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Les portes greffes des arbres fruitiers. Les porte-greffes fruitiers Le greffage, méthode de multiplication végétative conforme, contribue à l'obtention d'un verger moderne homogène. Même si chaque espèce fruitière pose des problèmes particuliers, le porte- greffe présente deux autres intérêts : - Il permet d'élargir l'aire de culture d'une espèce fruitière hors de sa zone de prédilection dès lors que certaines conditions deviennent limites (conditions pédoclimatiques, stress biotiques et abiotiques...). - Il permet de modifier certaines caractéristiques de la variété greffon (vigueur, rapidité et importance de la mise à fruits, calibre et coloration du fruit...). Il constitue donc un facteur important d'évolution du verger vers la qualité et la rentabilité. Pour ces seules raisons, le porte-greffe reste un élément incontournable dans un bon nombre de situations, même si les techniques de culture in vitro permettent aujourd'hui une multiplication de certaines variétés ou espèces récalcitrantes vis-à-vis des techniques horticoles classiques. En outre, deux éléments plaident en faveur du porte-greffe : - La difficulté de prendre en compte les critères d'adaptation pédoclimatiques en complément des autres critères agronomiques déjà fort nombreux pour l'amélioration génétique d'une variété fruitière susceptible d'être cultivée sur ses propres racines. - L'existence d'une limite en matière de variabilité génétique au sein de chaque espèce fruitière. Qu'il s'agisse de porte-greffe de semis (moins coûteux à produire) ou de clones issus de multiplication végétative, les programmes développés prennent toujours en compte, d'une part les éléments conditionnant l'obtention et la qualité des porte-greffes (en particulier homogénéité des semis et aptitude à la multiplication végétative), et d'autre part la compatibilité au greffage. Les unités INRA du Département de Génétique et d'Amélioration des Plantes d'Angers, Bordeaux et Avignon développent, avec l'appui d'autres départements de recherche ou plus rarement du secteur privé, des programmes de sélection de porte-greffe relativement importants. Elles ont eu jusqu'ici un rôle de leader au plan international. Porte-greffe pour le pommier L’ensemble des porte-greffes due pommier représente une gamme de vigueur qui permet de répondre actuellement aux besoins de l’arboriculteur. Aussi l’INRA d’Angers concentre son activité sur l’expérimentation de sélections étrangères (77 clones en tests). Ces dernières sont introduites puis évaluées pour leurs performances agronomiques afin de définir lesquelles pourront être valorisées Page 1 sur 8

Les Porte Greffe

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Les portes greffes des arbres fruitiers.

