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56 Halte aux pratiques dangereuses peut être également percé pour y fixer des cro- chets: l'objet sera ensuite remis en place. Le présentoir se déplace avec l'objet et, quand il est usé, on le remplace. Enfin, ultime avan- tage : c'est le présentoir et non l'objet - puis- qu'il reste toujours maintenu - qui subit les dommages causés par les transports et les changements. [Traduit de l*anglais] POUR EN SAVOIR DAVANTAGE WARD, Philip R. In .cupport of di$cult shapes. i Victoria, British Columbia (Canada), British Columbia Provincial Museum, 1778. (Museum methods manual 6.) Un dispositif de soutien en deux parties. [Dessin : British Columbia Provincial Museum.] Les matériaux chimi uement instables dans la construction 8 e vitrines Henry W. M. Hodges Diplômé d'archéologie de l'université de Londres, 1953. Assistant i la Queen's University de Belfast, maître-assistant en technique archéologique. Ses ttudes au St. John's College ont été interrompues par la guerre. I1 devient instituteur et, pendant ses vacances, il entreprend un certain nombre de fouilles. Entre 1957 et 1974, il a été membre de l'Institut archéologique de l'université de Londres. Depuis 1974, il est professeur de conservation des objets archéologiques à la Queen's University de Kingston, dans PÉtat d'Ontario, au Canada. I1 est membre de l'Institut international de la conservation. Feuille de metal Méthode pour vérifier la stabilité des matériaux Une ilitrim n'e.xposition étatit conpe, notamment, pour la protection des objets dlart qu'elle contient, il convient de s'assurer que tous les matériaux qui servent à sa coiistruction sont stables et ne risquent pa de produire, en se détériorant, des substances nocives pour ces objets &art. Malheuremement, la aécessìté de vérifier avec soin la stabilité des élé- ments constitutifs des vitrines d'exposition n'est pas toujoun perpe et Putilisation inconsidérée de cer- tains mdtériaux dpparemment sans danger a endommagé gravement, dans le pass4 les objets métalliques. La vitrine Le verre, élément essentiel de toute vitrine, est une manière inerte et ne pose donc aucun pro- blkme. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des autres matériaux : le bois, notamment, quand il a été fraîchement traité - OU même s'il est sec depuis longtemps, dans le cas de certaines essences - difise dans l'at- mosphère des quantités considérables d'acides organiques. Le chêne en est un exemple. Par ailleurs, la totalité des essences normalement utilisées pour le tannage du cuir peuvent se révéler catastrophiques à l'usage, au point d'entraîner une corrosion importante des objets à base de plomb. Des essences utilisées pour les bois stratifiés, tels que le contreplaqug, ne sont pas non plus sans inconvénient et les colles qui sont utili- sées pour assembler leurs éléments - qu'ils soient ligneux ou synthétiques - peuvent poser des problèmes analogues. C'est le cas, notamment, des stratifiés, des panneaux lattés et des panneaux de fibre de qualité inférieure. De même, la colle traditionnelle des ébénistes réalisée à partir de substances kératinisées telles que la corne, le cuir ou la peau de poisson, entraîne à son tour un risque supplémentaire : qu'elle soit fraîche ou qu'elle se soit détério- rée, elle risque de dégager des substances sul- furées qui ont pour effet de ternir rapidement les objets d'argent. Une autre substance responsable d'émana- tions d'acides organiques, qu'on utilise cou- ramment dans les vitrines d'exposition car elle entre dans la composition de la peinture et des enduits, est l'huile de lin. L'enduit tradition- nel employé pour les vernis, mélange de blanc de Meudon et d'huile de lin, dégage en séchant pendant très longtemps, des vapeurs acides. C'est aussi le cas des peintures qu'on mélange à des liants tels que l'huile de lin ou toute autre huile naturelle. Troisième source de contamination : les joints d'étanchéité utilisés pour empêcher la toussière d'entrer dans la vitrine d'exposition. Etant donné les quantités importantes de sou- fre qui entrent dans la fabrication du caout- chouc naturel vulcanisé et du caoutchouc syn- thétique, ces substances dégagent fréquem- ment, dès leur application ou en se décompo- sant, des quantités dangereuses de gaz sulfuré. Par ailleurs, les bourrelets de mousse, souvent utilisés pour protéger les vitrines des courants d'air, risquent de se décomposer avec le temps - en particulier s'ils sont fabriqués à partir de polymères de qualité inférieure - et d'aug- menter ainsi l'acidité de l'atmosphère. I1 va de soi que ces problèmes ne se posent pas quand on utilise un châssis d'acier recou- vert d'un de ces émaux durs de bonne qualité dont on se sert dans l'industrie automobile ou pour les ustensiles de ménage. Mais si, pour des raisons d'ordre esthétique ou pour tout autre motif, on est contraint d'utiliser un châssis de bois, il sera nécessaire de le rendre

