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Option Bio L’actualité du praticien biologiste ISSN : 0992-5945 1 n° 505 | Lundi 31 mars 2014 | 11 € 1 www.em-consulte.com/revue/optbio 71805 www.em-consulte.com/revue/optbio actualités Professionnelles, IDIV, Santé publique, biomed… 4 formation mise au point Escherichia coli et infections néonatales - Epidémiologie et facteurs de virulence des Escherichia coli responsables d’infections néonatales 13 - Escherichia coli BLSE en maternité 15 pratique Hepcidine : aspects analytiques et intérêt clinique 18 gestion Juridique 21 partenaires Produits 22 guide Petites annonces 23 L’évolution du DES de biologie médicale reste en chantier OB L’heure est à la rénovation du cursus de l’internat. Pourquoi celui de biologie médicale n’apparaît pas dans le rapport sur la modernisation du 3 e cycle ? CN Le groupe de travail envisageait l’entrée de clini- ciens dans notre profession en faisant l’impasse sur le niveau 1 du DES de biologie garant de notre poly- valence (hématologie, biochimie, bactériologie, virolo- gie, parasitologie, mycologie, immunologie) et de notre socle de formation. Sujet à polémique, le paragraphe sur la BM a pour le moment été retiré du rapport final rendu aux ministres. Le chantier reste donc ouvert. Après une enquête sur son avenir, auprès des adhé- rents de la FNSIP BM, nous avons fait 9 propositions dont l’intégration dans le DES d’un enseignement obligatoire à l’assurance qualité, l’accès au stage de pharmacotoxicologie au cours du DES de biochimie, l’éveil à des disciplines transversales, le maintien de la polyvalence du niveau 1… OB Qu’en est-il de la validation des acquis permettant la réciprocité vers d’autres spécialités ? CN Je déplore d’entendre régulièrement lors des réunions ministérielles que les biologistes médecins ne sont pas aptes à retourner en clinique. Or un spécialiste en micro- biologie est parfaitement compétent pour diagnostiquer une pathologie infectieuse et décider du traitement. Et si en dernier ressort, les ministères décident vrai- ment de faciliter l’entrée des spécialistes d’autres disciplines dans la nôtre, il faut alors qu’ils permettent à des biologistes médecins de rejoindre les autres spécialités. C’est du donnant-donnant. | SERGE BENADERETTE © DR. Pour la présidente de la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et en biologie médicale (FNSIP BM), Clémentine Nesme, interne en BM à l’AP-HP, l’avenir réside dans la médicalisation de la discipline. Un concept qui s’impose dans la rénovation du diplôme d’étude supérieur (DES) comme dans la validation des résultats des examens pour le prescripteur. Entretien. Polyvalence, validation, nominations : les internes ne lâchent rien ! à la une focus ... suite page 3 L a FNSIP BM, qui compte 1 800 adhérents dont 600 internes en biologie médicale (pharmaciens et médecins) a tenu ce week-end son congrès à Bordeaux. Au menu : des décrets très attendus tels que ceux autorisant les remplacements, organisant la validation des résultats des examens, et celui instituant les sociétés de participation financière de professions libérales (SPFPL) de biologie médicale (BM). Particulière- ment pointée aussi : la Directive européenne sur la recon- naissance des qualifications professionnelles. Obtenue par Simone Zehra, elle correspond au modèle français du DES soit 6 ans de second cycle et 4 ans de spéciali- sation dont 2 ans de socle polyvalent. L’anti-financiarisa- tion reste également un thème chaud huit mois après la parution de la loi ratifiant la réforme de la BM. OptionBio (OB) La ratification de la réforme de la biologie résout-elle l’intégration des jeunes dans la profession ? Met-elle fin aux contrats abusifs ? Clémentine Nesme (CN) La jeune génération ne perçoit pas du tout cette loi comme lui étant favorable. Rien ne s’oppose par exemple à ce que les sociétés exploitant un laboratoire de biologie médicale (LBM) recrutent des collaborateurs sur la base du statut de travailleur non salarié (TNS) ultra minoritaire. Visiblement les projets de décrets d’application prennent le même chemin. OB Depuis huit mois, les financiers n’ont plus le droit de détenir la majorité du capital d’un LBM sauf dans ceux créés sur la base de l’article 5-1 avant son abolition. Le regrettez-vous ? CN Oui. La dérogation à la règle anti-financiarisation persiste pour les structures créées sur cette base entre 2001 et 2013. Nous voulons que les LBM soient dirigés par les biologistes médicaux (BM) qui y exercent. OB Certains prétendent que les situations d’ultra minoritariat ne peuvent que devenir marginales avec l’arrivée des SPFPL ? CN Bien sûr, les SPFPL représentent un moyen pour les jeunes d’accéder au capital des LBM. Mais elles ne suffiront pas à contrer les statuts TNS ultra minoritaires puisque rien n’empêche d’associer un jeune avec un nombre symbolique de parts sociales. OB Qu’est-ce qui protégerait ? CN Que les LBM multisites dont le siège n’est pas situé en France aient l’obligation de déclarer les clauses extra statutaires annexées aux contrats d’associés. Ce serait déjà un grand pas contre les dispositions qui peuvent mettre le jeune biologiste dans des situations précaires. Nous avons demandé au ministère qu’il dépose un pro- jet de loi sur le statut TNS pour mieux le définir et inter- dire certaines pratiques. OB Réserver un seuil minimal de capital aux bio- logistes exerçants a été supprimé de la PPL Le Menn. Vouloir y revenir, n’est-ce pas un vœu pieu ? | Clémentine Nesme : « On ne pourra jamais se passer de l’expertise médicale du biologiste ».

