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L'Imaginaire dans les sciences et les arts Les cahiers de l'Imaginaire ; L'Imaginaire du politiqueLes cahiers de l'ImaginaireReview by: Françoise ChampionArchives de sciences sociales des religions, 35e Année, No. 70 (Apr. - Jun., 1990), pp. 243-244Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30127010 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

font de la maladie, comme de la salet6, des m~taphores de l'6tat de ptch6 ; mais celles-ci acquibrent, A l'inttrieur du syst~me indigene, une portte mttonymique, d'autant plus forte qu'elle apparait comme congruante avec les representations attachees aux logiques de contamination/corruption et les modes d'in- terprttation de la maladie afftrents, qui igno- rent la dichotomie chrttienne entre le corps et I'esprit.

C'est en fonction de ce contexte que l'on doit comprendre le succ~s obtenu par le rite de confession catholique auprbs des Indiens : en reprenant A leur compte le terme nahuatl neyolmelahualizili, qui dtsignait, dans la soci&- t6 prtcoloniale, un rite de purification res- taurant l'6quilibre interne du corps, les reli- gieux ont, en consequence, permis aux con- ceptions Nahua du corps et des principes vitaux qui l'habitent - comme le tonalli - de continuer A trouver un cadre d'expression et une intelligibilit6 au-delA de la conquste. Les mttaphores associant, par exemple, la confes- sion A une thtrapeutique des ptchts de l'Ame, sont alors susceptibles de se retourner selon les orientations de la morale Nahua.

Par leurs comportements rituels et I'obser- vance de cet ideal de moderation, mais aussi par tout un ensemble de conduites de la vie quotidienne, les hommes jouent un r61e actif dans le maintien de l'6quilibre, prtcaire, de ce monde glissant >. L'A. note ainsi l'impor- tance - encore observable dans certaines communautas indig~nes - du bain et du ba- layage. Les deux actes rel~vent des memes principes: ils visent A 6carter tout ce qui ap- partient A la categorie des d~chets (tlazolli) et apparaissent ainsi comme des modalitts de purification. La figure du bain a 6t6 reprise dans la rhttorique de la christianisation - le bapteme catholique, qui emploie la symbo- lique de l'eau, allant lui aussi dans le sens de la purification.

Un des aspects les plus marquants de la difference entre les cultures chrttienne et Nahua est celui qui concerne leurs conceptions respectives du temps : au temps lineaire de la premiere s'oppose le temps A la fois cyclique et lin~aire, et conqu en rapport avec l'espace, de l'autre - conception " cumulative >, selon le terme donn6 par D. Tedlock au sujet des Quiche. En vertu de cette conception, le temps et I'ordre cosmique auquel il participe d~pen- dent, dans la socitt6 prtcoloniale, des activitts des sptcialistes religieux. En dtpit de la dif- ference manifeste avec la vision chretienne,

cette conception ne va pas totalement se desa- gr6ger apr~s la conquete; elle va, dans une certaine mesure, pouvoir se rtorganiser A tra- vers le culte centre, dans les communautts, sur le calendrier des saints catholiques.

Le travail minutieux de L.B. montre que la religion Nahua-chr~tienne qui se constitue au XVI' si~cle,dans le Mexique central trouve sa coherence dans un processus dynamique r6- sultant de la religi6sit6 Nahua precoloniale et des orientations exerctes par la culture Nahua clle-meme lors de l'entreprise d'tvang6lisa- tion conduite par les ordres catholiques. Dans cette religion, la structure logique et la vision du monde des Indiens ont 6t6 maintenues.

Les conclusions de I'A. rejoignent les obser- vations faites dans les dernieres anntes par d'autres chercheurs soucieux d'apprehender de facon dynamique les probltmatiques du contact culturel et du changement dans l'aire m~so-amtricaine (Flor de Alva, Lopez Austin, Taggart, Farris), et d'autres aires (Sahlins). Faisant rtference A une observation de Farris, qui met en evidence l'existence d'un noyau de croyances stable chez les Maya, elle considtre que le processus qui organise la religion Nahua-chr~tienne represente, de fagon ana- logue, plus une variation qu'une composition nouvelle. A la difference du culte observ6 par l'6lite d'Etat pr~cort~sien, le type de change- ment culturel qu'elle a analyse au niveau des structures logiques, des formes rhttoriques, de l'organisation du temps et de l'espace, ainsi que des orientations liies aux ph~nom~nes de pollution et de purification, atteste de leur adaptabilit6, ainsi que de leur capacit6 A four- nir un sens a Nahua n au monde, en d6pit de l'univers colonial.

Jesdis Garcia-Ruiz.

70.280 LES CAHIERS DE L'IMAGINAIRE

L'Imaginaire dans les sciences et les arts. Toulouse, Privat, 1988, N0 1, 125 p.

et

70.281

L'Imaginaire du politique. Toulouse, Privat, 1988, N0 2, 146 p.

