11
LOGISTIQUE UN CHANTIER À ENJEUX LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013 CE SUPPLÉMENT NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT SUPPLÉMENTS

Logistique - Maroc 2013

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Logistique - Maroc 2013

LOGISTIQUEUN CHANTIERÀ ENJEUX

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013 CE SUPPLÉMENT NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT

SUPPLÉMENTS

Page 2: Logistique - Maroc 2013

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013

Logistique

24

Un secteur sur les chapeauxde roues● Les professionnels sont unanimes quant aux avantages de la nouvelle stratégie nationale de développement de la logistique, seulement toute l'importance est de redoubler d’effortspour vulgariser la culture logistique auprès des PME.

La fin de cette année et ledébut de 2014 serontcruciaux pour le secteurdu transport et de la lo-

gistique. Plusieurs projets ver-ront le jour durant cette période.On note, entre autres, lescontrats régionaux des zoneslogistiques, la création de l’Ob-

servatoire, des contrats d'appli-cation relatifs à l’amélioration dela chaîne logistique des flux im-port-export et des projets rela-tifs à la formation. Les profes-sionnels sont unanimes quantaux avantages de la nouvellestratégie nationale de dévelop-pement de la logistique, malgré

la persistance de quelques obs-tacles au niveau de la mise enœuvre de certains chantiers dela stratégie. C’est une véritablefeuille de route qui a permis auMaroc d’améliorer son classe-ment mondial sur l’indice de laperformance logistique. Avec lamise en place de l’AMDL, les

professionnels souhaitent rattra-per le retard enregistré sur ceschantiers. Les bailleurs de fondsinternationaux s’impliquentdans ce vaste projet stratégiquepour l’économie marocaine etsignent des conventions avec

l’AMDL pour relancer les chan-tiers inscrits dans le cadre de lastratégie. C’est le cas de la BEIou encore de la SFI, filiale de laBanque mondiale. Par ailleurs,professionnels et décideurssont appelés à doubler d’effortspour vulgariser la culture logis-tique auprès des PME et les faireadhérer à cette nouvelle dyna-mique insufflée par la stratégienationale de développement dela logistique. ●

Les bailleurs defonds internationauxsignent des conven-tions avec l’AMDL.

Sommaire• L’AMDL donne un nouveau souffle au secteur 26

• Interview : Eric Thizy, directeur général de Schenker Maroc 27

• Interview : Mustapha El Khayat, président de l’Association marocaine de la logistique (AMLOG) 28

• Externalisation des activités logistiques, encore un long chemin à parcourir 30

• Interview : Abdelali Berrada, président du Salon Logismed 31

• Interview : Kamal Chraïbi, associé chez GCL 32

• Systèmes d’information, Eumatech met son expertise aux services des entreprises marocaines 33

Page 3: Logistique - Maroc 2013
Page 4: Logistique - Maroc 2013

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013

Logistique

26

L’AMDL donne un nouveausouffle au secteur● Depuis quelques mois, le secteur de la logistique connaît un nouveau souffle. Il aura fallu attendre la nomination en décembre 2012 de Younès Tazi, fin connaisseur du secteur, à la tête de l’Agence marocaine pour le développement de la logistique (AMDL) pour que les chantiers phares de la stratégie nationale du développement de la logistique ressortent du tiroir.

Les professionnels du sec-teur sont unanimesquant aux effets positifsde la stratégie nationale

du développement de la logis-tique, malgré les multiples défisà surmonter. Il s’agit d’une vérita-ble feuille de route qui a permisaux professionnels et aux inves-tisseurs, tant nationaux qu’étran-gers, d’avoir de la visibilité. L’inté-rêt que portent aujourd’hui lesbailleurs de fonds internationauxau secteur de la logistique maro-cain témoigne de la pertinencedes choix du royaume et des ac-tions entreprises dans ce do-maine. Ce n’est pas donc un ha-sard que le Maroc améliore sonclassement dans le rapport de laBanque mondiale intitulé«Connecting to compete : tradelogistics in the global economy».Selon l’Indice de performancelogistique (IPL), le royaumepasse ainsi de la 94e à la 50e

place. Certes, il reste un longchemin à parcourir, mais le paysest dans la bonne voie. Les ef-forts doivent se concentrer sur lamassification des flux, la mise àniveau des opérateurs, le déve-loppement des parcs logistiquesainsi que la formation.

