les éooliers.

, Beaucoup d.'élèves conservent, même pendant fortlongtemps ces habitudes de mauvais langegên et ontune pcine oxtrême à s'en débarrasssr complète-ment:

c Je no sais qu'est-co qtib c'est I I ttu lieu de: ce

que c'est' < Je me suis en allé; D pour : je m'dn suis allé.< La poupée à ma sæur; D pour dire: ld poupée

de ma sæur, etc...Et tandis queo sur vingt personnes du monde, il

n'en est pas uno qui confonde venimeux avec véné-

noux, ni coasser avec fcroasser, il en est plusieurs ùqui les lap.sus précités échapperont à leur insu.

'g

*ç"'àlê

Cela tient, j'imagine, au procé.dé détêstoble, ditcaccigraphie, qui consiste à faire recti{ier par les

enfants novices des forrnulbÉ ihcorrectes, placées

sous leurs yeux eh liste interminable, comme pourbien gruv.* la fairtê dans la inémoire de Ïélève t Sys-

tème profondément absqrde, mais très répandu.Et cle jeunes orateurs nous ont confié qudle earae-

tère hésitant ile leur paroleo provenait du troublsprovoqué dans leur osprit et daris leur oreille, par le

Page 479: Les enfants mal élevés

DE L'EDIICATION DES PÀRENTS { PAR LES EIIFA-NTS " e67

souvenir tle l'expression fautive, avec laquelle ilss'étaient trop farhiliarisés.

,x**

Yoici par oxgmple une grammaire enfantind, danslaquelle on préterid mettre en garde ccintre des con-fusions do ce genre : As qui puê, pour ; occiput t -Pâ,le fermier, pour : palefrenierl...

Or, iamais écolier n'aurait de semblables idées, sil'auteur ingénieux, mais sot, ne les suggérait àplaisir.

Au contraireo très facilemento si l'on n'y fait atten-tion, il dira : désagrafer, soupoudrer, confusionner;au lieu de: dégrafor,

'saupoudror, couyrir de confu-sion, etc.

Il prononccra encore : secoupeo rebillade, compari-tion, en{lammation; ou lieu de : soucgupo, rebtrfrade,comparution o infl einniatibn.

x** j

Que de choses à surveiller dans son propre lan-gage t

Un vieuxgrammairien assurait un jour, que daprèsun pointage rigoureux, sur vingt personnes prisesdans la société moyenno,'ilix-sept omployaiont cou-rammen t l'expressi on vicieuse : j e m' on rapp elle, pour :

jc mele rappelle.La ren.arque est oxacte.N'arrive-t-il pas à maints parents, au moins dans

l'intimité, do laisser échqpper des locutions comfliosolle-ci : Nous partons à la campagno. - Je vous

Page 480: Les enfants mal élevés

èS8 LES ENFANTS MÀL ÉtEVËS

promets que je dis vrai. - Le combien du moissommes-nous ? - C'est ciselé à la perfection. -Sucrez vous... Autant de phrases incorrectes ,qui n'offusquent' que très médiocrement nombred'oreilles, mais qui, en réalité, ne soû[ pas plus fran-

çaises que los mots horribles : ormoi,re, colid,or oucasteçole.

*8x

Quant à ïorthographo, nous ne ferons qu'uneremarque: l'enfant qui n'écrira paÊ a,perceuoi,ravecdeux p, sera né coiffé.

ru. - LEs Lucrrrnns

On reçoit au foyer un journal dont la soconde

page, relate a,vec complaisance les petits scandales

mondains, les procès croustilleux... On n'aime pointles choses indécentes, sans être toutefois ennemid.'uno cortatno gauloiserio.

On achète un volume nouveau. Le livre est ris-

{ué; Cest vrai t mais si admirablement écri[o qu'onlo garde...

Yous savez en effet, lecteurs, quo les honnêtesgens (à les on croire) nolisent pasun ouwageimmo-ral... Ils prennentbien connaissa.nce de ce qu'tl con-tient, du commencementàlafin, sans passer une seulepage...; mais seulement pour voir e si' vraimentCest aussi fort qu'on l'assure I r

Page 481: Les enfants mal élevés

DE ITÛDUCATION DES PARENTS ( PAR LES ENFÀNTS Û 469

Baby grandit.On lui a interilit -de jamais lire lo journal, ni

les ouvragos qu'il poumait trouvet sous sa main o

tout en comprenant à merveillo qu'il serait plusprudent de no pas placor le danger, si près de lui.

Un jour, les yeux des parents tombent sur un ar-ticle brutal, sur une pege grossière; et à l'instantoon prend une résolution énergique, devenue undevoir manifeste: on sedésabonneaujournal, ou l'onbrfrle le volume.

... Eh bient n'est-ce pas à Ïonfant qu'est drl cet

ossainissement moral, auquel on n'efrt point songégans lui?

Ainsi, grâce à lui, il y'a déjà au foyer : l" plus de

oorrection dans la tenue ; 2o plus de réserve dans lelangago; 3o plus de discernement dans le choix des

lectures...C'est co que nous appelons : l'éducation des pa-

rents.Continuons la démonstration.

W. - Lq FoYEn nsspncrÉ

Depuis de longues années se trouvent dans I'es-calier, dans l'antichambro ou lo vestibule plusieurbstatues, dont le débraillé ou le décolleté n'avait en

rien effarouché les habitants: a décolleté > est unpur euphémisrne...

*ç**

Parfois mêmer il y a dans l'étagère aux bibelots'

Page 482: Les enfants mal élevés

&70 EEs ENFÀNTs MÀL ÉlnvÉs

sur Ia cheininée, ou dans un cadre mural, tel sujetntelle allégorie plus ou moins rnythologiquo, rappe-lant diverses infamies des âgos héroïques, forgéessouvent par l'imagination des poètes ou par le dé-vergondage d'un certain art.

La figurine est parfaitement indécente t moiscomme elle ost en bronzeurai, en bàt ivoire ou enuieil érableo gl +e s'occupç pas de l'idée repré;sentée ; on oonsbrve l'objet chez

'soi, et on l'exhibe

mêrne à I'endroit Ie plus apparento à la placed'honneur.

Il a d,ç la aaleur J voilà qui suffit à le rendre to-lérable. Ah t si c'était en plâtre, en gélatineo ou encarton, oû jetterait'au panier avec mépris cettolqhoseoffensante I

L'estampp est grivoise, la grav,ure est obscène, lepanneau est offusquant; tout cela contraste singu-lièrement avec la dignité des habitants du logis, avecl'austérité de leurs mæurs.

Mais on n'y lrend point ga.rde..,

***

Tous les enfants des amis ont vu ôes'æuvresd'art et jamais I'idée détait yenue qu'il y ett lieu de

songer à aucune revision dans la collection artisti-que.

Mais un jour, le fils de la maison fait devant tousune réflexion tellement indiscrète, oû pose à sa mèroune question si ombarrassante, que, Ie soir même,les paronts décident entre eux uûe épuration corn.

Page 483: Les enfants mal élevés

l'

DE L'ÉDI]CATION DES PAREi{ÎS (t PAR LES ESIFÀNTS " ê?T

plète, den voulant do l'avoir {ifférée si longtemps:Dès demain, le foyer sera chaste.

Grâce à qui...?

V,- LE$ DoMEsrtQnEs

,\La maîtnesse de le maison a les meilleuros rai-

sons pour suspocter la régularité de conduite de sa

femme do chambre: mais celle-ci coud si bien et

coiffe avec tànt de gorït t Lo cocher, d'habitude la,ere

@ommo un charretier, et de plus, fête quelquefois à

Texcès la dive bouteille. Sous l'empire de I'iwesse,il perd conscience de lui-même' et tient des'propos

à faire dresser les cheveux à Ia tête.

Certes, depuis longtemps on voudrait s'en défaire:"

de pareils domestiqges étant comme l'on dit une

c vraie plaie > : mais il est le mari de la cuisinièrc,artiste émprite en son genro r {ue l'on ne vout àaucgq prix écogd.uire...

x*x

Cependant la petite fille' de la maison devient

gr"hde fillette, oLrrr"*, romarque et dénonce les

fugues do la camériste. ;

bu son c6téo le petit garçon s'est oublié, (ou plu-

tôt s'est souvonu), au point de répé!91 leg jurons les

plus vibrants dq maudit cocher.- Alors, les pirents ne pensant plus ni à laurs

aises ni â leurs gofits, s'empresseront de faire mai-

Son notto av+nt un mois.Ils chasseront les norviteurs

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&72 IEs ENFANTS MÀL Ër,nvÉs

iridignes, et les romplaceront par de braves gens quipeul-'être manquaient de pain.

Le foyer y gagnera en respeetabdlity, selon llex-pression d'Outfe-Manchon et I'on enoouragera dansleur honnêteté, des pauvres qui s'étaient, résignés à

végéter tristement, âu lieu de réussir en so montrantvils llatteurs ou fripons.

N'est-co pas encore à l'enfant, que serq due cettobonne @uvre et cette très utile réforme ?

YI. - LEs AMrs

I. - La mère de famille dont nous parlons noreçoit, en femme sérieuse qu'ello est, que des per-sonnes du meilleur mond.o of d'une correction abso-lue.

Pourtant, deux ou trois amies font un.pou tschedans cetto société shoisie.

Femmes honnêtes, dans la plus exacte acceptiondu mot, elles ont le tort, olles qui sont du monde,de se donner une peine infinie pour sembler appar-tenir, à ce qu'il ost convenu d'appeler: le demd-monde.

Singulière ambition t Étrange coquetterie t

On aspire à descendre...

***

Observons cos visiteuses :

On ns dit rien d'incliscret, mais on parlo trophaut. - Les mod.es sont décentes, mais tapageuses.

-Le corail doslèvros n'est pes moins emprunté queles lys du visage...; et l'incerqat d.es joues est aussi

Page 485: Les enfants mal élevés

DE L'ÉDUCATION DES PANENTS ( PÂR LES ENFANTS " 1fl3

factice gue l'ourlet noir qui $orde Ia paupière, deve-nuo audacieuse.

Pourquoi reçoit-on cos amies d'hier?On I'ignore. Il serait difûcile de préciser com-

ment on s'est lié.Ces dames, très aimables, ont rendu visite deux

{ois, trois fois :force aété de s'exécuter à son tour...C'est ainsi que les relations se sont nouées, im-

posées en quclquo sorte. Puiso elles ont continuécommo elles avaient commoncé, c'ost-à-dire, sansmotif.

***

Un jour, la mère surprend sa fillette enfarinantson frais minois, ou disposant savamment ses blondscheveux sur son front candide, quo l'art déparo etquo la recherche enlaidit.

Cela suflira pour qu'à l'instant, la vigilanto mèress dise : << Je rlirai plus chez mesdameg X... et y...:K nos rapports ne signiftent rien. rt

rB*x

il. - Vient le tour du père.Depuis dix ou quinzo ans, il a perdu de vuo aveo

intention certains condisciples, espèces do déclas-sés, camarades aux allurss de bohêmesr {ui vous re-connaissent à peine dans votre salon, et vous tutoientpourtant : co qui n'ost pas autroment flatteur...

Uno fois, I'un d'oux frappe à la porte, et finit parforcer la consigne. ,.

Page 486: Les enfants mal élevés

', l

J, 'i , q'1 r.

111. IES ENFÀNTS MÀL ÉLETÉS

On n'pst pas flu tout du,même mondeo par l'excet-lente raison que le nouveau visiteur n'appartiqntà aucune catégorie sociqle.

