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Pour Claudine Normand: contre le saussurisme ou d'une fidélité indocile Author(s): Pierre Caussat Source: Cahiers Ferdinand de Saussure, No. 52 (1999), pp. 57-67 Published by: Librairie Droz Stable URL: http://www.jstor.org/stable/27758581 . Accessed: 17/06/2014 22:38 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers Ferdinand de Saussure. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.119 on Tue, 17 Jun 2014 22:38:40 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Pour Claudine Normand: contre le saussurisme ou d'une fidélité indocile

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Pour Claudine Normand: contre le saussurisme ou d'une fidélité indocileAuthor(s): Pierre CaussatSource: Cahiers Ferdinand de Saussure, No. 52 (1999), pp. 57-67Published by: Librairie DrozStable URL: http://www.jstor.org/stable/27758581 .

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CFS 52 (1999), pp. 57-67

Pierre Caussat

POUR CLAUDINE NORMAND :

CONTRE LE SAUSSURISME OU D'UNE FID?LIT? INDOCILE

1. Le point de d?part de ces r?flexions - ou faut-il dire plut?t et plus juste ment: de ces m?ditations, dans la mesure o? les doctrines qu'on y croisera

conduisent ? interroger, au-del? d'elles, les risques d'une c?l?bration vou?e ?

sacrifier, voire ? d?vorer le c?l?brant z?l? tout autant que la doctrine c?l?br?e? - m'est donn? par une rencontre qu'on serait tent? de qualifier avec d?dain de fortuite si ne revenait en m?moire le mot de Nietzsche sur sa d?couverte de Stendhal (?un des plus beaux al?as de ma vie - car tout ce qui en elle fait

?poque, c'est l'al?a et jamais une recommandation expresse qui m'y a pouss?? - Ecce homo ? 3). Il s'agit, en ce cas, des commentaires propos?s par Foucault en marge de l'opuscule de Kant (Qu'est-ce que les Lumi?res ?) dans un recueil destin? au public am?ricain et recueillis dans le tome IV de Dits et ?crits (NRF 1994, p. 562 sq.). Qu'on ne cherche pas, dans cette quinzaine de pages, un

expos? scolaire sur le contenu du texte questionn?. L'intention de Foucault est tout autre: tenter de ressaisir la vis?e du texte ? partir et en raison de sa

d?marche propre. Celle-ci consiste, dit en tr?s gros, en une r?flexion de philo sophe sur le sens d'une actualit? que le philosophe

- ici Kant - questionne tout

en en faisant partie, plus exactement dans laquelle il est engag? en tant qu'ac teur int?ress? tout autant ? la faire advenir qu'? en comprendre les enjeux. Ce

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qui, si on entend bien Foucault, induit un double effet. Du c?t? du texte lui

m?me, il serait vain, voire insens?, d'y chercher une doctrine dans la mesure o?

le sens des Lumi?res pourrait bien ?tre justement d'inviter le sujet (vivant, pen sant) ? se reprendre face ? toute doctrine; du c?t? du lecteur d'aujourd'hui, une

invitation ? r?p?ter pour son propre compte la m?me d?marche ; par cons?quent, ? pratiquer, non pas ?la fid?lit? ? des ?l?ments de doctrine, mais plut?t la r?ac

tivation permanente d'une attitude? (p. 571). Attitude qui est d'abord de refus -

et c'est l? l'aspect le plus imm?diatement lisible du texte de Kant: les Lumi?res signifient une sortie de la ?minorit?? (ob?issance ? l'autorit? d'un livre, aux

consignes d'un directeur spirituel, aux prescriptions du m?decin); et ce refus se

convertit en imp?ratif positif: sapere aude (?aie le courage, l'audace de savoir?), l'audace d'y aller voir par toi-m?me et de ne t'incliner que devant les appels de

la raison (entr?e dans la ?majorit??). A cette attitude tout ? la fois de rupture et d'affirmation, Foucault reconna?t la qualit? propre ?d'ethos philosophique?; c'est cet ethos qui inspire, non ? tort on veut l'esp?rer, le titre donn? ? ces pages ; titre au premier abord d?sinvolte, voire provocant, mais qui entend, en v?rit?,

signifier une intention bien d?finie: celle d'une r?sistance ?, d'un refus de la ten

tation majeure qui consiste, sous couvert de fid?lit? passionn?e, ? pratiquer la

conversion en doctrine d'une entreprise originale de construction et d'invention, au nom de sa radicalit? m?me. Il s'agit ici, on le comprend, de la ?doctrine? de Saussure et du soup?on conjoint de la perversion qu'implique, pour son contenu et d'abord pour son sens, l'imposition d'un tel carcan ? une aventure intellec tuelle singuli?re, irr?ductible ? une assignation de ce type.

