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Diplôme de Conservateur de Bibliothèque Les services d’actualité et d’information dans les bibliothèques publiques Nicolas Beudon Mini mémoire / Juillet 2008

Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

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Mini mémoire réalisé dans le cadre du diplôme de Conservateur - Juillet 2008

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Diplôme de Conservateur de Bibliothèque

Les services d’actualité et

d’information dans les bibliothèques

publiques

Nicolas Beudon

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Cette  création  est  mise  à  disposition  selon  le  Contrat  :    Paternité-­Pas   d'Utilisation   Commerciale-­Pas   de   Modification   2.0   France   disponible   en   ligne  http://creativecommons.org/licenses/by-­nc-­nd/2.0/fr/   ou   par   courrierpostal   à   Creative   Commons,  171  Second  Street,  Suite  300,  San  Francisco,  California  94105,  USA.  

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Table des matières  

Introduction  :  Actualité  et  information  en  bibliothèque,  une  présence  

paradoxale  ?............................................................................................................................ 5  

I.  L'introduction  de  l'information  et  de  l’actualité  dans  les  bibliothèques  

françaises................................................................................................................................. 8  LE  MODELE  ANGLO-­SAXON ......................................................................................................... 8  LE  TOURNANT  DES  ANNEES  70  ET  L'EXEMPLE  DE  LA  BPI............................................. 11  LES  PARTIS  PRIS  CONTEMPORAINS ...................................................................................... 14  

II.  L'offre  des  bibliothèques  en  matière  d'information  et  d'actualité ...............17  LES  DOCUMENTS  PROPOSES,  LES  FONDS  SPECIALISES .................................................. 17  LA  PLUS  VALUE  DOCUMENTAIRE,  LA  BIBLIOTHEQUE  COMME  MEDIA ..................... 20  L'ENJEU  DE  LA  COOPERATION ................................................................................................ 23  

III.  Une  bibliothèque  dans  la  bibliothèque.................................................................27  UN  PUBLIC  SPECIFIQUE ............................................................................................................. 27  UN  ESPACE  A  PART  DANS  LA  BIBLIOTHEQUE.................................................................... 30  

Conclusion  :  Un  service  public  de  l’information  ?....................................................36  

Bibliographie........................................................................................................................41  LA  PLACE  DE  L’INFORMATION  DANS  LE  MODELE  ANGLO-­SAXON .............................. 41  L’INFORMATION  ET  L’ACTUALITE  A  LA  BPI ....................................................................... 41  LES  BIBLIOTHEQUES  ET  LE  MONDE  DE  LA  DOCUMENTATION,  LES  ENJEUX  DE  

L’ACCES  A  L’INFORMATION...................................................................................................... 42  L’ACTUALITE  ET  L’INFORMATION  EN  BIBLIOTHEQUE................................................... 42  TRAVAUX  D'ETUDIANTS  (DISPONIBLES  A  LA  BIBLIOTHEQUE  DE  L’ENSSIB) ......... 44  

 

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Introduction : Actualité et information en

bibliothèque, une présence paradoxale ?

 

Pour des raisons d'ordre à la fois culturel, historique et technique, parler

d'actualité et d'information en bibliothèque a longtemps semblé paradoxal. En effet, les

saisies révolutionnaires qui sont à l'origine de nombre de bibliothèques publiques ont

d'emblée placé ces dernières dans une perspective patrimoniale. Traditionnellement, le

temps de la bibliothèque est le temps long de la collection, voire de l'histoire, plutôt que

celui de l'évènement et de l'actualité. De façon plus pragmatique, le circuit du

document, les délais souvent longs séparant les acquisitions et la mise à disposition des

lecteurs, introduisent un décalage de fait entre les collections de la bibliothèque et la

production éditoriale. Orientées traditionnellement vers l’offre plutôt que vers la

demande, les bibliothèques françaises sont des lieux où l'information décante plutôt

qu'elle ne circule, elles apparaissent d'avantage comme des lieux de culture, consacrés à

ce qui dans l'actualité est destiné à durer, que d'information, si l'on entend par là la

fourniture d'une documentation précise, en réponse à une demande pratique,

éventuellement sujette à une obsolescence rapide.

Ces réticences ancestrales sont toujours vivaces. Il suffit de constater l'absence,

aujourd'hui encore, des médias de flux, comme la télévision ou la radio, en

bibliothèque, à quelques rares exceptions. Malgré tout, on peut considérer le grand

mouvement de modernisation qui a transformé nos établissements au cours des 35

dernières années et son cortège d’innovations introduites avec l’idée de « médiathèque »

comme un tournant marquant une forme de réconciliation entre les bibliothèques et

l’actualité sous toutes ses formes : qu'il s'agisse de l'actualisation des contenus (à travers

le renouvellement et la multiplication des supports) ; de l'insertion plus grande de la

bibliothèque dans le temps présent (par le biais d'horaires élargis ou du développement

de l'action culturelle) ; ou des concessions faites à une logique de l'immédiateté (via la

généralisation du libre accès, les services à distance, l'automatisation...). L'ensemble de

ces évolutions peut-être compris comme un rapprochement entre le monde des

bibliothèques et les métiers de l'information et de la documentation : comme le souligne

Claudine Belayche, « la bibliothèque traditionnelle s'est mise à faire de la

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documentation » à partir du moment où « les bibliothécaires ont commencé à se

préoccuper de l'actualité, à constituer des collections de périodiques et à surveiller la

pertinence de leurs fonds.1»

L'une des formes les plus visibles de ce phénomène sont les forums, les salles

d'actualité qui se développent au tournant des années 70 et 80 : à Lyon dès 1972, puis à

la BPI en 1977, et dans des dizaines d'autres villes ensuite, jusqu'au récent espace Vie

du citoyen de la bibliothèques des Champs Libres à Rennes... Qu'est-ce qu'une salle

d'actualité ? La terminologie en la matière est quelque peu flottante : les notions de salle

d'actualité ou de référence, de forum, d'espace infodoc, de kiosque ou d’infothèque,

parfois se recoupent, parfois s'opposent ou se complètent. Bien souvent, comme à

Reims, la salle d’actualité est une salle des périodiques dont la fonction se limite à la

consultation de la presse et des magazines, éventuellement d’un fonds d’usuels. Dans

d’autres cas, il s’agit d’un véritable centre de documentation au sein de l’établissement,

réunissant des fonds en prise sur l'actualité au sens le plus large du terme, et des services

répondant à un besoin d'information spécifique. Lorsqu'une salle d'actualité n'existe pas

en tant que telle, ses composantes peuvent être éclatées et réparties dans plusieurs

espaces, comme à Amiens ou à Marseille. Parfois la bibliothèque dispose bien d’une

offre spécifique mais sans qu’une salle ou un espace en particulier lui soit consacré.

C’est le cas à Clermont-Ferrand, où l’on trouve à la fois des dossiers de presse

régionaux et un service de documentation sur l'emploi, les métiers, la vie pratique. Pour

cerner le phénomène, il vaut mieux donc parler, de façon générale, de services

d'actualité et d'information, plutôt que de salles d’actualité.

A la fin des années 80, alors que l'idée d'une société de l'information se

popularisait, ces services à géométrie variable semblaient préfigurer la « bibliothèque

du futur », que Bernard Stiegler imaginait alors comme le « lieu où actualité en temps

réel et archives en temps différé se réfléchiront par et pour le lecteur.2» Pourtant, avec

le développement fulgurant des réseaux, des technologies de l'information et de la

communication, et la généralisation de l'informatique, cette idée est paradoxalement

                                                                                                               1   Cité   par   ACCART,   Jean-­Philippe,   «   Bibliothécaire,   documentaliste   :   même   métier   ?   »,   Bulletin   des  Bibliothèques  de  France,  2000,  n°  1,  p.  88-­93  2   STIEGLER,  Bernard,  Texte   de   l'exposition   «  Mémoire  du   futur   ».   Cité   par  GRUNBERG,  Gérald,   «  De  l’actualité  à   la  mémoire  de   l’actualité  »,  Les  25  ans  de   la  BPI,   encyclopédisme,  actualité,   libre  accès,  BPI/Centre  Pompidou,  2003,  ,  p.  58  

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entrée en crise : des portails internet aux journaux gratuits, l'actualité semble

omniprésente, continuellement accessible, et à peu de frais. A première vue,

l'information n'est plus un bien rare, et il semble qu'on n'ait guère besoin de la

bibliothèque pour se documenter, s'informer, ou pour suivre l'actualité. Pour preuve, la

salle d'actualité de la BPI a été supprimée en 1997, et la bibliothèque d'actualité qui

faisait partie des premiers projets de la BNF n'a jamais vu le jour...

Quelle est donc, aujourd’hui, l'actualité des services d'information et de

documentation en bibliothèque ? On verra que ces services dont nous venons

d’ébaucher le portrait s'inspirent du modèle anglo-saxon de la bibliothèque de référence.

Par delà leur variété, ils s'organisent autour d'une offre plus ou moins constante de

services, de collections, et d'espaces, qui constituent souvent une seconde bibliothèque à

l'intérieur de la bibliothèque, un lieu à part avec son public spécifique. D'une certaine

façon, la question posée par ces services, c'est celle de la mission de nos

établissements : est-il pertinent d'envisager aujourd'hui la bibliothèque comme un

service public de l'information ?

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I. L'introduction de l'information et de

l’actualité dans les bibliothèques françaises

 

 

De façon constante dans l'histoire du XXe siècle, les vagues d'innovation dans le

monde des bibliothèques se sont appuyées sur la figure rhétorique du « retard français ».

Dès la fin du XIXe siècle, il est de bon ton d'opposer aux bibliothèques françaises tel ou

tel modèle étranger, en particulier celui de la « public library » anglo-saxonne. Les

services d'actualité ne font pas exception : le modèle que revendiquent leurs promoteurs

d'hier et d'aujourd'hui c'est celui de la bibliothèque de référence anglo-saxonne. La

Bibliothèque Publique d’Information, qui ouvre ses portes en 1977, constitue sans doute

la première tentative de créer une bibliothèque de référence à la française. Dans une

large mesure, les services d’actualité et d’information contemporains tirent leur

inspiration de l’exemple fournit par la BPI il y a déjà trente ans.

LE MODELE ANGLO-SAXON

Dans une démocratie comme les Etats-Unis, observait Tocqueville au début du

XIXe siècle, où il n’y a plus, en principe, « de richesses héréditaires, de privilèges de

classe et de prérogatives de naissance, et [où] chacun ne tire plus sa force que de lui-

même, [...] l’utilité du savoir se découvre avec une clarté toute particulière aux yeux

mêmes de la foule. [...] le cercle des lecteurs s’étend sans cesse et finit par renfermer

tous les citoyens...3 » La vocation première des bibliothèques anglo-saxonnes, nées dans

ce contexte que décrit Tocqueville, n’a jamais été de conserver un patrimoine, pas plus

que de démocratiser la culture, ou d'apporter la connaissance au peuple afin de l'éclairer,

elles furent d’emblée conçues comme un moyen d'information visant à satisfaire les

besoins de lecture, y compris la plus concrète, d’un peuple industrieux, pragmatique et

épris de démocratie. « Le but premier des bibliothèques publiques américaines »

constate Martine Poulain, fut historiquement « d’informer plus que de former, de

                                                                                                               3   TOCQUEVILLE,   Alexis   De,   De   la   démocratie   en   Amérique,   Tome   II,   première   partie.   En   ligne   :  http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexis/democratie_2/democratie_tome2.html  

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fournir des informations plus que des corpus, des connaissances plus que des savoirs,

des faits plus que des pensées.4» Aujourd’hui encore, parmi les « douze raisons pour

lesquelles les bibliothèques sont utiles à la nation 5» dénombrées par l’American

Library Association, l’information des citoyens figure à la première place, et la

préservation du passé à la dernière.

