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EXPÉRIMENTATION SCOLAIRE ET INNOVATION NUMÉRIQUE AVEC LE FESTIVAL DU PREMIER ROMAN DE CHAMBÉRY Par Abeline Majorel et Dominique Bombled Festival du premier roman de Chambéry Alphalire et l’innovation numérique. Festival du premier roman Chambéry Chargée de mission numérique [email protected] tel 07 77 39 34 53 http://festivalpremierroman.com

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EXPÉRIMENTATION SCOLAIRE ET INNOVATION NUMÉRIQUE AVEC LE FESTIVAL DU PREMIER ROMAN DE CHAMBÉRY

Par Abeline Majorel et Dominique Bombled

Fest ival du premier roman de ChambéryAlphal ire et l ’ innovation numérique.

F e s t i v a l d u p r e m i e r r o m a n C h a m b é r y • C h a r g é e d e m i s s i o n n u m é r i q u e a b e l i n e m a j o r e l @ f e s t i v a l p r e m i e r r o m a n . c o m •

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Introduction Historique et Genèse

Le Festival du premier roman de Chambéry a fêté cette année ses 25 printemps. Depuis sa création, les lecteurs sont impliqués dans le choix des auteurs au travers des groupes de lecture, ils sont la source et la ressource du Festival. Au cours de la saison de lecture ( septembre-mars ), les lecteurs du Festival lisent plus de 80 premiers romans, les commentent dans leurs clubs de lectures, bibliothèques, classes ... puis votent et, de leur vote, nait la sélection des auteurs présents au Festival. Ce fonctionnement transparent et communautaire s’est étendu depuis plusieurs années aux langues étrangères, permettant à des lecteurs en langue originale de lire et voter pour des romans en : anglais, allemand, espagnol, italien, portugais, roumain etc.. La participation au Festival fait de ces lecteurs des lecteurs non seulement référents mais acteurs de la littérature contemporaine et plus largement, par leur implication et leur ouverture, des lecteurs-citoyens.

Parce que né dans un établissement scolaire, le Lycée Monge de Chambéry, en association avec la Médiathèque de la ville, à l’initiative d’un enseignant, Jacques Charmatz, et d’un conservateur des bibliothèques, Jean-Paul Oddos, le Festival du premier roman de Chambéry s’associe avec des établissements scolaires volontaires pour faire lire les premiers romans aux jeunes lecteurs, répondant ainsi non seulement à une problématique de lecture publique, mais aussi à une démarche de formation et de découverte. Le lycée Louis Armand de Chambéry participe depuis longtemps activement à ce programme. Dominique BOMBLED, professeur de lettres dans ce même lycée, est un relais actif entre le Festival et l’Education Nationale depuis plus de 20 ans. Ses élèves ont ainsi participé, comme 1900 autres, aux divers programmes créés en adéquation avec le Festival, et notamment le programme des correspondances avec les écrivains.

En mai 2012, le Festival du premier roman de Chambéry a lancé la plateforme de lecture en streaming Alphalire. Véritable pendant numérique du Festival, elle est une traduction sur le web de l’activité historique du Festival et mérite ainsi sa base-line « Connectez-vous aujourd’hui à la littérature de demain». Elle favorise ainsi l’apprentissage responsable de la lecture connectée et la sensibilisation aux usages du numérique en matière littéraire, tout en conservant les fondements historiques du lecteur au Festival. Sur Alphalire, le Festival du premier roman a mis à la disposition de ses lecteurs 12 romans, accessibles gratuitement et sur tout support connecté, de manière illimité dans la consultation et ce jusqu’au 2 juillet 2012. Alphalire a aussi été pensé pour être un lien communautaire en permettant non seulement le commentaire et donc la discussion mais aussi le tag et la recommandation sociale.

Volontaire pour la saison de lecture une nouvelle fois, Mme BOMBLED et le Lycée Louis Armand ont, cette année, sur proposition de la mission TICE du Rectorat, décidé d’innover et de participer à l’expérience Alphalire, avec leurs élèves. Equipés en tablette Samsug Galaxy Tab, la classe a donc pu accéder et travailler sur les 12 romans sélectionnés par le Festival au travers d’Alphalire.

Introduction du numérique en classe : la problématique de l’équipement .

L’introduction d’Alphalire, dans une classe de seconde au Lycée Louis Armand, pose avec plus d’acuité encore la problématique de l’introduction des TIC dans le milieu scolaire. Il convient d’abord de parler de la problématique de l’équipement, qui est double : l’équipement en connexion et l’équipement en device.

En terme de connexion, il a été évident sur une classe de 33 élèves que tous possédaient le wi-fi à leur domicile. Ce wi-fi est ouvert et débridé. Dans le lycée, la connexion n’est possible que dans une salle spécifique, et celle-ci est bridée, puisque la navigation doit correspondre aux astreintes mises en place tant par la politique du projet SLIS nationalement, que par celle de la Région et de l’Académie et qui empêche la connexion sur des sites considérés comme malveillants ou

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inopportuns. Cette connexion empêche notamment toute connexion sur les réseaux sociaux. On constate toutefois que la plupart des élèves sont équipés en smartphone possédant des applications sociales en priorité.