L’AMDL sur tous les frontsDepuis sa nomination à la tête del’AMDL, Younès Tazi travaille d’ar-rache-pied avec son équipe pourrattraper le retard enregistré surquelques axes de la stratégie eten finaliser d’autres. Après unevaste concertation avec les pro-fessionnels et les représentantsdu secteur du transport et de lalogistique, l’agence s’est rapide-ment penchée sur les dossiersprioritaires, notamment lescontrats régionaux relatifs au dé-veloppement des zones logis-tiques et des contrats d'applica-

tion relatifs à l’amélioration de lachaîne logistique des flux import-export, l’Observatoire de la logis-tique et à la formation. Selon nosinformations, les contrats des 4 zones logistiques régionaux(Casablanca-Rabat-Agadir-Tan-ger) sont en phase de finalisation.Concernant le volet de la gouver-nance, les travaux de mise enplace de l’Observatoire de la lo-gistique avancent bien. Dans cecadre, et pour doter le futur ob-servatoire des compétences né-cessaires, l’AMDL et la SFI, filialede la Banque mondiale, ont signéen septembre dernier un accordde coopération porte sur l’assis-tance technique de la SFI afin demettre en place le volet «Res-sources humaines» de l’observa-toire. L’AMDL ne ménage aucuneffort pour que l’Observatoiresoit opérationnel d’ici la fin del’année. Il est à rappeler que cetobservatoire sera présidé par unepersonne représentant le secteurprivé, désignée par la CGEM. Levolet de la formation continue de

préoccuper les professionnels etles opérateurs du secteur. Si lastratégie nationale de la logis-tique vise la formation de 60.000personnes à l’horizon 2015, noussommes aujourd’hui assez loinde ces objectifs. «Actuellement,la formation en logistique connaîtune accélération non maîtrisée:beaucoup de formations de 3e

cycle (publiques et privées), peude formation moyenne (Bac + 2),une formation professionnelle endéveloppement, mais loin de ré-pondre aux besoins spécialisés etcroissants de tous les niveaux etspécialités (caristes, manuten-tionnaires, gestionnaires d’entre-pôts, pilotes de flux, réception-naires logisticiens, transporteursqualifiés, chaînes de froid et spé-cialistes en transport et gestiondes flux de matières dange-reuses», explique Mustapha ElKhayat, président de l’AMLOG. Cedernier pousse la logique plusloin en proposant la création d’un«Observatoire de compétencesen logistique et transport».

Les parcs logistiques :l’urgence de la régulationLes opérateurs privés ne ca-chent pas leur mécontentementquant au laxisme qui caractérisece segment, et se plaignent dufait que la SNTL et l’ONCF, deuxopérateurs publics, soient favo-risés par rapport aux opérateursprivés. Il est à noter que l’AMDLaura un rôle de régulateur et dedéveloppeur à assurer dans cesens. Aujourd’hui, plusieurs en-trepôts et plates-formes logis-tiques voient le jour partout, endehors de toute régulation. Laspéculation bat son plein et l’of-fre est en train de dépasser lademande. Une étude est encours pour mettre en adéqua-tion les besoins des entrepriseset l’offre en parcs logistiques. Ilfaut signaler que le ministère del’Équipement et des transportsvient de lancer en septembredernier l’étude stratégique rela-tive à la deuxième tranche de laplateforme logistique de Zenata(Mohammedia). Celle-ci bénéficie du soutientechnique de la Banque euro-péenne d’investissement (BEI) àtravers son instrument de parte-nariat et d’investissement euro-méditerranéen (FEMIP). Rappe-lons que la première tranche aété aménagée par la Société na-tionale des transports et de la lo-gistique (SNTL) sur une superfi-cie de 28 hectares, dont36.000 m² d'entrepôts exploitéspar le privé depuis l’été 2011. Ladeuxième tranche, objet del’étude, est en cours d'aménage-ment. Elle devrait abriter uneoffre d’immobilier logistiquedestinée aux opérateurs privés.Cette tranche consistera en 10entrepôts de 6.000 m² qui se-ront livrés progressivement àpartir de début 2014. ●

●●●

Les contratsdes 4 zoneslogistiques régionauxsont en coursde finalisation.Il s’agit de Tan-ger, Rabat, Casablanca et Agadir.

