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Mise à jour des vaccinations de l’enfant arrivant de l’étranger (adopté, réfugié ou migrant) en France Catch-up vaccination of worldwide newcoming (adopted, refugee or migrant) children in France J.-V. de Monléon a , F. Regnier b , F. Ajana c , C. Baptiste d, * , P. Callamand e , J. Cheymol f , Y. Gillet g , I. Hau-Rainsard h , M. Lorrot i , P. Reinert h , S. Marchand j , C. Okaïs d , G. Picherot k du groupe Avancées Vaccinales a Service pédiatrie 1, hôpital pédiatrique Le Bocage, 10, boulevard Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 21000 Dijon, France b Direction de l’Enfance, Ville de Lyon, 1, place de la Comédie, 69205 Lyon cedex 01, France c Service universitaire des maladies infectieuses et du voyageur, centre hospitalier Gustave-Dron, 135, rue du Président-Coty, 59200 Tourcoing, France d Sanofi Pasteur MSD, 8, rue Jonas-Salk, 69007 Lyon, France e Service de pédiatrie, centre hospitalier, 2, rue Valentin-Haüy, 34525 Béziers, France f Cabinet médical, 53, rue de Paris, 92110 Clichy, France g UHCD, hôpital Femme Mère Enfant, 59, boulevard Pinel, 69500 Bron, France h Service de pédiatrie, hôpital de jour de pédiatrie, centre hospitalier intercommunal (CHI), 40, avenue de Verdun, 94000 Créteil, France i Hôpital Robert-Debré, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, France j Service de pédiatrie, hôpital Gatien-de-Clocheville, 37044 Tours, France k Service clinique médicale pédiatrique, centre hospitalier de Nantes, quai Moncousu, 44093 Nantes, France Disponible sur Internet le 7 février 2014 Résumé En France, l’adoption internationale comprend environ 90 000 enfants depuis 1980 et celle des enfants immigrés en 2008 représente plus de 300 000 personnes. Il s’agit d’une population très hétérogène (âge, origine géographique) et non négligeable. Il n’est donc pas toujours simple de faire un bilan vaccinal fiable et complet. La grande variété des situations individuelles rend difficile une décision et des modalités du rattrapage vaccinal homogènes. Cet article propose une mise au point pour la mise à jour des vaccinations de l’enfant arrivant de l’étranger (adopté, réfugié, ou migrant). Le bilan de vaccination d’un enfant nouvellement arrivé dans notre pays est complexe et doit être adapté au pays d’origine. Certains enfants n’ont jamais été vaccinés et d’autres ont un statut vaccinal incertain ou inconnu. L’âge de l’enfant, son pays d’origine et quelques sérologies vaccinales doivent guider la décision vaccinale initiale. La mise à jour vaccinale d’un enfant arrivant de l’étranger doit tenir compte des vaccinations supposées déjà reçues et des recommandations vaccinales françaises, qui vont servir de référence. ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Archives de pédiatrie 21 (2014) 329–334 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Baptiste). 0929-693X/$ see front matter ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. http://dx.doi.org/10.1016/j.arcped.2013.12.003

Mise à jour des vaccinations de l’enfant arrivant de l’étranger (adopté, réfugié ou migrant) en France

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Mise à jour des vaccinations de l’enfant arrivant del’étranger (adopté, réfugié ou migrant) en France

Catch-up vaccination of worldwide newcoming(adopted, refugee or migrant) children in FranceJ.-V. de Monléon a, F. Regnier b, F. Ajana c, C. Baptiste d,*, P. Callamand e,J. Cheymol f, Y. Gillet g, I. Hau-Rainsard h, M. Lorrot i, P. Reinert h, S. Marchand j,C. Okaïs d, G. Picherot kdu groupe Avancées Vaccinales