Les porte-greffes fruitiersLe greffage, méthode de multiplication végétative conforme, contribue à l'obtention d'un verger moderne homogène. Même si chaque espèce fruitière pose des problèmes particuliers, le porte-greffe présente deux autres intérêts :- Il permet d'élargir l'aire de culture d'une espèce fruitière hors de sa zone de prédilection dès lors que certaines conditions deviennent limites (conditions pédoclimatiques, stress biotiques et abiotiques...).- Il permet de modifier certaines caractéristiques de la variété greffon (vigueur, rapidité et importance de la mise à fruits, calibre et coloration du fruit...). Il constitue donc un facteur important d'évolution du verger vers la qualité et la rentabilité.Pour ces seules raisons, le porte-greffe reste un élément incontournable dans un bon nombre de situations, même si les techniques de culture in vitro permettent aujourd'hui une multiplication de certaines variétés ou espèces récalcitrantes vis-à-vis des techniques horticoles classiques.En outre, deux éléments plaident en faveur du porte-greffe :- La difficulté de prendre en compte les critères d'adaptation pédoclimatiques en complément des autres critères agronomiques déjà fort nombreux pour l'amélioration génétique d'une variété fruitière susceptible d'être cultivée sur ses propres racines.- L'existence d'une limite en matière de variabilité génétique au sein de chaque espèce fruitière.Qu'il s'agisse de porte-greffe de semis (moins coûteux à produire) ou de clones issus de multiplication végétative, les programmes développés prennent toujours en compte, d'une part les éléments conditionnant l'obtention et la qualité des porte-greffes (en particulier homogénéité des semis et aptitude à la multiplication végétative), et d'autre part la compatibilité au greffage.Les unités INRA du Département de Génétique et d'Amélioration des Plantes d'Angers, Bordeaux et Avignon développent, avec l'appui d'autres départements de recherche ou plus rarement du secteur privé, des programmes de sélection de porte-greffe relativement importants. Elles ont eu jusqu'ici un rôle de leader au plan international.Porte-greffe pour le pommierL’ensemble des porte-greffes due pommier représente une gamme de vigueur qui permet de répondre actuellement aux besoins de l’arboriculteur. Aussi l’INRA d’Angers concentre son activité sur l’expérimentation de sélections étrangères (77 clones en tests). Ces dernières sont introduites puis évaluées pour leurs performances agronomiques afin de définir lesquelles pourront être valorisées dans les conditions pédoclimatiques françaises. Ce programme est mené en liaison avec le sont nombreux et répondent assez bien aux différentes situations pédoclimatiques françaises ; la sélection anglaise M9 est prépondérante. Il faut toutefois rechercher des porte-greffes qui résistent mieux aux maladies, en particulier à la pourriture du collet (Phytophthora cactorum) et au feu bactérien (Erwinia amylovora). Quelques sélections INRA obtenues par hybridation ou mutagenèse associent la résistance aux maladies et une faible vigueur conférée. Le programme INRA développé actuellement à Angers est un travail d'expérimentation conduit principalement avec les stations régionales et coordonné avec le Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (CtiflTIFL) et les stations régionales d’expérimentation ; au total, une centaine de sélections françaises et étrangères sont expérimentées.L’INRA a également sélectionné un hybride qui pourrait compléter la gamme de vigueur des porte-greffes de faible vigueur. Il possède une bonne aptitude à la multiplication, une bonne productivité et un calibre des fruits satisfaisant.Les porte-greffes pommier étant tous des sélections ou des hybrides créés à partir de la population des Paradis Jaunes de Metz, la base génétique est très restreinte. Elle doit être élargie par la création de porte-greffe hybrides entre les sélections actuelles et les espèces de Malus résistantes aux parasites (feu bactérien, pourriture du collet).

Pour en savoir plus :Michelesi J.C., Masseron A. 1995. Premiers résultats d'une expérimentation en réseau, porte-greffe du pommier. L'Arboriculture fruitière, n°487, 19-26.

