Les plantes médicinales des régions arides_Unesco 1960 97 p

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RECHERCHES SUR LA ZONE ARIDE XIII LES PLANTES MDICINALES DES RGIONS ARIDES

Dans cette collection : i. II. m. IV. v. Compte rendu des recherches relatives l'hydrologie de la zone aride. Actes d u colloque d'Ankara sur l'hydrologie de la zone aride. Directory of institutions engaged in arid zone research (en anglais seulement). Utilisation des eaux salines, compte rendu de recherches. Plant ecology. Proceedings of the Montpellier symposium / cologie vgtale. Actes d u colloque de Montpellier. vi. Plant ecology. Reviews of research / cologie vgtale. Compte rendu de recherches. vu. W i n d and solar energy. Proceedings of the N e w Delhi symposium / nergie solaire et olienne. Actes d u colloque de N e w Delhi / Energa solar y elica. Actas del coloquio celebrado en N u e v a Delhi, vin. H u m a n and animal ecology. Reviews of research / cologie humaine et animale. C o m p t e rendu de recherches. ix. Guide des travaux de recherche sur la mise en valeur des rgions arides. x. Climatologie, compte rendu de recherches. xi. Climatology and microclimatology. Proceedings of the Canberra symposium / Climatologie et microclimatologie. Actes d u colloque de Canberra. XII. Hydrologie des rgions arides. Progrs rcents. xiii. Les plantes mdicinales des rgions arides. Compte rendu de recherches. Les comptes rendus de recherches sont publis sous couverture jaune ; les actes des colloques, sous couverture grise.

Publi en 1960 par l'Organisation des Nations Unies pour l'ducation, la science et la culture, place de Fontenoy, Paris-7e Imprimeries Oberthur, Rennes Unesco 1960 NS.59/III.17/F

LES PLANTES MDICINALES DES RGIONS ARIDES

U N E S C O

RPARTITION DES ZONES CLIMATIQUES ARIDES[d'aprs la carte tablie pour l'Unesco par Peveril Meigs]

Aride extrme Aride &::::::l Semi-aride

A V A N T - P R O P O S

E programme de V Unesco pour la zone aride, adopt en 1951, a t transform en projet majeur lors de la neuvime session de la Confrence gnrale en 1956. Cette dcision a eu pour consquence un accroissement substantiel des ressources dont dispose F Organisation pour encourager les recherches sur cette zone, notamment en accordant une aide directe certaines institutions scientifiques de la rgion qui s'tend de VAfrique du Nord au Moyen-Orient et l'Asie mridionale. Dans le cadre du projet majeur, le rassemblement et la diffusion des informations scientifiques rsultant des tudes sur les problmes des rgions arides demeurent d'ailleurs un objectif essentiel. Douze volumes ont paru jusqu'ici dans la srie des publications de V Unesco sur la zone aride, comprenant essentiellement des comptes rendus de recherches sur l'hydrologie, l'cologie vgtale, l'utilisation des eaux salines, l'cologie humaine et animale, la climatologie, ainsi que les actes des colloques organiss sur les mmes sujets dans le cadre de ce programme. Dans la mme srie, mais sous un format rduit, sont galement publies des mises jour de comptes rendus dj parus et des monographies relatives aux recherches effectues dans certains domaines qui prsentent un intrt particulier, mais o l'tendue des travaux accomplis ne justifie pas de plus amples dveloppements. Bien que l'cologie vgtale des rgions arides et semi-arides ait dj fait l'objet de deux publications importantes, il est apparu qu'une tude spcifique des plantes mdicinales de ces rgions serait de nature intresser vivement la fois les botanistes et les pharmacologues. En effet, outre sa valeur scientifique, une telle tude peut fournir de prcieuses indications sur les tendances gnrales des recherches relatives aux plantes mdicinales et sur les possibilits pratiques de leur utilisation dans l'conomie moderne. Le D r I. C. Chopra, du Drug Research Laboratory de Jammu (Inde), et le professeur R . Paris, de la facult de pharmacie de Paris, ont bien voulu se charger de ce travail. Le premier s'est surtout attach aux aspects botaniques des recherches et le second leurs aspects pharmacologiques. Une liste d'espces mdicinales des rgions arides est donne la fin de l'ouvrage et permet de retrouver rapidement les plantes cites dans le texte. En prsentant cet ouvrage aux spcialistes et tous ceux qui s'intressent aux problmes de la zone aride, le Secrtariat de V Unesco tient exprimer sa reconnaissance aux auteurs. Il remercie galement tous ceux qui ont bien voulu lui donner des conseils ou des informations rcentes, ainsi que le secrtariat de l'Organisation mondiale de la sant, pour ses prcieux avis.

L

T A B L E

D E S

M A T I R E S

P R E M I R E PARTIE. Les plantes mdicinales des rgions arides considres surtout du point de vue botanique, par I. C. Chopra, B . K . Abrol et K . L. Handa. D E U X I M E PARTIE. Les plantes mdicinales des rgions arides, considres surtout du point de vue pharmacologique, par R . Paris et G . Dillemann. . .LISTE D ' E S P C E S MDICINALES D E S R G I O N S A R I D E S

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P R E M I R E

P A R T I E

Les

plantes mdicinales des rgions arides considres surtout du point de vue botaniqueparI. C. CHOPRA, B . K . A B R O L et K . L. H A N D A

Drug Research Laboratory, Jammu (Inde)

INTRODUCTION Les rgions arides couvrent d'immenses superficies qui reprsentent prs de la moiti des terres merges. L a majeure partie d u continent africain et une grande partie d u continent asiatique sont arides, de m m e que la quasi-totalit de l'Australie, l'exception des bandes ctires d u nord, de l'est et d u sud-est; enfin, l'Amrique d u Nord et l'Amrique d u Sud renferment aussi de vastes tendues arides. Certaines rgions de l'Alaska, le nord-est de la Sibrie, la cte arctique de l ' U R S S et la partie occidentale d u plateau tibtain entrent dans la catgorie semi-aride. Beaucoup de ces rgions seraient classes c o m m e toundra suivant le critre habituel (temprature moyenne d u mois le plus chaud infrieure 10 C). C o m m e elles ne reoivent jamais assez de chaleur pour que l'agriculture y soit possible, m m e si elles avaient suffisamment d'eau, nous avons cru devoir les exclure d u nombre des rgions arides ou semi-arides telles qu'elles sont dfinies par l'Unesco [2] 1 . Bien que la faiblesse des prcipitations constitue l'une des principales caractristiques de la zone aride, elle ne permet pas elle seule d'affirmer qu'une rgion est aride. L'utilit des prcipitations dpend en effet de leur rythme saisonnier, de la nature et de la porosit d u sol, enfin d u taux d'vaporation, qui est lui-mme fonction des vents prdominants, ainsi que de la temprature et de l'humidit atmosphrique au niveau du sol. L a temprature d'un lieu dpend la fois de son loignement de l'quateur c'est--dire de sa latitude nord ou sud de son altitude, du nombre d'heures d'ensoleillement et des mouvements de l'air. Enfin, l'humidit relative de l'air la surface du sol est elle-mme lie la direction et l'humidit des vents prdominants. Dans la zone aride, de manire gnrale, les pluies ne sont pas galement rparties entre les saisons, et des carts extrmement marqus sont enregistrs par rapport la moyenne annuelle. L'absence de prcipitations pendant plusieurs annes est frquente, et pourtant il n'est pas rare que des inondations se produisent dans certains dserts. L e taux de l'vaporation en surface, quoique toujours lev, peut varier selon les rgions, m m e si les conditions de temprature sont comparables d u fait principalement de la nbulosit et du rgime des vents. Enfin, si les vents violents sont frquents dans la plupart des zones dsertiques, il arrive aussi souvent que l'atmosphre y soit calme. La position d'une rgion par rapport aux masses continentales, ainsi que la rpar1. Lee chiffres entre crochets dans la premire partie renvoient aux rfrences bibliographiques qui figurent la fin de chaque section.