Les matériaux chimiquement instables dans la construction de vitrines

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Page 1: Les matériaux chimiquement instables dans la construction de vitrines

56 Halte aux pratiques dangereuses

peut être également percé pour y fixer des cro- chets: l'objet sera ensuite remis en place. Le présentoir se déplace avec l'objet et, quand il est usé, on le remplace. Enfin, ultime avan- tage : c'est le présentoir et non l'objet - puis- qu'il reste toujours maintenu - qui subit les dommages causés par les transports et les changements.

[Traduit de l*anglais]

POUR EN SAVOIR DAVANTAGE

WARD, Philip R. In .cupport of di$cult shapes.

i

Victoria, British Columbia (Canada), British Columbia Provincial Museum, 1778. (Museum methods manual 6.)

Un dispositif de soutien en deux parties. [Dessin : British Columbia Provincial Museum.]

Les matériaux chimi uement instables dans la construction 8 e vitrines Henry W. M. Hodges

Diplômé d'archéologie de l'université de Londres, 1953. Assistant i la Queen's University de Belfast, maître-assistant en technique archéologique. Ses ttudes au St. John's College ont été interrompues par la guerre. I1 devient instituteur et, pendant ses vacances, il entreprend un certain nombre de fouilles. Entre 1957 et 1974, il a été membre de l'Institut archéologique de l'université de Londres. Depuis 1974, il est professeur de conservation des objets archéologiques à la Queen's University de Kingston, dans PÉtat d'Ontario, au Canada. I1 est membre de l'Institut international de la conservation.

Feuille de metal

Méthode pour vérifier la stabilité des matériaux

Une ilitrim n'e.xposition étatit conpe, notamment, pour la protection des objets dlart qu'elle contient, il convient de s'assurer que tous les matériaux qui servent à sa coiistruction sont stables et ne risquent p a de produire, en se détériorant, des substances nocives pour ces objets &art. Malheuremement, la aécessìté de vérifier avec soin la stabilité des élé- ments constitutifs des vitrines d'exposition n'est pas toujoun perpe e t Putilisation inconsidérée de cer- tains mdtériaux dpparemment sans danger a endommagé gravement, dans le pass4 les objets métalliques.

La vitrine Le verre, élément essentiel de toute vitrine, est une manière inerte et ne pose donc aucun pro- blkme. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des autres matériaux : le bois, notamment, quand il a été fraîchement traité - OU même s'il est sec depuis longtemps, dans le cas de certaines essences - difise dans l'at- mosphère des quantités considérables d'acides organiques. Le chêne en est un exemple. Par ailleurs, la totalité des essences normalement utilisées pour le tannage du cuir peuvent se révéler catastrophiques à l'usage, au point d'entraîner une corrosion importante des objets à base de plomb.

