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Penser le langage (Les mots et les choses) 2. Les procès du langage

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Penser le langage(Les mots et les choses)

2. Les procès du langage

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2. Les procès du langage

Introduction : deux figures de la rupture entre les mots et les choses

1. Don QuichotteEmma Bovary

2. L’expérience de Roquentin dans La Nausée de Jean-Paul Sartre (1938)

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2. Les procès du langage

A. La rhétorique du mensonge

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A. La rhétorique du mensonge

- Langages de la publicité

Nouvelle ligne, Nouveau moteur, Nouvelles sensations, Nouveau vous

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A. La rhétorique du mensonge

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A. La rhétorique du mensonge

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A. La rhétorique du mensonge

- La langue appauvrieValère Novarina, Devant la parole :« nous deviendrons un jour muets à force de

communiquer »« l’image mécanique et instrumentale du langage

que nous propose le grand système marchand »

« l’expérience que fait chaque parlant, chaque parleur d’ici, d’un voyage dans la parole »

Eugène Ionesco, La Cantatrice chauve

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A. La rhétorique du mensonge

La Mère Pipe : « Nous n’allons plus persécuter, mais nous punirons et nous ferons justice. Nous ne coloniserons pas les peuples, nous les occuperons pour les libérer. Nous n’exploiterons pas les hommes, nous les ferons produire. Le travail obligatoire s’appellera travail volontaire. La guerre s’appellera la paix et tout sera changé grâce à moi et à mes oies. »

Eugène Ionesco, Tueur sans gages (1959)

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B. Rendez-vous manqués entre les mots, les choses, les pensées

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B. Rendez-vous manqués

a. Les sens des mots

- Pièges de la polysémieYaguello, Catalogue, 119-126

- Pièges de la connotation

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B. Rendez-vous manqués

b. L’impossible neutralité

c. Discontinuité des mots, continuité du réel

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B. Rendez-vous manqués

d. Fixité des mots, mouvance des choses

Claude Hagège : la langue est un « Musée Grévin de la connaissance »

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B. Rendez-vous manquése. Les mots et la vie intérieure : expériences

d’inadéquation

Julien Green, Journal, 1951 :« Souffrir. Dans ce mot, il y a un monde avec ses abîmes, ses tremblants espoirs, ses larmes, sa nuit, son aurore, son jour et son crépuscule. Pauvreté du langage humain. Comment dire tout ce qu'on veut dire avec des mots ? »

La pensée de Bergson

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B. Rendez-vous manqués

f. L’expérience absente

Antoine Destutt de Tracy :« Lorsque j’apprends le mot amour et celui de mer, sans avoir

ressenti l’un ni vu l’autre, je leur adapte à chacun un groupe d’idées formée par conjectures, qui ne peut manquer de différer de la réalité ; lorsqu’ensuite j’ai ressenti l’amour et vu la mer, j’assemble sous ces mots une foule de perceptions réellement éprouvées, mais je ne suis pas du tout sûr qu’elles soient exactement les mêmes que celles éprouvées par celui qui m’a appris ces mots ; et enfin, ni moi ni celui-là même qui m’a enseigné l’usage de ces mots, ne sommes sûrs qu’au bout d’un certain temps ils réveillent en nous les mêmes perceptions […]. »

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C. Roland Barthes et le « fascisme » de la langue

Marina Yaguello, Catalogue, p. 68 :

« Les langues diffèrent par ce qu’elles nous imposent de dire, par le type d’information que véhicule obligatoirement leur structure grammaticale. »

A lire : Yaguello, Catalogue, 65-68

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C. Roland Barthes et le « fascisme » de la langue

1°) Trois exemples

- la relation sujet-verbe

- l’alternative masculin / féminin

- l’alternative tu / vous

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C. Roland Barthes et le « fascisme » de la langue

Roland Barthes :« Ainsi, par sa structure même, la langue implique une

relation fatale d’aliénation. »

Emile Benvéniste :« C’est dans et par le langage que l’homme se constitue

comme sujet. »

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C. Roland Barthes et le « fascisme » de la langue

2°) Assertion et répétition

- « l’autorité de l’assertion »

- « la grégarité de la répétition »

« Malheureusement, le langage humain est sans extérieur : c’est un huis clos. »

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C. Roland Barthes et le « fascisme » de la langue

3°) Moyens de résistance

- Sortir de la langue : L’Empire des signes (1970)

La découverte libératrice d’une autre langue

La découverte du Zen« une immense pratique destinée à arrêter le langage »

satorihaïku

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C. Roland Barthes et le « fascisme » de la langue

3°) Moyens de résistance

Pleine luneEt sur les nattesL’ombre d’un pin

Dans la maison du pêcheur,L’odeur du poisson séché

Et la chaleur.