Au niveau de l’équipement, l’action de la mission TICE du rectorat de Grenoble, permettant d’acquérir des tablettes Samsung Galaxy au nombre de 26 a été la clé de cette expérimentation. En effet, sans tablette mobile, restant à disposition des élèves en dehors des heures de classe, le travail n’aurait pas pu être effectué pour des raisons d’accès à l’équipement et de gestion du temps. Les élèves ont manifesté leur intérêt profond pour le fonctionnement et les possibilités de l’outil et ces digital natives s’approprient l’outil extrêmement rapidement et efficacement. Toutefois leur niveau de connaissance des TIC est relativement égal à celui de leurs ainés, si l’on accepte l’intuitivité de l’usage qu’ils en ont. Nous nous dirigeons donc vers une meilleure appropriation des mécanismes de e-learning, et devrions travailler collectivement sur ce sujet. 1

Le fondement du travail en classe connectée : la notion d’expérimentation.

Même si les TIC sont introduites depuis quelques années maintenant dans les lycées, il semble que, pour des raisons d’équipement et de formation des personnels enseignants, celles-ci ne soient pas d’un usage courant. Aussi nait un fossé entre l’usage personnel qu’en font les élèves et les usages scolaires : on remarque une meilleure connaissance des techniques par les élèves «digital natives». Toutefois, un manque de connaissances historiques et d’appréhension culturelle et citoyenne de leur pratique est souvent mis à jour.

Mené par une professeur de lettres, Mme Bombled relativement «early adopter» des TIC, tout le programme mis en place avec le Festival du premier roman de Chambéry correspond à la notion d’expérimentation, chère aux littéraires autant qu’aux scientifiques. Le programme a fonctionné dans une volonté de recherche croisée entre Mme Bombled et la chargée de mission numérique du Festival, Abeline Majorel. L’hypothèse de départ est de démontrer qu’il est possible d’allier l’aspect ludique, les nouvelles technologies, et un travail soutenu sur un corpus littéraire contemporain en lien avec les exigences du programme , et de viser à la consolidation des compétences du socle commun acquises en collège et à l’apprentissage des bonnes pratiques citoyennes des TIC. Porté par un respect de l’éthique, nous avons mis en place un protocole d’expérimentation, par tâtonnements successifs, validations. Des notions comme celle d’adaptabilité, de sérendipité ou même d’observation critique des usages ont été en oeuvre tout le long de ce test. C’est l’analyse de cette expérimentation que nous vous livrons ici, comme un fondement protocolaire à de nouvelles expériences. Car la valeur fondamentale sur laquelle nous nous sommes appuyés et que nous souhaitons mettre en valeur reste la créativité, l’imagination.

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1 http://portal.sliderocket.com/BUVBF/exception-pedagogique-contre-e-learning

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! ! ! ! Sommaire

! 1-Expérimenter la lecture connectée avec Alphalire.

! ! ! a-Objectifs et attentes

! ! ! b-Méthodologie

! ! ! c-Freins à la mise en oeuvre de l’expérimentation

! ! ! d-Pratique et retour d’expérience

! ! ! e-Acquisition des connaissances

! ! ! f-Pistes d’exploration

Conclusion

Transition

! 2-Expérimenter l’écriture connectée, sociale et dispersée.

! ! ! a-Objectifs et attentes

! ! ! b-Méthodologie

! ! ! c-Freins à la mise en oeuvre de l’expérimentation

! ! ! d-Pratique et retour d’expérience

! ! ! e-Acquisition des connaissances

! ! ! f-Pistes d’exploration

Conclusion

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La première partie de notre expérience est celle de la lecture, au travers de la plateforme Alphalire. Elle est, comme toute lecture, un point d’ouverture vers d’autres mondes, d’autres expériences, vers les autres et donc le travail en équipe. La lecture sur un support numérique change-t-elle l’appréhension d’un corpus de littérature contemporaine par les élèves ?

1- Expérimenter la lecture connectée avec Alphalire.

Comme nous vous le disions en introduction, sous l’impulsion de la mission TICE du rectorat de Grenoble en partenariat avec le Festival du premier roman de Chambéry, les 33 élèves de Mme Bombled ont pu lire et travailler avec :

un équipement en Tablette Samsung Galaxy ( favorisant l’accès à des logiciels libres ou outils libres )

une plateforme de lecture en streaming Alphalire, ce qui oblige à lire en étant connecté.

Les 33 élèves du Lyçée Louis Armand ont bénéficié de 26 tablettes, qu’ils avaient la possibilité de garder en leur possession en dehors des heures de cours. Ils ont eu accès ainsi aux 12 premiers romans sélectionnés par le Festival du premier roman à partir du 6 mai 2012 jusqu’à la fin de leur cours.