Sorte d.'aventurier intempérant de langago, maisbon enfant, il se fait pardonner bien des choses.

*u*x

Bientôt poq' devenir int{ressa4t, eo reveqant se

mel à raconter 4ps histoires vraigs ou fausses, F]aispour le moins... lestes.

il s'agit, prétend-ilo d'aventuros arrivées à lui-même ou à de vieux camarades.

Pour la vingtième fois il les narre; of si I'on chcr-chait, on auraitr chance de les flécouvrir flqns les faitsdivep dep joupnaux du mois dernier.

... A la prqmière anecdo[eo lo maitre du logis un peuà la gêne, s'est lev6 sans bpuif, et gst alté fermersoigneusemqnt lA porte...

Qpe penseraient sa femme et ses dOmestriquqs, snilB

ontoqdaient un langage si insolite I

x**

L'ami revient plusiegp fois, et sos PTppos sont do

pfus en plus libreç.... Le père sgpge flue, dpus la pièce voisinq, se

trouyent'ses chersenfants, curieux, l'oreille au guet,I'esprit aux écoutes t Il s'en veut, { la pensée gu'uqern:nce cloison, sonore ou traîtresse peut-être, sépare

ees naturss sngéliques de ce vantard, à la fois imrrsl-tun et compromettanû.

Page 487: Les enfants mal élevés

DE L'ÉDUCÀTION DES PARENTS ., p4n LES ENFANTS a L7ï

Alors, vells I'eqtendrgz avent peu donner au do-mestique cet ordre décisif et absqlu : <r Si M. X.,.reoient, oous |,ui di.rez que je su,is en rtoya,ge, et s,ilguestionne,, l)ow répondreg que l)aus lgnorez quandie serai d,e retour.., >

***

Entout cecio del'enfanto il n'a pas été question...Cependant lui, et, lui seulo a suggéré les louables

résolutions des parents.Oh orii I ce petit être naif,est quelquefois un grand

maître sans lê savoir !

Et par un renversement étrange, son ignorancenous enseigne; et sa faiblesss nous convie à nousmontrer forts et résolus...., par amour pour luil

Durant Ja première éducation de leurs petits, lespélicans, dirôn, ne laissent approcher *u.un oiseaususpeot; ils l'attaquent en déÉespérés plutôt guo dese laisser troublor dans leur æuvre. c;est ,ro" luçonà retenir

YrI. - r,.e., nÉcur,enrrÉ

Tant quo le berceau est resté vide, Ie lever et Iecoucher du jeune ménage étaient régulièrement...irréguliers..

On ,prolongeait los veillées à l,excès : tantôt,lisant opiniâtrqment le volume cornmencé, tantôtÉonsacrant une partie de la nuit à des fêtes mon-daincs. Le rnatin on so levait..., ou plutôt on nsse levait plus.

i

Page 488: Les enfants mal élevés

tES ENFANTS MAL EIETrÉS

La journéo était ainsi réduite outre mosure ; rren

n0 so faisait en temps voulu.Lo désortlre était complet.

*r*x

Un fils survient...Les austères devoirsdo la mère passent avant tout,

,rbsorbent ses pensées et ddcuplent son énergie-

De son côté, le père est troublé dans son sommeil

par les rragissements du nouveau-né.La fatigue l'envahit, et, commejamais, il apprécie

les bienfaits du sommeil.Cependant oserait-il se plaindre, quand il com-

pare son sort à celui de sa ieune épouse ; quand ,ilônvisage, d'un côté, les angoisses etles épreuves de

Ia maternité; et de l'autro, lit gêno seulement et les

simples ennuis, qui n'empêchent pas son lot d'être

privilégié quand même ?

Se plainclre serait de la lâcheté et de I'ingratitude.

lB**

Qu'atlviendra-t-il ?

Avant peu rJ.o mois, on rétablira au foyer uno vienormale; et l'on ne gaspillera pas sans motif sérieux

les instants du rspos.Bientôt aussi, lesropas comme les sortiesse régu-

lariseront; I'intérêt, la santé do I'enfant l'exigent.Et baby fera connaîtro l'heure à sa famille...

bieu qu'il ne saclto point encore lire le cadran.

Page 489: Les enfants mal élevés

qÉ L'IiDUCATION DES PAltliNTS " l'Alt LUS EI{FAI{TS r eT?.

Vm. - uNE LEcoN DE LocrQrJE

Que d'axiomes on poso, gue de principes on af-firme, que d'allégations on risque, quo de mots

1rréfléchis on laisse échapper en une année t

Après toutt a quoi bon se tant surveiller? Pour-quoi se brider l'imagination, pourquoi s'astreindreà une dialectique d'humaniste ou dq philosophe?

Est-ce que parents et amis no savent pas, ce queparler... ne veut pas dire ? D'eux-mômes, ils fcrontla part des;exagérations instinctives et, des convcn-tions du langage, admises par un usage séculairc.

C'est si cnnuyeux la logique t e[ c'est si bon dcdire un peu ce qui passo par la têteo sans chercherIcs mots, sans peser les idées !

*u**

Mais les enfants sont là, prêts à généraliser lesépisodes particuliers qu'ils remarquent; prêts àtonir pour règle incontestée les boutades qu,ils sur-prennent, i prèls cnfin à voir une vérité doctrinaledans la prenriùro plaisanterie venue.

tuxx

On sc donne, je suppose, beaucoup de mal pourronrlrc service à quelqu'un; on se dérange, on sclhtig.e, dani I'espoir d'ôtre agréablc... par nnarrreur!les événements trahissent nos bonncs intention.s. r:t

Page 490: Les enfants mal élevés

&78 LES ENFAT{TS MAL ÉLEVÉS

en fin de'compte, on essuie un reproche mortifiantune critique acerber, $e la part de celui qui auraitdfi se montrer reoonnaissant. >

Contristé de cette potito ingratitudo on s'écrie :

a En aéri.té ! on a biert, tort'd'obtdgerles gens : ont,'ùie recueille que d,es ewnuis, Certes, on ne'rne re-a. prendra plus à, rendre serai,ce!

Au fond du cæur, on ne croit, pris un mot de ce

qu'on dit; ot l'ori serait le premîer à blâmer Qui-conque, séribusemeht, clissuaderait de la bibnveil-lenco et do la bharité.

Meis étant, oltrusqué et blessé, bn cède à uq mciu-

vernent passager do mauvaise humeur: rieri de plus;

*u*'r

Si, à co moment, le ,ug"rd rencontre celui de

I'enfant et y lit uno réllexion intimo ot profonde,on craindra, non sans raison, d'avoir scandalisé

cotte jeune âme et I'on se hâtera de corriger sonpropos, ou du moins de l'expliquer.

,B*tu

D'autres fois par indifférence, on a,cbepte des

idées inconciliables; des thèsss insoutenables.Yienne une circonstance où cet illogisme appa-

raitra à l'enfant...; et fonce sera aux parents d'ex-cuser I'incohérence et la divergenco de leurs appré-ciations, tout en so prop lsant de surveiller soignriu-sement dans I'dvenir la rectitude de leur esprit, etaussi la logique de leul' langage;

Les onfants ont beau ne pas cirnraltro, unême do

Page 491: Les enfants mal élevés

DE t,'ÉDUCÀfloN DES PAnExts " PAil LES ENFANTS I eTIi

nom, Ie sy,,Iogismoo ils n'en sont pas moins en pra-trque de parfaits petits riraîtres de dialectiqirc.

IX. - Lns orsrru.crloNs

Les jeunes .époux que nous mottons en Écènuc adorent le théâtre ).

Ils détestent la conduite...r ou plutôt l'inconduite,des héros et des personnages produits à la rampe ;mais l'intriguo ést, si bien *.oéu; elle ést si atta-chante, qu'ils n'ont pas le courage de se refuserl,auditiondeIapièceàlamode,mêmoviolenteoucvnroue.

JI

Leur délicatesse s'en effaroucho à peine : c'estlTâithridate {inissant par prendre le poison à .trairtqdose.

\ ***

' D'abord, on sq cache des enfants; on ne veulpoint qu'ils sachent où fon se rend.

On allègue uho vlçite dans le voisinage, unocourse obligée....

Mais le bambin s'apêrçoit bien vite que la tenuodes $orents n'eSt pas celle de tous les jours : l'éven-tail et les jumelles, la crdvate blanche of lo < claque r,dénoncont les projets qu'on dissimule :.et l'enfantpressent Qu'on ne lui dit pas arài.

a Qu'ont-ils d,one à eacher ? pense-t-il; st, e'este b,i,en; pôurquoi s'en d,éfendre ? si, c'est mal, ?our"s quoî,le faire...7 D

*tr1

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{80 tES ENFANTS MAL ÉIuvÉs

Ce n'os[ pas tout.Les jours suivants, en plein salon ou pendant fa

dîner, un ami parle de la pièce à succès, donne àhaute voix son avis et interpelle ses hôtes.

Par là l'enfant est mis au courant des c cachot-teries > paternelles, et il ne perd pas un mot descritiques de l'interlocuteur, qui croit faire æuvre demoraliste en narrantles choses les plusscabreuses...pour se fournir l'occasion de s'en indigner.

Comme c'est judicieux t

N'importet les parents se le tiendront pour dito et,au prochain jour, ils se feront scrupule d'encouragerpar leurprésence etpar leurs deniers des exhibitionsplus qu'indiscrètes, des apologies audacieuspg,a{gejustifications'sans putleur, glorification éhpfi"tdritt"toutes les défaillances t

Quc do pièces sont dans ce cas t

- (, On apporte, deun grandes bottes pour Mon-

s si,eur et pour Matlame, annonce la femme de cham.a bre. Itlad,ame aeut-elle que je les outsre?

- < Bicn, je sais ce que Cest, répond la maîtressec de la maison, avec une certaine précipitation;c mettoz cela de ctlté; si j'ai besoin devous, je vous< appellerai. >

a Cest, singulier I se dit la camériste, gue Mada-( me ne soit pas plus presséo de véri{icr le contenuc de ces grands carlons. Que peut-il bicn y avoir< là-dcdans... ? o

Ricn de plus simple : ie jeune ménage se propose

Page 493: Les enfants mal élevés

llE L'EDUCÀTION DES PARENTS " PAR LES ENFANTS " &Bl

do se rendre à une soirée costumée : Mad&me enq Folie r, et Monsieur en a Polichinelle >.

Or, montrer les grelots de Madame et les bossesde Monsiour, o'est point chose si urgente.

. -)F "*

Madame s'enferme, ouvre la boîte mystérieuse, eten extrait le plus coquet,le plus frais costume qui soouisse imaginer...

Le satin, los paillottes, la moire, les dentelloss'harmonisent dans un charmant d.ésordre artistique:ainsi le veut damo Folie I

En un instant, on a revêtu le costume rôvé...Sous ce travestissement, Madame se trouve char-

:mante I sa psyché liilèle le lui dit clairement, etelle se le redit avec une conviction profonde.

Il y a surtout c un petit coquin de chapeau mi-gnon.D, qu'elle e$-sa.ye tantôt dans un sons, tantôtdans un autre, et qui est un pur c chef-d'æuvro ).

< Ma foi t plus il sera lestement of crânementc campé, plusle minois aura de piquant... D'ailleurs,( un chapeau de Folie n'est pas un chapeau de grand'-amèretr

La petite vanité a fait son æuwe... On se trouvesi agréable sous ce costume, qu'on ne peut résisterau plaisir secret de se faire voir ainsi.

Après tout I il fauilra bien que domain les do-mestrques soiont dans la con{idenco...