Page 5: Logistique - Maroc 2013

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013

Logistique

27

Les ÉCO : Quel regard portez-voussur le secteur ?Eric Thizy : Le transport se profession-nalise, mais il y a encore à faire en termesde lutte contre l'informel et de commu-nication auprès des acteurs. Toute cettechaîne prend parfois beaucoup derisques en utilisant des moyens inadap-tés ou ne répondant pas aux règles. Cen’est que lorsque le problème survient

L’informel continue de tirer le secteur vers le basINTERVIEW

Eric Thizy, Directeur général de Schenker Maroc

qu'ils comprennent les risques pris(transport sans assurance ayant fait desblessés, et.), mais il est souvent trop tard,et les ennuis commencent! La qualité etla règle ont certes un coût, mais c'est enprocédant ainsi que nous y arriverons. Ily a également des lacunes dans la for-mation. On confond souvent diplômeset compétences. Ce n'est pas seule-ment en se basant sur des études théo-riques que nous formerons les profes-sionnels de demain. On a aussi plusbesoin de techniciens que de profils«master». C'est par un accroissementdes compétences en termes de trans-port et de logistique que nous améliore-

rons la compétitivité du Maroc, tant surles importations que sur les exporta-tions.

Quels sont les chantiers urgents ?La priorité est la lutte contre l’informel.Comment pourrions-nous développeret professionnaliser le transport et la lo-gistique si une part importante des ac-teurs sont dans l’informel.

Comment se dessine la stratégie deSchenker Maroc ? Au Maroc, nous avons développé denombreuses lignes routières vers denombreux pays européens et nous

avons réussi à connecter ces hubs ànos 700 agences européennes. Cesdéveloppements nous permettent d'af-ficher une croissance supérieure à 10%chaque année sur l'évolution du nom-bre d'opérations routières. Notre évolu-tion aérienne et maritime n'est pas enreste, avec une évolution de 55% (air) etde 23% (mer). Les investissements réali-sés au Maroc (entrepôts aux normes eu-ropéennes, certification sécurité, certifi-cation qualité) et la communicationinterne auprès de nos 2.000 agencesdans le monde a conduit l'ensemble deces agences à communiquer à leur toursur les solutions de notre groupe auMaroc, et par conséquent à acquérirplus de clients! Notre stratégie pour2014 est donc de continuer ces investis-sements et, après un développementimportant sur Casablanca, nous pré-voyons un développement dans d'au-tres régions industrielles du Maroc. ●

Page 6: Logistique - Maroc 2013

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013

Logistique

28

Les ÉCO : Quel bilan d’étapefaites-vous du contrat-pro-gramme logistique 2010-2015 ?Mustapha El Khayat : Lecontrat-programme est une ex-cellente chose pour développerla logistique au Maroc. Sonpoint fort c’est le partenariat pu-blic-privé. Certes, la création etla mise en place de l’Agencemarocaine pour le développe-ment de la logistique (AMDL) aretardé la mise en applicationdu programme. L’AMLOG a dèsle début soutenu ce contrat-programme ambitieux, qui per-mettra au Maroc de se hisser aurang des pôles logistiques mon-diaux. Maintenant que l’AMDLest créée, ce retard sera rattrapépar le partenariat étroit entrel’AMDL et la CGEM.