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Les plantes mdicinales des rgions arides tition des forts et des massifs montagneux exercent une influence sur le taux annuel de pluviosit. L e grand dsert de Thar, au nord-ouest de la pninsule indienne, doit sa richesse au fait qu'il n'est pas atteint par la mousson d u sud-ouest; et l'aridit d u dsert de Gobi, en Mongolie, est due la prsence, au sud, de l'immense chane de l'Himalaya, qui barre le passage aux vents chargs d'humidit de l'ocan Indien. E n revanche, la formation de certains autres dserts, c o m m e le Sahara, n'a pas reu d'explication satisfaisante. O n trouve des exemples typiques de rgions arides dans les grands bassins de drainage intrieurs de l'Asie, de l'Afrique et de l'Australie : rgions de la m e r d'Aral et de la m e r Caspienne en Asie centrale, rgion du lac Tchad dans le Sahara mridional, rgion des lacs sals en Australie. L a nature de la couche superficielle du sol influe profondment sur la nature et la densit de la vgtation. Dans les dserts, l'rosion de la surface est provoque principalement par les carts excessifs et brusques de temprature, e u x - m m e s dus en grande partie l'absence d'un cran protecteur de nuages. Sous l'effet de ces variations de temprature, les surfaces rocheuses se fissurent et finissent par se rduire en particules de sable. Q u a n d des roches plus dures rsistent mieux la dsagrgation ou quand les carts de temprature sont moins accuss, il se forme en gnral des dserts pierreux, tels les hamadas en Afrique et le dsert de Gobi, en Mongolie, ou les Gibber Plains en Australie. Selon Peveril Meigs [2], les rgions sches du m o n d e peuvent tre divises en trois catgories principales : a) rgions arides extrmes; 6) rgions arides et c) rgions semiarides. Le choix d'un systme de classification climatique est dtermin par l'usage auquel il est destin. L a classification ci-dessus facilite tout particulirement l'apprciation des possibilits agricoles. A cet gard, pluviosit et temprature sont les facteurs prdominants, les autres facteurs tant en corrlation avec ceux-ci. L a division en rgions arides et semi-arides se fonde sur le systme imagin par Thornthwaite [4], qui emploie u n indice calcul en fonction de la quantit de pluie ncessaire aux besoins des plantes. L'indice d'humidit sera de 0 dans les rgions o les prcipitations, releves mois par mois, suffisent tout juste fournir l'eau ncessaire l'vaporation et la transpiration m a x i m u m s . Thornthwaite d n o m m e subhumides, semi-arides et arides les climats qui ont respectivement u n indice d'humidit compris entre 0 et 20, 2 0 et 40, et infrieur 40. L'vapotranspiration virtuelle, exprime en centimtres, ainsi que les quantits d'eau dficitaires ou excdentaires, sont calcules pour chaque mois l'aide d'une srie de tables ou de m o n o g r a m m e s comportant l'utilisation des donnes relatives la ' temprature et aux prcipitations, les corrections ncessaires tant apportes en ce qui concerne la longueur d u mois, la longueur du jour en fonction de la latitude et de la saison, et la capacit de rtention d'un sol m o y e n pour l'eau. Bien que ce systme prsente quelques dfauts thoriques (il ne tient compte ni des facteurs vent et humidit, ni de la capacit d'absorption des diffrents sols pour l'eau), il donne, mieux que certains autres systmes d'emploi gnralis, des chiffres qui semblent correspondre l'aspect biologique de toutes les rgions du m o n d e . Meigs dsigne sous le n o m de zones arides extrmes celles o l'on enregistre l'absence totale de pluie pendant douze mois conscutifs au moins, et o il n'y a pas de rythme saisonnier rgulier de la pluie. A d e n , l'extrmit mridionale de la m e r Rouge, et T h e m e d , prs de son extrmit septentrionale l'est d u Sina, ainsi que plusieurs stations de la cte gyptienne de la mer Rouge, rpondent en tous points cette dfinition, de m m e que le Sahara central et, aux tats-Unis, diffrentes parties du dsert d u Colorado et de la Death Valley. Les climats arides des divers continents dominent dans cinq grandes zones, spares par des ocans ou des rgions quatoriales humides. Dans toutes, u n dsert central

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Le point de vue botanique partiellement entour de terres semi-arides longe la cte occidentale d u continent, le plus souvent entre 15 et 35 de latitude environ. A elle seule, la zone aride de l'Afrique du Nord et de l'Eurasie est plus importante que toutes les autres zones arides du m o n d e runies. Outre le Sahara, qui constitue le plus grand dsert d u globe, elle renferme une srie de dserts chauds et de rgions semi-arides qui, s'tendant vers l'est, traversent la pninsule de l'Arabie pour longer ensuite le golfe Persique jusqu'au Pakistan et l'Inde. A u nord se trouvent les rgions arides de la cte mditerranenne et de l'Iran, aux hivers temprs ou frais, puis, plus au nord et vers l'est, l'immensit des dserts et des steppes de l ' U R S S , d u Turkestan chinois et de la Mongolie, avec leurs hivers trs froids et leurs ts chauds ou brlants. Vers le sud s'tire le ruban tropical semi-aride du Sahel. L a ramification est-africaine comprend les basses terres intensment chaudes de la Somalie anglaise. L a zone aride de l'Amrique du Nord rappelle celle de l'Afrique d u Nord et de l'Eurasie par la varit des types en lesquels elle se subdivise, bien que les subdivisions soient sensiblement plus rduites en Amrique. Si l'on excepte la petite rgion qui, longeant le golfe de Californie, se ramifie vers le nord en Californie et dans l'Arizona, et o rgne u n climat chaud comparable celui d u Sahara, la zone aride des EtatsUnis et d u Mexique est surtout constitue par de hautes terres analogues celles de l'Iran, du Turkestan et de l'Arabie. E n revanche, les grandes plaines des Etats-Unis et du Canada ont u n climat qui rappelle celui des steppes russes. L a zone aride de l'Afrique d u Sud comprend principalement le long et troit dsert ctier du N a m i b et d u Louanda, ainsi que le dsert et les steppes montagneuses d u Karroo et du Kalahari. A l'exception d'une troite bordure ctire, la zone aride de l'Australie occupe la totalit d u continent. L e climat chaud domine dans la moiti septentrionale de cette zone, alors que le climat est tempr dans la partie mridionale, o les rgions montagneuses connaissent des hivers frais. E n Amrique d u Sud, la zone aride se compose principalement d'une troite bande qui longe presque toute la cte occidentale entre la m e r et les hautes chanes des Andes. A u sud, la bordure orientale d u continent, la Patagonie, en Rpublique Argentine, est aride elle aussi. L e dsert montagneux et glac qui occupe le plateau central des Andes fait la transition entre les rgions arides de l'est et de l'ouest.L'ADAPTATION DES PLANTES AUX CONDITIONS CLIMATIQUES

