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La transformation de la société par le numérique CESER groupe de travail mutations – 13 mars 2013 Combien ? 2 A faire quoi ? 8 Une typologie du web 2.0 13 Mais surtout… 24 Génération Y 29 Une réalité à tempérer… 43 …mais une réalité 50 Les raisons 58 Internet c’est cool 62 On y obtient des choses impossibles autrement 79 On doit rester à la page 93 Il faut maîtriser Internet, 106 Ce que ça change 118 C’est un point important 127 Cyborgs 141 Amateurs 158 Et demain ? 189 Et souvenez vous 199

Livret numérique ceser

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La transformation

de la société par

le numérique

CESER groupe de travail mutations – 13 mars 2013

Combien ? 2

A faire quoi ? 8

Une typologie du web 2.0 13

Mais surtout… 24

Génération Y 29

Une réalité à tempérer… 43

…mais une réalité 50

Les raisons 58

Internet c’est cool 62

On y obtient des choses impossibles autrement 79

On doit rester à la page 93

Il faut maîtriser Internet, 106

Ce que ça change 118

C’est un point important 127

Cyborgs 141

Amateurs 158

Et demain ? 189

Et souvenez vous 199

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Combien ?

Il y a plus d’un milliard d’ordinateurs connectés à Internet dans le monde, et autant de smartphones, pour plus de 5 milliards d’appareils en tout.

En France, le taux d’équipement avant 40 ans s’approche du 100%. Au total il est de 74 %.

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pcinpact.com

by NIL SANYAS

L’ARCEP et le CGIET (Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des

technologies) ont récemment publié les résultats de leur enquête réalisée

en face-à-face en juin dernier auprès de 2230 personnes âgées de 12 ans et

plus. Ce sondage a porté notamment sur le taux de connectés à Internet, le

pourcentage d’utilisateurs de la téléphonie fixe via les box Internet, ou encore les

parts des ménages équipés d’ordinateurs.Donnée intéressante, les résultats sont la plupart

du temps précisés par tranche d’âges, et sans surprise, les différences entre les plus jeunes et les

plus anciens sont importantes.

Depuis cette année, comme le montre le graphique ci-dessus, plus de la moitié de la population

française (29 millions de personnes) a accès à la téléphonie fixe via leur réseau internet haut débit

(ADSL, câble ou fibre optique).

L’Autorité précise que « 72 % des 12-17 ans téléphonent par une box, contre 18 % des plus âgés, soit

un écart de 1 à 4 ». Une différence qui s’explique par le plus faible taux de connectés chez les

séniors, mais aussi, quand ils sont connectés, par le faible nombre d’abonnés au double ou

triple-play.

Ces différences se retrouvent en partie du côté des équipements d’ordinateurs. En effet, si

l’enquête montre que 76 % des sondés disposent au moins d’un ordinateur à domicile en 2010

(contre 66 % en 2007), elle nous apprend aussi que 27 % des personnes interrogées ont plusieurs

ordinateurs. Or ce nombre atteint 55 % dès lors que l’on s’intéresse aux 12-17 ans.

99 % des ados sont connectés à Internet en France — www.pcinpact.c... http://www.readability.com/articles/gx85etpn

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Cela prouve, si certains en doutaient encore, que les plus jeunes sont plus que jamais équipés et à

jour techniquement.

Les jeunes français quasiment tous connectés

Sans surprise, ces données sur la téléphonie par box et sur l’équipement en ordinateurs sont

confirmées du côté d’Internet. Les statistiques sont mêmes impressionnantes. Ainsi, comme le

graphique ci-dessous le montre, 99 % des 12-17 ans utilisent Internet chez eux, à l’école ou ailleurs

(peu importe l’endroit), contre 93 % des 18-39 ans, 77 % des 40-59 ans, 52 % des 60-69 ans et

surtout 20 % des 70 ans et plus.

En moyenne, 74 % des sondés ont accès à Internet, dont 70 % en haut débit. La plupart ont un

accès au domicile, mais le lieu de travail (ou d’études) demeure toujours important (chiffres

stables depuis 3 ans), tandis que les cybercafés et les bibliothèques gardent toujours une certaine

part d’utilisation, avec une réelle stabilité depuis plusieurs années.

99 % des ados sont connectés à Internet en France — www.pcinpact.c... http://www.readability.com/articles/gx85etpn

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Outre l’explosion des connexions à domicile (de 37 à 68 % en 5 ans), on remarque bien sûr celle

des connexions via téléphones mobiles, qui, avec 12 % des sondés, devraient surpasser les

cybercafés et les bibliothèques dès l’an prochain.

Réseau mobile : vivement la 4G

Au sujet de l’internet via réseau mobile justement, l’enquête montre que tout n’est pas parfait, loin

de là. La moitié des utilisateurs se plaignent ainsi régulièrement de la vitesse de ce type de réseau

(graphique de gauche), particulièrement ceux vivant dans des villes petites et moyennes

(graphique de droite).

Quels sont les freins à l'adoption d'Internet ?

Enfin, pour revenir à Internet dans sa globalité, le sondage revient sur ceux ne souhaitant pas s’y

abonner et l’utiliser, et explique leurs raisons. Si les coûts ou encore la « complexité » d’Internet ne

sont pas les freins principaux à l’utilisation du Net, deux raisons sortent du lot : 29 % ont ainsi

répondu que « les données personnelles ne sont pas suffisamment protégées sur Internet » (contre

20 % en 2008), et 26 % qu’ « Internet n’est pas utile pour la vie quotidienne » (contre 18 % en

2007).

Si la première raison n’est pas étonnante, tant ce type de sujet fait régulièrement la Une des

quotidiens nationaux, notamment depuis l’explosion de Facebook, la seconde, si elle est

compréhensible, ne devrait pas se retrouver à un niveau si élevé, alors que les services sur Internet

sont de plus en plus nombreux.

99 % des ados sont connectés à Internet en France — www.pcinpact.c... http://www.readability.com/articles/gx85etpn

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archives-lepost.huffingtonpost.fr

by COCKPIT • SEPT. 15, 2010

Web

15/09/2010 à 13h09 - mis à jour le 15/09/2010 à 16h28 | - vues | - réactions

Ordinateur, web (image d'illustration) | Max PPP

PC, serveurs, téléphones, téléviseurs, tablettes, cadres photos numériques livres électroniques

ou voitures, il y a aujourd’hui 5 milliards d’équipements connectés à Internet d’après une étude d’

IMS Research et rapportée par Le Monde Informatique. Et plus de 20 milliards sont envisagés en

2020.

Ce sont les téléphones mobiles et l'électronique grand public qui engendreront cette

croissance et surtout les solutions de surveillance, de sécurité, de contrôle et tous leurs capteurs

associés. Dans 10 ans, les 2,5 milliards de télévisions actuelles auront été majoritairement

remplacées par des appareils connectés. Et l’accès Internet embarqué sera en série pour la plupart

du milliard de voitures. La population mondiale approche les 7 milliards de personnes, mais la

concentration des équipements se trouve essentiellement dans les pays industrialisés où une

personne peut disposer de plusieurs équipements.

Combien y-a-t-il d’appareils connectés à Internet dans le monde? — arc... http://www.readability.com/articles/mwjtulfg

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Une chose est sure, c’est notre dépendance croissante au réseau Internet. Charlie Miller, ancien

de la NSA (organisme de surveillance aux USA), affirme avoir travaillé en conditions réelles pour

expliquer que 2 ans de préparation et 100 millions de dollars permettraient de paralyser

entièrement les Etats-Unis.

Et si la réalité dépassait la fiction ? Plus nombreuses que les humains, toutes ces machines

connectées en elles pourraient-elles se soulever contre nous ?

L’auteur

cockpit

inscrit depuis le 10/08/2009

cockpit le 20/09/2010 à 00:34

C'est Core-ément très inquiétant, en effet !

Paniquement vôtre

cockpit le 20/09/2010 à 00:29

C'est fort probable,oui...

cockpit le 20/09/2010 à 00:28

... et si on sait encore s'en servir !

Envie de réagir à ce post par une photo, une vidéo ou un autre post ?

Ecrivez un post en réponse !

Original URL:http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/09/15/2222404_combien-d-appareils-connectes-a-internet.html

Combien y-a-t-il d’appareils connectés à Internet dans le monde? — arc... http://www.readability.com/articles/mwjtulfg

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A faire quoi ?

1 milliard d’inscrits àFacebook, 500 millions àTwitter

4 milliards de vidéo vues chaque jour sur Youtube

3150 milliards de requêtes sur Google par an

Un utilisateur moyen de Facebook y passe 6h45 par mois.

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blogdumoderateur.com

L’heure est aux traditionnels bilans de fin d’année ! Même si elle n’est pas encore tout à fait

terminée, on peut dire que 2012 aura été une année plutôt riche en ce qui concerne les média

sociaux : le milliardième membre sur Facebook, la montée en puissance de Pinterest, les levées de

fonds toujours plus énormes… Les chiffres traduisent l’engouement pour les médias sociaux, dont

l’usage ne faiblit pas.

Mais que faut-il retenir de cette année 2012 ? Nous avons compilé ici 50 chiffres marquants, qui

résument bien ce qu’il s’est passé sur les médias sociaux au cours des 12 derniers mois. En

attendant 2013…

Facebook

Un milliard : le nombre de membres sur Facebook, qui a passé ce cap le 4 octobre

En France, le nombre d’utilisateurs s’élève à 25 millions

Les utilisateurs de Facebook mobile sont 488 millions

38 dollars : le montant de l’action Facebook lors de l’entrée en bourse du réseau social en

mai dernier

Le nombre de faux comptes Facebook, de l’aveu même du réseau social : 8,7 % du total tout

de même…

Dans le même ordre d’idée, le nombre de pages Facebook inactives s’élève à 70%

130 : le nombre moyen d’amis sur Facebook par utilisateur

Barack Obama est le détenteur de la photo la plus « aimée », avec 4,4 millions de like sur la

fameuse photo « 4 more years » du soir de réélection

92% des parents présents sur Facebook sont « amis » avec leurs enfants

40 : le nombre de carrés de la discorde, l’affaire de l’année sur les pages Facebook

francophones

16% : le nombre de fans d’une page voyant effectivement les actualités… Enfin, avant les

modifications récentes de l’Edge Rank

Les membres de Facebook y passent en moyenne 6,75 heures par mois

25% des utilisateurs de Facebook ne font absolument rien pour gérer leurs paramètres de

confidentialité

2,5 millions de « promoted posts » ont été publiées par 300 000 pages depuis leur

lancement en juin dernier

Twitter

Les 50 chiffres à connaître sur les médias sociaux en 2012 — www.blo... http://www.readability.com/articles/cbyccium

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Youtube

4 millions de vidéos sont vues chaque jour

935 millions : le nombre de vues de la vidéo Gangnam style aujourd’hui… Le milliard

approche.

Youtube a fêté ses 7 ans en mai 2012

72 heures de vidéos sont uploadées chaque minute sur Youtube

700 vidéos Youtube sont partagées sur Twitter toutes les minutes

En moyenne, un visiteur de Youtube y passe 15 minutes par jour

Google Plus

Le réseau social vient de passer le cap des 500 millions de membres inscrits

Parmi ceux-ci, 135 millions sont considérés comme actifs directement sur le site

Chaque mois, il y a 14 millions de membres actifs supplémentaires sur Google+

En moyenne, les membres passent 3 minutes par mois sur le réseau social

Le bouton +1 est utilisé 5 millions de fois par jour

Pinterest

Le nombre d’utilisateurs de Pinterest s’élève à 20 millions

2 702 % : c’est la croissance enregistrée par Pinterest en termes de visiteurs uniques depuis

mai 2011

68% des utilisateurs de Pinterest sont des femmes

75% des pins sont en fait des « repins » (des partages de photos déjà issues de Pinterest)

En moyenne, les membres de Pinterest y consacrent 1,5 heures par mois

380% : l’augmentation du partage de contenus via Pinterest cette année

Instagram

Et enfin, le dernier chiffre :

Original URL:http://www.blogdumoderateur.com/les-50-chiffres-des-medias-sociaux-en-2012/

Les 50 chiffres à connaître sur les médias sociaux en 2012 — www.blo... http://www.readability.com/articles/cbyccium

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Une typologie du web 2.0

Au-delà des grandes marques du web, existent une multitude de lieux d’échanges, qui structurent le temps passé sur le web.

Les réseaux sociaux représentent en moyenne 22% du temps sur Internet.

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toile-filante.com

by SIMON • MARCH 1, 2012

Voici une infographie bien interessante, que nous apprend-elle ?

On passe en moy enne 1 6 h par mois sur le net… ok, ceux qui lisent ceci doiv ent exploser les scores, ce n’est qu’une

moy enne.

La France est 3ème au classement des pay s les plus connectés dev ant les Etats-Unis et encore plus surprenant

dev ant le Japon !

Les média sociaux nous prennent près d’un quart de notre temps.

Et bien entendu que Google et Facebook règnent en m aitres.

… et que AOL est encore v iv ant (!)

Infographie : Le temps passé sur Internet — www.toile-filante.com — ... http://www.readability.com/articles/8rn0y7ob

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Infographie : Le temps passé sur Internet — www.toile-filante.com — ... http://www.readability.com/articles/8rn0y7ob

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Infographie : Le temps passé sur Internet — www.toile-filante.com — ... http://www.readability.com/articles/8rn0y7ob

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Mots cl efs ay ant mené à cet arti cl e :

temps passé sur internet

temps passé sur internet 201 2

infographie web 201 2

temps passé sur internet par jour

Infographie : Le temps passé sur Internet — www.toile-filante.com — ... http://www.readability.com/articles/8rn0y7ob

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mediassociaux.fr

by FRÉDÉRIC CAVAZZA • FEB. 20, 2012

(The english version of this article is here: Social Media Landscape 2012)

Il y a quelques années une analyste disait que dans cinq ans, les médias sociaux seront comme l’air

(omniprésents). Nous sommes en 2012 et les médias sociaux n’ont jamais occupé une

place aussi importante sur le web, à tel point que l’on en vient à se demander dans quelle

mesure il est encore pertinent de dissocier les médias sociaux et le web. Pourtant, si l’on s’en tient à

la définition que j’ai donnée (“Les médias sociaux désignent un ensemble de services permettant de

développer des conversations et des interactions sociales sur internet ou en situation de mobilité”),

il existe bien une différence entre un site web classique et les médias sociaux, surtout si l’on étudie

de plus près les différents types de médias sociaux. J’insiste sur le fait que c’est bien un panorama

des médias sociaux, et non des réseaux sociaux, car je croise encore beaucoup trop d’interlocuteurs

qui confondent les deux. Bref, les médias sociaux sont devenus incontournables, vous avez donc

l’obligation d’être incollable à ce sujet.

Comme chaque année depuis quatre ans (2008, 2009 et 2011), je vous propose donc un panorama

des médias sociaux pour y voir plus clair sur les différents acteurs en présence et le rôle qu’ils

occupent.

Év olution de mon panorama des médias sociaux

Après une période de flou en 2010 où j’ai été incapable de produire un panorama cohérent, la

dernière version proposait un découpage en sept grandes familles d’usage avec une position

centrale pour Facebook et Twitter. Dans la version 2012 de mon panorama, je vous

propose une configuration assez proche avec de nouveaux acteurs, mais qui

généralise les conversations et qui tient compte des terminaux mobiles.

Panorama des médias sociaux 2012 — www.mediassociaux.fr — Read... http://www.readability.com/articles/zcj1x1qc

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La nouv elle v ersion du panorama des médias sociaux

Un écosystème toujours aussi dense

Dans cette nouvelle version, nous retrouvons un ensemble d’acteurs permettant de développer des

conversations et des interactions sociales, aussi bien sur les ordinateurs que sur les terminaux

mobiles (smartphones et tablettes) ou alternatifs (TV connectées, consoles next-gen…). Bien que

le schéma utilise des camemberts et strates pour faciliter la lecture, les médias sociaux forment un

écosystème dense où les acteurs vivent en symbiose : s’ils ont tendance à se chevaucher, ils

cohabitent plutôt bien, et nous ne sommes pas dans une configuration de marché où le

plus gros poisson mange les plus petits (si vous voyez à qui je veux faire allusion).

Nous retrouvons ainsi au centre de ce schéma trois acteurs qui proposent une large palette de

fonctionnalités (Facebook, Twitter et Google+). S’il est théoriquement possible de publier / jouer /

partager / rencontrer / acheter / localiser sur ces trois plateformes, elles fonctionnent plus comme

des réceptacles ou des relais de l’activité des internautes qui exploitent en moyenne trois

plateformes.

Google+ est donc le nouvel entrant dans le cercle central, je me suis déjà expliqué à ce

sujet (Pourquoi le succès de Google+ est assuré). Comme précisé plus haut, je ne crois pas

réellement à un scénario où Facebook mange les deux autres, mais plus à une orientation

fonctionnelle de ces services : Twitter pour s’informer et découvrir de nouvelles choses, Google+

pour gérer sa présence en ligne et partager tout un tas de choses, Facebook pour interagir avec ses

amis.

En terme d’usages, j’ai réparti les nombreux services disponibles en six familles d’usages :

Panorama des médias sociaux 2012 — www.mediassociaux.fr — Read... http://www.readability.com/articles/zcj1x1qc

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La publication, avec des plateformes de blog (WordPress, Blogger, Typepad, LiveJournal…),

de wiki (Wikipedia, Wikia…), de lifeblog (Tumblr, Posterous…) et de questions / réponses

(Quora) ;

Le partage, notamment de vidéos (YouTube, Dailymotion, Vimeo…), de photos (Flickr,

Instagram…), de liens (Delicious, Digg…), de musique (Spotify…), de documents (Slideshare,

Scribd…) et cie ;

Le jeu, avec des gros éditeurs (Zynga, Playdom, Playfish, SGN, Popcap…), des plateformes

dédiées (Hi5…) et des éditeurs plus petits, mais innovants (Digital Chocolate, Kobojo…) ;

La rencontre, qu’elle soit professionnelle (LinkedIn, Viadeo…), personnelle (Netlog, Tagged,

MySpace, Badoo…), ou pour les anciens (MyYearBook, Classmates…) ;

L’achat, avec des plateformes de customer intelligence (Bazaarvoice, PowerReviews), de

partage (Polyvore, Blippy, Pinterest…), de recommendation (Hunch) ou des briques

techniques comme Boosket ;

La localisation, qui fonctionne surtout sur les terminaux mobiles avec des services de

géolocalisation (Foursquare, Path, Scvngr…), des city guides sociaux (Yelp, DisMoisOu…) ou

des services de planification (Plancast).

Le but de ce schéma est de simplifier l’appréhension des médias sociaux dans toute

leur complexité, pas de faire une revue exhaustive des services et usages. Il manque ainsi des

usages génériques et des acteurs de taille dont on ne parle que très peu, mais qui

pourtant représentent une grosse part des interactions comme les forums, les

services de messagerie instantanée ou les univers virtuels pour les jeunes (je vous

rappelle qu’il y a presque 250 millions de comptes créés sur Habbo et des centaines de millions

d’utilisateurs de Skype). Ainsi, je ne mentionne pas dans mon schéma des acteurs locaux comme

Doctissimo ou les Skyblogs car je veux privilégier un point de vue international. Un point de vue

occidental en fait, car je fais également complètement l’impasse sur les plateformes sociales

asiatiques qui avoisinent le milliard d’utilisateurs.

Comment exploiter la diversité des médias sociaux ?

Maintenant que nous avons une vision d’ensemble des médias sociaux, il convient de s’attaquer à

LA question : sur quels supports faut-il être présent ? À cette question, je pense ne pas me tromper

en vous disant qu’il n’y a qu’une seule bonne réponse : le choix des supports importe peu,

l’important est d’avoir une présence cohérente. Installer sa marque sur les médias sociaux

ne se résume pas à choisir des supports et ouvrir des profils, c’est une démarche plus complète et

surtout plus réfléchie (Les trois étapes de l’évolution digitale de votre entreprise). Une stratégie de

présence ne s’exprime pas en supports choisis, mais plutôt en objectifs et moyens. Le choix des

supports n’est que la déclinaison tactique d’une stratégie (posture, moyens…). Dans la mesure

où l’écosystème n’est pas stabilisé, et je doute qu’il le soit un jour, choisir un ou des supports n’est

pas une option viable sur le long terme, car personne ne sait comment vont évoluer Facebook,

Twitter et les autres. Les seuls supports viables sur le long terme sont ceux que vous

hébergez et opérez vous-même (Peut-on réellement construire une communauté sur

Facebook ?).

Ceci étant dit, il faut bien choisir des supports… Je vais donc essayer d’apporter des éléments de

réponse à cette question. Avant toute chose, il est important de préciser que chaque marque à un

contexte différent et que la tactique d’un concurrent est difficilement reproductible. Plutôt que de

vous faire une liste des supports présentant le plus d’opportunités, je préfère vous donner

quelques conseils de bon sens :

Ne pas mettre tous vos oeufs dans le même panier. Je n’ai de cesse de répéter sur ce

blog que Facebook n’est pas le support idéal pour l’implantation de votre marque sur les

médias sociaux. Le fait que Facebook soit la plateforme sociale la plus visible n’en fait pas un

choix sécurisant, mais au contraire un choix très risqué : la compétition pour l’attention y est

tellement forte que vous avez toutes les chances de dépenser beaucoup de temps et d’énergie

pour pas grand-chose (de grosses marques US comme GAP ferment ainsi leur boutique :

Panorama des médias sociaux 2012 — www.mediassociaux.fr — Read... http://www.readability.com/articles/zcj1x1qc

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Gamestop to J.C. Penney Shut Facebook Stores). Dans tous les cas de figure, le simple fait que

le contenu ou les fans sur Facebook ne vous appartiennent pas réellement devrait vous

motiver à diversifier votre présence.

Privilégier une approche ciblée. Puisque la compétition est trop intense sur Facebook,

faut-il pour autant ne pas y être ? Non, ça reste une étape nécessaire, mais pas suffisante.

Nécessaire dans la majeure partie des cas, avec quelques exceptions (Quels supports exploiter

pour les médias sociaux BtoB), et loin d’être suffisante, car les mécanismes de ciblage sur

Facebook sont biaisés (les membres cherchent avant tout à se mettre en valeur, pas à dévoiler

leur vrai quotidien). Il existe ainsi des plateformes sociales où vous avez plus de chance de

trouver une concentration importante de membres appartenant aux segments que vous

convoitez (Les marques d’appareils photo sont ainsi plus légitimes sur les plateformes de

partage de photo). De même, les marques branchées ont intérêt à sélectionner des supports

qui vont les mettre en valeur (Vimeo, Tumblr…) plutôt que d’être en compétition sur

Facebook avec des marques de shampoing, de bonbons ou des partis politiques.

Miser sur le long terme. Vu le nombre de marques et d’institutions présentes sur les

médias sociaux, vous vous doutez qu’il est quasi impossible de percer en quelques semaines.

De toute façon, “percer” est un terme ambigu, car tout dépend de vos objectifs. Je ne doute pas

que vous puissiez gagner quelques milliers de fans avec une campagne bien dotée, mais après

? Engager votre marque dans démarche conversationnelle / communautaire durable est un

chantier d’envergure qui s’envisage sur le moyen terme (2 à 3 ans) et ne portera réellement ses

fruits que sur le long terme (au moins 5 ans). Oui c’est une longue période, mais c’est ce qu’il

vous faudra pour transformer votre posture de communication et surtout les habitudes et

mentalités en interne (principale source de résistance au changement qui pousse les marques

à sous-traiter, à tort !).

Faire preuve d’opportunisme. Ce n’est pas parce que l’implantation durable de votre

marque dans une logique conversationnelle va vous prendre plusieurs années que vous ne

pouvez pas tenter des opérations ponctuelles de visibilité. En ce moment tout le monde ne

parle que de Pinterest, rien ne vous empêche de profiter de cette aubaine médiatique pour

booster votre audience. À condition d’être très réactif, cohérent et de ne pas en attendre autre

chose qu’un afflux ponctuel de trafic.

À quoi s’attendre pour l’année 2012 ?

Le schéma publié plus haut vous donne une vision d’ensemble des médias sociaux. Il permet

surtout d’illustrer la diversité des usages et la complexité d’une présence holistique. La révolution

Facebook / iPhone ayant déjà eu lieue, 2012 sera donc une année de consolidation des acquis (sur

votre présence actuelle et votre application mobile), mais également d’expérimentation, car il

existe encore de très nombreuses opportunités à saisir (Du SoLoMo au ToDaClo, quelles

tendances pour 2012 ?).

Entendons-nous bien : quand je parle de consolider et d’expérimenter, je parle de faire ça en

interne, pas de sous-traiter. Car si vous laissez le soin à une agence externe de faire à votre place,

vous n’apprendrez rien et ne serez pas en mesure de capitaliser de l’expérience, ni de vous

rapprocher du modèle du Social Business. Je reste ainsi persuadé qu’un dispositif de petite

envergure réalisé par les équipes internes sera bien plus profitable que des

opérations d’envergure sous-traitées à une ou des agences.

Sur ces bons conseils, je vous donne rendez-vous l’année prochaine pour le panorama 2013.

Original URL:http://www.mediassociaux.fr/2012/02/20/panorama-des-medias-sociaux-2012/

Panorama des médias sociaux 2012 — www.mediassociaux.fr — Read... http://www.readability.com/articles/zcj1x1qc

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mediassociaux.fr

JUNE 8, 2011

Voilà maintenant plusieurs années que l’on nous parle des médias sociaux. Plusieurs années que

l’on théorise sur l’évolution des usages et la transformation du rapport entre les utilisateurs et les

marques. Plusieurs années que l’on oppose médias sociaux et médias traditionnels. Il ne faut

cependant pas perdre de vue que les médias sociaux sont composés d’une infinité de

services et qu’ils ne s’appréhendent donc pas comme une entité cohérente (cf.

Panorama des médias sociaux 2011). Autant il existe un nombre restreint de médias traditionnels

(TV, radio, presse), autant il existe de fortes disparités entre les différents types de médias sociaux.

Je vois ainsi bien trop souvent l’amalgame qui est fait entre réseaux et médias sociaux. Je

souhaiterais dans un premier temps préciser deux choses :

Facebook n’est plus un réseau social, c’est devenu une plateforme sociale très sophistiquée au

sein de laquelle il est possible de faire un très grand nombre de choses (discussion,

publication, partage, jeu, réseautage…).

Facebook n’est pas représentatif de la façon des les médias sociaux fonctionnent et surtout

dans les dynamiques sociales qui les animent (ne confondez plus communautaire et social).

Faisant suite à ma précédente définition des médias sociaux (dans sa globalité), j’aimerais partager

avec vous mes définitions des différents types de médias sociaux. J’en ai ainsi dénombré

dix qui sont présentés dans ce schéma :

Les différents ty pes de médias

sociaux

Ces différents types de médias sociaux proposent des fonctionnalités très différentes

et répondent à des mécaniques communautaires et sociales bien spécifiques.

Explications :

Forum : Un espace de discussion public où les messages sont affichés par ordre chronologique.

La consultation est libre, mais l’inscription est obligatoire pour pouvoir répondre. La modération

des discussions se fait à priori ou a posteriori. Exemples de gros forums français : Doctissimo,

Forum-auto, Cyberbricoleur, MagicMaman, Comment ça marche… Exemples de plateformes de

forum : PHPbb, Phorum, bbPress… (article sur ce sujet : Les forums, nouveaux piliers des médias

sociaux ?)

Blog : Un outil de publication simplifié où les articles sont affichés par ordre chronologique et triés

dans des catégories. Les lecteurs peuvent déposer des commentaires qui sont modérés à postériori.

Le flux RSS permet de facilement exporter le contenu vers des agrégateurs et lecteurs. Exemples de

plateformes de blogs : Blogger, WordPress, Typepad…

Wiki : Une base de connaissance en ligne où les internautes rédigent et corrigent eux-mêmes le

contenu. Les wikis sont constitués d’un ensemble de pages sans système de navigation cohérent.

Chaque page dispose d’un historique des modifications et peut être commentée. La modération est

assurée par des équipes organisées de façon pyramidale. Exemple de wikis célèbres : Wikipedia,

Wookipedia, Brickipedia… Exemples de plateformes de wiki : MediaWiki, Wikia, Wetpaint…

Description des différents types de médias sociaux — www.mediassoc... http://www.readability.com/articles/fjwhsm5n

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Service de partage : Service en ligne où les internautes peuvent publier des photos, vidéos,

liens… Chaque élément publié est rattaché à un membre et peut être commenté et noté. La

communauté ou les annonceurs peuvent créer des chaines et des groupes pour fédérer des micro-

communautés. Exemples : YouTube, FlickR, Delicious, Deezer, Slideshare…

Réseau social : Site à l’accès restreint où chaque utilisateur possède un profil. Les membres sont

liés de façon bilatérale ou au travers de groupes. Certains réseaux proposent également des

fonctionnalités plus sophistiquées (messagerie, publication et partage de contenus…) ainsi que la

possibilité d’héberger des applications tierces (plateforme). Exemples : Facebook, Orkut,

Friendster, Tagged…

Microblog : Service de publication, de partage et de discussion reposant sur des messages très

courts. La consultation des messages et profils ne requiert pas d’inscription et peut se faire sur le

web, les terminaux mobiles ou au travers d’applications. Chaque membre possède un profil public

où sont listés les derniers messages. Les membres peuvent s’abonner aux profils des autres pour

recevoir leurs messages dans un flux unique. Exemples : Twitter, Google Buzz…

Agrégateur : Service en ligne permettant de regrouper l’ensemble des publications d’un

utilisateur des médias sociaux (social stream). De très nombreuses formes de contributions sont

acceptées (RSS, photos, vidéos, liens, email…). Les utilisateurs peuvent s’abonner aux flux des

autres membres. Exemples : Posterous, FriendFeed…

FAQ collaborative : Service en ligne d’entraide où les questions et les réponses sont publiées par

les utilisateurs. Les réponses sont commentées et notées, le membre qui a publié la question

sélectionne la réponse la plus satisfaisante afin de clôturer les échanges et récompenser l’auteur

avec un système de points. Exemples : Quora, StackOverflow… (article sur le sujet : Les FAQ

collaboratives comme alternatives aux forums ?)

Jeux sociaux : Jeux en ligne reposant sur une plateforme sociale exploitant les profils des

membres pour proposer différentes interactions sociales entre les joueurs (tableau publics des

meilleurs scores, système d’invitation et de défis, objectifs ne pouvant être réalisés en solo…).

Exemples : Farmville, Mafia Wars, Texas HoldEm Poker… (Article sur le sujet : Tour d’horizon des

social games)

Service de géolocalisation : Applications permettant de publier, partager et discuter sur des

terminaux mobiles. Les articles ou photos publiés sont rattachés à un lieu afin de leur donner un

contexte géographique. Chaque membre dispose d’un profil où sont listées ses dernières

publications ainsi que les lieux qu’il a visités. Chaque lieu dispose également d’une page où sont

listés les membres qui s’y sont signalés (check-in). Exemples : Foursquare, Facebook Places,

Gowalla… (Article sur le sujet : Après le lifestream, le placestream ?)

Bien évidemment cette liste n’est pas exhaustive et ces définitions sont soumises à votre

appréciation (n’hésitez pas à les corriger / compléter). Certains médias sociaux de référence

ne sont pas mentionnés dans cette liste. La raison est simple : ils ne rentrent pas dans les

cases. Des plateformes sociales comme MySpace ou Skyblog sont en effet à mi-chemin entre

réseau social, service de publication et de partage. De même, Tumblr peut être utilisé comme

agrégateur, outils de microblog et de publication.

Outre ces cas particuliers, les différents types de médias sociaux décrits plus haut proposent des

mécaniques sociales disparates : contrairement aux wikis où tous les rédacteurs sont au même

niveau, le rédacteur d’un blog est largement sur-représenté vis-à-vis des commentateurs ; les

contributeurs d’un forum ne suivent pas les mêmes motivations que les utilisateurs de microblog…

Être présent sur les médias sociaux ne se résume pas à ouvrir une page sur

Facebook. Si vous souhaitez investir les médias sociaux et exploiter leur diversité, il vous faudra

comprendre la façon dont fonctionne chacun de ces types de médias (la matière première qui

génère les interactions sociales, les rapports entre les membres…) et les synergies qui peuvent être

mises en oeuvre entre eux.

Description des différents types de médias sociaux — www.mediassoc... http://www.readability.com/articles/fjwhsm5n

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Mais surtout…

« Petite Poucette est née au début des années 1980. Elle a une trentaine d'années aujourd'hui. Les gens comme moi, nés d'avant l'ordinateur, nous travaillons AVEC lui. Nous sommes en dehors de l'ordinateur. Petite Poucette, elle, vit DANS l'ordinateur. Pour elle, l'ordinateur n'est pas un outil, mais fait partie de ses conditions de vie. »

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lejdd.fr

Michel Serres est une vigie plantée en haut du mât de notre époque. Du haut de son gréement, de

ses 82 ans, de sa culture encyclopédique, de son temps partagé entre les cultures française et

américaine qu'il enseigne, ce philosophe académicien nous décrit les changements qu'il observe

sur l'équipage humanité que nous sommes. En curieux de tout qu'il est, il guette avec impatience

et gourmandise les évolutions qui nous arrivent, comme un des matelots de Colomb aurait scruté

l'horizon dans l'espoir de nouvelles terres. Son constat sur notre époque est simple : le monde,

depuis cinquante ans, traverse une révolution comme l'humanité n'en a connu jusque-là que deux

d'une telle ampleur. Avec un constat pareil, un autre que lui serait grognon et inquiet. Serres est

un optimiste impénitent. L'avenir du nouveau monde appartient à Petite Poucette *, ainsi qu'il a

baptisé l'archétype du "nouvel humain" encore en devenir, en référence à son usage du téléphone

et de l'ordinateur. Et cette Petite Poucette-là, qui est sur le point de "prendre les commandes", n'a

pas fini de nous surprendre…

La crise est-elle bientôt finie?

La crise financière, c'est probable. Je ne suis pas un économiste, ni un spécialiste de la finance,

mais ce que je vois, c'est le tableau global. On ne parle que d'économie! Une campagne électorale,

ce n'est que ça : l'emploi, la dette, le budget ! Elle a envahi la totalité de la discussion publique. Or

notre monde traverse une phase de changements gigantesques. Comme on est obnubilé par

l'économie, on ne pense la crise qu'en termes économiques, mais il y a tellement de choses plus

importantes qui nous mettent en crise! Cette crise d'ailleurs, c'est principalement le malaise dans

nos têtes devant les immenses changements qui sont à l'œuvre.

Par exemple…

Nous étions 50% d'agriculteurs à la fin de la guerre et ils ne sont plus que 1%. Pendant ma vie

humaine, et c'est unique dans l'histoire, la population mondiale a doublé deux fois! Quand je suis

né, on était 2 milliards, on est 7 milliards aujourd'hui. Dans la même période, l'espérance de vie a

triplé. C'est tout cela que l'on ne voit pas.

Pourquoi?

On sait qu'un tremblement de terre se passe en surface. Or la théorie des mouvements de plaques

l'explique par des mouvements profonds. Ce que j'essaie d'expliquer, ce sont les mouvements

profonds. La fin de l'agriculture, la victoire sur la douleur en médecine, l'allongement de

l'espérance de vie. Tout cela a des conséquences énormes : quand mon arrière-grand-père se

mariait, statistiquement, il jurait à sa compagne fidélité pour cinq à dix ans, maintenant c'est pour

soixante ans. On dit toujours "mariage", mais un engagement pour dix ans et un engagement pour

soixante ans, ce n'est plus pareil! Il y a beaucoup de choses qui ont secrètement changé, qu'on ne

voit pas changer, mais qui ont complètement bouleversé le monde. On est passé, en moins de

cinquante ans, dans un nouveau monde.

«Il y a eu trois secousses dans les années 1960 qui ont précédé le tremblement de

terre des années 1980.»

Quand situez-vous cette bascule?

Précisément au milieu des années 1960. En 1965, 1966, on ne se souvient plus de cela aujourd'hui,

mais il y a eu des révolutions agricoles dans beaucoup de villes françaises. Il y a eu des morts à

Rodez, à Quimper, à Millau. La paysannerie s'apercevait tout d'un coup qu'elle changeait de

monde. Au même moment, l'Église catholique a fait son aggiornamento, avec le Concile. Et puis il

Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/articles/fiu0ll1i

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y a eu la révolution étudiante, en 1968, mais c'est la dernière des trois secousses. Il y a donc eu un

premier tremblement de terre à cette période-là. Il a précédé le vrai tremblement de terre, celui des

années 1980, avec l'arrivée des nouvelles technologies.

Celle que vous appelez "Petite Poucette", parce qu'elle a toujours en main le clavier

de son téléphone, est née à ce moment-là… Comment la définissez-vous?

Oui, Petite Poucette est née au début des années 1980. Elle a une trentaine d'années aujourd'hui.

Les gens comme moi, nés d'avant l'ordinateur, nous travaillons AVEC lui. Nous sommes en dehors

de l'ordinateur. Petite Poucette, elle, vit DANS l'ordinateur. Pour elle, l'ordinateur n'est pas un

outil, mais fait partie de ses conditions de vie. Elle est sur Facebook, les réseaux sociaux, son

téléphone est branché avec elle…

C'est-à-dire "dans" l'ordinateur?

Je vous donne des exemples. L'autre jour, un de mes petits-fils vient chez moi en deux-roues, et il

était en panne. Il démonte son engin et me dit : "Regarde…" Il avait une pièce qu'il ne savait pas où

remettre. Il m'a demandé mon téléphone portable et, hop, il a trouvé la solution à son problème…

Il vit dedans. C'est vrai aussi de mes étudiants à Stanford, à qui j'ai fait corriger mon livre, c'est vrai

aussi des patients à l'hôpital… Regardez les conséquences : quand j'étais jeune, par exemple, on

n'aurait jamais demandé à un chirurgien après une opération ce qu'il avait fait dans votre ventre.

Aujourd'hui, n'importe quel patient, s'il a "un pet de travers", tape "pet de travers" sur son

ordinateur avant d'aller voir le toubib. Et il va pouvoir en parler avec son médecin. Cela change

tout. Dans Petite Poucette, j'appelle ça "la présomption de compétence" qui s'est renversée. Avant,

le toubib, l'avocat, l'enseignant, avaient une "présomption d'incompétence" à l'égard de ceux

auxquels ils s'adressaient. Aujourd'hui, si j'entre dans un amphi pour faire un cours sur la

cacahuète , je sais qu'il y a certains étudiants qui ont tapé "cacahuète" sur Wikipédia la veille, et

donc je dois faire cours en fonction de ça. Petite Poucette arrive à présent sur le marché du travail.

Il y a des instits, des profs, Petites Poucettes d'aujourd'hui, et cette vague est en train de construire

le nouveau monde.

Petite Poucette a commencé par devenir trader…

Oui, si on veut! Les traders, c'est le numérique depuis longtemps… Les échanges instantanés à

l'échelle de la planète et ce numérique-là sont en grande partie responsables de la crise financière.

On a vu ce qui s'est passé pour la musique. Cela a foutu en l'air le marché du disque… Parce

qu'aujourd'hui le rapport numérique/financier est très difficile à maîtriser. Comment faire un droit

dans cet espace de non-droit qu'est la Toile? Pour l'instant, on ne voit pas comment on pourrait

faire entrer le commerce là-dedans… On ne sait pas encore très bien comment le rapport marchand

va évoluer. Mais cela devrait se régler dans les dix ans qui viennent. Les journaux aussi sont en

crise, mais ce n'est pas une crise de l'information. Petite Poucette est surinformée, elle sait

beaucoup plus de choses que lorsque les journaux étaient florissants. L'université aussi est en

crise. Comment enseigner aujourd'hui? À quoi servent les bibliothèques alors que j'ai tous les

livres du monde chez moi? Voyez tout ce qui change!

Et cela nous inquiète…

Nous sommes, en France, dans le pays le plus inquiet concernant les sujets scientifiques.

Pourtant, on était un des pays les plus optimistes à cet égard au début du XX e siècle. Il y avait

Jules Verne, le palais de la Découverte. La science était un sujet d'enthousiasme. Or, cela a

complètement changé. Je ne sais pas l'expliquer. Il y a une inquiétude presque idéologique.

L'idéologie de la science s'est transformée en idéologie de l'inquiétude. Regardez la manière dont

on utilise le mot "chimie". En mal. Or notre cerveau, notre genou, ce bout de papier, c'est de la

chimie. Sans chimie, il n'y aurait pas de bio. On oppose "bio" à "chimie", comme si "bio" voulait dire

"sans chimie". Or le bio, c'est de la chimie! Cette méfiance est une particularité française. En

Allemagne, en Amérique, il y a des littératures de l'inquiétude, mais elles n'ont pas cette résonance

populaire qui existe en France. Peut-être est-ce aussi le signe que la bascule du nouveau monde

est en train d'arriver ici, alors forcément les gens sont un peu plus inquiets qu'ailleurs…

«Petite Poucette a trouvé le sens réel du mot 'maintenant'. Elle peut dire : 'main-

tenant, tenant en main le monde'.»

Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/articles/fiu0ll1i

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Y a-t-il eu auparavant des moments d'inquiétude aussi forte qu'aujourd'hui?

Oui, bien sûr. Dans Petite Poucette , j'en décris deux autres, qui correspondent aux deux

précédentes révolutions de l'humanité. La première se situe quand on est passé du stade oral au

stade écrit. La deuxième, quand on est passé du stade écrit au stade imprimé. Maintenant, dans la

troisième révolution, on bascule du stade imprimé au stade numérique. À chacune de ces trois

révolutions correspondent les mêmes inquiétudes… À la première, Socrate fulminait contre l'écrit

en disant que seul l'oral était vivant! Au moment de l'imprimerie, il y a des gens qui disaient que

cette horrible masse de livres allait ramener la barbarie. Ils affirmaient d'ailleurs que personne ne

pourrait jamais lire tous les livres, ce en quoi ils avaient raison. Il est donc naturel de retrouver les

mêmes angoisses au moment d'une révolution qui est encore plus forte que les deux précédentes.

Pourquoi plus forte?

Un de mes amis a fait un livre sur les "neurones de la lecture". On a repéré les neurones exacts qui

sont excités quand on lit quelque chose. On s'aperçoit aujourd'hui que les neurones excités par le

numérique, devant un ordinateur, ne sont pas les mêmes! Ce n'est pas seulement le monde, ce

sont aussi nos têtes qui changent…

Jusqu'où ira le changement?

Je ne parle pas souvent politique, mais là, pour une fois, je vais le faire. Petite Poucette a trouvé le

sens réel du mot "maintenant". Qu'est-ce que veut dire ce mot-là? Cela veut dire : "tenant en

main". Petite Poucette, avec son téléphone portable, tient en main tous les hommes du monde,

tous les enseignements du monde, et tous les lieux du monde par GPS. Donc elle peut dire : "main-

tenant, tenant en main le monde". Mais qui pouvait en dire autant avant elle? Auguste, empereur

de Rome, des grands savants? Aujourd'hui, il y a 3,75 milliards de personnes qui ont un portable

avec Internet dedans et qui "tiennent en main le monde". Cela ne fait pas une nouvelle

démocratie? Voilà le nouveau monde. C'est vertigineux, c'est ce qui m'impressionne le plus. Que

nos institutions sont vieilles face à cela! Il y a tout à reconstruire.

Dans quel ordre?

Une nouvelle université. Il faut aussi construire une nouvelle chambre des députés, une nouvelle

représentation politique, un nouveau droit. Le droit tel qu'il est – il n'y a qu'à voir l'échec d'Hadopi

– ne correspond plus à la réalité… Le plus grand effort qu'il faudra faire, demain matin, c'est même

assez urgent, est de repenser l'ensemble de ces institutions.

Mais où serait le centre de décision?

Voyez, vous vous mettez à avoir peur vous aussi! Un jour, lors d'une conférence en Allemagne où il

y avait 1.000 personnes dans un amphi, je leur ai dit : "Je vous propose une idée : on fusionne la

France et l'Allemagne." La discussion s'est engagée aussitôt, sur le thème "mais alors on aura deux

présidents?". Je leur ai dit qu'il n'était pas question de cela. J'ai parlé des Bretons et des Rhénans,

des Picards et des Prussiens, et j'ai dit : "On va demander à toutes les Petites Poucettes si elles sont

d'accord pour fusionner, et après on verra!" Ils étaient enthousiastes! Non, il n'y a pas de centre de

décision. Mais quand on a inventé la démocratie, il n'y en avait pas non plus! On a simplement dit :

on va donner un droit de vote à tout le monde. Aujourd'hui, avec le numérique, on pourrait décider

de beaucoup de choses en commun et en temps réel, ce ne serait pas difficile à mettre en œuvre. Le

monde est une Suisse ! Tôt ou tard, une nouvelle politique se mettra en place. Laquelle? Je ne suis

pas assez bon pour le dire, mais je la vois arriver.

Vous êtes à la frontière du philosophe et de l'oracle…

Presque du prophète! Non, je ne suis pas Madame Soleil… Petite Poucette a 30 ans, et dans dix

ans, elle prend le pouvoir. Dans dix ans, elle l'aura, et elle changera tout cela… Regardez le

printemps arabe, le rôle des nouvelles technologies, le rôle des femmes alphabétisées dans ces

pays, tout cela est déjà à l'œuvre. Et puis, reprenons l'histoire. En Grèce, avec l'écriture, arrivent la

géométrie, la démocratie et les religions du Livre, monothéistes. Avec l'imprimerie arrivent

l'humanisme, les banques, le protestantisme, Galilée, la physique mathématique… Il suffit de voir

tout ce qui a changé lors du passage à l'écriture et à l'imprimerie. Ce sont des changements

colossaux à chaque fois. On vit une période historique. Petite Poucette n'est pas générationnelle.

Ce n'est pas l'héroïne de la rentrée, elle est historique. D'ailleurs, une part de la "crise"

Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/articles/fiu0ll1i

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d'aujourd'hui vient aussi de cela, de la coexistence actuelle de deux types d'humains… Petite

Poucette et ceux de l'ancien monde. Son temps à elle arrive.

Petite Poucette, de Michel Serres, Éditions Le Pommier, 84 p., 9,50 euros.

Original URL:http://www.lejdd.fr/Economie/Actualite/Serres-Ce-n-est-pas-une-crise-c-est-un-changement-de-monde-583645

Serres : "Ce n'est pas une crise, c'est un changement de monde" — www... http://www.readability.com/articles/fiu0ll1i

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Génération Y

Petite poucette fait partie de la génération Y.

Celle qui passe sa vie sur Internet, parce que c’est là qu’elle se passe

Celle qui bouscule tout dans l’entreprise

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greensi.blogspot.fr

by FRÉDÉRIC CHARLES WITH NO COMMENTS

Green SI a rencontré la fameuse génération Y et s'est intéressé à ses usages de

l'informatique et de la téléphonie.

Oh, il ne s'agit pas d'une étude complète sur un échantillon représentatif, mais juste de

l'interv iew d'un seul jeune. Mais un jeune qui a inséré seul le numérique en classe

quand l'Education Nationale cherche toujours par quel bout prendre le sujet . Il

nous liv re en miroir une foule de questions sur notre approche du numérique et nos propres

usages.

GreenSI : Bonjour, Yohann. Tu as 16 ans et tu es élève en première S. Tu utilises

chaque jour plusieurs terminaux. Est-ce que tu peux nous les présenter et nous

parler de tes usages?

J'ai un Windows Phone comme compagnon numérique, un eePC portable quand je suis à

l'école, mais j'utilise un ordinateur tour à la maison pour les jeux en ligne ou le trav ail

personnel. Il a deux écrans car c'est plus pratique. Je stocke tout sur un disque dur

externe de 1 To. J'ai aussi une console de jeux, mais pas dans ma chambre. Toute ma

musique est numérique et est sur mon le téléphone pour l'av oir toujours sur moi. Ce qui

m'a fait choisir un casque audio pouv ant aller sur un téléphone ou en USB.

GreenSI : Tu n'as de tablette?

Non, c'est pour ma mère! Je consulte plus de v idéos que de textes et c'est plus

pratique sur un grand écran que sur une tablette. Elle ne me serv irait pas et

elles sont plus v olumineuses à transporter que mon téléphone.

GreenSI : Pas de TV non plus dans ta chambre?

Non, car je la regarde peu et uniquement sur mon ordinateur. Les sites de

replay et de VOD me permettent de ne pas rater les quelques émissions que

j'aime. J'ai un grand écran de projection qui se déplie dans ma chambre pour

regarder des films av ec mes amis qui amènent un rétroprojecteur.

GreenSI : quel est le premier terminal que tu utilises le matin? le dernier?

C'est le téléphone. Je regarde les messages SMS de la nuit ou de mes camarades qui sont déjà à l'école pour sav oir par exemple si un

professeur est en retard ou absent. Ensuite je regarde la météo, les news et le top tweets qui complète bien les news dont les journaux ne

parlent pas encore. Tout cela dans la tuile "Maintenant" de mon Windows Phone qui est très pratique.

Avant de me coucher, un dernier regard sur mon téléphone en train de se recharger.

GreenSI: tu aimes bien Windows Phone, pourquoi et quels sont tes usages?

Je dirais la simplicité. Dans un monde où on a un nombre de besoins fini et un

nombre d'applications infini, la règle de survie c'est de savoir quels sont tes

besoins de façon précise. Ensuite grâce à la page d'accueil tu peux y accéder

rapidement. Pour les besoins moins fréquents ou nouv eaux, il sera bien temps d'aller

fouiller dans un catalogue d'applications.

Mes applications sur ma page d'accueil sont Facebook, Twitter, SMS, google, la météo et

le Figaro qui est une application bien organisée: le flash, les dernières infos, les

catégories. Je consulte régulièrement les catégories culture, actualités et économie. Un

seul journal me suffit.

Un second bon point pour Windows Phone c'est la communication. Encore une

fois c'est simple d'accès: une conversation commence par SMS et peut se terminer

sur Facebook et MSN, et je trouve tout au même endroit . Je partage mes photos en

un clic sur Facebook, Twitter ou v ia un SMS. La fonction "quoi de neuf?" permet d'av oir

les nouv elles de ce qui s'est passé dernièrement av ec mes copains.

GeenSI : Et Apple?

Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/articles/6ozcnusk

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C'est cher. On rencontre de plus en plus d'élèv es qui disent que c'est une "machine a

fric" et dans mon ly cée il y a un début de réaction "anti Apple".

Android est populaire, mais encore "bas de gamme" et pas encore aussi fini

qu'Apple ou Windows.

GreenSI : tu utilises un ordinateur portable à l'école en première S,

qu'est ce qu'il t 'apporte comment tu t 'organises ?

C'est un Asus que j'ai choisi pour la longévité de sa batterie, son faible poids

et son prix, moins cher qu'un portable. C'est un usage d'ordinateur satellite

de celui qui reste dans ma chambre. Il a le wifi et quand je rentre mes

documents se sy nchronisent av ec Goodsy nc.

J'utilise aussi Skydrive av ec mon groupe de TP, ou mon trinome projet. Comme

cela on partage automatiquement les documents av ec mes camarades, depuis un

PC ou depuis mon téléphone.

Je ne l'utilise que pour le trav ail en classe et pas pour les jeux. Je prends mes notes de cours dessus depuis la seconde. Cela permet aussi

de compléter les informations du cours directement pendant la classe. L'autre jour un professeur ne se rappelait plus exactement le

nombre de cellules dans le corps humain, je lui ai proposé de regarder et on a pu v érifier en quelques secondes qu'il y en a 1 0 puissance

1 4. Dans un autre cours, en espagnol, on a pu écouter une musique en rapport av ec la leçon et la commenter ensemble. Les classes

seraient plus interactives si les élèves et les professeurs partageaient plus de contenus numériques pendant les cours.

GreenSI : quels sont tes freins à l'usage d'un ordinateur en classe aujourd'hui?

Ce qui manque c'est le Wifi dans les classes. En fait il y en a dans l'école, mais il est réserv é aux profs... qui n'ont pas d'ordinateurs.

Aujourd'hui on est 4 a utiliser un ordinateur, il n'y a que 6 prises de courant dans la classe. La bataille pour l'accès aux prises n'a donc

pas encore commencée, mais elle pourrait v enir...

GreenSI: quand tout ça ne marche pas comment tu fais?

Beaucoup de fonctions sont redondantes, par exemple je peux aussi env oy er un

SMS ou téléphoner av ec mon ordinateur. Cela permet de se débrouiller le temps

de trouv er le problème.

Ensuite je m'appuie beaucoup sur les forum (ex. www.monwindowsphone.com)

où je peux expliquer mon problème et chercher des solutions.

Sinon il y a aussi une entraide dans la classe où les deux bons en informatique

aident les autres. Jusqu'à présent je m'en sors.

GreenSI: et au niveau de la sécurité?

Je sais que ce n'est pas bien, mais la sécurité c'est secondaire pour les jeunes. Une

fois qu'on a un antiv irus on ne s'occupe plus de rien. De toutes façons ce que j'ai

en numérique n'a pas de v aleur et n'intéresse personne. Et si je le perds et bien tant pis.

Mes fichiers sont cependant sauv egardés sur mon disque externe.

GreenSI: comment tu vois l'avenir? Qu'est ce qu'il faudrait développer?

Aujourd'hui les échanges d'information sont très faciles et pourtant en ce qui concerne les cours, la plupart des communautés sont

pay antes organisés par des entreprises. Il suffirait pourtant comme sur Wikipedia que chaque élève contribue et on pourrait

améliorer les contenus collaborativement . Entre copains du ly cée et pourquoi pas d'autres ly cées. Je suis prêt à donner mes cours

numériques gratuitement et j'aimerai trav ailler av ec d'autres élèv es sur des sy nthèses pour préparer m on Bac l'an prochain.

Certains professeurs se mettent à l'informatique et en tout cas dans ma classe tous acceptent que les élèv es aient des ordinateurs en

cours, mais les échanges av ec eux se limitent à la clef USB. Les espaces partagés de l'école sont très peu utilisés. Il y a donc

beaucoup de progrès à faire.

Aussi pourquoi mes liv res sont encore au format papier et pèsent plus de 1 0kg? Ils sont fournis par l'école. Si je veux l'un des rares

livres scolaires numériques qui existent je dois l'acheter à nouveau, pourquoi?

A l'av enir j'aime l'idée de Microsoft de pouv oir v ia Zune, partager des fichiers, musiques ou films entre la XBox, l'ordinateur et le

téléphone. Je voudrais des interfaces encore plus simples qui savent ce que je veux faire.

GreenSI : merci, Yohann, et bonne chance pour ton Bac!

Vous av ez peut-être déjà le même à la maison!

Alors sans attendre que des bataillons de Yohann débarquent dans les entreprises, GreenSI remarque que certains usages et certaines

"nouv elles év idences" émergent.

Elles rappellent des débats dans l'entreprise comme le BYOD ou la "consumerisation" de l'informatique :

Le premier point est certainement cette confiance absolue en la technologie, qui doit marcher, être simple, et se charger

toute seule de la sécurité. Pas besoin de les conv aincre d'utiliser un agenda électronique pour mieux le partager, comme on le

fait encore av ec certains en entreprise, mais ça doit marcher. Pas Geek mais Pratik.

La communication règne en maitresse et est partout, ceux qui n'ont pas de téléphone laissent des sessions de jeux en ligne

ouv ertes pour en utiliser la messagerie instantanée.

Ensuite, les frontières travail domicile qui s'estompent , ou qui se déplacent comment sur les deux écrans, l'un pour trav ailler

et l'autre pour communiquer av ec MSN et jouer... en même temps.

Au contraire on recherche la continuité numérique des données entre les terminaux et la capacité à avoir un

terminal adapté à chaque ergonomie. Le trav ail et le domicile ne sont finalement que deux situations ergonomiques différentes

Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/articles/6ozcnusk

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sur les mêmes données et pour la même personne.

Les préférences des utilisateurs peuvent quitter le rationnel comme le choix de la marque ou du ressenti, ce qui peut

amener à accepter les choix des utilisateurs sans chercher à les mettre dans une matrice d'arbitrage v alidée par les achats...

L'importance de l'interface.

Il faut savoir filtrer les informations pour surv iv re au déluge d'information, et laisser une place a la personnalisation des filtres

Et pour terminer, on est à l'aube de repenser nos modes de travail et de collaboration dans la société de l'information.

L'Education Nationale a certainement du boulot, mais ce ne sont pas les seuls. Et si on ne le fait pas, d'autres Yohann s'étant approprié le

numérique s'en chargeront sans nous dans quelques années et sans nous demander notre av is.

Original URL:http://greensi.blogspot.fr/2012/04/les-nouvelles-evidences-numeriques-de.html#.UUH5I2fYOYL

Les nouvelles évidences numériques de la Génération Y au lycée — gre... http://www.readability.com/articles/6ozcnusk

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Génération Y : Le choc des cultures au sein de l’entreprise : l

L’entreprise comme la société vit actuellement de

profondes mutations, qu’elles soient économique,

organisationnelle ou technologique. Une autre

mutation vient accroître la complexité des évolutions

en cours : elle est démographique et culturelle…

Un renouvellement conséquent des effectifs est à

prévoir dans les 3 à 5 ans à venir avec le départ

massif à la retraite des baby boomers et l’arrivée des

jeunes issus de la Génération Y (né à partir de 1980).

L’objet de cet article est de décrire le « choc des

cultures » que l’on constate dès aujourd’hui dans le

milieu professionnel. Le même décalage se constate

à l’identique au sein du milieu familial. Nous

assistons à un véritable basculement des valeurs

qu’il devient urgent de prendre en compte afin de

tirer profit de ce fossé générationnel. Faisons de nos différences, de vraies complémentarités…

Tensions sociales et clivage générationnel

Les managers se disent déboussolés par le mode de fonctionnement des jeunes recrues sans qu’il

soit aisé pour eux de pouvoir en parler. Comment dire que l’on ne parvient pas à manager un jeune

alors que l’on a argumenté, avec force, pour obtenir un nouveau poste.

Par ailleurs, ces jeunes ne trouvent pas lors de leur intégration la réponse à leurs attentes et se

sentent insuffisamment respectés. Comment exprimer son mécontentement dans un contexte

économique si difficile, lorsqu’on a la chance d’avoir un emploi. On préfère faire le dos rond et

attendre des jours meilleurs.

Pour mieux comprendre ce problème méconnu, souvent sous-estimé et que les conséquences

semblent avoir en apparence des effets limités, nous vous proposons d’aborder le vécu quotidien

des différentes générations au travail autour de 4 clivages qui sont les principales sources de

tensions et conflits.

Les droits plutôt que les devoirs.

Le positionnement vis-à-vis de l’entreprise et de l’activité professionnelle est assez

fondamentalement différent. L’idéologie méritocratique du manager repose par essence sur un

fondement clair : il faut d’abord faire ses preuves pour obtenir. La logique du devoir prend appui

sur la conscience professionnelle.

Les managers estiment que les jeunes se campent dans une posture de « client » et revendiquent

avant même de faire leurs preuves. L’exigence change de camp : l’entreprise doit d’abord les

mériter. Les jeunes consommateurs avisés et méfiants attendent que l’offre soit clairement

affichée. Il est vrai que cette nouvelle génération a souvent vécu à travers ses parents, zélés

serviteurs de l’entreprise, la fin du mythe du plein emploi et l’expérience traumatisante du

licenciement à plus de 50 ans.

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La nature du contrat au regard de l’engagement professionnel est souvent un point de tension

entre générations. Les jeunes ne partagent pas la valeur sacrificielle du travail de certains baby

boomers (nés à partir de 1945). Ils comprennent mal que l’on puisse se dévouer à une entreprise et

passer autant de temps dans un métier, quel qu’en soit l’intérêt. Les Y ont plusieurs vies à vivre et

l’activité professionnelle n’est qu’un élément de l’ensemble.

Ce que les plus anciens appellent de l’individualisme, les jeunes préfèrent le terme de

personnalisation. Ils sont là pour remplir un contrat dans lequel ils estiment légitimes de faire

valoir leurs droits, et si nécessaire de faire respecter les promesses faites lors du recrutement.

Ils revendiquent aussi le droit d’être ce qu’ils sont, et leur identité s’exprime à travers des codes

vestimentaires qui ne sont pas tout à fait ceux de l’entreprise. Dans ce domaine, on voit bien

comment les lignes évoluent rapidement. Le secteur de la banque est un vibrant exemple du

changement en cours. Il y a encore peu de temps, une certaine sobriété était la norme au sein des

agences bancaires pour tous les conseillers en relation avec la clientèle. Dorénavant, il n’est plus

rare de voir apparaître des percings, boucles d’oreille et cheveux aux couleurs chatoyantes.

Tout va très vite. L’habillement est considéré par les jeunes comme une partie intégrante de leur

personnalité et le rapport de force fait que très rapidement il deviendra difficile de faire appliquer

l’uniformité au nom de la norme. Les jeunes revendiquent le droit d’être reconnu comme des êtres

uniques.

D’autres règles s’avèrent dès à présent difficiles à faire respecter lorsque la légitimité n’apparaît pas

évidente à démontrer. Il est vrai que certaines procédures obsolètes n’ont pas connu de réelle

remise en cause. Difficile d’expliquer à un jeune que l’on fait ainsi par facilité ou par habitude. Les

réunions programmées en fin de journée par commodité deviennent difficiles à justifier

lorsqu’elles empiètent sur le temps libre. N’oublions pas qu’ils sont les enfants des 35 heures.

L’heure c’est l’heure… et cette règle fait partie intégrante du contrat. Ce que les générations

précédentes n’osaient pas toujours dire, la génération Y ne se prive pas de le faire.

Le zapping comportemental

Un autre clivage important est la relation à l’espace et au temps.

Les jeunes sont en connexion permanente avec leur réseau relationnel et il a de fait une forte

interpénétration entre vie personnelle et vie professionnelle. Auparavant, la frontière était

imperméable entre le temps de travail et le temps privé. Aujourd’hui, par le biais des nouveaux

outils de communication ce n’est plus le cas.

Quelques exemples :

Tel manager qui surprend sa jeune recrue utilisant lors d’une réunion d’équipe son ordinateur

portable pour surfer sur le net ou communiquer avec ses amis sur Facebook.

