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Agriculture du Maghreb N° 62 - Octobre 2012 56 Agriculture du Maghreb N° 62 - Octobre 2012 Palmier dattier D epuis la précédente édition du Sidattes, la filière n’a pas arrêté sa progression. Ainsi, - les superficies, dans la zone, ont augmenté de 1.500-2.000 ha pour atteindre en tout 18.000 ha environ, soit autour de 41 % des su- perficies totales du pays. Les variétés les plus plantées sont le Mejhoul et le Boufeggous, variétés les plus appré- ciées par les consommateurs. - fonctionnement du laboratoire pour la production de souches et distribu- tion gratuite dans le cadre du MCA de 7.000 vitro-plants aux coopératives et associations remplissant les condi- tions (goutte à goutte, …) - Poursuite de l’organisation profes- sionnelle par la création d’un 5 ème GIE à Erfoud en plus des 4 existantes (Boudnib, Aoufous, Rissani, Goulmi- ma), l’association régionale des dat- tes, etc. Saisir les opportunités : Après la mise en place de l’Andzoa en 2009, deux fédérations dattières ont été créées avec pour objectif d’aider les producteurs de dattes dans les domaines de la production, commer- cialisation, formation, etc. L’une de ces fédérations est la FNPD (fédération nationale de producteurs de dattes) dont le président M. Belhassan Mo- hammed Benabdallah indique que, dans le cadre de ses activités, cette fédération a organisé plusieurs réu- nions avec les producteurs et a signé un accord avec la formation profes- sionnelle pour assurer la formation des enfants de producteurs et les encourager à rester dans le domaine (empêcher la fuite vers les villes). Cet- te formation débute cette année. M. Belhassan rappelle que le salon de datte d’Erfoud est très ancien et exis- tait, en tant que foire nationale des dattes d’Erfoud, instituée par dahir en 1940, et qui a bénéficié en 1957 de la visite du roi Mohamed V. Depuis 2010, elle a été transformée en salon international. ‘‘Les agriculteurs de ces régions n’étaient pas conscients de l’importance du palm mier dattier jusqu’à ce que les autorités de tutelle donnent un intérêt particulier Filière phœnicicole Des acquis à consolider Abdelmoumen Guennouni La réussite du salon international des dattes d’Arfoud, aujourd’hui à sa 3ème édition, n’est plus à démontrer. Ainsi, à l’instar des versions précédentes, il vient couronner des efforts entrepris depuis des années sur plusieurs axes : extension des superficies, amélioration variétale, restauration des oasis, amélioration de la production, conservation, transformation et commercialisation, …. De même, l’organisation professionnelle connaît une évolution exemplaire. Ces efforts louables, reconnus par tous, permettront d’aller de l’avant mais d’autres sérieux sont encore nécessaires pour, comme on dit en termes de rugby, transformer l’essai. Agriculture du Maghreb N° 62 - Octobre 2012 57

Palmier Dattier _ Filière Phœnicicole _ Des Acquis à Consolider

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Palmier dattier : Filière phœnicicole _ Des acquis à consolider

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  • Agriculture du MaghrebN 62 - Octobre 201256

    Agriculture du MaghrebN 62 - Octobre 2012 57

    Palmier dattier

    Depuis la prcdente

    dition du Sidattes, la

    filire na pas arrt sa

    progression. Ainsi,

    - les superficies, dans

    la zone, ont augment de 1.500-2.000

    ha pour atteindre en tout 18.000 ha

    environ, soit autour de 41 % des su--

    perficies totales du pays. Les varits

    les plus plantes sont le Mejhoul et le

    Boufeggous, varits les plus appr--

    cies par les consommateurs.

    - fonctionnement du laboratoire pour

    la production de souches et distribu--

    tion gratuite dans le cadre du MCA de

    7.000 vitro-plants aux coopratives

    et associations remplissant les condi--

    tions (goutte goutte, )

    - Poursuite de lorganisation profes--

    sionnelle par la cration dun 5me

    GIE Erfoud en plus des 4 existantes

    (Boudnib, Aoufous, Rissani, Goulmi--

    ma), lassociation rgionale des dat--

    tes, etc.

    Saisir les opportunits : Aprs la mise en place de lAndzoa en

    2009, deux fdrations dattires ont

    t cres avec pour objectif daider

    les producteurs de dattes dans les

    domaines de la production, commer--

    cialisation, formation, etc. Lune de ces

    fdrations est la FNPD (fdration

    nationale de producteurs de dattes)

    dont le prsident M. Belhassan Mo--

    hammed Benabdallah indique que,

    dans le cadre de ses activits, cette

    fdration a organis plusieurs ru--

    nions avec les producteurs et a sign

    un accord avec la formation profes--

    sionnelle pour assurer la formation

    des enfants de producteurs et les

    encourager rester dans le domaine

    (empcher la fuite vers les villes). Cet--

    te formation dbute cette anne.

    M. Belhassan rappelle que le salon de

    datte dErfoud est trs ancien et exis--

    tait, en tant que foire nationale des

    dattes dErfoud, institue par dahir

    en 1940, et qui a bnfici en 1957

    de la visite du roi Mohamed V. Depuis

    2010, elle a t transforme en salon

    international.

    Les agriculteurs de ces rgions ntaient

    pas conscients de limportance du palmm

    mier dattier jusqu ce que les autorits

    de tutelle donnent un intrt particulier

    Filire phnicicoleDes acquis consolider Abdelmoumen Guennouni

    La russite du salon international des dattes dArfoud, aujourdhui sa 3me dition, nest plus dmontrer. Ainsi, linstar des versions prcdentes, il vient couronner des efforts entrepris depuis des annes sur plusieurs axes : extension des superficies, amlioration varitale, restauration des oasis, amlioration de la production, conservation, transformation et commercialisation, . De mme, lorganisation professionnelle connat une volution exemplaire. Ces efforts louables, reconnus par tous, permettront daller de lavant mais dautres srieux sont encore ncessaires pour, comme on dit en termes de rugby, transformer lessai.