DE LA ZONE

ARIDE

L a vgtation des zones arides est trs clairseme; leur aspect est en gnral n u et dsol. Les arbres y sont aussi rares que disperss, et les herbes n'y apparaissent que pendant une brve priode de l'anne, quand les conditions deviennent favorables. Herbes, arbustes et arbres constituent des rserves d'eau par diffrents moyens. L a vgtation devant s'adapter au milieu pour survivre et la pnurie d'eau tant le facteur limitant le plus important, les plantes dsertiques prsentent des modifications morphologiques qui leur permettent de supporter l'insuffisance d'humidit et les longues priodes de scheresse. Parmi ces modifications on peut citer les suivantes : formation de tiges et de feuilles charnues o des rserves d'eau peuvent tre emmaganises ; disparition des feuilles, ou rduction de leur surface, ou encore paississement de leur cuticule en vue d'abaisser le taux de transpiration; enfin, capacit de survivre l'tat de graines pendant de nombreuses annes de scheresse. Les plantes qui rsistent la scheresse peuvent tre divises en deux catgories : plantes succulentes et plantes annuelles. Les plantes grasses, telles que les Cactaces et de nombreuses espces d'Euphorbiaces, accumulent de grandes quantits d'eau dans leurs feuilles creuses ou dans des tiges spcialement constitues. Elles sont entirement vertes, et m m e aprs avoir subi une forte dessiccation, peuvent ragir l'humidit.

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Les plantes mdicinales des rgions arides Les plantes annuelles rsistent de faon remarquable des scheresses prolonges : elles demeurent en effet l'tat de graines et ne germent que lorsque des pluies tombent en quantit suffisante pour assurer leur croissance jusqu' la maturit, puis elles produisent des graines pour la priode de scheresse suivante. Ces graines sont recouvertes d'une substance inhibitrice qui les empche de germer jusqu' ce que les pluies soient assez abondantes pour les en dbarrasser et aussi, d'ordinaire, pour permettre la maturation de la plante. Il a t dmontr que la rsistance d'une cellule la dessiccation ou ses effets est fonction de la viscosit de son protoplasme. Les plantes peuvent tre aides supporter la scheresse tant par leur forme que par les proprits de leurs cellules. O n observe galement des diffrences dans les dispositions des diffrentes couleurs absorber la chaleur. Les objets foncs s'chauffent plus que les objets clairs, et les lieux sans ombre plus que les lieux ombrags. U n e vgtation de teinte claire devrait donc abaisser davantage la temprature d u sol et favoriser la formation d'un meilleur microclimat qu'une vgtation fonce poussant sur une terre de couleur claire ou sombre; et tel est bien le cas. Cependant, il reste d'autres problmes rsoudre : on peut se demander, par exemple, si u n rayonnement solaire intense n'est pas mieux support par les plantes roses que par les plantes vertes, ou par les plantes tachetes que par celles dont la couleur est unie. E n fait, beaucoup de plantes dsertiques, telles que les melons des rgions arides, sont roses et prsentent des taches sur leurs surfaces exposes. Les plantes dont les parties ariennes se trouvent dans u n air sec, quand elles ont des difficults se procurer u n approvisionnement d'eau convenable et suffisamment rapide pour compenser leurs pertes par transpiration, subissent certaines modifications pour rduire l'importance de ce p h n o m n e ; la rduction habituelle de la transpiration par fermeture des stomates n'est pas suffisante dans le cas des plantes des habitats exceptionnellement secs. O n appelle xrophytes les plantes qui prsentent des dispositions de nature rduire les pertes d'eau. Les plantes dsertiques sont naturellement des xrophytes. Il existe aussi des xrophytes xromorphie peu accuse, qui sont capables d'extraire de l'eau d'un sol relativement sec grce une grande puissance d'absorption rsultant de la concentration de leur suc cellulaire. Les particularits qui favorisent la diminution de la transpiration peuvent tre tant morphologiques qu'anatomiques ; parfois, elles protgent en m m e temps la plante contre u n ensoleillement ou u n chauffement excessif. Parmi les caractres anatomiques qui rduisent la transpiration figurent les suivants : paississement des parois cutinises des cellules pidermiques et de la cuticule; rflchissement de la lumire par la cuticule; formation de revtements cireux ou rsineux; diminution d u n o m b r e des stomates; rtrcissement des stomates et occlusion de ces derniers par de la rsine ou de la cire; enfoncement des stomates au-dessous du niveau de l'piderme soit individuellement, soit en groupes, l'intrieur de petites cavits en forme de fioles formes sur la face intrieure des feuilles, ou encore exhaussement des cellules avoisinantes ayant pour effet de placer les stomates dans des alvoles protgs d u vent. Des poils laineux, toiles, ou squameux, qui ne tardent pas se remplir d'air et donnent aux plantes u n aspect blanchtre ou gristre, les protgent parfois contre les rayons du soleil. D'autre part, les feuilles persistantes peuvent tre petites, durcies, et relativement pauvres en sve. Les branches de nombreuses xrophytes petites feuilles sont trs serres et forment un coussin pais, ce qui non seulement rduit la transpiration, mais encore protge la plante contre u n ensoleillement excessif. L a position verticale de la feuille assure une protection trs efficace contre la transpiration et la lumire; on observe souvent en m m e temps une diminution d u limbe et u n aplatissement d u ptiole. Les feuilles de ce type vitent, au moins en partie, les rayons d u soleil lorsqu'il est au znith.

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Le point de vue botanique Mais le m o d e de protection le plus efficace et le plus frquent contre une transpiration excessive est la diminution de la surface de transpiration, grce u n rabougrissement de la plante rsultant de la diminution d u nombre des ramifications et des feuilles, ainsi que des pousses ou des limbes. Parfois, les feuilles sont enroules, ce qui rduit la surface expose. L e limbe a compltement disparu dans les Cactaces et dans certaines espces arborescentes d'Euphorbiaces. U n e modification typique est prsente par des tiges ne portant que des feuilles rduites, tandis que les rameaux deviennent plats et semblables des feuilles (elles sont alors dites cladodes ) et jouent le rle de feuilles. L'abondance d u sclrenchyme dans les parties ariennes de nombreuses xrophytes, outre qu'elle contribue donner de la rigidit la plante, est accompagne de la formation d'pines, qui sont des organes lignifis, rigides et acrs rsultant de la transformation soit des feuilles ou de certaines de leurs parties, 6oit des rameaux, soit encore (bien que plus rarement) des racines. D e nombreuses xrophytes peuvent non seulement limiter au strict m i n i m u m leurs pertes d'eau, mais encore accumuler l'eau dont elles disposent dans des tissus appropris, pour se prmunir contre les priodes de scheresse. Les tissus propres accumuler l'eau occupent souvent une position centrale et, lorsqu'ils sont abondants, donnent la plante son aspect succulent. Dans les cas extrmes, la tige ou la feuille des plantes succulentes revt une forme presque sphrique qui, volume gal, permet de rduire au m a x i m u m la surface expose et contribue ainsi diminuer la transpiration. D'autre part, beaucoup de xrophytes ont des racines profondment enfonces, de sorte qu'elles sont en mesure d'aller chercher l'eau trs en dessous de la surface