Informer le lecteur, c’est d’abord l’orienter et le renseigner. La fonction des

services de référence est théorisée et formalisée de façon très précoce aux alentours des

années 1870. Structurés autour de fonds exclus du prêt, et de la figure du « reference

librarian », ils visent, selon la définition de Corinne Verry-Jolivet, à fournir une

« réponse personnalisée à une demande explicite d'information documentaire6 » au

moyen notamment de « l’entretien de référence », véritable maïeutique, extrêmement

formalisée, dont le but est d’aider l’usager à formuler sa demande de la façon la plus

claire possible.

Du point de vue français, c’est sans doute le trait le plus saillant du modèle

anglo-saxon : le primat de la demande sur l’offre. Les bibliothèques anglo-saxonnes

sont, comme le souligne Déborah Shorley, « créées en vue des besoins bien définis de

l'utilisateur final, plutôt qu'en fonction de quelque notion abstraite de ce qui pourrait

être utile.7 » Ces « besoins » doivent être entendus au sens le plus large possible, en

incluant des types de documents que l’on ne s’attendrait guère à trouver dans la plupart

des bibliothèques française. Il est par exemple courant de voir proposé dans les

établissements anglo-saxons des services de documentation économique, qui seraient

plutôt chez nous du ressort des chambres de commerce et d’industrie, ou des offres

d’emploi. Le service business insight de la bibliothèque de Birmingham met ainsi à

disposition de ses usagers des données économiques, des brevets et des formules

                                                                                                               4   POULAIN,   Martine,   «   Retourner   à   Tocqueville   :   pour   comprendre   l’histoire   comparée   des  bibliothèques  américaines  et  françaises  au  XIXe  siècle  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  2002,  n°  5,  p.  66-­73  5  «  12  Ways  Libraries  Are  Good  for  the  Country,  A  2000  revision  of  the  list  that  originally  appeared  in  American   Libraries   in   December   1995.   »   En   ligne   :  http://www.ala.org/ala/alonline/selectedarticles/12wayslibraries.cfm  6   VERRY-­JOLIVET,   Corinne,   Créer   et   gérer   un   service   de   référence,   Institut   de   formation   des  bibliothécaires,  1996  7  SHORLEY,  Deborah,  «  Les  services  de  référence  dans  les  bibliothèques  publiques  en  Grande-­Bretagne  »,   Actualité,   informations,   services   de   référence   en   bibliothèques,   Presses   universitaire   de  Bordeaux,  1999,  p.  81  

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chimiques, des biographies de parlementaires en vue de lobbying, il fournit une aide à la

recherche d’emploi, des conseils personnalisés sur le droit d’auteur, etc.

Cette primauté accordée à la demande sur l'offre a souvent été critiquée. Ses

détracteurs croient reconnaître dans le modèle anglo-saxon un glissement de la

bibliothèque vers la « librairie publique » au sens propre. C’est oublier la définition

anglo-saxonne de la bibliothèque comme « community service », un service «

communautaire » ou social. Dans ce cadre, observe Andrew Green, être à l’écoute de la

demande de la population correspond à « une volonté d’aider les gens à se réaliser

pleinement ». L’idée d’une réponse ciblée à un besoin documentaire précis, est loin de «

réduire la bibliothèque à des outils fonctionnels » ou de « réduire le service public à

une meilleure réponse à la demande individuelle » comme s’en inquiète Martiner

Blanc- Montmayeur8, la public library a au contraire un rôle éminemment politique,

social et citoyen, elle sert l’intérêt général, qu’enveloppe la notion de « communauté » :

On   sait   depuis   de   nombreuses   années   que   l’information   est   synonyme   de  pouvoir   et   que   sans   information   les   individus   ne   peuvent   saisir   les  opportunités  qui  se  présentent  [...]  Etre  au  service  de  la  communauté  suppose  de  la  part  des  bibliothèques  publique  un  dynamisme  social  et  une  forte  volonté  d’intervenir   en   faveur   de   l’égalité   des   chances,   du   changement   social   et   du  développement  communautaire.9  

Les community services fournissent souvent une aide pour certaines démarches

administratives, hébergent des associations, communiquent les professions de foi des

partis politiques en période électorale, les annonces de ventes de charité. Ils diffusent

une large gamme de documents pratiques : Jean-Philippe Lamy remarque qu’à Glasgow

la bibliothèque fournit « une information immédiatement exploitable sous forme

d'adresses, de programmes, et de listes d'associations, d'organismes administratifs ou

privés dans les domaines sociaux, culturels, professionnels, sportifs, [...] des cassettes

audio (pour les aveugles) ou vidéo (langage des signes), le contenu portant toujours sur

les aspects socio-éducatifs (sécurité dans la rue, au foyer, etc.).10 » Souvent, les

                                                                                                               8  Cité  par  LE  SAUX,  Annie,  «  À  votre  service  !  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  1997,  n°  3,  p.  79-­80  9  GREEN,  Andrew,  «  La  bibliothèque  au  service  de  la  communauté  en  Grande-­Bretagne  »,  Bibliothèques  au  service  de  la  communauté,  Editions  de  la  BPI,  1995  10   LAMY,   Jean-­Philippe,   «   Vers   de   nouveaux   services   dans   les   bibliothèques   publiques   »,   Bulletin   des  bibliothèques  de  France,  1992,  n°  6,  p.  54-­61  

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community services s’organisent, au sein de la bibliothèque, en véritables centres

d’information spécialisés, comme le Disability Advice and Information de Saint Helens

(un service d’accueil, d’orientation et de conseil pour les handicapés) ou le Community

ressource centre de Hartlepool (un service d’information sur le droit, les prestations

sociales, le logement et l’emploi...). Il n’est pas rare non plus qu’ils s’insèrent dans de

vastes réseaux documentaires, comme HATRICS, « un grand réseau coopératif de

bibliothèques et de centres d'information du Sud de l'Angleterre qui a pour but le

soutien économique de la région à travers une infrastructure locale de renseignements

commerciaux et industriels.11 »

On le voit, la public library synthétise les fonctions documentaires d’un vaste

ensemble d’institutions, généralement dispersées et émiettées en France : bibliothèques,

centres d’information et d’orientation jeunesse, points d’accès au droit, chambres de

commerce et d’industrie, centre d’information sur les drogues, anpe, office du tourisme,

etc. A l’inverse de la tradition française des bibliothèques, historiquement fondée sur la

double mission d’éducation populaire et de transmission du patrimoine culturel, les

établissements anglo-saxons nous fournissent un modèle cohérent de bibliothèque

d’actualité orienté vers la diffusion de l’information, à la fois centre documentaire de

référence et institution citoyenne.

LE TOURNANT DES ANNEES 70 ET L'EXEMPLE DE LA BPI

Les bibliothécaires français partisans d’une modernisation de leur institution,

d’Eugène Morel à Michel Bouvy, chercheront pendant toute la première moitié du XXe

siècle à transposer ce modèle en France, militant, selon la formule de Morel, pour la

création de « véritables bibliothèques laboratoire de la vie de tous les jours », faisant

une place essentielle aux « bottins, annuaires, almanachs, tarifs, cartes et catalogues –

non de bibliophiles mais de commerçants – indicateurs statistiques ». Dans l’idéal,

disait-il, si l’on a « une adresse à vérifier, un train à prendre, un envoi à faire, mais

aussi une plante à semer, un achat, que ce soit une charrue, un poulet, des souliers, une

                                                                                                               11  FOX,  Nick,  «  Un  réseau  documentaire  anglais  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  1993,  n°  2,  p.  44-­49  

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machine à vapeur ou des livres, c’est à la bibliothèques qu’on doit aller se

renseigner.12»

La première tentative de création d’une bibliothèque de référence grand public,

la salle B de la bibliothèque nationale, ouverte en 1868 à tous les lecteurs et qui offrait

des collections d’usuels et de livres choisis parmi les plus demandés dans la salle

Labrouste, fut un échec relatif. Après avoir connu un certain succès, elle fut vite

considérée comme « une institution au rabais13» et ferma en 1935. Il faut attendre 1972

avant que de réelles innovations voient le jour. C’est à cette date que la toute nouvelle

bibliothèque de la Part-Dieu, à Lyon, ouvre une salle d'information générale, où, selon

les mots d’E. Dennery, le directeur de la lecture publique, « on orientera les lecteurs et

répondra à leurs questions et où ils trouveront une documentation générale actuelle, de

quoi s'informer rapidement de manière pratique surce qui intéresse le plus grand

nombre de gens actuellement, qu'il s'agisse de l'éducation des enfants, des problèmes de

la vie familiale en général, du planning familial, de la vie en société, des problèmes de

la société tels l'urbanisme, l'habitat, la circulation, de l'adaptation des hommes à

l'environnement. 14»

On peut sans doute considérer l’initiative lyonnaise comme le point de départ

d’un mouvement beaucoup plus large de modernisation des bibliothèques et

d’introduction de l’actualité dans leurs collections. « La question de l’actualité »

observe Patrick Bazin, est inséparable de « l’extraordinaire floraison des bibliothèques

françaises » à partir des années 7015, que couronne l'ouverture de la BPI en 1977.

Inspirée d’exemples anglo-saxons (La Queens Borough Library) mais aussi

nordiques (la Kulturhuset de Stockholm), la Bibliothèque Publique d’Information

devait, selon le décret qui définit ses misions, offrir « un choix constamment tenu à jour

de [...] documents d’information générale et d’actualité » et « constituer un centre de                                                                                                                12   MOREL,   Eugène,   Bibliothèques   :   essai   sur   le   développement   des   bibliothèques   publiques   et   de   la  librairie  dans  les  deux  mondes,  Mercure  de  France,  1908,  tome  II,  p  413  13  SEGUIN,  Jean-­Pierre,  Comment  est  née  la  BPI  :  invention  de  la  médiathèque,  Bibliothèque  publique  d'information/Centre  Georges  Pompidou,  1987  p.  15  14   «  Discours   prononcé   par  M.   Étienne  Dennery,   Directeur   chargé   des   bibliothèques   et   de   la   lecture  publique,  pour   l'inauguration  de   la  Bibliothèque  municipale  de  Lyon,   le  6  décembre  1972  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  1973,  n°  1,  p.  1-­3  15  BAZIN,  Patrick,  Les  25  ans  de   la  BPI.  Encyclopédisme,  actualité,   libre  accès,  Bibliothèque  publique  d'information/Centre  Georges  Pompidou,  2003p.  79  

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recherche documentaire16 » à destination du grand public. Cette orientation vers

l’information est à l'origine de choix cruciaux dans la définition de l'identité de la

bibliothèque : l’absence de magasins, le libre accès généralisé, le rejet du prêt, et donc,

l’assimilation de l’ensemble de l’établissement à une véritable bibliothèque de référence

« à la française ».