Revue scientifique, Les Cahiers de l'imagi- naire affirment trbs nettement leur orientation philosophique: bien loin des schemes d'ob-

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

jectivation issus des a positivismes >, la prise en compte de la complexit6 du reel (le refus des causalismes 6troits, des d6terminis- mes faciles >), et le parti pris d'une < rationa- lit6 associant la puissance de l'image, des symboles et des mythes, A la n~cessaire intel- ligence de leurs effets >. Dans cette perspec- tive les Cahiers sont < transdisciplinaires e. Dans le premier numbro consacr6 A l'Imagi- naire dans les sciences et les arts, G. Durand (co- directeur de la revue avec M. Maffesoli) inscrit ce projet dans le cadre du ( Grand change- ment (de < themata > i.e. paradigme) ouvert par Bachelard et ayant conduit A un renou- veau de la gnose: < un savoir int6gral int6- grant sur un plan d'6galit6 heuristique le << savoir rationnel, et le < savoir imaginai- re )) . Manifestement les auteurs de ces deux premiers num6ros partagent la vis6e d'un d~passement d'un certain rationalisme 6troit, pour s'attacher au complexe et A l'imaginaire (trbs principalement sous la forme des a struc- tures anthropologiques de l'imaginaire >); mais leurs orientations s'affirment aussi di- verses.

Du premier num6ro on citera les textes de M. Maffesoli: < L'6thique de l'esth6tique >, de C.G. Dubois : < L'imaginaire et la prospective au XVI" sitcle. Formalisme scientifique et rdalisme imaginaire >, de R. Ledrut: a Situa- tion de l'imaginaire dans la dialectique du rationnel et de l'irrationnel >>, de L.V. Thomas : << Science fiction et imaginaire: les derives sexuelles >. Du second numbro consacr6 A L 'Imaginaire du politique on citera les textes de J.P. Sironneau: < L'iddologie entre le mythe, la science et la gnose n, de A. Pessin : a Struc- tures politiques de la transgression >, de M. Miranda: Le politique comme m~tamor- phose du religieux ,, de P. Tacussel: < My- thocritique du totalitarisme contemporain n, de C. Rivibre: < Liturgies politiques >.

Frangoise Champion.

70.282 CALIMANI (Riccardo). Histoire du ghetto de Venise. Paris, Stock, 1988, 454 p. (Trad. de l'italien par Salvatore Rotolo; preface d'Elie Wiesel), (Coll. " Ju- darsme/Israel ))).

En 1516, la R~publique de Venise a ddcrdt6 le rassemblement de sa population juive dans un espace entour6 de murailles et ferm6 par deux portes: ce lieu, appel6 ghetto, fut le premier en Europe.

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Les origines de la communaut6 juive de Venise sont incertaines. Toutefois d~s le XIV* siicle, des Juifs jouent un certain r61e qui deviendra de plus en plus important dans la vie 6conomique de la cit&. A partir de 1397, ils devaient porter un petit disque jaune comme signe distinctif; plus tard leur fut impose le port d'un chapeau jaune.

A l'origine, la judalcit6 de Venise est cons- titu~e par des Juifs italiens et allemands. Au XVIc si~cle, des Juifs levantins, sujets turcs, et des Juifs sepharades trouvent refuge A Venise : parmi eux de nombreux marranes.

R.C. 6tudie, A partir d'une riche documen- tation, la vie &conomique, sociale, religieuse et culturelle des Juifs de Venise qui malgr6 leur regroupement dans le ghetto jouent un r61e irremplagable dans le d~veloppement de cette ville. Maintes fois expuls~s par les autorit~s de Venise, les Juifs sont aussit6t rappel~s, car la ville et la R~publique ne peuvent se passer de leurs apports financiers, de leurs relations commerciales voire diplomatiques, particuli- rement utiles en temps de guerre.

Cette histoire des Juifs de Venise est aussi un t~moignage sur les relations jud6o-chr~tiennes particulibrement complexes A ce carrefour de cultures et des civilisations: Venise n'h(site pas A s'opposer parfois A la papaut6 et n'ac- cepter qu'A contrecoeur l'Inquisition.

Le 12 mai 1797, Venise est occup~e par l'arm~e de Bonaparte: les Juifs deviennent citoyens. En juillet 1797 la municipalit6 pro- visoire ordonne la demolition des portes du ghetto : elles sont brdl~es. La foule compos6e de Juifs et de chr6tiens est dans la joie. Les Juifs peuvent dor~navant s'installer dans tou- tes les parties de la cite, exercer toutes les professions, m~me si, sous le regime autri- chien qui succ6de A celui de Bonaparte, ils sont encore soumis A quelques discrimina- tions. Citoyens, ils doivent cependant renoncer A leur organisation communautaire d'autre- fois. Au cours du XIX* sikcle, ils amorcent leur processus d'int~gration dans la socikt6 italien- ne: c'est la fin du ghetto.

L'ouvrage s'achtve sur la periode fasciste: en 1938, la 16gislation raciale s'abat sur la communaut6 juive italienne. Mais sa situa- tion s'aggrave surtout lorsque les Allemands occupent le nord de l'Italie aprbs la chute de Mussolini: de septembre 1943 iA avril 1945 deux cents Juifs vdnitiens sont morts en dcpor- tation.

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