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Peut-on élargir le recours au DPI ?

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Page 1: Peut-on élargir le recours au DPI ?

86 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2011 - N°428

charge des patients. Par exemple en 2009, cette subvention a permis de développer les délégations régionales de l’associa-tion qui se consacre à l‘information et au soutien des patients et des familles, assure le fonctionnement de la ligne téléphonique nationale et l’accueil à la Maison des MICI, et a participé à l’or-ganisation d’une journée nationale des MICI pour les familles et les professionnels de santé. ■■

Y a-t-il vraiment surconsommationde médicaments en France ?Pour Philippe Dallier, sénateur, la surconsommation de médi-caments est un problème de santé publique dans la mesure où les effets indésirables de cette surconsommation font qu’un médicament « peut être soit un remède soit un poison » ! Le par-lementaire évoque une récente enquête indiquant que plus de 130 000 hospitalisations annuelles sont directement imputables aux médicaments, avec une durée moyenne d’hospitalisation de 9 jours « ce qui signifie clairement que les effets secondaires sont graves ». La même enquête souligne même que « le nombre de décès en France dus aux médicaments se situe entre 8 000 et 13 000 par an ». Que fait le gouvernement face à cette situation ?

La iatrogénie médicamenteuse en cause ici est l’ensemble des effets indésirables directement dus à l’activité pharmacologique d’un médicament. Parmi les pathologies iatrogènes, certaines sont dues à l’usage d’un médicament dans des conditions normales et sont donc inévitables. D’autres sont en revanche évitables car elles résultent d’une utilisation du médicament non conforme aux indications et aux recommandations (précautions d’emploi)… à laquelle on peut rattacher la surconsommation. Cela fait plus de dix ans que l’AFSSAPS suit l’évolution du risque iatrogène médicamenteux évitable, afin de proposer, comme elle le fait périodiquement des mesures de prévention ou de retrait. Qu’en est-il de l’épidémiologie de la iatrogénie ?

Une enquête AFSSAPS de 1998 via le réseau des Centres régio-naux de pharmacovigilance (31 CRPV) indiquait une incidence d’hospitalisation pour effet indésirable d’un médicament de 3,19 % de toutes les causes d’hospitalisation entraînant une durée moyenne d’admission de 9,7 jours. Par extrapolation au niveau national, on a pu estimer à 134 159 le nombre d’hospi-talisations pour effet iatrogène médicamenteux en un an. Une nouvelle enquête des CRPV en 2007 avait pour objectif d’évaluer l’évolution de la iatrogénie en 9 ans. Publiés en septembre 2008, les résultats ont montré une incidence des hospitalisations pour iatrogénie de 3,60 % et une moyenne de durée de l’admission de 10, 29 jours, avec une extrapolation au niveau national estimée à 143 915 hospitalisations… soit un quasi-statuquo en 9 ans !

En revanche, on a une idée assez précise des médicaments incriminés. En 2007 il est apparu que la classe des anticoagu-lants, au premier chef les antivitamines K (AVK), et les traitements antinéoplasiques pour cancer représentent plus du quart des hospitalisations pour effet indésirable médicamenteux. Or on ne peut pas considérer qu’il y a rarement surconsommation de ce type de médicaments… d’autant qu’il s’agit de produits dont l’usage est assorti de précautions (adaptation de la dose) et de contrôles. Constat : une part importante de la iatrogénie est difficile à réduire.

Au total, plusieurs mesures sont susceptibles de réduire l’inci-dence de la iatrogénie médicamenteuse. C’est d’une part une meilleure détection et une surveillance accrue des sujets les

plus susceptibles de présenter des effets indésirables (patients âgés notamment) lors de l’usage de médicaments dont l’intérêt thérapeutique est incontestable. C’est d’autre part la mobilisa-tion des professionnels, des patients traités et plus largement de la population pour une amélioration collective du bon usage des médicaments, principalement les plus susceptibles d’effets iatrogéniques : psychotropes, anticoagulants, médicaments cardiovasculaires, analgésiques, antibiotiques… L’AFSSAPS rappelle à ce propos que tout professionnel de santé peut trou-ver sur son site (www.afssaps.fr) des informations actualisées sur les médicaments. Enfin l’AFSSAPS juge indispensable le renforcement de l’information des patients et du public sur la médication officinale (achat direct en pharmacie), des informa-tions spécifiques sur le risque iatrogénique ayant été diffusées aux officines dès l’ouverture de l’accès direct des consomma-teurs à certains médicaments (produits dits OTC) en juillet 2008 (information également disponible sur afssaps.fr).

Les CRPV répartis sur l’ensemble du territoire enregistrent tous les effets iatrogènes ou inattendus des médicaments, comme ceux dus à une surconsommation. Après évaluation des données, la Commission nationale de pharmacovigilance peut décider d’une enquête sur le médicament désigné et ses conditions d’utilisation, quitte à prendre des mesures pour améliorer sa sécurité d’emploi. ■■

Peut-on élargir le recours au DPI ?Le DPI ou diagnostic préimplantatoire a été strictement encadré par le législateur puisque l’article L. 2131-4 du Code de la santé publique ne l’autorise qu’à titre exceptionnel et lorsque deux conditions sont réunies : le couple, du fait de sa situation familiale, a une forte probabilité de donner naissance à un enfant atteint d’une maladie génétique d’une particulière gravité reconnue incurable au moment du diagnostic ; l’anomalie ou les anoma-lies responsables d’une telle maladie ont été, préalablement à la réalisation du diagnostic, précisément identifiées chez l’un des parents ou l’un de ses ascendants immédiats, dans le cas d’une maladie gravement invalidante, à révélation tardive et mettant prématurément en jeu le pronostic vital. Ce rappel du député Thierry Lazaro vient à l’appui de sa mise en garde, reprise par plusieurs de ses collègues, du maintien de cet encadrement pour éviter toute dérive vers l’eugénisme, comme le risque en est également évoqué par Nicolas Dupont-Aignan, qui évoque la suppression de certains embryons porteurs d’une trisomie 21.

Le DPI, diagnostic biologique à partir de cellules embryonnaires prélevées in vitro à l’occasion d’une AMP, est une pratique médicale très encadrée en effet, dit la réponse du ministère. Ce diagnostic ne peut être proposé à un couple que si l’indication a été posée par un médecin d’un Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN). Ce dispositif a permis le dévelop-pement de cette pratique en prenant en charge des couples à haut risque de transmission d’une grave pathologie, qui n’auraient sans doute pas envisagé de procréer si ce diagnostic n’avait pu leur être proposé. L’établissement d’une liste de pathologies n’est envisageable ni sur le plan médical ni sur le plan éthique. L’encadrement législatif ne sera pas remis en question dans la refonte de la Loi Bioéthique. ■■

J.-M. M.