a Service pédiatrie 1, hôpital pédiatrique Le Bocage, 10, boulevard Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 21000 Dijon, Franceb Direction de l’Enfance, Ville de Lyon, 1, place de la Comédie, 69205 Lyon cedex 01, Francec Service universitaire des maladies infectieuses et du voyageur, centre hospitalier Gustave-Dron, 135, rue du Président-Coty,59200 Tourcoing, Franced Sanofi Pasteur MSD, 8, rue Jonas-Salk, 69007 Lyon, Francee Service de pédiatrie, centre hospitalier, 2, rue Valentin-Haüy, 34525 Béziers, Francef Cabinet médical, 53, rue de Paris, 92110 Clichy, Franceg UHCD, hôpital Femme Mère Enfant, 59, boulevard Pinel, 69500 Bron, Franceh Service de pédiatrie, hôpital de jour de pédiatrie, centre hospitalier intercommunal (CHI), 40, avenue de Verdun,94000 Créteil, Francei Hôpital Robert-Debré, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, Francej Service de pédiatrie, hôpital Gatien-de-Clocheville, 37044 Tours, Francek Service clinique médicale pédiatrique, centre hospitalier de Nantes, quai Moncousu, 44093 Nantes, France

Disponible sur Internet le 7 février 2014

Résumé

En France, l’adoption internationale comprend environ 90 000 enfants depuis 1980 et celle des enfants immigrés en2008 représente plus de 300 000 personnes. Il s’agit d’une population très hétérogène (âge, origine géographique) et nonnégligeable. Il n’est donc pas toujours simple de faire un bilan vaccinal fiable et complet. La grande variété des situationsindividuelles rend difficile une décision et des modalités du rattrapage vaccinal homogènes. Cet article propose une mise aupoint pour la mise à jour des vaccinations de l’enfant arrivant de l’étranger (adopté, réfugié, ou migrant). Le bilan devaccination d’un enfant nouvellement arrivé dans notre pays est complexe et doit être adapté au pays d’origine. Certainsenfants n’ont jamais été vaccinés et d’autres ont un statut vaccinal incertain ou inconnu. L’âge de l’enfant, son pays d’origineet quelques sérologies vaccinales doivent guider la décision vaccinale initiale. La mise à jour vaccinale d’un enfant arrivant del’étranger doit tenir compte des vaccinations supposées déjà reçues et des recommandations vaccinales françaises, qui vontservir de référence.� 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Archives de pédiatrie 21 (2014) 329–334

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (C. Baptiste).

0929-693X/$ see front matter � 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

http://dx.doi.org/10.1016/j.arcped.2013.12.003

Abstract

In France, international adoption includes around to 90,000 children since 1980 and near 300,000 immigrant children werecounted in 2008. This population is heterogeneous, according to age and country of origin, and its large number. It is noteasy to completely and surely assess the vaccine status of the child. Due to a great variability of individual situations, it is notpossible to have systematic and unchangeable rules. This article aims to give an update of catch-up vaccination ofinternationally adopted or refugee or migrant children in France. The vaccination status of a child who recently arrived inFrance is complex and has to be adapted to his country of origin. Some of them were never vaccinated whereas the vaccinestatus of others is uncertain or unknown. Three parameters have to be considered: the age of the child, the country oforigin, and sometimes serology in the case of doubts of his vaccine status. Catch-up vaccination of foreign children has to beadapted to French vaccine recommendations, as a reference, and to vaccines already administered to the child.� 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

J.-V. de Monléon et al. / Archives de pédiatrie 21 (2014) 329–334330

Europe

15%

Asie

20%

Amérique

40%

Afrique

25%

Amérique

8%

Asie

15%

Europe

36%Afrique

41%

a

b

Fig. 1. Répartition géographique des enfants arrivant de l’étranger enFrance : a : adoption internationale par continent en 2010 (n = 3504).Ministère des affaires étrangères [1] ; b : répartition des enfants immigrés enFrance en 2008 [2].