Des essences utilisées pour les bois stratifiés, tels que le contreplaqug, ne sont pas non plus sans inconvénient et les colles qui sont utili- sées pour assembler leurs éléments - qu'ils soient ligneux ou synthétiques - peuvent poser des problèmes analogues. C'est le cas, notamment, des stratifiés, des panneaux lattés et des panneaux de fibre de qualité inférieure. De même, la colle traditionnelle des ébénistes réalisée à partir de substances kératinisées telles que la corne, le cuir ou la peau de poisson,

entraîne à son tour un risque supplémentaire : qu'elle soit fraîche ou qu'elle se soit détério- rée, elle risque de dégager des substances sul- furées qui ont pour effet de ternir rapidement les objets d'argent.

Une autre substance responsable d'émana- tions d'acides organiques, qu'on utilise cou- ramment dans les vitrines d'exposition car elle entre dans la composition de la peinture et des enduits, est l'huile de lin. L'enduit tradition- nel employé pour les vernis, mélange de blanc de Meudon et d'huile de lin, dégage en séchant pendant très longtemps, des vapeurs acides. C'est aussi le cas des peintures qu'on mélange à des liants tels que l'huile de lin ou toute autre huile naturelle.

Troisième source de contamination : les joints d'étanchéité utilisés pour empêcher la toussière d'entrer dans la vitrine d'exposition. Etant donné les quantités importantes de sou- fre qui entrent dans la fabrication du caout- chouc naturel vulcanisé et du caoutchouc syn- thétique, ces substances dégagent fréquem- ment, dès leur application ou en se décompo- sant, des quantités dangereuses de gaz sulfuré. Par ailleurs, les bourrelets de mousse, souvent utilisés pour protéger les vitrines des courants d'air, risquent de se décomposer avec le temps - en particulier s'ils sont fabriqués à partir de polymères de qualité inférieure - et d'aug- menter ainsi l'acidité de l'atmosphère.

I1 va de soi que ces problèmes ne se posent pas quand on utilise un châssis d'acier recou- vert d'un de ces émaux durs de bonne qualité dont on se sert dans l'industrie automobile ou pour les ustensiles de ménage. Mais si, pour des raisons d'ordre esthétique ou pour tout autre motif, on est contraint d'utiliser un châssis de bois, il sera nécessaire de le rendre

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Erreurs de présentation 57

1930. Photo d'or alchimique (à droite) et de plomb (à gauche); c'est de ce plomb qu'a été tirée la pièce d'or qui a été offerte au roi Christian V de Danemark en 1695. [Photo reproduite avec l'aimable autorisation du conservateur du château de Rosenberg, Danemark.]

parfaitement étanche en l'enduisant de vernis blanc ou de peinture. Les vernis et peintures à base de polyuréthane semblent être les plus efficaces, encore qu'ils supposent une longue période de séchage avant de les utiliser. Des revêtements étanches en polyéthylène ou poly- butadiène permettent d'éviter les problhmes posh par d'autres matériaux.

Les matériuux utilisés pour la présefztatimz des expositiom Les matériaux utilisés pour la garniture de la vitrine peuvent entraîner les mêmes difficultés qu'on rencontre dans la construction du châs- sis lui-même. Non seulement il faut se garder d'utiliser du bois humide ou des peintures qui risquent de dbgager des vapeurs nocives, mais il faudra également prendre des précautions particulières en ce qui concerne le type de papier, de carton et de colle qu'on utilise pour décorer la vitrine. Les papiers et cartons de qualité inférieure, qui sont aujourd'hui fabri- qués pour la plupart à partir de pulpe de bois, risquent de se décomposer rapidement en dégageant des substances acides qui peuvent, elles aussi, détériorer les objets exposés. L'idéal serait de n'utiliser que le papier et le carton traités chimiquement - connus sous le nom de papier et de carton (( exempts d'acide )) - pour empêcher le développement de l'acidité. Si l'on doit utiliser d'autres matériaux de ce type, il convient de procéder à une vérification pour s'assurer de leur stabilité (voir ci-après).

