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Revue de chirurgie orthopédique © Masson, Paris, 2005 2005, 91, 792-796 SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT La rubrique « Sélection des analyses du centre de documentation de la SOFCOT » propose le résumé analytique des articles jugés particulièrement importants, regroupés par thèmes et répertoriés. L’ensemble des fiches d’analyse bibliographiques du Centre de Documentation de la SOFCOT est diffusé sous forme numérique et peut facilement être consulté sur le CD-ROM archivant le contenu de la RCO, dont il est prévu une mise à jour annuelle, ainsi que sur Internet (Site SOFCOT) avec mise à jour mensuelle. Les membres du Centre de Documentation sont : J. Alain, J. Bedouelle, N. Biga, D. Chauveaux, L. de Leobardy, T. Defives, J. Dunoyer, J. Fenollosa, F. Fiorenza, C. Glorion, M. Guillaumat, P. Henky, A. Languepin, D. Moulies, J.-P. Padovani, J.-M.Postel, L. Rillardon, G.Taussig, R. Vialle, P. Wicart. GÉNÉRALITÉS L’origine des métastases révélatrices reste difficile à identifier mais une stratégie diagnostique peu invasive est justifiée En dépit des méthodes d’investigation récentes, le diagnostic étiologique des métastases osseuses révélatrices n’a pas pro- gressé, au contraire : 27 % non identifiées en 1967, 38 % en 1996. L’immuno-histochimie semble intéressante, mais elle manque encore de sensibilité et de spécificité et n’apparaît pas supérieure à l’histologie classique. Les auteurs proposent un schéma simple pour orienter le diagnos- tic. 1 – Anamnèse, examen classique, radio du thorax ± TDM du thorax. 2 – TDM abdomino-pelvienne. 3 – PSA chez l’homme. 4 – Mammographie chez la femme. 5 – Ponction biop- sie osseuse dirigée. Si, à la suite de ces investigations il n’y a pas d’orientation diagnostique ne pas infliger d’examens pénibles inutiles, ni d’hospitalisations prolongées, l’espérance de vie de tels patients étant en moyenne de 6 mois. Métastases osseuses révélatrices: étude comparative a 30 ans d’intervalle M. VANDECANDELAERE, R.M. FLIPO, B. CORTET, L. CATANZARITI, B. DUQUESNOY, B. DELCAMBRE Rev Rhum, 2004, 71, 390-396. Ostéomyélite chronique : la mycobactérie coupable est confondue grâce au test ADN Description d’un cas d’ostéomyélite chronique de la partie dis- tale de la diaphyse fémorale chez une femme de 30 ans. Le début remonte à l’âge de 15 ans par des douleurs nocturnes et un gonflement du genou. Une arthroscopie ne retrouve qu’un plica hypertrophié. Après cette opération douleurs et gonfle- ment persistent ; le diagnostic d’ostéomyélite de la partie distale du fémur est fait et la patiente subit de nombreuses interven- tions avec trépanation de l’os et des traitements prolongés d’antibiotiques variés sans aucune efficacité. Aucun germe n’est jamais trouvé. Le bilan fait à la clinique orthopédique de Munich par la clini- que, la radiologique, l’IRM et par la scintigraphie montre des lésions inflammatoires étendues dans la partie basse du fémur gauche de type ostéomyélite chronique ; il n’y a pas d’hyperleu- cocytose, la protéine C réactive (PCR, ou CRP) et la VS sont modérément élevées. Le traitement chirurgical consiste en un évidemment large avec lavage au peroxyde d’H, greffe d’origine iliaque et bourrage d’éponges de collagène imbibées d’antibiotiques. Aucun germe n’est décelé à l’examen direct ni par les cultures sur milieux habituels. Seule l’isolement de l’ADN à partir de la pièce opératoire et l’amplification par la « polymérase chain reaction » permet d’identifier une mycobactérie. Devant la grande variété des mycobactéries, une identification encore plus précise de la séquence est nécessaire : la segmentation par des enzymes de restriction et l’utilisation de trois endo nucléases permet par électrophorèse d’éliminer la tuberculose et de préci- ser qu’il s’agit de mycobacterium chelonae. Pour confirmer qu’il s’agit bien de ce germe rare, il est fait une épreuve par homolo- gie avec des séquences de cette mycobactérie obtenue par le National Center for Biotechnologie Information qui montre une correspondance à 100 % (similitude de position des séquences codantes sur l’électrophorèse). Après culture un traitement par antibiotiques adaptés est entrepris : amikamycine en IV (supprimé après 11 jours en rai- son d’une diminution de l’audition) co-trimoxazole 160 et 800 mg deux fois par jour, ciprofloxacine 500 mg 2 fois par jour ; le traitement a été poursuivi un an. Les signes infectieux, les signes fonctionnels et osseux se sont améliorés en six mois, l’audition est revenue normale. Le résultat se maintient depuis deux ans ; l’avenir toutefois reste incertain. Cette observation comporte plusieurs aspects : le premier con- cerne le chirurgien qui doit toujours penser à une mycobactérie devant la négativité des examens habituels et l’inefficacité des traitements, le second concerne la bactériologie qui permet actuellement d’identifier des germes rares ; la culture reste cependant indispensable pour obtenir un antibiogramme. Enfin, il est impossible de dire d’où vient la contamination : avant l’arthroscopie, par celle-ci ou au cours des interventions ultérieu- res subies par la patiente. Chronic osteomyelitis due to mycobacterium chelonae dia- gnosed by polymerase chain reaction homology matching H. GOLLWITZER, R. LANGER, P. DIEHL, W. MITTELMEIER J Bone Joint Surg (Am), 2004, 86, 1296-1301.

