Naisse Ghayath Interview

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Dialogue avec le militant socialiste syrien Ghayath Naisse

Jeudi 29 mars 2012

Il s'est passé plus d'un an depuis que des élèves d'une école deDarâa ont écrit « le peuple veut la chute du régime » jusqu'à ce

que des milliers de martyrs tombent sur le côté d'en face et des

milliers d'autres languissent dans les centres de détention et

souffrent les tortures atroces. Les rues se sont transformées en

terrain de guerre ouvert que traversent les becs des chars et les

balles des tireurs.

Au premier anniversaire du déclenchement de la révolution

syrienne, certains voient que les masses sont capables de mener uncombat féroce contre le gouvernement fasciste et certains parmi

ceux qui soutiennent le camp oriental encouragent le dialogue

entre le pouvoir et l'opposition à l'ombre de l'absence de

perspectives. D'autres parmi ceux qui soutiennent le camp

occidental voient une importance dans l'intervention militaireétrangère pour sauver un peuple qui souffre de l'embargo, de la

famine.

Comment sera la solution à la crise syrienne ? Quel est le futur de

la révolution dans la région ? Pour répondre à ces questions et

pour en savoir plus, nous avons eu cette discussion avec le militantsyrien Ghayath Naisse.

– A la fin du mois de février, le gouvernement syrien a

modifié la constitution. Les plus importantesmodifications furent l'annulation de l'article 8 de la

constitution lié au monopole du parti Baas au pouvoir. Et

un décret a été posé qui accélérer les élections du conseil

du peuple en mai prochain. Dans les deux cas,

l'opposition a appelé à boycotter et à refuser le dialogue.Comment voyez-vous les réformes vis-à-vis de la crise ?



Ce que le gouvernement syrien appelle 'réformes' n'est que

négligence et mépris envers les revendications des masses

révoltées depuis plus d'un an. Au lieu de répondre aux demande de

ces masses qui veulent la liberté par la dignité par des mesuresimmédiates, il n'a fait que tirer à arme vive sur les manifestants

isolées et tuer, agresser, arrêter et détruire les villes. Cela a déplacé

les revendications des masses vers la demande de chute du

gouvernement en entier. Et elles ne renonceront pas à cette

revendication. La nouvelle constitution décidée par la clique au

pouvoir est un document préparé par une commission étroite

collée au régime. Cette constitution a été appliquée par unréférendum qui a eu lieu pendant que l'armée syrienne envahissait

les villes syriennes révoltées comme Hamas, Homs, Dir el Zour, la province de Dama..Cette constitution ne répond pas au minimum

des revendications de la révolution ; car l'article 8 de l'ancienne

constitution qui impose la direction du parti Baas au pouvoir 'de la

société et de l'Etat' est tombé dans les faits depuis le premier jour

de la révolution. Le vrai gouverneur de la Syrie n'est pas le partiBaas mais une junte qui contient la famille Al Assad, les

commandants de l'armée et les appareils sécuritaires.

Le gouvernement n'a pas réussi à tromper les masses par ses

histoires amusantes de 'réformes' que les masses avaient

expérimenté depuis plusieurs années pour découvrir rapidementque ces réformes sont fausses et sont des coquilles vides. Le

gouvernement avait déclaré l'annulation de la loi d'urgence audébut de l'année dernière mais il l'a remplacé par une loi de lutte

contre le terrorisme qui était une loi pire encore que la loi

d'urgence. De même qu'il a déclaré une loi qui 'autorise la

manifestation' alors qu'il est entrain de massacrer jusqu'à la plus

simple forme de manifestation pacifique et que le nombre de

martyrs parmi les manifestants pacifiques dépasse les dizaines de

milliers et plus de 35 mille blessés. C'est un gouvernement qui a

refusé la réforme, et la moindre réforme exige avant tout la chute

de ce gouvernement.



Nous voyons qu'une association fondatrice qui tient sur la base de

la représentativité proportionnelle par les élections libres et dignes

est seule capable de donner les modifications de la constitution

dans le cadre de la marche révolutionnaire.