Les colles peuvent aussi poser de nombreux problèmes. Celles qui sont à base de caout- chouc doivent être évitées, tout comme les joints de cette matière. D'autre part, les colles d'origine animale, quand elles n'ont pas été

1980. Photo du même objet. Le plomb s'est effrité sous l'effet de substances dégagées par le matériau de la vitrine. [Photo reproduite avec l'aimable autorisation du conservateur du château de Rosenberg, Danemark.]

traitées avec un fongicide, risquent de favori- ser la formation de moisissures, si l'on se trouve dans un environnement humide. Fina- lement, en cas d'humidité, ce sont les colles à base de caurite (aldéhyde uréo-formique) ou de cellulose qui semblent être les plus stables et les plus sûres. Bien que les colles à base de polyvinyle soient souvent recommandées, cer- taines d'entre elles peuvent présenter des inconvénients, probablement dus aux plas- tifiants utilisés dans leur fabrication. Ces plas- tifiants peuvent être composés de substances instables ou volatiles qui sont capables de favoriser en particulier l'oxydation du plomb. Avant d'utiliser ces colles (voir ci-après), il est donc préférable de procéder à des essais.

Les mastics et les rubans adhésifs employés pour le montage exigent de grandes précau- tions. I1 faut éviter les rubans auto-adhésifs et, en tout cas, ne jamais les utiliser en les met- tant directement au contact de l'objet. La plu- part des rubans (( à deux faces $ (qui collent des deux côtés) sont certes séduisants par leur simplicité d'emploi lors des opérations de montage, mais ils sont catastrophiques. En effet, ils peuvent non seulement causer la cor- rosion des métaux, mais, de plus, il est pres- que impossible de retirer rapidement toutes les traces de colle laissées sur la surface de l'objet d'art. Les mastics de montage i utilisation temporaire présentent les mêmes inconvé- nients. A cet égard, le matériau sans doute le plus sûr est la cire microcristalline. Mais, quand on l'utilise, il faut également hiter tout contact avec une surface quelque peu poreuse.

Les tissus choisis pour garnir les vitrines d'exposition ou pour recouvrir les présentoirs doivent êtrei sélectionnés avec un grand soin.

Au cours de sa fabrication, un tissu subit généralement un grand nombre de traitements dont certains laissent des résidus qui peuvent être dangereux dans certains cas. Malheureuse- ment, il n'est pas facile d'identifier la nature de ces traitements ou celle des résidus qui ris- quent de subsister dans une pièce de tissu donnée. D'une manière générale, on peut esti- mer que les cotonnades et les tissus synthéti- ques simples, après avoir été soigneusement lavés de manière à éliminer toute trace de trai- tement, peuvent être utilisés sans danger. Pour les tissus plus élaborés, tels que velours, brocarts et soieries, il sera nécessaire de procé- der à des essais avant de les utiliser dans une vitrine (voir ci-après).

Les épingles et autres objets métalliques de ce genre peuvent s'oxyder quand l'environne- ment est très humide et s'ils ne sont pas fabri- qués dans de bons matériaux, et laisser des marques sur les objets exposés. Cela est parti- culièrement vrai des épingles et agrafes ordi- naires en acier. I1 est donc préférable de ne se servir que de celles qui sont en acier inoxyda- ble ou en monel. Si l'on doit utiliser des objets chromés, il est indispensable de les exa- miner avec soin pour vérifier que le chromage est bien intact et exempt de la moindre égrati- gnure ou de tout autre défaut.

Même les supports en méthacrylate, tels que le plexiglas ou le perspex, peuvent présen- ter des dangers. Certes ces matériaux sont généralement inertes et ne devraient pas créer de difficultés, mais les colles qui sont utilisées pour leur façonnage contiennent souvent de l'acide acétique. Aussi les supports de ce type risquent-ils de causer de graves dommages s'ils sont disposés dans une vitrine trop peu de temps après' leur fabrication.