Que pensez-vous du travailaccompli par l’AMDL ?L’AMDL constitue l’élément cléde la mise en application ducontrat-programme. Cetteagence est un signe fort del’existence d’une politique logis-tique au Maroc. Elle sera épau-lée par un Observatoire de lacompétitivité logistique, quisera l’œil de l’AMDL en ce quiconcerne toutes les activités lo-gistiques territorialisées auMaroc. L’AMDL aura un rôle de régula-teur et de développeur. Il fautqu’elle arrive à maîtriser ces en-trepôts et plates-formes logis-tiques qui se développent par-tout sans aucune coordination.Ces plates-formes et entrepôtslogistiques émergent par-ci par-

là en dehors de toute régulation.Des promoteurs spéculateursdevancent le plan d’action del’AMDL. Ceci risque de créer unesur-offre dans des espaces nonadaptés pour les activités logis-tiques.

La culture logistique n’estpas encore intégrée dans lamajorité des entreprises ma-rocaines. Que faites-vouspour sa promotion ?

De quel type d’entreprises s’agit-il ? Grandes ou PME ? Celles quisont ouvertes sur le marchémondial ou celles qui sont cen-trées sur le marché local ? Laculture logistique est sociétale.

Pour les entreprises marocaines,elles en sont encore à l’état em-bryonnaire. Seules les entreprises ouvertessur le marché mondial sont entrain de construire une certaineculture logistique, en particulierla perception de la valeur dutemps et de la qualité pour réus-sir leur intégration dans la lo-gique de flux tendus et du juste-à-temps. Mais la majorité desautres entreprises ignorent en-

core la logistique.L’AMLOG tente avecses moyens limités dediffuser les règles debase de la logistiqueen organisant des jour-nées sur des thèmesprécis et en tentant defaire circuler lesbonnes pratiques lo-gistiques qui sont ap-

pliquées ailleurs. Maîtriser letemps, réduire les actes inutiles,respecter les relations intra-en-treprises, inter-entreprises etavec tous les acteurs sociauxsont autant de valeurs qui sont

nécessaires pour optimiser leschaînes logistiques, d'où la né-cessité de créer cette culture lo-gistique qui touche toutes lessphères de la société (de la pe-tite cellule familiale aux sphèresde la production, distribution,etc. En un mot dans toute la so-ciété).

La formation et la qualifica-tion des ressources hu-maines sont deux élémentscapitaux pour la promotionde la logistique. Quel effortfaut-il faire pour assurer ausecteur les compétences hu-maines nécessaires ?Au niveau de la formation, leproblème est toujours présent,malgré l’inflation des forma-tions. Actuellement, la formationen logistique connaît une accé-lération non maîtrisée : beau-coup de formations de 3e cycle(publiques et privées), peu deformations moyennes (Bac + 2),formation professionnelle endéveloppement, mais loin de ré-pondre aux besoins spécialiséset croissants de tous les niveauxet spécialités (caristes, manu-tentionnaires, gestionnairesd’entrepôts, pilotes de flux, ré-ceptionnaires logisticiens, trans-porteurs qualifiés, chaînes defroid et spécialistes en transportet gestion des flux de matièresdangereuses, etc.). Même les formations existantessont peu structurées et noncoordonnées. Certes, des ef-forts louables sont en courspour réguler les formations etavoir une visibilité sur l’existant,le nécessaire, etc. (AMDL,OFPPT, ministère de l’Enseigne-ment supérieur, etc.). À monsens, il faut un Observatoire decompétences en logistique-transport, pour éviter des for-mations inadaptées, des suref-fectifs dans certainesformations, etc. La Banque eu-ropéenne d’investissement (BEI)souhaite dans son projet Logis-med cette visibilité sur les for-mations en logistique. ●

La formation reste le maillon faible du secteur

INTERVIEW

Mustapha El Khayat,Président de l’Association marocaine de la logistique(AMLOG)

● À travers cet entretien, Mustapha El Khayat fait le point sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement de la logistique. Il fait le point sur deux axes majeurs : la régulation et la formation.

L’Amlog veut hisserle Maroc au rang despôles logistiquesmondiaux.

Page 7: Logistique - Maroc 2013
Page 8: Logistique - Maroc 2013

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013

Logistique

30

Encore un long chemin à parcourir

Externalisation des activités logistiques

● Absence d’une culture logistique chez une bonne partie des PME, l’informel et l’absence de mesures d’accompagnement et de soutien, font que le taux de l’externalisation des activités logistiques au Maroc est encore faible.

