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Les pays BRICS et l’Afrique Prochaine génération de dirigeants africains du secteur de la sécurité Centre d’études stratégiques de l’Afrique National Defense University Fort McNair Washington Le 19 mars 2013 Remarques de David H. Shinn Professeur adjoint, Elliott School of International Affairs George Washington University Introduction Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, qui constituent le groupe dit des BRICS, tiendront leur 5e sommet à Durban, en Afrique du Sud, du 25 au 27 mars 2013. Le thème retenu cette année est « Les BRICS et l’Afrique – partenariats pour l’intégration et l’industrialisation ». Le président de la Russie Vladimir Poutine et le président de la Chine Xi Jinping se joindront aux présidents du Brésil et de l’Afrique du Sud et au premier ministre de l’Inde. L’événement mettra en vedette l’Afrique du Sud et offrira l’occasion aux autres dirigeants de faire plus ample connaissance avec M. Xi Jinping. Les présidents chinois et russe se rendront également en Afrique du Sud dans le cadre de visites officielles distinctes. Les pays BRICS se rencontrent tous les ans depuis 2009, bien que l’Afrique du Sud n’ait intégré le groupe qu’à la fin 2010. L’un des points inscrits à l’ordre du jour de Durban est la création d’une banque de développement et d’un fonds de sauvetage dotés de 240 milliards de dollars qui constitueraient une alternative au Fonds monétaire international, mais les divergences relatives à la monnaie du fonds risque de retarder la naissance de cette institution. En janvier 2013, le sommet a été précédé pour la première fois par une réunion strictement réservée aux

Les pays BRICS et l'Afrique

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This is a French translation of an analysis of the BRICS and Africa in advance of the BRICS summit in Durban, South Africa, in March 2013.

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Les pays BRICS et l’Afrique Prochaine génération de dirigeants africains du secteur de la sécurité

Centre d’études stratégiques de l’Afrique National Defense University

Fort McNairWashington

Le 19 mars 2013

Remarques de David H. ShinnProfesseur adjoint, Elliott School of International Affairs

George Washington University

Introduction

Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, qui constituent le groupe dit des BRICS, tiendront leur 5e sommet à Durban, en Afrique du Sud, du 25 au 27 mars 2013. Le thème retenu cette année est « Les BRICS et l’Afrique – partenariats pour l’intégration et l’industrialisation ». Le président de la Russie Vladimir Poutine et le président de la Chine Xi Jinping se joindront aux présidents du Brésil et de l’Afrique du Sud et au premier ministre de l’Inde. L’événement mettra en vedette l’Afrique du Sud et offrira l’occasion aux autres dirigeants de faire plus ample connaissance avec M. Xi Jinping. Les présidents chinois et russe se rendront également en Afrique du Sud dans le cadre de visites officielles distinctes.

Les pays BRICS se rencontrent tous les ans depuis 2009, bien que l’Afrique du Sud n’ait intégré le groupe qu’à la fin 2010. L’un des points inscrits à l’ordre du jour de Durban est la création d’une banque de développement et d’un fonds de sauvetage dotés de 240 milliards de dollars qui constitueraient une alternative au Fonds monétaire international, mais les divergences relatives à la monnaie du fonds risque de retarder la naissance de cette institution.

En janvier 2013, le sommet a été précédé pour la première fois par une réunion strictement réservée aux conseillers de la sécurité nationale des cinq membres du groupe à New Delhi, lesquels conseillers s’étaient rencontrés les années précédentes en marge du sommet. Selon les comptes rendus de presse, le terrorisme, la cybersécurité, la piraterie et la situation de la Syrie ont dominé les débats de cette réunion. Le Brésil a mis l’accent sur la question de la sécurité aux rencontres de la Coupe du Monde 2014 et des Jeux olympiques de 2016. L’Afrique du Sud s’est concentrée sur l’extrémisme en Afrique du Nord et dans le Sahel.

Les BRICS rassemblent aujourd’hui 43 % de la population mondiale et génèrent environ un quart du PIB mondial. Toutefois, pour 2012, les PIB s’échelonnaient de 390 milliards de dollars pour l’Afrique du Sud à 8,3 billions de dollars pour la Chine. Le PIB du Brésil était d’environ 2,4 billions de dollars alors que ceux de la Russie et de l’Inde avoisinaient 2 billions de dollars. Les taux de croissance du PIB pour 2011 se situaient à un maximum de 9,3 % pour la Chine et à un minimum de 2,7 % pour le Brésil, ceux de l’Inde, de la Russie et de l’Afrique du Sud étant respectivement de 7,1 %, 4,3 % et 3,1 %. La Russie et le Brésil ont le PIB par habitant le plus élevé, soit plus de 12.000 dollars, et l’Inde le PIB par habitant le plus bas, 1.600 dollars. Entre ces deux extrêmes viennent la

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Chine, avec 6.100 dollars et l’Afrique du Sud avec 7.600 dollars. Hormis le fait que chacune des cinq économies du groupe est la plus importante dans sa zone de marché, les BRICS forment un groupe plutôt disparate.