2. Ce risque n'est pas fictif, il se r?v?le m?me extr?mement mena?ant et

insistant, tapi dans les plis des intentions les moins discutables ? premi?re vue.

L'exemple vient de haut et, dans notre cas, de fort pr?s. Un an apr?s la publi cation du Cours de linguistique g?n?rale, l'un des artisans de ce remarquable travail - quelles que soient les r?serves qu'une lecture critique, arm?e de d?cou vertes textuelles et de rigueur ex?g?tique, peut y objecter

- publie un article au

titre apparemment anodin, mais dans lequel on trouve un ?cho des probl?mes affront?s et des solutions propos?es dans la composition de l' uvre posthume du ma?tre. On en d?tachera la proposition suivante:

?La doctrine de F. de Saussure peut se ramener ? un certain nombre de

principes et de th?ses, car il s'agit plut?t d'une s?rie d'affirmations qui se

d?duisent successivement d'un principe commun?. (A. Sechehaye, Les

probl?mes de la langue, in: Revue philosophique 1917, n? 84, p. 1-17).

Enonc? curieusement balanc?, entre des certitudes se d?ployant d'elles m?mes vers la tautologie qui les alimente et un certain retard, ou une r?serve,

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? s'y laisser aller, dus ? une prudence sourdement inqui?te des audaces qu'elle assume alors. Du c?t? de la prudence : un ?peut? et un ?plut?t? qui veulent mar

quer comme un seuil entre audace et certitude; du c?t? de l'audace, le lien -tau

tologique -

qui va des ?principes? (au pluriel) au ?principe commun? et qui, op?rant la conversion en ?doctrine?, fonde les droits d'un ordre ?d?ductif?

engendrant ? partir du principe fondateur les th?ses qui en d?rivent. Au terme, se trouve lev?e la r?serve qui pourrait retenir l'interpr?te de franchir ce seuil ; aussi le ?peut? du d?but se convertit-il subrepticement et comme machinale ment en un ?doit? qui en ?nonce la v?rit? provisoirement diff?r?e. Traduit en

clair et en droit: tu ?dois?, donc tu ?peux?, o? on reconna?t une variante de

?imp?ratif cat?gorique?, appliqu? ici au domaine ?pist?mologique. Appli cation inattendue, ou ill?gitime? Qui osera soutenir l'objection? Seul pourrait

s'y employer le disciple qui aurait fait preuve de sa capacit? de r?sistance ?

l'imp?ratif hagiographique par lequel il se sent li? ? son ma?tre. Mais c'est

qu'alors il n'aurait pas ?t? un vrai disciple ou qu'il attendrait encore son vrai

ma?tre.

3. Aussi est-il permis de redoubler 1'?ethos philosophique? dont parle Foucault d'un ?ethos ?pist?mologique? dont l'une des vis?es les moins contes

tables aurait pour effet d'interdire ou, du moins, de rendre fortement impro bable une d?rive ? la Sechehaye, telle qu'on vient de la rep?rer. Pr?cisons : au

nom m?me de l'engagement aux c?t?s ou ? la suite de telle ?cole, de tel cher

cheur, s'interdire de les convertir en fondateurs de r?volution, c'est-?-dire en

foyer absolu d'o? irradient des perspectives inou?es; une ?poque qui suspend (litt?ralement: ?poch?) une p?riode pass?e, voire la totalit? de ces p?riodes et

inaugure la p?riode ? venir, baign?e de la lumi?re des futurs triomphants ; une

rupture radicale entre une arch?ologie destitu?e et une t?l?ologie, mieux

encore, une eschatologie radieuse; rupture fondatrice, point-origine d'un

double accomplissement, par extinction vers l'amont et par promesse vers

l'aval. L'histoire politique des deux derniers si?cles a ?t? prodigue en eschato

logies intemp?rantes. Pour ?tre moins lourdes de cons?quences d?testables, les

?disciplines? scientifiques auraient tout ? gagner, et surtout elles, ? se dispen ser de les imiter, m?me de loin et sur un mode affaibli, en reconstituant ainsi ces groupes d'assurance mutuelle que Nietzsche a fustig?s sous le nom de