Tel autre qui ne supporte plus les incessants appels personnels qui empiètent sur le temps de

travail au risque de perturber sa capacité de concentration.

Les jeunes sont connectés avec l’extérieur mais ils savent aussi construire avec efficacité leur

réseau à l’intérieur de l’entreprise. Tout cela évidemment n’est pas très bien vécu par des

personnes qui respectent une discipline collective ou d’autres qui estiment que l’on doit laisser ses

problèmes et hobbies au vestiaire.

Les jeunes de la génération Y sont capables de faire plusieurs choses en même temps, et ils ne s’en

privent pas. Travailler en écoutant de la musique fait partie des exigences souvent formulées.

Ils sont multi- tâches mais cette manière de procéder n’est pas facile à comprendre pour les baby

boomers rompus au sacro-saint principe de « une chose à la fois et un temps pour chaque

chose… ». Autre particularité des jeunes Y : ils ont besoin de renouvellement et de variété dans

l’activité professionnelle. Les professeurs avaient déjà expérimentés la nécessité de travailler sur

des séquences courtes au risque, sinon, de subir une baisse importante de la vigilance. La

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télévision a compris qu’il fallait aussi proposer des émissions très rythmées pour ne pas subir le

couperet du zapping.

Les entreprises sont confrontées dorénavant à la même obligation. Les jeunes se lassent vite et les

cycles et parcours proposés sont souvent trop lents pour satisfaire l’appétit de changement des

jeunes.

Par ailleurs, les Y sont demandeurs d’une plus grande innovation dans les pratiques et la lourdeur

des procédures est souvent contestée. Ils ont le sentiment de ne pas être entendus lorsqu’ils

apportent des idées nouvelles.

La dictature de l’instant

Pour les managers, le constat est clair : il faut toujours être disponible car les jeunes de la

génération Y fonctionnent en temps réel. Le manager est d’ailleurs jugé sur sa capacité à réagir

vite.

Pourquoi attendre demain ce que nous pourrions obtenir aujourd’hui… Le rythme dans la prise de

décision n’est pas le même et les managers évoquent fréquemment l’impatience manifestée par

des jeunes qui s’étonnent, par ailleurs, du manque de réactivité.

La critique des Y est cinglante sur les pertes de temps subies au quotidien ainsi que cette croyance

qui veut qu’il faille consacrer 10 heures de son temps par jour à son activité professionnelle pour

être efficace. Une heure de réunion c’est trop long. Trois jours pour attendre un compte rendu …

c’est une éternité.

Les jeunes Y sont dans le moment présent avec une faible anticipation disent les managers. Tout

va très vite et tout évolue si rapidement qu’ils considèrent inutile, pour leur part, de se projeter

dans le temps.

Là encore, les marqueurs sociaux nous permettent de comprendre cette orientation. A quoi bon

investir sur un moyen terme aussi incertain ? Le temps présent présente plus de garantie et cela

explique pourquoi ils sont soucieux de leur intérêt immédiat. Autre caractéristique : ils sont perçus

comme peu persévérants. Il ne faut pas qu’une situation soit « une prise de tête » et que cela

résiste… Nous sommes loin de la culture de l’effort préconisée par leurs ainés.

Cette dépendance au moment présent a des conséquences sur leur capacité à se poser pour

réfléchir. Pragmatiques, ils sont plus dans l’action que dans la réflexion.

Des exigences aux infidélités

Les jeunes Y jugent le manager sur ce qu’il apporte à titre personnel.

Ils n’ont pas une vision idéologique de la relation hiérarchique ou de l’état patron. Le chef doit

répondre à leurs besoins… et ils sont prêts à lui « mettre la pression » pour tirer au mieux avantage

de cette situation.

Il ne faut pas attendre de leur part de la reconnaissance pour le statut ou les compétences

techniques. Le premier reste à démontrer sur le terrain alors que les secondes sont perçues comme

éphémères. Le manager est là pour développer leurs compétences. Il a une fonction d’imprésario

et de promoteur de leur talent.

Cette approche de la pyramide inversée est très perturbante pour des managers éduqués dans le

respect des anciens et du statut. La fonction que l’on occupe est devenue moins importante que ce

que l’on est.

Les jeunes veulent un management à la carte. Les managers se sentent sous pression et ils ont le

sentiment que l’exigence s’inverse. C’est à eux de devoir rendre des comptes et non pas l’inverse.

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En fait, les Y recherchent une grande proximité relationnelle et nous savons que leur

décontraction est parfois perçue comme de la désinvolture, voire de l’insolence.

Un autre élément de clivage repose aussi sur le fait que ces jeunes sont perçus comme des

mercenaires. A quoi bon s’investir dans la relation et dans le transfert des compétences puisque à

la première occasion, ils quitteront l’entreprise pour monnayer, ailleurs, leur savoir faire. Là

encore, il faudrait garder en mémoire le discours qu’ils entendent depuis le plus jeune âge sur la

nécessité de faire plusieurs métiers dans une vie professionnelle, et ce, dans des entreprises

différentes. Ils ont intégré la mobilité professionnelle et pour eux ce n’est pas une fatalité.

D’où conséquences sur le contrat à établir avec eux, la relation de confiance et la manière de

s’engager dans l’action.

En conclusion, il y a matière à s’interroger sur l’aptitude de nos entreprises à faire face aux besoins

des jeunes. Une première ambition est déjà de décoder leur système de valeurs et d’en comprendre

la logique. Ils vont influencer les pratiques de l’entreprise de demain aussi sûrement qu’ils savent

déjà influencer le marketing et les stratégies des marques. Pour l’entreprise, la question n’est pas

de savoir s’il faut ou pas s’adapter à cette génération Y mais bien de ne pas perdre de temps si elle

veut être en mesure des les attirer et les mobiliser durablement…

* Directeur associé de THERA Conseil - Groupe EFFICEA) , auteur avec Catherine Tanguy de

« Génération Y mode d’emploi - intégrez les jeunes dans l’entreprise - » aux

éditions De Boeck Université, Bruxelles, novembre 2008.

http://www.place-publique.fr/spip.php?page=forum&id_article=5912

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lagenerationy.com

JAN. 18, 2011

Dans un récent article, nous nous sommes fait l’écho d’une étude sur les différences générationnelles entre matière

d’Internet et de T.I.C.

Pour prolonger cette étude, vous trouverez ci-dessous une infographie qui permet de visualiser les différences d’usages

entre générations.

Exemples de lecture du graphique :

Il existe une différence générationnelle importante en matière d’utilisation des réseaux sociaux. Le taux

d’utilisation est près de deux fois plus élevé pour la génération Y (83%) que pour la tranche des 55-64 ans (43% ).

En revanche, il n’existe quasiment plus de différences générationnelles en ce qui concerne l’utilisation des moteurs

de recherche (92% pour les membres de la génération Y contre 87% pour la tranche des 55-64 ans)

Articles sim ilaires:

Original URL:http://lagenerationy.com/2011/01/18/internet-generationnel/

La Génération Y – Julien Pouget — lagenerationy.com — Readability http://www.readability.com/articles/gycuyn0d

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fr.wikipedia.org

Le terme génération Y désigne la génération sociologique des personnes nées entre 1980 et

1999. L'origine de ce nom a plusieurs attributions. Pour les uns il vient du Y que trace le fil de leur

baladeur sur leur torse, pour d'autres ce nom vient de la génération précédente, nommée

génération X, pour d'autres encore il vient de la phonétique anglaise de l'expression Y (prononcer

wa ), signifiant « pourquoi » [N 1 ],[1 ]. D'autres termes équivalents existent, dont enfants du

millénaire ou les diminutifs GenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression

digital natives ou net generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandi dans un

monde où l'ordinateur personnel et l'Internet sont devenus de plus en plus accessibles. Certains

parlent plutôt de la Génération C.

L'usage de la notion de génération est consensuel en démographie mais pas dans les autres

sciences sociales. Le lien entre appartenance générationnelle et comportements peut porter à

controverse. Le succès de la notion de génération Y dans les entreprises prend appui sur le

déphasage entre les besoins et attentes des jeunes de la génération Y et le mode de fonctionnement

de l'entreprise. Le fossé générationnel s'explique par une accélération du changement, l'apparition

des NTIC, une hiérarchisation différente dans les transmetteurs de valeurs. L'Église, l'armée voire

la famille sont moins influents que ne le sont l'Internet, la télévision voire les réseaux relationnels.

Comme l'affirme Pascale Weil dans son ouvrage Tels pères… quels fils, les pairs sont devenus plus

importants que le père.

Un concept occidental

Cette catégorisation est essentiellement valable pour les pays occidentaux, bien que certaines

caractéristiques soient vraies plus largement, du fait d'éléments géopolitiques majeurs, par

exemple :

Ils n'ont pas eu à subir la menace d'apocalypse de la guerre froide.

Ils considèrent comme acquises (et parfois dépassées) les transformations morales des années

1960 et 1970.

Ils n'ont pas connu le monde sans le sida.

D'ici 2015, la génération Y devrait représenter 15 %[2 ] de la population européenne et 40 % des

actifs en France[N 2 ].

Ils étaient suffisamment jeunes lors de l'introduction massive de l'informatique grand-public

et de l'électronique portable (téléphonie mobile, photo numérique, GPS) pour en avoir acquis

une maîtrise intuitive qui dépasse généralement celle de leurs parents (d'où le nom de « digital

natives »).

Ils sont nés avec les débuts de l'intérêt du grand-public pour l'écologisme (qui était

précédemment l'affaire d'une minorité, et souvent assimilée à l'extrême gauche).

Ils sont nés alors qu'IBM avait choisi le système d'exploitation de Microsoft pour son PC.

D'autres caractéristiques dépendent plus largement du contexte géographique.

Europe de l'Ouest

Europe de l'Est

Ils étaient enfants, ou n'étaient pas nés, sous l'ère communiste, et ont donc moins de mal à

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s'adapter à des notions inconnues jusqu'en 1989 : chômage, consumérisme, liberté

d'expression, liberté d'entreprendre, inégalités sociales, etc.

Ils n'ont pas eu à apprendre le russe de façon obligatoire.

Ils ont connu les deux systèmes, et ont fait la part des avantages et inconvénients de chacun

(ostalgie)

On peut noter que le rêve américain s'est largement atténué dans cette génération en Europe de

l'Ouest en même temps qu'il y est apparu en Europe de l'Est.

Amérique du Nord

Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, leur arrivée dérange certains employeurs : ils sont

rares et savent ce qu'ils valent. Pour les membres de la génération Y, l'autorité n'est pas toujours

synonyme de compétence[3 ]. Ils n'ont pas peur de se comparer aux autres. Ils sont autant à l'aise

pour communiquer à l'aide des technologies que directement. Contrairement à leurs parents, les

jeunes de la génération Y ne placent pas le travail au premier plan. Ils refusent de travailler durant

les fêtes et week-ends (sauf en emploi étudiant) et veulent des congés pour décompresser, car la

santé mentale et physique s'avère être leur priorité. Ils recherchent une meilleure qualité de vie, en

conciliant travail et intérêt personnel[4 ]. Ils pensent à court terme et sont très mobiles[5 ].

« Progression rapide, horaires plus flexibles, formation continue, liberté et autonomie… Voilà

quelques-unes des exigences de cette génération, et les entreprises n'auront d'autre choix que d'en

tenir compte »[6 ].

Culture

Comme toute génération, son identité se construit autour des apports culturels reçus dès le plus

jeune âge. Cette génération a largement grandi devant la télévision, et a vu l'arrivée en masse des

séries d'animation japonaises. La vente de coffrets vidéos, ou d'article de merchandising

concernant les séries datant d'une vingtaine d'années témoigne de la nostalgie de cette génération

pour la télévision qui l'a fortement influencée. D'ailleurs, les membres québécois de génération Y

ont grandi avec TVJQ (1980-88) ainsi que le Canal Famille (1988-2001) et des émissions

purement québécoises telles que Passe-Partout (1977-1998), Bibi et Geneviève (1988-96), Sur La

Rue Tabaga (1990-95), Les Intrépides (1992-96), Télé-Pirate (1991-97), Le Studio (1995-98) et, à

leur adolescence, Radio-Enfer (1995-01) et Watatatow (diffusé à Radio-Canada entre 1991 et

2005).

Cette génération est considérée comme naturellement plus à l'aise que les précédentes avec les

technologies de l'information, et Internet en particulier. Elle peut être associée à l'ensemble des

technologies et applications que l’on nomme aujourd’hui le Web 2.0. Chacun a accès à des outils

de création et de communication dont les générations précédentes ne pouvaient que rêver. Ainsi,

par exemple, écrire un livre dans les années 1970 nécessitait de le taper à l'aide d'une machine à

écrire et à démarcher des éditeurs, ce qui rendait la diffusion des ouvrages plutôt incertaine.

Aujourd'hui, on peut écrire sur son site web personnel (blog ou autre) depuis n'importe quel

ordinateur, la diffusion du contenu étant immédiate.

La génération précédente a pu s'extasier devant les progrès constants réalisés par l'industrie

audiovisuelle et ses effets spéciaux. Pour la génération Y, qui est née après des films cultes tels que

Star Wars, et était jeune pour d'autres plus récents comme The Matrix, ces progrès vont de soi, et

plus rien ne peut être graphiquement « étonnant », dans la mesure où « tout est possible », d'un

dinosaure à la destruction d'une planète.

Les dates admises pour la génération Y correspondent à l'arrivée des jeux vidéo dans les foyers des

pays développés ; c'est donc la première génération à en avoir profité dès le plus jeune âge. Elle a

donc grandi avec les effets positifs et négatifs liés à leur pratique (tous ces effets sont source de

débat, que ce soit au niveau de l'agressivité, des réflexes, de la cyberdépendance et de la

représentation dans l'espace, etc.).

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Digital natives ?

Certaines études, dont une réalisée par la fondation Travail et Technologie de Namur en Belgique,

tendent à démontrer qu'une partie de la génération Y, les 16-25 ans, consomment plus qu'ils ne

développent les nouvelles technologies. Plutôt que des digital natives, Jean-Noël Lafargue qualifie

ce groupe d'âge de digital naives[7 ].

Génération Peter Pan

Cette génération est parfois surnommée Génération Peter Pan, qui, en l'absence de rites de

passage à l'âge adulte, ne construisent pas d'identité ou de culture d'adulte spécifique. Ce surnom

fait également référence à la tendance des membres de cette génération à quitter le domicile

familial plus tard que les générations précédentes. La première cause de cette tendance peut être

définie en termes économiques. Les crises économiques, dont la bulle internet en 2000 et la

récente crise financière ont rendu l'accès au logement plus difficile pour cette génération touchée

par un fort taux de chômage.

Néanmoins, les causes ne sont pas seulement matérielles. Un questionnement plus poussé au

sujet de ce que signifie “être adulte” a également eu un impact sur cette transition plus tardive vers

l'âge adulte. Une étude menée par la Brigham Young University tend à montrer que les étudiants

américains associent plus volontiers le terme “adulte” à des valeurs personnelles qu'aux

évènements traditionnellement considérés comme des rites de passage tels que l'obtention d'un

diplôme, l'entrée sur le marché du travail, le mariage ou la naissance d'un premier enfant. Dr.

Larry Nelson, un des trois professeurs ayant dirigé cette étude, a aussi pu noter que certains

individus de la Génération Y retardent le passage à l'âge adulte en réponse aux erreurs de leurs

parents. « Dans les générations précédentes, on commençait la vie en se mariant et démarrant une

carrière de façon immédiate. Les jeunes d'aujourd'hui ont vu que cette approche a mené au divorce

et au fait que de nombreuses personnes ne soient pas satisfaites de leur carrière… La majorité

d'entre eux veut se marier […] mais veut le faire bien du premier coup. On peut en dire autant de la

carrière professionnelle. »

Un titre controversé

L’utilisation du terme de génération Y est controversée. Si la logique veut que l’on choisisse « Y »

pour appeler la génération qui suit les « X » (nés entre 1959 et 1979), ce terme de X est péjoratif. Il

a été utilisé pour décrire une génération qui n’a pas su trouver ses repères, contrairement à celle de

ses parents qui sortait de la Seconde Guerre mondiale et devait reconstruire le pays.

Le terme Y est aussi utilisé comme en anglais why. La génération Y veut savoir pourquoi. Dans son

milieu de travail, le travailleur génération Y aura de la difficulté à exécuter une tâche ou un ordre

s'il n'en comprend pas l'utilité ou la raison.

De nombreux termes sont utilisés pour nommer cette génération :

Les « Millénaires » d’après William Strauss et Neil Howe, les sociologues américains pères des

études sur les générations qui considèrent que la génération Y court jusqu’à 2000.

La génération « pourquoi » par Eric Chester en raison de leur remise en cause systématique

des contraintes qu'on peut leur imposer (Y en anglais se prononce comme why, qui signifie

pourquoi).

Les écho boomers, (enfants de Baby boomers).

L’ « e-Génération », en référence au « e » de « électronique » comme dans e-mail[8 ].

Les « suivants », pour leurs similitudes avec la génération X.

La « génération boomerang », pour quitter leurs parents assez tôt mais revenir à la fin de leurs

études ou suite à un échec.

« The Generation We » selon les auteurs anglais Greenberg et K. Weber et ce, découlant de

l'œuvre portant le même titre. Cette dénomination fait référence à comment la jeunesse

« Millénaire » va prendre le dessus sur l'Amérique et changera le monde pour toujours[9 ].

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Des spécificités controversées

L’hypothèse de l'existence de spécificités propres à la génération Y est controversée. Il est logique

que chaque génération se distingue des autres. Mais il peut sembler excessif de faire de la

différence de générations un déterminant des comportements plus décisif que, entre autres, les

appartenances aux classes sociales, aux cultures, aux territoires etc.

L'existence de spécificités dans la relation des Y avec le travail n'est pas démontrée. Les travaux qui

s'intéressent à cette génération sont plus descriptifs qu'explicatifs ou comparatifs. Des études qui

tentent de comparer les différentes générations sont rares. La seule réalisée sur un échantillon

français (Pralong) conclut d'ailleurs à l'absence de différences entre les X et les Y dans le rapport au

travail, à l'entreprise et à la carrière.

Les propos qui attribuent des caractéristiques spécifiques à la génération Y sont aussi étudiées

comme une idéologie managériale (Pichault).

Plusieurs approches remplacent cette notion de Génération liée à des dates de naissances pour la

remplacer par une évolution des systèmes de valeur et la culture (Chaminade)

Notes et références

Notes

En anglais, y et why sont homophones. Ainsi, en anglais, generation Y fait également

référence aux nombreux questionnements, surtout envers l'autorité, qu'ont les membres de

cette génération.

1.

Ce chiffre a été cité la première fois par Benjamin Chaminade lors de l'événement

Prospectives recrutement en 2020 du 17 janvier 2007 organisée par Focus RH sur la base des

projections de population active de l'INSEE

2.

Références

Marie-Claude Ducas, « Hommage à la Génération X » sur

http://marieclaudeducas.infopresse.com, 9 juin 2010

1.

« EU Youth Report de 2009 » (rapport de l'Union Européenne sur la jeunesse)2.

Leduc, Gilbert. « Les 19 à 29 ans, La génération qui fait peur aux employeurs », Le Soleil,

Affaires, vendredi, 23 novembre 2007, p. 44

3.

Dauray, Chantal, « Recruter et garder vos employés : les stratégies qui rapportent », PME,

Vol. 23 No. 5, Septembre 2007, p. 10

4.

Picard, Pierre. « Les attentes des jeunes face à leur régime de retraite », Les Affaires,

Stratégies, samedi, 13 octobre 2007, p. 37

5.

Bergeron, Ulysse. « Les cadres mercenaires », Commerce, Vol. 109, No. 2, Février 2008,

p. 21

6.

Astrid Girardeau, « «Les jeunes ne sont plus intéressés par l’outil-ordi» » sur

http://www.liberation.fr, 10 mars 2010

7.

L’internet égalise la télévision comme principale source d’information des jeunes américains

âgés de 18 à 29 ans en 2008 par Julien Pouget

8.

E. Greenberg & K. Weber, Pachatusan. Generation We, 2008, 247p.9.

Voir aussi

Bibliographie

Marie Desplats et Florence Pinaud : Manager la génération Y - Travailler avec les 20-30 ans,

Édition Dunod, Paris, 2011

Daniel Ollivier et Catherine Tanguy : Génération Y mode d'emploi - Intègrez les jeunes dans

l'entreprise, Edition Deboeck, Louvain, 2008

Julien Pouget : Intégrer et Manager la Génération Y, Éditions Vuibert, 2010, 202 p.

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François Pichault et Mathieu Pleyers : Pour en finir avec la génération Y… Enquête sur une

représentation managériale, Actes du XXIe congrès de l'AGRH, 2010.

Jean Pralong : L'image du travail selon la génération Y : une comparaison inter-

générationnelle, Revue Internationale de Psychosociologie, 2010.

(en) Bruce Tulgan et Carolyn A. Martin : Managing Generation Y: global citizens born in the

late seventies and early eighties, Amherst, HRD Press, 2001, 105 p.

Carol Allain : Génération Y, Les Éditions Logiques, 2008, 208 p.

Benjamin Chaminade : T'inquiète je gère, les éditions Studyrama 2007

Gregory Kapustin : La jeunesse qui range sa chambre, Éditions du Cygne, 2008, 160 p.

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Une réalité à tempérer…

Tout le monde ne passe pas son temps sur les réseaux sociaux, et n’en possède pas les codes.

Notamment, les enfants et adolescents dont les parents n’ont pas l’équivalent du bac passent 90 minutes de plus par jour à utiliser les médias que les enfants de familles plus favorisées socioéconomiquement.

C’est la nouvelle

fracture numérique

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caddereputation.over-blog.com

Arrivé à un certain stade, on peut en

avoir marre d’être englobé… D’être

systématiquement associé à une

génération entière et de se voir ranger

dans la case « connaisseur du

numérique », juste parce que l’on a

moins de 30 ans. Mais aussi d’être

associé à un ensemble d’usages et de

pratiques que l’on ne connaît ou ne

cautionne pas du tout. Ou à l’inverse,

de voir des amis à qui l’on demande le

même niveau de technicité, la même

compréhension d’un phénomène que

l’auteur d’un blog sur l’e-réputation. Bref, merci de ne plus me ranger dans la case

« génération Y », je m’y sens trop à l’étroit…

J’ai moins de 30 ans.

J’utilise un mac depuis que j’ai 5 ans (avec notamment un jeu qui m’a marqué à vie : Risk).

J’ai eu mon premier accès à Internet en 1995 (des informaticiens dans ma famille).

J’ai produit mon premier site web en 1998 (avec le club Internet de mon collège).

J’ai découvert les IRC, forums et autres newsgroups la même année.

J’ai développé et animé mon premier forum (sur la musique, décédé depuis bien longtemps et

introuvable sur Google depuis) au tout début des années 2000.

Les « réseaux sociaux » ? Myspace en 2005 (création et animation de comptes associatifs),

Facebook en 2006, etc.

Je travaille dans le web, je travaille par le web, j’étudie le web, je consomme des contenus culturels

et informatifs sur le web (je n’ai plus la TV depuis… 9 ans)… Et pourtant… Je ne suis pas un

« digital native » !

Ou plutôt, merci de ne pas m’associer à la « génération Y », celle des natifs du

numérique…

Car si effectivement ma vision des choses tourne autour du numérique, je suis à la limite un geek

( ?) mais je ne suis pas pour autant le reflet d’une génération entière…

Pourquoi la génération Y n’existe pas ?

Je pourrais vous proposer de nombreux arguments rationnels, issus notamment de chercheurs

que j’estime (comme danah boyd ou encore Antonio Casilli), mais je préfère ici vous faire un

retour sur mes propres constats et impressions.

Ne me dites plus que je suis un digital native de la génération Y — cad... http://www.readability.com/articles/aujdnnct

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Tout d’abord, c’est quoi une « génération » ? Selon le TLFi :

=> « Ensemble de ceux qui descendent d'une même origine »

=> « Chaque degré de filiation; laps de temps qui sépare ces degrés de filiation »

=> « Chacune des phases successives qui marquent un changement important dans une

technique en évolution » (définition principalement liée aux objets et technologies)

Bref, la génération Y serait donc un ensemble d’individus ayant une même origine, qui dans un

laps de temps déterminé ont fait évoluer leurs techniques, voire leur vision du monde (numérique

donc).

Seulement, lorsque j’entends parler de « génération Y », j’y vois surtout cette interprétation du

terme « génération » : « Ensemble de ceux qui vivent à une même époque et qui ont sensiblement

le même âge ».

Et voilà où je veux en venir. J’avoue que le numérique, le web et ses outils ont déteint sur

l’appréhension que j’ai du monde en général ; et face à ma grand-mère ou ma mère, j’ai une tout

autre vision du web et de ses possibilités.

Cependant, tous mes amis ne travaillent pas dans le web, et si je devais résumer :

==> La majorité n’a pas de profils Facebook, encore moins Twitter

==> La majorité ne connaît pas un dixième des termes techniques que j’emploie ou voit employé

chaque jour

==> Leurs smartphones leurs servent à 90% à … téléphoner

Bref, l’idée qu’une même génération puisse avoir des usages similaires, et surtout une

appréhension globale, globalisée et égale d’un même phénomène me parait élitiste.

Oui, élitiste car très clairement l’utilisation du web et l’immersion dans l’univers numérique restent

encore de mon point de vue fortement corrélés au statut socio-économique de chacun. C’est

peut-être une évidence, mais l’accès à Internet n’est pas encore le même pour tous, l’accès à des

référents culturels n’est pas le même pour tous, etc. Lorsque l’on se réfère à la génération Y, aux

digitals natives, j’ai souvent l’impression que l’on s’appuie principalement sur la partie visible de

l’iceberg : celle des usages identifiables sur le web. Et très clairement, passer outre la réalité socio-

économique du monde (tout le monde n’a pas accès au web, tout le monde ne bénéficie pas de la

même ouverture culturelle, etc… et cela en France, alors ne parlons pas d’autres pays) est une

erreur. Erreur pour les entreprises qui en font leurs cibles marketing idéales (car la

communication virale marche avant tout pour les geeks) au risque de laisser de côté

une bonne partie de leur public. Erreur des organisations en général qui voient

l’arrivée de ces nouveaux entrants sur le marché du travail comme attendant tous la

même chose de leur vie de salarié.

Autre constat personnel : en tant qu’enseignant.

J’ai la chance d’intervenir dans diverses formations universitaires (du master pro à l’école de

commerce, de bac +1 à bac +5). Et si mes cours portent sur le web pour des étudiants à peine plus

jeunes que moi, je m’aperçois très clairement que non, chacun est loin d’avoir la même vision du

numérique.

Là où certain(e)s l’utilisent encore comme un annuaire géant ou un outil de communication (un

peu comme mes « ainés » d’ailleurs : recherche de restaurant, confirmation d’une définition sur

Wikipédia, envoi de mails, etc.), d’autres ont un usage beaucoup plus poussé. Et surtout, ils

placent le numérique comme vecteur principal de leur évolution dans le monde étudiant, du

travail, et de la société en général. Là où d’autres voient Internet comme un simple outil de

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distraction, et n’ont pas encore ce « réflexe » Internet que l’on voudrait prêter à toute une

génération. Sans parler de l’hétérogénéité de leurs usages de Facebook par exemple (tous ne sont

pas d'anciens kikoo-lol)…

J’arrête ici les exemples, et en vient directement à mon propos : le numérique (le web, les

tablettes, les smartphones, etc.) est encore trop jeune pour qu’une génération

entière s’y soit totalement adapté . Pour que la connaissance et l’appréciation d’un

phénomène soient similaires. Que le niveau de technicité, de besoins en termes de management,

de pratiques collaboratives, d’esprit critique face à l’information soient identiques (voire même

existant) pour chaque individu d’une même classe d’âge et ayant grandi avec des repères culturels

semblables. Comme l’utilisation du copier-coller de sources non qualifiées, qui relève plus d’un

manque de sensibilisation que d’un phénomène générationnel.

Oui, mais les études ?

Il existe de nombreuses études sur la génération Y, les natifs du numérique et tout ce qui va avec.

Seulement ces études se concentrent généralement sur une part de la population ayant accès au

web, et mettent trop souvent à mon goût de côté certains aspects culturels et socio-économiques

importants. De même, aborder le sujet de manière inductive est une bonne chose (identifier des

comportements dans leur contexte est toujours générateur de connaissances), en tirer des théories

servant de bases à d’autres analyses (et actant ainsi implicitement que la génération Y est une

réalité) l’est un peu moins. Etudes où l’on peut parfois lire « L’échantillon par pays est modeste (..)

[mais] les résultats sont significatifs » (exemple caricatural mais qui résume bien ma pensée).

Car oui, si nous avons tous vécus des événements similaires (11 septembre, TV, sida,

Internet, etc.) est-ce pour autant que le numérique est le facteur le plus

déterminant de notre génération ?

Pour avoir assisté récemment à un colloque, un chercheur a défini la sociologie comme

s’intéressant prioritairement non pas aux exceptions (cas marginaux), mais à ceux étant dans la

moyenne. Et si les personnes de ma génération ont effectivement évolués dans le même « décor »

que moi , les usages numériques de chacun me semblent encore trop hétérogènes pour parler de

« moyenne », de pratiques types ou encore d’appétence généralisée pour le numérique.

Dans un certain sens c’est un avantage. Qui n’a pas entendu : « ce boulot on le laisse à Truc, il est

jeune, il maitrise donc mieux Internet que nous » ? On est jeune, donc on a un avantage sur les

plus vieux (qui, c’est bien connu, ne connaissent rien au web !).

Mais au final, en laissant croire que Tous les Jeunes ont des facilités avec le web, on

occulte que nombre d’entre eux ont un réel besoin d’être éduqués/formés à son

utilisation (surtout dans les générations à venir). Qu’Internet est aussi un outil avec ses règles,

ses codes, ses langages, rien qui ne soit purement intuitif. Par analogie, ce n’est pas parce que

j’ai grandi avec des voitures autour de moi que je sais naturellement conduire sans

passer le permis… Je trouve aberrant d’inciter la création de profils sur Viadéo pour du

recrutement (par exemple) sans prendre en compte que chacun n’en fera pas nécessairement une

bonne utilisation, ou que le concept même d’afficher son profil en ligne pour trouver du travail

puisse être abstrait à de nombreux étudiants (fussent-ils à bac +12 d’ailleurs).

Bref, que le simple fait d’être né avec Internet ne fait pas de nous des bons utilisateurs d’Internet.

Que le fait d’avoir grandi dans des environnements de plus en plus numériques ne

nous offre pas systématiquement une meilleure appréhension de ces

environnements. Que si nous sommes, comme le souligne Michel Serres, une génération

mutante, la mutation n’est pas aboutie pour tous et que je vois difficilement des points communs

liés au numérique avec la plupart de mes amis ou collègues.

En définitive : j’aimerais bien que tous les gens de ma génération appréhendent et pratiquent le

web comme moi, mais ce n’est pas le cas et je ne m’avancerais donc jamais à regrouper toute une

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génération d’individus sous la même bannière.

Au final…

Ces petites réflexions personnelles, faiblement argumentées certes (bien que je me base sur un

échantillon valide d’amis et d’étudiants… tout du moins aussi valide que certaines études sur le

sujet) mais néanmoins un minimum réfléchies, visent à trois choses.

Premièrement, d’un point de vue des organisations, ne plus appréhender une génération entière (à

la louche les 18-30 ans) comme ayant des usages similaires du web (et du numérique en général).

Et ainsi éviter certaines incompréhensions, ou tout simplement de réduire fortement son public.

De même pour l’intégration des « jeunes » dans l’entreprise : ce n’est pas parce qu’ils ont 23 ans,

qu’il ne faudra pas les former au numérique, au travail collaboratif, voire à la culture de

l’information en général.

Deuxièmement : qu’on arrête définitivement de me classer dans une tranche d’âge, de

m’associer des méta-usages liés seulement à mon âge ( !). Et surtout, qu’à l’inverse, on

n’extrapole plus mes propres usages de geeks à l’ensemble des individus du même âge que moi.

Troisièmement : simplement nuancer par mon témoignage personnel l’emploi devenu courant

d’un buzz word. Car si je comprends cette nécessité de créer des termes communs (génération Y =

jeunes geeks), attention à ne pas non plus trop réduire l’approche. A ne pas mettre dans des

cases une génération dont on souligne à longueur d’études qu’elle souhaite « sortir

des cases »…

Ces différentes raisons (je n’aime pas qu’on englobe, car quand on englobe au final on exclut)

méritent sûrement d’être plus fouillées, et surtout débattues. Alors n’hésitez pas : les

commentaires du blog n’attendent plus que vos (contres) arguments

Et pour avoir un peu plus de lecture:

==> Trois idées reçues sur Internet, où Antonio Casilli souligne que « les membres de la soi-disant

«génération Internet» ne sont pas tous des virtuoses du clavier »

==> La génération Y n'existe pas, où le professeur J. Pralong avance cet argument intéressant :

« je pense en effet que c’est la génération X qui a inventé la génération Y pour appeler au secours et

demander de nouvelles règles du jeu en matière de comportement et de management »

==> Mythes et réalités de la génération Y, qui va dans le même sens que ce billet (avec un retour

d’expérience), et où je note particulièrement cette phrase : « Ce n’est pas parce que les jeunes se

servent de la technologie qu’ils en conçoivent le sens »

==> L’inévitable danah boyd, qui souligne que « la “Génération Y” n’est en fait qu’une petite partie

des jeunes actuels, celle que les spécialistes du marketing doivent atteindre »

==> Dans « génération Y » ce qui pose problème c’est « génération », pas « Y », avec une définition

beaucoup plus fouillée du concept de « génération » et une mise en perspective intéressante de

l’idée de « génération Y ».

==> Qui sont les digital natives?, où à l’inverse des précédents articles le concept de génération Y

est développé

==> Bref, je m’arrête-là, de nombreux autres papiers existent sur le sujet (pour ou contre), le

débat est donc ouvert

Et vous : êtes-vous un digital native de la génération Y ? Que pensez-vous de cette

vision sociologique d’une génération entière ?!

Ne me dites plus que je suis un digital native de la génération Y — cad... http://www.readability.com/articles/aujdnnct

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- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -

Perdre son temps : la nouvelle fracture numériquePosted By Xavier de la Porte On 4/6/2012 @ 7:00 In Articles,Communicationinterpersonnelle,Education et formation,Territoires,Usages | 32 Comments

La lecture de la semaine est un article paru mardi dans le New York Times sous la plume de MattRichtel [1] (@mrichtel [2]), et il est intitulé “Perdre son temps : la nouvelle fracture numérique”[3]. Un bon sujet de réflexion pour ceux qui ont l’accès à l’internet comme seule politiquenumérique.

“Dans les années 90, commence l’article, le terme de “fracture numérique” est apparu pourdécrire la séparation entre ceux qui possédaient la technologie, et ceux qui ne la possédaient pas.Il a été à l’origine de nombreux effort pour mettre dans les mains des Américains, en particulierdes familles les plus défavorisées, les outils numériques dernier cri. Ces efforts ont permis deréduire la fracture, c’est un fait. Mais ils ont eu une conséquence inattendue, qui a surpris ettroublé aussi bien les chercheurs que les politiques et le gouvernement. D’après les étudesmenées, une fois l’accès aux technologies démocratisé, les enfants des familles les plus pauvrespassent considérablement plus de temps que les enfants de familles aisées à regarder latélévision ou utiliser leurs gadgets pour regarder des émissions et des vidéos, pour jouer ou seconnecter à des réseaux sociaux. Ce nouveau fossé, celui du “temps gaspillé” dépend plus, selonles chercheurs, de l’aptitude des parents à surveiller et limiter l’usage des technologies par leursenfants, que de l’accès à ces mêmes technologies.

[4]

Image : A quoi perdons-nous notre temps ? Photo en CC d’Esellee [5].

“Cette nouvelle fracture préoccupe à ce point les autorités que la Federal CommunicationsCommission réfléchit à dépenser 200 millions de dollars pour créer un corps de formateurs dédiéà l’alphabétisation numérique. Ce groupe composé de milliers de personnes parcourrait les écoleset les universités pour enseigner l’usage intelligent des ordinateurs aux parents, aux élèves et auxchercheurs d’emploi. Il s’appuierait aussi sur des réseaux de formation déjà existants et desinitiatives déjà en place de formation au numérique.

La FCC et les autres décideurs disent vouloir toujours mettre l’informatique dans la main de tousles Américains, car le fossé reste important. Selon elle, près de 65 % des Américains ont un accèsà internet chez eux, mais on tombe à 40 % pour les foyers aux revenus les plus bas. 50 % desHispaniques et 40 % des Afro-américains n’ont pas d’accès à l’internet. Il ne s’agit donc pas delimiter l’accès. Mais, selon la célèbre ethnographe américaine danah boyd, “l’accès n’est pas lapanacée. Non seulement ça ne résout pas le problème, mais cela reflète et magnifie lesproblèmes existants”. Comme beaucoup de chercheurs, danah boyd pense que l’effort initial de

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réduction de la fracture numérique n’avait pas anticipé que les ordinateurs seraient utilisés à cepoint à des fins de divertissement.

Une étude (.pdf) [6] publiée en 2010 par la Kaiser Family Foundation a montré que les enfants etadolescents dont les parents n’avaient pas l’équivalent du bac passaient 90 minutes de plus parjour à utiliser les médias que les enfants de familles plus favorisées socioéconomiquement. En1999, la différence n’était que de 16 minutes. “Malgré l’utilisation éducative potentielle desordinateurs, la réalité est que leur usage éducatif ou pour la création de contenu ayant du sensest minuscule comparé à leur usage pour le divertissement pur”, explique Vicky Rideout, qui amené l’étude pour la Fondation Kaiser, “au lieu de réduire la fracture, ils augmentent le fossé dutemps gaspillé”. Même si les enfants de familles éduquées jouent aussi beaucoup, le défi est doncaccru pour les parents et enfants de familles défavorisés, ceux qui étaient censés profiter de laréduction de la fracture numérique. L’article montre ensuite que les conséquences peuvent parfoisêtre désastreuses, notamment pour la scolarité.

Le constat n’est pas nouveau, me rappelait gentiment Bernard Benhamou, le délégué aux usages,qui précisait que Manuel Castels avait déjà dit cela en 1999. Oui, mais ce que notent leschercheurs, c’est l’accroissement de l’écart, en temps et usage, un accroissement dû, et c’est unparadoxe à des politiques bienveillantes de démocratisation de l’accès. L’exemple américainpourrait inspirer une politique numérique en montrant qu’elle doit tenir sur deux jambes : accèsd’un côté, éducations aux usages de l’autre…

Xavier de la Porte

Xavier de la Porte (@xporte [7]), producteur de l’émission Place de la Toile [8] surFrance Culture, réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article del’actualité dans le cadre de son émission.

L’émission du 2 juin 2012 [9] partait de la lecture de la semaine dernière [10] poursavoir si le web mobile était le prochain tournant de l’économie numérique. Unediscussion entre Solveig Godeluck [11] (@solwii [12]), journaliste au serviceHigh-Tech Médias des Echos, Laurent Gille [13], directeur d’études au Départementde Sciences économiques et sociales (SES) de Télécom ParisTech [14] et StéphaneDistinguin (@fano [15]), fondateur et PDG de FaberNovel [16], une société qui fait àla fois du conseil et de l’analyse.

32 Comments To "Perdre son temps : la nouvelle fracturenumérique"

#1 Comment By Bedis On 4/6/2012 @ 7:48

Faudra d’abord limiter l’accès à facebook…quoi que c’est sur ce dernier que j’ai trouvé votrearticle.

#2 Comment By pop On 4/6/2012 @ 9:53

Des parents ont délégué l’éducation de leur enfants à des consoles et des logiciels de jeu: leursenfants sont des zombies qui savent parfaitement appuyer sur des boutons. Des morts vivants.

#3 Comment By Pierre On 4/6/2012 @ 11:24

@Bedis – Non et non , il ne faut pas fermer Facebook !!!

Il faut éduquer par l’école, par la formation etc …

Actuellement l’informatique et l’internet c’est comme une voiture conduite par une personne quin’a pas de permis qui ne connais pas les règles et usages.

Aujourd’hui seul 1% des internautes créés du contenu (dont je fais partie) je fais des formationspour tout age et toutes catégories sociales (collégiens à retraité, ouvrier et chef d’entreprise) et ily a une constante. Ils ont le même comportement sur le comme dans la vie de tout les jours. Siils écrivent ou font de la peinture ou créé de la musique ils ont le même comportement sir le net.

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…mais une réalité

Une étude anglaise qui pose la question à des 6-15 ans

Qui répond aux questions qu’on se pose ?54 % disent Google, 25% les parents, 3% les profs

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lexpress.fr

TOUS LES JOURS, TOUTE L’INFO

Par Léonore Guillaume, publié le 14/03/2012 à 15:51

Selon une étude anglaise, les technologies auraient complètement modifié

les réflexes de questionnement des plus jeunes. Avant 15 ans, ils seraient

54% à préférer poser des questions à Google qu'à leurs parents.

SELON UNE ÉTUDE ANGLAISE, LES TECHNOLOGIES AURAIENT COMPLÈTEMENT MODIFIÉ LES

RÉFLEXES DE QUESTIONNEMENT DES PLUS JEUNES. AVANT 15 ANS, ILS SERAIENT 54% À

PRÉFÉRER POSER DES QUESTIONS À GOOGLE QU'À LEURS PARENTS.

Et non, nous ne sommes pas les seuls à demander la différence

entre une mouette et un goéland à Google. Nos enfants sont les

premiers à poser leurs inombrables questions au géant du

référencement... plutôt qu'à leurs parents.

Selon une étude menée par la Birmingham Science City, papa,

maman mais également les professeurs et même le dictionnaire sont

relégués en queue de peloton quand il s'agit de répondre à leurs

interrogations. Parmi les 500 enfants de six à 15 ans interrogés,

54% utilisent Google dès qu'ils se posent une question, et parfois

jusqu'à cinq fois par jour. Seulement un quart du panel fait encore

confiance à papa et maman. Quant aux professeurs, ils sont à la

traîne: 3% des enfants se tournent vers eux.

Mais le plus étonnant reste qu'un quart des enfants interrogés ignore

jusqu'à la signification du mot "encyclopédie". Serge Tisseron,

pédopsychiatre et auteur de Rêver, fantasmer, virtualiser, du virtuel

psychique au virtuel numérique, explique que, bien qu'ils ne

connaissent pas le mot, les enfants utilisent Google comme ils

pourraient utiliser nos encyclopédies d'antan: "les enfants accèdent

au savoir; le résultat est donc le même. Ce sont simplement les

outils qui ont évolués, et les enfants s'y sont adaptés".

"Les parents doivent accompagner leurs enfants"

Dans le Daily Mail, le docteur Pam Waddell, directrice de la

Birmingham Science city, explique que les enfants grandissent dans

un environnement où "les nouvelles technologies deviennent un

standard". Ils y sont de plus en plus exposés, et de plus en plus tôt.

Christiane Olivier, psychanalyste spécialisée dans les relations

parents/enfants, note que, si les jeunes sont friands d'internet, c'est

parce qu'ils "veulent tout, tout de suite", et que "Google leur apporte

cette réponse très rapidement".

Mais attention aux dérives. La psychanalyste insiste sur le fait que,

si les enfants posent des questions sur la toile, c'est parfois "parce

qu'ils n'osent pas les poser chez eux". Quand il s'agit de sexualité,

elle regrette que "les parents soient souvent réticents, et le sujet,

encore tabou dans de nombreuses famille". Cela encourage les

enfants à mener leurs recherches en ligne, où ils risquent d'être

exposés à des images choquantes ou violentes. Serge Tisseron

souligne que, pour limiter les dangers du net, "les parents doivent les

accompagner, et être à l'écoute de ce qu'ils voient". Selon lui, même

si les logiciels de contrôle parental sont utiles, "ils ne sont efficaces

qu'à 75%". Le rôle des parents reste donc d'une importance

"capitale", pour que l'enfant ne voyage pas n'importe où sur internet.

Mais qu'il puisse laisser s'exprimer sa "curiosité naturelle". Et ce, en

toute sécurité.

LExpress.fr http://www.lexpress.fr/outils/imprimer.asp?id=1093439

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blogdumoderateur.com

Ca n’a l’air de rien, et pourtant, faire une recherche sur Google portant ses

fruits peut être compliqué. Une récente étude montrait même que seuls 25%

des étudiants de l’Université de l’Illinois aux Etats-Unis étaient capables de

construire une requête « raisonnablement bien exécutée ». Dommage pour

les 75% restants… Cette infographie reprend donc quelques conseils bien

utiles pour trouver plus facilement ce que l’on souhaite sur Internet : elle est destinée

principalement aux étudiants effectuant des travaux de recherche, mais chacun y tirera des

bénéfices ! Par exemple, poser une question à Google est inutile (et pourtant, on en rencontre

assez souvent), il faut plutôt cibler les mots clés en fonction de ce que l’on souhaite trouver.

L’infographie donne également les commandes de Google qui devraient vous simplifier la vie, si

vous ne les connaissiez pas. Ecrire sa requête entre guillemets permettra de faire la recherche sur

cette expression exacte ; taper le signe – avant exclura ces mots (utile pour chercher des

renseignements sur la tomate, en excluant les recettes de cuisine par exemple), fouiller dans un

site Internet particulier sera possible en tapant site:nomdusite avant sa recherche… Toutes sortes

d’astuces que nous n’exploitons pas forcément suffisamment. Vous pouvez également vous

reporter à la liste de conseils établie par Google, ainsi qu’aux outils destinés à simplifier la

recherche.

Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles/iaw9ocra

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Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles/iaw9ocra

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Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles/iaw9ocra

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Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles/iaw9ocra

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Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles/iaw9ocra

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Infographie : comment bien chercher sur Google — www.blogdumodera... http://www.readability.com/articles/iaw9ocra

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Les raisons

1. Internet c’est cool

2. On y obtient des choses impossibles autrement

3. On doit rester à la page

4. Il faut maîtriser Internet, pour éviter qu’il ne vous maîtrise

Avec la machine, on devient cyborg

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LE 3 JUIN 2011 XAVIER DE LA PORTE

Qui, de l’homme ou de la machine, est le plus intelligent? Cette question fondamentalemérite d'être reformulée, en prenant en compte le fait que c'est la collaboration entre lesdeux qui s'avère le plus efficace.

Xavier de la Porte, producteur et animateur de l’émission Place de la Toile sur France Culture,effectue chaque semaine une lecture d’article dans le cadre de son émission. Cet article a étépublié le 6 avril sur InternetActu.

La lecture de la semaine, encore une fois, sera une chronique de Clive Thompson dans le derniernuméro du magazine américain Wired, car, encore une fois, cette chronique est tout à faitpassionnante. Son titre n’est pas ce qu’elle a de mieux, mais il est suffisamment intriguant pourdonner envie de poursuivre : “Avantage aux Cyborgs : pourquoi l’accès à une intelligencesupérieure passe par l’amélioration des relations avec vos assistants numériques.” Je vousrassure, la suite est plus claire.

Clive Thompson commence par poser une question obsédante et désormais classique:

En 1997, rappelle Thompson, Deep Blue, le superordinateur d’IBM, a fait nettement pencher labalance en faveur des robots en battant Garry Kasparov aux échecs. Deep Blue a gagné parce queles ordinateurs peuvent produire, à la vitesse de la lumière, des calculs presque infinis : ce dont leshumains sont incapables. Ce fut le prima de la force brute, de la capacité à passer en revue desmillions de mouvements possibles pour trouver les meilleurs. Ce n’est pas comme ça que leshumains jouent aux échecs. Les Grands Maîtres, nous rappelle encore Thompson, s’appuient,pour choisir le bon mouvement, sur des stratégies et des intuitions fournies par des annéesd’expérience et d’étude. Les intelligences humaines et artificielles ne travaillent pas de la mêmemanière, ce qui a donné à Kasparov une idée intrigante.

C’est là où le papier de Thompson commence à nous apprendre quelque chose (en tout cas àm’apprendre quelque chose). Quelle fut l’idée de Kasparov ? Et si, au lieu de faire s’affronter leshumains et les machines, on les faisait travailler en équipe ? Kasparov a donc créé ce qu’il a

Qui, de l’homme ou de la machine, est le plus intelligent?

Quelle sorte de cyborg voulez-vous être? » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-vo...

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appelé les advanced chess, les “échecs avancés”, dans lesquels les joueurs sont assistés par unlogiciel. Chaque compétiteur entre la position de ses pièces dans l’ordinateur et utilise lesmouvements proposés par le programme pour faire ses choix.

La revanche des esprits moyens

En 2005, dans un tournoi en ligne où tout le monde pouvait concourir, certaines paires humain-machine étaient tout à fait étonnantes. Mais celle qui remporta le tournoi ne comptait aucunGrand Maître, ni aucun des superordinateurs présents dans la compétition. Ce fut une équiped’amateurs d’une vingtaine d’années, assistés par des PC ordinaires et des applications bonmarché qui l’emporta. De quoi ont-ils tiré leur supériorité ? La réponse apportée par Thompsoncommence à nous éclairer sur le sens de son titre. Leur supériorité est venue de leur aptitude àtirer le meilleur parti de l’aide que leur apportait l’ordinateur. Ils savaient mieux que les autresentrer leurs mouvements dans la machine, ils savaient quand il fallait consulter le logiciel et quandil valait mieux ne pas suivre ses conseils. Comme Kasparov l’a dit ensuite, un être humain faibleavec une machine peut se révéler meilleur qu’un être humain fort avec une machine si l’êtrehumain faible a une meilleure méthode. En d’autres termes, selon Thompson, les entités les plusbrillantes de notre planète ne sont ni les êtres humains les plus accomplis ni les machines les plusaccomplies. Ce sont des gens à l’intelligence moyenne qui ont une aptitude particulière à mêlerleur intelligence à celle de la machine.

Et pour Thompson, cela ressemble beaucoup à ce qui se passe dans nos vies. Aujourd’hui, noussommes continuellement engagés dans des activités “cyborguiennes”. On utilise Google pourtrouver une information, on va sur Twitter ou Facebook pour se tenir au courant de ce qui arriveaux gens qui nous intéressent, et d’autres choses encore.

Or, un grand débat oppose ceux qui adorent notre vie moderne et numérique à ceux qu’elleperturbe. D’après Thompson, l’exemple fourni par les échecs nous montre pourquoi il existe untel fossé. Ceux qui sont excités par les technologies sont ceux qui ont optimisé leurs méthodes,ceux qui savent comment et quand on s’appuie sur l’intelligence de la machine. Ceux qui ontadapté leur profil Facebook, configuré leurs fils RSS, etc. Et même, plus important, ceux quisavent aussi quand il faut s’écarter de l’écran et ignorer le chant des distractions qui nousappellent en ligne. Le résultat, c’est qu’ils se sentent plus intelligents et plus concentrés. Al’inverse, ceux qui se sentent intimidés par la vie en ligne n’atteignent pas cet état délicieux. Ilsont l’impression qu’internet les trouble, qu’il les rend “bêtes” pour reprendre le mot deNicholas Carr.

Or, et on ne peut que donner raison à Clive Thompson, on ne peut pas faire comme si l’âge desmachines étaient en passe de s’achever. Il est certain que l’on va de plus en plus dépendre del’assistance numérique pour penser et se socialiser. Et trouver le moyen d’intégrer l’intelligencede la machine à nos vies personnelles est le défi le plus important qui nous soit offert. Quand s’enremettre à la machine ? Quand se fier à soi-même ? Il n’y a pas, d’après Thompson, de réponseunivoque, et il n’y en aura jamais. Il s’agit là, selon lui, d’une quête personnelle. Mais en aucuncas nous ne devons éluder la question tant les avantages cognitifs sont grands pour ceux quisavent le mieux penser avec la machine. Au final, dit Thompson, la vraie question est : “quelle

sorte de cyborg voulez-vous être ?”

Le grand-maître Ponomariov en 2005 face à la machine

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Cette chronique de Thompson est passionnante pour elle-même, mais elle l’est aussi, mesemble-t-il, pour ce qu’elle ouvre comme pistes. Et notamment, pour une explication qu’elle peutapporter à la crainte d’une partie des élites, et des élites françaises en particulier, face àl’internet. Car si Thompson, à la suite de Kasparov, a raison, si une intelligence moyenne alliée àune bonne maîtrise de la machine renverse les hiérarchies au point de se révéler supérieure à desannées de travail et d’accumulation de savoir ; si cette règle s’avère exacte dans d’autresdisciplines que dans les échecs, alors quelle supériorité resterait à ceux qui savent, ceux que l’onconsidère comme très intelligents, mais qui vivent sans les machines, qui les craignent, lesméprisent, et ne s’en servent pas ? Et s’il y avait, derrière les arguments des contempteursd’internet, la manifestation de cette crainte, la crainte d’un monde dans lequel ils ne domineraientplus, d’un monde qui menacerait leur position. Ça n’est qu’une hypothèse, mais il faut avouerqu’elle est tentante.

Article initialement publié sur InternetActu

Photos FlickR CC : par thrig et par erral

Quelle sorte de cyborg voulez-vous être? » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2011/06/03/homme-machine-intelligence-sorte-cyborg-vo...

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Parce que c’est cool

Inventé en 1969 par des ingénieurs, il a étéconçu pour que tout le monde puisse s’y exprimer, y rechercher des choses, y rencontrer des gens de partout dans le monde.

Des communautés partagent leur savoir, on peut y participer simplement, acquérir des savoirs, parfois sans les avoir cherché (la sérendipité).

Depuis 2010, Internet a en plus gagné une réputation de faiseur de démocratie avec les révolutions arabes.

Les velléités régulières de le réguler ajoute à ce sentiment : Internet est un endroit cool, que tous les pouvoirs cherchent à maîtriser sans y arriver.

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Lawrence Lessig, à l'origine des licences Creativ e

Commons.

Cet article ne cite pas suffisam m ent ses sources (ju in 2 01 0).

Si v ous disposez d'ouv rages ou d'articles de référence ou si v ous connaissez des sites web de qualité traitant du thème

abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et

références ». (Modifier l'article)

La culture libre est un mouvement social qui

promeut la liberté de distribuer et de modifier des

œuvres de l'esprit sous la forme d'œuvres libres[1 ]

par l'utilisation d'internet ou d'autres formes de

médias. Le mouvement de la culture libre puise sa

philosophie de celle du logiciel libre en l'appliquant à

la culture, dans des domaines aussi variés que l'art,

l'éducation, la science, etc[2 ].

Les mécanismes juridiques des licences libres dédiés

à la culture sont également inspirés du logiciel libre ;

l'utilisation des licences art libre ou Creative Commons a ainsi permis l'émergence de la musique

libre et de l'art libre.

La culture libre défend notamment l'idée que les droits d'auteurs ne doivent pas porter atteinte aux

libertés fondamentales du public. Elle agit, entre autres en utilisant de façon détournée les

monopoles accordés par les droits d'auteur, à travers des licences libres, cela afin d'autoriser

précisément les usages que ces lois proscrivent par défaut.

Histoire

— Henri-Frédéric Amiel, Rien n'est à nous[3]

Le point de départ de la culture libre, telle qu'on la connaît aujourd'hui, est la création du

mouvement du logiciel libre et du projet GNU par Richard Stallman en 1984[2 ]. Une véritable

communauté se crée autour du logiciel libre dans laquelle commence à se développer un ensemble

de références culturelles.

Au vu du succès du logiciel libre, les licences libres ont été appliquées à d'autres domaines, avec la

création de l'encyclopédie Wikipédia en 2001, puis avec la naissance de l'art libre, et notamment de

la musique libre avec la création du site musique-libre.org en 2004, puis Jamendo en 2005. En

parallèle, une partie de la communauté du libre s'attache à défendre un internet libre, avec

notamment la création du collectif La Quadrature du Net en 2008.

Culture libre et licence libre

Les licences libres sont une forme de concrétisation de la culture libre. Une œuvre sous licence

libre possède quatre caractéristiques fondamentales :

la liberté d'utiliser l'œuvre pour tous les usages ;

la liberté de la copier et de diffuser des copies ;

la liberté de l'étudier ;

la liberté de la modifier et de diffuser des copies de l'œuvre résultante.

Si la liberté d'étudier une œuvre est acquise pour un texte, elle est plus complexe et contraignante

dans le cas d'autres œuvres, car elle implique que l'auteur distribue aussi les documents

« Tu dis : « Cette pensée est à moi. » Non mon frère,

Elle est en toi, rien n'est à nous.

Tous l'ont eue ou l'auront. Ravisseur téméraire,

Au domaine commun bien loin de la soustraire,

Rend-la comme un dépôt : Partager est si doux ! »

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permettant de reproduire l'œuvre. Par exemple, pour une œuvre musicale, cela implique la

distribution non seulement de l'interprétation de l'œuvre musicale, mais aussi de la partition

musicale[n ote 1 ] et des autres détails de l'enregistrement de l'œuvre. Pour un logiciel informatique,

la liberté d'étudier implique la distribution du code source du logiciel.

Un certain nombre d'acteurs du logiciel libre estiment que les libertés données par les licences

libres doivent s'adapter au type d’œuvre. Ainsi Richard Stallman, promeut l'usage des licences

libres uniquement pour la première des trois catégories d'œuvres qu'il distingue :

les œuvres à usages pratiques ;1.

l'expression d'opinion ;2.

l'art[4 ].3.

Ce point de vue est contesté par les personnes attachées à une idée plus large de la culture

libre[5 ],[n ote 2 ].

Culture libre et Internet libre

Le réseau internet est le vecteur privilégié de propagation de la culture libre. Inversement

l’existence d'internet repose sur les logiciels libres[6 ]. Ainsi selon Benjamin Bayart, Internet et

logiciels libres "sont deux facettes d'un même objet"[7 ].

De nombreuses associations de défense des libertés et de la neutralité d'Internet héritent de la

culture libre comme La Quadrature du net[8 ]. C'est également le cas de beaucoup de fournisseurs

d’accès associatifs à Internet comme FDN[9 ],[1 0] ou Ilico[1 1 ].

Les références culturelles libre

Projets principaux

Les projets suivants sont devenus de véritables références au sein de la communauté du libre[1 2 ] :

Logiciel libre : GNU, Linux, Debian, kde, Gnome, Firefox.

Encyclopédie : Wikipédia

Géographie : Open Street Map

Électronique : Arduino

Musique : Jamendo, Dogmazic

Court-métrages : Big Buck Bunny, Elephants Dream, Sintel

Long-métrage : Sita Sings the Blues

Livres libres : Collection Framabook

Personnalités

La communauté s'organise autour de personnages clefs, qui ont acquis une certaine influence, et

qui sont une référence dans le milieu du libre :

Richard Stallman, le fondateur des logiciels libres ;

Linus Torvalds, le créateur du noyau Linux ;

Jimmy Wales, co-fondateur de Wikipédia ;

Mark Shuttleworth fondateur d'Ubuntu ;

Lawrence Lessig fondateur des licences Creative Commons ;

Eben Moglen, co-auteur de la Licence publique générale GNU, Licence publique générale limitée

GNU et de la Licence de documentation libre GNU. Créateur du projet FreedomBox.

En France, Benjamin Bayart, président de FDN, est également une figure du libre depuis sa

conférence « Internet libre ou minitel 2.0 ? »[7 ] devenue culte[1 3 ]. Jérémie Zimmermann,

co-fondateur de la quadrature du net et membre de l'April, est de plus en plus une figure

marquante de la communauté du libre.

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Le libre et la politique

La communauté du libre est engagée politiquement, pour combattre les lois ou projets de lois

pouvant porter atteinte à la diffusion d’œuvres libres, comme les brevets logiciels[1 4 ], mais

également les lois visant à contrôler le réseau Internet ou menaçant sa neutralité (comme

ACTA[1 5 ] , Hadopi[1 6 ], Loppsi 2[1 7 ]). La communauté propose inversement des lois visant à

défendre la neutralité d'internet[1 8 ].

Des outils ont été développés par les acteurs du libre afin de faciliter l'action politique. C'est par

exemple le cas du site candidats.fr développé par l'April, et de Mémoire Politique développé par la

quadrature du net[1 9 ].

Valeurs

Les valeurs qui sous-tendent la culture libre sont :

la liberté ;

la liberté d'expression[2 0] ;

le contrôle par l'utilisateur ;

vie privée ;

le partage du savoir ;

la dynamique citoyenne et participative dans l'économie du savoir ;

le modèle économique de la coopétition (basé sur l'intelligence collective).

Le libre n'est pas antimercantile

Le mouvement libre ne s'oppose pas aux transactions commerciales tant que les libertés définies

dans la licence libre sont respectées[2 1 ]. On retrouve une approche économique assez classique

selon laquelle la suppression des barrières à l'entrée due à la rétention d'information doit

concourir à la création d'un prix équitable[2 2 ].

Les licences qui restreignent les droits accordés aux utilisateurs à d'autres fins que la préservation

des libertés conférés, notamment des restrictions commerciales, ne sont donc pas des licences

libres.

Le libre n'est pas conditionné par la gratuité, et la gratuité n'implique rien vis-à-vis du libre[5 ].

Cette erreur est d'autant plus difficile à dissiper que le mot libre est parfois synonyme de gratuité

(entrée libre, etc.). Cet amalgame est encore plus marqué dans les pays anglophones[n ote 3 ] où le

mot « free » est homonyme de libre et de gratuit[n ote 4 ]

Enfin du fait même des libertés caractérisant le mouvement du libre, tout acquéreur d'une œuvre

libre peut en distribuer autant de copies qu'il le souhaite, au prix qu'il le veut. Chaque possesseur

d'une copie d'une œuvre libre peut donc partager des copies gratuites. Pour le libre la gratuité n'est

donc pas un objectif, mais un simple effet de bord.

La confusion s'est également grandement amplifiée depuis l'apparition de Creative Commons qui

diffuse les populaires licences éponymes. Certaines de ces licences sont libres, et d'autres non, car

elles interdisent par exemple la diffusion commerciale, ou les modifications. Les tensions créées

par l'emploi de l'expression de licence libre pour désigner de telles licences ont engendré de

nombreux et longs débats houleux sur internet[n ote 5 ], avec des interrogations sur « la liberté du

mot libre ». Les partisans de ces licences plus restrictives emploient désormais généralement le

terme de licences de libre diffusion. Elle correspondent en définitive plus à des licences de

gratuiciel. Creative Commons signale les licences libres par le logo « approved for free cultural

works » (ndt : « approuvé pour les œuvres culturelles libres ») dans les résumés de celles-ci, mais

ne présente pas de logo contraire pour ses autres licences.