Absence d’une culturelogistique chez unebonne partie des PME,l’informel et l’absence

de mesures d’accompagne-ment et de soutien font que letaux de l’externalisation des acti-vités logistiques au Maroc estparmi les plus faibles dans la ré-gion. Malgré les efforts déployéspar les pouvoirs publics et lesacteurs privés, la sous-traitancelogistique des entreprises auMaroc reste faible. Seulement10% à 15% des entreprises maro-caines optent pour l’externalisa-tion contre un taux de 75% danscertains pays à économie ma-ture. Comment s’explique unetelle situation ? Pour KamalChraïbi, expert en logistique, ladécision de sous-traitance doitêtre insufflée par la direction gé-nérale de l’entreprise. De l’autrecôté, les prestataires doiventproposer des tarifs attrayantspour encourager davantaged’entreprises à sous-traiter lapartie logistique. Le constat au-jourd’hui est que la demande enla matière émane surtout d’en-treprises étrangères ou d’entre-prises tournées vers l’export.

Bien sûr, plusieurs prestatairesde services logistiques globauxsont maintenant installés auMaroc pour y accompagner ledéveloppement du secteur. Oncite, entre autres, Geodis, DHL,M&M, ID Logistics, Dachser,Schenker. Les entreprises detransport et de logistique maro-caines ne disposent pas des res-sources nécessaires pour assu-rer ces services. Elles secontentent, en conséquence, detransporter les marchandises et

dans le meilleur des cas de lesstocker. L’informel qui bat sonplein dans le secteur, expliqueégalement en partie le faibletaux de l’externalisation. Il est àconstater que même de grandsgroupes industrielles gèrent àleur niveau la partie logistique etnon pas uniquement les petite

et moyenne entreprises. Quefaire donc ?

Faut-il imposer la sous-traitance ?Certains professionnels plaidentpour l’adoption de lois imposantaux entreprises marocaines(comme c’est le cas dans lespays de l’Union Européenne)une mise à niveau logistique etle respect des normes logis-tiques pour relancer ce secteur.Pour d’autres, il est important de

continuer à sensibiliserdavantage autour del’intérêt de l’externalisa-tion des activités logis-tiques et son apportpositif pour l’entreprisemarocaine. Sur cevolet, l’AMDL tente desensibiliser autour del’intérêt de la sous-trai-

tance et le recours aux profes-sionnels logisticiens structuréset intégrés a été entrepris, no-tamment à travers la participa-tion à de nombreux événementset manifestions au niveau natio-nal. Cet effort de sensibilisationdes donneurs d’ordre se pour-suivra à travers l’organisation fu-

ture de séminaires dédiés.L’Agence mène une réflexion«pour élaborer et instaurer unsystème de classification et dequalification des acteurs logis-tiques. L’instauration de ce dis-positif préconisé par la stratégielogistique, permettra de bâtirune confiance entre les don-neurs d’ordre hésitant à sous-traiter leur logistique et les opé-rateurs logisticiens en quêted’opportunités de business. Ladéfinition de spécifications per-mettant de caractériser les diffé-rentes catégories d'acteurs de lalogistique favorisera les relationsentre clients et fournisseurs».Les zones logistiques ont égale-ment un rôle à jouer dans lamontée en gamme et la structu-ration d’acteurs logistiques au-tour d’opportunités d’affaires of-fertes par ces centres à valeurajoutée érigés et exploités selonles normes et standards interna-tionaux de qualité.

