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Les Vertiges Et Leurs Repercussions Psychologiques

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Page 1: Les Vertiges Et Leurs Repercussions Psychologiques

LES VERTIGES ET LEURS REPERCUSSIONS PSYCHOLOGIQUESPATHOLOGIES PSYCHOLOGIQUES ET VERTIGES

Professeur R. BONIVERUniversité de Liège

INTRODUCTION

Le vertige est défini comme étant une sensation illusoire de déplacement des objets.

Définition : Le mot illusoire signifie une interprétation propre à l'individu entraînant une sensation anormale de déplacement et dès lors fort dépendante de son circuit émotionnel.

Comme nous le savons, le comportement psychologique d'un sujet, c'est-à-dire le contrôle de ses émotions, dépend d'une partie de notre système nerveux central appelé le système limbique situé dans la partie haute du tronc cérébral, à l'entour du thalamus et des noyaux de l'hippocampe.

Nous distinguerons dès lors :1. Les vertiges dont l'étiologie a été démontrée, entraînant une perturbation de l'état psychologique du sujet

2. Des troubles de l'état psychologique du sujet, lui donnant des sensations vertigineuses

2.1. Les vertiges vrais entraînant une perturbation de l'état psychologiqueLes vertiges vrais ou bien sensations profondes d'instabilité peuvent introduire chez des individus qui les présentent des sensations très désagréables voire, lorsque le phénomène est paroxystique, des sensations de panique, qui peuvent perturber son comportement et par là même entraîner la persistante symptomatologie subjective alors que la lésion initiale a régressé ou s'est parfaitement compensée.

Je pense qu'il est tout à fait essentiel, face à un patient vertigineux, de lui expliquer son problème, de l'aider à comprendre sa maladie afin d'en faciliter la guérison.

Combien ne voyons nous pas de patients, qui, ne fut-ce que pour des vertiges paroxystiques bénins, vivent dans la crainte d'un déplacement brusque de la tête, de se coucher et développent d'autres manifestations qui leur rendent la vie très difficile. Dans certains cas de syndrome post-commotionnel, la symptomatologie non explorée et mal expliquée au patient entraîne celui-ci dans le développement d'une sinistrose qui va perturber sa vie pendant de nombreuses années, sinistrose qui peut être aggravée par une série d'examens successifs non expliqués au patient. Les sujets dont l'équilibre psychologique est fragile, peuvent passer d'une maladie organique à une maladie psychiatrique, notamment chez les personnes obsessionnelles. Par contre, de nombreuses maladies psychiatriques peuvent entraîner une symptomatologie d'instabilité ou même parfois de vertiges vrais, sans lésion anatomique sous-jacente. Nous allons les passer en revue.

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PATHOLOGIES PSYCHOLOGIQUES ET VERTIGES

Brandt, dès 1996, établit un classement des vertiges psychogéniques :

Vertige comme symptômes associés :

SchizophrénieDésordre de désillusion paranoïde de type somatiqueDésordre de dépression majeureNévrose dépressive ou désordre dysrythmiqueDésordre d'anxiété généraliséeDésordre de conversion ou névrose hystérique de type conversionHypochondriasie ou névrose hypochondrialeDésordre somatoformeDésordre de dépersonnalisation ou névrose de dépersonnalisationDésordre factice avec des symptômes physiquesDésordre de positionnement non spécifié avec des plaintes symptomatiques

Vertige comme un syndrome défini :

Désordre de panique avec agoraphobieAgoraphobie sans histoire de désordre de paniqueAcrophobie.

Vertige postural phobiqueVertige de l'espace

"Espacement" psychologique de vertige organique :

Personnalité prédisposéeDésordre psychiatrique évidentExagération volontaire des symptômes existantsSimulation

De nombreuses anomalies de l'examen vestibulaire ont été démontrées en face de patients présentant une pathologie psychiatrique bien précise.

Il est cependant difficile d'établir une relation directe entre la lésion psychiatrique pure et la lésion labyrinthique. Il pourrait s'agir également de coïncidences.

Cependant, toute lésion du système vestibulaire, chez un patient présentant un profil psychiatrique particulier, entraîne une aggravation subjective de leur manifestation.

Fitzgerald et Stengel en 1945 ont montré que des patients schizophréniques avaient des réponses souvent anormales lors des testing vestibulaires.

Finck en 1951 montra une grande sensibilité des réponses vestibulaires et souvent des syndromes de prépondérance directionnelle chez des patients présentant des névroses d'anxiété, anomalie confirmée par Yardley et collaborateurs en 1994, étudiant chez un groupe de patients semblables des tests posturographiques.

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Mirabile et Glueck en 1980 mirent en évidence chez les patients schizophréniques une plus grande sensibilité au mal de mouvement.

De nombreux "auteurs ont montré" que des patients présentant des maladies de Ménière avaient une plus haute fréquence d'anomalies au test psychométrique.