Perceptions

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La bataille du copy right autour des licences libres,

des licences propriétaires et du domaine public

Étant donnée l'émergence récente du libre, il en

existe différentes perceptions[r éf. n écessa ir e]. Les deux

principales perceptions de la culture libre sont :

La perception qui se concentre sur les questions

de production et diffusion des créations

artistiques. On parle ici de culture au sens

culture artistique, de nouveaux enjeux de la

propriété intellectuelle, de nouveaux modes de

création.

1.

La perception qui aborde les enjeux de la

société de l'information et de l'économie

du savoir dans sa globalité environnementale, sociale et économique, en incluant

aussi les aspects de la création artistique. On parle ici de culture au sens comportement social.

Le comportement culturel dit libre est fondé sur les valeurs et les modèles de gestion du libre,

tels la hiérarchie de contribution (approche dite bazar, qui s'oppose aux modèles dits

cathédrale)[n ote 6 ], les médias participatifs (sur des plates-formes de type blogs, wiki, sites web

communautaires...), la certification par les pairs, l'autoformation permanente par la veille...

2.

Ces deux perceptions (artistique/comportementale) de la libre culture sont complémentaires.

Toutes deux agissent principalement en détournant l'aspect juridique du droit d'usage d'une

information : les licences libres, qui offrent une alternative sérieuse aux licences propriétaires.

Selon le milieu (économique, pédagogique, milieux de la création artistique), le public comprendra

libre culture plutôt sous son angle art/artiste, et plutôt sous son angle au sens art/manière.

Notes et références

Références

(en) « What does a free culture look like? » [archive], wiki.freeculture.org, 6 juillet 2011.1.

a et b (en) « This is Larry Lessig... » [archive], fsf.org, 24 décembre 2009.2.

Lionel Maurel, « Artistes contre le droit d'auteur [archive] » sur http://owni.fr [archive], 14

mars 2012

3.

Richard Stallman - Copyright and Community [archive]4.

a et b «Culture Manifeste pour une Création Artistique Libre par Roberto Di Cosmo » [archive],

linuxfr.org, 5 mars 2011.

5.

[www.annexe21.lautre.net/telecharger/Logiciel_Libre_Les_Enjeux.pdf]6.

a et b 8e Rencontres mondiales du logiciel libre [archive]7.

[1] [archive]8.

[2] [archive]9.

[3] [archive]10.

[4] [archive]11.

http://www.simple-it.fr/blog/public/dedicace_eyrolles

/20101016_Eyrolles_Framasoft_Culture-libre_CC-by-sa.pdf [archive]

12.

http://www.framablog.org/index.php/post/2008/11/21/benjamin-bayart-internet-libre-

ou-minitel-20 [archive]

13.

http://www.gnu.org/philosophy/fighting-software-patents.html [archive].14.

http://www.fsf.org/fr/campagnes [archive]15.

http://www.april.org/hadopi [archive]16.

http://www.laquadrature.net/fr/loppsi-definitivement-adoptee-internet-

sous-controle [archive]

17.

http://www.laquadrature.net/fr/les-deputes-doivent-defendre-la-neutralite-du-net [archive]18.

http://www.laquadrature.net/wiki/Hack-a-thon1_Memoire_Politique_2.0 [archive]19.

http://www.gnu.org/philosophy/basic-freedoms.fr.html [archive]20.

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« Vendre des logiciels libres » [archive], gnu.org, 1er juillet 2010.21.

http://www.debian.org/intro/free.fr.html [archive]22.

Notes

Quand cela fait sens, une musique électro. n'aura probablement pas de partition, mais

nécessitera la publication des échantillons.

1.

D'une part je doute justement que Stallman y ait bien réfléchi. Son choix des licences

"verbatim" (cf. aussi les sections invariantes de la GFDL) date d'une époque où il n'avait pas

réfléchi du tout à la question - qui, il est vrai, se posait encore peu. De plus, un échange de

mails avec lui il y a quelques années m'a montré que sa réflexion sur le sujet était, là encore,

peu affinée (c'est en partie grâce à cet échange que la LAL a été mentionnée à la fin de

http://www.gnu.org/licenses/ [archive] - "We don't take the position that artistic or

entertainment works must be free, but if you want to make one free, we recommend the Free

Art License").

2.

ndr : le mouvement du logiciel libre a été initié aux États-Unis, pays anglophone ; ce qui a

influé le discours «libriste» même dans les langues où le mot pour « libre » est distinct de

« gratuit ».

3.

Voir les défénitions de free sur le wiktionnaire.4.

Par exemple

http://www.framasoft.net/article4167.html [archive]

http://www.framasoft.net/article320.html [archiv e]

5.

En référence au livre La cathédrale et le bazar d'Éric Raymond qui utilise ces métaphores

pour comparer les mécanismes de mise en place des logiciels respectivement libre et

propriétaire.

6.

Bibliographie

Du bon usage de la piraterie : culture libre, sciences ouvertes de Florent Latrive. 2004, éditions

Exils. (ISBN 291296959X) web

Cause commune de Philippe Aigrain, 2005, éditions Fayard. (ISBN 2213623058) web

Culture libre de Lawrence Lessig (web)

L'avenir des idées du même auteur. (web)

Voir aussi

Articles connexes

Économie de l'abondance

La catégorie « Culture libre »

Contenu libre

Licence libre - Licence ouverte

Copyleft - Copyright

Logiciel libre

Matériel libre

Musique libre

Biens anti-rivaux

Art libre

Culture alternative

Liens externes

(en) Creative Commons

Site Artlibre.org

Framabook - édition de livres libres

In Libro Veritas

(en) Éducation libre au Free Knowledge Institute.

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Traduction française de Free Culture

Portail de la culture

Portail de la musique

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INTERNET PAR LA RACINE

Racine d'Internet par-ci,racine d'Internet par-là :mais c'est quoi ce bulbemagique générateur deréseau ?! Et pourquoi ...

LE 12 DÉCEMBRE 2012 LAURENT CHEMLA

Conçu en pleine période Flower Power par des barbus libertaires, Internet n'a jamaisperdu – malgré les tentatives de récupération politiques et commerciales – son espritprofondément lié au partage. Cette prise de conscience doit perdurer et produire un acte derésistance face à la tentative forcenée de nivellement du monde par les inconscients qui nousgouvernent.

Je suis souvent présenté comme un dinosaure d’Internet, mais c’est faux : même si je suis tropvieux pour faire partie de la génération “digital-native”, j’étais trop jeune quand Internet est né,trop jeune pour pouvoir vivre une époque à laquelle toutes les utopies étaient encore imaginables.Ça n’a jamais empêché personne de me considérer comme un utopiste libertaire (par exemple,dans ce billet qui aligne un nombre d’idées fausses assez stupéfiant), vous êtes prévenus.

Et je voudrais, pour replacer mon propos dans son contexte historique, revenir quelques instantssur ce monde dans lequel Internet est né. Je crois que c’est important pour mieux comprendre cequ’il est devenu.

Arpanet est né en 1969. J’avais 5 ans, Jon Postel et Vinton Cerf avaient 25 ans. Steve Crocker (24

ans) publiait la première RFC1. Ils étaient étudiants en Californie, à l’UCLA, en pleinecontestation étudiante contre la guerre du Viêt Nam, en pleine lutte pour les droits des femmes etles droits civils sur les campus américains. C’est 2 ans après le “Summer of Love”, c’est l’annéede Woodstock. Toute la côte ouest est en plein Flower Power.

On peut imaginer que — les geeks restant des geeks — nostrois jeunes ingénieurs ne faisaient pas partie des plusactivistes, mais on ne peut pas ignorer l’ambiance qui entouraitla naissance d’Internet. Et de là à penser qu’il est une inventionde hippies, il n’y a qu’un pas. D’où croyez-vous que viennentles barbus ?

On dit souvent qu’Internet a cassé la logique hiérarchiqueverticale préalable et créé une société plus horizontale. Onrappelle en permanence qu’il a permis l’usage de la libertéd’expression pour tous. Je vous engage à lire ou relire laRFC n°3 (publiée elle aussi en avril 69) qui définit lamanière dont seront développés et discutés les futursstandards d’Internet, et en particulier la phrase “we hope to

promote the exchange and discussion of considerably less

than authoritative ideas”2.

Dès le départ, la philosophie d’Internet est basée sur la liberté d’expression, ouverte à tous, sans

Internet, c’est un truc de hippies » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2012/12/12/internet-cest-un-truc-de-hippies/

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INTERNET, LES ORIGINES

Mais qui a inventé Internet ?Au cœur de l'été, un débatfait rage de l'autre côté del'Atlantique pour attribuer la...

obligation d’appartenance à telle ou telle communauté. Le débat et la prise de parole sontencouragés, la forme est accessoire, le groupe est ouvert, seules les idées sont importantes, d’oùqu’elles viennent.

Sont-ce les usages d’Internet qui ont transformé une société hautement hiérarchisée, ou a-t-il étécréé pour produire précisément cet effet, à une époque où toutes les utopies étaient encoreenvisageables ? Sans doute un peu des deux, mais il est certain que, dès l’origine, les principes quiont conduit à sa naissance n’étaient pas ceux de la société patriarcale qui prévalait jusque là, et ilest au moins probable que l’environnement dans lequel baignaient ses pères a joué un rôle sur cequ’il est devenu.

La tribu informatique

Comme on me l’a souvent rappelé, depuis que j’ai commencé à développer cette vision desorigines, cette ouverture à tous avait — et a toujours — une limite importante : s’agissant dedévelopper des protocoles informatiques, et quelle qu’ait été la volonté de ses fondateurs,l’initiative était cependant réservée à ce que Philippe Breton a décrit bien plus tard comme “latribu informatique”. Et là aussi il est bon de se replonger un peu dans le passé pour mieuxcomprendre le présent.

A l’époque des débuts d’Internet, et jusqu’au milieu desannées 70, le logiciel n’était pas considéré comme il l’est denos jours. Ce n’était pas un objet commercialisable. Jusqu’audébut des années 70, AT&T distribuait UNIX gratuitementaux universitaires, et la grande majorité des programmesétaient le fruit de travaux académiques et étaient diffusés,sources comprises, selon les principes académiquesd’ouverture et de coopération.

Les informaticiens de cette époque avaient souvent besoinde porter tel ou tel outil d’un système d’exploitation à unautre, à une époque où l’hétérogénéité du parc matérielexplosait. La notion de partage était fortement représentéedans la culture informatique, et elle a perduré y comprislorsque le marché du logiciel commercial a explosé, en sescindant d’un côté dans la culture du logiciel libre et del’autre dans celle du piratage.

Avant notre génération “digital native”, les inventeurs d’Internet sont devenus adultes dans les

années comprises entre la fin de la seconde guerre mondiale et la 1ère crise pétrolière, à l’époquedu “I have a dream” de Martin Luther King, du flower power, de la conquète de la Lune, duboom de l’électroménager et de la liberté sexuelle. Tout semblait possible, et je crois que mêmedes geeks retranchés dans des services informatiques, relégués en sous-sol, n’ont pas pu ignorercet environnement social. Dans un livre publié en 1984, le journaliste Steven Levy a rapportél’idéologie des premiers hackers et en a tiré ce qu’il a nommé “the hacker ethic” dont lespoints-clé semblent venir directement des idées hippies.

Je ne crois pas qu’on puisse comprendre Internet sans prendre en compte ces prémisses culturels.Même s’ils sont largement négligés de nos jours, ils ont imprégné toute la structure fondamentaledu réseau et leurs conséquences sont toujours largement présentes aujourd’hui :

- la sécurité des systèmes est un problème de plus en plus important à tous les niveaux de lasociété, mais si ce problème existe c’est aussi parce que la sécurité des données n’était pasun enjeu important pendant les premiers temps de l’Internet. Les datagrammes ne sont paschiffrés, les serveurs et les tuyaux sont partagés entre tous, le DNS n’est pas sécurisé, le routageest fait d’annonces que chacun peut corrompre. Jusqu’à une période très récente, les notions departage et de confiance sont bien plus importantes, sur le réseau, que celles de sécurité et deconfidentialité.

- TCP/IP est un langage de pair à pair : les notions de client et serveur sont applicatives, surInternet, pas structurelles. Il n’y a pas de hiérarchie entre les ordinateurs qui sont reliés par leréseau : chacun peut, à tout instant, passer du récepteur au diffuseur sans avoir à obtenird’autorisation préalable. Sur Internet, la prise de parole est possible partout, pour tous, tout letemps.

- l’impératif d’intéropérabilité à une époque où le matériel informatique évolue sans cessedans une hétérogénéité croissante a imposé – si même la question s’était posée – l’usage destandards ouverts et des logiciels libres. Le développement d’Internet et des logiciels libressont intriqués au point qu’on aurait du mal à imaginer ce que serait le réseau sans eux. Etmalgré la toute-puissance des géants du logiciel commercial, ils se sont développés à un pointtel qu’au moins la moitié d’entre vous a un téléphone qui fonctionne sous Linux. Si on m’avait

Internet, c’est un truc de hippies » OWNI, News, Augmented http://owni.fr/2012/12/12/internet-cest-un-truc-de-hippies/

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INTERNET ÇA CHANGE LAVIE

"Révolution numérique".C'est l'expression consacréedes verbiages politiciens,mais concrètement ça veutdire quoi ? ...

dit ça au début des années 90, je me serais moqué.

- le choix de la transmission par paquet, du datagramme et d’un réseau maillé de pair à pair(en lieu et place des technologies de circuits virtuels et des réseaux en étoile) a créé un réseauqui ignore les frontières des États, qui met en relation des ordinateurs et des humainssans considération des législations locales, des tabous culturels et du contrôle policier.Couper totalement l’accès d’une population à Internet, aujourd’hui, implique non seulement lafermeture des accès locaux mais aussi celle de tout le réseau téléphonique cablé, gsm etsatellite. C’est pratiquement impossible (et on a pu recevoir des images de Syrie la semainedernière malgré toute la volonté du gouvernement local).

L’art de la guerre

Quoi qu’ils en disent aujourd’hui, les états ont mis un certain temps à prendre conscience desconséquences d’Internet. Quand nous – techniciens – pressentions vaguement au début desannées 90 une révolution trop vaste pour qu’on puisse en envisager toute l’étendue, qu’onessayait de l’expliquer, d’en montrer l’importance, les puissances en place nous riaient au nez.

Et sans doute n’était-ce pas plus mal parce qu’il est difficile de savoir ce que serait le réseau si àl’époque nous avions su montrer au pouvoir ce que signifiait l’arrivée d’Internet chez tout lemonde.

Aujourd’hui encore, je crois qu’il manque toujours au plus haut niveau des États unecompréhension, une appropriation réelle des enjeux. Tout semble se passer comme si, malgré unaffichage plus ou moins affirmé, ils ne parvenaient pas à appréhender l’existence et l’importancesociale, économique et philosophique d’un réseau global. J’ai récemment écrit qu’ils medonnaient l’impression de ne pas vivre dans le même monde que le reste de la population, tantchacune de leurs décisions concernant de près ou de loin Internet semblait contre-productive etrétrograde quand ce n’est pas inutile ou même risible.

Ça a commencé lentement bien sûr. En France, Internet a longtemps été perçu par le grand-publiccomme un Minitel un peu plus évolué : on y trouvait pas beaucoup plus d’information, c’était pluscompliqué à utiliser, ça demandait un investissement financier et personnel plus important.

Seuls quelques activistes en prenaient possession pour s’exprimer, avec bien entendu des dérivesfaciles à dénoncer qui ont probablement contribué à conforter les idées reçues de ceux auquel iln’apportait rien de nouveau, puisqu’eux avaient déjà accès à la parole publique, à l’informationen avant-première, que les portes des musées leur étaient toujours ouvertes et qu’ils dinaient avecceux dont le public attendait les prochaines oeuvres.

Et puis, petit à petit, le public a appris à utiliser le réseau. Les services se sont mis au niveau pourlui faciliter l’auto-édition, le partage, le débat et la diffusion. Et ce qui était auparavant réservé àquelques élites est devenu accessible à tout le monde au point d’être devenu pour tout un chacunune part importante de la vie quotidienne.

J’ai écrit aussi que je voyais leur action comme celle d’unantivirus : quand je vois mon ordinateur (celui qui est sousWindows) changer inexplicablement de comportement sansque mes actions n’y soient pour rien, mon premier réflexeest de penser qu’il a été infecté par un logiciel malveillant.

De la même manière, ceux qui se sentent responsables de lasociété ne peuvent pas accepter qu’elle change en dehors deleur action. C’est vécu comme une intrusion dans leurpré-carré, comme une activité forcément malveillante,puisque l’administrateur du système n’a pas voulu nisouhaité ce qui se produit dans son environnement. Alors ilréagit, là où il aurait mieux fait d’agir.

Car il est bien trop tard pour agir : Internet est dans la place.Internet est partout, dans nos ordinateurs, nos téléphones,nos tablettes, nos télévisions et nos consoles de jeu. Bientôtil sera dans nos éclairages, nos clés, nos moyens depaiement. Aujourd’hui, même mon ampli audio se met à jour par Internet.

Toujours est-il que, pendant que les grands de ce monde avaient le dos tourné,

Internet s’est installé dans nos vies.

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ON ACHÈVE BIEN LESDINOSAURES

Copinage, incompréhension,contre-sens. Nosreprésentants politiques sontles seuls à croire encore quele Web est ...

Quoi que devienne le réseau dans le futur une chose est sûre : nos machines sont toutesconnectées entre elles, et nous le sommes tous entre nous, à travers elles. Et là où des humainssont reliés entre eux, il y a échange, partage, débat et transmission de savoir.

Il y a eu une guerre entre Internet et les pouvoirs en place. Et Internet l’a gagnée. L’envahisseurne se cache plus : il est bien installé et il n’hésite pas à répondre quand, au coup par coup, nosdinosaures qui n’ont pas eu conscience de la chute de la comète tentent de survivre auchangement en lui donnant quelques coups de patte bien peu efficaces.

Je ne vais pas refaire ici l’historique de ces pauvres tentatives d’empêcher un changementinéluctable : gouvernance, régulation, taxes diverses, refus des effets fiscaux de la globalisationquand elle concerne les géants du web alors qu’on l’encense quand elle vient de l’industrie dupétrole ou de la culture, tout ça est bien connu. C’est trop peu, trop tard, surtout trop tard.

Les révolutions arabes ont montré que l’usage des réseauxsociaux permettait d’organiser des actions de groupe là oùdans le passé il fallait s’appuyer sur des syndicats ou despartis politiques pour mobiliser. Et je crois aussi que le Web,pour des jeunes qui atteignent aujourd’hui l’âge adulte etentrent dans la vie active en ayant eu pendant toute leurenfance sous les yeux l’opulence des pays les plus riches, aeu plus que sa part dans la motivation de révoltes qui, lacrise économique aidant, ne feront que s’amplifier dans lefutur.

Internet a gagné la guerre, et les populations savent s’enservir bien mieux que leurs gouvernants. Que ce soit pourprendre conscience de la façon dont il est maintenu dans lamisère (Wikileaks bien sûr, mais au delà il suffit de voir lafaçon dont les affaires sortent via Twitter avant même lesjournaux télévisés pour comprendre que la couleur du Webest la transparence) ou pour organiser les mouvements sociaux, le peuple a désormais un outil quia été créé pour rester hors de portée des tentatives de contrôle. Hadopi, Loppsi, Taxe Google,Cloud souverain et tentative de surveillance globale ne sont guère que des actions de guerilla dequelques groupes de résistants dépassés.

La guerilla est une tactique du faible au fort, et contre Internet ce sont les États qui la mènent. Jevous laisse conclure.

Les voleurs 2.0

Alors, et après ?

Longtemps, quand je prédisais la victoire d’Internet, j’ai eu en face de moi des amis qui, eux,craignaient que le commerce, les gouvernements, les forces réactionnaires de toutes provenancesne viennent réduire à néant les espoirs d’une société meilleure basée sur les principes de partageet de liberté qui ont été les bonnes fées penchées sur le berceau du réseau.

J’ai toujours fait partie du camp des optimistes. En considérant la vitesse à laquelle le publicarrivait sur le réseau, et en calculant au doigt mouillé qu’il fallait en moyenne 5 ans pour passerd’un usage purement clientéliste à une appropriation plus complète des moyens d’expression et dediffusion mis à sa disposition, je faisais le pari – gagné d’avance – que la masse de gens quiauraient pris goût à la liberté serait trop importante pour un retour au statu quo ante bien avantque quiconque ne puisse réagir.

Comme toujours, j’avais raison.

Et comme toujours je me suis trompé.

Le danger n’est pas venu du commerce : ceux qui prédisaient la fin d’un Internet libre commes’étaient éteintes les radios libres avaient oublié que l’espace numérique, à la différence dunombre des fréquences hertziennes, était infini et que quelle que soit la place prise par lecommerce en ligne, il en resterait toujours autant qu’on en voulait pour le simple citoyen.

Il n’est pas venu non plus des politiques, qui n’ont jamais compris ce qui leur arrivait et qui ne lecomprendront jamais : par nature, Internet rend inutiles un bon nombre d’intermédiaires, que cesoit entre les auteurs et leur public, entre les fabriquants ou les grossistes et le client final, ou entreles opinions et l’information et la population. Je crois que l’intermédiaire entre le peuple et ladémocratie qu’est la représentation politique est vouée elle aussi à disparaître quelles que soientses gesticulations pour repousser l’échéance.

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PEUR SUR LE WEB

Propagande, pensée unique,méfiance et peur de l'autre :on n'est jamais responsabledu malheur qui nous arrive.Alors ...

[1/2]LA NEUTRALITÉ DURÉSEAU POUR LES NULS

La plus grande force d’Internet est dans sa résilience. Les choix technologiques du passé ontdonné un réseau très fortement décentralisé, auto-correctif, quasiment impossible à contrôler – etdonc à vaincre – par une entité unique quelle qu’elle soit en dehors de quelques erreurshistoriques (la centralisation du DNS et du système d’adressage). Mais, peut-être à cause d’unecroissance trop rapide due à la faiblesse de ses ennemis naturel, le réseau a développé unemaladie auto-immune.

Longtemps on a parlé d’Internet comme d’un réseau dontl’intelligence était aux extrémités (end-to-end principle). Etil faut se souvenir que, même s’il y a du progrès depuisl’époque des modems RTC, le principe même du“fournisseur d’accès” est une rustine pour pallier à l’absenced’un vrai réseau informatique reliant tous les foyers entreeux. Internet est un réseau de réseaux, mais le client d’unFAI n’est pas un pair d’internet à égalité avec les serveursqui le composent. L’asynchronie entre émission et réception,qui découle de l’usage de la paire de cuivre, tend àtransformer l’utilisateur final en client simple plutôt qu’enégal qui peut participer aux échanges en tant que membre àpart entière du réseau.

Il est facile de dire que cet état de fait répond aux usages etqu’un simple utilisateur n’est pas forcément quelqu’un quiparticipe autant qu’il consomme. Mais c’est une idée fausse,je crois : s’il n’était que récepteur, les médias broadcastés lui suffiraient. En réalité ce qu’onconstate souvent c’est qu’il participe plus ou moins à hauteur de ce que sa bande passantemontante lui permet et que ses usages dépendent de l’infrastructure qui lui est proposée bien plusque l’inverse.

Et comme un cancer, le corps du patient devient son propre ennemi. J’ai raconté en conférencecomment, par exemple, Facebook avait volé 4 fois ses utilisateurs (et en tant qu’ancien voleur jem’y connais). D’abord en transformant ses utilisateurs en ouvriers non-salariés – c’est le modèledu Web 2.0 qui consiste à vendre à ses clients, les régies publicitaires, un espace de contenusproduits par des gens qui ne sont pas rémunérés mais qui attirent l’audience), puis en vendant àces régies les informations privées – qui vous appartiennent mais que vous lui aviez confiées –pour qu’elles puissent mieux vous cibler, puis en vous vendant en bourse des parts de l’entreprisequi n’aurait aucune valeur sans votre participation, et enfin en vous proposant de payer pourpromouvoir vos propres contenus auprès de vos amis, en un complet renversement du modèlenormal qui veut qu’un auteur soit rémunéré en fonction de l’argent qu’il rapporte à son éditeur.

Difficile de faire mieux. Ou pire, c’est selon. Et pourtant, Facebook (et Google et iTunes etAmazon et tous les autres) y arrivent quand même : en devenant les géants qu’ils sont, encentralisant tous les services et les contenus comme ils le font, ces acteurs concentrentl’intelligence au centre du réseau et transforment les équipements tiers (smartphones, tablettes –de moins en moins interfaces d’interaction et de plus en plus interfaces de simple réception) ensimples terminaux, qui de plus en plus peuvent – et sont – contrôlées à distance.

Et c’est un mouvement général : alors même que jamais leprix du stockage local n’a été aussi bas, la mode est aucloud. On ne conserve plus ses données chez soi, là où ellessont le plus en sécurité, mais chez un tiers, qui centralisetoutes les données du monde. On voudrait créer un pointcentral de totale insécurité et de contrôle total qu’on agiraitpas autrement.

Et alors même que les gouvernements ne voyaient pas

Non, le danger n’est pas venu du passé, il est venu d’Internet lui-même.

En parallèle, et parce que la technologie transforme l’utilisateur en simple client, lesservices se centralisent. Ils deviennent ce qu’on appelle “des géants du Web” alors

même que par principe dans un réseau de pair à pair ces termes devraient êtreantinomiques.

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On a tout entendu sur lanotion de neutralitéd'Internet. L'ingénieurStéphane Bortzmeyer tented'y voir plus clair. En ...

POUR UN INTERNETPOLISSON !

Contre un Internet policé,choisissons l'Internet polisson! C'est en gros le message dePas sage en Seine, festival de...

comment attaquer un réseau décentralisé pour reprendre lecontrôle de l’évolution de nos sociétés, voilà que son plusgrand ennemi lui offre sa reddition sur un plateau: s’il y abien une chose à laquelle les États sont habitués, c’est detraiter avec les multinationales. Dans un jeu dont on vient devoir, avec Florange, comme il se joue, l’État français joue dela menace fiscale et légale contre Google, Amazon et tousles autres pour obtenir d’eux quelque prébende en échanged’une totale liberté dans l’exploitation de leur main-d’oeuvre.

Quant au contrôle des populations, c’est en cours, avec la possibilité de couper telle ou tellefonctionnalité d’un iPhone à distance chez Apple, pourquoi pas pendant une manifestationpopulaire dont un gouvernement ne voudrait pas qu’elle fasse trop parler d’elle, ou avec lavolonté pour le CSA en France de contrôler les contenus sur le Web comme il le fait pour latélévision, ou enfin avec l’ITU qui veut redonner le pouvoir au politique plutôt qu’au citoyen enpermettant des législations nationales applicables à tous les acteurs du Net.

Conclusion

Je reste l’éternel optimiste, je ne crois pas qu’Internet puisse être transformé au point de revenir àun monde dans lequel il faut avoir des amis, du pouvoir ou de l’argent pour avoir la possibilitéd’exercer son droit à la liberté de parole “sans considération de frontières”.Je veux croire que Facebook n’est qu’une mode passagère et que le public saura se détournerd’un Apple qui le prive de toute liberté d’utiliser comme il le souhaite le terminal qu’il possède.Je veux croire qu’avec un peu de bouteille, les gens se détourneront des services gratuits d’unGoogle qu’il échange avec la confidentialité de ses données, de ses mails et de sa vie entière pourrevenir à des services locaux, pourquoi pas à en réinstallant chez eux des serveurs de mail, pourcommencer.

Dans mon monde idéal, les gouvernements se souviennentde leur rôle de prévision. Ils font d’Internet un serviceuniversel, en donnant aux intermédiaires une mission deservice public en attendant qu’un plan fibre ambitieuxpermette à chacun d’organiser selon sa volonté saconnectivité, en devenant son propre FAI s’il le souhaite ouen déléguant à une association ou une entreprise, s’il lepréfère. Sans filtrage, sans asymétrie des débits montants etdescendants, sans services associés obligatoires.

À chacun de choisir s’il préfère un package où tout est gérépar un tiers ou s’il veut être opérateur de son propre réseautout en déléguant tel ou tel service. Un modèle commecelui-ci serait sans doute bien plus productif pour leredressement d’une économie tant locale que nationale quetoutes les taxes Google du monde.

Il faudra sans doute se battre pour en arriver là, alors mêmeque la bataille semblait gagnée d’avance. C’est dommage, mais Jefferson et La Fontaine ledisaient déjà en leur temps:

En laissant faire, après que les États ont senti le vent du boulet à ce point, je ne crois pas qu’on aitavant longtemps une nouvelle chance de garantir les libertés publiques si nous ne nous battons paspour conserver celles que nous ont offertes de vieux soixante-huitards utopistes. Sinon nousaurons un réseau reterritorialisé, sous le contrôle de pouvoirs qui préfèrent la pérennité de leurmain-mise au bonheur de leur peuple. Et parce qu’Internet n’est pas contrôlable par desdémocraties, nous aurons des dictatures à la place.

Internet doit rester un truc de hippies.

Illustration par Alvaro Tapia Hidalgo (ccbyncnd)Consulter sa présentation ici.Tous les articles de Laurent Chemla sur Owni /-)Nos dossiers à consulter : Un internet pas si neutre et Hacker la société.

Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une

ni l’autre.

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rslnmag.fr

OCT. 17 , 2011

(visuel : library books par timetrax23, flickr, licence CC)

En surfant sur un réseau social, au détour d'un moteur de recherche ou d'un email, vous êtes

tombé sur un lien vers cet article. Vous n’en cherchiez pas spécialement un sur la question mais

vous avez été curieux et vous êtes finalement en train de le lire : c'est ce qu'on appelle la

sérendipité, la découverte imprévue, par la coïncidence, la chance ou le hasard, de quelque chose

d'inattendu.

La sérendipité est souvent citée comme l’un des exemples de la richesse du Web, cette

possibilité de découvrir des contenus inédits et surprenants en quelques clics aléatoires sur une

souris. Que se passerait-il alors si cette sérendipité disparaissait complètement du Web ?

C'est cette question - et cette crainte - qui ont poussé Miriam Meckel, directeur de l'Institute

for Media and Communication Management, à lancer un long appel pour sa

sauvegarde, sur son blog :

« La sérendipité est notre âme. La sérendipité nous soutient, elle permet, de temps en temps, de

donner à nos vies des directions imprévues, et elle nous permet de regarder le monde différement.

[…] Sans sérendipité, la vie ne serait pas seulement prévisible, elle serait incroyablement

ennuyeuse. »

Selon elle, la sérendipité est de plus en plus menacée par des algorithmes, chargés de décider

pour nous des contenus qui vont nous intéresser ou des produits à acheter. Elle abonde largement

dans le sens de Kevin Slavin – dont nous vous parlions récemment. Cet agitateur des idées

numériques considère que les algorithmes dominent de plus en plus le monde, jusqu’à

s’attaquer à notre culture.

Le problème fondamental pour Miriam Meckel est que ces algorithmes sont « pour toujours

coincés dans le passé, parce qu'ils basent leurs calculs sur des actions passées » : ils ne laissent

alors aucune place à la nouveauté ou à la découverte.

> Avec quelles conséquences ?

« À première vue, la perte de la sérendipité semble être principalement un problème technique […]

mais avec le temps, cette perte pourrait avoir des conséquences bien plus larges, que nous devons

au moins comprendre, si ce n’est lutter contre. »

Un Internet sur-personnalisé a le potentiel de changer nos visions du monde et – au final – de

nous changer directement » explique la chercheuse.

Pour rendre un peu plus vivant, ce possible futur, elle dresse un portrait assez alarmant des

conséquences de la disparition de la sérendipité.

Parmi ses principales conclusions : cette sur-personnalisation supprimerait les intérêts

communs entre les individus et donc les éloignerait encore plus, faute de centres d’intérêt

communs. À plus long terme, cette disparition limiterait la personnalité et les goûts des

internautes, en les enfermant peu à peu dans des cases prédéfinies et pré-pensées.

REGARDS SUR LE NUMERIQUE | SOS : il faut sauver la sérendipité... http://www.readability.com/articles/l44tqtmc

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Elle prend pour un exemple un fan de théâtre : il va recevoir ou se voir proposer de plus en plus

de contenus liés au théâtre qui viendront occulter les autres. Jusqu’au point où il « n’aura

plus la chance de trouver d’autres informations – [il] ne saura même plus qu’elles existent ».

Plus inquiétant encore peut-être, nous serions, selon elle, incapables d'apprendre sans

sérendipité, l'apprentissage se faisant par la rencontre avec l'inconnu ou l'imprévu qui nous ouvre

de nouvelles perspectives :

« Pour évoluer comme des êtres humains, nous avons besoin de coïncidences et de rencontres avec

l’inconnu pour nous inspirer à voir de nouvelles perspectives. C’est la caractéristique même de la

démocratie et de l’obligation de chaque citoyen à faire face à des choses qui dépassent son simple

point de vue sur le monde pour voir au delà. »

> Comment alors éviter cet inquiétant tableau ?

Attention, il « serait naïf de penser que l’on peut inverser ou arrêter cette personnalisation

d’Internet », avertit Miriam Meckel – sans toutefois, renoncer à reconnaître quelques «

avantages » à cette tendance.

Elle suggère trois approches fondamentales pour en limiter les conséquences :

Construire un discours public pour avoir un débat de fond sur la question,

Promouvoir le doute et l’incertitude pour stimuler la réflexion et l’ouverture et

S’appuyer sur les « journalistes humains » pour contrebalancer ce phénomène des

contenus automatisés.

Avant de conclure :

« Nous ne pouvons pas faire sans ces coïncidences, sans sérendipité – même sur Internet.

En sauvant la sérendipité, nous sauvons nos propres âmes, en sauvant ce qui nous distingue,

nous, humains des machines. Donc : sauvons notre sérendipité ! »

> Pour aller plus loin :

<br&amp

Original URL:http://www.rslnmag.fr/post/2011/10/17/sos_il-faut-sauver-la-serendipite_.aspx

REGARDS SUR LE NUMERIQUE | SOS : il faut sauver la sérendipité... http://www.readability.com/articles/l44tqtmc

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benoitraphael.com

JAN. 18, 2011

Publié le 18/01/2011 par Benoit Raphaël

Un blogueur devenu ministre, un jeune Tunisien

agressé sauvé "grâce à Twitter", le groupe de hackers

internationaux "Anonymous" en croisade contre la

censure du gouvernement, plus encore qu'en Iran,

Internet semble avoir joué un rôle d'accélérateur dans la

révolte des jeunes Tunisiens. Le site Gizmodo publie

l'interview d'un cyber-activiste tunisien, Ahmed, qui

raconte en détail comment le mouvement s'est appuyé

sur les réseaux sociaux : "Internet a joué le rôle du

média qui a tout déclenché et mis l’affaire du jeune

Bouazizi (qui s’est immolé par le feu) sous les

projecteurs de la population et des médias internationaux. Je me rappelle qu’un autre monsieur

s’était immolé devant le palais présidentiel en 2005, mais a l’époque les Tunisiens ne bloguaient

pas, et n’étaient pas très friands de réseaux sociaux." En 2011, tout a changé, les jeunes ont relaté

les faits, pris des photos des manifestations qui ont suivi l’immolation de Bouazizi "et les ont relayé

a travers twitter / facebook / leurs blogs", rapporte Ahmed, tandis que "les médias locaux et

internationaux" boudaient les événements. "Tout est passé par Facebook", raconte une Tunisienne

au site Nouvelobs.com. "Le slogan "Partager nous sauvera" s'est érigé en règle", poursuit-elle. "En

Tunisie, Internet est devenu le seul moyen pour se révolter". "Plus de 1,8 millions de Tunisiens

disposeraient d'un compte Facebook sur 3,6 millions d'internautes à travers le pays", rapporte le

NouvelObs, citant le site "CheckFacebook". "Sur les 30 derniers jours, la Tunisie est même le

troisième pays au monde où le terme "Facebook" est le plus recherché". Selon le journaliste

d'opposition Taoufik Ben Brik "Même s'il est sous haute surveillance, même s'il est entouré de

barbelés, Internet est devenu un titan que rien ne peut arrêter". C'est même la censure qui a

catalysé la révolte. Face au blackout imposé par le gouvernement (des centaines de pages et de

comptes Facebook bloqués ou piratés, le site de partage de photos FlickR ainsi que YouTube

fermés en Tunisie), la résistance s'organise : en interne, les actvistes mettent à disposition des

internautes des adresses relais pour permettre aux informations de circuler, tandis que le groupe

international "Anonymous", connu pour ses actions contre l'industrie du disque et la Scientologie,

ou en faveur de Wikileaks, se lance dans une croisade pour pirater les sites gouvernementaux et

mettre en place des sites protégés, au nom de la "liberté d'expression" Aujourd'hui, les

"Anonymous" veulent étendre leurs actions l'ensemble du monde arabe. Symbole de la cyber-

révolte, le blogueur et technophile Slim Amanou a annoncé sur Twitter sa nomination au

secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports.

Tunisie : Internet, accélérateur de révolution — www.benoitraphael.c... http://www.readability.com/articles/airthe6b

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Autre symbole, BulletSkan, ce jeune Tunisien agressé semble-t-il par des policiers, lance l'alerte

sur Twitter. Le message est relayé des centaines de fois, et l'armée est alerté. "Sauvé grâce à

Twitter" titre Le Post, qui publie les tweets et la vidéo de l'internaute qui incite les jeunes à utiliser

Twitter : "c'est très efficace". Il ajoute : "la révolution a commencé sur les réseaux sociaux". Dans

un pays démembré médiatiquement, Internet est devenu le fil rouge d'une génération.

Tous les Daily

Tags : Daily, just delivered, facebook, médias sociaux, révolution, Tunisie, Twitter

Original URL:http://www.benoitraphael.com/2011/01/18/tunisie-internet-accelerateur-de-revolution/

Tunisie : Internet, accélérateur de révolution — www.benoitraphael.c... http://www.readability.com/articles/airthe6b

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Pour avoir et faire

des choses

En se reliant, on entre dans la communauté qui permet d’échanger tout et sur tout. C’est la confiance numérique

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ENTRETIEN 12/11/2012 à 11h42

Diouldé Chartier (DR)

Pascal Riché | Redchef

Des meubles dans la rue à Glasgow, en Ecosse (Tomek Augustyn/Flickr/CC)

Diouldé Chartier dirige D’Cap Research, un cabinet d’étude sur les comportements des Français. D’Cap a mis en place un « observatoire système D » pour

étudier leurs changements d’attitude face à la crise. Comment les Français s’adaptent-ils à celle-ci ? Comment se débrouillent-ils pour moins en souffrir ?

L’équipe de D’Cap a analysé des milliers de conversations sur des forums (Doctissimo.fr, AuFeminin.com, mais aussi Rue89...) et interrogé en profondeur, pendant

plusieurs heures, une trentaine de Français modestes. Les clients de cette étude sont des entreprises qui s’intéressent à l’innovation sociale et cherchent à

comprendre comment les comportements évoluent.

Pour Diouldé Chartier, cette étude ambitieuse a permis de mettre à nu une révolution en cours dans la société française : le mariage de la débrouille et d’Internet.

Entretien.

Rue89 : Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent de votre étude ?

Diouldé Chartier : Nous avons constaté, avec cette étude, l’apparition d’une très large économie « en réseau », largement invisible : des espaces où les gens

échangent d’une façon nouvelle, souvent sans intervention d’aucune institution, parfois même sans monnaie.

Le phénomène est beaucoup plus massif que nous ne le pensions. Son développement est reflété par le succès spectaculaire de sites d’échanges comme Le Bon

Coin, Super-Marmite ou Airbnb. Les gens revendent leurs objets, proposent leurs services, sous-louent leur appartement, s’échangent des tuyaux, s’entraident.

Un tel phénomène est né du mariage du Web et de la crise. Il se développe dans une immense zone grise. Quand je dis « grise », je ne veux pas dire « illégale » :

ces échanges sont pour la plupart conformes à la loi, mais ils échappent aux statistiques et aux observations des économistes.

Cette économie en réseau est générée par la crise, mais aussi, plus généralement, par l’augmentation du nombre de « ruptures » dans les vies des Français. Le

recul à la fois du CDI et du modèle du couple stable, avec enfants sous un même toit, laisse place à des vies au cours plus fragmenté. Des décalages temporels

de plus en plus importants ont lieu entre les rentrées d’argent et les dépenses : il faut les gérer. Seuls l’entraide, la débrouille, le peer-to-peer, le système D

permettent de faire face.

Chacun innove donc pour contourner les difficultés et accroître son espace de liberté. Et chacun, dans ce nouveau

monde, peut devenir une unité de compétence valorisable. Si vous savez bricoler, par exemple, vous allez mettre cette

ressource à la disposition des autres.

Si vous savez repasser, vous allez proposer de le faire gratuitement pendant un an contre le prêt d’une maison de

campagne pendant un mois. Il n’y aura pas d’échange marchand, ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas d’échange

économique.

Autre tendance lourde, la méfiance croissante vis-à-vis des institutions : les gens préfèreront prendre un crédit à leur

centre de grande distribution plutôt qu’à la banque.

Les gens préfèreront faire affaire entre eux, par exemple sur Le Bon Coin ou sur eBay, avec des logiques très

différentes entre ces deux sites, qui d’ailleurs attirent des gens différents :

Le Bon Coin prend le parti de la relation entre pairs jusqu’au bout : les gens se débrouillent entre eux ;

à l’inverse, sur eBay, les échanges sont plus cadrés, le site se posant en entremetteur, avec une séparation nette des acteurs : d’un côté les acheteurs, de

l’autre les vendeurs.

« Crise et Web ont généré une très large économie de la débrouille » | ... http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/11/12/la-crise-et-le-web-ont-ge...

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30775 VISITES | 66 RÉACTIONS Tweeter 8

TAGSSOCIÉTÉ • PAUVRETÉ • CRISE ÉCONOMIQUE • SOCIAL • RÉSEAUX SOCIAUX • RUE89 PLANÈTE • DÉCROISSANCE

Ces phénomènes touchent-ils toute les strates de la société ?

Oui, mais ils changent de visage en changeant de milieu. Un SDF qui fait les poubelles, ce n’est pas un « glaneur » qui va chercher les produits périmés à la sortie

des magasins. Naît ensuite le « freeganisme », qui repose sur une philosophie du non-gaspillage... Et cette philosophie-là peut déboucher sur des actions

structurées : le site Zéro-Gâchis, par exemple, invite les internautes à signaler les produits proches de la date de péremption vendus à prix cassés dans les

supermarchés.

Prenez encore la vente de vieux objets inutiles pour arrondir ses fins de mois : elle n’a pas le même visage si elle a lieu à même le trottoir, ou dans le cadre d’un

vide-grenier spontané, ou bien encore sur Le Bon Coin.

Des comportements innovants partent de citoyens qui cherchent à se débrouiller face à la crise, puis se diffusent vers le reste de la société. Airbnb, par exemple,

la plateforme de location d’appartements de particuliers, n’est plus seulement un site pour des gens modestes ou des routards fauchés. De nombreuses

personnes proposent leur appartement à la location, une semaine par-ci, une semaine par-là, pour arrondir leurs fins de mois.

On voit apparaître des nouveaux comportements. Mais il faut les distinguer en fonction des personnes : ils n’ont pas toujours le même sens. Les gens qui ont

« deux boulots », par exemple, ne sont pas tous les mêmes. Vous pouvez avoir une personne qui est agent de surface en intérim dans la semaine, et qui fera de

façon informelle des déménagements le week-end, parce qu’elle ne peut pas survivre autrement. Et puis vous pouvez avoir le postier qui a pour hobby la photo, et

qui, en dehors de son boulot, ira vendre ses clichés sur un site... Ces deux profils n’ont rien à voir. Dans le second cas, le « deuxième boulot » est un facteur

d’épanouissement.

Nous avons longuement interrogé une femme qui, à Marseille, cherche des objets jetés par les habitants de sa ville pour ensuite les retaper et les revendre sur Le

Bon Coin. C’est pour elle devenu bien plus qu’un complément de revenu qu’elle considérait au départ comme un peu honteux : un vrai plaisir et une source de fierté.

En quoi est-ce nouveau ? Nos grands-parents n’échangeaient-ils pas déjà des services ?

Ce qui est nouveau, c’est le changement d’échelle. Une Africaine qui faisait de temps en temps la cuisine pour six personnes, dans son immeuble, peut, en allant

sur Super-Marmite, se mettre au service de 50 personnes. Sa zone de chalandise est tout d’un coup élargie.

Le Web, contrairement à une idée reçue parmi les élites, n’est pas un monde détaché de la réalité quotidienne. Au contraire : dans le cadre de cette économie de

réseau, il permet de façonner la vie réelle. Il n’est qu’un « média » entre les gens : leurs échanges, bien concrets, passent par lui.

C’est un mouvement plutôt positif...

Oui, mais il a des conséquences qui le sont moins. Ainsi, tous ces échanges informels se déroulent en dehors des cadres sociaux et légaux. La personne qui va

échanger des heures de ménage contre un autre service n’a pas de Sécu, pas d’assurance chômage, pas de retraite... Il faudrait accompagner ce mouvement en

prévoyant quelques filets sociaux. Les pouvoirs publics devraient s’y intéresser.

Pourquoi analyser la société à travers l’observation d’échanges sur des forums ? Les études classiques, menées par des enquêteurs, ne

fonctionnent-elles plus ?

Sur les forums, comme ceux de AuFeminin.com, Doctissimo.fr ou CommentCaMarche.net, le ton est direct, sincère : les gens se parlent entre eux, spontanément,

pour trouver des solutions, on ne crée pas l’artifice de l’enquêteur qui pose des questions. Les expressions qui y sont utilisées sentent l’authenticité. Informations et

opinions sont intriquées : c’est un matériau très riche pour comprendre notre société.

MERCI RIVERAINS ! Lem87, Pierrestrato

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consocollaborative.com

DEC. 23, 2011

« Un jour, nous regarderons le XXe siècle et nous nous demanderons pourquoi nous possédions

autant de choses » affirmait récemment Bryan Walsh dans TIME Magazine qui consacrait la

Consommation Collaborative comme l’une des dix idées amenées à changer le monde. L’économie

du partage se propage : du transport aux voyages en passant par l’alimentation, le financement de

projets et la distribution, tous les secteurs ou presque voient cette nouvelle économie émerger.

Pourquoi acheter et posséder alors que l’on peut partager semblent dire des millions

d’individus. Les statistiques sont éloquentes, nous explique Danielle Sacks dans l’un des articles

les plus complets sur l’émergence de l’économie du partage :

Tandis qu’Airbnb annonçait il y a quelques mois avoir dépassé le million de nuits réservées sur son

site , en France, c’est covoiturage.fr qui a récemment franchi la barre du million de membres

inscrits. Etsy, la plateforme C to C* de référence pour vendre ses créations originales et artisanales,

diffuse ses statistiques chaque mois dans la plus grande transparence et on les comprend, tant les

chiffres sont impressionnants : 40 millions de biens vendus pour les 3 premiers mois de l’année,

soit 77% de plus qu’à la même époque en 2010 et presque 400.000 nouveaux membres

s’inscrivent chaque mois.

Neal Gorenflo, fondateur et rédacteur en chef du magazine Shareable m’expliquait récemment lors

d’un échange qu’il m’a accordé :

« Alors que plus de 3 millions de personnes dans 235 pays ont déjà «

couchsurfé », ce sont plus de 2,2 millions de trajets en vélo libre-service (tels que

le Velib’ à Paris) qui sont effectués chaque mois dans le monde. »

« On se rend compte que ce mouvement n’est pas qu’une tendance passagère.

Les publications se multiplient, les consultants commencent à s’intéresser au

phénomène, les politiques envisagent de nouvelles lois pour favoriser le

La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt

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Alors que le secteur du prêt entre particuliers vient d’atteindre la somme de 500 millions de $ aux

Etats-Unis, les startups du partage enchaînent les levées de fond : 7 millions pour Thredup, site

internet de troc de vêtements et de jouets pour enfants; 1,2 million pour Gobble, qui a un modèle

proche de Super-Marmite et permet de réserver et d’acheter des plats fait maison près de chez

soi); 1,6 million pour Grubwithus, qui propose un service de colunching ou social dinner, mélange

de Meetic et de Groupon.

Distributeurs et constructeurs automobiles ont été les premiers à investir cette économie du

partage. Intermarché, Castorama, Ikea, proposent déjà aux gens de covoiturer, d’autres seraient en

réflexion très avancée pour proposer des dispositifs de troc et de partage. Du côté des constructeurs

automobiles, BMW a récemment fait une entrée remarquée en proposant une vraie solution

d’autopartage (Volkswagen lui a emboîté le pas il y a quelques jours à peine), Peugeot et Citroën

ont déjà lancé leurs offres de mobilité : respectivement Mu by Peugeot et Multicity ; enfin Norauto,

qui est devenu Mobivia, s’est complètement réorganisé pour devenir un opérateur de mobilité : le

lancement de Buzzcar (plateforme d’autopartage entre particuliers) par Robin Chase (fondatrice de

Zipcar, leader mondial de l’autopartage et classée parmi les 100 personnalités les plus influentes

par le TIME en 2009) étant l’illustration la plus notable de cette nouvelle stratégie.

Comment les secteurs les plus traditionnels répondront à ces évolutions, bien malin celui qui peut

répondre à cette question ; une chose est certaine, « il sera fascinant de suivre quels nouveaux

modèles seront développés à partir des systèmes de Peer-to-Peer*, et quels secteurs traditionnels ils

transformeront » concluait récemment Semil Shah dans un article consacré à l’économie

Peer-to-Peer publié dansTechcrunch.

L’économie du partage se propage

Sans que nous nous en rendions forcément compte, nous nous mettrions donc à moins posséder,

à privilégier l’usage et à partager davantage. Dans un contexte de crise économique durable et de

défiance vis-à-vis des grandes entreprises, ces expériences d’échange et de partage réussies

interrogent nos comportements traditionnels de consommation. « Nous nous dirigeons vers une

économie où l’accès aux biens s’impose sur leur possession » affirme Lisa gansky, auteur de The

Mesh.

L’âge de l’accès décrit par Jérémy Rifkin serait-il effectivement en train de se concrétiser ? Le

changement culturel est-il suffisamment profond pour nous conduire à privilégier l’usage sur la

possession ?

Dès lors, les défenseurs des monnaies alternatives, locales, complémentaires se font entendre et

développement de cette économie du partage, les startups font des levées fonds

impressionnantes : tout converge pour nous faire dire qu’une nouvelle économie

est vraiment en train d’émerger. »

De par la maturité des usages des nouvelles technologies et des applications

mobiles, San Francisco et la Bay Area sont à la pointe de cette nouvelle économie

qui prend de l’ampleur, au point que ces pratiques dépassent aujourd’hui le

cadre des startups et intéressent les acteurs les plus traditionnels.

« Les constructeurs automobiles qui voient l’autopartage comme une menace

perdront du poids dans ce paysage en évolution » professe ainsi Shelby Clark,

fondateur de Relay Rides (pionnier de l’autopartage entre particuliers outre-

Atlantique).

Une chose est certaine : les solutions alternatives réelles et fonctionnelles à la

forme la plus traditionnelle de l’achat existent et se diffusent comme jamais

auparavant, au point que l’argent, dans un contexte de turbulence des monnaies

étatiques, soit lui aussi contesté.

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apparaissent de plus en plus crédibles pour nous aider à envisager des formes d’encadrement des

échanges régis par la générosité et/ou la réciprocité (voir le travail de mon ami Etienne Hayem

alias Zoupic sur ce thème ou le projet « The Future of Money »).

The Future of Money Project

C’est notre rôle de travailleur/consommateur qui s’en trouve du même coup transformé

comme l’explique Rachel Botsman dans un article intitulé « The Everyday Entrepreneur » :

Cette transition nous pousse également à réfléchir à l’encadrement de ces échanges (si nous nous

mettons effectivement à partager au sein de communautés nouvellement créées, comment générer

et maintenir la confiance nécessaire entre inconnus ?), mais aussi à leur plus grande diffusion :

quel rôle doit jouer l’éducation par exemple ?

« Les gens prennent conscience qu’ils disposent de ressources inexploitées

(matérielles ou liées à leurs compétences) sources de valeur économique, sociale

et durable -en moyenne par exemple, une voiture reste à l’arrêt 92% du temps- et

qui représentent des opportunités quotidiennes pour devenir micro-

entrepreneurs ». Ces évolutions ne se sont qu’embryonnaires et le changement

prendra du temps mais « la fulgurance des avancées technologiques, combinée à

une évolution des mentalités représente une opportunité sans précédent pour

transformer des secteurs, réinventer les services publics, dépasser les formes de

consumérisme sources de gaspillage terrible et changer nos façons de vivre. »

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Voici quelques-uns des enjeux que soulèvent l’économie du partage (analysée et décryptée avec

justesse par le magazine américain Shareable ) et le concept de consommation collaborative

(développé par Rachel Botsman et Roo Rogers dans leur livre What’s Mine is Yours: The Rise of

Collaborative Consumption).

La croissance des formes d’échanges directs entre particuliers que décrit la consommation

collaborative a été notamment permise par l’avènement et la démocratisation des nouvelles

technologies. Si les formes de troc et d’échange ne sont pas nouvelles, Internet et les systèmes

Peer-to-Peer* ont permis leur développement à une toute autre échelle, grâce à deux leviers :

Internet et les places de marchés Peer-to-Peer* ont rendu possible le déploiement de masses

critiques d’internautes intéressés par les mêmes types d’échanges en permettant et en

optimisant la rencontre entre ceux qui possèdent et ceux qui recherchent (des biens, services,

compétences, argent, ressources, …) comme jamais auparavant ;

Internet et les systèmes de réputation ont permis de créer et de maintenir la confiance

nécessaire entre inconnus utilisateurs de ces systèmes d’échanges : qui aurait cru au succès

d’Ebay il y a 15 ans et à la possibilité de se faire héberger chez un inconnu en toute confiance

avant le lancement et le succès de Couchsurfing ? Derrière ces plateformes d’échanges se

trouvent des systèmes de réputation (références, notation) des utilisateurs qui les incitent à

« bien se comporter » et qui expliquent en grande partie leur succès fulgurant.

Différentes formes de partage

Jenna Wortham dans le New York Times , suggère de distinguer deux formes de consommation

collaborative :

les formes où l’on se regroupe pour acheter en commun -pour obtenir un meilleur prix ou

savoir ce que et à qui on achète (comme la Ruche qui dit oui !) ou financer un projet sur le

principe du crowdfunding (Kickstarter, en France Ulule, Kisskissbankbank ou Wiseed) ;

les formes qui organisent le prêt, le don, le troc ou l’échange de biens, de temps ou de

compétences entre particuliers.

Rachel Botsman propose de distinguer trois systèmes de consommation collaborative, tels que

présentés sur le schéma ci-dessous :

La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt

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collaborativeconsumption.com

Les product service systems permettent de transformer un produit en service : l’autopartage,

les vélos en libre-service ou encore la location (organisée par un intermédiaire ou entre

particuliers) seraient à placer dans cette catégorie. Ces plateformes s’inscrivent dans le cadre

plus général de l’économie de fonctionnalité.

Les systèmes de redistribution organisent le passage de biens d’une personne les possédant à

une personne les recherchant. C’est le principe du C to C et des plateformes comme

PriceMinister, LeBonCoin mais aussi du troc, du don, de l’échange…

Les styles de vie collaboratifs regroupent les formules de partage de ressources immatérielles

entre particuliers : espace, temps, argent, compétences. Couchsurfing, Colunching ,

Coworking, Cohousing, Prêts entre particuliers, Achats Groupés feraient ainsi partie de cette

catégorie.

Une autre distinction selon les secteurs investis par cette économie du partage est également

possible. Puisqu’on me questionne souvent sur l’origine et la pertinence de l’expression, je

m’interroge avec vous : l’expression Consommation Collaborative est-elle appropriée, pertinente,

suffisamment percutante pour désigner ces nouvelles formes de partage entre particuliers ? Ma

réponse est oui car le terme collaboratif possède un historique, celui du travail collaboratif qui a eu

un impact positif évident sur l’organisation du travail.

Après la révolution de l’entreprise collaborative et le développement de la consommation

collaborative , apparaissent ou sont aujourd’hui envisagées d’autres formes que l’on pourrait

qualifier de collaboratives : la distribution (comme le fantastique People’s supermarket en

Angleterre), la production (un exemple d’Open Source appliqué à la production), la politique et

même l’énergie collaboratives. Il ne s’agit-là que d’exemples et je vous renvoie aux travaux de la

P2P foundation de Michel Bauwens pour plus d’informations sur le sujet.

Tout comme le collaboratif appliqué à l’organisation du travail a permis de tirer

un meilleur parti des ressources humaines, le collaboratif appliqué à la

consommation engendre une optimisation des ressources naturelles et

matérielles. Internet et les systèmes Peer-to-Peer* investissent progressivement

tous les espaces de notre vie quotidienne pour mieux les renouveler : il y a dans

le collaboratif une idée d’optimisation mais aussi de rupture.

La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt

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La crise : premier catalyseur

La crise a été l’évident déclencheur et propagateur de l’économie du partage :

« Lorsque j’ai entendu pour la première fois parler du concept [de la location de voitures entre

particuliers], j’ai pensé que c’était une très mauvaise idée, je n’aurais jamais laissé quelqu’un

conduire ma voiture […] Mais la crise a été un catalyseur, j’ai commencé à réfléchir à comment

diminuer certaines de mes dépenses et comme la voiture est un des principaux pôles de dépense… »

Drivemycar rencontre un vrai succès en Australie : toutes sortes de voitures sont disponibles y

compris les plus beaux modèles, Noble explique ainsi : « J’ai maintenant des Ferrari et des

Porsche disponibles à la location, les gens en parlent à leurs amis, ils n’ont pas honte » (nous ne

sommes pas en reste : une magnifique SLK est disponible à la location sur Voiturelib à La Ciotat,

une très belle calèche est également proposée par un particulier sur le site de Deways ;).

Si la crise a été un évident accélérateur du mouvement par la contrainte budgétaire nouvelle qui en

a résulté, elle ne saurait expliquer à elle seule le rejet croissant dont l’hyperconsommation fait

actuellement l’objet. Aujourd’hui c’est même sur le terrain de la mode et du prêt-à-porter (souvent

initiateurs des futures tendances) que s’expriment ces nouvelles pratiques : du mouvement des

recessionistas aux sites de vides-dressing , en passant par les sites de locations de sacs ou de bijous

de mode comme Avèle , les sites de troc, d’échange et de location de vêtements se multiplient,

quand ce ne sont pas les créateurs eux-mêmes qui s’en emparent en faisant appel à la créativité du

consommateur . « Nous n’avons pas besoin d’acheter de nouvelles fringues à chaque nouvelle

saison.» Interrogée par le Sydney Morning Herald, Lara Mc Pherson met en place des événements

de troc de vêtements par l’intermédiaire de son blog (dans le même esprit, saluons Pretatroquer en

France), elle explique : « j’ai pris la décision d’arrêter d’acheter de nouveaux habits jusqu’à ce que je

trouve un moyen socialement responsable et bon pour l’environnement de vivre ma passion pour

la mode.»

Du bien au lien

« La crise a généré un changement de mentalité, elle a contraint les gens à

s’interroger sur les nouveaux moyens à leur disposition leur permettant

d’effectuer des économies et de gagner de l’argent à partir de leurs biens »,

affirme Daniel Noble , fondateur de Drivemycar, qui met en relation propriétaires

de voitures et personnes recherchant des locations de courte durée en Australie.

La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt

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Au-delà des économies permises par ces sites, c’est l’impact social généré (en un mot la rencontre)

qui est au cœur de leur succès.

La capacité à récréer du lien social est pour beaucoup dans l’engouement de nombreuses

plateformes de consommation collaborative. Un avis que partagent de nombreux historiens et

sociologues. Interrogée par Le Monde, Laurence Fontaine, historienne et directrice de recherche

au CNRS voit dans le mouvement un rejet de l’économie capitaliste :

Stéphane Hugon, sociologue et cofondateur du cabinet Eranos, partage ce constat et envisage les

implications économiques de ces évolutions :

Erwan Lecoeur, sociologue, ancien Directeur de l’observatoire du débat Public développe l’idée que

l’explication du succès de ces nouveaux comportements est à rechercher dans une quête de liens et

de confiance en soi et en l’autre : « Avec ces nouveaux comportements, plusieurs attentes

apparaissent, que l’on pourrait appréhender par la centralité du besoin du « lien », d’une qualité

particulière et d’une confiance renouvelée.

« De la crise naît la nécessité de s’assembler, et de cette nécessité naît le plaisir de

s’assembler. On y trouve son compte pour ses intérêts individuels et matériels,

puis très vite, quelque chose se passe et la communauté d’intérêts devient une

communauté de liens. » (lu sur le blog de la Ruche qui dit Oui ! dans l’un des

articles français les plus enthousiasmants sur la Consommation Collaborative).

«La crise, ou plus exactement l’appauvrissement, pousse les gens vers ces

nouvelles formes d’échanges. Mais on peut également analyser ce mouvement

comme un refus de la société de marché, commente-t-elle. Au XVIIIe siècle, les

aristocrates payaient en objets et habits. L’arrivée de l’argent a été une libération

des liens sociaux. Les hommes ont ainsi accédé à l’anonymat et à

l’individualisme. Mais maintenant que ces valeurs ne sont plus portées aux nues,

on cherche de nouveau à tisser du lien social avec d’autres moyens. »

« Cette nouvelle consommation sonne le glas d’une approche de la société et des

marchés à partir de « l’individu rationnel qui optimise sans contrainte ». A-t-il

d’ailleurs jamais été rationnel ? […] La consommation est ici largement motivée

par une recherche de relation sociale qui vient épaissir le prétexte rationnel d’un

geste qui n’est économique que par extension. C’est probablement toute notre

culture économique qui s’en trouve modifiée. »

Derrière les produits et les services concernés, c’est avant tout une nouvelle

forme de relation, de partage qu’il s’agit de vivre. Plus qu’une simple proximité

géographique, on peut y voir une recherche de relation affinitaire à nouer ; le

besoin d’une rencontre réelle, d’un contact avec le producteur, l’inventeur, le

fournisseur de biens ou de services. […] On passe du bien à ce qu’il permet : un

lien. [...] Le bonheur n’est pas contenu dans l’objet échangé, semblent dire des

millions de nouveaux consommateurs mais dans l’acte d’échange et la rencontre

qu’il permet. »

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Et d’envisager la propagation et la contagion du partage…

Et vous, vous trouvez que cette économie-là fait du sens? Couchsurfing, l’autopartage (entre

particuliers), les AMAP, le coworking, le colunching, le troc de vêtements, le Booksurfing, le

crowdfunding, … vous y croyez, ça vous parle, ça vous inspire ? N’hésitez pas à me faire part de vos

expériences et de vos commentaires !