Chine

La Chine s’intéresse à l’Afrique pour quatre grandes raisons. En premier lieu, elle a besoin d’accéder à des ressources énergétiques et minérales, à du bois d’œuvre et à des produits agricoles. Environ un tiers de ses importations totales d’hydrocarbures viennent d’Afrique. La Chine importe également d’Afrique de grandes quantités de cobalt, de manganèse, de tantale, de bauxite, de minerai de fer et de houille. Ces importations de matières premières de l’Afrique et d’autres régions du monde alimentent son économie en rapide croissance, et en l’absence d’une croissance économique robuste, les dirigeants actuels du Parti communiste chinois éprouveraient des difficultés à se maintenir au pouvoir. L’intérêt de la Chine pour les ressources naturelles de l’Afrique est un intérêt de nature stratégique et à long terme.

En second lieu, la Chine compte sur le soutien politique des pays africains au sein des instances internationales. Les 54 pays de l’Afrique constituent plus d’un quart des 193 membres des Nations Unies. Si la Chine dispose d’un droit de veto au Conseil de sécurité, l’Afrique occupe à ce même conseil trois sièges non permanents. L’Afrique est également bien représentée dans des entités qui offrent un grand intérêt pour la Chine, tels que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et l’Organisation mondiale du commerce. La Chine déploie des efforts considérables pour cultiver un nombre maximum de pays africains sur toutes les questions l’intéressant qui se traitent au sein des instances internationales. Dans certains cas, les gouvernements africains animés du même esprit se servent des Chinois tout comme les Chinois se servent d’eux, par exemple lorsque des questions litigieuses affectant la Chine ou un pays africain donné sont soulevées au Conseil des droits de l’homme. Lorsque le problème du Tibet a été abordé en 2008, la Chine a fait pression sur les Africains pour qu’ils se taisent ou même pour qu’ils se déclarent en sa faveur. Et ils se sont exécutés. Les pays africains peuvent compter sur la Chine pour éviter de soumettre au Conseil des droits de l’homme des questions controversées touchant aux droits de l’homme en Afrique, voire pour les soutenir lorsque des pays occidentaux les critiquent.

En troisième lieu, la Chine souhaite que tous les pays reconnaissent Beijing et pas Taipei. Beijing n’a jamais reculé d’un pouce sur sa politique dite d’une seule Chine. Chose d’égale importance, les Chinois n’ont pas oublié que les États africains ont joué un rôle clé en 1971 dans le remplacement de Taiwan par la République populaire de Chine au Conseil de sécurité des Nations Unies. Seuls quatre pays africains, le Swaziland, le Burkina Faso, la Gambie et Sao Tomé-et-Principe, ont encore des relations diplomatiques avec Taiwan. À la fin 2008, après l’élection d’un nouveau président à Taiwan, Taipei et Beijing ont conclu une trêve officieuse selon laquelle ils conviennent de s’abstenir de demander aux pays qui reconnaissent une Chine de changer de position pour reconnaître l’autre.

En quatrième lieu, la Chine vise à étendre ses exportations vers l’Afrique. En 2009, elle a dépassé dans ce domaine les États-Unis et est devenue le premier partenaire commercial du continent. Elle est toujours détenteur du titre et, en 2011, les échanges

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commerciaux Chine-Afrique atteignaient un total de 166 milliards de dollars. Toutefois, la Chine ne réalise qu’environ 4 % de ses échanges mondiaux avec l’Afrique, alors que la part chinoise des échanges mondiaux africains est de 14 %. Si le commerce Chine-Afrique est resté généralement équilibré au cours de la dernière décennie, il existe en revanche des disparités notables entre les pays africains. Une quinzaine d’exportateurs africains de pétrole et de minerais affichent un excédent substantiel de leur balance commerciale avec la Chine, tandis que plus de trente pays africains, dont les plus pauvres, enregistrent un déficit lui aussi substantiel. Cinq pays africains exportateurs de pétrole et de minerais s’adjugent quelque 78 % des exportations de l’Afrique vers la Chine.

