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www.lyonmoderes.fr Mesdames, Messieurs, chers députés du Rhône Parlons un peu d’économie Dans les jours à venir, vous allez être amenés à examiner le projet de loi du gouvernement dit du « pacte de compétitivité ». Le consensus sur l’état difficile dans lequel se trouve notre économie, et la nécessité de relancer celle- ci, ne doit pas occulter le nécessaire débat sur la pertinence des mesures à initier. Baisse des coûts du travail contra création d’emploi, un pari déjà tenté Le Premier Ministre fait le pari qu’en baissant le coût des salaires pour les entreprises, celles-ci seront en mesure de créer des emplois. C’est contestable sur le fond et dans la méthode choisie. En effet ce pari a déjà été fait, depuis 1993, avec l’exonération totale des charges sur les bas salaires (en dessous de 1.6 smic). Il y avait consensus, à l’époque, parmi les économistes et les responsables politiques, pour penser que cette mesure créerait de l’emploi. A posteriori, les études ne démontrent pas de création d’emplois importante. Pourquoi ce mécanisme fonctionnerait-il aujourd’hui ? Rien ne le laisse penser. L’efficacité de l’action publique Le coût de la proposition du Premier Ministre est, de plus, démesuré pour la collectivité. Annoncer 20 milliards € de crédit d’impôt et attendre la création de 300 000 emplois signifie que la création de chacun de ces emplois nous coûtera près de 67000 €. Est-ce pertinent ? Nous devons trouver des mesures plus efficaces en période de rareté des finances publiques. Enfin, l’approche égalitaire du Premier Ministre, visant à ne pas distinguer les entreprises dans cette mesure, conduit à mécaniquement favoriser les grands groupes. Or, depuis vint-cinq ans, ces derniers n’ont créé que peu d’emplois. 300 000 sur les 2.8 millions générés par notre économie. Ces créations sont essentiellement dues aux petites et moyennes entreprises. Pourquoi ne pas tenir compte de cette réalité ? Pourquoi ne pas amorcer un virage dans l’organisation économique et soutenir délibérément et davantage ces moteurs de croissance ? A ce constat on ajoutera le fait que cette mesure bénéficiera essentiellement à la grande distribution et à la banque. Compte-t-on vraiment sur ces secteurs d’activités pour tirer l’économie française ? Ce serait certainement une erreur, à l’heure où les activités de production devraient être favorisées. Ce débat parlementaire est l’occasion d’envisager d’autres choix, de rompre avec des options traditionnelles qui ont démontré leur inefficacité. Accepter le changement de modèle pour réformer Pourquoi ne pas simplifier considérablement la réglementation fiscale, administrative et sociale qui pèse sur les PME ? Supprimer les seuils sociaux, réformer la fiscalité pour la rendre plus efficace, alléger les contraintes administratives, simplifier les fiches de paie, etc., autant de réformes à coût faible qui contribueront à accroître la productivité des entreprises et à créer des emplois. Nombreuses sont les réflexions à ouvrir et les expérimentations à mener. L’état de notre « modèle économique et social » doit vous inciter à engager sa mutation, sa remise à plat. Penser que nous pouvons perpétuer les équilibres d’antan est une nostalgie que nous ne pouvons plus nous permettre. Dans votre rôle de représentants de la nation, il vous incombe aujourd’hui d’ouvrir la voie à l’imagination et de ne pas réemprunter les impasses prises par vos prédécesseurs. En vous priant d’agréer, Mesdames, Messieurs les Députés du Rhône, l’expression de nos sincères et respectueuses salutations Eric Lafond Conseiller du 3è arrondissement de Lyon, pour les Modérés à Lyon

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Mesdames, Messieurs, chers députés du Rhône

Parlons un peu d’économie

Dans les jours à venir, vous allez être amenés à examiner le projet de loi du gouvernement dit du

« pacte de compétitivité ».

Le consensus sur l’état difficile dans lequel se trouve notre économie, et la nécessité de relancer celle-

ci, ne doit pas occulter le nécessaire débat sur la pertinence des mesures à initier.

Baisse des coûts du travail contra création d’emploi, un pari déjà tenté

Le Premier Ministre fait le pari qu’en baissant le coût des salaires pour les entreprises, celles-ci seront

en mesure de créer des emplois. C’est contestable sur le fond et dans la méthode choisie. En effet ce

pari a déjà été fait, depuis 1993, avec l’exonération totale des charges sur les bas salaires (en dessous

de 1.6 smic). Il y avait consensus, à l’époque, parmi les économistes et les responsables politiques,

pour penser que cette mesure créerait de l’emploi. A posteriori, les études ne démontrent pas de

création d’emplois importante. Pourquoi ce mécanisme fonctionnerait-il aujourd’hui ? Rien ne le

laisse penser.

L’efficacité de l’action publique

Le coût de la proposition du Premier Ministre est, de plus, démesuré pour la collectivité. Annoncer 20

milliards € de crédit d’impôt et attendre la création de 300 000 emplois signifie que la création de

chacun de ces emplois nous coûtera près de 67000 €. Est-ce pertinent ? Nous devons trouver des

mesures plus efficaces en période de rareté des finances publiques.

Enfin, l’approche égalitaire du Premier Ministre, visant à ne pas distinguer les entreprises dans cette

mesure, conduit à mécaniquement favoriser les grands groupes. Or, depuis vint-cinq ans, ces derniers

n’ont créé que peu d’emplois. 300 000 sur les 2.8 millions générés par notre économie. Ces créations

sont essentiellement dues aux petites et moyennes entreprises. Pourquoi ne pas tenir compte de cette

réalité ? Pourquoi ne pas amorcer un virage dans l’organisation économique et soutenir délibérément

et davantage ces moteurs de croissance ?

A ce constat on ajoutera le fait que cette mesure bénéficiera essentiellement à la grande distribution et

à la banque. Compte-t-on vraiment sur ces secteurs d’activités pour tirer l’économie française ? Ce

serait certainement une erreur, à l’heure où les activités de production devraient être favorisées.

Ce débat parlementaire est l’occasion d’envisager d’autres choix, de rompre avec des options

traditionnelles qui ont démontré leur inefficacité.

Accepter le changement de modèle pour réformer

Pourquoi ne pas simplifier considérablement la réglementation fiscale, administrative et sociale qui

pèse sur les PME ? Supprimer les seuils sociaux, réformer la fiscalité pour la rendre plus efficace,

alléger les contraintes administratives, simplifier les fiches de paie, etc., autant de réformes à coût

faible qui contribueront à accroître la productivité des entreprises et à créer des emplois.

Nombreuses sont les réflexions à ouvrir et les expérimentations à mener. L’état de notre « modèle

économique et social » doit vous inciter à engager sa mutation, sa remise à plat. Penser que nous

pouvons perpétuer les équilibres d’antan est une nostalgie que nous ne pouvons plus nous permettre.

Dans votre rôle de représentants de la nation, il vous incombe aujourd’hui d’ouvrir la voie à

l’imagination et de ne pas réemprunter les impasses prises par vos prédécesseurs.

En vous priant d’agréer, Mesdames, Messieurs les Députés du Rhône, l’expression de nos

sincères et respectueuses salutations

Eric Lafond

Conseiller du 3è arrondissement de Lyon,

pour les Modérés à Lyon