Parce que je suis également convaincu de l’impact social et de la contagion possible, attendue et

souhaitable de cette économie du partage, j’ai commencé à réunir des adeptes du partage pour

échanger autour de la thématique, publier des articles encore plus pointus et plus fréquemment et

réfléchir à l’organisation d’évènements. Ce projet vous intéresse ? Vous souhaitez juste en savoir

plus ? N’hésitez pas à rejoindre notre toute nouvelle page Fan, vous pouvez aussi me contacter

directement sur twitter ou par mail : je serais ravi d’échanger avec vous sur ces nouvelles formes de

partage entre individus et sur les implications de cette nouvelle économie.

Pour aller plus loin :

*C to C : Consumer to Consumer; ici les vendeurs ne sont (pour la plupart) pas professionnels et

vendent leurs réalisations originales par le biais de la plateforme. On dépasse le cadre du partage

au sens stricte. Etsy est davantage une forme de distribution directe qui « court-circuite »

l’économie centralisée.

*Peer-to-Peer : Selon Michel Bauwens, « le P2P [ou échange entre pairs] est un certain type de

dynamique relationnelle… C’est une forme d’organisation basée sur les réseaux, reposant sur la

libre participation de partenaires équipotents engagés dans la production de ressources

communes. Il ne recourt pas aux compensation financières comme motivation principale, et

n’utilise pas les méthodes traditionnelles de commande et contrôle. Il crée un Commun plutôt qu’un

marché ou un état, et se base sur des relations sociales pour allouer les ressources, plutôt que sur

un mécanisme de prix ou un système hiérarchique. » (voir http://p2pfoundation.net/index.php

/1._Introduction)

Credits Flickr : Victoria Diaz Colodrero, Daniel Gillet

Original URL:http://consocollaborative.com/983-economie-du-partage-consommation-collaborative.html

« Ces formats d’échanges de produits et de services qui se développent un peu à

l’écart du monde de la grande consommation ne sont qu’embryonnaires ; ils

n’en ont pas moins beaucoup d’avenir. Parce qu’ils créent une convivialité, une

confiance qui fait défaut à l’extérieur, ils attirent à eux de nombreux adeptes,

intrigués par ces étranges manières, puis désireux de faire partie de cette petite

société-là, au moins par bribes, par moments, par intérêt. »

La nouvelle économie du partage — consocollaborative.com — Readability http://www.readability.com/articles/ylwju2zt

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consocollaborative.com

Générer un climat de confiance pour favoriser les échanges entre particuliers est

l’une des clés pour les services de consommation collaborative. A l’occasion de la

sortie d’une étude BlaBlaCar sur le sujet nous avons posé quelques questions à

Frédéric Mazzella, fondateur de BlaBlaCar (covoiturage.fr) et à l’origine de la

création du personnage Trustman.

Vous venez de publier une enquête sur la confiance au sein de votre communauté. Quels sont les

résultats les plus remarquables ?

Quand on y pense, c’est phénoménal. La confiance représente une grande valeur pour la société,

mais elle est très difficile à créer. Elle a permis à notre société de construire ses fondements

économiques. Elle nous permet de collaborer efficacement. Depuis des millénaires, notre société

repose sur la confiance qui existe entre des personnes qui partagent quelque chose : un lieu, un

territoire, un lien familial… Mais notre étude révèle qu’il existe maintenant un nouveau type de

confiance : la confiance envers les profils en ligne. Dans une situation où autrefois il n’y aurait eu

aucune base sur laquelle construire la confiance entre deux individus, aucun partage ni aucune

relation apparente, l’établissement de la confiance est désormais réalisable grâce aux profils en

ligne. Et quand la confiance est établie, la collaboration est possible.

Ce n’est pas un changement incrémental – ce n’est pas un peu plus, ou un peu mieux, que ce qui

existait avant. C’est un changement disruptif. Rien ne sera plus jamais comme avant. Le socle de la

société, la confiance interpersonnelle, était autrefois une ressource rare ; c’est désormais une

ressource extrêmement abondante. Nos chances de collaborer les uns avec les autres sont

également transformées. Tout comme nos chances de créer de la valeur.

Nous faisons donc davantage confiance à une personne avec un profil complet qu’à nos voisins.

Pourquoi ?

C’est fascinant. Réfléchissons à ce que le terme « confiance » signifie, en théorie. La confiance

signifie qu’il y a une forte probabilité pour que le résultat d’une interaction soit désirable. En

d’autres termes, vous croyez qu’il y a une faible probabilité pour que le résultat d’une interaction

soit indésirable ! C’est la même chose : la confiance est l’évaluation d’une issue positive probable.

Pour résumer : on se dit que ça va marcher !

Mais nous pouvons projeter les résultats de nos futures interactions avec d’autres personnes si, et

seulement si, nous disposons d’informations sur lesquelles baser cette évaluation. La réponse à

votre question est simple : nous faisons plus confiance aux personnes avec un profil complet qu’à

nos voisins car nous savons plus de choses sur ces personnes ! Plus d’informations implique plus

de confiance.

Un membre avec un profil complet inspire davantage confiance qu’un voisin, et

presque autant qu’un ami proche.

Quand la confiance existe, nous pouvons créer de la valeur.

« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/articles/d6dfjejt

1 sur 4 14/03/2013 17:48

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La confiance au sein d’une communauté rend les interactions possibles. Pas de confiance, pas de

transaction. Ce que notre étude révèle, c’est que l’enregistrement des transactions passées est un

gage de confiance. Si un membre a réalisé des transactions avec succès (et qu’on en a une preuve

grâce aux avis laissés par d’autres membres), il devient digne de confiance. Quand vous lisez les

avis positifs d’un membre, vous pouvez estimer que le résultat de l’interaction sera positif. Vous

faites confiance à ce membre. Plus qu’à votre voisin !

Au sens strict du terme, la confiance mesurée par notre enquête est liée à un type d’activité

spécifique (celui pour lequel les transactions sont enregistrées) et ne peut être généralisée.

Cependant, cela montre qu’il est possible de créer une valeur interpersonnelle là où aucune valeur

n’existait auparavant.

D’où vient cette confiance ?

Notre étude montre que la confiance au sein de la communauté de BlaBlaCar provient, par ordre

croissant d’importance:

d’une photo (note de confiance de 2,5),1.

des coordonnées certifiées (3,2),2.

des avis positifs (3,4).3.

Lorsqu’on combine ces trois éléments, la note de confiance monte jusqu’à 4.25. A titre de

comparaison, un voisin n’obtient qu’une note de 3,3. Les amis et la famille obtiennent 4.7. Nous

pouvons donc conclure qu’une confiance forte résulte de la combinaison de différents facteurs.

Mais si nous devions en isoler un, ce serait sans aucun doute les avis communautaires. C’est

l’information la plus importante que les personnes utilisent pour évaluer la probabilité d’une issue

positive, donc pour faire confiance.

Qui est Trustman ?

Il n’y a pas seulement un Trustman.

Nous sommes tous Trustman !

Trustman n’est pas un pro des arts

martiaux comme Batman, et il ne vient

pas d’une autre planète comme

Superman. La source de son super-

pouvoir, ce sont simplement ses profils

confiance sur les sites d’échange entre

particuliers : covoiturage, partage de

compétences… Ils lui permettent d’être

libre d’enrichir sa vie, en créant de la

valeur pour lui et pour la société. Ça

semble banal, car tout le monde peut en

faire autant. Mais si on y réfléchit à deux

fois, c’est extra ! Grâce à nos profils confiance, nous sommes libres de partager ou de louer des

ressources essentielles telles que notre voiture ou notre logement, d’échanger des objets, des

maisons, des compétences, de cofinancer et « crowdsourcer », de collaborer massivement…

Tout cela ne nous fait pas seulement gagner du temps et de l’argent : cela rend aussi nos vies plus

riches humainement parlant.

Pourquoi est-ce un super-héros ? De quoi va-t-il nous sauver ?

Trustman est le nouveau super-héros d’une nouvelle ère économique. La confiance est l’une des

attitudes les plus constructives qui existe entre les citoyens car elle multiplie les possibilités de

collaboration et de coopération, au bénéfice de tous. Trustman est le symbole de nouveaux

Cette faculté de créer de la confiance change les règles de la société !

« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/articles/d6dfjejt

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comportements collaboratifs, dont les impacts positifs commencent seulement à être ressentis.

Pour nous, Trustman c’est l’espoir d’un avenir collaboratif.

Comptez-vous lancer un produit / service lié à la confiance ? Trustman va-t-il devenir « BlaBla

Trust » ?

Trustman est une métaphore, ce n’est pas un produit ou une fonctionnalité. Nous avons voulu

encourager les medias, la sphère IT et la communauté de la consommation collaborative à

s’intéresser à la question de la confiance.

La confiance est extrêmement importante pour BlaBlaCar et pour tous les sites d’échange entre

particuliers. Nous avons réussi à créer une communauté de confiance sur internet, qui réunit

aujourd’hui plus de 2,7 millions de personnes en Europe. De par cette expérience, nous voulons et

nous pensons pouvoir contribuer à la connaissance et la compréhension de ce sujet majeur. Nous

avons voulu partager notre point de vue et nos données sur l’importance de la confiance au sein de

la communauté BlaBlaCar.

Le covoiturage est-il une passerelle vers la consommation collaborative ? Les membres de votre site

sont-ils plus enclins à utiliser d’autres sites d’échange entre particuliers ?

Oui, une partie de notre communauté a commencé à utiliser d’autres sites de consommation

collaborative après s’être inscrite sur BlaBlaCar (entre 1 et 6% des membres). Cela pourrait

suggérer qu’en commençant à utiliser BlaBlaCar, ces personnes sont davantage conscientes des

bénéfices liés à la consommation collaborative et décident d’expérimenter de nouvelles pratiques.

Les résultats de l’étude montrent également que dans les cas où la volonté de pratiquer une activité

collaborative est faible (c’est le cas du financement collaboratif et de la location de véhicule entre

particuliers), la connaissance de cette pratique est également faible.

Ces résultats suggèrent une corrélation entre le degré de connaissance d’une population et son

intention d’adopter une nouvelle pratique. Cela semble logique : même si à l’échelle individuelle la

connaissance précède nécessairement l’intention, il peut aussi y avoir un niveau de connaissance

globale nécessaire au développement de la pratique au sein de la société.

Cette supposition est cohérente avec l’expérience de BlaBlaCar, car la connaissance générale et la

couverture médiatique ont été des facteurs clés à l’adoption du covoiturage.

Original URL:http://consocollaborative.com/2881-la-consommation-collaborative-cest-avant-tout-des-communautes-de-confiance.html

C’est une donnée importante pour les acteurs de l’économie du partage ; cela

montre que nous pouvons et devons travailler ensemble pour augmenter la

connaissance des différentes plateformes de consommation collaborative à

travers les différents secteurs : logement, transport,, finances…

« La consommation collaborative, c’est avant tout des communautés de ... http://www.readability.com/articles/d6dfjejt

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Pour rester dans le coup

Suivre ce qui se passe et avoir les compétences de base est indispensable aujourd’hui dans sa vie personnelle.

Le buzz a remplacé le film de 20h30.

Mais aussi dans sa vie professionnelle

Surtout à l’heure du bigdata

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McKinsey Quarterly / Rédaction / March 8th, 2013

technology adoption

La maîtrise des médias sociaux organisationnels est en passe de devenir un avantageconcurrentiel. Les dirigeants de General Electric ont réfléchi à la question. Comments'inspirer de leur expérience ?

Rares sont les domaines dans les entreprises et dans la société à n’avoir pas été affectés par larévolution des médias sociaux alors même que celle-ci a démarré il y a moins d’une décennie.De nombreuses entreprises ont réagi à cette nouvelle donne, prenant la pleine mesure de laforce et du potentiel que ces technologies représentent pour leur organisation : ainsi, des wikispermettent une collaboration virtuelle plus efficace dans des projets transversaux ; des blogsinternes, des fora de discussion et des chaînes YouTube encouragent les échanges, avec unpartage tant des savoirs que des vues d’ensemble de chacun ; des campagnes viralessophistiquées permettent d’engager la relation avec les clients et de les fidéliser ; des produitsde prochaine génération sont co-développés grâce à des processus d’innovation ouverte ; etenfin des dirigeants travaillent à définir leur stratégie d’entreprise 2.0.

Ce changement radical crée un dilemme pour les dirigeants : alors que le potentiel des médiassociaux semble immense, les risques inhérents, eux, créent de l’incertitude et un certainmalaise. Par nature débridés, ces nouveaux moyens de communication peuvent laisser filtrerdes informations internes voire confidentielles, les rendant soudainement publiques et ce defaçon virale. Qui plus est, la logique des médias participatifs est en décalage avec le modèlemanagérial et organisationnel du 20e siècle encore en vogue, qui privilégie des processus et uncontrôle linéaires. Les médias sociaux encouragent la collaboration horizontale et lesconversations spontanées qui se propagent de manière aléatoire, indépendamment deshiérarchies du management, court-circuitant par conséquent tant les dynamiques établies dupouvoir que les lignes de communication traditionnelles.

Selon nous, l’aptitude à capitaliser sur le pouvoir transformationnel des médias sociaux, touten atténuant les risques qui leur sont associés appelle un nouveau type de dirigeant. Ladynamique des médias sociaux accentue encore le besoin de qualités qui constituent depuislongtemps le socle d’un leadership efficace, telles que la créativité stratégique, unecommunication authentique, la capacité de faire face aux dynamiques sociales et politiquesd’une société et enfin celle de concevoir une organisation à la fois agile et réactive.

Mais les médias sociaux ajoutent de nouvelles dimensions à ces caractéristiques. Par exemple,ils requièrent la capacité de créer du contenu multimédia convaincant et attrayant. Lesdirigeants doivent exceller dans la co-création et la collaboration – ces dernières constituant la

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devise de l’univers des médias sociaux. Ils doivent à la fois bien comprendre la nature desdifférentes technologies sociales mais aussi les effets difficilement contrôlables que cesderniers peuvent produire.

La dimension organisationnelle est tout aussi importante : les dirigeants doivent cultiver unenouvelle infrastructure sociale, reliée par une technologie dématérialisée, qui par sa naturefavorise d’une part des interactions constantes au-delà des barrières physiques etgéographiques, mais aussi des discours et des échanges organisés de façon autonome.

C’est donc une interaction entre compétences en leadership et principes de designorganisationnels qui se joue : nous l’avons baptisée « apprentissage des médiasorganisationnels », et elle se définit en fonction de six dimensions interdépendantes et quis’alimentent les unes les autres.

Notre point de vue le plus éclairé sur le développement de ces nouvelles formes de culturenumérique est le cas de General Electric, où l’un de nous est responsable du développementdu leadership. Etre témoin de l’évolution de GE à travers ce prisme est particulièrementintéressant ; en effet, contrairement à Google ou Amazon, GE n’est pas une entreprise digitalnative, numérique par nature, et forte de 130 années consacrés à se réinventer et réinventerses activités constamment, l’observer est particulièrement précieux. Ceci d’autant plus en

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raison du statut de GE comme « fabrique de leadership ».

L’engagement de GE dans les médias sociaux est peut-être le plus visible à travers saplate-forme numérique GE Colab, conçue « par les employés de GE pour les employés de GE» afin de faciliter le travail d’équipe et la collaboration internationale. GE Colab combine lescapacités de Facebook, de Twitter et d’autres applications sociales, ce qui permet aisément lamise en réseau, le partage de l’information, une communication instantanée, une rechercheavancée, des blogues, des blogues vidéo et plus encore. Lancée en 2012, cette plate-forme adéjà attiré plus de 115 000 utilisateurs.

Pour se figurer la manière dont les dirigeants font face à ces nouvelles réalités, nous noussommes entretenus avec des cadres supérieurs de GE de divers secteurs et régions. Cesdirigeants et leurs organisations se trouvent à différentes étapes dans leur parcoursd’apprentissage des médias sociaux, tout comme pourraient l’être des entreprises diverses.Dans l’ensemble, cependant, ils ont décrit une vaste palette d’efforts visant à renforcer lescompétences personnelles, expérimenter des techniques, investir dans de nouveaux outils,développer la participation des employés et enfin remanier les structures organisationnelles etleur gouvernance afin de mieux saisir des opportunités sociales émergentes. Nous noussommes donc appuyés sur ces expériences pour illustrer les six dimensions de la palette decompétences et de capacités organisationnelles que les dirigeants doivent acquérir afin dedévelopper l’apprentissage des médias sociaux à l’échelle de l’entreprise – autant de capacitésqui seront bientôt un facteur critique d’avantages concurrentiels.

1. Le dirigeant – producteur : créer du contenu attrayant

Avec des systèmes d’enregistrement vidéo quasi omniprésents et la possibilité de mettre enligne des vidéos en un clin d’œil sur YouTube ou d’autres plates-formes, les outils pourproduire et partager du contenu audiovisuel sont entre les mains de tout un chacun. ChezGeneral Electric, Video Central abrite aujourd’hui des milliers de vidéos, parmi lesquelles ungrand nombre ont été créées par de hauts dirigeants. Nombreux sont les dirigeants qui se sontmis à intégrer des flux vidéo dans leurs blogs. Au fur et à mesure que la communication vidéoprendra de l’importance, un leadership efficace exigera de plus en plus le type decompétences créatives que nous connaissons dans le monde du cinéma « d’auteur » – une voixauthentique, l’imagination, et la capacité de concevoir des histoires fascinantes et de lestransformer en produits médiatiques de nature à réveiller et captiver l’attention du public.Afin de capter personnellement l’attention, les cadres auront également besoin decompétences techniques pour maîtriser les bases de la production multimédia numérique, ycompris la prise de vue et, si nécessaire, l’édition des vidéos.

De nombreux cadres dirigeants disposent à présent d’outils de production et de partage devidéos, avec lesquels ils peuvent mettre en ligne des enregistrements de réunions sur unserveur interne auquel les employés peuvent accéder.

Mark Begor, qui dirige le pôle immobilier de GE Capital, était nerveux lorsqu’il a réalisé sonpremier message vidéo « brut ». « J’étais habitué à un environnement de studio où je pouvaisfaire plusieurs prises et où les éditeurs polissaient ce que je voulais dire. » Ce malaise disparutpourtant rapidement avec la pratique. Il produit maintenant de façon routinière une vidéohebdomadaire de cinq à dix minutes pour sa division. « Je parle de ce que j’ai appris au coursde la semaine, d’un gros contrat que nous avons obtenu et de l’actualité de l’activité. J’ajouteégalement des commentaires à propos des employés que je souhaite valoriser. » Selon MarkBegor, une telle routine l’oblige à cristalliser sa pensée, et créer des histoires courtesauxquelles les gens peuvent s’identifier lui donne une conscience accrue de sa stratégie et de

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sa communication.

A l’instar de Mark Begor, d’autres ont découvert que dans ce processus, la logique des médiasparticipatifs diffère significativement de celle de la diffusion traditionnelle de vidéo enentreprise, où le moindre élément de communication est millimétré à la perfection. Trop deperfection est au contraire un obstacle à la collaboration et la co-création, car au final elledissuade de participer. Pour réussir dans l’univers des médias sociaux, il est impératif pour lesdirigeants d’adopter un état d’esprit d’ouverture et d’imperfection, et ceux-ci doivent avoir lecourage d’apparaître « bruts » et sans vernis – des qualités qui peuvent se révéler aussidifficiles à développer que de développer des compétences créatives ou techniques.

2. Le dirigeant – distributeur: exploiter la dynamique de diffusion

Les dirigeants d’entreprises diffusent traditionnellement l’information au fil d’une chaînelinéaire et bien contrôlée, qui commence après le développement d’un processus formel decréation-signification – songeons à la façon dont nos entreprises créent et distribuent desmémos expliquant les nouvelles initiatives. Bien que les voies de diffusion traditionnelles nesoient pas vouées à disparaître, les médias sociaux révolutionnent le processus d’informationstandard en l’inversant. La communication sociale fait de la dissémination le point de départ,puis elle invite les forces vives de la société à co-créer et à et contextualiser le contenu pourcréer du sens original. Les messages sont rediffusés et reformulés à volonté par lesdestinataires qui repostent des vidéos, retweetent et commentent sur les blogs, et utilisent desfragments de contenu créé par d’autres personnes pour créer leur propre « mix ».

A l’heure où les médias de masse (verticaux) et les médias participatifs (horizontaux)convergent, les dirigeants se doivent de maîtriser l’interaction de deux paradigmesfondamentalement différents : celui des canaux traditionnels, qui suit une logique de contrôle,et celui des nouveaux canaux, où il est essentiel de laisser les dynamiques du système semettre en place d’elles-mêmes sans intervenir trop directement. Dans la mesure où les cadresne seront pas en pas en mesure de canaliser ou de contrôler un message dès le moment où ilentre dans le système, ils devront comprendre ce qui pourrait l’amener à devenir viral etcomment il peut être modifié et annoté au fur et à mesure de sa circulation à travers le réseau.La capacité de distribution – c’est-à-dire la capacité d’influencer la façon dont les messagessont véhiculés à travers des organisations complexes, devient par conséquent tout aussiimportante que la capacité de créer un contenu attrayant.

De fait, la capacité de créer et de maintenir un corps de followers sociaux qui aideront àvéhiculer et renforcer le message est également très importante. Il devient essentiel de savoirqui sont les personnages clé dans une organisation, ses leaders d’opinion – souvent informels– et de s’appuyer sur leur autorité pour diffuser du contenu à travers les bons canaux. Afin detirer le meilleur parti des communications qui circulent en permanence autour d’eux, lesdirigeants doivent embrasser leur rôle de redistributeurs du contenu qu’ils reçoivent.

Lorraine Bolsinger, vice-présidente et directrice générale de GE Aviation Systems, a acquis cescompétences par l’expérimentation. Elle a commencé à bloguer il y a quelques années mais n’apas obtenu beaucoup de réactions au début. « Il a fallu du temps pour obtenir de mon publicqu’il participe activement », se souvient-elle. « J’ai dû trouver mon style et devenir plusfamilière, plus décontractée. » Afin d’accroître l’attrait et la durabilité des échanges, elle afinalement créé un « blog 360 », où tous ses collaborateurs directs bloguent avec elle sur lamême plate-forme. Ce blog en réseau, avec 12 contributeurs réguliers, fournit des points devue additionnels sur toutes les questions, stimule une communication plus fréquente, et attireune plus large participation. Selon elle, au sein de son groupe, la qualité des échanges sur la

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stratégie et les opérations s’est améliorée grâce à ces efforts.

3. Le dirigeant – destinataire : gérer le trop-plein de communication

Les médias sociaux ont créé un océan d’informations. Nous sommes noyés dans un flotincessant d’e-mails, de tweets, de mises à jour Facebook, de flux RSS et autres et il est souventdifficile de s’y retrouver. « C’est une véritable cacophonie», déclare Stuart Dean, directeurgénéral de GE ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), blogueur actif et tweeterrégulier sur des sujets relatifs à son marché. « J’utiliserais beaucoup plus Twitter commesource d’information si je pouvais obtenir exactement ce dont j’ai besoin. »

Un sentiment partagé par la plupart des dirigeants que nous connaissons – nombreux étantceux qui trouvent à peine le temps de gérer leur flot d’emails quotidiens. Comment faire? Dansun premier temps, les dirigeants doivent maîtriser les outils informatiques et autresparamètres qui permettent à un utilisateur de filtrer et de séparer l’important de l’accessoire.Toutefois, s’y retrouver aujourd’hui dans un environnement aussi turbulent exige plus que desimples compétences de filtrage.

Dans la communication d’entreprise traditionnelle, la consommation est un acteessentiellement passif : vous êtes à peu près livré à vous-même pour donner un sens auxmessages et pour évaluer tant leur pertinence que leur crédibilité. Dans le domaine desmédias sociaux, il ne faut que quelques secondes pour partager et commenter l’information, etles dirigeants doivent évaluer quand répondre (et quand ne pas le faire), quels messages ilfaudrait mettre en lien avec leurs blogs, quand copier des éléments et les intégrer à leurpropre mix, et ce qu’il est utile de partager avec leurs différentes communautés. La création desens devient donc un processus collaboratif dans lequel les dirigeants doivent jouer leurpartition de façon très réfléchie, car c’est précisément là que l’acceptation des messages ou larésistance envers eux vont se jouer.

« Il faut voir l’univers de la communication dans son entièreté, c’est à dire l’interaction entreles médias traditionnels et les médias sociaux », affirme Bill Ruh, directeur du Software andAnalytics Center de GE. Car si les dirigeants sont affectés par ce déluge d’informations, il en vade même pour leur personnel. « En tant que dirigeant », explique Ruh, « il faut développerune empathie pour les différents canaux et la façon dont les gens consomment l’information ».

4. Le dirigeant – conseiller et maître d’œuvre : être le moteur de l’utilisationstratégique des médias sociaux

Dans la plupart des entreprises, l’apprentissage des médias sociaux en est à ses balbutiements.Les attentes sont souvent élevées quant au potentiel de ces technologies afin de recouper lessilos fonctionnels et sectoriels. Mais sans orientation et sans coordination, et sans les capacitésdont nous parlons ici, l’enthousiasme pour les médias sociaux peut se retourner contre sesutilisateurs et provoquer de graves dégâts.

Afin de tirer le meilleur parti du potentiel des médias sociaux, les dirigeants doivent jouer unrôle actif dans l’apprentissage de ces nouveaux médias par leurs collaborateurs immédiats etautres relations. Dans ce tour d’horizon à 360 degrés, les dirigeants doivent devenir desconseillers de confiance, des soutiens actifs pour leur environnement dans l’utilisation desoutils sociaux, tout en veillant à ce que la culture de l’apprentissage et de la réflexion « prenne». Par ailleurs, à l’heure où une nouvelle génération qui a grandi parmi ces outils est en trainde faire son entrée dans les entreprises, les dirigeants éclairés pourront accélérer lechangement organisationnel en mettant à profit l’expertise de ces natifs du numérique à

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travers des systèmes de « mentoring inversé » (voir plus loin).

Steve Sargent, président et CEO de General Electric Australie et Nouvelle-Zélande, estime queles médias sociaux sont en train de remodeler la culture du leadership en poussant lesdirigeants à dépasser les frontières géographiques, à nouer des relations plus étroites avec lesacteurs du marché, et enfin à amplifier l’impact des salariés à la périphérie des processus. Aucours des cinq dernières années, apportant une démonstration de faisabilité, Steve Sargent amis en place un réseau industriel minier transversal qui court à travers les différentes activitéset régions de GE. Ce réseau relie des équipes informelles qui utilisent des plates-formessociales afin de collaborer pour la résolution des besoins des clients. Les employés de GE auBrésil, par exemple, travaillent désormais avec des collègues australiens pour développer desproduits et des services pour les clients ayant des activités dans les deux pays. Le succès duréseau a conduit l’entreprise à l’élever au statut d’activité minière GE à part entière. « Lesmarchés d’aujourd’hui sont complexes et multidimensionnels, et le leadership n’est pas unequestion de contrôle, mais bien au contraire d’encouragement et d’autonomisation des réseaux», explique Steve Sargent. « Le style de leadership dont nous avons besoin trouve sa pleineexpression dans l’ADN des technologies collaboratives, et je suis déterminé à tirer le meilleurparti de cet ADN autant que je le pourrai. »

Pour atteindre cet objectif, les dirigeants doivent devenir les tuteurs et les orchestrateursstratégiques de toutes les activités liées aux médias sociaux au sein de leur sphère de contrôle,y compris la mise en place de nouveaux postes dont le rôle est de soutenir les logiques decommunication en réseau, par exemple, les community managers, les content curators(veilleurs de contenus), les analystes de réseaux et les entrepreneurs sociaux. Qui plus est, lesunités organisationnelles sachant exploiter les nouvelles technologies de manière coordonnéeet alignée avec la stratégie de l’entreprise gagneront en visibilité et en influence dans ladynamique de pouvoir de leur organisation.

5. Le dirigeant – architecte : créer une infrastructure organisationnelleautonomisante

Les dirigeants qui se sont lancés dans les nouveaux médias pourront en témoigner, l’exerciceoblige à naviguer entre des objectifs potentiellement contradictoires : il faut s’efforcer demettre en place une infrastructure organisationnelle et technique qui encourage la liberté deséchanges, mais il faut dans le même temps procéder à des contrôles qui atténuent les risquesd’une utilisation irresponsable. Le défi en matière de design organisationnel est réel.

La plupart des entreprises ont une organisation formelle bien définie, avec des systèmes dereport vertical bien identifiés. Mais sous la surface des organigrammes et des manuels deprocédures, il existe si on se donne la peine de la chercher une « organisation informelle »implicite, moins administrable, qui a toujours été importante et qui se trouve à présentamplifiée par les médias sociaux. La tâche du dirigeant est de ménager responsabilité verticaleet collaboration horizontale en réseau de telle sorte qu’elles ne se détruisent pasmutuellement.

Ce défi se reflète dans les politiques de GE, qui promeuvent l’intérêt du partage d’expertise etde perspectives avec la famille, les amis, les collègues, les clients et autres acteurs à travers lemonde. Cette ouverture s’accompagne d’une responsabilité partagée : les employés doiventrespecter les normes de transparence et d’intégrité de GE, s’abstenir de parler au nom del’entreprise sans autorisation, et indiquer clairement dans leurs messageries sociales que leursopinions sont purement personnelles.

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Dans cet esprit, la création d’une architecture sociale offrant un espace porteur de sens pourles interactions internes et externes est une mission permanente pour Andrew Way,vice-président de GE Oil & Gas Drilling & Surface Division. « J’aime vraiment tout ce qui estmédias sociaux », déclare-t-il, « alors je m’entoure d’une organisation qui les met en avant ».

Lors du dernier projet en date d’Andrew Way dans cette division, lui et son équipe ont lancéun projet vidéo sur l’histoire de l’entreprise et sa chronologie actuelle. Dans la mesure où lesvidéos sont partagées avec les clients, les membres de l’équipe doivent faire des choix à proposdu contenu susceptible ou non de franchir les frontières de l’entreprise. « C’est quelque chosequi est en évolution constante. Chaque trimestre, l’équipe ajoute une nouvelle séquenceprésentant des choses importantes qui se sont produites au cours des trois derniers mois. Il ena résulté une histoire continue, et les gens attendent avec impatience chaque nouvelle version.»

Pour lui, les vidéos ont soudé les membres de sa division autour d’objectifs communs, ce qui acontribué à accueillir de nouveaux employés à bord et à rendre tout le monde plus compétentdans l’utilisation des nouveaux médias. « Il y a trois ans, on se serait contenté d’utiliserPowerPoint, avec une police de caractères standard. Clairement, une nouvelle culture s’estcréée. » Avantage supplémentaire : ces pratiques permettent de doper la relation avec lesclients, dans la mesure où ces derniers participent souvent à des tournages vidéos afind’animer les séquences. »

6. Le dirigeant – analyste : surfer sur les tendances

Alors que les entreprises commencent tout juste à digérer les conséquences de la révolutiondu Web 2.0, le prochain changement de paradigme frappe déjà à la porte. La prochainegénération de connectivité – l’Internet des Objets – reliera entre eux des appareils, desvoitures et toutes sortes d’objets. En conséquence, il y aura environ 50 milliards d’appareilsconnectés d’ici 2020.3 Cette transformation va ouvrir de nouvelles opportunités, faire éclorede nouveaux modèles économiques et présentera un nouveau point d’inflexion majeur que lesdirigeants devront être capables de gérer.

Il est impératif de se tenir au courant de ces nouvelles tendances et des dernières innovations– et pas seulement de leurs implications concurrentielles ou commerciales, mais aussi de leurimpact potentiel sur les technologies de la communication, ces dernières étant des donnéesfondamentales d’une organisation agile et réactive. Les dirigeants qui sont à l’écoute dessignaux, si faibles soient-ils, et qui expérimentent les nouvelles technologies et leur cortèged’appareils sont ceux qui seront en mesure d’agir plus rapidement que les autres et de récolterles fruits d’une adoption anticipée.

Crotonville, le centre de formation des dirigeants de General Electric, mène un certain nombred’initiatives pour aider les cadres dirigeants à garder une longueur d’avance par rapport à tousces changements, comme l’illustre le programme Leadership Explorations. Lancé en 2011, ceprogramme a vocation à soutenir la formation continue pour les cadres dirigeants et s’estdéroulé dans des lieux liés à une thématique spécifique en matière de direction stratégique.Dans la Silicon Valley, les dirigeants ont fait immersion dans le monde de la technologie depointe. Une partie du programme concernait le « mentoring inversé », avec pour but demettre en relation la « génération du millénaire », née avec le numérique, avec de hautsdirigeants de GE pour les tenir informés des derniers buzz technologiques et les y initier. Or,bien que le stage soit officiellement clos depuis longtemps, de nombreux participantscontinuent à ce jour d’échanger des idées. Mettre en contact direct des leaders chevronnésavec l’état d’esprit de la nouvelle génération les encourage à expérimenter de nouvelles

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technologies, et les prépare à une meilleure relation avec les talents de demain.

Évidemment, ces changements sont encore récents. La plupart des entreprises reconnaissentles médias sociaux comme une innovation de rupture qui va cristalliser des forces plutôt quede les amoindrir. Mais l’apprentissage des médias sociaux tel que nous le définissons ici n’estpas encore pleinement intégré aux modèles de compétence en leadership, ni aux évaluationsde performance ou aux des systèmes d’intéressement. De même, il n’a pas encore trouvé saplace dans les cursus des écoles de commerce ni dans les programmes de développement duleadership.

Cette situation doit changer. Nous sommes convaincus que les entreprises qui développent dèsaujourd’hui une masse critique de leaders maîtrisant les six dimensions de l’apprentissage desmédias organisationnels connaîtront un meilleur avenir. Elles seront plus créatives,innovantes et agiles. Elles attireront et retiendront mieux les talents, et sauront par ailleurspuiser plus profondément dans le vivier des capacités et des idées de leurs employés etrelations. Elles seront plus efficaces lorsqu’il s’agira de collaborer à travers les frontièresinternes et externes et d’atteindre un degré d’intégration mondiale plus élevé. Ellesbénéficieront d’une plus grande proximité et d’une plus grande fidélité dans leur relationclient, ce qui bénéficiera également à leur valeur de marque. Elles seront plus susceptibles dejouer un rôle de premier plan dans leur secteur en tirant profit des capacités de leurspartenaires et de leurs alliances industrielles, par le biais de la co-création, duco-développement, et de la collaboration industrielle dans son ensemble. Enfin elles serontmieux à même de créer de nouveaux modèles économiques qui misent sur le potentiel destechnologies de pointe toujours en évolution.

Il faut du courage pour innover radicalement en matière de leadership et d’organisation, carles systèmes, les cultures et les attitudes préexistants dont nous héritons sont de puissantsvecteurs d’inertie. Fort heureusement, la qualité intrinsèque des médias sociaux est d’êtrepuissant vecteur de transformation. Se lancer dans les médias sociaux confrontera lesdirigeants aux lacunes propres aux structures organisationnelles traditionnelles. Ceux quiremédieront à ces lacunes apprendront à développer les infrastructures permettant un usagevéritablement stratégique des technologies sociales. Les entreprises et dirigeants qui selanceront dans les médias sociaux mettront en marche un cercle vertueux qui leur permettrade capitaliser sur les opportunités et les ruptures qui accompagnent la nouvelle connectivitéd’une société en réseau. Et leur récompense sera un avantage concurrentiel d’un genrenouveau.

Cet article rédigé par Roland Deiser (senior fellow, Peter F. Drucker and Masatoshi ItoGraduate School of Management, Claremont Graduate University, auteur de Designing theSmart Organization: How Breakthrough Corporate Learning Initiatives Drive Strategic Changeand Innovation, John Wiley & Sons, octobre 2009) et Sylvain Newton (GE CrotonvilleLeadership Senior Leader for Business and Regions) a été originellement publié à l’originedans le McKinsey Quarterly [www.mckinseyquarterly.com]. Copyright McKinsey&Company.Tous droits réservés. Traduit et republié sur autorisation.

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ParisTech Review / Rédaction / December 19th, 2011

internet technology and business

L'information est aujourd'hui plus abondante que jamais et sa croissance est chaque jourplus rapide. Il y a encore vingt ans, le principal enjeu était son contrôle, autant en politiqueque dans les entreprises. Aujourd'hui, c'est d'être capable de l'exploiter, de transformer envaleur d'énormes masses de données produites en temps réel.

Le déluge des données numériques, évoqué dans nos colonnes par George Day et DavidReibstein, n’impacte pas que les métiers du marketing. C’est l’ensemble des organisations deproduction qui est touché, et au-delà l’enjeu de compétitivité concerne les économiesnationales. Ceux qui seront capables d’utiliser ces données auront une longueur d’avance pourconnaître les opinions et détecter les mouvements culturels, mais aussi pour comprendre cequi se joue au sein de leur organisation, en améliorant les processus et en informant mieux laprise de décision. Encore faut-il s’en donner les moyens: c’est tout la difficulté du “big data”,qui est à la fois une promesse et un défi. Défi technique, mais aussi intellectuel, car les outilsinformatiques qui permettront d’exploiter ces bases de données ne sont évidemment qu’unepartie de la solution.

L’ère de l’informationLa question a d’abord surgi au sein du monde académique, quand une équipe dirigée par PeterLyman et Hal R. Varian, de l’université de Californie à Berkeley, a entrepris de mesurer laquantité d’information produite et stockée dans les médias, notamment numériques. Unpremier rapport fut publié en 2000 et actualisé en 2003, How Much Information. Il mettait enévidence un phénomène dont on se doutait fortement: non seulement la quantitéd’information double régulièrement, mais elle le fait dans des intervalles de plus en pluscourts. Les raisons invoquées par les chercheurs étaient multiples. Ils citaient notamment lamultiplication des contenus numériques, due à la création, mais aussi à la numérisation dedocuments et plus spécialement d’images. L’archivage électronique, par de nombreusesorganisations, de leurs données physiques, y contribue notablement à cette tendance, demême que le vaste mouvement de numérisation des données imprimées entrepris dès lesannées 1990 par les grandes bibliothèques mondiales.

Lyman et Varian évoquaient aussi la croissance déjà vertigineuse des échanges en ligne, avecle fameux Web 2.0 où chacun est un éditeur en puissance. L’explosion des réseaux sociaux,dans la deuxième moitié des années 2000, n’a fait qu’accélérer cette tendance.

Dans ce contexte, les moteurs de recherche comme Google ont eu un rôle de plus en plusdécisif… et ils se sont mis, eux-mêmes, à fabriquer de l’information, puisque laméta-information (classement, indexation, taguage) est aussi de l’information. Des bases dedonnées gigantesques se sont ainsi constituées, dont l’exploitation a produit de nouvelles

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données.

Aux données brutes se sont progressivement ajoutées des métadonnées, qui constituentaujourd’hui une part croissante de la masse d’information en circulation. Les données brutes,c’est une ligne sur votre compte bancaire ou encore la photo que vous postez sur un site departage. Les métadonnées, c’est par exemple votre profil bancaire, constitué en croisant lesdifférentes données à votre sujet, c’est aussi le réseau de personnes qui a pu voir votre photo,qui l’ont réellement vue, qui l’ont commenté, ainsi que les parcours numériques de cespersonnes pour arriver à votre photo.

Sauf peut-être quelques Indiens isolés dans la forêt amazonienne, chaque être humain laisseainsi des traces numériques de plus en plus abondantes. Les habitants des pays développés enlaissent d’innombrables, des commentaires postés sur des blogs aux transactions en ligne enpassant par la géolocalisation par smartphone. Très vite un certain nombre d’acteurs ontrepéré la valeur de ces traces et appris à les exploiter, notamment Google ou Facebook, quis’en servent pour cibler les publicités qui apparaissent sur nos écrans. D’autres acteurs se sontlancés, comme les compagnies d’assurances qui, dans les pays où c’est autorisé, recueillent desdonnées personnelles pour enrichir et affiner leurs actuaires.

Les métadonnées sont réactualisées constamment, ce qui peut amener à voir le monde del’information comme un univers de flux éphémères. Ces flux nourrissent des stocks, desbanques de données, mais on peut aussi les filtrer en temps réel, en les considérant commeune énorme masse en mouvement et non comme un volume inerte. Ce sont ces big data quisont aujourd’hui au centre de toutes les attentions.

Une révolution informatiqueL’informatique d’hier a été construite autour de la gestion de bases de données relativementstables, relativement fermées et, pourrions-nous ajouter, relativement limitées. La révolutionen cours concerne aussi bien l’échelle, avec des masses de données littéralement gigantesques,que la réactualisation constante due à l’ouverture des bases sur des flux. À quoi s’ajoutent lacomplexité des formats et l’interconnexion entre les bases, qui exclut l’usage des outils degestion traditionnels.

Certes, le coût de stockage tend aujourd’hui à baisser presque aussi rapidement que le volumestocké augmente. Par ailleurs, des outils ont été développés, notamment des superordinateurs,qui permettent de gérer des bases considérables.

Au-delà du hardware c’est la nature même des outils d’analyse, dans le domaine du software,qui est aujourd’hui en question. Les outils traditionnels, par exemple les algorithmes d’analysedécisionnelle, sont tout simplement dépassés par la masse de données considérées et par leurdissémination. Les données des big data ne sont pas toutes dans la “base de données”: ellessont d’abord et avant tout à l’extérieur, et la base est, à proprement parler, virtuelle.

Le développement d’Internet et l’apparition de services de grande audience a été un défi pourles systèmes de gestion de base de données. L’idée même de base de données relationnelle (unstock d’informations décomposées et organisées dans des matrices appelées relations outables) est dépassée par la fluidité des données et par leur caractère mouvant. Et avec les basesde données ce sont les anciens langages de requêtes structurés (Structured Query Language,SQL) qui sont emportés, puisque leur fonctions (grossièrement: définir des données, lesclasser) sont opérationnelles à l’intérieur d’une base fermée, mais perdent de leur efficacitédans un système ouvert.

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Les nouveaux systèmes de gestion ont dû renoncer à certaines fonctionnalités pour gagner enpuissance de calcul. On a ainsi vu apparaître de nouveaux outils: des bases de donnéesorientées par colonnes et non par lignes, ou encore des bases de données “in-memory”, quifont travailler principalement la mémoire centrale, et non des disques. Les bases de données“in-memory” sont plus rapides que les autres, car l’accès aux données et algorithmesd’optimisation internes sont plus simples: la lecture des données est ainsi exécutée plusrapidement.

Mais l’innovation majeure, qui constitue une rupture, ce sont les outils alimentés en tempsréel, dont le fonctionnement n’est plus fondé sur les données stockées mais sur les fluxentrants, et dont le traitement est délocalisé. C’est le cas de Streambase, ou de Hadoop, uneplateforme libre qui permet le traitement parallèle de données sur différentes machines. Letraitement proprement dit est divisé en deux types d’opération: le mapping est le traitementd’un sous-ensemble de données, le reducing est la synthèse agrégée des résultats des mappers.

Cette technique de cloud computing a été adoptée notamment par les grands réseaux sociaux,et son horizon est de délocaliser à l’infini le traitement des données: chaque utilisateur actifreprésente un ensemble de données, mais aussi un ordinateur disponible.

Que faire de ces données? Parmi les outils d’analyse particulièrement novateurs figurent lesgraphes, qui permettent de cartographier les interactions entre acteurs d’un réseau. Commel’explique Henri Verdier, Google+, le nouveau réseau social de Google, est entièrementconstruit autour des “cercles” de relations, gérés par l’utilisateur, qui offrent au géant uneconnaissance incomparable des dynamiques sociales, à la fois générales (tendances,propagation des opinions, etc.) et personnelles (pratiques, habitudes, affinités). Les graphesqui permettent de modéliser les dynamiques des petits groupes sont générés en temps réel etde façon automatisée, pour le ciblage de la publicité, mais on peut aussi les agréger pourdétecter des tendances, des mouvements d’opinion, des usages émergents. Cela offre à Google,non seulement une idée précise des pratiques de consommation, mais une informationextrêmement précise sur ses partenaires commerciaux, ce qui lui confère un pouvoir denégociation sans équivalent.

Un enjeu de compétitivité?Si l’on voit bien l’intérêt de ces nouvelles technologies pour les géants de l’Internet, la questionse pose aussi pour un grand nombre d’entreprises et d’acteurs publics. Car ces données sontune mine encore inexploitée. C’est évidemment un enjeu essentiel que d’être capable de lesanalyser. Une partie de la réponse est technique, l’autre tient à la capacité à mobiliser desressources et des compétences, à la fois pour mettre en place les outils, les gérer, et en tirerdes informations utiles.

Une étude de McKinsey a tenté de mesurer le potentiel économique de cette nouvellefrontière technologique, et les résultats sont prometteurs. Selon les consultants de McKinsey,l’ensemble des secteurs économiques, mais aussi des administrations publiques, devraientpouvoir en profiter.

Cela semble évident dans des secteurs comme le marketing ou la gestion des stocks, chez lesgéants de la distribution par exemple. Des capacités accrues en la matière auraient un effetdirect sur leurs marges nettes. Mais les grandes administrations (fisc, santé publique), quigèrent les données des dizaines de millions de citoyens ou d’assurés sociaux, pourraient ellesaussi affiner considérablement leurs modes de gestion, en repérant les tendances etnotamment les dérives de coût, en détectant mieux les anomalies (et donc les fraudespotentielles), et plus généralement en comprenant mieux les usages et les pratiques. McKinsey

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évoque également des gains de productivité dans le monde industriel.

Cela suppose des compétences, et donc un effort de formation en interne, dans lesorganisations concernées, mais aussi dans le monde universitaire. Constituer ce vivier decompétences est un processus long et difficile, où se jouera sans doute une partie de lacompétition de demain.

Une révolution scientifique?Au-delà des enjeux économiques, le big data est en train de modifier considérablement lafaçon dont travaillent les scientifiques. Comme l’explique Jannis Kallinikos, professeur demanagement à la London School of Economics, “de plus en plus, le développement desconnaissances et plus généralement la construction du sens sont conduits à partir decommutations et permutations exécutées sur d’énormes masses de données”. C’est unetendance déjà ancienne dans les sciences sociales, mais elle s’étend à l’ensemble desdisciplines.

Les conditions dans lesquelles les données sont capturées et agrégées surpassent de loin lacapacité de mémoire et de concentration des meilleurs experts. Jannis Kallinikos prend unexemple paru dans le magazine Wired, celui d’un chercheur de l’université de Californie quicherche à comprendre le vieillissement des os. Son outil, c’est un ensemble de scans, quipassent sur des planches de rayons X à très haute résolution et combinent ces images en unestructure à trois dimensions. Les résultats sont ensuite agrégés. Le but principal du scannagedes os, observe Jannis Kallinikos, n’est plus de fournir des preuves aux experts: laconnaissance médicale qui émergera finalement de ces données dérivera de corrélationsstatistiques extraites des téraoctets de données produites par des millions de scannages. Onn’est plus dans la confrontation d’une théorie à la réalité, mais dans un process entièrementnouveau: le modèle, s’il existe, émerge de processus bottom-up de manipulations statistiquesde données.

Le fameux gourou du Web, Chris Anderson, prédit ainsi la fin des théories, c’est-à-dire de lascience telle que nous l’avons connue: un développement conceptuel déductif fondé sur despreuves empiriques. De plus en plus, explique-t-il, la connaissance sera produite d’une façoninductive, à partir des corrélations extraites de grandes masses de données. C’est sans doutediscutable; mais le débat est ouvert.

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Pour maîtriser le web

Les géants d’internet collectent des informations sur nous tous (1,3Mo de données pour Olivier Ertzscheid, prof à l’université de Nantes qui a fait le test sur facebook en 2010) et nous ciblent dans leurs offres et même dans leurs réponses.

Autant suivre cela de près.

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affordance.typepad.com

NOV. 14, 2010

Billet où il sera notamment question de données personnelles, de la bibliothèque du Congrès, de la guerre des graphes, de la

société de la requête, de millions de méga-octets, de thesaurus et de webmail ...

Ca y est c'est fait. Sur mon compte Facebook, dans l'onglet "Account" > "Account settings", j'ai v u apparaître le petit lien magique que

j'attendais tant : "Download y our information"

J'allais enfin pouv oir télécharger toutes mes données personnelles. Après av oir indiqué que "oui, oui, je suis sûr de bien vouloir les

télécharger", et une heure plus tard, j'ai reçu dans ma boîte mail un message de Facebook av ec un lien d'activ ation pour accéder au

précieux fichier.

Mais il m 'a d'abord fallu doublement montrer patte blanche : une première fois en redonnant mon mot de passe (ok, précaution

élémentaire), et une deuxième fois en jouant au jeu des photos de mes amis.

Je traduis : "Pour vérifier que vous êtes bien le propriétaire de ce compte, merci de reconnaître les personnes tagguées sur ces photos

suivantes." Il faut reconnaître 5 amis et on l'on n'a droit qu'à 3 erreurs ("I 'm not sure"), soit 8 questions en tout. Le problème c'est que les

photos affichées ne sont pas des portraits de v os amis, mais des photos prises au hasard dans le photostream de tous v os contacts Facebook,

c'est à dire toutes les photos déposées par tous v os amis.

Et là première angoisse : je suis ami av ec plein de gens, mais surtout j'ai plein "d'amis d'amis" et encore dav antage "d'amis

étudiant(e)s". Et autant v ous dire que je ne passe pas mon temps à regarder toutes les photos postées sur Facebook par tous mes "amis".

Et donc ça ne loupe pas, on me demande de reconnaître quel est l'ami qui se cache derrière ces photos :

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Voilà v oilà v oilà ... Donc ben du coup je n'ai plus droit qu'à 2 erreurs en espérant que les autres photos seront plus ... explicites. Quelques

reconnaissances plus tard, c'est gagné :

Une fois le téléchargement effectué, je me retrouv e av ec çà :

Le dossier av ec :

mes photos de profil (album-Profile Pictures.html)

la liste alphabétique de tous mes amis (friends.htm l)

les év énements auxquels j'ai été conv ié (ev ents.htm l)

mes courriers reçus sur facebook (messages.html)

tout ce que j'ai posté sur mon "mur" (profile.html), soit - en ce qui me concerne - l'équiv alent de 1 50 pages Word, et ce qui m'a

permis de retrouv er la date précise de mon arriv ée sur Facebook : c'était le 1 1 Juillet 2007 à 1 3h40 et mon premier statut disait :

"At home". Largement de quoi imprimer un aussi épais que futile "egobook".

Le dossier av ec :

toutes mes photos (c'est à dire en ce qui me concerne, uniquement 2 pauv res photos de profil)

Soit un dossier complet d'1 ,3 Méga-octets.

Remarque : ce dossier et les fichiers qu'il contient est un "à plat". Ainsi, dans le fichier "profile.html' on retrouv e bien - et on peut

activ er - les liens hy pertextes postés sur mon mur ou dans mes "statuts", mais on ne retrouv e naturellement pas le graphe

relationnel/nav igationnel qui constitue le v rai trésor de guerre de Facebook, notamment - depuis l'activ ation de la fonctionnalité - les

personnes qui ont "aimé" (= le fameux bouton "like") tel ou tel statut.

Et maintenant un peu de maths.

Question : Sachant qu'un indiv idu (moi en l'occurence) peut être considéré comme un utilisateur ty pe du réseau social Facebook, et

sachant qu'il y a au moins 500 millions d'utilisateurs sur Facebook, quel est le poids des données personnelles détenues par Facebook ?

Solution : 500 millions multiplié par 1 ,3 méga-octets = 650 m illions de mégaoctets.

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Ce qui nous donne : 650 Téra-octets de données personnelles disponibles sur Facebook.

65 fois la bibliothèque du Congrès, rien qu'avec les données personnelles.

Sachant que "10 téraoctets pourraient contenir toute la collection des ouvrages imprimés de la bibliothèque du Congrès" (source), on peut

donc supposer que Facebook détient au moins l'équiv alent de 65 bibliothèques du Congrès uniquement com posées de données

personnelles. Celle-ci comptant plus de 33 millions d'ouv rages, cela fait donc l'équiv alent de (33 x 65) : 2145 millions de livres de

données profilaires. Et encore, je dis bien "au moins" car dans les profils Facebook ce sont les photos qui prennent le plus de place, que

je n'en ai que deux (photos) dans le mien et qu'en m oy enne mes amis sont plus proches d'une bonne cinquantaine (de photos toujours), et

je ne v ous parle même pas de mes "amis-étudiants" (il n'est pas rare de v oir plus de 300 photos dans certains profils). Mais bon on v a pas

chipoter, l'ordre de grandeur me semble déjà suffisamment parlant ...

Mon mur, ma bataille. L'équiv alent de 1 50 pages word pour moi en 3 ans, et pour 499 999 999 autres, 21 45 millions de liv res de

données profilaires dont probablement plusieurs centaines de millions également et uniquement remplis de ces traces profilaires,

conv ersationnelles, le reste étant occupé par la documentation iconographique rétrospectiv e des 500 millions d'habitants de cette

communauté. Vertigineux.

Facebook en grand ordonnateur du nouvel ordre documentaire mondial ? Facebook est, par le nombre, la première

communauté humaine de la planète numérique. Si l'homme est un document comme les autres, et si l'ordre documentaire du 21 ème

siècle sera celui d'un pan-catalogue des indiv idualités humaines, Facebook est en bonne place pour rem porter la mise ou pour en dev enir

à tout le moins le grand ordonnateur, le grand sachem de ce qui est "su".

De la thesaurisation des profils au trésor de guerre.

Au-delà des chiffres et des questions de "v ie priv ée", il faut relire ce billet de Tim Berners Lee, une nouv elle fois v isionnaire, dans lequel il

év oque le Giant Global Graph.

Le net est un graphe d'ordinateurs connectés.

Le web est un graphe de contenus connectés, dont Google est, pour l'instant, l'outil qui permet le mieux d'en sonder les profondeurs,

d'en donner l'image la plus "complète" possible.

Les réseaux sociaux sont un graphe d'indiv idus connectés, dont Facebook est, pour l'instant, l'outil qui permet le mieux d'en sonder

les profondeurs, d'en donner l'image la plus "complète possible".

L'enjeu est désormais de sav oir qui sera le premier à pouv oir réunir la puissance des 2 graphes

La guerre des graphes a désormais officiellement commencée. Et comme toutes les guerres :

elle fut d'abord larv ée, chacun essay ant de circonscrire au mieux ses frontières naturelles (les contenus pour Google, les profils pour

Facebook)

elle fut ensuite une série de petites offensiv es permettant de jauger les forces et faiblesses de l'adv ersaire en env oy ant une petite

armée le combattre sur son terrain : ce que tenta de faire Google en lançant "son" réseau social (Orkut), ce que tenta de faire

Facebook en nouant alliance av ec Microsoft pour s'installer - mais en restant dans ses frontières - sur le marché du "search"

Et puis un jour, à l'occasion d'une escarmouche, on sort l'artillerie lourde et on engage "officiellem ent" le début des hostilités. C'est

désormais chose faite entre Google et Facebook.

L'escarmouche ce fut ce "chev al de troie" qui permettait à un nouv el arriv ant sur Facebook d'importer rapidement l'ensemble de ses

contacts Gmail pour densifier rapidement son réseau d'amis. Jusqu'à ce que Google exige une contrepartie, c'est à dire que les

utilisateurs de Gmail puissent récupérer et importer - par exemple - leurs contacts Facebook. Un blocage par ailleurs rapidement

contourné par Facebook.

Et l'on apprend (sur Techcrunch) que Facebook lancerait (demain lundi ?) son webmail, nom de code "projet Titan" (sic) :

"Le réseau social proposerait ainsi à ses utilisateurs, qui sont plus de 500 millions dans le monde, une adresse email personnelle

@facebook.com, permettant d'envoyer des mails à tous les internautes, qu’ils aient une messagerie Hotmail, Yahoo ou Gmail.

Aujourd’hui, les membres de Facebook ne peuvent envoyer de messages qu’aux autres membres du site." (Source)

Le courriel et les webmails sont, pour ces deux acteurs, un chev al de troie idéal et hautement stratégique permettant d'assiéger la

place-forte de nos pratiques connectées :

d'abord parce que les mails rassemblent, parce qu'ils "sy nthétisent" notre réseau relationnel (nos "contacts"),

ensuite parce qu'ils sont le point d'entrée le plus aisé v ers le cloud computing, le stockage "dans les nuages" ou plus exactement sur

les serv eurs de ces grandes compagnies de pans entiers de nos v ies sociales (pièces jointes, documents de trav ail, photos, etc ...)

parce qu'ils contiennent également ce que nous av ons à raconter de plus "intime", de plus "personnel" et qu'ils permettent donc

d'affiner encore l'affichage de publicités "contextuelles" en scannant le contenu desdits mails,

enfin parce que les webmails peuv ent, au sein d'un écosy stème semi-fermé (comme Facebook) ou semi-ouv ert (comme Google et sa

galaxie de serv ices), constituer un point piv ot autour duquel hiérarchiser l'ensemble des autres données affiliées à notre profil, à

notre "empreinte numérique".

Techcrunch souligne ainsi que "Facebook aurait les moyens à la fois de hiérarchiser les courriels et de les intégrer à ses autres fonctions

(partage de photos, calendrier etc.) d'une façon très convaincante." (source)

Thesaurus : From society of query to society of contact. Google est depuis longtemps emblématique de ce que Geert Lov ink appelle

une "Société de la requête". Facebook représente lui, les promesses d'une société des contacts étendus, ou distendus. Or requêtes comme

contacts représentent la conquête et l'apprentissage d'un langage commun à l'humanité tout entière ; plus précisément un thesaurus,

c'est à dire :

"un type de langage documentaire qui consiste en une liste de termes sur un domaine de connaissances, reliés entre eux par des relations

synonymiques, hiérarchiques et associatives."

En l'occurence, de l'approche commune de Google et Facebook on pourrait dire qu'elle v ise à faire émerger et à circonscrire un ty pe de

langage documentaire qui consiste :

en une liste de requêtes (déposées sur le moteur ou sur chacun de nos "murs"),

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liste de requêtes portant sur l'ensemble des domaines de connaissance existants (des plus fondamentaux aux plus futiles),

Lesquelles requêtes sont reliées entre elles :

par des relations lexicales (ingénierie linguistique)

et associativ es "amicales" ou "contactuelles" (ingénierie de la recommandation reposant sur des graphes relationnels)

permettant de hiérarchiser l'ensemble des requêtes et des profils en fonction du contexte de la requête et/ou du profil du requêtant.

Moralité. L'éty mologie du mot thesaurus désigne, en latin, le "trésor".

De ce trésor là nous n'av ons pas encore fini de mesurer la v aleur.

De ce trésor là nous connaissons déjà ceux qui v eulent en être les grands av aleurs.

Original URL:http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2010/11/recuperation-donnees-personnelles-facebook.html

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La vie privée, un problème de vieux cons ?Posted By Jean-Marc Manach On 12/3/2009 @ 7:19 In Confiance et sécurité,Débats,Droitsnumériques,Identité numérique,Opinions | 94 Comments

MaJ : au vu de son succès, cet article est devenu un livre, au titre éponyme, La vie

privée, un problème de « vieux cons » ? [1], qui peut être commandé sur Amazon[2], la Fnac [3], l’AppStore [4] (pour iPhone & iPad), et dans toutes les bonnes

librairies [5]…

Sommes-nous aussi coincés et procéduriers au regard de notre vie privée que la société de nosgrands-parents l’était en matière de sexualité ? Dit autrement : assiste-t-on aux prémices d’unbouleversement similaire, d’un point de vue identitaire, à celui de la révolution sexuelle ?

[6]C’est la thèse esquissée dans un très intéressant

article [7] consacré aux bénéfices sociaux, personnelset professionnels du partage des données par lesutilisateurs de réseaux communautaires et sociaux type“web 2.0“.

Pour le professeur Ravi Sandhu [8], responsable de

l’Institut de la cyber sécurité [9] à l’université du Texasà San Antonio, l’absence de pudeur des “natifs dunumérique” (traduction de digitals natives, le surnomdonné à ceux qui ont grandi environné de technologiesde l’information) serait comparable à l’attitudedésinhibée avec laquelle les jeunes des années 60-70abordaient la sexualité :

“Au début, les gens avaient très peu d’inhibitions,et adoptaient des pratiques très risquées. Nousen sommes un peu à ce stade, en matière departage de données. Avec le temps, les gens ontappris que ce n’était pas sans danger.”

Ce qui n’a pas empêché la libération sexuelle d’avoirlieu, et de profiter, in fine, à l’ensemble de la société.

La thèse est intéressante, la personnalité de ses

auteurs ne l’est pas moins. Don Peppers et Martha Rogers [10], les auteurs de l’article, sont à la

tête d’un cabinet [11] de consultants spécialistes de la relation clients, et 1to1media, le journal oùa été publié leur article, en est une filiale.

Ravi Sandhu, quant à lui, déclarait récemment qu’il travaillait “en synergie [12]” avec la NationalSecurity Agency (NSA), le plus important des services de renseignement américains, qui a pourmission d’espionner les télécommunications : la NSA vient en effet d’implanter un nouveausupercentre de “fouille de données” (data mining, en VO) à San Antonio, et elle embauche uncertain nombre des étudiants de Sandhu.

