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Place de l’Azathioprine dans le traitement de la Polyarthrite Rhumatoïde Alia Fazaa, Olfa Saidane, Ines Mahmoud, Hana Sahli, Raoudha Tekaya, Leila Abdelmoula, Rafik Zouari Service de Rhumatologie, Hôpital Charles Nicolle, Tunis-Tunisie INTRODUCTION L’azathioprine (AZA) est un DMARD cytotoxique et anti- métabolique, anciennement connu et utilisé au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR). Nous rapportons notre expérience avec cette molécule dans le traitement de la PR. CONCLUSION Notre étude suggère un bénéfice à court terme du traitement par AZA sur l’activité de la PR et sur l’épargne cortisonique et rejoint les résultats globalement favorables rapportés avec ce médicament dans la littérature. De nouvelles études sont nécessaires pour comparer son bénéfice à celui d’autres immunosuppresseurs et pour évaluer son effet à long terme et à différents stades évolutifs de la maladie. RESULTATS (1) Il s’agit de 4 patients, 2 femmes et 2 hommes, âgés en moyenne de 39,5 ans (27-52 ans), suivis pour une PR séropositive (n=3) et érosive (n=4). Les patients avaient reçus au préalable de la prednisone (7,5 à 20 mg/j) et du méthotrexate (10 à 20 mg/semaine), en association au plaquenil dans un cas et à la salazopyrine dans un autre cas. L’AZA a été introduite en moyenne après 12 ans d’évolution de la PR (5-21 ans), à la dose de 125mg/j (100-150 mg). La durée du suivi après la mise sous AZA était de 24,75 mois (9mois-5ans). L’évolution du DAS28 sous AZA est illustré dans le tableau 1. Une diminution de la dose des corticoïdes a été possible chez 3 patients à 3 mois, chez 2 patients à 6 mois, et chez 1 patient à 9 mois. A 12 mois, il n’y avait plus d’effet d’épargne cortisonique. Aucun effet indésirable grave n’a été à l’origine d’un arrêt de l’AZA. DISCUSSION En raison de sa toxicité, l’AZA était initialement réservé aux PR réfractaires ou avec des atteintes systémiques mettant en jeux le pronostic vital. Depuis une décennie, l’approche thérapeutique a évolué et l’AZA est plus couramment utilisé, le plus souvent dans un but d’épargne cortisonique. Selon notre étude, il existe un bénéfice à court terme d’un traitement par AZA au cours de la PR. Cependant, il s’agit d’une étude rétrospective, basée sur un faible nombre de patients. De plus, les effets à long terme sur le statut fonctionnel et la progression radiologique n’ont pas été évalués. Selon les données de la littérature, l’efficacité clinique de l’AZA a été démontrée à l’occasion d’études ouvertes et contrôlées au cours de la PR,. Suarez-Almazor et al. (1) ont réalisé une revue de la littérature incluant tous les essais contrôlés randomisés comparant l’AZA à un placebo chez des patients ayant une PR. Un bénéfice statistiquement significatif a été observé pour l’AZA. Cependant, l’arrêt du traitement en raison d’effets secondaires était significativement plus élevé dans le groupe Références (1) Suarez-Almazor et al. Cochrane Database Syst Rev 2000;4:CD001461 (2) Jeurissen ME. Arthritis Rheum 1991;34:961-72 (3) Willkens RF et al. Arthritis Rheum 1995;38:1799-806 MALADES ET METHODES Etude rétrospective (1992-2013) des dossiers de patients ayant une PR (critères ACR) et traités par AZA. L’efficacité a été jugée sur la réponse EULAR et l’effet d’épargne cortisonique à 3 mois, 6 mois, 9 mois et à 12 mois. Patient 1 Patient 2 Patient 3 Patient 4 J0 6,51 3,77 4,97 6,26 3 mois 2,91** NE 1,6** 4,62* 6 mois NE 2,8* 1,9** 5,24 9 mois 3,7* 4,3 3,08* 5,3 12 mois 5,92 NE NE 5,8 Réponse EULAR: NE: non évaluée *modérée **Bonne Tableau 1: Evolution du DAS28 sous AZA

Place de l’Azathioprine dans le traitement de la Polyarthrite Rhumatoïde Alia Fazaa, Olfa Saidane, Ines Mahmoud, Hana Sahli, Raoudha Tekaya, Leila Abdelmoula,

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Place de l’Azathioprine dans le traitement de la Polyarthrite Rhumatoïde

Alia Fazaa, Olfa Saidane, Ines Mahmoud, Hana Sahli, Raoudha Tekaya, Leila Abdelmoula, Rafik ZouariService de Rhumatologie, Hôpital Charles Nicolle, Tunis-Tunisie

INTRODUCTION

 L’azathioprine (AZA) est un DMARD cytotoxique et anti-métabolique, anciennement connu et utilisé au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR). Nous rapportons notre expérience avec cette molécule dans le traitement de la PR.