La Chine s’attache à la poursuite de ces intérêts de plusieurs manières. Bien que ce soit de l’Occident que provienne toujours la plupart de l’investissement direct étranger en Afrique, la Chine s’est montrée plus dynamique que les pays occidentaux ces dernières années. L’IDE de la Chine en Afrique dépasse sans doute 40 milliards de dollars, pour la plupart dans les secteurs des hydrocarbures, de la banque, des services, des produits manufacturés et des industries extractives. Ceci ne constituait dans le passé qu’environ 4 % de l’IDE total de la Chine. En 2011, ce sont 10 % du nouvel IDE chinois qui ont été effectués en l’Afrique. Les principaux destinataires de l’investissement chinois sont l’Afrique du Sud, le Nigéria, la Zambie, l’Algérie, la RDC et le Soudan. Les entreprises chinoises se montrent également plus disposées que leurs homologues occidentales à prendre des risques en Afrique.

L’une des tactiques pratiquées par la Chine pour accroître son influence en Afrique consiste en un renforcement de son programme d’aide. Les statistiques de la Chine sur son aide manquent toutefois de transparence et il est difficile de déterminer l’équivalence de cette aide en appliquant la définition de l’OCDE, mais on estime que l’aide chinoise à l’Afrique a atteint ces dernières années un total d’environ 2,5 milliards de dollars selon cette définition. Un programme particulièrement efficace, qui remonte à 1963, consiste à déployer des équipes médicales dans divers pays africains. La Chine a ainsi envoyé plus de 18.000 agents de santé dans 46 pays et traité, dit-elle, 200 millions de patients. La Chine a également lancé un programme pour jeunes, comparable au programme du Corps de la paix des États-Unis, qui a aujourd’hui plus 300 bénévoles sur le terrain en Afrique.

Si le montant des subventions d’aide octroyées par la Chine à l’Afrique augmente modestement, ce sont essentiellement les prêts à faible taux d’intérêt consentis aux projets d’infrastructure qui défraient la chronique. Mais ces projets sont mis en œuvre par des entreprises chinoises et, abstraction faite de la nature concessionnelle des prêts, relèvent davantage de transactions commerciales que de projets d’aide. Ces dernières années, la Chine a accordé sous forme de prêts à faible taux d’intérêt environ 14,5 milliards de dollars à l’Angola, 6,5 milliards de dollars à la République démocratique du Congo, 5 milliards de dollars au Niger et 3 milliards de dollars à l’Éthiopie. La plupart de ces pays remboursent les prêts par des exportations de pétrole ou de minerais vers la Chine. Pour l’Éthiopie les modalités de remboursement ne sont pas claires étant donné que ses exportations à destination de la Chine ne consistent qu’en des graines de sésame, des cuirs et peaux et un peu de café et qu’il faudrait beaucoup de graines de sésame et de peaux de chèvres pour rembourser 3 milliards de dollars. La Chine pourra peut-être

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accorder une remise partielle de la dette éthiopienne ; elle a déjà annulé dans le passé des dettes substantielles dans le cas des pays africains les plus pauvres.

Ce sont les excellents rapports d’État à État qui sont la caractéristique marquante des relations de la Chine avec les pays africains. La République populaire de Chine possède une ambassade dans 49 des 50 pays qui la reconnaissent, la seule exception étant la Somalie où l’insécurité n’a pas permis l’implantation d’une telle institution. Et sur ces 50 pays, seules les Comores n’ont pas d’ambassade à Beijing. La Chine accorde une place de premier plan aux contacts personnels de haut niveau pour consolider ses relations avec les dirigeants africains. Le président Hu Jintao a fait six tournées en Afrique, deux fois en tant que vice-président et quatre fois en tant que président, et s’est rendu dans de multiples pays. Xi Jinping a effectué sa première visite à l’étranger en mars, au sommet des pays BRICS en Afrique du Sud après une escale à Moscou. Depuis 1991, le ministre des Affaires étrangères de la Chine fait sa première visite annuelle à l’étranger en Afrique, pratique qu’apprécient les gouvernements africains. Tous les éléments du gouvernement chinois se rendent fréquemment en Afrique et, en retour, Beijing invite souvent des dirigeants africains en Chine. De 2002 à 2005, des responsables du Parti communiste chinois se sont rendus 64 fois en Afrique et des représentants de partis politiques africains se sont rendus 69 fois en Chine.

En 2000, la Chine et l’Afrique ont officialisé leurs relations par le biais du Forum sur la coopération sino-africaine, qui se réunit tous les trois ans en alternance à Beijing et dans une capitale africaine. Le dernier sommet a eu lieu en 2012 à Beijing. Le Forum est un mécanisme important pour coordonner les relations entre la Chine et l’Afrique, mais si celle-là peut s’exprimer d’une voix unie, celle-ci tend généralement à adopter des positions diverses.