– Mais certains accusent les protestations syriennes d'être

des complots étrangers qui visent la politique d'inaction

[La Syrie a choisi la passivité à l'égard d'Israël : niattaque et participation dans la guerre contre Israël ni

abandon de cette guerre]. Cela a toujours été le lien entre

l'Iran d'un côté et entre HezbAllah et Hamass de l'autre.

Ces complotistes montrent comme preuve l'isolementpolitique et économique contre le gouvernement syrien

qui arrive en même temps que les menace Israéliennes

contre l'Iran sont de plus en plus fréquents et qu'une

frappe aérienne dans le secteur de Gaza a fait des morts

et des blessés. Comment lisez-vous ces prétentions ?

Prétendre que ce qui se passe en Syrie, c'est pour nous une vrairévolution populaire, serait un complot contre le gouvernement

'inactif' est une insulte pour les sacrifices du peuple révolté enSyrie qui demande la liberté, la dignité et la justice en affrontant la

mort et la destruction perpétrées par le gouvernement despote et

sanguinaire. Ce gouvernement n'hésite pas à mener une guerre

sauvage contre son peuple. Lorsque le gouvernement parle des

complots, c'est pareil que quand il raconte qu'il affronter des bandes armées. Ce sont deux boucliers sur lesquels le

gouvernement sanguinaire s'appuie pour essayer de justifier ses

crimes ignobles contre des manifestants pacifiques.

Cette rumeurs de complot va complètement à l'encontre des

réalités historiques des positions du gouvernement concernant laquestion nationale et régionale comme ses positions envers la

question Palestinienne, le Liban et l'Irak. Une lecture objective desmotifs de sa politique dans ces domaines affirme qu'elle provient

soit de la défense de ses intérêts individuels et privés en tant que



gouvernement de pouvoir dictatorial et en tant que classe

bourgeoise possédante et gouvernante. Au cœur de ses motifs il y

a le fait qu'il tient à intensifier et à mettre en place tous les facteurs

de pouvoir qui lui permette de continuer à gouverner et à rester au

pouvoir qu'il monopolise depuis plus de 40 ans. Le gouvernementsyrien contrôle un pays qui ne possède pas beaucoup de ressources

naturelles comme le pétrole mais qui a la particularité de sa

position géo-stratégique dans la région. Toutes les positions et les

pratiques du gouvernement répondent à sa manie de chercher à

intensifier sa position régionale pour servir ses intérêts et les

intérêts de son maintien au pouvoir. Cela n'a aucun lien avec la

rumeur médiatique et idéologique des appareils de sont pouvoir qui lancent des mensonges disant qu'il est le 'cœur palpitant de

l'arabisme' et le 'premier défenseur de la question Palestinienne etles intérêts nationaux des Etats arabs'. Ce n'est pas le

gouvernement au pouvoir qui protège la résistance, c'est le peuple

syrien qui protège la résistance.

Nous citons quelques preuves : La position d'al Assad le père

[Hafez] qui a retiré l'armée syrienne du golan en 1970 pour laisser seule la résistance palestinienne affronter l'armée du Golan. Des

massacres s'en sont suivi au détriment du peuple palestinien et de

la résistance dans ce qui s'est appelé septembre noir. A l'ombre du

dictateur père [Hafez al Assad], c'est le gouvernement lui-même

qui a envoyé l'armée syrienne en juin 1976 écraser le mouvementnational Libanais avec la bénédiction de l'impérialisme américain

et des pays réactionnaires arabes. C'est le même gouvernement quia isolé et écrasé la résistance Palestinienne à Tripoli en 1983.

N'est-ce pas lui qui lancé l'initiative de la guerre contre les camps

palestiniens au Liban au milieu des années 80 ? Oui c'est lui, le

gouvernement syrien et ses alliés les libanais. C'est ce même

gouvernement encore qui a participé avec ses forces aux côtés des

forces impérialistes à la première guerre du Golfe contre l'Irak. Et

enfin, le front syrien au Golan est le front complètement calme

depuis l'invasion du Golan en 1967.