Outre l’invention du modèle de la « médiathèque » que nous avons déjà eu

l’occasion d’évoquer rapidement, la BPI innovait en proposant un certain nombre de

services d’information inédits. Dès son ouverture est mis en place le « téléphone public

d’information », un service de référence à distance, d’abord par téléphone, puis par

minitel, préfigurant l’actuel biblioses@me et s’inspirant des « modèles anglo-saxons, où

le recours à une bibliothèque pour la recherche de renseignements de toute nature,

directement ou par téléphone, est une habitude acquise17». Afin de répondre plus

efficacement aux questions récurrentes des lecteurs, un fonds de dossiers de presse

constitués par les bibliothécaires va progressivement prendre forme. En 1988, ce

gisement documentaire est ouvert au public dans un espace de consultation spécifique

(« public-info »). En 1992, le fonds est numérisé. Sous le nom de BPI-doc, il est

toujours alimenté quotidiennement, et compte aujourd’hui plus de 320 000 documents

en ligne. Réconciliant de façon originale la fonction patrimoniale traditionnelle des

bibliothèques et l’ambition de la BPI d’embrasser le temps présent, la base Bpi-doc est,

selon le formule de Claire Stra, une véritable « mémoire de l’actualité », « un riche

gisement pour l’étude de notre époque.18»

L’un des apports originaux de la BPI par rapport au modèle anglo-saxon, sous

l’influence probable des pays nordiques (où le modèle de la public library fut importé

au début du XXe siècle) réside dans l’accent mis sur la notion d’« actualité », non

seulement en tant que qualité essentielle d’une documentation et d’une information à

jour, mais également au sens que les médias donnent à ce terme : idées et débats actuels,

évènements et phénomènes de société contemporains. La salle d’actualité de la BPI (qui

                                                                                                               16  Décret  n°76-­82  du  27  janvier  1976  portant  création  de  la  bibliothèque  publique  d’information  (BPI),  liée  par  convention  à  l’établissement  public  du  centre  national  d’art  et  de  culture  Georges  Pompidou  17  MARINET,  Anne,  «  Le  téléphone  public  d'information  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  1984,  n°  3,  p.  208-­219  18   STRA,   Claire,   «   Les   panoramas   de   presse   :   La   base   de   données   Bpi-­doc   et   la   réglementation  européenne  »,  BBF,  2004,  n°  6,  p.  51-­55  

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a disparu en 1999) avait moins vocation à constituer un centre de documentation au sein

de la bibliothèque (comme public-info) qu’à reconstituer dans la bibliothèque une sorte

de « librairie sans stock19» : basé sur un partenariat original avec l’édition, la « salle

d’ac’ » proposait, aux côtés de quelques ouvrages de référence, une sélection de livres

et de disques issus des services de presse, et conservés un an en rayon. C’était un lieu de

feuilletage et de découverte plutôt que de lecture et de recherche, et un haut lieu

d’animation culturelle, où s’organisaient des débats d’actualité hebdomadaires, inspirés

des « débats de la Fnac et de ceux d’Apostrophes, la célèbre émission d’Antenne 2.20»

La BPI, en introduisant en France l’idée de bibliothèque de référence, ne se contentait

donc pas de reproduire ou d’importer le modèle anglo-saxon, elle proposait un approche

nouvelle, infléchissant l’idée de la bibliothèque comme lieu d’information dans une

direction d’avantage culturelle, reflétée par la notion ambivalente d’« actualité ».

LES PARTIS PRIS CONTEMPORAINS

 

Les innovations de la BPI en matière d’information et d’actualité serviront

d’avantage de laboratoire que de modèle à proprement dit pour les autres bibliothèques

françaises. La notion de « salle d’actualité », souvent confondue avec une simple salle

des périodiques, fait ainsi l’objet d’une diffusion très modérée dans les années 80.

Marie-Françoise Bisbrouck, mentionne timidement dans son manuel en 1984 les

possibilités d’aménager le hall d’accueil de la bibliothèque en « une salle polyvalente »

dotée d’un « poste téléphonique avec des annuaires », et un « espace de lecture de

périodiques courants et de quotidiens permettant ainsi à un public peu familier de la

lecture du livre l'approche du document écrit par un biais peut-être plus attractif.21» En

1988, le BBF a beau proclamer « l'arrivée en masse des salles d'actualité22», le

phénomène reste, somme toute, modeste. Dix ans plus tard, en 1998, Gilles Gudin de

Vallerin constate que la présence dans les bibliothèques d’un véritable « forum de

l’actualité » allant au delà de la classique salle des périodiques « reste encore

                                                                                                               19  BARBIER-­BOUVET,   Jean-­François,  POULAIN,  Martine,  Publics  à   l'œuvre   :  Pratiques  culturelles  à   la  Bibliothèque  publique  d'information  du  Centre  Pompidou,  La  documentation  française,  1986  20   BENVENISTE,   Annie,   ROMAN,   Joël,   L’université   cachée,   dix   ans   de   débats   au   centre   Georges  Pompidou,  Editions  le  la  BPI,  1991,  p.  46  21  BISBROUCK,  Marie-­Françoise,  La  bibliothèque  dans  la  ville,  Editions  du  Moniteur,  1984.  p.  65-­66  22  «  Éditorial  :  De  ligne  en  lignes  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  1988,  n°  3,  p.  173  

Page 15: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  15  

l'exception.23» En 2000, une enquête menée par l’IUT Michel de Montaigne avance le

chiffre de 70 à 80 espaces d’actualité sur les quelques 2800 bibliothèques municipales

françaises.

Malgré tout, les services d’actualité et d’information se développent : à Massy

en 1976, à Besançon en 1978, Montpellier en 1983, Nantes et Marseille en 1985.

Depuis la décennie 90, de nombreuses bibliothèques se sont dotées de services

d’actualité et d’information, qu’elles soient nouvelles (Antibes, Blois, Boulogne-

Billancourt, Le Havre, Lorient, Melun, Marseille, Rennes, Saint-Quentin-en-Yvelines,

Troyes, Toulouse) ou en cours de réorganisation (Bordeaux, Metz, Valence,

Montpellier, Villeurbanne). L’ambivalence des notions d’information et d’actualité, la

gamme de services et de collections possibles dans ce domaine laissent place aux partis

pris les plus variés, plus ou moins ambitieux, plus ou moins spécialisés. Tous les types

d’établissements sont concernés: de la BMVR (Rennes, Montpellier...) à la bibliothèque

municipale plus modeste (Blois, Saint-Quentin...), en passant par les BDP (la BDP 13

dispose d’une salle d’actualité) et les établissements nationaux (à la médiathèque de la

cité des sciences sont rattachés deux services de documentation spécialisés : la Cité des

métiers et la Cité de la santé).

Par delà cette diversité, on observe une récurrence thématique très forte dans les

missions de ces services : si les établissements les plus modestes ont certes tendance à

définir leurs services d’actualité et d’information de façon relativement

unidimensionnelle, le trait caractéristique de la plupart d’entre eux consiste au contraire

à croiser la documentation spécialisée et l’actualité générale d’une part ; une dimension

citoyenne et réflexive et une dimension purement utilitaire et instrumentale d’autre part.

C’est ainsi qu’à Montpellier, le forum de l’actualité est à la fois « une zone

d’information rapide » et « une bibliothèque du citoyen24 ». A Bordeaux, le service

Information et actualité se propose de constituer un « service de première intervention »

en matière d’information « tenant compte de l'ensemble des besoins de la population

dans les domaines les plus divers : administratif, civique, économique, familial, social,

                                                                                                               23   GUDIN   DE   VALLERIN,   Gilles,   «   D’une   salle   de   presse   à   un   forum   de   l’actualité   »,   Actualité,  informations,   services   de   référence   en   bibliothèques,   Bordeaux,   Presses   universitaires   de   Bordeaux,  2000,  p.  81  24  GUDIN  DE  VALLERIN,  Gilles,  «  De  l’équilibre  des  publics  et  des  collections  :  La  nouvelle  bibliothèque  centrale  de  Montpellier  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  2000,  n°  3,  p.  56-­64  

Page 16: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 16  

vie pratique, loisir et bricolage compris.25 » mais aussi de donner « des clés pour

comprendre le monde contemporain, analyser et mettre en perspective la somme

d’informations diffusée chaque jour.26 », et d’« aider le citoyen à se repérer, se situer,

progresser dans sa vie sociale. » A Rennes, le pôle Vie du Citoyen, a vocation à «

mettre à disposition des lecteurs des documents d’analyse et de compréhension des

grands débats d’actualité », à fournir aux différents publics des éléments de réponse à

leurs « interrogations pratiques (santé, loisirs et vie culturelle, vie pratique, emploi) »,

mais aussi à leurs « interrogations civiques» en diffusant l’« actualité sur la vie de

l’agglomération, les institutions, la politique, la vie sociale, les droits de l’homme.27»

Cette façon de mêler un aspect pragmatique, utilitaire et concret et une ambition

citoyenne, éducative et réflexive est déjà largement présente dans l’idée de community

service, mais elle est également caractéristique de la volonté des bibliothécaires français

de ne pas se laisser enfermer dans une fonction unique, et de ne pas réduire la

bibliothèque à un ensemble d’outils documentaires dénués d’ambition. C’est sans doute

aussi la conséquence de cette méfiance presque instinctive, que nous avons déjà

évoquée, qu’éprouvent les bibliothécaires vis-à-vis du monde de l’information, de la

documentation et de l’actualité.

                                                                                                               25  «  Programme  d’établissement  définitif,  bibliothèque  de  Bordeaux  Mériadeck  ».  Document  interne.  26   Site   Internet   de   la   ville   de   Bordeaux,   Présentation   des   bibliothèques.  www.bordeaux.fr/ebx/portals/ebx.portal?_nfpb=true&_pageLabel=pgPresStand7&classofcontent=presentationStandard&id=516  27  Pôle  documentaire  «  Vie  du  citoyen  »  -­  politique  documentaire.  Document  interne.  

Page 17: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  17  

 

II. L'offre des bibliothèques en matière

d'information et d'actualité

Quelle offre concrète les services d'actualité et d'information proposent-ils ? De

façon générale, l'offre d'une bibliothèque, quel que soit le domaine concerné, peut

prendre deux formes : des collections et des services. De plus en plus, les bibliothèques

apparaissent également comme un média à part entière, un relais et un producteur

d’informations et d’actualités parmi d’autres. A ce titre, la prise en compte de

l’environnement documentaire dans lequel s’insère leur offre apparaît comme un enjeu

essentiel.

 

LES DOCUMENTS PROPOSES, LES FONDS SPECIALISES

Un fonds conséquent de revues, de magazines, de quotidiens et de périodiques

forme le socle élémentaire commun à tous les services d’actualité et d’information : les

établissements qui proposent une offre spécifique dans ce domaine se situent

généralement au delà de la recommandations de la DLL d’un abonnement pour 220

lecteurs. Leur offre est vaste et recoupe la diversité des centres d’intérêt des lecteurs : de

l’information générale à la presse politique ou d’opinion en passant par les magazines

traitant de la vie quotidienne, sur support imprimé ou abonnement en ligne. A

Montpellier, les lecteurs consultent « énormément d'hebdomadaires et de magazines

d'information générale. Ensuite viennent la presse féminine, les titres ayant pour sujet

la maison, la consommation, la santé. Les revues de sciences et nature, de sport, de

tourisme, d'économie, de politique ainsi que celles sur l'emploi ont encore de très bon

scores.28 »

Il ne suffit pas de mettre des périodiques en rayon pour permettre aux lecteurs

d’accéder à une information exploitable, l’accès à leur contenu nécessite la fourniture

                                                                                                               28   GUDIN   DE   VALLERIN,   Gilles,   «   D’une   salle   de   presse   à   un   forum   de   l’actualité   »,   Actualité,  informations,   services   de   référence   en   bibliothèques,   Bordeaux,   Presses   universitaires   de   Bordeaux,  2000  

Page 18: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 18  

d’index ou de répertoires, souvent issus autrefois d’un dépouillement manuel laborieux

et qui prennent de plus en plus la forme de bases de données informatiques, comme CD-

RAP, un répertoire de périodiques dépouillés collectivement et édité par la BM de

Lyon, Indexpresse, une base de dépouillement de la presse périodique française, ou

Europresse, une base de données en texte intégral. Dans un domaine voisin, celui de

l’accessibilité, de nombreux établissements, comme Rennes, Toulouse ou Montpellier,

proposent les services de « Vocale Presse », un logiciel de synthèse vocale permettant

aux déficients visuels de consulter, dès le jour de leur parution, des magazines et des

quotidiens nationaux ou régionaux.