La Chine fait également appel à toute une gamme de techniques de pouvoir douces pour étendre ses relations avec l’Afrique. Le service officiel d’information, Xinhua, possède plus de 20 bureaux en Afrique et l’on compte 29 Instituts Confucius dans 22 pays. La Chine intensifie ses émissions radio télévisuelles en diverses langues vers l’Afrique, possède des installations de radio-télédiffusion au Kenya et a conclu divers arrangements de retransmission. Elle forme des Africains de différents horizons, notamment des diplomates et des journalistes, et a porté à 5.000 le nombre de bourses offertes chaque année à des étudiants africains.

Par comparaison aux pays situés à sa périphérie, à l’Europe et à l’Amérique du Nord, l’Afrique occupe une place peu prioritaire en matière de sécurité pour la Chine. Elle voit toutefois son importance augmenter du fait de la dépendance croissante de la Chine à l’égard des importations de matières premières africaines. La Chine a pour politique de s’abstenir d’implanter des bases militaires en Afrique mais entretient certaines interactions, si modestes soient-elles, dans le domaine de la sécurité avec les 50 pays africains qui la reconnaissent. Sa part de marché des armes classiques en Afrique subsaharienne est d’environ 20 %, ce pourcentage étant plus élevé pour les armes légères et de petit calibre. Des visites d’échange entre personnels militaires de haut niveau constituent un élément important des relations en matière de sécurité.

Vingt-huit pays africains ont un attaché de défense à Beijing tandis que 16 bureaux d’attaché de défense chinois sont accrédités auprès d’une trentaine de pays africains. La Chine joue un rôle croissant et constructif dans les opérations onusiennes de maintien de la paix en Afrique. Elle compte actuellement plus de soldats de la paix

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déployés dans le cadre de ces opérations que tout autre membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, soit environ 1.500 contre une trentaine pour les États-Unis. La Chine continue d’envoyer deux frégates et un navire avitailleur pour appuyer la force navale internationale luttant contre la piraterie somalienne dans le golfe d’Aden. À mesure qu’elle étend sa présence dans les zones de conflit africaines telles que le delta du Niger, le Kordofan du Sud au Soudan et l’Ogaden en Éthiopie, ses ressortissants font l’objet du même genre d’attaques que ceux des pays occidentaux. Au début 2011, les forces armées chinoises ont contribué à la supervision de l’évacuation de 36.000 travailleurs chinois de la Libye.

La Chine fait également face à certaines difficultés en Afrique. Bien qu’elle ait forgé d’excellentes relations avec les autorités gouvernementales et avec la plupart de la communauté des affaires, elle a remporté moins de succès auprès de la société civile, des partis politiques et des syndicats du travail. Parmi les domaines dans lesquels ses interventions en Afrique attirent des critiques figurent :

La démocratie et la bonne gouvernance. Les pratiques en matière de droits de l’homme. La transparence et la corruption. Des pratiques environnementales contestables. Des achats illicites de bois d’œuvre, d’ivoire et d’espèces en danger. Des conditions inférieures en matière de sécurité du travail et d’emploi des

travailleurs. Les exportations vers l’Afrique de produits néfastes et contrefaits. La concurrence des petits commerçants et gens d’affaires chinois avec leurs

homologues africains. L’insuffisance du contrôle des ventes d’armes à destination de l’Afrique.

Inde

L’Inde, la plus grande démocratie du monde, constitue pour la Chine un défi plus direct en Afrique que les États-Unis. Il existe des communautés indiennes implantées de longue date dans certaines régions africaines. La côte Est de l’Afrique est située sur l’océan Indien, que l’Inde considère comme sa sphère d’influence. L’Inde a un passé colonial commun avec de nombreux pays africains et entretient des relations de longue date avec ceux de ces pays qui sont membres du Commonwealth britannique. Tout comme la Chine, l’Inde a été un partisan résolu en faveur de la lutte contre le colonialisme et un chef de file du mouvement des pays non alignés.

L’intérêt principal de l’Inde vis-à-vis de l’Afrique aujourd’hui réside, tout comme pour la Chine, dans l’accès à l’énergie et aux minerais. Ses partenaires commerciaux les plus importants sont le Nigéria et l’Afrique du Sud. L’Inde importe environ 20 % de son pétrole de l’Afrique et ses échanges commerciaux avec l’Afrique représentent environ 20 % de ses échanges mondiaux, ses importations étant de loin supérieures à ses exportations. Elle exporte vers l’Afrique des produits manufacturés à bon marché, s’exposant ainsi à certaines des mêmes critiques que la Chine. La valeur annuelle des échanges commerciaux de l’Inde avec l’Afrique est d’environ 64 milliards de dollars, soit bien moins que celle des échanges sino-africains. L’économie de l’Inde est notablement

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plus modeste que celle de la Chine, et le pays ne dispose pas des ressources financières requises pour concurrencer efficacement celle-ci.