1. INTRODUCTION

Entre 1980 et 2010, il s’est réalisé près de 90 000 adoptionsinternationales en France selon les autorités françaises. Lespays asiatiques (Vietnam, Chine, Thaïlande. . .), d’Amérique(Haïti, Colombie. . .), d’Afrique (Éthiopie, Côte d’Ivoire,Mali. . .) et d’Europe de l’Est (Russie, Ukraine. . .) représententla majorité des 3504 enfants adoptés venant de l’étranger enFrance en 2010 (Fig. 1a) [1]. Pour les 336 209 enfants immigrésrecensés en France en 2008, l’origine géographique est toutaussi disparate : Europe (Portugal, Royaume-Uni, Russie. . .),Afrique (Algérie, Maroc. . .), Asie (Turquie, Vietnam, Chine. . .)ou Amérique (Brésil, Colombie, États-Unis, Haïti. . .) notam-ment (Fig. 1b) [1]. Comparativement aux enfants adoptés, unou deux des parents des enfants immigrés sont en généralprésents et leurs conditions de vie peuvent être précaires parrapport à celle des adoptés.

La répartition d’âge des enfants arrivant en France (EAF) estégalement très variable : en 2010 les enfants adoptés àl’étranger étaient âgés de 0 à 1 an dans 20 % des cas, de 1 à 2 anspour 23 %, de 2 à 5 ans pour 35 % et plus de 5 ans [1] pour 22 %d’entre eux.

Les données disponibles du site de l’Organisation mondialede la santé (OMS) [1] sur les politiques vaccinales diffèrentbeaucoup d’un pays à l’autre et des recommandationsvaccinales françaises (Tableau 1). Les vaccinations Haemophilusinfluenzae de type b et pneumocoque ne sont pas encore unepriorité et sont rarement réalisées dans les pays en voie dedéveloppement (PED). La vaccination poliomyélite par voieorale est encore d’usage dans les PED. Les schémas etintervalles d’administration entre les vaccins diffèrent égale-ment. Ainsi en Chine, en Algérie ou en Russie pour des raisonsd’optimisation de la couverture vaccinale, la vaccinationhépatite B commence dès la naissance. Les vaccinationsrougeole, rubéole ou oreillons ne sont pas toujoursrecommandées conjointement posant le problème de ladisponibilité des vaccins combinés.

Les EAF constituent une population importante ethétérogène. Les origines, les âges des enfants, les incertitudesquant à leurs antécédents médicaux ou leurs conditions de viefont qu’une évaluation médicale complète est nécessaire. LesEAF sont potentiellement porteurs de maladies non détectéesou muettes dans le pays d’origine et qui peuvent compromettre

leur développement et affecter leur nouvel entourage. Enoutre, leur statut vaccinal est le plus souvent incomplet,incertain, voire inconnu. Or, ces éléments dépendent en grandepartie de l’origine géographique et de l’âge de l’enfant. La mise à

Tableau 1Quelques exemples de vaccinations recommandées selon le pays chez l’enfant de moins de 15 ans (d’après les données disponibles sur le site de l’OMS [3]).

France [7] Chine Russie Haïti Éthiopie Algérie

IPV 2, 4, 11 mois6, 11–13 ans

– 3 ; 4,5 ; 6 mois – – –

OPV – 2, 3, 4 mois4 ans

18, 20 mois14 ans

< 15 jours6, 10, 14 semaines

6, 10, 14 semaines Naissance, 3, 4, 5,18 mois6 ans

RROa 12, 16–18 mois 8, 18 mois 12 mois6 ans

9 mois 9 mois 9 mois6 ans

Hépatite B 2, 4, 11 mois Naissance,1, 6 mois

Naissance,3, 6 mois

– 6, 10, 14 semaines Naissance, 1, 5 mois

Pneumocoque 2, 4, 11 mois – – – – –Hib 2, 4, 11 mois – – – 6, 10, 14 semaines 3, 4, 5, 18 moisBCG Naissance–15 ansb Naissance 3 jours

7, 14 ansNaissance Naissance Naissance

IPV : Inactivated Polio Vaccine ; OPV : Oral Polio Vaccine ; RRO : rougeole, rubéole, oreillons ; BCG : bacille de Calmette et Guérin.a Rougeole-rubéole à 8 mois en Chine ; rougeole, oreillons, rubéole, rougeole-oreillons, ou RRO en Russie ; rougeole-rubéole à Haïti ; rougeole en Éthiopie ;

rougeole en Algérie.b Vaccination recommandée chez l’enfant à risque.

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jour du calendrier vaccinal est donc un objectif prioritaire dansla prise en charge médicale.