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    cette filire et au dveloppement de

    ces rgions. Aujourdhui, lagriculteur

    qui ne profiterait pas des conditions

    actuelles aura tout rat. Les aides acmm

    cordes aux producteurs de dattes sont

    exceptionnelles (80% pour le goutte

    goutte, creusement de puits, plants cermm

    tifis, ). De mme, pour le renouvellemm

    ment des oasis, les agriculteurs ayant

    moins de 5 ha bnficient daides de

    100% poursuit M. Belhassan.

    Ces aides ont attir de nombreux in--

    vestisseurs qui ont implant de gran--

    des exploitations, encourags par

    les aides octroyes, ce qui a contri--

    bu lextension des superficies et

    aujourdhui on assiste un dpasse--

    ment des prvisions pour 2013.

    M. Belhassan rappelle quau summum

    de sa production le Maroc disposait

    dune palmeraie de 1 M palmiers dat--

    tiers productifs, mais de nombreux

    problmes ont tir ces superficies

    vers le bas et aujourdhui nous som--

    mes 4,5 M de palmiers : le bayoud,

    la dsertification, les constructions

    sont causes de cette chute.

    Par ailleurs, et de lavis gnral, de--

    puis quelques annes on assiste un

    dcalage entre la priode de produc--

    tion et le ramadan, principale priode

    de consommation, do la ncessit

    de dvelopper les units de stockage

    (froid). Ainsi, en plus des petits frigos

    lancs dans le cadre de lINDH, le

    ministre et lANDZOA dans sa zone

    daction (entre Figuig et Tata) ont

    prvu le lancement dune vingtaine

    dunits de stockage et de condition--

    nement de capacit dpassant 400 t,

    dont 7 sont en cours, 2 dans le cercle

    dErfoud, en cours de construction et

    5 dans le cercle de Goulmima, dont

    le march va tre lanc loccasion

    de lditions 2012 du SIDATTES. El--

    les seront ainsi oprationnelles pour

    accueillir la rcolte de la campagne

    2013-14.

    Le foncier,frein aux extensions : Cependant, un grand problme (fon--

    cier et administratif ), est soulev par

    les agriculteurs, dont M. Ben Ahmadi

    Lahbib (vice prsident et ancien pr--

    sident de la fdration Sebbah pour

    leau, la sauvegarde et le dveloppe--

    ment de loasis du Tafilalet) et confir--

    m par M. Belhassan, celui des terres

    communales. Les agriculteurs qui les

    exploitent ne peuvent participer aux

    efforts de dveloppement du pal--

    mier pour des raisons administratives

    lies aux difficults obtenir les do--

    cuments et autorisations ncessaires

    de la part des autorits charge de

    la gestion de ces terres (ministre de

    lintrieur). Par ailleurs, lautorisation

    de pompage est accorde indivi--

    duellement au demandeur, selon la

    superficie quil exploite et ne prend

    pas en considration lensemble des

    parcelles de la cooprative dont il est

    membre.

    Dans le mme ordre dides, M. Ben

    Ahmadi signale quentre 1.500 et

    2.000 ha ont t grignots par la

    croissance urbaine dans loasis de Ta--

    filalet irrigue par le Barrage Hassan

    Dakhil, do une conomie deau que

    les agriculteurs voudraient bien r--

    cuprer. Le moyen : revoir lancienne

    carte dirrigation tablie par lagence

    du bassin hydraulique et permettre

    lextension des superficies bnfi--

    ciant de lirrigation (ouverture de pri--

    ses dirrigation).

    De mme, on assiste un blocage de

    projets par le refus de certaines com--

    munes (Soulalia) de louer les terres

    aux producteurs malgr linterven--

    tion de lAndzoa entre autres. Pour

    cela, les agriculteurs lancent un appel

    aux autorits de tutelle qui devraient

    intervenir pour trouver des solutions

    mme de faciliter les dmarches et

    permettre aux agriculteurs de bn--

    ficier des aides prvues dans le cadre

    du PMV. Ainsi, il serait judicieux que

    les responsables crent des zones

    phnicicoles (sur des terres poten--

    tiel dattier, ex Soulalia) en prparant

    des lots prts, louer aux agriculteurs

    dsirant investir dans la production

    de dattes. Ceci permettrait, linstar

    du plan Azur pour le tourisme, de les

    encourager et faciliter les dmarches

    longues et compliques qui font fuir

    Ramadan et importations : On a pris lhabitude depuis quel--ques annes de justifier lim--portance des importations par le dcalage entre la priode de production et la survenue du mois sacr, au cours duquel la consommation est maximale. Il est vrai que lAd El Fitr des annes 2009 et 2010 a t ft avant le dbut des rcoltes. Au cours de ces annes, les impor--tations ont battu tous les records avec plus de 50.000 t pour 64,6-78 M$.Cependant, y voir de plus prs et en comparant les deux prio--des (production-ramadan) on constate que la corrlation nest pas si vidente. Ainsi, le ramadan de lanne 2006 sest situ en pleine priode de rcoltes cd entre fin septembre et fin octo--bre, pourtant le Maroc a import plus de 33.000 t pour 27,5 M$. Mme chose pour les annes en--tre 2005 et 2000 le ramadan ne sest pas loign de plus de deux mois de la fin des rcoltes. Mal--gr cela les importations taient un niveau lev, entre 5.500 et

    37.500 tonnes (5me dans le clas--sement des plus leves) pour une valeur de 6,1 23,5 millions de dollars US. Au contraire, sur la courbe des importations, plus on sloigne des rcoltes (annes 1990) les achats ltranger vont en diminuant. Au cours de cette dcennie les importations se sont situes entre 186 et 2.100 t, pour une valeur entre 480.000 $ et 2,5 M$.Cette remarque est dune impor--tance capitale pour raisonner la commercialisation et la valorisa--tion de la production nationale de dattes.

    NB : Il est remarquer que lan--ne 2010 a enregistr les records absolus sur 50 ans par rapport tous les critres : - superficies parmi les plus le--ves avec prs de 44.000 ha - rendement record (avec 1990) : autour de 120.000 t - record des importations : 51.500 t (43% de la production) pour une valeur de 77.900 $ US.

