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A2 revue neurologique 168 (2012) A1–A3 et rétractions articulaires sont encore trop souvent diagnosti- qués tardivement. Ces quelques situations peuvent constituer pour le clinicien, autant de pièges que la connaissance de la variabilité clinique de ces affections, l’étude précise des antécédents personnels et familiaux et des symptômes présentés par l’enfant et sur- tout un examen clinique complet, permettront d’éviter. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.436 CO57 Diagnostic devant une hyperCkémie P. Sabouraud a , F. Rivier b a Pédiatrie A, centre de référence maladies neuromusculaires, CHU de Reims, 51092 Reims, France b U1046 Inserm, Neuropédiatrie, centre de référence maladies neuromusculaires, université Montpellier 1, CHRU de Montpellier, 34295 Montpellier, France Mots clés : CPK ; Myopathies metaboliques ; Dystrophies musculaires La démarche diagnostique devant une hyperCKémie de l’enfant est orientée par les circonstances de découverte, par le caractère aigu, isolé ou récidivant, ou plutôt chronique. Dans le bilan d’une suspicion d’atteinte du système nerveux périphérique, l’existence ou non d’une hyperCKémie est un élément orientant vers une myopathie. Mais les pièges sont nombreux : considérer qu’en absence de CPK élevées, il n’y a pas de myopathie ; considérer que puisque les CPK sont éle- vées, il y a forcément une myopathie alors que, par exemple, les amyotrophies spinales infantiles s’accompagnent de CPK pouvant aller jusqu’à 1000 UI/L ; ne pas doser les CPK car le tableau prédominant est celui d’une atteinte centrale (ex : difficultés de langage chez un garc ¸ on à 3 ans révélant une dys- trophie musculaire de Duchenne ; encéphalopathie chez un nourrisson secondaire à une dystrophie musculaire congéni- tale). La découverte inopinée ou dans un contexte aigu d’une hyper- CKémie (rhabdomyolyse) est une situation de plus en plus fréquente en pratique pédiatrique, et il faut alors évoquer sys- tématiquement la possibilité d’une myopathie métabolique ou d’une dystrophie musculaire. Typiquement ces 2tableaux sont bien différents. En faveur de la myopathie métabolique, on retiendra des circonstances déclenchantes particulières notamment un état de jeune fébrile, le caractère récidivant et non isolé ou chronique, des anomalies à l’étude des acyl- carnitines plasmatiques ou de la chromatographie des acides organiques urinaires.. La persistance d’une hyperCKémie sur un mode chronique sur plusieurs dosages effectués à 1 mois d’intervalle, des signes subtiles d’atteinte musculaire non repérés jusque-là (fatigabilité anormale, chutes fréquentes, démarche digitigrade, ébauche de signe de Gowers, discrète hyperlordose...), orientent vers une dystrophie musculaire. Les pièges sont fréquents et il est indispensable d’avoir une démarche diagnostique rigoureuse conduisant très souvent à la réalisation d’une biopsie musculaire pour des analyses à la fois ciblées et complètes à partir d’un centre de référence. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.437 CO58 Muscle et cerveau à égalité dans les dystrophies musculaires congénitales S. Quijano-Roy Pédiatrie, Raymond-Poincaré, 92380 Garches, France Mots clés : Dystrophies musculaires congénitales ; Déficit en mérosine ; Dystroglycanopathies Les dystrophies musculaires congénitales (DMC) sont un groupe hétérogène de myopathies rares héréditaires. Il existe de formes associant une atteinte du système nerveux cen- tral, soit avec une anomalie isolée de la substance blanche sans déficit intellectuel (DMC avec déficit primaire en méro- sine), soit constituant des tableaux plus complexes avec retard mental et des malformations cérébrales et ou du cervelet (dystroglycanopathies). Le marqueur diagnostique commune à toutes ces DMCs « cerebrales » est la présence d’une augmen- tation des enzymes musculaires (CK). Cette augmentation aide souvent le clinicien à détecter la présence d’une atteinte musculaire chez des patients avec un tableau éminemment neurologique central (c’est le cas des dystroglycanopathies avec lissencephalie). Chez les patients sans retard men- tal, l’augmentation des enzymes musculaires oriente aussi le diagnostic, cette fois vers des dystroglycanopathies sans malformation cérébrale ou vers la forme de DMC mérosine négative. Toutes les formes de DMC avec atteinte du système nerveux centrale sont de transmission autosomique récessive. Le déficit primaire en mérosine est la forme de DMC la plus fréquente et est due à des mutations dans le gène LAMA2. Le tableau est caractérisé par l’absence de l’acquisition de la marche, le développent des rétractions articulaires mul- tiples chez un enfant intelligent, mais pouvant associer des convulsions. Concernant les dystroglycanopathies, sept gènes différents ont été identifiés (FKTN, FKRP, POMT1, POMT2, POM- GnT1, LARGE, ADG), pouvant un gène être responsable de différents phénotypes. Certains syndromes sont observés sur- tout dans certaines populations (DMC de Fukuyama au Japon, Muscle-Eye-Brain disease (MEB) en Finlande), mais le spectre de phénotypes est beaucoup plus large, avec des cas de lis- sencéphalie, létales dans les premiers ans de vie (syndrome de Walker Warburg), d’autres avec retard mental et anomalies isolées du cervelet, d’autres sans anomalie à l’IRM cérébrale et même des cas avec hyper CKèmie isolée. doi:10.1016/j.neurol.2012.01.438 CO59 Maladie de Steinert chez l’enfant : l’atteinte cérébrale au premier plan B. Échenne Neuropédiatrie, centre de référence des maladies neuromusculaires, hôpital Gui-de-Chauliac, 80, avenue Augustin-Fliche, 34295 Montpellier, France Mots clés : Dystrophie myotonique ; Enfant ; Système nerveux central Introduction.– Quel que soit l’âge auquel se révèle la maladie chez l’enfant (formes congénitales, infantiles précoces et tar- dives, et même dans certaines formes juvéniles), la dystrophie myotonique de type I est d’abord une maladie du SNC. Objectifs.– Sensibiliser les praticiens à la sémiologie révéla- trice souvent trompeuse, non spécifique, et mal connue, de la maladie de Steinert chez l’enfant. Méthodes.– Cette étude repose sur l’analyse et le suivi sur plu- sieurs années, de 41 cas personnels et sur les données récentes de la littérature. Résultats.– En dehors des caractéristiques cliniques bien connues désormais des formes congénitales, les signes révé- lateurs de la maladie, quel que soit l’âge, témoignent d’un dysfonctionnement du SNC qui peut se traduire de fac ¸ on très diverse: retard des acquisitions, retard de langage, venant le plus souvent révéler des difficultés intellectuelles qui se tra- duiront ultérieurement par des difficultés scolaires isolées,