Des sensations vertigineuses d'origine psychogène doivent être suspectées :- si certains stimuli ou évènements sociaux en sont la cause principale;- s'il y a une claire dissociation entre les signes objectifs et subjectifs de déséquilibre;- si les patients se sont plaint de sensations rotatoires importantes sans la présence d'un

nystagmus spontané derrière les lunettes de Frenzel;- si le patient présente des symptomatologies manifestes de crainte, d'une anxiété excessive,

de peur ou de mort imminente.

Citons quelques cas particuliers :

Quelques formes de vertige "otolithique" existent sans signe neurologique reconnaissable. Il est difficile dans ce cas de savoir s'il s'agit d'un vertige paroxystique bénin typique ou d'une manifestation psychogénique pure.

Un syndrome d'hyperventilation entraîne souvent des sensations d'instabilité.

Dans la névrose d'anxiété avec vertige, le patient se plaint typiquement de sensations d'instabilité définie avec perturbation de sa posture ou de …………de sensation rotatoire. Les vertiges associés à un état dépressif se présentent souvent comme une maladie à laquelle sont associés des troubles de concentration et de ralentissement de l'expression.

Les symptômes apparaissent comme un mauvais sommeil, perte de l'appétit ou de la libido, diminution de l'activité ou au contraire agitation et augmentation de l'irritabilité.

Les vertiges d'origine hystérique, parfois bizarres et combinés avec des manifestations d'astasie-abasie d'origine psychogène sont facilement reconnus car les patients suivent une forme d'exhibitionnisme important.

Le vertige d'origine post-traumatique ou post-commotionnel, s'il est souvent dû initialement à une lésion organique, peut s'installer dans une symptomatologie de sinistrose ou de dépression, sauf chez un tempérament préalablement névrotique, soit chez une personne dont l'état psychologique instable s'est aggravé, par exemple à la suite de mauvaises explications de son état pathologique.

Rappelons également que les sensations d'instabilité au vertige 2 peuvent également être d'origine iatrogène suite à de nombreux médicaments interférant avec le système nerveux central.

3 tableaux psychologiques importants sont cependant à distinguer :- les désordres de panique;- l'agoraphobie;- l'acrophobie.

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Désordres de panique :

Suivant les associations de psychiatres américains reprises dans ces recommandations DSM-IV, l'existentiel du désordre de panique est la présence d'attaques de panique récurrentes survenant de façon inattendue après des intervalles de quelques semaines.

Il est difficile de dire si les attaques de panique sont un syndrome psychologique pur ou rattachée à une autre détérioration de l'état mental du sujet.

Les critères pour définir une panique attaque reprise dans le DSM-IV de 1994 sont :périodes de dysconfort intense ou de crainte qui développent et atteignent un pic maximum endéans les 10 minutes et caractérisées par au moins 4 des symptômes suivants :

o palpitations, accélération de la vitesse du cœur, cœur bruyant;o transpiration;o tremblements ou agitation;o sensations de raccourcissement de la température;o sensations de choc;o douleurs dans la poitrine ou sensations de dysconfort dans la poitrine;o sensations de nausées ou de douleurs abdominales;o sensations d'instabilité importante augmentée par la lumière;o perte du sens de la réalité ou sensations de dépersonnalisation;o crainte de perte de contrôle de soi-même;o impression de plongée;o paresthésie;o sensations de rougeurs brutales sur une partie du corps.

Ces sensations de panique peuvent être accompagnées ou pas d'agoraphobie.

Agoraphobie :

Les critères retenus pour définir l'agoraphobie sont :- sensations d'anxiété intense chez un individu dès qu'il se trouve en dehors de son milieu

habituel à son domicile, survenant soit à l'extérieur, dans un magasin, sur un pont, dans un bus, dans un train, dans une automobile.

- ces sensations sont évitées par l'individu jusqu'au point où il refuse de voyager et nécessite toujours pour se trouver à l'extérieur la présence d'un compagnon.

- cette sensation d'anxiété n'est pas accompagnée d'un désordre mental comme la phobie sociale, phobie spécifique, par exemple limitée simplement au fait de prendre un ascenseur, ou des désordres obsessionnels compulsifs.

Il semblerait que l'agoraphobie ait un caractère familial.

Acrophobie :

L'acrophobie est une phobie spécifique caractérisée par une anxiété très importante provoquée par l'exposition à une hauteur qui souvent entraîne un comportement extrême de crainte de se trouver dans cette situation. L'étiologie exacte de l'acrophobie n'est pas connue. Elle n'est pas nécessairement d'origine névrotique.

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L'état névrotique du sujet peut être mis en évidence par l'utilisation du test spécifique d'anxiété.

Les répercussions physiologiques de la symptomatologie vertigineuse sur l'individu ont récemment été réévaluées par questionnaire approprié comme notamment le DHI (Dizziness Handicap Inventory) qui a été traduit récemment en français par Jean-Pierre DEMANET.

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