Outre les périodiques, l’offre d’information passe par les usuels, les ouvrages de

référence et la littérature grise : manuels, guides pratiques, brochures, plaquettes, argus,

plans et cartes, etc. Ce type de documentation se situe à deux extrémités : parfois

spécialisée et onéreuse (comme les « PFM », les publications à feuillets mobiles dans le

domaine juridique, qui comptent parmi les « best-sellers » de la consultation dans les

établissements comme la BPI29), elle est d’autres fois complètement gratuite mais

dévoreuse de temps et de personnel compétent, puisqu’on la trouve en dépouillant

certaines revues ou en prospectant auprès d’institutions et d’associations.

Souvent, les bibliothèques sont également amenées à constituer des fonds

documentaires spécialisés. Ces derniers peuvent obéir à deux types de logique : soit le

fonds reflète un intérêt ou un enjeu local, soit il correspond à une préoccupation

générale des lecteurs ou de la société. De nombreuses bibliothèques proposent des

services d’informations régionales, à proximité ou au sein de leur salle d’actualité. La

bibliothèque de Lyon fait office de précurseur en la matière : dès 1975, tournant le dos à

la tradition érudite et patrimoniale attachée aux fonds locaux, la Part-Dieu créait la

première salle de documentation régionale centrée sur l’actualité vivante de Rhône-

Alpes. Yvette Weber souligne que tout ce qui concerne la région intéresse la

documentation régionale : « littérature grise, documents administratifs, listes

d’entreprises, enquêtes, bulletins, cartes et atlas, plaquettes, annuaires en tout genre,

indicateurs. » « La demande » poursuit-elle « est incessante auprès du poste d’accueil

                                                                                                               29   ARNAUD,   Cécile,   «   Les   renseignements   juridiques   en   bibliothèque   publique   »,   Bulletin   des  Bibliothèques  de  France,  1996,  n°  4,  p.  83-­84  

Page 19: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  19  

d’informations diverses, rapides ou laborieuses – adresses, listes d’associations,

données sur une entreprise ou un secteur d’activité économique, pistes pour une

recherche d’emploi, réponses à un questionnaire scolaire, statistiques, images pour

illustrer un film ou retrouver un décor urbain disparu, informations sur une

personnalité, portraits, plans, itinéraires de randonnée, etc. 30»

Outre les fonds régionaux, les collections les plus répandues portent sur l’emploi

et la santé. La Cité des métiers et la Cité de la Santé constituent le paradigme de ce type

d’offre. A la bibliothèque de Saint-Quentin-en-Yvelines, un espace de ressources

spécifiques sur le handicap vient d’être constitué, tandis qu’à Blois, le service

Information et Actualité a développé un espace santé. Les fonds d’information sur

l’emploi, la vie économique, l’orientation professionnelle, comme « Infocime » à Issy-

les-Moulineaux ou la « formathèque » de Montpellier font l’objet d’une très forte

demande de la part des usagers. Ils sont structurés autour des collections de l’Onisep,

des guides édités par l’Etudiant, des nomenclatures des métiers de l’ANPE, des

plaquettes des organismes de formation locaux, d’ouvrages d’entrainement et de

préparation aux concours, de logiciels de rédaction de CV, de documents sur la création

d’entreprise, etc. A Saint-Quentin, l’emploi et la formation ne devaient pas prendre

initialement l’ampleur qu’ils occupent aujourd’hui au sein de l’espace Infodoc (près de

50% du fonds), la forte présence de ces thèmes est la conséquence d’une très forte

demande des lecteurs dans ce domaine.

Dans leur fonctionnement quotidien, les fonds d’information et d’actualité

doivent faire face au véritable défi que représente l’impératif de la rapidité : ces

ressources nécessitent une attention constante afin de faire face à l’obsolescence rapide

de nombreuses informations. Ils nécessitent une grande réactivité face à une actualité

toujours en mouvement. Guilaine Thuillard rapporte qu’au sein du réseau des

bibliothèques de la ville de Paris, à l’occasion du référendum européen, « les usagers

ont très vite demandé des informations sur l’Europe en relation avec les élections qui

s’annonçaient », or, « Les bibliothèques, alors qu’elles avaient un rôle d’information à

                                                                                                               30  WEBER,   Yvette,   «   Les   collections   régionales   à   la   bibliothèque  municipale   de   Lyon   »,   Bulletin   des  Bibliothèques  de  France,  1997,  n°  2,  p.  54-­59  

Page 20: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 20  

remplir en temps limité, n’ont pu l’assumer qu’avec un délai de réponse trop long.31 »

Le dispositif adopté par la ville de Paris pour gérer ce type de situation, un circuit

d’acquisition parallèle plus rapide dédié à l’actualité, apparaît finalement peu adapté car

il n’est pas conçu dans la perspective d’un véritable service de référence : un document

lié à l’actualité, s’il peut être rapidement acquis et mis en rayon grâce à ce système, sera

exclu de l’offre de la bibliothèque dès qu’il aura été emprunté par un lecteur...

LA PLUS VALUE DOCUMENTAIRE, LA BIBLIOTHEQUE COMME

MEDIA

 

Dans un service d’information et d’actualité, il ne s’agit pas seulement de

proposer aux lecteurs des documents mais des informations, extraites, mises en formes

ou construites à partir des fonds de la bibliothèque. Dans une perspective documentaire,

Nicole Le Pottier observe que la bibliothèque apparaît moins « comme une collection de

documents » que « comme un gisement d’information dont il s’agit d’extraire la

réponse à la question posée [par le lecteur]32». Dès lors, il n’y a plus lieu de faire la

distinction traditionnelle rappelée par J.-P. Accart entre « la gestion du fonds réservée

aux bibliothécaires et le traitement du contenu par les documentalistes.33 »

Les bibliothécaires ont l’habitude depuis longtemps de confectionner des

produits documentaires, qui constituent une véritable plus-value à leurs collections : il

s’agit des bibliographies, des présentoirs thématiques ou des tables des nouveautés, qui

consistent à signaler des ressources particulières à l’attention du lecteur, à les ordonner

ou à les mettre en valeur à telle ou telle occasion. De plus en plus, ce type d’offre se

dématérialise : les bibliographies sont numérisées ou se transforment en répertoires de

signets, les flux RSS (parfois réunis par des outils d’agrégation comme Netvibes),

remplacent les tables des nouveautés ou les panneaux d’affichage. Le service Actualité

et information de la médiathèque de Blois propose sur son site un véritable portail de la

vie pratique, répertoriant des sites de référence dans les domaines de l’emploi, du droit,                                                                                                                31  THUILLARD,  Guilaine,   La  place  de   l’actualité  par   le   livre  dans   les  bibliothèques  municipales  de   la  ville  de  Paris  (Mémoire  d’étude,  diplôme  de  conservateur  des  bibliothèques,  2006)  32  LE  POTTIER,  Nicole,  «  Les  recherches  documentaires  »,  MOUREN,  Raphaëlle,  PEIGNET,  Dominique,  Le  métier  de  bibliothécaire,  Cercle  de  la  librairie,  2003,  p.  265  33   ACCART,   Jean-­Philippe,   «   Bibliothécaire,   documentaliste   :   Même   métier   ?   »,   Bulletin   des  Bibliothèques  de  France,  2000,  n°  1,  p.  88-­93  

Page 21: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  21  

de la vie régionales, etc. Les services de référence se virtualisent eux aussi : les

Guichets du savoir animés par la bibliothèque de Lyon, le réseau Biblioses@me

réunissant une douzaine d’établissements autour de la BPI, se proposent, dans la droite

ligne du téléphone public d’information, de répondre aux demandes d’information les

plus variées de leurs usagers, comme le souhaitait autrefois Morel. David Soret

remarque que « le passage au service de référence virtuel accompagne souvent la mise

en place d’un service de référence tout court.34» Il y a un paradoxe français en la

matière : ces services de réponse à distance fleurissent actuellement bien que la fonction

de référence elle-même ait toujours été mal connue, peu étudiée et peu mise en œuvre

en France, à l’inverse du monde anglo-saxon où elle fait l’objet d’un haut degré de

formalisation et dispose même d’une revue dédiée depuis près de trente ans (The

Reference Librarian).

L’une des formes les plus sophistiquées de la production documentaire des

bibliothèques est le dossier ou le panorama de presse. La bibliothèque de Lyon propose

à la fois des dossiers sur la région Rhône-Alpes, des panoramas de presse généralistes,

et des sommaires de revues numérisés. Les « Questions d’actualité » proposées par la

médiathèque de Lorient sont des panoramas numériques de la presse magazine française

portant sur l’actualité sociale, économique et culturelle, l’emploi, la santé, le bricolage,

etc. Les panoramas de presse sont soumis à une redevance au titre du droit de copie :

des contrats types sont gérés par le CFC, le centre français d’exploitation du droit de

copie. La conception de dossiers de presse nécessite un travail de veille extrêmement

lourd, et d’importants moyens financiers et humains. A Montpellier, des panoramas de

presse généralistes ont été composés de 1990 à 1994 (sur le sida, le transport, les

élections législative...). Mais l’ampleur de la tâche a rapidement conduit à certaines

restrictions : depuis 1995 les dossiers se limitent aux manifestations et aux

problématiques locales, il en est de même à Clermont-Ferrand, tandis qu’à Massy, on

s’est résolu à abandonner cette pratique dans les années 80. Ces dossiers de presses, qui

constituent à la fois un sondage, une analyse, une mise en forme et une hiérarchisation

de l’actualité représentent pourtant un réel intérêt à l’heure d’Internet et de la société de

l’information, où chacun doit faire face à un flux incessant de discours et d’évènements

                                                                                                               34   SORET,  David,  L’évolution  des   services  de   référence.  L’exemple  du  Renseignement  documentaire  à  Doc’INSA  (Mémoire  d’étude,  diplôme  de  conservateur  de  bibliothèques,  2007)  

Page 22: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 22  

parfois assourdissants : le travail des bibliothécaires dans de domaine, pour peu qu’il

découle d’une réflexion approfondie et d’une démarche consciente inscrite dans une

politique documentaire, représente un réel intérêt face à certains services en ligne

comme Google Actualité, qui se contentent de sélectionner et de traiter l’actualité à

travers une série d’algorithmes plutôt qu’à travers un véritable filtre intellectuel...