Porte-greffe pour le poirier

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Les portes greffes des arbres fruitiers.Les porte-greffes du poirier appartiennent à deux genres différents : le genre Pyrus (poirier) et le genre Cydonia (cognassier). Les poiriers induisent une vigueur assez forte, sont compatibles avec l’ensemble des variétés mais possèdent une aptitude à la multiplication variable en fonction des génotypes. Les cognassiers possèdent une bonne aptitude à la multiplication végétative, confèrent aux variétés une vigueur plus faible mais présentent des phénomènes d’incompatibilité au greffage plus ou moins marqués en fonction des variétés.L’INRA d’Angers développe deux axes de recherche : l’un sur le cognassier et l’autre sur le poirier. Ces programmes sont basés sur l’étude de la diversité génétique de ces deux espèces afin de créer et/ou de sélectionner des porte-greffes compatibles avec l’ensemble des variétés, de faible vigueur et tolérants aux différents parasites. Ces programmes ont conduit à la diffusion de trois porte-greffes : BA29 (1967), Sydo (1975) et Pyriam® (1999).L'inaptitude du poirier au bouturage classique ainsi que l'hétérogénéité et la trop grande vigueur des poiriers francs (issus de semis) ont conduit à pratiquer des greffes sur cognassier. Des travaux de sélection ont donc été engagés sur le cognassier (bouturé), pour obtenir une gamme de porte-greffe de vigueurs différentes ; ils ont abouti à l'obtention des variétés BA 29 et Sydo qui représentent respectivement près d'un million et 200 000 marcottes vendues chaque année en France.BA 29 est un cognassier de Provence, de vigueur moyenne et de bonne productivité. Il constitue la référence en matière de porte-greffe cognassier compatible avec les variétés exigeantes au greffage notamment la variété Williams et a déjà été multiplié à plus de 25 millions d’exemplaires., obtenu en 1966 par sélection clonale au sein de la population des cognassiers de Provence, présente une très bonne multiplication par marcottage ; il confère en verger une vigueur moyenne et une bonne productivité. Il est de plus utilisable comme cognassier à fruits. Sydo, co-obtention de l'INRA et des Pépinières Lepage (1975), est issu d'une sélection clonale dans la population des cognassiers d'Angers ; son aptitude au marcottage et au bouturage est très bonne. En verger, il confère une vigueur plus faible que celle de BA29 et une bonne productivité.Le cognassier Sylo est une co-obtention entre l’INRA et les pépinières Lepage destiné à remplacer le Cognassier A d’East Malling car de même vigueur et de compatibilité supérieure avec les variétés.Le poirier Pyriam est un porte-greffe plus vigoureux et qui produit rapidement avec une productivité égale à BA29. Il est également tolérant au feu bactérien. Comme il ne présente pas de phénomène d’incompatibilité avec les variétés, il permettrait de résoudre le problème du vieillissement des arbres greffés sur BA29.Les programmes de recherche s’orientent actuellement sur l’obtention de porte-greffe tolérants aux différents stress (sols calcaires) et parasites (le feu bactérien). Des croisements entre des sélections déjà améliorées et des espèces apportant des tolérances aux stress sont en cours.Si les cognassiers sont compatibles avec les principales variétés de poiriers, il existe toutefois des problèmes d'affinité au greffage avec certains cultivars, notamment Williams et Guyot. La Station d'Angers a donc entrepris de créer par croisements entre différents poiriers des porte-greffe compatibles avec toutes les variétés greffons, conférant une vigueur modérée (inférieure ou égale au cognassier d'Angers) et aptes à la multiplication végétative.Depuis 1985, 44 clones de porte-greffe de Pyrus ont été multipliés par bouturage. La série Rétuzière comporte des sélections très prometteuses, en particulier issues de semis en fécondation libre de la variété Old Home, résistante au feu bactérien (caractère intéressant pour la phase en pépinière).

Pour en savoir plus :Lemoine J., Michelesi J.C., Allard G. 1995. Quelques porte-greffes Pyrus pour le poirier : bouturage herbacé et semi-ligneux. L'Arboriculture Fruitière, n°489 (1ère partie) et n°490 (2ème partie)Lelezec M., Lecomte P., Laurens F., Michelesi J.C., 1997. Sensibilité au feu bactérien (2° partie). Arboriculture Fruitière, n° 504, 33-37

Porte-greffe pour le prunier domestique et le pêcher Depuis plus de 40 ans l'INRA a développé notamment à l'INRA de Bordeaux des programmes d'amélioration des porte-greffes du Pêcher qui ont débouché sur la création d'obtentions connues et utilisées mondialement. On peut citer notamment l'hybride pêcher x amandier GF 677, porte-greffe de référence largement utilisé en France et à l'étranger multiplié essentiellement par microbouturage in vitro, les lignées de Pêcher GF 305, Montclar et Rubira multipliées par semences, et le porte-greffe Prunier Julior®-Ferdor.Depuis plus de 35 ans, Ll'INRA développe également à Bordeaux depuis plus de 35 ans un programme de sélection et de création de porte-greffe utilisables pour le prunier et le pêcher. L'hybridation interspécifique au sein du genre Prunus a permis de créer une variabilité nouvelle, qui a été exploitée pour atteindre des objectifs multiples.Ces objectifs concernent la compatibilité au greffage avec l'ensemble des variétés de prunier et de pêcher, la tolérance à l'asphyxie racinaire, la résistance aux nématodes et l'aptitude à la multiplication végétative. Pour les caractères conférés à la variété greffée, sont recherchées la qualité du fruit (calibre, coloration), ainsi que la modification du type de fructification (pour une mise à fruits rapide) et du type de ramification (en vue d'une réduction des coûts de taille).