Concernant son alliance avec l'Iran, le gouvernement tyrannique



s'est tenu au rang de l'Iran dans sa guerre avec le gouvernement de

Saddam Hussein ( dans une contradiction de forme thèses

nationales?]. Il n'a pas fait cela pour des raisons religieuses ou

idéologiques mais pour des raisons de stratégie. En effet, le

gouvernement de Saddam Hussein était une hostilité forte pour lerégime d'El Assad père et constitue une menace pour lui. Il a donc

choisi de se tenir aux côtés de l'Iran de khumaïni contre l'Irak de

Saddam Hussein pour se protéger lui-même.

La relation avec le Hezbollah n'est venue qu'après qu'il ait vidé le

Liban des fotes actives contre lui. Et après que le rôle du

Hezbollah au Liban se soit éclairci car devenu concerné par

l'affrontement contre Israël. Cela s'est reflété dans le renforcementde l'influence régionale du régime el Assad alors que le Hezbollah

a laissé tombé l'intervention dans les affaires du Liban pour lerégime Syrien lors de la période qui précédait le retrait de l'armée

Syrienne du Liban en 2005 à cause de la pression internationale

qui a suivi le meurtre de Rafiq Hariri. Le Hezbollah a crée une

coalition avec Hamas pour compenser la perte de son influence sur

la direction de l'organisation de libération retournée à Gaza et à larive après les négociations d'Oslo et les renonciations ignobles de

l'organisation de libération. Ce qui a permis au régime Syrien de

reprendre la feuille Palestinienne pour renforcer sa position

régionale qui constitue un facteur important de continuation et de

protection de son existence en tant que gouvernement seulement.

•

-A l'ombre de l'hémorragie économique causée parles punitions internationales, des pertes

d’investissements, du début des manifestations dansdes régions de la capitale industrielle Halep, de

l'hémorragie politique de coupure des relations et du

retrait des ambassadeurs, de la poursuite des

divisions contre le pouvoir dont le dernier est le

ministre du pétrole et des divisions des militairescontre l'armée, jusqu'à quelle proportion anticipez-

vous la résistance du régime après un an de



protestations populaires ? Et en quoi cela gage ?

On peut préciser que ce qui distingue le régime dictatorial en Syrie

des autres régimes arabes où il y a eu les changements dans le

cadre des révolutions actuelles comme l'Egypte, la Tunisie, leYémen est que la junte au pouvoir (Al Assad) a construit

l'institution militaire puissante autour de ses personnes et a

renforcé les mécanismes pour garantir la loyauté de ses dirigeants

et a crée un large réseau d'appareils sécuritaires indépendants les

uns des autres. Ce régime a toute la loyauté et le soutien d'une

grande partie de la haute bourgeoisie. Elle est essentiellement

concentrée dans les deux villes de Dama et Halep. Et aussi laloyauté des institutions religieuses officielles de toutes les

religions et confessions.D'un autre côté, le régime dictatorial Syrien se distingue par des

alliés régionaux puissants comme l'Iran, Hezbollah, Russie et

Chine. Ses alliés ne l'ont pas -encore – abandonné contrairement à

ce qui s'est passé avec les autres régimes de pouvoir arabe dans les

pays cités ci-haut. Ses alliés lui donnent le soutien politique,économique et militaire.

Il n'y a pas de toute que l'opposition politique Syrienne connue

dans les médias (surtout le Conseil National Syrien et l'organisme

de coordination nationale pour le changement démocratique) n'ont

pas été à la hauteur des sacrifices des masses révoltées et des défis posés par la révolution. On peut même dire que cette opposition

constitue un fardeau et un handicap dans la marcherévolutionnaires des masses populaires. L'importance de la

formation d'une direction populaire révolutionnaire alternative se

pose avec insistance. Surtout que le régime au pouvoir utilise tous

les types d'armes de guerre et avec une atrocité sans pareil et

inhabituelle pour essayer d'écraser les luttes des masses révoltées.

Malgré les quelques facteurs de puissance du régime cités ci-

dessus, la situation économique est en détérioration aiguë. La

baisse de la valeur de la Lyre Syrienne à plus de la moitié et

l'augmentation astronomique des prix des produits de première



nécessité et l'appauvrissement du marché de certaines bases

comme le diesel, le gaz avec de longues coupures d’électricité...