Ostéomyélite chronique : la mycobactérie coupable est confondue grâce au test ADN

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Revue de chirurgie orthopédique © Masson, Paris, 20052005, 91, 792-796

SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOTLa rubrique « Sélection des analyses du centre de documentation de la SOFCOT » propose le résumé analytique des articles jugésparticulièrement importants, regroupés par thèmes et répertoriés. L’ensemble des fiches d’analyse bibliographiques du Centre deDocumentation de la SOFCOT est diffusé sous forme numérique et peut facilement être consulté sur le CD-ROM archivant le contenu de laRCO, dont il est prévu une mise à jour annuelle, ainsi que sur Internet (Site SOFCOT) avec mise à jour mensuelle. Les membres du Centrede Documentation sont : J. Alain, J. Bedouelle, N. Biga, D. Chauveaux, L. de Leobardy, T. Defives, J. Dunoyer, J. Fenollosa, F. Fiorenza,C. Glorion, M. Guillaumat, P. Henky, A. Languepin, D. Moulies, J.-P. Padovani, J.-M. Postel, L. Rillardon, G. Taussig, R. Vialle, P. Wicart.

GÉNÉRALITÉS

L’origine des métastases révélatrices reste difficile à identifiermais une stratégie diagnostique peu invasive est justifiée

En dépit des méthodes d’investigation récentes, le diagnosticétiologique des métastases osseuses révélatrices n’a pas pro-gressé, au contraire : 27 % non identifiées en 1967, 38 % en1996. L’immuno-histochimie semble intéressante, mais ellemanque encore de sensibilité et de spécificité et n’apparaît passupérieure à l’histologie classique.Les auteurs proposent un schéma simple pour orienter le diagnos-tic. 1 – Anamnèse, examen classique, radio du thorax ± TDMdu thorax. 2 – TDM abdomino-pelvienne. 3 – PSA chezl’homme. 4 – Mammographie chez la femme. 5 – Ponction biop-sie osseuse dirigée. Si, à la suite de ces investigations il n’y a pasd’orientation diagnostique ne pas infliger d’examens péniblesinutiles, ni d’hospitalisations prolongées, l’espérance de vie detels patients étant en moyenne de 6 mois.Métastases osseuses révélatrices: étude comparative a 30 ansd’intervalleM. VANDECANDELAERE, R.M. FLIPO, B. CORTET, L. CATANZARITI,B. DUQUESNOY, B. DELCAMBRE

Rev Rhum, 2004, 71, 390-396.

Ostéomyélite chronique : la mycobactérie coupable estconfondue grâce au test ADN

Description d’un cas d’ostéomyélite chronique de la partie dis-tale de la diaphyse fémorale chez une femme de 30 ans. Ledébut remonte à l’âge de 15 ans par des douleurs nocturnes etun gonflement du genou. Une arthroscopie ne retrouve qu’unplica hypertrophié. Après cette opération douleurs et gonfle-ment persistent ; le diagnostic d’ostéomyélite de la partie distaledu fémur est fait et la patiente subit de nombreuses interven-tions avec trépanation de l’os et des traitements prolongésd’antibiotiques variés sans aucune efficacité. Aucun germe n’estjamais trouvé.Le bilan fait à la clinique orthopédique de Munich par la clini-que, la radiologique, l’IRM et par la scintigraphie montre deslésions inflammatoires étendues dans la partie basse du fémur

gauche de type ostéomyélite chronique ; il n’y a pas d’hyperleu-cocytose, la protéine C réactive (PCR, ou CRP) et la VS sontmodérément élevées.Le traitement chirurgical consiste en un évidemment large aveclavage au peroxyde d’H, greffe d’origine iliaque et bourraged’éponges de collagène imbibées d’antibiotiques.Aucun germe n’est décelé à l’examen direct ni par les culturessur milieux habituels. Seule l’isolement de l’ADN à partir de lapièce opératoire et l’amplification par la « polymérase chainreaction » permet d’identifier une mycobactérie. Devant lagrande variété des mycobactéries, une identification encore plusprécise de la séquence est nécessaire : la segmentation par desenzymes de restriction et l’utilisation de trois endo nucléasespermet par électrophorèse d’éliminer la tuberculose et de préci-ser qu’il s’agit de mycobacterium chelonae. Pour confirmer qu’ils’agit bien de ce germe rare, il est fait une épreuve par homolo-gie avec des séquences de cette mycobactérie obtenue par leNational Center for Biotechnologie Information qui montre unecorrespondance à 100 % (similitude de position des séquencescodantes sur l’électrophorèse).Après culture un traitement par antibiotiques adaptés estentrepris : amikamycine en IV (supprimé après 11 jours en rai-son d’une diminution de l’audition) co-trimoxazole 160 et800 mg deux fois par jour, ciprofloxacine 500 mg 2 fois parjour ; le traitement a été poursuivi un an. Les signes infectieux,les signes fonctionnels et osseux se sont améliorés en six mois,l’audition est revenue normale. Le résultat se maintient depuisdeux ans ; l’avenir toutefois reste incertain.Cette observation comporte plusieurs aspects : le premier con-cerne le chirurgien qui doit toujours penser à une mycobactériedevant la négativité des examens habituels et l’inefficacité destraitements, le second concerne la bactériologie qui permetactuellement d’identifier des germes rares ; la culture restecependant indispensable pour obtenir un antibiogramme. Enfin,il est impossible de dire d’où vient la contamination : avantl’arthroscopie, par celle-ci ou au cours des interventions ultérieu-res subies par la patiente.Chronic osteomyelitis due to mycobacterium chelonae dia-gnosed by polymerase chain reaction homology matchingH. GOLLWITZER, R. LANGER, P. DIEHL, W. MITTELMEIER

J Bone Joint Surg (Am), 2004, 86, 1296-1301.