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L' UNESCO céZèbre *. son czn puantzème annzversazre Le 24 octobre 1945, la Charte des Nations Unies entre en vigueur. La nouvelle Organi- sation porte en elle les germes d'un autre par- tenariat international : en effet, l'article 57 de la Charte prévoit notamment la création d'une institution spécialisée dans les do- maines de l'éducation et de la culture. Une semaine plus tard, le 1" novembre, les représentants de 44 pays se réunissent à Londres, dans le cadre d'une conférence convoquée conjointement par les Gouverne- ments britannique et franpis en vue d'établir une Organisation des Nations Unies pour l'éducation et la culture. Dans son discours de bienvenue, le Premier Ministre britan- nique, Clement Attlee, présente ainsi l'œuvre à accomplir : (( Aujourd'hui les peuples du monde sont comme des îles qui se lancent des appels par-dessus des océans de malen- tendus. [. . .] "Connais-toi toi-même", disait le vieux proverbe. "Connais ton voisin", di- sons-nous dksormais : car notre voisin, c'est le monde entier. N Après deux semaines de débats animés, qui portent pour une grande part sur l'exten- sion du rôle de la nouvelle institution, eu égard aux progrès spectaculaires réalisés dans le domaine de la science, des ddégués finis- sent par mettre au point le projet d'Acte constitutif de l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la cultu- re - l'UNESCO. Le 16 novembre, le texte est signé par 37 États, et l'Acte final par 41. Ses premières lignes, rédigées par Archibald MacLeish, poète et bibliothécaire du Congrès, qui dirige la délégation des États- Unis d'Amérique, esquissent le mandat de l'organisation - et sa vision globale du monde : (( Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que ddivent être élevées les défenses de la paix. )) Durant ses cinquante années d'existence, l'UNESCO s'est employée inlassablement à abattre les barrières géographiques qui entra- vent la d i f i i o n des connaissances scienti- fiques et intellectuelles, et à encourager le dia- logue entre les cultures. Ses activités sont très variées : elles peuvent avoir un caractère spec- taculaire (sauvegarde des grands monuments et des sites),humaniste (lutte obstinée contre l'apartheid ou normatif (Convention uni- verselle sur le droit d'auteur). Parallèlement, l'UNESCO a contribué àla formation de bi- bliothécaires et d'enseignants, au lancement et au financement de grands programmes de recherche sur les océans et la biosphère, à l'octroi de milliers de bourses à des étudiants d'Afrique, d'Asie et du Pacifique, des Gtats arabes et d'Amérique latine. Elle a pris part, en 1946, à la fondation du Conseil interna- tional des musées (ICOM) et a fourni des services d'expert et une assistance technique pour la création ou le développement de mu- sées dans le monde entier. La publication de Museum intemutional, paru pour la première fois en 1948 sous le titre de MusetLm, té- moigne de la volonté de l'organisation d'as- socier les professionnels des musées à la réali- sation des objectifs communs que sont le par- tage des connaissances et la promotion de la compréhension internationale. Aujourd'hui, 183 États sont membres de l'UNESCO. Ses 2 200 fonctionnaires sont en poste dans 54 pays. Spécialistes de l'édu- cation, scientifiques, archéologues, anthro- pologues, journalistes, juristes.. ., ils appor- tent leur concours dans de multiples do- maines : aider à éliminer le plus grand obstacle au développement, l'analphabétis- me ; améliorer les systèmes éducatifs ; préser- ver l'environnement et mattriser le processus de croissance démographique ; élargir l'accès à la science et à la technologie tout en refré- nant l'exode des compétences ; protéger les biens culturels face aux catastrophes d'origi- ne naturelle ou humaine ; renforcer les capa- cités de communication et faciliter la circula- tion de l'information ; promouvoir le respect mutuel et la tolérance, la participation dé- mocratique et la sensibilisation aux droits de l'homme ... La situation internationale nouvelle qui s'est créée après la fìn de la guerre froide a conféré une urgence renouvelée à ces objec- tifs. Alors qu'elle se prépare à affronter les problèmes d u m " siècle, l'UNESCO est plus que jamais consciente de l'importance de sa mission éthique et de son rôle unique de fo- rum et de foyer de la coopération internatio- nale mise en œuvre pour résoudre les grands problèmes de notre temps. M. L. Voir Michel Coni1 Lacoste, Chronique d'un grand dessein : UNESCO 134G-1933, Paris, Éditions UNESCO, 1995. 2 Mz~recernm intermtianal (Paris, UNESCO), no 187 (vol. 47, no 3, 1995) O UNESCO 1995

L'UNESCO célèbre son cinquantième anniversaire

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Page 1: L'UNESCO célèbre son cinquantième anniversaire

L' UNESCO céZèbre *. son czn puantzème annzversazre

Le 24 octobre 1945, la Charte des Nations Unies entre en vigueur. La nouvelle Organi- sation porte en elle les germes d'un autre par- tenariat international : en effet, l'article 57 de la Charte prévoit notamment la création d'une institution spécialisée dans les do- maines de l'éducation et de la culture.