Sans oublier les larges opérations de licenciements des travailleurs

par la junte qui essaye d'écraser leur capacité de lutte en tant que

classe essentielle dans la lutte révolutionnaire. L'année 2011 a vule licenciement de plus de 100 mille travailleurs selon les comptes

officiels. Mais cela ne tardera pas avant que la classe travailleuse

et les larges catégories de prolétaires ne descendent sur le terrain

de l'activité révolutionnaire pour la chute du régime et l'avance

vers les changements sociaux profonds, en plus des changements

politiques démocratiques demandés.

• -Peut-on considérer que l'exemple du Yémen dans la

transition pacifique est la solution la plus posée, Surtout

après les déclarations d'el Marzouki, président du

gouvernement Tunisien, lors de la conférence des amis de

la Syrie sur les possibilités d'accueil d'el Assad en Tunisie

comme solution à la crise avec la garantie pour el Assad

de ne pas être jugé ? Et aussi à l'ombre de l'existence d'unorganisme de coordination nationale d'opposition qui voit

l'importance de l'existence d'un intermédiaire pour que le

pays ne tombe pas dans le chaos après un départ

précipité ?

Certains parmi ceux qui ont appelé à la solution 'Yéménite'

partaient du principe que le régime reste au pouvoir et qu'ondiscute avec lui et qu'on l'ajuste. Mais je ne pense pas, comme j'ai

expliqué la réalité, que cette solution pourrait se réaliser. La

formation de la junte au pouvoir et la nature du pouvoir politique

Syrien le rend une entité qui refuse les réformes et s'entoure d'un

noyau dur qui est la famille el Assad qui tient la loyauté del'armée, de la sécurité et des relations d'intérêts partagés et

organiques avec la bourgeoisie Syrienne. Cette junte voit quel'abandon de sa tête, c'est à dire le départ de Bachar el Assad

signifie pour elle sa dissolution du pouvoir. Cela explique jusqu'à



un certain point la tendance du régime à se diriger en cas de

danger vers la guerre civile et peut-être vers la guerre

communautaire aussi. C'est à dire que l'équation suivante se pose

toujours : Soit je reste soit tout se détruit. C'est ce qu'écrivent ses

militaires et ses miliciens : El Assad pour toujours ou ladestruction du pays.

• -Comment voyez-vous la solution à la crise par la finde la majorité des initiatives politiques et

l'impossibilité de dialogue entre le pouvoir qui qualifie

le peuple de bandes armées et l'opposition qui a refusé

l'égalité entre la victime et le bourreau ? A côté de celail n'y a pas de démarches sérieuses pour armer

l'armée libre malgré que certains refusent

l'intervention militaire étrangère qui fait face lui aussi

au Veto Chinois et Russe ?

Le phénomène de militaires armés détachés et résistants est

devenu l'un des constituants de la révolution Syrienne. J'ai déjàdécris les divergences et les fissions de cette opposition qui veut

s'emparer d'un pouvoir qu'elle ne possède pas encore. J'ai parlé desliens d'activité de certaines parties de l'opposition avec des pays de

la région ou des plus éloignés qui la soutiennent. Mais l'activité

principale de cette opposition se situe à l'extérieur. C'est une

activité diplomatique, médiatique et télévisuelle. Alors qu'on

trouve que les vraies organisations révolutionnaires qui mènent lemouvement révolutionnaire sont ceux qui agissent à l'intérieur. Je

ne parle pas de l'opposition dont on parle sur les chaînes et dans

les médias. Ce sont de très nombreuses coordinations

révolutionnaires sur le terrain qui se propagent dans toutes les

entreprises et les quartiers. En retour, nous avons remarqué durantles quelques derniers mois l'apparition et le développement de

nouvelles formes populaires révolutionnaires. Nous appelons àencourager et à développer ces formes, ce sont les comités locaux.

Si les coordinations ont pour mission d'organiser et de gérer les



luttes comme les manifestations, les sit-in et les grèves, la mission

des comités locaux est la gestion des affaires quotidiennes des

habitants des régions révoltées. Ce sont deux formes formidables

parmi les formes d'organisation et d'auto-gestion par le bas.