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Les portes greffes des arbres fruitiers.Deux hybrides, Ferciana et Fereley, ont été inscrits, respectivement en 1986 et 1988, au Catalogue des espèces et variétés fruitières du Comité Technique Permanent de la Sélection (CTPS).Ferciana (IshtaraSHTARA®) est un hybride complexe réalisé dans les années 1950, entre un premier hybride diploïde Belsiana et un hybride naturel Myrobolan x Pêcher. Il présente une assez bonne vigueur, une aptitude satisfaisante au bouturage ligneux, un bon niveau de tolérance au pourridié (armillaire) ; il est immune vis-à-vis de nématodes du genre Meloïdogyne et ne drageonne pas. Sa tolérance à l'asphyxie racinaire est moyenne et il s'avère légèrement sensible à la chlorose. Ce porte-greffe confère aux variétés de pruniers un développement moyen (inférieur de 20% à celui d'un Myrobolan), une mise à fruit rapide, une productivité élevée et, pour la prune d'Ente, un calibre du fruit supérieur.Fereley (JaspiASPI®) est un hybride interspécifique entre Prunier japonais (var. Methley) et Prunus spinosa, créé en 1970. C'est un porte-greffe de vigueur moyenne, présentant une bonne aptitude au bouturage, un très bon ancrage, une bonne résistance à l'asphyxie racinaire ; il ne drageonne pas et est résistant à la rouille. Ce porte-greffe est polyvalent vis-à-vis des espèces et variétés greffées. Avec l'abricotier et le pêcher, sa compatibilité doit être encore vérifiée avec les nouvelles variétés, mais il devrait permettre de cultiver ces deux espèces dans des conditions "limites" de sol (terrains lourds et asphyxiants). Avec le prunier domestique, Fereley permet une réduction de vigueur et une mise à fruit rapide.Ces deux obtentions INRA rencontrent un succès certain : 35 000 plants certifiés de Ferciana et 210 000 de Fereley ont été vendus en 1995.Enfin depuis 1982 un programme de création et de sélection d’hybrides interspécifiques porte-greffes du pêcher et de l'amandier a été développé à Avignon, notamment pour obtenir des porte-greffes vigorisants plus résistants à l'asphyxie racinaire.Un nouveau porte-greffe, Avimag-Cadaman®, issu de ce programme, obtenu en collaboration avec la Hongrie, est inscrit au catalogue depuis 1989. Il s'agit d'un hybride pêcher x Prunus davidianaqui présente une vigueur importante, voisine de GF 677, et une tolérance à l'asphyxie racinaire légèrement supérieure. Il est également résistant au nématode Meloïdogyne incognita. Plus de 120 000 plants ont été diffusés en 1997. Grâce à ses performances agronomiques légèrement supérieures, ce porte-greffe pourrait à terme remplacer le porte-greffe GF 677.Actuellement la sélection de nouveaux porte-greffe hybrides interspécifiques entre le prunier myrobolan et l'amandier ("myrandiers") est en cours à Avignon et devrait à cours terme déboucher sur la diffusion de porte-greffes du pêcher et de l'amandier présentant une résistance accrue à l'asphyxie racinaire et conférant une grande vigueur à l'arbre.

