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MILITIA L’armée fut un des éléments majeurs de la puissance et de la gloire de Rome. Au départ, elle est composée de tous les citoyens romains ayant entre 17 et 60 ans. Comme les soldats s’équipent à leurs propres frais, ce sont les citoyens les plus riches qui sont le plus souvent mobilisés. Le service militaire est alors considéré comme un devoir civique : c’est avec fierté que le soldat, à la fois « civis et miles », défend Rome en cas de conflit, entre mars et octobre, saison de la guerre. Mais avec les conquêtes, le territoire romain, grandi, devient plus difficile à défendre; les guerres sont plus lointaines et plus longues. Le service militaire, désormais perçu comme trop pénible par les plus riches, est confié aux citoyens pauvres qui espèrent s’enrichir en touchant une solde (stipendium) ou en prenant leur part du butin (praeda). A la fin du IIème siècle avant JC, le consul Marius réforme l’armée qui devient professionnelle et permanente. On recrute aussi des indigènes des pays conquis qui souhaitent obtenir la citoyenneté. Dans les premiers temps, les Romains combattent par nécessité vitale. C’est en se défendant des attaques de leurs ennemis qu’ils parviennent à dominer successivement le Latium, l’Italie, puis le bassin méditerranéen. Ils passent alors progressivement maîtres dans tous les domaines de l’art militaire, en s’inspirant des armes et des techniques de leurs ennemis. Après les Guerres Puniques, les Romains, forts de leur armée et animés d’une volonté impérialiste, parviennent progressivement à dominer le monde antique. C’est l’empereur Hadrien qui met un terme à la politique de conquêtes et cherche à consolider et unifier l’empire. L’armée romaine doit son efficacité à sa ténacité, mais aussi à une organisation très rigoureuse : sa stricte hiérarchie, ses déplacements ordonnés (ordo agminis), ses camps ou castra scrupuleusement organisés, ses plans de bataille minutieusement préparés, ou sa technique du siège très élaborée. S’ajoute à cela la discipline très stricte, disciplina, à laquelle se soumettent ses soldats. Les Romains prennent soin de toujours déclarer des pia et justa bella, c’est-à-dire des guerres conformes à la piété, Vocabulaire - acies, ei, f. : la ligne de bataille, l’armée rangée en bataille -agmen, inis, n. : la marche d’une armée - arma, orum, n.plu. : les armes - bellum, i, n. : la guerre - castra, orum, n plu.. : le camp - civis, is, m. : le citoyen - devotio, onis, f. : l’action de « se dévouer » - dilectus, us, m. : la levée - disciplina, ae, f. : la discipline - exercitus, us, m. : l’armée, le corps des troupes - gladius, ii, m. : l’épée - hasta, ae, f. : la lance - hostis, is, m. : l’ennemi - legio, onis, f. : la légion - miles, militis, m. : le soldat - militia, ae, f. : l’armée - pax, pacis, f. : la paix - pilum, i, n. : le javelot - pugna, ae, f. ou proelium, ii, n. : le combat - scutum, i, n. : le bouclier - socius, ii, m. : l’allié - telum, i, n. : l’arme de jet - tumultus, us, m. : l’état d’alerte L’armée romaine est une armée de terre. C'est la lutte contre Carthage qui oblige les romains à construire une flotte. Ils inventent le grappin appelé "corbeau" pour permettre l'abordage du bateau ennemi en l'immobilisant. Ils reproduisent ainsi sur le navire un combat terrestre. Quand l’armée devient professionnelle, l’idéal patriotique des premiers temps s’étiole. Les soldats ne servent plus Rome mais leur général, car leur salaire dépend de ses succès. Les généraux, forts du soutien militaire et politique de l’armée, deviennent menaçants pour la stabilité de l’État. Afin de lutter contre les ambitions personnelles des généraux, Auguste, le premier empereur, assure la sécurité de Rome en laissant en permanence dans la capitale des cohortes praétoriennes. Au Vème siècle, le roi Servius Tullius répartit les citoyens selon leur fortune en 5 centuries. Tous les 5 ans, lors de la cérémonie du recensement (census), les citoyens sont inscrits sur les listes administratives en fonction de leur fortune et répartis dans une des cinq classes de l'armée. Les proletarii (non possédants), ne font alors pas partie de l’armée. A partir du IVème siècle, Camille décide de répartir les légionnaires non plus selon leur fortune, mais selon leur âge et Le camp fortifié romain est caractéristique de l’organisation de l’armée : son plan est toujours le même, afin de permettre une mise en place de l’armée rapide et une mise au combat efficace. Sur le champ de bataille, les soldats sont disposés sur plusieurs lignes et décalés afin de permettre le repli des lignes avant sans gêner l'avancée de la ligne de combat suivante. Cette formation aérée permet de trouver des soldats frais tout le long de la bataille. La tortue, testudo, est un dispositif les boucliers des soldats forment une carapace. Sous l’empire, l’armée connaît des périodes d’inactivité. Durant la pax romana, les soldats sont employés à la construction des fortifications sur les frontières (limes), ou à la construction des routes. Au fil des conquêtes, des contingents d’infanterie sont levés chez les alliés, socii, et des troupes auxiliaires, auxilia, formées de populations extra italiques, grossissent l’effectif de l’armée. Ce sont des troupes qui fournissent des corps spéciaux, comme les archers orientaux représentés ci contre. La déclaration de guerre se fait selon des rituels religieux scrupuleux, pour s’assurer la protection des dieux. Des prêtres, les féciaux, sont envoyés aux limites, limes, du territoire ennemi, y jettent une lance (hasta) ensanglantée en prononçant des souhaits de malheur contre l’ennemi. Si l’issue du combat est incertaine, les Romains peuvent pratiquer la devotio: le général offre sa vie aux dieux infernaux en échange de la victoire. Ici, Marcus Curtius se jette dans un abîme avec son cheval pour sauver sa patrie. En cas de conflit, les soldats sont choisis par tirage au sort sur le champ de Mars. Si la patrie est en danger (tumultus), on procède exceptionnellement à la levée en masse des tous les soldats. Il est même arrivé de recruter des esclaves, durant la deuxième guerre