    Chiffres FAOSTAT

    Attention aux fraudeurs : Certains oprateurs procdent au conditionnement de dattes importes et de moindre qualit, sous lappellation de varits ma--rocaine produite dans nos rgions phnicicoles. Ainsi, par exem--ple, des dattes gyptiennes sont conditionnes comme Feggous produit Erfoud, alors quelles nont pas les caractristiques de cette varit trs apprcie par les consommateurs. Si un contrle svre nest pas instaur pour mettre fin cette pratique dange--reuse, ceci conduira la longue une dprciation de limage de la datte marocaine.

    les investisseurs.

    Par ailleurs, les agriculteurs signalent

    que laugmentation importante du

    prix de location : avant 2006 le mon--

    tant tait de 150 dh/ha/an, puis a

    augment progressivement pour at--

    teindre aujourdhui 800-1200 dh

    Campagnepeu satisfaisanteDaprs lensemble des profession--

    nels, la rcolte de cette anne sera

    de bonne qualit, mais infrieure

    celle de lanne dernire, qui tait

    elle-mme infrieure la prcdente.

    La baisse estime par certains pro--

    ducteurs pourrait atteindre 40-45%.

    La principale cause est une vague de

    froid qui a svi entre dcembre et f--

    vrier derniers et qui a atteint -5 6-C.

    Ces basses tempratures ont affect

    la floraison et caus un retard impor--

    tant. Dautres producteurs pointent

    du doigt le manque de prcipitations

    et la faiblesse des eaux de crues, le

    phnomne dalternance ainsi que

    le manque de soin apports par les

    petits producteurs leurs palmiers.

    Le manque de main duvre, de plus

    en plus sensible, nest pas tranger

    cette ngligence

    Commercialisation : Pour leurs ventes en gros, les coopra--

    tives et groupements de producteurs

    sont obligs de se dplacer vers les

    grands centres (Fs, Marrakech, Ca--

    sablanca, ) avec toutes les charges

    et manipulations supplmentaires

    que cela implique. Afin de mieux va--

    loriser la production phnicicole, M.

    Ben Ahmadi affirme quil serait plus

    adquat de lancer des marchs or--

    ganiss dans les lieux de production

    o les acheteurs pourraient se rendre

    pour leurs approvisionnements. Ces

    marchs seraient adapts la datte,

    quips en frigos, et o se feraient

    des ventes en gros (crie).

    Un avenir prometteur : M. Belhassan, linstar de nombreux

    professionnels, estime que la filire

    est promise un bel avenir et quon

    est en droit desprer amliorer la

    production (aujourdhui 2,5-3 kg/

    tte selon les annes) pour atteindre

    lautosuffisance et ventuellement

    envisager lexport. Cependant, les

    agriculteurs et leurs groupements

    ont besoin de plus daides pour

    lamlioration de lindustrie de trans--

    formation et de conditionnement.

    En mme temps, et afin de dvelop--

    per la technicit des producteurs de

    dattes lencadrement par les agents

    du ministre de lagriculture savre

    insuffisant. Les agents sont dpasss

    et ne peuvent toucher lensemble

    des producteurs, malgr toute leur

    bonne volont et en travaillant en

    plus de leur horaire normal (sans in--

    demnits).

    Par ailleurs, ajoute M. Ben Ahmadi,

    certaines units frigo fonctionnelles

    depuis 2-3 ans, mises en place dans le

    cadre de lINDH et ayant une capacit

    relle de 42 tonnes au lieu des 100

    annonces, devraient tre agrandies

    et tre quipes en matriel de trai--

    tement des dattes, caisserie, clarks,

    en plus, et afin de faire face aux be--

    soins en eau des tudes ont prvu le

    transfert du surplus deau des oueds

    Guir et Ghriss. Sur ce dernier, les tra--

    vaux ont commenc, mais une ca--

    dence insuffisante alors que pour le

    premier rien na encore t fait.

    La production de vitro plants de palmier dattier est devenue incontournable pour les pays de cette rgion du monde en raison du Bayoud.

    Laboratoire Palmagro Maroc

    Unit frigorifique prive de stockage des dattes emballes

    March dErfoud

    Palmier dattier

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    Palmier dattier

    Cest en 2002 que Mes--sieurs Hassan Derham et Pierrick Puech sont tom--bs sous le charme de la rgion et dcid dy in--

    vestir, motivs par la volont de jouer le rle de locomotive de lagriculture rgionale et de partager leur savoir faire avec les populations locales.A la base, le site a t choisi pour plu--sieurs raisons : - abondance et bonne qualit des ressources hydriques. La rgion de

    Boudnib dispose en effet dune nap--pe aquifre importante.- conditions climatiques favorables. Mme les vents moyennement forts qui traversent la rgion ne gnent en aucun cas les cultures, surtout avec linstallation de brise-vents de Ca--suarina.- sol moyennement lourd, non sa--bleux se prtant parfaitement la culture dune multitude despces.Aujourdhui, sur ce site, se dressent firement des milliers de palmiers

    A quelques kilomtres lEst de Boudnib, et plus prcisment dans la rgion de Oued Nam, une magnifique oasis jaillit au cur du dsert, Les Riads du Tafilalet. Niche dans un dcor tonnant, entre montagnes, sable ocre et un ciel dun bleu blouissant, cette exploitation agricole est considre comme la plus moderne de la rgion du Tafilalet.

    Les Riads du TafilaletObjectif : produire lexcellence

    dattiers sur une centaine dha et es oliviers conduits en super intensif sur prs de 100 ha, tous les deux desti--ns une production haut de gam--me. Une extension de palmier dattier est prvue avec un doublement de la surface.

    Une production bien maitriseLintgration et la maitrise de tou--tes les tapes, de la production la commercialisation, permettent aux Riads Du Tafilalet doffrir le meilleur au consommateur. Sur le plan tech--nique, pour une mise en valeur agri--cole durable, les pratiques culturales sont respectueuses de lquilibre environnemental et les soins appor--ts aux arbres sont optimaux. Pour laccomplissement de ces diffrentes oprations, notamment les stades cls (taille, pollinisation, matura--tion), lexploitation fait appel un personnel expriment.

    Choix varitalLes grants ont opt pour des va--rits issues du terroir et reconnues pour leurs qualits gustatives incon--testables : Mejhoul (80%), Bouzekri (2%) et Nejda (18%). Des vitro-plants sains issus de laboratoires spcialiss ont t plants selon une densit de 160 pieds/ha, juge optimale pour lpanouissement de chaque palmier et lobtention de dattes de gros cali--bre, dautant plus quaucune culture intermdiaire na t mise en place.