On sonne donc la femme de chambreo et, un peugênée guand même. Hadamo lui expliquo les rai-

3t

Page 494: Les enfants mal élevés

LES ENFÀNTS MAL ÉLU/ÉS

sons décisives qui obligentl:sous peine de fâcher

d'excellents arnis, - il en passer par leprs volontés.c Au, fond, i'j'uo suis ennuyée;yée; mais il n'y avaitpas moyen de refuser, u étc...

x*x

Naturelloment Louise, (appelons-la ainsi), s'ex-

clame à la vue de l'éclatant costume de sa mal-

tresse.< Xl va divinement, à Madame! > répète la fine

mouclre, c et, jo suisstre d'avance que Mad,a,rneaur€t

c,lo plus boau costume- {. l".soirée... Je sais bien(( que ce n'ost pas à moi de le dire ù Madame, mais

o ti lWaA,a,rne savait comme IWadame est jolie &vec

cela 1... C'est vraiment malheuroux quo Madameno puisse pas, toujours être ainsi.-. Oht iI faut que

s, Mad,ame'se fasse voir à Mademoisello; je vais la< chercher. D

a Louise, je vous le défenilst,u lui dit avec

autant d'autorité... quo de mollesse l'aimablo Folio'enchantée d'être d6sobéie.

Àussi Louiseo pour la première fois peut-êtro.fera-t-elle la sourde oreille, et se précipitant dans lo

couloir s'écriera : <c Mademoi'selle ! aenez aoî,rq eornrne aotre nta,rna,n est belle ! >>

L'enfant arrive.'. Émerveillée de voir un si;olipersonnage, qui est à la fois pour elle une tenrlre

mère et une heurcuse copie de ses clters joujour,elle hri saute au cou avec transport, à tcl point,gu'il faut contonir son ertthpusiesmo pour ménagor

les ùeutolles maternelles.

Ig

Page 495: Les enfants mal élevés

.DE L'ÉDUCÀTION DES PARENTS ( PAN Lh$ ENFANTS I 489

... Maiso que contient la secondo boite?Évidemmentl un costumo pour Monsieur!... Quel

costume... ? I '

A la ôuisine et dans la logo les paris sont ouvorts.On en cause aveo les domestiques voisins, avec la

concierge, ayec les commis d'en-bas e[ les couturiè-res d'en-haut : chacun est averti

Le mari fenl,re.Sa femme lui annonce aves ernpressement s la.

fameuse commande qui vient dtarriver >.

c Mon costumo est un vrai bijou, of le vôtre est

c tout à fait réussi.' B b

c Ouf t mon polichinellel... r pen$e alors lepauwe homme avec terreur., Il entrevoit les bosses légendaires, et le nez àcor-bin du personnage qu'il

"va revêtir; et à, cette idée, il

sent la tompérature de ses ,oreillos s'élovor sensible-ment.

Loin do se montrer fioro il remiso avec soin lacaisse compromettante. Il se sent timide devant ses

gens, honteux peut-ôtre, car plus ily songe, moinsillui semble possible il?ôtre vu sous ce costume gro-tesque, à peine d.e perdre tout prestige.

a No montrez cala à personne, D dira-t-il à sa

fomme, a.vec humilité et perplexité.

**x

Le soin du hal vonu, triçto et sombre il endosser&,Ia livréo de c Punch u, puis, faisant le guet ,-rour s'é-chapper de chez lui sans escorte, il se glisse'a fur-tivement le lông du mur jusqu'à sa .voiture.

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ÉÉS ENF'ÀNTS MÀL ÉINVÉS

Mreuse disgrâce, et amer contre-temps t

Il n'ér'itora pas de passer devant la loge du con-cierqe, où il y aure ce soir-làr pâ.r hasard, (?) dix per-sontss pour voir passer Monsieur et MarLamer {ui,prestes et modestes, défileront devant les servantesqui chuchotent, et les valets qui se moquent en sB

coudoyant...A partir de ce soir-là, dans f escalier de service on

n'appellera plus le gravo Monsieur, guo : a le poli-chinelle. D

Heureusemont t c lo patron r n'entendra pas leslaznis dont on le bombarâe sans pitié. Toutefôis il somontrera plus susceptible que jamais, se deman-dant, au moindre mot innocent, si l'on n'a point lavolléité de le plaisanter.

**x

L'hivorpasse...; au printemps, on songe à la vil-légiature

Un matin, alors que l'on révise malles et tiroirsau logis, l'enfant soulèvo un couvercle, et pousse uncri de joie : c Oh t le beau polichinelle t >

- c Chutl c'est le costume de votre papa; fermezc vite Ia bolte; on vous gronderait. a

Le petit indiscret, reste silencieux: nnais le gigan-tesque fantoche qu'il n'a fait qu'entrevoir, se montreincessamment à son esprit.

... Un soir, on devise en famille : babg a été fortsage. $on père le prenant sur les genoux, lui promel,un beau cadeau s'il continue à êhe obéissant.

r Eh bien I petit papa, il faudra m'achoter un pan-

Page 497: Les enfants mal élevés

Dtr; L'EDUCÀTION DES PÀRENTS t PAR LES mIFAI{TS ' &85

a tin ouun polichinelle. grand comme toi I et je serai

a très genl,il : tu verras I rCe mot imprévu réveillo certe!3q souvenirs...l o[

, rJemain, le maitre donnera à son domestique un pa-

quet soigneusemont enveloppé, on disant avdc intliffé-

ienct : a il y a là-dedans de vieux oripeaux inutiles,.r qui viennent jo ne sais d'où:... vous les don-(( norez au chiffonnier.>

**rr

Quant au satin de la a Folie D, on le démontera en

cachetto pour doubler une pochetto ou un panier àouvrage, au grand déplaisir tle la camériste, qui ne

manquera pes de trouver que c'est un c meurtre r,,le sacrifier ainsi de pareils brocarts I

Une vieille- dame, amie de la maison, voyant de si

belles soieries, (ilont l'origine profane luiétait incon-nue), voulait à tout prix en faire des orneinents d'é-

glise...

X. -

LE BoN ExEnfiPLE

De toutes les influences heureuses oxercéos par

I'enfanceoil n'en est pas dp plus énergiquei ni de plus

efficaco, que la nécessité inéluctable où se trouvent

los parenç.a, do donner l'exomPlo.

Bon gre mal gré, on so gêne: on s'abstient tle ce

qui plairait, on s'impose ce qui ost désagréable.

On sent,guiil le faut absolument-

S:agit-il de faire ingurgiter à fenfan[ qp nnétlicq'

Page 498: Les enfants mal élevés

mont nauséabond...? ony gofite tout Ie premier. i

s'agit-il de lui enseigner la-modérationo Ià carme, n

Ia patience...? On se contient, on se maitrise.

LES ENFÀIvIS MAL ÉIÉ;\TÊS

ûherche-t-on à I'inciter au travail... ? Le meilleurmOyen est encore de se montrer laborieux .soi-Dêmo. :

*.t*

L'obligation de prêchero plutôt par des acles quo .

par des paroles, est si claire, si manifeste, si impé_rieusemontordonn6e par I'intérêt ds l,enfan{, que lions'y soumet, bien quo ce soit souvont fort ennuyeux, ,

fort pénible même.C'osû en ce sgns gue Pascal a pu dire, que le pen-

fectionnement de la.descendance commence par æloidos ascondants.

i

Oui t le maitre ignoré qui complète ainsi l,éduca- ,

tion paternolle, n'est autre que l'enfànt.Notre proposition, si nous no nous abusons, est

donc démontréo.

*&*

On tit dans les contos de Grimm l,anecdote sui- .

va1!e:aIlyavaitunefoisunvieillardsidécrépit,qu'il pouvait à peine marcher; ses genoux trem_ l

blaiento il ne voyait presque point, et il n,avait pasde dents

'op plus; si bien gue quand it était à table, ;

uno partie de sa soupe tombait .sur la napp€, uneautre, coulait ls long de sa bbuche. Son fils et sabelle-Élle finirent par se dégoûter de ce spectacle;c'ost pourguoi Ie vieux grand-père fut réduit à se

Page 499: Les enfants mal élevés

.Jt

DE L'ÉDUCÀTION DES PÀRENTS ( PAR LES ENFÀI{TS I 4W '

x\ettre derrière Ie poêle, dan,s un coin; ils lui prépa-

raient sonmangor d'ans une 6ouollede t'erreo et encoro

no lui en donnaient-ils pas assoz' Le pauvre vieil-

ËrA po*tait donc d'un air affligé se1 yeux sur la ta-

ble où étaient,assis ses enfantso et de grosses larmes

couleient le long de ses joues ridées'

c or, il arriva un iour que ses mains tremblantes

ne purent tenir Técuelle: ello tomba et se cassa. La

;ouou femme le gronclia sévèroment; mais'lui, ne fitiiuu, oi se conteita de gémir. Âlors ils lui achetèrent

po,r, quelques liards, une potite iatto- ile bois dans

i"qo.tiu iliut obligé tle manger. Pendant ee temps,

,oo petit-{ils âgé ite quatre ans, assis sur lo plan-

cneri s,amusait à ajuster ensemble quelques petites

planchettes.' - u Que fais-tu Ià? ,, lui demand'a son père'

- c Jefabrique unepetite auge"' poirr vous? quand

vous serez d.evontrs vieux' >

a alors ls mari et la femme se rogardèrent pen-

dant quelque temps; puis s'étant mis à pleurer' ils

adinirànt de noutôau Ie vieux grand-père à leur talle.

le lirent maîger avec eux, et ne dirent plus rien

quaud il répanâait un peu de soupe sur la nappe' a

xI. -. tES PAREIITS nÉpÉrrrnqns

D'ordinaire, un gargon cons&cro eu moins dix

années do sa vie aui étuiles classiques et aux huma-

nités.une fois arrivé à râge d'hommoo il se spécialise'

c'est-à-dire qu'il coirsqore d'ix qqtros a,n4éee à étq-

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&s8 \ , LEs ENFANTS MAL ÉLgvÉs

ilier certainos sciences particulières: droit, philoso-phig, médecino... Or, pendant qu,il suit les courssupérieurs et s'adonno aux hautes études, il oublieles principes des choses, à tel point, qu,un docteuren droit ne possède souvent plus très bien la tablede Pythagoro ; qu'un jeune polytochnicion estbrouillé bientôt avec le < gérondif , àt l, <, aoriste > ;etqu'un interne des hôpitaux, jadis lauréat du con-çours d'histoire, en est réduit quelquefois à consulterfurtivoment lo Boui,llet, pour savoir en quel siècle"vivait Philippe-Auguste, ou Jeanne d'Arc.

*8x

'Les annéos s'écoulent...époux et père... Son enfant

L'étudiant, est devenuarrive à l'âge des pre-

mières leçons.Du matin au soir,

t.nterrogele jeune écolier questionne et,

- D'abord, le père fait semblant de se moquer dosdemandes qu'on lui adresse.

s. Allons donc I tu dois savoir eela, r répond_il,d.gns I'espoir_de so dispenser du'petii e*aàen qois'annonce- s cherelte bi,en! nous aercons si, turr^oLr,-s, ues... C'est si, faeile ! Aton dgt, certes,, je n,aurais( pq,s hésité adnsi,t > poursuit.il &vec forfanterie.

**n

Si la question est vague, indécise, il s'en tirerapar un faux-fuyant.