L’adoption internationale ou l’immigration d’enfants sontdes faits de société incontournable et la plupart des médecinssont amenés un jour à voir en consultation un EAF. Le bilan devaccination d’un enfant nouvellement arrivé dans notre pays estcomplexe et doit être adapté à son pays d’origine. La grandevariété des situations individuelles rend difficile le choix derègles rigides et systématiques pour décider d’un éventuelrattrapage vaccinal. La présente synthèse propose une mise aupoint pour la mise à jour des vaccinations de l’enfant arrivant del’étranger (adopté, réfugié, ou migrant).

2. CONDUITE À TENIR À L’ARRIVÉE DEL’ENFANT EN FRANCE ET VÉRIFICATION DUSTATUT VACCINAL

La prise en charge et mise à jour du calendrier vaccinaldoivent être spécifiques de l’enfant vu en consultation.

Un certain nombre de questions sont à se poser à lapremière consultation de l’EAF :� quels vaccins a-t-il reçu ? Pour cela, plusieurs paramètres sont

à prendre en compte : (i) l’âge de l’enfant guide le calendriervaccinal optimal à proposer, mais un certain nombred’injections vaccinales pourront ne pas être réalisées sil’adoption n’est pas précoce. En effet, l’incidence de la maladiediminue avec l’âge en raison de la maturation du systèmeimmunitaire qui permet, en l’absence de vaccinationantérieure, de réduire le nombre des injections pourcertaines valences ; (ii) politique vaccinale de son paysd’origine et carnet de vaccination : la connaissance ducalendrier vaccinal d’origine ne permet pas de connaître aveccertitude le statut vaccinal de l’enfant, du fait d’un niveauéconomique parfois faible. Seules les vaccinations inscritessur des documents nationaux ou internationaux et compor-tant les noms des vaccins et les dates d’administrationdoivent être considérées comme des preuves de vaccinations

antérieures. Il faut par ailleurs tenir compte de possiblescarnets ou certificats de vaccination de complaisance.Notons qu’en France il est possible de se procurer uncarnet de santé auprès des conseils généraux ou des PMI(Protection Maternelle et Infantile) ;� quels vaccins aurait-il dû avoir reçu compte tenu de son âge

en France ? La mise à jour du calendrier de vaccination d’unenfant doit se faire en fonction des recommandationsvaccinales françaises, qui vont servir de référence, et desvaccinations déjà reçues par l’enfant.Plusieurs éléments du bilan de l’EAF en rapport avec la

vaccination sont à réaliser [1–9] :� bilan clinique : état général, croissance, ATCD de maladies

infantiles (enfants de migrants), cicatrice de BCG. . . ;� dépistage de l’hépatite B (antigène HBs et anticorps anti-

HBs), radiographie du thorax et une IDR (intradermoréac-tion) à la tuberculine (cf. ci-dessous) ;� prendre connaissance des carnets de vaccination étrangers

n’est pas toujours simple. Les dénominations internationaleset françaises ne sont pas toujours les mêmes. Le piège le plusclassique pour les vaccinateurs français est le P de DTP, quine correspond pas à la poliomyélite, mais à Pertussis(coqueluche). Les termes MMR (measle, mumps, rubella),Triple viral ou SRP (sarampión, rubéola y paperas) corres-pondent en français au RRO (rougeole, rubéole, oreillons).L’OPV (Oral Polio Vaccine) ou le terme Salk correspondentau vaccin poliomyélite oral alors que l’IPV (Inactivated PolioVaccine) ou Sabin correspond au vaccin poliomyéliteinjectable ;� dosages d’anticorps si besoin plus souvent pour le grand

enfant qui plus souvent sera immunisé en fonction des annéeset de son environnement passés dans le pays d’origine.Les règles de rattrapage vaccinal à suivre sont les suivantes :

� adapter le schéma vaccinal selon les vaccins déjà reçus et l’âge(il n’y a pas d’inconvénient à administrer un vaccin RRO,Haemophilus influenzae de type b, hépatite B ou poliomyélite àune personne éventuellement déjà immune) [5] ;

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� respecter les intervalles optimaux entre les doses et selon letype de vaccins et choisir les combinaisons de vaccin les plusadaptées. Au final, le calcul est le suivant : dosesmanquantes = doses recommandées � doses reçues.