    Irrigation et fertilisationMme sil spanouit dans un climat chaud et sec, le palmier dattier de--mande nanmoins beaucoup deau, surtout la varit Mejhoul. Par souci dconomie de leau, toute lexploi--tation a t quipe en irrigation goutte goutte. Lalimentation se fait partir de 11 forages dune pro--fondeur de pompage de 200 m. Leau est accumule dans deux bassins de 50.000 m3 de capacit chacun.Cette anne, les responsables tech--niques du Riad ont procd une amlioration de linstallation goutte goutte dans le but de gagner sur la dure des arrosages. Lancien sys--tme bas sur 9 goutteurs de 3l/h a t remplac par un nouveau avec 4 goutteurs de 25l/h. Ce changement a permis de rduire la dure darro--sage de moiti en passant de 16 h 8 h pour satisfaire les besoins des palmiers. Ces besoins sont estims 500-600 l/jour/palmier au cours des mois les plus chauds (juillet-aout) pour des plants en production explique M. Ali Boudrar, grant des Riads. Avec la croissance des palmiers, les besoins en nutrition adapte aug--mentent. La production nutilise que de la matire organique et des acides amins apports par le sys--tme goutte goutte (fertigation). Lexploitation est dailleurs en cours de certification AB (Agriculture Bio--logique).

    PollinisationUn pied mle peut fertiliser jusqu 50 palmiers femelles, do la prsen--ce majoritaire de femelles dans les palmeraies. La pollinisation consiste prendre du pollen chez le mle et le mettre dans les spathes femelles afin daccomplir la fcondation. Il sagit dune opration dlicate, assure par des spcialistes pour respecter le moment et la dose de pollen. Effec--tue au printemps, elle varie selon la prcocit des varits et du climat.

    Rcolte et conditionnementLes palmiers dattiers ne produisent quau bout de 10 12 ans et deman--dent beaucoup de soins. La planta--tion tant chelonne (les premiers palmiers ont t plants en 2005), la vritable entre en production a commenc lanne dernire (2011) et

    la rcolte, encore li--mite, na pas dpass 20 tonnes sur toute lexploita--tion. Les varits tardi--ves telles le Mejhoul ne commencent m-- rir que vers la fin du mois de septembre. Daprs M. Ali Boudrar, lanne en cours a connu des conditions relati--vement favorables avec un manque, en septembre-octobre, de chaleur qui active habituellement la matu--rit des dattes, do un lger retard de la production. La rcolte a dbut vers la fin du mois de septembre et devrait staler jusqu fin octobre. Cette anne, mme si ce nest pas en--core la vitesse de croisire, la produc--tion devrait atteindre 60 80 tonnes environ et concerne essentiellement la varit Mejhoul. Ainsi, avec les an--nes, les quantits rcoltes augmen--tent progressivement et permettent dentamer la commercialisation. Dans lexploitation, la rcolte se fait manuellement par grappillage, avec un travail rationnel qui se fait laide des matriels adapts. Le but tant damener les fruits au sol, sans heurts, de faon ne pas les abmer. Quand elle arrive maturit, la datte frache est fragile et dlicate transporter, do limportance du schage bien maitris (de 70 % deau pour la datte

    frache elle passe 20 %).

    Pour le moment, compte tenu des quantits encore limites, le condi--tionnement est ralis manuelle--ment dans une station Agadir. Mais lentreprise compte se doter dune station sophistique avec ca--librage lectronique, multiplicit des conditionnements, conservation pi--lote, pour rpondre aux cahiers des charges des clients les plus exi--geants.

    Les dattes Filali sont destines au

    march maro--cain, puisquelles sadressent des consommateurs

    avertis. Elles sont galement

    commercialises en Europe, o elles sont plus

    particulirement consommes

    pendant la p--riode des ftes de

    fin danne.

    Schage des dattes

    Agriculture du MaghrebN 62 - Octobre 2012

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    Ncessit de combattre le ravageur dans ces sites

    Palmier dattier Palmier des Canaries

    Base des palmes dans la partie apicale

    Surface du troncIntrieur du troncAir

    Base des rejets et de leurs palmesSurface et Sous sol

    Vu le climat diversifi au Maroc, cer--taines espces de palmaces sont adaptes la production de dattes dans les oasis et lembellissement des vil--les. En effet, avec un effectif de plus de 4,8 millions de palmiers et une production an--

    nuelle de 100 000 tonnes en moyenne, le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) est llment essentiel de lagro-systme saha--rien dans les rgions sud-atlasiques (figure 9). En plus de ce rle socio-conomique, le palmier dattier joue un rle cologique important puisquil permet de crer dune part un msoclimat favorable au dve--loppement des cultures vivrires dans les oasis et dautre part par des cordons ver--doyants limitant lavance du dsert. Le palmier des Canaries (Phoenix canarienmmsis L.), le palmier de Californie (Washingtommnia sp.) et les autres espces de palmaces sont plantes pour embellir les villes et les jardins gnralement situs dans les r--gions nord-atlasiques (figure 9). Le Maroc doit protger cet important patrimoine contre ses deux plus grands ennemis le Bayoud et le charanon rouge, de mme que plusieurs autres ennemis nuisibles en quarantaine rapports par Sedra (le Doubas, la cochenille verte, la maladie des feuilles cassantes, le dclin du palmier Fa--raoun, la maladie de AlmWijame, le jaunisse--ment mortel du palmier Lethal yellowing).