du sol.POSSIBILITS D E C U L T U R E

L'insuccs des cultures d'Hyoscyamus muticus dans diffrents pays autres que l'Egypte vient sans doute du fait que les conditions cologiques, daphiques et autres ncessaires au dveloppement de cette plante si utile n'avaient pas t suffisamment tudies. Il est esprer que de nouvelles tentatives seront plus heureuses, car on dispose maintenant d'un excellent rapport de Saber et Balhaa [3] sur la question. Il serait trs dsirable que des tudes analogues soient entreprises sur de nombreuses autres plantes mentionnes ci-aprs, dont la culture faciliterait n o t a m m e n t les progrs conomiques des rgions arides insuffisamment dveloppes. D e multiples espces d'Agave peuvent tre cultives en vue la fois de lutter contre l'extension des dserts et d'obtenir des sapognines. L'alos est trs recherch, et rien n'empcherait d'introduire les diffrentes espces de cette plante dans les rgions arides, puisqu'elle pousse notamment en Italie, en Sicile, Malte, etc. D e rcents travaux ont attir l'attention sur Ammi visnaga et A. ma jus qui se rencontrent toutes deux l'tat sauvage en Egypte. Des expriences prliminaires effectues en Inde montrent que la premire au moins peut tre cultive avec succs, et d'autres pays devraient tre encourags essayer de l'acclimater. O n signale que le Datura stramonium et le D . inoxia se rencontrent dans certaines zones situes en bordure d u dsert gyptien : ces deux espces de Datura ont d'importants dbouchs, et il y aurait lieu d'en dvelopper la culture. Glycyrrhiza glabra a persist dans des secteurs o les prcipitations sont trs faibles, et pourrait tre cultive dans de n o m breuses rgions arides, de m m e que Balanites gyptiaca, qui est particulirement adapt aux lieux o la rsistance la scheresse est le facteur limitant. L a Russie tire des bnfices substantiels de la santonine fournie par Y Artemisia et rien ne semble s'opposer ce que cette plante soit acclimate dans de nombreuses rgions arides. L a culture de Cassia acutifolia, uniquement pratique jusqu'ici dans certains districts du Soudan et de l'Inde, pourrait tre considrablement dveloppe pour rpondre

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Les plantes mdicinales des rgions arides aux besoins des pays occidentaux. D e m m e , C. angustifolia, qu'on trouve seulement l'heure actuelle dans une partie de l'Inde, pourrait tre introduite dans d'autres rgions arides. Selon Drar [1], les statistiques montrent que l'Egypte importe d'assez fortes quantits de sn et de seule, quoique ces deux plantes mdicinales y poussent l'tat sauvage. Ce m m e pays exportait autrefois beaucoup de Citrullus colocynthis, mais il en a si bien nglig la cueillette et la culture que le march mondial est maintenant aliment par d'autres producteurs tels que Chypre et l'Espagne. L a culture de VEphedra, pratique jusqu'ici aux tats-Unis d'Amrique, en Angleterre, au K e n y a et en Australie, pourrait, selon toute vraisemblance, tre introduite dans les rgions arides d'autres pays. Salvia officinalis, Pimpinella anisum, Lavandula et bien d'autres espces pourraient tre cultives avec profit dans des secteurs appropris. Fniculum vulgare et Papaver somniferum sont dj trs rpandus dans beaucoup de pays, et ces plantes mdicinales seraient parfaitement adaptes aux conditions existant dans de nombreuses rgions arides. COMPOSANTS CHIMIQUES

L'tude des principes actifs des plantes mdicinales des zones arides montre qu'un grand nombre d'entre elles appartenant surtout la famille des Solonaces contiennent des alcalodes. Les plus importants sont ceux d u groupe hyoscine et hyoscyamine que contiennent Datura inoxia et D . stramonium, VHyoscyamus muticus, YH. albus et Physochlaina proealta. O n a russi extraire de diffrentes espces de Solanum tels que S. carolinense et S . xanthocarpum plusieurs alcalodes stroldiques qui, en gnral, prsentent galement u n caractre glucosidique, dont la composition chimique tait reste obscure jusqu' une date rcente. Parmi les principaux autres alcalodes, on peut citer ceux que contient le Papaver somniferum, ainsi que l'phdrine, trouve dans quelques rares espces d'Ephedra de la famille des Gntaces. O n extrait enfin toute une srie d'alcalodes des espces ci-aprs : Citrullus colocynthis, Descurainia sophia, Lophophora williamsii, Peganum harmala, Pergularia extensa et Selenicereus grandiflorus. Les huiles essentielles constituent le deuxime grand groupe de composants des plantes des rgions arides. Elles sont particulirement abondantes dans la famille des Labies (Salvia officinalis, Lavandula officinalis, L. latifolia, Rosmarinus officina etc.) ainsi que dans la famille des Ombellifres (Fniculum vulgare, Pimpinella anisum, Ferula alliacea, F. assaftida, F.ftida, F. galbaniflua el F. narthex). Parmi les O m b e l lifres, la F. sumbul produit des gommes-rsines qui renferment beaucoup d'huiles essentielles, tandis que YAmmi visnaga et VAmmi majus contiennent respectivement de la khelline (coumarine) et de l'ammoldine. L a famille des Lgumineuses, reprsente par diffrentes espces d'Acacia et par le Butea monosperma, produit de prcieuses g o m m e s mdicinales. Dans le Cassia angustifolia et le C. acutifolia, qui font partie de cette famille, on trouve des glucosides, les sennosides. L a Glycyrrhiza glabra contient u n principe caractristique appel glycyrrhizine ou acide glycyrrhizique. La dcouverte de sapognines dans les Agaves de la famille des Amaryllidaces a ouvert de nouveaux horizons en ce qui concerne la production d'hormones stroldiques. Les Liliaces comprennent diverses espces d'Aloe o l'on trouve u n principe cathartique appel alolne. D a n s la famille des Composesfigurentdiffrentes espces d'Artemisia qui renferment de la santonine et des essences volatiles. La famille des Euphorbiaces est reprsente par diffrentes espces 'Euphorbia : E. antiquorum, E. hirta, E. hypericifolia, E. neriifolia, E. nivulia, E. resinfera, E. roy

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Le point de vue botanique leana, E. tirucalii, E. trgona, etc. Ces espces produisent de nombreux types de substances utiles : alcaloides, rsines, substances volatiles, caoutchouc, principes amers, acide cyanhydrique, etc. Calotropis gigantea et C. procera, de la famille des Asclepiadaces, contiennent de la calotropine, de l'uscharine, de la calotoxine, des rsinols, de la gigantine, etc.

1. D R A R , M . , " Plants of raw material in the deserts of Egypt ", Proceedings of the Symposium on Scientific Problems of Land Use in Arid Regions, Cairo, Egyptian Desert Institute and Unesco, 1954, 222 p. 2. MEIGS, P., Unesco N S / A Z / 3 7 (rev.), Paris, dcembre 1952. 3. S A B E R , A . H . ; B A L B A A , S. I., " Hyoscyamus muticus L. in relation to its natural environmental conditions ", Procedings of the Symposium on Scientific Problems of Land Use in Arid Regions, Cairo, Egyptian Desert Institute and Unesco, 1954, 222 p. 4. T H O R N T H W A I T E , C. S., " A n approach towards a rational classification of climate ", Geogr. Rev., 1948, 38, 55-94.