La mise à jour des vaccinations sera donc effectuée enfonction du bilan. Plusieurs situations sont possibles : l’enfantpeut ne jamais ou incomplètement avoir été vacciné, ou sonstatut vaccinal est incertain ou inconnu. La conduite à tenir entermes de rattrapage vaccinal sera à adapter au cas par cas.

3. RATTRAPAGE DES VACCINATIONS

La mise à jour du calendrier de vaccination d’un enfantarrivant de l’étranger doit se faire en fonction des recomman-dations vaccinales françaises, qui vont servir de référence, etdes vaccinations déjà reçues par l’enfant. Le praticien peuts’aider de l’interrogatoire, des documents accompagnantl’enfant, de l’examen clinique (cicatrices de bacille de Calmetteet Guérin [BCG]), du site Internet de l’OMS [3], éventuelle-ment de quelques dosages d’anticorps simples à réaliser.

Pour le rattrapage des vaccinations chez les enfantssupposés non encore vaccinés, le Tableau 2 présente leschéma de rattrapage en fonction de l’âge de l’enfant jamaisvacciné pour les aligner sur le calendrier vaccinal français.

Pour le rattrapage des vaccinations en retard chez l’enfantdont la vaccination avait été commencée : compléter lavaccination et lui administrer le nombre de doses qu’il devrait

Tableau 2Calendrier de rattrapage en 2013 en France des vaccinations recommandées de ba2013).

Âge des personnes jamaisvaccinéesVaccins contre

Personnes concernées Schémaminimu

1–5 ansDiphtérie (D), tétanos (T), PolioCoqueluche acellulaire (Ca)

Tous 0, 2 mo

Haemophilus influenzae b (Hib) Tous

Hépatite B Tous 0, 1 ouMéningocoque C (vaccin conjugué) Tous

Pneumocoque (vaccin conjugué) Enfants âgés de12 à 23 mois

0, 2 mo2 mois

Rougeole (R), Rubéole (R), Oreillons (O) Tous 0, 1 mo

6–10 ansD T PolioCoqueluche acellulaire (Ca)

Tous 0, 2 mo

Hépatite B Tous 0, 1 ouMéningocoque C (conjugué) Tous

R R O Tous 0, 1 mo

11–15 ansD T PolioCoqueluche acellulaire (Ca)

Tous 0, 2 mo

Hépatite B Tous 0, 6 moMéningocoque C (conjugué) Tous

Papillomavirus (HPV) Toute jeune fille de14 à 15 ans selon critères

0, 1 ou

R R O Tous 0, 1 mo

dTPolio : vaccin combiné diphtérie, tétanos, poliomyélite avec une charge réduite d’anat

coqueluche avec des doses réduites d’anatoxine diphtérique (d) et d’antigènes coquelucheu

avoir reçues en fonction de son âge et en respectant lesintervalles d’injection recommandés selon le calendrier vaccinalfrançais.

Un problème fréquemment rencontré dans le cadre del’adoption internationale est celui des enfants dont le statutvaccinal est incertain ou inconnu : procéder comme si nonvacciné et s’aider de certaines sérologies (hépatite B surtout)en fonction de l’âge.

3.1. Conduite à tenir en fonction de la maladieprévenue par la vaccination

3.1.1. Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche(DTCaP)

La diphtérie est présente partout dans le monde, bien qu’ellesoit devenue rare dans les pays industrialisés, où le vaccin estdepuis longtemps utilisé de manière systématique. Le tétanospeut survenir n’importe où dans le monde, une plaie souilléeétant la porte d’entrée potentielle du germe. On a bienprogressé sur la voie de l’éradication de la poliomyélite àl’échelle mondiale. En 2009, on ne compte plus que quatre paysoù la transmission de poliovirus sauvages autochtones n’ajamais été interrompue : l’Afghanistan, l’Inde, le Nigéria et lePakistan. L’OMS estime qu’environ 17,6 millions de cas decoqueluche se sont produits dans le monde en 2003, dont 90 %dans les pays en développement, et quelque 279 000 casmortels [6].