Une semaine plus tard, le 1" novembre, les représentants de 44 pays se réunissent à Londres, dans le cadre d'une conférence convoquée conjointement par les Gouverne- ments britannique et franpis en vue d'établir une Organisation des Nations Unies pour l'éducation et la culture. Dans son discours de bienvenue, le Premier Ministre britan- nique, Clement Attlee, présente ainsi l'œuvre à accomplir : (( Aujourd'hui les peuples du monde sont comme des îles qui se lancent des appels par-dessus des océans de malen- tendus. [. . .] "Connais-toi toi-même", disait le vieux proverbe. "Connais ton voisin", di- sons-nous dksormais : car notre voisin, c'est le monde entier. N

Après deux semaines de débats animés, qui portent pour une grande part sur l'exten- sion du rôle de la nouvelle institution, eu égard aux progrès spectaculaires réalisés dans le domaine de la science, des ddégués finis- sent par mettre au point le projet d'Acte constitutif de l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la cultu- re - l'UNESCO. Le 16 novembre, le texte est signé par 37 États, et l'Acte final par 41. Ses premières lignes, rédigées par Archibald MacLeish, poète et bibliothécaire du Congrès, qui dirige la délégation des États- Unis d'Amérique, esquissent le mandat de l'organisation - et sa vision globale du monde : (( Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que ddivent être élevées les défenses de la paix. ))

Durant ses cinquante années d'existence, l'UNESCO s'est employée inlassablement à abattre les barrières géographiques qui entra- vent la d i f i i o n des connaissances scienti- fiques et intellectuelles, et à encourager le dia- logue entre les cultures. Ses activités sont très variées : elles peuvent avoir un caractère spec- taculaire (sauvegarde des grands monuments

et des sites), humaniste (lutte obstinée contre l'apartheid ou normatif (Convention uni- verselle sur le droit d'auteur). Parallèlement, l'UNESCO a contribué àla formation de bi- bliothécaires et d'enseignants, au lancement et au financement de grands programmes de recherche sur les océans et la biosphère, à l'octroi de milliers de bourses à des étudiants d'Afrique, d'Asie et du Pacifique, des Gtats arabes et d'Amérique latine. Elle a pris part, en 1946, à la fondation du Conseil interna- tional des musées (ICOM) et a fourni des services d'expert et une assistance technique pour la création ou le développement de mu- sées dans le monde entier. La publication de Museum intemutional, paru pour la première fois en 1948 sous le titre de MusetLm, té- moigne de la volonté de l'organisation d'as- socier les professionnels des musées à la réali- sation des objectifs communs que sont le par- tage des connaissances et la promotion de la compréhension internationale.

Aujourd'hui, 183 États sont membres de l'UNESCO. Ses 2 200 fonctionnaires sont en poste dans 54 pays. Spécialistes de l'édu- cation, scientifiques, archéologues, anthro- pologues, journalistes, juristes.. ., ils appor- tent leur concours dans de multiples do- maines : aider à éliminer le plus grand obstacle au développement, l'analphabétis- me ; améliorer les systèmes éducatifs ; préser- ver l'environnement et mattriser le processus de croissance démographique ; élargir l'accès à la science et à la technologie tout en refré- nant l'exode des compétences ; protéger les biens culturels face aux catastrophes d'origi- ne naturelle ou humaine ; renforcer les capa- cités de communication et faciliter la circula- tion de l'information ; promouvoir le respect mutuel et la tolérance, la participation dé- mocratique et la sensibilisation aux droits de l'homme ...

La situation internationale nouvelle qui s'est créée après la fìn de la guerre froide a conféré une urgence renouvelée à ces objec- tifs. Alors qu'elle se prépare à affronter les problèmes d u m " siècle, l'UNESCO est plus que jamais consciente de l'importance de sa mission éthique et de son rôle unique de fo- rum et de foyer de la coopération internatio- nale mise en œuvre pour résoudre les grands problèmes de notre temps.

M. L.

Voir Michel Coni1 Lacoste, Chronique d'un grand dessein : UNESCO 134G-1933, Paris, Éditions UNESCO, 1995.

2 Mz~recernm intermtianal (Paris, UNESCO), no 187 (vol. 47, no 3, 1995) O UNESCO 1995