    Le BayoudLa culture du Palmier dattier au Maroc a souffert et continue de souffrir depuis plus dun sicle de la maladie du Bayoud qui constitue un flau difficile combattre (Figure 1). Cette fusariose vasculaire est cause par un champignon microscopi--que Fusarium oxysporum f. sp. albedinis ha--bitant du sol. En conditions favorables, les spores du champignon (Figure 1) germent et attaquent les racines et se dveloppent dans les vaisseaux puis colonisent ceux du tronc pour infecter les palmes dans la partie apicale du palmier. Les palmes at--teintes se desschent lune aprs lautre jusqu la mort de larbre qui a lieu entre 2 et 6 ans selon le niveau de raction de la plante. Tous les organes du palmier peu--

    Bayoud et Charanon Rouge Les ennemis les plus dangereux du palmier dattier

    Si le Bayoud, maladie vasculaire du palmier cause par un champigggnon tellurique, a svit au Maroc depuis plus dun sicle et occasionggn des dgts considrables, les recherches entreprises ont permis de slectionner des varits performantes et rsistantes cette maggladie dont certaines sont dj en diffusion pour combattre ce flau. Le charanon rouge Rhynchophorus ferrugineus (Olivier) a t dclar en 2008 au Maroc Tanger et constitue une menace srieuse pour les palmiers dattiers et dornement. Le Maroc auraitgil les moyens efficaggces pour radiquer ce ravageur? Quelle stratgie de lutte efficiente et rapide lui permettra datteindre cet objectif ? Sachant que les rgggions nord et sudgatlasiques sont bien relies avec une distribution spatiale importante despces htes du charanon.

    vent tre atteints sauf les pillets et les dattes. Les moyens de dissmination sont nombreuses: rejets, terre, eau dirrigation, outils du travail, etc. Le parasite peut atta--quer dautres espces de palmier comme le palmier des Canaries et dautres espces connues comme porteurs sains du para--site: le henn et la luzerne. Nos recherches rcentes ont montr, en se basant sur le marquage molculaire, une variabilit gntique dans la population du parasite. Sedra (2003a, 2006) a synth--tis les travaux mens sur le Bayoud. Les principales stations du dveloppement de la maladie peuvent se rsumer comme suit : - 1887: Le Maroc a t contamin par le Bayoud. - 1934: Lagent causal a t identifi (soit 47 ans plus tard). - 1954: Dbut des tentatives de lutte suite lampleur des dgts occasionns (soit 67 ans plus tard).Les consquences taient lourdes sur le patrimoine. Ainsi, 10 millions de palmiers ont t anantis (soit 2/3 de leffectif ) et plusieurs varits ont carrment disparu, notamment Berni et Idrar. Consquence directe : le Maroc devient dsormais im--portateur de dattes (prs de 40000 tonnes en 2011) car cette maladie est difficilement contrlable aprs son extension. En 1967, des recherches ont t entames et, vu la complexit du couple palmier-Bayoud, les mthodes de lutte se sont foca--lises sur la lutte gntique par la slection de varits rsistantes la maladie. Depuis 1981, ces recherches ont t diversifies. A partir de 1987, les premires varits per--formantes comme Najda (INRA-3014) ont t slectionnes, multiplies et diffuses auprs des agriculteurs pour reconstituer les palmeraies dvastes par le Bayoud. De nouvelles varits performantes et r--sistantes au Bayoud (Al-Amal (INRA-1443) et Bourihane (INRA-1414) et rcemment Sedrat (INRA-1445) et Darouia (INRA-1447) ont t slectionnes et certaines sont en cours de multiplication. Cepen--dant, des difficults peuvent encore surve--nir, notamment lapparition de nouvelles races du parasite qui pourraient surmonter les rsistances varitales utilises.

    Le charanon rougeCe bref rappel sur le Bayoud tait nces--saire pour viter que lhistoire ne se rpte avec le charanon rouge (Rhynchophorus ferrugineus, Olivier), si on ne ragit pas durgence par une stratgie adapte et une mise en uvre rapide et efficace. En

    effet, vu son tat actuel, la palmeraie ma--rocaine ne pourrait tolrer une nouvelle invasion par un autre ravageur destructeur comme le charanon rouge. La contami--nation rcente des palmiers Tanger par ce ravageur pourrait constituer, sil nest pas radiqu, une menace srieuse pour les palmiers dornement dans les rgions nord-atlasiques et, bien sr, terme, pour les oasis sud-atlasiques. Une situation ag--grave par le fait quil ny a actuellement pas de varits de palmier rsistantes ce ravageur, ni des techniques de lutte directes efficaces 100%. Le Maroc alert alors par ce second flau, devra uvrer de faon urgente et efficace en dveloppant sa propre stratgie adapte la ralit du terrain et aussi profitant des expriences trangres.

    1. Origine et extensiondu charanon dans le mondeCe coloptre de la famille des Curculioni--des est originaire du sud de lAsie, o on la identifi vers la fin du 19e sicle. Il est ap--paru environ un sicle plus tard aux Emirats Arabes Unis en 1985. En lespace de deux dcennies environ, le ravageur a progress dans tous les pays phnicicoles dextrme et du moyen Orient (Iran, Arabie Saoudite, Kowet, Qatar, etc.), dAfrique (Egypte, Ma--roc, Tunisie et Libye) et dEurope (Pays du Nord du bassin mditerranen : Turquie, Grce, Italie, France, Espagne, Portugal, etc.), Ile Canaries, Amrique, etc. Sedra a inventori les principaux ennemis du palmier en Afrique du Nord et a attir lattention sur le danger potentiel que pr--sentent certains ravageurs de quarantaine pour la culture du palmier dans la rgion maghrbine, parmi lesquels le charanon rouge est le plus redoutable et le plus dif--ficile matriser.

    2. Le charanon au MarocLe charanon rouge a t dcouvert au Maroc en dcembre 2008 dans la ville de Tanger lextrmit nord du pays. Rcem--ment, il a t signal Ceuta. La question qui se pose est par quel moyen sest-il introduit Tanger? Cach dans des mar--chandises, plants dornement, containers, bateaux, camions, bagages des voyageurs ou bien est-il capable traverser en vol les 10 13 Km du dtroit de Gibraltar. Il est connu que linsecte adulte peut voler jusqu 7 km surtout le jour et mme des tempra--tures entre 25C et 40C. Mais si les temp--ratures sont plus favorables, il peut parcou--rir une plus longue distance, sachant quil a montr son adaptation cologique des climats diffrents : froid dEurope, chaleur des pays du golf et climat tempr de son aire dorigine. Il est donc important de connatre le mode dintroduction au Maroc qui renseigne sur les possibilits de sa dissmination. Car, si son vecteur est mobile, il pourrait se retrou--ver rapidement ailleurs. Le premier foyer a

    t dcouvert dans un htel prs du port sur des palmiers des Canaries. Ensuite ce flau a progress pour attaquer plusieurs dizaines de palmiers des Canaries localiss dans les jardins et les villas. Des mesures durgence ont t prises par les services de Protection des Vgtaux (ONSSA) et les autorits locales pour radiquer le rava--geur et viter sa dissmination en dehors de la zone contamine. Il sagit de former et sensibiliser les agents dintervention dans la protection et lembellissement de la ville, deffectuer des prospections et des examens visuels des arbres suspects marqus, de dtruire les arbres totalement atteints aprs traitements chimiques et in--cinration sur place et continuer linspec--tion dans un rayon plus large autour du premier foyer.