se pour les enfants de 1 à 15 ans jamais vaccinés (d’après le calendrier vaccinal

s de vaccination et délaism entre les doses

Rappel suivant Nombre totalde doses

is, 8–12 mois 6–7 ans (ou � 2 ans aprèsle premier rappel)

4

1 2 mois, 6 mois 3

1is (intervalle d’au moinsentre les 2 doses)

2

is 2

is, 8–12 mois 11–13 ans (ou � 2 ans aprèsle premier rappel)

4

2 mois, 6 mois 31

is 2

is, 8–12 mois A 25 ans: dTPolio dont unefois avec 1 dose dTcaPolio

4

is 21

2 mois, 6 mois 3

is 2

oxine diphtérique (d) ; dTcaPolio : vaccin combiné diphtérie, tétanos, poliomyélite et

x (ca).

Mois 0 : 1 dose DTCa P

Moi s 1 : tit rage d es anti cor ps té taniques

Répons e i mmun itai re fa ible : < 1 UI / ml Ré pons e i mmun itai re fort e : > 1 UI / ml

Enfant prob able ment ja mais vac ciné :

schéma vacc inal à complét er

Enfant sûrement vacciné :

schéma vacc inal comple t

Fig. 2. Arbre décisionnel de la mise à jour de la vaccination DTCaP chez un enfant ayant reçu au préalable une dose de DTCaP (d’après le Guide des vaccinations2012 [5]).

J.-V. de Monléon et al. / Archives de pédiatrie 21 (2014) 329–334 333

Chez un enfant jamais vacciné, il convient de se référer auTableau 2 [7]. En cas de doute sur la réalité d’une série vaccinaleantérieure, il peut être intéressant d’administrer une premièredose de vaccin DTCaP et de titrer ensuite, un mois plus tard, lesanticorps tétaniques (se référer à l’arbre décisionnel, Fig. 2). Enfonction du résultat de la sérologie, le schéma vaccinal del’enfant sera ou non poursuivi. Pour les adolescents, il estpréférable d’utiliser, en cas de doute sur une vaccinationantérieure, un vaccin combiné diphtérie-tétanos-poliomyélitesous-dosé en anatoxine diphtérique (d). Il n’y a pasd’inconvénient à administrer un vaccin poliomyélite à unepersonne éventuellement déjà immune [5].

3.1.2. Rougeole, rubéole, oreillons (RRO)Dans la plupart des régions du monde, l’incidence annuelle

des oreillons est comprise entre 100 et 1000 cas pour100 000 habitants, avec des pics épidémiques tous les 2 à 5 ans.La rubéole est quant à elle présente dans le monde entier. Larougeole est présente partout dans le monde et suit un cyclesaisonnier [6]. Une épidémie de rougeole sévit en Francedepuis 2008 du fait d’une couverture vaccinale insuffisante [7].

Tous les enfants non encore vaccinés de 2 à 16 ans doiventrecevoir 2 doses de vaccin rougeole-oreillons-rubéole, à aumoins 1 mois d’intervalle. Il n’y a pas d’inconvénient àadministrer un vaccin RRO à une personne éventuellement déjàimmune [5–7].

3.1.3. TuberculoseBien que présente dans le monde entier, le risque de

contamination par tuberculose dans le monde varie selon lespays. Selon l’OMS, les zones géographiques à forte incidencesont l’Afrique, l’Asie, les pays d’Europe de l’Est et certains paysde l’Union européenne [7].

Le premier réflexe pour la recherche d’une éventuellevaccination antérieure contre la tuberculose est de regarderlors de l’examen clinique s’il existe une cicatrice cutanée deBCG. Les enfants arrivant de l’étranger sont majoritairementexposés à un risque élevé de tuberculose.