Dans certains cas, la bibliothèque devient elle-même un média, un producteur

d’information et d’actualités parmi d’autres. Les blogs participent, dans une certaine

mesure de ce mouvement. La salle d’actualité de Montpellier dispose d’un blog dédié

intitulé « la rotative ». Le service Infos actu de la bibliothèque de Saint-Raphaël anime

deux blogs thématiques sur l’emploi et l’autoformation. Le site « Points d’Actu » géré

par la BM de Lyon est un véritable magazine culturel en ligne, proposant à la fois les

coups de cœur de l’équipe dans les acquisitions récentes de la bibliothèque, un

panorama du web, et des dossiers d’actualité d’efforçant de tisser des liens entre les

collections de la bibliothèque et des thèmes d’actualité contemporains : « mai 68 à

Lyon », « les jeux Olympiques en Chine et la question politique », etc. La salle

d’actualité de la cité des sciences est d’une certaine manière l’équivalent physique des

points d’actu lyonnais : elle se veut « un véritable média en soi », conçu comme un

« magazine-exposition mensuel mêlant écriture, vidéo et son, fabriqué par des

journalistes et des réalisateurs regroupés dans une rédaction avec une ligne

éditoriale.35»

Si la bibliothèque peut, dans certains cas, être considérée comme un média à part

entière, elle revendique aussi, avec insistance, une forme de spécificité. Pour Claire

Stra, le rôle de la BPI est ainsi de diffuser l’information, de répercuter l’actualité, mais

aussi de la mettre en forme « pour qu’elle soit plus lisible » : la bibliothèque a un rôle à

jouer dans « l’enseignement par rapport aux médias » :

On  a  un  rôle  social,  celui  de  donner  une  vision  pluraliste  de  l’information.  [...]  Les   gens   sont   très   sensibles   à   la   propagande   et   à   la  manipulation   ;   c’est   un  rôle  à  jouer  pour  un  service  public  que  de  garantir  une  certaine  neutralité  et  la   pluralité.   Il   existe  malheureusement   une   grosse   carence   de   formation,   un  problème  dans   l’enseignement  par   rapport  aux  médias,   il   y  a  des  notions  de  

                                                                                                               35  COUSIN,  Marthe,  MULLER,  Joëlle,  «  La  collaboration  entre  journalistes  et  médiathécaires,  l’exemple  de  l’espace  sciences  actualités  de  la  Cité  des  Sciences  »  Actualité,  informations,  services  de  référence  en  bibliothèques,  Presses  universitaire  de  Bordeaux,  1999  

Page 23: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  23  

base   à   faire   passer   pour   que   les   enfants,   les   adolescents   deviennent   des  citoyens.36  

Cette façon de tendre vers l’actualité, tout en revendiquant une position de recul,

de nature réflexive ou citoyenne est, nous l’avons déjà vu, le propre des services

d’actualité en bibliothèques. Cette posture se concrétise parfois dans des initiatives

concrètes comme les « Regards sur l’info », un rendez-vous annuel organisé par la

médiathèque de Lorient en partenariat avec le CLEMI, le Centre de liaison de

l’enseignement aux moyens d’information, un organisme issu de l’Education nationale

ayant pour objectif «la promotion d’un accès pluraliste des médias dans l’Education

pour favoriser une meilleure compréhension du monde et développer le sens critique

des élèves.37»

L'ENJEU DE LA COOPERATION

 

La bibliothèque, à partir du moment où on la considère comme un point d'accès

à l'information, appartient, qu’elle y soit intégrée ou pas, à un réseau documentaire : un

ensemble d’institutions proposant une offre voisine, complémentaire ou éventuellement

rivale de la sienne. Il est évident que la bibliothèque ne peut pas tout posséder dans ses

collections, et qu’elle n’a pas intérêt non plus à élaborer une offre redondante par

rapport à ce qui existe déjà ailleurs. Travailler en partenariat avec d’autres institutions

(médias, associations, administrations, centres de documentation et d’information...) est

donc un enjeu majeur.

Sous sa forme la plus élémentaire, cette insertion de la bibliothèque dans une

carte documentaire se traduit par sa capacité à réorienter les usagers vers d’autres lieux

lorsqu’elle ne dispose pas des ressources qui leur sont nécessaires. Savoir « à qui

s’adresser », et « où aller » ; savoir où trouver une information à défaut d’en disposer,

est sans doute le savoir-faire par excellence du bibliothécaire. Evoquant l’exemple de

Massy, Nicole Le Pottier souligne à juste titre que « Les bibliothécaires ne peuvent se                                                                                                                36   STRA,  Claire,   citée  par  BEGUEC,  Annelise,   COSTE  Hélène,  DUPUICH  Lucile,  PICHARD  Eric,  RENOSI  Catherine,   Qu’est-­   ce   que   l’actualité   ?   (Mémoire   de   recherche,   diplôme   de   conservateur   des  bibliothèques,  2005)  37   «   Information   du   citoyen   en   bibliothèque,   19   juin   2003   –   Rennes.   Compte   rendu   de   la   journée  d’étude.  »,  p.  41  En  ligne  :  www.britalis.org/britalis/  actualites/documents/CR_JE_Citoyen.pdf  

Page 24: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 24  

substituer ni à un avocat, ni à un médecin, ni à une assistante sociale, ni à un technicien

agricole, ni à un conseiller d'orientation [...] Le service d'information ne donne pas de

conseils et il n'est pas non plus intégré dans un organisme qui apporte une solution aux

problèmes.38» Pourtant, ce simple rôle d’intermédiaire, de référent, en principe neutre et

bienveillant, lorsqu’il est mis en œuvre dans le cadre d’un service public, remplit une

fonction éminemment sociale. C’est ce que souligne Nadine Massias :

Grace   au  maniement   répété   des   annuaires,   des   répertoires   d’organisme,   des  brochures  administratives,  [les  agents]  apprennent  à  diriger  [les  usagers]  vers  des  centre  de  ressources  mieux  adaptés.  Il  arrive  que  cette  fonction  de  relais,  interprétée  dans  sa  conception  la  plus  extensive,  oblique  en  faveur  des  publics  les  plus  désorientés  ou  les  plus  novices,  vers  une  forme  d’aide  plus  appuyée,  un  véritable  accompagnement  pédagogique  dans   leur  démarche.   [...]  On  mesure  vraiment  à  l’occasion  de  rencontres  privilégiées  avec  des  lecteurs  désemparés,  venus   chercher   la   clef   d’accès   à   une   solution   ou   une   procédure   pour  débrouiller  une  situation  complexe,   le  prix  qu’ils  accordent  à  cette  possibilité  de  trouver  en  terrain  neutre  [...]  les  élément  d’information  pluriels  et  objectifs  indispensables  à  une  plus  juste  appréciation  de  leur  cas  et  de  leurs  droits.  La  dimension  «  sociale  »  du  service  public  se  révèle  là...39  

Les bibliothèques les plus ambitieuses, comme Saint-Quentin-en-Yvelines,

cherchent à «placer la médiathèque à l'intérieur du réseau de recherche

d'informations40 » en établissant de nombreux contacts avec d’autres institutions.

Modèles en la matière, la Cité de la santé et la Cité des métiers entretiennent chacune

une douzaine de partenariats étroits avec les acteurs du monde de l’emploi et de la

santé. A Rennes, la constitution du pôle Vie du citoyen s’est effectuée en concertation

avec de nombreuses institutions travaillant dans des domaines voisins : le centre

d’information et d’orientation Rennes sud, le conseil régional de Bretagne, la mission

locale, le SUIO Rennes 1, le Centre rennais d’information pour le développement, le

service de documentation de l’ENSP, la direction des affaires juridiques et de la

                                                                                                               38  LE  POTTIER,  Nicole,  «  Informez,  il  en  restera  toujours  quelque  chose...  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  1984,  n°  3,  p.  198-­206  39  MASSIAS,  Nadine,  «  Un  exemple  de  la  particularité  française  :  le  service  d’information  et  d’actualité  de   la   bibliothèque   de   Bordeaux   Mériadeck   »,   Actualité,   informations,   services   de   référence   en  bibliothèques,  Presses  universitaire  de  Bordeaux,  1999,  p.119  40   DEBRION,   Philippe,   «   La   médiathèque   du   Canal   à   Saint-­Quentin-­en-­Yvelines   »,   Bulletin   des  Bibliothèques  de  France,  1994,  n°  2,  p.  31-­35  

Page 25: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  25  

documentation de la ville de Rennes, le CRDP et le CDDP, la fédération des œuvres

laïques, l’office du tourisme de Rennes, etc.

Certaines organisations sont à la recherche de partenaires afin de mutualiser,

échanger ou partager des ressources. A Bordeaux et à Saint-Quentin-en-Yvelines, suite

à une convention passée avec l’INSEE, des relais ont été installés dans les bibliothèques

: les grandes publications nationales et locales de l’institut (enquêtes statistiques,

recensement de la population, etc.) leurs sont envoyés systématiquement et

gratuitement. Saint-Quentin dispose en outre d’un guichet du réseau Guid’Europe. Il

s’agit d’un ensemble de ressources sur le thème de l’Europe, agréées par la Commission

européenne et le Ministère des Affaires Etrangères, plus souvent présents dans les

conseils généraux que dans les bibliothèques.

La coopération documentaire, bien que nécessaire est souvent difficile. A Saint-

Quentin, les bibliothécaires ont observé qu’il était très difficile de ne pas être perçu par

d’éventuels partenaires comme un concurrent ou, à l’inverse, comme une sorte de roue

de secours : les responsables d’ANPE ou de pépinières d’entreprises, généralement

réticents à entrer en contact avec la bibliothèque, n’hésitent pas à lui envoyer des

personnes lorsqu’ils s’estiment débordés. En ce qui concerne les administrations en

générale, les relations sont ambivalentes et difficiles à maintenir sur le long terme : à

Bordeaux, une campagne de prospection de la documentation gratuite a été conduite

auprès de l’ensemble des organismes publics. Ce dispositif, pourtant appuyé par une

lettre circulaire, a été difficile à mener sur le long terme : la transmission des documents

est aléatoire, et leur mise à jour n’est pas systématiquement effectuée sans d’insistantes

relances.

On touche là aux limites qui s’opposent à l’importation du modèle du community

service en France : ces obstacles sont à la fois d’ordre idéologiques et institutionnels.

Comme le remarque Nadine Massias ils découlent à la fois d’une « d’une perception un

peu réductrice du rôle des bibliothèques » et de la « difficulté en France à mettre en

œuvre avec des organismes publics et associatifs une politique de coopération qui ne

soit pas pensée en termes de compétitivité ni de concurrence mais de complémentarité,

Page 26: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 26  

comme l’illustre si bien le monde anglo-saxon.41 » Certaines expériences locales

s’efforcent de surmonter ces difficultés en construisant de véritables réseaux

documentaires, c’est le cas par exemple de la COBB, l’agence de coopération des

bibliothèques et centres de documentation en Bretagne. Créée en 1985, il s’agit d’une

association à vocation régionale réunissant élus, bibliothécaires, archivistes,

documentalistes et qui vise à mettre en réseau l’ensemble des services publics afin de

faciliter l’accès aux ressources documentaires bretonnes.

                                                                                                               41  MASSIAS,  Nadine,  art  .  cit.,  p.  121  

Page 27: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  27  

III. Une bibliothèque dans la bibliothèque

La singularité des services d'actualité, d'information ou de référence est d'être

souvent pensés pour et en fonction des besoins documentaires réels d'un public donné.

D'une certaine façon, leur public le leur rend bien, car il a lui même un profil bien

particulier, légèrement différent de celui des usagers habituels des bibliothèques. Cette

singularité, à la fois des publics et de l'offre documentaire, est une richesse dont on

prend toute la mesure lorsqu'elle s’incarne dans un espace concret : une salle

d'information, un forum de l'actualité, sont comme une autre bibliothèque à l'intérieur

de la bibliothèque, elles donnent l'occasion à ces lieux à la réputation parfois austère et

intimidante de former de véritables îlots de vie et de convivialité.

 

UN PUBLIC SPECIFIQUE

Le public des services d’actualité est bien particulier. Il se singularise d’abord

par ses pratiques de lecture, induites en partie par les collections qui lui sont proposées.