- Mais le moyen d'éguivoquer quand l'enfant, plusinstruit, nous dit : c Petit père ! comment trouvs-

Page 501: Les enfants mal élevés

DE L'ÉDUCÀTION DES PARENTS C PAR LES ENFAIITS I 480

t-on laracine d'un nombrê... ? Quel est Ïablatif de.. . ?

lc prétéri[ de... ? Quelle est la capitale detel duché... ?

Force est de répondre d'uns façon clairo et posr'tive.

Aussi, pour n'être pas pris ( sa,ns vert l, est-on

dans la nécessit6 tle so remémofer : déclinaisons,syntaxoo participes, chronologie, règles essentiellos,

dont les formules sont en partie effacées du souve

nir.On recornrnenee son instruction, de façon à pou'

voir être le répétiteur de son lils.x*x

Ce que io dis du père n'est pas moins vraitnère, qtui rouvre s& grammaire et ses livrestrefois, relégués depuis dix ans sur un rayondreux, se remet à Ïétudo de la mtrsique et du

sin, trop délaissés dans les premiers temps du

riago.*rË*

Oui, on relit les fables quo l'on a sues un jour, on

les fait réciter,'ot l'on est tout étonné de lour trou-ver un sens, ou du moins d'y découwir une fouleffidées qu'on n'y avait jamais soupçonnéos.

Bref, en quolques mois, on roverra toutes les

rnatièros effleurées pondan[ les années de l'enfance ;pour.la première fois ou les comprendra waiment,et jamais plus on no les oubliera.

Qui nous a appris... à apprendre ?L'enfant I toujours lui I

M. E. .Souvestro nous do4nera lo mot de la fin :

e Quand. on veut entreprendre une éducation, dit-il,c oD doit commencer par achever la sienne. r

de Iad'au-pou-des-ma-

Page 502: Les enfants mal élevés
Page 503: Les enfants mal élevés

LwRI Dn(.HutuÈun

p0uR0u0l It T A TANT II'ENFANTS UAI' ÉmvÉs

CHAPITRE PNEMIER

uÉoucnnloN ET L'lNsrnucrloN'a

I.- S'il y a tant ffenfants malélevés, Cestparce

qu'aujourdirui, plus gue jamais, on prétend rempla-

"", yaaucati,on'p^, i'i,nitruetion; co-nfusion si fu'

nesteo si généralïment commise, qu'il importe de la

signalor avec quelque développement'

f," cause originaire de nos malheurs sociaux est

t'ignorance, dii-on. D'accordl mais d'e quelle igno'rq,nce veut-on parler? i?eut-on soutonir que l'instruc-

tran suffise à fôrmer l'enfant, à le morali'or, à lebien élever enfin?

Là est le Prôblème.

***

Pour nous en rendre compte' nous ouwons les

manuels scolairps o[ nous lisons : a La gramm,airo

es[ I'art tle parlor et d'écriro correotêment'' r

Page 504: Les enfants mal élevés

LEs ENFANTS MAt ÉLEWs

Nous prenons un autre livre : n [Jne île est uneportion de tene entourée rl'eau do tous côtés. r

Un autre : a Lo gramme osl ]e poids ffun centi-rnètre cube d'eau distillée... >

Et vous youlez que l'enfant en conelue qu'il doitêtre respectueux, sincère, charitablo, probe, moral,honnête homme en un mot I

Dès lors, si l'instruction n'apprend. pas tout eola,il est de toute évidence qu'elle ne moraliso pas parelle-mênte.

Comment, s'écrie Robert Spencer, comment l'or-thographe, l'analyse logique, l'addition, sauraient-elles sEULEs, suggérer le respect de soi et celui desautres?

xa*

Mais une objectï,on surgit.s La conclusion n'est pas légitimo, dira-t-on. Sans

a doute, la graminaire ne forme pas le cæur; sansc doute, la table de Pythagore ne va point à l'âmes de I'enfant; sans doute les a leçons de choses >

.t n'éveillent guère la délicatosse des sentiments;e pourtant vous oublioz que I'instruction comprenda aussi l'étude des philosophes, et des pensours. Ila scrait curieux d'entendro plaider que les æuwesc magistrales do ces grends maîtres sont impuissan-E tes à moraliser. D

Cet[e objection vaudra quelque chose,ïon rura trouvé lo moyen d'initier à ladejeunos enfants do 6, 7 ou I ans.

Si d'autre .part, on so réserve de ne

du jour oùphrlosophie

commencer

Page 505: Les enfants mal élevés

,iÈoornrloN ET LTNsrRUcrIr,tN 4eB

l'édrrcation qu'après -l'épanouissoment de l'intelli-gence, les mauvais instincts auront pris le dessus.

Il ne sera plas temps al,ors; on aur& un adolesce.nt

vicieux.Assurémentl quelques privilégiés pourront, en

suivant dos cours supériours et grâce à un commcrc.e

quotidien avec les génies de la littérature, acquériruno moralité rolativo; mais Cest là l'exception.

D'ailleurs, pourquoi l'étude sérieuse et prolongéode cos æuwes est-elle salutaire, si oe n'est parceque toutes, à peu près, sontpénétrées d,'un esprit re-ligieux qui en fait autant de traités de morale? Entout cas, le peuplo les ignore.

Il faut donc que co soit l'enseignement lui-mêmeen général, et surtout l'enseignementpopulaire, quiforme journellement dès le bas âge le cæur d.e l'on-fant.

Eh bien I rien qziat:ec l'instruetdon,, ce résultatne sora jarnais obtenu. Aurnn cuoso est néeessaire.'

***

Il est manifeste, qu'en dépit de la raison et, dc lagrammaire, oil persiste à attribuer à l''i,nstruetion,les effets salutairoF qui découlent de l'éducationSEIJLE.

Partout se renouvelle cette.équivoque singulièretOn veut persuader aux parentso empressés d'ac-

eueillir cet expédient qui met une sourdine à leurconscienceo qu'ils n'ont nien à surveiller, rien à cor-riger; qu ils sont en droit de se désintéresser de leurmission, et quo s'il y a des réformes à poursuil're.'ilsuffit, de s'en remel,tre à, la Sosiélé.

Page 506: Les enfants mal élevés

LEs ENF'ANTs MÀL ÉLnvÉs

Eto sornme celle-oi n'est pas une entité ext6rieureà nous torid, on se dernande quelle peut être l'issued'une'pareille situation.

On dewait au contraire chorcher ,à réveiller lesesprits de cette léthargie morale où ils sommeillenû"

On n'ignore pas ses dovoirs : le courage faitdéfaut.

Il manque donc un enseignement fortifiarit quine parle pas seulemenû à I'intelligence, mais au sen-timento àIavolonté, au cæur; un ensoignement quirelève, qui régénère, qui ose, à visago découvert,sans périphrases ni réticenceso parler d'un Dieu,rémunérateur ou vengeur et d'uns âme responsablo :l'éducation on un mot I

*u**

Alléguera-t-on que I'instruction moraliseomême qu'elle déaeloppe les faeultés ?' A cela, nous répondrons que, développer la puis'

sance intellectuslle dun infividu en le laissant privéde direction et de croyances, c'ost multiplier le malpar lui-mêmc.

Qu'un enfant alrr mauvais.instincts soit dépourvud'instruction : son inlluence ne saurait s'étsudrebien loin, elle ne dépassora pas le cercle d,e sa rné-diocrité.

Mais, cuXtioez cetto intelligence de façon à enilécupler les énergies, ef néglîgez de la moraliser...

D'abord, elle s'éloignera des principes du senstommun les croyant indignes d'olle, précisément,parce qu'ils, doivent être le partage de tous; elle ne

par là

Page 507: Les enfants mal élevés

LIÉDUCÀTION E[ L'INSTRUCNTON 495

ree.herchera. que le brillant paradoxe, le fin du ûo,comme dit La Bruyère : le raisonnement bannira Iaraison.

Puis, profitant de lrexpérience du passé, et trans-formant la science en auxiliaire inconscient, olle en

arrivera par un perfectionnemont funeste, à unegorte de barbarie civilisée, la pire de-toutes.

Alors, au lieu d'un délinquant vulgaireo vousaurez un criminel de haute marque, gui défiera laJustice et tiesdra en échec la Société.

t***

n. -L'histoiro

nous apprend que, de tout temps,la formation de la jeunemÀ u été i'objet de la solli-cilude des Législateurs et des Fhilosophes.

En Grèce, puis à Rome, l'éducafion nationalo estexclusive.

Il n'y a plus d'individus, mais un pouple qui ab-sorbe les porsonnalités; plus de foyors pour ainsidire, mais des places publiques.

tsientôt uns èro nouvelle 's'ouvre pour l'humOnité ;un enseignoment ineonnu jusque-là commence,..

ll a l'austérité de la discipline rBpartiate, et la.pureté d'une doctrine sublime.'

En réaiité, c'est soulement à dater de ce'mom"ntque l'ëdueation apparait dans le moncle: du hautde la chairo, le prêtre enseigne Ia Foi et la Science.Il est tout enFemble, et le ministre de l'autel et Iernaitre clu néoohyte.

Page 508: Les enfants mal élevés

498 LES ENFANTS MAL ËI,F:VÉS

Alors leS lettrés étaientjourd'hui, soit; mais était-ilignorant qui se contontaitson Pays et pour sa Foi ?

Or, oi oxcellente gue soit la science, ellenesauraittenir lieu de moralité et de croy&nces.

*tr**

A notro époque, l'instruction publique s'attached'abord à enseigner aux enfants leurs droits, Cest-à-dire ce qu'ils peuvent exiger des autres à ,leur

profit.Mais on no parle point assez, à beaucoup près, de

ce corrélatif nécessairc, le'deysoi,r; ou bien on s'entient aux généralités fastidieusos et ua'i,nes.

Il en résulte que la ieunesse; apprenant commosuprême morale à se faire rendfe justice, en arriveà conàtituer un6 soeiété où l'ordro semble im-possible; où l'op ne voit plus qu'antagolisme de

droits, choc d'opinions; rivalité d'intérêts: une espèce

de concurrence vitale, un fostin où chacun veutprendre part etrefuse de payer son 6cot?

E)

Nous corrige.ra-t-onomanifeste permet[ra' à

devoirs, en étudiant ses

lqoo sspfes I cc,r lavraie. ,

moins nombreux qu'au-sans utilité, ce pauwc

de savoir mourir pour

rÈ*"'*

en disant qu'une analogietr'enfant d'apprendre se$

droits ?

réciproque n'est nullemeni

Page 509: Les enfants mal élevés

L'ÉDUCATION ET L'INSTRUCfION

La tendance naturelle à fhonnmeégoïste ?

No préfère-t-on pas commander à

les autres à s'humilier soi-même ?

n'est-elle point

obéir; abaisser

Faut-il de grands mouvements oratoires et d'en-traînantes périodes, pour persuader au créancierde so faire payer, à l'insulté d'exiger réparation, àcelui qui a 6t6 attaqué, cl'opposer une légitimcdéfensc ?

Ah t n'hésitons pes à le reconnaîtro : l'instruc-tion sms rjÉoutarloN? voilà bien Ïorigine certaine

des aberrations et de I'insubordination de la jeu-nesse.

Aussi la France est-elle livrée à ,des révolutionspériodiques... Aussi, les individus sont-ils en É'volte permanente, l'inf6rieur contre son chef, le filscontre le père, le citoyen contre les gouvernants, etsouvent les gouvornants contre la Liberté t

***

Ceux qui soutiennent que Cest auû parents seuls,qu'incombe le soin de l'éducation, distincte de

I'instruction, prouvent par lào qu'ils n'ont jamais vuile près les familles gui constituent la grande majo-rité du pays

Le père qui travaille, a-t-il donc jamais le temps ?