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58 Halte aux pratiques dangereuses

Enfin, il faut choisir avec le plus grand soin les matériaux en mousse nécessaires à la pré- sentation des objets délicats. I1 existe évidem- ment une vaste gamme de matériaux de ce genre. Certains sont rigides, d'autres flexibles. Malheureusement, les polymères qui entrent dans leur composition n'ont pas tous la même stabilité. Ainsi, il est apparu que certaines sor- tes de mousse de polyuréthane se détériorent rapidement en produisant assez de substances acides pour endommager gravement les objets qu'elles sont censées protéger. Comme pour les textiles, la variété des procédés de fabrica- tion est si grande que l'on peut se trouver, dans certains cas, en présence de deux types de mousse de polyuréthane dont l'une est assez stable tandis que l'autre risque de se décompo- ser rapidement. Pourtant, ce sont sans doute les mousses à base de polyéthylène qui sont les plus stables : si elles se décomposent, il y a peu de chance qu'elles dégagent des substances toxiques.

Les mesures de conservation qui peuvent avoir un e fe t noczy I1 arrive parfois qu'une mesure de conserva- tion, tr?s efficace pour protéger un certain type d'objets exposés, soit préjudiciable à d'autres catégories d'objets qui sont présentés dans la même vitrine. Supposons, par exem- ple, qu'on décide d'installer un inhibiteur de vapeur (VPI) dans une vitrine, de manière à empêcher l'oxydation d'objets en acier. Ces inhibiteurs étant en général fortement basi- ques, les émanations qui s'en dégagent sont de nature à attaquer les alliages de cuivre et de plomb et toutes sortes de substances organi- ques, provoquant finalement un résultat catas- trophique. L'utilisation inconsidérée de fongi- cides peut éalement avoir des résultats impré- vus, indépendamment du risque inutile que ces produits font courir au personnel chargé de la conservation. L'utilisation excessive de certains types d'hydrocarbones chlorinés, tels que le paradichlorobenzène, qui est un des élé- ments de base des boules antimites, a été cité

comme étant une cause importante de corro- sion du bronze. En résumé, si l'on introduit dans une vitrine un produit destiné à protéger certains objets d'art, il faut absolument étu- dier quels en seront éventuellement les effets sur les autres objets qui s'y trouvent.

Commetzt s'en assurer? Arrivé à ce point, le lecteur pensera peut-être que la question de la stabilité des matériaux formant les éléments constitutifs d'une vitrine d'exposition est trop complexe pour qu'on puisse lui apporter une réponse simple. Or ce n'est pas le cas, même s'il faut bien admettre que les opérations de vérification prennent du temps - souvent au moins un mois - et que la solution n'est pas toujours immédiate.

En ce qui concerne le papier et le carton, il faut cependant rappeler que les conservateurs spécialisés dans ce domaine vérifient en général l'acidité des papiers qu'ils utilisent. Ils peu- vent donc conseiller utilement et facilement dans ce domaine. Sil ne peut pas être aidé pour ce travail, le directeur de musée devra inévitablement se résoudre à effectuer lui- même ces vérifications. I1 trouvera une excel- lente description de la manière de procéder dans l'ouvrage d'Anne F. Clapp, Curatorial care works of art on paper, p. 23-25 I .

De telles vérifications n'apportent pas d'in- formation spécifique. Leur utilité est, en fait, de permettre d'éliminer les matériaux forte- ment acides ou basiques sans pour autant par- venir à identifier la nature de l'acide ou de la base. I1 existe un autre type de vérification qui se révèle souvent utile: il consiste à détermi- ner si un matériau donné est utilisable sans danger pour une vitrine où seront exposés des objets réalisés dans une substance définie. I1 suffit de disposer dans le même récipient un échantillon du matériau à vérifier et un échan- tillon de la substance susceptible d'être endommagée et de les laisser ainsi quatre semaines une température d'environ 60 O C. Un grand nombre de processus de décomposi- tion qui sont à l'origine des dégradations se