! ! ! ! a- Objectifs et Attentes

S’il est une intention toujours présente, quelque soit le moyen, c’est évidemment celle de faire lire. Avec l’équipement numérique, nous avons voulu favoriser la lecture cursive à l’aide d’un nouveau support en mettant l’accent sur l’aspect mobile et ludique. Toute cette séquence de travail correspond au pilier principal du socle de connaissances en lettres : « lire- dire-écrire». Mme BOMBLED, professeur de lettres, a toujours été dans une démarche d’observation et d’expérimentation. L’objectif était d’enseigner une stratégie de lecture de manière différente et d’observer les résultats en comparaison avec la lecture papier.

! ! ! ! b- Méthodologie

La possibilité de lire en streaming sur Alphalire est arrivée tardivement dans l’année, puisqu’au 6 mai. Les élèves avaient ainsi déjà travaillé sur certains romans en lecture cursive sur papier, via le dispositif historique du Festival du premier roman de Chambéry, qui leur permet de lire au moins les 5 romans des auteurs présents au Festival en vue de leur rencontre. Le but était donc ici de compléter leur lecture sur support numérique par rapport au support papier.

Pour avoir une meilleure vision de l’expérience, nous vous montrons ici l’ergonomie et donc une partie des fonctionnalités de la plateforme

Alphalire.

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Vous remarquez ainsi la facilité de la manipulation pour les élèves. Une fois ouvert un navigateur internet, il suffit de taper l’adresse http://alphalire.com et vous arrivez sur le site. Une fois le formulaire d’inscription rempli, vous choisissez dans le carrousel ou dans la sélection, l’ouvrage que vous souhaitez lire. En cliquant dessus, vous arrivez sur une page de description et méta-données du livre, ainsi que les tags, commentaires et sharing sociaux. En un clic sur le bouton «lire ce livre», vous ouvrez le reader et pouvez commencer la lecture. Vous pouvez pendant la lecture poser des signets, avoir des notes et repérer votre progression dans le livre. Tous les élèves ont pu profiter de la mobilité et emmener chez eux leurs tablettes pour pouvoir continuer le travail de lecture ( comme nous l’avons déjà dit, l’entièreté des élèves bénéficient d’un accès wi-fi à leur domicile).

Pour Mme BOMBLED, l’observation des pratiques et stratégies de lecture est une des dimensions de sa volonté de recherche, de garder la fraicheur d’une démarche expérimentale.

Quand au niveau de connaissances en TIC demandé pour la lecture, il est vraiment minimum. Mme BOMBLED a préféré prendre le parti de laisser faire ses élèves, tous digital natives. Instantanément, ces derniers ont su manipuler le site et le reader.

!

! ! ! ! c- Freins à la mise en oeuvre de l’expérimentation

Comme nous l’avons dit, l’expérimentation a été réalisée sur un délai très court : la mise en ligne du site fut le 6 mai 2012 et la fin des cours aux alentours du 20 juin. L’expérimentation a donc duré sur une période d’à peu près 5 semaines, ce qui est faible pour des conclusions stables mais suffisant pour avoir des pistes de réflexion. Les élèves ont donc effectué une deuxième lecture, pour certains, sur tablette après avoir lu sur papier ce qui a favorisé le processus de mémorisation pour beaucoup.

Nous avons noté quelques freins que nous listons et explicitons ci-après :

les élèves en internat : Dans les internats de lycée, le WI-FI n’est pas accessible. Ainsi, ces élèves sont pénalisés dans l’un des aspects les plus importants de l’expérience, la mobilité du support.

Parallèlement à ce premier constat, il a été noté que contrairement au livre papier ou à la possibilité de téléchargement, la lecture en streaming ne permet pas une mobilité totale puisqu’elle demande une connexion disponible.

Quelques difficultés techniques de conception de la plateforme ont été mises en exergue par les élèves : le manque de tactilité avec le manque de flip de page a été relevé particulièrement

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@capture d’écran du site Alphalire :

! ! -1- Home du site

! ! -2-Page «Description duLivre « du site

! ! -3- Page «Reader» du site

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Les élèves ont trouvé le support numérique plus froid que leur lecture habituelle et ont notamment eu des difficultés sur deux points essentiels : le repérage dans le volume et sa mémorisation , ainsi que le temps d’attention. Ils ont noté que le manque de volume les handicapait dans la navigation dans le livre et la mémoire visuelle qu’ils en ont. Les plus gros lecteurs ont relevé qu’ils avaient une préférence pour la lecture déconnectée, qui augmente leur temps d’attention, parce que la tentation de « sortir» de la lecture est amoindrie.

Pour la pratique du commentaire, la difficulté vient non seulement du sentiment de légitimité mais aussi de la capacité à construire un commentaire et le style à donner à celui-ci. Sa pratique doit être motivée par le professeur et seule la force de persuasion de ce dernier est efficiente. Toutefois, ses élèves avaient déjà un background d’expérience du commentaire et de l’écriture d’invention, via le forum du Festival et des correspondances avec les auteurs.

! ! ! ! d-Pratique et Retour d’expérience

Depuis l’origine du Festival du premier roman de Chambéry, la lecture de premiers romans par les élèves ouvre une liberté de parole sur le contemporain, permettant à l’élève d’exprimer sans frein, son goût personnel et donc de gagner en assurance sur sa pratique littéraire.