[13]On peut facilement comprendre que des gens dontle métier est d’agréger des données personnellesmilitent pour un changement de comportementvis-à-vis de la notion de vie privée, et cherchent à faireaccepter l’idée que la population n’a rien à en craindre,mais tout y à gagner. Cette précaution prise, leurquestion fait-elle pour autant sens ?

Big Brother, un truc de vieux ?

Récemment on apprenait [14] que si un mineur sur cinqfait effectivement l’objet d’avance sexuelle vial’internet (une proportion tombée de 19 à 13% entrel’an 2000 et 2006), 90 % de ces “avances” sont le fait

InternetActu.net » La vie privée, un problème de vieux cons ? » Print http://www.internetactu.net/2009/03/12/la-vie-privee-un-probleme-de-...

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de personnes du même âge.

Ces avances relèveraient, pour l’essentiel, deplaisanteries, mais feraient aussi de plus en pluspartie du “nouvel ordre” amoureux : aux Etats-Unis,un adolescent sur cinq, et un jeune adulte sur trois,ont ainsi déjà envoyé des photos ou vidéos d’eux-mêmes, nus ou à moitié nus, par l’internet ou letéléphone mobile.

En France, un rapport parlementaire avançait [15] il y a peu que de nombreux collégiens n’iraientplus aux toilettes de peur d’y être photographiés. Et les 3/4 des jeunes Américains sondésreconnaissent qu’envoyer des contenus sexuellement suggestifs “peut avoir des conséquencesnégatives sérieuses”, d’autant qu’ils savent (à 44 %) que ces contenus peuvent être partagés avecd’autres personnes que les premiers destinataires.

En tout état de cause, le jeu en vaudrait la chandelle : les éventuels dommages collatéraux quepermettent ces technologies, complètement intégrées dans leurs vies, ne leur font pas plus peurque l’utilisation de la voiture, pourtant bien plus mortelle, n’effraie leurs parents.

Slate.fr publiait ainsi récemment une chronique de Matthieu Josse intitulé La peur de la

géolocalisation, c’est un truc de vieux ? [16] :

“La géolocalisation en temps réel, c’est un truc qui fait un peu peur à tout le monde.Et pourtant, vous n’y échapperez pas. Surtout vos enfants. Car cette technologie estdéjà bien avancée et il n’y a aucune raison que les plus jeunes n’y trouvent pas uneutilité sociale.”

[17]L’argument est un peu court. Mais les deuxexemples d’utilisation donnés par Josse offrent une clefd’interprétation :

“Tout de suite, tout le monde a pensé à unaspect positif (savoir où est son môme) avant deverser dans la parano tendance espionnage(votre femme/mari sait où vous êtes etéventuellement où vous n’êtes pas censé être).”

Comme s’il était “normal” de pouvoir géolocaliser sonenfant, alors qu’il ne le serait pas de le faire entreadultes. Comme si les “natifs du numérique” avaientcomplètement intégré le fait de pouvoir, en tout tempset tout lieu, être surveillé par une technologie.

Mieux : loin de le percevoir comme une atteintepotentielle à leur vie privée, ils se focalisent sur l’utilitésociale, et les bénéfices, que d’autres d’abord, et euxensuite, pourraient en tirer.

Lors de l’université de printemps de la Fing de 2007,

consacrée aux apprentis sorciers [18], plusieursétudiants de l’Ecole nationale supérieure de créationindustrielle (Ensci) ne comprenaient pas pourquoi nousétions plusieurs à être perturbés par leur façon décomplexée d’imaginer des usages ludiques -et

commercialisables- des technologies de surveillance (leurs affiches [19] illustrent ce billet).

Plus précisément, ils estimaient que si nous avions été choqués, c’est parce que nous étions“vieux“, que ces technologies faisaient partie de leur vie, qu’ils avaient grandi avec, qu’elles neleur posaient pas de problèmes et que nous devrions bien nous y adapter.

Le parallèle avec la révolution sexuelle s’arrête là. Au siècle dernier, les jeunes -et notamment lesfemmes- dénonçaient les tabous et carcans de la société, et voulaient plus de libertés.Aujourd’hui, les natifs du numérique ne militent pas “contre“, mais “pour” : ils vont dans le sensdu vent, non seulement de ceux qui font profession de nous “profiler“, mais aussi de ceux quiprônent les notions de bien commun et de partage des données, pour une redéfinition de la notionde propriété tel qu’on le voit à l’oeuvre avec la culture du “Libre” (créative commons, logicielslibres).

[20]Car ceux que perturbent l’idée de voir leurs enfants(ou salariés, collègues, amis) être ainsi “espionnés”

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pointent surtout le risque de “contrôle à distance, deconformisme anticipatif (et) d’incitation àl’autocensure” qu’induit ce maillage et cetteinterconnexion de données, comme le rappelle

Antoinette Rouvroy [21], du Centre de rechercheinformatique et de droit de l’université de Namur, dansun article intitulé “Réinventer l’art d’oublier et de sefaire oublier dans la société de l’information ?” quevient de publier L’Harmattan dans un recueil sur La

sécurité de l’individu numérisé [22]. Comme l’expliquaitGilles Deleuze :

“Le propre des normes modernes, et c’est ce quicaractérise le passage progressif de la sociétédisciplinaire décrite par Michel Foucault (…) à lasociété de contrôle (…), est que ce sont lesindividus qui doivent s’imposer eux-mêmes nonseulement le respect, mais l’adhésion auxnormes (…). Le pouvoir prend, dans la sociétémoderne, la forme d’offres de services oud’actions incitatives bien plus que de contrainte.”

Tous “à poil” sur le Net ?

Olivier Auber, volontiers provocateur, lançait pour sa part, l’an passé, et un peu à la manière de

certaines communautés des années 70, un Club des naturistes numériques [23] sur Facebook :

“A poil sur l’Internet, et de manière militante ! C’est l’Internet qui doit s’adapter ànotre condition naturelle, pas l’inverse. A quoi sert la nature si l’on ne peut pas allery batifoler à son aise ? A quoi sert le réseau si l’on ne peut pas y apprendre et rêversans menaces (celles de la surveillance généralisée, du marketing, du regardd’autrui) ? Les naturistes numériques n’entendent rien protéger de leur intimitéphysique ou numérique. Ils veulent nager nu et librement dans l’immensité duréseau. Il veulent ressentir chaque vibration de la toile sans filtre et sans peur.”

A ceci près que le problème des naturistes, ce n’est pas d’être nu, mais la façon qu’ont certains deles regarder, notamment ceux qui restent habillés. Nombreux sont ceux qui, utilisant des espacesprotégés des regards extérieurs (communautés virtuelles semi-fermées, profils Facebook à accèsrestreint, etc.) s’ébattent depuis longtemps sur le Net, en toute liberté, et y échangent photos,vidéos et messages persos sans craindre de les voir exposés au tout venant.

Mais plus nombreux encore sont ceux qui s’épanchent sans se protéger, s’exposant au risque dese voir licenciés, non recrutés ou humiliés pour des propos ou photos considérés, à tort ou àraison, comme déplacés.

Le naturisme se définit [24] comme “une manière de vivre en harmonie avec la nature,caractérisée par la pratique de la nudité en commun, ayant pour but de favoriser le respect desoi-même, le respect des autres et de l’environnement“.

La notion de respect de l’autre, et de soi-même, est fondamentale. Or, confrontée à un regardextérieur, non préparé, non conscient des enjeux, et des règles, qui prévalent en la matière, lanudité peut choquer, ou être détournée de son objet initial.

Le chapitre intitulé “Little Brother is watching you” du recueil sur La sécurité de l’individu

numérisé [22] revient ainsi sur le débat qui a suivi la mise en ligne [25] des salaires et déclarationsfiscales des Suédois :

“Nous avons conclu que la qualité des informations est aussi reliée à la qualité de lalecture. Le fait de rendre accessible à tous des informations personnelles sans unevérification raisonnable de la qualité est dangereux : des individus peuvent être malreprésentés et il n’existe pas d’assurance que les récepteurs de la (dés)informationsoient suffisamment compétents pour effectuer des jugements judicieux.”

De même que le naturisme n’est pas une incitation au voyeurisme, mais une liberté que certains,dans des espaces-temps bien précis (chez eux ou dans des “clubs” prévus à cet effetessentiellement), font le choix de vivre et d’assumer, et que l’on ne saurait contraindre tout unchacun à vivre nu, en tout lieu et tout le temps, la transparence devrait rester un droit, unepossibilité, pas une obligation, encore moins une contrainte. C’est non seulement une atteinte àl’intimité, mais cela peut aussi être vécu comme une provocation par ceux qui se contentent deregarder, et une humiliation par ceux qui se retrouvent ainsi “mis à nu” par des étrangers.

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Pour en finir avec la vie privée ?

Bill Thompson, célèbre éditorialiste spécialisé dans les technologies à la BBC, avançait [26]

récemment à la conférence Lift qu’on pourrait tirer partie de la fin de la vie privée qu’annoncent

les sites sociaux et notre “société de bases de données“, et repenser [27] ce que nous entendonspar “personnalité“, ainsi que les frontières de ce qui relève du public, et du privé :

“Ceux qui n’hésitent pas à adopter, et utiliser, les technologies qui minent l’ancienmodèle de vie privée ont énormément à apprendre à ceux qui craignent de voirleurs mouvements, habitudes alimentaires, amitiés et manière de consommer lesmédias être accessibles à tous.

Les utilisateurs de Twitter, Tumblr et autres outils de réseaux sociaux partagent plusde données, avec plus de gens, que le FBI de Hoover, ou la Stasi, n’auraient jamaispu en rêver. Et nous le faisons de notre propre chef, espérant pouvoir en bénéficierde toutes sortes de manières.”

Les détectives privés, récemment réunis en congrès, semblent du même avis [28], et semblentlargement profiter de ce naturisme numérique : “Facebook est très efficace, bien plus utile que lesfichiers policiers comme Edvige. La Cnil ne nous met pas des bâtons dans les roues. Les gensracontent toute leur vie en détail. Et le plus fou : les informations sont exactes, la plupart nementent même pas.”

A ceci près que, comme le soulignait [29] Daniel Kaplan, “Edvige stocke par principe de soupçon,sans nous demander notre avis ; les individus en réseau font des mêmes informations “sensibles”(et de bien d’autres qui le sont souvent moins) un usage stratégique, pour se construireeux-mêmes dans la relation aux autres, pour apparaître au monde sous un jour qu’ils auront aumoins partiellement choisi. Du point de vue qui compte, celui des individus, de leur liberté et deleur autonomie, tout oppose donc les deux démarches !”

La comparaison faite entre Edvige et Facebook a ceci de facile et démagogique qu’elle vise, nonseulement à justifier un fichage policier, sinon illégal et amoral, tout du moins problématique d’unpoint de vue démocratique, mais aussi parce qu’elle justifie également toutes sortes de dérives.De même que le port d’une mini-jupe ou le fait de bronzer les seins nus ne sont pas desincitations au viol, l’exposition ou l’affirmation de soi sur les réseaux ne saurait justifierl’espionnage ni les atteintes à la vie privée.

Bill Thompson ne se contente pas de constater ce changement de statut de la vie privée. Pour lui,il devrait aussi constituer l’un des postulats d’un nouveau Siècle des Lumières, numérique, à bâtir.Il estime en effet que nos sociétés sont fondées sur des croyances à propos de l’intimité (et de lapropriété) héritées des Lumières, mais qui seraient devenues obsolètes à l’heure où nos viesdeviennent de plus en plus transparentes.

Pour lui, le droit à la vie privée repose également sur le fait qu’il est techniquement impossible desurveiller tout le monde, tout le temps. La technologie évoluant, Thompson prédit que, d’iciquelques années, nous serons tous sur écoute, par défaut, et que les autorités policières etadministratives disposeront probablement d’un accès direct à toutes les données nous concernant.

Il faudrait donc en finir avec l’idée de la vie privée, ne serait-ce que parce que le droit à la vieprivée, tout comme les mesures techniques de protection (DRM, censées brider l’utilisation faitede tels ou tels fichiers), ne sont jamais que des tentatives, vaines, d’enrayer la libre circulation etle partage des données.

“Si nous croyons en l’individu, si nous croyons que nous nous définissonsessentiellement par les réponses que nous recevons de notre environnement et desgens qui nous entourent, alors l’intimité est une illusion qui n’est pas nécessaire.

Il faut repenser ce qu’est un être humain ! Pouvons-nous dépasser l’idée obsolèteque représente la vie privée, la sphère privée, et prendre le risque d’essayer devivre avec l’idée que la vie privée n’existe plus ? Certains en souffriront, d’autresiront également en prison, mais c’est peut-être le prix à payer pour bâtir unnouveau siècle des Lumières.”

Mais peut-on bâtir un nouveau Siècle des Lumières en partant du postulat que “certains ensouffriront, et que d’autres iront également en prison” ? Et si la vie privée n’existe plus, quemet-on en place pour lui succéder (sans forcément la remplacer) ? Et comment concilier leslibertés inhérentes à nos démocraties avec le placement systématique sous surveillance de leurscitoyens de façons que ne renieraient pas les régimes totalitaires ?

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La vie privée est la première des libertés

La réponse à toutes ces questions est peut-être à chercher du côté de ce que nous apportent,effectivement, les technologies de l’information en terme de libertés. La révolution sexuelle n’apas fait de l’échangisme ni des orgies le B-A.BA de la sexualité, mais a permis de décomplexer, etlibérer, le rapport à la sexualité. De même, ceux qui revendiquent la libre circulation de leursdonnées personnelles ont déjà commencé à désinhiber, et décomplexer, tout ou partie de la façondont nous protégeons notre identité. Mais cela ne se fait pas sans stratégies ni valeurs deremplacement.

Tous ceux qui se sont penchés sur la notion d’identité numérique constatent que ceux qui passentune bonne partie de leurs vies sociales sur l’internet ont appris à en maîtriser les outils, à mettreen avant leurs compétences, qu’elles soient professionnelles ou non, leurs passions et expertises,et savent plus ou moins bien protéger ce qui relève à proprement parler de leur vie privée.

Ainsi, le journaliste de Mediapart qui, pour rebondir sur le désormais célèbre portrait Google [30]

d’un internaute lambda, publié par Le Tigre, avait décidé de me tirer le portrait, n’a pas trouvégrand chose d’attentatoire à ma vie privée (voir Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur

moi mais que vous aviez la flemme d’aller chercher sur l’internet… [31]). L’identité numérique estun processus, une construction, qu’il faut donc apprendre à maîtriser. Encore faut-il en avoir ledroit, et la possibilité.

[32]En conclusion de son article, Antoinette Rouvroyrappelle que la vie privée n’est pas “un droitfondamental parmi d’autres, elle est la conditionnécessaire à l’exercice des autres droits et libertésfondamentaux” et que “le droit à la protection de la vieprivée joue notamment le rôle d’un “systèmeimmunitaire de l’espace psychique”“.

La liberté d’opinion (de pensée plus d’expression), laliberté de circulation, et de réunion, les libertéspolitiques, syndicales et de culte, ne peuvent êtreexercée dès lors que l’on n’a plus le droit à la vieprivée.

Et autant je doute que les marchands de donnéespersonnelles non plus que les partisans des logiquessécuritaires soient à même d’initier un mouvementd’émancipation similaire à la révolution sexuelle, ou ausiècle des Lumières, autant il est effectivement fortpossible que le processus d’émancipation, de partage etde libération de nos savoirs et compétences, tel qu’onle voit à l’oeuvre sur l’Internet, dessine effectivementles prémices d’un “nouveau monde“, moins hiérarchisé,moins contrôlé “par en haut“, et donc forcément plusdémocratique et “par le bas“.

Comme l’écrivait également Daniel Kaplan dans son éditorial précité, “Et si, à l’époque desréseaux, l’enjeu était de passer d’une approche de la vie privée conçue comme une sorte devillage gaulois – entouré de prédateurs, bien protégé, mais qui n’envisage pas de déborder de sespropres frontières – à la tête de pont, que l’on défend certes, mais qui sert d’abord à se projetervers l’avant ? Il n’y aurait pas alors de “paradoxe”, mais un changement profond du paysage, despratiques, des aspirations.

Jean-Marc Manach

Voir aussi les travaux (en cours) d’un groupe de travail “Informatique & libertés 2.0 ? [33]“, réuni

dans le cadre du programme “Identités actives [34]” de la Fing.

94 Comments To "La vie privée, un problème de vieux cons ?"

#1 Comment By jérémie On 12/3/2009 @ 12:06

Cet article montre bien les enjeux actuels en termes de vie privée, mettant en avant la question

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Le risque de l’individualisation de l’internetPosted By Xavier de la Porte On 13/6/2011 @ 7:30 In Articles,Confiance etsécurité,Débats,Gouvernance de l'internet | 19 Comments

La lecture de la semaine, il s’agit d’une petite partie d’un article paru dans la New York Review of

Books. Intitulé “Mind Control and the Internet” [1] (Internet et le contrôle de l’esprit), l’article deSue Halpern consiste, comme c’est le cas la plupart du temps dans la New York Review of books,en le développement d’une thèse qui s’appuie sur la critique de plusieurs livres récemment parus.Je n’ai gardé qu’un passage de ce long article, celui où Sue Halpern recense le livre de Eli Pariser[2], The Filter Bibble : What the Internet Is Hiding from You [3]. Ce livre montre notamment quedepuis décembre 2009, Google vise à donner à toute requête effectuée sur le moteur derecherche un résultat qui corresponde au profil de la personne qui fait la recherche. Cettecorrespondance s’applique à tous les usagers de Google, même si elle ne prend effet qu’aprèsplusieurs recherches, le temps qu’il faut à l’algorithme Google pour évaluer les goûts de l’usager.

[4]En d’autres mots, le processus de recherche est devenupersonnalisé. Ce qui signifie qu’il n’est plus universel, maisidiosyncrasique et impératif. “Nous pensons tous que quand nousgooglons un mot, explique Pariser, tout le monde a les mêmesrésultats – ceux que le fameux algorithme de Google, PageRankconsidère comme faisant autorité du fait qu’un grand nombre deliens pointe vers eux.” Avec la recherche personnalisée, poursuitPariser “vous obtenez le résultat que l’algorithme de Googlepense être le plus adapté à vous en particulier – mais quelqu’und’autre verra apparaître d’autres résultats. En d’autres mots, iln’y a plus de standard Google”. Sue Halpern fait une analogieéclairante : c’est comme si en cherchant le même terme dansune encyclopédie, chacun trouvait des entrées différentes – maispersonne ne s’en apercevant car chacun étant persuadé d’obtenirune référence standard.

Parmi les multiples conséquences insidieuses de cetteindividualisation, il en est une qui inquiète plus particulièrementSue Halpern, elle explique : “en adaptant l’information à laperception que l’algorithme a de ce que vous êtes, uneperception qui est construite à partir de 57 variables, Google vous adresse un matériau qui estsusceptible de renforcer votre propre vision du monde et votre propre idéologie. Pariser racontepar exemple qu’une recherche sur les preuves du changement climatique donnera des résultatsdifférents à un militant écologiste et au cadre d’une compagnie pétrolière, et donnera aussi unrésultat différent à quelqu’un dont l’algorithme suppose qu’il est démocrate, et à un autre dontl’algorithme suppose qu’il est républicain (évidemment, pas besoin de déclarer qu’on est l’un oul’autre, l’algorithme le déduit de nos recherches). De cette manière, poursuit Sue Halpern,l’internet, qui n’est pas la presse, mais qui souvent fonctionne comme la presse en disséminantles informations, nous préserve des opinions contradictoires et des points de vue qui entrent enconflit avec les nôtres, tout en donnant l’impression d’être neutre et objectif, débarrassé de tousles biais idéologiques qui encombrent le traitement de l’information dans la presse traditionnelle.”

Et Sue Halpern de citer une étude récente (.pdf) [5] menée entre 2001 et 2010 au sujet duchangement climatique. Cette étude montrait qu’en 9 ans, alors qu’un consensus scientifiques’établissait sur le changement climatique, la part des républicains pensant que la terre seréchauffait passait de 49 % à 29 %, celle des démocrates de 60% à 70 %, comme si les groupesrecevaient des messages différents de la science, avec pour conséquence de rendre impossibletout débat public. Et pour Sue Halpen, c’est ce que suggère ce que Elie Pariser raconte sur Google: si ce sont nos propres idées qui nous reviennent quand on fait une recherche, on risque des’endoctriner nous-mêmes, avec notre propre idéologie. “La démocratie requiert du citoyen qu’ilvoit le problème du point de vue de l’autre, et nous, nous sommes de plus en plus enfermés dansnotre bulle” explique Pariser. “La démocratie requiert de s’appuyer sur des faits partagés, et nous,on nous offre des univers parallèles, mais séparés.”

Sue Halpern poursuit sa diatribe : “Il n’est pas compliqué de voir ce à quoi cela nous mènerait –toute organisation dotée d’un agenda (un lobby, un parti politique, une entreprise, un Etat…)pourrait noyer la chambre d’écho avec l’information qu’elle veut diffuser. (Et dans les faits, c’estce qui s’est produit à droite avec le changement climatique). Qui s’en rendrait compte ?” Et Sue

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Halpern de citer les propos que Tim Berners-Lee, l’inventeur du Word Wide Web, tenaitrécemment dans Scientific American [6] : “Le web tel que nous le connaissons est menacé… Parmises habitants qui connaissent le plus grand succès, certains ont commencé à pervertir sesprincipes… Des états – totalitaires tout autant que démocratiques – contrôlent les comportementsen ligne, mettant en danger les droits de l’homme.”

Xavier de la Porte

Xavier de la Porte, producteur de l’émission Place de la Toile [7] sur France Culture,réalise chaque semaine une intéressante lecture d’un article de l’actualité dans lecadre de son émission.

L’émission du 12 juin 2011 [8] était consacrée à l’ouverture des données publiques,avec Séverin Naudet [9], directeur d’Etalab [10], portail interministériel destiné àrassembler et mettre à disposition l’ensemble des informations publiques de l’Etatvia data.gouv.fr [11] et Gabriel Kerneis [12], doctorant au laboratoire Preuves,Programmes et Systèmes [13] de l’université Paris 7 – Diderot, membre de Regardscitoyens [14], association pour la diffusion et le partage de l’information politique.Elle était également consacrée à la Déconnexion en revenant avec l’écrivain etblogueur Thierry Crouzet, deux mois après le lancement de son expérience dedéconnexion totale [15] (voir l’émission du 17 avril [16]).

19 Comments To "Le risque de l’individualisation de l’internet"

#1 Comment By Stan On 13/6/2011 @ 9:33

Oui, la thèse d’Eli Pariser est en train de gagner du terrain (cf ce billet sur le même sujet quej’avais appelé “les oeillères de la démocratie” [17]) : le livre de Pariser sera bientôt traduit enfrançais et devrait faire son petit buzz je pense, surtout à proximité des campagnes électorales USet France.

#2 Comment By thierryl On 13/6/2011 @ 12:07

“La démocratie requiert du citoyen qu’il voit le problème du point de vue de l’autre, et nous, noussommes de plus en plus enfermés dans notre bulle” explique Pariser.

Oui, on aimerait que Paliser et son site moveon.org qui fait globalement de l’activisme de gaucheaux US aille voir de l’autre côté de son spectre idéologique et se mette à la place desconservateurs pour voir si ce ne sont pas eux qui ont raison…

S’il ne souhaite pas le faire ? ah bien, je crois alors que lui aussi renforce ses propres idéologies.Manque de pot,je croisque c’est plus une question humaine donc, que de la faute à Google.

#3 Comment By Jérôme On 13/6/2011 @ 14:32

Il y a un autre facteur qui commence a être extrêmement lourd et pénible sur google, entreautres choses, c’est la géolocalisation. Obtenir des informations internationales neutres et nongéolocalisées commence a être très difficile.

Google est en train de perdre énormément de son intérêt à mes yeux, et je commence àm’orienter vers d’autres moteurs ou concepts alternatifs comme ixquick ou seeks-project

Je ne parles même pas de la désagréable impression de dépendre d’un fournisseur unique, ce quiest très très malsain, quelque soient les qualités réelles ou supposées dudit fournisseur.

#4 Comment By Matthieu On 14/6/2011 @ 0:07

Et il y a des exemples concrets ou des preuves que Google personnalise VRAIMENT les résultats?Ça serait bien de faire une étude là-dessus…

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Ce que ça change

La pratique du web qui remplace la lecture

du papier nous fait passer de la pensée

hiérarchisée à la pensée par association

d’idée

Le web c’est avant tout l’image qui explique

et le lien hypertexte qui permet

d’approfondir, ce qui modifie

considérablement

les apprentissages.

La carte heuristique

est plus proche de

la structure du web

que de celle du livre.

Elle est la base de la

pédagogie en

Finlande.

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Publiée le 05 September 2012.

Le dernier numéro du mensuel Philosophie Magazine consacre un dossier au thème « Pourquoi nous

n'apprendrons plus comme avant ». En effet, les modes d’apprentissage, y compris à l’école, ont ouvont complètement changer face au phénomène d’accès libre, gratuit — on aimerait ajouter «anarchique », mais au meilleur sens du terme : sans idée de direction des uns sur les autres — del’information et surtout de la connaissance.Le choix de ce thème par le magazine précité est pour nous l’occasion de porter notre regard surquelques-unes des mutations fondamentales du rapport à l’information et à la connaissanceprovoquées par l’irruption des technologies de l’information et spécialement d’Internet.

Il nous semble en effet que deux novations essentielles ont substantiellement modifié ces rapports del’homme à l’information et à la connaissance : l’hypertexte et l’image.

Nous nous arrêtons aujourd’hui à l’hypertexte. Une prochaine actualité reviendra sur l’image.

L’hypertexte : de la pensée hiérarchisée à la pensée par association d’idées

Dès que les premiers sites à la norme HTML ont commencé à inonder le tout nouveau Web, dans lesannées 1993-94, offrant, avec leurs liens hypertextes, la possibilité de passer d’un concept à l’autre parassociation d’idées et non plus de prendre connaissance d’un concept par voie hiérarchisée et del’approfondir, la question nous est tout de suite venue à l’esprit : le lien hypertexte, imaginé par levisionnaire Vannevar Bush, en 1945, comme l’aboutissement de la propension de l’esprit humain àpenser, non par structuration hiérarchique, mais par association d’idées, allait-il favoriser cette formede pensée, naturelle de l’homme selon Bush ?

Il serait présomptueux de vouloir répondre à cette question, surtout dans les quelques lignes deréflexion professionnelle proposées ici.En revanche, il est certain que dans les faits, se sont développés parallèlement deux modes detraitement de — et partant, d’accès à — la connaissance :

La structuration hiérarchisée de la pensée ;La présentation hypertextuelle de celle-ci.La première correspond à l’antique apprentissage, structuré verticalement, au mode de pensée selondes plans de développement classiques : deux parties, deux sous-parties... C’est le mode (et même lemoule) de production de la pensée scolaire et universitaire occidental.

Le second correspondrait selon V. Bush au penchant naturel de l’esprit humain à établir desconnexions d’un concept à l’autre par association d’idées, gage de rapidité de déduction et derecoupements.C’est le mode de pistage de la pensée utilisé par les liens hypertextes, plus précisément les liens ditsconceptuels, c’est-à-dire ceux qui sous-tendent cet appel à une association d’idées suggérée par unmot, une expression, dans un texte, d’où le terme d’hypertexte, forgé par Ted Nelson en 1965, vingtans après la vision de Bush.

Un nouveau mode d'apprentissage

Cette nouvelle forme de navigation dans la pensée a pris son essor grâce à la vulgarisation del’hypertexte sur le Web. Pour les esprits bien construits et structurés verticalement, ce fut unedimension de navigation intellectuelle de plus, une source d’enrichissement à la fois des modes de

les-infostrateges.com http://www.les-infostrateges.com/imprimer/?type=eve&list=1493

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pensée et d’accès à la connaissance.C’est en cela que l’hypertexte a substantiellement changé, en pratique, le monde de la pensée. C’est encela qu’avec juste raison il est possible de proclamer qu’on ne pourra plus apprendre comme avant.

Richesse ou danger ?

Pour les très jeunes générations, non encore structurées verticalement, la question peut se poser desavoir si la navigation de concept proche en concept proche, est une vraie richesse, ou au contraire un frein à la structuration en profondeur de leur personnalité. C’est en tout cas la crainte de nombreuxadultes encadrant les adolescents livrés à eux-mêmes sur Internet, notamment les responsables desespaces publics numériques (EPN). Pour nombre de jeunes, ce zapping d’une page à l’autre, d’unconcept à peine défini et assimilé à un autre proche, les poussent à rester à la surface des phénomènessans jamais les approfondir.

L'idéal serait donc de veiller à ce que toute tête bien faite soit à la fois formée à la pensée verticale etstructurée et à la pensée par association qui semblent bien être les deux pôles de l'intelligence, prise icidans son sens anglais autant que français.

En savoir plus

Voir sur le site de Philosophie Magazine, la rpésentation du dossier cité :www.philomag.com/fiche-dossiers.php?id=127

Voir la Prophétie de Bush publiée sur ce site.

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(cc) Licence Creative Commons. Directeurs de la publication : Didier Frochot et Fabrice Molinaro.

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lewagges.fr

by LE WAGGES

Pour ne pas rentrer idiot, on peut v oir le dialogue qui s’est déroulé à l’Académie française, sous l’égide de Philosophie magazine, entre

Michel Serres et Bernard Stiegler dont l’intitulé est repris en titre de cette chronique. Le lien v ers l’intégrale de l’entretien se trouv e à la

fin du texte. Le questionnement des deux philosophes ne peut pas ne pas entrer en résonance av ec le quotidien de tout enseignant qui

refuse de se v iv re comme un OS de l’Education Nationale.

La rév olution numérique boulev erse complètement notre rapport au sav oir. Michel Serres et Bernard Stiegler parcourent dans cet

entretien div ers aspects de cette rév olution qui, si elle peut nous aliéner, peut aussi ouv rir des portes nouv elles v ers une intelligence

dont on peut malheureusement parfois penser que l’institution scolaire à beaucoup fait dernièrement pour l’enterrer, concourant

grandement en cela aux différentes atteintes que subit notre jeunesse. Les enjeux sont de taille.

Pour de nombreuses raisons le cours magistral, lieu de transmission d’un sav oir académique unique, a fait son temps. Il n’est d’ailleurs

plus pratiqué, au moins jusqu’au bac et au moins tel qu’on a pu le connaître il y a quelques décennies, même si certains y restent ou

croient y rester attachés. A en croire Michel Serres, d’ailleurs, si, en univ ersité, un professeur enseignait 80% du sav oir qu’il av ait

lui-même acquis, ce pourcentage est tombé aujourd’hui à 20%. De fait, à tous les niv eaux de l’école, si on pouv ait effectiv ement

considérer le professeur comme le seul possesseur du sav oir, ce n’est plus aujourd’hui le cas. Internet, ouv ert théoriquement à tous,

permet, théoriquement à tous, d’être confronté à des sav oirs multiples. Il n’existe plus un sav oir mais des sav oirs. La rapidité de

l’év olution technique permet un accès à une masse d’information jamais connue jusqu’à présent et ce pratiquement à la v itesse de la

lumière. La v itesse de l’év olution des techniques implique également une v itesse de construction et d’év olution des sav oirs très difficile à

suiv re pour un enseignant. Or élèv es et professeurs demandent des certitudes d’un sav oir établi. Il est très difficile, et cela a toujours été,

que ce soit en cours, face à des élèv es, ou en form ation d’enseignants, donc face à des professeurs, d’introduire une telle approche de

l’incertitude qui est pourtant le fondamental d’une démarche scientifique.

Si la rév olution numérique change la nature du sav oir, elle change aussi le cerv eau de celui qui apprend (le sujet du sav oir). La

question de la plasticité du cerv eau et de l’action sur ce cerv eau des techniques utilisées n’est jam ais abordée, en dehors de cercles

restreints, sauf à reprendre le temps de cerv eau disponible pour Coca-cola cher à Patrick Le Lay , ex pdg de TF1 . Or, l’utilisation du

numérique modifie les zones du cerv eau sollicitées, comme pour toute activ ité d’ailleurs, qu’elle soit d’écriture, de musique ou autre.

L’IRM fonctionnelle a permis de beaucoup apprendre en termes de fonctionnement cérébral. Et l’effet est loin d’être négatif si on sait le

prendre en compte.

Mais la v raie question est celle de la soumission de ce sav oir à l’économie et au politique alors même que la monde académique, celui de

l’institution scolaire dans son ensemble, ne semble pas en av oir conscience. La question n’est pas nouv elle. Il suffit de regarder les

programmes scolaires pour v oir clairement comment leur contenu est soumis au politique et à l’économique, av ec la complicité de

beaucoup, y compris celle des rédacteurs de manuels. L’exemple le plus criant concerne l’enseignement de sav oirs dans les domaines de

l’alimentation et de la santé (donc concernant particulièrement les programmes et manuels de biologie humaine ou de SVT) dont les

contenus informatifs (on ne peut plus parler de sav oirs) ont été directement et clairement fabriqués, et parfois même directement

distribués, par l’industrie agro-alimentaire, grâce à ses agences marketing, pour être repris au niv eau aussi bien de l’école que du

collège que du ly cée, internet et télév ision étant par ailleurs massiv ement bombardés. Le v ide en term e de formation des enseignants

dans le domaine a permis un tel env ahissement, av ec d’ailleurs la complicité consciente ou inconsciente de presque tous. La question de

la soumission n’est donc pas nouv elle.

Par contre, comme l’affirme Bernard Stiegler, on se trouv e actuellement à une croisée des chemins. Le numérique n’est pas encore

totalement et exclusiv ement soumis aux logiques industrielles. Il est encore possible de l’inv estir autrement, sortant des logiques

purement commerciales, notamment de façon à ce que la jeunesse, si maltraitée actuellement, puisse av oir les moy ens d’une

citoy enneté très grav ement mise en danger actuellem ent. Or, la fonction première de l’enseignant est bien de permettre à des enfants et

des jeunes de se constituer une pensée libre et autonome. Cette fonction fondamentale reste donc et doit rester, contrairement à des

craintes parfois exprimées, év entuellement être restaurée, sauf à ne pas v ouloir l’assumer et à se laisser passiv ement aller.

Contrairement à ce qui peut être pensé et v écu, la rév olution numérique av ec l’abandon plus ou moins important du cours magistral à

contenu unique, ne change pas fondamentalement le m étier d’enseignant. Elle offre justement au contraire la possibilité pour ces

enseignants de se réapproprier une fonction que depuis deux ou trois décennies, l’institution s’échine à leur enlev er.

Réalité du quotidien et solutions d’avenir

Il sera nécessaire de repenser totalement les programmes, notamment dans les disciplines scientifiques, de façon à év iter les dériv es

marketing actuelles, de façon à ce que les sav oirs ne soient plus au serv ice des différents pouv oirs, politiques ou économiques.

Le problème de l’équipement se pose également, bien év idemment. La salle de classe, l’espace classe doit changer. Un nombre d’élèv es

important, chacun assis à une table, dans une salle surbookée ne peut pas v raiment permettre les approches v oulues, même si un tel

espace peut, bien év idemment coexister av ec le nouv el espace à inv enter.

Mais le problème le plus important sera sans doute celui de la formation. Il sera indispensable de former les enseignants de façon à ce que

soit v éritablement pensées ces nouv elles approches et que soit redonnée aux enseignants leur v raie fonction.

Le nombre d’innov ations mises en pratique indiv iduellement par un nombre somme toute important d’enseignants est tout à fait

Michel Serres / Bernard Stiegler : « Pourquoi nous n’apprendrons plus... http://www.readability.com/articles/lypifytj

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rassurant. Mais l’initiativ e indiv iduelle, aussi im portante et irremplaçable qu’elle soit, ne peut rem placer la conscience, v oire le désir,

car il est bien là question de désir ou de perte du désir, de tous, l’action v olontariste d’un pouv oir politique et d’une institution dans son

ensemble. Or on sait ce qui est mis en œuv re, de manière délétère, depuis un certain nombre d’années aux différents niv eaux de

l’institution et, spécialement, de la hiérarchie.

Mais, en faisant changer les choses aux deux bouts de la chaîne, sur le terrain dès l’école primaire, pour théoriser au niv eau

univ ersitaire et, donc à celui de la formation des futurs enseignants (à condition qu’elle soit restaurée, et en mieux) en mettant les

serpillières intellectuelles et matérielles nécessaires au collège et au ly cée, en plus ou moins grand nombre selon les lieux et les nécessités

(enseignement général ou technologique), alors on peut espérer, d’ici une dizaine ou une douzaine d’années, cueillir les fruits de ces

inv estissements et retrouv er une institution digne de son nom et de sa fonction. C’est ce que semble affirmer le nouv eau ministre de

l’Education Nationale. Affaire à suiv re de très près. »

Vous retrouv erez l’intégrale du dialogue sur le site de Philosophie Magazine.

A lire sur le wagges en particulier : Une chance pour sauv er l’école et l’ensemble de nos chroniques

Original URL:http://lewagges.fr/?p=2166

Michel Serres / Bernard Stiegler : « Pourquoi nous n’apprendrons plus... http://www.readability.com/articles/lypifytj

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sergetisseron.com

Posté par Serge Tisseron le 7 juin 2012.

La première révolution engagée par la culture numérique est culturelle

La culture du livre est une culture de l’un, dominée par une conception verticale du savoir : celui

qui sait écrit un livre pour ceux qui ignorent. Par le livre, ils accèdent à la connaissance du clerc, ou

du savant. Elle est en cela inséparable du monothéisme. La culture des écrans est au contraire une

culture qui privilégie les relations horizontales : son modèle est l’encyclopédie Wikipédia. C’est une

culture du multiple, voire du métissage, du multiculturalisme, et pourquoi pas du polythéisme.

Avec les écrans, apparaît l’idée d’une « intelligence globale » et d’un partage en temps réel des

connaissances. Alors que la culture du livre se caractérise par l’association d’un livre, d’un crayon

et d’un cahier par élève, la culture numérique est celle du travail en réseau. C’est pourquoi il serait

absurde de vouloir introduire un écran par enfant. Les écrans doivent être d’abord un espace de

co-réflexion et de co-construction dans un effort de s’écouter et de se comprendre, sous peine de

se transformer très vite en outil de retrait du monde. En primaire et en début de collège, la règle

doit être d’un écran pour trois ou quatre enfants, et absolument pas d’un écran par enfant. C’est

dans le travail mené par plusieurs face à un seul écran que les enfants intériorisent les règles du

travail en réseau qu’ils mettront ensuite en pratique quand ils se retrouveront seul face à un écran.

La seconde révolution engagée par la culture numérique est cognitive.

Si la culture du livre était capable de relayer toutes nos possibilités psychiques, la culture

numérique n’aurait jamais été inventée ! Et en effet, nous nous apercevons de plus en plus qu’elle

cultive des processus cognitifs et des stratégies d’apprentissage que la culture du livre laissait en

friche. 1. La culture numérique ne favorise pas la mémoire événementielle, comme la culture du

livre, mais la mémoire de travail. En effet, quand nous lisons un livre, nous sommes obligés de

nous souvenir de ce que nous avons lu dans les pages précédentes, de suivre une narration, et le

livre est naturellement un support d’apprentissage par cœur. Mais l’être humain a toujours été

confronté, et il l’est de plus en plus, à la nécessité de travailler avec diverses sources, à les croiser, à

les concilier, à les comparer, et à en tirer une information pour un usage précis. C’est ce qu’on

appelle la mémoire de travail : maintenir et manipuler des informations et des instructions,

éventuellement en nous appuyant sur des documents que nous avons devant nous, mais plus

souvent et plus efficacement en exerçant ces tâches de façon mentale. Les écrans interactifs

favorisent cette mémoire de travail, permet de la cultiver chez l’enfant et de la rendre plus

efficiente. 2. La culture numérique ne favorise pas la pensée linéaire, comme la culture du livre,

mais la pensée en réseau, circulaire et fonctionnant plus par analogies et contiguïtés que par

continuité. L’organisation spatiale prime sur l’organisation temporelle. 3. La culture numérique ne

favorise pas une pensée qui exclue les contraires, comme la culture du livre, mais elle les accepte.

Son paradigme est l’image dans laquelle les contraires coexistent. 4. Enfin, là où la culture du livre

favorise plutôt les automatismes, voire les habitudes, la culture des écrans favorise l’inhibition au

sens positif du terme : elle apprend à rompre les habitudes mentales, comme dans les jeux vidéo

où le joueur ne peut réussir chaque nouveau niveau qu’en étant capable d’oublier la stratégie

gagnante qu’il a utilisée au niveau précédent. Là où la culture du livre encourage la recherche des

analogies (reconnaître des styles, des écoles, des procédés littéraires), la culture des écrans favorise

la capacité de s’ajuster aux changements.

La troisième révolution engagée par la culture numérique est psychique.

Les technologies numériques modifient enfin le fonctionnement psychique de plusieurs façons. 1.

Serge Tisseron — www.sergetisseron.com — Readability http://www.readability.com/articles/tjpjvcnv

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Tout d’abord, l’identité se démultiplie. Le Moi n’est plus la propriété privée d’un individu, mais une

construction à chaque fois tributaire des interactions. Le psychisme humain est un dispositif

d’interaction intériorisé qui se complète et se nuance sans cesse sous l’effet de nouvelles

communications. A chaque moment, il en est de nos identités comme des vêtements dans notre

garde-robe. Nous les essayons à la recherche de notre personnalité décidemment insaisissable. Les

identités multiples et les identifications flottantes définissent une nouvelle normalité dont la

plasticité est la valeur ajoutée, tandis que l’ancienne norme du « moi fort intégré » est disqualifiée

en psychorigidité. Quant à la pathologie, elle ne commence que quand ses identités échappent au

sujet et qu’il devient incapable de différencier le dedans du dehors, l’intériorité de l’extériorité. 2.

Ensuite, avec les technologies numériques, le clivage s’impose comme mécanisme défensif

prévalent sur le refoulement. Sur Internet, en effet, aucun contenu n’est réprimé et tous sont

accessibles instantanément par l’ouverture d’une « fenêtre » : c’est le système « windows ». Or

cette logique correspond exactement à ce qui se passe lorsque, dans le clivage, nous sommes

capable de penser à une chose, et aussitôt après de l’oublier comme si elle n’avait jamais existée.

Du coup, les contraires peuvent y coexister sans s’exclure. Cela renforce le processus du clivage

aux dépends du refoulement, avec des effets considérables sur l’éducation. 3. Enfin, Internet

reproduit la caractéristique de notre mémoire qui est d’être un espace d’invention permanente

dans lequel rien n’est daté de telle façon que le passé peut toujours être confondu avec le présent.

Alors que la culture du livre fait une grande place à la succession et à la narration (avec un avant,

un pendant, un après et un conditionnel), celle des écrans se déroule dans un éternel présent

Ces trois révolutions ne font pas de la culture des écrans une « sous culture » inférieure celle du

livre, mais une culture différente, chacune avec ses points forts et ses faiblesses, ses excès et ses

impasses. Abandonnons alors les penseurs catastrophistes à leurs ratiocinations morbides et

prenons plutôt le temps de nous familiariser avec ces deux cultures : nous apprendrons ainsi à

passer de l’une à l’autre pour ce que chacune porte de meilleur, et nous pourrons l’enseigner à nos

enfants, pour leur bonheur.

Original URL:http://www.sergetisseron.com/blog/nouvel-article-618

Serge Tisseron — www.sergetisseron.com — Readability http://www.readability.com/articles/tjpjvcnv

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favicon apprendreaapprendre.com

Reportage France 3 ©

(Si vous n'arrivez pas à lire la vidéo, utilisez le navigateur firefox) Télécharger

Firefox

;;;;;• Une carte heuristique qu'est-ce que c'est?

Une carte heuristique (mind map en anglais), également appelée carte des idées, carte

conceptuelle, carte mentale, arbre à idées ou topogramme, est un diagramme qui représente les

connexions sémantiques entre différentes idées, les liens hiérarchiques entre différents concepts

intellectuels. À la base, il s'agit d'une représentation principalement arborescente des données,

basée sur les mêmes principes que l'organigramme (l'un étant en fait une variante de l'autre et

réciproquement).

C'est par exemple un moyen visuel et symbolique de décrire l'architecture informatique générale

d'un PC :

Une carte heuristique met en œuvre différentes composantes améliorant son exploitation :

utilisation de formes, de couleurs et de graphismes (illustrations, symboles) qui permettent

théoriquement une compréhension aisée par un fonctionnement optimal et conjoint des

hémisphères cérébraux.

Exemple de carte heuristique

;;;;;• Origine

Le système de représentation hiérarchique aurait été inventé par Aristote.

Le concept des cartes heuristiques a été formalisé par un psychologue anglais, Tony Buzan. L'idée

lui vint alors qu'il écrivait Une encyclopédie du cerveau et de son utilisation (An Encyclopedia of

the Brain and Its Use) en 1971. Il utilisait également ce système sans lui donner de nom dans ses

cours sur la chaîne BBC.

Les travaux de Tony Buzan ont montré que nous avons tendance à privilégier les activités de

l'hémisphère gauche du cerveau (logique, pensée rationnelle, classement, langage) par rapport à

Méthode d’enseignement en Finlande (1er dans l’étude PISA) — www.... http://www.readability.com/articles/avhumseh

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celles de l'hémisphère droit (créativité, pensée holistique, capacité de synthèse).

D'autres études en linguistique ont montré que seuls quelques mots-clés appelés « mots de rappel

» apportent de la valeur ajoutée. Ces mots ne représentent qu'environ 10% des mots employés

dans un texte.

;;;;;• Limites et critiques

S'il est vrai que l'arborescence heuristique peut, dans certains cas et pour certaines applications

spécifiques, aider à la compréhension d'une structure, il y a eu, à la suite de la formalisation de

Tony Buzan, une vague d'enthousiasme injustifiée et on a vu (et certains y voient encore) dans le

topogramme heuristique la solution miracle pour synthétiser toutes les connaissances dans tous

les domaines, notamment l'enseignement. C'était évidemment une illusion. Un tel engouement

n'a rien de surprenant et répond parfaitement à des schémas classiques de comportement sociaux :

dès qu'un nouveau concept apparaît, ou dès qu'un concept ancien et oublié est reconceptualisé et

remis au "goût du jour", il ne manque jamais d'emporter avec lui, pour un temps, l'adhésion de

quelques leaders d'opinion et cela peut devenir une mode. Et puis la mode passe.

Il convient donc de souligner que le topogramme heuristique n'est qu'une méthode parmi d'autres

pour organiser des idées et n'est donc ni meilleure ni pire qu'une autre. Son accessibilité n'est pas

universelle. N'étant fondée que sur le visuel, elle est, par exemple, totalement inaccessible aux

aveugles et aux déficients visuels.

Par ailleurs, comme cela est souligné plus haut, un topogramme devient rapidement

incompréhensible si le nombre de données à organiser dépasse un certain seuil. De simplification

on arrive rapidement à un fouillis que seul l'auteur initial du topogramme peut démêler. Le

principal défaut du topogramme est précisément sa quasi non-communicabilité car s'il paraît

simple pour celui qui l'a réalisé (puisqu'il correspond à une vision personnelle), il peut paraître

incompréhensible voire inextriquable pour un observateur extérieur. Raison pour laquelle le

topogramme n'a pas fait d'émules pour devenir l'outil pédagogique universel que l'on voyait en lui

dans les années 70.

Pour illustrer cette réalité, voici quelques exemples de topogrammes dont la complexité les rend

incompréhensibles, voire rébarbatifs. S'il est vrai que, comme dit le proverbe, un petit dessin vaut

mieux qu'un long discours, encore faut-il que le dessin soit simple.

Source: wikipédia

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Original URL:http://www.apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/methode-enseignement-en-finlande-1-etude-pisa-460-8-17.html

Méthode d’enseignement en Finlande (1er dans l’étude PISA) — www.... http://www.readability.com/articles/avhumseh

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Page 127: Livret numérique ceser

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C’est un point important

L’expérience de Sugata Mitra nous

montre que Internet, même en libre

service, permet d’acquérir des

connaissances

Mais les moyens

mis en œuvre ne

suffisent pas, il faut

également revisiter

les pédagogies. A

partir de la culture

numérique.

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rslnmag.fr

(photo : Andreas Sterzing)

Pédagogue, professeur, informaticien, physicien, psychologue, philosophe… ou tout

cela à la fois ?

Sugata Mitra ne se laisse pas enfermer dans la case d’une discipline. Pour l’heure, cet Indien

de 59 ans enseigne les technologies de l’Education à l’Université de Newcastle, en Angleterre, où il

est installé depuis 5 ans.

Quand vous lui demandez qui il est, il vous répond en plaisantant par la question qui le

poursuit depuis toujours :

« Je suis de l’espèce des homo sapiens et mon métier est de chercher quel était le but des hommes

quand ils sont un jour descendus de leur arbre. »

Physicien de formation, il est l’inventeur, dans les années 1980 et 1990, de multiples

systèmes informatiques comme la base de données du premier annuaire téléphonique indien.

> Une expérience révolutionnaire : « a hole in the wall »

Mais sa notoriété internationale, il la doit à l’expérience éducative qu’il a menée à partir de

1999, auprès d’enfants des bidonvilles de Delhi, et qui aurait insipiré Vikas Swarup, l'auteur

indien du roman Q&A ayant servi de base au scénario du film Slumdog Millionaire.

« A hole in the wall » (littéralement « Un trou dans le mur ») est un dispositif qui donne accès

pour les enfants, à travers une fente trop étroite pour une main d’adulte, à l’écran, au clavier et à la

souris d’un ordinateur inséré dans le mur d’une bâtisse.

>> Regardez un reportage consacré à l'expérience :

REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Sugata Mitra, et l'expérience « a ho... http://www.readability.com/articles/x8ryvlh8

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Le principe de l'expérience :

Sugata Mitra voulait voir si des enfants qui n’avaient jamais approché un ordinateur de leur vie et

ne parlaient pas anglais pouvaient apprendre à s’en servir, seuls, sans l’intervention d’adultes.

... et ses enseignements :

Huit mois après le début de l’expérience, les enfants, âgés de 6 à 14 ans, avaient acquis,

collectivement et en jouant, un socle de compétences informatiques comparables à celles d’enfants

ayant suivi une formation ad hoc.

Le chercheur notait également une augmentation significative du niveau d’anglais et

de mathématiques, une amélioration de l’assiduité scolaire, la diminution du taux d’échec scolaire

ou encore la réduction de la criminalité infantile.

Pour s’approprier l’outil, les enfants avaient inventé leur propre vocabulaire - aiguille pour le

curseur de la souris par exemple -, appris les mots d’anglais indispensables et, très vite, découvert

le surf sur Internet. L’expérience a essaimé en Inde, au Cambodge, en Afrique, pour des résultats

qui s’avèrent, à chaque fois, aussi spectaculaires.

> Un chemin vers la non-violence

L’expérience a surtout révélé que l’enfant n’apprend pas seul, mais en groupe, par

échange d’expérience, par imitation. Car les enfants regroupés autour d’un ordinateur ne se

disputent pas, ne veulent pas interdire l’accès aux autres.

« Dans une société ignorante, le pouvoir se structure autour de la domination physique. Dans la

société de l’information, je ne peux prendre par la force une information. Je dois devenir votre ami

pour que vous la partagiez. C’est un chemin vers la non-violence », explique ainsi Sugata Mitra.

Bien qu’il réfute toute ambition de changer le monde, le chercheur prête à la société de

l’information des vertus pacifiques. Sugata Mitra a d’ailleurs fini par acquérir la conviction que,

dans un univers connecté, les enfants peuvent tout apprendre ainsi, pas seulement l’usage d’un

ordinateur.

Du coup, il a importé son système en ouvrant dans 40 écoles anglaises des SOLE (Self

Organised Learning Environment), en marge de la salle de classe traditionnelle (retrouvez

notre dossier : Bienvenue à l'école du futur).

REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Sugata Mitra, et l'expérience « a ho... http://www.readability.com/articles/x8ryvlh8

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Aux enfants, il pose des questions, volontairement épineuses : d’où vient le langage ?

comment un téléphone sait-il où je suis ? que sont les fractales en mathématique ?

Les enfants vont puiser les réponses sur le web, en suivant les règles que leur a fixées le

chercheur, des règles qui vont à l’encontre de celles de l’école traditionnelle : les enfants doivent

former un groupe, mais ont toute liberté d’en changer, de parler autant qu’ils veulent, d’aller

écouter un autre groupe.

- « Mais on peut copier ? », s’étonnent les enfants.

- « On ne copie pas, on partage ! », rétorque Sugata Mitra.

Et d'expliquer, toujours étonné de la capacité des enfants à s’auto-instruire en groupe :

« Quand je reviens, ils me donnent des leçons de religion comparées, découvrent que la localisation

par GPS repose sur la trigonométrie et ont envie de comprendre ce que c’est. »

> L’auto-organisation : une porte d’accès au savoir

S’il s’est frotté au monde de l’entreprise pendant quelques années – il dirigea

l’équivalent indien des Pages jaunes à la fin des années 1980, il s’en souvient comme l’une des

pires expériences de sa vie. Ni business, ni politique, Sugata Mitra est ailleurs. Ce qui le fascine,

c’est de comprendre comment des phénomènes émergents évoluent en systèmes auto-organisés.

Pour se faire comprendre, il prend l’exemple d’une tornade : des grains de poussière, au

départ soulevés par le vent, finissent par prendre force ensemble en s’organisant dans un même

mouvement en spirale. Loin du déterminisme de la pensée occidentale, il voit dans cette image

celle de l’évolution de l’humanité. C’est le vent du vouloir apprendre qui a soulevé les humains de

terre, ou plutôt qui les a fait descendre des arbres et avancer.

Aujourd’hui, Sugata Mitra voudrait pousser l’expérience « A hole in the wall » plus loin.

Des enfants dans une société sans contacts extérieurs peuvent-ils apprendre à lire seuls ? Il

cherche une tribu primitive sans écriture pour mener à bien cette expérience. Car la quête de ce

physicien devenu spécialiste en sciences de l’éducation est métaphysique.

Il ne croit pas en un Dieu qui aurait dessiné l’humanité et son destin, mais plutôt à

l’émergence spontanée d’une auto-organisation qui dépasse chaque individu et l’entraîne dans un

mouvement pour former un niveau de conscience supérieur.

Quand il parle de ses recherches en cours sur la « mémoire du futur », on a quitté depuis

longtemps l’ordinateur dans le mur d’un bidonville de Delhi et les découvertes des enfants qui s’en

emparent. Mais Sugata Mitra, lui, continue à assembler les pièces de son puzzle.

[teaser : cet entretien est issu du prochain numéro du magazine RSLN, version papier, qui sera

disponible à la mi-juillet]

> Sugata Mitra en quelques dates :

• 1952 : Naissance à Calcutta, Inde.

• 1978 : Doctorat de physique à l’Institut de Technologie de Dehli.

• 1987 : Directeur de United Database, premier éditeur indien d’annuaire téléphonique

• 1990 : Fonde puis dirige jusqu’en 2006, le centre de R&D des systèmes cognitifs de NIIT,

première entreprise indienne de formation et de logiciels pour la formation.

• 2001- 2006 : Déploiement de plus de 500 « kiosques » sur le modèle du « Hole in the Wall »,

touchant plus de 150 000 enfants dans le monde.

• 2006 : quitte l’Inde pour l’Université de Newcastle en Angleterre.

> Pour aller plus loin :

- Un reportage de CNN sur l'expérience :

REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Sugata Mitra, et l'expérience « a ho... http://www.readability.com/articles/x8ryvlh8

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- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -

Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progressent pasPosted By Hubert Guillaud On 21/9/2011 @ 7:40 In Articles,Débats,Education et formation | 21Comments

Dans le cadre d’une série sur le “pari éducatif high-tech” (dans laquelle notamment plusieursexperts américains tentent d’apporter leur vision sur ce à quoi ressemblera l’école dans 10 ans[1]), Matt Richtel [2], pour le New York Times [3] s’est rendu dans le district scolaire pilote deKyrene en Arizona [4] : un secteur où tous les élèves utilisent des tableaux blancs interactifs etdes ordinateurs à l’école. Depuis 2005, le district a investi 33 millions de dollars pour moderniserses écoles. Ici, c’est la nature même de la classe, du rapport à l’enseignant qui a été transformé :l’enseignant circule entre les élèves qui apprennent à leurs rythmes sur leurs ordinateurs.

Au profit de qui se fait la surenchère technologique à l’école ?

Or, depuis 2005, les scores du district aux tests nationaux en lecture et mathématiques stagnent[5], alors même que les résultats des élèves de l’Etat d’Arizona ont augmenté – mais il fautpréciser que les résultats du district étaient à l’origine biens supérieurs à ceux du reste de l’Etat.Est-ce à dire que Kyrene se serait-il trompé d’approche ? Son exemple doit-il remettre enquestion “l’un des plus importants mouvements contemporains éducatifs” qui vise à équiperclasses et élèves en informatique, à permettre aux étudiants d’apprendre à leur propre rythme…mais aussi à réduire le nombre de professeurs, souligne consciencieusement Matt Richtel. “Lesécoles dépensent des millions de dollars pour acquérir des technologies, tout en réduisant lesbudgets et en licenciant les enseignants sans apporter la preuve que cette approche permetd’améliorer l’apprentissage de base”.

[6]

Image : Le graphique de l’évolution des dépenses et des résultats du district de Kyrene dans

l’Arizona réalisé par le [5]New York Times.

Pour les partisans des TICE (les technologies de l’information et de la communication pourl’enseignement), les tests standardisés n’arrivent pas à mesurer l’ampleur des compétences queles élèves équipés d’ordinateurs assimilent. Tom Vander Ark [7], ancien directeur du secteuréducation de la fondation Bill et Melinda Gates, reconnaît que les données ne sont pas vraimentconcluantes : ce qui ne l’empêche pas de demeurer enthousiaste sur la révolution en cours [8].Les détracteurs des TICE répondent que les résultats montrent combien les écoles sont aveugléespar la surenchère technologique.

La poussée des dépenses technologiques intervient alors que les écoles doivent faire de durs choixfinanciers. A Kyrene par exemple, alors que les dépenses technologiques ont augmenté, le reste

InternetActu.net » Dans la salle de classe du futur, les résultats ne progr... http://www.internetactu.net/2011/09/21/dans-la-salle-de-classe-du-futur...

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du budget de l’éducation du district a diminué conduisant à avoir des classes avec plus d’élèves etmoins de cours de musique, d’art ou d’éducation physique. Pour Matt Richtel, la poussée de latechnologie à l’école profite surtout aux entreprises technologiques. Aux Etats-Unis, la vente delogiciels éducatifs pour les classes a représenté 1,89 milliard de dollars en 2010. On estime queles dépenses en matériel représenteraient cinq fois ce montant.

Malgré cela, Kyrene a construit sa réputation sur la technologie et accueille 18 000 élèves de lamaternelle au secondaire, dont certains venant d’autres districts. A l’heure où de nouveauxinvestissements doivent être votés, la question de leur efficacité se pose. Pour le surintendant àl’éducation du district, David K. Schauer : “Nous devrions avoir une mesure valable, mais nous nel’avons pas”.

La technologie n’a pas d’effet en tant que tel

En 1997, un comité pour la science et la technologie assemblé par le président Clinton avait émisun appel urgent à la nécessité d’équiper les écoles de nouvelles technologies. Dans ce rapport [9]

pour appuyer sa conclusion, le comité signalait pourtant que la recherche sur l’impact de latechnologie sur les résultats scolaires était insuffisante. Cela n’a pas empêché le comité àexhorter les écoles à s’approprier les TICE. Depuis, les ambitions de ceux qui défendent lestechnologies éducatives ont grandi à mesure que l’équipement se développait.

Des chercheurs de l’université du Maine du Sud ont montré (.pdf) [10] que les scores d’écrituresd’élèves de huitième année ou les résultats de tests en mathématiques ont été améliorés suite àl’équipement en ordinateurs portables des enfants. “Mais est-ce l’effet de l’introduction desordinateurs ou de la formation qu’ont reçus les enseignants ?”, s’interroge Matt Richtel.

Il est difficile de mesurer l’effet de la technologie, car les classes et les écoles sont toutesdifférentes et la technologie évolue très vite. “Les petites études produisent des résultatscontradictoires : certaines montrent que les résultats en mathématiques progressent grâce àl’utilisation de logiciels dédiés, d’autres montrent que les scores ne s’améliorent pas.” PourKatrina Stevens de LessonCast [11], “la question ne devrait pas être de savoir s’il y a des preuvesconcluantes que les logiciels d’enseignement sont efficaces, mais plutôt de savoir quels logicielspédagogiques sont efficaces et dans quelles conditions”. Mesurer leur efficacité des logicielséducatifs, c’est d’ailleurs ce que se propose de faire le SCE [12], rapporte Matt Richtel sur son blog[13]. Mais cela ne suffira peut-être pas à améliorer l’impact de la technologie sur les résultatsscolaires.

Une vaste analyse sur l’utilisation des ordinateurs portable, comme cela a été le cas dans le Mainepar exemple, montre que l’ordinateur n’est pas un facteur majeur de la performance des élèves.“Les programmes un ordinateur portable par enfant ne font qu’amplifier ce qui est déjà en cours –

pour le meilleur et pour le pire”, estime Bryan Goodwin, porte-parole d’un groupe [14] qui arédigé une étude sur le sujet [15]. Les bons enseignants peuvent faire un bon usage desordinateurs, tandis qu’avec d’autres, les élèves pourraient se laisser distraire par la technologie.

Une étude (.pdf) [16] de 2009 du ministère américain de l’éducation sur les cours en ligne (quesuivent plus d’un million d’étudiants de primaire et de secondaire, qui vantait pourtant l’impactpositif des cours en ligne [17]) a néanmoins souligné que les décideurs manquaient de preuvesscientifiques sur leur efficacité. Larry Cuban [18], professeur émérite d’éducation à Stanford, adéclaré que les technologies ne justifiaient pas les gros investissements qu’elle recevait. “Il n’y apas suffisamment de preuves pour montrer la moindre tendance”.