?caste sacerdotale? et qui constituent, sur un mode s?culier, un clerg? tout aussi

fig? et imp?rieux que les ordres cl?ricaux qu'il se pla?t ? d?noncer tout en les

reproduisant. Tentation d'am?nager et de verrouiller, ? couvert d'autorit?s

canonis?es et pieusement r?v?r?es, l'aire de sa propre autorit?, certes d?l?gu?e, mais d'autant plus apte ? permettre d'y r?gler ses comptes et ? distribuer

m?dailles et m?rites, et non sans se servir au passage.

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4. Cette tentation est permanente et on ne s'en d?prendra pas par la seule

magie d'une d?nonciation occasionnelle. L'exp?rience engrang?e tout au long de ces ann?es dans ce groupe constitu? autour et ? l'initiative de Claudine Normand a permis d'en ?prouver l'attirance et la difficult? d'y r?sister. Mais ce

groupe fut ouvert, mobile (au point de soulever la question de son identit?, ? la mani?re du bateau de Hume dont toutes les pi?ces se renouvellent, ce qui rend

probl?matique la question de sa permanence dans le temps -

analogie un peu forc?e tout de m?me, ?tant donn? la pr?sence de membres de longue dur?e,

parmi eux l'auteur de ces lignes, outre celle de la fondatrice -) ; s'il est une per manence difficilement contestable, ce sera celle d'un certain esprit, d'ouverture

pr?cis?ment, d'attention, d'?coute, bien plus et bien mieux que de tol?rance qui

implique une patience condescendante nimb?e de bienveillance mondaine; on

?tait l? d'abord pour entendre, et, en entendant, s'instruire, ensuite pour discu

ter, et, en discutant, renouveler et ?largir, chacun pour son compte, son horizon

propre. Que cela n'ait pu se faire sans c?toyer le risque de l'hagiographie ou

simplement de la v?n?ration r?f?rentielle - et du r?f?rentiel au r?v?rentiel la

distance est faible, et qui jurerait ses grands dieux de n'avoir jamais saut? le

pas risquerait bien de se retrouver parjure - c'est ce qu'une sobre ?valuation de

la m?moire oblige ? reconna?tre ; ce qui a fait barrage ? la chute irr?m?diable, chez tous comme chez chacun, c'est qu'il n'a jamais ?t? question de fonder, ou

m?me seulement d'instituer, une ?cole; tout juste de constituer et de maintenir un cercle, ? l'image de ce qui s'est form? autour de Baudouin de Courtenay

pendant les huit ann?es de sa pr?sence ? Kazan (1875-1883) : cercle - kruzok -

et non ?cole - skola -, terme que Baudouin n'emploie jamais qu'avec des

pincettes, c'est-?-dire entre guillemets, comme pour bien marquer la distance

infranchissable entre l'un et l'autre. La diff?rence est en effet d?terminante, comme se pla?t ? le noter Roman Jakobson en quelques pages ? la fois modestes et pr?cieuses. Les diff?rences sont externes (conditions et lieux de rencontre) tout autant qu'internes (modalit?s op?ratoires et finalit?s attendues):

Chaque kruzok se r?unissait au domicile ou dans le bureau d'un de ses

membres fondateurs et s'attachait ? garder une atmosph?re informelle; tous les kruzki ne comportaient qu'un nombre limit? de participants,

jeunes pour la plupart, actifs et de m?me orientation ; on y encourageait toujours la discussion, on s'y opposait toujours ouvertement aux doc

trines toutes faites et dogmatiques ; on y cherchait toujours ? promouvoir des t?ches collectives?. (Tel Quel 1970, n? 41, p. 94-103).

Jakobson se pla?t ? d?rouler l'?cheveau, ou l'essaim, des Cercles linguis tiques: Moscou 1915, Prague 1926, Copenhague 1931, New York 1943, etc. Si bien qu'il est permis de poser la question: ne jalonnent-ils pas la part la plus

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dynamique et la plus f?conde de la recherche linguistique depuis cent ans ? Est il alors abusif ou ind?cent d'y inclure le Cercle d'Asni?res, si ce qui s'y est jou? et instruit recoupe les caract?res rep?r?s par Jakobson?