Si le choix initial des premiers romans à lire par les élèves est fondé sur des thématiques qui correspondent aux intérêts des adolescents - la famille et le conflit familial sont des thèmes recherchés par les élèves- Mme BOMBLED note qu’il y a souvent un conflit entre ce que l’adulte pense être l’attente de l’élève et la réalité de ses goûts. Le choix des ouvrages s’est effectué avec pour fondement les métadonnées du livre ( couverture, quatrième de couverture) mais aussi sur les données sociales ( commentaires, tags ).

Sur tablette, la lecture est donc individuelle et connectée sur Alphalire. Tous les élèves se sont connectés et ont lu en moyenne 2 livres par élève. Mme BOMBLED a remarqué que l’enjeu de la lecture sur tablette, ludique et nouveau, incite à la lecture cursive. De plus, elle a noté une lecture plus rapide par les élèves sur tablette.

Durant la lecture, elle a incité à sortir du texte pour l’utilisation du dictionnaire ( non intégré au reader ) et note la praticité de la tablette pour la recherche d’enrichissements à la lecture.

Les élèves ont ensuite travaillé sur les fonctions sociales d’enrichissement que la plateforme leur permettait c’est à dire le tag et le commentaire. Les élèves ont tagué les romans, ce qui permet un travail sur le sens de la synthèse et l’acquisition du vocabulaire. La pratique du commentaire s’est révélée être porteuse de valeurs et d’enseignements.

Le commentaire pour l’élève est une lecture ajoutée, une lecture partagée, ce qui est une pratique intrinsèque au Festival. Il est un travail critique, en toute liberté, pour lequel le droit de recherche est autorisé ( vérification qu’il n’y ait par contre pas de copie ) et est une sorte de devoir d’argumentation sur un livre. Ce commentaire publié donc rendu public suscite des réactions dans la classe et parfois permet aux adolescents d’exprimer leur parcours.

Mme BOMBLED, lors de cette expérience, a été guidée par une interrogation : quelle est la remise en cause du professeur face à son individualité de lecteur qui pose le relativisme de son interprétation du texte ? Forte de l'expérience menée depuis plus de 20 ans, elle constate une nouvelle fois que ce qui est en cause dans ce type d'expérience est la place du professeur, qui n'est plus forcément celui qui sait et affiche le goût qu'il faut avoir mais qui doit valoriser le goût de l'élève et aider celui-ci à le développer.

! ! ! ! e-Acquisition de connaissances

Il est prouvé que l’élève qui lit efficacement est celui qui le fait en poursuivant des intentions, en étant en interaction avec le texte. Il doit agir explicitement dans le but d’acquérir de nouvelles connaissances et pour y parvenir utiliser des stratégies de lecture, des stratégies d’apprentissage et des stratégies métacognitives. Le numérique modifie le répertoire stratégique des élèves. Il semble exister quoi que de façon non absolue une relation entre le rendement en lecture des

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élèves et la variété des contextes de lecture. L’introduction d’une nouvelle forme de lecture avec les tablettes et la lecture connectée sur Alphalire est un nouveau contexte, un nouvel outil pour ces élèves, et comme le support numérique n’était qu’une deuxième lecture, les supports ont donc été diversifiés, permettant une meilleure appréhension de la lecture cursive par les élèves et ont facilité une autonomisation des élèves et leur autorégulation.

Le pacte de lecture avec l’introduction du numérique est nouveau. En effet, il facilite les relations d’inférence qui elles-même favorisent l’acquisition de la lecture. Par sa nouveauté, il crée une motivation, par son aspect social, il en fait un acteur de la lecture . Or, la motivation pour la lecture est le produit, selon les chercheurs, des perceptions non seulement que l’élève a de soi en tant que lecteur mais aussi de la valeur qu’il accorde à la lecture.

Par la mise en place d’activités qui permettent à l’élève de s’exprimer ( commentaires, tags, discussions ) et de prendre conscience de ce rapport que tout lecteur peut avoir personnellement avec un texte littéraire, se crée une stratégie de lecture esthétique ou plutôt efférente.

Enfin, nous relèverons deux points :

seuls 20% des élèves du secondaire empruntent des livres. Par la participation au Festival et l’accès simplifié par la plateforme Alphalire, les élèves ont «emprunté» en moyenne 2 livres chacun sur support numérique, et 5 premiers romans en moyenne empruntés par élève de cette classe via les médiations scolaires du livre traditionnelle.

l’apprentissage du numérique est d’évidence, aujourd’hui, un facteur de réussite.

! ! ! ! f-Pistes d’exploration

Certains domaines n’ont pas été explorés, faute de temps mais aussi faute d’adaptation de la plateforme Alphalire.

La pratique du commentaire mériterait d’être plus développée. En effet, les élèves pourraient travailler sur l’augmentation en métadonnées du livre. Prix, émission, explications, repérages, questions aux auteurs, bref, ne pas se limiter à l’exercice de lecture du livre, mais permettre aux élèves d’entrer dans l’oeuvre par d’autres biais que ceux auxquels ils sont habitués ( quatrième de couverture par exemple) peut être un vrai travail bénéfique les autorisant aussi à sortir du livre et le dépasser en traitant de l’auteur, du contexte historique et de son rapport avec les autres oeuvres. Ce dernier point pourrait être favorisé par la pratique du tag et la création de parcours de lecture différents, fondés sur le ressenti. Le commentaire est un exercice riche, en toute liberté, une lecture esthétique formant l’argumentation et le goût.