Les métriques en question

Pour Karen Cator, directrice du bureau des technologies éducatives [19] au Département d’Etatchargé de l’éducation, les résultats aux tests fournissaient une mesure inadéquate de l’apport dela technologie dans les écoles. “Les résultats aux tests sont les mêmes, mais regardez tout ce queles élèves qui utilisent les technologies savent faire : utiliser l’internet pour chercher desinformations, organiser leur travail, utiliser des outils de rédaction professionnels, collaborer avecles autres.”

Pour beaucoup, Kyrene est devenu un modèle pour la formation des enseignants à utiliser latechnologie. Car l’essentiel ne repose pas tant dans la technologie, que dans ce qu’on en fait.Beaucoup d’écoles du district – notamment celles des régions les plus riches – avaient déjà desrésultats élevés avant les ordinateurs : est-ce à dire qu’il est plus difficile de progresser encore,même avec les ordinateurs ? A moins que le léger recul des résultats provienne del’élargissement de la population des élèves accueillis ?…

Reste que comme l’a constaté le journaliste, l’enthousiasme que l’on trouve dans les classes qui

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utilisent les TICE, lui, n’a pas faibli (en France également, comme le soulignait cet article duMonde sur l’utilisation de Twitter en classe [20]). Il y a des choses qu’on doit faire avec des outilstraditionnels, et d’autres pour lesquels les ordinateurs sont des supports efficaces. Lesordinateurs, estime un professeur, aident les élèves à identifier leurs idées, ils leur permettentd’éditer leur travail, d’améliorer immédiatement leur travail et de mieux le partager avec laclasse. Pour d’autres enseignants, passer par la technologie est la seule façon pour atteindre cettegénération et la conduire à apprendre. Avec les technologies les élèves se sentent plus impliqués.Comme le montrent les réactions des élèves lorsqu’un professeur affiche instantanément lecamembert des résultats d’un QCM qu’elle vient de leur poser via le tableau blanc interactif.

L’implication est au coeur du Plan technologique pour l’éducation nationale [21] publié l’annéedernière par la Maison Blanche. La transformation “révolutionnaire” par les TICE des écoles a pourbut de motiver et d’inspirer tous les élèves.

[22]

Image: la

couverture du Plan technologique pour l’éducation nationale [21] publié par la Maison Blanche en2010 sous le titre “l’apprentissage propulsé par la technologie”.

Dépasser l’opposition ordinateurs contre professeurs

Pourtant, là encore, la recherche n’établit pas un lien clair entre l’ordinateur et l’implication,explique Randy Yerrick [23], doyen en technologie éducative à l’université de Buffalo. Pour lui, lesmeilleures utilisations pédagogiques des ordinateurs sont celles qui n’ont pas d’équivalent, commed’utiliser des capteurs en classe de science pour observer des modifications physiques ouchimiques ou utiliser des systèmes adaptés aux enfants handicapés. L’implication est un terme“moelleux” : la maintenir nécessiterait une nouveauté constante, ce qui lui semble un objectifinatteignable.

Reste que si les enfants ont plus accès à des ordinateurs, ils ont un peu moins accès auxenseignants, conclut Matt Richtel. Les salles de classe se sont peuplées et le rôle des enseignantsa changé. A Kyrene, les enseignants n’ont pas été augmentés depuis 2008 et beaucoup sontcontraints d’avoir un second emploi, dans la restauration ou la vente. “Nous avons des ordinateursdans les salles de classe, mais pas assez d’argent pour acheter du papier, des crayons ou dudésinfectant”.

Bien sûr, ce papier a déclenché de très nombreuses réactions dans la presse et la blogosphèreéducative américaine. L’une des plus stimulantes est celle de Cathy Davidson [24] (la chercheusede l’université de Duke en Caroline du Nord qu’évoquait Xavier de la Porte lundi dernier dans salecture [25]) qui rappelle qu’à travers toute l’Amérique, les résultats des tests scolaires suiventceux de Kyrene et sont plutôt stagnants. “Ce n’est pas les résultats des tests qui sont stagnants,ce sont les tests eux-mêmes”. Et Cathy Davidson de rappeler, comme elle le fait dans son livre[26], que les QCM d’évaluation qui ont cours aux Etats-Unis, ont été inventés au début du XXesiècle, au coeur de l’ère industrielle. “Pouvons-nous mesurer l’enseignement avec une métriqueinventée pour nos arrières grands-parents qui proposent des options limitées (A, B, C ou D) dansun monde où ils peuvent Googler n’importe quoi ? Pire, nous leur disons que, dans le monde del’avenir, les compétences dont ils auront besoin, il doivent les apprendre par eux-mêmes,puisqu’après tout, elles ne sont pas sur le test !”

Pourtant, reconnait Cathy Davidson, la question que soulève Richtel sur les coûts et lesinvestissements est bonne. “Je suis très méfiante du coûteux dumping technologique qui envahitla classe”. Selon elle, le complexe industriel éducatif est toujours à considérer avec suspicion. Etle technodéterminisme (penser que la technologie est la réponse) est tout aussi douteux et

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coûteux que le test-déterminisme (penser que les résultats révèlent la réalité de l’apprentissage).Aucune école ne doit investir dans la technologie sans investir de manière substantielle dans laformation des enseignants. Or, la plupart du temps, l’introduction des technologies se fait sansformation, sans accompagnent des enseignants. Pire, bien souvent, les dépenses dans lestechnologies de l’éducation se font au détriment du nombre d’enseignants, comme le rapportaitrécemment Courrier International [27].

“Nous perdons notre argent et le temps que nos enfants passent à l’école si nous nous contentonssimplement de jeter un tas de technologie en classe, sans aider les enfants à comprendre cettetechnologie.” Et ce d’autant plus que la question de la technologie est devenue inséparable detoutes les manières dont nous pensons, communiquons, interagissons. Mais cette question ne serésume pas à trouver la bonne réponse sur Google, rappelle Cathy Davidson.

A sa manière, Richard Halverson [28], professeur à l’université de Madison et coauteur deRepenser l’éducation à l’âge de la technologie [29], ne dit pas autre chose quand il pointe du doigt(.pdf) [30] que la fracture scolaire ne repose plus sur l’accès, mais sur la différence entre lestechnologies pour l’apprentissage et les technologies pour les apprenants. La fracture scolairerepose plus sur la différence entre ceux qui utilisent la technologie pour amplifier leurapprentissage et ceux qui ne l’utilisent pas, explique-t-il [31].

Cathy Davidson rappelle que “nous ne sommes pas responsables en tant qu’éducateurs si nous nefaisons qu’enseigner avec la technologie, car il faut également enseigner à travers elle, sur elle età cause d’elle. Nous devons faire comprendre aux enfants sa puissance, son potentiel, sesdangers, ses usages. Ce n’est pas seulement un investissement qui en vaut la peine, mais c’est uninvestissement qu’il serait irresponsable d’éviter.”

21 Comments To "Dans la salle de classe du futur, les résultats neprogressent pas"

#1 Comment By Christian Jacomino On 21/9/2011 @ 8:18

Pour ce qui concerne au moins l’apprentissage de la langue (et de la lecture qui n’est qu’un aspectde l’apprentissage de la langue), l’utilisation des nouvelles technologie pousse férocement versune plus grande autonomie. Or, il paraît assez évident que cet apprentissage ne peut être efficacequ’en situation de communication réelle, vivante. À l’intérieur du groupe. Le numérique peut yaider, mais il y a là une tendance à renverser. Peut-être parce que les outils numériques ont étéinventés d’abord par des scientifiques, pour des scientifiques, et que les littéraires s’en méfient.Le TBI est un bon exemple. Il me paraît très utile pour le mathématiques, la géométrie. Maispour les apprentissages linguistiques, nous devons faire en sorte que les élèvesparlent_ensemble. Et non pas qu’en silence, ils fassent glisser des mots vers des cases où ils sontacceptés ou refusés.

#2 Comment By Christophe Deshayes On 21/9/2011 @ 11:43

Le bilan des TICE est bien plus ambivalent que cet article le montre. Le bilan relatif résultat/coûtmontre que le TBI (tableau blanc interactif) est probablement trop cher pour ce qu’il produit dansle contexte actuel. Son bilan va s’améliorer lentement avec l’appropriation obligatoirement trèslente des enseignants. En revanche twitter qui ne coute rien permet à des enseignants devraiment faire des choses convaincantes dès aujourd’hui.Mais les élus préfèrent montrer des TBI (investissement massif) pour prouver leur engagement àmoderniser l’école… ?!

Deux articles à lire dans deux numéros récents de la jaune et la rouge (la revue despolytechniciens)[32]

[33]

#3 Comment By Hubert Guillaud On 21/9/2011 @ 12:21

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framablog.org

by AKA • NOV. 6 , 2012

La société Ericsson a rassemblé quelques « grands penseurs de l’Internet éducatif de demain »

pour nous proposer une vidéo d’une vingtaine de minutes, intitulée The Future of Learning, qu’on

a jugé suffisamment importante pour faire l’effort de la traduction puis du sous-titrage.

On ne mesure pas forcément les grands bouleversements qui nous attendent dans le champ

éducatif tant sont fortes l’inertie et la résistance des structures existantes. Il est aussi plus que

probable que « le Libre » saura tirer son épingle du jeu car on ne peut désormais pleinement

échanger et partager sans lui.

Permettez-moi cependant d’avoir de légers doutes quant à l’accès en masse de toutes ces

merveilles promises en temps de crise. Je n’irais pas jusqu’à dire, comme le mouvement #Occupy

que cela ne profitera qu’aux 1%, mais il est fort possible, si nous n’y prenons garde, que se

développe un enseignement à deux vitesses : celui du vieux public sans le sous gardant ses

traditionnelles écoles prisons-casernes et celui du privé captant presqu’à lui seul toute la

modernité dont il est question ci-dessous.

(pour faire disparaître le sous-titrage anglais à l’arrière plan, cliquer sur l’icône CC dans la barre

d’état du bas)

URL d’origine du document

Traduction et transcription : GPif, LuD-up, PM, goguette, HgO, albahtaar, Goofy, aKa

Remarque : On peut considérer ce sous-titrage comme une sorte de perfectible « première

version ». Si cela ne vous convient pas, c’est comme dans Wikipédia, il suffit d’aller sur Amara, la

plateforme de sous-titrage et modifier.

The Future of Learning - Transcription

Sugata Mitra : Tout semble plus excitant quand vous avez cinq ans. Alors, tout était grand, tout

était étrange, et je me souviens avoir été un peu effrayé.

Stephen Heppell : Comme beaucoup d’enfants, je me souviens de mes années d’école avec

tendresse mais le peu dont je me souvienne ainsi n’est pas le peu dont je devrais me souvenir. Je

me souviens des jeux et du sport, de la méchanceté, des espiègleries et des bêtises. En fait, je me

souviens du peu qui était hors-norme.

Daphne Koller : C’est un incroyable privilège pour moi d’avoir eu une éducation qui a pris et

gardé une place si importante dans ma vie, encore aujourd’hui.

Jose Ferreira : Je me souviens m’être beaucoup ennuyé. Ça n’a pas révélé le meilleur de

moi-même, je m’en suis sorti, quoi qu’il en soit. Je n’étais pas très adapté ou le système n’était pas

très adapté pour moi. C’est un peu dingue quand on y pense. On prend les enfants et on les force à

essayer de s’adapter à ce système bureaucratique vraiment complexe, alors que le système devrait

s’adapter à eux.

Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability.com/articles/ez0dnrwh

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Sugata Mitra : L’éducation traditionnelle tire ses origines du système militaire, en grande partie.

L’armée avait besoin de personnes identiques ; soldats, administrateurs, etc…, elle a donc

engendré ce système. Quand la révolution industrielle a eu lieu, on a encore voulu des personnes

identiques pour les chaînes de montage. Même pour les consommateurs, on voulait qu’ils soient

identiques afin que tous achètent les mêmes choses.

Seth Godin : Alors si on regarde l’école sous cet angle, si on considère le fait qu’on enseigne à

vingt ou trente enfants à la fois, en série, exactement comme à l’usine. Si on considère le fait que si

vous ratez votre CE2, (d’après Collins; ce qui convient mieux au sujet d’enfants), que vous

arrive-t-il ? On vous retient et et on vous reconditionne. Tout correspond aux travaux d’usines, on

l’a élaboré à dessein. Et c’était vraiment utile pour son fonctionnement. Mais on ne manque plus

de travailleurs à l’usine.

Stephen Heppell : On assiste probablement à la mort de l’éducation, aujourd’hui. Je pense que

les structures et les restrictions de l’école, qu’apprendre de neuf heures à quinze heures, en

travaillant seul, sans travailler avec les autres ; je pense que tout ça, c’est un système mort ou

moribond. Et je pense que l’apprentissage ne fait que commencer.

Seth Godin : J’ai souffert d’un trouble du déficit de l’attention en grandissant, comme beaucoup

d’autres maintenant. Et ce sentiment persiste dans l’inconscient collectif qu’il y a quelque chose de

brisé chez les enfants sujets à ce genre de troubles, car ils ne sont pas conformes au système. Donc

ce que nous faisons, c’est donner des médicament aux enfants pour les rendre conformes au

système, au lieu de dire : mais attendez, le système est là pour les enfants. Et il y a beaucoup de

gens qui peuvent assez facilement rester assis pendant huit heures et prendre des notes, et

ensuite, deux semaines après, répéter ce qu’ils ont écrit. Mais il y a également cette immense

quantité de personnes extrêmement talentueuses et engagées qui ne peuvent pas apprendre de

cette manière. Il y a une grande différence entre accéder à l’information et l’école, alors

qu’auparavant, c’était la même chose. L’information est là, en ligne pour n’importe laquelle des

milliards de personnes qui ont accès à internet. Donc cela signifie que si on donne accès à un

enfant/quelqu’un de quatre, huit ou douze ans, ils prendront l’information s’ils la veulent.

Sugata Mitra : Savoir quelque chose est probablement une idée obsolète. Vous n’avez en fait pas

besoin de savoir quoi que ce soit, vous pouvez le trouver au moment ou vous avez besoin de le

savoir. C’est le travail des enseignants de diriger les jeunes esprits vers les bons types de questions.

L’enseignant n’a pas besoin de donner les réponses, car les réponses sont partout. Et nous savons

désormais après des années d’études que les élèves qui trouvent les réponses par eux-mêmes se

souviennent mieux que si on leur avait donné la réponse.

Stephen Heppell : L’Education est très lente à appréhender les données, les nombres, à

comprendre les analyses et ce qui en fait est en train de se passer. Nous effectuons un contrôle ici,

et un examen là, mais les détails de ce qu’il se passe, nous ne les comprenons pas vraiment. Ce

sera, à coup sûr, la prochaine étape importante de notre bagage, notre capacité d’analyser où que

nous soyons. Certains de ceux qui regardent ceci seront déjà en train d’analyser leur santé et leur

bien-être et les effets sur leur forme. Ils seront aussi en train d’analyser leur apprentissagen

bientôt. Et ensuite nous serons vraiment bons à ça.

Jose Ferreira : Knewton est une plate-forme d’extraction de données et d’apprentissage

adaptatif qui permet à n’importe qui, n’importe où de publier du contenu. Ça peut être un éditeur,

un professeur en particulier, ou n’importe qui entre les deux. et il produit un cours qui va être

personnalisé de manière unique pour chaque étudiant, en se basant sur ce qu’elle sait et comment

elle apprend le mieux. Le manuel du futur sera distribué sur des appareils connectés. Ça signifie

que le volume incroyable de données que les étudiants ont déjà produit, lors de leurs études, sont à

présent à portée de main et utilisables. Donc Knewton et tous les dérivés de Knewton peuvent

déterminer des choses comme ; vous apprenez les maths plus efficacement le matin entre 08h32

et 9h14. Vous apprenez les sciences plus efficacement par tranches de 40 minutes. À partir de la

42e minute, votre taux d’attention commence à baisser, nous devrions mettre ça de côté pour le

moment et vous diriger vers quelque chose d’autre qui vous maintient attentif. Ce travail intense

Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability.com/articles/ez0dnrwh

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de 35 minutes, que vous faites tous les jours pendant la pause déjeuner : vous n’en retenez rien ;

allez plutôt traîner avec vos amis, et vous ferez ce travail l’après midi quand vous serez plus disposé

à apprendre. Vous apprenez mieux ceci avec des questions courtes; mieux celà avec des questions

compliquées et difficiles. Nous devrions vous soumettre à nouveau ces informations dans quatre

jours pour une mémorisation optimale. Et voici exactement les détails où vous allez batailler

quand vous ferez vos devoirs ce soir, parce que vous n’avez pas appris certains concepts

nécessaires à cet exercice. Et nous pouvons, en temps réel, allez chercher le petit bout de cours

particulier, du mois dernier, ou de l’an dernier, et de manière transparente le placer sous vos yeux,

pour que vous n’ayez pas à batailler. Nous pouvons prédire les échecs à l’avance et éviter qu’ils ne

se produisent. Nous allons nous émanciper de ce modèle aliénant, parfois ennuyeux et parfois

frustrant où tout le monde reçoit exactement la même chose, au même moment, rigoureusement

dans le même ordre et avec le même niveau de difficulté. Pour la moitié de la classe, c’est trop

difficile, et pour l’autre moitié, c’est trop lassant. On va proposer aux élèves qui ont le meilleur

niveau les outils les plus stimulants. Cela leur permettra de libérer leur potentiel d’une manière

innovante. Mais pour chaque enfant, quelles que soient ses difficultés, il existe une voie vers la

réussite. Cela pourra prendre un peu plus longtemps, mais il existe toujours une voie vers la

réussite. Et le système devient aussi de plus en plus performant à mesure que plus de gens s’en

servent. Les différentes stratégies sont en compétition entre elles pour être réintroduites au sein de

la génération suivante, de façon à ce que la stratégie qui est la plus efficace pour vous, une fois

déterminée, n’importe quel enfant pourra ensuite profiter de cette stratégie. C’est complètement

nouveau. Quand l’automobile a été inventée, ce n’est pas ce que les gens attendaient : ils

demandaient des chevaux plus rapides. Et les gens ne demandent pas encore vraiment Knewton,

car il ne savent pas encore ce que c’est, mais une fois qu’ils l’auront vu et essayé, alors ils

l’adopteront tout de suite.

Stephen Heppell : On dit que l’éducation évolue très lentement. Mais tout à coup, il suffit d’être

connecté. Ca change tout ; ça change les modalités de contribution, votre cerveau peut contribuer à

distance.

Sugata Mitra : C’est une chose d’être assis là, dans le labo multimédia, et de discuter du futur. Je

vais souvent dans des endroits aussi différents que possible d’un labo multimédia. Et je me

demande, quelle est la valeur de toutes mes idées, ici. Mais il y a une grande raison d’avoir de

l’espoir. Où que j’aille, la toute première chose que je demande, ou que je vérifie avec mon

téléphone, c’est si la bande passante est suffisante pour avoir accès à Internet. Et en plein milieu de

la jungle, parfois je constate qu’il y a toujours une connexion. Et je sais que tout ce que je dis peut

aller n’importe où, et de la même manière. C’est une question de temps.

Lois Mbugua : La connectivité est réellement en train d’ouvrir le monde. Si vous connectez un

village, par exemple Bonsaaso, les élèves peuvent alors réellement communiquer avec d’autres

élèves, par exemple à Londres. Cela signifie qu’il peuvent commencer à voir le monde autrement.

Éduquez un jeune, et vous éduquez une nation.

Margaret Kositany : “Connecter pour Apprendre” est un partenariat entre Ericsson, l‘“Earth

institue” de l’université de Columbia, et la “Promesse du Millénaire”. Il y a deux aspects : cela

fournit des bourses d’étude au filles, et “Connecter pour Apprendre” donne aux élèves des

ordinateurs et un accès à internet, et leur montre comment s’en servir et comment récupérer des

informations. L’éducation était limitée à ce que le professeur pouvait dire aux élèves, et le

professeur s’appuyait sur un petit manuel scolaire, ou quelques rares livres, de sorte que

l’enseignant n’était pas très impliqué. Maintenant il est possible d’avoir accès à beaucoup

d’informations et les enfants discutent et échangent des informations, vous voyez qu’ils ont

beaucoup plus de sujets de discussion, car ils ont le sentiment d’être plus impliqués. Et les enfants

sont plus confiants.

Lois Mbugua : Ils ont l’énergie, ils ont toute la vie devant eux, et ils sont sur le point de

commencer quelque chose de plus grand/à penser plus globalement. Si on leur apporte la

connectivité, ils sont en fait capables de faire des transactions et ils peuvent commencer de petites

affaires/choses, qui vont les transcender. Donc, je dirais qu’il s’agit en fait de l’ouverture de nos

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villages, de notre pays, et de tout le continent.

Margaret Kositany : Nous sommes en train de le mettre en oeuvre dans autant de pays que

possible en Afrique, et aussi en Amérique du Sud. Il est possible de le développer à l’échelle de

n’importe quel pays.

Seth Godin : La manière dont nous résolvons les problèmes captivants consiste à faire des

erreurs, et des erreurs, et encore des erreurs, jusqu’à ce que nous réussissions. Et si vous avez eu

l’occasion de parler à des gens qui ont réussi, de fait, la chose qu’ils ont presque tous en commun,

c’est qu’ils ont essuyé une centaine d’échecs avant de réussir. Et ce qui les distingue des gens qui

ne réussissent pas, ça n’est pas le fait qu’ils ont réussi, c’est qu’ils ont échoué plus que les autres.

Jose Ferreira : Je ne suis pas certain que les écoles puissent se permettre de dire : “nous devons

nous perfectionner, afin de préparer le plus de gens possible à correspondre à ce système qui

repose sur l’expérimentation.”

Stephen Heppell : C’est inimaginable, dans une société où l’on s’assoit pour passer un examen

en se disant j’espère qu’il n’y aura pas de questions-pièges dans l’énoncé ; pendant que les

professeurs pensent j’espère que je l’ai bien préparé pour tout. Comment cela pourrait-il préparer à

un monde où chaque jour apporte son lot de questions-pièges. Un monde où la surprise est

partout : dans l’économie, dans la société, dans la politique, dans les inventions, dans la

technologie. Chaque jour est une surprise. L’apprentissage nous prépare à faire face aux surprises,

l’éducation nous prépare à faire face aux certitudes. Alors qu’il n’y a pas de certitudes.

Sugata Mitra : Le professeur occupe une place entre l’enfant et l’éducation classique, en

essayant de faire en sorte que l’enfant se confronte au système. Et jusqu’à ce que ce système

s’écroule ou disparaisse, il/elle a un un rôle incroyablement compliqué qui consiste à maintenir la

curiosité de l’enfant éveillée, tout en lui déclarant ; écoute, lorsque tu auras seize ans, tu devras

commencer à mémoriser certaines choses, de manière à ce que tu puisses aller t’asseoir pour

passer un examen, que tu le réussisses et que tu termines ta scolarité correctement.

Seth Godin : Je ne connais personne qui passe d’examen standardisé pour gagner sa vie.

Pourquoi donc utilisons-nous les examens standardisés pour vérifier si vous allez être bons alors

qu’il n’y aura plus d’examens standardisés après que vous l’aurez passé ? Cette façon de faire a

contaminé la totalité de l’écosystème mercatique de l’éducation parce que les universités

renommées le sont parce qu’elles sont extrêmement sélectives au regard des résultats du

Scholastic Aptitude Test (test d’entrée pour les universités Américaines). Les parents veulent que

leurs enfants aillent étudier dans une université renommée. Ils poussent donc les écoles à

formater des élèves qui iront dans ces universités en obtenant de bons scores au SAT, ce qui

dénature totalement les fondements de l’éducation. Si l’on pouvait faire en sorte que les parents,

les enseignants, les enfants et les administrateurs aient cette discussion, qu’ils en parlent entre

eux, qu’ensuite aux conseils d’administration des écoles ou aux réunions décennales les questions

posées ne soient pas quels sont les résultats de vos élèves au SAT ? ; mais qu’on dise plutôt : le SAT

n’a aucun sens, le système d’universités renommées est une escroquerie. On doit créer quelque

chose de différent. Ce débat est possible. Ainsi le cours des choses pourra commencer à changer.

Daphne Koller : Coursera est une société d’entrepreneuriat social qui permet aux meilleurs

universités de partager leurs meilleurs cours afin que n’importe qui autour du monde, dans la

mesure où il possède une connexion internet, puisse jouir de l’accès à une éducation de qualité. À

ce jour, c’est-à-dire fin septembre, on compte un million et demi d’étudiants qui viennent de 196

pays, même si la manière de compter les pays reste un peu discutable. On a 195 cours qui

proviennent de 33 universités. Les cours les plus importants ont 130 000 inscrits, les cours moins

fédérateurs sont suivis seulement par environ 10 000 personnes ; naturellement, ils continuent à

se développer ; la plupart des cours n’a même pas commencé. Une classe moyenne, quand elle est

lancée, est composée d’à peu près 50 ou 60 000 étudiants inscrits. L’ampleur est intéressante

parce qu’elle permet de proposer un produit de grande qualité pour un coût différentiel par

étudiant assez bas, ce qui nous autorise à accepter des gens qui ne peuvent vraiment pas se

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permettre de payer pour l’éducation et ainsi leur fournir une éducation gratuite. Une éducation

gratuite de la plus grande qualité, parce que les coûts par étudiant sont si bas. La pratique, chez

Coursera, c’est que le cours commence à une date donnée, et chaque semaine, l’étudiant a accès à

de nombreuses rubriques. Chaque rubrique est un cours en vidéo, mais une vidéo interactive ;

c’est-à-dire que vous ne restez pas assis là, pendant une heure, à regarder une vidéo, vous avez la

possibilité d’interagir avec la vidéo. Il y a des contrôles rigoureux et significatifs de diverses

catégories ; pas juste des questions à choix multiples, mais des exercices bien réels et approfondis.

Et il y a une communauté d’étudiants avec laquelle interagir, à qui poser des questions, afin

d’obtenir des réponses d’étudiants suivant le même cursus. Ainsi on a un meilleur apprentissage à

travers l’aide réciproque, aussi bien qu’un échange social, de sorte qu’on a une réelle impression

d’appartenir à une communauté d’étudiants autour de cette activité intellectuelle. Les gens nous

demandent souvent si les universités appartiennent désormais au passé, si les universités vont

disparaître… et je pense avec certitude que ce n’est pas le cas. Il y a quelque chose de formidable à

l’idée de réunir des gens dans un endroit où des interactions fortuites peuvent voir le jour. Un

endroit où on peut avoir un tutorat en face-à-face entre un étudiant et un instructeur, où les

étudiants peuvent se parler entre eux, créer ensemble et apprendre à débattre d’idées. Cette

expérience sur un campus physique n’a pour le moment aucun équivalent virtuel effectif. Notre

but ici, et je pense qu’il faut être pragmatique sur ce sujet, n’est pas nécessairement d’ouvrir la

voie, ni de donner un équivalent à des étudiants qui n’ont pas actuellement accès à ce à quoi les

étudiants fortunés de Princeton ont accès. Ce qui serait réellement un but enviable, mais qui n’est

pas forcément quelque chose que nous pouvons accomplir dans un délai aussi court. Ce que nous

aimerions faire, c’est amener ces deux extrêmes à faire considérablement mieux que ce qu’ils

peuvent faire actuellement, même s’ils ne se retrouvent pas égaux en fin de compte. Si nous

améliorons beaucoup les choses, à la fois pour les étudiants du campus, et ceux qui n’y ont pas

accès actuellement accès, je pense que nous aurons fait une chose géniale.

Seth Godin : Alors voyons comment les révolutions fonctionnent. Les révolutions détruisent le

parfait et permettent l’impossible. Elles ne passent jamais d’un coup de “tout va bien” à “tout va

bien”. Il y a beaucoup d’interférences entre les deux. Quand on observe le milieu musical :

l’Internet a d’abord détruit les maisons de disque. Et cela permet seulement maintenant aux

musiciens indépendants d’être entendus.

Jose Ferreira : L’éducation a tendance à évoluer par paliers, donc quand, effectivement, ça

évolue, le changement est explosif. le mouvement qui va d’avant l’imprimerie à après l’imprimerie

est une seule et même transition dans l’Histoire du monde, en termes d’éducation. L’éducation en

ligne va bientôt être ainsi. Et nous voulons être sûrs, en tant qu’espèce, que l’espèce humaine fait

bien les choses.

Daphne Koller : Une des révolutions que nous nous apprêtons à voir est : comment l’éducation

est de moins en moins un pourvoyeur de contenu parce que ça va être une denrée disponible,

espérons-le, elle va être accessible pour tous dans le monde entier. Et une partie beaucoup plus

importante que ce que nous pensions de l’éducation est en route pour revenir aux origines de

l’enseignement. Celle où l’éducateur engage la conversation avec les étudiants et les aide à

développer leurs compétences intellectuelles, leur capacité à la résolution de problèmes, et leur

passion pour la discipline. Le genre de choses qui sont bien plus faciles à faire dans un face à face

et qui sont vraiment très dures à faire avec un format en ligne, mais pour lesquelles l’expérience

des universités, comme nous la connaissons c’est : vous êtes à la bonne place pour ce genre de

développement de compétences.

Seth Godin : Maintenant ce que je veux voir des écoles c’est : amener les enfants à la vouloir.

Créer un environnement où les enfants sont sans repos jusqu’à ce que leur besoin d’informations

soit satisfait.

Sugata Mitra : A chaque fois que j’ai une bonne question, j’obtiens un engagement immédiat. Je

pense qu’un professeur doit rester en arrière et dire quel est le sujet du jour. Ouvrez vos cahiers et

découvrez le vous-mêmes.

Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability.com/articles/ez0dnrwh

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Seth Godin : Ce dont nous avons besoin, ce sont des professeurs qui vont regarder les gens dans

les yeux et qui vont croire en eux, et les pousser à aller de l’avant, et c’est dur de faire ça sur

Internet. Ça doit vraiment être fait en face de la personne.

Stephen Heppell : L’école a décidé d’être meilleure car elle voit les enfants devenir meilleurs. Et

les professeurs… Que dit leur t-shirt ? Il dit : “on est là pour le résultat, pas pour le salaire !” Les

professeurs sont là car ils peuvent voir le changement chez leurs élèves. Si vous ajoutez tous les

enfants de l’histoire du monde, plus d’enfants vont quitter l’école dans les 30 prochaines années

qu’ils ne l’ont fait au cours de toute l’histoire. Si je devais changer une seule chose, j’améliorerais

juste un peu leur éducation. Et ça changerait l’histoire plus que tout le reste.

Original URL:http://www.framablog.org/index.php/post/2012/11/06/the-future-of-learning-vostfr

Il faut voir cette vidéo sur le possible futur de l'apprentissage sous-titré... http://www.readability.com/articles/ez0dnrwh

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Cyborgs

Les ordinateurs, notamment dans leur version portable (tablettes, smartphones, laptops,..) font de nous des humains augmentés, capable d’accéder à la connaissance dans des délais très courts,

L’Internet des objets, aujourd’hui essentiellement concentré dans la domotique ou les transports est en passe de se généraliser et pourra nous suppléer encore plus fortement,

Les progrès technologiques permettront demain des prothèses affordantes,

La médecine peut profiter des aujourd’hui du numérique, notamment pour tout ce qui concerne le suivi médical,

Nous sommes en train de devenir cyborgs

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de Michel Lévy-ProvençalTous cyborgs ?Par Les Echos | 15/01 | 07:00

L'homme est un cyborg depuis la nuit des temps. Evidemment, pas ce cyborg que les

auteurs de science-fiction fantasment à longueur de romans et de grosses productions

hollywoodiennes ; mais un cyborg plus silencieux, moins visible, bien plus réel. Un cyborg

est un organisme auquel on a ajouté des composants exogènes pour lui permettre de

mieux s'adapter à l'environnement. Vous lisez cet article lunettes sur le nez ?

Littéralement, vous êtes un cyborg. Il existe des cyborgs encore plus évolués, bien sûr,

comme les spationautes ou les champions des jeux paralympiques.

Avec l'avènement des technologies de l'information, l'impact sur l'être n'est plus physique

mais bel et bien cérébral. Le réseau est devenu une extension de notre cerveau. Vous en

doutez ? Pensez à ces notes, ces courriels ou ces listes de tâches stockées dans votre

smartphone, votre ordinateur ou vos serveurs. Si soudainement vous les perdiez,

ne perdriez-vous pas une part de votre mémoire ? Je vous l'accorde, dans le langage

courant, les cyborgs évoquent plutôt ces êtres hybrides, ces monstres dotés de

dispositifs sophistiqués aux facultés physiques et mentales extraordinaires.

Extraordinaires, dites-vous ? Non, les avancées technologiques qui sortent des

laboratoires incitent à penser que ces facultés vont devenir presque banales. A force

d'accélération des évolutions technologiques et avec l'avènement des NBIC

(nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), la donne

changera à l'horizon 2030-2040. Aujourd'hui, un dispositif de calcul à 1.000 dollars permet

d'atteindre la capacité cognitive d'un insecte, voire d'une souris. Vers 2020, cette

puissance devrait croiser celle du cerveau humain. Que se passera-t-il dix ou vingt ans

plus tard ?

Selon certains scientifiques, nous avons déjà changé d'ère pour entrer dans

l'anthropocène : une nouvelle époque géologique causée par la main de l'homme et non

par les forces naturelles. De la même façon, notre capacité à manipuler le vivant nous

fera-t-elle lentement changer d'espèce ? Nous avons encore quelques années à attendre

pour le savoir...

Michel Lévy-Provençal

Michel Lévy-Provençal est président de TEDxParis et PDG de Joshfire.

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La douce insouciance européenne

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Tous cyborgs ?, Chroniques http://www.lesechos.fr/imprimer.php

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- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -

Sommes-nous encore autonomes ?Posted By Hubert Guillaud On 19/9/2012 @ 7:00 In Articles,Communicationinterpersonnelle,Confiance et sécurité,Débats,Identité numérique | 8 Comments

A l’heure où l’électronique s’intègre dans presque n’importe quel objet (des voitures aux appareilsélectroménagers, aux vêtements que nous portons…) et se connectent sans fil sur le web, nousentrons dans l’ère de l’internet des objets, explique l’éditorialiste Christine Rosen pour The New

Republic [1]. Un monde où nos interactions quotidiennes avec les objets du quotidien laissent unetrace de données, de la même manière que le font déjà nos activités en ligne. “Avec l’internet desobjets, nous sommes toujours (et souvent sans le savoir) connectés à l’internet, ce qui apportedes avantages évidents en terme d’efficacité et de personnalisation. Mais cela accorde égalementaux technologies de nouveaux pouvoirs, pour nous persuader ou nous obliger à nous comporterde certaines façons.”

“La pratique de la technologie est toujours en avance sur la théorie, c’est pourquoi nos points deréférence culturels en la matière proviennent plus de la science-fiction que de la philosophie”,estime la journaliste. C’est peut-être pourquoi nous sommes dans une illusion persistante sur laneutralité de la technologie. “Si l’on en croit ce raisonnement, nos iPhone et les pages Facebookne sont pas le problème, le problème est de savoir comment nous choisissons de les utiliser. Sil’on suit cette perspective, nous serions toujours autonomes, libres de mettre de côté nostechnologies et de nous livrer à un Sabbat numérique chaque fois que nous le choisissons”.Poutant, comme l’explique le philosophe hollandais Peter-Paul Verbeek [2] (@ppverbeek [3]) dansson dernier livre – Moraliser la technologie : comprendre et concevoir la moralité des objets [4] -,ce n’est déjà plus le cas.

A qui devons-nous attribuer la responsabilité de nos actions ?

Les technologies peuvent ne pas avoir d’esprit ou de conscience, affirme Verbeek, mais elles sontloin d’être neutres. Elles nous “aident à façonner notre existence et les décisions morales quenous prenons, ce qui leur donne indéniablement une dimension morale”. A l’heure où de plus enplus de nos activités sont médiées par la technologie, à qui devons attribuer la responsabilité denos actions ?

S’appuyant sur les théoriciens de la technologie comme Don Ihde (Wikipédia [5]) et Bruno Latour,ainsi que sur les travaux de Michel Foucault, Verbeek propose une approche“postphénoménologique” qui reconnaît que nos actions morales et nos décisions sont devenuesune affaire conjointe entre les humains et les technologies. L’échographie par exemple, expliqueChristine Rosen, a transformé notre expérience de l’enfant à naître. Conçue pour améliorer notreconnaissance médicale, l’échographie a généré involontairement de graves dilemmes moraux.“”Cette technologie n’est pas simplement un moyen fonctionnel pour rendre visible un enfant ànaître”, affirme Verbeek, “elle contribue activement à façonner la manière dont l’enfant à naîtrenous est humainement connu.” Cette expérience est à la fois d’une grande transparence et d’unegrande abstraction. Nous voyons l’enfant comme quelque chose de distinct de sa mère : le ventredevient un “environnement”.”

La technologie modifie fondamentalement non seulement ce que nous voyons, mais aussi laqualité et la quantité des choix qui nous sont proposés. Dans le cas d’une interruption degrossesse par exemple, la technologie joue un rôle actif dans les questions morales et fixedésormais le cadre pour y répondre. Comme demain le décodage par la technologie des signauxnon verbaux dont nous ne sommes pas nécessairement conscients [6], transformera le cadre parlequel nous comprenons le monde.

Nos machines exercent-elles un contrôle sur notre libre arbitre ?

“Que nos machines puissent exercer un contrôle sur notre prise de décision morale est une idéeimpopulaire. Nous aimons nous considérer comme capables d’exercer notre autonomie sur leschoses que nous créons et les actions que nous entreprenons.” Nous voudrions bien pouvoircontinuer à nous accrocher à ce principe des Lumières, mais à une époque où les technologiessont aussi omniprésentes et puissantes que les nôtres, nous devons déplacer la source de lamorale, estime Rosen à la suite de Verbeek. La raison humaine n’en est plus la seule origine.Dans son livre, Signaux honnêtes, Alex Pentland affirmait déjà [7] : “Nous ne ressemblons plusaux êtres idéalisés, aux êtres rationnels imaginés par les philosophes des Lumières. L’idée que

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notre conscience, que la pensée individuelle est le facteur déterminant de notre comportementpeut désormais être considérée aussi folle que la vanité qui nous plaçait avant au centre del’univers.”

En 1997, BJ Fogg [8] (@bjfogg [9]) a inauguré à l’université de Stanford le Laboratoire destechnologies persuasives [10], qui peuvent être vues comme un des modèles de la “moralité desobjets”. Les technologies persuasives prennent aujourd’hui sans cesse de nouvelles formes :applications de téléphones mobiles, podomètres sophistiqués qui utilisent des stratégies familières(comme les simulations ou le “renforcement positif”) pour nous permettre d’atteindre leursobjectifs. Le conditionnement opérant [11] (qui utilise la technique du renforcement positif pourmodifier nos comportements) se manifeste dans nombre de techniques de micropersuasionutilisées par des sites comme Amazon ou eBay ou les classements encouragent un sentiment deconfiance entre utilisateurs, où la personnalisation vous accueille par votre nom, où nombre defonctions vous incite et vous persuade à revenir. Ces technologies savent également prendre desformes moins subtiles et peuvent agir comme des dispositifs de surveillance efficaces, à l’imaged’HyGenius [12] un dispositif pour surveiller si vos employés (notamment dans la restauration oudans les services de santé) se lavent bien les mains.

[13]

Image: BJFrog

présente la “captologie” à la conférence Meet The Media Guru en 2009 [14].

Les technologies persuasives sont plus efficaces, car elles sont persistantes, permettent de gérerde grands volumes d’information et ont une mémoire, estime Christine Rosen. Une journaliste duBoston Magazine qui a utilisé un smartphone pour perdre du poids [15] écrivait ainsi que sontéléphone “est devenu un entraîneur, un coach de vie, et mon confident. Il sait maintenant ce queje mange, comment je dors, combien je dépense, combien je pèse et combien de calories je brûle(ou pas) à la salle de gym chaque jour”.

“La littérature des technologies persuasives utilise autant le langage de la séduction que celui dela persuasion. Ces technologies tentent activement de provoquer en nous une réactionémotionnelle ou comportementale, qui peuvent être une expérience riche pour les personnes quiont besoin de motivation ou d’encouragement. Mais ces technologies dont l’objectif déclaré est lapersuasion interpersonnelle soulèvent également d’importantes questions relatives à la vie privéeet à l’autonomie”, rappelle Christine Rosen.

“Pour comprendre ces défis, Verbeek nous invite à nous tourner vers la conception et l’ingénieriedes objets technologiques eux-mêmes. Comme l’architecture du code a joué dans la créationd’internet pour Lawrence Lessig, Verbeek estime que tous les utilisateurs doivent être plusengagés dans la lutte contre la façon dont ces technologies sont conçues et utilisées.”

Mais Verbeek n’explique pas comment, regrette Rosen. A quoi pourraient ressembler destechnologies développées démocratiquement ? Les utilisateurs mesurent-ils bien l’impact que denombreuses technologies ont sur eux ? Peut-on “cofaçonner” un environnement conçu pard’autres justement pour vous empêcher de l’influencer ? Et ce, alors qu’il devient de plus en plusdifficile de refuser certaines technologies, nous ne pouvons plus toujours décider de nous retirer

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de ces environnements. Comment un travailleur d’un service alimentaire ou médical peut-il“cofaçonner” quelque chose quand son employeur lui délivre un badge qui permet de mesurer lenombre de minutes qu’il a passées à se laver les mains ? Les fabricants de ces technologiessont-ils intéressés aux conséquences morales et psychologiques de leurs créations ?

Sommes-nous conscients de la mesure de soi ?

Verbeek exhorte également les concepteurs de ces technologies à réfléchir sur les conséquencesprévues et imprévues qui sont susceptibles de résulter de l’utilisation de leurs créations. “Maiscomment les techniciens qui fabriquent ces objets pourraient-ils être motivés à construire desgarde-fous éthiques ou à céder le contrôle aux utilisateurs, comme les y encourage Verbeek,alors qu’ils ont jusqu’à présent montré bien peu d’intérêt pour les conséquences involontaires deleurs créations ?”, interroge Christine Rosen, qui estime que la tension est de savoir si l’on veutrendre ces technologies moins ou plus transparentes…

Un contributeur à l’ouvrage le Nouveau quotidien [16], un livre sur l’intelligence ambiante, appelleces technologies de la persuasion les “technologies de dématérialisation” et affirme : “C’estsûrement plus proche de ce que nous voulons : la connaissance, l’excitation, le divertissement,l’éducation, la productivité, le contrat social – sans l’importune proéminence de la technologie quiles délivre.” Comme le partage sans friction de Facebook, les technologies persuasives seront plusconvaincantes lorsque nous ne réaliserons pas que nous les utilisons. Comme la technologie estreléguée au second plan, il en va de même de notre volonté de les questionner. “Moins cestechnologies ressemblent à des biens ordinaires, plus elles sont à l’abri de tout examen.”

Les préoccupations de Verbeek sur la moralité des choses font partie d’un plus vaste débat surnotre libre arbitre à une époque où les découvertes scientifiques et technologiques prétendentoffrir de nouvelles perspectives, estime Christine Rosen. “On nous dit que nos gènes nousdéterminent, que notre cerveau nous contrôle, que les vestiges de notre biologie évolutionnistenous induisent en erreur. “Comment définissons-nous la responsabilité morale quand lesneuroscientifiques affirment que notre inconscient est le principal moteur de notre comportementet que les ingénieurs en logiciel nous rappellent que leurs algorithmes sont supérieurs à notreintuition ?”" Dans ce contexte, la conscience de soi semble mieux assurée par l’analyse dedonnées. La magie informatique paraît une meilleure réponse que la contemplation etl’introspection.

Les données seront-elles notre nouvelle conscience ?

“La technologie a aidé l’homme à contrôler son environnement naturel. Maintenant, elle est la“nature humaine” à laquelle les technologues, en toute confiance, proposent de nous soumettre.Comme le déclare le site web du laboratoire des technologies persuasives de Stanford : “Notreobjectif est d’expliquer clairement la nature humaine et de cartographier les connaissances sur lesnouvelles possibilités de la technologie.”"

“En fait, ces nouvelles technologies séduisent souvent en invoquant quelque chose de beaucoupplus banal : le langage de l’auto-amélioration. C’est peut-être la raison pour laquelle, nousn’avons pas à ce jour, discuté publiquement et sérieusement de leurs conséquences, comme nousl’avons fait sur l’énergie nucléaire. Les technologies actuelles semblent trop banales. Ellessemblent plus susceptibles d’améliorer que de bouleverser nos vies et la plupart d’entre elles nesont pas radicalement utopiques sur la façon dont leur utilisation va transformer ce que signifiel’être humain. Leur objectif comme le décrit Pentland est la création de sociétés sensibles baséessur l’analyse rationnelle des données. Et c’est un message plus attrayant et rassurantqu’effrayant.”

“Nos technologies nous aident à apprivoiser nos appétits pour les calories ou les dépensesexcessives en agissant comme une sorte de conscience externe. Comme Ulysse lui-mêmes’arrimant au mât de son navire pour éviter le chant des sirènes, ces nouveaux programmes etdispositifs visent à contrecarrer nos désirs turbulents. Ils le font non par le renforcement de notrecapacité d’auto-contrôle, mais par son externalisation. Pourquoi méticuleusement compter lespoints Weight Watchers d’un régime quand vous pourriez, dans un avenir proche, programmervotre “maison intelligente” pour verrouiller le réfrigérateur et le garde-manger pour éviter legrignotage de fin de soirée ?”

“Les technologies persuasives et l’intelligence ambiante promettent un monde où le contrôle seraplus efficacement externalisé. Ginger.io [17] est une application pour smartphone qui déclencheune alerte quand il remarque que vous êtes restés à la maison plusieurs jours d’affilés où quevotre activité d’échange en ligne a baissé, en envoyant à votre médecin, à des proches ou à vousmêmes un message pour vous prévenir des premiers signes de la dépression.”

“Il est un fait évident, mais rarement mentionné que l’attribution de l’intelligence dans cesscénarios est toujours le fait des technologies et non des personnes qui les utilisent.

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Contrairement à nous, ils sont susceptibles de devenir “plus intelligents” avec le temps. Lessimulacres algorithmiques de l’empathie humaine sont l’avenir. En fin de compte, le but descréateurs de l’intelligence ambiante, des technologies de persuasion et de l’internet des objetsn’est pas seulement de les rendre plus sensibles au contexte, de s’y adapter, de nous offrir desréponses personnalisées en temps réel, mais de deviner nos besoins futurs (voir La capacitéprédictive de nos systèmes sociotechniques va-t-elle tuer notre libre arbitre ? [18]). Comme uncollaborateur du Nouveau Quotidien le note, finalement ces technologies visent à “anticiper vosdésirs sans médiation consciente”. C’est le summum de l’efficacité : voir ses besoins et désirsprévus et les vicissitudes de futures possibles expériences contrôlées.”

Notre jugement est-il déjà façonné par les algorithmes ?

“Les philosophes doivent-ils suivre cette vision ?”, s’interroge Christine Rosen. “Les êtres humainssont les produits de la technologie tout comme la technologie est un produit des êtres humains”,écrit Verbeek. “Les promoteurs de l’intelligence ambiante et des technologies persuasivessouhaitent identifier, quantifier et tracer tout ce qui concerne l’expérience ordinaire dans l’espoird’améliorer la vie des gens”, souligne Christine Rosen. Mais en externalisant tant d’aspects denotre vie quotidienne à la technologie, nous faisons un choix moral. Nous remplaçons le jugementhumain par des algorithmes programmés qui appliquent leurs propres normes et les normes denotre comportement, habituellement dans le but d’une plus grande efficacité, d’une plus grandeproductivité et d’une vie plus saine.”

“Mais en révélant comment fonctionne la machine humaine, ces technologies sapent une qualitéhumaine cruciale (même si elle est souvent décriée) : la tromperie de soi”, estime ChristineRosen. “Bien sûr, la tromperie de soi est inefficace. Elle pose des problèmes – ce qui expliquepourquoi les technologues voudraient la remplacer par l’apparente honnêteté des données, qui,une fois traitées, promettent de nous connaître mieux que nous-mêmes. Mais être humain estune affaire compliquée. Faire preuve de jugement et de maîtrise de soi, apprendre les normessociales complexes qui signalent un comportement acceptable sont aussi les choses qui nousrendent humains. Nous ne devrions pas avoir besoin ou envie de compter sur un capteur pour lefaire pour nous. Les hypocrisies quotidiennes et les compromis qui rendent la vie supportable(même s’ils ne sont pas toujours honnêtes) sont précisément ce que l’intelligence ambiante et lestechnologies persuasives espèrent éliminer. Le droit de ne pas savoir certaines choses (commec’est le cas des tests génétiques, du droit à l’oubli…) est aussi d’une importance cruciale (si cen’est plus) à notre époque que la poursuite vorace d’information et de transparence.”

En “améliorant” qu’allons-nous perturber ?

“Or, Verbeek est d’accord avec les technologues pour dire que la tromperie de soi est intéressanteà contrôler ou à éliminer”. Ce qui n’est pas si sûr, estime Christine Rosen. “Il ne s’intéresse pasnon plus à une question plus large : est-ce parce que nous pouvons faire quelque chose que nousdevrions le faire ? Si quelque chose est possible, est-elle pour autant souhaitable ? Dans The

Demon Forlorn, le poète Allen Tate [19] déclare : “Nous ne pouvons plus demander “est-ce juste?”. Nous demandons : “est-ce que cela fonctionne ?”"

“Dans notre engagement avec la technologie, nous devrions passer plus de temps à répondre à lapremière question, alors que nous vivons des vies toujours plus médiatées qui nous demandentsans relâche une réponse à la seconde”, conclut Christine Rosen.

La technologie doit-elle nous aider à mieux comprendre les relations interpersonnelles ? Doit-ellenous aider à les “améliorer” ? Et en les améliorant, qu’allons-nous perturber ? Si demain noussommes plus conscients des signaux non verbaux que nous échangeons de manière souventinconsciente, qu’est-ce que cela va modifier dans nos interactions sociales ? Cela va-t-il juste“améliorer l’efficacité de nos échanges” ? Changer nos relations sociales ? En s’immisçant toujoursplus intimement, les technologies se proposent de changer notre rapport aux autres et ànous-mêmes… Sauf qu’on a tendance à ne vouloir en voir que le côté positif, pas les dégâts queces changements vont produire.

Hubert Guillaud

8 Comments To "Sommes-nous encore autonomes ?"

#1 Comment By fm On 19/9/2012 @ 9:01

Algorithmes, données, computation,… tout cela n’est pas simple.

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electriclove.info

Les outils technologiques électroniques que nous possédons dans nos maisons sont d’une telle

sophistication qu’ils peuvent rendre des services insoupçonnés, dont les scientifiques n’osaient

même pas rêver il y a moins d’une décennie.

C’est le cas de l’iPad, dont la caméra est si sensible qu’un logiciel peut en interpréter les images

pour déterminer le rythme cardiaque d’un individu et sa fréquence respiratoire.

Vital Signs de Philips

La société néerlandaise Philips, qui

possède une forte expertise des

systèmes d’imageries médicales

professionnelles, vient de rendre

disponible une application de ce type

pour le grand public.

Elle se prénomme Vital Signs et il ne

vous en coûtera que 0,79 euros pour

pouvoir vérifier en quelques secondes

votre pouls, et l’envoyer via Facebook à tous vos amis !

Cela peut paraître un peu gadget aujourd’hui, mais on peut imaginer les futures applications d’une

telle technologie, par exemple pour la surveillance à distance des personnes âgées isolées. Il

suffirait d’une webcam pour s’assurer que votre grand-mère cardiaque va bien, et en cas d’alerte

des secours pourrait être immédiatement dépêchés sur place.

C’est bien l’objectif du groupe néerlandais, qui cherche à commercialiser des licences d’utilisation

de cette technologie. La version iPad n’est donc qu’un début.

Remonter à la source :

Vital Signs Camera App of Philips

Original URL:http://www.electriclove.info/2011/big-brother-veille-sur-votre-sante/

Big Brother veille sur votre santé — www.electriclove.info — Readability http://www.readability.com/articles/kzo34ihz

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McKinsey Quarterly / Rédaction / October 12th, 2011

SYNDICATED FROMMcKinsey Quarterly

health and medical research technology adoption

Avec le vieillissement de la population et la transformation de pathologies aiguës en maladieschroniques, le nombre de patients va grandissant. La dernière génération d'appareilsmédicaux pourrait aider à les soigner à domicile plutôt que de les envoyer dans desétablissements spécialisés. Cela représenterait des économies substantielles pour les systèmesde santé publique. Pourtant, ce marché est loin d'avoir exprimé tout son potentiel.

Prenons l’exemple des Etats-Unis. Les soins à domicile y représentent environ 3% desdépenses de santé du pays, soit 68 milliards de dollars par an. Le marché progresse d’environ9% par an: une croissance solide mais sans être remarquable, d’autant que la main d’œuvre –principalement des infirmières et des auxiliaires de vie – représente environ les deux tiers desdépenses, et que la surveillance à domicile n’en représente qu’une toute petite partie. Cedéveloppement relativement modéré du marché s’explique par un nombre significatifd’obstacles financiers et opérationnels: non alignement des organismes fournisseurs etpayeurs, nécessité de repenser la proposition de valeur clinique, et d’imaginer des produitsattractifs et facilement utilisables par les patients.

Les nouvelles technologies jouent un rôle central dans l’expansion du marché des soins àdomicile. Historiquement, la majeure partie des équipements de santé à domicile secomposait de matériel médical durable: déambulateurs, fauteuils roulants, barres murales,tapis de sécurité etc. Ces équipements ont rendu possibles les soins à domicile de base, maisne pouvaient se substituer à des centres de soins spécialisés aux capacités bien plussophistiquées, comme la présence d’infirmières de garde dans les établissements de longuedurée. Ces dernières années, cependant, de nouvelles technologies ont fait leur apparition etpeuvent permettre d’introduire des soins de pointe au cœur même des foyers des patients, quece soit par des moniteurs connectés à Internet, des applications médicales sur téléphonesmobile, ou encore la télémédecine. L’usage de ces technologies se développe chaque jour àtravers le monde.

L’utilisation des technologies du maintien à domicile ouvre des perspectives prometteusespour ralentir la progression des dépenses de santé. Néanmoins, bien au-delà de l’aspectéconomique, le principal apport des soins à domicile est de permettre aux plus âgés de vivre lapériode de soins au sein de leur propre foyer, ce qui leur procure souvent, ainsi qu’à leursproches, un bénéfice moral. Parmi les conditions de succès d’un tel dispositif, les acteurs dusecteur doivent développer des modèles de remboursement plus équitables, afin qu’il y ait desincitations à contribuer au développement du marché. Les fabricants d’appareils médicauxdoivent pour leur part se concentrer sur des technologies faciles d’utilisation, avec un impact

L'avenir du high-tech médical à domicile http://www.paristechreview.com/2011/10/12/avenir-high-tech-medical...

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réel et mesurable sur l’état des patients.

Toutes les parties prenantes, fabricants d’équipements médicaux, assureurs, médecins,hôpitaux, régulateurs, doivent avoir une vision claire de ces enjeux afin d’optimiserl’investissement dans les soins à domicile. La croissance de ce marché, tant à l’échelle localequ’internationale, représente une opportunité pour tous les acteurs.

Les bénéfices de l’utilisation des technologies de pointeL’objectif des technologies du maintien à domicile – fourniture de diagnostics ou de thérapiesau domicile du patient – est de prévenir ou de réduire le besoin de soins au seind’établissements spécialisés, permettant ainsi d’alléger la charge financière, mais surtoutaffective et morale qu’ils impliquent pour le patient et son entourage. Leur efficacité découledu fait que certaines maladies chroniques, notamment, sont mieux traitées par la surveillanceet par des interventions à domicile, plutôt que dans des environnements spécialisés.

Bien sûr, le segment des plus de 65 ans constitue le gros de la population des soins à domicileet alimente la croissance du marché. L’expérience des soins vécue par cette population passeprincipalement par quatre environnements: leur résidence, les maisons de retraite, lesétablissements de soins intensifs (les hôpitaux) et les établissements consacrés à la prise encharge de longue durée, tels que les maisons de repos, avec infirmiers de garde, ou lesétablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD en France).Habituellement, les patients passent d’un établissement à un autre en fonction de facteurscliniques ou économiques. En effet, passer de son foyer à un espace consacré à l’aide à lapersonne, comme une maison de repos, est typiquement lié à une baisse progressive descapacités cognitives ou physiques; passer de chez soi ou d’une maison de repos à un lieu deconvalescence active est généralement dû à un événement accidentel, comme une fracture ouune crise cardiaque; enfin, passer de chez soi, d’une maison de repos ou d’un centre de soinsactifs à un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes est souvent lié àune difficulté clinique ou financière (par exemple, un diagnostic de démence sénile ou autremaladie chronique, ou une insolvabilité).

Le principal intérêt des soins high tech à domicile est de prévenir ou retarder le moment oùles patients glissent vers un stade de médicalisation intensive ou de longue durée. Bien sûr, lestechnologies utilisées dans les soins à domicile ne peuvent pas couvrir tous les facteurspouvant conduire à de telles situations – par exemple, un traumatisme dû à un accident devoiture échappe à leur champ d’action. Les pathologies susceptibles d’être traitées avec succèspar une médicalisation technologique à domicile répondent à trois critères:. elles sont chroniques et durent plusieurs années (plutôt que quelques jours ou quelquesmois);. elles peuvent être prévenues ou traitées par des protocoles faciles à suivre et à reproduire,via des instructions étape par étape, pour que des personnes n’appartenant pas au corpsmédical puissent accomplir les bons gestes;. elles ne sont pas de nature intensive (elles ne nécessitent pas une attention ou unesurveillance humaine 24 heures sur 24).

Le diabète, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque congestive, les maladies pulmonairesobstructives chroniques tout comme la prévention des fractures sont des pathologies à forteprévalence qui répondent à ces critères: les soins à domicile de pointe sont particulièrementadaptés dans ces cas.

Choisir le bon modèle économiqueAux Etats-Unis, les technologies de maintien à domicile n’ont jusqu’ici été adoptées avec

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succès que dans quelques environnements spécifiques: les systèmes intégrés d’acheteurs etfournisseurs tels que Kaiser Permanente (à travers sa filiale KP OnCall) et les centresmédicaux du ministère américain des Anciens Combattants (US Department of VeteransAffairs), à travers son programme Care Coordination/Home Telehealth. Or l’intérêt de cesprogrammes est de plus en plus reconnu: une étude menée en 2008 pour évaluer Telehealth arévélé que les hospitalisations avaient diminué de près d’un cinquième grâce à ce programme,alors que son coût était jusqu’à deux fois moins élevé que celui des alternatives.

Au vu du gisement d’économies qu’elles représentent, pourquoi le recours aux technologies dumaintien à domicile est-il si peu répandu? Nous avons identifié huit facteurs de succès,pouvant être regroupés en trois catégories. Ces huit facteurs doivent être réunissimultanément pour qu’un modèle soit économiquement viable. Les nouveaux entrants sur lemarché des technologies du maintien à domicile ont tout intérêt à porter un regard critiquesur leur offre, afin de vérifier que ces conditions font partie intégrante de leur modèle.

Les conditions financières1. L’alignement des fournisseurs de soins et les organismes payeurs. Les remboursementsd’hospitalisations épisodiques pour des patients souffrant d’insuffisance cardiaque congestive,par exemple, ne sont pas alignés avec ceux des programmes de soins high tech à domicilegérés depuis l’hôpital: chaque patient que l’on peut maintenir à domicile génère donc moinsde revenus pour les hôpitaux. Une raison essentielle de la réussite du modèle intégré payeurs-fournisseurs (tels que celui du US Department of Veterans Affairs) dans la médicalisation hightech à domicile est leur modèle de remboursement par capitation – l’indexation est calculéepar patient et par an – de sorte que chaque patient qui évite l’hospitalisation représente unbénéfice global.

Les parties prenantes, notamment les payeurs et les fournisseurs, doivent coopérer pours’assurer que les incitations à recourir aux technologies appropriées sont alignées. Celaimplique soit de créer de nouveaux modèles de remboursement, comme subventionnerdirectement l’utilisation de technologies médicales à domicile, soit d’adapter des modèlesexistants, avec par exemple des remboursements groupés couvrant un ensemble completd’activités cliniques à travers divers centres de soins.

2. Le rapport coût – utilité. Le retour sur investissement des technologies de soins à domiciledoit être clair pour les patients et, lorsqu’il ne s’agit pas d’eux-mêmes, pour les organismespayeurs. Par exemple, les logiciels personnels de suivi de santé destinés aux patientsindividuels restent impopulaires parce que chaque utilisateur doit renseigner manuellementun grand nombre d’informations, alors même que les bénéfices qu’il en tire restent ambigus. Al’inverse, si les glucomètres personnels, qui mesurent la concentration de sucre dans le sang,ont connu un franc succès, c’est parce que l’utilité qu’ils apportent au patient est évidente etimmédiate.

Facteurs d’efficacité3. Un impact significatif. Une technologie de soins à domicile doit faire pencher la balancedans l’évolution clinique d’un patient médicalisé; si, à l’inverse, elle se contente de fournir desinformations qui ne peuvent changer le cours de la maladie ou la progression du traitement, savaleur est négligeable. La surveillance du poids d’un patient souffrant d’insuffisance cardiaquecongestive, par exemple, alertera très efficacement les cliniciens d’une aggravation imminentede cette pathologie. En revanche l’interprétation qu’on fera à la maison n’est en rien utile siune nouvelle douleur thoracique survient chez un patient en convalescence de crisecardiaque: dans ce cas, la seule marche à suivre reste de se rendre à l’hôpital.

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4. Une fonction d’activation. La simple observation ou le signalement d’un événement n’est passuffisant: toute technologie de soins à domicile doit être accompagnée d’une possibilitéd’action – que ce soit celle d’un dispositif, d’une infirmière ou du patient lui-même –lorsqu’une intervention est nécessaire. Si en effet l’intervention d’une infirmière provoquéepar une prise de poids alarmante chez un patient en insuffisance cardiaque congestive est uneaction efficace, l’affichage d’une page Web autonome indiquant la récente prise de poids d’unpatient tout en le laissant ce dernier seul juge du diagnostic est évidemment inefficace.