Parmi les six modalités de lecture distinguées par Eliséo Veron42, il entretient une

affinité particulière avec la « lecture du frais » et la « lecture thématique », ce qui

correspond plus ou moins aux deux orientations principales des services qui nous

intéressent : « l’actualité » et « l’information ». La lecture du frais est celle qui est

focalisée sur la notion de nouveauté : « ces lecteurs passent sans cesse d’un domaine à

l’autre, à condition qu’il s’agisse de livres qui viennent de sortir. Cela permet d’une

part de connaître l’actualité, d’être à jour, et d’autre part d’en parler avec ses relations

[...] La visite peut se limiter à la zone d’exhibition des nouveautés, lorsque celle-ci est

relativement importante.43 » La lecture thématique, elle, « est celle d’usagers qui sont

focalisés sur un sujet déterminé [...] le thème qui les intéresse est toujours formulé

                                                                                                               42   1)   la   lecture   thématique,   2)   la   lecture   problématique,   3)   la   lecture   éclectique,   4)   la   lecture  romanesque  par  genre,  5)   la   lecture  romanesque  par  auteur,  6)   la   lecture  du  "frais"  (VERON,  Eliseo,  Espaces   du   livre   :   perception   et   usages   de   la   classification   et   du   classement   en   bibliothèque,  Bibliothèque  publique  d'information/centre  Georges  Pompidou,  1990)  43  Ibid.,  p.  66  

Page 28: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 28  

d’une manière isolée, il n’est pas pensé par rapport à un domaine thématique ou

disciplinaire plus large.44 »

Souvent citée, la typologie proposée par E. Veron privilégie, plus ou moins

explicitement, un type de lecture dont le livre est le support par excellence, elle ne rend

pas parfaitement justice aux usagers des services d’information (un lecteur cherchant

l’ancien numéro d’un quotidien pour vérifier la date d’un décès, ou un élément de

preuve dans le cadre d’une démarche juridique, ne pratique ni une « lecture du frais » ni

une « lecture thématique » : il recherche une information...). Il conviendrait sans doute

de lui adjoindre une catégorie spécifique : la « lecture documentaire ». Ce serait celle de

l’enseignant à la recherche de ressources pédagogiques pour son cours, du chômeur

souhaitant se renseigner sur ses droits, du jeune homme voulant connaitre ses

possibilités d’orientation scolaire, de l’immigré prenant des nouvelles de son pays, de

l’étudiant réalisant un exposé, du touriste qui se documente sur sa prochaine destination,

etc. Dans tous les cas, il s’agit pour ces usagers, comme Sophie Tiévant a pu le

constater au cours de son enquête sur la Cité des métiers, de « chercher la réponse à

une question », ou de « chercher des éléments pour éclairer une situation.45 » Le

document qui intéresse ces différents lecteurs, qu’il s’agisse d’un livre, d’un magazine,

d’une brochure, ou d’un guide pratique, est toujours envisagé comme un moyen plutôt

qu’une fin, une ressource permettant de répondre à un problème, une question ou un

élan de curiosité, souvent formulés avant même l’entrée dans la bibliothèque.

« L’actualité » entendue au sens large englobe les documents traitant de la vie

dite « quotidienne ». Ces derniers se prêtent particulièrement bien à ce que Bernard

Lahire qualifie de « lecture pragmatique » : la lecture de « textes nullement destinés à

être interprétés mais à être convertis en pratique, en séries de gestes et d’actions. Il en

va ainsi des livres de cuisine, des livres ou revues de bricolage, de décoration, de

musculation.46 » Cette approche du document n’est pas très éloignée des procédés de la

lecture savante : elle implique souvent de comparer différents documents, de prendre

des notes, ou de faire des photocopies, ce qui nécessite un temps de visite généralement

                                                                                                               44  Ibid.,  p.  47  45  TIEVANT,  Sophie,  La  Cité  des  métiers,  évaluée  par  la  pratique  de  ses  usagers  ,  étude  ethnographique,  1996,  disponible  à  la  Cité  des  sciences  et  de  l’industrie.  46  LAHIRE,  Bernard,  La  Raison  des  plus  faibles,  Presses  Universitaires  de  Lille,  1998,  p.  106  

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  29  

long, et centré sur la consultation plutôt que sur l’emprunt. Dans sa singularité, ce

rapport au document recoupe les évolutions générales des usages observés récemment

par le CREDOC : l’usager des bibliothèques, quel qu’il soit, est de moins en moins un

« emprunteur » qui s’inscrit à la bibliothèque pour lire chez lui : « au-delà de leur

fonction initiale de prêt, les bibliothèques sont aujourd’hui, de plus en plus, des lieux de

lecture sur place pour les livres (50% des usagers en lisent sur place) et la presse

(36%).47»

B. Lahire constate que la lecture pragmatique est d’abord celle des milieux

populaires et des faibles lecteurs. Quel est le profil sociologique des usagers intéressés

par l’actualité et l’information ? On dispose de très peu de données à ce sujet, toutefois,

un certain nombre d’observations semblent converger : si l’usager moyen des

bibliothèques est plutôt féminin, jeune, et diplômé, les lecteurs qui nous intéressent en

sont l’exact opposé. A la BPI, les multiples enquêtes conduites dans les années 80 et 90,

définissent le public de la salle d’actualité comme « très différent de celui de la

bibliothèque48 » : il compte beaucoup moins d’étudiant, plus de chômeurs et de

personne peu diplômées, une majorité d’homme, souvent d’origine étrangère et plus

âgés que la moyenne. Gilles Gudin de Vallerin constate de la même manière que le

public du forum de l’actualité à Montpellier est « majoritairement masculin» et que «

22% des lecteurs sont à la recherche d'un emploi.49»

Il est particulièrement intéressant de constater que les services d’information à

distance donnent lieu au même type de constat. Anne Marinet relevait déjà en 1984 une

forte disparité entre les centres d’intérêts du public de la BPI et ceux des usagers du

téléphone public d’information : dans le second cas, les questions à caractère

professionnel ou liées à la vie active sont majoritaires ; les profils sociologiques sont

également répartis de façon plus équilibrée (les couches populaires, moyennes et

supérieures de la population sont représentées à peu près à part égale, ce qui est, observe

A. Marinet, « inhabituel dans les enquêtes sur les comportements culturels, où les

                                                                                                               47  CREDOC,  «  La  fréquentation  des  bibliothèques  publiques  a  doublé  depuis  1989  »,  Consommation  et  mode  de  vie,  n°  193,  mai  2006.  En  ligne  :  http://www.credoc.fr/pdf/4p/193.pdf  48  BARBIER-­BOUVET,  Jean-­François,  POULAIN,  Martine,  op.cit.,  p.  156  49   GUDIN   DE   VALLERIN,   Gilles,   «   D’une   salle   de   presse   à   un   forum   de   l’actualité   »,   Actualité,  informations,   services   de   référence   en   bibliothèques,   Bordeaux,   Presses   universitaires   de   Bordeaux,  2000,  p  77  

Page 30: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 30  

classes populaires sont généralement très minoritaires par rapport aux classes

moyennes.50 »). Une enquête récente de la bibliothèque de Lyon a mis en évidence de la

même manière que les Guichets du savoir ne se substituent pas à la bibliothèque mais

« conquièrent un public nouveau.51 » La proportion des usagers de ce service âgés de

plus de 30 ans s’élève à 67% (contre 49% à la bibliothèque). Les jeunes, les personnes

scolarisées, sont beaucoup moins nombreuses, tandis que les retraités, et surtout les

personnes en activité représentent une part beaucoup plus importante (63%) que dans la

bibliothèque (25%).

Le fait que nous ayons affaire à la BPI et à Lyon à des services en ligne joue

probablement un rôle important dans ces chiffres, sans doute même essentiel (les

personnes actives peuvent plus difficilement se déplacer à la bibliothèque, l’anonymat

lève certaines inhibitions...). Toujours est-il que, de façon générale, les services

d'information, dans la mesure où ils constituent une offre alternative à celle de la

bibliothèque, en proposant une autre approche de la lecture, et un autre rapport au

document, apparaissent comme un facteur de diversification des publics, et un moyen

de capter certaines personnes éloignées de la lecture publique ou mal à l’aise vis-à-vis

de ses institutions, et qui en ont sans doute bien plus besoin qu’elles ne l’imaginent.

UN ESPACE A PART DANS LA BIBLIOTHEQUE

 

En dépit de leur spécialisation apparente, les espaces d’actualité et d’information

sont toujours des lieux hautement attractifs pour l’ensemble des lecteurs. Ce sont de

véritables « aspirateurs à public », ce qui explique que les salles d’actualité soient

souvent placées à l'entrée de la bibliothèque, ou à proximité du hall d'accueil, comme un

sas. Nadine Massias constate « la puissance d'attraction » de l’espace d’actualité à

Bordeaux, qui se traduit par « une fréquentation massive et constante des usagers.52»

Gilles Gudin de Vallerin note à Montpellier que le public du forum de l’actualité est

fidèle et régulier : « 41,90% des usagers fréquentent au moins une fois par semaine la

                                                                                                               50  MARINET,  Anne,  «  Le  téléphone  public  d'information  »,  Bulletin  des  bibliothèques  de  France,  1984,  n°  3,  p.  208-­219  51     Bibliothèque   municipale   de   Lyon  :   temps   forts   2004.   En   ligne   :   http://www.bm-­lyon.fr/accueil/organisation-­  BML/rapport2004/3-­tempsfort.pdf  52  MASSIAS,  Nadine,  art.  cit.,  p  106  

Page 31: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  31  

salle d'actualité.53 » La force d'attraction qu'exercent ces espaces implique qu'ils doivent

être ambitieux pour être efficaces, et avoir la capacité, au moins matérielle, d'accueillir

un public conséquent. A Montpellier, la taille initiale du forum de l'actualité a retardé

son succès. Afin de répondre à la demande des usagers ce dernier a connu une

croissance exponentielle en dix ans : passant de 100m2 en 1981, à 150m2 en 1998 et

594m2 en l'an 2000. De nombreux établissements, lorsqu’ils en ont les moyens, ont opté

pour un espace aux dimensions similaires, compris entre 450m2 et 600m2 : Aix-en-

Provence (460m2), Rennes (528m2), Chambéry (550m2), Limoges (582m2), Bordeaux

(611m2)...

L’attractivité des salles d’actualité démontre que, malgré la tendance des

bibliothèques à virtualiser leur offre en matière d'information, ces derniers prennent une

toute autre dimension lorsqu'ils sont adossés à un espace propre, qui permet en quelque

sorte de « capitaliser » la spécificité des publics qui la fréquente en leur réservant un

espace à part dans la bibliothèque. Les bibliothécaires s'efforcent souvent eux-mêmes de

mettre en scène l'originalité des lieux. A Poissy, l’espace actualité est situé sur une vaste

estrade circulaire, le « podium de l’actualité », véritable avant-scène dans la grande salle

de lecture. A Rennes, des dépêches AFP sont projetées sur les murs. Elles peuvent être

lues de façon distraite ou curieuse par les usagers qui font une pause dans leur lecture,

mais elles ont surtout pour fonction de marquer la spécificité de la salle d’actualité, qui

se veut ostensiblement un lieu de vie et de passage, traversé par des flux, des courants

transitoires d'information et d'images.

