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24 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2010 - N°418 Le risque de développer une tuberculose est augmenté chez les sujets infectés par le VIH et ce risque existe précocement dans l’évolution de l’infection, en fait dès la séro- conversion. Les traitements anti- rétroviraux ont cependant permis de réduire l’incidence de la tuberculose chez les patients séropo- sitifs traités, réduisant le risque d’environ 80 %. La tuberculose extra-pulmonaire est consi- dérée comme une pathologie opportuniste inaugurale de sida depuis 1987 et la tubercu- lose pulmonaire depuis 1993. Au cours des années 2006 et 2007, un sida a été décou- vert chez 1 680 adultes avec une tuberculose inaugurale dans 20 % des cas. Cela repré- sente la deuxième cause d’entrée après la pneumocystose (23 %), avant la candidose œsophagienne (14,5 %), la toxoplasmose cérébrale (12 %) et le sarcome de Kaposi (8,5 %). Actuellement, 45 % des cas de tuberculose diagnostiqués sont strictement pulmonaires, 41 % extra-pulmonaires et 14 % associent les deux localisations. La tuberculose inau- gurale de sida est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, avec un âge moyen de 40,1 ans. La fréquence de cette pathologie diminue avec l’âge et varie selon le pays de naissance : par exemple 35 % des sujets nés en Afrique sub-saha- rienne et 10 % des patients nés en France seulement. Un quart des patients contaminés par rap- port hétérosexuel a développé une tuber- culose inaugurale du sida, contre 16 % des usagers de drogues intraveineuse et 11 % des homosexuels. La moyenne des taux de CD-4 est plus élevée chez les personnes atteintes de tuberculose par rapport à celles ayant une autre pathologie. L’analyse des facteurs de risque montre que les personnes contaminées par rapport hétérosexuel et les usagers de drogues présentent quasiment trois fois plus de risque de tuberculose inau- gurale que les homosexuels. La tuberculose reste donc la deuxième cause d’entrée dans le sida malgré une diminution constante de son incidence depuis plu- sieurs années. Dans nombre de pays en développement, cette pathologie reste la principale cause de décès chez les patients VIH positifs. BEH 24/03/09;12-13 :110-3. Place de la tuberculose dans les infections inaugurales du sida Signes cliniques évocateurs : recherche du génome viral par RT- PCR et détection des IgM et des IgG antiviraux Les infections nosocomiales concernent les patients mais aussi le personnel de santé. Un soignant peut être la cible ou la source de transmission d’agents infec- tieux, bactéries ou virus. Entre 2001 et 2007, plus de 5 300 signa- lements ont été effectués, dont 142 d’en- tre eux concernent les professionnels de santé. Leur nombre a régulièrement aug- menté chaque année. Différentes patho- logies sont représentées : coqueluche, tuberculose, infections à streptocoque du groupe A, gastro-entérites, grippe, hépatite B et même gale. Ainsi, les infections à Bordetella per- tussis ou coqueluche nosocomiale ont suscité 48 épisodes entre 2001 et 2007. L’obstétrique et la néonatalogie repré- sentent la moitié des cas concernés. Les infections à Mycobacterium tuberculosis de type nosocomial ont produit 62 cas, la moitié concernant le personnel soignant, avec une contagiosité dans 82 % des cas. Enfin 132 cas d’infections nosocomiales à Streptococcus pyogenes ont été signalés, en particulier dans les services d’obsté- trique. Des prélèvements de gorge ou de plaie cutanée positifs ont été trouvés en service de chirurgie, et 3 607 cas de gas- tro-entérites virales d’origine nosocomiale ont été enregistrés mais dans 60 % des cas le micro-organisme n’est pas identifié ou non recherché. Au total, 601 cas de grippe nosocomiale ont été signalés, survenant en centre hos- pitalier et concernant des services de long séjour, de rééducation ou d’accueil de personnes âgées. On constate que le taux de couverture vaccinale des soignants est seulement de 42 %, et 11 séroconversions au virus de l’hépatite B ont été signalées avec une origine nosocomiale certaine. Différents types de service sont concer- nés par ce risque soignant : médecine, soins de longue durée, services de réé- ducation, les services de dialyse, urgen- ces. Différents modes de transmission sont suspectés : partage de matériel en hémodialyse, soins dentaires, milieu trans- fusionnel. Quant aux 1 065 cas de gale nosocomiale, ils concernent des services de médecine, de rééducation ou d’accueil de person- nes âgées. Le personnel soignant est concerné dans 31 % des cas. Il est noté une augmentation du nombre de signa- lements régulier au cours de la période d’enquête. Poujol J, Thiolet JM. BEH 5/05/09;18-19:179- 82. Infections nosocomiales : chez les soignants aussi On constate que le taux de couverture vaccinale de la grippe des soignants est seulement de 42 %

Place de la tuberculose dans les infections inaugurales du sida

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Page 1: Place de la tuberculose dans les infections inaugurales du sida