    3. Donnes sur la biologiedu ravageurCet insecte peut attaquer 17 espces de palmaces cultives et ornementales, mais les espces les plus attaques dans les nouvelles rgions envahies sont le palmier des Canaries et le palmier dattier. A noter que le cocotier (Cocos nucifera) est lespce la plus attaque dans son aire dorigine. Le ravageur a un habitat diversifi en fonc--tion de ses stades de dveloppement. Tous les stades de linsecte (uf, larve, nymphe et adulte) se dveloppement lintrieur du stipe de larbre et la base des palmes (Figure 2). Seul ladulte peut tre occa--sionnellement lextrieur du stipe et le sous sol prs de la base du stipe pour la reproduction, mais le cycle biologique ne peut pas tre complt lextrieur. Aprs fcondation, les femelles sont attires par des blessures du stipe ou base des palmes coupes frachement ( forte odeur de k--romones) et des endroits humides en t et doux en hiver, et dposent approximati--vement 200 300 ufs dans des trous ou blessures spars. La dure de dveloppe--ment des diffrents stades est indique sur la figure 2. Le cycle biologique est tal sur approximativement 4 mois. Le nombre de gnrations, souvent chevauchantes, va--rie de 2 3 en fonction des conditions de lenvironnement (climat, nourriture, com--ptition, etc.). Afin denvisager une m--thode de lutte directe, il est ncessaire de combattre le ravageur dans ses diffrents habitats (figure 3).

    4. Symptmes et dgtsLes premiers symptmes apparaissent bien aprs le dveloppement de linfesta--tion. Lexamen visuel du palmier attaqu permet de dceler des signes dattaque comme les trous sur le tronc, les encoches sur les palmes, prsence de tissu mch lextrieur, parfois des cocons ou adultes morts la base du stipe du palmier. Mais ceci ne conduit pas facilement confirmer labsence de larves et dadultes lintrieur du tronc. Les symptmes dus lattaque

    Figure 1 : Foyer de la maladie du Bayoud dans la valle du Dra (Maroc); dgts importants sur la varit Jihel.

    Figure 2 : Cycle biologique de diffrents stades du charanon rouge Rhynchophorus ferrugineus (Olivier)

    Figure 3 : Habitats du charanon rouge sur le palmier dattier et le palmier des Canaries et ncessit de la lutte dans ces habitats

    Figure 4 : Symptmes de lattaque du charanon rouge sur le palmier des Canaries A : premiers indices de lattaque sur le feuillage et dformation des folioles,B: perforation de la base des palmers pour coloniser les tissus et accder au tronc, C: aspect gnral des symptmes sur larbre; rtrcissement des feuilles de couronne apicale et desschement des palmes lune aprs lautre; D: tat final de lattaque; desschement totale des palmes qui prennent lallure dun parasol.

    Figure 5. Symptmes de lattaque du charanon rouge sur le palmier dattier A : premiers indices de lattaque sur le tronc (scrtion dun liquide visqueux de couleur marron crme),B: Aprs dcortication de la partie superficielle, notons la prsence des perforammtions et galeries dues la colonisation des tissus par les larves,C: Lattaque est gnralement localise prs de la base du tronc.D: Galerie profonde dans le tronc conduisant la chute du palmier (photos prises dans un pays infest par le ravageur).

    Dr. SEDRA My HassanChef du Centre Rgiommnal de la Recherche Agronomique de Marrakech m INRA Maroc

    Palmier dattier

    Fig.1

    Fig.2

    Fig.3

    Fig.4

    Fig.5

    Agriculture du MaghrebN 62 - Octobre 2012

    Agriculture du MaghrebN 62 - Octobre 201262 63

  • Agriculture du MaghrebN 62 - Octobre 201264

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    du ravageur sur les diffrentes espces du palmier sont caractriss :

    4.1 - Sur le palmier des CanariesEtant donn que le palmier des Canaries ne produit pas de rejets la base du stipe, comme le palmier de Californie Washingmmtonia filifera et autres Washingtonia sp., linfestation se droule habituellement dans la couronne foliaire situe plusieurs mtres de haut (Figure 4). Les palmiers at--taqus prsentent peu de symptmes visi--bles partir du sol sauf si les palmes sont lagues. Linsecte adulte-femelle est attir par lodeur diffuse par les bases de pal--mes coupes aprs lopration de llaga--ge et de nettoyage raliss frquemment pour donner un aspect esthtique de ces arbres ornementaux. Les charanons fe--melles prfrent ces zones pour la ponte des ufs. Aprs closion, les larves sont des stades destructeurs qui forent les tissus internes des bases des palmes et parfois ces symp--tmes sont confondus avec ceux causs par dautres ravageurs foreurs. Linvasion peut progresser pour atteindre la partie apicale interne du stipe. Parmi les autres indices de lattaque, la prsence parfois de cocons prs du stipe du palmier. Les galeries issues de cette invasion dans cette zone dgagent souvent un liquide marron et une odeur dsagrable due une fer--mentation typique. En cas dattaque plus grave, linsecte colonise mme le stipe. Dans le cas o les arbres sont fortement attaqus, les palmes centrales se dfor--ment et deviennent naines et inaperues. Les autres palmes sont dessches et lal--lure du bouquet de palmes mortes prend la forme de parasol (Figure 4). Aprs ce

    stade, les arbres perdent la totalit de leurs palmes, parfois ils sinclinent et la partie apicale du trou pourrit et aboutit la mort de larbre. La dissection de la partie apicale attaque montre la prsence de larves diffrents stades, de nymphes dans les cocons et dadultes. Il faut faire attention au diagnostic, car les palmiers prsentant des symptmes de fltrissement puis la destruction de la partie apicale peuvent tre sujets dautres maladies comme :- le dprissement des palmiers des Cana--ries dues au Fusarium oxysporum f. sp. cammnariensis et/ou Gliogladium vermoeseni, m le Bayoud sur le palmier dattier d au Fusammrium oxysporum f. sp. albedinis, - la pourriture sche du cur du palmier dattier due au Thielaviopsis paradoxa. m le dprissement du bouquet foliaire et du stipe du palmier dattier d au Botryodimmplodia theobromae. Ou aussi lattaque dautres insectes fo--reurs de la base des palmes et du tronc affaibli.