A-t-il souvent la science et I'autorité voulues ?

. Ce serait l'idéal.Par malheur, il est aussi impossible à l'homme

peuple do donner à son foyer l'éducation, quedud,'v

à,97

iai"e la classe; car Ia direôtion morale ost vn fait

Page 510: Les enfants mal élevés

I98 tES. ENFANfS MAL ÉIE\dS

sueeessif qui suppôse une action quotidienne, unosurveillance incessante.

Il faut, dans la plupart des ces, rocourir à l,in-torventiori do maîtres étrangers.

qs#*

En second lieu, imposer à ces .maîtres un pro-grammo d'instruction inilépendant de toute éttuca-tion, ne révélant ni la raison des choses, ni la con-séquence des faits ni leur cfl,uso ; un programmeprétendu neutre entn; Cest concevoir le projet Iemoins sego gui se puisse imaginer t donner f ensei-gnentent, ù conditî,on qolit n'apprenne rùm enguelque'sorte .!

Quoi I Ie rapprochement de ces deux idées : en-seignement ef neutralitéo n'étonne pas I'esprit,n'offusquo pas la logiqùe ? '

Mais ces mots, selon l'énorgigue expression deRoussoau, hurlent do se trouver accouplés I Car sienseignement 'signilie suggestion et direction despenséos, neutralitd implique juste lo contraire : lenéaut t

Disons grieux, la neutralité s'inscrit'dans les pro-grammes : op pratigue, oIIe est impossible, maté-riollement impossihle.

Ltexpérienco I'a prouv6.A-t-on seulement le moyen d'expliquer le c millé-

sime l de I'année présonto sans remoqter à l'èrechrétienne, sa,ns même faire allusion à liErrfant do IaOrèche ?

Page 511: Les enfants mal élevés

L'ÉDUcarIoN Ef, L'INgrRtIcTIoN

Qu'on le veuille ou non, la foi d'un poupleautant an fait social, qu'un senl,immt.

*#x

Il n'est pas admissible, dit-on, de créer autantd'écoles qu'il y a do cultes et de systèmos, car alorsil en faudrait fonder également pour les petits maho-métans, les mormons et les quakers.

L'objeotion n'est qu'ingénieuse.Oui, il serait absurde do conslruiredes écolos pour

quelques mormons, quelques boudhistes ou confu.céistes, mais la question est de savoir si on Franee,}e Catholicismo ost, comme les religions et sectesprécitées, une quantif,é négligeable, ou au contrairoune partie très notabie de la nation.

Là est tout lo dilférend.En effet, au point de vuo sooial, dès qu'un groupe

d'individus ayant un intérêt co mmun constitue unecatégorie t< suflisanto >o l'État doit en'tenir compte.

C'est airtsi qrie les ministres des priqcipaux cultesprofessés en France, émargent seuls au budget, etnon les imans ni les brahmanes. Or, rien quo dans ledépartement de la Seine, place-forte de Ia libre-pensée, 73.000 qnfants suivent les écoles où I'ins-truction religieuse fait, parfie dc I'enseignement. Est-co là un chiffre insignifiant ?

De plus, quand on n'ost point systématiqirue onest frappé des anomalies, suivantes :" Il y a d'r'mportantes sommes votdes pour permet.

tre à. une douzaine de curieux d'apprendre au Collègede France les religions de la Tartarie pt de Ia Mand-

{9S

est

Page 512: Les enfants mal élevés

LES ENF,AI\Ts MAL ÉMVÉS

chourie, lo gulte de Lao-Tseu o[ celui de Tao-Té-King... Il y a do même des crédits multiples pourI'instruction de ees enfants emcepti,onnels qui s'ap-pellent : jeunes aveugles, mineurs délinquants, sourds.muets,". On croit juste de se rappeler, (et en cela ona mille fois raison), que? par 10.000 habitants se

trouvent deuu petits sourds-muots; et l'on mécon-naît cependant qu'en dépit des laïcisations les plusactives, il y a dans les écolos catholiques près dedeux millions d'enfants: pour l'onseignement des-quels il n'est point inscrit un seul centimo dans lesbudgets publics.

Néanmoins, leurs parents payent ïimpôt commoles autres (l).

Fln équité, la subvention doit être proportion-nelle au nombre des élèves des diverses écoles : legouyernemont Hollandais vient ffentror dans cettevoie. Les esprits indépendants reconnaitront &voc

nous, que tolle est Ia oraie soluti,on du conflit quidivise notre pauvre pays.

C'est ainsi que, tout d.ogmatism'e à part, l'émi-nent auteur de <r la Liberté de Conscience u s'ostélevé, &u nom mêmo de la philosophie, control'exclusivismo à l'école.

!lâ#"'âf6

ilI. - Les plus gravesI'instruction, e ELLE sEULE,

ne forme pq,s le cæur .

(l) Le budget de I'instructionpar a,n

autorités soutiennent queouvre bien I'esprito mais

publigue dépossg t30 millions

Page 513: Les enfants mal élevés

u!:Duca'fioN'til rrrNbrÉucl'loN ù0t

Analysons avec sang-froid cette thèse importante.C'est d'abord M. Guerry {ui, dans un travail

complet, couronné par l'Académie, assure que lesdépartemcnts.les plus instruits, sont ceux qui four-nissent le plus de criminels.

Après lui, MM. Bigot de Morogues el d,'Ange-uille appuient cette proposition.

Fuis M. Qudtelet, académicien belge, consacre savie à démontrer ( que l'instruction scolaire sess uo-RALE, - nous ne parlons absolument que de celle-lù,

- a'ss[ qu'uno facilité de plus de mal faire. D

A son tour un spécialiste, M. Fayel, aflirme gu'iln'y a aucune corrélation entre la criminalité et ledéfaut d'instruction.

C'est qu'en efiet, selon l'expression de M. Carorlans son mémoire à l'Académie : < l'instruction nen contient pas en soi la moralité : ce n'est qu'una sonsr qu'une faculté de plus, un instrument de< perte aussi bien que de salut. >

u Ce n'est pas finstruction qui moralise, disaitu M. Cousi.rz,mais l'éducation,et surtout l'éducationc religieuse. L'instruction peut, avoir ses dangers. D

*ç*x

Lorsqu'en {843 M. Thiers, alors mrnrstre de l'in-térieur, voulut s'édifier sur la question qui nous oe,-

cupe, il ne se contenta point daffirmer, cornme on lofaisait récerÈment à la tribune : < que l'instructiondiminuait certainemenf la criminalité ; > mais esti-rnant utile, lui, d'étudier les choses avant d'enparlero il ouvrit une enquête minutieuse, et recueil-

Page 514: Les enfants mal élevés

BO2 LEg ENFANîS MÀL ÉLNVIS

lit |'avis compétent, de l'administration des Péniten-crers.

Le directeur du bagne do Toulon écrivit : a Lesincorrigibles ce sont lss lsttrés. D

Ceux des prisons de Clermont, de Loos, d'Embrun,de Limoges, du mont Saint:Michel, et d'autres en-core, partagèrent cs sentiment.

Et d'après M. Moreau Cle.ristophe : << Dans nosprisons, les plus effrontés doquins, son[ ceux qui ontaiguisé dans les écoles leur intelligence... Les clirec-teurs de prison, 'ajoute-t-il, sont à peu près unani-mes pour l'attester : $ÀNs l'Élluclrrox, l'instructionn'est qu'uno cause do ruine. u

Qou de fois la'police n'a-t-elle pas saisi chez descriminols fameux des travaux de médecine légaleodes ouvrages spéciaux sur I'aliénation, f infanticide,Ies poisons, ou encoro des comptes-rendus iudiciaires,trop descriptifs I annotés de la, manière suivanto :ù rajeunir.... ; truc usë... ; i,nnoaation...; ù eorn-bdner...

ta vérité comrne l'explique ,fort bien Portalis,c'est quo I'inltruction est un instrument utile oudéplorable, suivant llusage qu'on en fait; une ma-chino bienfaisante ori malfaisante, nolon Ïexprossionde M. Cowi,n à I'Académie.

**x

Eù il en est ainsi de toutes choses t

[-,,e même couteau. qui.sert à couper le pain cles

pauvres, peut devenir une arme homicide dans lamain d'un meurtricr

Page 515: Les enfants mal élevés

L'ÉDUCÀTION Etr L'INSIRUCTION ' s03

La plante vénénouso, ,on grandissant ne se tranq-

formeia Sias en un frïrit stùvourgw(; et l'animal aux

instincts farouches que rien u'a,dompté, ne devien-

dra qFo plus dangereux en sè fortifiant....-Poù, nous, iooot porsistons à croirà que lédu,'

cati,on ost le grand moyen de régénérationi gu elle

ne peirt existor sans moralà, et qu'il n'y a pas de

waie morale gans religion'Nul n'est obtigé d'être savant; tandis que chacun

osttenu d'être honnête hommo.

x&'r

Je sais que plusieurs chercheront à travestir ces

pensées.C'est prêchor I'ignoranceo dira-t-on, c'ost appoler

les ténèbres...A ceux qui d6naturoraiont ainsi nos parolesn et

qui prétendraient que nous sommos ennemis du.

savoir, nous répondrons: plr,rs que personrùe, !?'ous

d,ësirons uoir diffusen l'enseignèrnent et ses bienfaitsprëcteuæ, mais oous démontrons que Ïinstructioo'pll r,'esdpNcg DE Tourt Étuceuor, au lieu d'améliorer lajeunesse, mena,ce de devenir une nouvelle cause do

hécadenco, si I'on n'y prend garde sérieusement.

***

W. -Voyea $e hÀleau que présentela France, gui

fait tant tuaut Tinstructibn et si peu Porrr la morali-sation t

Page 516: Les enfants mal élevés

5't){ , t,88 ENFANTS MAL ÉIUrryS

Le fils du laboureur . qui sait l,orthographe, veut

entrer dans les administrations, même da's lesMinistères. Eto comme les chefs du personnel nedécouragent jamais les candidats u

"rdo**andés r,

(alors même que la demande no viendrait en ra,ngutilo que pour Ie sièclo suivant), le pauvre jounËhomme, en attendant,la réalisation de ses væux, res-tera dans la ville où ilcompte trouver un emploi.

J'entends gu'il ost libre de retourner "o* ôhn-p,

qS.ternels i qo" les connaissances acquisesn loind'être défavorables, ne sauraient qu'aider à une.exploitation intelligento...

Il s'en gardera bi,en I ce serait déchoir...Et le. plus souvent, le père môme partagera les

sentiments de son fils.,assurément, d'un ingénieur, on pout faire un can-

tonnier, of d'un fontionnaire, un gàrçon de bureau.Oui, on peut descendre ; mais oo o. le ueut pas.

_ Notre jeune diplômé deviendra donc eitarlin, pren-dra les habitudes de laville, se moralisera au théâtreos'instruira su café, deviendra recteur assidu du jour-1al le plus avancé, c'est-à-dire de celui qui prêche ledésordre. Et en effet t si les événement. ,uivent Ieurcours naturelo il lui faud.rait avoir la longue vie despatriarches' pour entrer cand,idat-aspàùnFsurnwméraire, pomms on I'a appelé spirituùlement.

eB*x

il attendra :lonc.Et l'idée rdvolutionnaire, partagéo par des mil-

Page 517: Les enfants mal élevés

t'ÉDUCÀTIOfl É1,L'INETRUCIIION

liers de ddelassds ou de non d,éclassés, fera sonchemin.