Pour en savoir plus :Salesses G., Grasselly C., Renaud R. et Claverie J., et al. 1992. Les porte-greffes des espèces fruitières à noyau du genre Prunus. Iin : Gallais A. et Bannerot H. Amélioration des espèces végétales cultivées. Gallais A. et Bannerot H. éds, INRA Editions. 605-619.Renaud R., Salesses G. 1990. Prunier/pêcher : deux nouveaux porte-greffes. Fruits et Légumes, n°73, 22-23.Bernhard R., Renaud R. 1990. Le point sur les porte-greffes du prunier. L'Arboriculture Fruitière, n°432, 28-36.Grasselly C., 1988. Les porte-greffes du pêcher: des plus anciens aux plus récents. L'Arboriculture Fruitière, 409, 29-34.Edin M., Garcin A., Grasselly C., 1989. Comportement en verger de 4 nouveaux porte-greffes. Infos-Ctifl, 54, 33-39.Grasselly C., 1983. Nouvelles obtentions INRA de Pêchers porte-greffes multipliés par semences. L'Arboriculture Fruitière, 357, 50-55.Edin M., Garcin A., 1994. Un nouveau porte-greffe du Pêcher: Cadaman®-Avimag. Infos-Ctifl, 99, 38-42.Fiches variétales publiées dans la revue L'Arboriculture Fruitière : Avimag-Cadaman® (n°439, Mai 1991), INRA amandier x pêcher GF 677 (n°407, juin 1988), Julior®-Ferdor (n°427, avril 1990), Chanturgue-Montclar® (n°397, Juillet/Août 1987), Yumir-Myran® (n°401, décembre 1987), Ferciana-Ishtara® (n°402, janvier 1988) et Fereley-Jaspi® (n°433, novembre 1990)

Porte-greffe pour l'abricotierLes recherches menées par l'INRA sur les porte-greffes de l'abricotier ont débuté il y a environ 30 ans pour répondre essentiellement aux problèmes de la région du Roussillon, où l'abricotier est cultivé dans des sols très lourds. L'objectif était l'obtention d'un porte-greffe peu vigoureux, adapté aux conditions pédoclimatiques de cette zone et surtout compatible avec les variétés cultivées en Roussillon, destiné à remplacer le porte-greffe Reine-Claude P 1380 largement utilisé mais de compatibilité insuffisante. Des hybridations intraspécifiques et interspécifiques ont été réalisées dans le groupe des pruniers domestiques, qui présentent une bonne tolérance à l'asphyxie racinaire et mais une compatibilité variable avec l'abricotier.

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Les portes greffes des arbres fruitiers.Depuis 1989, un nouveau porte-greffe de l'Abricotier hybride entre pruniers Reine Claude vraie et Reine Claude de Bavay est commercialisé (7390 000 plants certifiés vendus en 199795) : il s'agit d'Avifel (TORINEL ®). C'est un hybride pentaploïde, dont l'origine supposée est un croisement entre Reine-Claude vraie et Prunus spinosa (prunellier), , qui allie bonne compatibilité au greffage avec les variétés d'abricotier, bonne excellente résistance à l'asphyxie racinaire et très bonne aptitude à la multiplication végétative par micropropagation. Il confère une vigueur inférieure à celle donnée par le porte-greffe Reine Claude GF 1380, une bonne productivité et une mise à fruits rapide.Le déplacement progressif de la zone principale de culture de l'abricotier en vallée du Rhône et l'incidence croissante de maladies graves (sharka, ECA, chancre bactérien) sur la culture de l'Abricotier (Drôme et Ardèche notamment) a amené l'INRA à engager de nouveau programme de recherches orientés vers la création de nouveaux porte-greffe présentant une large compatibilité de greffe avec les variétés d'Abricotier, une polyvalence vis à vis des conditions pédologiques et une bonne résistance aux principaux parasites. En moyenne vallée du Rhône, ce sont essentiellement des lignées de Pêcher de l'INRA qui sont actuellement largement utilisées, GF 305, Montclar® et surtout Rubira® qui semble conférer une bonne résistance au chancre bactérien. Cependant ces porte-greffes montrent une compatibilité limitée avec de nombreuses variétés d'Abricotier et une adaptation pédologique souvent insuffisante (sensibilité à l'asphyxie et à la chlorose).Pour atteindre ces nouveaux objectifs de compatibilité, d'adaptation pédologique et de résistance aux parasites, les recherches actuelles s'orientent vers la création d'hybrides interspécifiques, notamment de type Prunus dasycarpa (Prunier myrobolan x Abricotier) qui permettront de combiner les caractéristiques des deux espèces.Actuellement, la zone de culture de l'abricotier en Roussillon se déplace vers des sols plus légers, où était cultivée la vigne. Une importante production d'abricots est également réalisée en basse et moyenne vallée du Rhône, sur des sols filtrants. Les recherches se sont orientées dans un premier temps vers la sélection, parmi les porte-greffes du pêcher, de génotypes compatibles avec l'abricotier ; elles ont conduit à recommander les semis de pêcher GF 305 et Montclar. Ces porte-greffe n'étant pas compatibles avec toutes les variétés d'abricotier et n'ayant pas une plasticité d'adaptation au sol suffisante, un programme de sélection d'hybrides interspécifiques associant compatibilité et plasticité est maintenant développé à la station de recherches fruitières méditerranéennes d'Avignon.