L’Inde possède certains avantages par rapport à la Chine. Elle est géographiquement plus proche de l’Afrique. Sa forme de gouvernement est plus attrayante aux régimes à aspirations démocratiques du continent. Les Indiens ont un langage en commun avec les pays africains anglophones. La culture indienne, en particulier le cinéma, est en vogue dans une grande part de l’Afrique. Le vaste secteur privé de l’Inde, qui dégage quelque 70 % de son PIB, est une source d’attrait dans certains pays africains. L’Inde a un taux impressionnant de croissance du PIB, d’environ 7 %, qui fait l’envie de nombreux Africains. Les communautés indiennes d’Afrique sont bien établies, bien que n’ayant pas toujours été bien reçues et qu’étant parfois accusées d’isolationnisme par les Africains. L’Inde a de longue date pour politique de chercher à s’associer aux gens d’origine indienne en Afrique; la politique de la Chine à l’égard des Chinois d’origine est plus ambivalente.

L’Inde a commencé à officialiser sa collaboration avec l’Afrique, mais pas autant que la Chine. Le premier sommet indo-africain a eu lieu à New Delhi en 2008 et le Premier ministre de l’Inde en a présidé un second en 2011 à Addis-Abeba. Quinze dirigeants africains y ont assisté, ce nombre étant considérablement inférieur à celui des participants aux sommets sino-africains. L’Inde a 26 ambassades en Afrique contre 49 pour la Chine. L’Inde recherche elle aussi l’appui de l’Afrique au sein des forums internationaux. En 2011, le conglomérat indien Essar a annoncé son intention d’investir 4 milliards de dollars au cours des cinq années suivantes pour construire une usine de traitement de minerai de fer au Zimbabwe. En 2012, l’Inde a signé un accord de prêt de 300 millions de dollars pour la construction de la liaison ferroviaire entre l’Éthiopie et Djibouti.

L’Inde n’attache pas de conditions à son aide mais elle ne souligne pas cette politique comme le fait la Chine. Les deux pays ont institué un système préférentiel de franchise de droits de douane pour les exportations en provenance des pays africains les plus pauvres. En 2011, l’Inde a annoncé l’octroi d’une ligne de crédit de 5 milliards de dollars en faveur des pays africains au cours des trois années à venir. La Banque indienne d’import-export possède des agences à Dakar, à Durban et à Addis-Abeba pour assurer le suivi de ses projets dans tout le continent. Les investissements indiens ciblent des entreprises et des co-entreprises indiennes en Afrique, plutôt que de relier les prêts à de grandes entreprises d’État comme le fait la Chine. Les entreprises indiennes s’intègrent dans les marchés intérieurs africains et tendent à puiser aux ressources locales alors que les entreprises chinoises tendent à importer leurs intrants de sources chinoises. Certains Africains ont fait connaître les préoccupations que leur inspirent des plans de l’Inde visant à obtenir des accords de baux fonciers de longue durée en vue de la production de denrées alimentaires pour l’Inde. Le gouvernement indien investit fortement dans le projet d’e-réseau panafricain pour tenter de pénétrer le marché africain des télécommunications.

L’Inde prévoit d’allouer à l’Afrique une aide de 500 millions de dollars au cours des cinq années à venir. L’aide indienne fait une place importante à la formation : 1.000 Africains en bénéficient chaque année et elle a convenu en 2012 de financer 22.000 bourses d’étude supplémentaires. Quelque 15.000 étudiants africains font chaque année des études en Inde dans des universités et des établissements d’enseignement technique.

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L’Inde envoie des centaines d’enseignants en Afrique et prévoit de mettre en place des établissements d’enseignement sur tout le continent, à commencer par le Burundi et le Ghana. Par ailleurs, nombreux sont les membres des élites africaines qui se rendent en Inde pour y obtenir des soins médicaux. Les banques indiennes commencent à étendre leur présence en Afrique.