NuI doute, qu'avant même qu'il ait compris l'ina-nité de ses espérances ambitieuses, il ne s'élèvequelque tempête sociale. Alors, convaincu qu'il faitæuvre de bon citoyen, en contribuantà renverser unordre de choses qui ne permet pas à un homme dosa valeur de se produire, il vorsera Ie pétrolo surla France pour éclairer <l'Obscurantisme r t

Pendant ce temps, le pauwe père écrira à la fron-tière pour onrôler des moissonneurs mercenaires,parce que, faute de bras? ses foinsse fanentsur pied,ou que le blé trop mrlr s'égrène sur le sol t Dansce révolté copend.ant, d.ans ce fauteur de révolutions,il y avai[ un excellent cultivateur, un fils respec-tueux, qoi, à son ireure, aurait pu donner sa vie à IaFrance, en réservan[ son âme à Dieu...

Voilà bienn au point de vus soeial, les consé-quences inévitables du système : déclassement decindiviilus, convoitises inassouvies, audaces et déses-poirs do l'homme déçu et découragé, amenant àcourte échéance et d'une façon chronique des boule-versements, des ruines... et du sang t

Comment en serait-il autrement ? Le nornbre descandidats n'est-il point décuplé, juste au moment oùl'état, de nos Finances oblige à réduire l'effectif desfonctionnaires ?

Où enarrive-t-onsooialement parlant... ? On n'ensait rien : personne n'ose même se poser cetto ques-tion redoutable.' Ainsio d après Ie Bulletin municipal Officiel de Ia

Page 518: Les enfants mal élevés

il=

LEs ENrANTS MAL ÉLSVÉS

Préfecture de la Seine, pour cent quarante placos,

il y a plus ile vNGr-sRPr MIu,E demandes (t).

**so

Et alors que les â'meq se gâtent sous ce régime

délétère, las canps, oux aussi, se déformont tant,

a ilit, M. Lagneau à llAcailémle des soiences, que

les conscrits incapables du service militaire, sont

très spéeialernont des diPlômés.Tel est le résultat du surmena8o intellectuel : uns

déviation physique etmorale, uh double rachitisme:

rner? insama, in' corPore insano..1

,ràq*ù

aux c brevet6s I ajoutez les eandidats évincés;

ct vous aurez uno légion d'affamés en quêto d'un

gegne-pain quelcoogoà, tgmme l'a prouvé égaloment

M.-Dçtdin-Beau metz à l'Àcad émie'

Le âerete des connaissances exigées est si vasto,

qu'à peine Ïélève a-t-il le -temps d'en faire-le tour,

comme au pes do course' sans s'arrêter nulle pa{'De nos jôurs Ie monument de Ïinstruction publi-

que ost tout en façad,e. Point deprofondeur' -'

Puisn dans cette façade, on a, percé tant d'ouverturos nouvellos pour multiplier lss 'u?rey, quo I'æuvro

mêrne n'a plus auoune solidité-

(L) Com'mis.' 12 places p-qr gn i ?l?L candidats' - Och'où : 38

pfàJ..; gâgO caniliilats. JMont-de-Pî,été : 17 vacences t 4023 pos'

tulants..-

Page 519: Les enfants mal élevés

L'ÉDUCAflON ET UTNSTRUCTION

Àu Temple de la science, recueilli et ordonné,

substitue une halle tumultueuse et confuse'

***

Dès quo los parents, quelque modesto que soit leur

condidôn o ont le nro^en de payer les droits de bre-

vet, ils n'ont qu'un rêve j faire subir à leur filsépreuves et concouPs.

Un examinateur so plaignait un jour de l'incroya-

ble faiblesse ffun élève.

... Le candidat avait-il répondu que ,le favori de

Tibère c c'était Jean a I confondu scarron avec Mas-

caron ; ou affirméo comme nous favons entendu

nous-même, qus Florian était fauteur d.es fables de

La Fontaine...? Je ne sais.

Brefe un autro examinateur intervenant : c Reve-

nez donc mon amit dit-il, et ne vous troublez Pas:D'où êtes-vous? - De Cholet, Monsiour' Très

bien t Est-ce un beau peys ? - Oh I bien joli, Mon-

sieur t - Que fait votre père? - Do la toile, Mon-

siour, surtout cles'mouchoirs; nous en expédions

partout,'même en Amérique, ourlés ou pas ourlés,

par doute ou par vingt-quatre" ' De mieux on

ô0?

on

mieux I p

Et se tournant vers ses collègues, le professour

ajouta : s Vous vôyez,Messieurs, que q"11d on de-

manile à ee jeun. ho*-" d'es choses qu'il sait' ils'en tire fortbien. Pour vous, mon ag.ri, retotrrnez à

Choïet, faites de la toile... et mes compliments à

Monsiour votre Père. D

Page 520: Les enfants mal élevés

CHAPITRE DEUXIËMD

UINSTRUCTION ET LA CRIMINALITÉ

MORALTÉ COMPARÉE

ù it était vrai que le défaut d'instiuction ftt Iacause do tous les maux, qu'il est plus juste d,attri-buer à I'absence d'éducation, on devrait amiver à cesdeux conséquences sociales : d'abord qu'il doit yavoir une moralité moindre dans les eampagrnes où.I'onseignement est moins soigné que dans les villcs;puis ensuite, que lo sentiment,du devoir doit être bienplus faible ch,:eg la femme que chez l'hommo, qui faitdes études beaucoup plus complètes.

*u*n*

Or, Cest précisément le contraire qui aruive.En gtr*t, la population urbaine, qui no forme que

Ies trois dixièmes de la masso totale, fournit cepen-dantprès de la moitié des accusés : soit B contre t.

Et socondement,, la statistique établit que lafemme commet environ quatre /oi,s moins Ai dëhtsque I'homrne, et siæ fois moi.ns de erômes.

En un quart de siècle, sur cinq millions de délits,les homrnes figurent pour quatre millions.

Page 521: Les enfants mal élevés

LEDUCATI9N ET L',INSTRUCTION 509

Quant, aux crimes eommis par les hommes, Ia

nioyenno est de 84 sur cent; par les femmes, 16 sur

cent seulement.Enliu surun total de7.570 suicidés, il en a 5.960

du soxe masculin.La raison en est, surtout dans ces deux mots : on

donne encore à la fille l'Étucl,tiott; on so contente de

FarRE INsTRIIIRE le fils.Et, en admettant mêmeo que la femme ne déve-

loppe pas cette éducation première, ello en conser-

vera néanmoins une impression durable etprofonde,car elle grandira sans connaître les sophismes du

faux philosophe, les paradoxos du rhéteur, les témé-

rités et les audaces db la demi-science : guoti multo-runL sermonis enpertes, ea mulderes tenent sernperquæ prima didieerunt, selon la judicieuse roluar-oue rle l'auteur du Trai.té des Lais,

***

Rappelez-vous les Aspasie, les Elisabeth, Ies Ma-rion Delorme, la Grande Catherine..., of vous nepourrez admettre, comme on le soutient, que c'esll'ignorance qui gâte le cæur rle la fernme.

Elle ne manque point de philosophie, cette ré-flexion d'un satirique : une femme qui est lrés in-struite Ïest souvent trop.

La Providence sachant la mission de la femmoau foyero lui a donné l'intuition, c'est-à-dire, en biendes cas, la aision nette des chosos sans les laboursdo la prëu'i,sion.

Page 522: Les enfants mal élevés

$t0 IES ENFANTS MAL ËIprlÉs

Dans cet ordre,d'idéoso pour ello, le travail est pres-que tout fail.

Les amis de la libre-pensée bnt bien cornpris quelparti ils pourraient tirer du scepticismo do la science.

Et Cétait calculer habilement : parvenir à jeter lodoute &u cæur de la femme, finstitutrice du genre

' humain, redpublieæ d,amnurrù aut saluso d'après l'ex-pression de Sénèque I n'est-ce pas lo moyen le plusassuré d'étoufler les croyencos au berceau?,

"*.Pratiquement, à quoi a-t-on abouti ?

A,cortstituer en 6 années seulement, une armée de

300.000 c candidates r et de 138.000 diplôméeso dontla plupart sollicitent en vaiir un emploi.

Pour une place disponible il y a des centaines dsdemgndes. '

Veut-on des chiffres?Pendant la même période, les commissions

d.'examen ont décerné 125.000 brevets élémentaireset 13.000 brévets supérieursl or, étant donné lenombre des places vacantes par annéeo il faudraitattendre sorxalrrE ET orze eirrrÉEs, pour parvenir àplacor rien gue les postulantes inscrites à Paris t(Cons. m. [5 mars,) Beaucoup mourent de faimr {uieussent été iles ménagèros modèlos, sans cette déce-vante tentation du diplôme I

rp**

Que de temps laborieusement perdutQuel intérêt, nous le demandonso peut-il y avoir

Page 523: Les enfants mal élevés

peur des jeunçs fi,lles, à Préciserôédoioe au point de vue de la

L'EDUCAIION 6"T L'INSTNUqITON STI

c le rôle de Ia Ma-

{ifrusion {e l'hellé-

nisme a; ou,àcomparer : <t la civilisation deÏÉgypte

aYec celle de la Chaldée. P

Yoilà, cependanto les sujots que llon donne en

composition I

EË quoi t savants examinateurô, vous connaitriez

assez les mæurs dos Chastlims ou Couschites' pour

les juger... ?

Malheur au temps où le sentimont aura fait place

dans le cæur de la mère et de l'épouso, à une scienee

aride et dossée.hante; où , au lieu d'êtro pourl'homme, selon des vues providenti'elles, l'agent in-time tlu bonheur et de la moralisation, la femme ne

sera pour son enfant gu'un pédadoguo, pour son

époui qu'un condisciPle... t

A partir de oe iour, la famille n'existera plus quo

do nom t

*f*

De toutes les démonstrations invoquéos à I'appuido la thèse quo nous analysonso il n'en est pas que

I'on renouvello plus volontiers que celle-oi: c Laprouye gue Ïinstruction moraliso, e'est que? sur

100 criminels, 2 ou 3 seulement ont suivi dos cours

supérieurs: r

Los naifs trouvent cetto preuvo décisive t et lasatisfaction &vec laquelle on la reproduit chaquo an-

née, à Ïépoque du rapport sur la statistique crimi-nolle, prouve la légèreté,ffesprit de beaucoup.

C'est commo si l'on disait : c Sur [00 délinquants,

Page 524: Les enfants mal élevés

5r> tES ENFANTS MAL ÉLUVÉS

il n'y a qu'un bossu et 2 borgnes; sur 20 crimi-nels, il n'y a que 8 récidivistes et un forçat libéré.Donc, les borgnes, les récidivistes et les forçats sontplus moraux quo les autres hommos..; r

Est-co que les érudits et les savants, ne sont point,eux aussi, la minori,të rlans la société, et même unetrès petite fraction?

Lour nombre étant extrêmcment limité, los cri-mes qui leur sont imputables, doivent, de toute évi-dence, être bien plus rares que ceux relevés contreles citoyens vulgaires. En effe{, qu'on pronne auhasard dans la société une centaine d'individus:parmi eux, it ne se rencontrera peut-être qu,unhomme ayant uno haute culture intellectuelle.

Donc, si la prernière catégorie, (celle des igno-rants), est cent fois plus i,rnportante quo celle dessavants, elle pourra, - on vertu mêmo,de la pro-portionnalité, fournir cent délinquants controun, Cest-à-dire cent fois plus de coupables... : etle rappoz"l restera rigourousement lo même.