Pour en savoir plus :Audergon J.M., Duquesne J., Nicolas J.C., Audubert A., 1991. A new selected plum rootstock for apricot varieties: Torinel®. IX International Symposium for Apricot culture, Acta Horticulturae, 293, 395-400.Crossa-Raynaud P., Audergon J.M., 1987. Apricot rootstocks. In: Rootstocks for fruit crops, Rom R. et Carlson éds, Wiley and sons, 295-320.Audubert A., Edin M., Garcin A., 1993. Porte-greffe de l'Abricotier: un choix qui s'élargit. Infos-Ctifl, 89, 23-28.Simard M.H., Olivier G., 1999. Julior®-Ferdor et variétés d'Abricotier. L'Arboriculture Fruitière, 523, 39-42.Fiche variétale publiée dans L'Arboriculture Fruitière : Porte-greffe Avifel-Torinel® (n°450, mai 1992)

Porte-greffe pour le cerisier En France, le cerisier est cultivé dans des régions très diverses, depuis le Nord-est jusqu'au Roussillon ; il est donc nécessaire de créer des porte-greffes répondant à la diversité des conditions pédoclimatiques. Les autres objectifs majeurs d'amélioration des porte-greffes du cerisier sont une réduction de la vigueur conférée facilitant les travaux de récolte, ainsi qu'une amélioration de la rapidité de mise à fruit. Ces programmes font appel à plusieurs espèces : Sainte-Lucie, merisier et cerisier acide.Le Prunus mahaleb (Sainte-Lucie) fait l'objet d'un important travail depuis de nombreuses années à l'INRA de Bordeaux. Sélectionné au sein d'un lot de Prunus mahaleb en 1960, diffusé à partir de 1967, le clone SL 64 est utilisé depuis plusieurs décennies ; il donne satisfaction comme porte-greffe de vigueur moyenne, et c'est actuellement le porte-greffe de cerisier le plus multiplié (150 000 plants par an). Plusieurs générations d'autofécondations réalisées à partir de types autocompatibles de Prunus mahaleb ont ensuite permis l'obtention d'un nouveau porte-greffe : Ferci (PONTALEB®), proposé récemment aux arboriculteurs et qui, en plus de sa facilité de multiplication par semis, présente des qualités d'homogénéité et de productivité induite largement reconnues (100 000 plans par an

actuellement). Trois nouvelles lignées vont faire l’objet d’une évaluation en verger de comportement.Les travaux de sélection menés sur Prunus avium (merisier) ont abouti à l'obtention de Fercahun (PONTAVIUM®) et Fercadeu (PONTARIS®), merisiers de semis sélectionnés en 1985 à partir de souches de merisier introduites en France par l'INRA en 1970. Actuellement, 5 à 6 000 plants (multipliés par semis) sont commercialisés annuellement pour chacun de ces deux porte-greffes obtenus par inter pollinisation. Une autre partie du programme Merisier est orientée vers l'obtention de nains génétiques.L'utilisation de Prunus cerasus (cerisier acide) a permis une innovation majeure : la création d'un vrai porte-greffe nanisant. Il s'agit d'Edabriz (TABEL®), co-obtention INRA-CTIFL, dont la vigueur induite représente 30

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Les portes greffes des arbres fruitiers.à 40% de celle du merisier F12-1. Edabriz a été créé à partir du griottier de Tabriz, introduit d'Iran en 1968 par l'INRA ; expérimenté de 1969 à 1980, il est commercialisé depuis 1985 et sa diffusion avoisine actuellement les 250 000 plants par an. Plus récemment, un travail a été entrepris sur les semis de Ferracida ; il devrait permettre l'obtention de clones représentant une gamme de vigueur moyenne à faible et n'induisant pas d'effet dépressif sur le calibre des fruits.L’exploitation des ressources génétiques, sans cesse élargies, est poursuivie.