5. Au passage il signale, il est vrai, que le terme a fait probl?me, ? Prague, aux ?puristes du fran?ais? en tant qu'il renvoie ? des ?relations de sports, de

loisirs, ou d'activit?s uniquement litt?raires? et ? New York, o? il ?voque club, coterie, set\ en un mot: dilettantisme litt?raire, bavardage sans cons?quence. Il

appara?t alors qu'il ?tait trop facile de se faire peur avec l'?pouvantail de l'ha

giographie, car il est une autre tentation plus sournoise et plus puissante encore, celle de la Science, ou, plus exactement et pour le dire dans la langue de

rigueur, de la Wissenschaftslehre dont la traduction canonique en fran?ais se dit ?Doctrine de la science? et dont l'exigence domine la philosophie et l'?pist? mologie allemandes tout au long du si?cle (19?); exigence qui ne saurait ?tre satisfaite, si elle doit l'?tre, que dans l'aust?re cabinet solitaire du philosophe ou au sein de soci?t?s acad?miques d?ment estampill?es. Tel fut le cas de la prestigieuse Universit? de Leipzig, Vatican de la Linguistique vers 1870, et o?, est-il besoin de le rappeler, Saussure fit ses armes (1876-1880). Seuls pour raient alors pr?tendre ? la Science les groupements qui s'inspirent de ces

mod?les ou leur ressemblent; c'est-?-dire pr?cis?ment les institutions dignes d'acc?der ? la dignit? d'Ecoles, seules habilit?es ? proposer un savoir digne de ce nom ou ? entrer en concurrence avec les d?tenteurs patent?s du savoir

reconnu, au nom d'un m?me id?al de scientificit?. C'est alors qu'on parlera de ?Ecole de Kazan?, de ?Ecole de Moscou, de Prague?, etc.; le tourniquet

reprend et ?gr?ne ses sites, mais hauss? ? un registre plus soutenu et plus ambi tieux. Dans la foul?e, on ne saurait d?s lors manquer de tomber sur l'Ecole de

Gen?ve.

6. C'est l? un fait, ?tabli, accept? sans d?bats, consacr? par un fondateur et

par sa ?doctrine?, celle qui se donne ? voir et ? lire dans le fameux Cours de

linguistique g?n?rale. Mais qui ?tablit le fait, qui r?gle la cons?cration? Les disciples, pr?cis?ment, comme le montre l'exemple de M. Kruszewski press? de bousculer les scrupules et de surmonter le ?scepticisme? (Jakobson) de Baudouin de Courtenay; sauf qu'en ce cas le disciple est mort bien avant le ma?tre qui a eu par la suite tout le temps de critiquer les intemp?rances du dis

ciple disparu. Exceptionnel, ce cas n'en est pas moins r?v?lateur d'un d?calage entre les deux ?partenaires? et leurs strat?gies propres : prudence, circonspec tion, extr?me attention au d?tail d'un c?t? et, de l'autre, ardeur ? empoigner, ?

trancher, ? d?limiter, bref ? imposer la doctrine qui se dissimule et se dessine

implicitement sous les h?sitations et les variations du chercheur. Par applica tion de ce sch?ma, ne peut-on pas supposer que l'Ecole dite de Gen?ve est, en

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grande part, sinon en totalit?, l' uvre, disons plut?t l'invention de disciples int?ress?s - dans le droit sens du terme - ? consacrer une doctrine qui va les consacrer en retour. On le sait, les auditeurs des cours donn?s par Saussure ont abondamment t?moign? de ses scrupules et de ses doutes, incessants, obs?