En résumé, l'erreur commise est la suivante: onergumente, comme si les savants et les ignorantsétaient EN pRoponnox Écem dans le monde I

Or rion n'est moins exact.La thèse menque donc de critique et de justessc,

bien qu'on ne se lasse pas de la rééditor, grÊlce à saforme spécieuse

'D'ailleurs, de hautes étud.os impliquent une situa-tion pécuniaire, qui exclut la plupart destentations,auxquelles succombe souvent le pauvre.

*o*

Page 525: Les enfants mal élevés

r,toucluoN ET ulNsrRuclrloN 5{g

Reportons-nous donc à l'enseignemont général etpopulaire, le plus important de tous. :

Or, en 1826, porextmpie,ily avait enFranee30.000éc.oles; on sn compte aujourcL'hui 80 mille envi-ron.

Cependant, qui oserait soutenir, que la moralitèd,e la jeunesse soit pnocruÈs?

Peut-on nier, au contraire, quejamais crimes épou-

vantablos n'ont été plus fréquemmentcommisopar d,o

très jeunes hommes, i{une instruction su,1tërieureà, celle de la rnasse? "

Les faits sont là, indéniables, saisissants.Nono ce qui dissuade de msl faire, ce ne sont

point tant les connaissencos de l'espril,, quo les sen-

timo'nts du cæur.

'1" 1.,, 8r

Page 526: Les enfants mal élevés

CHAPITRE TROISTÊME

UATHÉ|S$IE SOGIAL: !-A

RELtc|oN

Tous les âges, et tous les pouples ont jogé témé-raire cette entrepriso coqtempordine, à savoir : l'in-dilférence religiôuseo socialement affirmée?

' :

"Ëcoutez les ànciens eux-mèmeô ;

I L'igooiance duvraiDiou estpour un É1at ia pirer des calamités, > disait Platon '

l)t Aristote: s,Il est plus difficile de cr6er une so-tr ciété sansÆyances, que déffier une cité dans lss( alrs. D

Puis Cieéron.'c Il n'est pas de peuplo assez bar-e bareo pour croire possible de ss passer de l'idée des la Divinité. u

Bénèque, à son tour, voirdra quo l'ensoignement' suggère aux jeunes âmes la justice et la piét6 zjus-tieiarn ac pi,etd,tem.

Qui,ntilien est plus explicite encore, qpand il de-mande pour les mattresrles hautes vertue: saneti,ta-tem docentis : le mot est remerquable.

Ce sont des païens gui parlent ainsi (l).

.(Ll Voîrle Dictionnaire.des s_cielces phil,osophiques par M . Franeh, ,

et.lés savûntes recherches de M. ntarthn ïur- les-Moralistes onjciong.

Page 527: Les enfants mal élevés

t'É.ouclrtoN ET trNsrRUcrIoN 5rs

Consultez aussi les philosophes modernes.Voltai,rer parlant

- de l'action divine dens le

'mondo, s'oxprime ainsi :

Cesf Ie saoré lien de fa société, ,

Le premior fondemsnt de la sainte équiÉ.

Autre part il s'6crie : a Un peuple athêe serait unehorde de'brigands. >

< Sans Dieu, pas de vraie probité, u affirmera aussiRousseau.

a En dehors des notions religieuses?pornr o'éduaa-'r tion morale poBsible, u répète de son côté M. Jouf-f,oy.

a L'instruction populaire 'tloit être religieuse,c c'est-à-dire chr6tienno, r> déclare encore M. ,,Cou-sin.

Et il aioute : c L'instruction répand I'orreur ou lar vérité, la vraie ou la fausse lumière... On voit des6 gens très instruits et trèp immoraun. D

a Pour être utile, l'instruction primaire doit êtrec profondément refigieuse, u conclut aussi M,. Gui-a zot... Si l'instituteur n'est pas ïauxiliaire du prô-< tre, la morale de l'écolo esf en danger. u

c Qqel avantage, s'écrioit Robespierre, (interpel-s lant ainsi l'athéisme social de son temps)o quele a,vantâ.ge trouves-tu donc à persuader aux hq*-6 mes qu'une force aveugle préside à leur destinée,< et frappe au hasard lo crimo ou la vertu, of quoa son âme n'ost qu'un souffle léger qui s'éteint auxe portes du tombeaul....Uidée de son néant lui

Page 528: Les enfants mal élevés

6T6 LES ENFÀNTs MAL ÉT,uvÏs

a inspirera.t-elle des sentiments plus purs et plus< élovés que celle de son immortalité? D

Ne ôroyriz-vous pas qus de nos jours, Robespierrelui-même serait taxé de cléricalismeo et vili-penrlé comme réactionnaire...? N'a-t-il pas obtenude Ia Convention cette profession ile foi : <<Le peuple< français croit à I'existence de l'Être Suprême, et

c à l'immortalité del'âme. r (8 juin 179e.)

Notons enlin cette parole de Bonaparte : <rl-,.'homme

sans Dieu, ahl je l'ai vu à l'æuvre en 93... t De cethomme-là, j'on ai assez! Pour former l'homme il fautmettre Dieu avec soi.:. Nulle société ne peutexisters&ns morale, etla moralo implique des croyances. )

un**

Nous ne combattons pas ici dos théories, nous si-gnalons des faits : l'éducation négative qu'on s'efrorced'imposer à la France.

Ainsi, au moment où les passions s'éveillent, oùle besoin de ïindépendance se fait sentir, on no pré-munit pâs l'enfant contre los attraits du mal qui l'en-toure, ni contre les séductions d'uno imaginationardente t

La provocation est certaine, la lutto inévitable...Et on Ïenvoie combattre sans a,rmes pour se défen-

dre, sans bouclierpour se protégerlPendant plusieurs années, il n'y &ur& plus , pour

lui de vie rnorale, mais une froide instruction... Ondéveloppetr&. ses facultés sans lui indiquer Ia tlirec-tion qu'elles doivent prendre; on fera le vido autourile lui I on ne donnera rien à cette âme avide de

Page 529: Les enfants mal élevés

LÉDUcarIoN ET L'INsrRUc[roN .6t?

vérité; on laissera ce cæur se d.essécher dans I'é-goïsme et l'inilifi6ronce, ot s'avilir quelquefois jus'qu'àla dégradation.

Sa mèro aur& éveillé on lui des uotions religiou-ses, alors qu'il n'en pouvait pas encore bien com-prenfue la signification; ot, du jour où l'intelligencede l'élève saura, chercher la'pens6e dans la formulequi l'enveloppe, le maîtro taira eos choses comme siI'on redoutait d'en rappeler le souvonir.

En un mot , l'éducation, indispensable à touthommo dans toutss'Ies carrières; l'éducation qui sur-vit à la mémoiro des formules et des réminiscencesclassiques, sera mise en quelquo sorte au ban des

programmes scolaires, durant cgtte évolution déci-sive qui substitue l'homme à l'onfanto la libert6 à Iadépendanco, la curiosité à la confianco, la passionardonte à l'ingénuité et à la candeur du jeune âge,

Tel estl'avenir qu'on préparel

x*x

En unê seule année, it y t eu, d,o I'avou de IVI. leGardo dos Sceaux, 398 suicides do mineurs, dont67 de jeunes enfants.

C'est tristement signilicatif I

Ceux-là, gui se constituent les apôtres do l'incré-dulité méritent bien qu'on leur applique le mot de

Platon: < Quiconque attaque les Croyances n'aimec pas son Pays? ca.p I'athéisme est la ruine mêmo dsa l'Itrtat. r

"%

Page 530: Les enfants mal élevés

LEs ElrtrÀNfs MAl, Ér,nvÉs

Écoutgzo en terminast, ces paroles dont l'impor-tance s'accroit enqore de I'adtonit6 du nom qui les asignées

Vietor Eugo a écrit les lignes suivantes:c Quand la Franco saura lire, no laissez pôs sans

c direction cotte intelligence que vous aurez déve-< ioi2irée : ,l'rcNoneucn vaur Mlnux eûE Lr\ MÀuvarsr

C SCIENCE. D

Et it ajorrte :

c Donc, ensemencoz les villages d'évangiles. n

Et ailleurs :

u Ce qui aiiè,ge la . souffranco ; co qui sanctifie Io

c travail; ce qui fait l'hommo bon, fort, sage, patient,a bionveillant, digne de'la liberté, Cest d'avoir devant< soi la perpétuelle vision d'un monde meilleur,< rayonnant à travers les ténèbres de cette Tie.c Quant à moi, J'y crois profondément à ce mondea nneilleur, e!' je déclare ici, c'est la suprême joioa do mon âme, comme c'est la première certitudec de ma raison. Je veux donc sincèrement, je dis( plus, je veux ardemment l"enseignement reli-< gieux. l

**re

Lei preuve évidente que llon confond gén6rale"

ment l'instruction avec l'éducation, Cest quo l'onentend tous les jours des parents tenir le langage

suivant :

c Si notrottt l'être, ce

n'avons rien

fils n'est pas élevé comme il aurait

,n'est certos point notre faute t Nousà nous roprocher do co côté... Quand

Page 531: Les enfants mal élevés

L'ÉDUcarIoN ET L'INsrRUcrIoN 6te

'il 6tait ietit, on q bris des domesti{ues exelusive-ment pour lui. Puisr otr lui a 4onné des maîtresà la maison. Aussitôt, qu'il a eu Ïàge voulu, on l'aplacé dans le meilleur lycée; et sansJarnais compter,on lui a payé des répétiteurs de tout genre, procurérnille distractions'et fourni l'argent, de poche de lamanièpe la. plus généreuse. C,est ^au rnoins vingtmille françs guo noup a qprlté ce vilain ingrat t Quepouvions-nous faire de plus... ? D

Ouil l'enfant a appuis $, lire e[ à écrire; il a étu.dié la grammaine et Torthographe pendant ses pre-mières années, pour ge, liyrer ensuits à, des étqdeçplus sérieuses, pi.r* approfondies, sous la directionde professeurs diqtiqgués... On lui a enseigné laGéographie et l'Histoire, et à mots couvertp laMytholpgie... Bientôt, il a commçnc6 le latin, dansCésar, Phè{re, Ovide, et appris les principes de laprosodie... Plus tardo il a traduit 'quelques livres deYirgile, deux ou trois chants de l'Iliade : qe,qui fau-tgrisera dans Ïâge *ûTa à parler avêc gnthousiasmeet tendresse du c diviq Homère u t

Co n'est point tout: il sait extrairs une rabinecaprée, faire une équation, et trouver un chiffre loga-ritfr,mique,.. \ ,

Enfin, il a passé on revuo les doqtrines des grandsphilosophos de I'humanité, donnant à l'étude de cha.çun d'eux un quart dl$eure en 4oyerroq ;"i1"" mêmolu 50 pages de Dugald-St"*"rt, lOb de M. Jouffroy,et p00 dg, M, Cousin... l

Bref, il est réputé avoir fait des études eomplètes I !A morveills I

Cependant les parents vont oeut-êtro s'aueicevoir

Page 532: Les enfants mal élevés

quo fenfant ost devenu hommo, sans auoir orai'men|, reçu d,,ëducation.Latête est meublée de con-

'"\ naissances multiples; mais le cæur est vide' si

" mêmo il n'est pas gâté dans Ses profond'eurs'

LËS ENFÀNTS MÀL ÉIT:VÉS

*r**

Pond.an[ plusieurs annéos nous &vons ontendu,

dans un des premiers lycéos, notre Proviseur nous

adresser, chaque samodi, l'allocution suivante, d.ans

des termes presque identiquos : c Messieurs' vos

o familles font des sacrifices pour vcitre instruction;( vous ne voudrez pas qu'elles perdont lour argent'< Évitez donc avant tout les fautes mat6riellesn si

( vous voulez obtonir los diplômes qui doivent être le

s but de vos efforts. rDurant huit années, les internes n'ont point reçu

ffautre conseil de la part de cot oxcellent homme'

Et cela suffirait.. ?C'est lamentable.. '

Hourousement, on trouvait autre choso à nous

di.re au digne foyer de la famille. Mais eombien sont

privés de cette direction t

Il faut que les parents s'en rendent compte : l'en-seignement public, redisons-lo encoroon'a, pour ainsi

d.ire, nul souci de Ïéducation.Où trouverait-on un provisour, se considérant

comme véritablemont chargé d'inciter à la vertu lajounesse qui lui est confiée... ?