ESPCES T U D I E S Les principales familles auxquelles appartiennent la plupart des plantes mdicinales des rgions arides sont les suivantes : Amaryllidaces, Asclepiadaces, Cactaces, Capparidaces, Chenopodiaces, Composes, Cucurbitaces, Labies, Lgumineuses, Liliaces, Ombellifres et Solanaces. Nous tudierons ci-dessous les espces qui ont fait l'objet de recherches depuis quelques annes. Les autres espces d'usage courant sont numres dans une liste qui figure la fin du prsent ouvrage. Acacia (Lgumineuses). A. arabica Willd. (Babul). Arbuste pineux feuilles persistantes. L'corce, brun fonc ou noire, estfissurelongitudinalement. Des pines, droites et acres, sont disposes deux par deux sous les ptioles. Les capitules globuleux d'un jaune vif (juin septembre) sont odorants et chaque gousse contient de 8 12 graines. Cet arbuste, originaire du Sind, du Deccan et de l'Afrique tropicale, se rencontre galement en Egypte, en Arabie et au Natal; il est en outre acclimat dans toutes les parties de l'Inde. Les graines ramasses dans les parcs chvres et moutons conviennent mieux aux semis artificiels que celles qu'on extrait des gousses, car l'humectation et la fermentation qu'elles subissent dans le tube digestif des animaux favorisent leur germination. L'ensemencement direct, surtout pratiqu en billons, donne de bons rsultats aux fins de boisement. Les plantules et les jeunes plants ont besoin de beaucoup de lumire et d'humidit, ainsi que d'un sol meuble et sans herbes. Dans des conditions favorables, ils atteignent une hauteur de 1,50 2 m en un an ou deux. La g o m m e babul suinte des entailles de l'corce, notamment pendant la priode de mars mai. Bien que certains arbres fournissent jusqu' prs d'un kilogramme de g o m m e par an, la production moyenne n'est que de quelques centaines de grammes. La g o m m e se prsente sous forme de larmes arrondies ou ovodes, de couleur jaune, brune ou presque noire; les plus fonces contiennent du tanin. L a vritable g o m m e arabique provient de VA. Senegal, quoiqu'on donne aussi ce n o m la g o m m e de VA. arabica; elle est lgrement lvogyre, alors que celle de VA. arabica est lgrement dextrogyre. Le principal composant de la g o m m e babul est le galactoarabane ; par hydrolyse, elle fournit du 1-arabinose et du d-galactose, mais pas de xylose [3]. Elle est en gnral juge infrieure la vritable g o m m e arabique, notamment pour les usages mdicinaux. Rangaswamy [2] a toutefois montr qu'en apportant tous les soins voulus

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Les plantes mdicinales des rgions arides la rcolte et au triage, on obtient une g o m m e qui, l'exception du pouvoir rotatoire, rpond toutes les exigences des pharmacopes pour la g o m m e acacia. E n outre, ses solutions aqueuses prsentant, concentration gale, une plus grande viscosit, cette g o m m e devrait constituer une meilleur agent d'mulsion et de suspension. Elle est employe en pharmacie pour remplacer la vritable g o m m e arabique; la mdecine indigne lui accorde de nombreuses vertus et elle est administre dans les cas de diarrhe, de dysenterie et de diabte sucr. O n prte en outre l'corce des proprits astringentes et mollientes. A. Senegal Willd. Petit arbre pineux, corce claire etfleursblanches odorantes, qui atteint 3 5 m de hauteur et 30 60 c m de circonfrence. O n le trouve sur les collines rocheuses et arides du Sind (Pakistan) et du Radjasthan (Inde); il abonde au Soudan, en Afrique centrale et au Sngal, et sa culture est trs rpandue, notamment au Kordofan (Soudan). C'est une espce extrmement rsistante, qui survit dans les conditions les plus dfavorables. Cet arbre fournit la vritable g o m m e arabique, important produit commercial. E n Afrique, elle est recueillie sur des arbres gs d'environ six ans, dans l'corce desquels on pratique en fvrier et en mars d'troites incisions transversales; un mois plus tard a lieu la rcolte des larmes de g o m m e qui se sont formes sur la surface. Cette substance presque inodore et de saveur douce est peu prs entirement soluble dans son poids d'eau; elle donne alors une solution visqueuse translucide et lgrement acide. La solution 10 % est lgrement lvogyre. La g o m m e de qualit pharmaceutique ne doit produire aucune raction avec le perchlorure de fer. Elle est le plus souvent utilise en mdecine c o m m e emollient et mulsionnant. Les Acacia prosprent dans les forts du nord de l'Afrique, o ils occupent une zone qui s'tend sur toute la largeur du continent, de l'Abyssinie, l'est, au Sngal, l'ouest. L a g o m m e commerciale de Somalie, qui est d'assez bonne qualit, est tire de VA. glaucophylla Steud et de VA. abyssinica Hchst., arbustes qui poussent en Somalie et en Abyssinie. Les espces ci-aprs produisent une g o m m e moins apprcie en raison de sa couleur bruntre ou rougetre : A. arabica Willd. d'Afrique, A. stenocarpa Hchst ex. A . Rich, A. seyal Del. et A. ehrenbergiana Hayne. Selon Nayar et Chopra [1], la g o m m e de VA. arabica rcolte en Inde pourrait remplacer celle de VA. Senegal. Les gommes provenant des autres espces mentionnes ci-aprs sont de qualit infrieure. L a g o m m e du Cap, fournie par VA. hrrida Willd., est trs cassante et moins mucilagiiieuse. L a g o m m e Talk ou seyal, tire de VA. seyal et de VA. stenocarpa, a une teinte verdtre et fournit un mucilage trs visqueux. La g o m m e Amritsar, tire de VA. modesta Wall., se prsente sous l'aspect de grosses larmes brunes; c o m m e celle de VA. arabica, elle est utilise pour les travaux de l'indiennage. L a g o m m e Magodore, tire de VA. gummifera Willd., forme de petites larmes fendilles d'un brun fonc. La Wattle g u m ou g o m m e australienne, tire de VA. pycnantha Benth., arbuste qui pousse en Australie mridionale, doit sa couleur rougetre la prsence de tanin.

1. N A Y A R ; C H O P R A . Distribution of British pharmacopoeial drug plants and their su growing in India, N e w Delhi, Council of Scientific and Industrial Research, 1951, 56 p. 2. R A N G A S W A M Y . Indian J. Pharm., 1942, 4, 130. 3. W E H M E H , C. Die Pflanzenstoffe, Jena, Verlag von Gustav Fischer, 1929-1931, 1, 488.

Agave (Amaryllidaces). Ces plantes ne poussaient l'origine qu'en Amrique du Nord et en Amrique centrale 18

Le point de vue botanique (notamment au Mexique et aux Antilles), mais de nombreuses espces sont maintenant cultives titre ornemental ou en vue de la production defibrestextiles dans tous les pays chauds. C'est dans la zone de transition entre les rgions arides et semi-arides des hauts plateaux du Mexique central qu'on en voit le plus d'espces et de varits diffrentes, dont beaucoup sont endmiques et trs localises. Dans le dsert de Puebla, qui occupe une partie du territoire des Etats de Puebla, d'Hidalgo et d'Oaxaca, les espces endmiques sont particulirement nombreuses. La culture des Agaves y est aussi couramment pratique. Les mristmes gonfls et le parenchyme dilat de l'Agave, ainsi que ses grandes feuilles succulentes protges par u n pidmie cutinis, permettent certaines espces particulirement bien adaptes de rsister plusieurs annes la scheresse dans des rgions telles que le dsert de Sonora, en Basse-Californie. D'importants travaux de recherche effectus par Corell et ses collaborateurs [1] ont montr que beaucoup d'Agaves contiennent une assez forte quantit de sapognine, gnralement localise sous les feuilles. Il s'agit notamment des varits ci-aprs : A. promontori Trel., A. vlmoriniana Weber, A. roseara Trel., A. nelsonii Trel., A. cerulata Trel., A. sobria Brdge., A. sulivanii Trel., A. toumeyana, A. atrovirens, A. mirabilis Trel., A. mapisaga Trel., et A. urea Brdge. XSA. roseana fournit 2,5 % d'hcognine, ce qui reprsente la plus forte proportion trouve jusqu'ici dans un Agave. L'hcognine est un saponoside strodique, qui a rendu des services en tant que prcurseur vgtal de la cortisone et de plusieurs autres hormones strodiques.