Pour réaliser de bons commentaires, il faut une bonne pratique de l’annotation. La plateforme Alphalire ne permettait pas cette pratique de manière optimale dans sa version bêta test. Ce point sera abordé lors de la journée professionnelle de formation du 13 décembre 2012 organisée par le Festival du premier roman de Chambéry.

Conclusion :

Il nous semble important de considérer la lecture comme un objet de partage, une compréhension différenciée. La lecture d’un texte est l’unique création du lecteur, aussi il est intéressant de lui permettre d’évoluer dans un univers qu’il s’approprie. En partageant cette expérience, le lecteur alimente la création des autres et vice versa. Ce processus à l’oeuvre a été analysé et intégré par la majorité des élèves de la classe et a permis la suite de l’expérimentation.

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Comme le note Emile Javal dans « Physiologie de la lecture et de l’écriture» en 1996 2 où il expose les mécanismes physiologiques à l’oeuvre lors de la lecture, le lien entre la lecture et l’écriture semble une évidence. Il note aussi l’antériorité du savoir-faire de la lecture sur celui de l’écriture. Aussi, après avoir expérimenter la lecture numérique, nous nous pencherons naturellement vers l’écriture numérique. !

2-Expérimenter l’écriture connectée, sociale et dispersée.

Comme nous l’avons dit, de la lecture à l’écriture, il n’y a qu’un pas. Mais de la lecture numérique à l’écriturenumérique , ce pas est-il le même ? Demande-t-il des compétences supplémentaires au simple fait de savoir former deslettres avec sa main et des phrases qui ont du sens ? L’écriture numérique est-elle différente dans le vécu et l’expérience,de l’écriture manuscrite à laquelle les élèves sont formés ? Y-a-t- il un seul type d’écriture numérique ?

C’est en s’interrogeant sur toutes ces questions, que nous avons répondu de manière originale à la demande de lamission TICE du Rectorat de Grenoble, de faire écrire une narration aux élèves. Notre solution fut de nous placer dans une démarche radicalement expérimentale.

Pour rendre possible ce volet de l’expérience , il est à noter que nous avons pu nous appuyer sur l’existence préalabled’une page Facebook de classe, dédiée à la communication libre entre élèves et professeurs.

Du 30 avril au 30 mai, nous avons créé la narration que vous trouverez sous forme fixe en annexe, et qui est dispersée enarticles sur le blog du numérique au Festival du premier roman de Chambéry :

le préambule de Mme BOMBLED sur l’expérience : Explorer les domaines du possible du numérique en classe ouaventure(s) dans les méandres de l’innovation

la narration architecturée, dispersée et sociale : Mindmapping de la narration : le Refuge de la page blanche

la fin de la narration : La fin du Refuge de la Page Blanche : un drame, des témoignages.

Le principe de la narration est simple : à partir de l’expérience de Mme BOMBLED qui, pour des raisons personnelles,fréquentait les salles d’attente médicales, cette dernière a imaginé une narration se passant dans un seul lieu avecplusieurs personnages. En concertation avec la chargée de mission numérique du Festival du premier roman deChambéry, Abeline Majorel, elle a donc proposé à ces élèves de créer chacun un personnage, leur inventant une identité par le biais de biographies narrées produites librement par eux, mais aussi pour la plupart, en leur donnant une identité numérique fictive, via des profils Facebook. Tous les personnages devaient se réunir dans un refuge de montagne, qui donne le titre à la narration : le Refuge de la Page Blanche E330 N5080. L’architecture visuelle et de travail de ce roman dispersé sur plusieurs supports, se trouve dans un mindmapping (carte heuristique). Enfin, la narration se clôture ou débute par plusieurs textes, représentant l’enquête et les recherches de personnages annexes, qui racontent la mort dans une avalanche des personnages du Refuge de la page blanche.

En préalable, il semblait nécessaire de poser comme condition l’acceptation par le professeur du déplacement de son rôle.

! ! ! a-Objectifs et attentes

A l’évidence, le premier objectif est la création d’une narration par une classe de 33 élèves. Ce simple objectif est déjà unchallenge puisqu’il s’agit d’écriture collaborative. Nous avons voulu garder et même accentuer, l’aspect collectif de ce

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2 http://www.amazon.fr/Physiologie-lecture-lécriture-Émile-Javal/dp/110800914X

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projet, et former les élèves au travail collaboratif.

Non seulement, les élèves devaient collaborer entre eux, mais aussi avec un tiers étranger à la classe, la chargée de mission numérique du Festival, qui avait pour prérogative de coordonner le projet, sélectionner les outils numériques, adapter leur mise en oeuvre, réaliser les synthèses des travaux et former aux usages citoyens numériques les élèves au travers de ce travail. Pour rendre attractive cette démarche expérimentale aux élèves, nous avons voulu valoriser l’aspect ludique de l’enseignement, et avons été conduit par la notion de ‘ gai savoir’ qui nous est chère. De plus, nous voulions permettre une meilleure appréhension et maitrise des outils de partage et de rédaction disponibles sur le web.