La protection des voies maritimes de l’océan Indien représente un intérêt national vital pour l’Inde. Le pays a donc établi d’étroites relations de sécurité avec les îles et plusieurs pays situés en bordure de cet océan. L’Inde est sensibilisée à l’expansion navale de la Chine dans la région. Elle a signé des accords de défense avec le Kenya, Madagascar et le Mozambique et lancé des programmes de formation conjointe avec l’Afrique du Sud, le Kenya, le Mozambique et la Tanzanie. Madagascar, Maurice et les Seychelles apportent leur concours à la surveillance et au recueil du renseignement dans le domaine maritime. L’Inde dispense des formations aux personnels militaires africains dans ses écoles militaires et accroît ses ventes d’armes à l’Afrique. Elle a forgé une alliance particulièrement étroite avec l’Afrique du Sud et des navires indiens, sud-africains et brésiliens ont participé en 2010 à des manœuvres navales conjointes au large de l’Afrique du Sud. Des navires indiens participent aux efforts de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden. Quelque 6.500 membres des forces armées et de la police de l’Inde sont affectés à quatre des sept missions de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique.

L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud ont créé en 2004 une alliance stratégique dite Forum de dialogue Inde-Brésil-Afrique du Sud (IBSA). Cette association de trois puissances intermédiaires vise à tirer parti des règles internationales en vigueur pour promouvoir une répartition plus juste, plus représentative et plus équitables du pouvoir au sein du système international. Les chefs d’État de l’IBSA ont tenu leur cinquième sommet en Afrique du Sud en 2011 et c’est l’Inde qui sera l’hôte de la réunion en 2013.

Brésil

Le Brésil ne compte pas moins de 70 millions d’habitants de descendance africaine. Nombreux sont les Brésiliens dont les ancêtres vivaient au Nigéria et au Bénin et la culture africaine qui a survécu au Brésil contribue au renforcement des relations du pays avec l’Afrique. Le Nigéria possède des communautés brésiliennes concentrées à Lagos, qui ont été formées par des descendants d’anciens esclaves revenus au pays au cours du XIXe siècle. Bien que le Brésil ait des affinités naturelles avec les pays lusophones (Angola, Mozambique, Sao Tomé-et-Principe, Guinée-Bissau et Cap- Vert), il a considérablement développé sa présence dans tout le continent ces dernières années.

Le Brésil possède des ambassades dans 37 pays d’Afrique. Il est membre de la Zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud, rassemblant 24 États, qui a été formée en 1986 pour encourager la coopération régionale dans les domaines du développement, de la paix et de la sécurité. Vingt et un pays de l’Afrique occidentale et australe appartiennent à cette organisation. Au cours de son septennat, l’ancien président du Brésil Lula da Silva s’est rendu 12 fois en l’Afrique, où il a fait des tournées dans 29 pays. Mme Dilma Rousseff, l’actuelle présidente, poursuit ces visites mais un rythme moins frénétique.

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Les échanges commerciaux du Brésil avec l’Afrique – principalement le Nigéria, l’Égypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud-- se sont élevés à 28 milliards de dollars en 2011. Les importations brésiliennes sont, à environ 90 %, du pétrole et des ressources naturelles. À mesure que les exportations brésiliennes de pétrole augmenteront et que le Brésil se transformera en un grand exportateur de pétrole, ses importations en provenance de l’Afrique diminueront et son objectif à long terme n’est pas de recourir à l’Afrique pour se procurer des ressources naturelles. Le Brésil, dont la balance commerciale avec l’Afrique est déficitaire, recherche des marchés pour ses produits manufacturés et des opportunités d’investissement pour ses entreprises. En sus de ses rapports avec les pays lusophones, le Brésil a noué d’étroites relations économiques et politiques avec le Nigéria. La Marine nigériane a même envoyé deux navires à Rio de Janeiro en 2007.

Le Brésil a investi, estime-t-on, de 10 à 20 milliards de dollars en Afrique, principalement dans les secteurs de l’énergie, des mines et du bâtiment ; 500 de ses entreprises y mènent des activités. En 2011, le Zimbabwe a contracté un emprunt agricole de 300 millions de dollars auprès du Brésil. En 2012, le Malawi a conclu un marché d’un milliard de dollars avec l’entreprise brésilienne Vale pour la construction et la réfection d’une liaison ferroviaire. Les entreprises brésiliennes telles que Petrobras (pétrole) et Vale (extraction minière) sont en concurrence directe avec les entreprises chinoises et indiennes en Afrique, et si elles ne sont pas en mesure d’apporter une masse de capitaux comparable à celle des entreprises d’État chinoises, elles soulignent en revanche l’importance de leur héritage culturel africain. Le Brésil a également critiqué la Chine de sa tiédeur à créer des emplois pour les travailleurs africains.