Pour en savoir plus :Edin M., Claverie J. 1993. La Cerise : les porte-greffes. Fruits et légumes, n°110Lichou J., Edin M., Tronel C., Saunier R., Claverie J. 1990. Le cerisier. Edition CTIFL (361p)Fiches variétales publiées par L'Arboriculture Fruitière : INRA SL 64 (n°406, mai 1988) et Edabriz (n°460, avril 1993)

Depuis quelques années, on assiste au développement de programmes de création ou sélection de porte-greffe un peu partout en Europe et dans le monde. En France, pays qui tient depuis longtemps a longtemps tenu le rôle de leader dans ce domaine, les programmes sont poursuivis avec une meilleure prise en compte de la problématique du verger, mais aussi en essayant d'optimiser les méthodes d'amélioration : choix plus rationnel des géniteurs, recherche de marqueurs de gènes d'intérêt agronomique pour assister la sélection, développement des biotechnologies, du génie génétique...Dans le contexte économique actuel, les pépiniéristes demandent des porte-greffes polyvalents utilisables dans des conditions variées et pour plusieurs espèces fruitières. Ils visent ainsi une diminution du nombre de porte-greffe afin de réduire les difficultés techniques mais aussi les risques "d'invendus" et donc de maintenir une certaine rentabilité de leur entreprise.Parallèlement, certaines évolutions, soit du fait de la mutation des zones de culture, soit du fait de la sélection variétale, conduisent à une modification sensible des objectifs. Ainsi, la sélection de variétés de cerisiers moins vigoureux devrait aboutir à la recherche de porte-greffe conférant une certaine vigueur alors que l'on a cherché à tout prix, ces dernières années, à sélectionner des porte-greffes à très faible vigueur conférée afin de réduire le volume de l'arbre et donc les coûts de récolte. Chez le pêcher où l'on assiste à une concentration dans les zones sud les plus favorables, les besoins en porte-greffe de type prunier vont diminuer. Les nouveaux programmes devront cibler la création de porte-greffe adaptés aux conditions méditerranéennes (sécheresse, chlorose, salinité, présence de nématodes). Un tel programme est mis en œuvre par l'INRA (Bordeaux-Antibes-Avignon) en collaboration avec l'Espagne (INIA-IRTA).Pour d'autres espèces, des objectifs classiques restent à atteindre : c'est le cas pour le poirier ou l'abricotier, espèces pour lesquelles se posent encore quelques problèmes de compatibilité au greffage pour certaines variétés. Dans ce cas, de nouveaux programmes seront abordés qui pourraient mettre en jeu des méthodes de biologiemarquage moléculaire afin d'optimiser la sélection, voire des biotechnologies (mutagenèse in vitro ou transformation génétique) pour corriger certains porte-greffe présentant, par ailleurs, des qualités agronomiques incontestables.

Laboratoires :Poirier : INRA - Angers : Amélioration des espèces fruitières et ornementales

42, rue G. Morel ; 49071 Beaucouzé cedexPrunier-pêcher et cerisier : INRA - Bordeaux : Unité de Recherches sur les Espèces Fruitières et la Vigne

71, av. E. Bourleaux ; Domaine de la Grande Ferrade ; 33883 Villenave d'Ornon cedexAbricotier, Pêcher, Amandier :

INRA - Avignon : Station de Recherches Fruitières Méditerranéennes Unité de Génétique et d'Amélioration des Fruits et Légumes,

Domaine Saint-Paul, Site Agroparc ; 84914 Avignon cedex 9

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