dants, comme aussi de leur d?sespoir de ne pas voir para?tre le livre qui, com

blant leur attente, ferait la synth?se de ?tant d'?clairs jaillis de cet esprit unique? (Ch. Bally). Le Cours marque, entre autres, une revanche prise sur un

silence injuste et incompr?hensible; et il consacre, a posteriori, l'Ecole dans le

sein de laquelle il a ?t? enfant. Le ma?tre n'est plus l? pour le voir et en juger. L'aurait-il accept?? Question oiseuse et stupide puisque c'est sur son silence et sur son absence que le livre se d?tache et se dresse, quitte d'ailleurs ? subir un

long temps de latence avant de voir reconnue et amplifi?e sa radicale nou

veaut?. Mais cette glorification posthume doit-elle ?tre reprojet?e, comme sa

v?rit? diff?r?e, sur les esquisses, les d?tours, les reprises du travail d'explora tion in statu nascendi - in statu patiendil Cet ?ethos ?pist?mologique?, pro

pos? dans la lign?e de Foucault, comment ne pas voir qu'il est mis en uvre

par le chercheur Saussure, chercheur et douteur, audacieux et retenu, prompt ?

d?faire, ou au moins ? suspendre, les hypoth?ses difficilement ?mergentes et

qui se donnent aussit?t comme autant de perspectives ? r??laborer sans tr?ve.

Absence de complaisance et questionnement toujours en alerte: le linguiste se

manifeste comme un guetteur jet? au milieu des eaux tumultueuses en qu?te

impatiente et sans illusions d'un fanal esp?r? et fuyant. Les trouvailles - elles sont l?gion

- ne s'isolent pas d'un style d'exploration qui les porte, les nourrit et les ?expose?, sans les ?noncer avec assurance, les proposant sans certitude, sans autre autorit? que celle qui leur est allou?e par le labeur qui a d? les extor

quer. Il en est ainsi de tous les concepts ?saussuriens? qui sont de Saussure, non

par inh?rence originaire, mais par incidence contingentielle. Ainsi du fameux

?point de vue?, si vite reconverti en d?cision souveraine de savant, alors qu'on ne peut y lire d'abord que l'hypoth?se pr?alable d'ouverture d'un champ d'in

vestigation, proche en ce sens de Y abduction de Peirce, postulation sans pr? d?termination, requise pour un nouveau d?part; proche ou se rapprochant de la

?divination? qui vient d'appara?tre dans les brouillons r?cemment ?merg?s et

dont on devine sans mal ce que le disciple z?l? pourra en faire, alors que l'em

prunt, incontestable, sert ? des usages irr?ductibles ? une intuition absolue du

sujet savant. Ainsi en va-t-il des dualit?s alternantes (?langue/parole?, etc.)

qu'on a si vite fait de traduire en r?gles axiomatiques, alors que chacun de ces

moments exige d'abord un dessaisissement id?o- et ontologique. S'agissant du

concept de ?langue?, j'en verrais une bonne approximation dans le ?principe? ?nonc? dans une Note Item sous la forme du ?principe de Y Identique capacit?? et exprimant l'id?e de la langue comme un potentiel immanent, non distribu?

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et diff?renci?, plus exactement se diff?renciant en instances sans se figer en

substances, reprenant et r?it?rant sa puissance indivise incarn?e dans une mul

tiplicit? ind?finie d'actualisations, ce par quoi toutes les langues sont diff? rentes sans cesser de se produire comme modes d'un unique potentiel. Humboldt ?tait hant? par la m?me id?e.

7. Alors ?Cercle de Gen?ve? ? Et pourquoi pas ? Surtout si ce d?placement permet seul de prot?ger le chercheur, l'explorateur contre la tentation ?doctri

nale?, contre les simplifications ? relent dogmatique, contre le d?sir de le

mettre au-dessus de la m?l?e qu'il contemplerait d'un regard enveloppant, alors

qu'il n'a pu ?progresser? qu'en se d?pouillant d'une pr?tention ?th?oricienne?, en s'impliquant dans le travail m?me de la langue, en coparticipant ? l'aven ture des d?limitation qu'elle met en uvre et qu'il a la charge de retraduire en

limites ? la fois requises et non suffisantes. Mais que devient alors l'id?e m?me

de th?orie? Ne se trouve-t-elle pas bien vite contest?e, voire ? terme effac?e,

par cette plong?e dans les m?andres d'une exp?rience et d'un devenir infinis?

Y a-t-il encore th?orie quand s'abolit le regard englobant et souverain, quand

dispara?t le point de vue dominant et exclusif, quand on se met ? y substituer

l'inclusion ou l'immanence, en les cr?ditant d'un caract?re non seulement

irrempla?able, mais m?me exigible, en y voyant la seule source de f?condit? non usurp?e? La th?orie, c'est le principe et la Loi, d'o? d?coule une doctrine

arc-bout?e ? l'ordre d?ductif qui la rend visible. Pour ou contre la th?orie?

