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14 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2013 - N°456 Une collaboration internationale autour des Instituts Pasteur de Phnom-Penh et de Paris et avec les National Institutes of Health (NIH, USA), a débouché sur le premier test in vitro de détection de la résistance de Plasmodium falciparum aux dérivés de l’arté- misinine, une arme d’excellence majeure contre le paludisme… à risque de résistance comme tous les antipaludiques. Ce test devrait être diffusé dans les pays d’endémie (plus de 100 aujourd’hui) pour détecter la résistance parasitaire aux anti- paludiques. C’est un outil de choix pour étudier les bases biochimiques et molé- culaires de la résistance aux dérivés de l’artémisinine, précise l’Institut Pasteur à Paris. Depuis 2008, des parasites résis- tants à ces dernières molécules mises sur le marché ont été observés en Asie du Sud-est. Prévenir la diffusion de ces résistants à la dernière génération d’antipaludiques nécessite leur détection rapide. Compte tenu des méthodes disponibles, ceci était inenvisageable jusqu’à présent. En effet, seules des études cliniques coûteuses et contraignantes le permettaient. En outre, tous les pays concernés ne bénéficient pas des infrastructures nécessaires. Les chercheurs pasteuriens et ceux des NIH ont développé un test pour étudier les formes résistantes à l’arté- misinine, facile et adapté à la réalité du terrain, donc à la surveillance in situ. Protocole : un prélèvement sanguin est effectué chez un patient impaludé, les parasites isolés mis en culture en pré- sence d’une forte dose d’antipaludique pendant quelques heures. Le degré de résistance est évalué après 3 jours et défini par le nombre de parasites ayant survécu à l’exposition à l’artémisinine. Plus il y a de parasites survivants, plus la résistance est confirmée. Il est impor- tant de prévoir d’exposer les parasites en culture à des doses d’antipaludique supérieures aux concentrations sanguines du patient testé. Le test a déterminé pour la première fois à quel stade de son déve- loppement P. falciparum résiste à l’arté- misinine. Constat : les formes jeunes du parasite sont responsables de la perte d’efficacité du traitement. Une autre version du test destinée aux laboratoires de recherche permet l’étude des mécanismes biologiques de résis- tance du parasite et la recherche de nouvelles molécules actives contre les parasites résistants. Le test de terrain sera dans un premier temps étendu au continent asiatique par un réseau de surveillance pour définir les zones géographiques où existent des parasites résistants, afin d’adapter le trai- tement et prévenir leur diffusion à d’autres zones d’endémie. Q Q J.-M. M. Source : Institut Pasteur, Paris. www.pasteur.fr La description de ces travaux est parue The Lancet Infectious Diseases, 11/9/2013 : New phenotypic assays for the detection of artemisinin-resistant Plasmodium falciparum malaria in Cambodia : in-vitro and ex-vivo drug-response studies BRÈVES VEGF, marqueur en rhumatologie Au congrès de la Ligue européenne contre le rhuma- tisme (EULAR) à Madrid, un rhumato- logue allemand (De- nis Poddubnyy, CHU La Charité, Berlin) a montré l’intérêt du VEGF (vascular endothelial growth factor) dans le suivi de la spondylarthrite ankylosante (SPA), permettant d’identifier le risque de progression (radiographiquement confirmée) avec apparition d’excroissances osseuses ligamentaires (syndesmophytes). Le cut-off du VEGF est de 600 pg/mL, avec meilleure valeur prédictive que la CRP et dis- tingue entre les patients à plus ou moins fort risque. Prédictivité vérifiée dans l’étude GESPIC (German spondyloarthritis inception cohort) de 2 ans en comparant les clichés à l’entrée et à la fin de l’étude, selon valeurs initiales du VEGF. À 2 ans, il était plus élevé chez les patients dont la SPA a progressé (562 +/- 357 pg/mL vs 402 +/- 309 pg/mL), idem chez les pa- tients ayant développé des syndesmophytes (579 +/- 386 pg/mL vs 404 +/- 307 pg/mL). Source : Internal Medicine News. Exposition aux CEM Pour concilier faible expo- sition aux champs électro- magnétiques et couverture satisfaisante, le Comité opérationnel sur les ondes de téléphonie mobile recom- mande dans un rapport de tripler le nombre d’antennes-relais sur les toits. Académie nationale de médecine, Académie des sciences, et Académie des technologies ont rappelé que des précautions sans justifi- cation suffisante ne peuvent que renforcer les préoccupations de la population et créer un stress supplémentaire dont l’impact en termes de santé publique doit être mis en balance avec le bénéfice sanitaire attendu. On peut réduire l’exposition aux antennes-relais en les multipliant (on réduit leur zone de couverture). Mais, dans certains cas, le portable augmente sa puissance d’émission chaque fois que l’on passe d’une zone de couverture à une autre, et l’exposition aux téléphones portables est 100 à 100 000 fois plus élevée qu’aux antennes. On risque d’augmenter sans justification l’exposi- tion de 85 % des Français utilisant un portable. © Sahara Nature Paludisme: un test détecte la résistance à l’artémisinine © dalaprod © valdis torms

Paludisme : un test détecte la résistance à l’artémisinine

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Page 1: Paludisme : un test détecte la résistance à l’artémisinine

14 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2013 - N°456

Une collaboration internationale autour des Instituts Pasteur de Phnom-Penh et de Paris et avec les National Institutes of Health (NIH, USA), a débouché sur le premier test in vitro de détection de la résistance de Plasmodium falciparum aux dérivés de l’arté-misinine, une arme d’excellence majeure contre le paludisme… à risque de résistance comme tous les antipaludiques.