MILITIA Larmée fut un des éléments majeurs de la puissance et de la gloire de Rome. Au départ, elle est composée de tous les citoyens romains ayant entre

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Page 1: MILITIA Larmée fut un des éléments majeurs de la puissance et de la gloire de Rome. Au départ, elle est composée de tous les citoyens romains ayant entre

MILITIAL’armée fut un des éléments majeurs de la puissance et de la gloire de Rome.

Au départ, elle est composée de tous les citoyens romains ayant entre 17 et 60 ans. Comme les soldats s’équipent à leurs propres frais, ce sont les citoyens les plus riches qui sont le plus souvent mobilisés. Le service militaire est alors considéré comme un devoir civique : c’est avec fierté que le soldat, à la fois « civis et miles », défend Rome en cas de conflit, entre mars et octobre, saison de la guerre.Mais avec les conquêtes, le territoire romain, grandi, devient plus difficile à défendre; les guerres sont plus lointaines et plus longues. Le service militaire, désormais perçu comme trop pénible par les plus riches, est confié aux citoyens pauvres qui espèrent s’enrichir en touchant une solde (stipendium) ou en prenant leur part du butin (praeda). A la fin du IIème siècle avant JC, le consul Marius réforme l’armée qui devient professionnelle et permanente. On recrute aussi des indigènes des pays conquis qui souhaitent obtenir la citoyenneté.

Dans les premiers temps, les Romains combattent par nécessité vitale. C’est en se défendant des attaques de leurs ennemis qu’ils parviennent à dominer successivement le Latium, l’Italie, puis le bassin méditerranéen. Ils passent alors progressivement maîtres dans tous les domaines de l’art militaire, en s’inspirant des armes et des techniques de leurs ennemis. Après les Guerres Puniques, les Romains, forts de leur armée et animés d’une volonté impérialiste, parviennent progressivement à dominer le monde antique. C’est l’empereur Hadrien qui met un terme à la politique de conquêtes et cherche à consolider et unifier l’empire.

L’armée romaine doit son efficacité à sa ténacité, mais aussi à une organisation très rigoureuse : sa stricte hiérarchie, ses déplacements ordonnés (ordo agminis), ses camps ou castra scrupuleusement organisés, ses plans de bataille minutieusement préparés, ou sa technique du siège très élaborée. S’ajoute à cela la discipline très stricte, disciplina, à laquelle se soumettent ses soldats.