Nous avons appelé à lier ou à fusionner ces deux formesensembles ; Les coordinations du terrain, les comités locaux et la

résistance populaire pour former des organisations d'un pouvoir

alternatif vraiment sur le terrain. Si cela se réalise au niveau

national, la réalisation des objectifs politiques et sociaux de la

révolution Syrienne sera proéminent et ouvrira largement la porte

à la marche révolutionnaire devant la possibilité de construire un

pouvoir des travailleurs et des prolétaires. Cette latence observéedans la révolution Syrienne explique les tentatives des forces

contre-révolutionnaires qui essayent de contenir la révolution oude l'écraser. Non seulement de la part des alliés du régime mais

aussi de la part des forces régionales et internationales contre ce

régime.

–Beaucoup de gens comparent le modèle Libyen qui aconstruit un conseil national à Ben Ghazi pou

contrôler les ports de pétrole et acheter et distribuer

des armes et le conseil national Syrien où a été crée

un bureau militaire indépendant des leaders civils. Il

y a eut plusieurs divisions dans ce conseil national

Syrien, ce qui, selon certains, permet au régime

d'avoir une couverture temporelle appropriée pourécraser la révolution. Dans ces conditions, comment

voyez-vous la capacité de la continuation de la luttede l'armée syrienne librequi s'est dernièrement

imposée et son influence sur la scène ?

La déclaration du 2 octobre 2011 à Istanbul de la formation d'un

conseil national Syrien a été encouragée par des forces régionaleset internationales. Ces forces sont surtout le Quatar, la Turquie et

la France qui répètent le scénario de la Libye. Dès le début, le pari



du conseil était que l'intervention militaire extérieur est imminente

et qu'elle viendra soit pour isoler des régions, soit pour garantir

des routes sécurisées soit par l'intervention directe. Non seulement

le pari du conseil national Syrien ne s'est pas réalisé, mais la

formation de ce conseil fut accompagnée d'un manque ahurissantde démocratie et d'une absence claire de stratégie de changement

de la Syrie qui s'appuie d'abord sur la force du peuple révolté. De

plus, ce conseil est occupé dans des divergences internes autour du

partage des postes et de l'argent. La crainte provoquée par la

présence d'un blog de Frère Musulmans dans ce conseil a conduit

à l'augmentation des divisions et aux indépendances à l'intérieur

de ce conseil. On pourrait dire que la seule raison pour laquelle leconseil tient encore est qu'il est géré par les forces qui le

soutiennent comme le Quatar et la Turquie qui veulent s'ycramponner. Le conseil national a perdu une importante part de

crédibilité et de son influence sur les luttes à l'intérieur de la Syrie.

L'armée Syrienne Libre est un nom général donné aux nombreux

groupes constitués en majorité de soldats détachés et de

révolutionnaires armés comme réponse aux crimes du régime.Malgré ce qui se dit dans les médias concernant la formation d'un

bureau militaire commun de l'armée libre, cette dernière reste des

groupes dispersés sans aucune coordination entre eux. Nous

avions demandé précédemment que l'armée libre soit unie sous

une direction militaire unie et claire qui précise les objectifs del'armée libre en la protection des civils et des manifestants. Nous

avions également demandé à ce que cette direction unie soitengagée à la direction politique de l'armée pour les objectifs de la

révolution Syrienne. Comme j'avais dis dans la réponse

précédente, nous appelons à ce que l'armée libre fusionne dans les

organisations de lutte pour un pouvoir populaire alternatif qui la

reçoivent en tant que résistance populaire aux côtés des

coordinations de terrain et des comités locaux pour arriver à la

formation d'une structure au niveau national.

• -Que dites vous concernant le mouvement



populaire ? Les révolutionnaires ont pu organiser unegrève par six étapes début octobre et plusieurs grèves

durant les mois passés. Mais ces grèves apparaissent

comme des efforts de solidarité avec les quartiers touchés

au lieu d'être des tactiques révolutionnaires organisées àl'ombre des syndicats qui demandent seulement des

réformes et rien d'autre. Comment voyez-vous les

possibilités d'organisation du mouvement populaire et

ensuite son développement ?