L’utilisation d’outils numériques dans cette narration devait répondre à un véritable questionnement : qu’est ce que lenumérique peut apporter/changer dans la construction d’un roman ?

Aussi, nous avons inversé le schéma classique d’étude de la construction du roman. En laissant les élèvespénétrer la démarche artistique par le biais de la création, composition et appropriation de personnages, nous leur avons permis d’intérioriser cette même démarche, pour en favoriser la compréhension. L’important était de faire sens pour eux. Nous nous sommes donc approché d’une démarche d’atelier d’écriture en étudiant la façon de travailler d’un auteur, en insistant sur la construction du personnage et la vraisemblance du récit. Bien sûr, l’objectif pédagogique était ainsi d’amorcer le travail de Première qui est axé sur les personnages de roman et ce qu’ils nous disent du monde, mais aussi de diffuser auprès des élèves une meilleure connaissance des outils et usages citoyens sur le web.

! ! ! b-Méthodologie

Pour rendre efficace ce travail qui devait s’effectuer en peu de séances puisque réparties sur un mois (30 avril- 30 mai),nous avons choisi d’appliquer une méthode agile, déjà en cours dans les entreprises, et de l’adapter à l’enseignement. Lachargée de mission numérique du Festival du premier roman de Chambéry, Abeline Majorel a été introduite auprès desélèves d’abord par leur page Facebook de classe, permettant ainsi de personnaliser cette présence et d’entamer laconversation.

Si en première intention l’idée de narration collaborative et de ses points nodaux ( la rencontre entre les personnagesdans un même lieu ) a été schématisée sur un tableau en classe, elle s’est vite matérialisée dans un mindmapping créé surle logiciel Mindmeister intégrant ainsi toutes les évolutions de la narration, au travers des personnages et des liens versleur vie numérique. L’arc narratif est ainsi schématisé et accessible à tous puisque posté, c’est à dire publié, sur le blog du Numérique au Festival du premier roman de Chambéry.

Les élèves ont ainsi pu travailler le texte au travers de leur tablette, et ont eu à disposition des outils tels que Google Docpour travailler en document partagé, ou Mindmeister. Ils ont aussi pu se familiariser avec les outils sociaux sur internet,et leurs usages citoyens.

Une contrainte a été posée en cours d’expérience : les personnages devaient avoir un point commun supplémentaire àleur passage dans le Refuge de la Page Blanche, celui d’avoir lu un des romans présents sur Alphalire ce qui aura permisune approche esthétique et sensitive libre des romans.Mme BOMBLED a beaucoup insisté sur une pratique raisonnée de la langue au cours de ce travail.

! ! ! c-Freins à la mise en oeuvre de l’expérimentation

Le principal frein auquel nous avons été confronté aura été l’utilisation de la SLIS ( solution libre pour l’informatiquescolaire ) dans le lycée. En effet, cette solution empêche toute connexion sur un site social du type Facebook ou pose desdifficultés pour utiliser Skype ou Facetime pour les dialogues en direct avec les élèves et la chargée de mission

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numérique du Festival du premier roman de Chambéry. Face à cette difficulté, nous avons du être inventifs et extérioriser la création par exemple des pages Facebook aux seules compétences des élèves en dehors des heures de classe. Nous avons pu remarquer d’une part leur parfaite maitrise de l’outil et pourtant d’autre part, leur mauvaise formation et connaissance en matière de pratiques citoyennes sur internet. De plus, nous notons que dans la classe, chaque élève possédant un téléphone en 3G pouvait se connecter et accéder à tout ce dont nous avions besoin pour l’expérience. Cette incohérence sur l’utilisation des réseaux sociaux entre les pratiques des élèves et la réalité scolaire est non seulement à relever mais à réfléchir. De plus, le réseau interne du lycée crée une discrimination entre les élèves internes et les autres, puisque les internes ne pouvaient travailler au même rythme que les externes, car bloqués dans les procédures sociales, et n’ayant la possibilité de créer leur propre approche du personnage que le week-end.

Une inégalité a fait jour dans la pratique via le téléphone portable. Les élèves possédant une connexion 3G et illimitéepouvaient en temps réel via leur téléphone, même en classe, travailler sur le sujet. Les autres étaient bloqués du fait de laSLIS. Seuls 3 élèves ont refusé d’ouvrir un profil Facebook à leur personnage. Nous avons donc respecté leur choix etimplémenté leur travail via une correspondance par mail.

Toute l’expérience a nécessité d’externaliser le travail du professeur, ce qui peut parfois poser des problèmes de gestiondu temps.

! ! ! d-Pratiques et retour d’expérience

Pour cette expérience, nous avons donc d’abord créé un arc narratif montrant les points nodaux de la narration, ainsi queles caractères des personnages et leur relation sur un tableau. Le mindmapping créant une visualisation dynamique etcomplète a été créé ensuite, dans une démarche de recherche en interaction entre Mme BOMBLED et Abeline Majorel.