Les Romains prennent soin de toujours déclarer des pia et justa bella, c’est-à-dire des guerres conformes à la piété, pietas, pour s’assurer la protection des dieux, celle de Mars en particulier, dieu de la guerre. C’est pourquoi de nombreux rites de guerre sont effectués, avant, pendant et après les campagnes.

Vocabulaire- acies, ei, f. : la ligne de bataille, l’armée rangée en bataille-agmen, inis, n. : la marche d’une armée- arma, orum, n.plu. : les armes- bellum, i, n. : la guerre- castra, orum, n plu.. : le camp- civis, is, m. : le citoyen- devotio, onis, f. : l’action de « se dévouer »- dilectus, us, m. : la levée- disciplina, ae, f. : la discipline- exercitus, us, m. : l’armée, le corps des troupes- gladius, ii, m. : l’épée- hasta, ae, f. : la lance- hostis, is, m. : l’ennemi- legio, onis, f. : la légion- miles, militis, m. : le soldat- militia, ae, f. : l’armée- pax, pacis, f. : la paix- pilum, i, n. : le javelot- pugna, ae, f. ou proelium, ii, n. : le combat- scutum, i, n. : le bouclier- socius, ii, m. : l’allié- telum, i, n. : l’arme de jet- tumultus, us, m. : l’état d’alerte

L’armée romaine est une armée de terre. C'est la lutte contre Carthage qui oblige les romains à construire une flotte. Ils inventent le grappin appelé "corbeau" pour permettre l'abordage du bateau ennemi en l'immobilisant. Ils reproduisent ainsi sur le navire un combat terrestre.

Quand l’armée devient professionnelle, l’idéal patriotique des premiers temps s’étiole. Les soldats ne servent plus Rome mais leur général, car leur salaire dépend de ses succès. Les généraux, forts du soutien militaire et politique de l’armée, deviennent menaçants pour la stabilité de l’État. Afin de lutter contre les ambitions personnelles des généraux, Auguste, le premier empereur, assure la sécurité de Rome en laissant en permanence dans la capitale des cohortes praétoriennes.

Au Vème siècle, le roi Servius Tullius répartit les citoyens selon leur fortune en 5 centuries. Tous les 5 ans, lors de la cérémonie du recensement (census), les citoyens sont inscrits sur les listes administratives en fonction de leur fortune et répartis dans une des cinq classes de l'armée. Les proletarii (non possédants), ne font alors pas partie de l’armée.A partir du IVème siècle, Camille décide de répartir les légionnaires non plus selon leur fortune, mais selon leur âge et leur valeur militaire.

Le camp fortifié romain est caractéristique de l’organisation de l’armée : son plan est toujours le même, afin de permettre une mise en place de l’armée rapide et une mise au combat efficace.

Sur le champ de bataille, les soldats sont disposés sur plusieurs lignes et décalés afin de permettre le repli des lignes avant sans gêner l'avancée de la ligne de combat suivante. Cette formation aérée permet de trouver des soldats frais tout le long de la bataille. La tortue, testudo, est un dispositif où les boucliers des soldats forment une carapace.

Sous l’empire, l’armée connaît des périodes d’inactivité. Durant la pax romana, les soldats sont employés à la construction des fortifications sur les frontières (limes), ou à la construction des routes.

Au fil des conquêtes, des contingents d’infanterie sont levés chez les alliés, socii, et des troupes auxiliaires, auxilia, formées de populations extra italiques, grossissent l’effectif de l’armée. Ce sont des troupes qui fournissent des corps spéciaux, comme les archers orientaux représentés ci contre.

La déclaration de guerre se fait selon des rituels religieux scrupuleux, pour s’assurer la protection des dieux. Des prêtres, les féciaux, sont envoyés aux limites, limes, du territoire ennemi, y jettent une lance (hasta) ensanglantée en prononçant des souhaits de malheur contre l’ennemi.

Si l’issue du combat est incertaine, les Romains peuvent pratiquer la devotio: le général offre sa vie aux dieux infernaux en échange de la victoire. Ici, Marcus Curtius se jette dans un abîme avec son cheval pour sauver sa patrie.

En cas de conflit, les soldats sont choisis par tirage au sort sur le champ de Mars. Si la patrie est en danger (tumultus), on procède exceptionnellement à la levée en masse des tous les soldats. Il est même arrivé de recruter des esclaves, durant la deuxième guerre punique, après la désastreuse bataille de Cannes, en 216 avant JC.