5. Le rapport au temps. Les technologies des soins à domicile doivent être suffisammentrapides et fiables pour guider la prise de décisions ou déclencher une intervention. Unaccéléromètre porté en permanence, par exemple, détectera rapidement une chute; enrevanche, cette capacité échappera à l’appel téléphonique quotidien automatisé qui vérifie siun patient est tombé chez lui.

6. Le fonctionnement en boucle fermée. Une technologie doit contenir une boucle derétroaction fermée, afin de pouvoir mesurer des progrès par rapport aux objectifs et devérifier si des actions efficaces ou des traitements ont réellement eu lieu. Sans cettedimension, la valeur réelle d’une technologie ne peut être ni démontrée, ni mesurée, nioptimisée. Une technologie qui, par le biais d’un appareil porté sur soi, fait remonter del’information sur les activités physiques d’un patient en convalescence directement vers ledossier médical cybernétique d’un fournisseur fonctionne donc en circuit fermé. A l’inverse,une technologie qui renseigne ce même niveau d’activité physique d’un patient dans unsystème, cette fois-ci extérieur et nécessitant une authentification électronique indépendantepour le fournisseur, fonctionne, elle, en protocole ouvert. En l’absence d’un processusininterrompu, la remontée d’informations peut être négligée ou non détectée du fait de ladiscontinuité des données. Pour remplir les critères d’un processus en boucle fermée, unetechnologie de soins à domicile doit être très étroitement associée à des processus et des outilsgarantissant que les mesures atteignent bien leurs destinataires en temps réel, et sur un modeaisément visualisable.

Facteurs d’accessibilité7. Fonctionnalité. Les technologies doivent être fonctionnelles et compréhensibles pour lesutilisateurs au bon endroit et au bon moment; une interface utilisateurs mal conçue ou unappareil que l’on ne peut déplacer peuvent rendre un équipement inutilisable. Par exemple,un tensiomètre sans fil porté chez soi est immédiatement accessible, tandis que le tensiomètresur socle d’une pharmacie de quartier l’est nettement moins. En outre, si une technologie n’aété testée que sur des populations spécifiques, ou dans des conditions particulières (commeles essais cliniques), il est capital de vérifier qu’elle pourra être transposée à plus grandeéchelle et dans des conditions réelles.

8. Répétition. Une technologie doit être utilisée fréquemment, en principe au moins une foispar jour, tout au long d’une maladie chronique, les technologies utilisées trop peu souvent neparvenant pas à susciter des habitudes nouvelles chez les usagers à domicile, et finissent parêtre oubliées ou ignorées. Se peser sur une balance électronique est un geste facile à répéterjour après jour lorsqu’on souffre d’insuffisance cardiaque congestive. En revanche, un appareileffectuant une seule fois par an un examen de l’œil pour des patients diabétiques a une utilitétrop intermittente pour justifier un usage domestique.

Ce que l’avenir nous réserveLes années à venir verront vraisemblablement des changements significatifs dans le domainede la médicalisation high tech à domicile. Pour que celle-ci soit plus largement adoptée, deuxfacteurs sont décisifs.

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La réforme des systèmes de santé. Dans une période de tensions budgétaires générales, il estpeu probable d’imaginer une augmentation de la couverture des soins à domicile. Le Bureaudu Budget du Congrès américain estime par exemple que le Affordable Care Act de 2010 vareprésenter une économie cumulée de 39,7 milliards de dollars au cours de la prochainedécennie sur les remboursements fédéraux des soins à domicile. Les payeurs, quant à eux,vont probablement se tourner vers des formes de paiement par tête plutôt que par service, etvers des modèles à risques mutualisés, dans l’espoir d’inciter les fournisseurs à subventionnerles équipements technologiques et les services de soins à domicile.

Des intérêts divergents entre payeurs et bénéficiaires constituent un frein important audéveloppement des technologies de soins à domicile. Les patients ne seront susceptibles d’enbénéficier qu’à condition que les efforts de réforme parviennent à accélérer une synergie entreincitations, par exemple, à travers la création d’organismes de soins vérifiables (AccountableCare Organizations ou ACO aux Etats-Unis, des groupes de prestataires de soins coordonnés)ou à travers des paiements groupés entre organismes payeurs et prestataires. La diffusion destechnologies de médicalisation à domicile dépend directement de cette concertation, car lesfilières qui reposent sur une main-d’œuvre qualifiée de personnel médical – pharmaciens,infirmières et médecins – sont les plus vulnérables en matière d’emploi face audéveloppement prochain des technologies de soins à domicile.

Un accroissement des bases des données disponibles. Alors que plusieurs programmes pilotesde soins à domicile technologiquement assistés ont été lancés au cours de la dernièredécennie, les données se sont accumulées sur la valeur clinique et les retours surinvestissement. Dans certains cas, les programmes pilotes de soins technologiques à domicileont connu un succès incontestable; dans d’autres, ils n’ont pas su faire leurs preuves.

Alors que la fraude reste un sujet de préoccupation majeur (le contrôleur général duGovernment Accountability Office américain a estimé à près de 48 milliards de dollars lesdemandes d’indemnisation irrégulières remboursées par le programme de santé Medicarepour l’exercice 2010, y compris les dépenses d’oxygénothérapie et autres demandes liées auxsoins à domicile), le développement de ces technologies pourrait servir la lutte contre lafraude.

Nous voyons dans les soins à domicile technologiquement assistés un potentiel dedéveloppement significatif. En effet, la charge combinée du vieillissement de la population etla progression des maladies chroniques annoncent un marché important et voué à sedévelopper. Pour cela, les parties prenantes doivent désormais trouver les bons modèles deremboursement et s’assurer que les technologies qui arrivent sur le marché font vraiment ladifférence, tant pour le patient qu’en fonction des objectifs de résultats.

——Basel Kayyali est directeur associé au bureau de McKinsey New Jersey, où Zeb Kimmel estconsultant et Steve Van Kuiken, directeur associé senior. Les auteurs tiennent à souligner lacontribution de Bob Kocher, Jeffrey Lewis, et Arsalan Tavakoli-Shiraji pour l’élaboration decet article.

Cet article a été publié à l’origine en anglais dans le McKinsey Quarterly Review,www.mckinseyquarterly.com. Copyright McKinsey & Company. Tous droits réservés. Traduitet republié sur autorisation.

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presse-citron.net

by KEVIN

Vendredi 18 mai

Robots - 18 mai 2012 :: 07:00 :: Par Kevin

Cathy Hutchinson, tétraplégique de 58 ans, a pu déguster un café par elle-même, comme bon lui semblait ou plutôt…

comme elle le voulait. En effet, malgré sa paralysie, elle a contrôlé un bras-robot par la pensée.

C’est un petit séisme pour le monde de la science, une bouffée d’espoir pour des millions de personnes. Après des

années de recherche, l’Université Brown (en collaboration avec le Département américain des Anciens conbattants)

vient de publier dans le magazine Nature du 16 mai dernier les fruits de leur travail, qui s’avèrent la plus grande

avancée neuroprosthétique jamais réalisée.

En 2004, la même équipe de chercheurs avait permis à un homme de déplacer un curseur de souris par la pensée

(expérience semblable au système Brindisys). L’exploit de Cathy Hutchinson de porter un verre à sa bouche réside

dans le fait d’avoir fait bouger le bras-robot dans l’espace, et non plus « en 2D », sur un écran. Le mouvement a été

généré par les signaux de son cerveau, lesquels, après avoir été captés par une micro-puce implantée, étaient traduits

dans un langage que la neuroprothèse pouvait interpréter.

Cette expérience est donc une ligne de plus à ajouter à l’aventure cybernétique, dans laquelle l’éthique vient de plus en

plus se frotter aux prouesses technologiques et humaines. Encore récemment, une femme paralysée des membres

inférieurs parvenait à terminer une course de 42 kilomètres à l’aide de « jambes bioniques. »

Leigh Hochberg (le neurologiste à la tête de cette étude), lui, est formel :

Et John Donoghue, neurobiologiste également, d’ajouter :

« Quand cette femme victime d’un AVC a réussi à atteindre ce thermos plein de café et l’a mis à sa

bouche, pour ensuite le reposer à sa place, le sourire sur son visage était significatif. »

« Nous aurons vraiment atteint nos objectifs lorsque quelqu’un qui a perdu sa mobilité [...] pourra

interagir pleinement avec son environnement sans que personne ne sache qu’il emploie une

interface cerveau-ordinateur. [Dans] moins d’une décennie. »

Diriger un bras robotisé par la pensée, c’est possible ! — www.presse-c... http://www.readability.com/articles/w7bndhnr

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sanscontact.wordpress.com

DEC. 13, 2012

Objets connectés

La conférence LeWeb 2012 a eu le mérite de

mettre sur le devant de la scène médiatique le

sujet de l‘Internet des objets. La radio, la

presse écrite, les blogs se sont emparés du sujet et

ont relaté les différents produits et objets de la

conférence. Dans ce flot d’enthousiasme, certains

chroniqueurs sont restés sceptiques, ne voyant

dans ces objets connectés que gadgets de geek,

sans utilité réelle.

Les objets communicants ne sont pas nouveaux. Le concept de Communicator de Star Trek n’est

pas très différent de nos smartphones actuels et la tablette TV utilisée dans 2001 l’Odyssée de

l’Espace ou le Guide du Routard Intergalactique ne sont pas très éloignés de nos tablettes. Ces

objets ont bien sûr depuis longtemps dépassés le stade de gadgets pour devenir indispensables.

Dans l’internet des objets, l’objet connecté le plus connu est certainement le Nabaztag, le premier

lapin connecté et première star médiatique de l’industrie. Nous avons également le réfrigérateur

connecté à Internet qui se remplit tout seul en passant commande de ce qui manque et plus

récemment la machine à laver se programmant également toute seule en reconnaissant le type de

vêtements introduits dans son tambour. Il existe même un produit commercial permettant

d’appairer correctement des « chaussettes dites intelligentes » taguées grâce à une application

iPhone. Ces produits marquent les esprits, les média et les conférences mais on peut douter de leur

utilité réelle.

Sur la conférence, parmi les objets connectés présentés, il y avait le pèse-personne connecté

Withings, Nest, un thermostat « intelligent », Muse, un bandeau « intelligent », Fitbit, un autre

pèse-personne Wi-Fi et autres coachs électroniques et LifX des ampoules connectées. Certains

d’entre eux comme les balances de Withings ou Fitbit, sont plus du ressort du « soi quantifié« ,

utilisant des capteurs pour capturer des données personnelles pour diverses raisons comme

l’amélioration des performances ou le suivi d’un régime alimentaire. Chacun de ses produits a

potentiellement son marché et son utilité.

Réseaux de capteurs (c) Inria

Ceci dit, comme nous l’avons déjà écrit sur ce blog,

l’Internet des objets sera multiple et donc cet internet

des objets, c’est bien plus que ces quelques objets

connectés, en particulier dans le domaine de la santé et

de l’écologie. Ce sont :

des améliorations de notre environnement (air /eau) grâce à des mesures de pollution

précises, localisées et économiques permises par de nouveaux capteurs de pollution, –

Waspmote de Libellium – Citoyens Capteurs

des arrosages de champs parfaitement dosés grâce à des capteurs d’humidité ce qui va

L'internet des objets sera bien plus sociétal qu'individuel — sanscontac... http://www.readability.com/articles/j1aklnnd

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entrainer une utilisation plus efficicace d’une ressource de plus en plus rare,

des incendies qui vont être maitrisés parce que l’alerte sera donnée à temps avec des capteurs

de fumée disposés aux endroits stratégiques,

des éruptions volcaniques détectées à temps grâce à des réseaux de capteurs déposés sur les

flancs du volcans (voir schéma ci-dessus et article),

des ponts et des bâtiments réparés voire évacués à temps parce que des capteurs auront

mesuré des faiblesses ou des défaillances dans les structures, (voir schéma ci-dessous et

article)

des accidents de la circulation évitées parce que les voitures connectées comme la « Google

car » seront plus attentives que nous le sommes,

de l’énergie économisée dans les consommations de chacun d’entre nous, à la maison ou au

bureau, d’eau, d’électricité, de gaz grâce au smartmeters, compteurs intelligents comme Linky,

des poches de sang dont l’intégrité sera garantie grâce à des capteurs de température et que le

chirurgien pourra donc utiliser avec confiance,

des médicaments dont l’authenticité et l’efficacité seront garantis par des puces RFID,

des enfants sauvés dans les contrées les plus pauvres et les plus reculées grâce à des mobiles

équipés de « testeurs » médicaux qui permettront de diagnostiquer plus rapidement et donc

agir.

Pont intelligent (c) Bloomberg

On peut même imaginer des capteurs qui, installés dans

nos corps, mesureront les taux vitaux de nos

organismes et préviendront notre médecin traitant à

temps pour des traitements plus légers et plus efficaces.

Sur ce dernier point, à tous ceux qui en lisant ces lignes ont pensé, « Quel cauchemar, jamais une

puce en moi« , nous rappellerons que des millions de personnes vivent plus longtemps grâce à des

stimulateurs cardiaques ou pacemakers, objets électroniques avec pile et sonde, implantés dans

leur corps.

Tous les projets ci-dessus existent ou sont en cours de déploiement. C’est cela aussi l’internet des

objets, pas simplement des objets connectés à usage personnel comme présentés à la conférence

LeWeb (1), mais des produits au service de tous sur la planète. Des millions de vies vont être

améliorées, prolongées et sauvées grâce à un ensemble de technologies rassemblées sous ce terme.

L’internet des objets est et sera personnel et commercial mais comprendra une dimension

sociétale et planétaire, dans les domaines de la santé et de l’écologie, dimension qui est la vraie

raison de l’importance de son déploiement.

A suivre

Pierre Métivier

(1) En plus des objets cités précédemment, il y avait, à la conférence LeWeb, au moins deux sociétés

qui participent à cet internet des objets plus global, sen.se et Sigfox dont nous avons déjà parlées

dans ce blog

Pour aller plus loin

Livre

Comptes rendus – Le Web 2012

WordPress:

J’aime Chargement...

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- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -

“Quand les produits communiquent“, ou le retour du frigo RFIDPosted By Jean-Marc Manach On 6/11/2006 @ 15:49 In Brèves,eBusiness,Economie etmarchés,Rfid,Services | 1 Comment

Depuis septembre, vingt familles danoises reçoivent chaque semaine un panier ménager dont laparticularité est que tous les aliments sont dotés de puces RFID. Le projet, intitulé Helpful Food ofthe Future [1] (l’alimentation utile du futur), est financé par le ministère des sciences ettechnologies danois, et géré par l’Innovation Lab [2].

Son objectif : créer un lien direct entre le producteur et le consommateur, offrir des services etinformations que ni les intermédiaires, ni les emballages, ne peuvent fournir, et leur permettre,par le biais de l’internet ou de SMS, de “pouvoir, à tout moment, communiquer [3] avec leurréfrigérateur“.

Les producteurs pourront ainsi obtenir une traçabilité totale de leurs produits, et lesconsommateurs connaître dans les détails le trajet suivi “de la ferme à leur table“. Ils accèdent àune documentation complète concernant les labels, autorisations et contrôles sanitaires afférents(encore que le projet ne précise pas si producteurs et consommateurs ont accès aux mêmesinformations et si la transparence va dans les deux sens).

[4]

Outre des recettes de cuisine et des informations plus précises sur les valeurs nutritionnelles, lesparticuliers pourront également être alertés des dates de péremption de la bouteille de lait, dumoment le plus opportun pour faire cuire leur steack, des risques d’allergies et rappels deproduits.

Les consommateurs pourront également se servir de l’etiquette du produit pour envoyer un“feedback” aux producteurs, qui, de leur côté, pourront en profiter pour leur faire des suggestionsd’achat, ou encore co-gérer leurs listes de course. Au final, c’est toute la chaîne traditionnelle dedistribution des biens de consommation qui s’en trouve raccourcie, permettant à ces deux acteursde ne plus dépendre des intermédiaires.

Voir aussi, sur ces mêmes sujets :. La maison du futur et les nanotechnologies [5]

. Adam Greenfield : l’informatique ambiante, “objet social involontaire” [6]

. L’internet ambiant au défi du réel [7]

. Sun teste la maison Internet à haut débit [8]

1 Comment To "“Quand les produits communiquent“, ou le retour dufrigo RFID"

#1 Comment By polus On 6/11/2006 @ 22:29

InternetActu.net » “Quand les produits communiquent“, ou le retour du f... http://www.internetactu.net/2006/11/06/quand-les-produits-communique...

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Amateurs

« Les quidams ont conquis Internet »

Patrice Flichy

• artistes en herbe

• fans

• malades

• business angels du dimanche

• bricoleurs

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rslnmag.fr

NOV. 22, 2010

(Visuel : L'extension des « espaces de réception créatrice » : quand les fans détournent les

productions manga Naruto, via la pratique du cosplay).

Et si on laissait de côté, quelques minutes, la discussion sur la qualité des contributions des

non-professionnels en ligne pour mieux comprendre les ressorts qui les poussent à participer ?

Voilà la proposition, simple, formulée par Patrice Flichy, professeur de sociologie à

l’université Paris-Est Marne-la-Vallée et directeur de la revue Réseaux, dans Le sacre de

l’amateur, publié en novembre 2010, dans la collection La République des Idées (éd. Le Seuil).

Elle lui permet d'examiner cette question dans des perspectives plus lointaines, et, surtout,

détachées des habituelles passions entretenues par les inconditionnels de l’UGC - comme de de

ses contempteurs.

Nous vous proposons un passage en revue de quelques-uns des points abordés dans son

ouvrage par Patrice Flichy, sorte de mise en bouche avant la rencontre que nous organisons, ce

mardi 23 novembre chez Microsoft, dans le cadre des Rencontres RSLN, avec Andrew Keen.

– Les postulats de départ –

Oublié le débat blogueurs vs journalistes, dépassé celui du Wikipédia vs Britannica,

ringardisé celui techtoc.tv vs A vous de juger (au hasard) : Patrice Flichy ne cherche pas à

apporter une pierre de plus au débat révolution vs contre-révolution numérique. Le constat, de

toute façon, est posé dès les premières lignes : « Les quidams ont conquis Internet », écrit Patrice

Flichy.

C’est donc uniquement de l’évolution des pratiques amateurs dont il est question dans

REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Qui sont donc les amateurs : l'analy... http://www.readability.com/articles/2vws0yhk

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l’ouvrage. Soient celles comprises dans un espace que Flichy définit avant tout en creux, comme

un « entre-deux » :

« Le monde l’amateur que j’étudie dans ce livre est moins celui du mélange que celui de

l’entre-deux. L’amateur se tient à mi-chemin de l’homme ordinaire et du professionnel, entre le

profane et le virtuose, l’ignorant et le savant, le citoyen et l’homme politique »

Et Internet, dans son ouvrage, tient plus de l’outil que de l’objet mythifié, paré d’a

priori positivistes :

« Internet facilite cet entre-deux : il fournit à l’amateur des outils, des prises, des voies de passage.

[…] Sur Internet, l’amateur peut non seulement acquérir des compétences, mais aussi les mettre en

œuvre sous différentes formes.».

Ces deux définitions posées, la « filiation » intellectuelle revendiquée de Flichy sur la question

s’écarte logiquement des thèses développées par « les prophètes du web 2.0 », pour se situer en

complément « des penseurs qui se sont intéressés aux compétences ordinaires de tout un chacun ».

Et Flichy de citer notamment Richard Sennett (en photo ci-dessus), sociologue

américain contemporain, enseignant à la LSE, et fervent pratiquant des récits de vie - voir une très

bonne présentation de son dernier ouvrage « Ce que sait la Main. La culture de l’artisanat », sur le

blog homo-numericus.

Patrice Flichy étudie successivement les évolutions des pratiques amateurs dans trois

domaines : les arts, la chose publique, et la connaissance. Son travail est nourri d’exemples

concrets, principalement piochés dans des travaux de mémoire d’étudiants qu’il a manifestement

dirigés (honnêteté à saluer en ces temps où le copier-coller universitaire semble progresser

!) : la lecture est du coup agréable, concrète. Nous reprenons cette structure en vous proposant un

exemple - tiré de l'ouvrage - pour chacun des chapitres.

– Les arts –

Un mot revient à plusieurs reprises dans ce chapitre pour présenter les possibilités

offertes au public des amateurs par le numérique : le « braconnage ». Ce terme n’est pas à

entendre en tant que déviance à la règle, au droit, mais dans un sens bien plus large. Celui de la

marge de « réception créatrice » dont dispose l’amateur, qui, au passage, gagne un nouveau titre : «

fan ».

Car, entre modèle économique et pur effort de conceptualisation, Internet semble

REGARDS SUR LE NUMERIQUE | Qui sont donc les amateurs : l'analy... http://www.readability.com/articles/2vws0yhk

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présenter une vertu clef aux yeux de Flichy : celui d’une extension de cet « espace de réception

créatrice » :

« L’ère numérique remet en cause le fonctionnement de la culture populaire industrielle, qui

imposait que l’œuvre soit consommée sous la forme choisie par l’éditeur. Les fans retrouvent, au

contraire, les pratiques de la culture préindustrielle où les contes pouvaient être réappropriés en

permanence par les auditeurs et les lectures. Ainsi, le remix n’appartient plus à l’éditeur, mais au

fan. Celui-ci ne prend pas seulement plaisir à consommer, mais à lire, écouter ou regarder comme

bon lui semble. »

C'est dans ce chapitre que le texte de Flichy se confronte le plus aux analyses

sociologiques traditionnelles. Ainsi, Flichy soutient-il que le numérique remet en cause l’analyse

sociologique classique du fan, basée sur une grille de lecture « bourdieusienne ». Soit celle,

largement partagée aujourd’hui en sciences sociales, qui voit en lui un « représentant d’un public

dominé asservi à la culture de masse et, plus particulièrement, aux produits à grand succès ».

Un exemple : les détournements et les émulations collectives de « la communauté virtuelle des

fans du manga Naruto sur Dailymotion », analysée par Erika Antoine dans un mémoire

universitaire [non disponible en ligne]. Cette communauté réalise des clips à partir d’images issus

dudit manga, dans la plus pure tradition de « l’Anime Music Video » (AMV).

Petit exemple de production ci-dessous, visionnée à plus de 130.000 reprises :

Et de discussions passionnées sur la question, sur le forum AMV.

Commentaire de Patrice Flichy :

« Les plateformes [de partage vidéo] permettent de donner une visibilité aux pratiques créatrices

qui touchent aujourd’hui un public de masse. […] Les clips postés sur le site sont commentés : les

auteurs reçoivent ainsi […] jugements […] conseils, pour réaliser tel ou tel effet, […] etc. . Il s’agit là

d’une communauté d’apprentissage mais aussi […] de jugement et d’audience ».

– La chose publique –

Enfin, un peu de nuance ! Reconnaître Internet comme le lieu d’une « forme modeste mais

capitale » d’action publique n’est pas si courant : les analyses sur ce sujet ne font souvent pas dans

la nuance.

Passant en revue les deux formes que peut revêtir Internet en matière politique – «

dispositif d’expression et débat public » et « nouvelle configuration d’action » - Patrice Flichy

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reconnaît que « les registres d’action politique portés par Internet ne s’inscrivent pas dans la

dynamique traditionnelle d’une action pérenne », qui reste celle « des partis ou des syndicats ». Et

que toutes les « nouvelles formes démocratiques, même équipées avec les derniers outils

informatiques, sont loin d’occuper une place centrale dans la vie publique. »

Néanmoins, la « démocratie réticulaire » - comprendre : en réseaux - peut prendre deux

visages bien réels :

Celui de « l’aiguillon, qui oblige les élus à tenir compte du citoyen en dehors des temps forts

électoraux ; [forçant] les journalistes à s’intéresser à d’autres événementsn moins évidents ou

moins visibles.»

Dans des situations « aujourd’hui plus restreintes », elle permet également au « citoyen

oridinaire, amateur branché sur ses réseaux informatiques, [d’acquérir] un vrai pouvoir : il

écrit sur des blogs qui deviennent des médias de référence, prend en charge des campagnes

électorales qui sortent des sentiers battus. »

Un exemple : #jeansarkozypartout. Mais si, souvenez-vous.

– La connaissance –

Un terme, qui n’est pas explicitement cité par Flichy, court tout le long de cette troisième

et dernière partie. Celui de crowdsourcing, ou la sous-traitance de certaines tâches aux

internautes.

Flichy lui substitue des notions plus conceptuelles - la recherche « en plein air », qui

repose sur « la colecte d’informations réunies par de nombreuses personnes dispersées dans des

espaces multiples [où l’amateur] trouve facilement sa place », la distinction entre « intérêt à » et «

intérêt pour », ou bien encore la « démocratie scientifique et technique ».

Mais, au fond, la place qu’attribue Flichy à l’amateur dans le domaine de la connaissance

est sans doute celle qui reste la plus restreinte : celle d’une expertise acquise « par l’expérience »,

qui ne substituera jamais à « l’expert-spécialiste ».

« Dans Wikipédia, l’amateur se contente de vulgariser des savoirs qu’il n’a pas élaborés ; […] dans

les sites d’échange sur la santé, les malades ne veulent pas se substituer aux médecins, mais mieux

collaborer avec eux pour prendre leur santé en mains », affirme-t-il par exemple.

Un exemple : Le site internet Patientslikeme, « modèle de construction participative de

connaissances médicales », sorte de plateforme de crowdsourcing de renseignements sur les

maladies rares, nourrie par des malades « anonymes » et qui fait l’objet d’une activité commerciale

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– en l’occurrence, la revente, par une entreprise, de résultats d’analyses sur les données collectées

à l’industrie pharmaceutique.

Décryptage de Patrice Flichy :

« Toutes ces expériences visant à construire un espace public de santé permettent […] de passer de

la juxtaposition d’un certain nombre de « je » […] à un « nous » capable de structurer des savoirs

ou de prendre des positions collectives. […] Le web a permis aux patients non seulement de faire

connaître à leur médecin les symptômes et souffrances associés à la maladie, mais de mettre en

contact des malades dispersés et dévalorisés. »

– Un point commun avec Andrew Keen : la nécessaire révolution des experts –

Quel point commun y-a-t-il alors entre un Keen, longtemps dénonciateur de la «

médiocrité » généralisée de l’UGC, et Flichy, l’universitaire des idées ? Eh bien il tient en un point.

Celui de la nécessité de nouveaux spécialistes.

Souvenez-vous ce que Keen nous disait à ce sujet :

« Dans « l’ancien monde » - celui du XXe siècle, on va dire – vous pouviez être un universitaire

perché dans votre tour d’ivoire, réfugié dans le douillet cocon de votre « chapelle », et professant

votre savoir à des étudiants respectant totalement votre parole. Je ne sais pas si c’est une bonne ou

une mauvaise chose, je ne me situe pas sur ce terrain là, mais une chose est sûre : aujourd’hui, cette

attitude n’est plus tenable, vous devez apporter votre autorité par la preuve plus que par le statut.

La hiérarchie ne fait plus l’expertise, c’est la compétence qui la révèle. »

Et lisez à présent les dernières lignes de l’ouvrage de Flichy :

« La montée en puissance des amateurs peut […] être profondément déstabilisante pour les

experts-spécialistes. Il est difficile pour l’enseignant d’avoir en face de lui des élèves qui contestent

son savoir au nom d’informations recueillies dans des encyclopédies en ligne. […] Ces nouveaux

rapports sociaux obligent le spécialiste à changer de position et de ton : ne pouvant plus imposer

son savoir par des arguments d’autorité, il doit s’inscrire dans une relation plus égalitaire où il faut

expliquer, dialoguer, convaincre, tenir compte des objections de ses interlocuteurs. »

Sûr que l’on va en parler, ce mardi soir … .

> Visuels utilisés dans ce billet :

Naruto at Sakure-Con 2008, par heatbar, licence CC

The Craftsman, par Ars Electronica, licence CC

Naruto!, par Amigurumis, licence CC

Layer#5, par alinssite, licence CC

> Pour aller plus loin :

Tous nos articles sur les rencontres RSLN

Original URL:http://www.rslnmag.fr/post/2010/11/22/qui-sont-donc-les-amateurs_l-analyse-de-patrice-flichy.aspx

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- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -

La nouvelle science des amateursPosted By Rémi Sussan On 30/11/2011 @ 10:52 In Articles,Brèves,Communautés,Débats,Educationet formation,Santé | 5 Comments

La science est-elle le dernier bastion de la recherche individuelle ou devient-elle aussi l’enjeu desnouvelles technologies de la communication ? Doit-elle s’ouvrir aux perspectives de l’intelligencecollective et adopter à son tour le “web 2.0 ? C’était un peu l’enjeu des questions posées

mercredi 23 novembre à la faculté d’Orsay lors d’un séminaire du centre d’Alembert [1] où sont

intervenus François Taddei [2] (@FrancoisTaddei [3]) chercheur à l’Inserm, directeur du Centre

pour la recherche et l’interdisciplinarité [4] et responsable de l’initiative Universités X.0, et

Thomas Landrain (@t_landrain [5]), doctorant à l’Institut en biologie synthétique [6] et

cofondateur du biohackerspace de la Paillasse [7].

Les nouveaux défis de l’éducation à l’heure des nouveaux défis de lascience

Comment passer du questionnementindividuel à l’exploration collective ? Beaucoups’inquiètent aujourd’hui des mutations del’enseignement supérieur. Tandis que lenombre d’étudiants augmente, les contenusdes cours doivent voir leur qualité s’améliorerdans des limites budgétaires de plus en plusstrictes, rappelle François Taddei. Là-dessus,les jeunes sont de moins en moins nombreuxà vouloir poursuivre leur cursus dans lessciences. “Nous devons être en mesure dedévelopper de nouvelles compétences, savoircoopérer, nous montrer créatifs, critiques, etce, de manière constructive, car si en Francenous sommes doués pour la critique, celle-cise révèle beaucoup plus rarement

constructive”, a souligné Taddei. Un tel changement de paradigme est rendu en partie possiblepar les nouvelles technologies. Un simple téléphone portable intègre aujourd’hui davantage depuissance de calcul que la Nasa n’en possédait quand elle a envoyé l’homme sur la lune. Oraujourd’hui, rien n’est plus facile que de transformer un téléphone en microscope en luiincorporant des lentilles, voir d’en faire un labo portatif. Toute la question est de savoir quelschangements de telles technologies apportent-ils à la pratique de la science ?

Tout n’est pas uniquement question d’ordinateurs. La connaissance aussi s’accroit dans de follesproportions . Depuis les années 1700, le nombre de journaux scientifiques s’est accru de manièreexponentielle. Ce qui nous éloigne de l’idéal du génie solitaire capable d’embrasser l’ensembledes connaissances de son époque.

Aujourd’hui nul ne peut connaître “toute” la physique. De manière générale, personne ne maîtrisetous les aspects d’un domaine : la seule solution consiste à s’inscrire dans divers réseauxréunissant différents experts.

Il faut aussi compter avec des “robots scientifiques”, capables d’analyser les données, de planifierl’expérience suivante. Mais forme-t-on les doctorants à s’adapter aux machines ?

Du jeu d’échecs à la recherche scientifique

Taddei s’est longuement penché sur le jeu d’échecs en tant quemétaphore du futur. Dans sa jeunesse, les joueurs battaientrelativement facilement les ordinateurs. C’était avant que DeepBlue ne l’emporte sur Kasparov en 1996. Cette année-là, TheEconomist titrait “Si votre métier ressemble à un jeu d’échecs,changez de métier”.

Aujourd’hui l’existence de robots généticiens implique-t-il lacondamnation du travail scientifique ? Pas vraiment. Ainsi, aprèssa défaite devant Deep Blue Kasparov a conduit diverses

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expériences montrant comment nous pouvions interagir avec lesmachines. La première a déjà été abordée par Xavier de la Porte

dans les colonnes d’InternetActu [8]. Pour résumer, elle a établique le jeu d’échecs garantissait la victoire à la meilleure pairehomme-machine, pas au meilleur joueur ou à la meilleuremachine. Taddei a mentionné une autre expérience trèsintéressante, car mettant en scène l’intelligence collective etexposant simultanément ses limites et sa puissance. Il s’agit de

la compétition “Kasparov contre le reste du monde” [9]. Derrièrecette appellation plutôt comique (voire comics tant ce titreévoque une BD de chez Marvel) se cache une expérience fascinante. Lors d’un match contre “lereste du monde”, un maître d’échecs lutte contre une communauté de joueurs dispersés sur toutela planète. Pour jouer, la communauté doit voter pour meilleur coup proposé.

Kasparov n’était pas le premier à lancer dans ce genre de tentatives. Karpov l’avait précédé, etavait sans difficulté écrasé son adversaire multicéphale. La plupart des coups votés étaientinférieurs à son niveau, et un petit pourcentage de propositions de coups n’était pas jouable.Mais quelques années plus tard, Kasparov dut faire face à l’une des plus difficiles parties de sa vie.Qu’est-ce qui avait changé entre temps ?Un petit point de règle essentiellement. Dans le combat contre Karpov, le “reste du monde” nedisposait en tout et pour tout que de 10 minutes pour voter. Contre Kasparov, il lui fut accordé 24heures, ce qui laissait aux joueurs le temps de s’organiser. Parmi eux, une jeune championne de15 ans qui avait mis au point une architecture logicielle permettant de comparer et coordonner lespropositions de coups des différents participants. Du 9e au 51e coup, ses conseils furent suivis parla communauté et Kasparov se sentit gravement menacé. Au 52e coup, “le reste du monde”négligea la suggestion de la demoiselle, et cette erreur permit à Kasparov de reprendrel’avantage.

Cette histoire montre le passage entre la bêtise collective et l’intelligence collective, coordonnée,organisée sans pour autant impliquer d’autorité centralisatrice, explique Taddei.

Ce pouvoir de l’intelligence collective, Taddei l’a découvert lors de ses recherches en biologiemoléculaire, alors qu’il étudiait l’évolution des bactéries et leur croissante résistance auxantibiotiques.

Les micro-organismes se sont montrés capables non seulement d’évoluer pour survivre à leuradversaire, mais de trouver de nouveaux moyens d’évoluer pour parer les attaques futures.Comment ont-elles réalisé une telle performance ? Simplement en échangeant des informations.De fait, le monde bactérien constitue un gigantesque réseau biologique de taille mondiale. Et cetéchange, précise Taddei, s’effectue sans ministère centralisé !

Taddei a cité de nombreux exemples de “science 2.0 , comme cette collaboration entre desmembres de Patient Like Me et des chercheurs, qui contribue à invalider une hypothèsescientifique. De toutes les manifestations de cette “science 2.0 (au rang desquels on retrouvera

Foldit [10]), le cas le plus spectaculaire reste sans doute celui des plus jeunes auteurs d’une

publication scientifique [11] âgés de 8 ans à 10 ans. Il s’agit des élèves de l’école primaire deBlackawton qui ont travaillé, sous l’égide de leur professeur, sur la reconnaissance des modèlespar les abeilles. Les enfants, en menant leurs propres observations et expériences, ont découvertque les abeilles utilisaient une combinaison de couleurs et de relations spatiales pour déciderquelle fleur butiner. Au-delà de l’intérêt réel de leur étude, le point le plus notable est peut-être, aaffirmé Taddei, la conclusion de leur article, comme quoi “la science peut être cool et fun”.

François Taddei a terminé son intervention en présentant une compétition étudiante pour créer lesmeilleurs jeux scientifiques dans la tradition de Foldit.

La nouvelle attitude scientifique, exploratoire, fun, procédant souvent un peu à l’aveuglette,Taddei la nomme la “science de nuit”, en reprenant une expression du célèbre biologiste FrançoisJacob. Si la science de jour est celle des publications, des cours en amphi, la science de nuit,tâtonnante, ludique, est un domaine auquel peuvent participer l’ensemble des citoyens, y comprisles plus jeunes.

DIYBio exploratoire et constructive

Thomas Landrain est venu présenter son nouveau hackerspace, la Paillasse [7], premier du genreen France. A ses yeux, il existe deux grandes raisons de se livrer à la “Do It Yourself Biology” : onpeut le faire pour des raisons idéologiques (en établissant en biologie un équivalent du libre eninformatique), ou simplement en tant qu’amateur, pour se former et pour le plaisir. Sa conférencea surtout concerné les amateurs, pour qui le domaine de la science a toujours été un terrain dejeu. Il existe déjà bien des hobbyistes en chimie, en astronomie, en conception de fusées. Uneillustration particulièrement impressionnante dans ce domaine est celui de cette recréation d’un

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modèle à l’échelle du dixième de la fusée Saturne 5 [12] (qui a servi à envoyer l’homme sur lalune), et qui fut achevée et lancée en 2009.

Aujourd’hui la communauté DIYbio s’étend sur toute la planète. Elle est présente dans la plupartdes pays développés, bien sûr, mais fait notable, on la trouve également dans les pays en voie dedéveloppement, où elle peut jouer un rôle tout à fait important. Un exemple en est unhackerspace du Nicaragua qui a mis au point un procédé de distribution de médicaments parinhalation. Certains produits sont en effet absorbés sous forme de vapeur et nécessitent unsystème de masque assez complexe. Les hackers du Nicaragua ont pu mettre au point unemachine équivalente à bas prix en utilisant des petites pompes à vélo.

Thomas Landrain a divisé les activités de la DIYbio en deux grandes catégories : la biologieexploratoire et la biologie constructive.

La première consiste à découvrir notre environnement et notre corps. Un exemple en est le projetBioWeatherMap” [13], qui consiste à cartographier, au fil des saisons, les organismes peuplantcertains microsystèmes d’une ville, comme observer la présence de bactéries sur un uniquepylône.

Une autre direction prise par la biologie exploratoire est la génomique personnelle, l’étude de nospropres constitutions physiologiques ou génétiques. A noter que Jason Bobe [14] le créateur dumouvement DIYBiology (qui a donné il y a une quinzaine de jours une conférence [15] au théâtrede la Gaité Lyrique, sous la houlette de La Paillasse) est également l’un des acteurs principaux duprojet “Personal Genome”, déjà présenté dans nos colonnes [16].

Car la génomique personnelle ne se limite pas à 23andMe [17] et consorts. Il faut parfois mettrela main à la pâte. Certaines informations ne sont pas disponibles sur 23andMe, a expliqué ThomasLandrain. Et de citer d’une jeune femme qui soupçonnait chez elle la présence d’une maladiegénétique l’hémochromatose [18], dont son père était atteint. Le test médical coûtant trop cher,elle a décidé de créer le sien propre.

A côté de la biologie exploratoire, on trouve la“biologie constructive”. Cette activité consisteessentiellement à fabriquer à bas prix desoutils généralement réservés aux laboratoireshaut de gamme de biotechnologie. Nousavons déjà parlé d’openPCR, de LavaAmp oude l’Opengelbox [19]. Thomas Landrain aégalement évoqué la “Dremelfuge” [20] unecentrifugeuse basée sur une simple perceuse.

Mais avant tout, et sur ce point, ThomasLandrain rejoint les préoccupations deFrançois Taddei : la DIYbio est une “science denuit”, qui permet à des amateurs de

contribuer à la recherche. De fait, cette année, pour la première fois, un biohackerspace,GenSpace [21], comportant parmi ses participants des élèves de collèges et lycée, a pu participerà la fameuse compétition de biologie synthétique IGEM [22], réservée en général… auxuniversités.

Certes, tout cela n’est pas sans susciter des inquiétudes, d’où la nécessité de mettre au point uncode éthique pour ces laboratoires d’un nouveau style. Plusieurs réunions du mouvement DIYbioont ainsi établi des règles de bonne conduite, une série de principes fondamentaux sur lesquelsbaser leur activité. Au premier plan, la transparence, qui implique que toutes les activités dans cedomaine doivent être intégralement publiées et documentées. Des aspects tout aussi importantssont, entre autres, la mission éducative et l’accès ouvert à tous, sans oublier, bien évidemment,l’exigence de ne se livrer qu’à des opérations sans danger.

Mais la réflexion éthique ne devrait sans doute pas rester l’apanage des biohackers, et l’Étatdevrait à son tour s’interroger sur la moralité de certaines de ses lois. Comment expliquer, arappelé Landrain, qu’aujourd’hui en France, demander un test à 23andMe pourrait(théoriquement) coûter un an de prison et 15 000 euros d’amende ? Une loi qui partait certes audébut d’une bonne intention mais qui demanderait aujourd’hui à être révisée : en effet l’article226-25 [23] du code pénal ne fait pas la différence entre les test génétiques effectués pour soimême ou sur un autre.

Naissance dun biohacklab français

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En marge du séminaire, j’ai pu poser quelques questions à Thomas Landrain :

InternetActu.net : Comment vous est venu le désir de créer la Paillasse ? Auparavant,étiez-vous déjà en contact avec les groupes américains travaillant sur la DIYBio ?

Thomas Landrain : Ayant la chance de pouvoir m’épanouir tous les jours au sein d’un laboratoirede recherche, j’ai d’abord voulu offrir la possibilité à chacun de vivre cette même expérience.Nous nous sommes d’abord inspirés de la communauté DIYbio née aux USA et en s’appuyant sur

la communauté des FabLab et Hackerspace Français, tout particulièrement le /tmp/lab [24] et

l’Electrolab [25], nous avons pu faire émerger le premier laboratoire ouvert français pour lesbiotechnologies, la Paillasse. Nous sommes ensuite rentrés naturellement en contact avec le restede la communauté internationale, en particulier lors du processus de fabrication de notre code depratique et d’éthique, objet essentiel afin d’assurer la pérennité de nos activités.

InternetActu.net : Comment avez-vous trouvé le matériel nécessaire au travailbiologique ?

Thomas Landrain : Principalement via des dons d’équipements obsolètes venant de laboratoiresprivés, publics ou particuliers. Nous avons bénéficié jusqu’à maintenant de l’aide matérielle du

Genopole d’Evry [26] et de la Mairie de Paris. Notre existence et nos activités ne sont aujourd’huipossibles que grâce à ces apports extérieurs, nous ne les remercierons jamais assez.

InternetActu.net : Donc vous n’avez pas utilisé les outils “DIY” comme openPCR [27],n’êtes pas passé par Ebay, etc. ? Pensez-vous qu’il est vraiment possible aujourd’huide se livrer au “biopunk” avec des outils “bricolés” ou “open” ?

Thomas Landrain : Nous n’avons pas eu besoin d’acheter une openPCR grâce aux dons dematériel, mais il s’agit là d’une exception. La plupart des projets développés au sein du DIYbioreposent sur la capacité de leurs créateurs à pouvoir recréer et détourner l’équipement leur étantnécessaire. Nous sommes à peine capables d’imaginer à quoi ressembleront les biotechnologiesde demain, en prenant Steve Jobs comme référence, il n’est pas improbable que des amateurspuissent à nouveau transformer le paysage technologique de leur génération grâce des structurescomme La Paillasse. Car au-delà de l’aspect ludique et pédagogique certain du DIYbio, nousvoyons apparaitre des technologies prometteuses comme des détecteurs d’arsenic dans l’eaupotable, des yaourts détectant des contaminations à la mélanine, de nouveaux moyens devisualisation et de compréhension de nos données génomique, de nouvelles capacités àcomprendre notre environnement et le contrôler.

InternetActu.net jusqu’où, selon vous, les adeptes de la DIYBio peuvent-ils aller ? Faire de larecherche fondamentale ? Mettre au point de nouveaux produits ou méthodes pour les paysémergents ?

Thomas Landrain : Le DIYbio ne se destine pas à la recherche fondamentale par essence, maischerche plutôt à manipuler et utiliser le savoir engrangé par l’humanité pour l’appliquer audéveloppement d’outils et de technologies citoyennes. Des groupes équivalents à celui de LaPaillasse commencent à naitre au sein de pays en voie de développement et donc pauvres. Leurexistence est motivée par le développement de technologies biomédicales open-source pouvantêtre facilement fabriquées et réparées. Ceci dans le but de faire ainsi baisser les couts demaintenance des structures médicales sur place et leur dépendance aux technologies occidentalessouvent trop couteuses et dont les services après-ventes sont difficiles à maintenir.

InternetActu.net : Question inévitable sur la sécurité : vous ne souhaitez travailler, jecrois, qu’avec des organismes inoffensifs. N’avez-vous pour autant rencontré desobjections sur les risques que des groupes comme la Paillasse pourraient faire courir ?Que répondez-vous en général ?

Thomas Landrain : La pratique sécurisée de la biologie est un point majeur sur lequel lacommunauté repose, tous les laboratoires DIYbio sont classifiés Niveau 1 pour la biosécurité,l’équivalent d’une cuisine commune en fait, c’est-à-dire que tous les échantillons biologiques quenous manipulons sont entièrement inoffensifs pour l’Homme et son entourage. En pratique il s’agitd’observer et d’utiliser des échantillons venant de notre environnement immédiat (notre corps, lesol…). Rien de plus.

Propos recueillis par Rémi Sussan.

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LE 3 AVRIL 2011 STÉPHANIE VIDAL

Le chercheur Mark Suppes s'adonne à un loisir bien particulier, qui pose in fine la questionde l'alternative à la technique utilisée actuellement dans les centrales. Rassurez-vous, cen'est pas un savant fou.

Musique, voyages et fusion nucléaire

Depuis l’été 2010, Mark Suppes doit souvent rassurer les voisins de l’entrepôt qu’il a investi àBedford–Stuyvesant : “ne vous inquiétez pas, je ne ferai pas exploser Brooklyn.” Les travaux dece trentenaire hyperactif, chercheur obsessionnel et entrepreneur compulsif inspirent tantôt lacrainte, tantôt l’espoir mais toujours l’étonnement car son petit hobby et sa grande passion, c’estla fusion nucléaire.

Un soir de juin dernier, Mark Suppes est prêt à mettre en route son Fusor, ou plus précisément sonFarnsworth-Hirsch Fusor du nom d’un autre autodidacte dont les bidouillages ont conduit auxpremières expérimentations en fusion nucléaire et à l’invention de la télévision. Ce Fusor, Markl’a construit lui-même à partir de pièces détachées qu’il a majoritairement achetées sur eBay.

Et ça a pris ! A la suite de l’expérience, la capsule de fluorine scotchée sur la paroi du réacteurporte les stigmates du passage d’un neutron émis lors d’une fusion. Même s’il ne va pas fairesauter New York, il n’est pas illogique de s’inquiéter de la dangerosité du dispositif :

Le Fusor est un petit réacteur à fusion qui fonctionne selon le procédé deconfinement électrostatique. Le nom est barbare mais la méthode est assez simple : on

injecte dans une chambre à vide les atomes de deutérium qui serviront decombustible, on augmente le courant électrique afin que les atomes deviennent

ionisés formant ce que l’on nomme un plasma. Ce plasma se trouve alors confinédans le centre de la chambre à vide et si l’on a un peu de chance des atomes se

rapprochent et la fusion prend.

Dans cette installation, c’est le courant à haute tension alimentant le réacteur qui est

Mark Suppes et son Fusor.

Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...

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La minuscule bulle d’air prisonnière de la fluorine atteste que la réaction a bien eu lieu et introniseMark dans la communauté restreinte des amateurs ayant réalisés une fusion atomique. Déjà en2006, Thiago Olsen – alors âgé de 17 ans – avait mis en émoi l’équipe enseignante de son lycée etle département de la santé du Michigan en réalisant une fusion dans le labo de physique. Mark estle trente-huitième mais n’est déjà plus le dernier membre en date. C’est que la liste a tendance arapidement s’allonger.

Fusion vs Fission

Force est de constater que la fusion fascine. Sur la plateforme fusor.net, les “fusionnistes” seretrouvent pour partager méthodes, plans et projets. La communauté grandit lentement maissûrement et des clubs bourgeonnent désormais dans les garages du monde entier. Les amateursmènent leurs propres expériences en parallèle de celles des scientifiques – les vrais, les durs – quitentent depuis les années 1950, de dompter les atomes autrement.

Pour remettre tout cela en contexte, la fission est tout comme la fusion, une réaction nucléaire. Lafission consiste à briser un atome lourd tel que l’uranium ou le plutonium en atomes plus légers. Àl’inverse la fusion, se produit quand deux atomes légers comme l’hélium, le deutérium ou tritium(isotopes de l’hydrogène) s’assemblent pour former un atome plus lourd.

Aujourd’hui, nous savons comment casser des noyaux atomes pour produire massivement cetteénergie que nous utilisons avec gloutonnerie. Toutefois, l’histoire et l’actualité du Japon nousobligent à regarder la vérité en face : nous brisons bien plus que des atomes, que nous cherchionsdélibérément à nuire ou que nous persistions vainement à nous croire maîtres et possesseurs de lanature.

Les États sont souverains dans le choix de leurs options énergétiques et les politiques en œuvresont très contrastées à l’échelle mondiale : certains n’ont pas eu à se poser la question, d’autresont pris la décision de s’en passer, d’autres encore de tenter de s’en passer, et les derniers,lourdement équipés, vont certainement devoir prendre leur responsabilités. La France avec ses 80% d’énergie provenant du nucléaire – un triste record mondial – fait partie de ceux-là.

Ces derniers temps, les dangers de l’énergie nucléaire nous sont cruellement rappelés chaque foisqu’une information émane de la centrale de Fukushima, faisant de la recherche d’autres moyensde production énergétiques autant une nécessité qu’une gageure.

À l’instar de Mark Suppes, un nombre croissant de spécialistes pensent qu’une des meilleuresalternatives au nucléaire n’est autre que le nucléaire. Ils voient ainsi dans la fusion un moyen àlong terme de remplacer la fission.

le plus dangereux. Quand on s’attelle à la fusion, il y a quand même quelquesprécautions à prendre et des consignes de sécurité à suivre. Pendant l’expérience je

me suis éloigné du réacteur afin d’éviter les neutrons ou les rayons X, même s’ils nesont émis qu’en faible quantité.

Mark Suppes, l’homme qui fusionne des atomes dans son garage » OWN... http://owni.fr/2011/04/03/mark-suppes-lhomme-qui-fusionne-des-atom...

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Sur le papier – car ce sont bien de vieilles feuilles jaunies que Robert Bussard a projeté lors decette intervention – l’idée est séduisante, élégante et dissidente. En effet il existe en théorieplusieurs types de combustibles utilisables, de réactions possibles et de méthodes envisageablespour bâtir les réacteurs qui les contiendraient.

Au-delà de ces divergences sur lesquels nous reviendrons, les pro-fusion se retrouvent sur lesgrandes lignes quand il s’agit d’argumenter. Ils vantent les avantages du contrôle de la fusionnucléaire pour la production d’électricité en les confrontant à celui de la fission et de toutes lesnocivités qui la caractérisent.

À quantité de combustible égale la fusion serait bien plus puissante ; elle engendrerait trois àquatre fois plus d’énergie que la fission. Il y aurait suffisamment de combustible pour combler nosbesoins énergétiques pendant quelques centaines de milliers d’années et, en fonction ducombustible sélectionné, il n’y aurait pas ou peu de déchets radioactifs. Pour couronner le tout, lafusion ne ferait pas encourir des risques de réactions en chaine incontrôlées et incontrôlables.

La raison pour laquelle l’ensemble est au conditionnel, c’est que tout cela reste purementthéorique. Les bémols sont nombreux car si la fusion de noyaux atomiques est un phénomèneanodin dans le soleil et les étoiles qui constellent le ciel, ce n’est pas du tout le cas sur notre bonnevielle Terre.

La possibilité d’un réacteur

Quand on demande à Mark comment fonctionne la fusion nucléaire sa réponse surprend par safranchise, et peut-être est-ce son statut d’amateur qui le dispense de langue de bois :

Quand Mark dit “on”, c’est à la communauté des passionnées qui bricolent dans leur garage qu’ilfait référence mais à l’ensemble des fusionnistes mettant dans le même panier les amateurs et lesscientifiques qui planchent depuis des dizaines d’années sur la construction de réacteurs de fusionthermonucléaire.

Le contrôle de la fusion nucléaire est perçu comme un enjeu considérable et nombreuses sont lesnations de par le monde investissant temps et argent dans sa recherche et son développement.Cette recherche, comme nous l’avons dit précédemment, s’engage dans plusieurs directions. Cellequi a le vent en poupe auprès des gouvernements s’incarne dans les Tokamaks, des immensesstructures expérimentales de confinement magnétique visant à contrôler le plasma. À ce sujet, leprojet ITER est exemplaire et l’on note au passage que trois jours après l’accident de Fukushimala plateforme science.gouv.fr republiait un dossier datant de 2008 intitulé La fusion contrôlée, lerêve du nucléaire propre.

Ce Réacteur Thermonucléaire Expérimental International en construction à Cadarache dans le

Lorsque j’ai découvert sur YouTube une conférence sur la fusion nucléaire donnéepar Robert Bussard lors d’un Google Talk en 2006 [vidéo, en], j’étais entrepreneur

depuis dix ans. Tout ce que j’avais tenté de mettre en place avait échoué au fil desannées. Je ne cherchais pas spécialement à me lancer dans un nouveau projet mais

j’étais curieux et bien disposé. En l’écoutant j’étais fasciné : il parlait d’énergienucléaire abondante, propre et à faible coût. Sa méthode s’opposait non seulement à

la fission tout en divergeant des recherches actuellement en cours dans le domaine dela fission. Tout ce qu’il disait m’a semblé vraiment plausible. Même si à ce moment là

je n’y connaissais strictement rien en physique, son discours faisait sens. J’y ai vu lapremière idée véritablement excitante dans le domaine de l’énergie.

On me pose souvent cette question mais je suis bien embêté quand il s’agit d’yrépondre. Je suis capable de vous expliquer comment marche un Fusor qui permet

d’aboutir à une fusion, et j’ai ma petite idée sur le mécanisme d’un Bussard quifournirait de l’énergie grâce à la fusion… Mais ni moi, ni personne ne sait vraiment

comment ça fonctionne… D’ailleurs, le véritable problème est là : ça ne fonctionnepas ! Si j’étais capable de construire une machine permettant de générer et d’utiliser

de l’énergie grâce à une fusion nucléaire je la construirais en ce moment même. Pourle moment nous ne savons pas la mettre en œuvre, mais nous ne cessons d’y tendre

par nos expériences.

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sud de la France a pour objectif de “démontrer la faisabilité scientifique et technologique del’énergie de fusion, et d’ouvrir ainsi la voie à son exploitation industrielle et commerciale”.France, Japon, Chine, Corée du Sud, Russie et États-Unis sont engagés depuis des années, l’Inde arejoint un peu plus tard, le Brésil et le Kazakhstan ne demandent qu’à rallier l’équipe déjàconstituée.

Cette “expérience scientifique à très grande échelle” à un coût proportionnel. Estimée à 12,8milliards d’euros pour la construction, 5,3 milliards pour les vingt années d’exploitation, 280millions pour la période de cessation d’exploitation et 530 autres millions d’euros pour ledémantèlement : la note prévisionnelle d’ITER est salée et le sera peut-être encore plus.

Un joli rêve

Si la théorie est communément admise, c’est encore sa faisabilité technique qui est testée avecITER, en faisant donc un prototype et non pas un véritable réacteur capable de produire del’énergie. La fusion nucléaire implique de grandes contraintes que nous ne savons pas encorerésoudre.

Par conséquent, les attaques fusent. Il faut d’abord convoquer de grandes quantités d’énergie afinde déjouer les forces qui repoussent naturellement les noyaux atomiques les uns des autres etrapprocher suffisamment les atomes pour provoquer une fusion. Bien plus d’énergie que la fusionne génère en retour. Le fameux “break-even”, le point de rentabilité énergétique, se dérobeencore.

Un Tokamak n’est pas non plus capable de produire la quantité de chaleur adéquate pourqu’opèrent des réactions aneutroniques de type PB-11 (Proton – Boron 11). Les réactionsenvisageables impliqueraient du deutérium et du tritium libérant des neutrons à grande vitesse. Ilfaudrait donc parvenir à constituer des matériaux spécifiques pour bâtir des enceintes deconfinement capables de résister aux flux de ces neutrons et espérer que les bobinagessupraconducteurs seront capables de tenir le choc pendant la durée de vie du réacteur, ce que desscientifiques comme feu Pierre-Gilles de Gennes mettent en doute.

Enfin, beaucoup blâment les sommes investies dans ces projets perçus comme “des gouffres àfric” monumentaux et pensent que si jamais les machines atteignent un jour le point de rentabilitéénergétique, elles ne parviendront jamais celui de rentabilité économique.

Pour résumer, si parvenir à construire les structures et à rassembler les conditions adéquates pourgénérer une fusion relève de l’exploit dans un garage, sa mise en œuvre industrielle n’estclairement pas pour demain. Personne n’oserait fanfaronner en annonçant une date précise pourune production significative d’énergie par ce moyen. Nombre de scientifiques ayant connu avecenthousiasme les débuts de la recherche en fusion nucléaire s’en sont détournés, abandonnant ce“joli rêve qui n’est pas prêt de se réaliser » pour reprendre une phrase de Georges Vendryes(directeur honoraire des applications industrielle du CEA) à propos d’ITER.

Les Tokamaks et la volonté de Bussard

Robert Bussard était lui aussi très critique envers les Tokamaks. Il blaguait qu’en quarante annéesde recherche, le seul enseignement qu’on avait pu en tirer était qu’ils ne fonctionnaient pas. Il est

Le Tokamak de Varennes, une initiative canadienne qui s'est finie en 1999.

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tout aussi sévère envers les gouvernements investissant à tire-larigot dans cette technologie. Ilavait d’ailleurs salué l’initiative du jeune Thiago Olson : “Ce gamin étudie de la physique bien

plus utile que celle pour laquelle le gouvernent américain dépense des millions.”

Mais contrairement à Georges Vendryes et tant d’autres, Bussard n’a jamais cessé de croire qu’ilarriverait à réaliser son rêve de son vivant. Plus qu’un projet de laboratoire, la fusion était pour luila quête d’une vie. Il s’est battu jusqu’à son dernier souffle, mais sans succès, pour trouver desfinancements essentiels à la construction de son réacteur communément appelé Bussard ouPolywell.

Né dans les années 20, Bussard a dévoué sa vie entière à la fusion, rêvant aux grands projets quecelle-ci pourrait fournir à l’humanité : une énergie propre et propice aux missions spatiales.Malheureusement pour lui, ses projets ont souvent suscité plus d’engouement dans le monde de lascience-fiction que dans celui de la science ; dans Star Trek tous les vaisseaux sont équipés d’unCollecteur Bussard les propulsant grâce à la fusion d’atomes d’hydrogène directement prélevésdans l’espace interstellaire.

Une décennie plus tard, il s’active sur des Tokamaks pour le gouvernement américain maisabandonne l’affaire, désenchanté. Pour le bon mot, il dira que c’était perdu d’avance : travaillersur des plans russes en pleine guerre froide était forcement une mauvaise idée. Il monte alors sapropre entreprise, EMC2, afin de se consacrer à la construction d’un réacteur alternatif : cefameux Polywell.

Même s’ils tendent vers le même but, les Tokamaks et les Bussards ne s’appuient pas sur lesmêmes procédés explique Richard Nebel [en], dirigeant de EMC2. Le Bussard est un réacteurhybride utilisant à la fois confinement magnétique et électrostatique tandis que les “les Tokamaks

sont des instruments qui n’emploient que le confinement magnétique. L’avantage de notre

système c’est que nous obtenons facilement de très hautes températures. Par contre, nous luttons

pour avoir de fortes densités, ce qui n’est pas un problème pour les Tokamaks : ce qui est

difficile pour nous est simple pour eux, et vice versa. Mais nous pensons que notre concept est

bien meilleur et ce pour plusieurs raisons : ce système hybride utilise le PB-11 (Proton – Boron

11) comme combustible et qu’il ne produit aucun matériel radioactif. Il est compact et peu

onéreux à développer et à exploiter – il ne requiert pas d’énormes budgets de développement

comme c’est le cas pour les Tokamaks.”

Une fois encore tout est question de proportions : plus petit qu’un Tokamak le cœur d’un Polywellmesurerait quand même 3 mètres de diamètre ; moins cher qu’un Tokamak, il implique quandmême de pouvoir poser 200.000 dollars sur la table.

Pendant près de onze ans, c’est l’US Navy qui a financé les recherches de Bussard mais sonsilence sera une des conditions sine qua non du deal : le scientifique ne publiera rien sur sesavancements pendant toute cette période. Bussard enchaîne essais et erreurs, ses ressourcess’amenuisent. Elles arrivent à leur terme quand sa dernière machine s’autodétruit. Le labo estdémantelé faute de budgets. En lisant a posteriori les données de cette ultime expérience Bessardest persuadé qu’il a touché au but.

Il n’a alors plus qu’une obsession : trouver des investisseurs. Nous sommes en 2006, Bussard sortde l’embargo imposé par la Navy et présente ses recherches à des colloques et même à l’occasiond’une Google Talk qui sera filmée et postée sur Youtube. En appuyant sur play, Mark Suppes vacomplétement changer de vie.

La rencontre

L’étrange rencontre de Suppes et Bussard aussi peu probable qu’elle soit (entre un profane et unscientifique, entre un vivant et un défunt) n’est a posteriori pas si étonnante. Les deux hommespartagent certains traits de caractère.

Ils ont en commun la patience et le calme pour supporter la pression des dysfonctionnements etdes échecs, l’ambition et la volonté d’aller toujours plus loin dans leur travaux, la confiance si cen’est la foi dans leur projet pour tolérer les ricaneries et les découragements passagers, l’humilitéet l’abnégation essentielles pour se savoir toujours ignorant et en quête, le verbe piquant pourcontrer les attaques ou les provoquer, l’impérieuse nécessité de poursuivre une grande idée et des’engager viscéralement pour tenter de la mettre en œuvre.

Je suis parvenu à faire une fusion en construisant un Fusor mais je veux désormaispasser à l’étape suivante en construisant un Polywell, qui n’est finalement qu’une

version améliorée du Fusor.

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Mark poursuit donc désormais les travaux et les rêves de Bussard. Pourtant rien ne le destinaitvraiment à s’impliquer corps et âme dans le domaine de la fusion nucléaire.

Son blog [en] fait partie intégrante de sa recherche, à la fois carnet de bord et plateformed’échange. Il y poste ses idées et ses avancements. L’ensemble de son projet est open source.Tout un chacun peut ainsi avoir accès à ses codes, ses plans, ses idées et ses doutes mais aussi luidonner des avis ou des conseils. “Je sais que de véritables scientifiques lisent mon blog,explique-t-il, certains même me laissent des commentaires. Pourtant je ne sais pas vraiment ce

qu’ils en pensent. Pas forcément du bien, cela doit être assez désagréable de voir un amateur

disqualifier vos efforts.