1. C O H E I X et al., Econ. Bot., 1955, 9, 307.

Aloe (Liliaces). Ce genre comprend quelque 180 espces de xrophytes originaires de l'Afrique orientale et mridionale. TJAloe prospre dans u n grand nombre de climats et sur les sols les plus pauvres. Ses feuilles charnues et recouvertes d'une paisse cuticule sont en gnral bordes de piquants et disposes en bouquets serrs. Si, aprs avoir pratiqu sur une feuille une incision transversale, on maintient l'extrmit coupe tourne vers le bas, il s'chappe du pricycle un liquide jauntre, qui forme frquemment de petites masses vasculaires. Concentr, puis solidifi par refroidissement, ce liquide fournit le produit commercial appel alos. Les espces officinales d'alos sont les suivantes : a) alos de Curaao ou des Antilles, produit par A. vera Tourn. ex L . var officinalis (Forst.) Baker; 6) alos socotrin (jauntre ou d'un brun noirtre) tir de A. perryi Baker; c) alos de Zanzibar (d'un marron rougetre) fourni galement par A. perryi, enfin d) alos du Cap, qui provient de A.ferox Mill, et de ses hybrides. O n utilise en outre : l'alos du Natal, sans doute extrait de A. candelabrum Berger, qui ressemble l'alos du Cap; l'alos M o k a ou Mocha, tir de A. succotrina L a m . ; et l'alos d'Arabie et de Jaffarabad, fourni par A. vera de Jaffarabad (Inde). A. barbadensis Mill. (A. vera L.) a une courte tige ligneuse; les feuilles lancoles et engainantes sont couvertes de taches blanches rgulires, et lesfleurssont d'un jaune vif. Originaire de l'Europe du Sud-Est, de l'Afrique du Nord et de Madagascar, cette plante est cultive en Italie, en Sicile, Malte et aux Antilles. A. perryi Baker est une plante vivace qui pousse en abondance Socotora, et qu'on trouve galement en Afrique orientale et en Arabie. Le tronc, d'une hauteur de 30 c m environ, est surmont d'un bouquet touffu de feuilles vert ple ou rougetres prsen-

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Les plantes mdicinales des rgions arides

tant u n certain nombre de stries. Lesfleurstubulaires, d'abord rougetres, prennent ensuite une teinte jaune. Le fruit est une capsule membraneuse. Cette plante des proprits stomachiques, toniques et purgatives. Elle est utilise contre la dyspepsie, la jaunisse et l'amnorrhe. Elle contient de la barbalone [2]. A. ferox Mill. Cette espce arborescente est l'une des plus grandes du genre : sa tige fourchue atteint de 3 5 m de haut et de 10 15 c m de diamtre; le sommet s'orne d'un gros bouquet de feuilles lancoles dont les deux faces sont trs velues. Les fleurs blanches, rayes et tubulaires, sont disposes en panicules. L'alos contient un mlange de glucosides, dsigns collectivement sous le n o m d'alolnes, qui constitue le principe actif de la drogue. L'alos de Curaao contient 30 % d'alone, ceux de Socotora et de Zanzibar un peu moins, et celui du Cap 10 % seulement. L e principal composant de l'alone est la barbalone, glucoside cristallis d'un jaune ple, soluble dans l'eau; ses autres constituants sont l'isobarbalone, la B . barbalone, l'aloemodine et diffrentes rsines. L'odeur provient de traces d'une huile essentielle [1]. L'alos, qui a une saveur amre et dsagrable, est principalement utilis c o m m e cathartique. Il provoque frquemment de violentes coliques. Il est plus irritant que la Cascara sagrada, le sn et la rhubarbe. Son action s'exerce principalement sur le colon, de sorte qu'il ne nettoie pas entirement les voies digestives; il est cependant trs utile contre la constipation chronique. Il produit une forte congestion pelvienne et est employ pour combattre les troubles utrins, d'ordinaire associ des prparations base de fer et des carminatifs. L'alos entre dans la composition de plusieurs spcialits laxatives. 1. A S C H A N . Arch. Pharm., 1903, 241, 340. 2. TsCHlRCH. Arch. Pharm., 1898, 236, 200.

Ammi

(Ombellifres).

A. majus. Ombellifre herbace annuelle originaire des pays mditerranens qui abonde en Egypte, dans le delta du Nil. Ses fruits crmocarpes, bruntres et cylindriques sont utiliss en Egypte, sous forme de poudre, pour traiter le vitiligo. O n en a extrait de l'ammodine, de l'ammidine et de la majudine, dont l'identit avec la xanthotoxine, l'impratorine et le bergaptne respectivement a t dmontre [6]. Pour rendre aux malades atteints de vitiligo une pigmentation normale, on leur fait absorber par la bouche 50 m g d'ammodine trois fois par jour, ou l'on procde des applications de liniment d'ammodine 1 % ; dans les deux cas, les rgions dcolores doivent tre ensuite exposes la lumire solaire ou ultraviolette. L'ammidine et la majudine sont relativement moins efficaces [4]. A. visnaga L a m . Cette autre espce d ' A m m i pousse dans les terres incultes de la rgion de la Mditerrane orientale, notamment dans le delta du Nil. C'est une herbe robuste, qui atteint 1,50 m de hauteur et dont les fruits ressemblent quelque peu ceux du Carvi. Des dcoctions de ses fruits sont employes de longue date en Egypte c o m m e antispasmodiques dans le traitement des spasmes urtraux et des calculs du rein. Trois substances cristallines distinctes ont t extraites des fruits l'tat pur : la khelline, la visnagine et le khellol glucoside [1]. Les fruits contiennent d'ordinaire environ 1 % de khelline, 0,1 % de visnagine et 0,3 % de khellol glucoside. L a khelline est l'lment utilis en thrapeutique. Certains ont soutenu en outre que le khellol glucoside est u n vaso-dilatateur des coronaires; mais d'autres le contestent. Quant la visnagine, si elle a une action physiologique, elle existe en quantit tellement minime que son importance est ngligeable.

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Le point de vue botanique Selon nrep et ses collaborateurs [3], la khelline est un puissant vaso-dilatateur des coronaires beaucoup plus actif que l'aminophylline; elle sjourne plusieurs heures dans le systme circulatoire, de sorte qu'elle peut exercer une action prolonge. Ayant trait par la khelline 250 personnes atteintes d'angine de poitrine, ils ont constat une amlioration sensible chez 140 sujets, et faible chez 85 autres; c'est seulement dans 25 cas que l'effet a t nul. Ils ont galement soign avec succs l'aide de ce mdicament de nombreux malades souffrant d'asthme bronchique, dont certains prsentaient des formes graves rsistant l'aminophylline et l'adrnaline. Snider et ses collaborateurs [7] ont administr de la khelline des groupes composs de 8 et 6 asthmatiques sans pouvoir tablir que cette substance ait une action bronchodilatatrice apprciable ou constante. Elle produit frquemment, parat-il surtout employe haute dose des effets secondaires fcheux : nauses, constipation, tourdissements, diarrhe, somnolence, insomnies, urticaire et dermatites [5]1. Abrol et ses collaborateurs [2] ont pratiqu avec succs la culture d'A. visnaga dans les rgions au climat semi-tropical du J a m m u et du Cachemire (Inde). Pour obtenir les meilleurs rsultats, il convient, selon eux, de semer les graines vers la mioctobre, en lignes distantes de 60 c m . Lorsque les plants ont atteint une quinzaine de centimtres de haut, on les claircit de manire qu'ils soient espacs de 15 c m au minimum. Prs de 290 kg de fruits par hectare ont t rcolts au cours de ces expriences et l'on a constat que de nombreux plants se reproduisaient par ensemencement spontan. Selon toute vraisemblance, VA. majus, espce apparente, pourrait tre, elle aussi, cultive avec succs dans des conditions analogues. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Anon. United States Dispensatory, Philadelphia, J. B . Lippincott, 1955, A B R O L et al. Indian J. Pharm., 1958, 20, 7. A N R E P et al. J. Pharm. (Lond.), 1949,1, 164 ; Amer. Heart J., 1949, 37, 531. F A H M Y ; A B U - S H A D Y . Quart. J. Pharm., 1948, 21, 498. R O S E N M A N et al. J. Amer. med. Ass., 1950, 143, 160. ScHONBEHG ; SiNA. J. Amer. chem. Soc., 1950, 72, 4826. SNIDER et al. J. Amer. med. Ass., 1952, 150, 1400. 1545.