produisant plus rapidement dans un environ- nement humide, il faudra également intro- duire de l'eau dans le récipient. Cette opéra- tion sera réalisée au moyen d'une éprouvette de quinze centimktres de long, fermée avec un bouchon de polyéthylène tels que ceux qui sont utilisés en laboratoire. Au fond du tube, on versera environ trois centimètres d'eau puis, au-dessus de l'eau, on introduira un bouchon de laine de verre, en prenant soin de ne pas le mettre en contact avec elle, pour empêcher l'échantillon de tomber dans l'eau. Ainsi, par exemple, si l'on pose la question précise de savoir dans quelle mesure on peut utiliser sans danger un tissu d'un certain type pour tapisser une vitrine destinée à contenir des objets en argent, il suffira d'envelopper légèrement une feuille d'argent dans un échantillon du tissu et d'introduire ces objets dans l'éprouvette. Au terme de l'expérience, s'il apparaît que la feuille d'argent est ternie, cela prouve que le tissu en question ne con- vient pas h cet emploi. De même, au moyen de feuilles de cuivre ou de plomb, on pourra vérifier si des matériaux d'exposition peuvent être utilisés sans danger avec des objets en cui- vre, en bronze ou en laiton, d'une part, ou en plomb et en étain, d'autre part. Quant h la colle et à la peinture, on peut en enduire de petites tiges de verre et, l'enduit étant bien sec, on procédera à la même opération. Une technique similaire a été décrite par W. A. Oddy2 dont les travaux ont été prolongés par Kathryn Hnatiuk dans un article qui est actuellement en cours d'impression'.

[Traduit de Panglais]

1. Anne F. Clapp, Curatorial care of workï of act onpaper, éd. rév. Oberlin, OH 44074 (Etats-Unis d'Amérique), Intermuseum Conservation Association, 1973. 105 p.

2. W. A. Oddy, The corrosion of metals on display, dans : Conservation in archaeology and the $ne arts. Londres, IIC, 1975.

3. Kathryn Hnatiuk, The effects of display materials on metal artifacts, Gazette of the Canadian hfziseumr Association. Ottawa. (Sous presse,)

L ¿@position de numéros sur les éléments de collec- tions de matériaux culturels pour les cataloguer n'a souvent d'autre rhultat - quand le numéro ne diqaraît pas purement et silnplement - que de détériorer la pièce considérée. Cela peut être dû, pour une part, d' la n&ligence mais, le plus sou- vent, cela tient n' ce que la personne qui effectne cette opération ignore les conséquences que peuvent avoir certaines techniques de numbrotc2ge ou ne con- naît pas de techniques de remplacement. Quels sont lrs inconvénients de qiiekpes méthodes couramment iítilisées? Et comment y vernédieu?

Mauvais numérotage des pièces de musée Ann Howatt Krahn

Les matériaux utilisés Les produits d'usage courant ne conviennent pas lorsqu'il s'agit de numéroter les pièces d'une collection car ils ne sont pas plus fiables à court terme qu'à long terme. Par exemple, on sait pertinemment que les rubans et éti- quettes adhésifs qu'on trouve dans le com- merce - qu'ils soient en papier, en tissu ou en matikre plastique - laissent des taches en pro- fondeur, en particulier sur les matériaux poreux tels que textiles, bois, ivoire, cuirs

maroquinés et papier. Sous l'effet du milieu ambiant et de par leur composition chimique, la plupart de ces produits adhésifs s'effritent ou prennent une consistance gluante, ce qui entraîne la disparition des indications men- tionnées, tandis que les résidus collants s'in- crustent sur la surface de l'objet. Les etiquettes en papier, collées ou accrochées, absorbent l'humidité et sont rarement neutres ou dépourvues d'acide. Avec le temps elles se dés- agrègent, ce qui risque d'accélérer la corrosion des métaux ou provoquer par endroits des ter-