    4.2 : Sur le palmier dattierLes mmes symptmes se produisent sur le palmier dattier mais linsecte prfre souvent attaquer la base du stipe o pous--sent les rejets (touffes de rejets) (Figure 5). Les premiers indices de lattaque sur le tronc (stipe) correspondent la prsence de tissu mch lextrieur des trous et dun liquide visqueux secrt de couleur marron crme, sortant des trous. Aprs d--cortication de la partie superficielle de la zone attaque, on note la prsence de per--forations et de galeries dues la colonisa--tion des tissus par les larves. Le charanon sattaque de prfrence aux jeunes arbres de 3 7 ans. Il creuse des galeries qui sont souvent nfastes au palmier qui finit par chuter ? (Figure 5).

    5. Conditions dedveloppement de linsecteMme si son dveloppement est favoris en printemps et en automne, le ravageur sest bien adapt aux conditions du bassin mditerranen, malgr les priodes froides en hiver. Les tempratures ltales sont de 10 C pour les ufs, 5 C et 40 C pour la larve, -2 C pour la nymphe et entre 0 et 5 C pour ladulte. Mais ceci na pas emp--ch linsecte daccrotre sa population et ses dgts en Europe. En t dans les pays chauds, linsecte a un comportement bi--zarre, celui dun insecte volant paresseux qui ne parcoure pas de longues distances durant son apparition partielle et a tou--jours tendance se cacher. Le ravageur attaque de prfrence des zones humides du palmier o les tissus sont tendres. Les zones les plus cibles se situent au ras du sol et l o les rejets se dveloppent pour le palmier dattier et les zones proches de la partie apicale pour le palmier des Canaries. Le ravageur est attir par lodeur des zones de sevrage des rejets et dlagage des pal--mes et de toute blessure due un facteur

    externe physique et biologique (comme lattaque du foreur du stipe). Le mauvais entretien des arbres joue normment dans la prdisposition de leur attaque par linsecte.

    6. Difficults de la lutteQuand elles ne sont pas respectes ou bien appliques de faon non rigoureuse, les mesures prophylactiques et phyto--sanitaires (quarantaine, sensibilisation) peuvent se montrer inefficaces. Ceci a dailleurs abouti lextension de linsecte, en lespace dun quart de sicle seulement, presque la totalit des pays producteurs de dattes (Asie-Afrique) et dautres pays du bassin mditerranen (Europe) et mme les Etats Unis dAmrique. Lemploi de cer--tains modles classiques et amliors de piges phromones ou kairomones ou mixtes ont permis de diminuer significa--tivement la population du ravageur, mais sans pour autant viter les attaques. A no--ter que lamendement de lactate dthy--le au substrat a permis lamlioration de la performance de la phromone en aug--mentant considrablement lefficacit du pigeage. La figure 6 montre un exemple de piges merg directement dans le sol ou implant dans un morceau de tronc ou encore suspendu 1,6 m de hauteur au tronc pour le palmier des Canaries.

    Mme si elles ont montr leur efficacit lors des essais, plusieurs tentatives de lutte directe chimique, microbiologique (injec--tion et pulvrisation) disponibles (Figure 7), nont malheureusement pas donn des rsultats convaincants en milieu rel (du moins pour le palmier dattier). Les microor--ganismes entomophages les plus connus sont les champignons Beauveria tassiana et Metarhizium anisopliae et certaines es--pces de nmatodes du Heterorhabditis sp. La technique de lutte directe physique par enlvement de la partie atteinte de larbre en dbut dattaque a donn de bons rsul--tats en Europe surtout en Espagne. Cepen--dant, elle ncessite la disponibilit dun moyen efficace, pratique et moins coteux pour effectuer cot sr un dpistage pr--coce de lattaque.

    7. Situation au Marocet stratgie de lutte Selon les rapports de lONSSA, les dgts sont estims plusieurs centaines de pal--miers dtruits, majoritairement le palmier des Canaries, dans la zone urbaine de Tan--ger dont le diamtre ne dpasse pas les 10 km. Le taux de dattaque a t estim 3,5% jusqu 2010. Les palmiers infests sont dtruits et durant la priode 2009-2010, le taux de destruction a t diminu de 40% et le taux de pigeage des insectes a t rduit de 85%. Ceci constitue un in--dice fort quant la possibilit de lradica--tion du ravageur. La stratgie adopte consiste dcapiter les palmiers infests, les traiter par pulvri--sation dinsecticide puis les couvrir avec un film plastique pour viter la fuite des insec--

    tes qui tentent dchapper au traitement et enfin les dtruire par incinration dans les endroits prvus (Figure 8). Les nombres dinsectes adultes capturs dans les piges installs dans la zone infeste montrent que le pic des captures se situe en sep--tembre. Ce rsultat semble comparable celui obtenu dans dautres pays arabes du Moyen-Orient et du golf malgr la dif--frence de climat. Mais dans ces pays, il y a gnralement un autre pic au printemps (fin mars). Linstallation des piges dans certaines oasis tire de surveillance na pas rvl la prsence du ravageur, mais pour une efficacit sre, il est conseill dassurer le bon fonctionnement de ces piges car certains piges visits sont en mauvais tat. Rappelons quau Maroc les palmiers des Canaries et de Californie sont dominants dans la partie nord atlasique (Figure 9) et ceci permet dassurer un relais avec la par--tie sud atlasique o se situent les oasis du palmier dattier. Devant cette situation, plu--sieurs questions peuvent tre poses : - Quelle stratgie de lutte efficace, pratique et peu coteuse doit-on adopter immdia--tement, court, moyen et long terme ? - Comment renforcer les mesures phytosa--nitaires et la surveillance pour viter lex--pansion du ravageur ? - Faut-il raliser une radication par des--truction totale des arbres et/ou enlve--ment des parties contamines de larbre ? - Appuyer lradication avec les traite--ments chimiques localiss ou gnraliss des arbres ? - Renforcer la technique de pigeage de masse pour diminuer les populations de linsecte ? - Dvelopper des mthodes de lutte int--gre adaptes aux conditions du Maroc court et moyen terme ? - Les mthodes qui se sont avres effica--ces sur le palmier des Canaries le sont-elles galement sur le palmier dattier ? - Contribuer la matrise de linvasion du ravageur dans un contexte rgional et in--ternational ?