Muscle et cerveau à égalité dans les dystrophies musculaires congénitales

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A2 r e v u e n e u r o l o g i q

et rétractions articulaires sont encore trop souvent diagnosti-qués tardivement.Ces quelques situations peuvent constituer pour le clinicien,autant de pièges que la connaissance de la variabilité cliniquede ces affections, l’étude précise des antécédents personnelset familiaux et des symptômes présentés par l’enfant et sur-tout un examen clinique complet, permettront d’éviter.

doi:10.1016/j.neurol.2012.01.436

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Diagnostic devant une hyperCkémieP. Sabouraud a, F. Rivier b

a Pédiatrie A, centre de référence maladies neuromusculaires, CHUde Reims, 51092 Reims, Franceb U1046 Inserm, Neuropédiatrie, centre de référence maladiesneuromusculaires, université Montpellier 1, CHRU de Montpellier,34295 Montpellier, France

Mots clés : CPK ; Myopathies metaboliques ; DystrophiesmusculairesLa démarche diagnostique devant une hyperCKémie del’enfant est orientée par les circonstances de découverte, parle caractère aigu, isolé ou récidivant, ou plutôt chronique.Dans le bilan d’une suspicion d’atteinte du système nerveuxpériphérique, l’existence ou non d’une hyperCKémie est unélément orientant vers une myopathie. Mais les pièges sontnombreux : considérer qu’en absence de CPK élevées, il n’y apas de myopathie ; considérer que puisque les CPK sont éle-vées, il y a forcément une myopathie alors que, par exemple,les amyotrophies spinales infantiles s’accompagnent de CPKpouvant aller jusqu’à 1000 UI/L ; ne pas doser les CPK car letableau prédominant est celui d’une atteinte centrale (ex :difficultés de langage chez un garcon à 3 ans révélant une dys-trophie musculaire de Duchenne ; encéphalopathie chez unnourrisson secondaire à une dystrophie musculaire congéni-tale).La découverte inopinée ou dans un contexte aigu d’une hyper-CKémie (rhabdomyolyse) est une situation de plus en plusfréquente en pratique pédiatrique, et il faut alors évoquer sys-tématiquement la possibilité d’une myopathie métaboliqueou d’une dystrophie musculaire. Typiquement ces 2 tableauxsont bien différents. En faveur de la myopathie métabolique,on retiendra des circonstances déclenchantes particulièresnotamment un état de jeune fébrile, le caractère récidivantet non isolé ou chronique, des anomalies à l’étude des acyl-carnitines plasmatiques ou de la chromatographie des acidesorganiques urinaires.. La persistance d’une hyperCKémie surun mode chronique sur plusieurs dosages effectués à 1 moisd’intervalle, des signes subtiles d’atteinte musculaire nonrepérés jusque-là (fatigabilité anormale, chutes fréquentes,démarche digitigrade, ébauche de signe de Gowers, discrètehyperlordose. . .), orientent vers une dystrophie musculaire.Les pièges sont fréquents et il est indispensable d’avoir unedémarche diagnostique rigoureuse conduisant très souvent àla réalisation d’une biopsie musculaire pour des analyses à lafois ciblées et complètes à partir d’un centre de référence.