Le Brésil compte sur l’Afrique pour obtenir des appuis qui lui permettront d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. De 2003 à 2010, il a annulé 1 milliard de dollars de dettes africaines. En 2012, il a annoncé qu’il décaisserait plus de la moitié de ses 400 millions de dollars d’aide extérieure en faveur de l’Afrique. Il met en œuvre 300 projets dans 37 pays africains. L’EMBRAPA, premier organisme brésilien de recherche en agronomie et en biotechnologie, a ouvert quatre bureaux en Afrique et mène des projets dans 15 pays africains. Le Brésil a également conclu 53 accords bilatéraux de coopération en matière de santé avec 22 pays africains. L’Afrique se tourne de plus en plus vers lui en quête d’assistance technique et scientifique. Le Brésil se positionne actuellement en tant que partenaire majeur de l’Afrique pour aider à répondre aux besoins du continent dans les domaines de la sécurité alimentaire et de l’énergie.

Russie

La guerre froide a été marquée par une concurrence majeure en Afrique entre l’Union soviétique, les États-Unis et la Chine. La chute de l’Union soviétique et le déclin de l’économie russe ont mené à un relâchement notable des relations russo-africaines à partir de la fin des années 1980. Néanmoins, au terme de la guerre froide, la Russie avait toujours une présence diplomatique dans la plupart des pays africains et elle possède aujourd’hui une ambassade dans 41 d’entre eux.

Moscou n’a commencé à se réintéresser à l’Afrique que ces dernières années, après le redressement de l’économie russe. La visite du président Poutine en Afrique du Sud en 2006, la première d’un dirigeant russe, a signalé un regain d’attention pour

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l’Afrique. La visite de M. Poutine a été suivie en 2007 par celle du premier ministre russe en Angola, en Namibie et en Afrique du Sud. En 2009, le président Medvedev s’est rendu en Égypte, au Nigéria, en Namibie et en Angola, accompagné d’une délégation forte de 100 hommes d’affaires pour conclure une série d’accords commerciaux. En 2011, le premier Forum d’affaires russo-africain a eu lieu à Addis-Abeba.

Dans l’état actuel de son engagement en Afrique, la Russie se situe fort loin derrière la Chine et sans doute derrière l’Inde et le Brésil. Depuis 2000, ses échanges commerciaux avec le continent se sont développés rapidement mais à partir d’un niveau très bas et ils ont atteint leur apogée en 2008, le montant décevant de 7 milliards de dollars, qui est resté inchangé en 2011. Les exportations de la Russie vers l’Afrique sont deux fois plus substantielles que ses importations en provenance du continent. La Russie accorde un régime tarifaire préférentiel aux pays en développement, ce qui offre aux produits africains un accès au marché russe en franchise de droits, mais cela n’a guère eu d’impact sur les exportations africaines à destination de la Russie.

Ce sont les activités commerciales et industrielles qui sont le point focal de l’intérêt russe pour l’Afrique. La Russie a investi plus de 20 milliards de dollars sur le continent, dans les secteurs de l’énergie et des minerais. En 2009, l’Égypte a conclu un accord de coopération stratégique décennal comprenant une proposition de construction de la première centrale nucléaire de ce pays. Le président sud-africain Jacob Zuma s’est rendu à Moscou en 2010 où il a signé un accord de fourniture par la Russie d’uranium faiblement enrichi. La Russie s’emploie à conclure des accords de coopération bancaire en Angola, en Namibie et en Afrique du Sud. Elle a convenu avec l’Afrique du Sud d’établir un centre de commandement et de contrôle de l’Agence spatiale russe, pour y former du personnel sud-africain et y construire des satellites de communication. En 2015, la Russie lancera le premier satellite de communication de l’Angola.

L’aide russe à l’Afrique reste excessivement modeste, bien qu’elle soit passée de 50 millions de dollars en 2003 à 210 millions en 2007. Moscou a annulé plus de 20 milliards de dollars de dettes africaines. En 2010-2011, la Russie a alloué plus d’un milliard de dollars à l’aide en faveur des pays africains les plus pauvres. Elle a déclaré qu’elle essaierait de fournir de 400 à 500 millions de dollars d’aide annuelle à l’Afrique, mais n’a pas encore atteint ce montant cible.

La Russie a repris ses ventes d’armes de grande envergure dans les pays africains ; ces activités se situent pour la plupart hors des circuits officiels et lui ont valu des accusations selon lesquelles elle fournirait des armes aux belligérants de la région des Grands Lacs. De 2000 à 2007, la Russie a vendu aux pays africains plus d’un milliard de dollars d’armes. Des marchés récents avec l’Algérie dans le secteur de l’énergie comportent des ventes d’armes russes de 7,5 milliards de dollars. La Russie est le plus grand fournisseur d’armes du Soudan, auquel elle a vendu notamment 12 MiG-29. Le Soudan, en retour, a accordé publiquement son soutien au droit « légitime » de la Russie de défendre ses ressortissants en Géorgie. L’Éthiopie dépend fortement de la Russie pour s’approvisionner en armes et le renversement du régime Kadhafi a valu à Moscou la perte de ventes d’armement d’environ 4 milliards de dollars à la Libye.