On n'obtiendrait même pag cette précieuse In-

fluence en payant € un supplément n, comme pour

I'escri::ge, la musigue ou l8 danse...

Page 533: Les enfants mal élevés

L'r.:DUCATION ET L'INSTRUqTION 621

C'est m ilehors du programme !A peine oso-t-on garantir la discipline.Àinsi donc: en ce qui eoncerne les mattres, l,élève

nsr cnrvsÉ recovoir deR parents Ïéilucation morale... ;of de leur côté, ces derniers compteat ovouglémentsur les maîtres qu'ils payent, vous firont-ilsr pourIes remplacer.

_Le prix de la pension s, tout eompris r, ro s'ap-plique-t-il pas' aussi bien à la formatioo du cæurqu'à Ia noumituro, &u blanchissage et au cirago desbottes... ?

tela ne fait, même pas question pourle père I

**x

N'en avons-nous point dit assez, pourdémontrer lajustosse d.e cotto affirmation :

L'Instructâan SEULE, ne suffit pas à moraliserI'enfant.

Il faut de toute nécessitd y joindre I,Edueati,on.

Page 534: Les enfants mal élevés

I

tl

,l

r, i.i

Page 535: Les enfants mal élevés

r

CONCTUSION

En résumé, ce qu'on prend pour impossibilité dee bien . élever r, n'est presquo toujourd que I'im-puissance ,certaine do corqigor une diroction oÉrerlussÉno et dC réparor l'æuwe manquée totalement.

On commence à vouloir réagir, quand le mal nsrFAIT.

Oh oui t souvenons-nous gu'accorder à l'enfanttout oe qu:il domande, et lui cédsr pour s'épargnerles ennuis ile la lutte, cela s'appelle d'un mot fortclair et tristbmen.t significatif : LE. GATER.

Cortes t il n'est point interdit ce væu si cher, ce[iil6al charmant : avoir des filles dont on ne parla.point..., et des fils dont on parlo beaucoup...

Mais avant touto choseo de grâce t donnons-leur '

aveç do fortes cro)renoos, une vraie édueatiofr, etne la sacrilions iamais, en aucun ca&, à une instruc-tion exclusive et absorbante.

Enfin, si l'on veut une forrnule dernière, nousdirons: '

- Que la mère dirige libiement.' -- Que le père sanctionne.' r; Et que tous deux donnent l'exemplo.

TIN

Page 536: Les enfants mal élevés
Page 537: Les enfants mal élevés

-!P'.

Cuprrnn I.Cslprrnn II.CuÀprrnn IlI.Csaptrru fV.CsaPrrRE V..CsaPrrnn VI..CsÀpnRr VlI.

CsaPrrBE VI|I.Cutprrns IX.

TABLE DES MATIÈRES

TIYRE PNEMIER

Portraits d'enfants mal éIevés.

- L'enfaut mal éIevé à trols ans..... ...- L'enfant mal élevé à dix ans. ..... ...+'L'onfant mal élevé à guinze ans... .._ L'enfd,nt nfal élqvé à vingt aDs. . . .. . .

- L'onfant mal éIevé à l'âà. d'honme..

- Scèno poignante au foyer.... ., . .. . .- .Analysedu dicton: il fàulçre jerrnesse

Se pagge... t....... .. ... ....'... .

- L'enfant mal élevé e fait une fin r. . .

- L'époux.-te père...... ........., .

*t"ï

tt02S

4L6t6g

7r859r

ITVRE DEIIXdME

Petits prooédés d'éducatton domostigue

- [.,esComparaisons... ..çnoFâls- lrt promssses vainès. .. . . ...-_,:_"..- !*r tromperies......

- les moqueries......

- Les humiliations......, . .

- Le dressage. . r,.. .

- Illusions. - Adulations.... ..:...

979lf99

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Ltr.lnrv.v.\n.vII.

Page 538: Les enfants mal élevés

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' ..rr-f ,f ltr.'! - f q-.4r ": ( !r-'' 'itiai , i'r'

ô96 TABI.E DES MÀTTÈNES

VIIL -. [,a farrtiliarité... .,

IK. - I^es camarades ... ?..X. - Dans les iupons.il. - Questions artificleuses...XII: -'[.,es parents timidos. - Les monolo--"'

gues.

XlIl.. - Les préféreuces. - Le a chouchou D.

ilV. - Les propos trréfléchis.. ....... r...,

IIVRts IROISIÈME

L'autorité et Ia oorreotion.

Crlrrrnn I. - Le sentiment est-il préférable à lnau-torité dans Ïéducption?. -... . .. . .. .

, CsÂpnns II. '- Les incorrigiiblee..... -... . .

Crlprrnn IIL I Parentsgroadeursretenfantsboudeurs.

l. Les rirenaces continuelles.. .. . .2. Lobéissanoe marchandée.. .....3. Les conoessions....&. L'inégalité dans la correciion.. .

Q. !* précipitation........ .

6. Les avis sans ffu.. . . .. '... . . . . :

Cneprrnn lV. - e On ne peut pas toujours lutter r... "-

Cglnrnq V. - Commont se conquieit I'autorité.....Culptrnr YI. - Iro fouet . .. r... - r b. r.

f. I,e fouet dans I'antiguité.

i:i:i"ï':iï"il;ï"li:llii1"'ff;en Angleterre. . .. . . .. ... :'

CsÂprtnu YII. - L'autorité déléguée. - Les domesti-qUeS........ i... r r orr r

C,EAprtnE VIII. - L'autoritê paterne{e devant la [''oi. ' . .

CsapITBE [tr,. - Irfl nature I'emporte-t-elle sur féduce't' tion?., .r....rooorroi

CsÀpnna X. - Ptrnittons e[pensums...'.......-.r.o;.r \ ....

Lt2t{6

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Pager.

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Page 539: Les enfants mal élevés

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TABrE DES MATIÈ-RES

f,rvRn qUATRÉWi\

La pbysionords et Ie oaractère.

- Ira physionomle chez l'enfant.

- Le regartl fuJiâht.:,.....,...

- Premlères perceptions et premierssentlmguts.t.... ;i. l. 1....'.r o i,r r r o o

- Ltinstinct... .......- La curiosité....... i,........- L'imitalloh

| |.!

6W

Cdrpmns [.tiiiernnn II.i'

Csasfltg I.CEAPmns II.Cseprrnu III.CsaPnns IY.

.CgÀpnRE I.

Csapnag II.Cqapnns ltr,ffienrns w.

Pager.2A92[3

I

IIYAE CINOUIÈME

Influeùoe 4e lâ gaietO sur f'éducation.:'^.CsAprrRE I. - Analyse du ûre.. ..,...'.:..,...Cueprrns lL - Son rôledans l'éducation . . .,. . .CsapnBE IIl. - Conrmenton éveille la gaieté chezfen-

fant.... i...CsaBrrnr fV. - Les causeb du rire chez I'enfapt.. . . . .CrgAprrBE Y. - Irajoie rl'après fes tempéraments r. ..

trvRE srlilÈup:l

Idées de I'enfant sur le bonheur.\

'- La rnesuro du bonhour

- tlu petttb pharisieus .... . ...i

rrYRp SFPTÉME

Perceptions, facultés et sentinênts de I'eûfant.L'éduoatiol au F3rceau.

217228

E?8?31Es6

4ss2&62S0âffr

261866268270

Page 540: Les enfants mal élevés

Cslprinn I'Cs.lrrrnp II.Cs.ÀpnBE III.CsAprrns lY.CuaPnnE Y.

TABLE DES MÀTTEAES

Culntrnn V.. ., - Ira crédulité. - L'exagératiorr.. ... . .Csaprrnn Vl. - qiqagination. -,Les rotâns.i.... ..Csapnns YII. - L'abstraetion.,:... . ..CsAprrRE VIII. - Le jugement. .- Aberrations natives.Cs^ptrne IX. - La volonté. - Caractères bizarres.

- ldiosyncrasies. .. .. . r

Cu^l,prrnn X. - La sincérité. ............J....Cn^lpttnn XI. - La mêmoire. .. .. .. ... .,Csaprrl$ XlI. - Singularités mnémotechniques..... . .

TryNE HUITÉME

. Prbcipaux défauts de I'enfant,

- Irtégoisme...

- Lacolère.

- La jalousie. ... ...- La peur...... . . ..... ..- I'a iimidité

IIVRE NEUVÊME

Les enlants terribles. - Ànecilotes. 843

tl'TRE DTSJÉME

L'amour paternel. - L'anour filial.

CsÀpITnn l. - Parallèle entre I'amour paternel et I'a-mour maternel. .... . .. ... .. SIkg

Crupnnp II. ^ -

Irtamourûlial analysé.........,.-ôoe 358

T.IVRE ONZBME

L'esprit de dénigremont. - La méilisance.

Cnepnnn I. - L'esprit eitiquo et I'esprit caustiqire.'- Les intolérants ..........

CsapnRE tr, - La médisance et ses causes.. .. ......

Pegcc2782782872902952es2993033il

3{932t

.325, 330338

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Page 541: Les enfants mal élevés

ÎABLE DES MATIÊRES

IIVRE DOUZIÈME

La responsabilité légale desparents et des enlants.

tsaPrrnr I.

prrnæ II.

CsApITnn I.CuÀPrrBE II.

Csaprmn I.Cslptrnn II.

CÉurrnn llt.

- L'enfant rosponsable' - Législationscomparées ......

- Responsa.bilité des parent$.. .. . ... .

, TTVRE TREIZÉME

.

Les oauses héréditâires.

- L'héréitité.... ..,............- ta consanguinilé.....,.., . o r,. - r r r

- Les enfantsproiliges. .. .. !.. . .J Le surmenage: les enfantsl les ieunes

filles. .,.,...........- Le surmeDage iugé par les médecins.

uvnE QIIINZÉME

Pages.

t!0L

&06

uYRE oUATORZIIÛMU

Petits proiligeq et n fruits secs D. - Le surmenago.

409412

tLlT

t*22

426

Ltypnotisne et la Bétlagogie. - Gurieur eremples.

IJV3E SElZfi.rrTrF

Sramen rle qgelqtes sYstèmes.

CsÂprrRE l. - Lerégime Spartlate. .. -......CuÀptrnn II. - Les âges chevaleresques. o....... ...Cnlpnnr IIl. - L'riducation à Ia e Jean'Jacqucs D. -..Cs.a,prrnu I\r. - L'éducation nationale. .. ... . ..CsÂpnnq Y. - liinternat : le îoyer.. -. . .',3ô

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Page 542: Les enfants mal élevés

680, ÎABLE DES MATIÈRES

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