doi:10.1016/j.neurol.2012.01.437

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Muscle et cerveau à égalité dans les dystrophiesmusculaires congénitales

S. Quijano-RoyPédiatrie, Raymond-Poincaré, 92380 Garches, France

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Mots clés : Dystrophies musculaires congénitales ; Déficit enmérosine ; DystroglycanopathiesLes dystrophies musculaires congénitales (DMC) sont ungroupe hétérogène de myopathies rares héréditaires. Il existede formes associant une atteinte du système nerveux cen-tral, soit avec une anomalie isolée de la substance blanchesans déficit intellectuel (DMC avec déficit primaire en méro-sine), soit constituant des tableaux plus complexes avec retardmental et des malformations cérébrales et ou du cervelet(dystroglycanopathies). Le marqueur diagnostique communeà toutes ces DMCs « cerebrales » est la présence d’une augmen-tation des enzymes musculaires (CK). Cette augmentationaide souvent le clinicien à détecter la présence d’une atteintemusculaire chez des patients avec un tableau éminemmentneurologique central (c’est le cas des dystroglycanopathiesavec lissencephalie). Chez les patients sans retard men-tal, l’augmentation des enzymes musculaires oriente aussile diagnostic, cette fois vers des dystroglycanopathies sansmalformation cérébrale ou vers la forme de DMC mérosinenégative. Toutes les formes de DMC avec atteinte du systèmenerveux centrale sont de transmission autosomique récessive.Le déficit primaire en mérosine est la forme de DMC la plusfréquente et est due à des mutations dans le gène LAMA2.Le tableau est caractérisé par l’absence de l’acquisition dela marche, le développent des rétractions articulaires mul-tiples chez un enfant intelligent, mais pouvant associer desconvulsions. Concernant les dystroglycanopathies, sept gènesdifférents ont été identifiés (FKTN, FKRP, POMT1, POMT2, POM-GnT1, LARGE, ADG), pouvant un gène être responsable dedifférents phénotypes. Certains syndromes sont observés sur-tout dans certaines populations (DMC de Fukuyama au Japon,Muscle-Eye-Brain disease (MEB) en Finlande), mais le spectrede phénotypes est beaucoup plus large, avec des cas de lis-sencéphalie, létales dans les premiers ans de vie (syndromede Walker Warburg), d’autres avec retard mental et anomaliesisolées du cervelet, d’autres sans anomalie à l’IRM cérébraleet même des cas avec hyper CKèmie isolée.

doi:10.1016/j.neurol.2012.01.438

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Maladie de Steinert chez l’enfant : l’atteintecérébrale au premier planB. ÉchenneNeuropédiatrie, centre de référence des maladies neuromusculaires,hôpital Gui-de-Chauliac, 80, avenue Augustin-Fliche, 34295Montpellier, France

Mots clés : Dystrophie myotonique ; Enfant ; Systèmenerveux centralIntroduction.– Quel que soit l’âge auquel se révèle la maladiechez l’enfant (formes congénitales, infantiles précoces et tar-dives, et même dans certaines formes juvéniles), la dystrophiemyotonique de type I est d’abord une maladie du SNC.Objectifs.– Sensibiliser les praticiens à la sémiologie révéla-trice souvent trompeuse, non spécifique, et mal connue, dela maladie de Steinert chez l’enfant.Méthodes.– Cette étude repose sur l’analyse et le suivi sur plu-sieurs années, de 41 cas personnels et sur les données récentesde la littérature.Résultats.– En dehors des caractéristiques cliniques bienconnues désormais des formes congénitales, les signes révé-lateurs de la maladie, quel que soit l’âge, témoignent d’un

dysfonctionnement du SNC qui peut se traduire de facon trèsdiverse : retard des acquisitions, retard de langage, venant leplus souvent révéler des difficultés intellectuelles qui se tra-duiront ultérieurement par des difficultés scolaires isolées,