Un amateur qui commence à être assez spécialisé donc ! Son agenda est déjà défini et n’a rien àenvier à celui des vrais scientifiques.

Mais Mark reste un amateur qui s’auto-finance et qui doit de fait mettre sporadiquement sesprojets sur pause. Régulièrement, il lâche ses bobines pour le turbin : pendant les trois prochainsmois, il développera des des applications web pour une boîte. Sa passion à un coût nonnégligeable, il lui avait fallu rassembler 35.000 euros pour construire son Fusor et avait obtenupresque 4.000 euros de la part d’investisseurs privés via Kickstarter [en].

L’amateur

Les avantages des uns sont les inconvénients des autres, et vice versa. L’image est pertinentequand elle met en exergue les différences entre un Tokamak et un Polywell et elle sied tout autantquand il s’agit de distinguer la posture du scientifique de celle de l’amateur. Chacun à sescontraintes, le scientifique a des deadlines, des objectifs fixés par d’autres, des financementsappropriés, des résultats à présenter, des gens à satisfaire. L’autre n’est jamais vraiment considérécomme légitime et doit toujours faire ses preuves, s’interrompre momentanément quand le compteen banque est vide mais il sait parfois aller très loin avec des dispositifs qui ne coûtent rien et nepaient pas de mine. Il a aussi l’opportunité de choisir ses propres défis ce qui les rendgénéralement audacieux mais accessibles et souvent accomplis.

L’amateur a aussi l’opportunité de changer de posture, de “jouer” au professionnel. Mark souhaitepar exemple publier dans des revues ne comportant que des textes de scientifiques. Si jamais celase produisait nous serions ravis pour lui, mais personne ne pardonnerait à un professionnel de secomporter comme un amateur. L’amateur a un autre temps et un autre espace pour manœuvrer àsa guise : il jouit aussi des marges, des chemins de traverse, des sillons déjà tracés qu’il peut suivreou qu’il peut bouder pour s’enfoncer dans les orées, n’ayant d’autres contraintes que son propreenthousiasme et sa curiosité.

Quand j’ai vu cette vidéo, je n’ai pas pu m’empêcher d’y penser. C’est devenu uneobsession. Pendant un mois je n’ai pas arrêté d’en parler à mes amis et j’ai fini par

ouvrir un blog. Je pensais qu’il n’y aurait qu’un post, un seul et unique. Puis je mesuis mis à désigner, via un logiciel CAD, un réacteur à fusion en métal qui pourrait

être imprimé via une imprimante 3D. À ce moment là, j’ai su que j’étaiscomplètement pris par ce projet et que je ne pourrais pas revenir en arrière.

Je réplique actuellement une expérience menée par une équipe de chercheur

australiens. Joe Khachan [en] a construit un réacteur Bussard à bobines de cuivre. Jem’y essaie à mon tour et mène des essais cinétiques. J’envisage d’ailleurs d’écrire un

papier à ce sujet et j’espère qu’il sera publié par une revue scientifique. Mais ce n’estqu’un pas parmi d’autres. C’est bien de se faire la main en reproduisant des choses

qui ont déjà été faites avant de se lancer dans ses propres aventures. La prochaineétape, et pas des moindres, sera de mettre au point un réacteur Bussard agrémenté

d’aimants supraconducteurs. Ce genre d’aimant est utilisé dans les Tokamaks. Si celafonctionne je ne serai pas seulement le premier amateur mais le premier homme a en

avoir créé un. L’idée n’est pas de moi mais personne n’en a jamais réaliséauparavant. J’ai déjà construit une Magrid en acier inoxydable (une sorte de

polyèdre formé par des rouleaux de métal), il me reste à m’atteler aux bobines encuivre. Grâce à ce procédé la fusion pourrait perdurer indéfiniment et nous pourrions

l’étudier à volonté.

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Il ne faut pas oublier que les découvertes majeures ne sont pas arrivées par inadvertance maisparce que le scientifique confronté à cet évènement a eu les connaissances mais aussi le temps etla curiosité pour le considérer. La véritable chance de l’amateur c’est qu’il a le luxe de perdre dutemps, le privilège d’attendre et sa véritable force, c’est qu’il est celui qui n’est jamais attendu.

–Illustrations Flickr quinnums, Marylise Doctrinal et cstmweb

Les autres articles du dossier :

Free Cultures: des levures au service des Indonésiens

La prochaine révolution ? Faites-la vous même !

Image de une Marion Boucharlat. Téléchargez-là :)

La prochaine révolution ? Faites-la vous même !

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Enquête | Les “Fab Labs” ? Des coopératives futuristes intégrantordinateurs, marteaux, tournevis, perceuses et imprimantes 3Ddans un joyeux foutoir participatif. Une nouvelle révolutionindustrielle portant la “bricolabilité” au pinacle ?

Le 01/09/2012 à 00h00

Xavier de Jarcy - Télérama n° 3268

Dans le sillage du FacLab de Gennevilliers ou d'Arilect à

Toulouse, La Nouvelle Fabrique vient de s'installer au

Centquatre parisien. © Léa Crespi pour Télérama

Nous sommes en 2022. Un nouveau modèle économique émerge, où

l'on répare au lieu de jeter, où l'on fabrique soi-même. De plus en plus

de foyers possèdent une imprimante 3D, avec laquelle ils produisent

des objets du quotidien ou des pièces de rechange pour leur

électroménager. Les éléments de leur machine ont été taillés par une

autre imprimante 3D, dans une coopérative de quartier, tenue par un

designer-artisan. Beaucoup d'habitants viennent s'y fournir en meubles

sur mesure. Les plus doués les dessinent eux-mêmes ou adaptent des

plans libres de droits, disponibles sur Internet.

De la science-fiction ? Pas sûr. Collaborative et connectée, l'ère de «

l'artisanat 2.0 » ou de « la micro-industrie » s'esquisse déjà. Au FacLab

de Gennevilliers, par exemple. Un Fab Lab (fabrication laboratory, ou

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laboratoire de fabrication, surnommé aussi fabuleux laboratoire)

inauguré en février dans une extension de l'université de Cergy-

Pontoise. Inventés à la fin des années 1990 par Neil Gershenfeld,

chercheur au MIT (Massachusetts Institute of Technology), les Fab

Labs fonctionnent comme des forums Internet, sauf qu'ils se situent

dans le monde réel. Conçus pour décloisonner les disciplines, en

France presque toujours à l'initiative d'institutions publiques,

universités, écoles, centres culturels, ils « permettent la rencontre de

gens qui ne devraient jamais se croiser », explique Olivier Gendrin,

scientifique et fabmanager du FacLab. Ouvertes à tous, les six salles

de Gennevilliers forment donc un mélange d'atelier de bricolage, de

centre de formation, de lieu de prototypage, de club de sciences... On y

trouve des ordinateurs, des outils classiques (marteaux, tournevis,

perceuses) ou numériques : imprimante 3D, machine de découpe

laser...

« L'équipement est mis gratuitement

à disposition du public sous trois conditions morales :

participer, documenter, partager »Olivier Gendrin

© Léa Crespi pour Télérama

Ce jour-là, Josiane, une femme au foyer venue pour l'atelier couture

discute avec Charles, un ingénieur électronicien qui veut se tailler un

sac à dos à ses mesures. Près d'eux, une enseignante découvre la

modélisation sur écran. Clément, un bricoleur, bidouille un support pour

fixer un néon. Dans la pièce d'à côté, Julien, patron d'un bureau

d'études en mécanique et design, découpe des plaques de

contreplaqué au laser : « Je suis en train de créer une imprimante 3D !

»

« L'équipement est mis gratuitement à disposition du public sous trois

conditions morales : participer, documenter, partager », précise Olivier

Gendrin. Chacun s'engage à contribuer aux projets des autres, à

décrire par écrit et sur Internet les étapes de son travail pour le rendre

reproductible, et à transmettre ses connaissances. Ces trois exigences

permettent au FacLab de remplir la charte des Fab Labs, définie par le

MIT. Une idée d'objet peut donc, en théorie, être améliorée sans cesse

dans le monde entier, comme pour les logiciels libres. Ainsi a été

inventée la plante qui tweete quand elle a soif, grâce à un

mini-ordinateur placé sur son pot...

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© Léa Crespi pour Télérama

Le FacLab est l'un des premiers Fab Labs français (avec La Forge des

possibles à La Roche-sur-Yon, Artilect à Toulouse, Ping à Nantes, et

quelques autres). A côté de ce modèle idéal, des structures voisines

existent : le Fab Lab de l'Ensci (Ecole nationale supérieure de création

industrielle), lui, n'est pas ouvert au public. « Nous y envisageons les

nouvelles façons de fabriquer avec le numérique, raconte François

Brument, designer et enseignant. Au moment de la révolution

industrielle, la mécanisation des outils a permis de passer de

l'artisanat à la grande série, avec des machines reproduisant toujours

la même pièce. Aujourd'hui, les outillages autorisent une production

sur mesure, au coup par coup, sans stock, ce qui peut ouvrir sur un

nouveau monde industriel. »

« L'effort de création

demande un apprentissage. »Vincent Guimas

Une autre variante, La Nouvelle Fabrique, sera lancée dans quelques

semaines au Centquatre, à Paris. Elle va sensibiliser le public aux

machines numériques, dont le prix ne cesse de baisser (l'imprimante 3D

la moins chère revient à 400 euros). Mais à La Nouvelle Fabrique, elles

ne seront pas en libre accès et passeront par la médiation d'un

designer. Car l'idée d'un monde où nous serions tous créateurs et

producteurs suscite un certain scepticisme. « On peut imaginer que

des amateurs chevronnés puissent utiliser ces outils, mais nous

restons prudents : l'effort de création demande un apprentissage, une

connaissance des matériaux qui ne s'acquiert pas du jour au

lendemain », estime Vincent Guimas, militant associatif responsable de

La Nouvelle Fabrique. Qui ajoute : « Affirmer que les imprimantes 3D

peuvent se répliquer facilement est un mensonge grossier qui fait le

bonheur des fabricants. En réalité, très peu de gens sont capables de

les construire eux-mêmes, mis à part quelques geeks. »

« Il s'agit de retrouver le plaisir

de travailler, la fierté de bien faire. »Stéphanie Bacquère

François Brument non plus ne croit pas à l'idée du « tous designers » :

« C'est un peu comme pour l'informatique musicale : l'ordinateur a

rendu l'apprentissage de la musique très accessible. Mais devenir un

vrai musicien n'est pas à la portée de chacun. » Stéphanie Bacquère,

ingénieure et fondatrice de Nod-A, une PME spécialisée dans le

prototypage rapide et utilisatrice du FacLab, est, au contraire,

enthousiaste. Avec le Fab Lab, « l'outil de production n'appartient plus

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à un petit nombre de privilégiés, mais potentiellement à tout le monde.

Cet aspect redistributif se situe dans l'héritage de William Morris et du

mouvement Arts and Crafts (lire ci-dessous) : il s'agit de retrouver le

plaisir de travailler, la fierté de bien faire. »

© Léa Crespi pour Télérama

La multiplication annoncée des machines numériques, au Fab Lab

comme à la maison, soulève d'autres questions. L'historienne du design

Alexandra Midal s'interroge ainsi sur ce nouveau culte machiniste,

rappelant « les années 1920 », et débouchant peut-être sur un

déferlement de gadgets. L'artiste Ewen Chardronnet, lui, redoute que

ces machines ne favorisent un nouveau capitalisme, une « économie

proto-industrielle », semblable au temps des canuts et du travail à

domicile. Une crainte infondée, estime Arthur Schmitt, ingénieur et

designer chez Nod-A : « Les gens possèdent déjà des imprimantes

papier chez eux, ils ne sont pas devenus des canuts pour autant. »

Les plus convaincus voient dans les Fab Labs un remède à la crise.

Emmanuelle Roux, patronne d'une PME vendéenne et co-initiatrice du

FacLab, estime qu'ils entraîneront un bouleversement aussi fort que

l'arrivée d'Internet : « De nouveaux objets et services, de nouvelles

manières de travailler ensemble vont apparaître. Les Fab Labs vont

développer l'esprit d'entreprise. Et pas seulement le modèle à

l'ancienne où l'on gagne de l'argent, mais aussi l'entrepreneuriat

associatif ou artistique. Il en sortira de vraies innovations. » La Ville de

Barcelone, elle aussi, prend l'affaire au sérieux : son projet de Fab City

prévoit un Fab Lab dans chaque quartier. Avant 2022.

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ÉCONOMIE

Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par lesinternautes25 février 2013 à 12:42

(DR)

Sur le site de crowdfunding Kickstarter, les inventeurs ne portent pas de cravate et commencent tous laprésentation de leur projet par un énergique «Hy, my name is Jim and I want to change the world».Hélicoptère, bateau, instrument de musique, robot, machine agricole, lampe, ils cherchent des financements.Sélection des meilleurs projets des derniers mois. L'avenir dira s'ils ont réussi.

Un hélicoptère mû par la force humaine

Récolte: 34 424 $

Une lampe de poche épaisse comme une carte de crédit

Récolte: 18 514 $

Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...

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Un gant pour jouer dans une fanfare sans instrument

Récolte: 10 665 $

Un drone piloté par la pensée

Récolte: 74 799 $

Un procédé d'impression photo par la lumière du soleil

Récolte: 268 437 $

Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...

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Synergy, un avion d'avenir

Récolte: 95 627 $

Une souris d'ordinateur greffée sur l'index

Récolte: 132 302 $

Un vélo aux roues lumineuses

Récolte: 215 621 $

Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...

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Un bateau robot explorateur des océans

Récolte: 83 424 $

Des machines agricoles en open source

Récolte: 63 573 $

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Crowdfunding: 10 projets étonnants financés par les internautes - Libération http://www.liberation.fr/economie/2013/02/25/crowdfunding-10-projet...

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- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -

Ce que les patients changent à la santéPosted By Hubert Guillaud On 13/7/2011 @ 13:00 In Articles,Communautés,Communicationinterpersonnelle,Confiance et sécurité,Coopération,Santé,Usages | 4 Comments

“Voit-on des changements radicaux dans la santé, le bien-être ?”, s’interrogeaient lesorganisateurs de la 3e édition de la Conférence Lift France [1]. Les soins sont des systèmessouvent mal aimés et coûteux, rappelle Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internetnouvelle génération. Y-a-t’il des changements dans la façon dont on apporte les soins aux gens ?Y-a-t-il, plus encore, un changement dans la façon dont les patients gèrent leur santé ?

Un des phénomènes les plus importants pour la transformation de la relation patients-médecinsces dernières années repose sur la naissance des réseaux de patients dont PatientsLikeMe [2]

demeure le symbole. PatientsLikeMe a transformé la relation entre malades et la relation entremalades et médecins.

La valeur de l’ouverture

Pour Paul Wicks [3], directeur de la R&D [4] de PatientsLikeMe, la science-fiction n’avait pas prévule web. “Nul n’avait vu arriver Google, Facebook, Wikipédia… c’est-à-dire le rôle majeur que jouela composante individuelle des êtres humains. Il y a quelques années, nul n’aurait pensé qu’onabandonnerait nos encyclopédies pour Wikipédia, ou qu’on utiliserait si massivement des sitessociaux comme Facebook. Nous nous sommes trompés sur l’internet. On pensait y créer desautoroutes de l’information où nous trouverions toute l’information disponible, alors qu’il ad’abord été un outil permettant aux gens de s’organiser, de créer des groupes de manièrespontanée.” Et ce que nous avons à faire est juste de mieux les organiser.

[5]Image : Paul Wicks, directeur de la R&D de PatientsLikeMe sur la scène de Lift France,

photographié par Pierre Metivier [6].

“Avant pour voyager, il fallait entrer dans une agence de voyages et une personne qui n’avaitprobablement jamais visité le pays où vous vouliez aller vous fournissait tous les renseignements

disponibles. Désormais, avec des sites comme Kayak [7], TripAdvisor [8] ou Expedia [9], nonseulement on accède à toute l’information, mais on accède en plus à la couche d’évaluation desutilisateurs. On peut lire les commentaires des usagers qui nous correspondent.”

L’ancien système existe encore, estime pourtant Paul Wicks. “Aller voir son médecin généraliste

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ressemble à aller voir un agent de voyage. On prend un rendez-vous de manière très classique.Le médecin connait certes la maladie que vous avez, mais ne sait pas ce que c’est que d’avoircette maladie, car il n’a pas accès à beaucoup de sources d’information sur l’informationelle-même. A PatientsLikeMe, l’approche est différente, un peu comme ces nouveaux sites devoyage. Elle est plus bottom-up. Les patients sont invités à saisir des données sur leur maladiepour être mis en contact avec des malades qui partagent leurs symptômes.”

Sur PatientsLikeMe, les internautes créent un profil de données sur leurs maladies, leurssymptômes, leurs traitements. Ils renseignent avec précision les symptômes dont ils souffrent, ladate de diagnostic de leur maladie, son évolution, les médicaments qu’ils prennent, indiquent leseffets secondaires éventuels… Le but du site est de pouvoir comparer des expériences etrassembler les gens qui ont les mêmes symptômes pour apprendre de ces communautésagrégées autour de symptômes et de traitements communs.

L’idée radicale qu’il y a dans PatientsLikeMe, estime son directeur de la R&D, est de faireapparaitre les données cachées des patients via des outils en ligne. Par exemple, les patientsévaluent, font part de leur ressenti, sur l’efficacité des traitements qu’ils suivent ou documententleurs effets secondaires. Pour traiter l’épilepsie par exemple, il existe toute une gamme demédicaments dont certains ont des effets secondaires plus ou moins importants. Les étudescliniques utilisent des populations bien définies et souvent très réduites. Ici, l’idée est d’élargirl’échelle, estime Paul Wicks. “Bien souvent, face à plusieurs traitements disponibles, le médecinfait un choix pour vous, selon ce qu’il connait ou ce qu’on lui a appris. Le site montre qu’il y ad’autres possibilités de traitement, comme un moyen de contourner la logique paternaliste de lamédecine. Via PatientsLikeMe, les patients peuvent même candidater à des essais cliniques

recensés par le site.” PatientsLikeMe a d’ailleurs publié une étude [10] pour montrer combien sonservice pouvait permettre d’accélérer la découverte clinique en utilisant la collecte de donnéesautogérée par les patients.

Bien sûr, les résultats ne sont pas aussi simples qu’ils paraissent et le rapport à la maladie estégalement à prendre en compte, d’autant qu’il est différent pour chacun. Certaines donnéespermettent ainsi de voir la progression de sa maladie, et dans le cas de maladies à évolutionrapide, se situer par rapport à la progression de la maladie des autres, peut être pour certainstrès déstabilisant ou au contraire très motivant. Il peut y avoir également un effet placebo : voirles symptômes ou les effets secondaires que déclarent d’autres patients peut nous les faireressentir… Les interactions permettent de mesurer aussi les différents effets des médicaments :combien de fois faut-il prendre telle pilule pour qu’elle soit efficace ? Un patch est-il plus efficacequ’un sirop ?…

Bien sûr, ces systèmes posent des problèmes relatifs à la protection de la vie privée. Parexemple, sur TuDiabetes.org [11], on a constaté que les gens qui étaient les plus prêts à partagerl’information étaient aussi ceux qui géraient le mieux leur maladie. “Il faut bien mesurer que lesgens qui contribuent ne représentent pas l’ensemble des malades, mais peut-être un certain typede malades”, modère Paul Wicks. Il manque également sur ces sites de partages d’information desanté une législation pour protéger les gens afin qu’ils ne puissent pas être discriminés du faitqu’ils partagent une information sensible. Dans son processus d’inscription, PatientsLikeMe invited’ailleurs les internautes à ne pas utiliser un nom permettant de les reconnaitre.

“Nous sommes très clairs avec les patients sur nos clients qui sont systématiquement listés [12].Nos clients qui viennent utiliser nos données sont bien sûr surtout des entreprisespharmaceutiques, mais pas seulement : il y a également des gouvernements, des assureurs, desscientifiques… En fait, on constate que les patients sont plutôt d’accord pour partager les données.Ils sont prêts à aider, car ils savent qu’en le faisant ils aident les autres et certainement aussi, ilss’aident eux-mêmes.”

L’ouverture est la clef, mais elle ne suffit pas

Officier dans les Marines, Jonathan Kuniholm a été blessé en 2005 en Irak. Une embuscade lui afait perdre son avant-bras droit. En rentrant de l’hôpital, en se retrouvant chez lui, sans son bras,Jonathan s’est retrouvé face à un nouveau défi, celui de devoir apprendre à vivre avec cemorceau de lui en moins.

Jonathan Kuniholm ne connaissait rien du monde des prothèses. Il n’en connaissait que ce quenous en avons vu dans des films de science-fiction : le bras bionique de l’Homme qui valait 3milliards, celui de Luke Skywalker ou de Terminator. La réalité ne s’est pas avérée être celle-ci.Le principe de la prothèse qu’il porte et que la plupart de ceux qui ont été amputés portent n’apas vraiment évolué depuis son invention vers 1912. Le crochet qui lui sert de main a été imaginédans les années 50. La prothèse myoélectrique, qui permet une préhension active des objetsgrâce à la contraction des muscles sur lesquels sont placés des capteurs qui permettent de fermer,d’ouvrir ou de faire tourner la main mécanique, date des années 80, mais elle est très couteused’autant qu’elle demande le plus souvent une personnalisation poussée pour s’adapter aux

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multiples formes d’amputation existantes.

[13]

Image : Jonathan Kuniholm photographié par Pierre Metivier [14].

“En fait, la plupart des personnes amputées d’un bras ne portent pas de prothèse. Le marché estminuscule. La R&D est très limitée. En fait, aucune industrie n’a vraiment investi ce secteur.” Legouvernement avait bien un projet de recherche financé par la Darpa [15] (auquel Jonathan aparticipé un temps), mais c’était un projet de recherche avec de micro-financements, par rapportà tous les grands projets de l’Agence de recherche militaire américaine. Les designers exposentsouvent des concepts dans les magazines, mais qui ne sont pas fonctionnels. Ce sont juste debelles intentions sur de belles images : des prototypes non fonctionnels, qui ne se préoccupentpas de comment s’actionne le bras, comment on intègre des batteries, des moteurs…

“Plutôt que me plaindre, que puis-je faire ?”, s’interroge l’ex-soldat. “Les patients sont la clef,

disait à l’instant Paul Wicks. Eric von Hippel est arrivé à la même conclusion [16] de façonempirique en montrant que les consommateurs sont les premiers innovateurs. Les premiers

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utilisateurs inventent des produits pour résoudre leurs problèmes et c’est seulement sur leursinnovations que peut se construire un marché de masse…”

Pour concevoir des prothèses adaptées à aujourd’hui, il faut pouvoir emprunter les meilleurestechnologies des plus grosses sociétés, notamment par exemple pour y intégrer de petitesbatteries, suffisamment efficaces et simples à recharger. “Mais ces industries ne sont pasintéressées par un marché qui leur semble inexistant”.

“Dans le cadre du programme de la Darpa pour lequel j’avais été retenu, on m’a fait tester uneguitare utilisant la technologie myoélectrique, mais c’est un équipement qui coûte plus de 11 000$.” Autant dire inabordable pour la plupart des amputés. Pourtant, des espoirs sont possibles. Viales technologies logicielles et matérielles désormais disponibles en open source on pourraitconstruire une interface de ce type pour 200 $.

On pourrait ! C’est ce que Jonathan Kuniholm a essayé de faire. “Via l’internet, j’ai lancé le Projet

de prothèse open source [17], en utilisant la collaboration et les réseaux sociaux (voir le site de

discussion lié au projet [18]) pour rassembler des gens confrontés au problème et prêts à semettre au travail ainsi que des concepteurs prêts à nous aider. Le site accueille et documente

plusieurs projets comme une main myoélectrique articulée en Lego [19], la reconception d’un

modèle de pince qui n’est plus disponible commercialement [20], les travaux d’une personne qui aconstruit elle-même ses bras et ses jambes… “Voilà ce qu’on peut faire avec les outils gratuits du

web !” Pour cela, l’essentiel estime Jonathan Kuniholm est d’avoir accès à du matériel libre [21]

(comme Arduino [22], Open Hardware ou Bug Labs [23]) et s’appuyer sur la participation desutilisateurs et la collaboration sociale pour tenter de construire des choses. Pour l’instant, laculture makers n’a pas encore fait ses preuves dans le domaine des prothèses, mais Kuniholmreste confiant. Il vient de lancé StumpWorks, une société créée avec d’autres amputés, pourconstruire ce qu’ils souhaitent construire, et mettre en avant des plans, des dessins, du matérielpour permettre aux gens de fabriquer et reprendre en main leurs propres équipements.

“Personne ne prétend que la démocratie est parfaite disait Churchill. La technologie ouverte pourl’instant n’a pas résolu mon problème, mais c’est le système le moins imparfait qu’on ait.”

Et Jonathan de souligner qu’il n’a trouvé que 6 patients comme lui sur PatientsLikeMe. “Dans laliste des 6000 pathologies orphelines établies par le ministère de la Santé américain, la miennen’en fait pas partie. Bien sûr le mouvement du bricolage ouvert peut aider, mais en matière dehandicap, trop souvent, le besoin est très individuel et doit être traité de manière personnalisée.Le fait que les outils soient disponibles est capital pour qu’on exprime des besoins et que d’autresnous aident à y répondre ou qu’on puisse le faire seul. Peu de gens ont encore essayé de modifierles crochets, de leur trouver d’autres formes. Mais on s’y emploie. Et c’est aujourd’hui pluspossible qu’hier. Il y a juste encore pas mal de travail”, conclut avec courage l’ex-officier de laMarine toujours en croisade [24].

Stimuler la discussion avec le public

Tobie Kerridge [25] est designer. Il travaille au Studio de recherche d’interaction [26] del’université Goldsmith de Londres et s’intéresse à produire des systèmes conçus “avec” et “pour”les gens.

Les technologies peuvent nous aider à regarder le monde autrement, à modifier la relation desgens et des objets, dans leur environnement immédiat, un peu à la façon de Playing Tracker, undispositif permettant de suivre les déplacements d’avions en projetant sa position sur GoogleEarth comme dans un poste télé. Depuis longtemps les artistes s’intéressent à stimuler ladiscussion entre les publics, les concepteurs et l’industrie. Les artistes Dunne & Raby [27] avaienten 2001 imaginé des dispositifs pour les gens électrosensibles [28] afin de pouvoir amener lesgens à discuter de leurs peurs des technologies.

L’engagement du public dans la science a toujours été une question compliquée. Les scientifiquesdevraient mieux parler de leur travail pour développer une relation de confiance avec le public etlui permettre de mieux comprendre ce qu’ils peuvent apporter. Sauf que le plus souvent, onsouhaite éduquer les gens pour qu’ils aient confiance dans les avantages et les bénéfices de latechnologie, pas nécessairement pour qu’ils expriment leurs craintes et doutes légitimes. On saitdésormais discuter très tôt des dimensions sociales des technologies les plus pointues et de leursimplications réelles, même si celles-ci sont souvent loin d’être claires.

Avec le programme Material Beliefs [29] (Croyances matérielles, voir le livre (.pdf) [30] quirassemble toutes les contributions artistiques), Tobie Kerridge a animé tout un programme demise en relation entre scientifiques et artistes, pour que les seconds interrogent les travaux despremiers. Par exemple, Tobie Kerridge a travaillé avec le laboratoire de biotechnologie de

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l’université de Londres, pour comprendre le fonctionnement de leur pancréas artificiel, unemicropuce capable d’analyser le niveau de sucre dans le sang pour maîtriser son insuline. Lesdesigners ont fait discuter patients, ingénieurs et médecins autour de leurs découvertes, de leursusages et de leurs angoisses pour mieux les comprendre. Ensuite, ils ont imaginé des prototypeset scénarios pour intégrer physiquement les comportements, les craintes, les espoirs que l’onplace dans la technologie. Le projet Vital Signs [31] (signes vitaux) a utilisé un pansementnumérique (doté de silicium permettant de mesurer la tension d’un patient et de le transmettrevia un téléphone mobile à son médecin) pour exprimer dans un tout autre objet les angoissesd’une mère surveillant l’insuline de son enfant. Les données biométriques de l’enfant sontdiffusées à distance via un appareil qui, par son balancement, retraduit les pas de l’enfant, bat aurythme de la respiration de l’enfant qui s’amuse dans un parc pas très loin.

[32]

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[33]Image : Vital Signs, du croquis à la scénarisation.

L’intérêt de la conception spéculative adaptée à la science est qu’elle imagine des appareils et desimages qu’elle déplace dans d’autres environnements pour en montrer la puissance ou les limites.Le but est de créer des matériaux qui posent des questions sociales à partir de problématiquesscientifiques ou technologiques et peuvent ainsi participer du nécessaire débat entre science etsociété. Ces objets matérialisent et rendent plus vivant la technologie, pour monter combien lasociété et la technologie sont toujours un peu plus imbriqués l’un l’autre.

Paul Wicks, Jonathan Kuniholm et Tobie Kerridge nous répètent la même chose : on ne saura pasbâtir une science qui ne tirerait pas partie des contributions du public.

4 Comments To "Ce que les patients changent à la santé"

#1 Pingback By My Stimuli » Ce que les patients changent à la santé sur @internetactuwww.internetactu.ne… On 25/7/2011 @ 6:09

[...] que les patients changent à la santé sur @internetactu [34]; #socialnetwork #PatientLikeMe#healthcare Category: HealthcareIT, Uncategorized | Tags: [...]

#2 Pingback By My Stimuli » Groupe à écouter On 25/7/2011 @ 6:10

[...] que les patients changent à la santé sur @internetactu [34]; #socialnetwork #PatientLikeMe#healthcare Category: HealthcareIT, Uncategorized | Tags: [...]

#3 Pingback By Où va la Quantification de Soi? (Internet Actu) | Navicorp On 11/3/2012 @ 4:00

[...] Ce que les patients changent à la santé (2) [...]

#4 Pingback By Je me modifie, donc je suis » Dextre zèbre On 24/10/2012 @ 9:27

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Et demain ?

Plus de problèmes de traduction, la démocratie directe, la réalité virtuelle, les mobilités « temps réels », le transhumanisme ?…

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le 12/03/2012

Microsoft vous permettra de parler japonais sans effort

Voilà qui devrait faciliter encore la mondialisation, tout en respectant les langues de chacun. Microsoft

travaille sur une solution qui permet de traduire vocalement ce que dit une personne, en utilisant sa propre

voix plutôt que celle d'une synthèse vocale traditionnelle.

Il arrive encore que la technologie nous épate. L'an dernier, nous avions déjà été impressionnés par le

Conversation Mode de l'application de traduction de Google sous Android, qui permet à l'utilisateur de parler

dans sa langue et de faire écouter une traduction à son interlocuteur étranger. Mais Microsoft a placé la barre

encore plus haut, dans un projet de recherche dévoilé lors du TechFest 2012 la semaine dernière.

Frank Soong, responsable de la recherche vocale chez Microsoft, a présenté un logiciel qui permet non

seulement de traduire ce que dit quelqu'un et de le synthétiser vocalement, mais qui utilise en plus la propre

voix de la personne pour restituer la traduction. Il suffit d'apprendre au logiciel à reconnaître les

caractéristiques de la voix de l'utilisateur, ce qui peut ne prendre qu'une heure, et le logiciel est alors capable

de synthétiser la voix dans n'importe quelle langue.

Pour ce faire, des algorithmes découpent la synthèse vocale en de très nombreux morceaux de 5

millisecondes chacun, et les fait correspondre au modèle type d'une voix dans la langue cible. Le ton, la

longueur du son, ou le volume sont alors automatiquement ajustés pour restituer le meilleur accent possible,

sans trahir la voix de la personne. Pour la démonstration, Soong fait ainsi parler une voix virtuelle de son

supérieur Rick Rashid, qui dirige les laboratoires de recherche de Microsoft.

Mieux encore, il a demandé à Craig Mundie, le directeur de la recherche et de la stratégie de Microsoft,

d'utiliser le logiciel pendant 1 heure pour lui apprendre sa voix, mais pas uniquement. Le logiciel est également

capable de capturer les expressions faciales qui correspondent aux différents phonèmes, pour synthétiser

non seulement la voix mais aussi le mouvement des lèvres, ce qui facilite la compréhension et ouvre de

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nouvelles perspectives, notamment pour les jeux vidéo ou les visioconférences.

Pour le moment, la solution de Microsoft est déjà capable de traduire entre 26 langues.

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transportsdufutur.typepad.fr

by GABRIEL PLASSAT • MARCH 11, 2010

De nombreux articles ont été rédigés sur le sujet du téléphone portable dans les transports et la mobilité (v oir ici pour ce blog). Des

applications dédiées sont disponibles, d'autres se dév eloppent, réalisant progressiv ement un puissant assistant personnel de mobilité.

Quel rôle v a jouer ce nouv el objet ? Quelles capacités ce nouv el assistant personnel de mobilité v a nous permettre de dév elopper ? Est ce

v raiment indispensable ?

Depuis la première peau, le premier lanceur, ou le premier silex, la recherche et la création d’outils est une activ ité structurante des

sociétés humaines. Notre corps se complète de ces prothèses pour améliorer ses performances, ou réaliser de nouv elles, puis tout

simplement pour v iv re dans un monde « trop » complexe. En même temps, nous perdons des capacités pour en acquérir de nouv elles.

Ainsi à l’inv ention de l’imprimerie, les premiers liv res et bibliothèques étaient accusés de faire perdre la mémoire. Ceci était v rai, mais

nous av ons accédé à un niv eau supérieur : champs de connaissance élargi. Comme l’indique Michel Serres (v idéo exceptionnelle à v oir

ici), nous poursuivons l’externalisation de nos fonctions cognitives, dont nous pensions qu’elles nous caractérisaient. En ce sens,

les technologies de l’information participent à ce darwinisme dev enu externe, cet « exo-darwinisme » pour reprendre M.Serres. Depuis

toujours donc nous perdons (au sens de fuire) pour gagner de nouv elles capacités, dont certaines restent à découv rir.

Aujourd’hui, l’automobile peut être considérée, pour certains, comme notre prolongement, pouv ant conduire aux pires des

comportements. Prolongement de notre salon, de nos jambes, de notre corps. « Je suis garé là bas », traduit bien cette identification. Non

v ous n’êtes pas garé, v otre v oiture l’est. La v oiture et sa clé permettent à l’indiv idu de se projeter loin, v ite, à tout moment. Outil

complexe, simple à utiliser, permettant de simplifier des situations, elles aussi complexes. Le v élo à assistance électrique pourrait être

une des meilleures prothèses (v oir ici).

Mais la complexité de nos v ies v a continuer de s’accroître. La clé ne permettra plus, à elle seule, de réussir à se déplacer. Déjà

aujourd’hui, le GPS, par exemple, a connu un essor sans précédent, s’imposant comme accessoire indispensable. Le réseau routier, le

trafic temps réel doiv ent maintenant être intégrés à la machine. La clé de la v oiture doit dev enir plus intelligente pour gérer des

situations et des missions plus complexes. Le GPS intégrant le trafic temps réel dev ient aussi important que le v éhicule ou l’énergie dans

le réserv oir. Ce n’est que le commencement, arrivera le moment où la voiture, si elle reste un objet « déconnecté »,

deviendra un frein à la mobilité.

Les informations à connaître, les tendances à prév oir, les décisions à prendre pour pouv oir se déplacer, en respectant des objectifs

(temps, coût, puis émissions) eux aussi de plus en plus complexes, v ont croître à la limite de nos capacités. Cette complexité sera, une

nouv elle fois, gérée par des machines. Nous l’accepterons comme nous av ons accepté les machines précédentes, car les bénéfices

engendrés seront supérieurs aux risques estimés. Nous aurons raison à condition de ne pas sous-estimer les risques. Ces derniers doiv ent

être dès à présent être étudiés, compris et minimisés.

Notre robot personnel nomade, le téléphone portable, v éritable concentrateur de solutions, gèrera cette complexité. L’exo-darwinisme

nous aura permis d’externaliser des fonctions cognitives pour réaliser des tâches complexes en parallèle, tout en étant

capable d’utiliser en permanence ces fonctions et capacités, devenues portatives. Utilisant des bases de données publiques ou

priv ées, des outils de simulation ou accédant à des serv ices fournis par des opérateurs de mobilité, cette clé numérique nous donnera

accès à des solutions de transport optimisées en fonction du besoin, nous indiquera les meilleures routes, paiera sans contact et fournira

des assurances adaptées à chaque instant. Réalisable dès aujourd’hui, cet assistant personnel de mobilité v a transformer la façon dont

nous nous déplaçons, bien qu’étant réalisé par des industries v enant essentiellement des telecoms et des serv ices. Certains constructeurs

réussiront à intégrer ces nouv eaux sav oirs à la machine automobile, mais les vagues suivantes vont définitivement dissocier

informations, donc connaissances et objets véhicules. Il ne sera plus nécessaire d’av oir des machines automobiles plus

intelligentes puisque l’intelligence sera « partout », et portativ e.

Deux autres technologies v ont v enir compléter puis démultiplier les possibles et les innov ations : l’internet des objets (v oir également

ici)et les nanotechnologies. « Apporter au monde phy sique la plasticité du numérique», Daniel Kaplan propose ainsi cette propriété de

l’internet des objets (IdO). En fait, cet outil nous permettra, une nouv elle fois, de rajouter des degrés de libertés là où tout était figé,

contraint, grav é dans le marbre. L'Internet des Objets, s'il comprit dans sa globalité, s'inscrit dans l'év olution générale de la

décentralisation des outils et des connaissances, du peer to peer, de la société ubiquitaire, de l'intrusion du consommateur/citoy en dans

la démarche de choix, de production et d'innov ation (comme l'av ait déjà indiqué A.Gorz).

Puis, d’ici quelques années, quand les TIC auront bénéficiées des procédés industriels des nanotechnologies, notre connexion aux réseaux

d’informations et sociaux réalisée aujourd’hui par le téléphone, disparaîtra phy siquement pour n’exister qu’intégrée dans nos objets

millénaires : lunettes, v êtements, montres. L’objet « téléphone portable » n’aurait existé qu’un instant dans l’histoire de l’humanité.

L’être humain pour se déplacer utilisera alors, sans s’en rendre compte, sa connexion permanente aux réseaux, lui permettant de gérer

une complexité d’informations sans précédent, et d’accéder ainsi au meilleur mode de transport, au meilleur moment, partout, tout le

moment. Dev enu cy borg connecté, notre ubiquité aura largement progressée tout en nous permettant à la fois de nous détacher des

objets phy siques et de bien mieux les utiliser. La v oiture d’aujourd’hui sera donc remplacée par un garage v irtuel contenant plusieurs

objets roulants dont nous serons pour la plupart pas propriétaires, que l’on utilisera selon le besoin, et des serv ices d’aide à la mobilité

gérant les données pour ne fournir que les informations utiles. Ces informations prendront l’avantage sur l’objet véhicule dans

la chaîne de valeur, le client final pourrait ne plus être en contact avec le constructeur.

Les risques associés à ces technologies, ces prothèses, ces « solutions » nous permettant de gérer ou de v iv re dans cette complexité, sont à

la hauteur des bénéfices. Finalement, cette ubiquité assistée pourrait, comme l’automobile, se rév élait elle aussi aliénante et

dangereuse, un nouv eau pharmacone, av ec de nouv eaux sujets comme l’identité ou l’intégrité. Est-ce que cette mobilité 2 .0 sera plus

efficace, plus performante, plus citoy enne, plus sociale, plus … ? Nous dev rons v eiller à construire et à contrôler ces indicateurs, à ne pas

les oublier, à étudier de nouv eaux risques : exclusion des TIC, esclav e des TIC, opacité des forfaits de mobilité, opacité des financements

et coûts réels des serv ices de mobilité.

Les transports du futur — transportsdufutur.typepad.fr — Readability http://www.readability.com/articles/wihwrkvt

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Corriere della Sera | Marta Serafini | 25 Septembre 2012 | 0 Réagir

Un site du groupe

> Europe > Multimédia > Allemagne - Italie - Suisse

La plupart des partis Pirates européens l'ont adopté, le mouvement populaire du comique italien Beppe

Grillo songe à s'y mettre : le logiciel libre LiquidFeedback permet aux organisations de prendre toutes les

décisions par référendum ou par vote. Démocratie directe ? Mieux : "démocratie liquide". Explications.

Dessin de Ruben.

Beppe Grillo [leader du nouveau parti politique Mouvement 5 étoiles] face à la démocratie liquide. Que ce

soit via les forums, commentaires, blogs, tweets et autres messages, le débat sur les processus de

sélection des candidats au sein du Mouvement 5 étoiles (M5S) agite les fidèles de Beppe Grillo depuis un

certain temps. Le mouvement a faim de démocratie directe et tous les sympathisants veulent faire entendre

leur voix. Par conséquent, depuis quelque temps déjà, on envisage dans les rangs du M5S d’adopter une

plate-forme de "démocratie liquide" pour débattre et voter les motions. Et, pourquoi pas, pour désigner les

candidats aux élections.

L’instrument idéal pourrait être LiquidFeedback, un logiciel libre disponible sur Internet qui permet aux

membres d’une association de prendre part aux processus décisionnels. Ce système a déjà été adopté par

les partis Pirates du monde entier, à commencer par celui d’Allemagne. Pratique, surtout quand les

représentants politiques sont éparpillés aux quatre coins du pays et que le parti ne dispose pas de fonds

pour créer une entité politique au sens classique.

Mais comment fonctionne LiquidFeedback ? Après l’inscription, on discute d’une question avant de voter,

par le biais de la "méthode Schulze" [du nom de son inventeur Markus Schulze qui a mis au point en 1997

un système de vote permettant de désigner un gagnant à partir d'une liste de candidats]. Celle-ci permet

de donner son avis en établissant un ordre de préférence incluant toutes les autres propositions. Le

INTERNET • La démocratie liquide, ça vous dit ? | Courrier international http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/25/la-democratie...

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Corriere della Sera | Marta Serafini | 25 Septembre 2012 | 0 Réagir

programme calcule ensuite quelles sont les idées les plus plébiscitées. Mais le plus intéressant est

probablement le système de mandats, qui permettrait, à condition de l’utiliser correctement, de mettre en

œuvre une véritable démocratie directe sur Internet. Ou mieux, une démocratie liquide. À travers un

système contrôlé et certifié, il est possible de déléguer son vote à un autre participant pour un sujet en

particulier.

Cela semble simple, et pourtant : "Le risque est de voir s’instaurer une dictature des actifs, c’est-à-dire de

ceux qui se servent le plus de la plateforme", explique Carlo Brancati, vice-président du parti Pirate suisse.

"Si une seule personne vient à concentrer trop de pouvoirs, on risque le 'coup d’État'". Une minorité devient

alors en mesure de prendre des décisions contre la volonté de la majorité. Un danger surtout encouru si le

nombre d’inscrits est faible."

La dictature des actifs

LiquidFeedback a également ses failles et points faibles dont pourrait tirer parti un habile manipulateur.

"S’il est vrai, comme on le raconte, que Gianroberto Casaleggio [proche de Beppe Grillo, créateur de son

blog et accusé dernièrement d’être celui qui choisit arbitrairement ceux qui représenteront le mouvement

Cinque Stelle au Parlement lors des prochaines élections législatives] impose sa ligne, ce système lui

permettrait de contrôler très facilement tout le processus décisionnel", continue Brancati. Et pas seulement.

En supposant qu’il soit vrai que la moitié des abonnés de Beppe Grillo sur Twitter sont des bots [des "web

robots", de faux comptes], alors il serait probablement facile de trouver un moyen de contourner le

système de certification des mandats sur LiquidFeedback. Ainsi, tout le monde pourrait se créer son petit

groupe de partisans et imposer son avis. Mais ce ne sont que des hypothèses.

La démocratie liquide est très efficace pour ces mouvements, mais elle doit être appliquée à la lettre pour

fonctionner correctement. "Plusieurs étapes sont nécessaires. Premièrement, le nombre de votants doit être

suffisamment important pour éviter un 'coup d’État'. Deuxièmement, il faut surveiller de très près l’Admin

(l’administrateur de la plateforme) pour qu’il n’ait pas trop de pouvoir et qu’il n’influence pas le vote si

celui-ci est ouvert. Troisièmement, il faut un règlement très strict concernant la gestion pratique de la

plateforme et la certification des mandats", prévient [le pirate suisse] Carlo Brancati.

Logiciel traduit en italien

Comment se situe le Mouvement 5 étoiles vis-à-vis de la démocratie liquide ? A ce jour, LiquidFeedback a

été testé dans plusieurs régions, comme en Sicile. Le logiciel a également été traduit en italien lors des

tables rondes de Bergame. Et comme l’explique Marco Piazza, conseiller municipal de Bologne, "de

nombreux sympathisants demandent à l’essayer en Émilie-Romagne; mais pour l’heure, on en est

seulement au stade des discussions." Qu’en est-il de la sélection des candidats ? Tout le monde pourra-t-il

vraiment se présenter, même sans programme ou liens avec la région ? Au contraire, le chef de file

aura-t-il le dernier mot comme c’est le cas dans les partis classiques ? Récemment, Beppe Grillo a annoncé

que pour les prochaines élections, "les candidats du M5S seraiont choisis en ligne et le programme débattu

et complété de manière transparente par le biais d’une plateforme Internet." Affaire à suivre.

À L IR E ÉGA LEM EN T

INSOLITE • Chine : l'infâme cloaque à 24 000 euros

ROYAUME-UNI • Kate Middleton – Royal soit le fruit de ses entrailles

GUERRE AU MALI • Ne jamais sous-estimer ces "capitulards" de Français !

INTERNET • La démocratie liquide, ça vous dit ? | Courrier international http://www.courrierinternational.com/article/2012/09/25/la-democratie...

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Les transports du futur

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27/02/2012

Les lunettes Google traduisent une évolution millénaire, présentent de nombreux

intérêts dans la mobilité et la consommation, et posent de nombreuses questions …

philosophiques

La rumeur se confirme (déjà abordé dans 2 précédents articles: ici et là). Google devrait commercialiser fin

2012 des lunettes intégrant les principales fonctionnalités d’un smartphone : téléphone, connexion web, GPS,

mémoire, appareil photo, avec une projection des informations sur les verres. Cet objet arrivera d’ici quelques mois,

il concentre et cristallise de nombreuses évolutions à venir dans nos rapports au contexte, à l’environnement, aux

autres. Il crée également de nouveaux risques qu’il faudra comprendre, débattre et limiter pour profiter des

avantages dans de nombreux domaines, ceux des mobilités et des chaînes logistiques.

Ces lunettes rendent visible, à double titre, la façon dont des entreprises comme Google, Facebook ou Amazon,

voient le monde qui vient. Petit rappel technologique : tout est décrit ici.

Futur Smartphone ?: L’équipement en téléphone portable et en smartphone indique globalement que ces objets

sont acceptés et demandés. Prothèse nomade « parfaite », les lunettes prolongent les tendances millénaires :

l’appropriation d’objet portable permettant à l’homme de se déplacer, de s’adapter à son environnement, d’échanger

avec les autres des connaissances, des objets ou des savoirs, de pratiquer le troc. Le smartphone que nous appelerons

« cerveau externalisé », en référence à Michel Serres, apporte donc ces éléments essentiels au nomadisme dans un

monde complexe. Une évolution possible verra donc disparaître l’objet smartphone dans les lunettes et la montre,

objets historiques.

En pratique, les lunettes apporteront plusieurs niveaux d’informations, de liens en temps réel :

sur l’environnement, les objets, bien sûr les véhicules en circulation, en résumé le contexte,

sur soi-même, sa position,

sur son réseau de connaissance, sur les personnes

sur les connaissances et savoirs répertoriés sur internet, indexés et accessibles aux robots numériques.

Votre cerveau externalisé: En conséquence, vous parlerez virtuellement plusieurs langues, demanderez à votre

« cerveau externalisé » de résoudre des problèmes en marchant, serez capable de (re)connaître de nombreuses

personnes, d’être quasiment partout comme dans votre quartier, d'avoir toutes les informations que vous jugez

importantes pour choisir le produit adapté … Les conséquences sont nombreuses, liées entre elles, complexes (au

sens de complexus), paradoxales ; Certains pensent alors que la richesse sera la capacité à être seul, coupé des

autres, à pouvoir se recueillir (voir Vidéo Conversation d'Avenir - la solitude ici).

Ces connaissances sont « ajoutées » au monde physique réel devenant « réalité augmentée » (voir ici par exemple).

Ceci pose déjà des questions auxquelles nous devrons répondre sur l’intrusion, sur le partage de nos données

publiques, de nos traces numériques conscientes ou inconscientes, de nos données privées. Cela ouvre également des

possibilités infinies d’intrusions commerciales de plus en plus sophistiquées (voir quelques exemples ici et là). La

frontière privée/publique, professionnelle/privée s’estompera pour devenir connectée/non connectée. Certains

Les lunettes Google traduisent une évolution millénaire, présentent de ... http://transportsdufutur.typepad.fr/blog/2012/02/les-lunettes-google-trad...

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pensent alors que ne pas être connecté sera suspect, notamment par votre réseau (voir Vidéo Conversation d'Avenir -

La vie privée: ici).

Plus faciles et rapides à utiliser ces informations apportées au moment où nous en avons besoin modifieront nos

usages, nos pratiques. Mais plus encore, nous pourrons apprendre les liens entre ces informations fournies au bon

moment (Google appelle cela ZMOT), et les changements de comportements, nous aurons des outils pour apprendre

à apprendre permettant d’accélérer le processus.

Puis de nouvelles connaissances seront proposées : le futur, le temps d’après. Par exemple, vous verrez sur le bus, le

nombre de place libre, l’heure d’arrivée simulée intégrant les bouchons qui arriveront sur le trajet ; et également un

comparatif des autres options de mobilité en intégrant dans les propositions le futur. Ces modèles prédictifs du futur

concentreront toutes les données temps réel du passé ; ils leurs donneront un autre sens (voir quelques exemples ici

et ici).

Connexion aux savoirs et aux objets: Puis arrivera l’internet des objets, ces derniers communiqueront avec

nous et entre eux, ouvrant des possibilités inimaginables aujourd’hui, au sens que nous ne pourrons pas le concevoir

dans leur ensemble tant les interactions et rétroactions sont multiples. Nous ne pourrons que les expérimenter pour

trouver en même temps les domaines d’application et les normes pour les diffuser et les lois pour les limiter. Un

colis affichera son contenu carbone, sa trace ; un camion circulant informera les autorités sur ses émissions

polluantes, sa masse totale, déterminant automatiquement le montant du péage, et proposant alors au chauffeur la

meilleure organisation de livraison revue et mise à jour au dernier moment, réservant l’aire de livraison et

établissant automatiquement la comptabilité carbone de l’entreprise.

Dans le domaine des transports, il est alors probable que les gains de productivité, d’énergie et économiques soient

alors majoritairement apportés par l’optimisation des systèmes rendus possible par ces évolutions, et non pas par les

progrès technologiques sur les véhicules. En conséquence : et si Google se rapprochait de Veolia Transport ?

Cette paire de lunettes confirme également l’arrivée des géants numériques dans le monde physique ; quand il leur

apparaît nécessaire de matérialiser sous des formes précises (kindle, ipad, …) leurs services, leurs Univers pour se

positionner dans la chaîne de valeurs. Quand investiront-ils les secteurs de l’énergie et des transports ?

Ces lunettes permettent de voir le monde comme Google le voit, pour le moment : orienté utilisateur, communicant,

apprenant, temps réel et prédictif … Mais après ? Comment même concevoir ces risques pour s’en protéger ? Ces

derniers seront tellement nouveaux et changeant. Certains philosophes, comme Michel Serres (voir vidéo), abordent

ces questions essentielles portant sur les évolutions « du support / message » après les deux révolutions précédentes

(inventions de l’écriture, puis de l’imprimerie). Il indique notamment qu’avec cette 3ème révolution, nous devrons

(ré)inventer de nouvelles lois, de nouveaux codes. « C’est lorsque interviennent des révolutions concernant

l’information, que les civilisations basculent ».

Les ingénieurs et les scientifiques ne doivent plus ignorer ces changements dès la conception des nouveaux

systèmes. Ces derniers doivent donc intégrer les outils, les technologies qui permettront de penser de nouvelles lois,

de nouveaux codes permettant de mieux se protéger collectivement.

Rédigé par Gabriel PLASSAT à 10:31 dans assistant de mobilité, Assistant Personnel de Consommation, citoyen,

collectivité, confiance, connectivité, données réelles, google, gouvernance, gratuit, holoptisme, intelligence collective,

internet, internet des objets, living lab, management de la mobilité, marchandises, marketing individualisé, monnaie

complémentaire, multimodes, partage de données, pensée complexe, Service de mobilité | Lien permanent

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envisioningtech.com

What we do:

What is the visualization?

Understanding where technology is heading is more than guesswork. Looking at emerging trends

Envisioning the future of technology — envisioningtech.com — Readability http://www.readability.com/articles/jwocvfij

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dailygeekshow.com

DEC. 2 , 2012

2 décembre 2012 - Par Martin Rousseau

Plusieurs universitaires ont ouvert à l'université de Cambridge en Grande-Bretagne, un centre

spécialisé dans l'étude d'un "risque existentiel". Ils devront réfléchir à l'éventualité qu'un jour les

machines puissent se révolter contre leurs créateurs.

À la vitesse à laquelle vont nos avancées en matière de technologie, il est normal de se demander quand la limite entre

réalité et science-fiction aura été franchie. C'est pourquoi un collectif d'universitaires a décidé d'ouvrir un centre

scientifique à l'université de Cambridge afin d'étudier la menace d'une révolution des intelligences artificielles. Le

CSER, centre d'étude du risque existentiel, a été fondé par l'astrophysicien Lord Martin Rees, le philosophe

Bertrand Russel ainsi que l'ingénieur Jaan Tallinn, qui a notamment participé au développement de Skype et

Kazaa.

Ce centre d'étude des "Terminators" comme il a été surnommé, compte forcément évoquer la possibilité que l'homme

soit un jour dominé par ses créations. Sur le site du CSER, ils expliquent que "beaucoup de scientifiques sont

préoccupés par le fait que les développements dans les technologies humaines pourraient bientôt poser de nouveaux

risques allant jusqu’à l’extinction de notre espèce en tant que telle. Ces problèmes requièrent plus d’attention

scientifique qu’ils n’en reçoivent pour l’instant".

Le lancement du centre s'effectuera en 2013, après avoir été officiellement annoncé lundi dernier. Selon eux pour

éviter au maximum qu'un Terminator vienne un jour éradiquer la planète, il faudrait déjà "arrêter de traiter les

machines intelligentes comme un dérivé de la science-fiction et de commencer à les considérer comme une part

intégrante de la réalité à laquelle nous, ou nos descendants, serons confrontés, tôt ou tard". Alors si l'un de vous

travaille chez Skynet, qu'il se dénonce tout de suite.

L’université de Cambridge ouvre un centre pour étudier la menace des ... http://www.readability.com/articles/jjatfksd

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Craignez-vous qu'un jour les machines puissent se révolter contre l'homme ?

Original URL:http://dailygeekshow.com/2012/12/02/luniversite-de-cambridge-ouvre-un-centre-pour-etudier-la-menace-des-robots/#!

L’université de Cambridge ouvre un centre pour étudier la menace des ... http://www.readability.com/articles/jjatfksd

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Et souvenez vous

1993 2013

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- InternetActu.net - http://www.internetactu.net -

Quand vous ne voyez pas le service, c’est que vous êtes le produit !Posted By Xavier de la Porte On 27/2/2012 @ 10:21 In Articles,Economie etmarchés,eDémocratie,Services | 13 Comments

La lecture de la semaine, il s’agit d’un article de l’hebdomadaire américain The Nation, il est signépar Ari Melber, journaliste et spécialiste des réseaux sociaux, il s’intitule “Le secret de lavalorisation de Facebook” [1]. L’occasion de revenir sur un événement largement commenté etdont nous avions dit quelques mots ici même.

“Une chose manque dans tous les commentaires au sujet de la valorisation boursière deFacebook”, commence Ari Balmer. “Tout le monde sait à quel point l’entreprise est populaire,avec ses 845 millions d’utilisateurs, et à quel point elle marche bien, avec une valorisationpotentielle à 100 milliards de dollars (soit 5 fois celle de Google quand il fut introduit en Bourse en2004). Mais qu’est-ce qui fait vraiment de Facebook une entreprise aussi rentable ?” demande AriMelber.

C’est vous, répond-il. Ses utilisateurs. Et plus exactement, ce que vous y mettez.

[2]

Image : Mark Zuckerberg nous dit merci !

Dans les faits, à l’époque contemporaine, l’introduction en Bourse de Facebook constituera l’undes plus gros transferts volontaires de propriété d’une masse de gens à une entreprise.

Le mot “volontaire” est, selon Melber, une façon plutôt gentille de voir les choses. Les étudesmontrent [3] que la plupart des utilisateurs de Facebook ne savent pas qu’ils abandonnent toutdroit sur leurs photos et leurs informations quand ils acceptent les conditions généralesd’utilisation [4] de l’entreprise. Après tout, qui a le temps de lire les 4 000 mots que comptent cesconditions d’usage ?

Mais si vous les lisez, poursuit Melber, vous apprendrez que tout contenu relevant de la propriétéintellectuelle de l’utilisateur (comme les photos et les vidéos) est cédé à Facebook “sous unelicence mondiale, non exclusive, transférable, sous-licenciable, et gratuite”. Cela signifie queFacebook peut faire ce qu’il veut de ce matériel.

C’est un pouvoir vraiment exorbitant ainsi cédé à un fournisseur de service, ajoute Melber –comme si un service de messagerie revendiquait la propriété intellectuelle de chaque mot qui estéchangé dans son système.

Il n’y a, par ailleurs, aucun moyen de récupérer sa propriété intellectuelle dans Facebook. Si des

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usagers ferment leurs comptes, Facebook conserve la même licence pour tous les contenus qui“ont été partagés avec les autres”. Chaque mot écrit sur Facebook étant partagé, l’entreprisegarde donc la propriété de tout ce qui a été mis sur son site.

C’est donc un arrangement à sens unique, qui est d’autant plus remarquable que Facebook aréussi à convaincre toujours plus d’utilisateurs qu’il offre un service “gratuit”. Certes,techniquement, l’entreprise ne fait rien payer à ses usagers. Le micropaiement est réservé auxjournaux. Les milliardaires voient plus loin. Facebook trouve ses revenus dans un produit qui abeaucoup plus de valeur : les données personnelles.

Il est difficile de mesurer quelle part de la valeur de Facebook réside dans la récolte des donnéesde ses utilisateurs. Pour être tout à fait juste, aujourd’hui, la plus grosse part de ses revenusprovient de la publicité, ce qui est carrément démodé, dit Melber. Certaines de ces publicités sontciblées individuellement, les autres trouveraient sans doute leur place sur n’importe quel site trèsfréquenté. Les 15 % restant des revenus de l’entreprise proviennent des jeux, qui n’ont rien à voiravec le vol de vos albums photo.

Mais la vraie valeur de Facebook ne réside pas dans son bilan comptable. Il s’agit d’un pari surl’avenir. Beaucoup d’analystes boursiers l’ont dit [5], les revenus de Facebook aujourd’hui, autourde 3 milliards de dollars, ne justifient absolument pas la valorisation de l’entreprise. Le jackpot,en fin de compte, devra venir d’une monétisation plus agressive de l’expérience Facebook.

Alexis Madrigal, qui écrit sur la technologie pour The Atlantic, avance que l’entreprise devra tirerde chacun de ses utilisateurs actifs 4,39 dollars [6] pour justifier une capitalisation boursière de100 milliards de dollars. Comment ? Madrigal imagine un autre programme pour diriger lesutilisateurs dans des publicités pour des produits qu’ils pourraient chercher à se procurer via lesite. “Je m’attends à voir la résurrection de quelque chose de l’ordre du malheureux plan Beacon[7]“ (un système publicitaire ciblé lancé par Facebook en 2007 qui utilisait l’activité des utilisateurssur des sites partenaires, et permettait donc un ciblage très précis. Il a été abandonné suite à unmouvement d’usagers, en 2009). Madrigal écrit : “Cette fois, ce sera plus subtile, mais Facebookarrivera à vous montrer des produits que vous et vos amis aimez. Vous partagerez sans frictiontous vos goûts avec vos amis et avec les publicitaires.”

Le partage, reprend Melber, est un de ces mots dont le sens habituel disparaît sur Facebook.Comme “volontaire”. Ou “gratuit”. Ou “ami”. Beacon ne consistait pas à partager tous vos goûts,ce qui implique les notions de choix et de réciprocité. Le programme mesurait les habitudesd’achat des utilisateurs pour leur suggérer des publicités personnalisées, sans aucunavertissement. Le programme a été retiré à la suite d’un backlash, mais le signal était clair. Lesutilisateurs de Facebook n’étaient pas des consommateurs à satisfaire : ils étaient des produits àvendre.

Le modèle de l’entreprise – de la dépossession première des biens des utilisateurs jusqu’à lamanière dont on peut les exploiter – est la démonstration parfaite d’un vieil adage selon lequel lagratuité en ligne est une illusion. Comme l’exprimait un commentaire anonyme sur un site [8] :“Si vous ne payez pas, c’est que vous n’êtes pas un consommateur, mais un produit à vendre”.

Xavier de la Porte

[9]Xavier de la Porte, producteur de l’émissionPlace de la Toile [10] sur France Culture, réalisechaque semaine une intéressante lecture d’unarticle de l’actualité dans le cadre de sonémission.

L’émission du 25 février 2012 [11] était consacréeà la grande offensive du copyright, c’est-à-direcomprendre pourquoi le droit d’auteur se durcit àl’heure d’internet, en compagnie de JérémieZimmermann, porte-parole de la Quadrature duNet [12], association qui milite pour un Internetlibre, qui explique clairement : “Tenter decontrôler l’internet comme un énième canal dedistribution conduit invariablement à avoir un impact sur les communicationinterpersonnelles donc sur les libertés fondementales”.

13 Comments To "Quand vous ne voyez pas le service, c’est que

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