Vulgariser les pratiques logistiquesAu Maroc, rares sont les entre-prises qui sont en train deconstruire une réelle culture lo-gistique. Vu que le tissu produc-tif national est constitué de prèsde 95% de PME, dont une bonnepartie manque de moyens finan-ciers et humains, la logistique nefigure pas parmi leurs priorités.La fonction logistique n’est doncpas valorisée à sa juste valeur ausein de l’entreprise marocaine.D’où la nécessité de créer cetteculture logistique qui touchetoutes les sphères de la sociétépour véhiculer les bonnes pra-tiques logistiques appliquées àl’international : la maîtrise dutemps, la réduction des actesinutiles, professionnaliser davan-tage les relations au sein de l’en-treprise pour une meilleure opti-misation des chaîneslogistiques. Les professionnelsestiment qu’en parallèle de cesefforts de sensibilisation et decommunication, il est importantde mettre en place des mesuresd’accompagnement et de sou-tien aux PME qui désirent mo-derniser leurs outils logistiquesou opter pour la sous-traitancede leurs activités logistiques. ●

●●●

Seulement10% à 15% desentreprisesmarocainesoptent pourl’externalisa-tion contre untaux de 75%dans certainspays à écono-mie mature.

Des mesures d’accompagnementet de soutien auxPME sont à prévoir.

Page 9: Logistique - Maroc 2013

Les ÉCO : Quel bilan faites-vous de la 2e

édition de Logismed tenue en mai 2013 ?Abdelali Berrada : De l’avis de tous les profes-sionnels, la 2e édition du Salon international dutransport et de la logistique pour la Méditerra-née (Logismed) a été une grande réussite.Cette deuxième édition a mis en évidence sondynamisme, sa vitalité et a confirmé, sansaucun doute, son positionnement d’événementde référence et du plus grand rassemblementdes professionnels du transport et de la logis-tique en Méditerranée et en Afrique. Logismed2013 a réuni près de 130 exposants de tous lesmétiers de la chaîne logistique, dont 26% d’ac-teurs internationaux, sur près de 10.000m² desurface globale d’exposition et a accueilli plusde 7.500 visiteurs professionnels. Par ailleurs, laforte participation étrangère au niveau des ex-posants, des visiteurs et des délégations (Séné-gal, Cameroun, Espagne, France, Italie, Tunisie),témoigne de l'attractivité du Maroc.

Vous vous penchez actuellement sur lespréparatifs de la 3e édition du Salon. Quelest l’état d’avancement de votre réflexion ?Effectivement, nous nous penchons sur l’édi-tion de 2014 du salon. Nous sommes en phasede concertation et d’échange avec tous lespartenaires pour fixer les thématiques et réus-sir la prochaine édition. Nous comptons placerla 3e édition sous le thème «La logistique, unnouveau relais de croissance». En effet, dansun environnement en constante mutation, in-certain et concurrentiel, les entreprises cher-chent à identifier des pistes potentiellesd’amélioration et des relais de croissance.Dans ce cadre, la logistique doit être au cœurde cette démarche. Le Salon sera organisésous l’égide du ministère de l’Équipement etdu transport, aussi Logismed 2014 ambitionnede réunir près de 150 exposants nationaux etinternationaux, d’accueillir environ 10.000 visi-teurs professionnels et d’organiser un pro-gramme riche en conférences et animationsdiverses.

Quels sont les chantiers prioritaires pour le secteur du transport et de la logistique ?J’estime que depuis la mise en place de la stra-tégie nationale pour le développement de la lo-gistique en 2010, le Maroc est sur la bonnevoie. En témoigne l’évolution du classement duMaroc sur l’indice mondial de la performance

«Le Maroc est sur une bonne voie»

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013

Logistique

31

logistique. Il est à la 50e place sur 150 pays.L’AMDL fait aujourd’hui un excellent travail de-puis la nomination de son directeur en décem-bre 2012 et travaille sur plusieurs chantiers im-

portants, que je considère comme prioritaires,dont notamment la formation, la création del’Observatoire ou encore les zones logistiquesrégionales. ●