    Lutte intgreA notre avis, la lutte contre le charanon rouge du palmier ncessite la mise en pla--ce dune stratgie de lutte intgre adap--te au Maroc : - La destruction totale de grands palmiers dembellissements doit tre justifie tech--niquement. Cette stratgie conduit la rduction des plants htes, mais elle peut inciter le ravageur chercher la nourriture ailleurs, en dehors de la ville de Tanger. Les palmiers des Canaries les plus proches sont quelques dizaines de kilomtres vers la ville dAsilah sans oublier la prsen--ce de ppinires de plantes dornement y compris les palmaces dans la zone limi--trophe. - Le pigeage de masse devra tenir comp--te des rsultats de recherche fiables et adapts dans une zone polluante comme

    dans les grandes agglomrations, sachant que les rsultats acquis dans ce sens ont t plutt obtenus dans des vergers et des fermes agricoles. Par ailleurs, les piges ne doivent tre placs dans des zones limitro--phe des zones encore indemnes. - La mthode dassainissement partiel de la partie contamine du stipe devra tre amliore moyennant des techniques simples et moins coteuses. Cette strat--gie permettra de sauvegarder les hauts des palmiers ayant une valeur esthtique considrable. Ceci ncessite de disposer dun moyen simple de dpistage prcoce de lattaque et dassurer une surveillance rgulire et efficace.- La lutte chimique prventive ou curative devra tre ralise de faon adquate aprs avoir dmontr son efficacit dans le cadre dessais. Plusieurs insecticides ont montr leur efficacit au Maroc et dans dautres pays infests, notamment le malathion, lImidaclopride et le Chlorpyriphos. Cepen--dant, lutilisation des pesticides dans les zones habites devra prendre en compte cette situation. Les traitements chimiques prventifs doivent tre appliqus juste aprs lopration dlagage des palmes qui dgage les kairomones susceptibles datti--rer les insectes femelles pour la ponte.- la cration dun systme de contrle des ppinires produisant et multipliant les palmiers (Figure 9) de mme que la circu--lation des palmiers entre les zones Nord et Sud du Maroc afin dviter lextension du charanon vers le Sud et le Bayoud vers le Nord, sachant que le Fusarium, agent du Bayoud peut attaquer le palmier des Ca--naries. Pratiquement, ce systme prvoit linterdiction de mouvements de palmiers adultes ou jeunes (produits en ppinires) et de substrats ferments base de dattes et de cannes sucres partir de la zone infeste.- le renforcement du rseau de piges au niveau des jardins et des ppinires dans les villes du nord-atlasique et dans les oa--sis. Lentretien et le contrle rgulier des piges sont vivement conseills.

    - la cration dun systme de contrle dans les nombreuses ppinires de palmaces (Figure 9)

    RecommandationsPour aboutir des rsultats efficaces dra--dication du ravageur et arrter son exten--sion, il est ncessaire de :- constituer un comit national reprsen--tant tous les tablissements impliqus et ayant des expriences en matire de protection phytosanitaire des palmiers et laborer un plan daction court, moyen et long termes. - renforcer les capacits des services de recherche et de protection vgtale en matire de ressources humaines et de moyens financiers. - impliquer davantage les autorits locales et les communes dans les oprations dra--dication et de lutte contre le charanon. - tablir un suivi de lextension et diffuser les informations au niveau des services agricoles locaux.- assurer de faon rgulire et gnraliser la sensibilisation des producteurs de pal--miers dornement et des phniciculteurs.- exploiter et valoriser les expriences trangres dans la lutte contre ce rava--geur.

    Selon lONSSA, linfestation est encore limite la ville de Tanger, ce qui reflte les efforts dploys dans le contrle du ravageur. Mais il ne faut pas oublier que cet insecte sest facilement et rapiggdement adapt diffrents climats, en tenant compte de linsuffisance de lexggprience europenne dans le contrle de ce ravageur sur les palmiers des Caggnaries. Sans octroi de gros moyens huggmains et financiers, et si lon nadopte pas rapidement une stratgie concerte et coordonne, le Maroc pourrait bien subir lui aussi le sort des autres pays dggvasts par le charanon rouge.

    Figure 9. Rpartimmtion globale des

    espces du palmier au Maroc et celle schmatique des

    ppinires de production des

    plants de palmier au Nord de lAtlas.

    Les photos monmmtrent des exemples

    de ppinires sous abri ou en

    plein champ. Ceci constitue un relais important entre le

    Nord de lAtlas et le Sud o il y a des

    oasis du palmier dattier

    Figure 6. Exemple de piges mergs directement dans le sol (A) ou implants dans un morceau de stipe du palmier (B). Piges contenant leau et les morceaux de cannes (A) ou des dattes (B). Les phromones sont suspendues sous le couvercle.

    Figure 7. Injection des produits pesticides ou biocides travers des tuyaux, soit par gravit ou par pression dans la zone contamine et la zone environnante (A). Un cocon contenant un adulte prs quitter le cocon, mais qui est mort grce au biocide (feutrage blanc: myclium du champignon entomophage (Beauveria bassiana) (B).

    Figure 8. Palmiers infests dcapits, traits par pulvrisation dinsecticide puis couverts avec un film plastique pour viter la fuite des insectes qui chappent au traitement. Ces palmiers seront dtruits par incinration dans les endroits prvus cet effet.

    Palmier dattierFig.6

    Fig.7

    Fig.8

    Fig.9

    Agriculture du MaghrebN 62 - Octobre 2012

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