Anabasis aphylla L . (Chenopodiaces). Cette herbe vivace, qui pousse dans les steppes russes des bords de la mer Caspienne au Turkestan, est considre c o m m e vnneuse. Elle contiendrait [1] 2,3 % environ d'alcalodes : aphyllidine, aphylline et surtout anabasine, substance qui se trouve aussi dans le tabac, Nicotiana glauca. Selon Haag [2], l'action physiologique de l'anabasine est qualitativement la m m e que celle de la nicotine, hormis qu'elle est moins excitante et plus dprimante; elle est d'autre part trois fois plus toxique pour les lapins et les cobayes. Le sulfate d'anabasine vendu dans le commerce, qui est un mlange de tous les alcalodes contenus dans la plante, est apprci pour ses proprits insecticides dues l'anabasine qui sont comparables celles de la nicotine. 1. H A A G . J. Pharmacol., 1933, 48, 95. 2. O R E C H O F F . Compt. rend. Acad. Sei., 1929, 189, 945. Argemone mexicana L . Pavot mexicain (Papaveraces). Cette plante annuelle a des feuilles pineuses, desfleursd'un jaune vif et des capsules velues qui contiennent des graines semblables celles de la Moutarde noire. Originaire1. Four plus de dtails sur les proprits physiques et chimiques de ces substances ainsi que sur leur action physiologique, voir : Hutter et Dale, Chim. Rev., 1951, 48, 543; Boiley el al J. Amer, pharm. An., 1951, 40, 280; et Ellenbogen et al., ibid. 1952, 40, 287.

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Les plantes mdicinales des rgions arides de l'Amrique, elle s'est propage l'tat sauvage dans de nombreux autres pays, dont l'Inde. Ses graines fournissent de 22 36 % d'une huile amre, nausabonde, et non comestible, qui est considre c o m m e un remde contre les maladies de la peau. A faible dose (1 2 ml), elle a des proprits laxatives; plus forte dose, elle est purgative et mtique. Ses graines se trouvent parfois mlanges celles du Snev. La falsification de l'huile de moutarde comestible par l'huile d'argmone a provoqu, semble-t-il, des cas d'hydropisie pidermique [1, 2]. O n peut dceler la prsence de cette substance des degrs de concentration gaux ou infrieurs 0,2 % , soit en ajoutant de l'acide nitrique concentr l'huile ou ses mlanges qui prennent alors une teinte d'un rouge orang trs vif, soit par le test du perchlorure de fer [3, 4]. La plante contient de la berbrine et de la protopine [5]. O n accorde galement aux graines des proprits mdicinales laxatives mtiques, expectorantes et mollientes. Absorbes en grande quantit, elles sont considres c o m m e toxiques. Le suc jaune qui exsude des capsules incises est utilis, en applications externes, contre la gale, l'hydropisie, la jaunisse et diffrentes affections cutanes, ainsi que contre les inflammations des yeux. O n emploie l'huile c o m m e purgatif et pour traiter les maladies de peau.

1. 2. 3. 4. 5.

C H O P R A et al. Indian med. Gas., 1939, 74, 193. LAIL et al. Indian J. med. Res., 1939, 27, 207. MuKHERji. Curr. Sei., 1942, 279. O N D E H S T E P O O B T . Indian J. vet. Sei., 1937, 573. SANTOS ; A D K I L E U . J. Amer. chem. Soc, 1932, 54, 2923.

Artemisia (Composes). Ce genre est compos d'un grand nombre d'Herbaces de petite taille dont quelque 280 espces se rencontrent dans l'hmisphre nord. Elles sont trs rpandues dans les terres arides, y compris notamment l'ouest des tats-Unis, les steppes asiatiques et les parties arides du nord-ouest de la rgion hymalayenne. O n en trouve galement en Afrique du Sud et en Amrique du Sud. Les Artemisia taient dj employes c o m m e anthelminthique et stomachique par les Grecs et les Romains; les mdecins persans et arabes en faisaient le m m e usage. Certaines Artemisia ont des proprits mdicinales, et quelques-unes fournissent des huiles volatiles trs apprcies. E n U R S S , la santonine est extraite principalement de VA. cina Berg, qui abonde dans le Turkestan russe et en Iran. O n a constat la prsence de ce corps dans d'autres espces, notamment A. mexicana Willd., A. neo-mexicana W o o t et A. wrightii A. Grey, en Amrique, A. gallica Willd. en Allemagne orientale, en France, en Angleterre et en Ecosse, et A. maritima, espce originaire d'Angleterre qui s'est propage largement vers l'Orient, jusqu'en Mongolie chinoise. Les espces amricaines et anglaises ont une teneur en santonine trop faible pour que la prparation de cette substance sur une base commerciale soit rentable [1]. O n a signal que A. fragrans Willd. et A. parviflora Roxb., qui poussent en Afghanistan, renferment galement de la santonine [9]. A. maritima, espce qui se rencontre dans certaines parties du Cachemire (Inde) et du K o u r a m (Pakistan) en contient aussi une quantit relativement importante (1 2 %) dont l'extraction est assure desfinscommerciales. A. absinthium (Grande Absinthe). Herbe de saveur aromatique et amre dont l'aire couvre le nord de l'Asie, l'Afghanistan et se prolonge vers l'ouest jusqu' l'Atlantique. Elle est naturalise dans l'est du Canada et on la cultive aux tats-Unis. L'essence d'Absinthe du commerce est prpare en Amrique. Cette plante contient environ 0,3 % d'essence volatile, compose essentiellement de thuyone. Elle provoque une