INTERVIEW

Abdelali Berrada,Président du Salon Logismed

Page 10: Logistique - Maroc 2013

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013

Logistique

32

Les ÉCO : La mise en place ef-fective de l’AMDL a donné unnouveau souffle à la stratégienationale de développementlogistique. Qu’en pensez-vous ?Kamal Chraïbi : L’AMDL fait unbon travail depuis la nominationde son directeur. L’agence a prisen main un certain nombre dedossiers urgents qui sont encours de traitement, je cite no-tamment le chantier des zoneslogistiques, de l’Observatoire etde la formation. Maintenant au-delà de la stratégie et des délaisfixés pour ces chantiers, ce quiretient l’intention aujourd’huic’est plutôt la volonté des entre-prises marocaines à adhérer àcette feuille de route. Au-jourd’hui, l’entreprise marocaine,notamment la PME, n’est pastenue de moderniser son outil lo-gistique. Autrement dit, il n’existepas de loi ou de normes qui exi-gent des entreprises marocainesla mise à niveau de leur outil lo-gistique. À ce jour, ce processusdépend de la volonté du chefd’entreprise. En Europe parexemple, il existe des lois qui in-terdissent de stocker dans desentrepôts qui ne répondent pasaux normes logistiques, sani-taires ou de sécurité. Au Maroc,ce ne sont que les grands presta-taires logistiques qui respectentles normes, tels DHL, Geodis,M&M, SNTL, la Voie Express, ouencore les entreprises maro-caines tournées vers l’export. Àmon sens, ce n’est que parl’adoption d’une loi que leschoses vont bouger. En parallèlede cette loi, il est important deprévoir des mesures d’accompa-

gnement et de soutien pour inci-ter les entreprises marocaines àmettre à niveau leurs outils logis-tiques. Donc, il faut que les entre-prises marocaines s’impliquentdavantage dans cette nouvelledynamique insufflée par la stra-tégie nationale de développe-ment logistique. Dans le cascontraire, et avec les projets d’in-frastructures logistiques pro-grammées, on va se retrouveravec des parcs logistiques per-formants comme celui de laSNTL qui resteront vides puisqu’iln’y aura pas en face une de-mande qui se développe. Ledeuxième point important, c’estque la fonction logistique n’estpas valorisée à sa juste valeur ausein de l’entreprise marocaine.Les chefs de PME marocainesn’ont pas encore pris consciencedu gisement de gains que repré-sente une bonne gestion de lalogistique. Beaucoup d’entre euxignorent l’impact que pourraavoir une gestion optimale deleur logistique sur les coûts del’entreprise et sa rentabilité. Au-jourd’hui, toutes les entreprisesqui sous-traitent leur logistiquesont soit des filiales de multina-tionales ou de grandes groupes,notamment dans le secteur de lagrande distribution. Je ne dis pasque l’externalisation est une solu-tion complète, mais elle permetau moins de réduire les coûts etde gagner en compétitivité et en

chiffre d’affaires.

Quelle est la meilleure formuleà votre avis pour impliquer cesentreprises dans la nouvelledynamique insufflée par lastratégie ?En parallèle de la sensibilisationde l’importance de la logistique,l’AMDL doit travailler en synergieavec les organismes de soutiende l’État, tel l’ANPME, pour créerdes formules d’accompagne-ment et de soutien dédiées spé-cialement à la logistique. Ces for-mules doivent égalementsubventionner des missions deconseil au sein de la PME maro-caine désireuse de moderniserson outil logistique.

En tant que consultant en lo-gistique, quels sont au-jourd’hui les besoins réels del’entreprise marocaine ?D’abord, il faut redéfinir la fonc-tion logistique au sein de l’entre-prise : qui fait quoi et qui est res-ponsable de quoi ? Ensuitedéfinir les missions et le rôle desresponsables logistiques en met-tant en place un organigrammebien précis. Dans l’étape sui-vante, il faut identifier les besoinsen termes d’infrastructures, quece soit le bâtiment, les équipe-ments d’entreposage, les équi-pements de manutention. L’autrebesoin impératif est le systèmed’information pour la gestion des

entrepôts. Ce système permetd’avoir de l’information et un ta-bleau de bord qui facilite le pilo-tage des opérations, et enfin lebesoin en formation des cadresde l’entreprise. Nous sommessollicités dans ce sens pour for-mer les cadres et techniciensdes entreprises sur les métiersde la logistique et à ce sujet j’ai-merais mettre l’accent sur unpoint important : il faut que lesécoles spécialisées en logistiquecessent de former des cadres lo-gisticiens à la théorie. Les entre-prises marocaines ont besoin detechniciens et d'hommes opéra-tionnels (caristes, responsablesd’entrepôts, préparateurs decommande, manutentionnaires,gestionnaires d’entrepôts, pilotesde flux, réceptionnaires logisti-ciens, transporteurs qualifiés).L’entreprise marocaine a besoind'hommes de terrain qui vonts’intégrer rapidement et non pasde théoriciens.