La Russie fournit quelque 225 soldats de la paix aux missions des Nations Unies en Afrique et elle a concentré son engagement au Soudan du Sud où elle a envoyé une équipe avec quatre hélicoptères MI-8. Ces appareils sont intervenus dans le cadre d’une mission de maintien de la paix au Tchad pour fournir des appuis à une force sur la

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frontière de ce pays avec le Darfour. La Russie dispense en Afrique des formations à des centaines de membres de la police civile et de personnels d’organismes de l’ordre pour les opérations de maintien de la paix. Des navires russes participent à la campagne de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden.

En 2007, le président Poutine a conclu : « La coopération de la Russie avec l’Afrique a acquis ces derniers temps une nouvelle dynamique. Le niveau et l’intensité des contacts augmentent. Nous menons actuellement des activités visant à étendre et à approfondir notre coopération mutuellement bénéfique dans divers domaines, notamment ceux du commerce et de l’économie, de la science et de la technologie, de l’action humanitaire et d’autres encore. » Jusqu’à présent, la rhétorique russe marque un temps d’avance sur son engagement effectif en Afrique.

Conclusion

Le fait qu’un pays africain, l’Afrique du Sud, soit le tout dernier membre du groupe des BRICS est important pour l’Afrique. Mais si ce groupe attache une grande importance aux relations avec les pays en développement en général, il n’est pas conçu spécifiquement pour que l’Afrique en bénéficie. En fait, sur le plan commercial, les BRICS sont de sérieux concurrents en Afrique. Sur les questions de sécurité navale, la Chine et l’Inde sont en concurrence potentielle dans l’ouest de l’océan Indien. Les sommets des BRICS portent davantage sur les relations des pays du groupe entre eux que sur leurs politiques africaines.

Mais aussi, les BRICS peuvent s’exprimer d’une voix forte en faveur de modifications des règles d’organisations telles que les Nations Unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. L’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud souhaitent tous trois obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. En fait, les Africains briguent deux sièges permanents au Conseil de sécurité. Les BRICS peuvent remettre en question les positions occidentales au sein de ces organisations internationales, tout particulièrement lorsqu’il se présente des divergences d’opinion sur les approches des prêts internationaux, la résolution des conflits africains et les remèdes aux violations des droits de l’homme.

La Chine est le géant du groupe des BRICS, possédant la plus grande économie, la population la plus nombreuse et le taux de croissance du PIB le plus élevé. Elle représente 67 % des échanges commerciaux du groupe avec le reste du monde. Elle est également le pays de destination de 10 % des exportations de l’Inde ainsi que de la Russie, de 20 % de celles du Brésil et de 30 % de celles de l’Afrique du Sud. Mais les BRICS ne vendent guère que des matières premières à la Chine. Collectivement, ils ne satisfont que 3 % de la demande chinoise de produits manufacturés et industriels. En revanche, la Chine est devenue la source dominante de produits pour chacun des BRICS à l’exception du Brésil, où elle vient en seconde place derrière les États-Unis.

Les BRICS font en fait plus de commerce avec l’Afrique qu’entre eux. La Standard Bank of South Africa estimait en 2012 que le montant total des échanges commerciaux des BRICS avec l’Afrique s’élevait à 340 milliards de dollars. La part de la Chine était d’environ 60 % de ces échanges, ce qui est grosso modo en proportion avec la taille de son économie au sein des pays BRICS.

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Dans un article paru dans le numéro de novembre/décembre 2012 de Foreign Affairs, Ruchir Sharma du Morgan Stanley Investment Management avance la thèse que les BRICS sont peut-être un concept dépassé. Il doute de leur capacité à maintenir leurs taux de croissance économique et signale la disparité de leurs progrès respectifs, mettant l’accent sur le fléchissement récent du PIB du Brésil et de la Russie. Il pense également que le capitalisme d’État autoritaire de la Chine est appelé à disparaître et il conclut que ces modèles économiques cèderont la place à de nouveaux modèles, ou peut-être à aucun modèle, du fait de la divergence des trajectoires de croissance dans de multiples directions.

S’il est prématuré de rédiger la notice nécrologique des BRICS en tant qu’organisation influente, et si le groupe continue sans aucun doute d’offrir un forum d’échange d’idées important, les lignes de faille de ses membres ne sont toutefois pas loin de la surface. Et il est difficile de prévoir en quels lieux et sur quels points les BRICS, en tant qu’organisation, auront un impact véritable sur la conjoncture économique et politique internationale.

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