Ce test devrait être diffusé dans les pays d’endémie (plus de 100 aujourd’hui) pour détecter la résistance parasitaire aux anti-paludiques. C’est un outil de choix pour étudier les bases biochimiques et molé-culaires de la résistance aux dérivés de l’artémisinine, précise l’Institut Pasteur à Paris. Depuis 2008, des parasites résis-tants à ces dernières molécules mises sur le marché ont été observés en Asie du Sud-est.Prévenir la diffusion de ces résistants à la dernière génération d’antipaludiques nécessite leur détection rapide. Compte tenu des méthodes disponibles, ceci était inenvisageable jusqu’à présent. En effet, seules des études cliniques coûteuses et contraignantes le permettaient. En outre, tous les pays concernés ne bénéficient pas des infrastructures nécessaires.Les chercheurs pasteuriens et ceux des NIH ont développé un test pour étudier les formes résistantes à l’arté-misinine, facile et adapté à la réalité du terrain, donc à la surveillance in situ.

Protocole : un prélèvement sanguin est effectué chez un patient impaludé, les parasites isolés mis en culture en pré-sence d’une forte dose d’antipaludique pendant quelques heures. Le degré de résistance est évalué après 3 jours et défini par le nombre de parasites ayant survécu à l’exposition à l’artémisinine.Plus il y a de parasites survivants, plus la résistance est confirmée. Il est impor-tant de prévoir d’exposer les parasites en culture à des doses d’antipaludique supérieures aux concentrations sanguines du patient testé. Le test a déterminé pour la première fois à quel stade de son déve-loppement P. falciparum résiste à l’arté-misinine. Constat : les formes jeunes du parasite sont responsables de la perte d’efficacité du traitement.Une autre version du test destinée aux laboratoires de recherche permet l’étude des mécanismes biologiques de résis-tance du parasite et la recherche de nouvelles molécules actives contre les parasites résistants.Le test de terrain sera dans un premier temps étendu au continent asiatique par un réseau de surveillance pour définir les zones géographiques où existent des parasites résistants, afin d’adapter le trai-tement et prévenir leur diffusion à d’autres zones d’endémie.

J.-M. M.

Source : Institut Pasteur, Paris. www.pasteur.fr La description de ces travaux est parue The Lancet Infectious Diseases, 11/9/2013 : New phenotypic assays for the detection of artemisinin-resistant Plasmodium falciparum malaria in Cambodia : in-vitro and ex-vivo drug-response studies

BRÈVES

VEGF, marqueur en rhumatologieAu congrès de la Ligue européenne contre le rhuma-t isme (EULAR) à Madrid, un rhumato-logue allemand (De-nis Poddubnyy, CHU La Charité, Berlin) a montré l’intérêt du VEGF (vascular endothelial growth factor) dans le suivi de la spondylarthrite ankylosante (SPA), permettant d’identifier le risque de progression (radiographiquement confirmée) avec apparition d’excroissances osseuses ligamentaires (syndesmophytes). Le cut-off du VEGF est de 600 pg/mL, avec meilleure valeur prédictive que la CRP et dis-tingue entre les patients à plus ou moins fort risque. Prédictivité vérifiée dans l’étude GESPIC (German spondyloarthritis inception cohort) de 2 ans en comparant les clichés à l’entrée et à la fin de l’étude, selon valeurs initiales du VEGF. À 2 ans, il était plus élevé chez les patients dont la SPA a progressé (562 +/- 357 pg/mL vs 402 +/- 309 pg/mL), idem chez les pa-tients ayant développé des syndesmophytes (579 +/- 386 pg/mL vs 404 +/- 307 pg/mL).

Source : Internal Medicine News.

Exposition aux CEMPour concilier faible expo-sition aux champs électro-magnétiques et couverture satisfaisante, le Comité opérationnel sur les ondes de téléphonie mobile recom-mande dans un rapport de

tripler le nombre d’antennes-relais sur les toits. Académie nationale de médecine, Académie des sciences, et Académie des technologies ont rappelé que des précautions sans justifi-cation suffisante ne peuvent que renforcer les préoccupations de la population et créer un stress supplémentaire dont l’impact en termes de santé publique doit être mis en balance avec le bénéfice sanitaire attendu. On peut réduire l’exposition aux antennes-relais en les multipliant (on réduit leur zone de couverture). Mais, dans certains cas, le portable augmente sa puissance d’émission chaque fois que l’on passe d’une zone de couverture à une autre, et l’exposition aux téléphones portables est 100 à 100 000 fois plus élevée qu’aux antennes. On risque d’augmenter sans justification l’exposi-tion de 85 % des Français utilisant un portable.

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