Du point de vue des usagers, les espaces d'actualité se distinguent du reste de la

bibliothèque par leur mobilier : canapés ou chauffeuses, bars et tabourets adaptés à une

lecture sur le modèle du feuilletage se mêlent aux tables de travail et aux chaises

habituelles. Les collections spécifiques, périodiques, prospectus, brochures, nécessitent

également des rangements appropriés : carrousels, tableaux d’affichage, vitrines,

présentoirs à journaux et meubles à plans inclinés ou à casier, classeurs. En l'absence de

prêt, les banques de renseignement sont souvent moins imposantes et moins

intimidantes, mas on peut aussi décider, à l'inverse, de les rendre encore plus visibles en

                                                                                                               53   GUDIN   DE   VALLERIN,   Gilles,   «   D’une   salle   de   presse   à   un   forum   de   l’actualité   »,   Actualité,  informations,   services   de   référence   en   bibliothèques,   Bordeaux,   Presses   universitaires   de   Bordeaux,  2000,  p.  76  

Page 32: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

 32  

les multipliant le long des axes de circulation, comme à la BPI. Dans tous les cas, il

s’agit de « marquer symboliquement que demander des informations aux

bibliothécaires n'est pas l'apanage de ceux qui ne maîtriseraient pas parfaitement

l'usage de la bibliothèque, mais, bien au contraire, une démarche qui doit devenir de

plus en plus fréquente pour faire face à l'afflux des nouvelles donnes de

l'information.54»

La classification adoptée est une autre façon de prendre en compte les besoins et

les attentes spécifiques du public dans l'aménagement physique des collections. C'est

ainsi qu'à la BPI, le choix initial (sans doute fort contestable) de la CDU a été effectué

parce qu'elle semblait « le meilleur système possible » pour « servir à une exploitation

des fonds de la bibliothèque à des fins de recherche documentaires.55» De façon plus

judicieuse, les espaces d'actualité adoptent souvent un mode de classement par centres

d'intérêt, qui semble particulièrement bien adapté à la lecture thématique ou

documentaire et à celle de la presse, c'est la cas à Blois, à Saint Quentin en Yvelines, à

Bordeaux...

Les salles d'actualité se distinguent également par leur ambiance bien

particulière : des badauds passent d'un présentoir à l'autre ; certains lecteurs, comme

dans une librairie, feuillètent debout ou parfois assis par terre, le dernier numéro d'un

magazine ; les habitués sont installés à leur table, leur quotidien préféré étalé devant

eux. Souvent, comme à Saint Quentin, des salles de travail, des carels ou des box vitrés,

sont mis à disposition des lecteurs souhaitant se réunir, travailler sur un ordinateur ou

suivre une formation. Tout concourt à faire de la salle d'actualité un lieu d'échange et de

rencontre, notamment entre les lecteurs expérimentés, les habitués, et le public plus

occasionnel de la bibliothèque. Martine Poulain définit la salle d’actualité de la BPI

comme un « lieu de brassage ». Un parti-pris récurrent consiste à mêler les

documentaires adulte et jeunesse. Ce dispositif permet d'éprouver les qualités du «

décloisonnement » déjà constatées par ailleurs : il permet aux jeunes de se familiariser

avec des lectures autres que celles qui leur sont habituellement destinées, il facilite le

passage difficile de la section des enfants à la section adulte au moment de

                                                                                                               54   BLANC-­MONTMAYEUR,   Martine,   «   La   Bibliothèque   publique   d’information   :   Une   bibliothèque  revisitée  »,  BULLETIN  DES  BIBLIOTHÈQUES  DE  FRANCE,  1999,  n°  6,  p.  44-­49  [en  ligne]  55  SEGUIN,  Jean-­Pierre,  op.cit.  ,  p.  61  

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  33  

l’adolescence, et autorise les lecteurs peu expérimentés à consulter des ouvrages

documentaires plus faciles d'accès, et souvent d’une grande qualité, sans avoir à en

rougir.

Parfois, l'autonomie des espaces d'actualité et d'information est telle qu'ils

apparaissent presque comme isolés, en retrait ou en avant par rapport au reste du

bâtiment. C'est le cas à Aix-en-Provence, ou à Rennes, où la salle d'actualité se trouve à

l'intérieur du centre culturel accueillant la bibliothèque mais en dehors du volume

principal qu'elle occupe. A Rennes, la Vie du Citoyen a également des horaires plus

larges que le reste de la bibliothèque : elle est ouverte le dimanche et ne ferme pas

pendant l'été. Les bibliothécaires rennais rapportent que certains lecteurs comprennent

mal que la Vie du citoyen et la bibliothèque ne font qu'un. C'est l'un des écueils

auxquels on s'expose en isolant ainsi un espace, des services, et des fonds à l'identité

très marquée : on risque de désorienter le public et de déstructurer l'établissement en

dédoublant de façon superflue les collections et les services. A Limoges, Jean-Philippe

Lamy observe que la dispersion de la fonction de référence entre le forum de l'actualité

et le bureau de renseignement général dans la salle de lecture principale est une «

faiblesse conceptuelle » qui « comporte le risque d’une dispersion des compétences.56 »

Nadine Massias, pour sa part, souligne avec insistance qu'il faut « résister à la tentation

de vouloir développer un fonds universel, recréant ainsi une bibliothèque dans la

bibliothèque57 », la juste répartition des collections entre la salle d'actualité et les autres

pôles de la bibliothèques est un art difficile et parfois une source de conflits.

Il arrive de temps en temps, comme à Saint-Quentin ou à Poissy, que le fond

d'actualité ait été développé par une documentaliste, dans un état d'isolement relatif. Le

fait que les services d'information renvoient à des compétences, des savoir-faire, un

horizon professionnel parfois plus proche des métiers de la documentation que des

bibliothèques comporte un dernier piège, celui d'exposer le personnel au « choc des

cultures » décrit par Christophe Evans :

Les  bibliothécaires,  plus  proches  souvent  d'un  univers  qui  relève  de  la  sphère  de  la  culture  -­  et  dans  certains  cas  de  la  culture  lettrée  -­  que  de  la  sphère  de  l'information  au  sens   large,   sont  susceptibles  de  se   trouver  en  décalage  avec  

                                                                                                               56  LAMY,  Jean-­Philippe,  art.cit.  57  MASSIAS,  Nadine,  art.cit.,  

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 34  

les  usagers  avec  lesquels  ils  sont  en  relation.  C'est  le  cas  par  exemple,  si  pour  eux   l'information  sur   l'emploi  ne  relève  pas  des  compétences  et  des  missions  de   la   bibliothèque.   Ils   peuvent   également   se   trouver   en   décalage   avec  l'établissement   dans   lequel   ils   exercent   leur   profession   si   celui-­ci   s'est  justement  fixé  pour  objectif  de  développer  ce  type  de  nouvelles  réponses.58

Il faut relativiser ces risques. Les espaces d’information et d’actualité sont plus

souvent des facteurs de synergie que de division dans un équipement. La variété de leur

public, le caractère multidisciplinaire et multithématique de leurs collections fournissent

l'occasion rêvée de développer une dynamique bénéfique à l'ensemble de la

bibliothèque. Dans la plupart des établissements, les salles d’actualité ne fonctionnent

pas en autarcie, mais entretiennent des relations étroites avec le reste de la bibliothèque

(par exemple en présentant les nouvelles acquisitions des autres pôles, en orientant et en

accueillant les lecteurs, en concevant des bibliographies permettant l’exploitation de

l’ensemble des fonds...), et sont conçues comme un nœud de circulation, de renvoi d'un

lieu de la bibliothèque à l'autre. Olivier Las Vergnas constate ainsi qu’« un usager de la

cité des métiers sur trois utilise aussi la médiathèque59 », Nadine Massias souligne

quant à elle le « rôle d'orientation et de lien structurant au sein de l'établissement60» de

l’espace d’actualité de Bordeaux.

Les risques de tension, de contradiction, de fonctionnement autarcique ont de

grandes chances d'être évités si un travail de réflexion approfondi a été mené en aval du

projet. De fait, et c’est une autre de leur singularité, les services d'actualité peuvent

difficilement se passer d'une politique documentaire, ne serait-ce que sous forme

d'ébauche: bien souvent, lorsque la bibliothèque ne dispose pas de document

d'orientation générale, comme à Rennes, c'est le cas, à contrario, de la salle d'actualité.

Une politique documentaire s’impose pour au moins pour deux raisons : d’abord parce

qu’un fond conçu comme une réponse à un besoin documentaire concret se doit de

formuler et d’expliciter cette demande afin de se construire et de se développer ; ensuite

parce que l’impératif de l’« actualité », couplé au libre accès, impose de n’offrir au

lecteur que des documents strictement à jour, et donc de mettre en œuvre des techniques

de désherbage pointues et formalisées. Tout contribue donc à faire des salles d’actualité

                                                                                                               58  EVANS,  Christophe,  «  Nouvelles  demandes  en  médiathèque  :  approche  sociologique  »,  Bibliothèques  et  emploi,  Bibliothèque  Publique  d'Information/Centre  Georges  Pompidou,  1998,  p.  41  59  LAS  VERGNAS,  Olivier,  «  Les  supports  documentaires  à  la  cité  des  métiers  de  La  Villette  :  Fonctions  et  limites  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  2002,  n°  3,  p.  42-­48  60  MASSIAS,  Nadine,  art.cit.,  

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  35  

des services particulièrement originaux dans une bibliothèque : leurs collections, leur

public et leur espace, et aussi, parfois, leur mode de gestion.

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 36  

Conclusion : Un service public de l’information ?

 

 

La plupart des textes normatifs, des manifestes et des chartes des bibliothèques

leur attribuent un rôle essentiel dans la diffusion de l’information : le manifeste de

l’Unesco sur la bibliothèque publique définit cette dernière comme « par excellence, le

centre d’information locale, où l’utilisateur peut trouver toutes sortes de connaissances

et d’informations.61 » Le manifeste Ifla pour Internet confie aux bibliothèques le rôle « à

l’échelon mondial, [d’]interfaces vivantes entre les gens, [et] les ressources

d’information.62 » La charte des bibliothèques du CSB affirme quant à elle que « l’accès

du public à l’information [...]est d’abord assuré dans le cadre du réseau des

bibliothèques de lecture publique », elle ajoute que les collections des bibliothèques se

doivent d’être en prise sur l’actualité, « régulièrement renouvelées et actualisées.63» Les

services d’information, les salles d’actualité, s’intègrent pleinement dans cette

perspective, elles contribuent à faire des bibliothèques françaises, dans la lignée des

Community Services anglo-saxons, de véritables services publics de l’information.

Paradoxalement, à l’heure de la « société de l’information », la pertinence de

cette idée semble remise en question. Comme le rappelle David Soret, les services de

référence anglo-saxons, que l’on peut considérer comme emblématiques de la fonction

d’information des bibliothèques, sont entrés, depuis une dizaine d’années, dans une

phase de crise :

Les  services  de  référence  en  ligne,  qui  se  voulaient  une  réponse  au  défi   lancé  par   internet   et   les   moteurs   de   recherche,   ne   suffisent   pas   à   enrayer   la  diminution   vertigineuse   des   demandes   enregistrées   aux   reference   desks  depuis   leur   apogée   au   milieu   des   années   1990.   Les   statistiques   de   l’ARL  (Association   of   Research   Libraries),   qui   regroupe   plus   d’une   centaine   de  bibliothèques   universitaires   nord-­américaines,   font   apparaître   que,   depuis  1996,   le  nombre  de  reference   transactions   ne   cesse  de  décroître  d’année  en  année.  Entre  1996  et  2004,  il  a  ainsi  été  presque  divisé  par  deux.64  

                                                                                                               61  «Manifeste  de  l’Unesco  sur  la  bibliothèque  publique»,  MOUREN,  Raphaele,  PEIGNET,  Dominique,  Le  métier  de  bibliothécaire,  Cercle  de  la  librairie,  2003p.  389  62  «  Manifeste  Ifla  pour  Internet  »,  Ibid.,  p.  393  63  «  Charte  du  CSB  pour  les  bibliothèques  publiques  »,  Ibid.,  p.  398  64   SORET,   David,   «   Les   services   de   référence   dans   un   environnement   concurrentiel   »,   Bulletin   des  Bibliothèques  de  France,  2007,  n°  6,  p.  20-­24  

Page 37: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

  37  

Dans une large mesure, ces observations faites en bibliothèque universitaire sont

également valables pour les bibliothèques de lecture publique. La cause de cette

désaffection relative des lecteurs est évidente : avec l’accès aisé et généralisé à internet,

ces derniers ont à leur disposition, souvent à domicile, une somme presque inépuisable

d’informations de tous ordres, une bibliothèque virtuelle plus vaste (et peut-être plus

désordonnée) que n’importe quel établissement concevable. Quelle est donc, à l’heure

actuelle, la pertinence de cette idée d’un service public de l’information ?