C'est alors peut-?tre le moment de poser la question: quelle th?orie? Ou, plus exactement, de quelle exigence de th?orie vous faites-vous le serviteur et com

ment mettez-vous en uvre votre docilit?? Viennent ? notre aide ici les consi

d?rations d?velopp?es par Michael Walzer dans ?Les deux universalismes? (in :

Pluralisme et d?mocratie, Ed. Esprit, 1997, p. 83-110). Certes le domaine de

r?f?rence n'y est pas d'abord ?pist?mologique: la r?flexion est d'embl?e

morale et th?ologique et elle s'adosse ? une relecture de la Bible. Mais cette

lecture a du mouvement pour aller plus loin. Lecture qui se dualise, car l'exi

gence de l'universel peut se lire selon un ?universalisme en surplomb? ou selon un ?universalisme en r?it?ration?. Selon le premier, il ne saurait y avoir qu'un corps de doctrine, qu'un code de loi, auquel s'alimentent la confiance et l'or

gueil de servants asservis. Le second convertit son exigence en extr?me atten

tion aux particularit?s et aux pluralit?s, ? l'?coute de l'exp?rience, suscitant un

service d?lest? des certitudes et des dominations orgueilleuses. Le premier me

conduit au triomphalisme, quitte ? m'accabler de son co?t (fardeau pr?cieux de

la Loi): mod?le cl?rical. Le second m'appelle ? l'aventure incessante et ? la

remise en jeu des acquis engrang?s (humilit? des services ?inutiles et r?it?r?s) :

mod?le la?c, s'inscrivant sur l'horizon d'une ?infinitude? ouverte:

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?Les artistes ne feront pas tous la m?me peinture..., les philosophes ne

donneront pas tous la m?me explication du bien... Ce que les hommes ont en commun, c'est seulement cette puissance cr?atrice, qui n'est pas le pouvoir de faire les m?mes choses de la m?me fa?on, mais le pouvoir de faire beaucoup de choses diff?rentes de mani?re diff?rente. L'omni

potence divine est ainsi refl?t?e, partag?e et particularis?e?, (op. cit.,

p. 93).

On rejoindra notre domaine en flanquant le sujet ?hommes? du pr?dicat ?parlants?. Parlants, les hommes ne le seront ni ne se feront qu'en inventant de moment en moment leurs modulations et leurs signifi?s, sans mod?le ou loi pr? ?tablis ? appliquer sans broncher, sans Code grammatical et logique ? respec ter ? la lettre \ par o? l'omnipotence langagi?re (?Identique capacit??) s'exprime en uvres toujours renouvel?es (variations dialectales et dialogiques sans d?nombrement ni saturation) dans lesquelles le linguiste s'inclut comme

leur d?cripteur associ?, sans mod?le doctrinal absolu, sans autre devoir que celui de sa t?che ? r?it?rer, c'est-?-dire ? raturer et ? recommencer. En ce sens

Saussure peut figurer comme le mod?le du chercheur la?c, exemplaire en vertu

m?me de son d?ploiement et de sa diss?mination dans la suite des r?activations

qui le remettent en question et, par l? m?me, rendent illusoires, probl?matiques ou insens?es les reconstructions v?n?rantes de disciples ind?ment dociles, atta

ch?s ? transfigurer le Cercle (la?c) en Ecole (cl?ricale).

8. Entre cercle et ?cole, l'?cart peut para?tre souvent brouill?, non imm?

diatement visible, il n'en demeure pas moins d?cisif et imprescriptible. Il d?fi nit et d?limite les conditions de l'ethos ?pist?mologique dont nous avons parl?, ? l'incitation de Foucault auquel on va revenir encore pour noter un usage para doxal de la ?limite?. Foucault parle en effet d'?attitude limite?, qu'il commente

de la mani?re suivante, non d?nu?e d'ambigu?t? ni de complexit?:

?Il s'agit... de transformer la critique exerc?e dans la forme de la limita

tion n?cessaire en une critique pratique dans la forme du franchissement

possible?, (op. cit., p. 574).