L’évolution du DES de biologie médicale reste en chantier

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OptionBioL’actualité du praticien biologiste

ISSN : 0992-5945

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n° 505 | Lundi 31 mars 2014 | 11 €

1www.em-consulte.com/revue/optbio

7180

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www.em-consulte.com/revue/optbio

actualitésProfessionnelles, IDIV, Santé publique, biomed… 4

formationmise au point

Escherichia coli et infections néonatales- Epidémiologie et facteurs de virulence des Escherichia

coli responsables d’infections néonatales 13- Escherichia coli BLSE en maternité 15

pratiqueHepcidine : aspects analytiques et intérêt clinique 18

gestionJuridique 21

partenairesProduits 22

guidePetites annonces 23

L’évolution du DES de biologie médicale reste en chantierOB L’heure est à la rénovation du cursus de l’internat. Pourquoi celui de biologie médicale n’apparaît pas dans le rapport sur la modernisation du 3e cycle ?CN Le groupe de travail envisageait l’entrée de clini-ciens dans notre profession en faisant l’impasse sur le niveau 1 du DES de biologie garant de notre poly-valence (hématologie, biochimie, bactériologie, virolo-gie, parasitologie, mycologie, immunologie) et de notre socle de formation. Sujet à polémique, le paragraphe sur la BM a pour le moment été retiré du rapport final rendu aux ministres. Le chantier reste donc ouvert. Après une enquête sur son avenir, auprès des adhé-rents de la FNSIP BM, nous avons fait 9 propositions dont l’intégration dans le DES d’un enseignement obligatoire à l’assurance qualité, l’accès au stage de pharmacotoxicologie au cours du DES de biochimie,

l’éveil à des disciplines transversales, le maintien de la polyvalence du niveau 1…

OB Qu’en est-il de la validation des acquis permettant la réciprocité vers d’autres spécialités ?CN Je déplore d’entendre régulièrement lors des réunions ministérielles que les biologistes médecins ne sont pas aptes à retourner en clinique. Or un spécialiste en micro-biologie est parfaitement compétent pour diagnostiquer une pathologie infectieuse et décider du traitement.Et si en dernier ressort, les ministères décident vrai-ment de faciliter l’entrée des spécialistes d’autres disciplines dans la nôtre, il faut alors qu’ils permettent à des biologistes médecins de rejoindre les autres spécialités. C’est du donnant-donnant. | SERGE BENADERETTE

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R.

Pour la présidente de la Fédération nationale des syndicats d’internes en pharmacie et en biologie médicale (FNSIP BM), Clémentine Nesme, interne en BM à l’AP-HP, l’avenir réside dans la médicalisation de la discipline. Un concept qui s’impose dans la rénovation du diplôme d’étude supérieur (DES) comme dans la validation des résultats des examens pour le prescripteur. Entretien.

Polyvalence, validation, nominations : les internes ne lâchent rien !

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L a FNSIP BM, qui compte 1 800 adhérents dont 600 internes en biologie médicale (pharmaciens et médecins) a tenu ce week-end son congrès

à Bordeaux. Au menu : des décrets très attendus tels que ceux autorisant les remplacements, organisant la validation des résultats des examens, et celui instituant les sociétés de participation financière de professions libérales (SPFPL) de biologie médicale (BM). Particulière-ment pointée aussi : la Directive européenne sur la recon-naissance des qualifications professionnelles. Obtenue par Simone Zehra, elle correspond au modèle français du DES soit 6 ans de second cycle et 4 ans de spéciali-sation dont 2 ans de socle polyvalent. L’anti-financiarisa-tion reste également un thème chaud huit mois après la parution de la loi ratifiant la réforme de la BM.

OptionBio (OB) La ratification de la réforme de la biologie résout-elle l’intégration des jeunes dans la profession ? Met-elle fin aux contrats abusifs ?

Clémentine Nesme (CN) La jeune génération ne perçoit pas du tout cette loi comme lui étant favorable. Rien ne s’oppose par exemple à ce que les sociétés exploitant un laboratoire de biologie médicale (LBM) recrutent des collaborateurs sur la base du statut de travailleur non salarié (TNS) ultra minoritaire. Visiblement les projets de décrets d’application prennent le même chemin.

OB Depuis huit mois, les financiers n’ont plus le droit de détenir la majorité du capital d’un LBM sauf dans ceux créés sur la base de l’article 5-1 avant son abolition. Le regrettez-vous ?CN Oui. La dérogation à la règle anti-financiarisation persiste pour les structures créées sur cette base entre 2001 et 2013. Nous voulons que les LBM soient dirigés par les biologistes médicaux (BM) qui y exercent.

OB Certains prétendent que les situations d’ultra minoritariat ne peuvent que devenir marginales avec l’arrivée des SPFPL ?

CN Bien sûr, les SPFPL représentent un moyen pour les jeunes d’accéder au capital des LBM. Mais elles ne suffiront pas à contrer les statuts TNS ultra minoritaires puisque rien n’empêche d’associer un jeune avec un nombre symbolique de parts sociales.

OB Qu’est-ce qui protégerait ?CN Que les LBM multisites dont le siège n’est pas situé en France aient l’obligation de déclarer les clauses extra statutaires annexées aux contrats d’associés. Ce serait déjà un grand pas contre les dispositions qui peuvent mettre le jeune biologiste dans des situations précaires. Nous avons demandé au ministère qu’il dépose un pro-jet de loi sur le statut TNS pour mieux le définir et inter-dire certaines pratiques.

OB Réserver un seuil minimal de capital aux bio-logistes exerçants a été supprimé de la PPL Le Menn. Vouloir y revenir, n’est-ce pas un vœu pieu ?

| Clémentine Nesme : « On ne pourra jamais se passer de l’expertise médicale du biologiste ».