L’écriture des élèves s’est faite à l’extérieur de la classe, comme des devoirs avec évaluation sur des critères classiques etformels c’est à dire : investissement, abondance du travail, caractéristiques des personnages, écriture, recherche,orthographie, style. Les notes des élèves se situent dans une fourchette de 10 à 18 sur 20. Nous n’avons pas remarquéd’élèves réfractaires à ce projet, même ceux refusant d’ouvrir un profil Facebook à leur personnage. Tous étaient investisdans ce projet, de manière pérenne. Ce projet est né et s’est développé dans une sorte de tension constante, ne subissantaucune baisse d’investissement.

L’écriture étant un acte solitaire, celle-ci s’est donc faite à l’extérieur de la classe, ce travail étant rendu possible par leprêt de tablettes aux élèves, qui avaient donc la possibilité d’utiliser ce device de chez eux. Toutefois, certains élèves ontchoisi d’écrire à quatre mains ou même en trio.

Pour mieux investir le domaine numérique, il a été fixé comme condition de départ, l’obligation d’avoir des échanges defaçon numérique c’est à dire via les mails, le Facebook de classe et les google doc, ces derniers ayant été rapidementabandonnés. Les textes que les élèves ont produit ont tous été reçus par ce biais. Tous les élèves possédaient une adressemail et ont accepté volontiers de la transmettre pour pouvoir communiquer. Ils bénéficiaient tous d’une connexion WI-FIà domicile. Leurs parents, mis au courant de l’expérience, n’ont manifesté aucune réticence, même sur l’utilisation desréseaux sociaux, et ont même fait part de retours positifs voire d’adhésion complète au projet.

Nous avons voulu par cette expérience, non seulement transmettre des connaissances, mais aussi favoriser un imaginairenouveau sur le roman, pour cette génération qui en a déjà une vision différente puisque bercée aux «livres dont vous êtesle héros», en appliquant et promouvant l’apprentissage du travail de groupe ( notamment en faisant créer à des élèvesles pages Facebook des personnages d’autres élèves ), tout en respectant/favorisant l’autonomie de l’élève.

Cette expérience leur aura permis de comprendre de l’intérieur ce qu’était le travail de construction d’un livre. Nousavons aussi travaillé avec eux sur la vraisemblance et sur l’incarnation des personnages. Ceux-ci se devaient d’être dansle réel, de leur donner chair dans le présent, tout en utilisant les outils numériques sociaux. Sur les profils Facebook des

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personnages, les élèves pouvaient tout dire et tout écrire, et surtout ont cherché à constituer des univers pour leurpersonnage : quel livre lit -il ? quelle musique ? quelles sont ses passions ? son quotidien ? La vraisemblance commepiste de travail est évoqué dès le titre de la narration : le Refuge de la Page Blanche E330 N5080. En effet, les élèves ontproposé via la page Facebook de classe, la localisation dans un refuge, existant. Or comment décrire celui ci sans s’y être rendu? Et que vont penser les lecteurs si ces derniers connaissent le même refuge ? Aussi le nom a été trouvé ( référence au refuge de la vache blanche ) et les coordonnées sensiblement modifiées pour que la localisation paraisseréelle mais ne soit que vraisemblable. La question du voyage a beaucoup été abordée et a donné lieu à cette réflexiond’une élève « L’écriture, c’est comme la lecture, c’est un voyage». Lors de l’expérience, Mme BOMBLED a pu aborder lanotion de réalisme subjectif avec les élèves, notamment via la problématique des commentaires sur Facebook. En effet,les élèves pouvaient parfois commenter via leur profil propre sur la page du personnage. L’intervention de l’auteur danssa page, dans la narration, a donné lieu à une évocation de cette pratique romancière, le réalisme subjectif. Les élèves ontaussi été confrontés à des problèmes de langue qui furent traités au cours de l’expérience et qui sont propres à l’écritureromanesque : conjugaison, respect des temps etc ...

Tout au long de l’expérience, via les moyens de communication dont nous disposions, la chargée de mission numériquedu Festival est intervenue pour orienter les élèves vers de bonnes pratiques des média sociaux. Ont été abordénotamment : le droit d’utilisation d’une image et donc le droit d’auteur, l’utilisation des Creative Commons, les outils derecherche et de stockage de ces derniers, la responsabilité d’une publication pérenne et donc les problématiques de droità l’oubli. La publication sur un blog de cette narration a créé une attente de retour de lecteurs chez les élèves et dereconnaissance. La question de la mise en page, et l’imagination de formes par les élèves a aussi été posée, notammentsur la conclusion de la narration.