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Le point de vue botanique vive excitation du systme nerveux autonome, suivie bref dlai d'inconscience et de convulsions gnralises pileptiformes, d'abord cloniques, puis ttaniques. L'essence a un effet tonique et stimulant sur l'appareil digestif et elle est parfois employe aussi l'extrieur. L a plante contient galement u n glucoside amer, l'absinthine, et un compos cristallis. L'huile essentielle de A. absinthium entrait dans la composition de la liqueur dite absinthe (avec des essences d'Anglique, d'Anis et de Marjolaine) mais l'usage en est aujourd'hui interdit [10, 13]. A. annua est une plante annuelle fortement parfume du Pakistan, du Waziristan, de l'Afghanistan et du nord-est de l'Asie. Elle pourrait fournir environ 0,3 % d'une huile essentielle compose principalement de ctones a*Artemisia, de pinne, de cinol et de camphre gauche [11]. A. dracunculus est une herbe vivace qui pousse dans l'ouest du Tibet (entre 4 000 et 5 000 m ) et dans le Lahoul, ainsi que dans plusieurs rgions de l'Afghanistan, de l'Asie occidentale et de l'URSS mridionale et centrale. Elle renferme environ 0,3 % d'une huile essentielle qui est utilise pour parfumer le vinaigre et c o m m e condiment. O n la cultive en France pour en tirer l'essence d'Estragon, dont le mthylchavicol est le principal composant. Elle contient galement de l'aldhyde p-mthoxycinnamique [7]. O n la cultive aussi dans d'autres pays desfinsculinaires. A. herba alba L . est une plante herbace c o m m u n e en terrain sec en Afrique du Nord, en Arabie, en Syrie et en Iran. Elle fournit 0,3 % d'essence volatile; sa varit gyptienne, laxiflora, originaire du Sina, en donne jusqu' 1,6 %. A. cina Berg, est un petit sous-arbrisseau vivace feuilles bi ou multi-pennatisques; celles des tiges qui portent desfleurssont minuscules; les capitules sont nombreux et de petite dimension (2,5 m m de long). Il existe de multiples formes de cette plante, qui ont t classes en plusieurs espces. Y? A. cina Berg, pousse en Iran et dans le Turkestan. L a cueillette des boutons floraux se fait en juillet et en aot, poque o la teneur en santonine atteint son maxim u m (soit 2,5 3,5 % en moyenne). Aprs lafloraison,cette substance disparat rapidement. E n U R S S , la santonine est produite industriellement Tschimvent (Turkestan), c'est--dire non loin des steppes kirghizes d'o proviennent la plus grande partie des plantes utilises. \?A. cina Berg, a t cultive avec succs aux Pays-Bas et aux Etats-Unis Washington. A. maritima est une espce aromatique arbustive d'un mtre environ de haut, rhizome ligneux et tige dresse ou ascendante trs rameuse ds le pied. C'est une plante aux formes extrmement diverses; les capitules, notamment, peuvent tre dresss ou pendants. C'est la seule espce d'Artemisia santonine qui pousse en Inde; elle est c o m m u n e dans plusieurs rgions du nord-ouest du sous-continent indien, telles que le Cachemire, le K o u r a m , le Kagan, le Boushabar, le Waziristan. Cependant, on n'a constat la prsence de santonine que dans les Artemisia de certaines parties du Cachemire et du Kouram, o se rencontrent aussi des Artemisia qui n'en contiennent pas. Badwhar [3] a signal qu'au dbut de leur croissance, les Artemisia santonine du K o u r a m ont la tige rouge, tandis que les autres Artemisia l'ont verte; par la suite, la tige des unes et des autres devient brune. Cet auteur a baptis la premire varit A. maritima forma rubricaule. L'extraction de la santonine n'est rentable que si la plante utilise en contient au moins 1,2 %. D'aprs plusieurs auteurs, cette teneur varie pour 1'Artemisia du Cachemire entre 1 et 2 %, et dans le cas de VArtemisia de la valle du K o u r a m entre

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Les plantes mdicinales des rgions arides 1 et 1,6 % [3]. O n a calcul que le Cachemire pourrait fournir plus de 180 tonnes par an de cette drogue [5], et la valle du K o u r a m 25 tonnes environ [3]. Les Artemisia sont des xrophytes. E n Asie centrale, elles croissent dans les rgions semi-dsertiques soumises des tempratures variant d'un extrme l'autre et montrent une prdilection pour les sols sablonneux salins. Dans le K o u r a m , les Artemisia santonine poussent dans des sols riches en limon et en sablefin,et dont la teneur en potasse est leve. Il semble que ce soient les climats semi-arides et les sols sablonneux qui conviennent le mieux cette plante. Les sujets obtenus partir des graines ou de boutures de racines viennent bien, notamment si la culture est pratique en billons. Selon Abrol [2] et plusieurs autres auteurs qui ont tudi les modes de culture de A. maritima, ce sont les boutures de tiges tendres et parvenues maturit qui prennent racine le plus facilement. Badhwar [3] a effectu des recherches sur les variations saisonnires de la teneur en santonine de Y Artemisia du K o u r a m : cette teneur, m a x i m u m dans les boutons parvenus au terme de leur dveloppement, juste avant leur ouverture, diminue ensuite trs rapidement. L a m m e constatation a t faite dans le cas de A. cina. L ' U R S S occupe le premier rang dans la production et le commerce de la santonine, dont une faible proportion seulement provient d'Artemisia du Cachemire ou du K o u r a m . O n en extrait galement de souches cultives d'A. maritima au Royaume-Uni et en Allemagne. Outre la santonine, VA. maritima contient de la B-santonine, dont l'action anthelmintique est beaucoup moins forte, de la pseudo-santonine qui est totalement dpourvue de cette proprit [6] et enfin un autre principe amer, appel artmisine [7]. La santonine, trs efficace contre les ascarides, l'est moins contre les trichocphales et n'a aucune action sur le tnia. Pour liminer les ascarides, un mlange de 0,324 g de santonine et 1 c m 3 d'essence de chnopode donne de meilleurs rsultats que l'une ou l'autre de ces drogues prises sparment [8], La santonine est ordinairement utilise trs faible dose : de 64 194 m g prendre le soir, une purge (huile de ricin ou sels) tant ensuite administre le lendemain matin. Elle provoque la xanthopsie (vision en jaune et parfois aussi en violet). A plus fortes doses, elle cause des m a u x de tte, des nauses, des vomissements et des convulsions. O n cite des cas d'empoisonnement mortel par arrt du cur ou paralysie respiratoire. Toutes les varits A*A. maritima contiennent une huile essentielle, mais la quantit fournie et la composition de cette essence sont variables. L'essence du commerce, sousproduit de la prparation de la santonine, se prsente sous l'aspect d'une huile jaune paisse. L'huile essentielle de VArtemisia du Turkestan contient du cinol et duthuyone. La varit A. maritima var. Kazakewicz donne 0,6 % d'une huile contenant 36 % de camphre. A. sacrorum Ledeb. se rencontre dans le Tibet oriental, les rgions tibtaines du K o u m a o n , le centre et le sud de l'URSS et la Sibrie. O n l'emploie, parat-il, pour traiter les affections de la tte chez les chevaux. Cette plante donne 1 % d'une huile essentielle contenant notamment du cinol et du camphre [4].

1. 2. 3. 4.

Anon. Bull. imp. Inst. (Lond.), 1934, 32, 33. A B R O L et al. Indian J. Pharm. 1956, 18, 87. B A D H W A R . Report on Kurram artemisias from the santonin standpoint, 1934. CHISTOVA. J. Gen. Chem. (USSR), 1935, 5, 1801.

5. C H O P R A ; G H O S H . Indian J. med. Res., 1926, 13, 533.

6. D E N S T O N . A text book of pharmacognosy, London, Sir Isaac Pitman & Sons, 1945, 134. 7. F I N N E M O R E . The essential oils. London, Ernest Benn, 1926, 848.8. M A P L E S T O N E ; M U K E R J E E . Indian med. Gaz., 1931, 66, 627.

9. QAZILBASH. Bull. Sei. pharm., 1935, 42, 129. 10. SOIJWAN, T. A manual of pharmacology, 7 e d., London, W . B . Saunders Co., 1948, 211.

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Le point de vue botanique 11. W E H M E R , C.,Die Pflanzenstoffe, Jena, Verlag von Gustav Fischer, 1929-1931, II, 1243, 1248. 12. , . Op. cit., Supplement, 1935, 22. 13. , . Op. cit. 2> d., 1950, 2, 1245.