Il convient d’abord de rappeler qu’une bibliothèque n’est pas seulement un

maillon abstrait dans la chaine mondiale de l’information : c’est une réalité matérielle,

physique et concrète, un espace et un lieu enraciné dans un environnement qui lui est

propre. On a vu tout l’intérêt que représentait l’existence dans une bibliothèque d’une

véritable salle consacrée à l’actualité. Même à l’heure de la société de l’information, il

n’y a pas de raisons pour que les seuls forums existants soient virtuels : les

bibliothèques ont l’avantage d’être des centres de ressource qui sont aussi des lieux de

rencontre, de modernes cabinets de lecture. Elles n’ont rien a gagner à devenir des

portails internet parmi d’autres, s’adressant au tout-venant : leur force, dans le domaine

de l’information, est au contraire de proposer un ensemble de services et de collections

« situé », en rapport direct avec les besoins de ce que les anglo-saxons qualifient de

« communauté », ce que l’on pourrait peut-être s’aventurer à traduire ici par

« territoire ».

Lorsqu’elle parvient à définir et à répondre à un besoin local d’information (sur

l’emploi, la vie politique ou régionale), la bibliothèque est une institution irremplaçable.

Car de toute évidence, Internet ou pas, il existe un besoin d’information. Il faut en effet

apporter un complément au constat rapporté par D. Soret : ce dont les bibliothécaires de

référence, derrière leur banques de renseignements, semblent être avant tout délestés

depuis quelques années, ce sont les demandes les plus factuelles et les plus aisées à

résoudre, ce que les anglo-saxons nomment les « ready reference

questions » : demandes de coordonnées, d’adresses, de définitions, etc. Comme

l’observent F. Gaudet et C. Liéber, « il semble que les usagers se débrouillent

maintenant par eux-mêmes lorsqu’ils sont à la recherche d’informations simples à

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 38  

trouver.65» Si les questions posées aux bureaux de référence anglo-saxons sont de moins

en moins nombreuses, elles sont, en même temps, de plus en plus complexes. Cet état

de fait ne disqualifie en fait en rien l’idée d’un service public de l’information : il est au

contraire révélateur du besoin, plus fort que jamais de le part du grand public, d’experts

de l’information et de médiateurs capable de filtrer, de clarifier et d’analyser l’actualité

à partir d’un certain degré de complexité. Le point de vue de Jacques Attali sur la

question semble à cet égard parfaitement fondé :

Les  métiers  de  l'information  qui  sont  les  vôtres  ne  consisteront  plus  à  mettre  de  l'information  à  disposition,  mais  à  la  hiérarchiser  et  à  lui  donner  du  sens.  Produire  du  sens  est  certainement  l'avenir  de  votre  métier.66  

Le rôle des bibliothèques dans ce contexte inédit pourrait être de militer pour ce

qu’Yves Alix qualifie d’« offre non marchande dans le marché de l’information67 » et

de promouvoir, comme le propose le président de l’Ifla, l’idée de « l’information

mondiale comme un bien commun.68» En effet, notre société de l’information ne se

caractérise pas seulement par la profusion et la prolifération des discours, des mots

d’ordres, des images et des évènements : nous assistons également à un vaste

mouvement de privatisation du savoir en réaction à sa dématérialisation et à l’apparition

de « riches » et de « pauvres en information » séparés des ressources dont ils ont besoin

non seulement par la célèbre « fracture numérique » mais aussi par un fossé culturel.

L’illustration la plus triviale en est donnée par ces nombreux sites payants, très bien

référencés dans les moteurs de recherche, qui fournissent des modèles de curriculum

vitae, des lettres types, ou des informations administratives, qui sont disponibles par

ailleurs facilement et gratuitement dans les bibliothèques publiques ou même sur le site

des institutions adéquates. Il y a là un enjeu social et politique évident : dans une

démocratie où chacun dispose formellement de droits équivalents, l’inégalité a souvent

pour cause un pur et simple défaut d’information. Comme l’observe Mary Lee Bundy,

                                                                                                               65   GAUDET,   Françoise   ;   LIÉBER,   Claudine,   «   L’Amérique   à   votre   porte   :  Nouveaux   usages,   nouveaux  services,   nouveaux   concepts   de   bâtiments...   un   avant-­goût   de   notre   avenir   ?   »,   Bulletin   des  Bibliothèques  de  France,  2002,  n°  6,  p.  70-­77  66   Cité   par   ACCART,   Jean-­Philippe,   «   Bibliothécaire,   documentaliste   :   Même  métier   ?   »,   Bulletin   des  Bibliothèques  de  France,  2000,  n°  1,  p.  88-­93  67   ALIX,   Yves,   «   La   banalisation   des   bibliothèques   :   Une   offre   non   marchande   dans   le   marché   de  l’information  »,  Bulletin  des  Bibliothèques  de  France,  2002,  n°  1,  p.  23-­29  68  BYRNE,  Alex,  «  Promouvoir  l'information  mondiale  comme  un  bien  commun.  Déclaration  de  l'IFLA  à  la  conférence  préparatoire  de  WSIS  à  Tunis  »  En   ligne   :  http://www.ifla.org/III/wsis/wsis-­24Feb05-­fr.html  

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  39  

les ghettos américains se caractérisent au moins autant par une discrimination de fait

que par un déficit d’accès à l’information :

Le   besoin   d’information   des   gens   des   ghettos   est   la   conséquence   de   leurs  besoins  humains  et  sociaux,  c’est  de  là  qu’il  tire  son  importance  [...]  L’accès  ou  le  manque  d’information  stratégiques  peut  décider  du  succès  ou  de  l’échec  des  tentatives   individuelles   pour   résoudre   un   problème   ou   pour   améliorer   ses  conditions  de  vie.69  

Promouvoir la fonction d’information des bibliothèques revient à défendre l’idée

qu’elles ont un rôle politique ou « citoyen ». Pourtant, comme le rappelle Jean-Luc

Gautier-gentès, « un discours se développe aujourd’hui à la fois dans les milieux

professionnels et hors des milieux professionnels pour dire que l’information va tuer la

culture et la littérature.» A ce point de vue qui associe naturellement l’actualité « au

consumérisme dans ce qu’il a de plus vulgaire et de plus éphémère70 », il convient

d’objecter que l’accès équitable à l’information, y compris la plus concrète, et parfois la

plus triviale, est inséparable de l’idée d’émancipation, qui est la condition préalable

d’un rapport libre à la culture.

Nous avons eu l’occasion de voir que l’actualité et l’information occupaient

encore aujourd’hui une place modeste dans les services et les missions de la plupart des

bibliothèques, cela pour des raisons d’ordre à la fois historique et culturel (la prégnance

du modèle patrimonial et savant), technique (la difficulté de la bibliothèque à suivre le

rythme de l’actualité) et institutionnel (la fragmentation du paysage documentaire

français), mais l’obstacle le plus fondamental réside peut-être dans la réticence

instinctive des bibliothécaires à l’égard du monde politique. Il y a, comme l’observe J.-

L. Gautier-Gentès, « une tradition française forte de non représentation de la politique

dans les bibliothèques » :

Il   n’est   pas   impossible   que   derrière   l’information   économique   et   sociale,   les  bibliothécaires  voient  ce  qui  s’y  trouve  effectivement,  c'est-­à-­dire  la  politique.  

                                                                                                               69   BUNDY,  Mary-­Lee,   «   Urban   information   and   public   libraries   »,   GERARD,   David   (ed.),   Libraries   in  society  :  a  reader,  Bingley,  1978,.p.  110-­111  70  GAUTIER-­GENTES,  Jean-­Luc,  «  Actualité(s)  et  citoyenneté  »,  Information  du  citoyen  en  bibliothèque,  19   juin   2003   –   Rennes.   Compte   rendu   de   la   journée   d’étude.   En   ligne   :   www.britalis.org/britalis/  actualites/documents/CR_JE_Citoyen.pdf  

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 40  

Il  est  en  effet  très  difficile  de  séparer  la  politique  de  l’information  économique  et  sociale.71  

Malgré tout, certains établissements, ceux que nous avons eu l’occasion de citer

dans ces pages notamment, ont pris la ferme résolution d’assumer leur responsabilité

politique et sociale de pourvoyeurs d’informations : quel que soit leur degré d’ambition

et leur moyens, la devise des services d’informations et d’actualité de ces bibliothèques

pourrait bien être cette phrase que l’on attribue tantôt à Alfred Sauvy, tantôt à Hubert

Beuve-Mery, et qui pourrait aussi bien nous servir de conclusion : « Un homme bien

informé est un citoyen, un homme mal informé est un sujet. »

                                                                                                               71  Ibid.  

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  41  

Bibliographie  

LA PLACE DE L’INFORMATION DANS LE MODELE ANGLO-

SAXON

 

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LAMY, Jean-Philippe, « Vers de nouveaux services dans les bibliothèques publiques »,

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MOREL, Eugène, Bibliothèques : Essai sur le développement des bibliothèques

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BLANC-MONTMAYEUR, Martine, « La Bibliothèque publique d’information : Une

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SEGUIN, Jean-Pierre, Comment est née la BPI : invention de la médiathèque,

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MARINET, Anne, « Le téléphone public d'information », Bulletin des Bibliothèques de

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LES BIBLIOTHEQUES ET LE MONDE DE LA DOCUMENTATION,

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ACCART, Jean-Philippe, « Bibliothécaire, documentaliste : même métier ? », Bulletin

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BOUTHILIER, France, « La concurrence dans les métiers de la documentation : Réalité

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BYRNE, Alex, « Promouvoir l'information mondiale comme un bien commun.

Déclaration de l'IFLA à la conférence préparatoire de WSIS à Tunis » En ligne :

http://www.ifla.org/III/wsis/wsis-24Feb05-fr.html

« Information du citoyen en bibliothèque, 19 juin 2003 – Rennes. Compte rendu de la

journée d’étude. » En ligne : www.britalis.org/britalis/

actualites/documents/CR_JE_Citoyen.pdf

L’ACTUALITE ET L’INFORMATION EN BIBLIOTHEQUE

 

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BENOIST, Dominique ; LE CROSNIER, Hervé, « Périodiques et lecteurs : Répondre à

l'attente du public », Bulletin des bibliothèques de France, 1994, n° 4, p. 67-75

CALENGE, Bertrand, Accueillir, Orienter, Informer. L'organisation des services aux

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Page 43: Nicolas Beudon - Actualité et information dans les bibliothèques publiques

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 44  

TRAVAUX D'ETUDIANTS (DISPONIBLES A LA BIBLIOTHEQUE

DE L’ENSSIB)

 

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ROUZIES, Etienne, SANTINI, Marie, Création d’une salle d’actualité ouverte au

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THUILLARD, Guilaine, La place de l’actualité par le livre dans les bibliothèques

municipales de la ville de Paris (Mémoire d’étude, diplôme de conservateur des

bibliothèques, 2006)

VERNET, Sylvie, L'avenir de la salle d'actualité, la fonction d'accueil, création d'un

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GAPIHAN, Boris, La Bibliothèque, une alternative aux pratiques culturelles

dominantes (Mémoire d’étude, diplôme de conservateur des bibliothèques, 2005)

BEGUEC, Annelise, COSTE Hélène, DUPUICH Lucile, PICHARD Eric, RENOSI

Catherine, Qu’est-ce que l’actualité ? (Mémoire de recherche, diplôme de conservateur

des bibliothèques, 2005)