24 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JANVIER 2010 - N°418

Le risque de développer une tuberculose est augmenté chez les sujets infectés par le VIH et ce risque existe précocement dans l’évolution de l’infection, en fait dès la séro-conversion. Les traitements anti- rétroviraux ont cependant permis de réduire l’incidence de la tuberculose chez les patients séropo-sitifs traités, réduisant le risque d’environ 80 %.La tuberculose extra-pulmonaire est consi-dérée comme une pathologie opportuniste inaugurale de sida depuis 1987 et la tubercu-lose pulmonaire depuis 1993. Au cours des années 2006 et 2007, un sida a été décou-vert chez 1 680 adultes avec une tuberculose inaugurale dans 20 % des cas. Cela repré-sente la deuxième cause d’entrée après la pneumocystose (23 %), avant la candidose œsophagienne (14,5 %), la toxoplasmose cérébrale (12 %) et le sarcome de Kaposi (8,5 %).Actuellement, 45 % des cas de tuberculose diagnostiqués sont strictement pulmonaires,

41 % extra-pulmonaires et 14 % associent les deux localisations. La tuberculose inau-gurale de sida est plus fréquente chez les

femmes que chez les hommes, avec un âge moyen de 40,1 ans. La fréquence de cette pathologie diminue avec l’âge et varie selon le pays de naissance : par exemple 35 % des sujets nés en Afrique sub-saha-rienne et 10 % des patients nés en France seulement.

Un quart des patients contaminés par rap-port hétérosexuel a développé une tuber-culose inaugurale du sida, contre 16 % des usagers de drogues intraveineuse et 11 % des homosexuels. La moyenne des taux de CD-4 est plus élevée chez les personnes atteintes de tuberculose par rapport à celles ayant une autre pathologie. L’analyse des facteurs de risque montre que les personnes contaminées par rapport hétérosexuel et les usagers de drogues présentent quasiment trois fois plus de risque de tuberculose inau-gurale que les homosexuels.La tuberculose reste donc la deuxième cause d’entrée dans le sida malgré une diminution constante de son incidence depuis plu-sieurs années. Dans nombre de pays en développement, cette pathologie reste la principale cause de décès chez les patients VIH positifs.

BEH 24/03/09;12-13 :110-3.

Place de la tuberculose dans les infections

inaugurales du sida

Signes cliniques

évocateurs : recherche

du génome viral par RT-

PCR et détection des

IgM et des IgG antiviraux

Les infections nosocomiales concernent les patients mais aussi le personnel de santé. Un soignant peut être la cible ou la source de transmission d’agents infec-tieux, bactéries ou virus.Entre 2001 et 2007, plus de 5 300 signa-lements ont été effectués, dont 142 d’en-tre eux concernent les professionnels de santé. Leur nombre a régulièrement aug-menté chaque année. Différentes patho-logies sont représentées : coqueluche, tuberculose, infections à streptocoque du groupe A, gastro-entérites, grippe, hépatite B et même gale.Ainsi, les infections à Bordetella per-tussis ou coqueluche nosocomiale ont suscité 48 épisodes entre 2001 et 2007. L’obstétrique et la néonatalogie repré-sentent la moitié des cas concernés. Les infections à Mycobacterium tuberculosis de type nosocomial ont produit 62 cas, la moitié concernant le personnel soignant, avec une contagiosité dans 82 % des cas. Enfi n 132 cas d’infections nosocomiales à Streptococcus pyogenes ont été signalés,

en particulier dans les services d’obsté-trique. Des prélèvements de gorge ou de plaie cutanée positifs ont été trouvés en service de chirurgie, et 3 607 cas de gas-tro-entérites virales d’origine nosocomiale

ont été enregistrés mais dans 60 % des cas le micro-organisme n’est pas identifi é ou non recherché.Au total, 601 cas de grippe nosocomiale ont été signalés, survenant en centre hos-pitalier et concernant des services de long

séjour, de rééducation ou d’accueil de personnes âgées. On constate que le taux de couverture vaccinale des soignants est seulement de 42 %, et 11 séroconversions au virus de l’hépatite B ont été signalées avec une origine nosocomiale certaine.Différents types de service sont concer-nés par ce risque soignant : médecine, soins de longue durée, services de réé-ducation, les services de dialyse, urgen-ces. Différents modes de transmission sont suspectés : partage de matériel en hémodialyse, soins dentaires, milieu trans-fusionnel.Quant aux 1 065 cas de gale nosocomiale, ils concernent des services de médecine, de rééducation ou d’accueil de person-nes âgées. Le personnel soignant est concerné dans 31 % des cas. Il est noté une augmentation du nombre de signa-lements régulier au cours de la période d’enquête.

Poujol J, Thiolet JM. BEH 5/05/09;18-19:179-82.

Infections nosocomiales : chez les soignants aussi

On constate que

le taux de couverture

vaccinale de la grippe

des soignants est

seulement de 42 %