Les forces sociales qui font bouger la révolution Syrienne sont les

travailleurs, les prolétaires, les pauvres et les marginalisés. Lesquartiers et les villes enflammées par la révolution et qui

continuent à s'enflammer jusqu'à présent malgré la barbarie et lasauvagerie du régime les quartiers et les villes de la classe

populaire. Puisque cette classe remue la révolution, la révolution

continue. Les classes prolétaires, exploitées et opprimées n'ont

rien à perdre en affrontant le régime tyrannique et l'exploitation et

le pillage si ce n'est perdre ses chaînes.C'est normal que la position des directions syndicales soit

misérable car ce sont des directions liées au régime au pouvoir

depuis plus de 40 ans. Durant toutes ces années, le régime a

monopolisé le travail syndical et politique. Il a interdit et réprimé

toute activité indépendante, surtout venant de la gauche. Il a arrêtéet poussé vers l'exil des milliers de militants de gauche. Et malgré

cela, la Syrie a voit depuis 2006 une augmentation claire des luttesouvrières. La révolution a contribué à former une conscience

politique avancée. Nous assistons depuis un an à la création de

syndicats ouvriers et professionnels indépendants et militants.

Durant les premiers mois de la révolution, la longue absence de

travail politique et syndicale indépendant d'opposition a gêné la

transmission entre générations des expériences et des leçons de

lutte. Mais les masses révolutionnaires a appris durant quelques

mois ce qui qui s'apprend habituellement pendant des mois voir

des décennies.



La grève général a été posée pour la première fois dans la marche

de la révolution en octobre 2011. Mais à cause du manque de

préparation, l'impact de cette grève générale fut minime. Lorsque

la grève générale fut posée pour la deuxième fois en décembre

2011, l'impact de cette grève générale était plus important et pluslarge. Mais il n'a pas réussi à inclure tout le terrain national. La

principale raison à cela est la politique sécuritaire affreuse du

gouvernement qui a découpé les villes, les quartiers et les lieux en

petites régions isolées et assiégées avec des opérations de

bombardements, de chasse, de meurtre et de larges arrestations.

Mais l'accumulation de l'expérience populaire grâce aux tactiques

de la lutte et surtout grâce à la grève général populaires'accompagne de la désobéissance générale comme moyen de

paralyser les appareils de répression du pouvoir vers la chute deces appareils. Comme j'ai dis précédemment, il faut fusionner la

résistance populaire dans le cadre de la grève générale

révolutionnaire.

–Quelles sont vos perspectives pour le futur de larévolution Syrienne ?

La révolution populaire Syrienne a surpris à la fois le régime au

pouvoir et les forces politiques d'opposition. Un mois avant le

déclenchement de la révolution, le président de la junte avait

déclaré dans journal Wall-Street Journal qu'il est à l’abri des

révolution actuelles en Egypte et en Tunisie car il est 'proche deson peuple'. Déclarant aussi que les réformes qu'il prépare

nécessiteront des 'générations' avant de se réaliser. Mais la sortie le

15 mars de quelques dizaines de jeunes courageux en plein centre

Dama pour manifester demandant la liberté et les manifestations

massive du 18 mars dans la ville de Dara ont surpris tout le mondeet étaient le début d'une des révolutions les plus coûteuses en êtres

humains tués et la plus longue... Les masses sont entrées en forcedans le terrain du travail dans les 'domaines où leurs destins se

décident'...C'est la Révolution.



Depuis le 18 mars, le régime dictatorial mène une guerre sauvage

dans tous les sens du terme contre le peuple révolté qui demande

la liberté, la dignité, l'égalité et la justice sociale. Le régime

pousse vers une guerre civile et sectaire. En toute ingéniosité, les

forces révolutionnaires ont réussi jusqu'à maintenant à faireéchouer les tentatives du régime.

Un an après le début de la révolution permanente, le régime n'est

toujours pas tombé mais en retour il ne pourra pas se débarrasser

de la révolution. Comme je l'ai déjà dit, les forces contre-

révolutionnaires contiennent -en plus des forces alliées au régime-

des forces qui prétendent soutenir le peuple Syrien mais qui

travaillent en réalité à contenir la révolution et à lui faire changer de chemin. Donc on peut dire que toutes les perspectives sont

faisables : de la meilleure à la pire. Mais nous voyons que lesmasses résistent et continuent leur révolution. Elles font échouer

toutes les tentatives du régime et des autres qui cherchent à

dérouter la révolution de son chemin véritable politique et social.