Pour les enfants exposés à un risque élevé de tuberculose,la vaccination par le vaccin BCG est recommandée dès la

naissance. La vaccination ne s’applique qu’aux personnes ayantune intradermoréaction (IDR) à la tuberculine négative. Lesnourrissons de moins de 3 mois sont vaccinés par le BCG sanstest tuberculinique préalable. Au-delà de l’âge de 3 mois, lavaccination est à faire en fonction des résultats de l’IDR [7]. Lalecture de l’IDR se fait entre la 48e à la 72e heure. La rougeurisolée n’a aucune valeur. Il est nécessaire de mesurer, enmillimètres, l’induration palpable provoquée par la tuberculineet décrire la réaction locale. Un diamètre d’indurationsupérieur ou égal à 5 mm est le témoin d’une réaction positive.Toute positivation de l’IDR chez un enfant non vacciné ou touteaugmentation d’au moins 10 mm du diamètre de l’indurationpar rapport à une IDR antérieure chez un enfant vacciné imposedes investigations complémentaires, à la recherche d’unetuberculose infection ou d’une tuberculose maladie [5].

3.1.4. Hépatite BL’hépatite B est présente dans le monde entier, mais avec

des niveaux d’endémicité différents. Les enfants adoptés sontquasiment tous originaires de pays de moyenne à forteprévalence. L’hépatite B est très répandue dans toute l’Asie etl’Afrique [8].

En l’absence de vaccination chez l’enfant, 3 injections sont àfaire avec un intervalle d’au moins un mois entre la 1re et la 2e

injection, et un intervalle compris entre 5 et 12 mois entre la 2e

et la 3e injection. Pour les enfants âgés de 11 à 15 ans révolusnon antérieurement vaccinés, il convient de faire (i) soit leschéma classique à 3 doses, (ii) soit un schéma à 2 doses avec undes deux vaccins ayant l’autorisation de mise sur le marché(AMM) pour cette indication en respectant un intervalle de6 mois entre les 2 doses et, en l’absence de risque élevéd’infection par le virus de l’hépatite B dans les 6 mois quiséparent les 2 injections [7]. Il n’y a pas d’inconvénient àadministrer un vaccin hépatite B à une personne éventuelle-ment déjà immune [5].

3.1.5. Haemophilus influenzae de type bRare avant 3 mois et après 5 ans, la morbidité atteint un

maximum chez les enfants de 4 à 18 mois. Selon l’OMS,l’incidence annuelle estimée dans les pays en développement

J.-V. de Monléon et al. / Archives de pédiatrie 21 (2014) 329–334334

des cas de pneumonies liées à Haemophilus influenzae de type best de 2 ou 3 millions. L’incidence de cette maladie est faibledans les pays où les enfants sont systématiquement vaccinés [6].

La vaccination contre l’Haemophilus influenzae de type b estrecommandée en rattrapage pour les enfants non vaccinésjusqu’à l’âge de 5 ans par un vaccin monovalent ou combiné.Entre 6 et 12 mois, 2 doses et un rappel seront à réaliser. Au-delà de 12 mois et jusqu’à 5 ans, une seule dose est à faire [7]. Iln’y a pas d’inconvénient à administrer un vaccin Haemophilusinfluenzae de type b à une personne éventuellement déjàimmune [5].

3.1.6. PneumocoqueLes infections pneumococciques sont une cause importante

de morbidité et de mortalité partout dans le monde. En 2005,l’OMS estimait à 1,6 millions le nombre annuel de décès dus auxpneumocoques, dont 0,7 à 1 million chez des enfants de moinsde 5 ans [6].

La vaccination pneumocoque est recommandée pourl’ensemble des enfants non vaccinés jusqu’à l’âge de 2 ans.Les enfants âgés de 2 à 6 mois recevront 1 dose de vaccinconjugué 13-valent à 2 mois et à 4 mois avec une dose de rappelà 11 mois. Les enfants âgés de 7 à 11 mois non vaccinésantérieurement recevront 2 doses de vaccin conjugué 13-valent à 2 mois d’intervalle et une dose de rappel un an plustard. Les enfants âgés de 12 à 23 mois non vaccinésantérieurement recevront 2 doses de vaccin conjugué 13-valent à au moins 2 mois d’intervalle [7].

3.1.7. MéningocoqueDes cas sporadiques de méningococcie sont observés

partout dans le monde.La vaccination systématique avec 1 seule dose de vaccin

méningococcique C conjugué est recommandée en France cheztous les nourrissons à 12 mois avec un rattrapage jusqu’à l’âgede 24 ans [7].