Peut-on dire que le conseil en logistique est cher, ce quiconstitue un frein pour lesPME ?Honnêtement, le conseil en logis-tique n’est pas cher quand on lecompare avec le retour sur inves-tissement et le gain en termes decoûts et de compétitivité.D’abord, il faut bien choisir sonconsultant car tous les gens netravaillent pas sur ce créneau etsont de vrais consultants. Donc, ilfaut s’assurer des références,prendre contact avec les anciensclients pour avoir leurs témoi-gnages avant d’opter pour un ca-binet. Aujourd’hui, je peux direque les tarifs pratiqués ne sontpas exorbitants. Une journéemoyenne de conseil (prenant encompte la séniorité du consul-tant, la taille de l’entreprise et lanature ainsi que la complexité dela mission), varie entre 5.000 et8000 DH. Il y a aujourd’hui uneprise de conscience chez leschefs de PME de l’importance duconseil, il faut simplement les en-courager par des mesures d’ac-compagnement et de soutien fi-nancier. ●

«La fonction logistique n’est pas bien valorisée»

INTERVIEW

Kamal Chraïbi,Associé chez GCL

Page 11: Logistique - Maroc 2013

Pour une meilleure ges-tion de leurs flux d’in-formation et de leursdonnées ainsi que la

gestion de leurs entrepôts, lesentreprises recourent de plusen plus aux consultants et spé-cialistes des solutions informa-tiques. Eumatech est l’une desentreprises qui a fait sespreuves dans le conseil et lagestion des projets de flux d’in-

formation dans plusieurs do-maines d’activité, dont notam-ment le transport et la logis-tique. Elle propose plusieurssolutions pour la gestion d’en-trepôt (avec le WMS : Ware-house Management System),la gestion du transport (avec leTMS : Transport ManagementSystem) ou encore la gestiondes flux d’informations avec lessolutions /EAI (Échange de

Eumatech met son expertise aux services des entreprises marocaines● Une bonne gestion des flux d’information dans le domaine de la logistique devient aujourd’huifondamentale.

LES ÉCO SUPPLÉMENTS - LUNDI 7 OCTOBRE 2013

Logistique

33

données informatisées). «Lesentreprises marocaines ont deplus en plus besoin de gagneren compétitivité, et le «levier» lo-gistique est aujourd’hui de plusen plus d’actualité car nos entre-prises ont le potentiel de réali-ser, dans des délais relative-ment courts, des économiesimportantes à ce sujet. La miseen place de solutions informati-sées adaptées est au cœur de

ce type de problématique, etc’est à ce niveau qu’Eumatechintervient», souligne JérômeFleury, directeur associé et co-fondateur d'Eumatech. Malgréune conjoncture économiquedifficile durant le 1er semestre2013, Eumatech a eu l’opportu-nité de remporter 4 appels d’of-fres d’envergure durant ces 6premiers mois de l’année : 2 re-latifs à l’intégration de solutions

WMS (Warehouse Manage-ment System, gestion d’entre-pôt), et 2 relatifs à l’intégrationde solutions EDI/EAI (Échangede données informatisées),pour le compte de deuxgrandes institutions publiquesen ce qui concerne les WMS (1grand prestataire logistique etl’OFPPT pour leurs besoins enformation de ressources logis-tiques sur des logiciels WMS),et 2 grands groupes privés ence qui concerne l’EDI (industrielet financier). «Parallèlement àces nouveaux projets, nosclients ont continué à faireappel aux services d’Eumatechtout au long de l’année 2013pour faire évoluer leurs solu-tions WMS et EDI», affirmeMalik Touimi Benjelloun, direc-teur associé et co-fondateurd'Eumatech. ●

Systèmes d’information