Cette dernière a donné lieu à de nouvelles formes d’expérimentation textuelles telles que la poésie via les cadavres exquis. Mais elle a aussi permis un échange, une valorisation du travail des élèves. En effet, plusieurs élèves ont proposé des textes de conclusion. Mme BOMBLED a donc organisé une sorte de « battle de textes», dans le respect des égos de chacun. Elle a effectué en classe une lecture, « en mettant le ton» et donc en valorisant, de chaque texte rendu.Ne pouvant en choisir qu’un, les sélectionnés le furent à l’applaudimètre et en parfait accord avec les élèves, qui bien quejuges et parties, ont en conscience, choisi les cinq textes qui leur semblaient les meilleurs. Le critère pour ce faire fut ledépassement du cadre purement scolaire dans le travail rendu, allant vers quelque chose de personnel. Par ce travaild’invention, certains élèves se sont découverts eux-mêmes et aux autres.

Ecrire un roman en classe et avec elle, est presque impossible en dehors des potentialités offertes par le numérique. C’estce que nous avons pu conclure post-expérience et après avoir tenté d’écrire une nouvelle dans le cadre de la séquence inaugurale de l’année de Seconde sur la nouvelle.

! ! ! e-Acquisition des connaissances

Les élèves ont au cours de cette expérience confirmé l’acquisition de notions essentielles en matière d’étude de la langue :utilisation des temps, orthographe, méthode d’écriture. Ils sont même allés plus loin en abordant des notions littérairestelles que celle du réalisme subjectif ou celle de la poésie avec les cadavres exquis.

Par cette expérience, les élèves ont vécu la réalité d’un travail collectif. Ils ont pu mesurer la responsabilité que celaentraine face aux autres, les difficultés ou au contraire les bénéfices de la collaboration. Ils ont aussi travaillé sur l’erreurpuisqu’ils ont accepté de faire, refaire, et encore refaire au besoin. La question de la stabilité de l’écriture numérique aainsi été abordée. Ce dernier point est lié à la forme pérenne de la publication sur le web, qui leur a fait comprendre cequ’est une trace. Bien sûr, les élèves ont acquis une meilleure connaissance non seulement des outils mais de la culturedu web : livre non homothétique, creative commons, outils de sharing... Toutes ces notions seront pour eux desressources, puisque par définition, celle-ci est un moyen permettant de faire face à une situation. Or, tant dans la pratiquenumérique qui sera essentielle dans le futur, que dans la mise en perspective et la réflexion, les élèves ont acquis de

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nouvelles ressources, avec pour principe directeur de mettre en correspondance, les nouvelles connaissances et lesanciennes.

Finalement, le bénéfice principal de cette expérience est d’avoir montré en pratique le lien entre la fiction et le réel etl’apport que la fiction peut avoir dans nos vies, en nous amenant vers la réflexion sur des sujets plus larges quepersonnels.

! ! ! f-Pistes d’exploration

Il est bien entendu ici que ce travail n’est pas un modèle mais un compte-rendu d’expérience. Nous tenons à garderl’idée d’expérimentation et d’imagination en action.

Nous avons donc imaginé plusieurs pistes d’exploration possibles à partir de notre expérience :

travail en classes jumelées : à partir d’une correspondance entre classes au sujet des romans lus par exemple surAlphalire, nous pourrions organiser l’enrichissement numérique du travail de la classe A par la classe B et inversement.Ce travail permettrait de se confronter à un retour de lecteur et à la conscience de l’interprétation par le lecteurdifférente parfois de l’intention de l’auteur. Cela permettrait d’illustrer cette déclaration de Michel Houellebecq: « Lelecteur fait 50% du travail.»

travailler sur la fonction du document : en effet celle ci connait un glissement actuellement, de la fonction première quiest de transmettre, prouver, celle ci devient comme le dit JM Salaün échanger et convaincre.

mutualisation des compétences : en travaillant sur des outils de travail partagé, nous pourrions créer un programmepermettant non seulement aux professeurs d’imaginer des expériences mais aussi de les diffuser sur une plus grandeéchelle et de faire participer plusieurs classes simultanément,notamment à l’étranger.

programme de travail sur l’écriture connectée via la résidence numérique d’auteur du Festival du premier roman deChambéry créée en septembre prochain : en se confrontant au travail d un écrivain numérique les élèves pourraients’approprier une nouvelle littératie, qui devient dominante dans la pratique sociale du web actuellement c’est à dire,lire, écrire, publier. Le rapport à la publication est assez important car engageant et responsabilisant pour le futur.

Conclusion :

Avec l’expérience du «Refuge de la Page Blanche E330 N5080» les élèves ont pu affronter une «mutation de l’imaginaire» comme l’explique Philippe Le Guillou. L’enjeu dans les prochaines années sera donc de les aider à jouer et à se jouer de ces nouveaux dispositifs pour réenchanter la lecture et l’écriture dans un sens plus créatif et collaboratif. Car ce sont les interactions avant et après qui définissent la vie d’une oeuvre et font que « les bonnes lectures sont de beaux contresens» comme le disait Proust.

Si vous souhaitez entrer en contact avec le Festival du premier roman de Chambéry et participer à notre programme d’expérimentation ou élaborer de nouvelles expérimentations : Daniela Faraill, chargée de mission établissement scolaire: [email protected] Abeline Majorel, chargée de mission numérique du Festival : [email protected] Bombled, professeur relais du Festival/DAAC de Grenoble : [email protected]

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