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C. Roland Barthes et le « fascisme » de la langue

3°) Moyens de résistance

- « Tricher la langue »

« Cette tricherie salutaire, cette esquive, ce leurre magnifique, qui permet d’entendre la langue hors- pouvoir, dans la splendeur d’une révolution permanente du langage, je l’appelle pour ma part : littérature. »

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C. Roland Barthes et le « fascisme » de la langue

Conclusion du point C. : mérites et limites de la thèse de Barthes

Un présupposé contestableLe langage comme lieu de résistance de l’humainHélène Merlin-Kajman, La Langue est-elle fasciste ?,

2003

Robert Antelme

« ce qui traîne dans la langue relie tous les hommes entre eux » (H. Merlin-Kajman)

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D. Nietzsche et la critique du langage

1°) Les menaces portées par le langage

- Le langage de l’erreurmétaphysique

- Le langage nous entraîne dans une pensée dichotomique

- Le langage fait obstacle à notre singularitéCrépuscule des idoles,   « Incursions d’un inactuel », §26 :   « Le

langage, semble-t-il, n’a été inventé que pour le médiocre, le moyen, le communicable. Avec le langage, celui qui parle se vulgarise déjà. »

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D. Nietzsche et la critique du langage

2°) Vers un nouveau langage

- Méfiance systématique

- Une écriture en mouvement

- « Rien que fou ! Rien que poète ! » (Ainsi parlait Zarathoustra)

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E. La poésie en question

1°) Promesses de la poésie

- Platon, Ionrhapsode

- Orphée

- L’ambition surréaliste

André Breton, Manifeste du surréalisme (1924)

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E. La poésie en question

2°) Impasses de la poésie

- Rimbaud : de la voyance au silenceLes lettres dites du voyant (1871)

« Je veux être poète, et je travaille à me rendre Voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. »

« Donc le poète est vraiment voleur de feu. »Prométhée

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E. La poésie en question

2°) Impasses de la poésie

- Rimbaud : de la voyance au silence« Le Bateau ivre » (1871)

« Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes

Et les ressacs et les courants : je sais le soir,

L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,

Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir »

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E. La poésie en question

2°) Impasses de la poésie

- Rimbaud : de la voyance au silence« Le Bateau ivre » (1871)

« Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes,

Toute lune est atroce et tout soleil amer »

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E. La poésie en question

2°) Impasses de la poésie

- Rimbaud : de la voyance au silenceUne Saison en enfer (1873) : les échecs du « voyant »

« Alchimie du verbe »

« L’histoire d’une de mes folies. »

« Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. J’étais oisif, en proie à une lourde fièvre : j’enviais la félicité des bêtes, - les chenilles, qui représentent l’innocence des limbes, les taupes, le sommeil de la virginité ! »

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E. La poésie en question

2°) Impasses de la poésie

- Rimbaud : de la voyance au silenceUne Saison en enfer (1873) : les échecs du « voyant »

« Adieu »

« Moi ! Moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan ! »

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E. La poésie en question

2°) Impasses de la poésie

- Rimbaud : de la voyance au silenceIlluminations

- Les impostures de la poésie selon Roger Caillois

- Orphée sans Eurydice

Jean-Pierre Siméon, La Mort n’est que la mort si l’amour lui survit - Histoire d’Orphée

« j’irai la chercher au-delà de sa mort »

« il avait refermé les bras sur sa nuitil étreignait en sanglotant son éternelle absente »

Mallarmé : « l’absente de tous bouquets »George Steiner : « la vérité du mot est l’absence du monde »

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E. La poésie en question

Conclusion

La robe de Déjanire

Nécessité de la critique

G. Frege : « Une grande partie du travail du philosophe consiste – ou devrait consister – en un combat avec la langue. »

Nécessité de la confiance