3.1.8. Hépatite ALa plupart des enfants venant de l’étranger sont originaires

de pays à forte endémie. En cas de symptôme, il est parfoisnécessaire de demander une sérologie à l’arrivée, mais il fautsurtout suggérer aux parents adoptants de se faire vaccinerainsi que la fratrie le cas échéant. En effet, en présence d’un casd’hépatite A confirmé, la vaccination hépatite A est recom-mandée dans l’entourage familial, afin d’éviter une dissémina-tion intrafamiliale ou dans des communautés de vie en situationd’hygiène précaire. Le schéma vaccinal se compose d’uneinjection de vaccin avec une seconde dose 6 à 12 mois plus tard[7].

3.1.9. VaricelleLa varicelle est présente dans le monde entier. Par contre la

prévalence en milieu tropical est faible. La vaccination contrela varicelle est recommandée chez les adolescents de 12 à 18 ans

n’ayant pas d’antécédent clinique de varicelle ou dont l’histoireest douteuse. Deux doses avec un intervalle d’au moins un moisentre la première et la deuxième dose sont recommandées enFrance [7]. Une sérologie pré-vaccinale varicelle peut êtrejustifiée chez le grand enfant ou l’adolescent arrivant en France.

4. CONCLUSION

Le nombre important d’enfants arrivant de l’étranger (EAF)rend nécessaire une bonne connaissance de la prise en chargede leur santé, en particulier pour la mise à jour des vaccinations.Il est important pour le praticien de faire le point sur lesvaccinations déjà reçues avant l’arrivée en France et au besoinde les compléter selon le calendrier vaccinal français en vigueur.Du fait de l’hétérogénéité de cette population (âge, géogra-phie), il n’est pas toujours simple de faire un bilan vaccinal fiableet complet. Certains d’entre eux n’ont jamais été vaccinés alorsque d’autres ont un statut vaccinal incertain ou inconnu. L’âgede l’enfant, son pays d’origine et certaines sérologies pré-vaccinales sont les éléments décisifs dans la re-conduite desvaccinations utiles. Le nivellement rapide de la couverturevaccinale des EAF selon les recommandations françaises resteessentiel pour les protéger et prévenir d’éventuelles boufféesépidémiques au sein de leur nouvel environnement.

DÉCLARATION D’INTÉRÊTS

Travail réalisé dans le cadre d’Avancées Vaccinales, grouped’experts en vaccinologie soutenu financièrement par SanofiPasteur MSD.

RÉFÉRENCES

[1] Ministère des affaires étrangères et européennes. Statistiques de l’adoptioninternationale; 2010, http://www.diplomatie.gouv.fr.

[2] Institut national de la statistique et des études économiques. Répartitiondes immigrations par pays de naissance; 2008, http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=immigrespaysnais.

[3] World Health Organization. WHO Vaccine Preventable DiseasesMonitoring System; 2011, Global summary. http://apps.who.int/immunization_monitoring/en/globalsummary/countryprofileselect.cfm.

[4] Ministère des affaires étrangères et européennes. Santé de l’enfant adopté;2011, http://www.diplomatie.gouv.fr.

[5] Direction générale de la santé, Comité technique des vaccinations, Institutnational de prévention et d’éducation pour la santé. Guide des vaccinations,4e éd., 2012, www.sante.gouv.fr.

[6] World Health Organization. Édition 2011 des recommandations de l’OMSpour les voyages internationaux. Voyages internationaux et santé. Chapitre6. Maladies évitables par la vaccination et vaccins; 2011, P100-54, http://www.who.int/ith/chapters/fr/index.html.

[7] Le calendrier des vaccinations et les recommandations vaccinales2013 selon l’avis du Haut Conseil de Santé Publique. BEH2013;14–15:129–58.

[8] Chalvignac C, Marchou B, Mas E. Bilan médical des enfants adoptés àl’étranger. Rev Prat 2010;60(9):1199–203.

[9] De Truchis A, Foucaud P. La santé des enfants adoptés. Med Ther Pediatr2010;13(3):213–9.