De plus les masses s'auto-organisent et créent des noyaux de

directions populaires révolutionnaires alternatifs avec la formationd'une 'coalition nationale' à la mi février 2012. Les forces qui font

bouger la révolution sont des ouvriers, des prolétaires, des

pauvres. Ils poussent la marche révolutionnaire vers l'étendue

maximale : c'est à dire la chute du régime, la liberté démocratique,

la réalisation des plus profonds changements politiques et sociaux pour l'intérêt du prolétariat et des travailleurs...Nous sommes sûrs

de la victoire de la révolution populaire.La marche révolutionnaire en Syrie – et dans les autres pays

arabes- ne s’arrêta pas dès la première station. C'est une marche

continue qui durera plusieurs années. En tant que Gauche

Révolutionnaire, nous nous tenons aux côtés des travailleurs et du

prolétariat et nous défendons leurs intérêts généraux et historiques

dans cette opération révolutionnaire. Nous pensons que la Gauche

Révolutionnaire ne peut se renforcer que si elle s'intègre

sérieusement aux luttes révolutionnaires du prolétariat et travaille

en même temps à construire la parti populaire des travailleurs à



l'intérieur de la révolution et pour la victoire de la révolution.

• -Certains rapports observent l'influence du

printemps arabe qui a provoqué des répressions

féroces dans d'autres pays. Après que lescontestations soient passées de leurs formes

pacifique comme en Tunisie et en Egypte à la forme

armée comme en Libye et en Syrie, que prévoyez-vous concernant le futur de la révolution dans la

région et dans le monde qui entoure ?

L'étincelle des révolutions de notre région déclenchée en Tunisieavant que sa flamme arrive en Egypte, au Yémen, en Libye, en

Syrie, au Barhein et frappe à la porte du Maroc, de la Jordanie et

de l'Arabie Saoudite a fait trembler tous les régimes de corruption

et de tyrannie. Ce qui explique que ces régimes aient tenté de

travailler par tous les moyens pour contenir et écraser la

révolution.

La forme de chute des régime varie entre les luttes populaires pacifiques, armées ou mélangeant les deux. Car la façon de

provoquer la chute d'un régime dépend de la nature et de lacomposition des régimes concernés. Mais nous sommes bien sûr

entrés dans une nouvelle étape révolutionnaire historique. Ce que

nous voyons aujourd'hui n'est que la première vague des

révolutions du 21ème siècle. Ce qui réfute les théories posés par

beaucoup de personnes il y a quelques années disant que l'ère desrévolutions est terminée. C'est en même temps une réponse aux

questionnements de certains sur la forme que peuvent prendre les

révolutions de la nouvelle ère.

Les révolutions 'arabes' surviennent dans un cadre mondial

marqué par une crise profonde du système capitaliste mondial et par les particularités de la manifestation de cette crise dans notre

région. Je me souviens rapidement que nos sociétés sont jeunes etque le pourcentage de chômage des jeunes y ait incomparable.

Avec un taux incroyable de corruption et de tyrannie sauvage. En



ce qui concerne la Syrie, j'ajoute en plus de ce que j'ai déjà dit que

l'application des politiques néolibérales en Syrie durant la dernière

décennie était la plus féroce de la région.

Je pense que cette étape révolutionnaire s'étendra sur plusieurs

années. Nous assisterons à plusieurs stations. Mais elle nes'arrêtera pas à une limite quelconque mais elle balayera la plupart

des pays de la région -si ce n'est tous les pays de la région. Son

influence ne se limitera pas à nos pays parce qu'elle est arrive par

exemple en Europe, surtout en Grèce, en Espagne etc.

Nous ne sommes qu'au début de la marche révolutionnaire

continue dans son étendue temporelle et géographique et dans les

objectifs qui lui sont posés actuellement...Pour en finir avec ladictature du capitalisme après en avoir fini avec la dictature

politique...C'est la Révolution Permanente, camarades !

Source en arabe : http://syria.frontline.left.over-blog.com/article-

102487332.html

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Naisse Ghayath Interview