CONCLUSION Notre étude suggère un bénéfice à court terme du traitement parAZA sur l’activité de la PR et sur l’épargne cortisonique et rejoint les résultats globalement favorables rapportés avec ce médicament dans la littérature. De nouvelles études sont nécessaires pour comparer son bénéfice à celui d’autres immunosuppresseurs et pour évaluer son effet à long terme et à différents stades évolutifs de la maladie.

RESULTATS (1)  Il s’agit de 4 patients, 2 femmes et 2 hommes, âgés en moyenne de 39,5 ans (27-52 ans), suivis pour une PR séropositive (n=3) et érosive (n=4). Les patients avaient reçus au préalable de la prednisone (7,5 à 20 mg/j) et du méthotrexate (10 à 20 mg/semaine), en association au plaquenil dans un cas et à la salazopyrine dans un autre cas. L’AZA a été introduite en moyenne après 12 ans d’évolution de la PR (5-21 ans), à la dose de 125mg/j (100-150 mg). La durée du suivi après la mise sous AZA était de 24,75 mois (9mois-5ans). L’évolution du DAS28 sous AZA est illustré dans le tableau 1.Une diminution de la dose des corticoïdes a été possible chez 3 patients à 3 mois, chez 2 patients à 6 mois, et chez 1 patient à 9 mois. A 12 mois, il n’y avait plus d’effet d’épargne cortisonique. Aucun effet indésirable grave n’a été à l’origine d’un arrêt de l’AZA.

DISCUSSION En raison de sa toxicité, l’AZA était initialement réservé aux PRréfractaires ou avec des atteintes systémiques mettant en jeux le pronostic vital.

Depuis une décennie, l’approche thérapeutique a évolué et l’AZA estplus couramment utilisé, le plus souvent dans un but d’épargne cortisonique.

Selon notre étude, il existe un bénéfice à court terme d’un traitementpar AZA au cours de la PR.

Cependant, il s’agit d’une étude rétrospective, basée sur un faiblenombre de patients. De plus, les effets à long terme sur le statut fonctionnel et laprogression radiologique n’ont pas été évalués.

Selon les données de la littérature, l’efficacité clinique de l’AZA a étédémontrée à l’occasion d’études ouvertes et contrôlées au cours de la PR,.

Suarez-Almazor et al. (1) ont réalisé une revue de la littératureincluant tous les essais contrôlés randomisés comparant l’AZA à un placebo chez des patients ayant une PR. Un bénéfice statistiquement significatif a été observé pour l’AZA. Cependant, l’arrêt du traitement en raison d’effets secondaires était significativement plus élevé dans le groupe AZA.

Jeurissen et al. (2), ont démontré à l’occasion d’une étude randomisée la supériorité du MTX par rapport à l’AZA.

Willkens et al. (3),ont de plus démontré que la combinaison MTX et AZA ne montre pas une meilleure efficacité qu’une monothérapie.

Références (1) Suarez-Almazor et al. Cochrane Database Syst Rev 2000;4:CD001461(2) Jeurissen ME. Arthritis Rheum 1991;34:961-72 (3) Willkens RF et al. Arthritis Rheum 1995;38:1799-806

MALADES ET METHODES Etude rétrospective (1992-2013) des dossiers de patients ayant une PR (critères ACR) et traités par AZA. L’efficacité a été jugée sur la réponse EULAR et l’effet d’épargne cortisonique à 3 mois, 6 mois, 9 mois et à 12 mois.

  Patient 1 Patient 2 Patient 3 Patient 4

J0 6,51 3,77 4,97 6,26

3 mois 2,91** NE 1,6** 4,62*

6 mois NE 2,8* 1,9** 5,24

9 mois 3,7* 4,3 3,08* 5,3

12 mois 5,92 NE NE 5,8

24 mois NE 2,4** NE NE

Réponse EULAR:NE: non évaluée*modérée**Bonne

Tableau 1: Evolution du DAS28 sous

AZA