Dans les termes des r?flexions que nous avons men?es jusqu'ici, la fonction

de la limite se pr?sente de mani?re invers?e par rapport ? cet ?nonc?. C'est le

th?oricien de l'Ecole qui s'empresse de cl?turer le champ de recherche que le

praticien du Cercle n'a cess? d'ouvrir. Le probl?me n'est donc plus alors de

franchir les limites mais de r?sister ? leur imposition. La limitation n'est

express?ment requise que pour les besoins du cl?rical, alors que le la?c ne les

reconna?t que pour les franchir. Formulation h?tive cependant; il n'est pas de

conceptualisation sans d?limitation, mais tout se joue dans le caract?re absolu

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ou d?pla?able des limites. La religion de l'Ecole exige la reconnaissance de limites d?termin?es, sinon pr??tablies, alors que le chercheur de terrain ne les

reconna?t qu'en fonction d'un usage ouvert, c'est-?-dire, litt?ralement, ouvrant

et toujours r?visable. Il y a toujours d?coupe, mais en raison d'op?rations de

coupure appel?es pour les besoins de la cause et du moment; pr?supposition incidente et non position d?cisoire et attendue ; jeu ouvert contre partie d?j?

jou?e ; limites ins?parables de leur franchissement contre limites pieusement d?fendues.

Si on veut une application remarquable, on la trouvera dans les d?bats sus

cit?s par la notion de ?structure?, notion d'autant plus significative qu'elle met en sc?ne un des probl?mes les plus aigus de ?apr?s Saussure?, o? se n?go cient les questions li?es ? la r?appropriation ou ? la rectification de l'h?ritage. La tentation doctrinale est assez bien repr?sent?e par la position que d?fend Roman Jakobson. Un exemple, entre autres: la 6? ?th?se de Prague? (1929) relative aux isoglosses et stipulant la possibilit? ?de d?terminer le foyer ou

centre d'expansion du groupe d'innovations linguistiques ainsi que les zones

p?riph?riques de cette expansion?. Se trouve ainsi postul?e une stabilisation

d?termin?e entre centre et p?riph?rie, ce qui, pour le dire vite, nous reconduit

? une conceptualisation qui reproduit les caract?res de la monade, principe cen

tr? g?rant harmonieusement son ?expansion?. Il ne serait pas trop arbitraire

d'opposer ? une telle vue ce que fournit le texte de Saussure, en se r?f?rant, ?

vrai dire, aux notes manuscrites : en combinant le principe du ?fractionnement ind?fini? et celui des contractions ponctuelles qui en est le volet compl?men taire, on parvient ? un concept de structure qui reste pris dans une ??volution

contingentielle?, selon la forte formule de Sechehaye (?Evolution organique et

?volution contingentielle?, in: M?langes Ch. Bally, Gen?ve 1939, p. 21-25) sans possibilit? de se mettre en surplomb ou en substance ? l'?gard de cette ?vo lution. Id?e pr?par?e un peu plus haut dans le m?me texte quand Sechehaye

parle des ?influences contingentes qui troublent son fonctionnement (se. : de la

langue)?. Mais cette id?e t?moigne en m?me temps d'un certain gauchissement

qui en limite l'audace ou la port?e: ? quoi peut bien renvoyer un ?trouble de

fonctionnement?, sinon ? un r?gime id?al sans accroc, c'est-?-dire ? un mod?le

monadologique ? centre et p?riph?rie bien distribu?s, alors que la mise ? dis tance de ce mod?le conduirait ? un tout autre registre o? le centre serait partout et la p?riph?rie nulle part, selon la logique rigoureuse de ?Identique capacit??. Ce n'est pas tout. Toujours dans la m?me page, tenant ? montrer une docilit? sans faille ? la doctrine du ma?tre, (ici : synchronie/diachronie), Sechehaye se

croit oblig? de souligner que, ?ramen? ? sa source vivante?, ??l?ment gram matical? ?ne fait plus figure d'?v?nement?, et il le soutient au moment m?me

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66 Cahiers Ferdinand de Saussure 52 (1999)

o? le ?jeu des facteurs simultan?s? suscite une ?innovation grammaticale? dont

tout montre qu'elle t?moigne d'une ?mergence ?v?nementielle. Stigmatis? par ses adh?rences n?o-grammairiennes, le concept d'?v?nement se trouve frapp? d'interdit ? l'heure m?me ou la probl?matique ? l' uvre l'appelle express? ment. Un h?ritage fig? impose ici une disjonction raide entre structure et ?v? nement, alors que la r?it?ration vivante de la recherche devrait induire, mieux

abduire, leur entrelacement. La ?synchronie? pourrait signifier, non le temps

suspendu, mais, bien au contraire, le temps ramass?, contract?, et d'autant plus virulent. S'appliqueraient ici, c'est-?-dire au jeu de la langue, les fortes propo sitions de G. Agamben:

?... mani?re jaillissante, non d'un ?tre qui est dans tel ou tel mode, mais

d'un ?tre qui est son mode d'?tre... un ?tre qui n'est ni accidentel ni

n?cessaire, mais, pour ainsi dire, continuellement engendr? par sa propre mani?re?. (Giorgio Agamben, La communaut? qui vient. Th?orie de la

singularit? quelconque, Seuil 1990, p. 33-34).

9. Question d?s lors in?luctable: y a-t-il un bon usage de l'histoire?

Entendons : un usage non cl?rical. N?gativement, oui. Il suffit de commencer

par exorciser les deux tentations majeures, distinctes en apparence, en r?alit?

complices: d'un c?t?, un d?cret d'absence, au nom d'un savoir transcendant, d'une ?mathesis universalis? d?j? ?crite dans le ciel des Id?es ?ternelles; de

l'autre, un d?cret de pr?sence, mais sous la seule forme tol?rable par la caste

sacerdotale, celle d'une ascension et d'un av?nement imprescriptibles ? l'or?e

des temps: ?arch?ologie? face ? ?t?l?ologie?, deux variantes d'une m?me

eschatologie, simplement distribu?e entre un avant et un apr?s, ou d'un m?me

universalisme aspir? par un ?ther rar?fi?, hant? par sa mise en surplomb au-des sus d'une histoire au labeur non imm?diatement d?m?lable. Mais le sera-t-elle

jamais? Une fois d?nonc?es les tentations cl?ricales, tout reste ? faire; uni

versalisme en r?it?ration n'en finit pas d'advenir et de ruser avec l'exigence de

raison.

10. C'est ? ces ruses, ou tout simplement ? ce jeu, que r?pond Foucault dans

le texte auquel, une fois de plus, nous reviendrons pour finir. Pour ou contre

Saussure? Pour ou contre la th?orie? Contre le saussurisme, ou le ?th?or?

tisme?, oui, sans h?siter. Mais cela entra?ne-t-il un ?pour Saussure? qui, anim?

par une fid?lit? ?blouie, ne figurerait que comme l'envers de ce ?contre?? Ce

qui importe, dit Foucault, c'est d'?chapper au chantage du ?pour ou contre? et, aussi bien, du ?dedans ou dehors? (pour ou contre les Lumi?res, pour contre

Kant, Marx, Freud, Saussure, etc.). Apprendre ? pratiquer une mani?re de pen ser (mani?re jaillissante d'un penser qui n'est que de continuellement s'engen

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drer par sa propre mani?re), mani?re qui ?tout ? la fois, marque une apparte nance et se pr?sente comme une t?che? (Foucault, op. cit., p. 568). Ce qui signi fie une appartenance sans adh?rence et une t?che qui ne se retourne sur son

pass? que pour rebondir vers les horizons ouverts par ce m?me pass?. Ce qui implique de ?faire comme? en diff?rant, de se tenir aux fronti?res ? l'aff?t de leur ?franchissement possible?. En d'autres termes, pratiquer une indocilit?, oublier Saussure pour mieux le r?it?rer.

11. Conclusion ? Elle s Offre dans les lignes suivantes :

?Paradoxe de l'origine: il nous faut une origine ? perdre \ elle est n?ces

saire, et elle est vou?e ? ?tre perdue. Il nous faut une origine ? quitter, une origine d'o? on puisse partir, et si on l'a, le danger est d'y rester, de

trop en jouir, de s'y perdre?. (Daniel Sibony, Entre-deux. L'origine en

partage, Seuil 1991, p. 31).

Comment d?finir mieux les conditions d'un ?gai savoir?? Du savoir qui se met en uvre et en labeur dans la pratique du cercle. De tous les cercles et donc

aussi, singuli?rement, de celui d'Asni?res.

Adresse de l'auteur:

4, rue Maurice Denis F-75012 Paris

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